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UNIVERSITE SIDI MOHAMMED BEN ABDELLAH

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES, ECONOMIQUES


ET SOCIALES- FES

FINANCES LOCALES
Abdesselam OUHAJJOU

SEMESTRE V/ DROIT PUBLIC

Année universitaire : 2017-2018

1
Objet du cours:

- étude des aspects juridiques et politiques des recettes et des dépenses des

budgets des entités décentralisées;

- analyse du cadre budgétaire et comptable des collectivités territoriales;

- étude du processus budgétaire: élaboration, approbation, exécution et

contrôle du budget.

2
CHAPITRE I- L’AUTONOMIE FINANCIERE

La notion d’autonomie renvoie à deux indices : d’abord, l’existence d’un

pouvoir de décision en matière financière pour agir sur les recettes et les

dépenses d'une part; et d'autre part, l'existence d'une quantité suffisante de

ressources propres pour éviter la subordination de la CT à l’Etat accompagné

d'un fiscal.

Nous envisagerons, donc, l'autonomie financière, en analysant les aspects

juridiques et quantitatifs ( I) l'étendue du pouvoir fiscal des collectivités

territoriales (CT) ( II).

I- ASPECTS JURIDIQUES ET QUANTITATIFS DE L’AUTONOMIE

FINANCIERE

Les critères retenus pour l’autonomie financière renvoient à deux aspects

importants: un aspect qualitatif qui se traduit par la capacité juridique de la CT

en matière financière et aspect quantitatif lié aux ressources financières.

I.1. La capacité juridique des collectivités territoriales en matière financière

La capacité juridique des collectivités territoriales en matière financière

est subordonnée à l'existence d'un pouvoir financier pour agir sur les dépenses et

sur les recettes dans les limites prévues par la loi.

3
I.1.1. Le pouvoir financier en matière de recettes

Le pouvoir financier suppose la maitrise du processus de la recette du

début jusqu'au recouvrement.

Toutefois, l'observation de la réalité juridique permet de dégager les

remarques suivantes:

- le pouvoir de créer la recette et d’en déterminer l’assiette échappe aux CT, il

demeure une exclusivité qui relève du pouvoir législatif dans les Etats unitaires

qui ont opté pour la décentralisation territoriale1;

- le pouvoir financier en matière de fixation du montant de la recette revient au

législateur: les CT ne peuvent prétendre à une fixation du montant de la recette.

Cette compétence relève du pouvoir législatif avec quelques possibilités pour les

CT de moduler les taux ou les montants pour certaines catégories de recettes à

l'intérieur d'une fourchette préalablement définie.

- Les CT n'assument pas le recouvrement de la totalité de leurs recettes fiscales.

En pratique, cette phase est assumée par deux niveaux d'administration selon la

nature des recettes concernées: l'administration déconcentré qui procède au

recouvrement des principales recettes et l'administration décentralisée.

1
Le principe de l’exclusivité de la compétence du législateur en matière de création d’impôts nationaux et
locaux a été défendu par certains auteurs sur le fondement de l’article 14 de la déclaration de 1789 : « Tous les
citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution
publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la qualité, l’assiette, le recouvrement
et la durée ».

4
I.1.2. Le pouvoir financier en matière de dépenses

Il est possible de dire que le pouvoir de décider d’une dépense de la CT

est de la compétence de l’assemblée délibérante qui, l’exerce par le biais de son

exécutif. L’acte qui consiste à décider de l'engagement la dépense locale se

réalise à la "libre appréciation" de l’ordonnateur, à la suite du vote du budget,

pour exécuter les dépenses inscrites et autorisées pour l’année. On peut

considérer à ce propos que l'ordonnateur agit en dehors des contraintes.

Toutefois, les systèmes juridiques en la matière dans les Etats décentralisés

limitent les prérogatives des CT en leur souscrivant des obligations portant sur

l'exécution de dépenses dites « dépenses obligatoires », l'interdiction d'inscrire

certaines dépenses qui ne "présentent pas un intérêt public local".

I.2. L’aspect quantitatif: l'indépendance financière

L’autonomie financière des collectivités territoriales est conditionnée par

un aspect quantitatif qui porte sur la capacité des CT à disposer de moyens

financiers suffisants pour couvrir la totalité de leurs charges.

II- LA PLACE DU POUVOIR FISCAL DANS LA DETERMINATION

L’AUTONOMIE FINANCIERE DES COLLECTIVITES

TERRITORIALES

5
La détention d'un pouvoir fiscal autonome détermine largement

l'autonomie financière d'une collectivité. Toutefois, l'observation de la fiscalité

locale révèle l’importance du pouvoir législatif et du pouvoir réglementaire en la

matière.

I.1. La notion « d'autonomie fiscale »

Selon Jacques Blanc, La notion d’autonomie fiscale revêt deux

dimensions2 :

- une dimension quantitative: elle est liée au montant, en valeur absolue,

des recettes provenant de l'impôt;

- une dimension qualitative : elle suppose la reconnaissance, aux

assemblées délibérantes, d'une marge de manœuvres, d'ailleurs souvent limitée à

la fixation des taux.

II2. Les variantes de l'autonomie fiscale

Plusieurs cas de figure peuvent être cités3 :

- le système le plus défavorable à l’autonomie qui supprime toute

possibilité pour les collectivités territoriales de fixer le taux de leurs impôts, en

remplaçant les taxes par des dotations;

2 Jacques BLANC, « Un modèle méridional d’autonomie fiscale des collectivités territoriales », RFFP n°81, Mars 2003, pp.
77- 90.
3 Cette classification est établie par Jacques BLANC, op.cit.

6
- l'affectation aux collectivités territoriales d'une part du produit des

impôts d'Etat ;

- la reconnaissance de compétences normatives aux collectivités, sur les

grands impôts d'Etat;

- l'attribution aux collectivités, de grands impôts productifs, précédemment

perçus par l'Etat ou institués ex nihilo, aux variations de taux encadrées par le

législateur;

- l’institution d’impôts exclusivement locaux, assortis d'une marge de

manœuvres;

- le modèle idéal : c'est le cas de l'Espagne où l’Etat ne peut rien percevoir

sur les territoires des communautés autonomes « de régime foral ». En

contrepartie, ces communautés autonomes lui versent une contribution (dite

« cupo »), afin de participer au financement des activités d’ordre régalien

(diplomatie, défense).

7
CHAPITRE II- LE PERIMETRE NORMATIF DES FINANCES
LOCALES
Les finances locales s’inscrivent dans un périmètre normatif renouvelé par
la publication des lois organiques relatives aux collectivités territoriales et les
perspectives offertes par l’autonomie financière qui leur est désormais associée.
Ce nouveau périmètre précisé par la loi organique n° 113-14 relative aux
communes, de la loi organique n° 111- 14 relative aux régions et de loi n° 112-
14 relative aux préfectures et provinces4 conduit à fixer, pour chaque catégorie
de collectivités territoriales l'architecture de son budget, ses ressources, ses
dépenses ainsi que les différentes étapes du processus budgétaire. Il est à noter
que les finances de ces entités étaient organisées par la loi n° 45-08 du 18 février
2009 relative à l’organisation des finances des collectivités territoriales et de
leurs groupements5. Toutefois, l'organisation de leurs ressources fiscales propres
demeure soumise à la loi n°47-06 du 30 novembre 2007 relative à la fiscalité des
collectivités territoriales6.

Chaque collectivité territoriale est dotée d’un pouvoir budgétaire et


l’exerce notamment au travers l’adoption de son budget. Mais ce pouvoir est
strictement encadré par la constitution (I) qui a confié au législateur le soin de
fixer les règles budgétaires s’appliquant aux budgets locaux ainsi que les
mesures financières et fiscales s’imposant aux collectivités territoriales.
Toutefois, le rôle du pouvoir réglementaire demeure important dans la mesure
où il intervient pour expliciter l'application des dispositions de la loi (II).

4
B.O du 18-2- 2016.
5
BO. N°5714 du 5-3-2009.
6
B.O. N°5584 du 6 décembre 2007.

8
SECTION I- LES SOURCES CONSTITUTIONNELLES
Les finances locales évoluent dans un contexte de décentralisation dont
les principes, les moyens et les compétences sont précisés par la constitution.

I. Les principes d'organisation territoriale

La constitution précise dans son article premier que « L'organisation


territoriale du Royaume est décentralisée. Elle est fondée sur une
régionalisation avancée». L'exercice du pouvoir est assumé dans le cadre de
l'alternance démocratique7 sur la base des élections libres, sincères et
transparentes qui constituent le fondement de la légitimité de la représentation
démocratique8.

En consacrant le principe de libre administration la constitution offre des


possibilités élargies à la participation des populations concernées à la gestion de
leurs affaires et la création d'un environnement favorable à leur contribution au
développement humain intégré et durable. Le dispositif constitutionnel élargi,
également, les possibilités de participation des citoyennes et des citoyens, à
travers des mécanismes participatifs de dialogue et de concertation mis en place
par les Conseils des régions et les Conseils des autres collectivités territoriales, à
l’élaboration et le suivi des programmes de développement9.

Aussi, la constitution met en avant le principe de subsidiarité en


disposant, dans son article 140, que: « Sur la base du principe de subsidiarité,
les collectivités territoriales ont des compétences propres, des compétences
partagées avec l’État et celles qui leur sont transférables par ce dernier. Les
régions et les autres collectivités territoriales disposent, dans leurs domaines de
compétence respectifs et dans leur ressort territorial, d’un pouvoir
réglementaire pour l’exercice de leurs attributions».

7
Art. 10.
8
Art.11.
9
Art.139.

9
I.2. Les moyens et les compétences financières

Tout d'abord, il faut préciser que les collectivités territoriales disposent


de ressources financières propres et de ressources transférées par l'Etat. La
constitution impose l'obligation d'accompagner tout transfert de compétences
vers les régions et les autres collectivités territoriales, d'un transfert de
ressources correspondantes10.

L’article 71 de la constitution précise que seul le pouvoir législatif est


compétent pour fixer le régime fiscal et l’assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impôts. Cette compétence législative porte sur toutes les
impositions y compris les impôts locaux.

De même l’article 39 de la constitution éloigne toute possibilité de


disposer d’une liberté fiscale pour les conseils délibérants. Cet article stipule:
« Tous supportent, en proportion de leurs facultés contributives, les charges
publiques que seule la loi peut, dans les formes prévues par la présente
Constitution, créer et répartir ».

Ainsi, tout en consacrant le principe de libre administration, la


constitution marocaine en limite la portée à l’instar d’autres pays à tradition
unitaire. En se référant, à l’exemple français, source d’inspiration pour le
législateur marocain, on remarque que la constitution française a dévolu une
certaine compétence fiscale pour les collectivités territoriales mais qui doit être
exercée dans un cadre législatif précisé11.

10
Art. 141.
11
Les aspects essentiels du principe de libre administration sont retracés par l’article 72-2 C : « Les collectivités
territoriales bénéficient de ressources dont elles peuvent disposer librement dans les conditions fixées par la loi.
Elles peuvent recevoir tout ou partie du produit des impositions de toutes natures.

10
II. LES DISPOSITIONS LEGISLATIVES ET REGLEMENTAIRES
II.1. Les dispositions législatives

La constitution a posé les bases d'une autonomie financière des


collectivités territoriales et a confié au législateur le soin d'en préciser les
modalités d'exercice à travers des lois organiques. Ainsi, la fiscalité locale, en
tant que « faculté contributive », relève du pouvoir législatif12. De même pour la
matière budgétaire et les principes budgétaires applicables aux collectivités
territoriales.

Les lois organiques relatives aux collectivités territoriales détaillent les


finances locales au travers les modalités d’élaboration et d’adoption des budgets
locaux, des ressources des collectivités territoriales, des autorisations de
programmes, des organes chargés du contrôle. Il s'agit des lois organiques
suivantes:

- La loi organique n° 113.14 relative aux régions ;

- La loi organique n° 112.14 relative aux préfectures et provinces ;

- La loi organique n° 111.14 relative aux communes.

D’autre part la loi n°47-0613 a institué 17 taxes au profit des collectivités


territoriales et déterminé les règles d’assiette, les modalités de recouvrement et
les sanctions applicables en cas de manquement aux obligations.

La loi peut les autoriser à en fixer l’assiette et le taux dans les limites qu’elle détermine.
Les recettes fiscales et les autres ressources propres des collectivités territoriales représentent, pour chaque
catégorie de collectivités, une part déterminante de l’ensemble de leurs ressources. La loi organique fixe les
conditions dans lesquelles cette règle est mise en œuvre.
Tout transfert de compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales s’accompagne de l’attribution de
ressources équivalentes à celles qui étaient consacrés à leur exercice. Toute création ou extension de
compétences ayant pour conséquence d’augmenter les dépenses des collectivités territoriales est accompagnée
de ressources déterminées par la loi ».
La loi prévoit des dispositifs de péréquation destinés à favoriser l’égalité entre les collectivités territoriales. »
12
Art. 39 de la constitution.
13
Loi n° 47-06 relative à la fiscalité des collectivités territoriales, B.O n°5584 du 6 décembre 2007.

11
Les finances locales sont également soumises à des dispositions
législatives incluses dans différents textes de lois :

- la loi n°61-99 du 3 avril 200214 relative à la responsabilité des


ordonnateurs, des contrôleurs et des comptables publics;
- la loi n° 41-90 du 10 septembre 1993 instituant les tribunaux
administratifs15;
- la loi n° 62-99 formant code des juridictions financières16.
II.2. Les dispositions réglementaires

Les dispositions réglementaires portent notamment sur les aspects


suivants :

- les dispositions financières et comptables générales17 ;

- les attributions du ministère de l’intérieur en matière de tutelle sur


les collectivités territoriales18 ;

- les attributions du ministère des finances et de la trésorerie générale


du royaume ;

- les décrets portant règlement de la comptabilité des collectivités


territoriales et de leurs groupements19 ;

- les décrets pris pour l’application de la loi sur les finances locales.

Mais, en réalité, la fiscalité et les finances locales se réalisent à travers


l’élaboration et l’adoption des budgets locaux- actes réglementaires. Chaque
collectivité territoriale, élabore son cadre budgétaire par le moyen de son

14
B.O du 2 mai 2002.
15
B.O du 3 novembre 1993.
16
B.O du 15 août 2002.
17
L’art. 54 de la loi n°45-08 relative à l’organisation des finances des collectivités territoriales et de leurs
groupements stipule à ce propos : « Les règles de la comptabilité publique applicables aux collectivités
territoriales et aux groupements sont fixés par décret pris sur proposition du ministre chargé des finances et du
ministre de l’intérieur.
18
L’art. 60 de la loi précitée précise que le ministre de l’intérieur fixe par arrêté, toute dispositions de nature à
assurer la bonne gestion des finances des collectivités territoriales.
19
Décret n° 2-09-441 du 3 janvier 2010 portant règlement de la comptabilité des collectivités territoriales et de
leurs groupements, B.O n° 5814 du 18-2-2010.

12
budget20 lequel est adopté à la suite d’une délibération de l’assemblée
délibérante21 qui revêt un caractère réglementaire.

CHAPITRE III- LES PRINCIPES BUDGETAIRES

Tout comme l'Etat, les collectivités territoriales sont soumises à de


nombreuses règles destinées à encadrer leurs actes d'ordre financier. Dans
l’élaboration et le vote du budget, les collectivités territoriales doivent respecter
un certain nombre de principes. Il s’agit du principe de l’annualité (Section I),
du principe de l’unité (Section II), du principe de l’universalité (Section III), du
principe de la spécialité (Section IV) et des principes de l’équilibre et de la
sincérité (Section V).

SECTION I- LE PRINCIPE DE L’ANNUALITE BUDGETAIRE

Conformément à la règle de l'annualité, le budget est l’acte par lequel


est prévu et autorisé, pour chaque année budgétaire, l’ensemble des
ressources et des charges de la collectivité territoriale (I). Toutefois, les
textes juridiques admettent des dérogations à cette règle (II).

I. Enoncé
A L’instar du budget de l’Etat, le budget de la collectivité territoriale est
établi et voté pour un exercice financier de 12 mois. L’exercice budgétaire
commence le 1er janvier et s’achève le 31 décembre22.
Le principe de l’annualité comporte deux conséquences:

20
Art. 16 du décret précité.
21
Art. 17 du décret précité.
22
Articles 153, 166 et 145 respectivement de la loi organique n° 111-14 relative à la communes, de la loi
organique n° 113- 14 relative aux régions et de loi n° 112- 14 relative aux préfectures et provinces.

13
- le budget est votée annuellement: le budget doit être soumis à
l'approbation du conseil de la collectivité territoriale et sanctionné par un vote de
l'assemblée délibérante;
- l’antériorité de l’autorisation budgétaire: le pouvoir délibérant accorde
son autorisation budgétaire avant le commencement de l’exécution et qui n'est
valable que pour un an.
Néanmoins, pour éviter des discontinuités dans le fonctionnement des
collectivités territoriales, les lois prévoient des aménagements.

II. Aménagements
Des aménagements sont prévus par la loi. Tout d’abord, les crédits de
fonctionnement ouverts au titre d'un budget et non engagés à la clôture de
l'exercice budgétaire tombent en annulation. Ensuite, les crédits de
fonctionnement engagés et qui n'ont pas donné lieu à paiement à la clôture de
l'exercice peuvent être reportés sur l'année suivante. Les lois précisent que les
crédits de paiement concernant les dépenses d'équipement de la deuxième partie
du budget sont reportés sur le budget de l'année suivante.
Des aménagements sont possibles également conformément aux lois
organiques relatives aux collectivités territoriales. Ainsi, l'équilibre des budgets
des années ultérieures peut être lié à des engagements inclus dans les
conventions, les garanties accordées, la gestion de la dette de la
collectivité territoriale, les crédits d’engagement et les autorisations de
programmes entrainant des charges financières pour la collectivité
territoriale.

SECTION II- LE PRINCIPE DE L’UNITE BUDGETAIRE


Le principe de l'unité a pour objet principal de permettre d'assurer un
meilleur contrôle des élus sur le budget. Cependant, pour des raisons diverses,
l'application de ce principe (I) est accompagnée de dérogations (II).

14
I. Enoncé
Le principe de l'unité oblige à faire apparaître l’ensemble des recettes et des
dépenses du budget dans un document unique. De cette manière, le conseil
délibérant peut discuter et voter le budget en connaissance de l’ensemble des
opérations financières.
Toutefois, cette acception de l’unité budgétaire n’est plus de mise en raison
des aménagements et même des exceptions sous forme de budgets autonomes
d’entités émanant de la collectivité territoriale.

II. Aménagements
Le budget de la collectivité territoriale peut se présenter sous forme de
plusieurs documents distincts. Outre le budget principal, la loi prévoit les
budgets annexes et les comptes spéciaux.

II.1. Les budgets annexes23


En vertu des lois organiques relatives aux collectivités territoriales, les
budgets annexes sont crées par l’autorité gouvernementale chargée de
l’intérieur. Ils ont pour objet de décrire des opérations financières de certains
services qui n'ont pas la personnalité morale et dont l'activité tend,
essentiellement, à produire des biens ou à rendre des services donnant lieu à
rémunération.
Les budgets annexes sont structurés en deux parties : une première partie qui
comprend les recettes et les dépenses de fonctionnement ; et une deuxième
partie comportant les dépenses d'équipement et les ressources affectées à ces
dépenses. Les deux parties sont, obligatoirement, présentés en équilibre.
La préparation, l’approbation, l’exécution et le contrôle des budgets annexes
est effectué dans les mêmes conditions que celles prévues pour le budget.

23
Articles 169,161et 182 respectivement des lois n° 111-14, 112-14 et 113-14.

15
II.2. Les comptes spéciaux24
La création des comptes spéciaux relève de l’autorité gouvernementale
chargée de l’intérieur, qui intervient par arrêté sur la base d’un programme
d’emploi établi par l’ordonnateur en exécution des délibérations du conseil.
La création des comptes spéciaux est destinée soit à encadrer des opérations
qui ne peuvent être commodément incluses dans le cadre du budget, soit à
décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant leur
continuité d'une année budgétaire sur l'autre ou pour garder trace, sans
distinction d'année budgétaire, d'opérations qui se poursuivent pendant plus
d'une année.
Les lois organiques relatives aux collectivités territoriales prévoient deux
catégories de comptes spéciaux comprennent les comptes d'affectation spéciale
et les comptes de dépenses sur dotations.

Section III- Le principe de l’universalité budgétaire


L'objectif du principe de l'universalité, comme c'est le cas pour
l'ensemble des autres principes budgétaires, est de faciliter le contrôle du
pouvoir délibérant sur le pouvoir exécutif, et il complète plus particulièrement
le principe de l'unité budgétaire.

En effet, le principe de l'universalité budgétaire constitue le corollaire du


principe de l'unité, car il oblige les autorités budgétaires, non seulement à
présenter la totalité des prévisions de recettes et de dépenses dans un document
unique, mais à effectuer cette présentation en respectant deux règles précises (I)
qui connaissent certains assouplissements (II).

I. La règle de non-affectation
24
Articles 170, 162 et 183 respectivement des lois n° 111-14, 112-14 et 113-14.

16
La règle de non affectation interdit qu’une recette particulière soit affectée à
une dépense particulière. Cette règle est évoquée par les lois organiques
relatives aux collectivités territoriales qui précisent qu'il ne peut y avoir
affectation d'une recette à une dépense, parmi celles qui concourent à former le
total de la première partie du budget et des budgets annexes.

II. La règle de non compensation


L’universalité budgétaire consiste à interdire la compensation entre les
recettes et les dépenses (règle du produit brut, de la non compensation ou de la
non contraction) ; et aussi à éviter l’affectation de recettes particulières au
financement de dépenses spécifiques (règle de la non affectation des recettes aux
dépenses). Cette règle de non compensation oblige d’inscrire dans le budget
toutes les dépenses et toutes les recettes, sans contraction entre-elles.

Cette règle permet certains assouplissements, puisque les lois organiques


admettent que l’affectation d’une recette à une dépense a lieu dans le cadre
de la deuxième partie du budget et des budgets annexes et dans le cadre des
comptes spéciaux.

SECTION IV- Le principe de spécialité budgétaire


Le principe de la spécialité budgétaire organise la présentation des
recettes et des dépenses des entités publiques de façon à ce que l’organe
délibérant connaisse l'origine de chaque recette et la destination de chaque
dépense. Après avoir défini ce principe (I), il convient de voir comment il est
appliqué au niveau des budgets des collectivités territoriales (II).

I. Enoncé général

17
La règle de la spécialité budgétaire concerne, d’une manière générale, la
présentation, mais surtout l'exécution des dépenses publiques. Les autorisations
relatives aux dépenses sont spécialisées, c’est-à-dire que les crédits ne peuvent
être utilisés que pour une catégorie précise de dépenses. Les crédits ouverts par
la loi de finances sont affectés à une dépense déterminée. En vertu des
dispositions de la loi organique relative à la loi de finances « les dépenses du
budget général sont présentées, à l’intérieur des titres, par chapitres, subdivisés
en programmes, régions et projets ou actions »25. L'autorisation d'un crédit ne
porte pas seulement sur un montant mais également sur un objet. Il n'est pas
possible d'utiliser des crédits ou un surplus de crédits pour un objet différent.
Cependant, des assouplissements ont été apportés. Il est parfois possible au
pouvoir réglementaire de virer (changer d'objet) ou de transférer des crédits
(changer de destinataire).

II. Application du principe dans le cadre des budgets locaux


Les dépenses du budget de la collectivité territoriale sont présentées par
chapitres dans des articles subdivisés en programmes et projets ou actions. Les
dépenses des budgets annexes sont présentées à l’intérieur de chaque article
par programmes, et le cas échéant, par programmes subdivisés en projets ou
actions.
Les dépenses des comptes spéciaux sont présentées par programmes, et
le cas échéant, par programmes subdivisés en projets ou actions.
Les engagements de dépenses doivent rester dans la limite des
autorisations budgétaires. Ces engagements sont subordonnés à la
disponibilité des crédits budgétaires pour les opérations de travaux, de
fournitures, de services, des opérations de transfert des ressources et la
disponibilité des postes budgétaires pour le recrutement.

25
Article 38 de la loi organique relative à la loi de finances, BO. Du 18-6-2015.

18
SECTION V- Les principes d'équilibre et de sincérité budgétaire
Les lois posaient pour les budgets des collectivités territoriales une
obligation d'équilibre. Cette obligation s'est précisée avec les lois organiques
relatives aux collectivités territoriales de 2015 aux termes desquelles le budget
doit être en équilibre réel. Cet équilibre étant apprécié en partie de
fonctionnement comme en partie d'équipement (I). Aussi, les informations
budgétaires adressées aux membres de l'assemblée délibérante doivent respecter
le principe de sincérité. Ce principe suppose que l’ensemble des produits et des
charges inscrites au budget soit évalué de façon sincère (II). Toutefois, son
application au Maroc soulève, encore, des problèmes en raison de son
introduction récente.

I. Le principe de l'équilibre
Le principe de l'équilibre est envisagé au niveau de l'Etat dans un objectif
d'efficacité des finances publiques. Il est possible alors de tolérer un déséquilibre
dans l'objectif de réaliser un équilibre économique et financier. Cependant, les
collectivités territoriales sont soumises à une obligation d'équilibre rigoureux.

I.1. La signification générale du principe de l'équilibre

L’application rigoureuse et de manière absolue de la règle de l'équilibre


ème ème
remonte au XIX siècle jusqu’aux premières années du XX siècle. Il
s'agissait d'un équilibre arithmétique selon lequel les recettes publiques doivent
être égales aux dépenses publiques.

Ainsi, la situation idéale apparaît comme étant celle d'une adéquation entre les
recettes et les dépenses sans réaliser un déficit ou un excédent.

Cette façon d'envisager l'équilibre budgétaire a été remise en cause à la


suite de l'avènement de l'Etat interventionniste. L'instrumentalisation des
19
finances publiques pour mener des actions aux niveaux économiques et
sociales admet l'acceptation du déséquilibre budgétaire. ce dernier est
compensé de différentes manières:

- le recours à la création de monétaire, mais cela comporte des risques


d’inflation et de crise économique ;

- la réduction des dépenses publiques;

- le recours à l'emprunt.

I.2. L'application du principe de l'équilibre aux collectivités territoriales

Si le principe d’équilibre budgétaire n’a pas au niveau national un


caractère véritablement contraignant, la loi impose aux collectivités territoriales
d’adopter des budgets en équilibre : l’ensemble des dépenses inscrites doit être
couvert par des recettes prévisibles.

Très concrètement et tel qu'il est défini par les lois organiques relatives
aux collectivités territoriales26, le budget doit être équilibré dans chacune de
ses parties. Lorsqu’un excédent prévisionnel est dégagé de la première partie,
il est affecté, obligatoirement, à la deuxième partie du budget. Les recettes
de la deuxième partie ne peuvent avoir pour contrepartie des dépenses de
la première partie.

II. Le principe de sincérité


En finances publiques, la notion de sincérité se traduit par un principe
consacré par la loi organique relative aux lois de finances(LOLF) du 2 juin
2015. Son article 10 stipule que:
« Les lois de finances présentent de façon sincère l’ensemble des ressources et

26
Art. 164, 146 et 154 respectivement des lois n°111-14, 112-14 et113-14.

20
des charges de l’Etat. La sincérité des ressources et des charges s’apprécie
compte tenu des informations disponibles au moment de leur établissement et
des prévisions qui peuvent en découler ».
Bien que le principe de sincérité budgétaire soit nécessaire, certains
juristes le considèrent cependant comme étant difficile à appliquer. De ce fait, il
en ressort, alors, une contradiction entre la théorie du principe de sincérité, et sa
mise en application.

Au niveau des collectivités territoriales les lois organiques en la


matière précisent que le budget doit présenter une image sincère de
l’ensemble de leurs recettes et de leurs charges. L’évaluation de la sincérité
des recettes et des charges se fait selon les données disponibles au moment
de la préparation du budget et les prévisions qui en résulteraient.

21
CHAPITRE IV-L’ELABORATION, LE VOTE ET L’APPROBATION DU
BUDGET DE LA COLLECTIVITE TERRITORIALE
A l'instar du budget de l'Etat, le budget d'une collectivité territoriale est
l’acte par lequel est prévu et autorisé, pour chaque année budgétaire,
l’ensemble des ressources et des charges de la collectivité territoriale.
L'élaboration du budget de la collectivité territoriale suppose l'élaboration
d'un projet de budget par l'autorité exécutive sur la base d'une nomenclature
budgétaire préétablie. Ce projet doit être élaboré conformément à la
programmation triennale établie par la collectivité territoriale, et être
accompagnée de documents avant d'être soumis à l'assemblée délibérante. Cette
dernière l'examine et le vote selon des modalités prévues par les textes
juridiques. Une fois adopté le budget doit recevoir le visa de l'autorité de
contrôle.
L'analyse du processus budgétaire des collectivités territoriales nécessite
tout d'abord, la présentation des documents et de la nomenclature budgétaires
(Section I), avant de traiter le processus d'élaboration du budget par les organes
de la collectivité territoriale et son approbation par les autorités de contrôle
(Section II).

SECTION I- LES DOCUMENTS ET LA NOMENCLATURE


BUDGETAIRE

22
L'élaboration du budget de la collectivité territoriale est soumise à des
modalités juridiques obligatoires précisées par les lois organiques et les textes
réglementaires relatifs aux collectivités territoriales. Ces modalités concernent
les documents budgétaires (I) et la nomenclature budgétaire portant sur les
règles de présentation (II).

I. Les documents budgétaires


Le budget d'une collectivité territoriale peut comprendre des budgets
annexes et des comptes spéciaux

I.1 Le budget
Le budget est l’acte par lequel est prévu et autorisé, pour chaque
année budgétaire, l’ensemble des ressources et des charges de la collectivité
territoriale.
Le budget est un acte de prévision car il établi un état estimatif des recettes
et des dépenses à réaliser pendant l'année à venir. Cette définition entraine deux
conséquences : tout d’abord, le budget est un acte d'autorisation car il s'agit d'un
acte juridique, pris à la suite d'un vote de la collectivité territoriale ; ensuite, il
est un acte qui autorise le pouvoir exécutif à procéder au recouvrement des
recettes et au paiement des dépenses.

I.2. Les budgets annexes


Les budgets annexes ont pour objet de décrire des opérations financières de
certains services qui n'ont pas été dotés de la personnalité morale et dont
l'activité tend, essentiellement, à produire des biens ou à rendre des services
donnant lieu à rémunération.
Les budgets annexes sont structurés en deux parties: une première partie qui
comprend les recettes et les dépenses de fonctionnement et une deuxième partie

23
qui comprend les dépenses d'équipement et les ressources affectées à ces
dépenses. Ils sont présentés obligatoirement en équilibre.
Les budgets annexes sont préparés, approuvés, exécutés et contrôlés dans les
mêmes conditions que celles prévues pour le budget.
Si les recettes de fonctionnement sont insuffisantes, une dotation de
fonctionnement, prévue au titre des charges de la première partie du budget,
permet la compensation. L'excédent éventuel des recettes de fonctionnement sur
les dépenses est affecté, en premier lieu, au financement des dépenses
d'équipement et, pour le surplus, pris en recette au budget.
L'insuffisance des ressources affectées aux dépenses d'équipement est
compensée par une dotation d'équipement prévue à la deuxième partie du
budget.

I.3. Les comptes spéciaux


Nous examinerons, successivement, l’objet et les différentes catégories des
comptes spéciaux.

II.3.1. Objet:
Les comptes spéciaux ont pour objet:
- soit de décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d'un
lien de cause à effet réciproque entre la recette et la dépense, ne peuvent
être commodément incluses dans le cadre du budget ;
- soit de décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant
leur continuité d'une année budgétaire sur l'autre ;
- soit de garder trace, sans distinction d'année budgétaire, d'opérations qui
se poursuivent pendant plus d'une année.

II.3.2. Les catégories de comptes spéciaux:

24
Les comptes spéciaux comprennent les comptes d'affectation spéciale et les
comptes de dépenses sur dotations:
- les comptes d’affectation spéciale:
Ces comptes sont créés par arrêté de l’autorité gouvernementale chargée
de l’intérieur, sur la base d’un programme d’emploi établi par l’ordonnateur
en exécution des délibérations du conseil. Ils ont pour objet de retracer des
recettes prévisionnelles affectées au financement d’une catégorie déterminée de
dépenses et précisent l’emploi donné à ces ressources ;
- les comptes de dépenses sur dotation: les comptes de dépenses sur
dotations sont créés par arrêté de l’autorité gouvernementale chargée de
l’intérieur ou son délégué. Ils retracent des opérations dont le financement
est assuré par des ressources préalablement déterminées. La réalisation des
ressources doit être antérieure à la dépense.
L’excédent de ressources des comptes de dépenses sur dotations de chaque
année budgétaire est reporté sur l’année suivante. S’il n’est pas consommé
l’année suivante, il est pris en recette à la deuxième partie du deuxième budget
qui suit celui au cours duquel il est réalisé.
Les comptes de dépenses sur dotations sont préparés, visés, exécutés et
contrôlés dans les mêmes conditions que celles prévues pour le budget.

II. La nomenclature budgétaire


Les choix des collectivités territoriales en matière de recettes et de
dépenses sont obligatoirement présentés et adoptés selon un cadre budgétaire et
comptable fixée par voie réglementaire. Cette nomenclature s'impose à chaque
catégorie de collectivités territoriales. Elle est fondée sur une division en parties,
chapitres et articles qui intègrent les notions de programme, projet et actions.

25
II.1. Une nomenclature basée sur une division en deux parties

Les lois organiques relatives aux collectivités territoriales précisent


que le cadre budgétaire est fondé sur une division en deux parties:

- la première partie décrit les opérations de fonctionnement tant en


recettes qu’en dépenses: elle regroupe toutes les dépenses nécessaires
au fonctionnement des services, c'est -à-dire celles qui reviennent
régulièrement, et le paiement des intérêts de l'emprunt ;

- la deuxième partie est relative aux opérations d’équipement: elle


comprend des dépenses non répétitives qui se traduisent par une
modification appréciable de la valeur ou de la structure du patrimoine de la
collectivité territoriale, et le remboursement du capital des emprunts. Cette
partie présente l’ensemble des ressources affectées à l’équipement et
l’emploi qui en est fait.

II.2. Une nomenclature fondée sur une répartition par programme, projet
ou action

Conformément à une logique de performance axée sur les résultats, la


nomenclature budgétaire intègre les notions de programmes, projets ou actions:

- le programme: un programme est un ensemble cohérent de projets ou


d’actions, auquel sont associés des objectifs définis en fonction de finalités
d’intérêt général, ainsi que des indicateurs chiffrés permettant de mesurer les
résultats escomptés qui feront l’objet d’une évaluation en vue de s’assurer
des conditions d’efficacité, d’efficience et de qualité liées aux réalisations.

Les lois organiques relatives aux collectivités territoriales précisent que


les objectifs d’un programme déterminé et les indicateurs qui y sont associés
sont indiqués dans le projet de performance élaboré par l’ordonnateur. Le dit

26
projet est présenté à la commission chargée du budget, des affaires
financières et de la programmation.

- le projet: le projet ou l’action est un ensemble d’activités et de


chantiers réalisés dans le but de répondre à un ensemble de besoins définis.
Le projet ou l’action est divisé en lignes dans le budget montrant la nature
économique des dépenses afférentes aux activités et opérations entreprises.

SECTION II- L'ELABORATION ET LE VOTE DU BUDGET

L'élaboration du budget est soumise à des modalités juridiques obligatoires


prévues par les lois organiques relatives aux collectivités territoriales. Ces lois
accordent, à l'instar du budget de l'Etat, une prééminence au pouvoir exécutif.

Le budget est préparé par le président du conseil de la collectivité


territoriale sur la base d’une programmation triennale de l’ensemble des
ressources et des charges de la collectivité territoriale conformément au plan
d’action de la commune (I). Cette programmation27 est actualisée chaque
année pour l’adapter avec l’évolution des ressources et des charges. Le
budget accompagné des documents nécessaires est soumis pour examen à
la commission du budget, des affaires financières et de la programmation
(II).

I. Le contenu de la programmation triennale des budgets des collectivités


territoriales
Le projet de programmation triennale du budget de la collectivité territoriale
est préparé par le président du conseil. Ce projet doit tenir compte des prévisions
de l'ensemble des ressources et des charges de la collectivité territoriale
conformément à son programme de développement tout en précisant les
objectifs et les indicateurs de performance retenus.

27
Le contenu de cette programmation et les modalités de son élaboration est fixé par les décrets du 29 juin
2016, B.O du 20-4-2017.

27
Le projet de programmation triennale est établi dans un délai n'excédant la
fin du mois d'août de chaque année. Les collectivités territoriales sont appelées à
procéder à son actualisation chaque année pour l'adapter à l'ensemble de leurs
ressources et de leurs charges.

II. Les documents devant être joints au budget de la collectivité territoriale


En vertu des lois organiques relatives aux collectivités territoriales, le projet
de budget doit être soumis, aux fins d'examen, à la commission du budget, des
affaires financières et de la programmation, accompagné des documents
suivants28:
- un état de la programmation triennale du budget de la collectivité
territoriale;
- le projet de performance au titre de l'exercice concerné;
- un état spécifique des engagements financiers découlant des conventions
et des contrats conclus par la collectivité territoriale et des garanties accordées;
- un état spécifique des annuités afférentes au remboursement des
emprunts au titre de l'exercice concerné;
- un état des arrêts et des décisions de justice prononcées à l'encontre de la
collectivité territoriale;
- un état spécifique des recettes encaissées et celles qui n'ont pas fait
l'objet d'encaissement durant les deux exercices précédents, ainsi que des
recettes encaissées jusqu'au mois de septembre de l'exercice en cours;
- un état spécifique des dépenses engagées et payées au titre des budgets
de fonctionnement et d'équipement au cours des deux exercices précédents, ainsi
que les dépenses engagées et payées jusqu'au mois de septembre de l'exercice en
cours.

28
Décret du 29 juin 2016 fixant la liste des documents devant être joints au budget de la préfecture ou de la
province, décret du 29 juin 2016 fixant la liste des documents devant être joints au budget de la région, décret du
29 juin 2016 fixant la liste des documents devant être joints au budget de la commune, B.O du 20-4-2017.

28
SECTION III- LES PROCEDURES DE VOTE
Pour l'adoption du budget, des règles diverses s'imposent, elles concernent
les délais, les modalités de vote (I) et les conséquences du refus du visa (II).
I. Les délais et les modalités de vote du budget
Le budget de la collectivité territoriale doit être adopté dans délais précis
conformément à des modalités précisés par les lois organiques.

I.1. Les délais

Le budget doit être adopté au plus tard le 15 novembre. Si le budget n'est pas
adopté à la date fixée, le conseil est invité à se réunir en session extraordinaire
dans un délai maximum de 15 jours qui suivent la réunion où le budget a été
rejeté. Le conseil examine toutes les propositions de modifications du budget
de nature à lever les motifs ayant conduit à son rejet.

L’ordonnateur doit adresser à l’autorité gouvernementale chargée de


l’intérieur ou à son représentant29, au plus tard le 10 décembre, le budget
adopté ou à défaut, le budget non adopté, assorti des procès-verbaux des
délibérations du conseil. Lorsque le budget n’a pas pu être adopté
conformément aux dispositions, l’autorité gouvernementale chargée de
l’intérieur ou son représentant procède, après examen du budget rejeté, des
motifs du rejet et des propositions de modifications présentées par le
conseil ainsi que les réponses qui leur ont été apportées par le président,
à l’établissement d’un budget de fonctionnement sur la base du dernier
budget visé, en tenant compte de l’évolution des charges et des ressources de
la commune et ce, au plus tard, au 31 décembre. Dans ce cas, la
collectivité territoriale continue à procéder au remboursement des annuités
des emprunts.

I.2. Les modalités


29
Il s’agit de l’autorité gouvernementale chargé de l’intérieur pour les régions, du gouverneur de la préfecture
ou de la province pour les provinces, les préfectures et les communes.

29
Les lois organiques relatives aux collectivités territoriales stipulent que le
vote des recettes doit intervenir avant le vote des dépenses. Les prévisions
des recettes font l’objet d’un vote global en ce qui concerne le budget,
les budgets annexes et les comptes spéciaux. Les dépenses du budget font
l’objet d’un vote par chapitre.

II. Le visa du budget

II.1. Les délais et les modalités

Le budget est présenté au visa de l’autorité gouvernementale chargée de


l’intérieur ou son représentant au plus tard le 20 novembre. Le budget
devient exécutoire après son visa, sous réserve des dispositions prévues par
les lois organiques, après contrôle des éléments suivants :

- le respect des dispositions des lois organiques relatives aux


collectivités territoriales et des lois et règlements en vigueur;

- l’équilibre du budget sur la base de la sincérité des prévisions


des recettes et des dépenses;

- l’inscription des dépenses obligatoires.

Le budget transmis l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur


ou son représentant doit être assorti d’un état faisant ressortir la
programmation triennale et les états comptables et financiers de la
commune.

Les modalités d’élaboration des états précités sont fixées par décrets30,
pris sur proposition de l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur.

II.2. Les conséquences du refus de visa

Si l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur ou son


représentant refuse d’apposer son visa sur le budget pour l’un des motifs

30
Décrets du 29 juin 2016, B.O du 20-42017.

30
visés par la législation en vigueur31, il notifie au président du conseil les motifs
du refus du visa dans un délai maximum de 15 jours à compter de la date de
réception du budget.

Le président du conseil modifie dans ce cas le budget et le soumet


au vote du conseil dans un délai de dix (10) jours à compter de la date de
réception des motifs de refus du visa. Il est tenu également de soumettre de
nouveau le budget pour visa avant le 1er janvier.

Si le président du conseil ne prend pas en compte les motifs de refus


du visa, il est fait application des dispositions prévues. L’autorité
gouvernementale chargée de l’intérieur ou son représentant invite, donc, le
président du conseil à inscrire toute dépense obligatoire qui n’a pas été
inscrite au budget de la commune.

Le président est tenu de soumettre le budget aux délibérations du conseil,


après inscription des dépenses obligatoires demandée par le gouverneur de la
préfecture ou de la province. Toutefois, le conseil peut prendre une
délibération portant délégation au président pour l’inscription d’office des
dépenses obligatoires.

Ces dépense doivent être obligatoirement inscrites dans un délai maximum


de 15 jours, à compter de la date de réception de la demande de l’autorité
gouvernementale chargée de l’intérieur ou son représentant.

Lorsque le budget n’est pas présenté au visa dans les délais, l’autorité
gouvernementale chargée de l’intérieur peut établir, avant le 1er janvier et

31
Le budget devient exécutoire après son visa, sous réserve des dispositions de dispositions
prévues par les lois, après contrôle des éléments suivants : le respect des dispositions des lois
organiques relatives aux collectivités territoriales et des lois et règlements en vigueur, l’équilibre du
budget sur la base de la sincérité des prévisions des recettes et des dépenses et l’inscription des dépenses
obligatoires prévues par les lois.

31
après avoir demandé des explications au président du conseil, un budget de
fonctionnement pour la collectivité territoriale sur la base du dernier budget
visé en tenant en compte de l’évolution des charges et des ressources de la
collectivité territoriale. Dans ce cas, la collectivité procède au
remboursement des annuités d’emprunt.

Si le budget n’est pas visé avant le 1er janvier, le président du


conseil peut être habilité, par arrêté de l’autorité gouvernementale chargée
de l’intérieur ou son représentant, à recouvrer les recettes et à engager,
liquider et ordonnancer les dépenses de fonctionnement dans la limite des
crédits inscrits au dernier budget visé et ce, jusqu’au visa du budget.

Durant cette même période, le président procède à la liquidation et à


l’ordonnancement du remboursement des annuités d’emprunts et le
règlement des décomptes relatifs aux marchés dont les dépenses ont été
engagées.

Le président doit déposer le budget au siège de la collectivité


territoriale dans les quinze jours qui suivent son visa. Le budget est mis à la
disposition du public par tout moyen de publicité. Il est notifié
immédiatement par l’ordonnateur au trésorier.

32
CHAPITRE V- L’EXECUTION BUDGETAIRE
Conformément aux principes de droit financier public, le budget des
collectivités territoriales est exécuté par l’ordonnateur et le comptable, en
respect du principe de séparation fonctionnelle entre les agents d'exécution
(Section 1) et conformément à des règles applicables aux dépenses et aux
recettes (Section 2).

SECTION I- LA SEPARATION FONCTIONNELLE ENTRE LES


ORDONNATEURS ET LES COMPTABLES PUBLICS

Afin de garantir une bonne utilisation des deniers publics par la collectivité
territoriale, des règles ont été établies. Elles se traduisent par le principe de
séparation fonctionnelle entre les agents d'exécution. Ce principe constitue un
corollaire de l’incompatibilité des fonctions d’ordonnateur et de comptable
prévue dans le décret portant règlement la comptabilité des collectivités
territoriales et de leurs groupements.

I. Signification

Le principe de séparation fonctionnelle entre les agents d'exécution


conduit à confier l’exécution du budget communal à deux catégories d’agents
nettement séparés. Normalement, ces deux agents interviennent à des stades
différents de l’exécution du budget. Le président du conseil, organe élu,
intervient dans la phase administrative en tant qu’ordonnateur des opérations de

33
recettes et de dépenses. La phase comptable, quant à elle, est assurée par un
agent des services extérieurs du trésor, ayant le statut de comptable public : le
receveur communal appelé aussi trésorier payeur communal.

La séparation des ordonnateurs et des comptables est l’une des règles


fondamentales de la comptabilité publique. Elle vise à délimiter le champ
d’action des uns et des autres. La division du travail, contenue dans cette règle,
ne correspond pas seulement à une spécialisation technique, elle correspond
aussi à une préoccupation d’équilibre entre diverses tendances et à un souci de
contrôle réciproque.

II. La portée du principe de séparation :

L’ordonnateur dispose du pouvoir de statuer et de prendre des décisions qui


engageraient les deniers publics, alors que le comptable dispose du pouvoir
d’exécuter ces décisions et d’empêcher celles qui tenterait de sortir du cadre de
la légalité budgétaire.

II.1. La fonction des ordonnateurs :

Le décret portant règlement général de comptabilité publique des


collectivités locales donne une définition générale de la notion d’ordonnateur :
« est ordonnateur, de recettes et de dépenses d'une collectivité locale ou d'un
groupement, toute personne ayant qualité pour:

- constater les créances, liquider et ordonner le recouvrement des créances


de la dite collectivité ou du dit groupement ;
- engager, liquider et ordonnancer le paiement des dettes de la dite

34
collectivité ou du dit groupement »32.
Au niveau des collectivités territoriales, l’ordonnateur est le président du
conseil délibérant. Il s'agit33:

- du président du conseil de la région pour les régions;

- du président du conseil préfectoral ou provincial pour les préfectures et


provinces;

- du président du conseil communal pour les communes.

Les ordonnateurs peuvent, sous leur responsabilité, déléguer leur signature


par voie d'arrêté, établi en deux originaux dont l'un est notifié au comptable
assignataire. Ces originaux doivent comporter les spécimens de signature des
ordonnateurs délégués.

Les ordonnateurs peuvent, en outre, instituer, par voie d'arrêté, des sous-
ordonnateurs et leurs suppléants auxquels ils délèguent leur pouvoir dans
les limites fixées par l'ordonnance de délégation de crédits ou tout autre
document en tenant lieu. Les ordonnateurs délégués et les sous-
ordonnateurs ainsi que leurs suppléants agissent sous la responsabilité et le
contrôle des ordonnateurs qui les ont institués.

II. La fonction des comptables

Conformément à l’article 11 du décret portant règlement de la


comptabilité des collectivités locales et de leurs groupements « Est comptable
public, tout fonctionnaire ou agent ayant qualité pour exécuter au nom d’un
organisme public des opérations de recettes et de dépenses ».

32
Art. 5 du décret du 3 janvier 2010 portant règlement de la comptabilité des collectivités locales et de leurs
groupements, B.O du 18-2- 2010.
33
Art. 6 du décret précité.

35
Les comptables publics des collectivités territoriales et de leurs
groupements comprennent :

- des trésoriers payeurs communaux :

- des receveurs communaux ;

- des percepteurs communaux ;

- des régisseurs.

Les trésoriers payeurs sont chargés d'assurer l'exécution et le contrôle des


dépenses des dites collectivités ou desdits groupements.

Les receveurs communaux sont chargés d'assurer le recouvrement des


droits, taxes et redevances que les collectivités territoriales et leurs
groupements sont habilités à prélever en vertu des lois et règlements en
vigueur et d'assurer l'exécution et le contrôle des dépenses des dites
collectivités ou des dits groupements.

Les percepteurs communaux en leur qualité de comptables rattachés aux


trésoriers communaux sont chargés d'assurer le recouvrement des droits, taxes
et redevances que les collectivités territoriales et leurs groupements sont
habilités à prélever en vertu des lois de règlements en vigueur.

SECTION II- LES REGLES APPLICABLES A L'EXECUTION DES


OPERATIONS DE RECETTES ET DE DEPENSES

Les ordonnateurs et les comptables publics assument la responsabilité


d'exécution du budget tant en recettes (I) qu'en dépenses (II), tout en
appliquant des règles précises.

36
I. Règles relatives aux opérations de recettes

Les créances des collectivités territoriales et de leurs groupements


comprennent les taxes et redevances instituées à leur profit par la loi ou la
réglementation en vigueur, les produits et revenus domaniaux, les
rémunérations pour services rendus, le produit des exploitations et des
participations financières et toutes autres créances instituées à leur profit par
les lois et règlements en vigueur ou résultant de décisions de justice ou de
conventions. La perception de ces recettes est autorisée annuellement par les
budgets des dites collectivités dans le respect des opérations précisées par la
réglementation.

I.1. L'émission des ordres de recettes

Toute créance liquidée fait l'objet d'un ordre de recette individuel ou collectif
émis et rendu exécutoire par l'ordonnateur compétent et appuyé de tous les
documents justifiant la régularité de la perception.

Toutefois, il n'est pas émis d'ordres de recettes au titre des taxes locales dont
le seuil est, en application des dispositions de la loi n° 47-06 relative à la
fiscalité locale, égal ou inférieur à cent (100) dirhams.

L’ordre de recette doit indiquer les bases de liquidation de la créance ainsi


que les éléments permettant l'identification du débiteur.

Les taxes et autres créances ayant fait l'objet d'ordres de recettes individuels
ou collectifs sont, sauf dispositions contraires prévues par les textes propres à
chacune d'elles, exigibles dès la mise en recouvrement des dits ordres de recettes
ou à l'échéance fixée par l'acte ayant donné naissance à la créance.

37
Les conventions, les contrats ou les engagements comportant la perception
de recettes, par termes échelonnés sur plusieurs années, donne lieu à l'émission,
par l'ordonnateur compétent, d'un ordre de recette pour le montant dû au titre de
chaque année, qu'il adresse au comptable chargé du recouvrement, deux mois
avant la date de l'échéance.

L'ordre de recette émis au titre de la première année doit être appuyé d'un
exemplaire de l'acte ayant donné naissance à la créance.

En cas de modification, l'acte modificatif est annexé à l'ordre de recette


émis au titre de l'année concernée.

I.2. La prise en charge et le recouvrement des ordres de recettes

I.2.1. La prise en charge

Les ordres de recettes, émis, sont pris en charge par le comptable chargé du
recouvrement qui, en l'absence de percepteur communal, est, selon le cas, soit
le trésorier payeur communal, soit le receveur communal.

Les ordres de recettes individuels sont récapitulés sur un bordereau


d'émission ou dans un fichier électronique communiqué au comptable chargé du
recouvrement qui procède au rapprochement du total cumulé avec les prises en
charge qu'il a admises. Il en est de même pour les réductions et les annulations
d'ordres de recettes.

Les ordres de recettes collectifs sont émis dans les formes et conditions
prévues par les lois et règlements régissant les créances auxquelles ils se
rapportent.

I.2.2. Le recouvrement

38
Le recouvrement des taxes et redevances, émises par voie d'ordres de
recettes, est effectué par le comptable chargé du recouvrement, conformément
aux dispositions de la loi n° 15-97 formant code du recouvrement des créances
publiques et de la loi n° 47-06 relative à la fiscalité locale.

Les recettes sont réalisées par versement d'espèces, par remise de chèques
bancaires ou postaux ou par virement à un compte ouvert au nom du comptable
public concerné. Les recettes peuvent, en outre, être réalisées par remise de
valeurs ou d'effets de commerce dans les conditions prévues par la législation et
la réglementation en vigueur ou par tout autre moyen de paiement électronique
dans les conditions fixées par arrêté du ministre chargé des finances.

Les versements en numéraire donnent lieu à la délivrance, par le comptable


public, d'un reçu ou d'une quittance qui forme titre envers la collectivité
territoriale créancière. Ces titres peuvent être édités sous forme électronique.

II. Règles relatives aux opérations de dépenses

Les opérations de dépenses obéissent à trois règles : l’engagement, la


liquidation et l’ordonnancement.

II.1.1. L’engagement

L'engagement est l'acte administratif par lequel la collectivité territoriale ou


le groupement crée ou constate une obligation de nature à entraîner une charge.
Il ne peut être pris que par l'ordonnateur agissant en vertu de ses pouvoirs et
après avoir satisfait aux conditions.

39
Les dépenses des collectivités territoriales et de leurs groupements ne
peuvent être régulièrement engagées et exécutées que si elles sont conformes
aux lois et règlements qui les ont instituées et prévues dans leurs budgets.

Les dépenses sont prises en compte au titre de l'année budgétaire au cours de


laquelle les ordonnances de paiement sont visées par le trésorier payeur et
doivent être payées sur les crédits de la dite année, quelle que soit la date de la
créance.

II.1.2. La liquidation

La liquidation a pour objet de vérifier la réalité de la dette et d'arrêter le


montant de la dépense. Cette opération est faite par le chef du service compétent,
sous sa responsabilité, au vu des titres établissant les droits acquis aux
créanciers.

Le décret portant règlement de la comptabilité publique des collectivités


locales et de leurs groupements précise que le chef du service compétent est
« la personne habilitée, par l'ordonnateur concerné, à réceptionner les travaux,
les fournitures ou services et à en attester le service fait avant certification par
l'ordonnateur.

A défaut de chef du service compétent, la liquidation et la certification du


service fait sont effectuées directement par l'ordonnateur compétent et sous sa
responsabilité »34.

II.1.3. L’ordonnancement

34
Art. 53.

40
L'ordonnancement est l'acte administratif donnant, conformément aux
résultats de la liquidation, l'ordre de payer la dette de la collectivité territoriale
ou du groupement. Cet acte incombe à l'ordonnateur compétent.

L'acte d’ordonnancement donne lieu à l'émission d'une ordonnance de


paiement. Toutefois, certaines dépenses peuvent être payées sans
ordonnancement préalable. La liste des dites dépenses est fixée par arrêté du
ministre de l'intérieur.

Les dépenses payées sans ordonnancement préalable, sont notifiées, sans


délai, par le trésorier payeur communal à l'ordonnateur de la collectivité
territoriale ou du groupement concerné.

41
CHAPITRE VI- LE CONTROLE DE L'EXECUTION DES FINANCES
LOCALES

Les collectivités territoriales assument, conformément aux lois, des


pouvoirs de gestion et de décision dans le domaine financier pour mener leurs
missions. Celles-ci impliquent, dans une large mesure, non seulement la
mobilisation des ressources financières supplémentaires mais aussi et surtout,
l’amélioration de leur gestion.

Une telle logique suppose l’existence d’un système de contrôle des


finances des collectivités territoriales qui correspond à la nécessité d'assurer la
conformité des actes financiers aux normes en vigueur. A cet égard, on distingue
entre deux types de contrôle: un contrôle administratif a priori (Section 1) et un
contrôle a posteriori exercé par différentes instances (Section 2).

SECTION I- LE CONTROLE ADMINISTRATIF: UN CONTROLE A


PRIORI

En dehors du contrôle assumé par l'organe délibérant à l'occasion du débat


budgétaire, deux types de contrôle sont exercés sur les actes financiers des
collectivités territoriales. Il s'agit du contrôle exercé par l'autorité
gouvernementale chargée de l'intérieur et par l'instance représentant l'autorité
gouvernementale chargée des finances. Le contrôle assuré par l’autorité
gouvernementale chargée de l’intérieur ou son représentant est exercé par visa
pour contrôler la légalité des décisions et arrêtés pris par les organes exécutifs et

42
délibérants des collectivités territoriales35 d’une part (I). D'autre part, au niveau
budgétaire et comptable, par les comptables publics du Trésor (II).

I. Le contrôle de l’autorité chargée de l’intérieur, des walis et des


gouverneurs: un encadrement légal de la décision financière de la
collectivité territoriale

Dans le cadre du contrôle de légalité, les actes des collectivités


territoriales doivent être transmis à l’autorité gouvernementale chargée de
l’intérieur ou son représentant dans un délai de dix (10) jour36 . Ce contrôle a
pour objectif la vérification de la conformité des actes financiers aux
dispositions législatives et réglementaires applicables en la matière.

Si l'organe de contrôle constate des irrégularités, il notifie les remarques à


la collectivité territoriale afin qu'elle procède aux régularisations nécessaires
concernant les actes pris. Il peut également saisir le juge de référé des
juridictions administratives pour suspendre l’acte objet de déféré37.

Le contrôle de la légalité des actes des collectivités territoriales est censé


constituer une garantie nécessaire pour assurer un meilleur accompagnement des
dépensiers locaux, dans la perspective d’une gestion régulière et efficace des
ressources des collectivités territoriales. Cette garantie se répercute positivement
sur le contrôle budgétaire et comptable.

II. Le contrôle des comptables publics du trésor: un contrôle comptable et


budgétaire

35
Contrôle exercé en vertu des dispositions du 2éme alinéa de l’article 145 de la constitution.
36
Art. 113 de la loi n° 112-14 relative aux régions et art. 107 de la loi n° 112-14 relative aux préfectures et
provinces.
37
Articles114, 108 117 respectivement des lois 111-14,112-14et 113-14 ;

43
Conformément au principe de séparation fonctionnelle entre les fonctions
des ordonnateurs et des comptables, les comptables publics du trésor exercent un
contrôle sur les actes financiers des ordonnateurs des collectivités territoriales.
Ce contrôle apprécie la régularité des titres de perception des recettes; alors
qu’en matière de dépense, le comptable public exerce un contrôle budgétaire
lors de l’engagement et un contrôle de validité au moment du paiement de la
dépense en question.

En effet, en matière de recettes, l’article 32 du décret n° 2-09-441 portant


règlement de la comptabilité publique des collectivités locales et de leur
groupements38 prévoit que : « le comptable chargé du recouvrement,…., est tenu
d’exercer, au préalable, le contrôle de la régularité de la perception et de
l’imputation ainsi que la vérification des pièces justificatives prévues par la
réglementation en vigueur et par la nomenclature établie conjointement par le
ministre chargé des finances et le ministre de l’intérieur ». Cet article précise
également que le comptable public s’assure, dans les mêmes conditions, de la
régularité des réductions et des annulations de recettes.

Au niveau des dépenses, le contrôle du comptable public est exercé


conformément aux dispositions du décret précité et porte sur les vérifications
suivantes:

- l’exactitude des calculs de liquidation


- l’existence de la certification préalable d’engagement budgétaire ;
- le caractère libératoire du règlement.

De surcroit, le comptable public est chargé de s’assurer de :

- la signature de l’ordonnateur qualifié ou de son délégué ;


- la disponibilité des crédits de paiement ;

38
Ce textes reste en vigueur à titre transitoire conformément aux dispositions des articles 253,223 et 281
respectivement des lois 111-14,112-14 et 113-14.

44
- la disponibilité des fonds ;
- la production des pièces justificatives prévues par la réglementation en
vigueur, dont celles comportant la certification du service fait par
l’ordonnateur qualifié.

En plus de ce contrôle, les comptables publics relevant de la trésorerie


générale du Royaume assurent une mission d’assistance et de conseil financier
au profit des collectivités territoriales.

A ce sujet, les comptables publics sont appelés non seulement à informer


les gestionnaires publics locaux sur l’état de santé des finances de leurs
collectivités mais aussi et surtout à les éclairer sur l’impact financier de leur
actes et décisions.

SECTION II- LE CONTROLE A POSTERIORI

Le contrôle a posteriori intervient après l’exécution effective des décisions


financières des collectivités territoriales. Il s'agit de contrôles administratifs,
assumés par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et par l’Inspection
générale de l’Administration Territoriale (IGAT) (I), et de contrôles
juridictionnels exercés par les cours régionales des comptes (II).

I. Le contrôle exercé par les inspections générales

Les opérations financières et comptables des collectivités territoriales sont


soumises à un contrôle administratif a posteriori exercé essentiellement par deux
organes supérieurs de contrôle relevant de deux départements ministériels
différents à savoir l’Inspection Générale des Finances placée sous l’autorité du
Ministre de l’économie et des finances et l’Inspection Générale de

45
l’Administration Territoriale qui relève hiérarchiquement de l’autorité
gouvernementale chargée de l’intérieur.

II.1. Le contrôle de l'Inspection Générale des Finances

L’inspection Générale des Finances exerce ses missions de contrôle sur la


base d’un programme annuel. Son intervention porte sur la vérification des
opérations financières et comptables des services des régions, des provinces, des
préfectures et des communes. Conformément aux dispositions de l’article 2 de la
loi du 14 avril 1960 relative à l’IGF, cet organe de contrôle est chargé de :

- vérifier la gestion des services de caisse de comptabilités des comptables


publics et de tout agent de l’Etat, des Etablissements publics et des
collectivités locales ;
- s’assurer de la régularité des opérations enregistrées dans les comptes des
ordonnateurs de recettes et de dépenses publiques et de tout
administrateur.

Par ailleurs, l’IGF est chargée :

- de l’audit des comptes des projets publics financés par les organismes
financiers régionaux et internationaux ;
- des études à caractère financier et budgétaire;
- de l’évaluation des politiques publiques.

II.2. Le contrôle de l'inspection générale de l'administration territoriale

Le contrôle l’inspection générale de l’administration territoriale (IGAT)


est organisé par le décret n° 2-94-100 du 16 juin 1994 portant statut particulier
46
de l’inspection générale de l’administration territoriale du Ministère d’Etat à
l’intérieur. Aux termes de l’article 2 de ce texte, cette institution « a pour
mission le contrôle et la vérification de la gestion administrative, technique et
comptable des services relevant du ministère de l’intérieur, des collectivités
locales et de leurs groupements ».

A la suite de la promulgation des lois organiques relatives aux


collectivités territoriales, qui ont élargi les champs d’action des collectivités
décentralisées, les corps de contrôle précédemment mentionnés sont appelés à
effectuer annuellement, conjointement ou séparément, des missions d’audit
financier et comptable qui s’effectuent sur place et sur pièces39. Des rapports
sont établis à cet effet dont des copies sont adressés au président du conseil de la
collectivité concernée, au gouverneur ou wali et à l’autorité gouvernementale
chargée de l’intérieur ainsi qu’à la cour régionale des comptes compétente pour
prendre les mesures nécessaire en se basant sur les conclusions des dits rapports.

II. Le contrôle des cours régionales des comptes

Les opérations financières et comptables des collectivités territoriales sont


soumises au contrôle des cours régionales des comptes40 instituées par l’article
97 de la constitution révisée en 1996. Leur implantation et leur organisation sont
fixées par la loi n° 62-99 formant code des juridictions financières.

Les dispositions de l’article 118 de ce code stipulent que les cours


régionales des comptes, dans la limite de leurs ressorts territoriaux respectifs,
sont chargées de :

39
Article 227,205 et 214 respectivement des lois 111-14,112-14et113-14.
40
Articles 227,205 et 214 respectivement des lois 111-14,112-14 et 113-14.

47
- juger les comptes et contrôle la gestion des collectivités locales, de leurs
groupements et des établissements publics relevant de la tutelle de ces
collectivités et groupements.
- exercer également une fonction juridictionnelle en matière de discipline
budgétaire et financière à l’égard de tout responsable, tout fonctionnaire
ou agent :
• des collectivités locales et de leurs groupements ;
• des établissements publics relevant de la tutelle de ces
collectivités et groupements.
- de toutes sociétés ou entreprises dans lesquelles des collectivités locales
ou des groupements possèdent séparément ou conjointement, directement
ou indirectement une participation majoritaire au capital ou un pouvoir
prépondérant de décision.
- contrôler la gestion des entreprises concessionnaires ou gérantes d’un
service public local et des sociétés et entreprises dans lesquelles des
collectivités locales, des groupements, des établissements publics relevant
de la tutelle de ces collectivités et groupements possèdent, séparément ou
conjointement, directement ou indirectement, une participation
majoritaire au capital ou un pouvoir prépondérant de décision.
- contrôler également l’emploi des fonds publics reçus par des entreprises,
autres que celles citées ci-dessus, des associations, ou tous autres
organismes bénéficiant d’une participation au capital ou d’un concours
financier quelle que soit sa forme de la part d’une collectivité locale, d’un
groupement ou de tout autre organisme soumis au contrôle de la Cour
régionale.
- concourir au contrôle des actes relatifs à l’exécution des budgets des
collectivités locales et de leurs groupements. A ce niveau, le ministre de
l’intérieur, le wali ou le gouverneur, dans la limite des compétences qui
leur sont déléguées, conformément à la législation et à la réglementation

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en vigueur, peut soumettre à la Cour régionale, toute question se
rapportant aux actes relatifs à l’exécution du budget d’une collectivité
locale ou d’un groupement.

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