Bucarest1906 F.dame

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 644

OF THE

UNIVERSITY
Of ILLINOIS
914.98
D18b
The person charging this material is re-
sponsible for return to the library from
its
which it was withdrawn on or before the
Latest Date stamped below.
Theft, mutilation, and underlining of books
are reasons for disciplinary action and may
resuit in dismissal from the University.
UNIVERSITY OF ILLINOIS LIBRARY AT URBANA-CHAMPAIGN

«AY 3,9
APR2 5 1978

L161 — O-1096

i
UCdREST en 1 906

6613
bU HÊHE AUTEUR

DANS LA BIBLIOTHÈQUE D'HISTOIRE CONTEMPORAINE

HISTOIRE DE LA ROUMANIE CONTEMPORAINE


depuis Pavènement des princes indigènes jusqu'à nos

jours (1822-1900). Félix Alcan, éditeur, Paris, 1900. =


uRaclu Dimiu
NS44 9
FREDERIC DAME Se

EN 1906

V
EGA ^

'.'
D.

SOCEC * Cil, ÉbiTEURS


= 1907 =
A LA MÉMOIRE

DE MON ANCIEN AMI ET COLLÈGUE

G. lONNESCU-GlON

JE DÉDIE CE LIVRE, QUI N'EST QUE LA


SUITE DE SA MONUMENTALE ÉTUDE
SUR LE BUCAREST D'AVANT 1800 =
BUCAREST, 1906. F. b.
Digitized by the Internet Archive
in 2015

https://archive.org/details/bucaresten190600dame
V REFdCE

^fê à Tonnerre — France— , en 1851, Frédéric


Damé ses études au lycée St.-Louls. Doué par
fit
excellence d'un tempérament de publiciste, il se fit
connaître de bonne heure —
il était à peine étudiant —
par des articles pleins de verve et de bon sens, qui
parurent dans tous les grands journaux de Paris:
le Figaro, le Gaulois, l'Evénement illustré, etc. Il colla-
bora à la Revue populaire, comme critique tliéâtral et
à la Cloche.
Pendant la guerre franco- allemande, il publia
PInvasion, puis après la Commune, la Résistance. —
Rappelons qu'à cette époque il fut le secrétaire de
M. Thiers.
Venu en Roumanie en 1872, ses premiers articles,
publiés dans le Journal de Bucarest, d'Ulysse de Mar-
sillac, produisirent une grande sensation.
En 1873 il fonda la Roumanie, premier journal
français de grand format qui parut à Bucarest. En
même temps, il fondait à Paris la revue mensuelle:
La Roumanie contemporaine.
Tour à tour professeur et journaliste, il écrivit
à / Orient, au Românul, à l'Indépendance Roumaine
et à La Roumanie; il fut professeur de français au

lycée de Craïova, puis à Bucarest; enfin il écrivit


diverses pièces de théâtre, dont Le Rêve de Dochia,
représente en 1877 et qui eut le plus retentissant
succès.
IV

Devenu Roumain par adoption, il fut un des


fils le mieux la faveur obtenue. Possédant
qui justifia
admirablement la langue roumaine — son dictionnaire
roumain-français en est le plus éloquent témoignage —,
il écrivait indifféremment en roumain ou en français.

Il connaisait à fond l'histoire du pays, et sa saga-


citésignala bien des fois les conséquences que de-
vaient produire certaines mesures politiques inconsi-
dérées.
Doué d'une mémoire prodigieuse, d'une activité
inlassable d'une puissance de travail extraordi-
et

naire, Frédéric Damé ignorait le repos. Sa pensée


toujours à l'œuvre suffisait non seulement à l'énorme
tâche quotidienne qu'il réalisait, mais encore formait
bien avant dans l'avenir d'innombrables projets.
Son imagination ardente, saisie par le côté ar-
tistique et original de Bucarest, voyant, chaque jour
disparaître un à un les coins de rues caractéristiques
du passé, conçut le projet d'un livre qui s'emparerait
de tous ces vestiges, en reproduirait l'image et trans-
mettrait aux générations à venir le souvenir vivant
de ce que fut Bucarest en 1906.
La mort implaccable vint malheureusement le sur-
prendre au milieu de son travail. Son manuscrit, pieu-
sement recueilli, a été coordonné par les soins de sa
famille et c'est aujourd'hui cette œuvre que sa sincère
et profonde affection pour sa ville adoptive avait
vérité en reconnaissance des années qu'il y avait vécu,
que nous livrons au public, très imparfaite, en bien
des points, mais qui est la regrettable conséquence
d'un travail inachevé et repris par d'autres.
S'il est un désir que nous puissions exprimer,
c'est que le public fasse à ce livre V accueil qui est
dû non pas tant à fourrage lui-même, qu'il la mé-
moire de celui qui fut Frédéric Damé.
BUCAREST JUSQU'EN 1906
CHAPITRE I

BUCAREST AVANT LE XVIII E


SIÈCLE

^
Q^P^ es plus anciens documents signalent, dès la fin du
XIV-e siècle, l'existence d'une forteresse élevée sur
l^yl la rive gauche de Dâmbovitsa, et entourée de
la

\*ÈÈÊËÉLh forêts et de marécages, pour défendre la route


qui conduit de Giurgévo à Tîrgovishte.
C'est cette forteresse —
Cetatea Dâmbovifei qui —
deviendra, plus de deux siècles plus tard, la capitale de
la Valachie, puis celle des Principautés-Unies de Valachie

et de Moldavie (1862) et enfin, depuis 1881, la capitale du

Royaume de Roumanie.
D'où lui vient son nom de Bucarest, en roumain
Bucur e^ti? Une légende le fait venir du nom du berger
Bucur. Ce pâtre menait son troupeau dans la plaine arrosée
par la Dâmbovitsa et que domine un monticule au sommet
duquel s'élevait un petit temple rustique sous l'invocation
de Saint-Athanase et qui serait la petite église que l'on voit
encore sur la rive droite près de l'église Radu-Vodâ et qui
cependant ne date que de la moitié du XVIII-e siècle. La
cabane que le berger Bucur aurait édifiée, au pied de
cette chapelle perdue dans la solitude, pour abriter sa
famille et ses brebis, aurait été la première maison de la
10

future capitale, et les enfants de Bucur se seraient appelés


les „Bucuresti", et auraient transmis ce nom à Fagglomé-
ration de cabanes qui vinrent se
grouper autour de celle de leur
père.
Laissons cette légende qui
ne repose sur aucun fondement
et arrêtons-nous à ces deux faits
historiques: 1° que Bucarest, à
l'origine, fut une sorte de bloc-
khaus avancé, protégeant les ap-
proches de Tîrgovishte alors
résidence des princes, et 2° que
longtemps Bucarest ne s'étendit
que sur la rive gauche de la
Dâmbovitsa.
Egiise Bucur La forteresse s est agrandie
teiie qu'elle existe aujourd'hui. avec le temps dans son enceinte,;

on éleva un palais, et, près du


palais, une église. Les princes de Valachie y établirent leur
résidence d'hiver. Les grands boyards s'installèrent dans
son voisinage, et, à côté d'eux, des petits boyards, les
fonctionnaires du temps, quelques négociants et artisans,
des cultivateurs et des ouvriers. Une ville naissait.
Mais cette ville était entravée dans son développe-
ment par les continuelles invasions, par les guerres inces-
santes de l'époque.
Au XVI-e siècle, la future capitale était bornée, d'un
côté, par une ligne allant de l'église Coltsea à la strada
Patria actuelle, et, de là, à la Dâmbovitsa, et, de l'autre
côté, par une autre ligne allant de l'église Coltsea à l'église
Zlatari. Klle formait une sorte de carré dont la Curtea
\ "echie
1

était le centre

Le mot Cartej cour, s'applique, en roumain, à toute grande


habitation, maison de boyard ou palais. La Curtea Domneascà,
1

Cette citadelle-palais qui dominait la Dâmbovitsa et


qui était construite sur les terrains compris entre la rivière,

la Calea Mosilor, la strada Gabroveni et la strada Çelari,


se composait d'une grande maison, d'une église, de vastes
dépendances, le tout murs, au delà desquels
entouré de
s'étendaient les jardins, les vignes, les vergers du prince.
Les vignes princières couvraient tout l'espace compris
entre la calea Mosilor et la calea Calarasi.
Aujourd'hui, Bucarest n'a qu'une seule rivière, la
Dâmbovitsa; alors, il en avait plusieurs. L'une, la Bucu-
restioara, sortait du lac Icoana, traversait le quartier des
Sâpunari (Savonniers), la Pescaria-Vechia (l'ancienne Pois-
sonnerie), coupait le Podul Târgului d'Afara (calea Mosilor)
à la hauteur de l'actuelle strada Calomfirescu et rejoignait
le quartier Olteni, d'où, par l'actuelle strada Corbului, elle
allait se jeter Dâmbovitsa, après avoir contourné
dans la
les vignes princières du monastère de Stelea.
et celles
Une autre branche de la Bucurestioara passait du côté
où est aujourd'hui l'hôpital Coltsea, y rencontrait une
sorte de marécage, dit plus tard Lacul Sufului (l'étang de
Soutzo) ou Balta de la Carvasara (marais de la Douane),
longeait le Tîrgul-Cucului (marché près de Saint-Georges),
et, par la strada Boiangiilor (rue des Teinturiers), venait
se perdre dans la Dâmbovitsa près des halles centrales
actuelles.
Sur le cours de la Bucurestioara, étaient établis les
savonniers, les bouchers, les teinturiers, et, au coin de la
strada Decebal d'aujourd'hui, se trouvait un moulin.
Cette petite rivière a disparu; mais on en retrouve
la trace chaque fois que, pour des constructions importan-

ou, tout simplement, la Curte, c'était le Palais princier; lorsqu'il


fut abandonné, on lui donna ce nom de Curtea Vechie (l'Ancien
Palais), comme on donna celui de Curtea Arsâ (le Palais brûlé)
au palais que le prince Ypsilante avait fait construire là où est
actuellement l'Arsenal et qui fut détruit par un incendie.
tes, on doit faire des fouilles profondes, par exemple lors-
qu'on a construit le Palais des Postes, il y a quelques
années
Un autre ruisseau, la Dâmbovicioara, venait du
quartier Minai- Voda et se jetait dans la Dâmbovitsa en
face de la Curtea-Vechie.
De tous côtés, autour de la ville, on rencontrait des
étangs. Sur la rive gauche, celui d'Icoana, celui de Soutzo
(derrière Coltsea), celui de Cismegiu, celui de Sf. Elefterie,
et un autre qui se trouvait là où l'on voit aujourd'hui la
grande école primaire de la Strada Clementsei sur la rive ;

droite, les étangs que l'on nommait au XVIII-e siècle lacul


de la Postâvari, lacul Antim, lacul Dudescului, Balta
de lângd Tigdnia Mitropoliei, lacul Tlrca, etc., toute
une série presque ininterrompue de marécages, qui allaient
de Vitan jusqu'à Grozâvesti, sans compter la ligne des
grands étangs de la rive gauche, loin de la ville, qui vont
de Cernica à Herestreu, et qui existent encore.
La rive Dâmbovitsa jusqu'au XVII-e
droite de la
siècle resta inhabitée. On
voyait que le monastère
n'y
Mihai-Vodâ et les huttes de ces gueux (Calicii), estropiés
de toutes les guerres qui avaient désolé le pays, semées
le long de la route de Craïova 1
(calea Rahova).
Les boyards s'étaient établis sur la rive gauche, près
du Palais princier.
Un point essentiel à fixerpour bien comprendre
l'histoire de Bucarest, c'est que la maison d'un grand
boyard du temps jadis ne ressemblait aucunement aux
maisons des riches propriétaires de nos jours. Pour donner
une idée de ces maisons, nous emprunterons la description
qu'en a faite Ion Ghica dans ses Convorbiri economice.
La maison du boyard, dit Ion Ghica, ne ressemblait
en rien à nos confortables habitations modernes; toutefois
le corps principal, la demeure du maître, était construite

Appelée aussi Calea l<> Magurele.


13

de façon qu'elle fut chaude en hiver et fraîche en été,


telle

avec un toit à pente très rapide pour l'écoulement des

eaux et des neiges.


La maison du boyard était bâtie comme une citadelle ;

les murs avaient une épaisseur de quatre à six briques.


Beaucoup de pièces très vastes, des caves profondes et
voûtées, un sous-sol, des chambres au premier et un im-
mense grenier. Le plancher des chambres était fait de
briques placées sur champ. Le toit était en bardeaux.

«Le corps principal, ajoute Ion Ghica \ se


composait d'une grande salle qui allait d'un bout à
l'autre de la maison, ayant les chambres à droite et
à gauche, avec des corridors en croix qui permettaient
de communiquer avec les autres parties de l'édifice.
«Les plafonds étaient de chêne; les toits débor-
daient d'un mètre afin de donner de l'ombre l'été, de
protéger la maison de la pluie pendant l'automne et
Je printemps, et de la garantir l'hiver contre les vents
glacés et contre la neige.
«La cour entourée de murs percés d'une
était
seule ouverture voûtée que fermaient des doubles portes
de chêne bardées de fer et que surmontait un obser-
vatoire du haut duquel un Albanais armé veillait
nuit et jour; sous la voûte, se trouvait une chambre
pour la garde en temps de peste. Une galerie ouverte
conduisait à la chapelle, car chaque grande maison
avait une chapelle (paradis), soit dans la cour, soit
dans le corps de logis.»

Ion Ghica nous décrit la maison de Dudescu. Rien


ne vaut cette description ; bien que cette maison date du
XVIII e
nous excusera d'en reproduire ici la
siècle, on
montre bien ce qu'étaient,
description tout entière, car elle
en ces temps déjà anciens, une maison de boyards.

1
Convorbiri economice (Entretiens économiques). Bucarest.
14

«Une maison de boyards était une véritable for-


teresse, un Etat dans l'Etat; ni la police ni la justice
princière n'osaient lranchir le seuil d'un Ban ou d'un
Vornic, bien qu'une pareille immunité ne fût écrite
nulle part. Au besoin, le boyard pouvait fermer ses
portes et vivre des mois entiers avec sa famille, ses
domestiques et les gens^de sa maison, quatre-vingts
ou cent personnes, sans avoir en quoi que ce soit
besoin des gens du dehors. Les offices regorgeaient
de denrées coloniales et de salaisons; dans le quartier

Aaison de boyard
(empruntée au livre de M. Ionnescu-Gion, sans indication de date).

des tsiganes, il y avait des boulangers, des tailleurs,


des bottiers, etc. Dans les cas extrêmes, le boyard
pouvait, avec ses gens, se défendre contre le pouvoir
princier, quand celui-ci n'était pas appuyé d'un ordre
venu de Constantinople.
«La partie delà maison qui donnait sur ie grand
escalier, avait qualre chambres à droite et à gauche
de l'antichambre, ornées de tapis et de rideaux tissés
et brodés dans la maison, des sofas avec des coussins
tout le long des murs, et deux ou trois chambres
15

plus petites pour le gramatic,\e cafegiuM ciubucciu 1

et le valet de chambre.
«L'autre partie de la maison, où se trouvaient
les offices et qui donnait sur les escaliers descendant
au jardin était destinée à la femme du boyard et à
ses filles, ainsi qu'aux jeunes filles de la maison, cinq

ou six couturières élevées la, des filles de petits fonc-


tionnaires ou de petits boyards.
«Les fils du boyard habitaient le sous-sol avec
leur professeur grec près de la chambre du prêtre et
des chantres, à côté de la salle à manger et des do-
mestiques de confiance, de l'intendant et du sommelier.
«Au fond de la cour, se trouvaient les écuries
qui contenaient vingt et trente chevaux, les remises
pour dix ou quinze chariots, charrettes et
voitures,
chaises de poste; des chambres réservées
à l'angle
aux cochers et aux palefreniers, était une série de
chambres où se retiraient le gramatic Iordake, le
vataf Dinu, la polcovnic Ionitsa, le satrar Grigore,
le logofet Stefanake, etc., quand ils quittaient le ser-
vice.Ces fonctionnaires particuliers du boyard, dès
que celui-ci était nommé à une haute fonction quel-
conque, entraient immédiatement dans l'administration
à sa suite pour revenir, dès qu'il quittait son poste,
manger son pain à l'ombre de ses murs; ils étaient,
de père en fils, désignés sous le nom de ciocoï.
«Derrière les chambres des logothêtes, étaient la
boulangerie, le bûcher et le jardin, dans lequel, quoi-
qu'il n'y eût ni catalpas, ni bégonias, ni fuchsias, on
trouvait en abondance des bigarreaux, des abricots
gros comme le poing, des pêches vermeilles, des raisins
muscats, des chasselas, des pommes et des poires.
Du jardin, un petit sentier conduisait dans le. quartier
des tsiganes, cour où s'élevaient quelques chambres

1
Le gramatic était le secrétaire du boyard, le cafegiu celui
qui préparait le café turc et le ciubucciu celui qui préparait le
tchibouk (pipe à long- tuyau).
16

dans lesquelles habitaient sept ou huit familles de tsi-


ganes maréchaux-ferrants, corroyeurs, tailleurs, blan-
:

chisseuses, etc.
«Pour une population semblable, la cuisine devait
être quelque chose de grandiose; c'était réellement
un morceau d'architecture.
«Dans un coin de la cour, s'élevait une cheminée
haute comme un obélisque, qui montait en s'élargissant
comme un entonnoir retourné au dessus d'une voûte
qui couvrait tout l'édifice; au milieu, sous l'ouverture
de la cheminée, était le loyer où brûlaient des arbres
entiers, tels qu'ils arrivaient de la forêt et, devant ce
feu, on pouvait faire rôtir un bœuf. Tout autour
étaient des tables et d'autres foyers plus petits.
«En dehors du chef cuisinier, il y avait encore
sept ou huit marmitons qui cuisinaient pour la classe
qui leur était réservée; la table et la cuisine du
boyard étaient de celles des dames de la
distinctes
maison, des logothêtes et des serviteurs.
«Les fils du boyard fcoconasii), s'ils étaient déjà
admis à la cour princière, avaient chacun son do-
mestique, son cocher, son cheval de cérémonie, sa
voiture; ses filles avaient chacune sa servante, sa
couturière et deux ou trois tsiganes qui l'aidaient à
broder ou à soigner les vers à soie.
«Chaque logothète avait un tsigane qui l'habillait,
lui apportait de l'eau pour sa toilette, balayait sa
chambre et allumait son feu.»

En dehors du mur d'enceinte, le boyard avait son


verger et ses vignes.
Ces boyards, peu nombreux à Bucarest au XVII e
très
siècle, représentaient toute la richesse du pays. Ils n'avaient
pas de charges, mais seulement des droits. C'étaient eux la
véritable population de la ville.

Le reste, des fonctionnaires qui vivaient dans l'ombre


des grands, des domestiques et des artisans esclaves, des
17

paysans qui cultivaient les vignes et les vergers et de


rares négociants ou artisans.
Les besoins du boyard au XVI-e siècle étaient, en
effet, des plus restreints. Son mobilier était excessivement

sommaire. Son pain était pétri et cuit dans sa maison,


son vin était fourni par sa vigne, les légumes et les fruits
venaient de son verger, la toile

dont il avait besoin pour lui

et les siens, les gazes de soie


dont se paraient sa femme et
ses filles, les tapis qui ornaient
ses appartements, étaient tissés
chez lui. Jl avait dans sa cour
des menuisiers, des bourre-
liers, des charrons, des maré-
chaux-ferrants, des maçons,
des cochers, des postillons.
(<)ue lui fallait-il autre
chose? Du drap, des soieries,
du velours, des passemen-
teries, des fourrures, des épi-
ces, quelques tapis d'Orient,
Fhot. de l'auteur.
des bijoux, des armes. Des
Hutte (BorcUi).
Saxons de Sibiu et de Brashov,
Telle qu'on en voit encore aujourd'hui
des Arméniens, des Turcs,
quelques unes hors des barrières de
des Grecs venaient à Bucarest Bucarest.

et lui apportaient tout cela.


Les paysans qui cultivaient les vignes et les vergers
des boyards avaient établi leurs huttes (bordel) un peu
partout à proximité de chaque grande maison, constituant
ainsi autant de petits villages, dont chacun avait son église,
une simple chapelle en bois.
A côté de ces paysans, on rencontrait aussi des bou-
chers et des savonniers établis sur le bord de la Bucu-
restioara, derrière les terrains occupés aujourd'hui par
l'hôpital Coltsea, des teinturiers fixés un peu plus bas sur

6613 2
18

les bords de la petite rivière vers l'actuelle strada Decebal,


des tanneurs installés sur les
bords de la Dâmbovitsa «au
dessous de Sarindar jusqu'à
Zlatari 1
». 11 y avait sans doute
aussi quelques cabarets, car
Bucarest comptait une nom-
breuse garnison et un cer-
tain nombre d'artisans libres,
maréchaux-ferrants et serru-
riers, cardeurs de laines et
cordonniers.
Mais cette classe inter-
médiaire entre les boyards et
les paysans, dans ce pays où
le travail manuel et le com-
merce étaient méprisés et con-
Pliot. de l'auteur.
sidérés comme serviles, ainsi
Hutte (Bordei) que dans l'ancienne Rome,
telle qu'il en existe encore aujourd'hui
cette classe d'artisans et de
dans quelques quartiers excentriques.
Celui-ci a été photographié, en Octobre commerçants devait être pres-
1906. calea Dudesti.
que exclusivement formée
d'étrangers, Serbes, Grecs,
Bulgares, qui parlaient leroumain et étaient orthodoxes et
que le peuple— à cette époque où la religion était tout et
la nationalité rien — ne considérait pas comme des étran-
gers, puisqu'ils priaient le même Dieu au pied du même
autel. Pour lui, les étrangers, c'étaient le païen Turc,
l'hérétique arménien 2
, le juif, le protestant et le ca-
tholique.

Les tanneurs partie de la ville en 1668,


quittèrent cette
pour dessous de Radu-Vodà <>ù ils sont encore.
aller s'établir au
2
Les Arméniens étaient considères à Bucarest comme les
Juifs en Occident au moyen-âge; <>n leur interdit d'habiter dans
la ville; ils durent s'établir hors des barrières, <>ù ils fondèrent le
19

L'agriculture était alors la seule richesse du pays.


Mais, comme la population était peu nombreuse et les
charges pesant sur les paysans très lourdes, comme les voies
de communication étaient très rares peu sûres et que et

les moyens de transport faisaient absolument défaut, comme


enfin le pays n'avait pas de débouchés, la mer Noire étant
fermée aux navires étrangers et les Turcs s approvisionnant
en Egypte, on ne produisait de céréales que pour la con-
sommation intérieure et Ton s'occupait surtout d'élevage.
Les bœufs et les porcs
s'exportaient en Alle-
magne, les moutons
en Turquie. Ce com-
merce était également
entre les mains d'é-
trangers.
Un siècle plus
tard, les étrangersde
religionorthodoxe s'é-
taient fondus dans la
population roumaine.
PhOt. de r

Maisouette à Bucarest
Ils étaient devenus
comme il on existe encore dans les tau!» plus nombreux, leurs
enfants parlaient le

roumain, et ils semblaient au peuple moins étrangers que


lesboyards grands et petits qui ne parlaient plus que
le grec.
Vers la fin du XYI-e siècle, Bucarest nous apparaît
donc comme une réunion de petits villages pauvres épars
autour des maisons d'une trentaine de boyards qui avoisi-
naient le Palais princier.
De grands vergers, des vignes immenses, de vastes

quartier où se trouve encore leur église et qui porte aujourd'hui,


bien qu'il ne soit plus habité par des Arméniens depuis un vingtaine
d'années, le nom de quartier Arménien (Mahala Armeneascâ).
20

terrains vagues, des carrières à sable, des marécages, des


des églises en bois, de petites maisons
iorêts, et, deci delà,
basses et des huttes dont le toit seul émergeait de terre.
est l'aspect que pré-
——
tel

1 sentait la future capitale.


Pas de rues, des sentiers
qui allaient d'un groupe
de maisons à un autre,
contournant ici un ma-
récage, là une vigne, le
verger du propriétaire
ou la carrière à sable
creusée par luipour con-
struire sa maison. Ces
sentiers faisaient les plus 1
Phot. de l'auteur.
invraisemblables zig -

Un ancien quartier de Bucarest. ZagS ils SOnt devenus


;

plus tard des rues et l'on


n"a pas encore complètement réussi à en redresser les

courbes fantaisistes.
Comment ce village serait-il devenu une ville en cette
fin de siècle où il n'existait aucune bourgeoisie, où la vie,
la fortune des habitants étaient sans cesse menacées, où
nul n'était sùr du lendemain? Tantôt c'était Michel-le-Brave
qui arrivait avec son armée dans les rangs de laquelle il

y avait Serbes et de Cosaques


autant de Hongrois, de
que de Roumains, et ces mercenaires rançonnaient la popu-
lation comme en pays conquis; tantôt c'étaient les Turcs qui
occupaient la ville et achevaient le pillage (1595); tantôt
c'étaient les Tatars (1596—1597) qui venaient mettre
tout à feu et à sang.
En 1601, ce sont les Polonais de Jean Potoczki et

les Moldaves du prince Siméon Movila qui occupent la

ville et la pillent à leur tour. On s'étonne qu'après tant


de maux, tant de ruines, tant de meurtres, Bucarest n'ait pas
disparu, comme d'autres capitales autrement puissantes.
21

autrement sompteuses, villes de granit et de marbre,


dont on ne retrouve même plus les vestiges.
C'est que la forteresse de la Dâmbovitsa a survécu.
Les princes ont relevé les murs que le canon avait enta-
més, ils ont réparé le palais et l'église, et ies boyards
sont revenus: ils ont eux aussi réparé leurs demeures dé-
vastées, et, autour des boyards, ont repris confiance ceux
qui n'existaient que par eux, dont le sort était lié au leur
et qui ne pouvaient prospérer et s'enrichir que par eux.
La forteresse de la Dâmbovitsa était une nécessité
politique. Bucarest a dû sa conservation à cette nécessité.

Le XYII-e siècle ne fut guère favorable à un déve-


loppement de la ville.
Les Turcs avaient de nouveau occupé Giurgevo et ils
faisaient de fréquentes incursions jusqu'à Bucarest.
En 1605, la disette réduisit la population à la plus
extrême misère. En 1611, les
troupes du prince Bathory
Gabor, composées de Hongrois
et de Transylvains, dévastè-
rent tout le pays et n'épar-
gnèrent pas Bucarest.
Quelques années de calme
suivirent. En 1 620— .623, le

prince Radu Mihnea, protec-


teur des Grecs, reconstruisit le
monastère de la rive droite
qui porte son nom (Radu-
Vodâ).
Sous le règne de son (ils,
Alexandre Coconul, 1623 —
1627), une partie des bo-
yards se révoltèrent. Ils furent écrasés par ceux qui étaient
restés fidèles au prince.
22

En 1 63 1
, nouvelle révolte des boyards nationaux contre
le prince Léon 1
. La bataille est livrée aux portes de Bucarest
et se termine par du prince, victoire de courte
la victoire
durée, car Léon fut, peu après, remplacé sur le trône
par le vaincu de la veille, Mathieu Bassarab.
Les boyards qui avaient combattu avec le prince
Léon se soulèvent contre son successeur, ayant avec eux
une armée de Moldaves, de Turcs et de Tatars. Mathieu

1
Les Grecs, qui faisaient le commerce dans tout l'Orient,
étaient venus de bonne heure dans les Pays roumains. Après la
prise de Constantinople par les Turcs, un grand nombre de Grecs
se réfugièrent en Valachie et en Moldavie. Il y avait eu des métropo-

litains grecs au XV-e


au XVI-e siècle, beaucoup
siècle et il y avait,
de boyards d'origine grecque, une foule de moines grecs et un grand
nombre de commerçants grecs. C'est alors que l'on commença à
dédier les églises et les monastères aux Saints-Lieux et au Mont-
Athos, et que des hègoumènes grecs vinrent administrer les biens
dont les revenus allaient enrichir les patriarches d'Antioche, de
Jérusalem et de Constantinople.
L'influence politique des Grecs dans les deux Principautés
roumaines s'accrut à mesure que grandit l'ascendant politique des
Grecs à Constantinople, où les dragomans devinrent tout puissants.
Elle fut facilitée par les nombreux mariages qui eurent lieu
entre des Grecs et des filles de boyards roumains ou des fils de
boyards avec des Grecques. Pâtrascu-le-Bon (1554) épouse une
Grecque et élève le frère de celle-ci à la boyarie. La princesse Kiajna
marie ses fils avec des Grecques et ses filles avec des Grecs. La
femme de Jean-le-Saxon de Moldavie (1580—82) était une Paléologue.
Sous Michel-le-Brave, il y avait déjà beaucoup de boyards d'ori-
gine grecque.
Les boyards se divisèrent bientôt en deux camps, les bo-
yards nationaux dont beaucoup étaient également d'origine grecque,
mais (jui s'étaient depuis plus longtemps roumanisés, et les boyards
d'origine récente, que les premiers accusaient de favoriser l'élé-
ment grec. Cette lutte entre les deux partis, dont le second deve-
nait chaque jour plus nombreux, tandis que le premier ne s'ac-
laissait que lentement en nombre, s'accentua surtout à partir du
i

XVI-e siècle et dura jusqu'en I822 quand on ne créa plus (le bo-
yards ei que tous les éléments étrangers qui étaient entrés dans
la boyarie furent roumanisés.
23

Bassarab leur livra bataille sous Bucarest et les défit


après une lutte qui dura deux jours. Les boyards vaincus
s'enfuirent en Moldavie. On cite parmi eux le vornic
:

Hrizea. le spathar Mihul, Catargi et le vistier Dudescu.


Les premières années du règne de Mathieu Bassarab
furent tranquilles. Le prince rappelle les boyards émigrés,
répare la Curtea-Vechie et entretient dans Bucarest une
forte garnison. Aussi, lorsque les Turcs vinrent en 1640
menacer la ville, l'armée princière les força à se retirer.
Mais, à la mort de ce prince (1654), la révolte du corps
des mercenaires serbes, bulgares et albanais qu'il avait
formé sous le nom de Seimeni troubla de nouveau Bucarest.
L'année suivante, ce sont
les Dorobaiiti qui se révoltent
contre les boyards, brûlent leurs
maisons, les pillent et égorgent
ceux qui tombent entre leurs
mains l
.

En 1656, Bucarest revoit


les Turcs qui dévastent tout.
L'anarchie la plus complète règne
dans la ville où une soldatesque
nombreuse et indisciplinée fait

Mihnea
la loi. (1658—1659),
III
grec qui était connu à Constan-
tinople sous le nom de Gioa-Bey,
veut faire massacrer tous les Le prince Constantin Sherban.
Turcs qui sont à Bucarest. Les
boyards s'y opposent. Mihnea, furieux de cette résistance,
fait tuer dans son palais le vieux vornic Preda Brancovan.

II faut noter ici


1
un fait capital dans l'histoire roumaine.
Les moines grecs, qui, depuis le règne de Neagoë Bassarab, avaient
peu à peu chassé les moines roumains des monastères riches, avaient
en même temps chassé les représentants du slavonisme. Un jour vint
où l'on ne trouva plus de prêtres sachant le slavon et la langue
roumaine rentra dans Féirlise.
24

Les boyards indignés, réclament auprès de la Porte; ils


appellent les Turcs et les Tatars qui dévastent le pays.
Mihnea fait tuer un grand nombre de boyards, mais finale-
ment il est déposé par la Porte et s'enfuit en Transylvanie.
Georges Ghica le remplace (1659 1660). Celui-ci est à —
peine sur le trône que Constantin Sherban l'en chasse; mais,
apprenant que Georges Ghica a appelé à son recours les
Tatars et les Turcs, il s'enfuit en Transylvanie, laissant la
ville en proie à de nouvelles dévastations, auxquelles
vinrent s'ajouter la disette et la peste.

^^^^^ En 1 660, Grégoire Ghica,


fils de Georges Ghica et re-

commandé par le postelnic


Constantin Cantacuzène l ,

monte sur le trône et une lon-


gue lutte s'engage entre les
deux partis boyards. Le prince,
qui a confié l'administration
du pays à Stroia Leurdeanu
età Dém. Cantacuzène, écoute
leurs accusations et fait tuer
le postelnic Const. Cantacuzène
(20 décembre 1693).
Grégoire Ghica est rem-
Le prince Grigoire Ghica. placé par Antoine de Popesci
(1 669 —1 672) tout dévoué aux
Cantacuzène. EnGrégoire Ghica revient sur le trône
i672,
et les persécutions contre les Cantacuzène recommencent.
Il est remplacé par Georges Douca (1674—1678), grec
d'origine., mais élevé dans le pays; les Cantacuzène se
réfugient à Constantinopole.
En 1676, la peste éclate dans la ville. Le prince s'en-

Les Cantacuzène étaient déjà investis <Ie hautes fonctions


1

on Moldavie depuis le XVI-e siècle. Le postelnic Constantin Can-


tacuzène était pakarnic en Moldavie <-n 1627—1629.
fuit, les boyards le suivent. Au printemps de 1677, comme
aucun de cas de peste ne setait produit, Georges Douca
rentre à Bucarest et répare la Curtea- VecJrie qui était dans
un état de grand délabrement \
Le 29 Octobre 1678, le prince Douca est remplacé
par Sherban Cantacuzène 2 qui ,

règle d'abord ses comptes avec ses /

adversaires, puis s'occupe d'embellir A


Bucarest. Il fait construire un pont F
sur la Dâmbovitsa (le pont Siier-
f
ban-Voda): il Doamnei
bâtit l'église 11

et le Han Serban Vodâ; fait il i

traduire en roumain la Bible qui \

futimprimée en 1688 et fonde la pre-


mière école roumaine à Bucarest où
, r . Le prince Sherban Cantacuzène
des professeurs grecs enseignaient
aux fils des boyards la grammaire, la rhétorique et là phi-
losophie.
Sherban Cantacuzène meurt subitement > octobre ( i
(

1688) et son neveu, onstantin Brancovan, est élu prince


par les boyards et le Métropolite, il va régner pendant 26
ans (1688—1714).
Tl est à peine installé que les Impériaux arrivent à
Bucarest (168 )). Le prince s'enfuit et la ville est livrée à
(

la soldatesque allemande qui n'incendie pas les maisons


et ne massacre pas les habitants comme les Turcs et les

1
C'est à cette Turcs furent chassés de
époque que les
Hongrie et que allemande commença à
l'influence de la politique
se faire sentir dans les affaires des Pays roumains. La paix de
Carlovitz est signée le 26 janvier 1699. Les Turcs perdent la Hon-
grie, la Trans3 lvanie, la Croatie et la Slavonie au sud du Danube,
r

la Morée en Grèce, etc. En même temps, un nouvel ennemi se

dressait contre la Turquie, la Russie.


Le prince Sherban Cantacuzène n'habitait pas à la Curtea
2

Vechie il ne s'y rendait que pour les grandes cérémonies. Il habi-


;

tait sa maison, qui était située à peu près où se trouve aujourd'hui

la Légation de Russie.
Tatars, mais qui se rend odieuse par ses exactions et sa
brutalité.
Rentré à Bucarest, Constantin Brancovan fait déca-
piter l'aga Constantin Balaceanu, gendre de son prédéces-
seur, démolit sa maison (là où est aujourd'hui le Palais
des Postes), et, sur les terrains qui lui appartenaient et qui
furent confisqués, il fait construire le Han Constantin
Vodd. Il répare le palais de son aïeul Preda Brancovan,
sur la rive gauche l
,
et, en face de ce palais, à travers les
terrains de la famille Balaceanu et de la famille Cantacu-
zène, il fait percer le Podul Mogosoaiei (Calea Victoriei) 2
(1692). On lui doit la réparation d'un grand nombre d'églises
et de sages mesures pour
la protection du commerce.

Entré en relations avec Pierre-le-Grand, qui était


en guerre avec les Turcs, Brancovan hésitait à se pro-
noncer il avait promis aux Russes de les ravitailler et il
;

ne se hâtait pas de le faire, attendant de savoir de quel


côté tournerait la chance, du côté de la Russie ou du côté
de la Turquie. Tout à coup, il apprend que le spathar
Thomas Cantacuzène avec 70 boyards avait passé dans
le camp des Russes. Quelques jours après, ceux, ci étaient

battus Turcs et forcés de signer la paix d'Iassi.


par les
Pierre-le-Grand ne pardonna pas à Brancovan ce qu'il
appelait sa trahison et le fît dénoncer à Constantinople.
Les Turcs, furieux de la conduite équivoque du prince
valaque et poussés par les boyards ennemis de Brancovan,

Par suite de la rectification de la Dâmbovitsa, en 1883, le

Palais Brancovan se trouve aujourd'hui sur la rive droite.


2
Cette nouvelle rue qui menait du palais de Brancovan (à côté
du Balais de justice actuel) et alors sur la rive gauche de la Dâm-
bovitsa, jusqu'au monastère de Sarindar, porta à cette époque le
nom de Ulitsa mare spre Sarindar (la Grand' rue vers Sarindar).
— la véritable grande rue alors (Hait celle qui porte aujourd'hui
lenom de Strada Lipseani et qu'on appelait Ulitsa mare tout court.
Do Sarindar, la nouvelle rue se raccordait à la route dite Dni-
mul Braçovului et passait devant la terre de Mogosoaia.
27

le dans son palais (4 avril 1714) et amener


firent arrêter
à Constantinople avec sa famille. On le soumit à la
torture pour lui faire avouer où il avait caché ses immenses
trésors, et, le 15 août 1714. il fut décapité avec son gendre
et son fils ainé.
Etienne Cantacuzène lui succède (1714—1716). Ad-
versaire acharné de Brancovan, il persécute la famille et
les parents de son prédécesseur et

confisque leurs biens. Les Turcs lui

reprochèrent de s'être mis du côté


des Allemands. Ils le firent décapiter,
ainsi que son père le stolnic Con-
stantin Cantacuzène, et mirent sur
le trône le prince de Moldavie, un
Grec, Nicolas Mavrocordat ( 1716—
1730) qui fait périr les boyards du
parti favorableaux Allemands et
envoie à Andrinople Michel Can-
tacuzène et Kadu Dudescu, que les
Turcs firent étrangler. En même
temps, le Mavrocordat
prince N.
faisait mettre à mort Balaceanu et

Jean Brezoianu. Quant au métro-


polite Antim, il fut étranglé sur la route d' Andrinople.

Nous avons résumé en traits rapides l'histoire de ces


temps troublés, dans la première moitié du siècle par les
armées étrangères qui dévastaient tout sur leur passage,
et, dans la seconde moitié, par la lutte que se livrèrent les

boyards divisés en deux camps, les anciens boyards et les


nouveaux d'origine grecque. Ces troubles suffisent à ex-
pliquer pourquoi Bucarest a tant tardé à se développer.
Et cependant, malgré la dureté des temps, de notables
changements se produisirent au XYII-e siècle.
,

28

Au point de vue du développement de la ville, nous


remarquons d'abord deux faits capitaux: le nombre des
boyards a augmenté et de nouveaux monastères ont été
construits.
Le domaine princier, qui était immense, a diminué
pendant tout le cours de ce siècle, par suite des dons de
terrains que les princes firent à des boyards.
Parmi les grandes fa-
milles établies à Bucarest à
la fin du XVII e
siècle, on cite
les suivantes: Balaceanu,
Balianu, Braïloï, Bratasha-
nu, Brezoianu, Bucshanu,
Bujoreanu, Buzescu, Cûm-
pineanu, Cândescu, Canta-
cuzène,Corbeanu, Cornescu,
Dudescu, Falcoyanu, Farca-
shanu, Filipescu, Florescu,
Glogoveanu, ( rradisteanu,
Greceanu, Golescu, Kretzu-
lescu, Milescu, Nasturel, Ne-
goescu, Orescu, Olanescu,
Obedeanu , Pârscoveanu
Grigore Gràdiçteanu.
Poenar, Popescu, Rudeanu,
Boyard roumain du XVIII-e siècle.
Slatineanu, Stirbei, Topli-
ceanu, Urdareanu, Vacarescu, Varzar et Zatreanu.
Tous ces boyards s'étaient fait construire des maisons,
avec cour, verger et vigne, sur le terrain dont le prince
leur avait lait don, qu'ils avaient acquis ou dont ils avaient
hérité. Ces constructions nouvelles et leurs vastes dé-
pendances ont dû forcer les petites gens, qui s'étaient
établis à proximité du centre, à se déplacer. En même temps,
certains commerçants étrangers, enrichis et fixés à Buca-
rest, ont dû commencer à se faire construire des maisons

plus confortables que celles OÙ ils avaient été forcés de se


29

loger à leur arrivée. Aussi voyons-nous la ville s'étendre


à Test et bientôt elle débordera sur la rive droite.
Xous avons dit que l'on avait construit de nouveaux
monastères.
En 1568, le prince Alexandre Mircea, qui venait de
remporter une victoire sur les vornics Vintila et Dumbrava
soulevés contre lui, fit élever, pour en perpétuer le sou-
venir,un monastère, sous l'invocation de la Trinité (Sfânta
Trotta), au faîte d'un monticule de la rive droite de la
Dâmbovitsa. Ce monastère, largement doté par son fon-
dateur et encore enrichi par son fils, fut transformé en
forteresse par Sinan-Pacha (1595) lorsqu'il s'établit à Bu-
carest pour résister à Michel-le-Brave. Un jour, la pou-
drière des Turcs sauta et l'explosion ruina complètement
le monastère.
Quand Michel-le-Brave rentra dans sa ville, donna il

asile aux moines dans le monastère Mihai Voda. En 1614,


Radu Mihnea fit relever de ses ruines le monastère de la

Trinité, qui depuis porte son nom (Radu Voda). Il en


acheva la construction sous son second règne (1620 — 1623).
Les peintures lurent
éxécutées sous le

prince Alexandre.
Les hégou mè-
nes grecs qui dirigè-
rent le monastère
r
Radu Y odâ jusqu'en
1864 furent bien les
plus rapaces des
hommes ;
aussi, leur Le Monastère Radu-Vodâ.
couvent devint-il n du XVIIÏ-e ou lf commencement du
XlX-e siècle.
puissamment riche,
Il possédait des domaines, des vignes, des terrains dans
Bucarest, des maisons, des magasins, des moulins, etc.

En 1654, le prince Constantin Sherban fit construire


un autre monastère sur la colline de la rive droite qui fait
1

31

face à la Curtea Vechie et il le dota très richement. Ce


monastère, dont l'église devint bientôt la cathédrale mé-
tropolitaine et où le général Solticof devait déposer, pen-
dant la guerre de 1769 à 1774, les reliques de Saint Dè-
mètre, futachevé par le prince Mihnea III en 1658 et
enrichi par de nombreuses donations 1
.

Ce monastère couvrait toute la colline de la Métropole ;

Tsiganes. Tsigane.

les jardins, les vergers et les vignes s'étendaient d'un côté


vers la rivière touchant aux propriétés du monastère Radu
Vodâ; de l'autre, ils englobaient les marécages de Filaret
et escaladaient le cirque de collines qui les entourent; au
nord-ouest, ils s'étendaient jusqu'au Podul Calicilor (la

calea Rahova d'aujourd'hui). C'est entre cette rue, alors


route, et la colline de la métropole qu'étaient installés les
Tsiganes du monastère. Il y avait là tout un quartier

En 1787, il possédait YM domaines, 149 maisons, magasins,


1

cours et terrains vaguesà Bucarest, 8 vignes, 4 moulins et 20 petits


couvents (skitari) avec leurs biens.
3 I

étrange: d'un côté, les bohémiens esclaves; de l'autre, tous


les gueux, tous les estropiés, tous les mendiants de la ca-
pitale qu'on avait relégués dans ce coin perdu; deux vil-
lages de huttes où l'on était en querelles, en rixes per-
pétuelles.
En 1670, la famille Rudeanu devient propriétaire de
grands terrains sur la rive droite.
CHAPITRE II

BUCAREST AU XVIII E
SIÈCLE

e XVIII e
siècle ouvre pour les Provinces roumaines
une ère nouvelle.
L'Empire ottoman est en pleine décadence.
Il voit se dresser devant lui un grand empire
chrétien, la Russie, qui, pendant près de deux siècles, n'aura
d'autre objectif que de chasser les Turcs d'Europe.
Les Roumains respirent. Leur pays n'est plus la
proie des armées turques occupées ailleurs; mais, par
contre, ils perdent leurs princes indigènes. Le dernier prince
roumain de Valachie, Etienne Cantacuzène, est décapité
(1716), et l'on voit se succéder sur le trône, au gré du
caprice ou de la vénalité des vizirs, les princes Phana-
riotes (1716—1822).
En mêmetemps, un changement profond se produit
dans l'économie générale du pays.
jusqu'alors les propriétaires s'étaient exclusivement
occupés d'élevage: moutons qu'on exportait en Turquie;
bœufs et porcs qu'on envoyait en Allemagne; chevaux
qui étaient utilisés dans le pays et étaient recherchés
en Turquie et en Allemagne; abeilles dont le miel allait
en Turquie et la cire à Venise; et ils ne produisaient que

6613
34

le blé, l'orge, consom-


l'avoine et le seigle nécessaires à la
mation Les terres étaient sans valeur.
intérieure.
Au XVIII e siècle, les Turcs qui s'approvisionnaient
de blé en Crimée et en Egypte, se virent forcés, ayant
perdu la Crimée et à la suite des incessants soulèvements

Pliot. de M. .1. Voinescu

Porte en bois sculpté.


Eglise Stavropolcos < Bucarest).

des Mamelouks d'Egypte qui avaient complètement ruiné


l'agriculture de ce pays, de s'adresser aux Provinces rou-
maines. Celles-ci devinrent leur grenier d'abondance.
On se mit partout à cultiver de grandes étendues
de terre, et 1rs propriétaires obtinrent du prince Mavro-
35

cordât une loi qui fixait les travaux que les paysans
étaient tenus de faire sur les domaines seigneuriaux.
On ne leur imposait plus un certain nombre de jours de
travail, mais une somme de travail qu'ils ne pouvaient
exécuter qu'en un nombre de jours au moins triple de
celui qui leur était imposé auparavant.
La valeur des terres augmenta dans de très fortes
proportions et les boyards s'enrichirent. Ils virent l'or affluer

Phot. de M. J. Voinescu.

Sculptures en pierre du XVIII-e siècle.


Eglise Stavropoleos (Bucarest).

dans leur bourse, en même temps qu'il affluait dans les


caisses du Trésor.
Bucarest profita aussi de la prospérité des boyards,
qui vinrent tous l'habiter et s'y construisirent des maisons.
Comme les princes Phanariotes avaient amené avec
eux des habitudes de luxe, dans le costume, dans l'ameu-
blement, dans les voitures, ils les imitèrent.
De toutes parts, les vieilles églises en bois furent
36

reconstruites en pierres ou en briques et d'autres furent


édifiées. En ce siècle de foi ardente, chacun s'empressait de
doter les églises, et les hégou mènes grecs surent aider à
ce besoin de consacrer ses biens à Dieu qui s'était emparé
du peuple roumain, à tel point qu'ils ne tardèrent pas à
être propriétaires des trois quarts des terres du pays et
de la moitié de Bucarest.

Collect. de l'Académie Roumaine.

Bucarest à la fin du XVIlI-e siècle.

Pour augmenter les revenus du monastère de Co-


Çerban avait fait construire, en 1683, le
troceni, le prince
Han Serban Voda qui fut détruit par un incendie en
1704. Cet exemple fut suivi par d'autres. Constantin Bran-
covanu bâtit un Han et les revenus en furent affectés au
monastère St. Georges. Puis les boyards construisirent des
H ans, pour procurer des revenus aux églises qu'ils fon-
daient. Un peu plus tard, des commerçants firent con-
struire des hans dans le but d'en tirer un revenu pour
eux-mêmes.
Toutes ces constructions de maisons de boyards, d'égli-
ses, de hans, axaient attiré à Bucarest un grand nombre
37

d'architectes, de maîtres
maçons, de peintres, de sculpteurs,
d'ouvriers étrangers, des Dalmates, des Italiens, mais
surtout des Grecs et des Saxons.
On vit, en même temps, des étrangers en foule ac-
courir pour satisfaire aux besoins toujours croissants des
boyards: Bulgares de Grabrovo, Saxons de Sibiu et de
Brashov, Roumains de Transylvanie, Macédoniens, Grecs de
Constantinople et des mer Egée, Albanais, Dal-
îles de la
l
mates. Ragusains, Vénitiens quelques Français
et .

Bucarest vit sa population s'accroître, des rues nou-


velles s'ouvrir, des édifices s'élever, le commerce prospère,
malgré l'instabilité des princes et les exactions du lise.
Sous le prince Alexandre Vpsilante, dit M. de Bauer,
Bucarest comptait 67 faubourgs, 28 monastères, 31 églises
en briques, 20 églises en bois, 10 chapelles, palais prin- I

<icr. 1 école, 35 maisons de boyards et 7 hans.


En 1798, sous le prince Mavrogheni, dit Eejeune,
Bucarest comptait 17 monastères, 58 églises en pierre ou
en briques, 13 églises en bois, 9 chapelles, 3 écoles et
16 hans.

1
Les princes et les boyards s'étaient de tout temps adressés
à l'étranger.M. N. lorga cite, parmi les fournisseurs du prince
Xeagoe. J. Klesser et L. Rorer de Sibiu, Célestin de Brashov. Il
rappelle que Radu Mihnea et Michel-le-Brave faisaient venir de
Venise des draps et des armes de luxe. On commandait les cloches
a Brashov, à Vienne et à Dantzig. L'argenterie de table venait
de Sibiu ou do Brashov, les fichus riches de Constantinople. Ce
^<>nt les argentiers de Transylvanie qui fournissaient les châsses

et reliaient les Evangiles. Les premiers imprimeurs furent des


russes. Les sculptures sur pierre étaient l'œuvre de Saxons. Les
peintres d*églises étaient Crées et Saxons. Ce sont ces derniers
(|ui furent amenés pour faire les ornements en terre cuite; plus

tard, on lit venir des Dalmates, des Vénitiens. Les sculpteurs sur
bois \< naient de Transylvanie. Les ornements d'églises étaient
apportés de Constantinople, quelques uns brodés par des dames
roumaines. (Voir N. Iorga Negoful si mestesugurile in trecutul
:

românf'.sc. Bucarest, 1
(
>no).
38

La ville, à cette même époque, était divisée en 5 cou-


leurs (vopsele) ou arrondissements: Tîrgu, Gorgan, Bro§-
teni, Tîrgul-de-Afarâ et Podul Mogoçoaiei.
Le premier arrondissement comptait 1682 maisons,
le deuxième 1142, le troisième 1482, le quatrième 608 et
le cinquième 1092; en tout 6006 maisons, soit environ
35.000 habitants.

Les 5 arrondissements étaient divisés en 67 quartiers


représentant chacun un groupe de maisons. Nous repro-
duisons ici cette division, en indiquant, entre parenthèse,
le nombre des maisons qui se trouvaient dans chacun
d'eux, afin que Ton puisse se rendre compte d'une façon
exacte de l'étendue de Bucarest en 1798.

Arr. Tîrgu: Sf. Nicolas din $elari (110), Sf.


Gheorghe Nou (289), Sf. Gheorghe Vechiu (335),
Stelea (38), Hanul Sf. Gheorghe Nou (64), Hanul
CoHei (19), Hanul ^erban-Vodâ (19), Hanul Stavro-
poleos (28), Hanul Grecilor (33), Hanul Sf. Ioan cel
Mare (24), Sf. Spiridon Vechiu 12), Hanul Zlâtari
(

(16), quartier Zlatari (2), Balaceanu (130), Hanul


Constantin Voda (32), Scaune (89), Scaunele Pesca-
rilor (56), Sf. [oan Non (76), Col(ea (104), Râzvan
(94), Biserica Doamnei (40), Scor^arul (44), Popa
39

Hierea-Libilele (35), Schinderul (30), Hanul Pilipescu-


Iui (12), Hanul lui Zamfir (12). Total 26 quartiers
et I682 maisons.
Arr. Gorgan.— Mihai Voda (106), Gorgan ( 1
16),
Podul de Pâmênt (73), Sf. Elefterie (79), Bis. Alba
ri Schitul (102), Spirea în deal (108), Popa Radu
(165), Izvor (95), Stejar (43), Moldoveni (12), Schitul
Mâgureanu (42), Indéchiffrable (58). Total 14 quar-
tiers et 142 maisons.
I

Arr. Brosteni. —
Staicu (96), Apostol (99). Ca-
ramidari (100). Foisor (120), Brosteni (96). Spiridon
Nou (39), Vladica (114), Popescu (155), Sf-ta Eca-
terina (93), Radu Vodà (25), Slobozia (89), Barba-
tescu (35), Sêrbii (78), Dobroteasa (102), Flamânda
(59). Arhirnandritul (59), Golescu (86), Domnita Bâ-
lasa (53). Total 18 quartiers et 1482 maisons.
Arr. Tîrgul-de-Afarà. —
Oltenii (56), Udrican
(52), Mântuleasa (28), Popa Soare (64), Pantelimon
(72). rancu (62), Negustorii (34), Radu (78), Tîrgu
de Atara (25), Yergu (26), Olarii (64), Sf-ta Yineri
(42), Lipscani (49). Delea-Nouà (74), Delea Vechie
(86), Popa Nan (90), Hagiu (57), Lucaci (62). Total
18 quartiers et 608 maisons.
Arr. Podul Mogosoaiei.— Dichiu (82); Otetarii
(52), Popa Radu (72), Caimata (24), Bis. dintro zi
(2:',). Bis. Enei (24), Boteanu (39), Batistea (53), In-
déchiffrable (78), Popa Cozma 121), Precupetii Vechi
(

(105). Precupetii Noi (42), Popa Petre (59), Silivestru


(96), Popa Dârvasj (76), Popa Iva§cu (82). Total 16
quartiers et 1092 maisons.

A part les maisons des boyards et d'un petit nombre


de richards, quelques petites maisonnettes de lonctionnaires
ou de négociants, tout In reste de la ville était formé de
huttes (bordei) semées au hasard sur les propriétés des
boyards ou spécialement des hégouménes.
Du centre de la ville partaient cinq grandes voies:
I. Drumul Brasovulul (la route de Brashov), dont
la partie entre la Dâmbovitsa et l'église Sarindar prit le
40

nom de Poclul Mogoslioaiei dès le XVIII e siècle l C'était .

la route de tout le commerce venant de l'Europe cen-


trale. C'était aussi la route par laquelle les boyards se ren-
daient en parties de plaisir au bois
1 de Baneasa.

Phot. de M. .T. Voinescu.


Phot. <le l'auteur.

Maisonnette du vieux Bucarest Maisonnette du vieux Bucarest


existant aujourd'hui strada existant encore aujourd'hui.
Teilor, 101»

2. Calea Serban Vodâ, qui au XVIII e siècle, prit,


'

le nom de Podal Beiliculiii quand, en 776, le prince 2


,
1

Ypsilante y fit construire, près de la Dâmbovitsa, un pa-


lais (casele Beilicului, le palais du Bey) pour les envoyés

de Constantinople.
3. Podul Tir (jailli d'Afard d (la route du marché
hors la ville), appelé dans le plan de Sulzer Calea la
Afumapj, qui partait de S Georges et allait rejoindre le 1

marché au foin et aux bestiaux, établi à l'origine hors


de la barrière qui se trouvait près de l'église Sfintilor et
reculé, au fur et à mesure que la ville s'étendait, jusqu'à
ce qu'il arriva là où il est aujourd'hui (champ des Mosi).
4. Podul Calicilor (la route des Gueux), qui, vers
la fin du XVIII e siècle, quand les boyards vinrent s'y
bâtir des maisons, prit le nom d'une grande dame du

Depuis 1878, Calea Viotoriei.


Aujourd'hui Calea $erban Vodâ.
Aujourd'hui Calea Moçilor.
41

temps et s'appela Podul Calitei, parce que. dit judicieu-


1

sement Ionnescu-Gion. il déplaisait aux boyards d'habiter


la rue des Gueux. Cette route, qui figure dans le plan de
Sulzer avec la dénomination de Calea la Mâgurele, prit
plus tard le nom de Calea Craiova car c'était le che- —
min que prenaient les diligences pour Craïova et. en 1878, —
celui de Calea Rahova.
5. Podul de Pâment (la route en terre) qui. un peu

modifiée, est devenue la Calea Plevnei.


Les quatre premières voies avaient, au milieu, un
fossé qui recueillait toutes les eaux et tous les détritus et
les portait soit à la Dâmbovitsa, soit au lac de Cisme-
giu. soit à l'étang de Filaret. Par dessus le fossé était jeté
un plancher formé de madriers.
Seul le Podul de Pâmant était formé d'une chaussée
de terre battue avec des fossés à droite et à gauche, d'où son
nom de ..Poute en terre opposé à celui de „route en bois".
-

En dehors de ces grandes voies partant du centre,


il y en avait d'autres qui s'y raccordaient: la Calea He-
restreului (auj. Calea Dorobanfilor ) qui se reliait au
Podul Mogosoaiei un peu au dessus du Putul eu zale;
le Drumul ce duce la Sârbi, dont certaines parties sont

représentées aujourd'hui par la Calea Vacaresti et la Ca-


lea Dudesti et qui, partant de l'église S Georges, mettait
1

le centre de la ville en communication avec les villages


Dobroteasa, Sêrbi, Cioplea, Popeçti et Dudeçti.
En marge de la ville, Calea
sur la rive droite, la
spre Vacaresti partait de la maison de Dudescu, et, cou-
pant le Podul Calicilor, aboutissait au monastère de Vacaresti.
Tout le long de la Dârnbovitsa étaient établis des
moulins appartenant au prince ou aux monastères et qui
n'ont disparu qu'au XIX e siècle.

1
( ette dame, cocoana ( 'a/ifn, habitait la maison où est au-
jourd'hui la Bourse du travail et où fut longtemps l'Ephorie des
hôpitaux.
4L'
43

La ville comptait quatre marchés:


1. Targui clin nâuntru (le marché du centre), à
côté du Palais princier (Curtea Vechie) où était réuni
tout le commerce étranger.
2. Targui de sus (le marché du haut) vers le han
Serban Voda.
3. Târgul Cucului, à côté de S Georges
1
et où l'on
vendait tous les produits de l'industrie domestique.
4. Targui d'Afarâ (le marché hors la ville), qui,
comme nous l'avons dit plus haut, reculait d'année en année
vers le champ des Mo'çl C'est à l'entrée de ce marché
que l'on pendait les criminels, qui étaient conduits au
supplice dans un chariot traîné par des bœufs ou montés
sur un âne, la tète tournée vers la queue et portant leur
sentence attachée au cou.

Le Palais princier.— Le vieux palais (Curtea vechie),


successivement réparé par Mathieu Bassarab et par Gré-
goire Ghica, tombait en ruines et n'était plus habitable.
Grégoire Ghica fit construire une nouvelle église dans
l'enceinte de la forteresse et un nouveau palais à côté de
l'ancien. Ce palais fut achevé par le prince Georges Douca.
Constantin Brancovan, bien qu'il eût son palais au
bord de la Dâmbovifa (à côté du palais de Justice actuel,
mais, à cette époque, sur la rive gauche), embellit la

Curtea vechie. Il releva les murs de l'enceinte et fit des-


siner par un Italien, du côté de la rue Çelari, un jardin
qu'on admira fort à Bucarest. Le prince Etienne Canta-

cuzéne (1714 1716), éleva un petit palais dans un coin
de ce jardin.
La résidence princière atteint à ce moment son apogée.
Nicolas Mavrocordat (1716) qui succède à Etienne Can-
l

tacuzène, est le premier prince Phanariote sur le trône de

1
Nicolas Mavrocordat fut d'abord prince de Moldavie ( 171 1).

puis, entre 1716 et 1730, à trois reprises, prince de Valachie.


44

Valachie. Il est à peine installé qu'un incendie détruit le

palais en grande partie. On le répare et les travaux durent


deux ans.
Le 21 mai 1 738, sous Constantin Mavrocordat 1 un trem- ,

blement de terre vient de nouveau ruiner le palais princier.


On le répare encore; mais sans doute d'une façon bien
sommaire, car. à partir de 1766, les princes cessent de
l'habiter et préfèrent leur maison particulière, plus neuve
et plus à leur convenance que les appartements délabrés
de la Curtea Vechle, qui, ruinée, abandonnée, devient
bientôt le refuge de tous les gueux de la ville, pendant
que les gens du
voisinage enle-
vaient les briques
des murs croulants
pour bâtir leurs
maisons.
Le tremble-
ment de terre du
14 octobre 1802
acheva de ruiner
vue de la „Curtea arsà" ce qui restait en-
et du pont en bois sur la Dambovitsa.
core de l'ancienne
demeure des princes roumains. Il n'y a plus aujourd'hui
debout que l'église, plusieurs fois réparée. Sur l'emplace-
ment du palais, du jardin et des vignes, des rues ont été
tracées, une place s'est formée et des maisons ont été
construites.
Le Alexandre Ypsilante (1774—1782) se fit
prince
construire un nouveau palais sur une hauteur de la rive
droite, en face du monastère Minai Vodâ là où se trouve
aujourd'hui l'Arsenal. Ce palais neuf n'eut qu'une courte
existence. Il lut successivement habité par le prince Yp-

1
Constantin Mavrocordat, entre I7:«> et l7o<>. fut, à cinq
reprises, prince de Valachie.
45

silante, le prince N. Caradja (1782 — 1783), le prince Michel


Dracou Soutzo (1783—1786), le prince N. Mavrogheni
(1786—1789), le prince Michel Soutzo (1791—1793), le
prince Alexandre Morouzi (1793—1796), le prince Al. Yp-
silante (1796—1797), et le prince C. Hangherli (1797—
1 799 le prince Al. Morouzi, revenu sur le trône de 1799
),

à 1801, le prince Michel Soutzo rappelé de 1801 à 1802,


le prince Constantin Ypsilante (1802 —
1806), le prince Jean
Caradja (1812). Un incendie le détruisit le 21 décembre 1812
et Caradja transporta la Cour au monastère de Cotro-
ceni. L'emplacement porta longtemps le nom de Curiea
arsd (le Palais brûlé).

Les églises. —
Nous avons dit que l'on avait construit,
au XVIII e siècle, un très grand nombre d'églises. Nous
croyons devoir en faire ici le relevé.

1. Eglise Antim, bâtie en bois et reconstruite,

vers 1715, par le métropolite Antim avec l'aide des


familles Milescu, Braïloï et Rudeanu. Le prince A-
lexandre Ypsilante en fit, le 22 mars 1797, le metoh
de l'évêque d'Argesh.
2. Eglise Apostol qui date de 1765.
3. Eglise Sfinfii Apostoli, construite en bois
sous Mathieu Bassarab elle fut restaurée en briques,
;

en 1715, par le prince Etienne Cantacuzène.


4. Eglise Domnifa Bàlaça, bâtie en 1751 par
Manolake Lambrino et sa femme Balasa, fille du
prince Constantin Brancovan. Des cellules pour loger
des vieillards avaient été construites autour de l'é-
glise, qui fut reconstruite en 1831 par le ban Gr.
Brancovan. Ruinée par le tremblement de terre du
11 janvier 1838, elle fut rebâtie par Safta Brancovan,
née Balsh, et reconstruite en 1881—1884.
5. Eglise Bârbâtesca Vechiu, construite en
bois vers 1764 par un membre de la famille Bârbà-
tescu, qui avait de grandes propriétés à Bucarest;
refaite en briques en 1818.
46

6. Eglise Bârbâtescu Non (1796).


Eglise Batiste (1764), ainsi appelée du nom
7.

du quartier où avait sa demeure Constantin Baptiste


Velleli.
8. Eglise Brada Boteanu construite vers la

moitié du XVIII e siècle.


9. Eglise Bacnr, con-
struite vers 1743 derrière le
monastère Radu-Vodà.
10. Eglise Colmata qui
date de T732 et fut démolie en
1892, lors de l'ouverture du
Boulevard Carol.

D'après lonnescu-Gion. D'apivs [oimesi'u-Gion.

Tour Coltsea Tour Coltsea


avant le tremblement de terre après le tremblement de terre de I802
de I802.

1 Eglise Cârâmidarii-de- Jos, bâtie vers 1711


1 .

par les membres de la famille Nasturel-Herescu.


12. Eglise Ceau§ David, ainsi appelée du nom
du quartier; c'est l'actuelle église d'Icoana: elle était
mtourée de cellules pour les femmes pauvres. Elle
date de la moitié du X VIII siècle. '

13. Eglise Colfea, bâtie en bois au Wll'


siècle, par le culcer Col(ea et refaite en briques par
47

son filsRadu Coltea avant 1715. Elle fut restaurée


par lespathar Michel Cantacuzène et entourée d'un
mur percé d'une porte ceintrée au dessus de laquelle
s'élevait une tour construite, prétend-on, par des sol-
dats de Charles XII. réfugiés à Bucarest après la
bataille de Pultava. La tour fut ruinée en partie par
le tremblement de terre du 14 octobre 1802 et dé-
molie en 1889.
Dans la cour, il y avait un hôpital, un asile
pour les pauvres, des chambres pour les voyageurs,
un han et une école.
14. Eglise Sf. Constantin, construite en 1785
et consacrée aux saints Constantin et Hélène.
15. Eglise Kretsulescu, bâtie en 1722 par le
logothète Kretsulescu sur l'emplacement qui lui avait
été donné par le prince Nicolas Mavrocordat.
16. Eglise IJet en Vechie, qui date de I773.
17. Eglise Delea Noua bâtie en I798 par Ni-

colas Inima rea.


18. Eglise Dobroteasa, construite en 1730 par
Constantin Xasturel.
\
(
). Eglise Doamnei (derrière l'actuel Palais
e
Nifon), remplaça, au XVIII siècle, une église en bois
par la princesse (Doamna) Marie,
élevée, en 1683,
femmede Sherban Cantacuzène 1 .

20. Eglise Sf. Dumitru, construite en briques


en I753 par le logothète Radu, à la place dune
église en bois élevée par la famille Balaceanu. Elle a
été réparée en 1819 par Févêque Constantin de Ru-
zeu. Cette église était souvent appelée Biserica de
Jurâmânt (l'église du serment), parce qu'autrefois
on venait y jurer solennellement dans les procès.
21. Eglise Métropolitaine construite à la fin
du XVII e siècle au centre du monastère bâti par le
prince Constantin Sherban.

A côté de l'église se trouvait la maison des Beizadele,


1

filsdu prince Sherban Cantacuzène c'est la maison Greceanu au


;

c>in du Boulevard et de la calea Victoriei.


48

22. Eglise Sfânta Ecaterina. Monastère sur la


route de Giurgévo; ce monastère, hors Ja ville fut ré-
paré et doté par la princesse Catherine, femme du
prince Alexandre Ypsilante. L'église a été restaurée
en 1847.

Eglise métropolitaine
au commencement du XLX-e siècle.

23. Eglise Sf. Elefterie, bâtie en 1748 par le


métropolite Néophyte 1, sur les fonds provenant du
legs d'un négociant Maxim Cape^ul, au milieu d'un
bois et à côté d'un lac, hors la ville.
24. Eglise Enei, construite en 1724 par le îo-
gothète Pana Negoescu, beau-frère du prince Con-
stantin Bassarab. Réparée plus tard par la femme d'un
boyard, Enea Barcaneascâ, qui lui a donné son nom.
25. Eglise FdntâriCL Boului (auj. Popa Tatu),
bâtie <:n 1760 par Michel Cantacuzène.
26. Eglise Flâmânda, construite en 1766 par
le vornic Istrati.

27. Eglise Foi$or f bâtie en 1746 par la prin-


49

cesse Smaranda, troisième femme du prince Nicolas


Mavrocordat.
Eglise Sf. Gheorghe Vechiu, bâtie en
28.
1562 par le vornic Xedelcu, réparée en 1724 par Ia-
mandi Dragul et sa femme. Incendiée en 1847, re-
construite en 1849.

D'après Raffpt.
Église Sf. Gheorghe Nou (façade")

au commencement «lu XlX-e siècle.

29. Eglise Sf. Gheorghe Non,


bâtie de 1669
à 1672 par le Antoine de Pope^ti, aux frais
prince
d'un drogman Panaiot Nikusios; reconstruite en 1707.
Incendiée en 1847 et reconstruite depuis.
30. Eglise Iancu Vechiu, date de 1775.
31. Eglise Sf. Rie din Gorgan, ancienne église
en bois, réparée en 1819.
32. Eglise Albâ a Sfântului Rie (à rentrée de
la Calea Doroban^ilor) date inconnue.
1

33. Eglise Sf. Ioan (calea Sherban Voda), bâtie


en 1766 par IoniÇa Croitorul.
34. Eglise Sf. Ioan Moldoveni, bâtie en 1795

Aujourd'hui strada Alexandru Lahovary.

6613 4
50

par Dumitrake Darescul. A


pris son nom d'une
icône apportée de Moldavie.
35. Eglise Izvorul Tâmâduirei, construite en
1789 par prince N. Mavrogheni.
le

36. Eglise Lucaci, reconstruite en briques en


1764. Incendiée en 1847 et rebâtie de nouveau.
37. Eglise Mâgareanului (entre la strada Carol
actuelle et la Dambovitsa). Eglise en bois bâtie en
1686 par le prince Sherban Cantacuzène et refaite en
briques en 1761 par Pârvu Cantacuzène Mâgureanul.
Démolie en 1897.

Collect. de l'Académie Roumaine.

Eglise Sf. Gheorghe Nou (abside)


au commencement du XIX-c siècle.

38. Eglise Mihai Vodd, dans la cour du mo-


nastère. Date du XV e
siècle. S'appelait autrefois é-
glise Sf. Niculaie al Jupânesei Caplea. Réparée par
Michel-le-Brave.
39. Eglise Negustori, bâtie en 1716 par Siméon
Axentie.
40. Eglise Sf. Niculae de Jignitsa, bâtie en
1722 par le capitaine Gheorghe et sa belle-mère.
41. Eglise Sf. Niculae Sârbi, construite en
1692 par Vasile Potoceanu et sa femme.
42. Eglise Sf. Niculae Tabacul (autrefois é-
glisc Tabacilor —
bâtie en cet endroit en 1669 quand
les tanneurs ( tabac i) y vinrent s'établir après avoir
quitté le bord de la Dâmbovi^a au dessous de Sa-
rindar; Réparée; en 1710.
43. Eglise Sf. Niculae clin Prund (calea Ra-
hovei, 21), construite en 1682 à côté de la vieille
maison des Golescu.
44. Eglise Alba a Sf. Niculaie clin Postâ-
vari (strada Câzârmei), très ancienne.
45. Eglise Sf. Niculae, din Çelari, bâtie par
le prince Sherban Cantacuzène.

46. Eglise Sf. Niculae clintro zi (ainsi nom-


mée parce qu'elle fut consacrée jour pour jour à la
même date où Ton avait posé les fondations). Bâtie
en 1702 par la princesse Marie,
femme du prince Constantin Bran-
covan. Incendiée en 1825, recon-
struite en 1827.
47. Eglise Oborul Vechiu,
bâtie en 1768 par le Métropolite
Grégoire II sur l'emplacement où
le serdar Matei Mogo§ avait élevé,

en 1718, une grande croix en sou-


venir de la peste et de la disette
qui désolèrent cette année-là Bu-
carest. La croix se trouve encore
aujourd'hui dans l'église. ^^Ji
48. Eglise Olari, bâtie en
1758 par Dumitru Racovi^a.
.~ t-> |. /i;, T >,• ., Croix du Serdar
49. Eglise Oltem. Etait en Matei Mogo§ .

bois, fut reconstruite en briques


en 1722. Incendiée le 17 août 1821, quand les Albanais
de Bimbaça Sava, enfermés dans l'église, se battirent
avec les Turcs. A
cette époque, elle était adossée à
un bois.
50. Eglise Ofetari, construite en bois en 1681,
refaite en briques en 1875.
51. Eglise Popa Fierea ou Sfinfilor (appelée
vers la fin du XVII e siècle Biserica eu Sibilele, à
cause des peintures qui ornaient sa façade). Restaurée
en 1728.
52. Eglise Popa Soare (strada Zefirului), bâtie
en 1745 par Ion Negu^â de Buzeu.

UNIVERSITY 0F
ILLINOIS I iR*AR>
53. Eglise Popa Stoica ou Brezoianu, bâtie
en bois sur les terrains de la famille Brezoianu.
Restaurée en 1735 par Michel Mârâcineanu.
54. Eglise Pitar Mosu, bâtie en 1795 par le
prêtre Ivascu et Mo§ Sârbul.
55. Eglise Sâpanarilor ou Scaune Vechi, très
ancienne.
56. Eglise Sarinclar. Très ancienne également,
construite dans la cour du monastère. Démolie en 1896.
57. Eglise Sf. Sava,
bâtie au XVI e siècle, là
où est aujourd'hui la statue
de Michel-le-Brave en face
de l'Université.
58. Eglise Sckitu Ma-
gureanul, bâtie en 1764.
59. Eglise Silvestru,
bâtie en 760 par le drapier
i

Par van.
60. Eglise Slobozia
(strada Léon Voda), bâtie
au XVII e
siècle par le
prince Léon ou par son fils.

Reconstruite en briques en
1744 par Constantin Nas-
D'aprôs une aquarelle de Szathmary. turel et sa femme.
Eglise Sf. Spiridon cel Vechiu. 6 I
.
Eglise SpireCl Dof-
tond, construite au com-
e
mencement du XVIII siècle par le docteur Spirea
Cristofi.
62. Eglise Sf. Spiridon Vechiu (près de la
Dambovitsa, à peu près là où se trouve actuellement
la maison de M. Barbu Paltineanu). Etait en bois;
reconstruite en briques ( 1 747) par le prince Constantin
Mavrocordat.
63. Eglise Sf. Spiridon Nou (calea Serban
Vodâ), bâtie en I765 par le prince Scarlat Ghica;
était alors hors la ville.
64. Eglise Staicu, construite en bois ax ant I72(>
53

par le logothète Staicu. Réparée en 1809 par Apostol


Yelicu.
65. Eglise Stavropoleos, bâtie en 1724 par lo-
nikie Stavropoleos.
66. Eglise Sf. Stefan, bâtie en 1764 par le
prince Çtefan Racovitâ.

Collect de M. N. Mai

Eglise Stavropoleos avec son han.

67. Eglise Stejaral, était en bois, fut construite


en briques (1764) par des boulangers dans l'ancien
quartier Stejaru (derrière l'actuel Palais royal). Cette
église a été somptueusement restaurée en 1894 par
S. M. le Roi Charles i

68. Eglise Stelea, bâtie par le spathar Stelea


sous Michelde-Brave. Incendiée du temps de Sinan
pacha et rebâtie peu après. Elle était entourée de vignes
jusqu'en 1702. Restaurée en 1837; incendiée en 1847 et
reconstruite aussitôt après.
69. Eglise Tirchileçti (strada Romanâ), dite
54

aussi église Dichki du nom de l'un de ses fondateurs,


le moine Dichiu; date de 1773.

70. Eglise Udricanulai, bâtie en 1734 par le


Clucer Udrican et sa femme.
71. Eglise Verguliii, bâtie en 1725 par Vergu
Vartolomei etsa femme la princesse Ancuta était ;

appelée aussi Biserica \Domnifei Ancuta, d'où le


nom donnée à la rue (Strada Domnifei).

Collect. de l'Académie Roumaine.

Eglise Grecii ou Ghiormei.

72. Eglise Sfânta Vineri-Hereascâ (strada


Sfânta Vineri), bâtie en 1645 par l'aga Ni(a, sa femme
Jeanne et son fils le spathar Câlin. Il y avait dans
la cour des cellules pour les pauvres et trois bou-
langeries. Elle fut réparée et dotée au XVIII 0 siècle
par la famille Herescu-Nasturel. Reconstruite en 1839.
73. Eglise Zlataiilor, bâtie sur remplacement
des zlatari (tsiganes orpailleurs) du prince. Recon-
struite de fond en comble en I906.
55

74. Eglise Hagi Dima, bâtie en 1731 ; était le


metoh du Métropolite.
Hanul Grecii sur l'em-
75. Eglise Ghiormei ou
placement de l'actuel Palais Ghica (strada Lipscani
et strada Stavropoleos) datait du XVI e siècle.
;

Fut incendiée sous le prince Constantin Brancovan ;

n'existe plus.
Eglise Sf. Ioari cel Mare, bâtie en bois à
76.
la lin XVI e siècle; reconstruite en briques par
du
le prince Constantin Brancovan (1712). Se trouvait
sur l'emplacement où est aujourd'hui le Palais de la
Caisse des dépôts et consignations.
77. Eglise Manea Brutarul, bâtie en 1777, par
le staroste des boulangers Manea.
78. Eglise Mântuleasa, bâtie en 1732 par Manta
Precupetul et sa femme Stânca.
79. Eglise Livedea Vâcâreçtilor, bâtie par le

général Michel Cantacuzène,


qui en fit le metoh de i'évê-

que de Râmnic. Elle s'élevait


là où se trouve aujourd'hui
le jardin de l'Episcopie.

Toutes ces églises avaient été


richement dotées par leurs fonda-
nombre dé-
teurs et le plus grand
diées aux monastères des Saints-
Lieux ou du Mont-Athos ou à des
monastères de Bucarest.
Elles étaient administrées par Le métropolite Filaret II.

des hégoumènes grecs qui surent


capter des héritages, obtenir des donations et leur créer des
revenus considérables.
En dehors de ces églises, il y avait aussi les cha-
que
pelles particulières les boyards avaient fait construire
derrière leurs maisons et celles de plusieurs monastères.
IL y avait aussi à Bucarest une église catholique dès
56

le XVI e
siècle, la Baraka, qui fut bâtie en 1637 aux frais
d'un riche négociant vénitien Locatello. Elle croula vers
1677 et elle fut reconstruite par le prince Grégoire Ghica
avec le concours de Dan Radu Nasturel et de quelques
négociants chypriotes. Cette église dura peu, car une nou-
velle fut élevée au même endroit en 1716.
L'église arménienne date du XVII e siècle ; elle a été
reconstruite depuis.
Les églises iuthérienne et calviniste sont du XVIII e
siècle. Elles ont été reconstruites sur les mêmes empla-
cements.
Les Juifs avaient depuis longtemps de petites syna-
gogues dans le quartier Popescu vers Jignitsa, et, au XVIII e
siècle, dans le quartier Razvan.

Les églises n'ouvraient pas, comme aujourd'hui, sur


la voie publique; elles en étaient isolées par un mur d'en-
ceinte, entourant un espace plus ou moins vaste qui servait
de cimetière.
Il existe encore quelques-uns de ces cimetières, de-
puis longtemps abandonnés, dans les faubourgs. Le mur
d'enceinte et le cimetière de l'église Batistea n'a disparu
que vers 1880.

Hans '. — Un des traits caractéristiques du Bucarest


d'ily a un peu plus de cent ans, était l'existence des
hans, immenses constructions qui étaient à la fois des
dépôts pour les marchandises venues de l'étranger et des
auberges pour les voyageurs.
Imaginez une vaste cour qu'entourent de hautes et
fortes murailles en briques percées d'une seule ouverture
fermée par une porte de chêne blindée. Au dessus des

Le mot han, emprunté aux Turcs, signifie proprement hô-


1

auberge. On ne désigne plus aujourd'hui sous ce nom, en


tellerie,
Roumanie, que les auberges qui se trouvent près des barrières, sur
quelques grandes routes ou dans les gros villages.
5,

caves profondes, des magasins voûtés ouvrant sur la cour ;

au premier étage des chambres dont les portes et les


fenêtres donnaient sur une galerie ouverte à laquelle on
accédait par deux grands escaliers couverts se faisant face
l'un à l'autre.
Ces hojis étaient construits dans le style italien, type
adopté partout dans l'archipel et la édk
mer du Xord où les Génois avaient
des comptoirs.
C'est à l'abri de leurs murs
que la population se réfugiait dans
les jours de panique c'est au fond
;

de ces caves que grands négo-


les
ciants venaient enfermer leurs mar-
chandises précieuses, que les bo-
yards, les princes eux-mêmes, aux
heures difficiles, cachaient leurs
papiers, leur or, leurs bijoux.
Les premiers hans furent
construits par les princes pour four-
nir des revenus aux monastères
au moment où le commerce prit
un plus large essor (fin du XVII e
et commencement du XVIII e siècle),
puis par des boyards, dont l'exemple
fut suivi par de riches commer-
L épicier en gfos Ap<teto1 '
'

çants. Les premiers étaient les -

grands hans qui tous avaient une église dans leur cour;
les autres, les hans dé second rang, sans églises, mais
avec des magasins en façade.
Comme ces magasins se louaient très bien, les hégou-
mènes firent percer les murs de leurs hans pour avoir
eux aussi des magasins en façade; ils augmentèrent leurs
revenus, mais ils affaiblirent la solidité de la construction,
en hâtèrent la ruine et multiplièrent les causes d'incendie.
Nous empruntons au copieux ouvrage de M. lonnescu-
58

Gion sur le Bucarest d'avant 1800, la liste des hans


de la capitale.

1. Han Serban- Voclâ (1683), entre la Lipscani


et la strada Doamnei
revenus étaient affectés au
; les
monastère de Cotroceni. 11 brûla en 1704.
2. Han Constantin- Voclâ qui se trouvait là
où s'élève aujourd'hui le Palais des Postes. Les re-
venus appartenaient au monastère de S Georges. 1

3. Han Filipescu (coin de la strada Lipscani).

Il fut cédé en 1713 par Radu Filipescu et ses fils


au Clucer lordake.
'

I Han Coltea, con-


4.
struità côté de l'église et
de l'hôpital Coltsea par le
spathar Michel Cantacu-
zène. Brûlé en 1839.
5. Han S 1
Gheorghe,
construit par le prince Cons-
tantin Brancovan près de
l'église S Georges. Incen-
1

dié le 28 août 1804, il fut


réparé; mais l'incendie du
23 mars 1847 le ruina dé-
finitivement.
6. Han Filaret Colfea
lordake Golescu. est la Banque de
(là où
Roumanie) bâti par le Mé- ;

tropolite Filaret (fin du XVIII e siècle).


7. Han Filaret- Mogosoaiei (là où est le Théâtre

National), bâti par le Métropolite Filaret (fin du


XVIII e
siècle).
8. Han Chirifa, près du han S Georges. 1

9. Han Bdldceanu, entre le han Chirita et le


han Filaret-Cotyea.
10. Han Sfia Ecaterina, du monas-
bâti près
tère du même nom par la princesseCatherine Yp-
silante, née Morouzi; les revenus appartenaient au mo-
nastère.
59

1 1 . Han Kretzulescu (entre le Passage Rou-


main et le Palais Royal). Il transformé
est aujourd'hui
en maison de rapport. L'église existe encore.
12. Han Stavropoleos, près de l'église du
même nom. L'église existe, mais le han a disparu.
13. Han Zlaiari, construit au XVIII e siècle,
au coin de la Lipscani, autour de l'église Zlatari que
l'on vient de reconstruire. C'était la résidence favorite
des banquiers de l'époque. Tous les contemporains
ont connu ce vaste immeuble dont, au XIX e siècle,
on avait percé les murs pour ouvrir des magasins
sur la strada Lipscani et le Podul Mogoçoaiei. Le
Ministère de l'instruction publique et des cultes y
fut installé au premier étage pendant une ving-
taine d'années après 1867, malgré l'état de déla-
brement de l'édifice qui fut démoli en 1904.
14. Han Sf. Ioan cet Mare (XVIII e
siècle);
se trouvait là où est aujourd'hui la Caisse des dépôts
et consignations.
15. Han Golescu (calea Rahova); ce han qui
n'était plus qu'une ruine a disparu en 1890. On a bâti
sur son emplacement la maison Nerischer.
16. Han Nicolescu, près de l'église Razvan;

était fréquenté surtout par des commerçants juifs.


17. Han Gabroveni, situé derrière la Curtea
Vechie. C'est là que descendaient les commerçants
bulgares de Gabrova, d'où son nom et celui que porte
encore la rue (strada Gabroveni), qui était une des
plus belles et des plus vivantes du vieux Bucarest.
18. Han Heriçescu, près du han Niculescu, à
côté de l'église Vergu.
19. Han Papazolu, près de S Georges, à f

l'intersection des rues Décébal et Sf ta Vineri.


20. Han Cazoti, en face du précédent.
21. Han Ro^iu, au coin delà strada Smârdan,
vers la Dâmbovitsa. Brûlé en 1838.
22. Han Verde, dans la strada Carol actuelle 1
.

*) Ces deux derniers hans avaient été construits sur les


terrains de la Curtea Vechie vendus par le prince Hangherly.
60
61

23.Han Nastase. On croit que c'est le même


que le Hanu eu Tei que l'on voit encore, légèrement
modifié, dans la strada Lipscani.
24. Han Zamfir, dans la strada §elari.
25. Han Baltaref, prés du han Zamfir.
26. Han Jugâ Urs, derrière l'hôpital Coltsea,
à l'entrée de la strada Polona.
27. Hanul Manuk,construit en 1808, au bord
de laDâmbovitsa, par un riche Arménien, Manuk
bev. Il existait encore en 1873 —
et l'Hôtel Dacia, qui
la remplacé, n'en a que très peu modifié l'aspect
général. La cour était plus vaste, car une partie en
est occupée aujourd'hui par la salle de spectacle et
le restaurant; la galerie qui en fait le tour au pre-
mier étage n'était pas vitrée et deux grands escaliers
y conduisaient. Beaucoup de contemporains se rap-
pellent encore le han Manuk avec sa cour encombrée
de chariots, de gens déchargeant des marchandises,
de paysans dormant par terre à côté des bœufs.

A côté de ces hans créés pour les commerçants


étrangers qui venaient à Bucarest avec leurs marchandises,
et dont les emplacements exactement les limites
fixent très
réelles de la ville du XVIII 0 siècle, il y avait
à la fin

encore, dans les faubourgs, d'autres hans, auberges à bas


prix comme on en voit encore dans plusieurs villes de
Roumanie. Ces derniers n'ont disparu que tout dernière-
ment. Il y a quelques années, un grand han de ce genre
existait encore au coin de la strada Romana et de la strada
Teilor et portait le nom que l'on donne en Transylvanie
aux auberges établies sur les grandes routes, Fâgâdâu.
Plus récemment, un vaste han occupait le terrain compris
entre la Chaussée Kisselef et la Chaussée Jianu, en face
(lu Palais Stourdza (ministère des Affaires étrangères).

Les hans du centre, ont été successivement remplacés


par des hôtels. Le premier hôtel qui a été ouvert à Bucarest
fut l'hôtel Brenner en 1828.
61'

Les Maisons de boyards. Au XVIII e siècle, les —


maisons des boyards occupent encore de vastes terrains,
comme celle des Dudescu famille riche et à prétentions
1
,

féodales, dit Ion Ghica. La maison de Dudescu occupait,


avec ses dépendances, tout l'espace compris entre la Dâm-
bovitsa et le Dealul Spirei d'un côté, entre SD" Apostoli
et la Caiea Rahova de l'autre, — c'est le célèbre quartier
Dude§ti, où l'on ne voit plus le moindre vestige de cette
2
splendeur d'autrefois .

Naturellement, toutes les maisons des boyards n'avaient


pas cette importance, car tous n'avaient par la même for-
tune. Toutes cependant avaient de vastes dépendances et
logeaient de très nombreux domestiques des deux sexes.
On peut encore voir à Bucarest différents types de maisons
de boyards de la fin du XVIII e siècle et surtout du com-
mencement du XIX mais elles ne sont plus comme alors
e
,

entourées de jardins de vergers.


et
Au XVII e siècle, les boyards s'étaient établis sur
les terrains situés entre la Dâmbovi^a et la Curtea V echie ;

dès que le Podul Mogosoaiei fut ouvert, ils se construisirent


des maisons le long de cette route dépassant d'abord Sa-

1
La famille Dudescu venait de Transylvanie comme les
Vacarescu, Golescu, les Stourdza, les Candescu.
les
2
Le dernier qui ait porté le nom de cette famille, raconte
Ion Ghica, fut le vornic Nicolas Dudescu, homme d'esprit et in-
struit, patriote ardent et ennemi acharné des princes grecs et des
Il était neveu d'Antioche Cantemir et oncle par sa mère
phanariotes.
du poète Iancu Vacarescu. Envoyé par les bo^vards à Paris pour
y plaider la cause des Roumains, il sut captiver l'attention du
général Bonaparte et l'intéresser au sort de notre pays au point
de le décider à envoyer à Bucarest le général Sébastian i.

Nicolas Dudescu était fier et généreux il reçut souvent à ;

sa table, à Paris, le premier consul et les généraux de la Répu-


blique; M-me Kécamier ne dîna jamais chez lui sans trouver sous
sa serviette un diamant ou un rubis.
Avec le vornic Nicolas ont disparu le nom et la colossale
fortune des Dudescu.
63

rindar, puis la barrière du Pafa eu zaJe (Palais Royal).


En même temps, d'autres allaient setablir sur la rive droite.

Entre 1700 et 17 14, le prince Constantin Brancovan,


pour reconnaître les services que lui avait rendus Dudescu,
tH
lui fit don de vastes terrains dans le quartier de Sf Apo-
stoli: il en donna d'autres, à côté, à Constantin Braïloï et

à Dositeï Braïloï; puis il céda, toujours sur la rive droite,


des terrains aux familles Oteteleshanu et Pârâianu. Vers

Phot. de l'auteur.
Maison Cantacuzène
appartenant aujourd'hui au prince Dém. Morouzi.
Calea Victoriei, 131.

1740, nous voyons les familles Leordeanu et Radu Cu-


pariu également propriétaires de ce côté de la rivière.
Les boyards ayant commencé à construire des mai-
sons le long de la route de Craïova (calea Rahova), re-
foulèrent les Gueux (Calicii) vers le haut de cette route.
Du reste, tous ces sans-famille ne tardèrent pas à disparaître.
En 1766, Michel Rudeanu céda des lots sur ses terrains
à des négociants, qui, pour être plus près de leurs riches
clients, désiraient s'installer dans le quartier Antim.
',4

Au début du XIX e siècle, la calea Calitei (nous avons


dit plus haut comment le Pbdul Calicilor avait changé
de nom), c'est-à-dire la Calea Craiova d'hier, la Calea Rahova
un grand nombre'de boyards
d'aujourd'hui, était habitée par :

Costake Kretzulescu, Nicolas Baleanu, l'armash Mano, Ar-


getoïanu, Mihâlescu, le paharnic Iancu Arion, Nicolas La-
hovary, le stolnic Orneanu, le vistier Nicolae, Costake Falco-
yanu, Farcashanu, le culcer Scarlat Urlâteanu, Ionita Falco-
yanu, Iancu La-
hovary, Miha-
lake Tudor, etc.
A la même
époque, Podul
le

Mogosoaiei s'é-
tait peuplé de
maisons de bo-
vards.

Phot. di

Maison de M. Alexandre Ciurcu.


maison de boyard
<lu commencement du XlX-e siècle

Fn partant de la ri-

vière, à gauche, il y avait 1


:

Maison de M. Al. Ciurcu.


celle d'Fnakita Vacarescu
Côtr du jardin.
( Prager), celle de Racovitsa
qu'acheta Damari (Hôtel de France), celle du baron Meïtani
(préfeture de police), celle de Filipescu Drâjneanul (Magasin
Universel), celle de Cantacuzène qu'acheta Milosh Obre-
novitch et dont fit don à la Russie (Légation de Russie),
il

celle de Balianu achetée par Corbescu (Grand Hôtel du

Nous indiquons en parenthèse


la maison qui se trouve
.'.ctuellement sur
l'emplacement qu'occupait autrefois telle ou telle
maison de boyard.
65

Boulevard), celle de Cocorescu (magasin du Louvre), celle


du ban Kretzulescu (Club Royal), la maison de Ghica
(Passage Roumain), la maison de Colfescu, achetée par le
baron Sakelarie et reconstruite par Dinicu Golescu (Palais
Royal), celle de Grégoire et de Iordake Filipescu (Hôtel
Impérial et administration du Domaine de la Couronne),
celle de N. Trâsnea (Hôtel High-life), celle du ban Ralet
(coin de la strada Modei), celle du ban Balianu (maison
Enciulescu), celle du ban Stirbey (palais Stirbey), celle de
Romanet (ministère des finances), celle de Nicolescu (mai-
son Monteor), celle de Vacarescu (ministère de la justice),
celle de Filipescu Yulpe (Académie Roumaine), celle de
Philippe Lens (C. Vernescu), etc.

A droite, en montant
Podul Mogosoaiei, on rencon-
le

trait, les hans


après avoir passé devant
Zlatari, Filipescu (Passage Villacros), Gre-
ceanului (Palais Niphon), la maison de
Greceanu (coin du Boulevard), celle du
Vornic Slatineanu (Capsa), celle du
prince Gr. Ghica (Club de la Jeunesse),
celle de Take Ghika (Hôtel Continental),
celle de Perticari (Club Conservateur),
celle de Mathieu Cantacuzène (maison
Lahovary, démolie en 1906), celle de
Barbu Slatineanu (Café High-life), celle
de Desliu (maison Eliad, au coin de la
strada Episcopiei), celles de Locusteanu
et de Babeanu, celle de Manolake Flo-
rescu (Ly^ée S Georges), 1
celle de Vaca-
reasca (où a habité Barbu Catargi), celle
de Iordake Golescu (maison Aristide Dame roumaine du
XVIII ' e siècle *

Pascal), celle de Burki, celle de Ioan Faca


(général G. Mano), celle de Iancu Filipescu Buzatul, etc.
Comme on le voit, les boyards s'étaient presque
tous établis le long des deux grandes routes de Brashov
et de Craïova. Quelques uns, après la démolition de la

6613 5
66

Curtea Vechie, se firent construire des maisons dans la


calea Çerban-Vodâ, d'autres sur leurs propriétés, voisines
des grandes rues habitées par leurs pairs: les Dudescu,
les Braïloï, les Rudeanu, autour de Sf*" Apostoli, Cornescu
sur l'emplacement que Joje acheta vers 1880 et sur lequel
l
il ouvrit la strada Régala .

Les boyards, leurs femmes, leurs fils et leurs filles


avaient, dès l'arrivée des Princes grecs, modifié leur cos-
tume et adopté un genre de vie plus luxueux. Comme
on ne sortait jamais à pied, on rivalisait à qui aurait les
plus belles selles, les plus brillants harnais, les carrosses
les plus nouveaux. Chacun avait, sur le siège de sa voi-
ture, un albanais en grand costume, et chaque maison
regorgeait de domestiques.
Les petits boyards, dont plusieurs avaient fait fortune,
soit dans le service des grands, soit dans celui de l'Etat,
parfois dans les deux, commençaient déjà à se construire
eux aussi des maisonnettes de meilleure apparence, pen-
dant que les commerçants se logeaient plus confortable-
ment dans tous les quartiers compris entre l'église S Geor- 1

ges, l'église Sfintilor, l'église Arménienne, l'église Olari,


l'église Lucaci et l'église Boteni.

Le commerce. — C'est que le commerce s'était singu-

lièrement développé pendant le XVIII e siècle. Grecs, Bul-


gares, Arméniens, Ragusains, Vénitiens, Dalmates, Saxons,
de Sibiu et deBrashov, Russes, Allemands, Juifs, arri-
vaient de partout à Bucarest les uns vendaient leur mar-
;

chandise et s'en allaient, les autres s'installaient à demeure.


Le centre de l'Europe avait cessé, pour un moment,
d'être un champ de bataille perpétuel. Les routes interna-
tionales étaient devenues plus sûres le commerce de Buca-
;

rest va désormais s'alimenter à Vienne et surtout à Leipzig,

Avant que Joje eût acheté la maison Cornescu, elle riait


1

occupée par l'imprimerie deP. [spirescu, qui y imprima ses contes.


67

dont grandes foires sont assidûment fréquentées par


les

les grands marchands de la capitale.


Les commerçants de Bucarest n'ont pas besoin de
vastes magasins et de larges vitrines comme aujourd'hui
pour séduire l'œil du passant et at-
tirer la clientèle. Les boyards ne se
dérangent pas. On leur porte la mar-
chandise à domicile. Des vendeurs
habiles déploient devant eux les soieries
brillantes, les gazes délicates, les toiles
éclatantes de blancheur, les bijoux
qui scintillent, les belles armes, les ri-
ches fourrures, les châles soyeux, et
ils font valoir chaque objet. Aussi, les

magasins sont-ils plutôt de misérables


échoppes qu'une étincelle suffit à ré-
duire en cendres. Il faudra une catas-
trophe pour que l'on se décide à cons-
truire des magasins moins exposés aux
incendies.
Tout le commerce était concentré
derrière le Palais princier dans ces
petites rues qui venaient aboutir dans
cette Ulifa mare (la grand' rue) —
devenue rue Lipscani' après 1750 —
et qui portaient les noms des mar-
chands qui s'y étaient installés: strada Boiangiilor (rue
des Teinturiers), strada Selarilor (rue des Selliers), strada
Mârgelarilor (rue des marchands de perles), strada
Fierarilor (rue des Ferronniers ), strada Salvaraglilor (rue

1
Les marchands de Bucarest s'approvisionnaient au XVIII e
siècle à Leipzig (Lipsca en roumain). On appelait Lipscani, les
commerçants qui vendaient des marchandises de Lipsca. Comme
1

ces commerçants étaient surtout installés dans la Grand Rue, celle-


ci prit le nom de strada Lipscanilor.
68

des fabricants de salvari) strada Lâcâtusilor (rue des


1
,

strada Blânarilor (rue des Fourreurs), strada


Serruriers),
Mâtâsarilor (rue des marchands de soieries), strada
Gabrovenil or (rue des ^rchands^e^jGabrova), etc.
É

at*¥€S furent faites pour créer une m^itui Aru*~aJ«* ,

Radu Slatineanu fonde, en 1766, une^^>*


Greceanu £fcU£f
Pociovalesti (Ilfov), le vornic fd*iy< ^
de semoule sur sa terre de Cernesti/^y 4 •

u Ghica crée, la même année, une veréu* , u fc*u*A/fr

loglu une fabrique de fichus de coton h/vX* * MZacu]*.


ains efforts. Toutes ces fabriques dis^*^"**^ A
du siècle. La concurrence étrangère
tr l'absence de capital suffisant les rui4vA«~^~~
Te»t-encore plus que les guerres entre < -

Russie et la Turquie. y

A la fin du XVIII e
siècle, il y avait *
Bucarest des banquiers jouissant d'un
crédit : Meïtani, Sakelarie, Apostol, A**-
fils Manolake, Polyzu Condo, dit

mii zsgBwg.

A côté d'eux, existait toute une


d'enrichis qui affichaient déjà un
presque égal à celui des boyards,
fermiers des douanes,
'étaient, les uns, les

es salines, des voies de communications,


.es postes, etc., car tout était donné en

ferme; les autres, quelques grands com-


D'après ;Ionnescu-Gion.
jyigrçantS
Le fourreur Constantin.
^ Ionnescu-Gion a conservé les

noms de ces capitalistes d'hier: parmi les premiers, Hagi


Moscu, Facca, Romanet, Bellu, Manuk-Bey, Cervenvodali,
Iancu Saifa, Spiridon Cazoti, et, parmi les seconds, le quin-
cailler Stefan Baltaret, le marchand de soieries Balu^a, etc.

1
Les çalvari sont les pantalons d'hommes à fond très ample
comme les pantalons turcs.
69

Tous ces richards avaient des propriétés à Bucarest; ils


commencèrent à acheter des terres dès le début du XIX e
siècle et plusieurs marièrent leurs filles à des boyards.
La douane de Bucarest (la Caryasara, comme on
avant 1778, de ci de là, sur des
disait alors) s'établissait,
terrains vagues voisins du centre.
En 1778, Fhégoumène de Coltea, entrevoyant un beau
revenu, fit construire, sur un
grand terrain inoccupé qui
se trouvait entre ce mona-
stère et l'église S Georges,
1

un local qu'il loua au Direc-


teur des Douanes (Marele
r
1 ame§). La Carvasara y fut

établie à demeure C'est là


1
.

que l'on amenait les marchan- D'après une aqnareiie.

dises de l'étranger; ces mar- Un han à vaienii-de-Munte.


chancises franchissaient la

frontière de Transylvanie à dos de cheval et on les char-


geait sur des chariots à Valeni-de-Munteni ou à Campina.
En dehors de la ville plusieurs foires se tenaient au
cours de l'année, sur les terres des monastères qui perce-
vaient les taxes.
Nous reproduisons ici, d'après Ionnescu-Gion, à titre

de document, le prix de divers articles de consommation


dans première moitié du XVIII e siècle:
la

Un bœuf, de 10 à 15 piastres 2 (lei vechi); une vache,


6 piastres; un cheval, de 8 à 10 piastres; un cheval de
selle, de 20 à 25 piastres un cheval de carrosse, 40 piastres
; ;

La strada Sfin^ilor n'existait pas alors. Le terrain vague


1

occupé par la douane et où arrivaient tous les chars chargés de


marchandises, occupait une sorte de carré à peu près compris entre
la strada Col^ei, la strada Scaune, la strada Pescaria Veche et la
strada St. Gheorghe-Nou.
2
La valeur d'une piastre était de 32 centimes; 1 para valait
0 fr. 0032.
une brebis et son agneau, 1 piastre; une ocque (I kilo
260 gr.) de viande, de 1 à 2 paras; un décalitre de vin,
10 paras; une poule, de 2 à 3 paras; 10 œufs, 1 para; une
oie, de 6 à 8 paras; un dindon, 15 paras; une ocque de

farine, 1 para; l'esturgeon, 4 paras l'ocque; les haricots,


les pois, les lentilles, de 1 à 2 paras l'ocque; le sucre, 2
piastres ; le café, 2 zloti; l'huile, 20 paras l'ocque ; le beurre,
de 6 à 8 paras; le drap, de 8 à 10 piastres l'aune.
Dès que la ville devint plus peuplée, dès que le bien-
être devint plus général, le prix des denrées monta, mais
assez lentement, car, en 1862, la viande de bœuf se ven-
dait encore à raison de 0.40 c. l'ocque, soit 0.37 c. le

kilogramme.

L'aspect de la ville. — Nous emprunterons à la plume


autorisée de Ion Ghica la description qu'il fait de Bucarest
à la fin du XVIII e
siècle.

Du temps de Mavrogheni (1786—1789), Buca-


rest avait déjà une vaste étendue. Supposez une ligne
qui partirait de l'église Sfin^ilor, passerait derrière
l'église Sfta Vineri, continuerait de là jusqu'à la
calea Çerban-Vodâ où elle rencontrerait l'église Sf.
Spiridon, cotoyerait la colline de la Métropole et vien-
drait aboutir à l'église Alba de la strada Casarmei
pour revenir par l'église Antim au jardin de l'Epis-
copie, et, de là, par Icoana et Popa Russu, rejoindre
l'église Sfin^ilor. Cette ligne enveloppait environ
10.000 kilomètres carrés sur lesquels vivaient de 20
à 25.000 habitants.
Les quatre grandes voies qui partaient de la
Curtea Vechie et les quatre autres qui les complé-
taient (calea Tîrgoviste, calea Herestràu, Podu de
Pâmênt et calea Vitanului), laissaient entre elles des
vides occupés par des jardins, des vergers, des vi-
gnes et des terrains vagues semés, par ci par là,
de huttes (bordei), de chaumières et de maisonnettes
séparées les unes des autres par des carrières a
71

sable et des marais au milieu desquels s'élevaient


lts tas de fumier des écuries des boyards.
Vu de la colline de la Métropole, Bucarest res-
semblait plutôt à une forêt qu'à une ville, avec de
grands arbres chevelus au travers desquels brillaient
les croix dorées d'une centaine d'églises grandes et
petites. Dans cette immensité de verdure, on aper-
cevait en certains endroits quelques clairières c'é- :

taient les grands hans et les maisons des boyards.

Vue du Bucarest ancien.

En tournant les yeux vers la Crucea Slobozia de la


calea §erban Vocla — monument élevé en souvenir
de la bataille que le prince Léon livra aux boyards
soulevés et qui ne voulaient plus des Grecs un —
peu à gauche —
derrière le clocher de l'église Radu
Vodâ, on distinguait, enfouie dans les arbres, la petite
église S 1
Athanase, dite église de Bucur, qui, avec
-

sa tour ronde comme un champignon, ressemblait,


au milieu de ces arbres séculaires, à un enfant abrité
sous une ombrelle et appuyé à un chêne touffu. Un
peu à droite, à travers les branches des arbres, au
faîte d'une tour de bois noirci par la mousse qui
l'avait envahie, on apercevait la croix de l'église
Olteni, temple lort modeste, mais qui nous rappelle
la lutte héroïque des 44 compagnons de Himariote
tombant l'un après l'autre jusqu'aux deux derniers,
72

qui, se frayant un chemin à coups de yatagan dans


les rangs des Turcs de Tahir aga, s'en allèrent mourir
pour l'indépendance de leur patrie à Missolonghi près
de lord Bvron.
Si l'on regardait à gauche vers Jignita, en par-
tant de l'église Sfta Vineri vers Scaune, on voyait
l'observatoire des pompiers, un chef-d'œuvre de char-
penterie, une sorte d'échelle pour les chats, formée
d'une quantité de poutres appuyées les unes sur les
autres et à travers desquelles, comme à travers un
gril, on apercevait l'église Sfintilor.

Vue du Bucarest ancien.

En suivant vers la gauche, par dessus les tours


nombreuses et légères de S Georges, l'œil s'arrêtait
1

avec admiration sur le plus haut et le plus grand


des édifices de la capitale, la Tour Col^ea, qui do-
minait la ville et portait fièrement ses créneaux dans
les nuages.
Vers le milieu de la ville, parmi les arbres et
les dômes, se trouvaient les grands hans.
Les maisons des grands boyards étaient, pour
la plupart, au bord de la rivière; en partant du sud
de la Dâmbovita, il y avait d'abord la maison de
Pana Filipescu; plus bas, la demeure des Cantacu-
zène jusqu'à la maison de Colfescu; en descendant,
on rencontrait celle de Constantin Kretzulescu et de
son frère [strate, puis celle du ban Scarlat Ghica
dans Gorgan; là où est la préfecture d'Ilfov, la de-
meure du vieux ban, (on désignait ainsi la maison du
ban Dumitrake Ghica, père de Scarlat). Au dessus de
S loan. la maison Vacarescu (actuellement maison
1

Prager). De l'autre côté de la rivière, le palais de Ma-


nolake Brancovan '.

Vers l'est, du côté de ColÇea, se trouvaient les


maisons de Barcanescu, de Candescu, de Câmpineanu,
de Racovi^a et de Balianu.
Quand, du haut de la colline de la Métropole,
un soir de dénie, dans la tranquillité mélancolique
du crépuscule, l'appel aux fidèles s'envolait des cent
églises à la fois, que des millions de tons variés
s'échappaient des mille clochers grands et petits de
la capitale, que ces notes sortaient de toutes les tou-
relles pour se confondre dans une rumeur générale
comme des vagues refoulées les unes par les autres
vers une rive invisible, l'atmosphère entière semblait
transformée en un tourbillon d'harmonie et l'âme,
envahie par un sentiment de piété profonde, se sen-
tait disposée à la prière.
Dans tempête de sons, comme l'œil dis-
cette
tingue sur la mer en furie les voiles des navires
parmi l'écume blanche qui jaillit des vagues, l'oreille
percevait dans l'immense concert la voix plaintive
de Saint-Georges qui répétait en cadence le nom de

1
„Ce palais a reçu dans ces cinquante dernières années des
hôtes de tous rangs, dit Ion Ghica. Il a été tour à tour un palais,
une caserne, un hôpital et une ruine; dix fois, il a été construit
et détruit, dévasté, restauré et abandonné. Il a abrité Caradja
après l'incendie du palais de Dealul Spirei; Ypsilante y est des-
cendu; Tudor Vladimirescu l'a habité quand il est venu à Buca-
rest avec ses pandours; il a servi de résidence à l'état-major turc
du temps de Kehaïa-Bey et de Gavanosoglu. Rebâtie et embellie
par le prince Bibescu, cette demeure a servi à Orner pacha, aux
généraux russes, aux soldats et aux malades de toutes sortes d'ar-
mées. Elle a été résidence de princes, quartier général des com-
missaires et chefs d'armée pendant toutes les invasions, toutes les
occupations."
74

l'infortuné Brancovan, la voix triste et fière d'An-


thime, le battement lent et hautain de S Spiridon t

qui répondait à Sarindar et à Curtea Vechie, la


cloche de féte de Coltea, voix graves que traver-
saient de toutes parts les voix aiguës et argentines
des cent petits clochetons des églises des faubourgs.
Maintenant la rumeur de
la foule, le bruit des
milliers de voitures qui rebondissent sur les pavés
pointus des rues et les sifflets des sergents de ville
détruisent tout le charme de cette sublime harmonie;
on entend à peine les cloches et les fidèles ne se réu-
nissent plus autour des autels.

Les environs du vieux Bucarest. Tout autour de —


Bucarest s'étendaient de grandes propriétés appartenant à
des boyards. Sur la —
rive gauche de la Dâm-
bovitsa, toute une série
d'étangs formant un demi-
cercle au delà de la ville.
Sur la rive droite, un
cirque de collines,
"pimt. de g. Baiiste. Au sud de la ville,
L'étang de Colentina. ily avait l'immense do-
maine de la famille Vaca-
rescu. C'est là que, en 17 16, le prince Nicolas Mavrocordat
fit construire le monastère qui porte encore aujourd'hui le
nom de Vacaresti et qui a été trasformé en prison. A l'est

du monastère, les villages de Popes, ti et de Cioplea et,


au nord, le monastère de Cernica, bâti en 1608, près duquel
se trouvait le palais d'été du prince Sherban Brancovan,
dont ne reste plus que quelques ruines. Plus loin, le
il

monastère de Pantelimon, construit en 1748 par la fa-


mille Ghica, et le monastère de Marcoutsa, dont on a fait
un hospice d'aliénés.
.

75

En revenant vers le nord, on rencontrait 1 étang de


2
Colentina, celui de Herestreu 1
et le bois de Baneasa .

De Baneasa à la Dâmbovita s'étendait une grande


plaine, propriété de la famille Giulescu, que traversait la

route de Brashov.
Sur le bord de cette route, là où est aujourd'hui le

premier rond-point de la Chaussée


Kisselef, existait un grand moulin
à vent qui n'a disparu qu'en 1 831
A l'extrémité de la plaine,
au bord de la rivière, se trou-
vaient les moulins de Groza-
vesti.
Sur la rive droite, le vil-

lage de Cotroceni, qui est de-


venu le quartier Sf. Elefteriu;
plus loin, colline Spirea, où
la
. Phot. de M. Menu.
'

les gens de la ville ve-


petites
Gens du peuple dansant<
naient boire et danser pendant
les fêtes de Pâques. Ypsilante avait fait construire sur
cette colline, en 1774, le palais qui brûla sous le règne
de Caradja, en 1813 (Curtea arsâ). Plus loin encore, la
propriété de la famille Bellio où le peuple venait se ré-
jouir les jours de fête 3 et qui est occupée aujourd'hui par
les cimetières orthodoxe, catholique et israélite. Cette pro-

Herestreu était le lieu de réunion des boyards hors la ville,


1

près du kiosque qu'Alexandre Ypsilante avait fait élever sur les


bords du lac.
2
Ce bois était situé sur la propriété du ban Vacarescu; il
prit le nom du titre de la femme du ban (Baneasa).
3
Parmi les endroits où se rendait de préférence le peuple,
M. Ionnescu-Gion cite: le Cabaret dans le bois (là où est aujourd'hui
la strada Berzei, la Fontaine des Beizadei, (dans le bois de Cotro-
ceni), le champ de Filaret, le bois de Sf. Flefterie, le jardin de
Scafa, le jardin du Cismegiu, les bosquets de Hagi-Ilie, (du côté
des Mosi), le verger Destin, ie jardin de Giafer et le jardin de
Barba- ta ta.
76

priété reliait le Dealul-Spirei au monastère de Vacaresti


d'où nous sommes partis pour faire le tour de Bucarest.

Peste, tremblements de terre et incendies. — Bu-


carest eut fréquemment à souffrir de ces trois calamités
du XVII e
au milieu du XIX e siècle,
La peste ravagea la ville en 1660, 1676, 1689 et 1697,
en 1707, 1718, 1736, 1737, 1738, 1756, 1792 et 1795. On
dit que, pendant les trois années de 1736, 1737 et 1738,
il n'est pas mort moins de 30.000 personnes de la terrible

maladie qui épouvantait si fort les habitants.


Pendant ce temps, de violents tremblements de terre
ruinaient les édifices de la ville. Il y en eut un très fort
le 31 mai 1738, puis le 26 mars 1740, le 24 novembre 1793,
en février 1794 et enfin le 14 octobre 1802. C'est alors
que la partie supérieure de la Tour Coltea s'écroula, ainsi
que monastère de Cotroceni.
le

Les incendies éclataient à tout moment dans cette


ville dont les maisons étaient couvertes en bardeaux ou en

roseaux, dont beaucoup d'églises et presque tous les ma-


gasins étaient en bois.
On cite, parce qu'ils causèrent plus de dégâts, l'incen-
die du 15 juin 1691, celui de 1704 quand brûla le han
Çerban-Vodâ, celui de février 1719 sous Nicolas Mavro-
cordat quand brûla le monastère de Cotroceni, celui du
27 février 1739 quand le monastère de ColÇea et tout le
quartier environnant devinrent la proie des flammes les ;

bouchers de Scaune quittèrent leur quartier en ruines et


1

vinrent s'établir près de la Dâmbovitsa; celui du 2 no-


vembre 1766 qui détruisit le Targul-Cucului (près de St.
Georges) et celui du 29 octobre 1787 qui ruina encore une
fois lemonastère du Cotroceni.
Dans la première moitié du XIX 1

siècle, les incendies


furent tout aussi nombreux.

1
Scaune signifie ('-taux de bouchers. Le quartier porte en-
core ce nom.
77

Le 28 août 1804, tout le centre de la ville brûle; le

22 décembre 1812, sous Caradja, le palais construit en


face du monastère Minai- Voda par Alexandre Ypsilante
est détruit par le feu en 822, ce sont les échoppes de la
; 1

rue des Cavafî qui flambent; en 1825 celles du Podul-


Beilicului (calea Çerban-Voda) en 1835, le centre de la
:

ville est encore la proie des flammes: en 1838, c'est le


han Rouge (strada Carol) qui brûle; en 1839, le han
Zamfir: enfin, le 23 mars 1847, sous le règne du prince
Bibescu, le jour de Pâques, un incendie terrible s'étend
sur tout le centre et ruine treize quartiers, détruisant un
grand nombre d églises: Saint-Démètre, l'église princière
(Curtea Vechiej, Sf. Anton, la Bara^ie, Sf. Gheorghe-Nou,
Sf. Gheorghe-Vechie, Sf. Mina, Stelea, Udrican, Lucaci,

Ceauç-Radu et Sf. Stefan. Le désastre fut si grand que


le souvenir de cet incendie ne s'est pas encore effacé de
la mémoire des habitants de Bucarest.

==
CHAPITRE III

BUCAREST AU XIX E
SIÈCLE

on Ghica, qui avait tant vu et qui avait l'esprit


si net, adans les Convorbirile economice:
écrit,

„Si sur Bucarest n'a-


vaient pas cent fois
passé et repassé le sabre, le feu»
l'eau, les tremblements de terre,
les Turcs, les Tatars, les Hon-
grois, les Russes et les Autri-
chiens, et surtout tant de mau-
vais princes avec des ministres
et des favoris comme Veleli,
Tsucala et Lohana, cette capitale
n'aurait rien à envier à Vienne
ou à Berlin".
L'ancien président du con-
seil du prince Charles se faisait
illusion.Une ville ne se trans-
Ion Ghica.
forme pas du jour au lendemain Publiciste, économiste, et homme
«l'Etat roumain.
lorsque son administration ne dis-
pose pas de centaines de millions et qu'il n'y a que de très
rares capitalistes parmi ses habitants. Nous vivons, depuis
80

quarante ans, sous le meilleur des rois et Charles I er a


eu de bons ministres de même que Bucarest a eu de bons
maires, et chacun d'eux a fait ce qu'il a pu, et cependant,
jusqu'en 1878, Faspect de Bucarest a peu changé. Ce n'est

Phot. de Fauteur. Phot. de l'auteur

Maisonnette de Bucarest. Maisonnette de Bucarest.


Existant en 1906. Existant encore calea Dudesti.

qu'à partir de époque que l'on a commencé à mo-


cette
derniser la ville. On y
a travaillé pendant vingt ans. Certes,
le Bucarest de 1906 ne ressemble guère à celui de 1806;

toutefois, nous sommes encore loin de n'avoir rien à envier


non seulement à Vienne ou à Berlin,
mais encore à quantité d'autres gran-
des villes de l'P^urope occidentale, où
la population est tout entière urbaine^
tandis qu'à Bucarest une partie de la
population est encore rurale. C'est ce
mélange de la classe paysanne avec
les autres classes de la société qui
donne à notre capitale son aspect par-
ticulier, qui frappe tous les étrangers
de passage à Bucarest et qui durera
Phot. de l'auteur.
encore longtemps, car la différence
Maisonnette de Bucarest.
Kxistant encore <lans la très grande qu'il y a entre les paysans
strada Popa-Kitsu.
et les autres classes, dans le costume
et la manière de vivre, n'est pas près de s'effacer.
La campagne pénétrait y a vingt ans jusqu'au
il

cœur de la ville. Elle a commencé à reculer, et, si l'on


3

81

s'était bâté de tracer des limites à Bucarest, on aurait


déjà aujourd'hui une ville entièrement moderne, six fois
moins étendue que la ville actuelle, mais bien pavée, bien
éclairée et peuplée de belles rues et de superbes jardins.
Des considérations politiques ont toujours retardé cette
solution qui s'imposait cependant, et on a laissé la ville

s'étendre dans la campagne, conservant ainsi à Bucarest


son aspect primitif de gros bourg entouré d'une agglomé-
ration de villages où s'élèvent chaque
année, parmi les masures, de riches de-
meures, qu'on est tout étonné d'y ren-
contrer.
Ion Ghica déplore également la dis-
parition de nombreuses industries rou-
maines.
Or, M. Ionnescu-Gion constate, dans
son Histoire de Bucarest avant 1800,
que, à partir de 1740, le commerce rou-
main avait complètement passé entre
les mains des étrangers.
Nous avons déjà dit plus haut deux
mots de cette question. Nous croyons
cependant devoir y revenir
ici pour
fixer certains points relatifs au dévelop-
pement de la capitale de la Roumanie.
Il ne faut pas oublier que Bucarest est une ville de

boyards, venus, à partir du XV e siècle, s'établir autour


de l'ancienne forteresse de la*Dâmbovitsa et dont le nombre
s'est accru dans les siècles qui suivirent.
Autour de ces boyards, que voyons-nousV 1° Des
fonctionnaires, gens de petite noblesse, arrivés aux fonctions
par les portes basses, toujours rampants, serviles envers
les forts, durs envers les petits qu'ils spoliaient effronté-
ment; cette classe comprenait, depuis le XVI e siècle, un
nombre considérable de Grecs, qui peu à peu se rouma-
nisèrent et dont beaucoup arrivèrent à la grande boyarie ;

661 6
M2

2° des prêtres, recrutés parmi les paysans, ignorants comme


eux, superstitieux et misérables, car les églises riches
furent toujours entre les mains des moines grecs; 3° des
paysans que les boyards amenaient de leurs terres pour
cultiver les vignes et les vergers entourant leurs ha-
bitations; 4° des artisans roumains, serbes, bulgares et
hongrois, des charrons, des tonneliers, des tanneurs, des
teinturiers, des bouchers; 5° quelques commerçants étran-
gers, Saxons, Grecs, Arméniens et Juifs:
6n des Tsiganes, esclaves des boyards,
qui les vendaient pêle-mêle avec leurs
chevaux, leurs bœufs et leurs moutons,
et qui représentaient pourtant toute une
classe d'artisans, sans parler des musiciens.
A côté des boyards, — riches et
puissants comme eux, — les hégoumènes
des monastères dédiés qui exploitaient
d'immenses domaines avec une rapacité
sans exemple.
Le prince, les boyards et les mo-
nastères possédaient tous les terrains de
la ville et de vastes propriétés au delà
des étroites barrières de l'époque.
Sur ces propriétés, ils accordaient
à des vignerons, à des cultivateurs, à
des artisans, à des commerçants, l'auto-
risation de se construire une hutte (bordei) ou une masure,
et,de tous les côtés, on vit s'installer de petits villages
pauvres autour d'une église en bois.
Dans cette société quasi- féodale, le travail manuel
exercé par des esclaves, des étrangers ou des paysans,
était considéré comme chose vile et le commerce comme
peu digne d'un Roumain qui s'anoblissait en devenant
fonctionnaire.
Cent ans ont passé sans beaucoup modifier la men-
talité des Roumains à cet égard. Le vieux préjugé existe
83

encore aujourd'hui, Ton continue à considérer comme


et
une déchéance de se livrer au commerce et comme un
honneur d'être nommé dans une fonction, lût-elle infime.
Confinés dans la petite indus-
trie domestique qui était appelée à
disparaître dès que le pays progres-
serait, la basse classe végéta pen-
dant que se développaient la classe

des fonctionnaires et, plus tard, les


classes libérales : et, comme les be-

soins de ces classes plus aisées et


ceux de la classe riche croissaient
chaque jour, les étrangers s'empres-
sèrent d'y pourvoir.
Dès la fin du XVIII e siècle,
nous avons vu tout le grand com-
merce et la banque entre les mains
Commerçant riche de Bucarest.
d'étrangers qui avaient des capitaux,
du crédit et des habitudes de travail et d'économie, en un mot
qui étaient supérieurement armés pour la Jutte économique.
Le luxe ne que grandir au XIX e siècle, car l'ou-
fit

verture des ports de la mer Noire aux navires de tous


les pays (1829) avait donné un nouvel essor à l'agriculture
et enrichi les propriétaires, qui, tous à l'envi, se firent con-
struire maisons plus modernes, commandèrent des
des
meubles à l'étranger, abandonnèrent leurs vêtements su-
rannés et adoptèrent le costume européen, pendant que
leurs femmes et leurs filles s'habillaient „comme à Paris'*,
en attendant qu'elles s'habillassent à Paris \

1
On comprendtrès bien pourquoi les passementiers, si nom-
breux alors qu' en honneur les costumes chamarrés de galons,
était
devinrent très rares au XVIII e siècle, quand, à la suite des Fana-
riotes, les boyards adoptèrent le costume oriental et que l'usage
des fourrures développa alors une industrie prospère, celle des
fourreurs, qui tomba en décadence dès que les hautes classes
adoptèrent le costume européen.
84

Il est naturel que, pour satisfaire les besoins de cette


seule classe riche, qui ne réclamait que des produits venant
du dehors, se soient installés à Bucarest une foule de com-
merçants étrangers, dont le nombre n'a fait que croître.
Les quelques commerçants roumains qui essayèrent
de lutter furent rapidement vaincus, et, à mesure que la
classe des fonctionnaires, imitant les boyards, quitta son
ancien costume, renouvela ses meubles, adopta un genre
de vie plus occidental, on vit ar-
river le juif qui se substitua à
l'arménien et au saxon.
Les femmes du peuple ces-
sèrent de tisser la toile dont s'ha-
billait toute la famille et les
foulards dont on faisait autrefois
une si grande consommation à
Bucarest. En même temps, elles

quittèrent le costume national. Ce


changement dans les habitudes
de la basse classe eut un double
résultat : il fit disparaître les

teinturiers et fournit une nou-


velle clientèle aux juifs.

Arnaute au service d'un boyard. C'est à CCS modifications


apportées brusquement dans le

costume de toutes les classes de la population de la capitale

qu'il faut attribuer la disparition des islicari et des §al-


varagii, ainsi que la ruine des pelletiers et des fourreurs.
*

Bien que la ville continuât à s'agrandir, Bucarest lit

peu de progrès, dans les premières années du siècle.


On répara des églises, les boyards construisirent quel-
ques maisons assez confortables; les bordei disparurent
peu à pou et furent remplacés par de petites maisonnettes;
des magasins remplacèrent les anciennes échoppes; on sub-
86

stituapeu à peu les toitures en tôle aux anciennes toitures


en bardeaux, on pava quelques rues. Mais ce fut à peu
près tout. En 1831, le comte Paul
Kisselef, gouverneur général des
Principautés au nom du Tsar,
fit démolir le moulin à vent qui

se trouvait à la sortie de la ville


sur la route de Brashov et fit

dessiner et planter les jardins


qui bordent cette partie de la

route à laquelle on donne encore


aujourd'hui le nom de Chaussée

Kisselef. Vers la même époque,


l'étang de Cismegiu fut trans-
formé en lac et entouré d'un jar-
din. Les barrières furent reculées
et on créa des cimetières; mais
l'aspect général de la ville ne
pas modifié.
fut
Le prince Caradja.
Et pour tant que d'événe
ments depuis le commencement du siècle! Occupation de
Bucarest par Russes (1807); arrivée des Turcs (1812)
les et

fuite des boyards, du métropolitain


et des évoques incendie du palais prin-
;

cier de Dealu-Spirei; ravages occa-


sionnés par la peste; départ précipité
de Caradja qui abandonne le trône
(1819); avènement d'Alexandre Sou-
tzo; menées des hétairistes qui em-
poisonnent ce prince (18 janvier 1821);
soulèvements dos Roumains contre
les (irecs; entrée de Tudor Vladimi-
rescu à Bucarest.
Tudor Vladimirescu.
Nous voiciun tournant de
a
l'histoire roumaine. Le régime des Fanariotes est fini;
1rs princes indigènes remontent sur le trône; les boyards.
87

qui s'étaient réfugiés à Brashov pendant les troubles pro-


voqués par l'hétairie, rentrent à Bucarest, et les hégou-
mènes grecs sont partout expulsés
et remplacés par des Roumains.
Puis vint la convention d'Aker-
mann (1826) et l'influence croissante
de la Russie. En 1829, les Russes
occupentles Pays Roumains, et nom-
ment un gouverneur général des Prin-
cipautés, d'abord le comte Pahlen,
auquel succéda bientôt le général Jol-
tuchin, que remplaça le comte Paul de

Le prince Alex. Ghica.

accompagné l'inv-asion
Kisselef.

des
^ ^
Russes.
^ ^
En 1830, ce fut le

choléra qui éclata et fit

des milliers de victimes.


Les événements se
pressent. Le Règlement
organique est voté (1 831 ),
Alexandre Ghica est
nommé prince (1834), les
Russes quittent Buca-
rest; le pays roumain
respire enfin et on se
prend à espérer. Des jour-
naux se fondent, le col-
lège Saint-vSava est ou-
vert et Valachie eut
la

son Parlement, un em-—


bryon de Parlement, il
est une sorte de
vrai,
chambre des pairs où
Le prince D. Bibescu.
quelques grands boyards
se réunissaient sous la présidence du Métropolite, mais
enfin une assemblée politique.
Mais les intrigues des boyards troublent de nouveau
le pays. Alexandre Ghica est destitué et Démètre Bibeseu
est élu prince à vie par ses pairs (1842). Les passions
politiques sont toujours très vives dans
la classe dirigeante, si loin des autres
\ classes. Le prince Bibeseu voit se

y \ liguer contre lui la majorité des grands


boyards. En mars 1847, un incendie
terrible ravage tout le centre de la
ville. En juin 1848, c'est la révolution
qui éclate. Bibeseu abdique et un gou-

vernement provisoire s'installe. La


rue se mêle à la politique, de grandes
assemblées populaires sont tenues à
J. Heliade-Radulescu.
Filaret; trois mois de fièvre et d'en-
thousiasme; on brûle en grande pompe le Règlement or-
ganique, on parle de proclamer la République. Et, tout à
coup, les Turcs occupent la ville, après une courte lutte
avec pompiers qui essaient, à Dealul-Spirei,
les vaillants
de défendre l'entrée de la capitale. Les révolutionnaires,
Heliade, les frères Bratianu, les
frères Golescu, Ion Ghica, N. Bal-
cescu, D. Bolintineanu, etc., sont
arrêtés envoyés en exil; des
et
boyards sont enfermés dans des
monastères. Le prince Stirbey,
frère aîné de Bibeseu, est appelé
au trône et l'on respire de nou-
veau.
Mais l'année 1853 ramène les
Russes, et Bucarest voit un nou-
veau gouverneur, Kalcinsky, qui, N. Balcescu.

pendant dix mois (1853—1854) administre le pays au nom


du Tsar.
Les Russent partis, ce sont les Turcs, puis les Au-
«11

trichiens qui les remplacent ceux-ci restent jusqu'en mars


1
;

! 857. C'est la dernière armée d'occupation que verra Bucarest.


Le traité de Paris de 1856 avait rouvert tous les
cœurs à l'espérance Un divan ad-hoc est enfin convoqué
.

dans lequel toutes les classes de la société sont représentées.


Cette assemblée se réunit à Bucarest, le 1 I octobre 1857, sous
la présidence du métropolite
Niphon et vote les vœux du
pays elle réclame l'union de la
;

Valachie et de la Moldavie, et
demande qu'on donne à la
Roumanie un prince étranger
issu ,
d'une des familles ré-

gnantes de l'Europe.
L'Europe n'accède pas à
ces vœux et la Convention de
Paris (19 août 1858) décide
que les deux Principautés con-
Le prince Couza
tinueront à vivre séparées et
éliront chacune un prince indigène. Le 5/17 janvier 1859
la Moldavie ayant élu prince le colonel Couza, l'assemblée
de Bucarest, le 24 janvier 1860, l'élit prince de Valachie,
et, voici l'Union presque réalisée. En 1862, le prince Couza
proclame l'Union et transfère sa résidence à Bucarest qui
devient capitale des Principautés-Unies avec un seul mi-
nistère et une seule Chambre 2 .

Ce fut une heure inoubliable dans la vie du peuple


roumain, mais tout spécialement dans l'histoire de Bucarest,
qui vit refluer vers lui un grand nombre de Moldaves, et
qui concentra toutes les forces vives du pays.

Alexandre Ghica fut nommmé caïmacam de Vaiachie.


1

La première Chambre roumaine se réunit le 24 janvier


-

(5 février) 1862. Le ministère était ainsi composé: Barbu Catargi\


président du conseil, intérieur et travaux publics; Ap. Assaki, af-
faires étrangères; Al. C. Morouzi, finances; L. Braïloï, justice:
Gr. Balsh, instruction publique, et le prince ./. Gr. Ghyka, guerre.
91

C'est à partir de ce moment que la ville commença


à se moderniser.
La vie politique devenait de plus en plus intense
depuis que des éléments nouveaux avaient été admis à y
prendre part. Les luttes parlemen-
taires étaient de plus en plus vives.
Le premier ministre Barbu
Catargi est assassiné en sortant de
W ^^^M
? /-v£§ la Chambre (1863). Les biens des

m* monastères dédiés sont sécularisés.


Couza et Kogalniceanu font le coup
d'Etat du 2 /i4 mai 1864. Le Code
Napoléon est introduit, la corvée est
supprimée, six cent mille paysans
sont rendus propriétaires, l'instruc-
tion devient gratuite à tous les

Michel Kogalniceanu. degrés.


Mais une vive opposition se
déclare contre Couza Une émeute éclate le 3/ 5 août 865 la
1 1
;

populace envahit la mairie et jette les archives par les fenê-


tres clans laDâmbovitsa. L'armée réta-
blit l'ordre à coups de fusil. On n'a pas

encore oublié dans le peuple „le sang


versé à Bazaca\ Cet événement rap-
procha les partis qui étaient hostiles
au prince Couza et une société secrète
se forma dont firent partie Ion Ghica,
Th. Vacarescu, B. Hiottu, Lascar Ca-
targi, C. A. Rosetti, N. Blaremberg,
Jean Bratiano, Dém. Stourdza, le
prince Dém. Ghica, Heliade, les frères
Golescu. P. P. Carp, Dém. Bratianu,
D'après une aquarelle.
le général prince J.-G. Ghyka, C. Les paysans
Braïloi, J. Cantacuzène, P. Mavro- saluant le Prince Charles
à son arrivée.
gheni, G. Ghica, etc. Le but de cette

société était de renverser Couza et de faire monter sur le


92

trône un prince étranger. Les membres prirent des enga-


gements formels et fondèrent un journal, la Revue du
Danube, qui était rédigé par C. Gradisteanu, Em. Kre-
tzulescu, Dém. Berendeï, R.
Ionescu et N. Blaremberg.
Quelques mois après, le Vu
février 1866, une conspiration
militaire forçait le prince Couza
à abdiquer 1

. Bucarest vécut
encore pendant deux mois dans
la fièvre et l'anxiété. Philippe
de Flandre est élu prince de
Roumanie; il refuse. La Tur-
quie menace d'occuper le pays.
Enfin une solution est trou-
10
vée, et, le /2 2 mai 1866, le
prince Charles de Hohenzol"
lern,que Jean Bratianu a
accompagné depuis Baziash,
fait son entrée dans la capi-
tale où
est reçu par le maireil

Le prince Charles en 1866.


M. Dém. Bratianu, qui lui pré-
sente Je pain et sel, et la ieutenance princière composée
du général N. Golescu, du colonel Ha-
ralamb et de Lascar Catargi. Bucarest
acclame le cortège princier qui se rend
à la Métropole.
C'est une ère nouvelle qui com-
mence. Tous les vœux du peuple Rou-
main, exprimés par les Divans ad-
hoc de 1857, sont enfin réalisés; la
Roumanie est unie, elle a pour souve- La princesse Elisabeth
rain un prince étranger élu à vie et de Wied en 1868.

à appartenant une des plus i lustres familles régnantes d

Le préfet de police d'alors était M. Alex. Beldiman.


93

l'Europe occidentale; il ne lui reste plus qu'à conquérir


son indépendance.
Le soir même de l'arrivée du prince Charles, la lieute-

nance princière
avait remis sa dé-
mission et un mi-
nistère, présidé
par Lascar Ca-
targi et dans le-

quel prenaient
place P. Mavro-
gheni, J. Bra-
tianu, C. A. Ro-
Nicolas Golescu
setti, le général
Lieutenant princier
en 1866. J. Ghyka, Jean
Cantacuzène et

Dém. Stourdza, été constitué.


On discuta à la Chambre la Le colonel Haralamb.

Constitution et l'opinion publique Lieutenant princier en isôô.

suivait ardemment ces débats. Des gens sans aveu, des


faubouriens exaltés prirent prétexte d'une proposition de
naturaliser en
bloc tous les J uifs
pour faire une
manifestation
anti-sémite. Une
bande dévasta la

synagogue de la

Strada Sf ta Vi-
neri et la dé-
molit.Le prince
Charles, pour
Jean C. Bratianu P. Mavrogheni
protester contre^ des affaires étrangères
.Ministre «les finances en 1866. en 1866.
cet acte de van-
dalisme, donna 72.000 fr. de sa cassette particulière pour
contribuer à la reconstruction du temple israélite.
94

Bucarest, après tant de tristesses, de misères, de


malheurs, verra enfin sonner des heures de joie, de bon-
heur et de gloire.
Sa population
fête le mariage
de son jeune
Prince avec la
Princesse Elisa-
beth Wied,
de
dont la beauté
et le radieux sou-
rire l'enchantent
dès le premier Général I. Em. Florescu
Lascar Catargi. jour et elle ap- ministre de la guerre
Lieutenant princier et prési- i de 1871 à 1876.
dent du conseil en 1865, plaudit aux pa-
en 1871, et en 1891.
roles le maire
de bienvenue que
d'alors,M. G. Gr. Cantacuzène, adressa à la jeune Prin-
cesse; elle se réjouit à la naissance du premier enfant de
ses Souverains, la petite princesse Marie, et elle pleure Sa
mort prématurée. Elle assiste à de
fréquents changements de gouverne-
ment et fait son apprentissage poli-
tique dans les réunions publiques où
la passion parle toujours plus haut
que la raison.

Bucarest assiste à cette soirée


de désordre du ,0
A2 mars 1871, quand
des exaltés brisèrent les vitres de la

salle Slatineanu où étaient réunis les


Allemands de la capitale pour fêter

Basile Boerescu.
la proclamation de l'Empire, il apprit
Ministre des affaires étran- dans la nuit la décision du Prince
gères en 1872.
d'abdiquer, et, dans l'angoisse, at- il

tendit le lendemain
Le Prince avait congédié son cabinet
et consenti «à rester si un nouveau gouvernement garan-
tissait le maintien de l'ordre. Lascar Catargi assuma cette
responsabilité Mavrogheni,
avec, pour collaborateurs, P.
B. Boerescu, le général Florescu, Alex. Lahovary. Le prince
Dém. Ghica présidait la Chambre. Bucarest vit renaître les
grands jours d'opposition violente et assista aux réunions

Le prince Dém. Ghica Al. Lahovary.


président de la Chambre de 1871 à 1876. Ministre de la justice de 1872 à 1876.

publiques qui se tenaient dans la maison de


le jardin de
Mazar-Pacha l'orateur monté sur une table placée dans
le vestibule, afin de ne pas violer absolument la loi qui

1
La maison du général Lakeman, dit Mazar-Pacha, déjà très
délabrée à cette époque, était située au fond d'une grande cour
pavée en pierres roulées et envahie par les mauvaises herbes.
Elle se composait d'un rez-de-chaussée surmonté d'un étage. Elle
couvrait tout l'espace compris entre la maison du docteur Pan.
Iatropol, aujourd'hui maison Pake Protopopescu,
maison Szath-et la
mari, c'est-à-dire là où l'on a construit de bains
l'établissement
Central et deux maisons toutes neuves. Derrière, s'étendait un grand
jardin, qui communiquait d'un côté avec la propriété Cornescu et un
terrain vague qui taisait le coin de la strada Col^ei là où est
aujourd'hui la maison Cazotti. La propriété Cornescu, où se trouvait
alors installée l'imprimerie de Petre Ispirescu, fut achetée par Joje
qui y joignit le jardin de Mazar-Pacha et en fit la strada Régala.
96

exigeait que les réunions publiques se tinssent en lieu


couvert.
Bucarest, qui avait à ce moment pour Maire le co-
lonel G.Mano, était maintenant éclairé au gaz; des lignes
de chemins de fer reliaient la capitale à tous les grands
centres du pays et la mettaient
en communication avec l'é-
tranger; les rues principales
étaient pavées en pierres cu-
biques, des tramways circu-
laient, l'Université s'organisait,

les lycées étaient trop étroits


pou r contenir tous les élèves qu
y affluaient; on augmentait
chaque année le nombre des
écoles primaires et le général
Florescu formait une armée.
L'année 1876 arriva. Las-
Le Prince Charles en 1875.
car abandonna le
Catargi
pouvoir. Manolake K. Iepu-
reanu lui succéda, bientôt remplacé par Jean Bratianu.
L'année suivante, la Russie déclare la guerre à la Tur-
quie. Un frisson d'enthousiame passe sur toute la Rou-
manie. L'armée est concentrée les Cham- ;

bres proclament l'indépendance. Bucarest


voit défiler dans la calea Mogosoaiei le
Tsar Alexandre III précédé de la garde
impériale et ayant à ses côtés le prince
Charles et le grand-duc Nicolas. Puis
les bulletins de victoires, la prise de
Plevna, la rentrée triomphale des trou-
pes ayant à leur tête le lier capitaine,
le Prince glorieux qui a reconquis l'ill- Manolake K. Iepureanu
t i> • •
r Présideni du conseil en
dépendance. La Roumanie a pris enhn
i

i867

sa place dans le monde et elle va pouvoir se développer


normalement.

97

La transformation de la Roumanie en royaume (1881 )


marque l'heure décisive de la première étape vers ce
progrès normal.

C'est à partir de ce moment que nous assistons à


une transformation réelle et pro-

gressive de la capitale. La ville

boyarde se modifie en même temps


que la société. Les lois nouvelles
ont supprimé la boyarie, aboli la
corvée, fait des paysans de petits
propriétaires libres, supprimé les
titres de noblesse et les privilèges,

admis toutes les classes à la vie


politique, consacré la liberté de la
presse, rendu la justice égale pour
tous et l'instruction gratuite à tous
les degrés. Une nouvelle classe
riche, instruite, issue du peuple, s'est
élevée au niveau de l'ancienne
classe privilégiée et se confond pres-
que avec elle; une autre classe,
Le Dorobants.
les fonctionnaires, — aisée et compo-
. . .

sée d'hommes également instruits, s'est créée à côté de


l'ancienne classe des petits boyards et tend à la remplacer.
Le clergé est moins ignorant. Le peuple, plus éclairé et
plus conscient de ses droits, se sent chaque jour poussé au
travail et à épargne, car la vie est devenue moins facile,
1

et,au dessous de lui, se forme une classe de commerçants,


nombreuse, travailleuse et économe, composés de Roumains,
d'étrangers roumanisés et d'étrangers.
A partir de 1881, la population s'accrut rapidement.
La richesse augmenta. Les terrains prirent une valeur in-
connue jusqu'alors. De toutes parts, l'Etat, la commune,
les particuliers se mirent à construire, mais sans plan

6613 7
98

établi au préalable, de sorte que la vieille ville survécut


à côté de la nouvelle, la gênant dans son développement.
Nous avons un plan de Bucarest exécuté en 1852, sous
le règne du prince Stirbey par le baron R. A. Boroczyn.

Les barrières étaient alors ainsi fixées: Barbatescu,


Dealu-Spirei, Dudesti (Vitan), Sf. Niculaie, Caramidari, Sf.
Ioan Mosi, Iancului Sf. Vasile, PrecupeÇii-Noui, Podu-de-
:

Pâmênt, Sf. Voivozi,


Vergu et Herestreu.
Il y avait encore
14 monastères: An-
tim, Vacaresti, Sf.

Gheorghe-Nou, Greci,
Sf. Ioan cel mare, Co-
troceni, Kre^ulescu,
ta
Sf Ecaterina, Mihai-
Vodâ, Stavropoleos,
Sf. Spiridon-Nou, Sf.

Spiridon-Vechiu, Zlà-
tari et Sarindar.
phot. de m. Menu. Les édifices pu-

Le Palais royal avant la restauration. bllCS étaient rares.


Il y avait le Palais
princier, là où est le Palais actuel, le Palais Stirbey où
habitait le prince Stirbey de 1849 à 1853 (dans la Calea
Mogosoaiei), l'Agia (préfecture de police), dans la strada
vSf. Ilie, tribunaux en face de Doamna Balacha, le
les
séminaire de la Métropole, la Mairie (Sfatul orâçenesc)
près de la Dâmbovitsa, le collège Saint-Sava, sur les ter-
rains (|ui font face à l'Université actuelle, le Consulat russe
(là où il est aujourd'hui), l'hôpital Brancovan, l'hôpital

Col(;ea, l'hôpital „Philanthropia", l'hôpital Mihai-Vodâ (dans


le monastère du même nom), la Maternité à Radu-Voda,
La caserne de cavalerie (Podul de Pâmênt) et la caserne
d'infanterie ( Dealu-Spirei).
Parmi les grands hans, on voyait encore, mais très
99

délabrés: lehan Sherban-Vodâ, le han Constantin-Vodâ,


le han Grecilor, le han Manuk, le han Papazoglu, le han
Rouge, le han Coltea,
lehan Kretzulescu, le
han Zamfir et le han
Hillel (aujourd'hui la
Banque de Roumanie).
Sur le cours de
la Dâmbovitsa, il y
avait encore six mou-
lins ainsi désignés sur
le plan : Cotroceni
(sous Cotroceni), Pâ-
a (un peu plus bas,
li ci Phot. de M. ClniHseau-Flaviens.

La vendange à Bucarest.
en face de la caserne
de la cavalerie), 1 ladioa (au dessous de Sf. Elefterie), Foi-
shor, Vitan et Dr. Gussi
également du côté de Vitan.
Mais ce qui frappe
surtout dans le plan du
baron Boroczyn, c'est l'im-
portance des vignes qui
couvraient toutes les collines
depuis Cotroceni jusqu'à
Vitan, au passant par Dea-
lul Spirei et les hauteurs
de Filaret.
Parmi les propriétaires,
de ces vignes nous remar-
quons les noms de Poenar,
Cocorescu, Gazoti, Laptef,
Grammont, Mustacof, Ta-
mara, Macedonski, Ange-
Chusseau-F]aviens,
levici, Fanu^a, Tudora Pre-
La vendange à Bucarest.
Andreiu
descu, Taraf,
'opa [oan, Tsucar, Andricu, Gradi^teanu, Bâscoveanu,
100

Take Lupea, Nicolaie Cojocar, Alecu Stavraki, Panu


Argintar.
Les plus
vastes apparte-
naient à la Métro-
pole et au mo-
nastère de Vaca-
resti.

Sur les bords


de la Dâmbovi-
tsa existaient
d'autres vignes
que traversaient
Pbot. de M. Clmsseau-Flavien
les routes vers
La vendange à Bucarest.
Craïova, vers
Giurgévo et vers Calarasj. Parmi les propriétaires, nous
citerons Pânzarul, le Dr.
Gussi et Mitescu.
D'autres vignes s'éten-
daient sur tous les terrains
entre Vitan et Vergu, c'est-
à-dire entre l'usine Lemaître
et la halle Trajan, couvrant
tout le quartier Dude^ti où
elles s'avançaient jusqu'à
l'église Sf ta TroiÇa (calea
Dudesti ).

Dans le quartier Vergu


(strada Càlàrasi), il y avait
des vignes parmi les mai-
sons. L'église [zvor, près
de la calea Dudesti, était
au centre d'un petit village
caché dans des vignes im- La vendange à Bucarest.
menses.
Vers la barrière [ancului existaient, derrière le c ïamp
101

de Mosi, de très grandes vignes appartenant au prince


Grégoire Ghica.
Entre la Chaussée Kisselef et Cotroceni, on voyait
également de vastes vignes
qui couvraient tous les ter-
rains où se trouvent au-
jourd'hui l'Ecole des Ponts
et Chaussées, la gare du
Xord, l'hôpital militaire etc. 1
,

En 1852, un grand
jardin entourait encore le

monastère de Radu-Voda phot - de M -


chusseau-Fiaviens.

et des jardins maraîchers Le P ressoir à la vi s ne -

s'étendaient entre les églises Caramidari et Boteni.


Près des moulins de Foishor, il y avait un immense

J
i hot. de M. Sielian .Feliescu.

La campagne à la barrière de Bucarest.

jardin dit Grâdina eu Duzii, à côté duquel se trouvaient


de grands terrains et le moulin du Dr. Gussi.

1
La disparition de ces vignes a changé radicalement la vie
des Bucarestois. Jusqu'à il y a 30 ans, toute la classe aisée pos-
sédait une vigne dans les environs de Bucarest. On allait y passer
le dimanche avec des amis. A l'époque des vendanges, on s'y
établissait pour une quinzaine de jours; on organisait, à cette
occasion, des parties de plaisir; on faisait venir des lautari et l'on
dansait sur l'herbe. Aujourd'hui, Bucarest n'a plus d'environs.
102

Les terrains marécageux, connus sous le nom de


terrains Grammont, étaient inhabités, de même que les
propriétés de la Métropole qui s'étendaient jusqu'au pied
de la colline de Filaret
Près de l'église Alexe (calea Çerban-Vodâ), se trouvait
un grand terrain appartenant au prince Barbu Çtirbey,
et, à côté, un vaste jardin maraîcher.

Phot. de M. N. Cerkez.
L'ancien Han Serban-Vodà
démoli en 1882—83 quand on a construit la Banque Nationale.
Façade sur la strada Smârdan.

Il y unïjmarché (Piaf a noua) près de Sfta


avait
Vineri, et, un peu plus haut, la piaf a Hereasca, près de
laquelle s'élevait une petite synagogue.
La Dâmbovitsa passait sous les murs du Han Manuk
et le palais Brancovan était encore sur la rive gauche,
tout près de YAgie ( préfecture de police). Le Han Rouge
était toujours au coin de la strada Çelari et de cette partie
de la strada Carol qui portait alors le nom de Ulifa Curfii
Vechie, tandis que la portion comprise entre la strada §e-
lariet le Podul Mogoçoaiei s'appelait Ulifa Franfuzeascâ.
En examinant de plus près le plan de I852, on ob-
107

ont assisté à des transformations successives si nombreuses


que leurs souvenirs sont aujourd'hui confus.
Et pourtant, ce passé qui nous semble si lointain,
c'était hier. Quarante ans à peine ont passé!
Il n'y avait alors ni gare de Filaret ni gare du Nord,
on en était encore à la poste aux chevaux. Notre gravure
représente une chaise de poste conduisant le prince dans
un de ses voyages. La strada Libertâtii (aujourd'hui strada

Le prince Charles en chaise de poste.

1 1 Iunie) et la calea Tîrgoviste (aujourd'hui calea GriviÇa)


étaient des routes nationales avec, deci delà, quelques ca-
barets borgnes, quelques petits magasins comme on en voit
encore actuellement au delà des barrières.
Le Podu Mogosoaiei (notre calea Victoriei), ruelle
depuis le palais Brancovan jusqu'à la strada Francezâ (hier
Ulita Fran^uzeascâ, aujourd'hui strada Carol) s'élargissait
un peu et s'en allait en zig-zags vers la Chaussée, mal
pavée et bordée de trottoirs étroits. Passé la strada Carol,
on rencontrait à droite l'immense terrain vague où avait
108

été le han Constantin-Vodâ, le vieux han Zla-


et, à côté,
tari tout délabré. En face, lamaison Bellio avec
vieille

sa grande cour pavée où croissaient les mauvaises herbes;


à côté, l'église Sf. Ioan-cel-Mare et une autre vieille mai-
son qui abritait, il n'y a pas encore bien longtemps, la

cour d'assises. Cette maison et l'église ont disparu pour


faire place à la Caisse des dépôts et consignations.
De l'autre côté de la rue en pente qui conduisait au
gué de la Dâmbovitsa, —
non en-
core rectifiée en cet endroit, —

les sacagii (porteurs d'eau) ve-
naient remplir leurs tonneaux,
à droite, au fond d'un terrain
qui surplombait la rivière, une
maison jaune, la maison Damari,
un des derniers éhantillons de la
classique maison de boyard elle ;

a été démolie pour faire place à


l'Hôtel de France.
Un peu plus haut, en face
d'une rangée de mesquines ha-
bitations avec de petites bou-
tiques, la maison Meitani, au
fond d'une cour qui était séparée
de la rue par des bornes que
uiyse de Marsiiiac. elles des chaînes
reliaient entre
comme on
en voit encore au-
jourd'hui devant la maison du prince Dém. Mourouzi, dans
la calea Victoriei c'est dans cette maison Meitani restaurée
;

qu'est aujourd'hui la préfecture de police.


L'Hôtel du Boulevard n'existait pas. Un vaste terrain
vague (maidan) entourait l'église Sarindar, qui déjà me-
naçait ruine. Puis venaient maison
la )teteleshanu, telle
(

qu'elle est aujourd'hui avecbeaux ombrages de son


les
parc, et le Théâtre National qui fermait une place mal
pavée en pierres roulées, pleine de trous où s'amassait la
109

boue après la pluie, si bien que le directeur du Journal


de Bucarest, M. Ulysse de Marsillac, qui habitait vis-à-vis
dans la maison Resch, était obligé, par le mauvais temps,
de prendre une voiture pour aller au spectacle.
Après les antiques constructions lépreuses qui enca-
draient l'église Kretzulescu, on trouvait une grosse maison
badigeonnée en gris bleu, laide et triste; c'était le Palais
princier, précédé d'une cour mal pavée, avec son corps
de garde à colonnes faisant face au bâtiment principal

Phot. de M. Menu.
Les baignades dans la Dâmbovitsa.

et pas de jardin derrière comme aujourd'hui, ce palais qui


causa une si pénible impression au prince Charles de Ho-
henzollern, lors de son arrivée à Bucarest (V. la gravure
de la pag. 96).
A côté du Palais princier, un grand terrain — qui res-
semblait à une cour de ferme, — au fond duquel était une
maison dans le genre de celle de Damari, également peinte
en jaune. C'était la vornicie (ministère de l'intérieur); le
ministère des affaires étrangères y était également installé
110

en 1872. On a construit là de grands immeubles de rap-


port, et, derrière, l'Administration des Domaines de la
Couronne.
Pas de jardin de l'Episcopie, une vieille église. Au
lieu du ministère des finances, une autre maison badi-
geonnée en gris-bleu et ressemblant beaucoup au Palais
princier, et, à partir de la strada Calvinâ (aujourd'hui
strada Çtirbei-Vodâ) jusqu'à la Chaussée, entre les maisons
des boyards, de petites boutiques d'épiciers ou de marchands
de vin, des échoppes et des terrains vagues, quelques uns

La maison paysanne qui, en 1872, faisait encore face à l'Université,

collée au mur du jardin du prince Soutzo.

clos de planches noircies par la pluie et branlantes, ser-


vant de dépôts aux ordures du voisinage. Pour le reste
de la ville, à peu près ce qu'elle était en 1852.
Et la rivière, cette Dâmbovitsa, à l'eau douce et li-
moneuse, elle serpentait nonchalamment à travers la ville,
entre de vertes rives bordées de saules. Pendant
la chaude

saison, deux sexes se confondaient pour des bains


les
académiques sans que personne s'étonnât. Quand venaient
les grandes pluies ou la fonte des neiges, la petite rivière
s'enflait et inondait les quartiers de la rive droite et sur-
tout le quartier d'Izvor, qui devenait un village lacustre où
l'on se promenait en pirogue, en même temps qu'elle trans-
111

formait le jardin Cismegiu en grenouillère et le rendait


impraticable pour quinze jours.
Puis venaient brusquement les fortes chaleurs, et
tous ces coins marécageux, où l'eau croupie se chargeait
de moisissures vertes ou de pellicules irisées, répandaient
dans la capitale la fièvre paludéenne et la fièvre ty-
phoïde.
Ceux qui critiquent si facilement notre édilité ont
oublié ou ne savent pas qu'il y a quarante ans à peine
les terrains vis-à-vis du Palais de l'Ephorie étaient de
cinq à dix mètres en contrebas de la chaussée; qu'un
immense trou fermait la strada Sculpturei, que le lac
Icoana était à peine comblé et que, sur l'emplacement de
la grande école primaire de la strada Clementei, se creu-
sait une vaste dépression de terrain, vestige d'un marais
dont les saules allaient au delà de la strada Polona
(aujourd'hui strada G. C. Cantacuzène) —Ha strada Salciilor
(rue des Saules) a conservé ce souvenir et que la strada —
Teilor était une sorte de route
bordée de cahutes séparées les
unes des autres par des terrains
vagues.
En 1872, le Boulevard de
l'Académie existait, le Palais
de l'Université aussi, flanqué à
droite et à gauche de terrains
vagues. En face de l'Université, Un buffle paissant
entre la strada Coltsei et la strada dans i e champ qui taisait face au
a 1 • • » »i • Palais de l'Université.
Academiei, un champ; au milieu
de ce champ, une sorte de toit en planches, presque à ras
de terre, indiquait la place où avait été l'église Saint-Sava à ;

gauche, collées au mur du jardin du prince Soutzo, deux


maisonnettes de paysans, devant lesquelles, le soir, des
femmes faisaient la causette en filant, pendant que des
poules s'ébattaient autour d'elles et qu'un buffle paissai
tranquillement l'herbe haute. A droite, là où est au-
112

jourd'hui le jardin qui entoure la statue de Lazar, on se-


mait du maïs.
Entre la Dâmbovitsa et le Cismegiu, là où l'on con-
struit enjce moment leministère
des travaux publics, il y avait
un immense terrain vague où,
tous les ans, venaient s'installer
pour quelques mois un musée
de cire et une ménagerie qui
tii

faisaient la joie des gens du


peuple.
M. N. Urech Faut-il rappeler la vé-

Ménagerie Braun. tusté de l'hôpital Coltsea, dis-


simulé derrière la tour des
Suédois, découronnée, lézardée par les tremblements de
terre, et le labyrinthe de rues pauvres que le Boulevard
Pake a supprimées? Il y avait
là tout un monde de tsiganes
lautari. Les fils de ces lautari
sont maintenant propriétaires
dans les nouveaux quartiers.
Faut-il parler de cette maison
en ruines où était installée la
Mairie, là bas au bord de la rivi-
ère, derrière le han Manuk, non
encore modernisé en Hôtel DaciaV
De la petite salle Bossel où l'on
accédait en montant un escalier
de bois et en suivant un long
couloir? De la salle Slatineanu
t. ue c. Szathmary.
(maison Capsa) que la politique
Les petits tsiganes
rendit célèbre en mars 1871? Du des rues ;ivoisinnnt la strada
Sfinfilor.
jardin Schlatter (là où est l'allée
Carmen Sylva) qui fut un moment un des endroits fré-

quentés par le public élégant? Du jardin Raçca, OÙ l'on nv


tendait do bonne musique et où Ton venait boire delà bière
113

en famille? Du jardin Stavri *, sorte de cour située dans


l'actuelle strada Campineanu, en face du Passage Roumain,
et où l'on allait applaudir chansonnette? Du jardin et
la
de la salle Orpheum où comédie, le drame,
l'on jouait la
l'opérette etoù les partis tenaient des réunions publiques?
Du jardin Union, situé en face, au coin de la strada Sf.
Ionica, et où le prince Gortchacoff et le baron de Jomini
venaient, en 1877, entendre l'excellent
diseur qu'était Ionescu, l'amusante Fa-
nelly et les sœurs Martens? Du jardin
Breaza (strada Polona, là où est le
jardin Ioanide) où les habitants des
faubourgs allaient en foule le diman-
che et les jours de fête? Du Gradina
eu cai (le jardin aux chevaux) où
les gens du peuple allaient boire, man-
ger, danser, là-bas, sur les bords de la
Dàmbovitsa, au delà du Cismegiu en
I. D. Ionescu.
allant vers Cotroceni? Chanteur populaire.
Les contemporains qui ont dé-
passé la quarantaine peuvent encore se souvenir de l'aspect
miséreux de la strada Sfin^ilor et du dédale de petites rues
qui venaient y aboutir. Sur le pas de toutes les portes,
des femmes, les cheveux lustrés de pommade, les joues
fardées de rouge et de blanc, à demi-vétues, attendaient
les clients, et l'on faisait un détour pour éviter ces rues
infâmes, comme, plus récemment encore, on se gardait de
passer par la strada Teatrului et la strada Sf. Ionica, dont
toutes les maisons étaient mal famées et dont le han Zam-

1
gagné de l'argent dans ce petit établissement,
Stavri, ayant
loua le jardin de maison du général Herescu-Nasturel (strada
la

Academiei). Il remplaça les plates-bandes par du sable, supprima en


partie les bosquets, fit élever une scène dans le fond et ne respecta
que les grands arbres. On joua là quelques opérettes françaises qui
eurent du succès; puis la foule inconstante alla ailleurs et Stavri
se ruina.

6613 8
114

firescu, qui occupait le coin de la rue en face des bureaux


de Y Universul, jouissait de la plus mauvaise réputation.
A part l'Université toute neuve, il n'y avait pas dans
Bucarest un monument de ce nom; la
public digne
justice rendue partie dans une vieille maison de la
était
calea Rahova et partie dans ce nid de chouettes encore
accolé au Théâtre Lyrique —
(l'Athénée Roumain de jadis,
mesquin, poudreux, avec ses gradins en amphithéâtre), et —
cette maison était déjà presque aussi délabrée qu'aujourd'hui ;

la Poste était à l'étroif dans


le vieil immeuble de la strada

Doamnei ; les ministères oc-


cupaient des maisons très
vénérables, mais aussi très
misérables; le lycée Saint-
Sava était installé dans une
sorte de vieux cloître, à
côté de la maison Florescu,
en face de l'église Magurean
Phot. de M. G. Batiste. aujourd'hui démolie; le ly-
Maison de M. G. Filipescu.
Maréchal de la Cour cée Mathieu Bassarab avait
Construite en 1866. — Str. Dionisie. élu domicile dans des bâti-
ments au fond de la cour de l'église S Apostoli, un
situés t!i

vaste terrain plus bas que la rue et que la moindre pluie


transformait en marécage; c'est là que s'ébattaient les
élèves dans les intervalles des classes.
Pas un palais, pas même une belle maison particu-
lière, sauf la maison que Liebrecht avait à peine achevée

(maison de M. Georges Filipescu, strada Dionisie), et que


l'Etat avait mise sous séquestre en 1866; le confort était
aussi inconnu que l'art. Pas une statue. La première, celle
de Michel-le-Brave, date de 1876.
Que l'on imagine donc le Bucarest de I866 à I870
comme un de nos faubourgs actuels les plus reculés, un peu
plus laid, un peu plus sale, moins bien pavé, sans trottoirs,
sans lumière et sans égouts, avec d'immenses terrains
1 15

vagues, des clôtures branlantes cachant à peine des dépôts


d'ordures; en été, la puanteur des fosses d'aisances mal
construites, un arrosage sommaire et partiel à la saca;
en hiver, la neige séjournant pendant des mois, jamais
enlevée; tout au plus, dans les quartiers du centre, dé-
blayait-on le devant des maisons, de sorte que la chaussée,
où filaient ies traineaux par un prodige d'équilibre, se
trouvait remontée à un mètre. Et quel gâchis quand toute
cette neige fondait! Et quelle boue dès qu'il pleuvait!
Songez que la gare de Filaret ne date que de 1869
et la gare du Nord
de 1870; que le

gaz n'éclaire nos


rues que depuis
1871, époque où fut I

ouvert le Boulevard
Elisabeth et comblé
le lac d'Icoana que ;

le jardin de l'Epis-
copie n'a été ter-
miné qu'en 1872,
en même temps que
la Halle centrale et
L'arrosage à la „saca«.
la Halle Amzd.
Tout cela
nous semble aujourd'hui tellement invrai-
semblable bon de fixer quelques dates.
qu'il est
Le jardin d'Icoana a été terminé en 1872, l'Impri-
merie de l'Etat a été construite en 1882, le Palais Royal
et le Ministère des Finances en 1883; la rectification et
la canalisation de la Dâmbovitsa ne furent achevées qu'en

1883; l'Athénée est de 1886, le Ministère de l'Instruction


publique date de 1887; le Lycée Lazare de 1889, l'Ecole
de commerce et la Morgue de 1890; les Boulevards Carol,
Pake et Ferdinand ont été percés en 1890; le Boulevard
Coltsea a été ouvert en 1894, en même temps que les Bou-
levards Maria et IndependenÇa ; le Ministère des Domaines
116

et le Palais de Justice sont de 1895, la Cour des Comptes


de 1898, le Palais des Postes jjde 1900, la Caisse des Dé-
pôts de 1901, la Faculté de
Médecine et l'Institut de Bac-
tériologie de 1903, le Muséum
d'Histoire naturelle et l'Institut
agronomique de 1906; et l'on
a posé, le 25 novembre 1906,
lapremière pierre de l'Institut
agronomique.
Songez qu'en 1878, à
deux pas du Palais Princier,
la strada Corabia, aujourd'hui
une des plus coquettes de la
encore un chemin
ville, était

non pavé qui passait entre


des terrains vagues, clos de
Jean C. Bratianu.
Président du conseil de 1876 à 1888.
planches, longeant, près "de

l'Episcopie, la cour de la mai-


son de M me Slatineanu. Dès qu'il pleuvait, ce chemin se
transformait en marécage et devenait
absolument impraticable.
Songez enfin que tout le quartier
de Filaret, si gai, si vivant aujourd'hui,
n'existait pas en 1886, que les terrains
fangeux connus sous le nom de ter-
rains Grammont n'ont été asséchés et
construits que tout récemment, et que
l'année dernière (1905) le Parc Carol I
dont Bucarest est justement fier n'était p p Carp
qu'un marécage où des buffles se vautra- Ministre de l'agriculture,
. «ii • . du commerce de l'industrie
<. i
îent dans la boue et ou les sacagu vena- ct des doma ne s de \m à i

,895,
ient puiser
1
l'eau de la fontaine qui a ., , ^
Président du conseil en 1900.
désaltéré tant de générations de boyards.
En nous rappelant que tout ce qui fait aujourd'hui
la beauté de la capitale, tout ce qui lui donne l'air d'une
117

Phot. de l'auteur.

Maisons nouvelles du Boulevard Colfea.

ville moderne ne date que d'hier, nous nous rendons compte


de l'effort accompli et nous nous sentons pris de reconnais-

sance pour tous ces maires, tous ces adjoints, tous ces
conseillers municipaux qui, depuis 1866 jusqu'à ce jour,
depuis Démètré Bratianu jusqu'à M. Michel G. Cantacu-
zène, se sont efforcés, avec des ressources bien maigres,
118

Le Boulevard Maria percé en 1894

et ayant à lutter avec des difficultés de toutes sortes in-

hérentes à notre état social et à notre état politique, se


sont efforcés, dis-je, de changer l'aspect de la vieille ville,

d'en redresser les rues, d'ouvrir de grandes voies, et, en


même temps, d'assainir la capitale. Ce que nous voyons
aujourd'hui est leur œuvre. Elle n'est pas achevée certes;
mais, telle qu'elle est, elle leur fait honneur, et si la

politique ne jouait pas un si grand rôle, ils auraient pu


faire beaucoup plus et peut-être plus rapidement.
Le Maire actuel, M. Michel G. Cantacuzène, a mis
au concours un plan systématique de la ville. Souhaitons
que ce plan soit approuvé et qu'on l'exécute d'une façon
méthodique et avec esprit de suite. Hélas l'esprit de suite !

est ce qui manque le plus en Roumanie.


Si l'on réduit l'étendue de la capitale, et si tous les
efforts pendant quelques années et toutes les ressources
disponibles sont appliqués à la superficie que peut occuper
une population de 300.000 âmes, dans un quart de siècle,
Bucarest sera une très belle ville, tout-à-fait moderne.
II.

BUCAREST EN 1906
CHAPITRE I

LA VILLE — SES HABITANTS

du département d'Ufov et capitale


ucarest, chef-lieu
du royaume de Roumanie, est situé par 26°,6',12"
1
de longitude E. et 44°, 25' ,49" de latitude N. d après
le méridien de Greenwich.

Le point le plus élevé au dessus du niveau de la mer


Noire est Cotroceni (105 m.) et le plus bas est à la barrière
Calarasj (77 m. 24).
La ville s'étend sur les deux rives de la Dâmbovitsa,
petite rivière qui descend des Carpathes et va se jeter dans
l'Argesh après un cours d'environ 225 kilomètres.
Bucarest se trouve à 76 kilomètres du Danube (Giur-
gévo); à 126 km. de Sinaia, résidence royale d'été; à 382
km. de Verciorova, point frontière occidentale (Hongrie);
à 446 km. de Burdujeni, point frontière septentrionale
(Autriche) à 428 km. d'Ungheni, point frontière orientale
;

(Russie); à 261 km. du port de Galats sur le Danube; à


230 km. du port de Constantsa sur la mer Noire et à
408 km. d'Iassi, ancienne capitale de la Moldavie, aujour-
d'hui seconde ville du rovaume.

1
D'après le méridien de Paris : 23°,40 /
de longitude E et
44°,25 de latitude N.
Architecte M. J. Berindey. Fhot. de L'auteur.

Palais de M. G. Gr. Cantacuzène, président du conseil en 1906.



— Façade sur la calea Victoriei.
Hôtel de M. Take Ionescu.
Ministre des Fi nan ces en 1906.
Strada Catun, 2.S.

Bucarest est à 2.495 km. de Paris, à 2.269 km. de


Rome, à 1.842 km. de Berlin, à 1.167 km.de Vienne, à
889 km. de Budapest, à 825 km. de Constantinople.
Situé dans une vaste plaine ouverte aux vents de
toutes parts, Bucarest est exposé aux rigueurs du climat
continental, très chaud, on y a vu jusqu'à + 40' 7 au
mois d'août 1896) et très froid en hiver (on y a constaté
124

jusqu'à — 6 le 4 décembre de la même année); le prin-


17°.

temps y est généralement court et l'automne très sou-


vent long et très doux.
Bucarest est borné au Nord par la commune de Ba-
neasa, au Nord-Est par la commune de Colentina, à l'Est
par les communes de Pantelimon, Dobroeçti et Dudesti,
au Sud par la commune de Jilava, au Sud-Ouest par la
commune de Magurele, et à l'Ouest par les communes de
Militari et de Rosii.

Phot. de l'autour.
Maison de M. Sava Shomanescu.
Président de la Société agraire en 1906.
Strada Clementei, .'55.

La ville, qui ne compte que 300.000 habitants, s étend


sur 3.500 hectares, si Ton ne s'occupe que de la partie com-
prise à l'intérieur de la ligne de petite ceinture et de 5.550
hectares si l'on compte tout l'espace compris entre les bar-
rières. Sa circonférence est de 30 kilomètres.
Cette étendue, hors de proportion avec le chiffre de la

population, a été une des causes principales qui ont empêché


la transformation rapide de Bucarest en une ville moderne.
Paris, qui a 2.714.000 habitants, n'a que 4.850 hectares
de superficie.
Vienne, avec 1.660.000 habitants, n'a que 5.700 hec-
tares (petite ceinture).
Bruxelles, avec 210.000 habitants, n'a 1.007 hectares

Pliot. de l'auteur.

Hôtel de M. G. Vernescu.
Ancien ministre de l'intérieur.
Calea Victoriei.

de superficie; Leipzig, 2.900 hectares avec 422.000 habi-


tants et Milan, 2.800 hectares avec 484.000 habitants.
Pour bien préciser les idées du lecteur, nous met-
trons sous ses yeux un tableau indiquant l'étendue, la popu-
lation et les dépenses de chacune des villes ci-dessus:

1
En 1894, le territoire de la commune de Bucarest a été
fixé aux Chaussée Kisselef;
limites suivantes: le kilomètre 5 sur la
l'entrée du jardin Herestreu-Vechiu l'extrémité Nord des carrières
;

à sable de Floreasca; le lac Colentina (Teiu); la rivière Colentina;


le pont dit de la Zalhana, la rive droite de la Colentina et du. lac
de Fundeni jusqu'à la fabrique de vinaigre de Niculaie; la rue Ca-
telul jusqu'aux carrières à sable de Cristea; le pénitencier de Va-
caresti; la chaussée Vacaresti le kilomètre 4,62o sur la calea Ra-
;

hova; la Pyrotechnie; le moulin deMacedon; le cimitière Sf. Vineri.


126

l'Iiot. de l'auteur.

Hôtel de M. Turnescu.
Strada Dionisie.

OH

Architecte: M, J, Berindey. L'hot. d* l'auteur


Hôtel de M. Gr. P. Olanescu.
( alca Victorici.
.

127

Superficie Travaux Dette Budget


en Population techniques publique
hectares Francs Francs Francs

Bucarest . . . 5.500 300.000 3.300.000 5.400.000 13.000 000


Paris . . . . . 4.850 2.660.000 99.000.O0O 115 000.000 348.0O0.OOO
Vienne . . . . 5.?00 1.600.000 32.000.CX >0 13.000.000 108.000.000
Bruxelles . . 1.007 210.000 23.50< 1.000 9.50< ».( H )( > 43.500.000
Leipzig. . . . 2.900 422.000 9.000.000 36.200.CX »o

Milan . . . . . ^.800 484.000 8.100.000 6.0CX MX )( ) 26.0CX M X K)

Architecte: M. J. Berlndey. Phot. de l'auteur.


Hôtel de M. Alexandre G. Flcrescu.
Ancien secrétaire général <ln Ministère des affaires étrangères.
Strada Cosma.

Ce court tableau est gros d'enseignements. 11 nous


montre de la façon la plus évidente l'impossibilité dans
laquelle se trouve l'édilité de Bucarest d'entretenir ce
vaste espace sur lequel s'étend la ville, de le paver,
de l'éclairer, comme doit 1 être une cité moderne. On s'é-
tonne qu'avec les maigres ressources de son budget, la
mairie soit arrivée à faire les embellissements qui ont été
réalisés depuis quarante ans.
128

Il fut un temps — vers 1866 — où il était très simple


de fixer des limites à Bucarest, dont le centre était très
compact comparé à la périphérie et quand tous les pro-

Phot, de i'auieui
Hôtel de M. D. Cuculi.
Conseiller à la Cour do Cassation .

•Strada J. Michelct, 8.

priétaires riches et aisés étaient concentrés dans un cer-


tain nombre de rues centrales. On n'y a pas pensé et
on a laiss*' la ville s'agrandir démesurément, empiétant
129

ici sur les vignes qui disparaissaient les unes après les

autres, là sur les champs, et, quand nos édiles se sont ré-
veillés, ils se sont heurtés à des difficultés de toute sorte,
dont la politique n'a pas été la moindre.
On
eût pu alors —
le pourra-t-on maintenant? créer —
une ville d'une superfice de 1.200 hectares qui serait de-
venue rapidement une ville moderne, tout en conservant

Phot. de l'auteur.
Hôtel du colonel P. Macca.
Strada Cosma, 17.

une partie des jardins qui donnent à Bucarest son carac-


Tout autour, se seraient constitués des villages
tère spécial.
suburbains, administrés chacun par son maire, et qui
n'auraient pas tardé à devenir des faubourgs plus modernes
que nos faubourgs actuels qui n'ont rien d'une ville et
n'ont de la campagne que leur aspect miséreux, leurs rues
non entretenues, leurs quinquets fumeux au pétrole, leurs
mares et leurs maisons basses entourées de cours très sou-
vent indivises av ec celles des voisins.
r

Le maire actuel, M. Michel G. Cantacuzène, étudie

6613 0
130

la question. Souhaitons, dans


l'intérêt de la ville, qu'il réus-
sissedans son entreprise. Les générations à venir lui en
garderont une profonde reconnaissance.

Phot. de l'auteur.
Hôtel de M-me Monteor.
Calea Victorici (à côté du Ministère des finances).

Il y a, à Bucarest, 1026 rues et boulevards. Voici quelle


est la longueur des principales voies de communication:
. . . 3.960 mètres

$erban-Voda . . . . 2.990
Mosilor . . . 2.830
Calarasi 1
. . . . . . . 2.750
„ Victoriei .... . . . 2.710
Boulev. Elisabeta . . . . . 2.600
Strada Romana .... . 2.470
Boulev. Carol . . . 1.500
Calea Doroban^ilor 2 I.430
Boulev. Pake Protopo'pescu . 1,420
Les quais de la Dàmbovitsa . 7.910 r

La calea Vergului qui la prolonge a 1.210 m.


2
La calea Ilerestrou qui la prolonge a 2.520 ni.
131

La ville est divisée en 5 arrondissements ou Cou-


leurs:
Superficie

Coul. Verte 1.860 hectares


Rouge 160 „

, Bleue 1.350
„ Jaune 930
Noire ... . 1.200

En 1878, le nombre des maisons de Bucarest était


de 21.037, ainsi réparties par quartiers:

Coul. Rouge 1.430 hectares


Jaune 4.857
„ Verte 3.891
„ Bleue 5.175
Noire .... 5.681

635 maisons dataient d'avant 1800; il y en avait


l'hot. de
Hôtel de M. Negruzzi.
Membre de l'Académie Roumaine.
Strada Romana.

3.963 qui avaient été construites de 1800 à 1830. Les


autres étaient de dates plus récentes. Ainsi, on a bâti:

2.492 maisons de 1830 à I840


3.064 „ „ 1840 „ I850
3.673 ; „ 1850 „ 1860
•3.730 „ 1860 „ 1870
1.889 „ „ 1870 „ I875
1.611 „ n I8.75 1878

Sur C( 's 21.027 maisons, 19.161 appartenaient à des


Roumains; 1.8/0 à des étrangers.
133

Phot. de l'auteur.
Hôtel de M. N. Cerkez.
Strada Mercur, 4.

Voici le tableau des immeubles qui ont été construits


à Bucarest de 1885 à 1906:
à 1 étage à 2 étages à .5 étages à 4 étages

1885 . . . 617 45 14 2
1886 . . . 459 45 12 2
1887 . . . 560 4-1 7
1888 . 595 46 2 3
1889 . . . 979 84 14 5
1890 . . . 1179 98 19 5
1891 . . . 1160 116 26 1

1892 . . . 871 110 20 1

1893 . . . 890 164 29 5


1894 . . . 734 138 11 4
1895 . . . 752 194 36 3
1896 . . . 1 154 242 32 10
1897 . . . 1036 220 35 5
1898 . . . 836 278 30 6
1899 . . . 894 234 41 2
1900 . . . 426 79 13 3
1901 . 252 29 2
i
1902 .

1903 . . . 446 48 5 2
1904 . . . 589 35 K) 5
1905 . . . 541 62 16 2

11 nous a été impossible.de nous procurer


1
les chiffres exacts
pour l'année 1902.
134

Phot. de l'auteiir.

Maison de M. Diamandi.

Strâda 11 Junie.

Aujourd'hui, il
y a, à Bucarest, environ 22.777 maisons
dont les revenus sont fixés comme suit:

401 ayant un loyer inférieur à 100 fr.

5179 „ „ entre I00 et 200


3540 „ 200 3( >Ô

2863 „ 300 5( >o

4414 500 n l.oi >o

3225 „ 1.000 2.000


1493 „ „ ., 2.000 n 3.1 M )( )

990 „ 3.000 n 5.1 H )( )

510 „ » » n 5.000 r<


1 (
M )( il )

MO „ „ 10.000 « 15.01 »o

66 „ 15.000 n 25.000
46 r , „ au dessus de 25.1 )( M)
139

Suivant la nationalité, on compte (en dehors des


Roumains):
Garçons Filles Total

Austro-Hongrois . . . 232 226 458


Allemands 78 60 138
Grecs 91 18 39
Turcs 36 28 64
Bulgares 10 11 21
Italiens 9 13 22
Français 8
Belges 1

Sans protection (Juifs) . 1 14 178 262

Phot. de l'auteur.
Hôtel de M. Moroianu.
Strada Polona.

La proportion des enfants naturels est très élevée.


Sur un total de 67 naissances, on compte 1.588 enfants
8. 1

naturels (832 garçons et 758 filles), soit 19.4% des nais-


sances, alors que cette moyenne, pour le reste du pays,
n'est que de 9.4%.
Cet état de choses regrettable s'explique non seulement
140

par les conditions spéciales de la vie des grandes villes, où


il y a beaucoup de célibataires et d'ouvriers, mais surtout
par des conditions toutes particulières à Bucarest qui compte
dans sa population un grand nombre d'ouvriers étrangers
qui ne viennent que pour quelques mois (Italiens et ma-
raîchers bulgares) et surtout une foule de domestiques,
presque tous originaires de Transylvanie. C'est parmi ces

I'hot. de l'auteur.
Hôtel de M. Spayer.
Strada Batistea.

domestiques, en grande majorité des jeunes filles et des


femmes, que Ton compte le plus grand nombre de naissances
illégitimes,
Du reste, le nombre des enfants naturels est con-
sidérable dans presque toutes les grandes villes (Vienne
31.4%; Budapest, 21\6°/ 0 ; Paris 26.5%; Prague 24.5%).
Bucarest avec 19.4 % arrive encore après Copenhague,
141

Munich et Dresde, où l'esprit de famille passe pour être


bien établi.
Parmi les naissances de I904 figurent 1 .037 enfants
nés après un an de mariage et 38 étaient au moins le
e
13 de la famille.

Àrchitechte M. Monktou.
Hôtel de M. Papazoglu.
Boulevard Coltei, 56.

Par rapport aux années de mariage, la natalité peut


être représentée ainsi pour 1904:

Après 1 an de mariage .... 1.037


Entre 2 et 5 ans 2.097
„ 6 et 10 „ 1.783
„ 16 et 20 ans 5I4
Après 20 ans de mariage . . . 189

Avant de nous occuper de la mortalité en général,


nous devons dire deux mots de la mortalité chez les jeunes
142

enfants, qui est cause d'une diminution — non enrayée


encore malgré les œuvres nombreuses qui s'occupent de
l'enfance — de l'excédent possible de la natalité exception-
nelle qui assure à la Roumanie une place privilégiée parmi
les Etats comptant chaque année le plus grand nombre
de naissances.
Bien que la statistique de la mortalité des enfants nés
en 1894 ne corresponde pas exactement aux chiffres de

Hôtel de Em. Protopopescu-Pake.

Rue Biserica Enei, coin I. C. Bratiano.

la mortalité des enfants avant vécu au moins une année


en 1904, nous citerons les chiffres suivants:

Morts
Garçons Filles Total

Entre la naissance et 7 jours 132 91 223


8 jours et 1 mois . . 167 112 279
2 mois et 6 . . 351 319 670
7 „ „ 1 an . . . 244 206 44<>

Total 893 728 1.621


143

C'est donc une perte de V 6 sur la valeur représenta-


tive de ia natalité en 1904.
La mortalité infantile était de 32.8% en 1894, elle est
de 25.4% en 1904; elle est donc moins forte aujourd'hui,
mais elle est encore trop élevée. Nous verrons plus loin que
le chiffre de la de beaucoup pour les
mortalité s'abaisse
adolescents et les adultes, ce qui espérer que, dans un fait

avenir prochain, grâce aux mesures d'hygiène qui sont


déjà prises et aux conseils que l'on ne cesse de répandre
parmi la population, on verra aussi décroître la mortalité
parmi les tout jeunes enfants.

Hôtel C. I. Stoicescu, ancien ministre.


Rue Batishtei.

En 1904, sur le total de 6.611 décès, les enfants âgés


de moins de 5 ans figurent pour 1.461 (1.309 garçons et
1.152 filles) alors que le nombre des enfants morts entre
6 et 15 ans nest que 331 (172 garçons et 159 filles).

Mortalité. — £n 1904, le chiffre des décès s'est élevé


144

à 6.452, soit 3.419personnes du sexe masculin et 3.033


du sexe féminin.
Les décès se décomposent ainsi au point de vue des
confessions:
Hommes Femmes Total

Orthodoxes . . . 2.767 2.458 5.225


Catholiques . . 216 202 418
Protestants . . . 88 72 160
Israélites . . . . 322 287 609
Autres confessions 26 14 40
3.419 3 033 6 452

Hôtel de M. Jean Lahovary


ancien ministre de l'Agriculture, Domaines et Industrie.

Au point de vue de l'âge, les décès se décomposent


comme suit: Garçons Filles Total

Au dessous d'un an . 893 728 1.621


De an à 5 ans
1 . . 416 424 840
„ 5 ans à 10 „ . HO 100 210
„ 10 ff
à 15 „ . 62 59 121
145

La mortalité, si élevée pour les premières années, suit


une marche décroissante jusqu'à l'âge de 21 ans. Pour
cette période, elle présente un maximum compris entre 21
et 25 ans; ensuite elle décroît, puis présente un nouveau
maximum entre 46 et 50 ans. Entre 60 et 70 ans, les
décès deviennent plus nombreux. Les femmes semblent

Maison de M. Démétre Stourdza.


Rue Mercur.

mieux que les hommes au passage de la quaran-


résister
taine. Du reste, on remarque que la mortalité des femmes
est plus faible que celle des hommes, autant dans le ta-
bleau précédent que dans le suivant:

Hommes Femmes Total

Entre 21 et 25 ans . . 172 116 288


26 30 „ . . 129 112 241
31 n 35 „ . . 105 77 202
36 40 „ . . 164 132 296
n 41 45 „ . . 160 106 266
46 n 50 „ . . 216 137 353
n 51 n 55 „ . . 158 99 257
56 » 60 „ . . 211 161 372
n 61 70 -„ . . 339 302 641

6613 10
146

Avec l'extrême vieillesse cette tendance à la survi-


vance des femmes se maintient, sauf au-dessus de 91 ans.

Hommes Femmes Total

Entre 71 et 80 ans . 190 223 113


„ 81 „ 90 „ . 74 89 163
„ 91 „ 100 „ . 21 27 46
Au dessus de 100 ans 6 9 15

Hôtel de M. A. Bellio.
Rue Dionisie, 2.

Le coefficient de la mortalité est à Bucarest de 23.4


pour 1.000 habitants.
Pour résumer, nous donnerons le tableau complet des
naissances et des décès depuis 1866.
Naissances Décès Différence

1866 . . . . 5.076 5.914 — 838


1867 . . . . 4.806 5.973 - 1.167
1868 . . . . 4.868 5.305 — 437
1869 . . . . 5.809 4.743 -j- 166
18,70 . . . 4.796 7.591 - 2.795
1871 . . . . 4.949 7.403 — 2.45-1
1 7

147

Naissances Décès Différence

1872 . . . 5-028 7.154 — 2.126


1873 . . . . 4.962 8.552 — 3.590
1874 . . . . 5.384 5.884 — 500
1875 . . . . 5.388 5.835 — 447
1876 . . . . 5.784 4,962 -I- 832
1877 . . . . 5.632 5.834 — 202
1878 . . . 5.437 7.276 — I.839
1879 . . . . 5.962 7.120 — 1.158
1880 . . . . 5.917 6.727 — 810
1881 . . 5.885 4.868 + 1 .01

1882 . . . . 5.726 5.252 4- 474


1883 . . . . 6.181 5.767 + 414
1884 . . . . 6.019 5.265 + 754
1885 . . . . 6.396 5.340 + 1 .056
1886 . . . . 6 592 5 808 + 784
1887 . . . 6.453 5.808 + 645
1888 . . . . 6.753 6.317 436
1889 . . . 6.676 5.749 + 929
1890 . . . . 6.649 5.779 + 870
1891 . . . . 7.214 6.345 + 867
1892 . . . . 6.734 6.512 -4- 222
1893 . . . . 7.458 6.473 + 985
1894 . . . . 7.680 5.974 1.706
1895 . . . . 8.170 6.053 + 2.117
1896 . . . . 8.112 6.665 + 1.447
1897 . . . . 8.947 6.747 2.200
1898 . . . . 8.606 7 232 + 1.374
1899 . . . . 9.245 7.507 + 1.738
1900 . . . 8.766 6.513 4- 2.253
1901 . . . . 8.547 6.766 + 1.881
1902 . . . . 8.101 8.091 0I0
1903 . . . . 7.954 6.526 1.428
1904 . . . . 8.167 6.61 4- 1.556
1905 . . . . 8.011 7.210 + 8( > I

1906 . . . . 8.448 6.581 + 1.867

De l'examen de ce tableau, il résulte que, de 1866 à


1881, la mortalité a toujours été supérieure à la natalité,

sauf pour les années 1869 et 1876 qui ont donné un excédent
de naissances, et que, depuis 1881, toutes les années ont
donné un excédent de natalité. Ce résultat est dû à deux
148

causes: d'abord à des mesures d'hygiène mieux comprises


et plus étendues, et ensuite aux travaux d'assaissinement
qui ont été faits par la municipalité. Grâce à ces travaux,
l'angine, la fièvre paludéenne et la fièvre typhoïde qui
faisaient tant de victimes autrefois ont cessé d'exercer
leurs ravages parmi les habitants de la capitale. Il y a

Architecte P. Antonescu.

Hôtel de Madame Hélène Kretsulescu.


Rue Stirbei-Vodâ (façade).

encore beaucoup à faire, surtout au point de vue de l'hy-


giène particulière, car il est constaté que, si la population
orthodoxe, en supposant que les excédents de natalité se
maintiennent, doit doubler en 33 ans, la population israé-
lite double en 10 ans.
Nous ajouterons encore un tableau montrant les
efforts qui nous restent à faire pour réduire le chiffre de
la mortalité. C'est la comparaison de la natalité et de la
mortalité dans I<;s principales villes de l'Europe,
149

Natalité Mortalité
p. 1000 hab, p. lOOOhab.

Paris 24.0 20.5


Berlin 26.9 19.3
Bucarest 30.8 22.9
Vienne 30 9 20.6
Pest 35.6 22.0

Hôtel de M-me H. Kretsulescu.


Vue priso (lu Cismeji'iu.

Mariages et divorces. — Pendant l'année 1904 il a


été célébré à Bucarest 1.758 mariages, soit 12.5 pour 1.000
habitants.
La moyenne des mariages, pour 1.000 habitants, est
de 10 à Moscou, 12 à Saint-Pétersbourg, 13.4 à Rome,
14 à Amsterdam et à Naples, 15 à Madrid et à Milan,
17 à Londres et à Anvers, 18.5 à Munich et à Vienne,
19.8 à Paris, 20.6 à New-York et à Cologne, de 21.5 à Ber-
lin, de 22.4 à Francfort et de 23 à Palerme.
La nuptialité à Bucarest est donc .fort peu élevée;
150

Phot. de i'auteu r.
L'ancienne maison Al. Filipescu.
Calea Victorici.

Phot, de l'auteur.

Hôtel Al. Filipescu.


Uâti BUC l'emplacement de l'ancienne maison.
Calea Victorici.
151

Hôtel de MM. Jean Boambâ, avocat


et Michel Rachtivan, Secrétaire Général du Ministère de l'Intérieur
Rue'Batishtei.

ajoutons que, de l'examen des chiffres détaillés que nous ré-


sumons plus bas, il résulte que c'est la population indi-
gène qui fournit la plus faible proportion de mariages,
tandis que la population étrangère en fournit une proportion
bien plus élevée.
Hommes Femmes
Roumains 1.313 1.204
Austro-Hongrois .... 150 253
Français 2 7
Allemands 15 18
Italiens 7 3
Russes . . 1 2
Suisses
Anglais
3
2 —3
Belges et Hollandais . . î 3
Turcs 35 13
Grecs 4 6
Serbes 3 1

Bulgares 8 8
vSans protection (Juifs) . . 213 236
Divers 1

1.758 1.758
152

Sur ces 3.516 conjoints de 1904, il est constaté que


2.855 (dont 1577 hommes et 1278 femmes) ont su signer
sur les registres et que 661 (dont 181 hommes et 480
femmes) n'ont pas su signer.
188hommes et 143 femmes se remariaient pour la
2 e
lois, 16 hommes et femmes pour1 1 la 3 e
fois, 2 hommes
et 1 femme pour la 4:e fois.

Alèe Carmen Sylva, propriétés de M-rae Behacker.

Dans cette même année, 226 divorces ont été prononcés.


6 après moins de 2 ans de mariage
82 entre 2 et 5 „ r
86 „ 6 « 10 ;
27 „ 11 „ 15 „
13 „ 16 « 20 „ „
10 „ 21 „ 25 „ ,
2 après plus c le 26 ans de mariage.

Au point de vue du culte auquel appartenaient les

conjoints, les divorces se sont répartis ainsi:


Hommes Femmes
Orthodoxes 184 184
Catholiques 12 16
Protestants 9 S
Israélites 21 21
Hôtel de M. Dém. J. Ghica.
Ancien ministre «le Roumanie à Athènes.
Rue Spatar 2.

Au point de vue de la profession, les 226 divorcés


se répartissaient comme suit :

Hommes Femmes

Grands propriétaires ou rentiers . — 1

Paysans 4 —
Ouvriers de fabriques 11 —
Artisans 33 1

Apprentis et ouvriers 15 1

Manœuvres 17 3
Commerçants 21 1

Employés de commerce .... 10


Fonctionnaires 59 I

Militaires 14 —
Professions libérales 17 2
Serviteurs , 8 1

Divers 4 —
.Sans profession • 13 215
Total . • 226 226

Sur les 226 hommes divorcés, 199 étaient mariés


pour la 1
<:rc
fois, 15 étaient veufs et 12 déjà divorcés.
154

Sur 226 femmes divorcées, 205 étaient mariées


les
pour la 14 étaient veuves et 5 déjà divorcées.
l-ère fois,
36 divorces avaient été prononcés pour violences,
168 pour insultes graves, 3 pour adultère, 3 par consen-
tement mutuel et 17 pour d'autres motifs.
Ces 226 ménages rompus avaient 114 enfants.

DÉMOGRAPHIE DE LA CAPITALE EN 1906

Nous devons à notre ami Z. Arbore, chef du ser-


vice de la statistique à la mairie, les chiffres pour l'année
1906, qui ne sont pas encore publiés.

Hôtel de M. N. Filipescu, ancien ministre


Rue Batishtei.

Natalité. — Pendant l'année 1906, il est né à Bu-


carest 8.448 enfants vivants; dont 3.575 garçons légitimes
et 807 illégitimes, et 3.276 filles légitimes et 8I0 illégitimes.
Le nombre des enfants morts —
nés comprend I96
garçons, dont 48 légitimes et 43 illégitimes, et 139 filles
1

dont 91 légitimes et 18 illégitimes.


D'après la religion des parents, les nouveaux-nés
sont classés de la manière suivante:

Garçons Filles

Orthodoxes roumains . . . 3.499 3.280

„ étrangers . : . 24 16

Div. rites chrétiens . . . 288 270


, 567 491
Autres confessions . . . . 4

Maison de M. Titus Maiorescu, ancien ministre.


Rue Mercur.

Mariages. — En on a célébré à Bucarest 2596


1906,
mariages, dont 2.104 orthodoxes, 149 catholiques, 58 pro-
testants, 8 arméniens, 277 israélites et appartenant à 1

une autre religion.


L'augmentation des mariages est certainement la
conséquence naturelle d'une année agricole excellente.

Décès. — Le nombre des décès, en 1906, à Bucarest,


a été de 6.581, dont 3.582 hommes et 2.998 femmes. Dans
ce nombre sont compris 7 décès d'enfants non déclarés
au moment de leur naissance.
156

D'après la religion, les décès se répartissent comme suit :

Hommes Femmes
Orthodoxes roumains . . . 2.916 2.478
„ étrangers . . 26 13
Div. rites chrétiens . . . 272 267
Israélites . 352 233
1

Autres cultes .... 7 2

Palais £tirbey.
Calea Yictoriei.

L'excédent des naissances sur les décès est de 17%


pour les orthodoxes, de 2°/ 0 pour les autres rites chrétiens
et de 45% pour les Israélites.
Considérés au point de vue de Tàge, les décès se
répartissent ainsi:
O arçons Filles

De 0 à 1 an . . 1.644dont 875 769


„ 1 „ 5 ans . . . 651 „ 336 316
„ 5 „ 10 „ . . . 159 „ 80 79
„ 10 „ 15 „ ... 133 60 '
73

On remarque que, de la naissance jusqu'à cinq ans,


il est mort 2.295 enfants. En comparant cette mortalité
avec celle des autres grandes villes de l'Europe, nous
constatons que, sous ce rapport, Bucarest vient immédia-
tement après les villes de la Russie.
Nous nous occuperons dans un chapitre spécial de
l'hygiène de la ville et des causes de la mortalité.

Palais episcopal catolique.


rue Esculap.

LA POPULATION DE LA CAPITALE
Une statistique de 1878 répartit ainsi la population
de Bucarest, fixée alors à 177.646 habitants:

Propriétaires, rentiers, professions libérales . . 50.977


Commerçants 27.100
Industriels et artisans 64.732
Ouvriers 11.993
Domestiques 19.531
Divers , 3.313

Total . . . 117.646
158

Au point de vue de la confession, ces 177.646 ha-


bitants se répartissaient ainsi:

Orthodoxes 132.987
Catholiques 16 991
Protestants 5.854
Arméniens 790
Lipovans 206
Israélites 20.749
Mahométans 43
Divers 20

La maison Procopoaia.
Calea Plevnei fMalmaisorg.

Au point de vue de l'instruction, on comptait:

57.014 hommes sachant lire et écrire.

22.383 femmes „ „> „


98.245 hommes et femmes ne sachant ni
lire ni écrire.

En prenant comme base le chiffre officiel de 1 904,


1

soit 290. /40 habitants, la population de Bucarest se répartit


aujourd'hui à peu près ainsi :

Orthodoxes 205.000
Catholiques 20.000
Protestants 10.000
Israélites 50.000
Arméniens 700
Lipovans 200
Divers 4.840

Au point de vue des professions, genres de commerce


et métiers, on compte:

Avocats 986 Professeurs de p ano ... 57


Médecins 345 „ violon . . 13
Dentistes 31 „ d'escrime .... 5
Sages-femmes 172 Instituteurs 252
Pharmaciens 36 Sténographes 25
Droguistes 18 Fabric. d'instr. de précision 2
Vaccinateurs 12 Opticiens 10
Vétérinaires 66 Dessinateurs 42
Masseurs 10 Imprimeurs 45
Ingénieurs 350 Zincographes ..... . . 8
Architectes 116 Xylographes ...... 4
Entrepr. de travaux ... 93 Lithographes 7
Constructeurs en bât. ... 65 Photographes 38
» fer . . . 14 Libraires-papetiers .... 71
Fondeurs 11 March. de musique .... 8
Briquetiers 10 Bouquinistes . 20
Journalistes 205 Relieurs 46
Banquiers 35 Propriétaires de voitures de
Changeurs 16 place 240
Direct. Soc d'assur. . . 7 Fleuristes 28
Agents de transport ... 16 Entr. de pompes funèbres . 5
„ de publicité ... 7 Accordeurs de pianos . . 11

Direct. deBur. de placement 21 Hôteliers 35


„ „ d'informations 2 Restaurateurs 98
„ „ techniques . 25 Brasseurs 4
Professeurs de faculté . 93 Débitants de bière .... 46
„ de lycées et Epiciers en gros 12
gymnases 13^ Epiciers en détail .... 775
160

Fabr. de pâtes aliment. . . 2 Orfèvres 16


Magasins de café 30 Bijoutiers 28
Laitiers 18 Horlogers 89
Fabr. de liqueurs 6 March. de bois de cons-
Bottiers 14 truction 48
Cordonnier-. 349 March. de bois de chauffage 242
Fabr. de sandales .... 17 Menuisiers 300
Cordonniers p. dames ... 42 Charpentiers 225
Savetiers 70 Tonneliers 61
Fabric. de corsets .... 18 Tourneurs 39
„ „ cravates .... 9 Ebénistes 15
Chapeliers 31 Marchands de meubles . . 52
Modes et fleurs artificielles 82 Tapissiers 48
Propr. d'ateliers de lingerie 38 „ en voitures ... 7
Tailleurs p. hommes 569 . . Artistes-peintres 22
„ „ dames .... 450 Peintres en bâtiments . . 71

„ „ militaires . . 21 „ d'enseignes . . 20
„ prêtres .... 8 „ de voitures ... 39
„ „ enfants .... 7 „ d'églises .... 4
„ paysans ... 38
„ Maçons 310
Prop. d'ateliers de broderie 27 Fabr. de jalousies .... 5
Articles de Brashov ... 25 parquets
„ 5
Quincailliers 30 „ de formes p. cor-

Passementiers ....... 25 donniers 8


Fabric. de vinaigre ... 7 Entrepren. de camionnage 8
„ „ chap. de paille. 6 Bouchers 430
Fondeurs de cloches ... 4 Charcutiers 14
Dépositaires de foin ... 24 Tripiers 6
March. de nattes de joncs 11 . March. des quatre saisons 302
Cordiers 3 March. de poissons .... 40
Tisserands 8 „ „ pétrole .... 32
Tricoteurs 3 Malletiers 3
Fabr. de bas 6 Dégraisseurs ...... 5
Nouveautés en détail .170 . Bourreliers 80
Fabr. de coiffures ordinaires 22 Matelassiers 61
Confections . . 46 Doreurs et encadreurs . . 37
Merciers en gros 20 Maréchaux-ferrants . . . 78
„ détail .... 168 Charrons 170
Teinturiers 16 Carrossiers 76
Modes 110 Serruriers 70
fripiers 29 Dinandiers 13

Armuriers 15 Chaudronniers 17
Argenteurs 17 Ferblantiers 14-1
3 1

161

193 . . 63
Réparateurs de machines 13 Cabaretiers . . 826
1 . . 27
21 Courtiers . . 170
March. de verrerie . . . . 36 Commissionnaires . . . . 246
Fabric. de brosses . . . . 15 Comm. en céréales . . . . 142
17 Machines agricoles . . . 18
1 „ à coudre . . . . 8
Fabr. de savon 6 „ à écrire . . . . 2
„ „ bougies 15 . . 108
25 . . 6
27 Sculpteurs sur bois . . . 47
64 Tailleurs de pierre . . . . 65
Fabr. de bonnets de four- Marchands de tabac . . . 50
18 „ de parapluies . . 14
62 Installateurs de gaz . . . 24
March. de chaussures . . 56 . . 1

10 . ?7.255
95 Apprentis . 3.477
Simigii 97 Fonctionnaires .... 5.988
Confiseurs 61 30.000
Cafetiers 102

Les faubourgs excentriques de Bucarest sont habités


par des paysans, des charretiers, des petits artisans.

Coin de Bucarest.

661 11
CHAPITRE II

LA ndIRIE

ans toutes les villes où il y a une puissante bour-

geoisie, un commerce indigène florissant, le pre-


mier monument de la ville, celui qui, par sa
beauté et surtout par son ancienneté, attire tout
d'abord le regard, c'est la Maison du Peuple, l'Hôtel de
ville, la Mairie.
C'est le Palais cher aux habitants, témoins de toutes
leurs luttes pour la conquête de leurs franchises.
Bucarest, vieille ville boyarde, sans commerce indi-
gène, sans bourgeoisie, n'a pas encore d'Hôtel de ville.

En 1830, quand a été institué le Sfatul ordçenesc


(Conseil communal), la Mairie s'installa dans une maison
louée et déménagea de temps en temps.
En 1860, les services delà Mairie se trouvaient dans
une maison à deux étages au bord de la Dâmbovitsa,
vieille

là où est en ce moment la halle aux volailles, au fond


de la strada Bazaca 1
.

C'est là que, le 5 août 1865, une émeute éclata. Les

Bazaca était un marchand de vin, établi au coin de


1
la

rue qui a gardé son nom et de la calea >Serban-Voda.


164

Mairie de Bucarest.

marchands des quatre saisons (precupefi) et une foule


de faubouriens envahirent la Mairie et jetèrent les archives,
par les fenêtres,dans la rivière. L'armée intervint et Ton
parla longtemps dans la ville des coups de fusils tirés
strada Bazaca.
En 1879, la Mairie acheta la maison de M. Hadji-
Moscu, strada Coltsei, où elle installa ses services. Le ter-
rain était central, vaste, et Ton a parlé bien souvent d'y
élever enfin un palais municipal. Mais, faute d'argent, la
Mairie s'est bornée à construire des dépendances, chaque
lois que ses services, de plus en plus compliqués, se sont

trouvés trop à l'étroit.

Cette dispersion des services, dont quelques uns sont


même installés à une grande distance, est des plus gênantes
pour l'administration et pour les administrés.
La partie eentrale a, au rez-de-chaussée, l'enregis-
trement, les archives, la comptabilité, la caisse et une salle
pour les adjudications, — qui, en temps d'élections, devient
salle de vote.
165

Au 1' er étage: le secrétariat, le cabinet du maire,


les cabinets des adjoints, du conseil communal, qui est
la salle

aussi la salle d'attente pour les bureaux du maire et des


adjoints, le ser-

vice du plan, la

direction des tra-


vaux techniques
et la direction
administrative.
Dans les dé-
pendances: le ser-
vice de l'éclai-

rage, le service
des eaux, la di-

rection des tra-


vaux pour l'ali-

mentation en eau
potable.
Le service
des ponts et

chaussées et le

service de la sta-
tistique sont in-
stallés dans une
Plu. t. de Julietta.
maison de la
Michel G. Cantacuzène.
strada Skitu Ma-
gureariu.
L'office de l'état civil a été transféré dans l'ancienne
école communale de la strada St. Gheorghe-Nou.
Le laboratoire d'analyse bactériologique de la Mairie
se trouve Boulevard Carol.
La nécessité de construire un Hôtel de ville moderne
et de réunir tous les services municipaux a été reconnue
depuis longtemps. Les terrains que la Mairie possède entre
la strada J. C. Bratianu, la strada Batistea, la strada
Scaunelor, la strada V. Boerescu et le Boulevard Carol
166

se prêteraient merveilleusement à la construction d'un palais


municipal digne d'une capitale. Des plans ont été dressés

Le futur Hôtel de ville de Bucarest.


Projet de M. Mincu.

Le futur Hôtel de ville de Bucarest.


Projet de M. Mincu.

par M. l'architecteMincu; mais, pour les exécuter, il

faudrait deux millions et on ne les a pas.


167

De 1866 à 1906, Bucarest a été administré par 23


maires, dont deux seulement sont revenus deux fois à la
tête de la municipalité.

Voici tout d'abord la liste des différents conseils


municipaux qui
se sont succédés
depuis 1831

En 1831: Le
caminar G. Bibescu
(plus tard prince
régnant), le cami-
nar Pavel et G.
Opran.
En 1833: Le
Dém. Bratianu. hatman M. Dumi-
1866— 1867.
trescu, le clucer
Gr. Gradisteanu, I. Ch. Balaceanu et le caminar Alex. Ghica.

En 1834: Hagi M. Filipescu, le caminar Alex. Ghica, le


clucer Gr. Gradisteanu, le stolnic Stanciu,
Se. Petrovici, D. Dedu Mustacov.
et Chr.
En 1835: C. C. Soutzo, C. C Bucâ, le
stolnic I. Draganescu, le serdar Anagnosti,
Chr. Mustacof, X. Teodor et le vamesh Ior-
dake.
En 1836: le postelnic C. Soutzo, le
serdar Xenocrate, le serdar Fanu^a, le me-
delnicer C. Cretzeanu, Chr. Mustacov, Mar-
garit Ivanovici, P. Gazoti, An. Polizu et M
lonescu.
En 1837: le caminar St. Ograzeanu,
le polcovnic J. Câmpineanu, An. Polizu, le
Dr. P. Iatropol.
serdar St. Ioan, le postelnic Man. Baleanu, 1868— 1 869.
Chr. Mustacov et P. Gazoti.
En 1838: J. Scarlat, J. le sluger Sp. Cojescu.
Bacaloglu,
l'aga J. Filipescu, le clucer Gr. Cantacuzène, Margarit Ivanovici,
le paharnic J. Rosetti, Nedelea J. Mitescu et L. Kalinderu.

Nous empruntons cette liste


1
jusqu'en 1895 —
à l'étude sur —
Bucarest que M. Mih. Canian a publiée dans le Grand Dictionnaire
géographique de la Roumanie (Vol. II, fasc. 1 et 2).
168

En Balaceanu, le: clucer A14Ghica, le sluger


1839: L'aga J.
Sp. Cojescu, L. Kalinderu,le serdar Anavti, J. Serafim et G. Balan.

En 1840: le sluger Tomitsa, Al.*Dumitriu A. H. Pandele, le


caminar D. Bellu, le caminar Pavel et le paharnic Al. Ghica.
En 1841: Le paharnic Se. Rosetti, le serdar P. Asan, le serdar
Al.Izvoranu, J.llie,
Chr. vSt.Paraschiva
et Th. Balaban.
En 1842 : le

grand postelnic J-
Filipescu, le pa-
harnic Dém. Ghica,
Asan J. Camineanu,
le paharnic J. Mi-
tica, J. Polizu et M.
Ivanovici.
En 1843: le

major T. Popescu,
Costache Braïloiu. G. Gr. Cantacuzène.
serdar B. Prisi-
le
1873. 1869-1870.
ceanu, L. Kalin-
deru et J. Ioanidi. Comme suppléants: le serdar J. Arion et J. Eftimiu.

En 1844: le vistiare C. Bellu, le major D. Popescu, le clucer


J. Mihaescu, le serdar G. Papa et L. Kalin-
deru. Comme suppléants: St. Gheorghiu et
D. Economu.
En 1845: J. Oteteleshanu,
le vornic
le clucer P. Petrescu, paharnic M. Pen-
le

covici, le pitar L. Kalinderu et Dém. Iva-


novici. Comme suppléants: En. Iancu et J.
Minovici.
En 1847: le polcovnic Se. Kretzulescu
le pitar M. Bâscoveanu, le clucer J. Dinu,

le paharnic N. Lahovary et le pitar L. |

Kalinderu. Comme suppléants: le pitar Ia-


novici et J. Triandafil. Se. Kretzulescu.
En 1848: Se. Kretzulescu, C. Kre- 1871—1872.
tzulescu, Dém. Polizu et C. Lensh.
En 1849: C. Lensh, l'aga D. Falcoyanu, le paharnic N. La-
hovary, K. Simonidi et J. Bàcaloglu. Comme suppléants: N. Gher-
man et J. Triandafil.
En 1851: Le grand logothète I. Barcanescu, le paharnic C.
Cârlova, At. Chr. Manta, C. Balacescu et L. Gherasim. Comme
suppléants: le serdar N. Ilerishescu et J. Bàcaloglu.
169

En 1853: le grand logothète Gr. 0-


bedeanu, le pafcarnic Eug. Predesou, le
serdar J. Cretseanu et N. Herishescu. Comme
suppléants: le pitar En. Trandafir et R.
Simonidi.
En 1855: L*aga C. I. Filipescu, le

clucer Dém. Marcovici, Al. Demetrescu, le

serdar N. Herishescu et C. Paltineanu.


Comme suppléants: le pitar T. Sfetescu et
J. Ioanid.
En 1856: Pandele, Pan. Io-
Stef. H.
nescu. J. Polizu, le clucer
J. Dinu.
En 1857: Le prince Dém. Ghica, le
serdar V. Paapa, J. Polizu, le serdar C.
Iliescu et A. Gheorghiu. Comme suppléants:
Pan. Ionescu et le pitar J. Penescu.
En 1859: Le prince Dém. Ghica, Jean
Bratianu, V. Paapa, T. Arcon, G. Gherassi,
Pan. Ionescu et C. Iliescu.
En 1860: Le prince Dém. Ghica, Jean
Bratianu, V. Paapa, T. Arcon, Y. Constan-
tinescu, Ant. Arion et Al. Orescu.
En 1861: Le prince Dém. Ghica, Ant.
Arion, Dém. Bratianu, Dém. Berindeï, C.
Boliac et G. H. Anghel.
En 1866: Maire: Dém. Bratianu; con-
seil: Dr. Lahovary, Sim.
P. Iatropol, Gr.
Mihailescu, Gr. Cantacuzène, Ant. Arion,
C. Panaiot, C. Ciocarlan. N. Blaremberg, Gr.
Serurie, Dém. Culoglu, Panâ Buescu, lord.
Hagi Anghel, Radu Ioan, C. Lapati et V.
Toncoviceanu.
En 1867: Dém. Bratianu ayant dé-
missionné, C. Panaïot fut élu maire.
En 1868: Dans le conseil
Elections.
sont: Dr. P. Iatropol,maire; N. Manolescu,
P. Buescu, Gr. Serurie, St. Becheanu, V.
Constantin et V. Hernia.
En 1869: Le conseil est dissous. Une
commission intérimaire est nommé dont
font partie: P. Dimancea, T.. Cristescu, C.
Lapati, Eug. Predescu, St. Atanasiu, P.
Christu, J. C. Mano, T. Radulescu, P. Ata-
170

nasiu, A. Solacolu et C. élections eurent lieu: M. G.


Panaïot. Des
Gr. Cantacuzène fut maire et adjoints: M. P. Gradisteanu,
élu
Dr. Daniilescu, C. Aninoseanu, Mén. Germani, R. Dumitriu et N.
Raduleanu.
En 1870: Nouvelles élections. Maire:
Eft. Diamandescu, que remplaça en sep-
tembre le général Chr. Tell.
En 1871: Nouvelles élections.- Maire:
Se. Kretzulescu ;
parmi les conseillers: Se.
Rosetti, Dr. Danielopol, général B. Vlado-
yanu, C. Racota, N. Racovitsa et J. Palla.
En 1872: Au mois de décembre le
général B. Vlado\T anu remplace Se. Kre-
tzulescu.
En 1873: C.
Braïloïu devient

1878-1883.
maire ;
danS le

conseil N. C. Tata-
:

ranu, C, Valeanu, T. Gulitsa, Dr. Danie-


lopol et M. Racota. Au mois de septembre,
C. Braïloïu donne sa démission et est rem-
placé par le général B. Vladoyanu.
En 1874: Maire: colonel G. Mano; ad-
joints: C. D. Athanasiu, Gr. Triandafîl et
V. Paapa.
En 1877 :

\ Maire: A. Ro-C.
wL
^ \ \
\
setti; adjoints :
Dém. Gianni, J. Procopie-Dumitrescu et N.
Fleva.
En 1878: Maire: Dém. Cariagdi ad- ;

joints: N. Fleva, J. Pr. Dumitrescu et Gr.


Serurie.
En
1883: Elections. Maire: Dém. Ca-
riagdi adjoints: Gr. Serurie, N. Manolescu,
;

P. Buescu, V. Hernia, colonel Barozi et

N. Manolescu. A. Mavrus. Le 5 novembre le conseil est

1886.
commission intérimaire est
dissous et la
composée de M. Torok, Dr. Sergiu, N. Hagi-
Stoïca, Sp. Haret, St. Petrescu, C. Donescu et Gr. Vulturescu.
En 1884: Maire: N. Fleva; adjoints: Gr. Cerkez, J. Dobro-
vici, Gr. Capeleanu, D. lonescu, C. Danescu et St. Petrescu. Le 4
novembre de nouvelles élections eurent lieu pour la moitié des
171

membres du conseil sortants; à la suite de ces élections, l'adminis-


tration fut ainsi composée: Maire: N. Fleva; adjoints: J. Bibicescu,
Gr. Cerkez, Al. Constantinescu, J. Dobrovici, St. Petrescu et Al.
Vladescu.
En 1886: N. Fleva ayant démissionné
au mois d'avril, N. Manolescu fut élu maire
le 19 juin. Au mois de novembre élections.
Maire: J. Campineanu; adjoints: J. Bibi-
cescu, Gr. Cerkez, Gr. Serurie, J. Dobro-
vici, St. Petrescu et G. Petrovici.
En
1888: Le conseil municipal est
dissous.La commission intérimaire fut com-
posée de Em. Protopopescu-Pake, J. Alexan-
drescu, Dr. Seve-
reanu, Chr. Cer-
/ \ lenti, D. Naumescu, Campineanu.
'
m } \ Sava Vasiliu, J. N.
J.

1886—1888.
\ Lahovary et Eph-
6~* m rem Ghermani. Le 21 mai, élections. Maire:
ff Em. Protopopescu-Pake; adjoints: Al. Rio-
^^^^^ /
sheanu, N. Vrabiescu, Ephrem Ghermani et
Wk / L. Paciurea.
\1 fr/ En Maire: D. Orbescu.
1891:

\^| Y En Maire: Gr. Triandafil.


1892:
En 1893: Maire:
N. Filipescu; ad-
Em. Protopopescu-Pake.
1888—1891.
joints: Alex. Ciur-
cu et J. Bratescu;
conseillers: T. Alexandriu, C. C. Arion. J.

P. Balanolu, Al. Balasanu, E. Balteanu, J.


Coltsescu, N. Cosacescu, N. G. Dobrescu, L.
Dumitrescu-Mirea, G. M. Eftimiu, G. Flo-
rian, N. J. Gherassi, D. Hagi Pantele, D. Ioa-
chimescu, Al. Gr. Ionescu, P. Ionescu, Vic-
tor Ionescu, P. Luca Nicolescu, capitaine
J. Obedenaru, A. Popovici, D. Rosu, R. Ru-
sescu, Dr. Severeanu, N. $oïmescu, Dr.
Dém. Orbescu.
Tomescu, St. Velescu et T. Zamfirescu.
',9I_1892. | }

En 1895: Elections. Maire: C. F. Ro-


bescu; adjoints: G. Bursan et A. Solacolu; conseillers: Chr. Alexan-
driu, G. Assan, J. Bibicescu, St. G. Bolintineanu, Al. Chiri^escu,
J. Procopie-Dumitrescu; T. D. Dobrescu, D. Eusta^iu, major At.
Fanutsa, V. Hernia, M. D. Ionescu, N. Ionescu, N. Melisianu, Al. Mi-
172

clescu, Gr. Micshunescu, Jos. Musceleanu, B. Paltineanu, D. Petrescu,


Dr. Petrini-Galati, Vintila Rosetti, Gr. C. Solacolu, D. Stanescu,
N. Sterie et Ani. Vanic.
En 1899: Elections. Maire: Barbu St. Delavrancea; adjoints;
Paul Arion et le

colonel Gherghel
(remplacé le 6 juil-
let par M. J. Bar-

ba tescu). conseil-
lers : J. Gradis-
teanu, Gr. Alexan-
drescu, Al. Gr. Io-
nescu, Dr. Torae-
scu, J. Mincu, C.
Bolintineanu, ma-
jor M. Vasilescu,
Ant. Altan, Dr. Ki-
Gr. Triandafil. N. Filipescu.
1892—1893.
major Obe-
riac,
1893—1895.
deanu, C. Steriu, J.
Coltsescu, J. Podgoreanu, N. Filipescu, N. Procopescu, Th. Ale-
xandrescu, E. Demetrescu-Mirea, G. Ioanitescu, N. C. Alexandrescu,
Ath. J. Lipatti, Al. Barbu, G. Radoï, Th. Florian, Al. Balashanu,
capitaine A. Ionescu, Gr. Manu et J. Barbatescu.
En 1901: Maire: J. Procopie-Dumitrescu; adjoints: G.
J.
Saïta et Al. Petro-
vici; conseillers:
Gr. Alexandrescu,
Dr. J. N. Ange-
lescu, Dr. Ar- St.
gesheanu, G. G. As-
san, Al. Baïcoyanu,
J. G. Bibicescu, C.
I. Bratianu, Al. Ki-
ritsescu, Ep. Cioca-
nelli, Al. Constan-
tinescu, Cos- C.
tescu-Comaneanu,
C. F. Robescu.
Barbu St. Delavrancea. Gr. Em. Gradiç-
1896—1899
1899—1901. teanu, Dém. [agi- 1

(et de 1902 à 1904).


Theodoraki, Em.
[oachimovici, I). M. Ionescu, Eleft. Ionescu, Dém. Matak, Gh. Ni-
culescu, Em. Porumbaru, Dr. j. Radov ci, Dr, C. Rautsoiu, capitaine
C. Slatineanu, C. (i. Solacolu, J. Stefanescu et Ant. Vanic.
173

En 1902: Maire: C. F. Robescu; adjoints: J. Cezarescu et


AI. Petrovici; conseil: C. Costescu-Comaneanu, Al. Constantinescu,
C. Christescu, Em. Culoglu, Ep. Ciocanelli, Al. Kiritsescu, J. Pro-
copie-Dumitrescu, T. Dobrescu, M. Dimi-
trescu, H. Fundateanu, M. lonescu, V. G.
Mortzun, Th. Niculescu, G. Otnescu, Em.
Porumbaru, Take Protopopescu, Dr. Rado-
vici, Dr. Rautsoiu, capitaine Slatineanu,
H. Sipsomo, A. Yanic, Y. Voreas, D. Vel-
cescu, J. Bibicescu, C. J. Bratianu, Al. Dju-
vara G. Saïta.
et J.
En 1905: Maire: Michel G. Cantacu-
zène; adjoins: Al. Ciurcu, et G. Stroescu;
conseil: P. Greceanu, J. Bratescu, N. Proco-
pescu, J. Th. Florescu, colonel Gaman, ma-
jor J. Obedenaru, N. Cu^arida, Al. Hen- J. Procopie-Dumitrescu.
I901— 1902.
tsiescu, Al. Bacaloglu, V. Baboï, Th. M.
Eftimiu, Dém. Nenitsescu, B. Paltineanu, Th. V. Alexandrescu; U.
Hodosh, I. Ivantogliu Th. Eliade, N. Barcanescu, capitaine M. lo-
nescu, Ap. Dorojan, J. Stefanescu, V. J. Protopopescu, G. Ioanitsescu,
Voinescu, major Dr. J. Dimitrescu
et Dr. Léon te.

Voici la liste de ces 23 maires:

Dém. Bratianu (22 mars 1866 — 1

mairs 1867). 11 mois.


C. Panaïot (10 mars 1867 17 nov. —
1868) 1 an et 8 mois.
Dr. Pan. latropol (18 nov. 1868 --27
mars 1869) 4 mois.
G. Gr. Cantacuzène (21 mai 1869 — 24
janv. 1870) H mois.
Michel G. Cantacuzène.
E. Diamandescu (16 févr. 1870—17
1905—1907.
sept. 1870) 7 mois.
Général Chr. Tell (12 nov. 1870 —
janv. 1871) 2 mois.
Se. Kretzulescu (28 mai S871 —27 dec. 1872) 1 an et 7 mois.
Général B. Vladoyanu (28 déc. 1872— 11 mai 1873), 4 mois
et demi,
C. Braïloïu (l juin 1873 —2 sept. 1873), 3 mois.
Général B. Vladoyanu (3 sept. 1873 — août 1874), 11 mois.
Colonel G. Mano (4 oct. 1874— 13 mai 1877), 2 ans et 7 mois.
C. A. Rosetti (14 mai 1877 —
août 1877), 3 mois.
174

Dém. Cariagdi (21 déc. 1878— 1 nov. 1883), 4 ans et 10 mois,


N. Fleva (27 janv. 1884 1 —
avril 1886), 2 ans et 3 mois.
N. Manolescu (19 juin 1886 —
août 1886), 2 mois.
J.Câmpineanu (21 nov. 1886 —2 mars 1888), 2 ans et 3 mois.
Em. Protopopescu-Pake (15 juin 1888— 17 déc. 1891), 2 ans
et 6 mois.
Dém. Orbescu (18 déc. 1891 — 11 juin 1892), 6 mois.
Gr. Triandafil (12 juin 1892 —
8 février 1893), 8 mois.
N. Filipescu (9 févr. 1893 —
13 oct. 1895), 2 ans et 8 mois.
C. F.Robescu (2 janv. 1896— avril 1899), 3 ans et 3 mois,
Barbu St. Delavrancea (29 juin 1899 —
13 février 1901).
1 an et7 mois.
J. Procopie-Dumitrescu (21 avril 1901

25 nov. 1902), 1 an
7 mois.t
C. F. Robescu (25 nov. 1902 — 28 déc. 1901), 2 ans et 1 mois
Michel G. Cantacuzène, élu le 3 mars 1905.

un seul maire M. C. F. Robescu


Ainsi, en 40 ans,
a administré lapendant 5 ans et 4 mois, mais à
ville

aeux reprises; un, M. Dém. Cariagdi, 4 ans et 10 mois;


un, M. Protopopescu-Pake, 3 ans
et demi; quatre, M. le colonel G.
Mano, N. Fleva, I. Câmpineanu, N.
Filipescu et Michel G. Cantacuzène.
plus de 2 ans quatre, M.C. Panaïot,
;

Se. Kretzulescu, B. Delavrancea,


et J. Pr. Dumitrescu, plus, de
I an et demi: un, le général B.
Vladoyanu, 1 an et 3 mois, en
deux fois; un, M. Dém. Bratianu,
II mois; deux, M. G. Gr. Canta-
cuzène et Gr. Triandafil, 8 mois;
un, M. D. Orbescu, 6 mois; un, M.
Dr. P. Iatropol, 4 mois; deux, M.
C. Braïloïu et C. A. Rosetti; 3
mois M. N. Manolescu, 2 mois.
et un,

Comme
les conseils municipaux changent, le plus
souvent avec le maire, on peut se rendre compte, d'après
7

175

le tableau que nous venons de donner que l'esprit de suite


a dû faire défaut à l'administration municipale de Bucarest.
Ce manque d'esprit de suite, est une des causes qui a
retardé les progrès de la capitale. D'un autre côté, les
maires ont eu trop peu de temps devant eux pour entre-
prendre de grands travaux et les mieux intentionnés se
sont vus remplacés au-milieu des études et des enquêtes
qu'ils faisaientpour donner un aspect plus moderne à la
ville ou pour sachant présses par
l'assainir. D'autres, se
le temps, ont dû se hâter pour réaliser quelque projet qui

n'a pu être suffisamment étudié.


C'est que le conseil municipal change à Bucarest en
même temps que le gouvernements et très peu de conseils
sont arrivés à la fin des quatre années pour lesquelles ils
avaient été élus. Ces conseils éphémères et forcément
politiques, sont empêches, par leursattaches de parti, de
prendre beaucoup de mesures utiles, et cet empêchement
n'est pas une des moindres causes qui ont retardé les pro-
grès de la capitale.
Le conseil municipal de Bucarest est composé de 1
membres, élus par les électeurs divisés en deux collèges.
Sont électeurs dans le 1 er collège tous les citoyens
habitant la commune qui votent dans le 1 er et le 2' e collège
pour la Chambre et le Sénat.
Sont électeurs dans le 2 e collège tous les citoyens
habitant la commune qui votent dans le 3 e collège pour
la Chambre.
Le nombre des électeurs a varié comme il résulte
du tableau suivant :

1-er collège autres collèges Total

1874 . . 312 13.669 13.981


1875 . . 331 12.933 13.264
1876 . . 342 11.412 11.754
1877 . . 406 13.422 13.828
1878 . . 415 11.493 11.908
1879 . . 435 12.337 12.772
176

Les 12.772 électeurs de 1879 se répartissaient ainsi


d'après les arrondissements de couleurs:

Arrondis. 1 -er collège Total

Coul. Rouge . . . . . 186 1.178

„ Jaune . . . . . 138 2.687


Bleue . . . . . 15 1.426

„ Noire . . ... 35 4.144


Verte . . ... 61 3.337

Maison Procopoaia.
Calea Plevnei (Malmaison).

De l'examen du dernier que


tableau, il ressort: 1°

les plus imposés se trouvent en plus grand nombre dans


Ja couleur Rou^c et dans la couleur Jaune; 2° que le
nombre des électeurs communaux nVst pas proportionné,
au nombre d'habitants de chaque arrondissement. .Ainsi
177

dans la couleur Bleue où la population est très dense, il

n'y a que 1 .426 électeurs; cela tient à ce que la grande


majorité des habitants de cette couleur sont des étrangers.
En 1895, les électeurs pour le conseil municipal de
Bucarest étaient répartis en trois collèges, les deux pre-
miers votant directement, le troisième votant indirecte-
ment. Il y avait 7 sections de vote pour le L cr collège
10 pour le deuxième et 11 pour le troisième.
Comme la fixation des sections est tout à fait arbi-
traire, nous nous bornerons à donner le total des électeurs
par collège:
|- er collège 4.876
e
2 „ 3 276
e
3 „ 4.558
17.710

Aujourd'hui, les électeurs sont divisés en deux col-


er
lèges: les électeurs du 1 collège votent dans 8 sections
e
et ceux du 2 collège dans iO sections.
Aux élections communales de 1905 le nombre des
électeurs inscrits était de 12.453 et celui des votants a été
de 6.78 1, soit à peu près de 50% du nombre des inscrits.
Les votants, par collèges et par sections se sont
répartis comme suit:
1-er collè ge 2-e collège
er
1 section . . . 242 210
2' „ . . 335 367
. . 387 420
% n . . 432 316
5e „ . . 469 360
6e „ . . . 400 507
7< » . . . 305 476
,J
o . . 340 346
9e „ . 399
470
Total . . . 2.910 3.871

La Mairie de Bucarest
ne dépend pas, comme les
autres mairies de Roumanie du
préfet du département, elle
dépend directement du ministre de l'intérieur.

r,6l3
12
178

Le conseil municipal élit le maire et les adjoints, qui


sont ensuite confirmés par le ministre de l'intérieur.
Le conseil municipal est élu pour quatre ans.
En cas, de dissolution, les affaires sont gérées par une
commission intérimaire nommé par le ministre de l'intérieur l
.

*
* *

L'organisation municipale absolument rudimentaire


au début du XiX siècle, était encore, sous l'empire du
e

Règlement organique, fort peu compliquée.


En1 834, fut organisé le service des ingénieurs de la ville.
En 1835, un décret parle du numérotage des mai-
sons, mais resta inappliqué.
En 852, tous les travaux techniques furent réunis en un
1

seul service qui prit le nom de direction des travaux publics.


En 1853, un poste d'avocat fut créé près du service
du contencieux.
En 1862, on organisa un conseil d'hygiène et de sa-
lubrité publique.
En 1865 à l'occasion de l'ap-
plication du code-civil, on orga-
nisa l'Office de l'état civil; au-
paravant les actes de naissances,
mariages, et décès étaient dréssés
et conservés dans les églises.
En 1866, les services de
l'administration de la ville étaient
divisés en cinq bureaux:
Bureau I. Services publics.
Bureau II. Surveillance de l'a-

limentation.
Bureau III. Constructions.
Bureau IV. Pavages et càna-
M. Bacaloglu. Usation.
Bureau V. Comptabilité.

Chaque lois que le gouvernement change, tous les conseils


municipaux du pays sont dissous et remplacés par des commis-
sions intérimaires.
179

Le service central, y compris les architectes et les in-


génieurs, comptait 61 fonctionnaires qui figuraient au budget
pour 27.530 piastres par mois, soit105.715 fr. 20 c. par an.
La police communale se composait d'un chef (tist)
et de 40 dorobantsi dont le budget était de 23.850 fr. 24 c.
par an.
En 1867, il y avait cinq ingénieurs, chargé chacun
de l'inspection et des travaux d'un arrondissement ou
couleur.
CouL Rouge . . .M. J. Capsa
„ Jaune . . .M. N. Roata.
Verte . . .M. Al. Poenaru.
Noire . . .M. Th. Hina.
Blette . . . M. N. Maxentian.

Aujourd'hui, l'administration communale est devenue


très compliquée, aussi les services sont-ils beaucoup plus
nombreux qu'autrefois.
Il y a d'abord le service administratif comprenant.
1° Le secrétariat général, dont dépendent: le se-

crétariat, le service du con-


tentieux, les archives, et l'in-

tendance :

2° L'Office de l'état
civil;
3° La Direction admi-
nistrative, dont dépendent :

l'administration des halles, l'é-

cole professionnelle «Tudor


Economul" l'Asile de nuit,
l'hôtellerie populaire, les bains
populaires, les cimetières, le

service de vérification des


poids et mesures;
4° le Service médical,
M. Cucu Starostescu.
composé du service sanitaire,
du bureau statistique, du service de désinfection, de la
180

surveillance de la prostitution du bureau des consul-


et

tations gratuites pour les enfants malades, du service vé-


térinaire, du service des enfants trouvés, de la fondation
„G. et E. Cantacuzène", de l'hospice communal „Zerlendi"
et du laboratoire chimico-bactériologique communal;

Maison de M. L. Schiendl, architect


Rue Paleologù.
Construite par lui même.

5° le Service technique, qui comprend l'inspectorat


général des travaux, les services du plan, des alignements
et de la police des constructions, le service des études et
des constructions, le service des écoles communales, la

section des halles, de l'abattoir et des cimetières, la sec-


tion Mes jardins et pépinières, la section des jardins pu-
blics et des monuments, la section des plantations dans
les rues, la section des cimetières, le service des eaux et
• les égouts, la section de la salubrité, la section des voies
181

de communication, la section des ateliers, le service de


l'éclairage et des tramways;

Hôtel du Prince Calimaki.


Rue Batishtei.

6° le Service financier, qui comprendra direction de


la comptabilité, le service Jle ''constatations, le service de

perception et le service de_^la caisse centrale;


182

7° le Fonds des aumônes.


Ces différents services figurent au budget de 1906 poui
2.082.618 francs.
En 1906, le budget du personnel administratif! est
donc environ 20 fois plus élevé qu'en 1866.
Les fonctions de maire et d'adjoints, autrefois gra-
'uites, ont été payées depuis 1866.

ArcMitechte L. Negrescu.

La maison de M. Procope-Dimitrescu.
Ruo Batïshtei, 25.

Le maire recevait 60 ducats par mois et les adjoints


1 V2 ducat par jour de travail.
En 1869, la rétribution du maire fut fixée à 700 fr.

par mois et celle des adjoints à 17 fr. par jour de


travail.
A partir de 1871, la rétribution du maire et des
adjoints figure dans les budgets pour 30.000 fr. par an
183

Architecte Gr. Cercliez

Hôtel de M. Em. Lahovary.

Le siège dejHa Société-Macedo-Roumaine.


184

En 1883, la rétribution du maire fut fixée à 1.000 fr.

par mois et celle des adjoints à 20 fr. par jour en comp-


tant pour chacun 300 jours par an.
En rétribution du maire
1889, la fut maintenue à
1.000 fr. avec 6.000 fr. d'indemnité et celle des adjoints
portée à 500 fr. par mois.
Le budget de 1906 porte:

Rétribution du maire 12.000 fr.

Rétribution de deux adjoints à 750 fr. . 18.000 r


Indemnité du conseiller délégué à l'état
civil 6.000 „
Indemnité ou jetons de présence pour
les conseillers chargés de déléga-
tions temporaires 1 2 000 ,

Total . . . 46.000 fr.

Char de paysans.

Nous avons donné plus haut le nom des maires, des


adjoints et des conseillers municipaux, en 1906.
Voici quels était, sous l'administration de M. Michel
G. Cantacuzène, les principaux fonctionnaires de la Mairie
de Bucarest.

Secrétariat général: M. Em. Vasifescu, secrétaire général :

M. St. Spirescu, .secrétaire adjoint.


Contencieux: MM. P. Radulescu, chef du service; MM. G
V. Demetriade, [. Leoveanu, J. Oprescu, N. Darvari, Mirera G.
185

Petrescu, G. Paraschivescu-Ciurcu, V. Dimcescu, Al. Protopopescu-


Prahova et C. C. Bosianu, avocats; V. I. Russu, ingénieur-avocat.
Etat civil: M. G. Filacto, chef de service.
Administration: M. H. Eliescu, di-
recteur; M. M. Niculescu. adjoint.
M. le
Direction sanitaire. Dr. C.
Orleanu, médecin en chef; M. le Dr.
loanitsescu, secrétaire; MM.
Gr. les Drs.
Atanasiu, V. Pâtrascu, M. Hristodorescu,
G. Staiculescu, I.Stamatin, N. Burghelea,
V. Dudumi, G. Segala-Miron, N. Stai-
covici et G. Fischer, médecins commu-
naux, M. Minculescu, prépa-
le Dr. N.

rateur des vaccins; M. le Dr. V. Zigura


(nourrices), et M. le Dr. N. Drugescu
(enfants trou vés).
Désinfection: M. le Dr. G. D, Spi-
M. G. Mandrea
neanu, médecin communal.
Surveillance de la prostitution: M le Dr. Luca Teodoriu.
Hôpital ,,Negru-Vodâ" : M.
le Dr. C. Bacaloglu.
Hospice r Zerlenti" : M. le Dr.
i. Goïlav.
Laboratoire municipal : M.
le Dr. N. H. Stinghe, chimiste ad-
ministrateur.
Service vétérinaire MM. Er.
:

Popescu, vétérinaire en chef; P.


Cartianu, directeur de l'abattoir;
Al. Pilât, D. Protopopescu, I. St.
Gornoa, N. Pandele, I. Poenaru,
C. I. Georgescu, Simion Curhanski
et D. Dinovici, vétérinaires ; M. le
Dr. G. Dumitrescu, chimiste.
Travaux Techniques: M. Al.
Davidescu, directeur; MM. G. Al.
Orescu, inspecteur général du ser-
vice, M. I. Ch. Anastasiu, ingé-
nieur en chef du service du plan; M. Z. C. Arbore
D. I. Slatineanu, ingénieur géo-
mètre ; St. Ciocârlan et Radu Nedelescu, architectes en chef ; I.
Constantinescu, architecte sous-chef; Tr. Teodorescu, ingénieur
186

ordinaire; P. Ionescu, ingénieur en chef; B. Giulini, ingénieur en


chef; I. Stefanescu Radu, ingénieur; M. I. Stroescu, ingénieur en
chef et T. Savulescu, ingénieur adjoint.
Comptabilité: M. C. G. Mihaescu, directeur.
Service des Constatations: M. St. Dumitrescu, contrôleur
en chef.
Serv. des perceptions: M. le major C. Buhlea, chef per-
cepteur.
Etudes et constructions :M. G. Mandrea, architecte en chef;
M. D. Harpea, adjoint.
Caisse centrale: M. G. Dumitrescu, caissier; M. Al. Pen-
ciulescu, adjoint.
Alimentation d'eau: M. W.
Englesch, ingénieur en chef;
I.

MM. R. V. Phipher, C. I. Germani, N. G. Costinescu,


Strobel, D.
I. Hait, Al. Popescu, V. Chiru, Ath. Ionescu, Andreiu Ionescu, C.
Romanescu, ingénieurs.
Statistique: M. Z. C. Arbure, chef du service; M. Ch. Exar-
chu. sous- chef.
Service des poids et mesures: M. Julian Delescu, vérificateur.

Le nombre total des fonctionnaires dans ces différents


services de la mairie est de 267.

Vieille maison boyarde.


CHAPITRE III

LES FINANCES DE BUCAREST

e 1830 à 1860, les revenus de la commune pro-


venaient de l'octroi, des amendes, du loyer des
compartiments des marchés, de la taxe sur les
poids et mesures, des décimes et du revenu des
cartes à jouer dont la mairie avait le monopole. La com-
mune recevait en plus une subvention de l'Etat pour le
pavage.
En 1863, le Parlement accorda à la ville le droit de
fixer elle-même son budget.
Nous ne commencerons l'étude des budgets de la
ville de Bucarest q'à partir de 1866.
En cette le maire était
année,
M. Dém. Bratianu dans le conseil
et
municipal figuraient MM. Sim. Mi-
haescu, B. Toncoviceanu, R. Buescu,
C. Lapati, C. Panaiot, Gr. P. Serurie,
Ant. Arion, D. Culoglu, V. Hernia, P.
Jatropol, Gr. I. Lahovary et B. P rO- Coin du jardin de
l'Episcopie
topopeSCU.
De l'exposé des motifs qui précède le budget de 1866,
il ressort que lorsque la nouvelle administration a pris,
en mains les intérêts de la capitale, la dette de la corn-
188

mune s'élevait à 7.000.000 de piastres, soit 2.240.000 fr.

dont 1.600.000 fr. de créances connues et le reste passé au


compte des sommes non encaissées pendant les années
précédentes. Pour les 2.240.000 fr., le mairie était incapable
non seulement de les rembourser, mais encore d'en payer
les intérêts. Il n'y avait dans la caisse de la commune
que 1.805 fr. On ne pouvait donc même pas acquitter
les appointements des fonctionnaires.

Hôtel du Boulevard.

Le nouveau conseil municipal réduisit d'abord les


dépenses: elles étaient sous la précédente administration
de 2.301.728 fr.; le conseilles ramena à 2.291 .700 fr. 48 o
Il créait en même temps quelques impôts nouveaux :

une taxe sur les fiacres, un impôt de 4% sur le revenu


annuel des propriétaires, une taxe supplémentaire sur les
cales et sur les objets soumis à l'octroi, une taxe sur les
billets de mariage, une autre sur les constructions, une
autre encore sur la farine etlamidon importés de l'étranger.
189

Le budget de 1866 se pésentait ainsi:

Recettes .... 7. 161.564 piastres ou 2.291.700 fr. 48 c.

Dépenses . . . 6.828.266 „ „ 2.185.045 „ 12 „

Excédent . . 333.298 „ 106.655 fr. 36 c.

Calea Victoriei.

Malgré ces prévisions, l'année financière se clôtura


par un déficit de 3.206.276 piastres, soit 1. 026.00B fr. 32 c.

Coin de faubourg.
190

Le budget de 1867 prévoyait aux recettes 4.268.706


piastres plus le déficit de l'exercice précèdent soit 3.206.276
piastres à recouvrir sur le produit des nouveaux impôts,
et aux dépenses 7.474.982 piastres; celui de 1868 retour
bait à 3.000.000 piastres aux recettes et 2.998.005 de pias-
tres aux dépenses.
Le revenu des octrois figurait dans le budget pour
la somme de 2.579.500 piastres soit 825.440 fr.

Place Pache Protopopescu et sa statue

Le budget de 1869 nous donne:


Recettes 3.474.703 fr. 23 c.

Dépenses 3.45 1. 575 „ 50 r

Excédent . . 23.127 fr. 73 c.

Le revenu des octrois, donnés en entreprise, avait


été inscrit pour la somme de 1.900.000 fr.

L'allocation pour les écoles qui était de 1 60.000 fr.

en I866, était portée, en 1869, à 205.100 fr.

Le budget de 870 s'équilibrait,


1 comme les précédents,
avec un excédent sur le papier:
Recettes 3,812.227 fr. 57 c.
Dépenses 3.4 9.3521 „ 57 ..

Excédent . . 3 ,
r_>r,7-i lr. —
191

Le revenu des octrois ne figure plus ici que pour


1.700.000 fr.

Le déficit s'éleva à 1.147.500 fr.

En 1871, sous l'administration de M. Se. Kretzulescu,


le budget fut établi ainsi:

Recettes 2.664.727 fr. A I c.

Dépenses 3.122.727 „ 41 „

Le revenu des octrois a encore baissé; il ne ligure


que pour 1 .600.000 fr.

Maison aux confins de la ville.

L'année suivante (1872), sous le même maire, nous


avons un budget mieux équilibré:
Recettes 4.756.529 fr. 65 c.

I penses
(('
4.6 (>7.4<°>2 ,. — „

Excédent . . 59.047 fr. 65 c.

Le revenu de l'octroi fut inscrit pour 1.700.000 fr.


Les budgets des années 1873 et 1874 se soldèrent
avec un déficit assez considérable.
192

En 1875, sous l'administration du colonel G. Mano,


le budget se présentait ainsi:

Recettes 4.845.725 fr. — c.

Dépenses 4.781.325 „ 24
Excédent . . 64.399 fr. 7b c.

En 1876, sous la même administration le budget


fut porté à 6.742.515 fr. aux recettes et aux dépen-
ses.Les maires qui suc-
cédèrentle portèrent en

1877 a 6.436.639 fr. 76


c, en 1878 à 6.773.307
fr. 76, en 1879 à 7.650.890
fr. 60, en 1880à 7.208.537
fr. 60 c.

En 1881, le budget
voté par le conseil mu-
nicipal s'élevait à:
Groupe de tzigani.

Recettes 7.788.916 fr. 60 c.


Dépenses 7.784 744 „ 60
Excédent . . 4.172 fr. — „

En réalité, l'excédent fut de 10.730 fr.

En budget redescend à 6.276.360 fr. avec


1882, le

un budget supplémentaire de 3.093.445 fr. pour le service


de la régie des octrois.
Le budget de 1883-84 est reporté à 7.135.924 fr. 50 c.
c'est le dernier de l'administration de M. D. Cariagdi.
Celui de 1884—85, qui porte la signature de M. N.
Fleva, s'éléva à 8.504.910 fr.

Pour l'exercice 1885—86, le budget redescend à


7.660.3I2 lr., et pour l'exercice 1886—1887 il remonte à
7.807.820 fr.

Pour l'exercice 1887 — 1888, M. J. Câmpineanu, ra-


mène le budget à 7.539.920 fr. Tannée suivante, 1888-1889,
il est fixé à 7.889.350 fr.
193

M. Protopopescu-Pake établit le budget pour l'e-

xercice 1889—90 et le porte à 9.755.000 fr. ; l'année suivante


1890-91, à 9.625.464 fr. 35 et, en 1891-92, à 1 0.479.431 -fr. 68.
En 1 892-93, M. Gr. Triandafil fixe son budget à
10.51 1.014 fr. 80 c.

En M. X. Filipescu porte le sien à 12.203.050 fr.,


1893-94,
en 1 894-95 à 12.515.313 francs. 40 cent, et en 1895-96 à
1 2.546.059 fr. 37 c.

Intérieur de l'hôtel particulier du Mr. G. Assan.

Le budget de M. C. F. Robesco en 1896-97 s'élève


à 13.528.843 fr.45 c, celui de 1897—98 à 13.528.343 fr.

45 c. et celui de 1898-99 à 15.458.313 fr. 83 c.


Le budget de l'exercice 1899—1900 redescend à
13.949.027 fr. 10 c,

Celui de l'exercice 1900—1901, sous l'administration


de M. B. Delavrancea, remonte à 14.621.065 fr. 29 c.

Mais relui de M. J. Procopie-Dumitrescu, pour l'e-

6613 13
194

xercice 1902-1903, retombe à 12.550.550 fr. 50 c. et celui

pour l'exercice 1903-1904 à 11.776.975 fr. 38 c.


Le budget pour l'exercice 1905-1906 est établi par
M. Michail G. Cantacuzino qui le fixe à 12.100.867 ir. 88 c;
celui pour l'exercice 1906-1907 a été fixé à 12.619.428
fr. 20 c.

Les [revenus directs de 1888 à 1900 n'ont guère


varié: ils étaient de 1.096.700 fr.en 1888-89 de 1.241.220

Maison de charron au faubourg.

fr. en 1895-96, de
1.438.300 fr. en 1900-1901; ils ont
atteint 2.907.500 en 1903-1904, puis 3.012.100 fr. en
fr.

1905-1906 et enfin 3.148.600 fr. en 1906-1907.


Les revenus indirects (octrois) qui n'étaient que de
4.002.200 fr. en 1888—89 et de 4.800.000 en 1892—93, se
sont élevés en I893 94 à— 7.464.500 fr., pour atteindre
8.497.743 fr. en 1896-1897.
Voici, du reste, les recettes provenant des octrois
195

depuis 1894-95 jusqu'au 1902-1903, époque à laquelle les


octrois ont été supprimés:

Années Revenu des octrois

1894- 1895 . 6.621.929 fr.

1895- 1896 . 7.694.121 ..

1896- 1897 . 8.427.743 „

1897- 1898 . 7.766.109 „

1898- 1899 . 8.128.565 r

1899- 1900 . 7.689.860 r

1900- 1901 . 7.221.336 „

1902-1903 . 6.142.513 r

Intérieur de l'hôtel G. Assan.


la salle de billard.

Nous avons donc, pour ces huit années, une moyenne


de 7.461.522 fr.

En 1903, les octrois ont été supprimés et remplacés


par le fonds communal dont le produit est sensiblement
inférieur.
Î96

Le tableau suivant nous indique les différents cha-


pitres dont étaient composés les recettes des octrois.
1894-95 1898-99
Liquides 3.107.558,63 . . . . 3.518.114,—
1.597.170,27 . . . . . 2.106.527,40
Combustibles 706.224,87 . . . .

. 1.105.757,45
Matériaux 401.106,73 453.110,65
Fourrages 179.690,76 . . . 229.228,55
Objets divers . . . 102.250,75
Entrée en ville 458.186,20 . . . 501.968,65
46.703,20 . . . . . . 37.437,—
Vente des bestiaux . . . 25.167,35 . . . . , . 37.950,15
Allumettes et jeux de cartes. 20.309*91 . . . . . . 24.966,60
Taxe sur lesmatières premiè-
res et le combustible destiné
aux fabrications ainsi qu'à
l'exportation 2.599.67 . . . .

Confiscations 2.627,50 9.582,60


Cntrebande 2.631,03 . . . . . . 1.651,80

6.621.939,07 8.128.565,60

Ancienne maison de Bucarest existant en 1906.

Le budget de l'exercice 1906-1907 se présente ainsi:

RECETTES
Revenus ordinaires
Impôts directs 3.148.600,— IV.

Revenu du fonds communal .... 6.314.874,— ,


197

Taxes communales 2.035.668,89 fr.

Revenus spéciaux 648.860,—


Subventions 287.700,— ,

Revenus extraordinaires
Donations et legs 115.725,31 fr.

Recettes accidentelles 68. 000,—


12.619.428,20 fr.

DÉPENSES
Dette publique 5.953.206,15
Administration générale 2.016.345,07
Service médical 655.661,40
technique 3.174.336,93
„ financier 557.536,—
Ouverture de crédit 262.342,65
12.619.428,20
——

198

En déduisant les 5.953.206 frs. 15 cts. qu'absorbe la


dette publique il reste disponible pour tous les services
de la commune
6 666.222 frs. 05 cts.!
Les 6.666.222 fr. 05 c. qui restent disponibles sur
le budget total de 12.619.428 fr. 20 c, sont répartis en

cinq chapitres principaux:


a) Administration centrale .... . fr. 2.016.345,07
b) Service médical „ 655.661,40
c) „ technique „ 3.174.336,93
d) „ foncier „ 557.536,
e) Ouverture de crédits 262.342,65

Total . . . fr. 6.666.222,05

Hôtel de France.

Nous allons indiquer, pour chaque chapitre, les dé-


penses les plus importantes:

a) Administration centrale

Rétribution du maire fr. 12.000,


„ de 2 adjoints „ 18.000,—

-

199

Indemnité du conseiller délégué à l'état

civil fr. 6.000-


Indemnités et jetons de présence des con-
seillers chargés de délégations tempo-
raires „ 12.000
Rétribution du personnel administratif . „ 307.134.—
Imprimés, registres, etc „ 40.000,—
Publications, fournitures de bureau, divers
frais etc „ 23 100
Moniteur communal . . .
„ 3.500,—
Frais de procès, de timbres, etc. 42.000,—
Chauffage de la Mairie et des dépendances „ 56 200,—
Assurances » 10.500,
Loyer de différents services „ 9.C00,—

Allée principale du Cismegiu.

Annuité au Crédit foncier pour la maison


achetée à M. N. Fie va, str. Scaune, 45 „ 13.000,—
Rachat de l'emphythéose de la boulangerie
de Colentina „ 3.000,—
Loyers d'écoles „ 50.450,—
Indemnisation aux directeurs d'écoles . . „ 40.260,—
Frais de bureaux pour les écoles, prix,
secours aux élèves pauvres „ 12.680,-

200

Fonds pour l'entretien de l'école de com-


merce inférieure „ 4.000,
Subvention aux églises pauvres „ 200.000.
Fonds pour les chœurs des églises entre-
tenues par la commune 44.000,—
Secours viager aux prêtres des mêmes
églises r 19.700 —
Assistance publique ... „ 45.870,65
Asile de nuit 13.991,49
Hôtellerie populaire „ 16.000,—
Bains populaires 4.000,
Asile „Protopope Tudor Economul 1
'
. . .
„ 5.00,-

Puits particulier.

Ecole professionnelle ,,1'r. T. Economul" et


Orphelinat „ Maria Turnescu" „ 20.700,—
Subvention à PlCtat pour la police . . . .
„ 676.779.—
ff
pour l'entretien des pompiers „ I86.C00,—
au Théâtre National „ 40.000, -

Subventions diverses . . .

„ 25.066,67
201

b) Service médical

Rétribution du personnel fr. 327.348,-


Médicaments pour les pauvres et les en-
fants trouvés „ 16.000,
Subvention à l'Ephorie des Hôpitaux poul-
ies aliénés et pour les infirmes . . .
„ 90.000,-
Pour le service de la surveillance de la
prostitution „ 21.700,-
„ le service vétérinaire 30.050.
le service des enfants trouvés . . .
„ 11.800,-

Lac du C»smegiu.

„ l'Asile G. et G. Cantacuzène . . .
„ 30.00,—
l'hospice „Zerlenti u „ 39.300,—
le laboratoire municipal „ 6.000,-
Fonds d'épizootie „ 65.363,40

c) Service technique
Rétribution du personnel fr. 1.055:100,—
Matériel „ 6.000,—
^Service du plan „ 2.500,—
Service des alignements „ 28.800,—

202

Service des constructions:

Entretien des immeubles communaux . . fr. 20.000,—


Mobilier des immeubles „ 20.000,
Eclairage „ „ „ 26.000,—
Pour les fêtes nationales et les décorations
publiques „ 25.000,—
Réparations aux immeubles communaux „ 35.000,—
Service des jardins et plantations . . . „ 31.000,—

Service des eaux:

Entretien du canal de la Dâmbovitza . . fr. 10.000,


des bords de la rivière . . . ., 3.000,—

Boulevard de l'Académie.

Installation d'embranchements chez les


particuliers „ 50.000,—
Usine hydro-électrique „ 249.756,25
Exploitation en régie de l'éclairage public
de rues à l'électricité „ 30.000,—

Service des ponts et chaussés:


Sable, pierre, asphalte, basalte, bois, outils,
machines, etc. pour entretenir, transfor-

203

mer et faire à neuf des pavages et

trottoirs . . . . , fr. 200.000 —


Entretien au compte de l'Etat des routes
nationales dans la zone de la capitale . „ 200.000
Entretien au compte de la Préfecture
d'Ilfov des chaussées qui tombent dans
le rayon de la ville » 10.000 —
A la Société de basalte; pour l'entretien
des trottoirs „ 74.078,60
Pavages neufs avec pavés de Turcoaia „ 280.000,

Calea Victoriei, place Sârindar.

Section de la salubrité

Matériel en appareils pour le service des


vidanges „ 5.000,—
Latrines et vespasiennes publiques . . . „ 13.000.—
Entretien, transformation et complément
du matériel de balayage, d'arrosage et
d'enlèvement des ordures ou de la neige „ 150.000,—
Caserne des balayeurs „ 4.000,—
Loeomotives, wagons et vagonnets pour
enlever les ordures „ 7.000,—
Entretien des gares à ordures „ 8.000,—

204

Achat et louage de chevaux et de bœufs „ 30.000.—


Ouvriers et charrettes supplémentaires
pour l'enlèvement de la neige . . . .
„ 20.000.
Pour primes d'encouragement au personnel
inférieur „ 4.300,—

Service des écuries et des ateliers

Nourriture des chevaux et des bœufs fr. 150 000,


. .

Fourrages pour les chevaux et les bœufs „ 8.000,—


Médicaments, combustible, gaz „ . 12.500,
. . .

Eclairage „ 6.000,—
Divers „ 19.000 —

Calea Dudeshti, (extrémité).

e) Service de Péclairage et des tramways

Eclairage de la ville (gaz, électricité, pé-


trole, etc.) „ 350.000 —
Eclairage de l'abattoir „ 12.000,—
Laboratoire de vérification des comp-
teurs, etc „ 5.000,—
Appareils pour déterminer les courants
de dérivation sur le réseau de tramways
électriques „ 2.000, -

205

f) Service financier
Rétribution du personnel tr. 342.496,
Fonds des aumônes 50.540.—

Matériel:

Frais de bureau tV. 1.500,

Impôts pour les immeubles de la commune 30.000,—


Restitution de sommes mal encaissées . . 20.000,
Missions, indemnités de transport et autres „ 20.000,—
Indemnité des com misions de recensement,

de réquisition et de recrutement . . . „ 20.000,—


Pour couvrir le déficitde la caisse des
retraites communales „ 70 000,—

Si nous comparons les budgets de cinq années assez


éloignées les unes des autres, et comprises, entre 1866 et
1906, nous remarquons que, bien que les recettes aient

20o

quadruplé, les sommes disponibles pour subvenir aux


besoins de la capitale ont à peine doublé.
Voici, en effet, les chiffres de ces cinq années:
Recettes

1869 .... fr. 3.842.946


1872 ...... 4.756.529 —
1887 .... „ 7.539.920 —
1897/98 „ . . . 13.528.843
1906 .„ . . . 12.619.428 —
La progressions des recettes est frappante. Mais, si

nous en retranchons les sommes nécesaires au paiement


des annuités des emprunts, nous voyons que les sommes

Calea Vacaresti (quartier juif).

disponibles pour faire face aux dépenses de la ville se

trouvent singulièrement réduites.


An nuités Reste disponible
En 1869 fr. 312.203,— IV. 3.530.763,
„ 1872 v 1.150.000 — „ 3.606.529,—
„ 1887/88 „ 2.747.000, „ 4.393 920,—
.. 1897/98 .. 5 669.512, „ 7.859.331,-

„ 1906 5.953.206,— „ 6.696.222 —


207

Et, en même temps, nous voyons les rétributions du


personnel atteindre de très hauts ciffres:
Années Personnel

1869 .... 343.936


1872 .... 396.468
1887/88 . . . 2.000.070
1897/98 . . . 2.000.000
1906/07 . . 2.032.078

Comme on le voit par ce qui précède, le rapport


des annuités au budget est le suivant:

Maison de faubourg.

8.2i % en 1869
24.07'Vo „ 1872
36.62°/o „ 1887/88
42.oo°/o „ 1897/98
47.25%> „ 1906/07

Par contre, le rapport des disponibilités au budget


suit une marche décroissante:
93.oo°/o en 1869
75.92% „ 1872
58.43% f)
1887/88
58.n% „ 1897/98
53.u% „ 1906/07
208

Quant au traitement du personnel nous avons les


rapports suivants:

Rapports

au budget aux disponibilités


En 1869 9.05% 9.83%
,,1872 8,05% 11.oo°/o

„ 1887/88 26.52% 25.64%


„ 1897/98 .

. . . 14.74% 45.45%
„ 1906 16.12% 30.32%

Il est évident que les sommes dépensées chaque


année pour le personnel ne sont pas exagérées, mais celles
qui sont consacrées à l'entretien
de la ville sont beaucoup trop
restreintes. Il est imposible que
l'on pave, que l'on balaye, que
l'on éclaire, que l'on embellisse
la ville avec un budget d'à peine
6 millions, puisque, sur 12 mil-
lions, près de 6 millions sont
absorbés par les annuités des
emprunts.
Si l'on ne peut pas aug-
menter du double au moins les
revenus de la ville, il est de
toute nécessité de réduire l'éten-
due de la capitale.
Espérons que ce problème
Bragagiu. sera résolu à bref délai et que
Bucarest pourra enfin devenir
une ville moderne dans toute l'acception du mot et dans
tous ses quartiers.
Examinons tout d'abord les différents chapitres des
recettes.
Les recettes provenant des impôts directes sont for-

mées de:
209

T. des 4 décimes donnant en tout 834.000 fr. soit


en détail:
Des patentes fr. 170.000,—
Du foncier 624.000,—
Des voies de communication . ., 40.000,—

2°. De la taxe proportionnelle de 0.05 c. par décalitre de


vin, 0.10 c. par décalitre d'eau-de- vie de prunes et de 0.20 c.
par décalitre d'alcool au total 70.000 fr.
;

3°. Des divers impôts directs suivants, donnant au


total 1.500.000 fr.

Calea Dudeshti (extrémité).

4° sur les constructions et les terrains


vagues fr. 900.000 —
5% sur le loyer des hôtels „ 25.000 —
8% sur le loyer des cafés, brasseries, res-
taurants, clubs et jardins publics . . 50.000,—
.

Permis de bâtir ou de réparer „ 50.000
Matériaux de constructions „ 35.000,—
Enseignes en roumain n 23.000,—
Enseignes en langues étrangères . . .
„ 3.000, -
Pompes funèbres 25.000 —
Fiacres, voitures de louage avec ressorts „ 180.000 —
Charrettes, camions, etc 5.000,—

Omnibus w 2.000 —
Tramways *
82 800.'—
Impôt sur les dots 50.000,—
n

n 9 pressoirs n 15.000,-
>• marchands ambulants . . .
„ 55.000,—

6613
14

210

4°. Des prestations communales 600.000 fr.

5°. Impôts sur le luxe:


Bicyclettes fr. 5.000,-
Armoiries sur les voitures „ 800,-
Chevaux de luxe „ 18.000,-
„ de service pour le commerce
et l'industrie _ 16.000,-

Rue Clementzei (aujourd'hui Dr. Lueger).

Bals publics „ 8.000,—


Réunions dansantes dans restaurants, jar-
dins, etc „ 2.000,—
Représentations théâtrales, cirques, con-
certs, etc „ 20.000,—
(Concerts dans les jardins publics, cafés
chantants, etc. „ 25.000 ;

Panoramas, dioramas, etc 5.0O0,
Domestiques en livrée, avec galons d'or,
brandebourgs ou cocardes 4.000,—
Domestiques en livrée simple 10.000, —
„ général 30000^-
Total . . . fr. 143.800 —
21 I

6". Du fonds communal 6.314.8/4 fr.

7°. Des taxes communales:

Rue Baratziei avec l'église Baratziei.

Pour la vérification et la marque des poids


et mesures fr. 70.000,
„ les extraits de naissance „ 10.000,
» » » des actes de mariage . . ,. 15.000,
r l'inscription des divorces •
„ 2.000,
„ les billets d'identité „ 500,
„ les livrets de domestiques „ 30.000,
„ les autorisations de vendre des bestiaux 12.000,

Total . . . fr. 1 30.501),


212

8° Des taxes spéciales:

Vidanges fr. 8.000,—


Enlèvement des ordures „ 230.000,
Eau 750.000,—
Abattage du bétail et taxe des animaux
destinés à la consommation „ 450.000,—
Pesage 5.000,—
Total . . . fr. 1.443.000 —

9°. De revenus divers:

Des cimetières fr. 38.000,-


Hôtellerie populaire „ 8.000,—
Bains populaires • .
„ 5.000,—
Visites et livrets pour la surveillance de
la prostitution „ 18.000,—
Remboursement des sommes dépensées au
compte des propriétaires pour clôtures,
constructions ou réparations „ 8.000,
Remboursement des sommes, dépensées
pour l'haDillement des ouvriers du ser-
vice de là salubrité et dos gardiens des

jardins publies „ 7.000,—


Des sociétés de tramways pour le netto-
yage des ordures le long des lignes. .
„ 32.712,64
——

213

De la nouvelle Société de tramways, impôt


annuel selon l'acte de concession . . .
„ 17.000,
Sommes déposées par les particuliers pour
installations de conduites d'eau ... „ 50.000,
Redevance minimale de la C-ie du gaz,
conf. à l'art. 29 al. III de la nouvelle
concession „ 250.000,—
Intérêts à 5°/o sur les cautions déposées
à la C-ie du gaz par les abonnés pour
être distribuées aux pauvres „ 12.000,—
Somme non employée des fonds extraor-
dinaires pour l'alimentation d'eau . . . 7.45(>,25

Total . . . ir. 453.1 68,89

10°. Revenus spéciaux:

Loyers des propriétés de la commune . fr. 390.000,


„ pour l'affichage des annonces .
„ 8.860,
du pont de Vitan „ 35.000,—
„ du champ de Mosi et de la foire .
„ 100.000,—
„ pour le bétail amené au marché
pour la vente „ 30.000,—
Produit de la vente des terrains des ci-
metières „ 85.000,—
Total . . . fr. 648.860,—

214

11°. Des subventions:


Subvention pour l'entretien du jardin Cis-
megiu fr. 6.000,—
Subvention pour l'augmentation des som-
mes payées aux prêtres des
églises pauvres „ 19.700,

„ pour 'entretien des routes


l

nationales „ 50.000,—
Pour l'entretien des chaussées qui tombent
à la charge de l'Etat \ . „ 200.000,—
Subvention de la Chambre de Commerce
pour l'entretien de l'école
de commerce inférieure . .
„ 2.000,—
„ de la Préfecture d'ilfov pour
l'entretien des chaussées
qui sont dans le rayon de
la ville 10 .000-
Total . . . fr. 287.700 —

REVENUS EXTRAORDINAIRES
Ces revenus sont formés des donations et legs,
ainsi que de certaines recettes accidentelles.

215

Les donations et legs représentent une somme de


115.725 fr. 31 c, qui se répartit ainsi:

Du fonds donné par S. M. laReine pour


marier des filles pauvres (capi-
tal: 7.000 fr.) fr. 807,45
„ „ Androcle et Aretti Fotino pour
l'entretien de l'Asile de nuit
(capital : 20.000 fr.) „ 950
C. Panady pour l'entretien des
orphelines (capital: 11.700 fr.) „ 1.277,45

„ „ Al. Andonescu pour l'achat de


livres et de vêtements aux
enfants pauvres et pour l'en-
tretien de l'Asile de nuit (ca-
pital: 10.500 fr.) „ 1.760,20
Cutti pour enterrements
les . .
„ 6.065,—
„ „ Major Cioranu pour donner des
bourses et des dots aux jeu-
nes filles „ 2.120,—
„ „ Avramidis pour secours aux
pauvres (capital 3.000 fr.) : . .
„ 214,30
„ „ de l'évêque Valerian Ràmni-
ceanu pour secours aux pauvres
(capital: 1000 fr.) „ -17,50

„ „ du protopope Tudor- Economul


(capital 287.000 fr.) et de M-me Maria
Turnescu fr.) pour
(capital* 100.000
la

fondation „Protopopul Tudor" et l'Or-


phelinat „Maria Turnesctr' „ 17.610,65
Produit des travaux de cette fondation . .
„ 2.000,—
Du fonds Inocentie Ki^ulescu pour l'Hôtel-
lerie populaire „ 2.478,
„ „ Ecaterina Vasiliaci pour l'entre-
tien du tombeau de la famille „ 444,40
„ „ Evloghie Gheorghieff pour l'A-
sile de nuit et la société de l'enseigne-
ment du peuple roumain „ 10.700,
Numéraire en dépôt à la Caisse des dépôts
et consignations sur le fonds ... .
„ 14.965,55
Du fonds M. Eminescu pour l'entretien
de son tombeau (capital: 1.000 fr.) . .
„ 432,85
216

Fonds Julian Vrabiescu pour l'entretien


de 4 lits à l'Asile de nuit (capital:
4.400 fr.) „ 260,90
Du fonds major Naiman pour distribution
de bois aux pauvres (capital:
23.300 fr.) „ 6.397,20
„ „ donné par le Comité roumain de
l'Exposition de Paris 1889, pour la créa-
tion d'une exposition permanente (ca-
pital 49.500 fr.) , „ 11.848,26
De la préfecture d'Ilfov part contributive
pour la construction du pavillon de
Mosi . . .
„ 20.000 —
Diverses donations éventuelles pour les
pauvres, l'Asile de nuit et l'Hôtellerie
populaire •
. „ 15.000,—
Reste de la somme donnée par M. Al. G.
Cantacuzène pour les enfants abandonnés
et soignés à l'Asile ,.G. et E. Cantacuzène" ^ 345,60
Total . . . fr . 115.725,31

Tzigan sérurier ambulant (meçter làcàtuç).

Les revenus accidentels s'élèvent à 68.000 fr.

DÉPENSES
En tête des dépenses figure l'annuité des différents
emprunts contractés par la commune de Bucarest, soit
V

217

pour l'exercice 1 906— 1 907 la somme de 5.895.206 fr. 15 c,


plus pour commission, change, port, publications, etc.
58.000 fr., au total 5.953.206 fr. 15 c.
Cette somme
représente un peu _
plus de 47 2 du bud-
get total de la ville. 1
soSÊê^*
à qui il ne reste, pour
subvenir à ses be-
soins que 6.666.222
fr. 15 c.

Maison du faubourg .

C'est avec cette


somme dérisoire
que la municipalité
doit payer son nom-

Maison du faubourg.

breux personnel, pa-


ver les rues, les bala-
yer, les arroser, les
éclairer^ faire des é-

goûts, amener et dis-


tribuer de l'eau pota-
ble, bâtir des halles,
créer et entretenir des Maison du faubourg.
jardins, dans une ville
aussi grande que Paris.
Les emprunts contractés par la ville de Bucarest
sont les suivants:
218

Capital emprunté ,\ nu m lté


16.000.000 fr. en 1884 893.495 —
13.000.000 „ „ 1888 703.431,25
5.000.000 „ „ 1894 271.103,31
32.500.000 „ „ 1895 1.653.218,75
28.650.0OO „ : 1898 1.550.531,25
750.000 „ „ 1890 74.076,60
16.149 000 „ „ 1903 749.350 —
Total . . 5.953.206,05

Maison de M. le Dr. Andronescu.


Boulevard Cvltzei.
CHAPITRE IV

LA DdnBOVlTSfl

L'eau potable. — Les canaux et les égouts

| ^1^ )a petite rivière qui traverse Bucarest prend nais-


sance dansCarpathes à 2.400 m d'altitude, tra-
les

$Ë^c1 verse les départements de Museel, de Dàmbovitsa


:
Jm^) et d'Ilfov, et va se jeter dans l'Argesh, affluent
du Danube, après un parcours d'environ 250 kilomètres.
La nouvelle génération n'a que du mépris pour ce
canal étroit, long de sept kilomètres, semblable a un fossé
de fortifications au fond duquel coule une eau trouble et
jaunâtre, chargée de tous les limons qu'elle a ramassé sur
sa route.
Les jeunes gens disent: „Ce n'est pas une rivière
c'est à peine un ruisseau", et ils s'étonnent que Paul
d'Alepo, qui a visité la Roumanie du temps de Mathieu
Bassarab ait parlé de la „fameuse" rivière qui arrose
Bucarest et que Del Chiaro, qui a passé quelque temps
à la cour du prince Constantin Brancovan ait-vanté la
même rivière et la pureté de ses eaux.
comte de Lagarde qui vint
D'autres voyageurs, le

ici sous le régne de Caradja, Bélanger qui s'arrêta à Bu-

carest en 1836, un anglais qui publia une étude sur la


220

capitale de la Valachie dans le Blacwoods Edimburg


Magazine en 1859, tous vantent la Dâmbovitsa.
C'est que tous ont vu la petite rivière traversant
la en son cours sinueux, entre des rives bordées de
ville

saules, de peupliers, de frênes et de charmes, deux fois plus


large qu'aujourd'hui, plus champêtre et plus gaie. Ils ne
l'ont pas jugée comme une rivière qui traverse une capi-
tale, mais comme un ruisseau qui court à travers une
campagne verdoyante.
L'été, après les journées
brûlantes , les riverains se
baignaient en pleine rivière
sans aucun souci de la pu-
deur, pêlemèle, hommes, fem-
mes, garçons et jeunes filles,

sous l'œil paternel des agents,


qui parfois, prenaient un bain
Baigneurs dans la Dambovitza. avec les autres.

Au printemps et en au-
tomne, des après la fonte
neiges et après les grandes pluies, la Dâmbovitsa s'en-
flait, débordait et ses eaux couvraient les quartiers de Gro-

zavesti, d'Izvor et de Radu-Vodâ. On voit encore scellés


aux murs de quelques maisons de la strada Izvor et de
la strada Poliçiei les anneaux de fer qui servaient na-
guère à amarrer les barques dont devaient faire usage les
habitants du quartier pour aller s'approvisionner pendant
les inondations ').

On a rectifiéDâmbovitsa, on a redressé son cours,


on a resserré son on l'a abaissé, et, au lieu de la pe-
lit,

tite rivière champêtre, coulant à pleins bords sous les


saules, on a doté la ville d'un fossé profond qui sépare
la rive droite de la rive gauche.

]
) Il y eu de grandes inondations surtout en 1774, I837, 1851,
IÔ60, I846, 1865 et I873.
221

L'église Sf. Xiculaie din Prund —S 1


Nicolas en grève—
est aujourd'hui loin de la rivière. Le palais Brancovan
qui était sur la rive gauche, se trouve sur la rive droite.
Le gué, où les porteurs d'eau allaient remplir leurs ton-
neaux, derrière l'Hôtel de France, a disparu.

_— —
fc
. r
'
— •

'
• '

.... "— '

Ancien cours de la Dimbovitza.

En même temps, le nombre des ponts a augmenté,


il n'y avait autrefois que le pont dit Podul de la Turn

(le Pont de la Tour) à l'entrée de la calea Çerban-Voda,


le pont de Gorgani le pont de l'Aga Iane, et trois autres
ponts, dits l'un Podul Turcului, le second Podul Cili-
biului et le troisième Podul de la cafeneaua Beilicului.
En dehors de ces ponts, existaient plusieurs passerelles
construites par les boyards qui avaient des propriétés sur
J'une et l'autre rive.
Quelques uns des ponts anciens étaient, comme
celui que représente la gravure ci-contre, des construc-
tions très compliquées et qui exigeaient de fréquentes ré-
parations.
Aujourd'hui, il Dàmbovitsa dans l'inté-
y a sur la
rieur de la ville, ponts en pierre et un en fer.
12
Naguère, S Elefterie était une île. „Je ne puis, dit
1

Suiez à la fin du XVIII e siècle, passer sous silence


la petite île de S Elefterie l'un des plus beaux coins
t

de Bucarest, bien qu'elle n'ait pas de hauteur.... C'est un


endroit inappréciable dans une ville où règne le luxe et le
plaisir, mais triste pour qui ne trouve pas d'agrément

dans la seule beauté de la nature".


La boucle de la rivière qui entourait le petit bois de
S 1
Elefterie et en faisait une île n'existait déjà plus lors-
qu'on a rectifié la rivière.

Un pont en bois sur l'ancien cours de la Dambovitza.

L'idée de la rectification du cours de la Dàmbovitsa


n'étaitpas nouvelle en 1880 quand le conseil municipal
décida do l'effectuer. Do tout temps, l'entretien de la ri-
vière ax ait préoccupé les Princes. On avait d'abord creusé
un fossé élevé une digue en amont de la ville pour
et
régler le débit des eaux aux époques de crue, on axait
rendu des ordonnances pour empêcher qu'on jetât des
223

ordures dans la rivière et on avait essayé d'enlever les


dépôts de limon qui obstruaient son cours en aval.
Sous le prince Caradja, l'ingénieur Freiwald proposa
de transférer la digue de la Dambovitsa au dessus du
village de Râcar et de joindre les eaux de rilfov à celles
de la Dambovitsa, ce qui aurait augmenté le débit de
celle-ci qui n'avait presque plus d'eau pendant les grandes
chaleurs et aurait préservé la ville d'inondations, car dans
les cas de grandes crues, les deux rivières auraient dé-

Pont en pierre sur la Dambovitza rectifiée.

versé leur trop plein dans la Ciorogârlâ par un canal


nouveau à construire 1
.

Le Règlement Organique prévoyait certaines mesures


à prendre pour régler le cours de la Dambovitsa; mais
on se garda bien de les appliquer. Tout le monde était
convaincu alors que c'était faire acte de patriotisme que
de violer le Règlement Organique. On le brûla en grande

') V. N. Urechia. Conférences.


224

pompe en 1848 et la Dâmbovitsa continua à emplir son


litde limon et à inonder les quartiers de la rive droite,
avec un débit de 125 à 200 m c par seconde. - -

En 865, on prit une première mesure. On supprima


1

tout ce qui embarrassait le cours de la rivière dans l'in-


térieur de la ville : moulins, installations des tanneurs, etc.

Enfin en 1880, on se décida à canaliser la Dâmbovitsa.


Le conseil municipal d'alors ne sut pas faire une
œuvre digne d'une capitale.

Pont en pierre sur la Dambovitza rectifiée.

L'ingénieur N. Cucu avait cependant proposé le plan


d'un ( anal qui aurait relié Bucarest au Danube, près d'Ol-
tenitsa et qui aurait reçu avec les eaux de la Dâmbo-
vitsa. de l'Argesh, du Sabar et de la Colentina.
celles
Bucarest serait devenu un des grands ports de Rou-
manie et aurait gagné en importance.
Le conseil municipal s'est arrêté au plan le plus mes-
quin. Au lieu de dote; la capitale d'un large cours d'eau
qui l'eut relié au Danube, on s'est borné à creuser le lit
'225

de la Dâmbovitsa, qui coule maintenant sous profondeur


entre deux hautes berges gazonnées.
Toutefois, si, au point de vue économique et esthéti-
que, le plan de la municipalité de 1880, est plutôt regret-
table, il est juste de reconnaître que, au point de vue hy-
giénique, la canalisation de la Dâmbovitsa a assaini la

ville.Les quartiers riverains se trouvant maintenant de


beaucoup au dessus du niveau de la rivière abaissée, ne
sont plus inondés, les terrains voisins ne sont plus dé-

Pose de la conducte libre en sidero-ciment.

trempés par de continuelles infiltrations et Bucarest a


échappé aux fièvres paludéennes qui décimaient la po-
pulation.

En même temps que la canalisation de la Dâmbo-


vitsa fut résolue une autre question de la plus haute im-

661 3 15
226

portance, celle de l'alimentation de la capitale en eau


potable.
Jusqu'en 1882, la population de Bucarest buvait l'eau
de que des porteurs d'eau (sacagii) apportaient
la rivière
à domicile dans un tonneau (saca) monté sur une petite
charrette, trainée par un petit cheval efflanqué \ Chaque
maison avait dans sa cave un tonneau à gueule bée (pu-
tinâ) que le sacagiu remplissait. On jetait dans cette eau
trouble une poignée d'alun et on la battait avec un bâton.

Les filtres d'Arcuda.

On la laissait ensuite reposer, et, au bout de quelque


temps, on avait une eau très limpide, mais pleine de mi-
crobes. Les familles un peu plus aisées filtraient cette eau.
Les riches faisaient venir de l'eau de la source de
Filaret.

1
Aujourd'hui encore l'expression: cal de saca, sert à dé-
signer un cheval de rebut.
227

Il y avait aussi dans la ville un certain nombre de


l
puits ), mais l'eau n'en était guère buvable et quelques
fontaines.
Les fontaines sont relativement récentes. En effet, Del
Chiaro qui, en 1710, a passé quelque temps à la cour du
prince Constantin Brancovan, dit qu'à cette époque il n'y
avait pas de fontaines à Bucarest. On s'y contentait des
eaux de la Dâmbovitsa, qui, ajouteDel Chiaro, sont Jeg-
giere et salubri". A celte époque là, on n'avait pas en-
core la terreur des microbes.
Les princes Fanariotesse mon-
trèrent plus dégoûtés. Ils trouvèrent
l'eau de laDâmbovitsa un peu
trop limoneuse. Alexandre Ypsi-
lante fit établir deux fontaines; l'une
dans la strada Boiangiilor (vers
S Georges)
1
et l'autre près du mo-
nastère deSarindar. Pour leur usage
personnel, les princes et les grands
boyards faisait venir de] l'eau de
Pantelimon ou de Filaret dans des
outres ou dans des tonneaux. un puits particulier.
Le prince Michel Soutzo fit

établir de nouvelles fontaines qui étaient alimentées par


les eaux de Cretulrsti et de Giulesti-Crevedia. Sous le

prince Morouzi, on découvrit une source près du Monas-


En 1785, un certain Inghiulgi proposa d'amener à
tère de Cotroceni.
Bucarest les eaux de Crevedia. L'idée demeura à l'état

1
Le Puful eu Zale (le puits à chaîne) se trouvait sur le
Podul Mogoshoaie, à peu près au coin de la strada $tirbei Vodà,
là était la barrière de Bucarest. Quelques noms de rues rappellent
l'existence de puits: Pufulcuapa rece (puits d'eau froide), Puful eu
Plopii (le puits aux peupliers), Puful de Piatrâ (le puits en pierre).
Dans les quartiers excentriques, on compte aujourd'hni un peu plus
de 1.300 puits particuliers.
228

de projet, il n'y eut que quelques fontaines qu'on établit


et qui s'alimentaient aux sources de Crévedia.
En 1845, le prince Bibescu chargea l'ingénieur Mar-
silon de faire un nouveau projet. Ou dépensa environ
15.000 fr., en 1846 de nouvelles fontaines furent établies
et
dans le Podul Mogoshoaie.
Ces fontaines recevaient l'eau de la Dâmbovitsa, après
qu'on l'eut filtrée dans des filtres à laine, installés sur l'em-
placement qui se trouve derrière l'actuel hôtel de France. Ces
filtres étaient detéstables et dès la première année devinrent

Les filtres d'Arcuda.

inutilisables, mais on continua à débiter aux habitants l'eau


de la Dâmbovitsa qui maintenant, n'était même plus filtrée.
Voici comment en parle le docteur Félix, pendant longtemps
directeur général du service sanitaire: L'eau de la Dâm-
bovitsa, ne peut aucunement
une eau potable. Durant
être
son parcours dans la ville elle se sature de toutes les mal-
propretés que les vents et la population jettent dans la
rivière, des excréments que déversent les égouts, des or-
dures et cadavres d'animaux ou des restes organiques des
différents établissements industriels, ainsi que de tous les
déchets des boucheries. „Est-ce celte eau que le poète
dit si douce que celui qui en a goûté n'y peut plus
renoncer !
229

Le Colonel G. Mano (aujourd'hui général de division


et ministre de la la capitale en 1875,
guère) étant maire de
chargea un ingénieur français, M. Guilloux, d'étudier la
question de l'alimentation d'eau.
Le 8 M. Guilloux présenta son rapport.
avril 1876,
Il recommandait d'employer la Dâmbovitsa en prenant
l'eau au dessus de LunguleÇ, à 43 kilomètre de Bucarest.
Ce projet fut approuvé le 1 7 avril 1 876. Le devis était de
3.596.000 francs.
Mais des élections eurent lieu au mois d'août 1877
et vinrent changer le conseil municipal avant que l'on

Ecluse.

eût pu commencer les travaux. Les nouveaux édiles ne


donnèrent pas suite au projet Guilloux. Puis la guerre
éclata et ce ne fut qu'en 1879 que fut voté le crédit poul-
ies eaux.

Au commencement de l'année 1880 le conseil muni-


cipal décida d'amener à Bucarest les eaux de la Dâmbo-
vitsa, en amont de la ville à 1 21 m d'altitude au
prises -

dessus du niveau de la mer Noire, dans la vallée de Bâcu-


Arcuda, située à 19 V2 kilomètres de la capitale.
Le projet dû à l'ingénieur Biïrkli-Ziegler et au pro-
fesseur Callman de Zurich, consistait à recueillir les eaux
230

de la rivière dans à ciel ouvert ayant l.050 m


trois bassins -

m
de longueur sur 13 -,50 de largeur à la partie supérieure
et une profondeur de 3 m ,50. Ces trois bassins représen-
tant une capacité de 220.000
m c - -.

L'eau décantée dans ces bassins passe dans deux


filtres creusés en terre et découverts dont les parois coupées

à pic sont revêtues de bois.

Le réservoir de lancu.

L'eau filtrée passe dans une galerie souterraine, con-


struite entre les deux filtres, par plusieurs conduites trans-
versales. La un acqueduc
galerie se continue en aval par
libre en béton, dont formée d'un
la section intérieure est
carré de m -,20 de côté avec un toit en demi cercle du
|

même diamètre, ayant une pente d'au moins () n \32 m,n


par kilomètre. Cette galerie peut écouler en 24 heures
3
80.000 M. d'eau.
Après un parcours de 13.475 mètres, l'acqueduc
libre est remplacé par une conduite de forme circulaire
de 1 n\20 de diamètre et long de 3.050 mètres, construite
en béton qui va jusqu'au réservoir ouvert établi sur le
plateau de Cotroceni et dont le trop plein atteint la
cote 106.
Le réservoir de Cotroceni qui peut contenir 40.000 m 3

L'usine de Grozaveshti.

d'eau, c'est-à-dire consommation nécessaire pour 24


la

heures, est partagée en 4 compartiments ayant chacun


10.000 m Un seul de ces compartiments fonctionne.
5
.

Bien que le plateau de Cotroceni domine la ville, il


faut, pour que l'eau ait la pression suffisante qu'elle passe
par les pompes installées près du réservoir, dans une
232

usine élévatoire, construite sur le bord de la Dâmbovitsa.


à Grozave§ti l
,
près du pont du chemin de fer.

L'étage supérieur qui dessert les hauts quartiers de


la rive gauche, à l'extrémité du réseau correspondant, est un
réservoir régulateur, dit réservoir d'Iancu — composé d'une
cuve en plaques de fer, dont le fond a la forme d'une
calote sphérique, d'une capacité de 750 m* et établie à
une altitude de 1 27 m 50, au sommet d'une tour 2
de
111
28 30.
Les travaux d'adduction de l'eau ont coûté 7.565.901 tr.

soit:

Bassins de décantation et filtres .... fr. 1.456.409,—


Acqueduc 1.241.211,—
Réservoirs de Cotroceni „ 497.859,—
Etablissement hydraulique de Cotroceni 839.706,—
Canalisation de distribution 3.390.714,—
Réservoir d'Iancu „ 140.000,—

Cette somme a été prise sur l'emprunt de 13.000.000 fr.

contracté alors.
Les travaux furent à peu près terminés en 1888.
Mais, on reconnut qu'ils ne donnaient pas de très bons

1
L'usine de Grozavesti, qui ne fut terminée qu'en 1890
— Pake Protopopescu étant maire, — est pourvue de trois
M.
grandes Dompes, chacune donnant un débit de 500 litres par
seconde. Elles peuvent refouler l'eau dans les artères principales
du réseau de la ville avec une pression de 30 mètres au dessus
de la surface. Les pompes sont actionnées par trois turbines mues
par l'eau dérivée de la Dâmbovitsa au moyen d'un canal voûte
en béton de 1.650 '"•
do longueur Chaque turbine est calculée
pour 29 m :i
d'eau motrice et une chute utile de 7.35 m -
ayant une
force effective de 190 C. P.
Quand les eaux de la Dâmbovitsa sont basses, on a recours
à 3 machines à vapeur établies dans un bâtiment à part.
La Mairie a commandé cette année ( 905) une pompe cen- 1

trifuge à haute pression actionnée par une turbine à vapeur; cette


pompeaura une capacité de 500 litres par seconde ou de 43.200 m 3
en 24 heures.
2
Coite tour sert aussi d'observatoire pour les pompiers.
233

résultats. Le maire, M. N. Fleva, fit appeler un spécialiste


étranger, M. W.
H. Lindley, qui "opina que les filtres au-
raient dû moins longs et couverts, que les parvis en
être
bois ne valaient rien, et que l'alimentation avec l'eau de
la Dâmbovitsa ne pouvait être considérée que comme
une mesure passagère; qu'il serait nécessaire de recourir
le plus-tôt possible à l'eau de montagne à rechercher dans

la direction du Nord ou du Nord-Ouest.


En 1.885 le réseau de distribution de l'eau fut exé-
cuté d'après les plans de M. N. Cucu, directeur des tra-
vaux techniques de la mairie.

On se convainquit rapidement que l'opinion de M.


Lindley était que
fondée et les filtres de Bâcu-Arcuda ne
donneraient jamais à Buca-
rest une eau assez abon-
dante et surtout assez saine.
La Mairie fit donc procéder
à de nouvelles études. M.
N. Cucu fit éxécuter des
sondages dans la région de
Chiajna et de JoiÇa.
En 1891 Mr. l'inspec-
teur général Ilie Radu fut
chargé d'étudier la détério-
ration des filtres de béton
d'Arcuda et proposa d'uti-
liser les eaux souterraines.
Mr. Ilie Radu.
L'année d'après faisant par-
tie de commission nommée à cet effet, il indiqua le
la
point Bragadier et donna l'analyse des eaux de l'endroit.
En 1894, le maire, M. N. Filipescu, appela à Bu-
carest M. Lindley et M. Baurat A. Thiem, qui se pro-
noncèrent tous deux contre les essais faits à Chiajna et à
Joitsa et préconisèrent la région d'Ulmi, au dessus de
Bolintin comme devant fournir une eau de sous-sol plus
abondante.
234

M. Baurat Thiem fut chargé de faire, avec M. N.


Cucu, des sondages dans la région indiquée, mais ces
sondages furent interrompus avant d'avoir donné des ré-
sultats par le départ de la municipalité qui les avait
commandés.
En 1897, le nouveau maire, M. C. F. Robescu chargea
M. l'inspecteur général Ilie Radu de faire ces études dans
la région de Bragadiru.

Creusage d'un puits de captation à air comprimé.

Ces sondages effectués sur le plateau gauche de l'Ar-

gech, entre la chaussée Bucarest-Domnesti et le village


Slobozia-Clinceni, sur une? étendue d'eviron 7 kilomètres,
235

avant donné de bons résultats, on fit, en 1899, sous la di-

rection de M. llie Radu, les travaux pour amener l'eau

de Bragadiru à Cotroceni.
L'eau de Bragadiru a été reconnue comme excellente
au point de vue hygiénique, elle est à la température con-
stante de 12°.
La captation a été faite dans des puits en béton de
ciment armé à grand diamètre dont la profondeur varie
entre 10 et 20 mètres.

On a construit 20 puits dont 5 sur la rive droite de


la Ciorogârla et 15 du côté de Bucarest, dont 7 sont dans
l'enceinte des fortifications. La distance des puits entre eux
varie entre 250 et 400 mètres.
Les eaux captées et pompées sont amenées par des
1

siphons d'un diamètre de 0 m ,20 à 0 m ,50 et d'une longueur


totale de 6 kilomètres dans deux puits collecteurs, placés

Les pompes de Bragadiru sont actionnées par l'usine élec-


1

trique de Grozâvesti, qui comprend 3 machines à vapeur de 105


G P. effectifs, lesquelles mettent en mouvement chacun un géné-
vateur de 70 kilowatts à courant continu sous 3000 volts.
L'énergie électrique est transmise aux pompes par deux
câbles souterrains isolés.
236

à 16 mètres au dessous de niveau de l'eau. Leur diamètre


intérieur
n
de 6 \50 et l'épaisseur
des parois m
de 0 ,55.
est
Deux pompes actionnées par des électromoteurs à
courant continu, sont employées pour les collecteurs l'une :

fonctionne et l'autre reste en réserve. Chaque pompe


élève l'eau à une hauteur moyenne de 10 mètres et la

déverse dans la conduite qui la mène au réservoir de Co-


troceni par une pente naturelle de 0 m ,25 par kilomètre. La
longueur totale de la conduite est de 10 kilomètres.

Déversement de la conducte.

Le nouveau réservoir de Cotroceni pour l'eau de Bra-


gadiru a une capacité a 7.000 m 3
. Il est en béton de ci-

ment, couvert et pourvu de 2 compartiments indépendants


l'un de l'autre.
Les travaux de Bragadiru ont coûté 2.900.000 fr.
La canalisation de Bragadiru fournit actuellement
à Bucarest près de 36.000 m 8
par jour. Si le débit est aug-
237

mente et si l'on peut arriver à 60.000 m 3 par jour; on ne


donnera que cette eau là aux habitants comme eau potable
et l'eau de Bâcu-Arcuda servira uniquement à l'arrosage
des rues, des jardins au lavage des égouts. et
L'eau en ville au moyen d'un système
est distribuée
de conduites d'une longueur totale de 182.031 mètres Ce 1
.

Entrée du réservoir de Cotroceni.

réseau de distribution est tout à fait insuffisant; mais vue

lesmaigres ressources de la ville et son étendue démesurée,


on devra attendre encore longtemps l'achèvement du réseau
projeté.
La quantité d'eau fournie à la ville en 24 heures a
été, en moyenne:
De Bâcu-Arcuda De Bragadiru Total
En 1903 . . 20.000 m 3
32.260 m 3
53.260 m 3

En 1904 ... 22.503 „ 29.850 „ 52.353 „


En 1905 . . . 24.000 „ 35.000 „ 59.000 „

1
Le nombre des robinets vannes est de 1.01 1 celui des prises
d'eau de 996 ; I) y a 31 fontaines publiques, 35 jets d'eau et 9
colonnes d'eau.
238

Les uns prétendent que cette quantité d'eau est suf-


fisante, car elle représenteenviron 170 litres par habitant,
ce qui est supérieur à la quantité d'eau dont disposent les
habitants de Lyon et de Toulouse. D'autres répondent qu'à
Dijon et Marseille on distribue 230 litres par habitant, à
Paris et à Besançon 250 litres. Les premiers ripostent que
l'on gaspille l'eau à Bucarest et qu'il est de toute néces-
sité d'établir des compteurs.

La vérité est qu'on ne peut établir aucune compa-

Construction du réservoir.

raison entre les villes europénnes et Bucarest. Ici chacun


à sa cour, d'où une nécessité d'une quantité
son jardin :

d'eau considérable; on lave le linge à la maison, il n'y


ici,

a pas de lavoirs publics et le lavage du linge à la rivière


est impraticable. De plus, l'étendue de la ville est hors de
proportion avec le nombre des habitants et c'est faire un
calcul erroné que de comparer le nombre de litres d'eau

dont dispose les habitants (Tune ville ramassée sur elle-même,


239

avant très peu de jardins et de petites cours pavées, avec


Bucarest qui separpille sur plus de 5.000 hectares et dont
les maisons ont des cours le plus souvent en terre battue
et de vastes jardins, sans parler de rues interminables qui
doivent être arrosées.
M. Michel G. Cantacuzène, en 1 905, a fait appeler de
nouveau M. Lindley et Ta chargé de faire exécuter de
nouveaux travaux de captation à Ulmi. On espère obtenir
encore 10.000 s
m
d'eau de bonne qualité.

Sondage à 240 mètres qui obtint 600 m. c. par 24 heures.

Un crédit de 1 a été ouvert pour ces travaux.


.721 .000 fr.

Il est question de compléter le réseau de dis-


aussi
tribution et de l'étendre dans les quartiers de la périphérie
où la population n'a d'autre eau que celle des puits trop
souvent infectée par les infiltrations et celle que les 247
sacagil qui existent encore, comme dans le bon vieux
temps.
Si le conseil municipal actuel est maintenu à la tête
Vue intérieure de l'uzine électrique de Cotroceni.
241

de l'administration de la capitale, ces projets seront certai-


nement exécutés on trouvera les trois ou quatre mil-
et

lions nécessaires;mais si le conseil municipal est remplacé


par un autre, le nouveau venu voudra changer les plans,
faire des économies et Bucarest attendra encore quelques
années avant d'avoir la quantité d'eau potable dont elle
a absolument besoin et qui fait toujours défaut, l'été surtout.

Ecluses d'Arcuda.

LES ÉGOUTS
Les eaux de pluie et les eaux ménagères stagnaient
dans les rues du vieux Bucarest où l'on ne s'occupait
guère que de quelques voies principales et encore très
sommairement. Dans les rues poclite, c'est-à-dire formées
de madriers, il existait sous les planches qui constituaient
la chaussée, un fossé qui était censé conduire les eaux à
la Dâmbovitsa. En realité, ces eaux infectes stagnaient
dans les fossés jusqu'à ce que des pluies diluviennes vin-
sent les chasser. Il y avait des fossés de ce genre dans
le Podul Mogoshoaie et le Podul Târgului d'Afarâ. Ailleurs,

calea Craiova et strada $elari, par exemple, les eaux


s'écoulaient par un fossé à ciel ouvert.
Un document de 1832 parle de la canalisation de
6613 16
242

certaines rues. Qu'on ne s'y méprenne pas. Il ne s'agit


pas d'une canalisation systématique, ni de la construction
d'égouts, mais du creusement de fossés pour l'écoulement
des eaux de pluie et des eaux ménagères. Il y avait aussi
quelques buses en bois, mais elles se détérioraient très
rapidement.
La première mention d'une conduite en pierre pour

Maison de Mr. l'architecte L. Negrescu.


rue Calonlirescu.

les eaux de pluie date de 1836; cette conduite devait


être établie;dans le Podul Târgului d'Afarâ.
En 1847 quelques égoûts furent construits en maçon-
nerie et couverts, qui ramassaient les eaux du centre et
les dégageaient dans la Dâmbovitsa, par deux branches
principales aboutissant l'une où sont actuellement les Halles
centrales et l'autre vers le pont de la Calea Craiovei, dit
..Podul de Piatrâ" (le pont en pierre).
Un égout l'ut construit en 1861 dans le Podul Mo-
goshoaie.
243

En 1864 on construisit un égout en briques, de


forme ovoïde, dans la rue Francezà (strada Carol).
En 1866, un propriétaire de la strada Pescaria Veche -

(aujourd'hui Général Florescu) relia la cour de sa maison,


par une conduite à ses frais, avec l'égout du Podul Târgului
d'Afarâ.
En 1866, il Bucarest 28 bouches d'égout,
existait à
fermées par autant de Elles étaient spécialement
grilles.

établies aux carrefours, par exemple au coin de la strada

Hôtel de M. G. Assan.
Place Al. Lahovary.

Lipscani et de la strada Smardan, devant le Han Gher-


mani (strada Doamnei), devant la propriété de Rasca
(strada Academiei), au coin de la strada Stirbei-Vodâ
(aujourd'hui strada Campineanu) et de la strada Luteranâ,
strada Boteanu, devant Bazaca (Place Sf. Anton), etc.
L'entretiende ces bouches d'égout et des grilles était
confié àun entrepreneur.
Dans un acte de la mairie de 8 janvier 1866, le ser-
244

vice sanitairedemande que l'on creuse un fossé pour écouler


les eaux stagnantes qui se trouvaient derrière l'église Sa-
rindar et qui répandaient la fièvre typhoide dans tout le
voisinage, surtout dans les rues Brezoianu et Belvédère.
Le 1 4 janvier 1866, les habitants de la strada Berzei
et de la Constantin demandaient à la munici-
strada Sf.

palité un fossé dans leur quartier pour les


de creuser
débarrasser des eaux croupissantes.
A la même époque existait encore un fossé qui des-

Hotel de M. G. Assan.
vue du jardin.

rendait en serpentant du Dealu-Spirei, passait derrière


l'église Àntim, longeait la colline de la Métropole et par

la calea Rahova allait tomber dans la Dâmbovitsa. Ce


fossé, par les grandes pluies s'emplissait, et l'eau se ré-
pandait dans les cours des maisons.
En 1867, il y avait dans la strada Clcmentei un
égout en bois qui était complètement délabré et on en
demandait la réfection.
245

La même année, existait dans le quartier Sârbi, un


fossé par lequel les eaux des arrondissements de Noir et
de Bleu se rendaient à la Dâmbovitsa en descendant la

strada Bradului. Il y en avait un autre calea Vacaresti.


Un document de 1868 contient un détail curieux. La
municipalité refuse de laisser construire un égout dans la
strada Academiei parce que la rue a une pente naturelle
pour l'écoulement des eaux. C'est le général C. Herescu-Nas-
turel (dont la propriété se trouvait là où est aujourd'hui
la salle du Liedertafel) qui avait demandé à construire
cet égout à ses frais.

Une réponse identique est faite le 25 avril 1868 aux


habitants de la strada Gabroveni qui avaient demandé à
ce qu'on fit dans leur rue un égout relié à celui de la
calea Mosilor. L'ingénieur de la mairie trouve que la pente
de la rue est suffisante pour écouler
les eaux ménagères.
En 1873, des égouts furent con
struits dans les rues Cozma et Pen-
sionat. Ce dernier fut le premier égout
en béton qu'on ait construit en Rou-
manie. Ce n'était qu'un essai d'en-
viron 100 mètres. Il réussit et tous
les travaux de ce genre furent par
la suite exécutés en béton.

Mais tous ces égouts faits de


pièces et de morceaux, mal raccor- Maison de faubourg,

dés, sans pente suffisante, envahis


par des boues et des ordures, jamais nettoyés, remplis-
saient mal leurfonction et dégageaient en été des puanteurs
malsaines.
Lorsque la Mairie de Bucarest se décida à faire ca
naliser la Dâmbovitsa et a amener de l'eau potable à Bu-
carest, elle chargea les ingénieurs suisses qui faisaient les
plans de ces travaux d'étudier et d'exécuter un réseau
d'égouts ayant un développement de 40 kilomètres.
246

On eût mieux fait de les charger d'étudier un projet


densemble embrassant toute la ville, quitte à ne l'exé-
cuter que successivement.
Le projet de M. Burkly-Ziegler fut adopté et on a
presque chaque année construit des égouts. Les dépenses
selèvent actuellement à plus de 7.000.000 fr.
La longueur totale des égouts est actuellement de
146.949 mètres, dont 81.908" d'égouts circulaires, 6.l28 m
1 -
-

d'égouts en ovoïdes
briques; 45.445 m d'é-
gouts ovoïdes en bé-
ton, 2.369 m d'égouts -

spéciaux, 10.204 m d'é- -

gouts ovoïdes minces


et 896 m de déver-
-

soirs.
Le réseau d'é-
gouts aboutit à 2 col-
lecteurs à section o-
voïde ayant le type
dit de 0 m 90 e C'est-- -

à-dire 2 m 70 de hau-
-

teur et 1 m 80 d'ou- -

verture, qui suivent


parallèlement laDâm-
bovitsa le long des
quais sur les deux ri-
Hôtel de M. Gr. Cerchez.
Calea Victorioi.
ves et dégorgent l'un
et l'autre en aval de
la ville dans la ri-

vière prés de l'Abattoir. En outre, sur plusieurs points


sont établis des déversoirs qui versent dans la Dâmbo-
vitsa le trop plein des égouts en cas de pluies extraor-
dinaires.
Une équipe de 20 ouvriers permanents est affectée
au nettoyage des égouis.
247

Pour le service des eaux et des égouts le budget


de 1906—1907 prévoit la somme de 644.796 fr. ainsi
répartie:

Perspective de la rue Régala.


Pince du théâtre.

Personnel

Service central 19.828 fr.

Bureau de la direction des usines et installa-


tions qui en dépendent 14.015
Usine No. et ateliers
1 29.030 „

Usine No. 2 11.240 „

Collecteurs de Bragadiru 8.800 „

de Bâcu
Installations 18.805
• Contrôle du réseau de la ville et des comp-
teurs 19.115 „

Nettoyage des égouts 38.879 „

Personnel du bureau dirigé par M. Lindley . 14.068 „

1 73.780 fr.
248

Entretien du canal de la Dàmbovitsa de Bre-


zoaia à Balaceanca; cuvage de la rivière
entretien du canal de l'Ilfovâts à Contesti . 10.000 ..

Entretien des talus de la Dàmbovitsa et du


parapet métallique en ville 3.000 ..

Installations des branchements d'eau chez


les particuliers 50.000 ..

Entretien des installations de Brezoaia, des


bassins et des filtres d'Arcuda, de l'aque-
duc de Bâcu à Cotroceni, etc 35.000 ..

Entretien du réseau de distribution en


ville, du réservoir d'Iancu, de l'usine
hydraulique de Grozavesti. combusti-
ble, etc 65.000 r

Entretien des installations de Bragadiru et


de l'usine électrique de Grozavesti, etc. . 55.000 ..

Réparations radicales aux machines à va-


peur, pompes, chaudières, etc 20.000 ,.

Achat d'un pont-bascule et établissement . 2.800 ..

Matériel et appareils pour l'entretien et le

nettoyage des égouts 5.000 ..

Matériel, instruments, etc. du bureau dirigé


par M. Lindley 25.052 ..

Pour les compteurs d'eau destinés à consta-


ter les pertes et les robinets-vannes . . . 170.000
„ les égouts 16.500
„ une pompe à Grozavesti 10.000 ,.

„ conduite d'eau établie entre Gro-


la
zavesti et le Parc Carol I 87.851
„ le réseau destiné à l'arrosage du Parc

Carol I . 65.093 „

„ le réseau d'eau potable du Parc Carol I . 19.50 ..

„ travaux urgents à Bâcu 5.000 ,

644.796 fr.

Soit, au total, 818.576 fr. pour l'alimentation d'eau


et les égouts.
D'un autre côté, le même budget prévoit aux recettes
750.000 fr. produits par la taxe que paient les habitants
pour l'eau qui leur est fournie par la ville.
CHAPITRE V

L'ÉDILITÉ

Pavage, enlèvement des ordures, écuries de la Mairie,


netoyage des rues, arrosage, écarissage

ous avons dit ailleurs que le Bucarest d'autrefois

n'avaitque quelques rues principales qui n'étaient


que les grandes voies de communication qui
mettaient la Capitale en relation avec les autres
villes du pays. Ces routes dans la partie qui allait du
centre aux barrières étaient formées de planches jetées
sur des madriers et sous lesquelles était un fossé qui con-

Chausée en macadam.

duisait soit à l'étang du Cismegiu soit à la Dambovitza


les eaux de toutes sortes qui y croupissaient.
Une seule était en terre battue, le Podul de Pâmant.
250

Les autres rues de la ville étaient également en


terre battue.
Ce n'est que vers 1832 que l'on commença à paver
quelques rues avec des pierres roulées. Le Podul Mogo-
shoaiei lut pavé ainsi devant la maison Grâdi§teanu en 1833.
Le 2 août 1860, la Chambre accorda un crédit de
600.000 piastres, soit 196.000 fr., pour pavage et
le la ca-
nalisation de Bucarest et le 4 mars un nouveau crédit
de 500.000 piastres, soit 160.000 fr. fut accordé dans le

même but. Le ministère des travaux publics devait effec-


tuer les travaux qui ne comprenaient que les rues Mo-
goshoaiei, Craiova, Mosjlor et le Podul de Pâmant, mais,
faute de personnel technique, il les laissa à la charge de la

Mairie, qui n'en exécuta qu'une partie.

Coin de rue pavée en pierres roulées.

En 1866, on repava entièrement en pierres roulées


le Podul Mogoshoaiei et en pierres cubiques la strada
Eranceza (strada Carol). Les pierres roulées qu'on enleva
de cette rue furent employées pour le pavage du Podul
Mogoshoaiei.
En 1868, on songea pour la première fois à exploiter
les carrières de grés du pays; mais on ne donna aucune

suite à cette idée. En 1892, une proposition fut faite à la


251

Mairie par un nommé John Morris, relative à des pa-


vages en bois. Cette proposition ne fut pas acceptée.
En 1873, on fit quelques essais d'asphalte pour les

trottoirs.
En I875, à titre d'essai, on exécuta, sur une cen-
taine de mètres, un pavage en bois et en asphalte devant
le Palais.

La même année, on pava la place du Théâtre en


pierres cubiques.

Place du théâtre (asphalte).

Ceci me rappelle un souvenir.


J'avais fondé, en décembre 1873, un journal hebdo-
madaire, de grand format, en français, intitulé la Rou-
manie. Dans une chronique, en 1874, j'avais signalé l'état
épouvantable dans lequel se trouvait la place du Théâtre
et j'avais demandé que l'on pavât cette place.
Il y avait alors un petit journal, intitulé Viitorul
dans la rédaction duquel figuraient MM. J. Bibicescu
et C. Nacescu. Cette feuille me fit d'âpres remontrances,
,

252

me reprocha de manger le pain et le sel des Roumains


et de dénigrer leur capitale. Je répondis que je ne man-
geais jamais de pain avec du sel ce qui Jrage a sârâcie"
comme on dit ici, et que je ne croyais pas que c'était
faire preuve de dénigrement que de conseiller à la Mairie
d'embellir le centre de Bucarest. Le conseil municipal
partagea mon avis et la place du Théâtre fut débarassée
des bornes qui l'encombraient, nivelée et convenable-
ment pavée.
On continua des travaux de pavage un peu partout
ici en pavés réguliers, là en pierres roulées; mais la cir-
culation, faute de trottoirs, demeurait difficile. Enfin en
1871, la Mairie conclut avec MM. Jean Marie et C-ie
(Société de Basalte artificiel) un contrat pour la construc-
tion de trottoirs. On commença par le centre et les trot-
toirs en basalte un peu partout.
artificiel s'étendirent

En 1885, le conseil municipal conclut un autre con-


trat pour l'exploitation de la carrière de Turcoaia et on
pava dorénavant avec les pavés provenant de cette car-
rière, sans renoncer cependant aux grés de Belgique
(Quenart et Ourth).
En 1889, la Mairie conclut un nouveau contrat avec
la Société de basalte qui s'obligeait à construire des trot-
toirs payables par annuités en 10 ans.
Voici quelle est aujourd'hui la surface des rues pavées:
En pierres roulées 1.489.383 m. c.
pavés .... 482.O01
basalte artificiel 10.567
asphalte . . . 2.322
bois 9.642

1.994.405 m. c.

Il y a encore 793.043 m. c. de rues qui sont en terre


battue ou en macadan.
La surface des trottoirs est de 1 .223.885 me. ainsi répartis :

En pierres roulées 468.286 m. c.


„ basalte artificiel 672.184
asphalte . . . 61.575 „
dalles 12 1 800 „
253

La longueur des bordures de trottoirs est de 388.890


mètres.
Il y a, à Bucarest, 60 chaussées, 15 boulevards, 29
rues principales, 616 rues secondaires et 306 rues non
pavées, plus 43 places.

Maison de Mr Cristopol.
rue Venerei.

La longueur et la surface de ces chaussées, boule-


vards, rues et places sont les suivantes:
Longueur Surface
60 Chaussées . . . 68.645 m. 1.615.509 m. c".

15 Boulevards .... 15.756 „ 357.860 „ „

29 Rues princip. . . . 48.307 „ 655.444 „ „

615 „ second. . . . 175.404 „ 1.905.368 „ „

306 „ non pavées . 125.472 1.553.220 „

Totaux . . . 433.472 m. 6.087.400 m. c.

La ville ne se fournit plus de pavés à l'étranger.


Elle a conclu pour 20 ans un contrat avec MM. Stefa-
254

nescu et C-ie propriétaires de la carrière Je luira >aia


qui doit lui chaque année 1.000.000 de pavés. Le
livrer
prix de revient du pavage en oavés de Turcoaia est
d'environ 17 fr. 30 le m. c. tout compris.
Le pavage en bois revient à 20 frs le m. c. et s'use vite ;

celui en asphalte revient à 17 fr. 85 Je m. c. et celui en


pierres roulées à 10 ou 12 fr. le m. c.

Voitures pour l'enlèvement des ordures.

Les trottoirs en basalte artificiel reviennent à 10 fr.


le m. c, en asphalte à 8 fr. 55, en dalles de lave à
18 fr. 50 et en pierres roulées à 2 fr. 50.
Pour compléter ces chiffres, nous dirons que le sable
employé dans les travaux de pavage coûte 1 fr. 70 le
mètre cube, le cailloux concassé à 13 fr. 20 et le gros
sable de 6 fr. 45 à 7 fr. 75.
En 1867, le colonel Leclerc, qui ax ait passé un an
à Bucarest (1865) écrivait dans son livre la Moldo-Va-
lachie que la municipalité s'occupe fort peu du soin d'en-
lever les ordures et que les habitans devaient remercier
les légions de corneilles qui se chargeaient du soin de
nettoyer la ville.
Nous avons tous vu ces corneilles s'abattre sur la

ville en troupes serrées et s'y engraisser des détritus de


toutes sortes que les anciens édiles se déclaraient impuis-
sants à faire enlever. On en voyait partout, même sur
cette place en terre battue qui entourait encore, en 1874.
'église Sarindar, aujourd'hui démolie, et où l'on jetait des
Wdures. des chats morts, et où le soir des bandes de chiens
hâves et affamés succédaient aux corneilles et ache-
vaient de leur mieux l'œuvre de purification de la ville.
Les corneilles sont devenues très
rares à Bucarest, ce qui prouve que
la municipalité a réussi à créer un

service convenable de balayage, d'ar-


rosage et d'enlèvement des ordures.
Lesorduressont transportées par-
tie dans deux grands enclos, l'un situé
strada Negru-Voda, l'autre strada Tu-
nari, où on les brûle, partie dans
des vastes trous qui existent l'un au
dessus du cimetière Bellio, dit Valea
Plangerei (la Vallée des Pleurs),
l'autre près du cimitière S-ta Vineri,
Mendiant.
dit gropile lui Uatu.
Le total des ordures enlevées
est d'environ 600 m c par jour, soit en chiffre rond 220.000
m c
par an.
Pour ce service, la Mairie dispose de 91 cotigari,
dont les salaires s'élèvent à 68.220 fr., 61 cotige à un
cheval, 20 fourgons à 2 chevaux, 8 fourgons à 1 cheval
et 11 fourgons à fumier à un cheval.
Avec tous les frais de personnel, de réparations,
d'entretien, etc., le transport des ordures revient à 0 fr.

89 c. par mètre cube.


L'arrosage peut se diviser en deux catégories:
256

1° Celui des rues les plus fréquentées qu'on arrose


deux fois par jour sur une surface de 1.800.000 me. ou
135 km. de longueur;
2° Celui des rues moins fréquentées qu'on n'arrose

qu'une seule fois par jour sur une surface de 336.000 me.
on 42 km. de longueur.
Ce service emploie: 51 cochers, 4 turbines, 51 grands
tonneaux d'arrosages à 4 chevaux et 16 plus petits à 1

cheval.
L'arrosage revient à 0 f
. 062 le mètre carré.

Si l'étendue démesurée de Bucarest est un empê-


chement à une canalisation complète d'eau potable, à un
pavage de toutes les rues, à un
arrosage général, à l'établisse-
ment d'un réseau d'égouts des-
servant tous les quartiers, elle
est pour nos édiles une cause de
cruel embarras quand il s'agit
d'enlever la neige.
La neige à Bucarest, ce
n'est pas la neige à Paris. Elle
tombe pendant des jours et reste
en couche épaisse pendant des
semaines.
Tombereau à ordures. Jadis on était heureux de
la une oc-
voir tomber. C'était
casion promenades en traineaux et elle ne gênait
de
personne, car les gens qui vont à pied ne sortaient guère
de leur quartier et les gens riches avaient des voitures à
leur disposition.
On se contentait de débarasser les cours en réjetant
la neige dans la rue et l'on chemins le long-
faisait des
dès maisons, puis on attendait philosophiquement le dégel.
On en avait pour quinze jours à patauger dans la
boue; mais, encore une fois, on s'écartait si peu de son
chez soi qu'on n'y prenait pas garde. Quand aux voitures
si elles rentraient éclaboussées de boue par dessus la
capote, c'était l'affaire du palefrenier et le maître n'en
avait cure.
Mais d'autres temps sont venus et on a pris d'au-
tres habitudes. On sort beaucoup à pied aujourd'hui qu'il

y a des trottoirs et des tramways un peu partout. Pié-


tons et tramways réclament contre la neige qui n'a plus

Sacagiu porteur d'eau.

d'autres partisans que les amateurs de traineaux, chaque


année plus rares.
Tous les hivers, les journaux, qui ont la critique
trop facile, se font un jeu de protester contre les lenteurs
de la municipalité a faire enlever la neige sans se rendre
compte de l'étendue de la ville.
La Mairie fait ce qu'elle peut, elle engage des cen-
taines de travailleurs, des centaines de charretiers et tout
ce monde là travaille, les uns mettant la neige en tas le
long des trottoirs, les autres emplissant leurs charrettes
et allant les vider dans l'égout le plus proche ou dans la
Dambovitsa, en la jetant par dessus les ponts.

6613 17
258

Mais, malgré le personnel supplémentaire, l'enlève-


ment de la neige se fait très lentement, sauf dans la calea
Victoriei et la strada Lipscani, ainsi que dans les rues où
passent les tramways, la direction de ces derniers ayant
pris soin de faire fondre la neige en répandant du sel sur
tout le parcours des lignes.
Quant aux particuliers, ils protestent contre les len-
teurs de la Mairie; mais ils se gardent bien
de se sou-
mettre aux règlements qui leur imposent de balayer la

Hôtel de Mr. A. Simu


rue Eldorado.

neige devant leurs maisons. Cette neige, foullée aux pieds,

se tasse, durcit sous le froid et se transforme en glace


qu'il faut ensuite briserà coups de pic pour l'enlever.
Enfin, après un travail acharné, on a réussi à faire
disparaître la neige. Mais elle tombe de nouveau et tout
est à recommencer sur de nouveaux frais. Certains hivers,
cela se produit quatre ou cinq fois au grand désespoir
de nos édih s.

Pour l'enlèvement des neiges, la mairie dispose de


17 grands traîneaux et de 80 petits. Comme ce matériel est
tout a fait insuffisant, elle engage, comme nous l'avons
259

dit, des charrettes supplémentaires et dépense, de ce fait, de


30 à 50.000 fr. par an, suivant que l'hiver est plus ou
moins rigoureux.
* *

Pour ses différents services, la Mairie employant un


nombre considérable de chevaux, a dans la calea Plevnei,
de vastes écuries où elle entretient 340 chevaux.
Le personnel de ces écuries se compose de 2 fonc-
tionnaires, de 3 employés adjoints, de 3 portiers, de 44
palefreniers et de 6 maréchaux ferrants, dont le salaire
annuel figure au budget pour 49.620 fr.
La nourriture des chevaux est de 248.920 fr. par an.

Le salon d'art de l'hôtel de M. A. Simu.

La Mairie entretient également, à Bâcu, un parc de repro-


duction pour ses chevaux:
Cette année la commune a fait l'acquisition de l'im-
meuble de la rue Berzei où était installé l'établissement
d'arts graphiques des frères Socec, afin de pouvoir
I. et E.
étendre ses écuries et ses ateliers aujourd'hui trop à l'étroit
par l'augmentation continuelle de ses voitures et de ses
chevaux.
260

Le service de l'équarissage jusqu'en 1904 était concédé


par Mairie à un antrepreneur qui reçoit une subvention
la

annuelle de 8 —
0.000 frs. Depuis c'est la commune elle
I

même qui exploite ce service et dépense environ 30.000


frs. par an pour son entretien.
L'approche des hommes chargés de se saisir des
chiens errants est signalée
de loin, parlesaboîementdes
chiens du quartier qui en ont
la plus grande frayeur. Du
reste la manière primitive
employée, a de quoi leur faire
peur et peut être pressen-
tent —ils, le sort final du
malheureux qui se laisse
prendre. Ce sont des tsiga-
nes, qui armés de longues
perches pourvues d'un collet
en fil de fer, cernent le

chien apperçu errant dans


la rue et s'efforcent de lui

passer pour le
le collet
Marchands de vieux habits. soulever et le jeter dans la
voiture grillée qui accom-
pagne la bande. Souvent
la bête se dérobe, d'où une course acharnée et sauvage
qui reste parfois à l'avantage du chien.
Les chiens pris sont transportés à Colentina, où l'on
porte aussi les animaux morts. Si au bout de trois jours
personne ne réclame, l'animal est asfixié par l'acide car-
bonique. La Mairie retire près de 18.000 frs. par an de
la vente des peaux.
11 serait à désirer que le service de l'équarrissage
passât à la Société protectrice des animaux.
CHAPITRE VI

L'flLinENTdTION

Comme tous les pays qui ont subi


le joug de l'étranger

et sur le territoireduquel les invasions et les incursions


se sont succédées durant des siècles, la Roumanie a connu
des jours de disette et si la récolte par surcroît était mau-
vaise —
ce qui arrivait fréquemment à cause des séche-
resses —
la famine y ajoutait ses horreurs.

Il était plus aisé de lutter con-


tre l'ennemi que contre la famine et
la maladie. Presque toujours après
une épidémie de choléra de ciumâ —
— on voyait survenir la famine et
le lugubre spectacle de désolation et
de misère qui régnait dans les cam-
pagnes suscita a maintes reprises la
f^j pitié de ceux qui se succédèrent au
— t.;~^.-_
.

L "
j) trône de ce malheureux
pays; sans
vU" ^=^ ^^=^ (

q ue toutefois leur bonne volonté ou


Marchand de légumes leurs mesures trop éphémères aient
ambulant.
pu amener le moindre allégement.
Ce ne fut qu'en 1834 que par le règlement organique
qui régit le pays de 1834—1856 on prévit la formation
de greniers de réserves. Mais cette disposition ne reçut
262

jamais d'application et les crises agricoles nous trouvèrent


tout aussi dépourvus que par le passé. On prévoyait encore
dans le même règlement le droit de prohiber l'exporta-
tion des grains, mais comme la précédente, cette mesure
était lettre morte car on n'en fit jamais usage.
Il est vrai que l'immixtion de l'Etat dans l'appro-
visionement d'un pays ne donne en général aucun bon
résultat et bien au contraire augmente l'appauvrissement
du marché de l'alimentation; tout ce que peut et doit

Cantine populaire.

faire l'Etat est de prendre des mesures de prévoyance


pour les cas de disettes
et organiser des réserves qui
rendront service à un moment donné. Encore faut il être 4

très prudent dans l'application de ces moyens et surtout


lorsque il
y a lieu d'interdire temporairement l'exporta-
tion des grains. L'expérience des autres pays, tout parti
culièrement de la France, a prouvé suffisament qu'il im-
porte essentiellement pour l'abondance de l'alimentation
263

que la plus grande liberté soit facilitée aux transports et


à l'entrée des produits alimentaires.
Le développement des marchés et de la question ali-
mentaire a donc suivi pour Bucarest une marche normale
et passé succesivement par les phases habituelles.
Les marchés n'étaient à l'origine que des foires
où se rencontraient les
différents commerçants
venus soit des envi-
rons, soit de loin pour
y réaliser leurs transac-
tions de toutes sortes et
où, on amenait, aussi bien
des tissus, que des grains
ou des bestiaux. Peu à
peu les diverses variétés
Marchand de vollailes.
de marchandises se sont
sélectionnées , se sont
choisis emplacements propres, plus aises a recon-
des
naître, et convenant mieux à leur genre de commerce.
On arriva ainsi à VObor — le marché — situé à l'extrémité
de la Calea Mosilor, où les
opérations commerciales se
font deux fois par semaine,
le mardi et le vendredi, et

concernent principalement
les grains, les bestiaux et
les bois.
Le marché aux
vrai
bestiaux est à VObor de
vite— marché aux bestiaux
c'est là, jusqu'à l'achève-
ment <lu nouvel abattoir,
Marchand de poissons ambulant. que se font les approvision-
nements des bouchers qui
dirigent ensuite les animaux, soit directement à l'abattoir,
264

soitaux points où ils gardent leurs bestiaux. Ce marché


occupe une grande place rectangulaire que longe le bou-
levard Ferdinand et où sont amménagés des compartiments
séparés par des clôtures en barres de fer.

En général nos grands bouchers ont leur parc de


réserve qu'ils tiennent dans les villages voisins de la ca-
pitale, quelques fois aux portes même de la ville et diri-
gent le matin au petit jour vers l'abattoir, au fur et à
mesure des besoins le nombre d'animaux qu'il leur taut.
Autrefois, Bucarest, comme toutes les villes de l'Eu-
rope, n'avait pas un abattoir municipal. Il y avait un peu

Parc aux bestiaux devant l'abattoir.

partout et particulièrement aux marchés mêmes des tue-


où les bouchers abattaient et
ries (zalhanale) particulières
dépeçaient le bétail pour la consommation.
Un document de 1854, montre cependant qu'en 1854
les bouchers payaient une taxe de 2.800 piastres, soit

896 fr. pour un terrain d'abatage.


En 1855 nous voyons pour la première Ibis qu'on
ait nommé un employé spécial pour la surveillance des
tueries.
265

En 1868, la Chambre dans sa


des députés vota,
séance du 30 mai, une convention conclue en 1865 et
en 1866 par les ministre de l'intérieur avec M. Alexis Go-
dillot, de Paris, par laquelle ce dernier était chargé de
construire un abattoir à Bucarest, les Halles centrales, la
Halle de la strada Amzi et le jardin de l'Episcopie.
Un crédit de 5.000.000 fr. était ouvert au ministère
pour payer ces travaux. La somme devait être remboursée
à l'Etat par la mairie sur ses revenus.
Les travaux commencés en 1868 ne furent achevés
qu'en 1872.
L'abattoir fut construit par l'ingénieur français Al-
lred Berthon sur la rive droite de la Dambovitza, Il lut
livré à la mairie en octobre 1872 et
a coûté 700.000
Il se
fr.

compose de trois corps de


H^^^B
H
bâtiments:
I". Une construction centrale,
couvrant 1.360 m. c, où il y a 16
compartiments pour l'abatage des
porcs, une grande salle et deux plus
petites avec 18 compartiments, cave
et un pârlitor dans ia cour;
2°. Deux constructions latérales
l'une à droite et l'autre à gauche,
contient chacune 1.690 m. ayant c. et
20 compartiments pour l'abatage du
gros bétail;
3°. Des magasins pour les suifs Marchand de gibier.
ayant 18 compartiments;
4°. Un topitor — fondoir — pour les suifs;
5°. Deux établcs où l'on garde les bêtes avant
l'abatage;
6". Deux constructions pour le personnel administratif;
7". Deux pavillons, l'un pour le portier et l'autre poul-
ie médecin comunal.
266

Les constructions couvrent en tout 3.552 m. c.


On ne tue dans l'abattoir municipal que des bœufs,
et des veaux.
L'abattage se tait la nuit après onze heures, ce qui
n'a lieu dans aucune ville de l'Occident, car cette habitude
a le double inconvénient de surmener
le personnel et d'empêcher un exa-
men sérieux des animaux par le vé-
térinaire.
On amène le bétail à l'abattoir
entre 2 et 5 h. l'hiver, entre 4 et 7 h.
l'été. Les bêtes ne se reposent pas
avant d'être tuées. On les tient dans
une sorte de parc établi sur le terre-
plein qui sépare le quai de la porte
d'entrée de l'abattoir.
Marchand de fruits L'abatage se fait d'après les pro-
ambuiant.
cédés les plus modernes ) et, toute
1

la nuit, à la lueur des lampes électri-


ques les garçons bouchers écorchent, écartèlent, dépècent.
Deux vétérinaires sont chargés d'examiner les bêtes
avant et après l'abatage.
Chaque boucher a son échaudoir.
Les suifs sont déposés dans un magasin en attendant
qu'on les vende, et, comme la vente tarde parfois, ils ré-
pandent dans l'abattoir une odeur insupportable.
Le sang recueilli est acheté par deux italiens, qui le
transforment en engrais qu'ils expédient en Italie. Les con-

I) Les bouchers roumains tuent les bêtes par innervation,


c'est-à-dire par ponction cervicale, ce qui supprime toute douleur
chez l'animal.
Les Juifs ont leur sacrificateur qui égorge les bêtes d'après
leur rite. Mais comme cette méthode hiératique ne tue pas immé-
diatement l'ammal, aussitôt que le „haham" (le schohet) a tourne
le dos un garçon boucher assomme le bœuf égorgé et afin de l'em-

pêcher de souffrir on lui fait la ponction cervicale.


267

cessionnaires italien^ MM. Costamagna et Rosazza paient


pour le sang 0.10 centimes par tête de bétail.
La ^viande des animaux tués est transportée à la
Halle où elle est vendue par les marchands en gros aux
marchands en détail.
La viande de 1-ère qualité est vendue en gros, de
75 à 95 centimes le

kilo ; celle de 2-e qua-


lité, de 65 à 80 cen-
times et celle de 3-e
qualité de 50 à 65 cen-
times.
Comme la popu-
lation juive ne mange
que la partie supéri-
Marchands de lait
eure de l'animal et que transporté dans des courges.
les bœufs tués par les
hahams sont de qualité supérieure, les bouchers juifs ven-
dent aux chrétiens d'excellente viande, mais prise unique-
ment dans les parties intérieures.

Les Juifs ne peuvent se


nourrir que de la viande d'un
animal égorge. Cette méthode,
toute hiératique et qui n'a de
raison d'être que dans les pays
très chauds où la viande se dé-
compose très rapidement, est
cruelle.
Après examen, du haham
(le schohet), si l'on n'a rien ob-
servé chez l'animal, il est coucher
(droit) , c'est-à-dire permis et
comme tel marqué à différentes
Marchands de fromage. places d'une estampille spéciale,
si non, il est îreipha c'est-à-dire
interdit, et on le livre immédiatement aux chrétienes.
268

Les bouchers paient à l'abattoir une taxe de 4 francs


par tête de bétail abattue.
L'ensemble de toutes les taxes perçues pour l'abat-
animaux destinés à la con-
tage des
sommation figure dans le budget
pour 450.000 francs.
Les moutons, les agneaux et
les porcs ne sont pas tués à l'abat-

toir, mais chez les éleveurs.

La Mairie fait construire en


ce moment à côté de l'abattoir ac-
tuel, un abattoir nouveau qui répon-
dra à toutes les exigences modernes,
où l'on tuera le gros et le petit

bétail et qui sera relié à la gare


de Filaret, par conséquent, à la gare
du Nord par une ligne ferrée dont
Marchand de fruits. l'exécution est déjà commencée.
Le nouvel abattoir doit être
élevé sur le même emplacement que l'actuel et on y a
destiné une somme de 3.000.000 dont le premier versement
de 500.000 francs est déjà effectué.
Ce nouvel abattoir sera relié
à la gare de Filaret afin que les bes-
tiaux puissent être ammenés direc-
tement dans la cour de l'abattoir,
ce qui déterminera la suppression
du marché au bétail d'Obor et
concentrera tout le trafic du bétail
au nouvel abattoir.
Les travaux ont déjà com-
mencé, les écuries et le marché au
bestiaux sont construits, tout est
en brique; et en fer. On y a prévu:
Une section frigorifique, une
Marchand de gibier.
fabrique de glace artificielle, un Ion-
269

cloir de une construction spéciale pour la bourse des


suif,

marchands de bétail; le bureau du service vétérinaire,


une section spéciale pour l'abatage du bétail malade dont
la viande peut être livrée à la consommation après avoir
été stérilisée; installation pour le nettoyage des conduites
d'eau transportant les matières en état de décomposition, etc.
Le nouvel abattoir sera éclairé à l'électricité.
Nous n'avons pas de détail, bien précis et surtout
bien sûrs relativement à la consommation de la viande
de boucherie en 1866.
Dans un rapport du mois de janvier 1866 nous trou-

Halle Traian.

vons que a abattu au marché Ghica, le 3 janvier 82


l'on
bœufs, 4 janvier 86, le 5 janvier (la veille de l'Epi-
le

phanie) 99, le 6 janvier 74 et le 7 janvier 76


Le même rapport dit qu'on abattait de 4 à 10 bœufs
par jour au marché Mogoshoaiei et de 12 à 20 au marché
Amzei.
Mais ces données sont trop incomplètes pour pouvoir
en tirer des conclusions certaines.
Xous préférons nous en tenir aux chiffres officiels de
ces deux dernières années.
270

Voici le chiffre des animmaux tués pour la con-


sommation :

Animaux tués à l'abattoir

Bœufs
et vaches Buffles Veaux

1898 . . 63.961 1.153 20.125


1899 . . 63.750 1.612 24.229
1000 . . 61.899 1,150 27.298
1901 . . 56 272 937 25.681
1903 . 54.631 1.206 24.497
1906 . . 57.586 1.304 24.743

Poids de la viande de boucherie

ln 1898 .... 17.081.50 kgr.


1899 . . 14.480.365 „

» 1900. . . 13.935 146 ,

1901 .... 12.700.241 ,

1903 . . . 12.393.828 ,

1906 .... 12991.196 ,

Animaux tués en ville

Porcs Moutons Agneaux

1898 . . 27.994 8.851 233.657


1899 . . 32 893 9.842 230.655
1900 . 33.370 8.655 288.708
1901 . .
38.561 9.15I 266.256
1903 . 16.1 15 1.675 216.535
1906 . 26.908 4.667 248.555

Il résulte de l'examen des tableaux qui précèdent


qu'il y a une baisse sensible dans la consommation de la

viande depuis 1898. L'écart est aujourd'hui très notable.


On consomme actuellement par an quatre millions de ki-
logrammes de viande de* 'moins qu'en 1898.
A quoi faut-il attribuer cette diminution? A la crise

de 1900, à la rarité du i^ros réclamé par un tra-


bétail
vail agricole plus intense et détruit par l'épizootie, à l'aug-
mentation du prix de la viande qui a été la suite natu-
271

relie de sa rareté? Nous ne voulons pas nous prononcer.


Mais nous constatons que la diminution est comparative-
ment la même pour moutons, agneaux et porcs. Il est

donc certain que, pour une cause ou pour une autre,


— et il serait bon de rechercher laquelle bien que la —
population ait augmenté et que
de la crise aient disparu,
les effets
on consomme aujourd'hui moins
de viande à Bucarest qu'avant
1901.
Malgré cela la moyenne de
la consommation est encore assez
élevée: A Paris elle est de 45
kgr par an et par habitant, à
Munich de 61 kgr., à Dresde de
77, à Rome de 42; elle est à
Bucarest, en 1906, de 54 kgr.
Marchand de primeurs.
Le prix de la viande de
boeuf, en 1906, a été de 0.80 c. à 1 fr. 20 le kgr., le veau
s'est vendu de I fr. 40 le kgr., le porc de 1 fr. à 1 tr. 20.
Les agneaux sont mis en
vente et dans les marchés et par
des marchands ambulants, qui
les suspendus par les
portent
pâtes de derrière à une balance
et aux quels la mairie a im-
posé d'envelopper leur marchan-
dise d'un linge blanc, car autre-
fois ils promenaient à travers
la ville, exposés à la poussière
et aux mouches, les agneaux
tout frais écorchés, le ventre ou-
vert et la tête sanguinolente, ce
Marchand d'oignons et piments.
qui était fort peu ragoûtant et

encore moins hygiénique. L'ag-


neau très jeune est vendu comme primeur des la fin de
272

décembre au prix de 20 fr., puis 15 et 12 fr. en janvier,


10 et 8 fr. en février, 7, 6 et 5 fr. en mars et avril.

Les agneaux sont ammenés vivants aux halles et


renfermés dans les sous sols du pavillon des bestiaux, où
on les égorge et dépouille avant de les livrer à la con-
sommation.

Un coin des Halles centrales.

HALLES ET MARCHÉS.
Sans remonter plus haut que la moitié du XlX-e
siècle, nous voyons à Bucarest plusieurs endroits où Ton
vendait des denrées: Pia(a Ghica, PiaÇa Amzei 1
), Pia(a
Mogoschoaiei, Pia^a Sf. Stefan, Pia{a S-ta Vineri, Pia{a
Sf. Anton et Pia(a Kretzulescu. 2
)

l
) Le marché
S-ta Vineri, fut ausi longtemps spécialement
destiné à vente du poisson.
la
Le marché Kretzulescu était établi derrière le han Kret-
zulescu et la maison de Dinicu Golesçu (l'aile gauche du Pa-
lais Royal actuel;. Kn 1866, on supprima ce marché, une partie
du terrain vague devint le jardin du Palais et l'autre partie la
strada Sf. lonicâ.
273

Les marchands y vendaient en plein vent et ces


marchés ressemblaient beaucoup plus à des foires qu'à
nos marchés modernes, car on n'y vendait pas seulement
de la viande, des légumes, des fruits, de la vollaille, des
œufs, mais aussi des étoffes, des colifichets et des co-
mestibles.
En 1866 le marché Ghica avait 26 petites boutiques

couvertes, le marché Amzei 19, le marché Mogoshoaie 40


et le marché Kretzulescu 40.

Halls aux poissons.

En 1865, le gouvernement conclut avec la maison


Godillot un contrat pour la construction d'une halle sur
la place Ghica, une autre sur la place Amzei et d'un
jardin sur remplacement de l'Episcopie.
La Halle Centrale (Ghica) ne
terminée qu'en oc- fut
tobre 1872. Les bâtiments en pierre, en brique et en fer,
rappelant les marchés couverts de Paris, couvrent 2.700 m.c.
et ont coûté 1.500.000 fr. La place du marché a 10.812 m. c.

On a construit à côté en 1887—1888, une Halle aux


poissons, pourvue de bassins pour conserver le poisson
vivant, de sous sols et de dépôts. Elle couvre 1.077 m. c.
et a coûté 323.350 fr.

6613
274

A proximité, on a construit, en 1899, une Halle aux


volailles et en 1903 on a créé aux Halles centrales une
fabrique de glace artificielle.

Tout autour des bâtiments sont installés des pavil-


lons où l'on vend des légumes, des fruits, des fromages, etc.
La Halle aux fruits a été construite en 1883. Elle
couvre 414 m. c. et a coûté 43.900 fr.

C'est à tout cet ensemble de construction que Ton


donne le nom de Halles centrales.

Marché aux fleurs.

De l'autre côté de la Dâmbovitza, en face des Halles


centrales se trouve la Piata Bibescu où, depuis 1874, est
installé lemarché aux légumes, que l'on ne reconnaîtra
plus l'année prochaine quand seront achevées les construc-
tions (jue le Conseil municipal actuel a fait faire en cet
endroit et donneront à ce marché d'aspect oriental
qui
que l'on dans nos gravures une physionomie plus
voit
Civilisée et tout à fait moderne.
La Halle Amzei, qui a remplacé l'ancien marché,
date, comme la Halle centrale, de 1872. Elle couvre
1.102 m. e. et a coûté 330.876. Elle est construite en bri-
que et en fer; mais elle présente le grand inconvénient
275

de n'avoir pas de sous-sol et pendant les grandes chaleurs


la viande et le poisson s'y détériorent assez vite.

En 1885, le place Sf. Anton (devant l'Hôtel Dacia)


devint le marché aux fleurs. Derrière les quatre ou cinq
petits pavillons où sont installés
les fleuristes, des paysannes ven-
dent des produits de leur fabrica-
tions: voiles, fichus, essuie mains.
En 1887, on a construit Calea
Grivitza, au coin de la strada Popa- r \

Tatu, un marché couvert en brique


et en fer, avec caves pour la con-
servation de la viande. Il couvre
268 m. c. et a coûté 58.293 fr. De-
vant ce marché des marchands
vendent des légumes. Marchand d'agneaux.

Un autre marché couvert a


été projeté, en 1 888, calea Rahova, à l'intersection de la
strada 13 Septembre et de la strada Sabinelor,
Enfin, en 1896, la Halle Traian a été terminée. Elle
couvre 764 mètres carrés ^t a coûté
265.000 fr. Elle comprend ^com-
partiments pour la viande, 12 pour
le poisson, 4 pour le pain, 6 pour
les denrées coloniales, et 10 pour
les légumes. Ce marché sur lequel
on fondait de grandes espérances,
n'a pas donné les résultats qu'on
en attendait, les transactions y sont
très faibles et il est à désirer qu'à
Marchand de lait caillé
(iaurt). l'avenir l'emplacement soit mieux
choisi, il y a des centres plus peu-
plés et où l'on ressent le manque d'un marché, tel le car-
refour de Dudesli où débouche la rue Traian, le carrefour
de la Calea Mosjlor, appelé piatza Topciului, etc.
La mairie transforme en ce moment le vaste terrain
276

Dambovitza, le Boulevard Maria,


situé entre le quai de la
la rue Bibescu-Vodâ et la rue du Poète, qui servait de

marché aux légumes en gros, où venaient les paysans


des environs et qui offrait le plus oriental spectacle.
Malheureusement l'ensemble était sale et comme l'em-
placement est situé tout près des Halles centrales, au
pied de la butte au sommet de laquelle s'élèvent la Ca-
thédrale métropolitaine et la Chambre des députés, il de-
venait urgent de transformer ce coin original si l'on veut,
mais misérable et sale, en une halle moderne et d'aspect
imposant.
La nouvelle construction occupe une surface de
16.000 m. c. et est com-
posée de trois corps de
bâtiment en façade sur
le quai, le boulevard et
la rue Bibescu-Vodâ. La
partie formée par la stra-
da Poetului reste ouverte
pour permettre, sans in-
convénients, l'entrée et
le sortie aux grands cha-
chargés de légumes
riots
Marchands d'oies. ou autres marchandises.
Ces trois corps de
bâtiment dont chacun a une longueur de près de 400 .mè-
tres, sont divisés en 57 compartiments et en autant de caves.
Aux angles formés par les corps de bâtiment, où
ont été pratiquées de très belles voies de passage, il y
aura de chaque côté des locaux pour restaurants, mar-
chands de vin, etc.
Au centre de la place intérieure, autour d'un large
bassin, huit grands pavillons ouverts, en fer, seront divisés
à leur tour en 140 compartiments que la mairie louera
aux commersants et dont elle espère retirer 250.000 frs. de
revenus, tandis qu'aujord'hui clic n'en a que 90.000. frs.
277

Les travaux coûteront au total 1.100.000 frs., dont


toutefois 320.000 frs. représentent les expropriations néces-
saires.
Le reste servira a la construction, î asphaltage de la

cour, la canalisation, l'éclairage à l'éléctricité, les conduites


d'eau et à la formation de deux squares sur la façade du
boulevard Maria, vis-à-vis l'hôpital Brancovan.
De nouveaux marchés sont projetés. Il serait à dé-
sirer qu'on exécutât ces travaux le plus tôt possible car

Marché aux légumes.

certains quartiers sont encore trop éloignés des halles cen-


trales et autres marchés existants, toutefois nos édiles ont
particulièrement développé les marchés les ont considé-
rablement améliorés et grâce aux mesures de surveillance
active du service sanitaire, l'alimentation est à peu près
satisfaisante.
Le service sanitaire en ce qui concèrne l'alimentation
se divise en service vétérinaire et service chimique.
Le service vétérinaire est dirigé par un médecin vé-
térinaire, chef du service, un vétérinaire, directeur de l'a-

battoir, 6 vétérinaires de circonscriptions, 3 vétérinaires


278

pour le contrôle du lait, 1 chimiste pour l'analyse du lait,

2 réviseurs de bestiaux pour le contrôle du laitage.


Le personnel du laboratoire Chimico-bactéréologique
de la commune qui compte trois sections comprend 1 chi-
miste administrateur, 1 bactéréologue, 2 chimistes com-
misaires experts (experts-jurés) 2 élèves, 1 copiste, 2 ser-
viteurs.
La surveillance qu'exerce tout ce personnel est très
active et nous en donnerons une idée beaucoup plus con-
crète par les tableaux suivants:
En 1906 on a tué à l'abattoir communal: 40.693
bœufs, 87 taureaux, 14.824 va-
ches, 447 buffles, 1.396 buffles,
20.676 veaux et 5.822 buffletins.
Tous ces animaux ont été
examinés par les vétérinaires
tant avant, qu'après avoir été
abattus eton a confisqué 17.916
kgr. de viande et 52.330 kgr,
de foies et autres organes.
Sur cette quantité 9.755 kgr.
de viande était tuberculeuse,
1 .466 kgr. représentait des pou-
mons tuberculeux et 576 de foies
Montagnard marchand de étaient également tuberculeux.
fromage.
Au laboratoire on a examiné en
1906 un nombre de 1.^17 échantillons alimentaires, dont 1 .249
ont été trouvés réglementaires. La plupart des échantilons
étaient de vins (886) ou boissons alcooliques (185) Pour le vin
689 ont été réglementaires et 197 en défaut, de ces 197 il y
avait 29 échantillons qui contenaient une quantité appréciable
d'acide salicilic et 82 qui n'en contenait que des traces.
Sur les 185 échantillons de boissons alcooliques, 40
contenaient de l'alcool en plus ou en moins delà quantité
réglementaire.
Parmi les autres échantillons de produits alimentaires.
279

73 n'étaient pas réglementaires, 19 contenaient de l'eau et

des substances grasses, 4 du vert de gris, 3 de la dextrine,


1 de thé falsifié et d'autres enfin devenus impropres à
l'alimentation à cause de leur état avancé.
Pour on a examiné 1645 échantillons, dont
le lait

1228 ont été reconnus réglementaires et 302 mêlés d'eau


ou de crème. Ces chiffres pour ceux qui sont au courant
des procédés chimiques des pourvoyeurs d'une grande
ville, sont significatifs et plaident éloquemment en faveur

de notre capitale; nous devons ajouter, que le laboratoire


n'est créé que depuis le mois d'Octombrie 1905, et, qu'à
ses débuts, la proportion des produits non réglementaires
était de 55 %>, on voit donc combien ce contrôle rend de
services à la population.

Le pain.
La nourriture nationale qui forme encore actuelle-
ment la base principale, pour ne pas dire exclusive de
l'alimentation du paysan est la
mamaliga, composée de larine de 4

maïs cuite et salée, offrant une


certaine analogie avec la polenta
italienne, mais f[ui constitue une
nourriture insuffisante et souvent
nuisible par l'emploi de maïs dété-
rioré ou qui n'avait pas atteint une
maturité complète.
Il est aisé d'ammener l'habi-
tant des villes à l'usage du pain,
mais malheureusement il n'en est
pas de même pour le paysan et il
faudra bien des efforts pour lui faire
comprendre les avantages qu'il re- Marchand de fflaces.
tirerait de l'emploi du pain et bien
des difficultés seront à vaincre pour mettre a sa portée
ce pain tant préconisé.
280

Bucarest possède deux grandes fabriaues de nain:


Tune Viata —
La vie —
société par actions, et l'autre Sâ-
nâtatea —
la santé —
société collective. Il faut compter
également la manutention du ministère de la guerre et
celle deColentina de la commune: cette dernière est pourvue
aussi d'un moulin. La mairie l'afferme, mais l'entrepreneur
est obligé, à la demande de la commune, de mettre en
vente le pain au prix fixé par elle. Cette manutention
peut produire jusqu'à 20.000 pains par jour. A part ces
grandes fabriques il y a d'importants
boulangers et d'autres moindres qui
produisent des pains ordinaires et des
pains deluxetandisque lespetitsboulan-
gersne produisent que le pain ordinaire.
Les grandes fabriques sont in-
stalées à l'instar de celles de l'étran-
modèles
ger, spécialement d'après les
des grandes fabriques de Vienne et
de Peste, quant aux manutentions on
y a introduit tous les perfectionne-
ments mécaniques récents, afin de
pouvoir produire le plus rapidement
possible, le plus grand nombre de
Marchand paysan.
pains possible.
A part les manutentions qui ne travaillent pour le
public que dans les cas de grève, ou de circonstances
spéciales et ne fabriquent ordinairement que le pain d'or-
donnance, bien qu'elles puissent produire toute espèce de
pains; les autres- fabriquent et les grands boulangers tels
que Aloïs Miïller. Gagel, Blaschek, etc., font journellement
tous les pains habituellement dans le commerce, c'est à
dire le pain blanc, le pain de seigle, le pain de pomme-
de-terre, la jimblâ — avec une farine plus
pain préparé
blanche —
le pain de luxe, les croissants au lait, au beurre,

les croissants salés —


que Ton consomme avec la bierre
et tous les petits pains de fantaisie.
281

Le pain est débité dans des boulangeries et distribué


aussi à domicile par un service spéciale que possède
chacun de ces boulangers.
Les boulangers moyens ont en général de 2 à 4
fours, moudent eux mêmes et emploient le travail manuel,
ils fabriquent également différentes espèces de pains, mais

pas le pain de luxe et partie d'entre eux font aussi la


distribution à domicile.
Le petit boulanger existe plutôt dans les quartiers
exentriques, il n'a qu'un four, ne fa-

brique que le pain habituel et le vend


sur place.
Par four il faut une équipe de
six hommes, qui d'après le règlement
du service sanitaire ne peut travaille r

plus de 14 heures par jour, s'il y a


plus de travail on doit employer une
autre équipe. Chaque four peut pro-
duire 1.300 pains par jour, le règle-
ment prévoit 1.200 pains en général
on force un peu, ce qui donne I.300.
Les boulangers s'approvisionnent
directement aux grandes meuneries,
. . , Marchand de noisettes.
.

quelques uns ont leur propre mino-


terie mais c'est l'exception, et pres-
que tous ont attenant à leur établissement des magasins
où ils déposent leur réserve de farine et quelque fois du
blé non moulu, qu'ils combinent selon la qualité après l'avoir
moulu eux mêmes.
Le prix du pain d'un kilogramme deux livres — —
est d'habitude de 22 centimes, le jimbla se vend 27 cen-
times, le pain de luxe un peu plus cher, le pain rassis
subit un rabais; les prix ne sont pas tout a fait uniformes,
certains boulangers vendent un peu plus cher, mais les
différences sont toujours fort petites; le gain que réalise
un boulanger est minime, il n'est jamais plus fort que
282

5 centimes par pain et une boulangerie achalandée vend


de 500—600 pains par jour; Les boulangers ne peuvent
hausser le prix du pain sans avoir préalablement obtenu
l'assentiment de la mairie, les agents de contrôle surveil-
lent également le poids des pains et s'il n'est pas régle-
mentaire le confisque en faveur des institutions de bien-
faisance.

Le vin.

Bucarest a de tous temps cultivé la vigne, aujourd'hui


encore certaines parties de la capitale sont plantées de
vigne et ne cèdent que lentement leurs coteaux ensoleillés

Marchands de la campagne.

aux constructions et aux travaux de la voirie. Tout au-


tour de la capitale, s'étendaient de nombreux vignobles
et presque chaque propriété avait son habitation où du-
rant les chaleurs de l'été venaient s'installer les proprié-
taires, y faisaient la récolte et préparaient le vin qui
servait à leur usage personnel. Quelques uns en fai-

saient aussi le commerce et comme les besoins n'étaient


pas très grands, les négociants de la ville trouvaient am
plement ce qu'il leur fallait autour de la capitale même.
283

très rarement ils s'approvisionnaient des départements


voisins Vlasca et Dâmbovitza.
Jusqu'à la construction du premier chemin de fer —
la ligne de Bucarest-Giurgevo le transport du vin se

faisait par chariots. Les négociants s'approvisionnaient soit

directement des propriétaires, soit de quelques commer-


çants en gros.
Lors de la construction de la gare du Nord on mé-
nagea vis-à-vis de la manufacture des tabacs une rampe aux
vins, qui existe encore aujourd'hui sous le nom de rampe
militaire et où Ton décharge les vins, à défaut d'une rampe
spéciale. La rampe de la gare Filaret
estemployée plutôtpour les vins qui
viennent de Dobrogea. Une nouvelle
rampe est projetée à la gare d'Obor,
L'installation est encore incom-
plète etil n'existe pas de hangars spé-

ciaux sous lesquels on puisse abriter


les tonneaux : aussi les laissait-on tels
qu'ils avaient été déchargés, jusqu'à
ce qu'ils fussent vendus; la direction
des chemins de fer percevait pour
chaque tonneau, quelle que fut sa di-
mension, une taxe uniforme d'un franc Bragagiu.
par jour.
Cet état de choses à la longue devint intolérable et

il y a 16 ans, à la suite des réclamations que lui adres-


saient sans cesse les négociants en vin, la mairie fit con-
struire un dépôt, deriére la fabrique Lessel, le long de la

voie ferrée qui mène à Cotroceni. On y payait 0.20 c.

par fût et par jour. En 18 une crue de la Dimbovitza inonde


le dépôt et on dût transporter les vins aux nouveaux en-
trepôts de Geagoga construits par la commune tout en
haut de la calea Rahova sur le plateau du dealu Spirei.
L'ancien dépôt fut démoli. Quelques grands négociants en
gros, juifs, sous prétexte que les fonctionnaires communaux
28

leur faisaient subir toutes sortes de vexations, s'associè-


rent et ouvrirent à leurs frais dans la calea Grivitza un
dépôt, dénommé „Nectar". La commune prétendit avoir
le monopole et aux négociants le droit d'ouvrir
contesta
ce dépôt. La cause jusqu'en Cour de Cassation
fut portée
qui donna gain de cause aux négociants.
Ce dépôt n'avait pas de cave, aussi plusieurs négo-
ciants s'entendirent avec un grand négociant en bois, dont

Hôtel de Mr. M. Blank.


rue Dionisie.

le gare du Nord et qui construisit


dépôt était voisin de la

un grand dépôt sur la calea Grivitzei, à côté de la gare.


Peu de temps après quelques autres négociants formèrent
un nouveau dépôt vis-à-vis de celui appelé Nectar, enfin
Lin particulier possède également un dépôt rue Romulus.
Tous ces dépôts sont publics et on débat à l'amiable les

conditions dans lesquelles on y dépôts, chaque dépôt


fait les

toutefois est surveillé par un agent de contrôle du Minis-


tère des finances, qui perçoit une taxe de 0,15c. par déca-
285

litre pour le vin, de 0.30 c. pour la tzuica et de 0.60 c.


pour l'alcool (esprit). Le jaugeage se fait selon deux sys-
tèmes qui offrent un résultat légèrement diffèrent (2 °/ 0 )
mais qui provoque toujours des malentendus, car tous
deux sont officiels et on devrait bien les mettre d'accord
pour éviter ces inconvénients qui en définitive s'emploient
contre les gens de bonne foi; on paie 2 frs. par tonneau
pour le jaugeage.
De tous ces entrepôts, le seul qui soit vraiment digne
de ce nom et qui réponde au but est
celui de Geagoga, que la mairie a
fait élever, mais qu'elle vendit plus

tard en 1905 à l'Etat pour la somme


de 1.200.000 frs.; ces entrepôts sont
reliés au réseau des chemins de fer
par une voie qui permet d'amener les
marchandises jusque dans la cour du
milieu; ils possèdent trois étages de
caves et des appareils perfectionnés
pour les opérations subséquentes, col-
Maison de Mr. l'ingénieur
lage, sou tirage, ouillage, filtrage et
Ilie Radu.
pasteurisation.
Nous donnons un tableau des principaux aliments
consommés à Bucarest en 1906:
Poisson frais 36 .50
1 1 kgr.
salé 467.590 „
Sardines en barriques . . . 13.900 „
Beurre 167.000 „
Fromage 328.890 „
Légumes secs 2.212.000 „

Pommes de terre 5.500.000 „

Sucre . 3.990.000 „

Riz 900.000 ;

Semoule 150.000 „

Huile d'olive 1.350.000 „

Olives 400.000 „

Vin 1.200.000 déc.


Vinaigre 25.000 „
286

Alcool 170.000 kgr.


Eau de vie 380.000 „

Bière 627.000 „

La consommation du pain en 1906 a été de


totale
59.720.603 kgr. soit 209 kgr. par habitant ou 552 grammes
par jour. Cette quantité semblera très minime, mais elle
n'est pas exacte, car une très notable partie de la popu-
lation des faubourgs, consomme, au lieu de pain, de la
bouillie de maïs — la mamaliga:
Voici un tableau du prix des denrées en novembre 1906 :

Viandes
gros 0.80 kgr.
Ien
en détail 0.85-0.90 „

v «mu., ^ w« m v filet

! à hachis 0.80—0.90 „

( hachée 0.80—0.90 „

Langue de bœuf . 1.20—1.60 „

Cervelle de bœuf 0.60—0 70 „


Rognons 0.40—0.50 „

Foie, spline, cœur 0.50—0.60 „

Mâchoire et restes 0.60 „

Pieds de bœuf, nettoyés 0 25 „

Pieds non nettoyés 0.20


Ventre nettoyé (lavé) 1.20— 1.40 „
Ventre non lavé 0.80—0.90 „

Suif 0.55—0.60 „

Peau de bœuf 1.20 „

Peau de buffle 1.00 „

Tr . , , | en gro ; 0.80—0.85 „
\ îandc de veau { , .. .

\ en détail 1.—
Epaule de veau 1.60—2 50 „

Antrecote de veau 2.00—2.50 „

Rognons 1.50-2.00 „
Poitrine de veau 1.50-2.00 „

Cuisse de veau avec rognons .... 8.00^—3.00 ,

Filet de veau (partie interne) 0.60 „

„ (externe) 1.40—1.60 „

Fricandeau 2.00—2.50 „
Langue de veau 0.50 „

Cervelle O.50 0 60 „
287

Pieds de veau 0.70 kgr.


Peau de veau 1.00 „

Peau de jeune buffle 0.80 „

Tête de veau 0 70—1.00 „

f
en gros 0.80—0.85 „
Viande de porc en détai]
( 0.90-1.00 .

Filet 1.20—1.40 „

Côtelette 1.10-1.20 „

Foie 0.60
Tête de porc nettoyée 0.40 — 0.55 „

„ „ u non netto} ée r
0.60
Graisse 1.10—1.20 „

Graisse fondue en gros 1 10 „

T détail ........ 1.20—1.30 „

Saucisses 1.00—1.40 „

Peau de porc 0.70 — 0.75 „

Pieds de porc 0.60 „

f
en gros . . . . 0.60 — 0.65 „
Viande de mouton
j en détail 0.70-0.80 „

jen gros 0.70—0.80 „


deprès " salés \
" en détail 0.80—0.90 „

Gigot 0.80—0.90 „

Tête de mouton 0.10—0.15 la pièce


Peau de mouton . .

. • 3.00 — 3.50 „

Poissons

Poisson vivant de différentes espèces 1.60 kgr.


Alevan 0.50-0.60 „

Carpe (petite) ............ 1,00


„ (grande) 1 .40 \
Brochet (petit) 0.50
(grand) '

0.60
Rouget 0.25—0.40 „

Perche (moyenne) 1.00 „

(grande) 1.40
Silure (grand) 2 00
(petit) ............... 0.60
Grand esturgeon fzoole) ... • . . . . 2.00 „

Tanche ........... . • . . . 0.80


Carassin 0.60—0.70 „

Sterlet .
2.00
Ombre de mér 1.20 „

Ecrevisses 3.00—8.00 le cent.


288

Caviars (œufs de poisson salés)


Caviar de carpe 3.50—4.00 kgr.
„ brochet 4.00-5.00 „

Poissons salés

Esturgeon 1.40
Filetde silure .... • 1.60—1.80 „

Carpe 0.80—1.20 „

Cosaque russe ..... „

Brochet 0.70
1
Platica ) 0.80
Menu frettin 0.30 kgr.
Tête d'ésturgeon de silure 0.60 „

Volailles

Poulet gras 2.50—3.00 la paire


Petit poulet 1.20—1.30
Canard . . . . • . 2.50—3.00
Oie 5.00—6.00
Dinde 12.00
Dindons ........ 14.00—16.00 „

Pintades 2.00—2.40
Pigeons . . 0.80—1.20
. .

Gibier

Lièvre 2.00—6.00
Peau de lièvre • . . . . 0.30 „
Perdrix 2.00—4.00
Bécasse 3.00—4.00
Bécassine 1.00—1.50
Canard sauvage 2.50—3.00 „

Caille . . 0.80-1.00
Chevreuil 40.00—60.00 pièce

Lait et laitages

Lait de vache 0.40 le litre

ff „ buffle 0.40—0.50
„ „ stérilisé 0.50 „

]i Ce poisson n'a pas d'équivalent en France et se trouve


dans les rouis d'eau douce do Roumanie.
289

Lait battu (dans les rues) 0.20—0.30 kgr.


„ (aux marchands ambulants) . 0.30
„ (chez le laitier) 0.40 „

.. aigri (au marché) 0.80


„ .. (chez les revendeurs) ... 1.00 „

Crème Chantilly 1.60—130


de lait bouilli (au paysan) .... 0.80— 1. 00
.. „ „ (au marchand ambulant) l. 20— 1.60
„ „ „ „ (chez le laitier) . . 1 .60
Beurre frais (au paysan) 2.00—2.50 „

r .. (au marchand ambulant) . 2.80 „

march. de fromages) 2.80 —3.50


^laitier et „

fondu (au marchand ambulant) 2.80 -3.20 .


„ (chez le laitier et marchand


de fromages) 3.60—4.60
Fromage blanc (dans la rue) .... 1.60 „

.. (chez le laitier) .... 1. 80 -2.00


de brebis (marché) 1.00—1.20
chez le marchand . . 1 .20 — 1 .40

_ à l'épicerie 1.20—1.60
en outre 2.20—2.60
„ grec 1.60—2.00
ordinaire 1.80-2.40
Lait caillé 0.40—0.50
.. en bol 0.20
Œufs (deux) 0.15
en gros .... 7.00 le cent.

Miel en rayons 3.00

„ en pot de V2 ^S' r - i -00

Comestibles

Côtelettes de porc, fumées I -50 kgr.


Filetde porc, fumé . 2.40
Saucisson 1.50
plat (ghiuden) 2.40—3.60 „

Lard 1.40—1.50 „

Viande séchée et pressée 2.00

Fruits

Pommes 0.30-0.60 „

Poires ordinaires 0.30 „

Poires de table 1.40

6613 19
290

Coings , 0.20—0.60 kgr.


Raisins de choix 1.20 „

Prunes fumées 0.70 „

Nèfles 0.80
Cédrats 1.40
Citrons (treize) , 1.00 „

Grenades 0.70 „

Noix (le cent) . • . 0.40—0.50 „

Concombres aigris 0.05 — 0.10 la pièce

Légumes et semences

Choux 3.00—6.00 le cent.


Choux rouge . . 0.20—0.40 kgr.
de Bruxelles . 0.60—0.80 „

Pommes de terre 0.10 „

en gros 5.00— 10.00 les 100 k.


Oignons 0.10—0.15 kgr.
en gros 9.00— 12.00 les 100 k
Poireau, les 100 pieds 1.00 kgr.
Ail 0.50— 1.00 le collier

Céleri 2.50-4.00 le cent


Navet 10.00—12 00 „

Laitue (4 à 5 pieds) 0. 10 kgr.


Panais 1.50—2.00 le cent.

Persil 1.50-2.00les100fils
Choux-fleurs 0.20—0.40 kgr.
Betteraves . 0.05—0.10 la pièce
en gros 4.00—5.00 le cent.
Oseille 0.30 kgr.
Epinards 0.30 „

Radis . . 0.10
Raifort 0.30
Champignons 1.10—1.30 ?.

Haricots 0.25—0.40 „

Lentilles 0.40
Petits-pois ... 0.40
Farine de maïs 0.15 „

„ „ „ de luxe 0.25 „

Maïs 0.10 „

Millet 0.15
Graines de chêne vis 0.40 „
291

Pain
Pain bis . . . 0.20 kgr.
Jimblâ (pain) . •
0.30
Petits pains de luxe 0.10 chaque
Croissants 0.05

Farines

Farine blanche l-ère qualité 0.40 kgr.


„ 2-ème „ ..... 0.30
„ „ 3-ème „ 0.25 „

Sel

En gros 0.20 kgr.


Concassé 0.20
De luxe ...... 0.30

Délicatesses

Œufs de poisson, frais (esturgeon) . . . 32. C0 „

préssés • . . 20.00-22.00 ..

Huitres d'Ostende (la douzaine) . . . . 3.00


Homards et langoustes 10 00 pièce
Truites 12.00 kgr.

Vins et vinaigres

Vins du pa}^s, divers crus 4.50—8.00 le décal.


fuicâ 6.00—11.00
Vin d'Odobeshti et Panciu 4.20—4.60
„ de Dobrogea 5.60—6.00
„ vieux d'Odobeshti 6.00-7.00
Vinaigre de fabrique 12 o 2.80—3.00
en détail 4.00 le litre

„ vin 0.50—0.60 „

Peaux

De cheval 12.00—13.00 une


..vache 1.20 le kgr
„ buffle 1.00 kgr.
Veau 1.00
Jeune buffle 0.80
Mouton 0.10-0.15 l'une
292

Porc 0.70—0.75 le kgr.


Lièvre 0.30 une
Chien 0.15—0.20 „

Bestiaux (vivants)
Cheval 80.00—600.00 la paire
Bœufs 500—600 frs. „

„ pour l'alimentation avec 8o/o de


réduction du poids 0.50 le kgr.
Buffles (alimentation) . . • . . . . 200— 400 frs. la paire
Vache „ . 100—120 „ une
à lait 120 - 200 „

Buffle à lait 250—300 „

Poulains 160—200 la paire


Veau de lait . 50—60 „

Porc de marais (40 kgr.) 35 — 55 „ une


„ engraissé (80—100 kgr.) 80—100 „ „

Pourceaux 5—6 „ „

Bois

Chêne 26—27 frs. les 100 k


Bois écorcé 30—31 „ „

Bois blanc . 22—23 „

Fourrages
Foin 1-ère calité .... • 60—65 „

„2-ème „ 55—58 „ „

„ 3-ème „ • . . . . 45—52 „ „

Pailles de blé 16—20 „

„ d'orge et d'avoine 24—26 „ „

de millet 44—50 „

de maïs 8—12 „ le char


. . .
• 32 „ les 1000 k.
Blé l-ère calité 66—68 „

, 2-ème „ 62 — 64 , „

, 3-ème „ 55—58 „

Orge 46—50 „

Seigle 56—52 „
Maïs nouveau 38—45 „
CHAPITRE VII

L'ÉCLdIRflQE

ses débuts Bucarest encore village, ne possédait


pas d'éclairage. Dès que venait le soir, la ville
était peu à peu plongée dans l'obscurité profonde,
à moins que la lune, par les nuits sereines, vînt
répandre sa lumière mélancolique sur la ville, où lentement
s'éteignaient tous les bruits, hors le chant des coqs et
l'aboiement des chiens.
Celui qui voulait de la lumière avait recours aux
torches, cordes ou bois, enduits
de résine et qui avec beau-
coup de fumée nauséabonde,
dégageaient une lumière jau-
nâtre et lugubre. Plus tard
les bougies de suif firent leur
apparition et pendant de lon-
gues années formèrent l'éclai-
rage de luxe. Quand l'édilité
Rue éclairée au pétrole.
fut constituée et qu'on orga-
nisa le sistème d'éclairage de la ville, on éleva de distance
en distance et seulement sur les voies principales, quel-
ques lanternes, qu'éclairaient des bougies de suif; nous ne
possédons pas de documents qui puissent permettre d'éta-
blir le nombre primitif de ces lampes, mais nous trouvons
.

294

qu'en 1844 la mairie fait élever encore 128 lampes. Les


particuliers et ce n'était guère que les boyards, employa-
ient les torches qu'ils faisaient porter par les serfs tziganes
et qu'on appelait „masalagii"
La première concession pour l'éclairage de la ville,
aux bougies de suif, date de 1850; ce n'est qu'en 1856,
que d'après M. Alimânâsteanu, le pétrole aurait fait son
apparition. En tous cas, son emploi ne fut que partiel et
très restreint, car les 16 lampes qu'on éleva en 1860 à

L'ambassade d'Autriche.
rue Vâmei

Cotroceni, furent toujours à bougies de suif et en 1861,


on retrouve le même éclairage. Il est vrai qu'en 1858
un certain Iosef Cherman proposa d'éclairer la ville au
gaz, mais le projet n'eut pas de suites. Vers 1861 Buca-
rest commença donc à utiliser le pétrole comme combus-
tible d'éclairage et fut sous ce rapport, une des premières

qui l'employa, car Gênes s'en servait déjà depuis 1802.


Aujourd'hui encore les quartiers excentriques ont conservé
ce système primitil et quelques ruelles du centre, telle que
295

celle de l'église Râsvan — St. Georges — n'ont pas d'au-


tres lampes. Toutefois par le contrat actuel de concession
de l'éclairage de la ville à la Compagnie du gaz, celle ci

est obligéede remplacer par série annuelle de lampes, les


anciennes lampes à pétrole, par les lampes plus moder-
nes a gaz. Bienmaisons encore
des même parmi —
celles du centre, ne possèdent pas d'installation au gaz,
elles sont éclairées au pétrole, que le peuple désigne^tou-
jours sous le nom de gaz, et que des marchands ambu-
lants débitent dans les rues en
criant gaz, gaz, et à côté de
la lampe à pétrole, brille la lam-

pe éléctrique à arc.
Ce fut en mars 1868 que
l'on accorda la première con-
cession pour l'éclairage au gaz.
Elle avait été accordée tout d'a-
bord à Mr. Alfred Gottereau, qui
ne put trouver durant deux ans,
le capital nécessaire a l'entre-
prise et menacé de perdre la cau-
tion qu'il avait dû déposer, passa
avec l'approbation de la mairie,
Marchand de pétrole (gâzar).
la concession à MM. Negroponti,
Mehedinteanu et Zarifi, moyen-
nant une bénéfice de 300.000 frs. qui lui fut versé immédiate-
ment. Les nouveaux concessionaires créèrent une Société gé-
nérale pour l'éclairage et le chauffage au gaz en Rou-
manie, quïen trois ans exécuta des travaux pour une valeur
de près de 4.000.000 frs. En 1873 ils transmirent leur con-
cession à une compagnie anglaise Tlœ Britis/i and
Foreign Water & Gaz Works Company Limited pour
la somme de 3.750.000 frs. Le siège de la Société était à

Londres pendant 7 ans, c'est-à-dire jusqu'en 1880 elle


et
conduisit Bien que constituée au capital de
l'antreprise.
0.000.000 frs., la Société dirigeait une affaire mauvaise, à
296

cause du charbon qu'il fallait importer à grands frais, de


Tétendue trop grande de la ville et de la perte sèche qu'elle
éprouvait par le non emploi de son cocks. Bucarest ne se
chauffait qu'au bois, les maisons en vue des hivers rigou-
reux, étaient construites avec des doubles fenêtres et chaque
pièce avait son poêle à la russe, excellent pour répandre
et conserver une douce chaleur; les poêles en fonte, les

Maison de Mr. V. Dàrâscu


rue Popa Rusu.

systèmes modernes pour l'utilisation des résidus du charbon


étaient ignorés et plus tard, lorsqu'ils firent leur appari-
tion, on ne sut tout d'abord les apprécier.
La Société anglaise chercha donc à se débarasser de
sa concession et en 1880 la passa à une Société française
constituée à Paris sous la dénomination de Compagnie du
Gaz de Bucarest. L'année d'après, en 1881 les actions de
cette compagnie passèrent à la Société du Gaz et de l'Eau
de Paris, mais qui elle même ne tarda pas en 1885 — —
297

à les transmettre à la compagnie actuelle qui obtint en


1905 le renouvellement de sa concession, doni le terme
expirait en 1908 et qui a été porté à 1948. Cette Société
porte le nom de Société roumaine de gaz et élec-
tricité.

En échange de cette concession la nouvelle Société a


versé à la commune une somme de 5.000.000 frs., comme
valeur des installations, et 2.000.000 frs. une fois pour
toutes; en outre elle lui reconnaît 10% sur toute location

Uzîne électrique communale.

de ses appareils ou produits et 50% de son bénéfice net.


La Société donne encore à la mairie, pour les pauvres, les
intérêts de 5% sur les cautions des abonnés et 200 tonnes
de cocks par an.
En dehors de la concession à la Société de gaz et
d'électricité, le mairie compte encore un entrepreneur,
Mr. Vittorio Croizat qui a la charge des lampes à pétrole
298

et à huile minérale. L'entretien de ces lampes lui est payé


à raison de 80 frs. par lampe par an et le contrat a été
conclu en 1894 pour cinq années. Tous les ans, l'entre-
preneur doit remplacer les vieux supports par autant de
nouveaux. C'est aussi en 1894 qu'à
été introduit la bec Auer.
Bucarest possède de la sorte
3.969 becs à gaz, 3.113 lampes à
pétrole, 1.018 à huile minérale, 151
lampes électriques à arc voltaique
et 66 à arcs incandescents.
En 1906 la ville a consummé
6.800.286 m. c. de gaz.
On peut apprécier d'après le

nombre des becs et des lampes à


pétrole ou à huile, le chemin qu'il
Marchand de gaz. reste à faire pour amener Buca-
un état d'éclairage satisfaisant.
rest à
Les rues du centre grâce à l'électricité et aux becs Auer,
ne manquent pas de lumière, mais les quartiers un peu
plus éloignés sont plongés dans une demie obscurité in-
quiétante et d'aucuns dans une nuit profonde, heureusement
la lune supplée de temps à autre à cette insuffisance, qu'un

esprit d'économie excessif vient augmenter en faisant éteindre


à partir de onze heures du soir 2 becs sur 3.
CHAPITRE VIII

VOITURES

es boyards de Bucarest ont eu de tous temps, des


[
chevaux superbes, richement harnachés et de belles
calèches (calesti et batci). C'était à qui aurait
i
les plus beaux chevaux et les plus riches voitures.
Une belle et très intéressante collection de semblables
voitures, ainsi que de nouvelles, a été réunie par Mr. Eliad,
rue Mircea Voda.

Voiture princiaire.

Leurs cochers avaient une sorte de livrée, composée


d'une longue tunique (dulamd) plissée et serrée à la taille
par une large ceinture de soie. Ils portaient sur la tête un
haut bonnet de drap noir, avec cocarde de soie blanche,
300

qu'ils remplaçaient l'hiver par un bonnet de peau d'agneau,


avec cocarde de soie rouge. Tous avaient à la ceinture un
couteau à long manche d'argent.
Les boyards sortaient tous à peu près à la même
heure. Les voitures montaient au petit trot le Podul Mo-
goshoaie et, une fois arrivées à la barrière, elles partaient
à toute bride vers Baneasa ou Herestreu.
La classe noble seule jusqu'en 1823, avait le droit de
se promener en calèche. Les gens de négoce, quelque fut
leur fortune, devaient monter dans des tape culs quelconques,
car il n'y avait pas de fiacres. Les premiers ne firent leur
apparition qu'en 1828.
Le major Papazoglu, dans Histoire de la fonda-
tion de Bucarest, où parmi tant de naïvetés, il y a de
très intéressants détails, raconte qu'en 1816, la princesse
régnante, femme du prince Caradja, vit passer sous ses
fenêtres une calèche toute neuve attelée de deux chevaux
fringants. Le cocher était tout de neuf habillé et dans la
calèche deux femmes qui lui étaient inconnues et qui ne
luiparurent pas appartenir à l'aristocratie de la ville.
Elle appela le bas-ciohodar et lui ordonna de courir
après la calèche et de la ramener dans la cour du palais.
L'ordre fut exécuté aussitôt.
La calèche suspecte fut amenée dans la cour du
palais et les deux dammes priées d'en descendre. On apprit
alors qu'elles étaient les légitimes épouses de deux des
plus riches fourreurs de Bucarest, Dedu et Ciochina.
La princesse leur fit dire de rentrer à pied chez elles
„où elles avaient à soigner leur ménage et leurs enfants".
Quand à la voiture et aux chevaux, on les envoya dans
les écuries princières.

Le prince Caradja ayant appris ce qui „ s'était passé"


fit appeler les deux fourreurs et leur demanda comment
ils se permettaient d'avoir des chevaux et une calèche de
grand prix.
Les fourreurs expliquèrent qu'un négociant de Vienne
301

leur devant 5.000 francs et ne pouvant les payer, leur


avait envoyé ces chevaux et cette calèche.
Le prince Caradja ordonna que l'on paya 5.000 francs
aux deux commerçants et garda la voiture et les chevaux.
En 1828, on vit à Bucarest les premiers fiacres.
Longtemps cette industrie futmains des
entre les
russes (lipovens) qui avaient leur quartier et leur église aux
alentours de la strada Romanâ. Les voitures qu'ils met-
taient dans la circulation étaient très belles et toutes at-

Voiture de Mr. Eliade.

telées de chevaux superbes. Les cochers portaient de lon-


gues tuniques de velours noir ou bleu foncé, serrées à
la taille par une ceinture de soie.

Aujourd'hui les lipovens sont moins nombreux et il


y a des loueurs de voitures roumains et juifs. Les
fiacres les plus élégants et les plus beaux chevaux sont
toujours à des russes.
Les fiacres de Bucarest sont tous des victorias; mais
les loueurs de voitures ont toujours des coupés à la dis-

position du public au prix de 5 fr. l'heure.


Le tarif est ainsi fixé:
302

Une heure en ville . . 2 fr.

Une course
Une course à la gare . • 2 „

Une heure hors la ville 3 „

Le tarit de nuit est le même que pour le jour, mais


les voitures sont moins neuves et les chevaux moins beaux.
Le pourboire n'estpas obligatoire à Bucarest comme
à Paris. Si on lui en donne un, le cocher remercie; si on
ne lui en donne pas, il ne proteste pas.
En général, les cochers bucarestois connaissent mal
les rues, sauf celles du centre ; aussi à moins que Ton aille

dans un endroit très connu, au théâtre, à la Chaussée, on


ne se donne pas la peine de dire au cocher ou il doit
aller. On monte dans la voiture et elle part. Lorsqu'on
veut prendre à droite, on touche du bout de sa canne le

bras droit du cocher, si l'on veut prendre à gauche on


lui touche le bras gauche, et, lorsqu'on veut s'arrêter, on
luienfonce légèrement sa canne au milieu du dos. Un de
mes amis qui a beaucoup voyagé, m'a dit que l'on faisait
de même en Chine et au Japon. En somme, c'est très
commode — quand il ne pleut pas.
Ah! quand il pleut, on regrette le fiacre fermé des
grandes villes européennes. Il est très difficile, malgré la
capote relevée et le tablier, de n'être pas trempé lorsqu'on
est obligé de sortir en voiture par une pluie battante, ou
de ne pas être gelé en hiver, car, en hiver non plus, il
n'y a pas de fiacres fermés.
y a actuellement à Bucarest près de 850 fiacres
Il

à deux chevaux et environ 150 coupés, faut ajouter il

encore un nombre de 200 voitures qui ne servent qu'au


service de nuit.
Les propriétaires de fiacres qui ne possèdent qu'une
voiture, conduisent en général eux mêmes; ceux qui en
possèdent plusieurs, engagent des conducteurs, presque tou-
jours hongrois, roumains ou juifs, payés à raison de 30 frs.
par mois et autant pour leur nourriture. Chaque voiture
303

rapporte en moyenne de 15—20 frs. par jour à leur pro-


priétaire, mais le contrôle est presqu'impossible. Les jours
de fêtes ou les dimanches un fiacre peut rapporter jusqu'à
60 et 80 frs.

Chaque propriétaire est obligé d'avoir au moins deux


paires de chevaux par voiture et d'entretenir celle-ci en
état d'extrême propreté.
Les Bucarestois étaient habitués, l'hiver, quand il

y avait de la neige à sortir en traîneaux. C'était partout,


et surtout à la Chaussée, des courses folles de traineaux-
fiacres et de traineaux de maîtres, ceux-ci garnis de chau-
des fourrures et avec un filet jeté par dessus les chevaux,

afin de protéger ceux qui étaient dans le traîneau contre

Russe conduisant le préfet de police.

les paquets de neige que les chevaux rejettent derrière


eux en courant. Ces sorties en traineaux, ces courses dans
le froid, parfois sous la neige aveuglante, avec le bruit
des grelots suspendus aux cou des chevaux, étaient un
des plaisirs les plus appréciés des Roumaines.
Aujourd'hui, les tramways qui passent dans tous les
quartiers font fondre la neige aussitôt tombée, en répan-
dant du sel sur tout le trajet qu'ils ont à parcourir et la
Mairie se fait un devoir d'enlever la neige le plus vite
qu'elle peut dans les rues principales.
304

Les promenades en traîneaux deviennent donc de plus


en plus difficiles et l'on peut prévoir que peu à peu ceux
qui en possèdent s'en débarrasseront et que les traineaux
deviendront à Bucarest un souvenir comme les chaises
de poste et les diligences.
Les règlements de police prévoient un certain nombre
de stations pour les voitures; mais ces stations n'étant
point gardées, les cochers s'y attardent peu, lorsqu'ils sa-
vent que les clients sont rares dans le quartier.
Il n'y a guère que sur la place du Théâtre national,
à côté de la Caisse des dépôts et consignations, devant
l'église S Georges, au
1
coin de la calea Dorobantzilor et

Le postillon qui en 1866 amena S. M. le roi


en Roumanie.

de la strada Romana, au coin de la strada Teilor et de


la strada Sperantza, au coin du Boulevard Elisabeta et
de la strada Brezoianu, au coin du Boulevard de l'Aca-
démie et de la strada Académie, sur la place Rosetti, le

long des grilles de l'Episcopie, au coin de la strada Popa


Tatu et de la caiea Grivitsa, et a la gare du Nord que
l'on est certain de trouver des fiacres.
Du reste, il y en a toujours qui errent par les rues.

Mais les dimanches et les jours de fêtes, ils sont très


recherchés et on en trouve dificilemenf.
305

Il y a eu naguère quelques omnibus à Bucarest. Se


souvient-on encore de ceux qui faisaient en 18731e service
entre centre de la capitale et les eaux minérales de Và-
le

câreçti.Souvenir lointain! Eaux oubliées!... On avait dé-


couvert dans une propriété appartenant, si nous ne nous
trompons à M.Pierre Gradiçteanu, et voisine de l'usine Le-
maître une source d'eau sulfureuse et ferrugineuse. On con-
struisit à la hâte une sorte de préau près de cette source et,
tous les matins, de 6 heurs à 9 heures, les Bucarestois allaient

Voiture royale de gala.

boire l'eau qui devait leur rendre la santé et se promener


sous le préau. On faisait une cure d'air en causant toi-
lettes. Le grand monde venait en voitures ou en fiacres,
les petites gens prenaient l'omnibus jaune qui partait de
la place S Georges et suivait la calea Vacaresti. Cette rue
1

était horiblement pavée et l'on était fort cahoté. L'om-


nibus secoué de droite et de gauche, rebondissait sur les
cailloux et les vitres, dans leurs châssis mobiles, vibraient
à se briser. Il était impossible d'échanger deux mots et
l'on sortait de là dedans avec une migraine atroce.

6613 20
506

La vogue de eaux de Vacaresti dura peu. Millo écrivit


une revue Apele de la Vacaresti, qui fut réprésentée à
la salle Bossel et où le grand comédien jouait le rôle prin-
cipal. Il y chantait un des couplets qui firent alors le tour
de la Roumanie et dont le refrain était:

Dâmbovita, apâ dulce


Apâ rea
Cine bea nu se mai duce
Sa mai bea

Et puis la rectification de la Dâmbovita coupa la pro-


priété de M. P. Gradi§teanu désormais aban-et la source,
donnée, se trouve aujourd'hui sur la rive droite à côté de
la pile du nouveau pont construit en face de l'usine Le-
maître.
Bucarest a eu aussi des tram-cars, d'affreux véhi-
cules qui stationnaient devant l'église S Georges et des- 1

servaient deux ou trois quartiers. Ils ont disparu depuis


deux ans et personne ne les a regrettés
Les seuls omnibus qui existent encore, sont ceux des
grands hôtels qui font le service entre l'établissement au-
quel ils sont attachés et la Gare du Nord.

LES TRAMWAYS A BUCAREST.


La première société de tramways date de 1871 la

traction était animale et aujourd'hui elle l'est encore pour


toutes les lignes, sauf celle des boulevards, qui est élec-
trique.
En 1890 fut fondée la société anonyme roumaine
pour la construction et l'exploitation de voies ferrées et
de tramways au capital de 2.000.000 frs ., appelée com-
munément par le public la nouvelle société, qui installa
de nouvelles lignes de tramways.
La première société, appelée toujours par le publie,
l'ancienne société, axait construit la ligne qui partait du
dépôt situé chaussée Bonaparte — là où il se trouve encore
307

actuel lemement — et allait par la rue Romana et la rue


Col(ea à la place St. Georges. De une autre
celte place
ligne allait, en suivant la rue Vacaresti, jusqu'aux usines
Lemaître, à côté desquelles se
trouvait une installation primi-
tive de sources ferrugineuses —
aujourd'hui abandonnées — et qui,
à l'époque, était très recherchées,
tout auprès de la Dimbovitza que
les travaux n'avaient pas encore
canalisée et où grand jardin sau-
vage servait de promenade après
la cure. De St. Georges partait
Râjnitzar
aussi la ligne de la rue Cala-
Marchand de moule à café.
rasilor.
'
Une autre ligne Georges a l'extrémité
allait de St.

de la Calea Mosilor et de St. Georges à la gare de Nord,


une bifurcation conduisait de la place Grivitza connue —
sous le nom de Matache ma-
\ f celar — au dépôt, en suivant la
.-A*t£ fiÉÉl I -
\*iààî rue Buzesti et plus tard de la

gare du Nord à Bucure§tii-Noui.


La taxe était pour une course
du dépôt à St. Georges de 0.30
c. et de St. Georges à une des

extrémités encore de 0.30 c.


La nouvelle société con-
struisit les lignes à traction ani-
male de Mosilor-Bragadir — pro-
longée ensuite jusqu'aux entre-
pôts — ; Dudesti-Bragadir Isvor- ;

Romana ; Piatza Victoriei-Scher-


T-igane vendeuse de fleurs. ban-Vodâ, prolongée jusqu'au ci-

metière Bellu ; Filaret-Luther ;

enfin la ligne électrique Cotroceni-Obor, qui suit toute la


ligne des Boulevards Elisabeth, Carol, Protopopescu-Pache
308

L'usine électrique de cette ligne est installée à Gro-


zâvesti, sur un terrain cédé gratuitement par la mairie,
elle a été inaugurée en 1892. C'est à cette usine que l'on
fit le premier emploi du pétrole pour le chauffage des
machines.
Pour la ligne électrique, la commune, en tant que
ses besoins ne l'en empêchent pas, cède à la Société, 120
chevaux, pris sur sa force motrice, à raison de 2 72 centimes
l'heure par cheval.
Ces deux sociétés fusionnèrent, tout en conservant leur
administration séparée. La capital de chacune d'elles est de
2.000.000 frs. et le conseil d'administration est pour la
1 -ère MM. Al. Baicoianu président. Josse Allard vice-pré-
sidont, Hector de Ba-
cker, administrateur
délégué, I. Segulici, E.
RàdulescUjH. Catargi,
A. Green, membres
Jules Borel directeur
général; pour la 2-e,
le conseil^est même à
part Mr. A. Green qui
n'y figure pas.
La société pro-
Maison ds Mr. Procopescu jette de transformer
Rue Soaunc.
la traction animale en
traction électrique et il faut espérer qu'elle réalisera
bientôt son projet. Lors de l'exposition on tenta l'essai de
la traction à vapeur, mais il y renoncer à cause de
fallut

la trop forte pente de la rue Smardan et du désarroi que


la locomotive répandait parmi les chevaux.
Actuellement y a 15 kilomètres de lignes dont 26.098
mètres, de voies doubles et 48.902 de voies simples. Elles
déservent 49 kilomètres de rues, employant en temps
normal 138 wagons par jour, conduits par 650—750 em-
ployés et tirés par 1.050—1.150 chevaux, outre les 8 \va-
309

gons électriques. Le nombre des voyageurs transportés a


été en moyenne de 65.000 par jour en 1906; en 1905 il

s'est élevé à 22.000.000 pour toute l'année, en 1907 il dé-


passera certes 1906, malgré que ce fut l'année de l'expo-
sition et que des lignes supplémentaires aujourd'hui —
supprimées —
déservaient à part. Les recette en 1905 ont
été de 2.956.952 frs.

Au début le public bucarestois se montrait asseze

hostileaux tramways. La promiscuité forcée avec le pre-


mier venu, répugnait aux classes plus élevées qui n'étaient
pas encore habituées à la vie en commun, mais très ra-
pidement les idées se modifièrent et ce pays-essentielle-

ment démocrate, sut bientôt ap-


précier et utiliser les avantages
de ce mode pratique de transport.
Du reste lataxe est de 1 0 centimes
par secteur, augmentée de 0,05 c.
par secteur en plus, jusqu'à un
maximum de 0,25 c, toute co-
respondance coûte 0,30 c. un
secteur représente à peu près
1.100 mètres.
Durant l'exposition un om-
nibus électrique avec impérial
faisait le trajet entre la place du
théâtre et l'exposition, à raison
de 0,50 c. par place cette entre-
;

prise était privée.


La direction des anciens
tramways a son siège au dépôt de la chaussée Bonaparte
et celle des nouveaux tramways au dépôt de la rue Tei-
lor, la société a encore des écuries et des reserves spé-
ciales sur différents points de ses lignes, vu les grandes
distances qu'il y aurait à parcourir pour revenir aux dépots.
Pour les cinq premières années de sa concession, la
Société paie à la commune une somme de 250 frs. par an
3 10

et par kilomètre, pour les dix années suivantes, 500 frs.,


et pour le reste du temps à courir, 750 frs.
Comme, par son contrat, elle est obligée d'entretenir
le pavage et de nettoyer non seulement les voies, mais

toute la rue, trottoirs compris, par où passent ses lignes,


une entente survenue avec la commune, laisse le netto-
yage à la charge de la mai-
moyennant un dédom-
rie,

magement de 600 frs. par


kilomètre et par an. Le
pavage reste a sa charger.
On se rendra compte
^ des avantages énormes que
réalise cette société d'après
les détails suivants:
L'ancien tramway, en
l'année 1906, pour son ca-
pital de 2.000.000 frs. ac-
cuse un bénéfice de 764.471
frs. soit plus de 38 %, ou-
tre 614.000 frs. amortis et
203.000 frs.de réserve sta-
tutaire.
pour son capital de 2.000.000 frs.
bénéfice de 834.344 frs. soit plus
rs. amortis et 31 1 .000 frs. de

^^H|^^^^^^BiH^er M- Toma Blandu obtînt l'en-


\ HHfliH '(*is en 1904, à la suite d'une con-
vention survenue avec la direction des tramways, les
tram -cars disparurent.
La corporation des cochers forme; une société de-
nommée „Fulgerul".
CHAPITRE IX

LA SALUBRITÉ ET LA SANTÉ PUBLIQUE

i par une belle matinée d'été, alors que l'air est

encore pur, on jette les yeux du haut du foiçor


(tour de feu) sur la ville qui s'étend à vos pieds,
on est certainement surpris par les innombrables
i

taches de verdure que forment de tous côtés les jardins


particuliers et les jardins publics; peu de villes au monde
jouissent de cet immense avantage qui devrait assurer à
Bucarest une place privilégiée parmi les capitales et en
faire une des plus saines. Malheureusement l'étendue dé-
mesurée de la ville et l'insouciance ou l'ignorance de la
population faubourienne, qui forme à chaque instant des
dépots d'immondices sur les terrains vagues si répandus
vers rendent la tâche de la commune dificile
la périphérie,

et, Ton ne prenait d'énergiques mesures, constitueraient


si

un perpétuel danger d'épidémies, par les fortes chaleurs


d'été où l'on voit le thermomètre monter jusqu'à 50° cen-
tigrades.
Le service municipal de salubrité tend tous ces efforts
à faire disparaître ces causes d'infections et de maladies, en
adoptant et en appliquant les mesures les plus aptes à sup-
primer ces dangers.
Le facteur le plus important dans la question de salu-
brité, est incontestablement la qualité de l'eau potable et

le débit dont dispose l'édilité. Nous avons déjà examiné à


312

propos de la Dîmbovitza, et de sa canalisation, la qualité

et la quantité d'eau sur la quelle peut compter aujourd'hui


la capitale et fait ressortir combien l'influence de l'eau
avait été ressentie par la population, dont la mortalité en-
core de 16.75 pour 10.000 habitants, avant la canalisation

Section traetereologique à l'exposition.

de la Dîmbovitza et l'introduction des eaux de Bacu et de

Bragadier, tombe en 1905 à 0.57 pour 10.000 habitants.


Sauf qulques égouts anciens qui existent dans quel-
ques rues, principalement ealea Victoriei et calea Mosilor.
le réseau d'égouts qui existe aujourd'hui a été entièrement
construit d'après les types modernes.
Toutefois le système du tout à l'égout dans les mai-
sons est encore rare et introduit seulement dans les con-
structions récentes.
Ces canaux ont coûté à la commune 7.200.000 frcs.
et sont absolument insuffisants.
Le débit total d'eau n'étant que de 19.145.583 mètres
cubes, qui doivent servir tant
à l'alimentation des habitants,
qu'aux besoins de l'entretien de
la ville, il est impossible de Javel-
les égouts comme il serait né-
cessaire et de satisfaire en été à
l'arrosage d'une superficie telle

que celle de Bucarest; c'est pour-


quoi en été on perçoit, en pas-
sant près des bouches d'égouts,
une forte exhalaison et on voit
au moindre vent se soulever des
nuages de poussière. Il s'écoulera
encore bien des années avant Mr. ie docteur ooreja

n r/^ directeur du service sanitaire.
quon j

puisse avoir 1 eau suffi-

sante pour remédier à ces inconvénients. Quant aux or-


dures, la question est plus aisée à résoudre et le service
se fait par abonnement; la mairie, envoie chaque joun
aux abonnés, ses 63 voitures systématiques, fait transporter
les ordures au dépôt de Tunari et de la à l'aide de 30
fourgons, les envoie à la fosse aux ordures, située à côté
de la fabrique de briques de Maximilien Tonolla et comble
de la sorte petit à petit, l'immense trou que l'enlèvement

du sable à briques avait formé. Les fourgons circulant sur


les voies des tramways qui sont toutes reliées entre elles,

le transport des ordures a lieu la nuit, alors que la circu-


lation des tramways est suspendue.
Une partie des ordures se brûle au crématoire 1
) de

l
) Le crématoire de Tunari a coûté 48.175 frs et celui de
Negru-Vodâ /2.770 frs; leur entretien annuel revient à 4.270 francs.
314

Tunari et de Negru-Voda et une autre employée à rem-


plir encore d'anciennes carrières de sable, vers les cimetières
de Bel lu et de Sfànta Vineri.
Les latrines sont vidées avec des pompes ou par
tonneaux; ce dernier système tend de plus en plus à dis-
paraître, et les matières fécales sont jetées dans la Dâm-
bovitza, en aval, à une petite distance de la ville.
Bucarest laisse encore beaucoup à désirer en ce qui
concerne les chalets de nécessité et les vespasiennes; leur
nombre est restreint et leur système en général primitif.
Il faut toutefois reconnaître que chaque année, nos édiles

cherchent à les améliorer et à les multiplier. Les dernières


construites sont en effet du mo-
dèle de celles de Vienne. Ac-
tuellement Bucarest possède 50
vespasiennes, 10 latrines et 5
chalets de nécessité.
L'arrosage des rues se fait
à l'aide de 33 grands tonnaux
d'arrosage, de différents systèmes
et a lieu deux fois par jour en été.
Pour ces différents services,
compris le balayage des rues, la
Mendiant.
mairie emploie 380 balayeurs, 15
balayeuses mécaniques, 120trai-
neaux pour la neige, 150 tombereaux à mains et 200
cochers. L'entretien de ces services lui coûte 180.000 frs.
par an. Elle en dépense autant pour l'entretien des chevaux
nécessaires.
Le service de la salubrité comprend en plus un ingé-
nieur, un architecte et un réviseur dont le rôle est de con-
stater l'état hygiénique des constructions.

En dehors de toutes ces mesures préventives, la


commune a un service sanitaire,
parfaitement organisé,
placé sous la direction d'un médecin secondé par un per-
sonnel qui compte 17 médecins, 4 chimistes, I I vétérinaires.
1 bactéréologue, 1 pharmacien, 10 vaccina-
0 sage-femmes, 1

teurs, 13 aide-ehirurgiens, 3 commissaires de santé, 3 révi-


seurs et un externe. Le budget du service sanitaire pré-
sente 327.348 frs. de traitements et 328.313 frs. de matériel
ou frais.

La santé a toujours beaucoup préoccupé


publique
la municipalité, malheureusement les ressources
mais
restreintes de la commune, l'ont empêchée d'appliquer
toutes les mesures que la situation et les conditions de îa
capitale reclamaient. 11 a fallu beaucoup de patience et de
persévérance pour réaliser une
partie des travaux nécessaires
et organiser les secours. La masse
de la population est pauvre et
l'assistance publique ne peut en-
Mi
core suffire à toutes les indi-
gences, mais les remarquables
résultats obtenus dans ces der-
nières années, font entrevoir, à
bref délai, la récompense de ces
nobles efforts, par l'excédent re-
marquable qu'accusent les nais-
sances sur les décès.
Les causes de décès sont
très diverses, mais pour la po-
pulation de Bucarest, les mala- Mendiant.

dies infectieuses tiennent une


large place dans la causalité de a mortalité.
La tuberculose fait chaque année de nombreuses vic-
times, et semble même en progression croissante sur les
années précédentes, malgré toutes les mesures prises pour
com battre ce véritable fléau.
en 1904, on a compté 1.231 décès causés par la
Si,

tuberculose, c'est-à-dire 42,3 décès pour 10.000 habitants,


cette proportion, —
de 38,2 pour 10.000 en 1903, n'était —
cependant que de 35,0 pour 10.000 habitants en 1899.
316

Bucarest, pour la mortalité due à la tuberculose,


occupe malheureusement le premier rang parmi les grandes
villes, laissant bien derrière lui Paris (38,4%oo), Saint-Pé-
tersbourg (36,0%oo), Budapest (39 5 9%oo), Vienne (31,4%oo),
etc..alors que la mortalité par la tuberculose n'est que de
16,6 %oo à Londres, 15 °/ooo à Bruxelles, et moins de 10%oo
dans un grand nombre de villes d'Allemagne, où les con-
ditions de vie sont cependant moins bonnes qu'à Bucarest,
au point de vue de l'hygiène.
La fièvre scarlatine et la diphtérie élèvent aussi le
taux de la mortalité, mais ces deux affections portent sur
les enfants et contribuent avec les maladies de l'appareil
respiratoire, les maladies de l'appareil digestif et de la dé-
bilité congénitale, à former la forte proportion des cas qui
donnent le coefficient élevé de la mortalité infantile que
nous avons signalée.
La fièvre typhoïde entre aussi, relativement pour une
grande part, dans le nombre des décès annuels. Avec 53
décès en 1904, cette affection porta la mortalité dûe à
cette cause à Bucarest à pourcentage élevé par rap-
port à la plupart des grandes villes exception faite —
pour Athènes (10,5 %oo), Saint-Pétersbourg (5,9 %oo),
Florence, Le Havre, Nice f
2
). ^™ 1

Enfin les décès attribués au cancer, placent Bucarest


parmi les grandes villes où cette mortalité est la plus ac-
cusée, car notre ville n'est dépassée à ce point de vue que
par Dresde, Lyon, Vienne et Londres (o.12 à 0.10 °/oo).
Toutes ces maladies décroissent rapidement, à me-
sure que les conditions de l'hygiène et de l'alimentation
se perfectionnent à Bucarest; ainsi en 1875 la proportion
des décès produits par typhoïde est de 16.6 par
la fièvre

10.000 habitants; elle atteint de 45 en 1877, dé-


le chiffre

croît en 1881, quand ont commencé les travaux de cana-


lisation de la Dimbovitza, tombe à 5,5 en 1889, quand on
commence à boire; à Bucarest l'eau de Bâcu, monte à
8,4 en 18 (
>7. par suite de la rupture d'une grande conduite
317

d'eau, pour retomber à 2,5 en 1901, quand ont été perfec-


tionnées les installations d'Arcuda. On voit, d'après ces
chiffres, quelle influence énorme a Teau potable sur la

mortalité des villes.


Les principaux ravages de maladies infectieuses ont
été causées par les épidémies de variole de 1879, 1885 et
1889; d'angine diphtérique de 1874, 1879 et 1880; de fièvre
typhoïde de 1874, 1878, 1879 et 1880. En général la mor-
talité causée par les maladies infectieuses atteint son maxi-

mum en 1879 où la proportion des décès est de 18,75 pour

Sale a menger de l'hôtellerie populaire.

I.000 habitants et son minimum en 1905 où elle n'est


plus que de 0,57.
La direction du service sanitaire de la commune a
dressé plusieuis tableaux, montrant les progrès de l'assis-

tance médicale à Bucarest et le soin que prend la mairie

d'augmenter sans cesse sa sphère d'action.


En 1874 les môdècins communaux ont visité à do-
micile 2.415 malades, 960 malades ont été soignés au dis-
pensaire et 62 femmes enceintes ont reçu des soins gratuits.
En 1905, 7.474 malades ont été soignés à domicile,
29.870 au dispensaire et 617 femmes enceintes allégées.
3i8

L'assistance publique compte encore parmi ses insti-


tutions:
L'hôpital Zerlendi, situé aux confins de la ville sur
la hauteur de Filaret (Voie Sherban-Vodâ). L'emplacement
et la bâtisse ont été légués à la ville, en 1899, pour de-
venir un hôpital communal, par le banquier Christofor
Zerlenti et c'est en mémoire du défunt que l'on a conservé
à l'hôpital le nom
du donateur. Cet hôpital, destiné aux
infirmes, a été ouvert en 1892 avec 40 lits, en 1904 il
comptait déjà 120 lits, servant à 78 infirmes hommes et
40 infirmes femmes.
L'asile Domnitza Balasa pour 76 femmes infirmes;
Proiopopnl Tador pour 24 femmes infirmes;
Hôtsch pour 25 infirmes;
„ Elena Djiwara pour 2 infirmes;
„ Slâtineanca pour 7 infirmes;
Elisabetheul (israelite) avec 19 lits;
.,

Elisabeta pour 101 femmes âgées.


La commune possède encore sur le quai de la Dim-
bovitza un asile de nuit où les malheureux qui n'ont pas
d'endroit pour dormir, trouvent un lit et une soupe chaude.
En 1905 on y a logé 6.443 hommes et 3.584 femmes, soit
10.027 personnes au total.

A côté de l'asile de nuit se trouve l'hôtellerie popu-


laire, entretenue également par la ville et où l'un sert mo-
ère
yennant 0.25 cts pour la 1 classe, et 0.60 cts pour la

2 e
classe, des repas substantiels aux indigents. Le menu
ère
de la 1 classe se compose d'un quart de pain (V2 livre),
une soupe et un plat, préparé toujours avec viande et lé-
gumes; le menu de la 2 ( '
classe est le même, augmente
d'un de vin, en outre les tables sont recouvertes de
rôti et
nappes on y donne des serviettes. Cette hôtellerie a été
et
inaugurée en I889, elle a été fondée avec le produit de
"'
fêtes populaires et a fourni en I905, 5505 repas de r
classe et 63.261 de 2 e soit 68.766 au total.
En I895 la mairie a construit des bains populaires
319

pour lesquels on a dépensé 145.000 frs; le bain y coûte


0.10 centimes, aussi l'établissement est-il très fréquenté,
surtout pendant les chaleurs de l'été. Ces bains sont situés
sur le quai Bibescu-Vodâ.
La création de l'Orphelinat date de 1775, il fut l'œuvre
du prince Alexandre Ipsilante et s'alimentait des offrandes
publiques; aujourd'hui l'Orphelinat, toujours sur le même
emplacement de l'ancien monastère Negru-Vodâ, est en-
tretenu par la commune. On y comptait en 1905, 484
enfants tant orphelins
que trouvés, dont 250
garçons et 234 filles.
Enfin la mairie a
en vue de bâtir un hos-
pice communal poul-
ies prostituées qui ac-
tuellement sont soig-
nées à l'hôpital de Co-
lentina, dépendant de
l'Ephoriedes hôpitaux
et pour lesquelles, la

commune sert annuel-


lement une subven-
tion de 20.000 frs à
l'Ephorie. ïl existe bien
le dispensaire, mais On Cusiène de rhote llerie communale.
n'y soigne pas à de-
meure. Ce dispensaire a été fréquente en 1905 par 477
prostituées; chaque pourvue d'un livret
prostituée est
qu'elle doit présenter au moins une fois par semaine à
la visite médicale et qui lui sert de sauf conduit. Le ser-
vice de la prostitution est placé sous la direction d'un mé-
decin et 3 commissaires sanitaires et sous la surveillance
directe de la police. Comme dans toute grande ville, la
prostitution clandestine est très répandue à Bucarest et
rend la surveillance délicate et difficile.
320

L'Ephorie des hôpitaux

Si Bucarest à une institution propre que l'étranger


peut lui envier à juste titre, c'est bien TEphorie des hô-
pitaux civils. Nous empruntons à Mr Alexandre Gâlâsescu,
chef du service des hôpitaux et du personnel de l'éphorie,
quelques précieux renseignements relatifs à cette institution.
En 1706 le prince Michel Cantacuzène fonde à Buca-
er
rest le 1 hôpital qui occupait les ailes de droite et de
gauche de la vieille tour de feu
Coltea, aujourd'hui disparue. En
même temps ce prince dota sa
fondation de biens administrés
par des éphores.
En 1735 le prince Grigoire
Ghica fonde l'hôpital Pantelimon
et en 750 un second hôpital,
1

JSSéÊÊk^ <
[
dota également de diffe-
1 1 i 1

JmfàKËt rentes terres.


Vers 1815 ces fondations

ne pouvant suffire aux nombre
toujours croissant de malades qui
venaient chercher un allégement
à leurs maux, les boyards, les

négociants et diverses personnes


charitables, se cotisèrent et l'hô-
Le General Davila docteur.
pital Filantropie (amour du pro-
chain) fut construit.
Jusqu'en 1832 chacun de ces hôpitaux avait son ad-
ministration propre, dont faisaient plutôt partie les mem-
bres de la famille du fondateur. En 1832 ces différentes
administrations constituèrent une éphorie centrale qui con-
trôlait la gestion des éphories spéciales de chaque hôpital,
nommait le personnel subalterne et prenait des dispositions
générales concernant les hôpitaux. Les éphores centraux
étaient pris parmi les membres des familles fondatrices.
321

En 1847 le Georges D. Bibesco supprime


prince
l'Éphorie, ainsi que les éphories particulières, institue une
éphorie de tous les hôpitaux existants, ordonne que les
terres en soient affermées aux enchères, et que les revenus
encaissés par l'Etat, seraient servis à l'éphorie au fur et à
mesure des besoins d'après un budget arrêté, approuvé
par le prince et les comptes soumis au contrôlé. Durant

Palais de l'Ephorie des hôpitaux civils.

les années 1856 à 1859 on en sépara l'éphorie de l'hôpital


Panteleimon qui redevint indépendante.
En 1859 on réunit de nouveau toutes ces administra-
tions et l'éphorie centrale passa sous la direction du ser-
vice saintaire du Ministère de l'intérieur.
L'état déplorable dans lequel étaient arrivés les hô-
pitaux sous l'administration de l'Etat, fit qu'en 1854 le

grand homme d'état roumain Michel Kogàlniceanu pro-


posa au prince Alexandre Couza de rendre à l'éphorie ses
biens et d'en faire une administration distincte de celle de
l'Etat.

6613 21
322

C'est à dater de cette époque que commença pour


l'éphorie l'activité propre et bienfaisante dont la prospé-
rité toujours croissante gagna la confiance de toutes les
âmes charitables et généreuses qui augmentèrent par leurs
dons, les revenus de l'institution et lui permirent le déve-
loppement de son œuvre admirable.
Ce qui caractérise tout particulièrement cette institu-
tion et en fait une grande œuvre humanitaire c'est que
tout malade y est soigné gratuitement et sans distinction
de nntionnalité on de confession.
Les revenus de l'Éphorie s'élevaient en 1830 à 70.000
frs, ils sont actuelle-
ment de 5.073.415 frs.

L'administration
est indépendante de
l'Etat, sous le seul
contrôle de la chambre
des députés pour le

budget et de la Cour
des comptes pour la

vérification de la ges-
tion, car la loi de la

contabilité publique
Maison de Mr. le Dr. Mirinescu
s'applique également
à l'éphorie, qui en re-
vanche poursuit ses rentrées d'après la loi des poursuites
pour les revenus de l'Etat. C'est aussi la loi des pensions
de l'Etat que régit les pensionnaires de l'Ephorie.
L'administration compte six services:
a) Des hôpitaux, de l'économat et du personnel, avec
2 inspecteurs, un pour les hôpitaux et un pour les phar-
macies ;

b) Sylvico-dommenial, avec un ingénieur arpenteur


et des sylviculteurs, chefs de circonscriptions;
c) Du contencieux;
ri ) De la contabilité;
323

e) De la caisse;

f) Technique divisé en service des architectes et ser-


vice des ingénieurs.
Ces services sont dirigés par trois éphores et un directeur.
Les éphores sont pris l'un parmi les membres de la
famille fondatrice Cantacuzino, un autre parmi les mem-
bres de la famille fondatrice Ghica et le troisième parmi
les docteurs en médecines qui ne sont pas médecins des
hôpitaux. Les éphores sont nommés par décret royal sur
la proposition du ministre de l'in-

térieur, et reçoivent un traitement


pris sur les revenus de l'insti-

tution.
Le personnel médical se re-
crute par voie de concours, ses
médecins sont pour la plupart
les premiers de la Capitale et les
professeurs de la faculté de mé-
decine ont pour clinique les salles
de ses hôpitaux.
L'éphorie possède en outre
pour le service de ses hôpitaux,
un dépôt central de matériel et
Mr. C. Professeur Dr. General
un de médicaments, auquel est Teodori.
annexé un laboratoire de phar-
macie et de chimie, pourvu de tous les appareils néces-
saires aux analyses de quelque genre que ce soit.
Il existe également un atelier pour la confection et la

réparation de la lingerie et des effets des malades.


Chaque'hôpital compte:
Un médecin primaire;
Un médecin secondaire par section:
Des internes;
Des externes;
Des surveillantes prises parmi les sœurs de charité et

les sages femmes;


324

Des infirmières et des aides, une pour chaque 10 lits. ;

Des hommes de service.


Les médecins, les internes et les externes sont nom-
més, par décret royal et à la suite d'un concours; le mé-
decin primaire est nommé à vie, les secondaires pour 4
ans, conformément à la loi sanitaire qui tend par cette
mesure à former le plus grand nombre possible de mé-

L'hôpital Coltea.

decins, les internes pour quatre ans et les externes pour


trois.

L'entretien d'un malade revient en moyenne à 1 fr.

50 c. par jour.

L'hôpital Coltea

Situé rue I. C. Bratiano (ancienne rue Col^ei), c'est


une immense construction toute moderne, répondant à
toutes les exigences de la science, éclairée à l'électricité et
qui à remplacé le vieil hôpital d'autrefois dont on a con-
325

serve seulement la petite église de style bizantin et la

statue du fondateur Michel Cantacuzino.


Il contient 306 lits, divisés en six sections de 50 lits

chaque:
La section médicale, du professeur ) C. Stoicescu. 1

La 1-ère section chirurgicale du professeur C. Se-


vereanu.
La 2-e section chirurgicale du professeur Toma Io-

nescu.
La section de dermatologie et syphilis du docteur
M. Petrini Galatzi.
La section d'ophtalmologie du professeur N. Manolescu.
Ces sections servent égale-
ment comme cliniques aux profes-
seurs de la faculté de médecine enfin :

La section des maladies des


voies urinaires du docteur P. He-
rescu.
L'hôpital contient trois am-
phithéâtres, des musées, bibliothè-
ques et laboratoires.
Attenant à l'hôpital se trouve
le dépôt général du matériel néces-
saire à tous les hôpitaux et l'ate-
lier de confection, ainsi que le dépôt
des médicaments et le laboratoire
M. le professeur Dr. V. Babes.
de pharmacie et de chimie.

L'hôpital Filantropia

Cet hôpital date de 1815, il est diï a l'initiative du


docteur Caracach, du prince Grégorie Balleanu et encore
à quelques particuliers.

l
) Le titre de professeur indique les professeurs de la fa-

culté de médecine de Bucarest.


326

Il contenait au début 40 lits, aujord'hui il en compte 235.


L'hôpital est situé sur la chaussée du même nom.
Il comprend les services suivants:
La 1-ère section médicale du professeur N. Malda-
rescu, doyen de la faculté de médecine;
La 2-ème section médicale du docteur Jean Nanu Muscel ;

La 1-ère section chirurgicale du docteur Georges Nanu ;

La 2-ème section chirurgicale du professeur C. An-


gelescu ;

La Gynécologique du docteur I. Kiriac.


section
Les quatre premières ont chacune 50 lits et la der-
nière qui occupe un pavillon à part, 35 lits.
L'hôpital est éclairé à l'électricité, possède un labora-
toire, un amphithéâtre, salles de bains, pharmacie, salle
d'autopsie et une chapelle.
C'est dans la cour de cet hôpital que sont installées
la blanchisserie mécanique et la fabrique de glace arti-

ficielle servant à tous les hôpitaux.

L'hôpital de la Maternité
Fondé en 1839 par le prince Michail Ghica, avait au

début 12 en possède aujourd'hui 80.


lits,

L'hôpital est attenant à celui de la Filantropie; il est


dirigé par le professeur Draghiescu. On y reçoit seulement
les femmes qui sont sur le point d'accoucher. C'est à cet
hôpitalque se fait la clinique obstétricale de la faculté de
médecine et qu'est installée toujours sous la direction du
Dr. Draghiescu l'école des sages femmes.
Le service intérieur de l'hôpital est fait par des sages
femmes diplômées, des sages femmes élèves, reçues internes
et de simple élèves sages-femmes qui y font la pratique

nécessaire.

L'hôpital des enfants


Fondé par l'éphorie en I857, avait 40 lits au début,
en compte actuellement 30 est situé sur la chaussée
1 ;

Bonaparte et rue Clopotarii-Noui.


327

On n'y admet que les enfants jusqu'à l'âge de 14 ans.


Par exception on y interne aussi les mères, quand il est
imposible aux enfants de s'en séparer.
Il y a trois sections:
La section médicale du professeur Tomescu;
La section chirurgicale du
professeur Romniceanu;
La section des maladies contagieuses du docteur Mi-
rinescu et qui occupe trois pavillons séparés et disposés
de que chaque pavillon peut servir en même
telle sorte

temps pour deux maladies contagieuses différentes.


L'hôpital compte en plus un service spécial de con-
sultations gratuites desservi par le docteur P. Vladoianu.

Pavillon de l'hôpital Colentina.

L'hôpital Colentina

Elevé en 1864 par l'éphorie sur la chaussée Etienne


le Grand, a débuté par 100 lits, en possède 243 actuel-
lement.
328

Il y a 4 sections:
La section médicale du docteur Urlâteanu;
La du docteur Racoviceanu-Pitesti
section chirurgicale ;

La section des maladies vénériennes du docteur An-


ghelovici ;

La section des maladies contagieuses pour les adultes


du docteur Grozovici.
Chaque section a 50 lits, sauf celle des maladies vé-
nériennes qui en possède 100 et les 2 pavillons séparés
pour les maladies contagieuses qui ont ordinairement 43
mais dont le nombre au besoin peut
lits, être considérable-
ment augmenté. Les pavillons ont la même disposition
qu'à l'hôpital des enfants, et l'hôpital possède encore des
pavillons séparé et spéciaux pour les cas d'épidémie.

L'hôpital Pantelimon

Fondé en 1735 par le prince Grégorie Ghica, comp-


tait lits au
12 début, en a 250 aujourd'hui; il est situe
aux portes de Bucarest et sert aux maladies incurables
ou nerveuses.
Il comprend deux services:
La section des maladies chroniques et incurables du
docteur E. Tulbure, avec 150 lits;

La section des maladies nerveusesdu docteur G. Ma-


rinescu, avec 100 lits. Ici se fait la clinique des maladies
nerveuses de la faculté de médecine.
Dans la cour de l'hôpital se trouve l'église élevée par
le fondateur et qui renferme le monument sépulcral du

prince Alexandre Ghica et des reliques de valeur.

L'hospice des fous de Marcoutza

Il est situé près de Bucarest et contient 700 aliénés.


C'est la propriété de l'Etat, i'éphôrie n'en a que l'admi-
nistration, l'Etat, le district, la commune et les particuliers
subventionnent l'éphorie pour l'entretien des malades. La
329

subvention est de 37 pour les malades tenus en


1 frs.

commun, et 66 pour ceux en pension.


de 2 frs.

Jusqu'en 1837 les fous n'étaient pas soignés, on les


isolait ou on les internait dans un des monastères du pays,
aujourd'hui on les traite selon les méthodes les plus scien-
tifiques, il est vrai que l'hospice actuel n'est pas aménagé
à cet effet, mais les plans sont prêts pour un grand et
bel hospice avec tout les perfectionnements connus qui
pourra contenir 1 .000 aliénés et que l'Etat va fait construire
sur le plateau de Vacaresti.
Il y a deux sections.
La section commune et des pensionnés, ayant pour mé-
decin le professeur Obre-
gea, directeur du service
sanitaire au ministère de
l'intérieur.

La section clinico-
mentale, du professeur
Soutso. C'est ici que se
fait la clinique de la fa-

culté de médecine pour


les affections mentales.
Les aliénés sont in-

ternés par l'autorisation


du parquet et à la suite
, ,
Tzigan montreur d'ours.
d un rapport dresse par
des expert médico-légaux
L'hospice renferme des ateliers de menuiserie, de
cordonnerie, de lingerie et autres dans lesquels on em-
ploie les aliénés tranquilles et capables d'un travail de ce
genre; il y a même de vastes terrains qui sont cultivés
par eux et rien de ce qui peut ammener à la longue une
guérison ou même une amélioration n'est négligé.
Cet hôpital ainsi du reste que tous les hôpitaux de
Bucarest est entouré d'un vaste jardin, ombreux et fleuri,
d'un effet très heureux en général sur les malades, et qui
330

met sa note fraîche et calme dans ce milieu de souffrances ;

il faut ajouter que l'administration met une certaine co-


quetterie même à rendre ses jardins dignes d'admiration.
Pour mieux faire saisir l'activité de l'éphorie voici
quelques données sur statistiques le mouvement des hô-
pitaux en 1904, dernière année pour laquelle les calculs

ont été faits:

Hommes Femmes Garçons Filles Nouveaux nés

Sont entrés. 23.929 malad. dont: 8.982 9.542 2.843 2.562 2.001
Sont sortis . 22.838 „ „

Guéris . . 16.101 notamment: 5.068 6.758 2-264 2.081
Améliorés . 4.882 , 2.242 I.950 389 300
Non guéris 1.855 „ 842 775 135 103
mort- nés
Morts . 1.09 1 „ 426 288 295 122 115
Sont restés en
traitement. 1.3 4
i malad. dont: 702 -74 72 66

Ces malades ont été répartis comme suit:

A l'hôpital Coltza 5.134 malades


Filantropia 5.340
„ „ Colentina .... ...... 4.469 „

des enfants 2.910


., „ Pantelimon .... 711 „

femmes enceintes
ou supposés enc. 2.214
de la Maternité
Avortements . . 202
Nouveaux nés . 2.01 I

Marcoutza (aliénés) 938

D'après les services il y a eu de traités:

Dans les sections médicales 11.970


„ „ de chirurgie 51413
„ „ « spéciales . . 5.546

D'après la nationalité ces malades étaient:

Mou mains 19.848


Austro-hongrois 2.141
331

Allemands 352
Bulgares 205
Turcs 102
Italiens 87
Grecs 84
Serbes . > 39
Français 26
Russes 14
Divers 11

D'après leur religion il y avait:


Chrétiens-ortodoxes 18.974
Autres rites chrétiens 3 262
Mahométans 57
Israélites 1.635

Maison de M-me Econome


rue Batishtei.

La proportion des guéris et des morts pour chacun


des hôpitaux est la suivante:
Guéris Morts
Hôpital Coltza . . .
50.50 % 4.38 %
„ Filantropia 56.85 % 4.66 %
„ Colentina 70.75 % 5.37 %
des enfants 63.40 % 10.54%
Pantelimon 16.73% 14.62 %
Accouchements 95.60 % 0.85 %
Avortements .
96.53 % 0.49 %
Maternité Nouveaux nos 86.87 % 10.14%
(dont 4.42% de malad.
et 5.7 1
% mort-nés)
Marcoutza 7.78 %
332

Chaque hôpital ayant des pavillons spéciaux pour les


consultations gratuites, la statistique pour 1904 indique
qu'il a été donné des consultations à 143.354 malades, aux
quels on a distribué aussi des médicaments. Sur ce nombre
il y avait 63.216 hommes, 48.653 femmes, 20.654 garçons
et 10.831 filles.

D'après la nationalité ces 143.354 malades se décom-


posaient en:

Roumains , . 123.320
Austro-hongrois 11.112
Allemands 3.219
Bulgares . 1.287
Serbes . . 1.067
Italiens 1.041
CHAPITRE X

LES RUES

ucarest compte à dater du jour où le prince Radu


en fit sa résidence en 1462.
Les Turcs voyaient d'un mauvais œil le siège
princier à Tergovis,te, trop éloigné d'eux et en-
couragèrent développement de Bucarest.
par contre le

Comme le pays jusqu'au XIX


leur?influence s'excerça sur
siècle, on comprend combien ils contribuèrent à ce déve-

loppement. Néanmoins pendant le XVl-e siècle, les luttes


incessantes entre les turcs et les chrétiens, la défaite de
Sinan-Pacha qui, forcé d'abandonner la ville, y détruisit
tout ce qu'il pût, l'invasion des tatares en 1596, firent de
ce siècle, un siècle néfaste pour Bucarest qu'il réduisit à
peu près en ruines.
Pendant le XVII-e Bucarest reprit une nou-
siècle
velle existence et s'affirma de plus en plus comme la capi-
?

tale officielle. Vers l'an 1654 fut élevée par le prince Con-
stantin Çerban, l'église qu'il destinait à devenir la métro-
pole, mais qui ne fut consacrée que par le prince suivant
Mihnea III, en 1658.
Du reste les églises furent seuls monuments de
les
Bucarest; chez ce en luttes incessantes
peuple chrétien
contre l'infidèle, la foi était le sentiment le plus vivace et
chaque prince désireux de laisser quelque trace de son
334

règne etde reconnaissance pour ses victoires, élevait une


église plus ou moins modeste, tantôt en briques, tantôt en
bois, quelquefois en pierre, mais si nombreuses, qu'elles
faisaient l'étonnement aussi bien que des
des orientaux,
occidentaux, peu accoutumés à un pareil spectacle. Il y en

avait deux ou trois dans chaque rue; aussi l'impression que


vous faisait la ville, du haut des collines qui l'entourent,
lorsqu'on y arrivait pour la première fois, était elle plutôt
charmante, à la vue de cet ensemble de jardins, de mai-

Rue §elari.

sons multicolores, de tourelles blanches aux toitures étin-


celantes que baigne un soleil d'orient et qui faisait dire à
Carmen-Sylva, lors de son arrivée dans le pays, quelle
retrouvait l'impression que lui avait donnée Moscou.
Mais là s'arrêtait l'illusion; une fois descendu et péné-
tré dans la ville, le spectacle se transformait, les rues éta-

ient bien plutôt des chemins de campagne, tortueuses et


défoncées, pleines de pousière en été et de boue en hiver,
mal ou pas du tout éclairées, n'offrant que de distance
333

en distance quelques maisons, basses, mal construites, aux


fenêtres petites et carrées, entourées de vastes jardins, les
uns clôturés, la plupart ouverts et qui alternaient avec
des terrains vagues, des vignobles et des champs de maïs.
Quelques uns de ces chemins étaient un peu plus larges,
plus fréquentés et plus garnis d'habitations, ces chemins
étaient la continuation des grandes routes aboutissant à
la capitale et formaient les artères principales de la ville.

Que Bucarest n'aie pas eu de rues, que ces rues


noms, que le plan de la ville nous de-
n'aient pas eu de
meure à peu près inconnu jusqu'en 1780, rien de plus
naturel.

Rue Teilor.

Bucarest après les luttes du XV-e au XVIII-e siècle,


avait à peine commencé songer a son développement
à
naturel qu'une série de fléaux vinrent d'année en année
détruire tout ce qui avait été fait dans l'intervalle.
On pourra se figurer la fréquence de ces désastres,
en songeant que de 1691 à 1847 il y eut 19 grands in-
cendies et plusieurs tremblements de terre, dont celui de
1802 dura dix minutes et détruisit dix églises, le dernier
incendie de 1847 fit disparaître 12 églises et treize quar-
tiers; c'est pour cela qu'il était difficile de savoir aujourd'hui
336

ce qui subsisterait demain et qu'après chaque destruction,


les maisons, les rues, les quartiers mêmes, étaient com-
plètement modifiés.
L'espacement ces maisons avait, jusqu'au XVIII-e
siècle, été une des raisons pour lesqueles les incendies ne
pouvaient guère avoir d'importance, ne pouvant s'étendre
jusqu-aux habitations voisines. Mais plus tard quand le
nombre des habitants augmenta, que les maisons se rap-
prochèrent, qu'il y eut au centre même de la ville, qui
était le quartier commerçant, d'importants dépôts de mar-
chandises, on comprend que la moindre étincelle, se trans-
formait rapidement en un immense brasier qui trouvait
une proie facile dans ces constructions légères, la plupart
en bois, reconvertes de chaumes, au milieu d'une ville
manquant d'eau en été à cause de la sécheresse, en man-
quant en hiver à cause des fortes gelées ), qui n'avait 1

qu'un corps de pompier rudimentaire et des habitants telle-


ment accoutumés à ces incendies destructeurs qu'ils ne
cherchaient même plus à les combattre.
C'est là qu'il faut chercher le motif pour lequel on
ne voit pas, dans Bucarest, de vieilles maisons, de vieilles
églises, d'anciensmonuments: Bucarest date de plusieurs
mais Bucarest est de construction récente et son
siècles,

passé ne se retrouve que dans ses mœurs et ses archives.


Quel fût le plan de la ville avant 1780? il est impos-
sible de le savoir. Même d'après les actes de l'époque, les
emplacements sont désignés par des voisinages qui ont
disparu, des indications qui n'ont de significations que
pour les contemporains et il faut renoncer à ce travail
inutile.

En 1780 fût levé le premier plan de Bucarest par


Sultzer. A cette époque, d'après ce que nous dit M. de
Bauer, Bucarest comprenait 67 quartiers, 28 monastères.

l
) La température s'élève à Bucarest jusqu'à 40° Celsius à
l'ombre, pour descendre à — 32° en hiver.
337

31 — vraisemblablement cette pierre devait


églises en pierre
être de la brique — 20 en bois, 10 chapelles, palais, 1 1

école publique, 35 habitations de boyards et 7 „entrepôts"


qui étaient des khans, — sorte de caravansérails.
Un document de l'Académie établit qu'en 1798 Bu-
carest était divisé en 5 circonscriptions : Tirgul — marché —
avec 1682 maisons; Gorgan, avec 1142 maisons, Brosceni
avec 1482 maisons Tîrgul de Afarà
;
marché extérieur— —

Rue de l'Académie.

avec 608 maisons Podul Mogosoaiei -r pont de Mogoschoi


;

avec 1092 maisons.
La plus grande partie de la ville appartenait aux
monastères et aux églises, qui laissaient la population riche
ou pauvre s'établir sur ses terrains, y élever leur taudis
ou leur chaumière, ici là, leur maison, et, quand, peu à
peu, un quartier s'était formé, une rue dessinée, le supé-
rieur du monastère ou de l'église propriétaire, intervenait,

6613 22

338

réclamait au prince, menaçait de démolir et ne cédait qu'a-


près avoir forcé les habitants à payer un droit d'emphy-
théose. •

Ce système de formation laissait la plus grande liberté


à chacun de s'établir à sa guise, au grand détriment de
l'avenir de la ville, d'un plan d'ensemble, d'un alignement
quelconque et d'uniformité. Ce ne fut qu'en 1804, à la
suite d'un incen:îie qui engloutit tout le quartier commer-
çant, que le prince Constandin Ipsilanti, allant lui même
trancher sur les survenus entre les
lieux les différends
propriétaires des maisons incendiées, leur imposa de main-
tenir les maisons à l'alignement et de former des rues
droites.
Les rues étaient étroites, presque des ruelles, on en
indiquait la largeur par le nombre d'hommes qui pou-
vaient y passer de front, ainsi la rue des abagii était
large de trois hommes.
Toutes ces ruelles débouchaient sur une artère prin-
cipale qui formait la grande rue et qu'on désignait par
^grande me" de tel un tel quartier. Du reste la plupart
des rues n'avaient pas de nom, on dénommait celles du quar-
tier du commerce, d'après la nature du commerce qui pré-

dominait, telle la rue Mâtâsarilor des soieries Lâcd- —


taçilor— dessérruriers, Mârgelarilor des perles—, Aba- —

giilor des fabricants d'aba, Lâptâreselor —des laitières— ;

Nous avons déjà dit l'état déplorable de ces rues, qui


ignoraient le pavage, et n'avaient les grandes rues seu-—
les — qu'un plancher de madriers, véritable pont établi
audessus du canal d'écoulement des eaux. Ces ponts n'é-

taient pas entretenus, les madriers pourrissaient, le pont se


défonçait et il fallait des ordonnances princières réitérées,
pour obtenir des riverains la réparation de ces rues, et
alors quelle réparation encore; le prince accordait même
parfois aux riverains, le droit absolu de propriété sur leur
terrain, à condition d'entretenir la rue en bon état.
Les choses allèrent de la sorte jusqu'en 1824, quand
339

fut fait le premier pavage en pierres rondes, par l'ingé-


nieur Hartel.
A cette date Bucarest comptait cinq voies principales
qui traversaient la ville.

La calea Mogoschoaie, appelée ainsi à partir de


1690 et anciennement la route de Braschov, est aujourd'hui
la rue de la Victoire.

La calea Sclierban-Voda, qui a conservé son nom


et que Ton connaît aussi sous la dénomination de podul
Beilicului.
La Calea Mosilor, appelée de même aujourd'hui,

Rue Teilor vers la place Rosseti.

autrefois désignée sous le nom de podul Tîrgului de Afarâ —


pont du marché extérieur.
La calea Craiovei, appelée il y a 60 ans, podul
Calitiei, au lieu de podul Calicilor qui signifiait pont
des gueux, parce les gueux avaient été consignés dans ce
quartier, aujourd'hui cette rue est devenue la calea Ra-
hovei, enfin:
Le podul de pâmant —pont en terre — parce que
la chaussée était en terre battue au lieu de madriers, c'est
aujourd'hui la calea Plevnei.
Toutes ces rues ont pour point de départ l'ancienne
demeure princière qui occupait l'emplacement situé là o
340

est actuellement l'église Saint Démètre et la place Saint


Antoine et s'étendait par ses dépendances jusqu'à la rue
Smârdan et à la rue Decebal.
De toutes ces rues la plus ancienne était celle qui,
par bien des zig-zags, conduisait à Târgoviste, mais qui
conserva pendant longtemps son aspect et ne subit d'im-
portantes transformations qu'après qu'on eût construit la
gare du Nord en 1872.
La calea Mosilor, qui conduisait au marché, qui
selon l'ordonnance de 1786 du prince Mavrogheni devait
se tenir le mardi et vendredi aux portes de la ville, et où
il se fit élever un pavillon pour y écouter les plaintes des
habitants de province, fut une des plus vieilles et plus im-
portantes, à cause de l'animation qu'y produisait ce marché;
c'est également par cette rue que Ton conduisait les con-
damnés à la potence et un commerce actif s'était établi
sur les côtés de cette rue.
fut ouverte la rue Çerban-Vodâ, qui tra-
Plus tard
versait la Dambovitza, par un pont que fît construire Çer-
ban Cantacuzino et qui conduisait à Giurgiu et à Constanti-
nopole aussi comme c'était par là que venaient les princes
;

que la Porte envoyait à la Roumanie, ainsi que tous les


grands personnages turcs ou étrangers, cette rue devint
la rue élégante, où l'on se promenait à cause de l'ex-
cellent état dans lequel on l'entretenait et elle conserva
cette apanage jusqu'en 1797 quand l'entrée triomphale des
princes se fit par le podul Mogosoaie, nouvelle voie que
Brancoveanu avait ouverte en 1692 pour aller plus direc-
tement de sa maison, sur les bords de la Dambovitza, à sa
terre de Mogosoaie, et où il avait élevé un magnifique pa-
lais qui faisait encore, en 1714, l'admiration des visiteurs.
Ce fut aussi la route qui conduisait à Brasov.
On retrouvera dans l'ouvrage de M. Gion comment
se sont établis les boyards, le long de la routede Brashov
(calea Victoriei) et de la route de Craïova (calea Rahova),
comment tout le commerce s'est concentre dans l'espace
341

compris entre la Dambovitza, la calea Victoriei, la strada


Doarnnei, la strada Col^ei et la calea Mosilor, et comment,
sur les propriétés des boyards et des monastères, les pay-
sans avaient construit leurs bordei, de ci de là, sans ordre.
En même temps, les commerçants qui venaient s'établir à
Bucarest, et les petits fonctionnaires se faisaient construire
des maisonnettes les premiers dans le voisinage du quar-
tiersoù ils avaient leur magasin et les second près des
boyards dont ils étaient les protégés.

Rue Grivitei.

Les boyards, deux grandes routes


établis le long de
que ces routes fussent plus ou moins
nationales, avaient soin
bien entretenues. Dans le quartier du commerce, les ma-
gasins et les échoppes étaient rangées sans grande régu-
larité, le long de rues sans trottoirs, sans pavage, mais

courtes et droites, ce qui causait l'admiration des ha-


bitants du vieux admiration que nous retrou-
Bucarest,
vons dans l'appréciation de plusieurs voyageurs qui nous
342

disent que la strada Gabroveni était à la fin du XVIII-e


siècle la plus bellerue et la plus animée de toute la ville.
que partout ailleurs les rues
C'est si l'on —
peut
donner ce nom aux vagues chemins qui rayonnaient à
travers les maisonnettes, les masures et les bordei les —
rues, d'une longueur démesurée, faisaientHes plus invrai
semblables zigzags, ici passant entre Meux rangées de^ pe-
tites maisons entourées de jardins, la cheminant entre des

terrains vagues, des vignes ou des vergers, plus loin frô-


lant une hutte plantée au milieu d'un champ ou une
auberge flanquée d'une vaste cour.

Avec le temps, le long de ces chemins en zigzag, on

a construit d'autres masures, des maisonnettes ont rem*


placés 1rs huttes misérables, des cabarets se sont établis
aux carrefours, chemins ont pris l'aspect de rues,
et les
mais de rues de village et non de ville.
La population augmentant sans cesse, les rues se se-
343

raient vite peuplées si la ville avait été enfermée clans des


limites un peu étroites; mais comme elle s'étendait sur un
espace où cinq cent mille familles auraient vécu à l'aise,
on se mit à bâtir au hasard une échoppe s'éleva dans le :

Podul Mogoshoaie à côté d'une maison de boyard, une


coquette villa vint se placer parmi des maisonnettes de
paysans.
Jusqu'en 1880, les rues de la capitale gardèrent cette
aspect bigarré. A partir de cette époque, on commença à
aligner, à paver systématiquement, à faire des trottoirs, à
tracer de nouvelles voies.
Le centre de la ville devient chaque jour plus mo-
derne, des boulevards ont été
percés, des monuments de
grande allure embellissent les
voies principales, on a redressé
la rivière et abaissé son lit,

on a créé des squares, des jar-


dins, un parc, la Chaussée
Kisselef est éclairée à l'élec-
tricité, des tramways circu-
lent d'un bout de la ville à
l'autre ;
mais, à cause de son
étendue démesurée, la capitale,
dès que l'on quitte les quart/ers
du centre, garde son aspect
indécis de petite ville ou de
gros village, quelque chose d'inachevé, d'hétéroclite, et, à
mesure que l'on approche des barrières, c'est le village
qui apparaît et, non pas le village coquet que l'on s'attend
à trouver aux portes d'une grand ville, mais le village
roumain tel que nous le connaissons.
Comme la population n'est nulle part assez dense,
pour permettre à des magasins de vivre de la clientèle du
voisinage, le commerce est resté concentré dans son an-
cien quartier.
344

La strada Lipscani est toujours celle où sont réunie


les maisons de nouveautés dans les rues Gabroveni,
§elari, Stavropoleos, Carol, Smârdan, Coltea, Dômnei, Ba-
ratiei. Chaque maison à son magasin et les maisons se

serrent les une contre les autres.


Les magasins ne dépassaient guère autrefois le Pa-
laisRoyal, dans la calea Victoriei; aujourd'hui, ils vont
jusqu'au ministère des finances.
La va de la place Si.
partie de la calea Mosjlor qui
Anton à l'église SfïnÇilor, est également envahie par le
commerce. Au delà de cette église on ne trouve plus guère
dans cette grande rue, comme
dans la strada Teilor, la strada
Batistea, lafstrada Romanà, etc.,

que des épiceries, des pharma-


cies, des papeteries, des débits
de tabacs, des cabarets, des bou-
langeries, tout le petit commerce
qui se contente d'une clientèle
restreinte.Mais, dans ces rues,
les magasins sont isolés, séparés
les uns des autres par des mai-
sons particulières ayant toutes
leur cour et leur jardin.
La calea Grivitza, depuis
Rue en escalier (Dealu Spirea.)
que la gare de Nord, qui est la
gare centrale de Bucarest, a été
construite à son extrémité, est également devenue une rue
de commerce, mais de petit commerce.
De tous les points de la capitale, c'est toujours vers
la Lipscani et Favoisinnent que la foule afflue
les rues qui
pour s'approvisionner. C'est le marché par excellence. Merg
In ttrg, je vais au marché, disent les Bucarestois quand
ils ont des achats à faire.

Mais ce nom marché s'étend aussi à la partie de


la calea Victoriei qui va du Palais Royal à l'Hôtel des
345

Postes, car c'est là que sont installés les grands tailleurs,


les grandes modistes, les grandes couturières, les grandes
épiceries et aussi les cafés, les confiseries et les restaurants
les plus fréquentés.
Nous reparlerons plus en détail du commerce de Bu-
carest dansun chapitre spécial. Ici, nous n'avons voulu
que marquer quelques traits caractéristiques de l'aspect
de nos rues où l'on coudoie le public leîplus mêlé, depuis
l'homme du monde vêtu à la dernière mode, jusqu'aux pre-
cupetzi qui vont pieds nus et vêtus d'une chemise retenue
à la taille par une ceinture et dont les pans retombent par
dessus leur caleçon. Le con-
traste du luxe et d'une grande
prétention à la civilisation,
avec un fonds de barbarie très
vivace, vous frappe à chaque
pas, car il se retrouve presque
dans les moindres détails et
cependant que de progrès réa-
lisés en ces dernières années !

Il y a certes bien du super-


ficiel, mais il faut reconnaître

toutefois que nous sommes


déjà loin des mœurs d'il y a
quarante ans. Rue Ténor.
Le comte Charles de
Mouy, dans ses lettres du Bosphore, fait une appréciation
assez curieuse sur le caractère de la civilisation roumaine :

En Roumanie, écrit-il, les classes élevées et le peuple


présentent la dissemblance la plus sensible. Les premières
sont devenues presque occidentales, l'autre est resté le
paysan du Danube.
Mais lorsqu'on dit que les classes élèvées sont occi-
dentales, il faut s'entendre: elles le sont à leur manière,
et ne ressemblent pas, quand on y régarde de près, à la
société de Paris, de Londres, ou de Berlin. Elles ne se
346

sont pas ici formées elles-mêmes; après avoir longtemps


vécu sons un joug qui comprimait leur intélligence très-
vive, et leurs ressources considérables, elles se sont trou-
vées soudain affranchies par l'Europe, sans s'être fait par
leur initiative, une personnalité bien accusée; alors ren-
contrant devant elles toutes les facilités que la vie moderne
procure à l'assimilation des races, elles en ont fait usage
sans avoir besoin d'agir par elles-mêmes pour se déve-
lopper.
Aussi, tandis que tous les peuples de l'Europe se
sont façonnés isolement à des époques où ne pouvant com-
muniquer que difficilement les uns avec les autrés, ils

étaient obligés de se créer des mœurs des idées, des inspira-


tions qui leur fussent propres, les Roumains, inondés sur-
le-champ des produits de l'Europe,
élevés aisément dans nos grandes vil-
les, initiés à toutes les inventions de
notre luxe, imbus de notre littérature,
imprégnés pour ainsi dire de l'atmos-
phère des nations les plus raffinées,
dotés même d'institutions libérales
toutes faites, se sont trouvés passer d'un
état presque barbare à une civilisa-
tion très avancée, sans avoir connu
ces transitions lentes que la force des
Le pont de la Gare choses a imposées à la plupart des
du Nord. nations. Privilège ou désavantage,
ils ont subi cette condition de leur
déstinée, c'est pourquoi ils n'ont en réalité aucune phy-
sionomie bien tranchée, ne possèdent ni une puissante
littérature, ni une une architecture qui leur
industrie, ni
appartienne, et ne peuvent guère concevoir d'autre pro-
grès que l'imitation plus on moins heureuse des peuples
européens.
C'est pourquoi encore, leur capitale n'a pas de cou-
leur particulière, et est demeurée un point de jonction où
347

se rencontrent, dans le tumulte et la confusion, des castes


inférieures qui faute d'argent et de direction, sont restées
à peu près telles qu'elles étaient au temps de la servitude,
et une société supérieure qui s'est assimilé d'un bloc, sans
les avoir obtenues par le travail et la réflexion, les habi-

tudes et les institutions étrangères.


Le centre de Bucarest a l'aspect d'une ville moderne
avec ses beaux monuments, ses grands magasins, son
éclariage électrique, la foule qui se presse sur les trottoirs, les
voitures luxueuses aux magnifiques attelages, qui passent
au galop, ses automobiles, ses tramways électriques, ses
boulevards qui s'étendent à perte de vue.
La calea Victoriei —
la Grand'rue est l'endroit — le

plus vivant de la ville, sourtout


dans la partie qui va du jardin de
l'Episcopie à la strada Carol. On
est sûr à toute heure du jour d'y
rencontre, ce qu'on est convenu
d'appeler, le tout Bucarest, c'est-à-
dire le monde élégant et le monde
des fonctionnaires. Il y a peine
trente-cinq ans, les piétons étaient
rares. Les dames sortaient peu à
pied, elles s'y risquaient parfois
pour aller faire quelques emplettes,
mais toujours suivies d'un domes-
tique en redingote, avec cravate
blanche et gants blancs. Le grand
genre voulait qu'on ne sortît de chez Arnàut Albanais,
soi qu'en voiture, pour faire des visi-
tes, ou pour aller faire un tour à la Chaussée, toujours avec

un domestique sur le siège. Quelques richards avaient des


valets en livrée. Le prince Soutzo, M. Petrovitch Armis et
M. Hagi Moscu étaient accompagnés d'un albanais en grand
costume.
Au retour, les voitures faisaient station chez le con-
348

fiseur Giovanni, ou chez Capsa et l'on servait les glaces


dans les voitures.
Aujourd'hui, les dames vont à pied et ne s'embar-
rassent plus d'un domestique, ni pour faire leurs courses,
ni pour se promener en voiture. Elles s'en vont légères,
gracieuses et très élégamment mises, traversent la foule

sans crainte, font leursachats, entrent chez leurs couturières,


leurs modistes, puis chez le confiseur, les unes chez Capsa,
les autres chez Riègler, s'attablent et causent, pour repartir.
Nos boulevards sont encore trop neufs. Ils ne sont
pas assez bâtis et les promeneurs n'y rencontrant pas de
magasins, pas de cafés, et devant passer devant de lon-
gues façades de monuments publics et d'interminables jar-
dins, préfèrent aller ailleurs. Aussi, sauf les heures où l'on
sort de chez soi, pour se rendre dans le centre et où l'on
revient du centre, pour rentrer chez soi, les boulevards
sont-ils à peu près déserts.
Chaque année cependant le 10 Mai, jour anniversaire
de l'avènement du prince, de la proclamation du Royaume
et du couronnement du Roi, devant l'Université, aux côtés
de la statue équestre de Brave, Sa Majesté
Michel le
Charles I-er à cheval, en grand uniforme de généralissime,
entouré de son état major et de tous les attachés mili-
taires étrangers, reçoit le défilé des troupes de la garnison,
en la tête desquelles défile S. A. R. le prince Ferdinand.
De l'autre côté de la statue, le pavillon royal, abrite Sa
Majesté la Reine, la princesse Marie et les jeunes Princes,
ainsi que le corps diplomatique. De nombreuses tribunes,
occupées par invitations, bordent les deux côté du Bou-
levard de l'Université et une foule compacte se presse
sur les trottoirs, depuis la rue Lipscani, jusqu'au Palais.
Le 10 Mai est la fête nationale et l'animation dure toute la nuit.
Le Boulevard Elisabeth, le Boulevard de l'Académie,
la Boulevard Carol et les Boulevards Ferdinand et Pake
sont (( pendant très beaux et promettent de l'être encors
bien davantage, quand ils seront construits d'un bout à
349

l'autre, surtout si l'a municipalité veille à ce que les


jardins ne fassent aux monuments, comme
pas pendant
cela existe, par Boulevard de l'Académie,
exemple, sur le

auquel on aurait rendu la vie, en faisant construire à la


place des jardins qui font face à l'Université, des maisons
de rapport, avec de beaux magasins au rez-de-chaussée et
à l'entre sol et en traçant, autour de la statue de Michel-
le-Brave, une grande place circulaire avec magasins, cafés
et restaurants.

Boulevard Pake Protopopescu.

Du reste il suffit de passer sur la partie du Boule-


vard, entre la rue de l'Académie et la calea Victoriei,
pour voir la puissance d'attrait que les magasins ont
sur la circulation. Sur une distance qui n'a pas plus de
cent mètre, se trouvent: deux cafés, une brasserie et
deux confiseries. Aussi à partir de cinq heures, les terasses

de ces locaux sont tellement garnies des consommateurs,


que le passage y est impraticable.
Le Boulevard Coltea, qui est de date toute récente
350

et qui n'est pas encore achevé, compose actuellement


se
de deux tronçons non reliés jusqu'à présent. Le premier,
commencé par M. N. Filipescu, va de la strada Romanà
à la place Victoria. Il est large, avec une allée de cava-
liers au milieu, et rappelle l'avenue Henri Martin de Paris

et l'avenue Louise de Bruxelles. On y a déjà construit un


assez grand nombre de maisons de style varié, dont beau-
coup sont très remarquables. La seconde portion, com-
mencée en 1906, par M. Michel G. Cantacuzène, ne va que
de la strada Mercur à la strada Clementei. Elle est moins
large que la première portion et na pas d'allée cavalière.
Le Boulevard doit aller rejoindre d'un côté la strada Ro-
manà et de l'autre la place St. Georges; mais il y a bien

Boulevard Col^ea de la rue Clementei à la rue Mercur.

des expropriations à faire et il est douteux que cette port


tion soitachevée de sitôt. Il serait désirable, en attendant
l'achèvement des deux tronçons, que l'on mette la première
portion du Boulevard ColÇea, en communication directe avec
la calea Victorien, par un court Boulevard, percé au point

où y aura le moins d'expropriations à faire. On déga-


il

gera ainsi la calea Victoriei, si encombrée aux heures de


la promenade quotidienne à la Chaussée.

Parmi les plus jolies rues de Bucarest nous citerons :

la strada Corabia, la strada Mercur, la strada Clementei


351

(aujourd'hui rue du Dr. Lueger), la strada Bati§tea, la


strada Salciilor, la strada Enei, l'allée Carmen Sylva, la
cité Eldorado, la strada Dionisie, la strada Lahovary (sur-
tout dans la partie qui va de la calea Victoriei à la strada
Scaune), la strada Vamei (depuis hier rue de Vienne), la
strada Jules Michelet, strada Manea Brutar, la strada Lu-
teranâ, la strada Fontânei, la strada Çtirbei-Vodâ (en
partie), la strada Lascar Catargi, la strada Sculpturei, la

strada Soarelui, la strada Neptun, strada Frumoasa, la


strada Barbu Catargi, etc., toutes ces rues sont aujour-
d'hui bordées de maisons neuves, en général de petits
hôlels particuliers. On n'y voit pas de ces vieilles maison-
nettes et de ces terrains vagues qui déparent tant d'au
très rues.
352

Du du Nord et de la gare de Filaret,


côté de la gare
des quartiers nouveaux se créent qui, dans quelques années,
seront très beaux.
Les quais de la Dambovitza, sauf dans la partie qui
avoisine le centre de la ville, sont encore très déserts et
il est probable qu'ils resteront encore aseez longtemps
dans est état.
Il nous de décrire par le mênu, toutes
est impossible
les rues de la en dehors de celles que nous
ville, qui,
avons citées plus haut, se ressemblent étrangement par
le mélange du moderne et de l'ancien, de la nouvelle ville

et de l'ancien village.
Nous tâcherons de suppléer par la gravure à une
description qui, même minutieuse, serait incomplète et sur-
tout fastidieuse.
Quelques gravures donneront bien mieux, à nous lec-
teurs, l'impression de ce que sont nos rues modernes, nos
rues à demi modernisées et nos vieilles rues, celles où
depuis cinquante ans, on n'a presque rien changé.
Il est cependant un quartier dont nous devons parler,

par ce qu'il se différencie des autres, c'est le quartier où


sont allés s'installer de préférence les Juifs: la calea Vâ-
câresti, strada Decebal, strada Sfànta Vineri, strada Mircea-
Vodâ, strada Olteni, calea Dudesti, strada Lucaci, strada
Labirintului, strada Negru-Vodâ, strada Patria, strada Sf.
Ioan Nou, strada Mâmulari, etc.
Ces rues sont de deux sortes: les unes sont presque
exclusivement commerçantes; plus de jardins, plus de
cours, les maisons s'appuient les unes aux autres, ayant
toutes de petits magasins. La population très nombreuse
étouffe, dans de petits appartements bon marché. Aussi,
dès que le soir arrive, tous les locataires sortent-ils sur le
trottoir pour respirer. Entre sept heures et onze heures,
une vie intense règne dans ces rues, où grouille une po-
pulation, qui par le type, la langue et parfois le costume,

se distingue si nettement du reste des habitants.


353

Les autres rues du quartier juif, comme la strada


Sf. Ioan Nou, la strada Lucaci ressemblent aux nou-
velles rues des autres quartiers; de coquettes maisons avec
cour et jardin et pas, ou très peu de magasins, c'est là,
qu'habitent les juifs aisés.
Quant à la strada Mircea-Vodâ, elle est habitée par
des Roumains, riches propriétaires de très beaux immeu-
bles dans la partie qui va de la strada Calarashi à la

strada Lucaci et au delà, presque entièrement par des juifs.


Il ne faudrait pas croire cependant, que tous les Israé-
lites habitant Bucarest, se sont concentrés dans ce seul
quartier. Ce serait une erreur. Beaucoup habitent le centre,
lesnouveaux quartiers et les Boulevards. Un grand nombre
se sont fait construire des beaux hôtels, dont les maîtres
occupent une place considérable dans la société roumaine.
Bucarest offre un im-
mense contraste entre son
centre à l'européenne et ses
faubourgs aux allures en-
core primitives. Il est vrai
que de jour en jour la di-

férence s'atténue. Si nous


voyons déjà ben des rues
droites, aux maisons collées
les Unes aUX autres, tOU- Coin de Bucarest.

tes sur la même ligne et à


peu près de même hauteur, en revanche, que de rues sans
trotoirs, larges de trois hommes — ainsi qu'on en désignait
la largeur au siècle passé.
Ne possédant pas d'éclairage,ou une mauvaise lampe
au pétrole, fumante et de travers; aux maisons cloisonnées
et séparées grands terraines vagues, entourées
par de
d'immenses jardins. C'est surtout ces restes du passé, qui
tendent à disparaître et qui, s'ils ne sont pas un des beau:;
côtés de la capitale, en sont du moins, une des caractéris-
tiques que nous tâcherons de fixer autant que possible, pa?

6613 23
354

l'image, beaucoup plus expressive et plus réelle que nos


descriptions.
Bucarest cependant jusqu'à la seconde moitié de ce
siècle, n'avait pas, ainsi que la plupart des villes d'occident,
son quartier noble et son quartier vilain. Les boyards ha-
bitaient un peu
partout, la cour changeait souvent sa de-
meure déplacements contribuèrent à cette diffusion.
et ces

Les nécesités seules de la vie, limitèrent le commerce dans


le centre même et firent de ce quartier, des rues exclusi-
vement réservées au commerce. Toute maison y a des
magasins et presque tous les étages sont occupés par des
bureaux. Cette tendance s'est
maintenue jusqu'à nos jours
et si toutefois une partie du
commerce s'est étendu dans
la calea Victoriei jusqu'à vers
l'Athénée, ainsi que dans
quelques rues qui l'avoisinent,
telles que la rue Royale, la
rue Edgard Quinet; le grand
commerce, les banques et le

petit commerce actit, s'est con-


centré dans les rues Lipscani,
Smardan, Selari, Dômnei, Col-
Gabroveni, Covaci, Carol,
tëa,
Tsiganes montreurs d'ours.
calea victoriei —
de la rue
Carol à l'intersection du Boule-
vard —
chaque jour l'on voit une nouvelle maison de com-
merce s'installer, une ancienne s'agrandir, et la vie quj
anime ce quartier, est tellement commerciale, qu'elle n'y
commence qu'à l'ouverture des magasins, vers 8 h du
matin, pour s'éteindre complètement à haïr fermeture, vers
8h du soir. Une fois les magasins fermés, le quartier est
désert, il pas de devanture qui reste éclairée la
n'y a
nuit, car le public ne se promène pas le soir dans ces
lues, ou règne [e silence.
355

Le centre de Bucarest est l'église Saint Georges, c'est

de là que partent les distances kilométriques, c'est aussi


de là que partaient les principales artères de la ville. L'é-
glise St. Georges était voisine des bâtiments de l'ancienne

cour princière et ces bâtiments disparus, c'est la place St.


Georges qui servit de centre. C'est de la cour que par-
laient les menaient à Tîrgoviste aujourd'hui
routes qui
devenue la calea Grivitzei —
au marché extérieur et qui
,

est la calea Mosjlor; à Giurgiu qui est restée la calea

Rue I. C. Bratianu, coin rue Doamnei.

Serban Vodâ; à Craiova et qui est la calea Kahovei; au


marché intérieur et qui à cause du grand trafic que les
commersants roumains faisaient avec la ville de Lipsca,
s'appelait et s'appelle encore la rue Lipscani; etc.
Ces rues ne sont plus ce qu'elles étaient. Le pavage,
l'alignement, les constructions les ont complètement trans-
formées; bien que par endroits se dresse encore quelque
bicoque, ou s'étend quelque terrain vague, surtout dans
l'ancien podul de pâment, devenu la calea Plevnei, ce n'est
356

pas là que nous rechercherons les vestiges du passé. Nous


irons dans ces quartiers où se sont réunis les gens de
même métier,ou de même race, qui ont leur faubourg
et leurs mœurs et que les travaux de l'édilité n'ont encore
qu'à peine effleurés.
Déjà un de ces quartiers a presqu'entièrement dis-
paru. Il était situé près du centre, entre l'hôpital Col^ea,
la calea Mosilor et la rue Teilor, c'était le quartier des
musiciens tziganes; deux boulevards nouveaux, le Boule-
vard Carol et le Boulevard Domnitzei — de la Princesse —
ont coupé dégagé ces rues
et
que bordaient
étroites et sales
des masures. Les terrains ont
considérablement augmentéde

m 'jéM
Hpjl
~~
£É
^PWfctfi^p
AVBB
;
!
valeur,
enrichis
leurs propriétaires
subitement par
.

les

\ t expropriations, ou la plus
value, se sont mis à bâtir et
aujourd'hui c'est à peine si

l'on retrouve ici là, quelque


maison ette échappée aux dé-
molisseurs.
Acôté de ce quartier et
Tsiganes journalières.
en remontant le nouveau Bou-
levard, se trouve le quartier
arménien avec arménienne, à l'angle du Boulevard
l'église
Carol et de la rue arménienne. Là aussi la plupart des
I

propriétaires se sont fait construire des maisons plus mo-


dernes et ces quartiers trop centraux, n'offrent que de rares
habitations d'autrefois.
dans la même direction mais plus haut, et
Enfin
avoisinant la chaussée Stefan cel Mare, est le quartier des
cochers. Les cochers roumains ou hongrois logent dans
des maisons particulières et n'offrent rien de curieux. Les
cochers russes au contraire, possédant tous une certaine
aisance, quelquefois davantage, ont leur maison propre,
357

dans le style desmaisons russes, toutes d'une grande pro-


preté. Ils vivent entre eux et forment une secte à part, ce
sont eux qui ont les plus belles voitures et qui condui-
sent avec tant d'habileté, qu'on dit que pour être écrasé
par un cocher russe, il le faut faire exprés.
Un spectacle original offre le quartier juif, très étendu
et compris entre la rive gauche de la Dîmbovitza à partir
de la Morgue jusqu'à la fonderie Lemaître d'un côté, et
la rue Dudesci de l'autre. Entassés dans des maisons étroites
ilsvivent pêle-méle sans espace et sans air, travaillant
autour d'une lampe fumeure, acharnés au travail et avides
de réaliser un peu de bien être. Le soir après la ferme-
ture des bureaux et la sortie des
magasins où la plupart d'entre eux
sont occupés, leur quartier prend
une animation extraordinaire, toute
cette population se répand au de-
hours refermée tout le jour, des
qu'elle se sent un peu libre et que
le temps le permet, elle sort dans

la rue; vivant les uns avec les


autres, partageant le même sort,
ils se connaissent tous, ils se sa-
vent entre eux et chez eux et c'est
ce qui donne un caractère tout Remouleur.
spécial d'intimité à l'ensemble, ils

se promènent surleur trottoirs, tels qu'ils sont en leur


intérieur, en cheveux, femmes, enfants, vieillards, les jeunes
vont causant, les plus âgés s'attablent aux ceainerie —
débits de thé —
où moyennant 0.10 e on sert un verre de
thé chaud. Celui qui sur sa route arrive à passer le soir,

assez tard, par ces quartiers, est tout surpris de voir à


l'heure où le reste de la ville est presqu'assoupi, la vie
encore intense qui règne de ce côté.
Bucarest peut être partagé en trois grands cercles
concentriques, dont celui du milieu renferme le commerce,
358

les autorités et la population aisée, le second la petite in-

dustrie et la population ouvrière, enfin le dernier compre-


nant la grande industrie et la population pauvre.
Le centre a déjà l'aspect des villes modernes de l'oc-

cident, la civilisation y a introduit ses manifestations; les


hautes constructions, les larges boulevards, les grands ma-
gasins, l'électricité, l'asphaltage, l'automobilisme, le luxe
excesif des toilettes, rien n'y manque et le progrès s'ac-
centue de jour en jour.
A côté et commençant à en subir l'influence, la partie
occupée par la population ouvrière et la petite industrie,
se modifie graduellement; les terrains augmentent de va-
leur, les constructions se mul-
tiplient, les rues s'alignent, se
canalisent, l'éclairage aug-
mente; les gens plus tran-
quilles, le commerçant ou le

fonctionnaire arrivé à une cer-


taine aisance, s'y bâtit une
maison plus bourgeoise et
petit à petit, l'ouvrier, le petit
Rue derrière la gare du Nord.
employé recule de plus en
plus, devant l'envahissement
de et la hausse des loyers et de l'alimentation.
la civilisation

Les faubourgs de la ville sont constitués par d'im-


menses terrains, sur lesquels se sont formés par endroits,
des quartiers de gens pauvres, roumains, parfois tziganes,
exerçant un métier, tels que celui de charron, menusier ma-
réchalfërrant, manœuvre, journalier ou ouvrier à l'une des
fabriques environnantes. A côté de ces quartiers, quelques
grandes fabriques, dont le nombre augmente chaque année
puis des vignes, des vergers, des terrains incultes, des
carrières de sable, etc. C'est la zone qu'il était question
de transformer en parc et qui eût entouré la ville d'une
ceinture de verdure, agréable et utile. Le projet n'a pas
èié adopté et la ville, libre d'entraves, continue à se ré-
359

pandre, au bon gré de chacun, dans la campagne, au plus


grand détriment de son embellissement et de son entretien.
Toute la partie comprise dans la troisième zone de-
vrait être extérieure à la ville, qui serait limitée par la

suite des chaussées qui séparent les deux zones et qui


dans le temps formaient la barrière de Bucarest. Cette ligne
est constituée, en commençant par la place de la victoire
—à l'entrée de la promenade Kisselef —
par les chaussées
Bassarab, Grozâvesti, Panduri, Doamnei, Viilor, Çerban-
Voda, Lânâriei, Laboratoriu, chaussées Mihai-Bravu, Çtefan
cel Mare et Bonaparte.

Maison à l'extrémité de la ville.

Quelques chiff res que nous procure la statistique, feront


ressortir la disproportion qu'offre Bucarest entre son étendue
et ses constructions.
La ville occupe 5.600 hectares et est divisée officiel-
lement en quatre zones, dont la l-ère occupe une surface
de 512.830 m. c, la 2-e 936.870 m. c; la 3-e 1.280.320 m. c.
la 4-e 2.970.480 m. c. en s'éloignant du centre vers la
;

périphérie, chaque zone est sensiblement double de la


précédente. Quant aux constructions il y a en tout 34.338
maisons, dont 26.263 n'ayant que le parterre; 922 avec
sous-sol, 6.797 à un étage, 1.354 à deux étages et 199
ayant plus de deux étages.
360

Ces habitations renferment 113.499 pièces d'habitation,


269 bureaux particuliers, 1.687 bureaux, 23.924 cuisines,
5.631 magasins, 1.532 ateliers, 260 restaurants, 199 cafés,
1.917 débits de boissons, 210 auberges.
En 1905 on a construit 624 maisons, dont 195 dans
la l-ere zone, 157 dans la 2-e, 192 dans la 3-e, et 80 dans
la quatrième.
Notons encore la longu-
eur dequelques rues princi
pales. Les quais 7.910 m. la
ligne des Boulevards Elisa-
betta, Pache Protopopescu et
Carol 5.520 m. la calea Ra-
hovei 3.960 m., la calea Gri-
vitei 3.000 m., la calea Mosilor
Pont de la gare du Nord. 2 .830 m., la calea Çerban-
Vodâ 2.990 m., la calea Cà-
lârasilor 2.750 m., la calea Victoriei 2.710 m., la strada
Romana 2.470 m.

LES MONUMENTS ET LES JARDINS.


Deux causes font que Bucarest possède peu de mo-
numents: son existence politique tourmentée et incertaine
qui amenait de trop fréquents changements de princes et
de dominateurs, plus soucieux de s'assurer le pouvoir que
d'émbellir la capitale; ensuite les continuels incendies et
tremblements de terre qui détruisirent à intervalles si courts
des quartiers entiers; il faut ajouter l'absence de maté-
riaux premiers tels que la pierre et le fer, l'absence d'in-
dustrie et d'artistes qui eussent conçus de belles construc-
tions. A part quelques églises plus importantes telles que
la Métropole, Saint-Spiridon, vStavropoléos, d'un style un
peu plus riche et de date un peu plus ancienne, le reste
des bâtisses Bucarest n'avaient d'importance que par
de
leurs vastes dimensions; encore toutes ces constructions
étaient-elles en briques.
36 i

Ce ne futguère qu'à partir de la seconde moitié du


XIX e
siècle et sous le règne glorieux de S. M. le roi
er
Charles 1 que Bucarest eût enfin quelques monuments
dont le nombre s'accroît rapidement grâce à l'éssor sur-
prenant de la ville.

Le plus aisé pour les énumérer, sera de suivre quel-


ques unes de ses artères principales, le long desquelles
nous rencontrerons, tour à tour ces divers monuments ou
constructions plus remarquables.

Rue Scaune.

Prenons pour point de départ la place St. Georges 1


),

puisqu'on la considère comme le centre de la ville et sui-


vons tout d'abord la rue Lipscani. Une chetive fontaine,

!
) L église St. Georges est entourée d'un jardin qui existe
depuis 1859 et qui en été est très fréquenté, le soir, par les habi-
tants du quartier.
362

entourée d'un bassin, décore mal la place que la Lipscani


forme au carrefour des rues Baratsie, Decebal et Coltza.
On ne rencontre jusqua son intersection avec la rue Smar-
dan aucun monument; au coin de la Lipscani et de la rue
Smârdan s'élève la Banque nationale, occupant tout le
carré compris entre les rues Smardan, rue de
Lipscani,
la Banque nationale et Karageorgevici. Le plan en est dû
à un architecte français et les lignes simples mais très
pures, en font un des plus beaux monuments de Bucarest.
Derrière la rue Lipscani et parallèle, se trouve la rue
Stavropoléos où s'élève la petite église du même nom, la

seule qui ait d'une façon bien marquée le style byzantin


et que l'on restaure à l'heure actuelle.

L'ancienne maison Turnescu, calea Mosilor.

Tujours suivant la rue Lipscani, nous arrivons à la


calea Victoriei, et, nous appercevons aussitôt à gauche la
gracieuse coupole de la Caisse des dépôts et consignations,
due à l'architecte Gottereau; la décoration en est extrê-
mement riche et à coûté 3.000.000 frs.

Vis-à-vis et occupant tout l'espace entre la calea Vic-


torieî, Lipscani, la rue de la Poste et la rue Carol s'élève
la

l'hôtel des postes par l'architecte Saulescu, dont la cons-


truction à coûté 4.221.907 frs. et les installations 1.489.319
frs. Les bâtiments occupent une surface de 10.710 mètres
363

évalués à 2.076.450 frs. Le palais des postes ressemble


comme façade aù palais des postes de Genève.
Enfin en continuant la calea Victoriei dans la même
direction, quelques pas plus loin, à sa rencontre avec le

quai Charles I-er où elle finit, s'élève le petit pavillon d'où


le roi, accompagné du clergé et des dignitaires de l'Etat
assiste à la bénédiction des eaux — de la Dàmbovitza —
par le métropolitain primat cérémonie qui a lieu le 6
Janvier.
Après une courte messe, le prélat bénit la rivière en

y une croix, que des


jetant
gens du peuple cherchent à
retrouver en se jetant à l'eau
et qui appartient au plus
heureux, auquel on remet une
récompense en argent.
A cette occasion l'on voit
encore se répeter parfois le

spectacle barbare, de malhe-


ureux juifs que l'on saisit
et qu'on jette à l'eau sous pré-
texte de les baptiser; heureu-
sement que la Dàmbovitza vendeur de balais,
n'est pas profonde et qu'on ne
peut s'y noyer, mais le froid que la tradition veut ce
jour là être le plus fort de l'hiver, rend la plaisanterie
dangereuse.
Reprenons la calea Victoriei à la Caisse des dépôts,
nous voyons en face l'église Zlatar, entièrement reconstruite
et achevée cette année, elle n'offre d'autre particularité que
d'être construite en briques apparentes. Elle se dresse sur
l'emplacement de l'ancien hanu Zlatar, qui servit avant
sa démolition à loger les Ministères de la Justice et de
l'instruction publique, puis le conservatoire.
Sur le côté gauche de la rue aussitôt après la rue
Lipscani, on rencontre la préfecture de police, vis-à-vis se
364

trouvent les passages Villacros et Macca, un peu plus


loin, toujours à gauche est l'hôtel de là légation de Russie;
nous arrivons enfin à l'intersection de la calea Victoriei
avec la ligne des grands boulevards. Sur le côté gauche
formant l'angle, se trouve l'hôtel du Boulevard, le plus
grand et le mieux fréquenté de Bucarest. L'autre angle
était autrefois occupé par l'église Sarindar, aujourd'hui
disparue et remplacée par un square; en continuant nous
arrivons à la place du théâtre, sur laquelle stationnent les
fiacres élégants, conduits par les muscali. Le théâtre
est de date ancienne, il fut bâti en
1845 et fut à l'époque le troisième
d'Europe par ses dimensions et sa
disposition intérieure. On vient de
compléter, par des annexes qui ont
coûté plus d'un milion, les ailes
destinées aux artistes, à la décora-
tion et aux machines. L'ensemble
décoratif du théâtre national n'a
pas l'esthétique moderne accoutu-
mée, mais les lignes sont bien, et
l'acoustique excellente.
Un peu plus haut, du côte
gauche, le palais royal que nous
avons dans un chapitre à
décrit
Bragagiu.
part. En
du palais et formant,
face
sur la grande place du palais, l'angle
des rues de Vienne et de Lueger se trouve la fondation
Carol I; toujours dans la rue de Vienne est situé le bel
hôtel de la légation d'Autriche-Hongrie, et dans la petite
rue adjacente qui met en communication la rue de Vienne
avec la rue Carol Lueger se trouve le consulat d'Autriche-
I [ongrie.
Après avoir dépassé le palais, nous arrivons au
square de FEpiscopie, dont le fond est formé par l'Athénée,
c'est un monument destiné aux productions artistiques et
365

aux conférences; au dessus de l'entrée principale qui donne


sur le jardin de l'Episcopie, sur le frontispice se détachent
cinq figures en mosaïque sur tond or, ce sont les têtes des
cinq princes roumains Alexandru cel bun, Neagoe Voevod,
Carol I, Vasile Lupu
Matei Bassarab. La façade est dé-
et
corée de colonnes; dans la grande salle du vestibule, à
chaque angle un grand escalier avec balcon conduit à la
salle du premier étage, disposée en salle de concert, avec
deux rangs de loges et parterre, il y a 52 loges et 600

L'Athènée.

fauteuils; l'ornementation de l'ensemble est très riche et


l'effet est augmenté par la lumière tombant de la coupole.
De grandes fresques représentant
des sujets historiques
roumains doivent orner murs. Les salles du bas ser-
les
vent plutôt aux expositions des peintres, sculpteurs et au-
tres œuvres artistiques du même genre. Le salle du haut
sert aux conférences, productions musicales, etc.
La construction est dûe à l'architecte Galleron qui
l'exécuta en 1886, la coupole à 40 mètres de haut. C'est
366

également à l'Athénée qu'est le siège de la Société géo-


graphique et la pinacothèque de l'Elat.
Le terrain du jardin de TEpiscopie et de Y Athénée
étaient l'ancien verger de Vacaresco.
Dans le jardin de l'Episcopie plusieurs bustes déco-
rent les allées, on y remarquera ceux de Const. Rosseti,
M. Cogalniceanu, G. D. Teodorescu, V. A. Urechia, Exarcu,
M. Eminescu, Enachita Vacarescu, puis quelques bustes
avec des décorations symboliques tels que ceux du général
Em. Elorescu, capitaine Th. Serbanescu, Traian Dumi-
trescu.
Nous ne rencontrons plus dans cette rue que le mi-
nistère des finances, formant l'an-
gle de la calea Victoriei et de la
calea Grivitei, puis à droite, à l'an-
gle de la rue Cosma, l'hôtel de la

légation d'Allemagne. Le Ministère


de la Justice à gauche, occupe l'an-
cien local de la régie des monopo-
les de l'Etat, c'est une vieille con-
struction basse et peu appropriée
r à sa destination actuelle.
A côté du ministère des fi

nances et le continuant sur la rue


Grivitza sont installées la banque
Bragagiu. agricole et la caisse centrale, dans la
nouvelle bâtisse achevée cette année.
Contigue à cette construction se trouve la Cour des comptes.
Puis à part l'église Sfintii Voevozi, récemment restaurée
plus rien de remarquable jusqu'à la gare du Nord. Au
de là de la gare sont des quartiers de formation récente,
aux rues régulières, aux maisons neuves, puis les fau-
bourgs. Signalons le pont qui joint les quartiers de droite
et de gauche de voie ferrée, en passant au dessus à
la

une hauteur de 8 mètres et qui est en brique, avec des


rampes à pente le long de la voie.
367

Retournons à l'intersection de la calea Victoriei et


du boulevard Elisabeth. En suivant le boulevard de 'l'Uni-
versité à droite, nous avons le square de l'université dans
lequel nous remarquons la statue de G. Lazar exécutée
par le sculpteur roumain I. Georgescu. G. Lazar, roumain
de Transylvanie né à Avrig en 1779 où il mourut en 1823,
vînt en Roumanie comme ingénieur et chercha par tous
les moyens à créer une école roumaine. Ce n'est qu'en
1818 qu'il réussit à faire ouvrir à St. Sava une école rou-
maine où il fut nommé professeur
et où pendant quatre ans, il con-
sacra son savoir et ses efforts à
reveiller parmi les Roumains, l'es-

prit de nationalité. En 1821 il se


réfugia à Avrig où il est mort.
Au milieu du square et fai-
sant face a l'Université sur une
place où le roi entouré de son état
major et des attachés militaires
étrangers reçoit le jour du 10 Mai,
le défilé des troupes de la garnison,
s'élève la statue équestre du vaillant
prince roumain Michel Je Brave,
en costume du temps, la tête coi-
ffée du fameUX bonnet à poils — Marchand de ferblanterie.

lacaciula— et brandissant sa hache;


la statue en bronze est l'œuvre de Carrière Belleuse.

Derrière ce square on construit l'église russe qui


sera une des belles églises de Bucarest et le palais de la
société d'assurances „Generala".
A l'autre extrémité du square la statue du poète et
patriote roumain
I. Heliade-Radulescu, un des trois lieu-
tenants princiers de 1848 et un des prèmiers et principaux
littérateurs roumains. La statue est due au sculpteur E.
Ferrari.
Le coté gauche des boulevards est occupé par l'Uni-
368

versité et ses jardins. L'Université date de 1864 et bien


que fort simple, est imposante par la juste proportion de
l'ensemble.
Le boulevard croise aussitôt, après l'ancienne rue
Coltei,devenue aujourd'hui les rue I. C. Bratiano et forme
une grande place au milieu de laquelle s'élève la statue
de Jean Bratiano. Cette statue est l'œuvre du sculpteur
E. Dubois et forme un bel ensemble. Sur le socle on voit
deux bas reliefs dont l'un représente Jean Bratiano en
1848 parlent de liberté à la nation, l'autre l'arrivée du

Place Rossetti
et le monument de C. A. Rossetti.

prince Charles I-er en Roumanie en 1866 et Bratiano re-


présentant au peuple, deux figures allégoriques, la jeune
Roumanie rompant enfin ses chaines (1877) et la Rou-
manie du travail décernant des lauriers à J. Bratiano.
Cette statue a été inaugurée en 1903, elle a été élevée par
souscription nationale.
A partir de la place Bratiano, le boulevard prend le
nom de Boulevard Carol. On y remarque à droite le mi-
nistère des domaines, de style renaissance, puis on arrive
à la place C. Rosetti où s élève la statue du patriote et
369

publiciste Costake Rosetti, représenté assis sur un fauteuil.


La statue par W. C. Hegell est en bronze et a été coulée
à l'école des arts et métiers de Bucarest. Le boulevard
conserve son nom jusqu'à la place Carol I où se trouve
un beau square, pour prendre le nom de Protopopescu
Pache qu'il conserve jusqu'à son extrémité. Sur ce boule-
vard nous rencontrons, sur la place du même nom et en

La statue de I. C. Bratiano
au croisement du boulevard Carol avec la rue I. C. Bratianu.

tourée d'un petit square, le. Georgescu de


statue par I.

l'ancien maire de Capn.


la Protopopescu-Pache, qui fit
.

percer cet'e ligne de boulevards à partir de la rue ColÇei


et contribua puissament à l'embellissement de la capitale.
A la place Protopopescu Pache prend naissance le
6613 24
370

boulevard Ferdinand, à l'angle formé par les deux boule-


vards s'élève l'église greque avec un beau portique à co-
lonnes et derrière l'église, se trouve la légation de Grèce.
Sur le côté gauche du boulevard Ferdinand se dresse
la tour de feu, d'où l'on signale les incendies et qui est
en même temps un réservoir d'eau, d'une capacité de
10.000 m. c. et une installation pour distribuer la pression
aux quartiers de ce côté de la ville. L'étage inférieur sert à
loger les pompiers, en bas sont les écuries et les remises.
Cette tour a été bâtie en 1891 et a 45 mètres de haut,
on peut la visiter avec la permission du commandant du
corps des pompiers.
En descendant Boulevard Elisabeth nous passons
le

à gauche devant le palais de TEphorie des hôpitaux où


se trouve aussi l'établissement de bains, et arrivons au
jardin du Cismegiu ), vaste parc anglais d'une étendue de 14
1

hectares, avec un beau lac au milieu, jet d'eau, pavillons


etc., et où l'on organise souvent des fêtes de bienfaisance.

L'angle du Boulevard et de la rue Schitu Mâgureanu est


formé par le lycée Lazar.
Vis à vis du Cismegiu est l'impremerie de l'Etat, à
côté, on est en train de bâtir le nouveau ministère des
travaux publics.
Le boulevard coupe la Dambovitza au pont de la
gare centrale où un modeste square indique l'emplace-
ment de la gare centrale projetée, et prend le nom de bou-
levard de l'indépendance pour aboutir au palais de Cotro-
ceni qui termine la ligne des boulevards. Avant d'arriver
au palais on apperçoit à droite la nouvelle faculté de mé-
decine et de l'autre côte du boulevard longeant la chaussée
Cotroceni, le beau parc du jardin botanique.

) Le
l
nom de Cismegiu vient de ce que le Cismegiu sorte
de directeur des eaux du temps de Mavrogheni 1876 avait son —
habitation à côté de ce jardin qui portait alors le nom de lacul
lui Duca.
371

En suivant les quais nous voyons du côté droit l'é-

cole vétérinaire, quai Dr. Davila; la salle de disections,


quai général Magheru; le laboratoire de chimie, même
quai, sur la droite on apperçoit sur une hauteur l'ancien
monastère de Mihai-Vodâ, affecté aujourd'hui aux arhives
de l'Etat et restauré a cet effet; sur le quai gauche se
trouve le palais administratif d'Ilfov; puis toujours à droite
l'hôtellerie et l'asile communal, au coin de la rue Apo-
lodor, sur la place du roi Charles I, l'ancien palais Bran-
covan, qui appartient au prince Bibescu, mais qui tombe
en ruine et queremplacer un nouveau et magnifique
doit
palais; il y a quelques années le professeur Babes y avait
installé son institut bactéréologique.

Maison de Mr. Romulus Porescu


rue Palcologu.

Le sombre et sévère, très sobre à


palais de justice
l'extérieur,mais très bien amménagé à l'intérieur où l'on
observe une excellente distribution de lumière, on y re-
marque sur la façade principale du quai de la justice, six
grandes statues en pierre dont deux au sommet représen-
tent la Force et la Prudence, et quatre placées dans des
niches et symbolisant la loi, le droit, la justice et la vérité.
La Force et la Prudence sont exécutées par C. Stork fils.
A l'intérieur à droite du grand escalier de droite, se
372

trouve le buste en marbre de Michel Cornea sur un pié-


destal de granit décoré d'une couronne et branche de lau-
rier en bronze.
Le palais de justice forme un des angles de la rue
Rahovei, l'autre est formé par les jardins et constructions
de l'hôpital Brancovan, sur le devant se trouve la belle
église Domnitza Balaya.
L'hôpital Brancovan a sa façade principale sur le

boulevard Marie, qui commence au pont des halles et va


jusqu'aux entrepôts. On vient de percer la partie comprise
entre la rue Carol et la rue S-ta Vineri pour prolonger de
ce côté le boulevard Marie qui sera continué de la sorte
par la rue Calara^ilor.
Sur la rive gauche le boulevard sépare la Halle aux
viandes — située à gauche —
de la Halle aux poissons si-
tuée à droite; sur la rive droite et formant la façade op-
posée à l'hôpital se trouve la nouvelle Halle aux légumes
— Derrière cette halle sont les bains populaires.
Nous passons la rue Çerban-Vodâ et rencontrons à
gauche l'ancienne caserne des gardes communaux chargés
de la surveillance des octrois, depuis la suppression des
octrois, cette devenue un dispensaire provi-
caserne est
soire jusqu'à sa transformation en hôpital spécial pour les
prostituées; on y a installé également en attendant un
laboratoire pour le contrôle du lait. La caserne a coûté
400.000 frs.

Quelques pas plus loin la morgue qui est en même


temps l'institut médico-légal.
Derrière la morgue le point de concentration des or-
dures de la ville qui de là sont dirigées vers leur desti-
nation finale. Sur la hauteur de l'ancien monastère Radu-
Vodà s'élève actuellement le nouvel internat théologique.
Knfin beaucoup plus bas sur la gauche les abattoirs et à
l'extrémité de la ville la prison Vacareçti.
En partant de la place St. Georges et en suivant la
ligne du tramway qui parcourt la rue I. Bratiano, nous
373

arrivons à la rue Clementei, puis à la rue Dionisie, d'où


nous appercevons sur la droite le jardin d'Icoane. C'est à
l'extrémité opposée de ce jardin sur la place Cantacuzino.
que se dresse sur un pièdestale en marbre le buste en
bronze de Grg. Cantacuzino, ancien ministre des fi-
nances.
De la rue Dionisie la ligne débouche sur la place
Lahovary où s'élève la statue en bronze d'Alexandre La-
hovary un des plus grands orateurs qu'ait eus la Rou-
manie et homme d'état remarquable. Sa statue est l'œuvre

La Morgue.

du sculpteur Dubois. La ligne continue la rue Doroban-


tilor prend la rue Komanâ, et aboutit à la grande place,
large de 117 mètres de diamètre, formée par l'intersection
du nouveau boulevard ColÇea et des rues Romana, Pri-
mâverei et Cometa. Au milieu de cette place, se dresse
la statue en bronze de Lascar Catargi un des grands hom-

mes d'état, patriote ardent et orateur roumain qui fut


pour le parti conservateur ce que Jean Bratiano fut pour
le parti libéral.
\

374

La nous amène enfin à la place Victoriei où


ligne
s'entrecroisent les lignes de Çerban-Vodâ, ColÇea et celle
qui conduit au charmant buffet de la Chaussée Kisselef.
Sur cette place qui est ronde et a 124 mètres de diamètre,
on trove à droite le Ministère des Affaires étrangères,
qui est l'ancien palais du prince Stourza, avec décoration
en marbre de différentes nuances. Le palais fut achevé en
1901 et le prince mourut peu avant d'avoir pu s'y installer.
A partir de la place Victoria, commence la belle pro-

Restaurant Monte-Carlo (Cismegiu).

menade goûté des Bucarestois, dite la Chaussée, et où


l'on va chaque jour de 3 —
4 en hiver et de 6—7 en été,

faire un tour en luxueux équipages. La chaussée fut créé par


le général Kisseleff, qui lors de l'occupation russe en 1832
gouvernait la Roumanie. A l'entrée de la chaussée, à gauche,

s'élève nouveau musée zoologique, de proportions assez


le

belles, mais (le décoration très simple. Un peu plus haut

L'ancien hôtel de la monnaie où Ton n'imprime plus que


des timbres; à droite se bâtit en ce moment le futur musée
375

géologique. Au premier rond-point se trouve un bassin


avec un jet d'eau.
La chaussée dans sa première partie offre de chaque
côté de magnifiques jardins anglais, très bien entretenus.
Au point où elle coupe la route du prince Ghica se
trouve le buffet, reproduction fidèle et charmante du pa-

villon roumain à l'exposition de Paris en 1889.


La seconde partie est bordée de délicieuses villas et

de restaurants ou laiteries que remplit le public les di-

Calea Victoriei.

manches et jours de fêtes. A droite au point où la chaussée


estcoupée par la route de Herestrau se trouve le Vélo-
drome, possédant une pi^te de 500 mètres de circuit et
des amphithéâtres pouvant contenir 3.000 personnes. A
gauche se trouve l'institut Materne, dont nous parlerons
au chapitre des œuvres de bienfaisance. Un peu plus loin,
l'école d'agriculture et au troisième rond-point le champ de
courses dont nous parlerons au chapitre des sports. Re-
montons maintenant le Boulevard Marie, après avoir laissé
376
f

derrière nous à droite l'hôpital Brancovan et à gauche les


halles aux légumes, nous croisons la rue Bibescu Vodâ,
c'est là sur la gauche que se forme la place de la Métro-
pole où se trouve un petit jet d'eau entouré d'un bassin,

Jardin de 1 Episcopie.

d'où part l'allée de la Métropole, remontant par une forte


pente la colline au sommet de laquelle se trouve l'église
métropolitaine, le palais du métropolitain et la Chambre
des députés. Avant de pénétrer sous la voûte qui donne 4

arecs à la cour intérieure, on remarque à droite la grande


377

cloche de la Métropole que Ton fait sonner aux grands


jours.
Nous avons déjà dit que l'église, devenue plus tard
l'église métropole, fût contruite en 1655 par le prince Con-

stantin Vodâ Çerban.


Le palais du métropolitain n'est à vrai dire qu'une

La statue de Al. Lahovary


Place Al. Lahovary.

simple maison d'habitation, d'extérieur extrêmement mo-


deste. La chancellerie occupe les bâtiments à droite de la
voûte d'entrée. Les bâtiments de gauche sont ceux de la
chambre des députes.
il est singulier de retrouver sur cette même colline
378

trois bâtiments aussi considérables dans leur destination


que simples dans leur éxterieur; ce sont quoique de bien,
construction récente, les temps et en
traces d'un autre
jetant du haut de cette colline un regard sur la ville que
l'on apperçoit à ses pieds, on est frappé du contraste éton-

La statue des pompiers


Doalu Spirei.

nant que forment tous ces monuments et palais avec ces


habitations si simples où logent Dieu, le Métropolitain-
Primat et la Nation.
II est vrai qu'on est en train de transformer la

chambre des députés, on l'agrandit considérablement et on


lui donne un aspect plus monumental.
379

Au bas de la colline de la Métropole, à l'intersection


du boulevard Marie et de la rue 1 Iunie qui conduit à
1

la gare Filaret, vient d'être élevée l'église S-tu Nicolae


d'intr'o zi, de belles proportions et d'ornementation riche
dans le syle byzantin.
Le boulevard arrive au carrefour de la place Marie,
à la quelle aboutissent la plupart des rues du nouveau
quartier Suter, quartier neuf élevé sur remplacement d'an-
ciens marécages, mais qui assaini forme ajourd'hui un
joli quartier de petites villas.

Fontaine Luigi Cazzavillan.

Sur la place Marie se dresse une colonne sculptée par


C. Stork, le père, et devant rappeler l'endroit où avait été
l'autel de l'ancien archevêché — Episcopie — . Cette colonne
fut transportée sur Boulevard Carol, où plus tard on a
le

éleva la statue de Protopopescu-Pache. A l'Episcopie on


remplaça la colonne par un vase en marbre sculpté éga-
lement par Stork.
380

En
haut du boulevard, sur le plateau formé par les
collines de Filaret et du dealu Spirei, se trouve à gauche
le séminaire central, ensemble de grands pavillons en bri-

ques apparentes et pierres de taille, dont nous parlerons


plus en détcil au chapitre de l'instruction publique. A
droite les entrepôts de marchandises de Giagoga, autrefois
à la communedevenus aujourd'hui la propriété de l'Etat.
et
nous suivons la ligne de tramway
Si de cet entrepôt
qui va de ce point à la barrière Dudesti, nous arrivons
àjla rue du 13 Septembre où se trouve la caserne Couza

Rue Lipscani.

et derrière l'école des officiers, puis à droite la caserne


Alexandrie et l'Arsenal.
Devant l'arsenal se forme une place sur laquelle se
dresse un piédestal en pièrre en haut duquel la gloire
sonne de sa trompette qu'elle; tient d'une main, tandis que
de l'autre elle soutient un soldat, mourant. Ce soldat est
un des pompiers qui soutinrent en 1848, avec une partie
du 2-e régiment sur ce plateau de Dealu-Spirei, un com-
bat héroïque contre les turcs. Ils n'étaient que 500 hommes
381

environ, contre 9000 turcs; après une


acharnée sur- lutte

venue à la suite d'un malentendu, ils furent obligés de se


retirer, mais le souvenir de ce combat singulier où le

courage des soldats roumains fut vraiment extraordinaire,


a été perpétué par ce monument.
A gauche on aperçoit la bâtisse qui renferme les
archives de l'Etat la ligne tourne, passe le pont de Mihai
;

Vodà d'où l'on découvre à gauche la caserne centrale des


pompiers, remonte le long de la caisse des dépôts, passe
devant l'hôtel des postes, l'église Stavropoleos, la banque
nationale, arrive à la rue Doamnei devant le Crédit fon-

Rue Doamnei.

cier urbain, passe devant le palais du Crédit foncier rural


prend par le boulevard Domnitsei, passe
et l'hôpital Coltsea,
devant l'école de commerce, aboutit enfin à la rue Dudesti
où elle finit après avoir passé devant l'hôpital Caritas.

* *

Les principaux jardins et promenades de Bucarest,


qui ont survécu aux transformations de l'édilité, sont tout
d'abord: la chaussée Kisselef, dont nous avons déjà yadé
plus haut. C'estlà que chaque jour, à l'heure élégante, le

tout Bucarest mondain va faire un tour en superbes équi-


pages. Les jours de course surtout, le coup d'œil qu'offre
382

le retour, est du plus magnifique effet. La chaussée s'étend


sur une longueur de près de trois kilomètres que parcou-
rent quatre rangées de voitures, tandis que les piétons
remplissent les allées. Les jardins latéraux ont été comencés
par le prince D. Bibescu et finis par le prince Stirbey qui
fit venir à cet effet en 1851 le paysagiste allemand C.
Mayer.
Au delà de la chaussée se trouve le petit bois de
Bâneasa, jusqu'auquel on pousse souvent la promenade
et vers la gauche le lac de Herestreu, aux bords duquel
des jardins, avec de petits restaurants, attirent le public
en été.

La nouveau parc de Filaret, créé à l'occasion de


l'Exposition et qui avec la mag-
^Véiiiiiim
'

m
nifique grote que dissimule la cas-

cade, le commencement de jar-


din zoologique qu'il possède, ses
intéressants monuments que lui

a légués l'Exposition, tels que les

arènes, Je palais des beaux arts,


la coula, la tour de Vlad T e P e §>

etc., en font un des buts de pro-


Dans un jardin public. menade les plus agréables et les
plus interesants de la capitale.
La plaine de Filaret du reste de tous temps, été un
a,

des endroits de distraction favoris des habitants de la


ville; on y allait à cheval et en voiture, comme on va
aujourd'hui à la chaussée; puis la vogue de Filaret tomba,
comme du reste celle de quelques anciens jardins très
courrus autrefois et à peu près ignorés aujourd'hui. C'est
à peine si l'on se rappelle les jardins De§liu, Pana Brelea,
Geafer (Grâdina eu Cai),Vàrarului (Podul Calici) et Hagi [lie.
Actuellement Bucarest a moins de jardins publics, il
est vrai, mais ceux-ci en revanche sont beaucoup mieux
soignés et plus agréables à fréquenter. A côté du parc de
Filaret, il Faut mentionner le jardin de l'institut météoro-
383

logique, très étendu, mais que l'on ne visite qu'avec per-


mission spéciale, il eu est de même du parc de Cotroceni
et du jardin Botanique.
Le jardin botanique, à l'origine, se trouvait derrière
la Statue de Michel le Brave
et possédait une petite serre

qui a été depuis transportée au Cismegiu. Le directeur de


ce jardin tut d'abord Mr. le Docteur Branza, puis Mr.
M. Vlâdeseu.
Le Cismegiu, placé au centre de la ville, tant par

.3^ - .!""-" -fk.

Ancien château de Mogoshoaia.

son étendue que par son entretien est certes un des plus
beaux qu'il y ait.

En 1830 ce n'était qu'un marécage que Kisselel fit dese_


cher en 1844. En 1855 on donna la pêche du lac en entre-
prise. Le prince Stirbey chargea le paysagiste Mayer d'y
déssiner un jardin. On y fit quelques travaux en 1862 et en
1869 pour amener l'eau dans le lac et on construisit 4
puits jaillissants, mais, en 1873, faute de fonds on abandonna
les puits.
384

En 1884, le du Cismegiu qui avait passé au


jardin
Ministère des Domaines, fut rétrocédé à la ville; à cette
époque le jardin était éclairé par 60 lampes à pétrole en
hiver et 41 en été. La mairie y fit faire divers travaux
d'assainissement et embéllissement. En 1895 on l'éclaira
au gaz, puis on y introduisit l'électricité.
En hiver lorsque le lac gèle, on y patine. Au milieu
du lac se trouve une petite île où l'on a installé un res-
taurant et un pavillon pour musique militaire.

Nouveau château de Mogoshoaia.

Ce jardin malheureusement, comme le Luxembourg,


n'est fréquenté que par les bonnes d'enfants et les petits
fonctionnaires.
Le jardin Icoane est formé sur l'emplacement d'un
ancien lac qui lut desséché en 1870, le jardin fut fini en

1875. C'est un jardin de forme triangulaire, assez triste

et peu fréquenté.
Le jardin de l'Episcopie a été terminé en I872, il

occupe une superficie de 4.800 m. [ j


et a coulé 250.000 fr.
385

Autrefois séparé du palais de l'Athénée, en 1888 on


l'y incorpora.
Il y avait encore en 1894 un jardin Hereasca qui
fut remplacé par l'école Adrian.
En tout Bucarest compte 20 squares.
Pour le service de ses plantations, la mairie possède
à Grozâvesti, une pépi-
nière qui lui fournit les
arbres dont elle borde les

boulevards et certain
nombre de rues.
Ce service coûte à
la commune 31.000 frs.

par an. Le lac de Herestreu.

Un des aspects les plus curieux de Bucarest pour


l'étranger, est celui que produit le marché ambulant et les
petits métiers de la rue.
La plus grande partie de
ce commerce est excercée par
les olteni, paysans de la pro-
vince de VOltenie, qui se dis-
tinguent par leurs remarquables
aptitudes commerciales. Il por-
tent le costume rustique de la
campagne, c'est à-dire un pan-
talon étroit, presque collant, la
chemise passant par-dessus, re-
tenue seulement et serrée à la
taille par une ceinture, formée

d'une bande de couleur, longue


et étroite, qu'ils enroulent au-
tour du corps, et une veste en
Ressemeleur. peau de mouton ils vont pieds
;

nus ou portent l'opinca na-


tionale et sont coiffés d'une catchioula (bonnet) également

25
386

en peau de mouton. Quelques-uns, plus civilisés, portent


de forls souliers ou des bottes et des pantalons larges.
Nous offrons au lecteur de nombreux types de ce mar-
chand qui paraît infatiguable, marchant depuis 3 h du matin
jusqu'à 8 h du soir pour défaire
sa marchandise et rendant de
réels services aux habitants des
faubourgs, qu'il va trouver et qui
sans ne pourraient se procu-
lui

/ mT rer, qu'avec une grande perte de

'jSBHK A temps et à de grandes distancesjes


ÉÊËÊk ^JjjlMB^|y denrées qui défilent devant leurs
/ portes, quelque temps qu'il fasse.
On peut dire qu'ils vendent
de tout, à part la viande —
encore
faut-il excepter les agneaux dont

ils font un trèsgrand commerce— ;

tous les légumes et tous les fruits


Marchand de charbon. se trouvent dans leurs paniers;
ils vendent du poisson, du char-

bon, des volailles, des œufs, du gibier, tout ce qui peut


servir enfin à l'alimentation. Leurs prix sont les mêmes
qu'au marché ,
quelquefois
moindres, car ils s'approvision-
nent au petit jour et, partis
de bonne heure, ne font plus
subir à leur marchandise les
hausses qui surviennent par-
lois dans une même journée,

aux halles.
En dehors des olteni, il

y a toutes sortes de ven-


deurs qui vont de même à
travers les rues, criant leur
marchandise OU leur Spécialité Tsiganes marchands de balais.

et? forment les dix-erses noies de eette musique des rues


387

si incompréhensible pour celui à qui elle n'est pas fami-


lière.

C'est de la sorte que l'on vend, dans les rues, le

pétrole à brûler, les balais, le lait, le fromage, le yaourt,


les fleurs, tous les objets de consommation, de petites
dimensions et d'un transport plutôt facile.

Parmi ces vendeurs les uns


sont roumains, les autres grecs,
bulgares serbes, turcs, juifs. Mais,
à part les Bulgares, qui s'occu-
pent principalement de la culture
maraîchère et défont leurs pro-
duits, et les Juifs qui font com-
merce de la vente des produits
industriels ordinaires, la vraie
camelotte; les autres étrangers
sont en très petit nombre; de
temps à autre on rencontre
encore des tsiganes, dont les
femmes parcourent les rues avec
un panier de fleurs qu'elles offrent
de tous côtés, qui s'introduisent,
sous ce prétexte, dans chaque crépisseuses.

maison, mais qu'il faut surveiller

de près, car l'instinct de la race les pousse souvent à com-


mettre des larcins 1
).

Au printemps les hommes vont promenant des ours,


attachés par une chaîne et auxquelsils font exécuter des
excercices de pour obtenir quelques sous en
dressage,
échange. Les ours viennent des Carpathes et sont parfois
très beaux.

) Les femmes tsiganes et surtout les vieilles ont conservé


l

leur spécialité de diseuses de bonne aventure; on les voit sordides


et audacieuses, allant de cour en cour, offrant de prédire à chacun
ce qui doit lui arriver et prétendant deviner au fond de leur
ghioc —
coquillage de mer —
le sort réservé aux crédules.
Les tsiganes sont également celles qui blanchissent à la
chaux les cuisines moyennant 2 fr. par pièce.
388

Ce sont encore les tsiganes qui rétamment, qui font


la serrurerie commune.
L'Orient se aussi dans les marchands de
retrouve
sucreries, qui vontavec leurs paniers ou leur boîtes garnies
de toutes espèces de pâtes et sucres parfumés et colorés,
dont les enfants et le peuple se montrent très friands et
qui, pour cette raison, se tiennent presque toujours aux
abords des écoles ou des fêtes populaires.
Lorsqu'on a mangé tout ce sucre, on a soif et c'est
alors qu'on s'empresse de boire la
fameuse „braga% boisson prépa-
rée avec de l'orge, très saine et
très rafraîchissante mais que son
aspect trouble et sale discrédite

beaucoup. La boisson est d'origine


bulgare et ce sont les Bulgares
qui la fabriquent et la vendent en ;

été les Albanais débitent pour un


sou ou deux des portions de glace
à la vanille, au chocolat, à la
framboise etc. qu'ils fabriquent
eux-mêmes.
Le marchand ambulant de
Marchand d'ustensiles fer blanc est presque toujours
en bois.
slovaque; on l'entend de loin
grâce à son cri distinctif; le

lait caillé est vendu par les Bulgares, les Roumains, les
tsiganes et on l'annonce par un cri strident le vitrier ; est
hongrois ou juif et c'est encore le juif et les femmes tsiganes
qui font le commerce des vieux habits; ils ont leur marché
dans la rue Lazar; les juifs paient ce qu'ils achètent, tan-
dis que les tsiganes les échangent contre des objets de
ménage.
CHAPITRE XI

LA COUR ROYALE

epuis longtemps les Roumains aspiraient à l'é-

mancipation politique; ils avaient subi divers


protectorats, exercés tour à tour, avec plus ou
moins de douceur, par la Russie, l'Autriche, et
la Turquie. Cette dernière du reste, visait plutôt une su-
prématie économique que politique sur le pays et s'est
montrée toujours prête à recon-
naître ses libertés, sauf à lui ré-
clamer impérieusement le tribut.
Tant de pénibles expérien-
ces, au cours de quatre
faites
siècles la dépendance de
sous
l'Étranger, n'ont pas peu con-
tribué, on le comprend, à favo-
riser l'idée de l'union des Prin-
cipautés, en un seul Etat durable
et indépendant. Mais, ni la Porte,
ni les grandes puissances chré-
tiennes, n'étaient di ^posées à sou-
tenir cet idéal politique, d'autant Le Roi Charles i.

plus que la possession des Prin-


cipautés danubiennes était couvoitée de toutes parts. Grâce
aux circonstances, les patriotes roumains, purent profiter
de l'humiliation de la Russie après la guerre de Crimée
390

et de prépondérance réacquise à la France du même


la
coup, pour préparer, par l'élection du Colonel Jean Ale-
xandre Couza, élu prince de Moldavie le 15 Janvrier 1859,
et prince de Valachie le 5 Février de la même année,
l'union personnelle, d'où résulta bientôt la réunion politique
des deux Principautés, affirmée dès le mois de Novembre
de la même année, par l'introduction d'une Constitution
commune dans les deux provinces.

S. M. le Roi aux manoeuvres.

De fait, il est vrai, cette union n'a été consacrée que


deux ans après, par les Puissances, qui donnèrent au
nouvel Etat le nom de Principautés-Unies.
Couza occupa nom de Jean Ale-
le trône, sous le
xandre I, mais tomba après un règne
pendant sept ans,
fort troublé à l'intérieur, bien qu'en somme fécond en

progrès de toutes sortes. Il est évident que des réformes


aussi radicales que la suppression des privilèges et des
titres nobiliaires, l'abolition du servage, la répartition des
terres aux paysans, la séparation de l'Eglise roumaine du
Patriarchat, la confiscation dos biens conventuels, ont dû
391

indisposer presque toutes les classes de la société et créer


au prince de nombreux ennemis, parmi les personnes les
plus influentes. Un complot, ourdi pour le déposer, ne
tarda pas à éclater et, un beau matin, il fut surpris dans

Leurs Majestés le Roi et la Reine au château du Pelesch.

son sommeil et contraint, sans qu'il y eût de sang répandu,


à apposer sa signature à l'acte d'abdication, tout préparé,
qu'on lui présenta.
A ce moment la lieutenance princière et le gouver-
nement qui se constituèrent, prononcèrent la dissolution
392

de la Chambre et du Sénat et convoquèrent les électeurs


à l'effet d'élire une constituante pour réaliser le programme
des divans ad-hoc, c'est à dire l'élection d'un prince
étrangère décision à laquelle le prince Couza lui-même
avait adhéré.
La préoccupation principale et constante de la lieu-
tenance princière du 1 1 /28 Février 1 866, fut donc de trou-
ver un prince étranger qui fût agréé à la fois par les
Puissances et par Peuple roumain.
le

C'est à ce moment que les corps législatifs roumains,


voulant écarter toute compétition indigène et établir un
faitaccompli, proclamèrent à l'unanimité prince de Rou-
manie, sous le nom de Philippe I, S. A. R. le comte
Philippe de Flandre, le fils du roi Léopold I de Belgique.
Mais cette élection suscita un certain mécontentement
à Paris de son côté le comte de Flandre refusa d'accepter
;

la couronne qui lui était offerte, et c'est alors que Jean Ba-
laceanu ef Jean Bratiano firent des ouvertures au prince
Antoine de Hohenzollern, lui demandant d'autoriser son
fils cadet, le prince Charles, à accepter l'élection au trône
de Roumanie, l'assurant que Napoléon III ne s'opposerait
pas à cette candidature. Un nouveau plébiscite eut lieu et
la nation adopta par 685.969 voix contre 224 la candida-
ture qui lui était proposée, le 8/20 Avril 1866.
Le jeune prince répondit aux voeux du pays et plein
de confiance en l'avenir, non sans avoir eu un long en-
tretien avec M. de Bismarck, il se mit en relation avec Na-
poléon III et partit pour la Roumanie, sans attendre les dé-
cisions de la conférence de Paris, certain de l'appui de la
France, de la Prusse et de l'Italie.

Né en 1839, il est par sa naissance, descendant de


deux familles régnantes des plus brillantes et des plus puis
santés: la famille Royale de Prusse et les Bonaparte aux-
quels il est apparenté par son aïeule la princesse Murât, il
venait être nommé le 4 avril chef d'éscadron du 2-ème ré-
giment de dragons de ia garde prussienne.
393

Le 1 1 mai, le prince accompagné du conseiller de


Werner, partit pour Zurich où l'attendait, avec deux do-
mestiques, le baron de Mayenfisch, chambellan de la cour
de Prusse. C'était à la veille de la déclaration de la guerre
entre l'Autriche et la Prusse, il fallait à tout prix que le

prince évitât d'être reconnu en traversant l'Autriche. M.


de Mayenfisch se rendit a Munich avec les deux domes-
tiques et les bagages. Le prince Charles avait eu soin de
se faire délivrer à Zurich un passeport au nom de Charles

L'Infanterie valaque défilant au pas de course."

Hettingen (nom d'un des châteaux de sa famille). Il monta


en seconde classe et prit à son tour, avec M. Werner, la
route de Munich. Comme il risquait de rencontrer des
personnes de connaissance, il avait pris la précaution de
mettre des lunnettes bleues.
A Munich, voyageurs se retrouvèrent et montè-
les
rent ensemble dans le train pour Vienne, M. de Mayen-
fisch en première classe, le prince et son compagnon en
seconde. Dans toutes les gares, il y avait un grand mou-
vement de troupes, car l'Autriche mobilisait. A deux re-
394

prises le prince se trouva en face d'officiers qu'il connaissait


Il passa néanmoins inapperçu, et arriva sans encombre à
Pesth, d'où il partit immédiatement pour Baziash, petit port
sur le Danube, où il devait s'embarquer sur le bateau au-
trichien qui partait Bas-Danube. Mais le bateau
pour le

était déjà parti et il n'en passait pas dautre avant deux jours.
Les voyageurs furent donc obligés de descendre à l'au-
berge où ils s'installèrent en feignant toujours de ne pas
se connaître. C'était le 8 mai. Le surlendemain, Jean Bra-
tiano arriva également à Ba-
ziash, venant directement de
Paris, et tous prirent ensem-
ble le bateau.
Le prince, tenu encore
à plus de prudence qu'en
chemin de fer, s'installa en
seconde classe, malgré le peu
de confort que l'on y trouvait.
Et c'est ainsi fut qu'il

débarqué à Turnu Severin,


-

sans avoir été reconnu. Une


brillante réception lui lut faite

La famille royale à l'Exposition.


^
et immédiatement
Bucarest en voiture.
Les membres de la lieu-
il partit

tenance princière et le président du conseil vinrent saluer


le nouveau prince à Piteshti, et le 10/22 Mai, le jeune

Souverain fit son entrée dans la Capitale, où M. Demètre


Bratiano, en sa qualité de maire, lui souhaita la bienvenue.
A peine arrivé, il se rendit aussitôt à la cathédrale, et de
là à la Chambre, où
il prêta serment de respecter les lois
du pays, de maintenir ses droits et son intégrité.
Peu de temps après, le 12 Juillet 1866, fut proclamée
la nouvelle constitution, à laquelle il jura fidélité, et qui,

à peine modifiée dans la suite, est devenue le pacte fon-


damcntal de l'État Roumain; très libérale, fondée sur le
395

principe des droits du peuple les plus étendus, cette consti-


tution a pour modèle celle de la Belgique; elle garantit
aux citoyens des biens précieux, la liberté de conscience, la

liberté de la presse et des assemblées, la liberté de l'en-

seignement et ne renferme que quelques restrictions quant


aux droits d'acquisition des biens ruraux.
La situation du nouveau prince, monté sur le trône
à l'âge de 26 ans, sous le nom sonore de Carol I, fut au
début des plus difficiles. Se faire respecter comme prince
étranger, contrebalancer les excès des parcis, maintenir
le prestige de la couronne, faire prévaloir l'autorité de la
loi et de l'ordre, — si ma-
laisée que fut cette tâche,
le Prince s'y voua avec
autant de sagesse que de
persévérance, de sorte
qu'avec l'an 1866 a com-
mencé pour la Rouma-
nie une période de tous
points bénie et féconde, au
cours de laquelle le pays
s'est développé à l'inté-
rieur, tout en gagnant Le pavillon royal à l'Exposition.
en prestige à l'extérieur.
Dès son arrivée dans le pays le Prince qui n'avait

accepté couronne qu'avec l'idée bien arrêtée de devenir


la

un prince Souverain et de se libérer le plus tôt possible


de la Suzeraineté de la Turquie, dut néanmoins se sou-
mettre à l'investiture, et, le 9/21 Octobre 1866, Il se rendit
à Constantinople pour accomplir cette formalité.
Il s'en tira du reste avec une dignité et un tact qui

frappèrent le Sultan lui-même et le firman qu'il obtint,


tout en réservant certains droits de Suzeraineté accordait
aux Principautés-Unies le droit d'entretenir une armée de
30.000 hommes, de battre monnaie et reconnaisait le nouvel
élu de la nation comme prince héréditaire.
396

Mais peu gênants que fussent ces derniérs vestiges


si

d'assujétissement à l'Empire Ottoman, le nouveau prince


ne cherchait qu'un moment favorable pour les faire dispa-
raître. Cette occasion se présenta pendant la guerre Russo-

Turque de 1877 78. Impatient d'intervenir dans ce conflit
auquel il était prêt à prendre part avec sa jeune armée,
il n'attendait qu'un signe de la Russie pour entrer en jeu.

Le roi Charles assistant à une messe.

A la dépêche du tsar Alexandre III le


suite d'une
priant de venir au secours de l'armée russe menacée d'être
refoulée dans le Danube, il passe le fleuve et, grâce à la
bravoure et à l'action énergique de l'armée roumaine les
redoutes de Grivitzaet de Plevna, derniers boulevards des
Turcs, ne tardèrent pas à capituler.
La participation de la Roumanie à cette guerre a
permis au jeune État de sacrer son indépendance dans un
glorieux baptême de sang et bien qu'elle ait combattu à
397

côté de la Russie, son action a été si décisive qu'elle a


pu obtenir de la Porte et faire sanctionner par le traité
de Berlin en 1878 son émancipation définitive. Comme
couronnement à Mars 1881, la Prin-
cette oeuvre, le 14/26
cipauté a été proclamée Royaume par un vote unanime de
la représentation nationale, fait qui fut aussitôt reconnu par
les Puissances et le Mai 1881 eut lieu le sacre du roi
10/22
qui fut célébré, en grande pompe, à la Métropole de Bucarest.
Ces résultats sont dus d'ailleurs au caractère même
du Souverain qui a su. dans
toute occurence sauvegarder le
prestige et l'honneur de la cou-
ronne. Et c'est ainsi, qu'avec une
attention de tous les instants, il

a élevé l'Étatroumain, fondé par


lui, de progrès en progrès, à la

dignité d'un État moderne.


Avec l'amour de son pays
pour guide et une foi inébranlable
en sa mission pour soutien, par
ses vertus d'homme et de roi,

n'ayant jamais obéï qu'à la voix


du devoir et de la raison, Il a acquis
le dévouement absolu et la reCOll- Infanterie actuelle (chasseurs).

naissance éternelle de tout le pays.


L'influence que le roi Charles a exercée, comme or-
ganisateur et administrateur du nouveau royanne a qu'il
fondé, s'est manifestée dans tous les domaines de la vie
sociale et économique de la Roumanie. A peine arrivé dan-
le pays il sest vivement intéressé à la création du réseau

des chemins de fer et des voies de communication. Au


moment ou il fut élu il n'existait pas un seul kilomètre de
lignée ferrée, tandis qu'aujourd'hui il y en a près de 4000,
qui sillonnent le pays dans tous les sens et sont construits
de façon à servir à la fois aux besoins du commerce et
aux exigences stratégiques de l'armée.
398

Les postes et les télégraphes étaient de même à peine


installés et ne fonctionnaient que d'une façon très rudi-
mentaire. Le gouvernement princier s'y intéressa dès l'année
1869 et fit venir de Suisse deux spécialistes en la matière
M-rs Jeanrenaud et Schneider qui posèrent les bases de
l'organisation postale actuelle qui depuis lors n'a fait que
se développer en s'enrichissant des perfectionnements des
découvertes modernes.
L'organisation de la navigation fluviale et maritime
a pris aussi un grand essor, grâce à l'initiative du Sou-
verain, dans plusieurs de ses discours, notamment
qui
dans celui sur l'inauguration du pont sur le Danube, et
dans celui sur la pose de la pierre fondamentale du port
de Constantza, n'a pas manqué de rappeler le rôle im-
portant que la Roumanie est appellée à jouer comme
pays de transit dans le trafic mondial, entre l'Occident et
l'Orient.
L'attention particulière, que ie roi a vouée aux pro-
grès économiques du pays, ne l'a pas empêché de s'oc
cuper très activement aussi des institutions de haute culture.
L'Université de Bucarest, fondée par le prince Couza
en 1864, n'était fréquentée en 1866 que par 52 étudiants;
mais, grâce à l'intérêt très vif que le roi Charles prit au
développement de cette école des hautes études, elle ne
tarda pas à augmenter le nombre de ses facultés, à de
livrer des titres de licencié et de docteur et à compter
dans toutes les facultés des inscriptions qui aujourd'hui
dépassent le chiffre de mille.
Son influence montrée tout aussi sensible dans
s'est
l'activité croissanteque l'Académie Roumaine a déployée
sous son règne. Il a lui-même personnellement présidé fort
souvent les scéances de la docte assemblée et pris part à
ses travaux en faisant lui-même de précieuses communica-
tions; il est également le fondateur et le président de la
Société de Géographie dont subventionne libéralement
il
1

1rs publications.
399

Les arts ont trouvé de même en lui un Mécène


aussi généreux qu'éclairé.
Il est certain que, sans son concours, jamais la Ca-
thédrale de Curtéa de Argesh, et les églises des Trois Hié-
rarques, et de Saint-Nicolas à Iassy n auraient été res-
taurées, de façon à être conservées aux siècles futurs,
comme les plus précieux joyaux des siècles passés.
Pour nous devrions mentionner encore les nom-
finir

breuses libéralités du Souverain à l'égard des jeunes ar-

Les attachés militaires étrangers

tistes, des littérateurs, et des savants; il n'a pas non plus


oublié les pauvres et les déshérites de la terre, et, s'est
plu a créer et à doter des œuvres de bienfaisance telles
que l'Orphelinat Ferdinand et la Fondation universitaire
Carol I, où les étudiants trouvent non seulement une riche
bibliothèque, mise gratuitement à leur disposition, mais
des bourses pour publier leurs thèses.
Après avoir parlé du roi comme homme public, que
Ton nous permette d'ajouter quelques lignes sur sa vie
privée.
400

Matinal comme un militaire et comme tous les

Hohenzollern du reste, S. M. ie Roi Charles commence sa


journée des sept heures du matin, hiver comme été. S'il
est à Bucarest, il s'occupe en attendant l'heure du pre-
mier déjeuner qu'il prend avec S. M. la Reine, des affaires
de l'État— (rapports ministériels à étudier, pétitions, plaintes
ou questions d'administration à résoudre, correspondances
à mettre à jour, ordres à donner); s'il est à Sinaïa, où il
est moins accablé de travail, il profite de ses premières
heures- car il ne perd pas une minute — pour faire quel-

Palais Royal.

que ou songer aux projets d'embellissement de son


lecture
château, qui est devenu une merveille d'art, comme aspect
extérieur, installations internes, mobilier et décoration.
Après ce déjeuner, le Roi revient à ses travaux. La
prèmiere personne qu'il le maréchal de la
reçoit, c'est
Cour qui vient lui faire son rapport quotidien et prendre
des ordres.
Vers dix heures et demie commencent les audiences
accordées aux ministres qui ont leurs jours fixes, chaque
semaine, à moins de cas spéciaux, et viennent présenter
au Souverain, les décrets à approuver, les nominations à
401

signer, les projets de à faire élaborer par les Cham-


loi

bres et prendre les instructions du chef de l'État pour


toutes les affaires de leur ressort.
Le second déjeuner a lieu à une heure précise: à Bu-

carest, en téte-à-téte, ou en famille avec LL. AA. RR.


le Prince et la Princesse; à Sinaïa, avec les membres pré-
sents de la Maison civile et militaire et les hôtes retenus

La fondation Charjes I-er


place du l'a lais.

à table, car le Roi et la Reine aiment à pratiquer une


aimable et large hospitalité.
Dans ces repas mi-officiels, la conversation est, en
général, d'une liberté fort distinguée, sans aucune con-
trainte d'étiquette.
S. M. le Roi possède d'ailleurs au plus haut degré,
cette politesse exquise, qui consiste à mettre à l'aise n'im-
porte quel commensal, aussi imfime soit-il.

Après le déjeuner, si ses occupations le lui permet-

6613 26
402

tent, S.M. le Roi aime à faire un tour de promenade: à


Bucarest, dans le jardin du palais ou en ville; à Sinaïa
sur les admirables routes qu'il y a fait construire et où
ilaime à faire de longues pérégrinations.
A Bucarest, les après-midis du Roi sont surtout pris
par des audiences privées, solicitées tant par des sujets
roumains que par des étrangers. Il se plaît particulièrement
à s'entretenir avec les artistes qui se sont acquis une
renommée; avec les militaires qui se sont distingués, ou
avec les grands industriels qui dirigent d'importantes en-
treprises.
Vers cinq heures et demie, S. M. le Roi a l'habitude
de tenir le „five
1 I o'clock" avec S. M. la
w t
."J Reine; c'est le seul
moment de répit qu'il
s'accorde; après quoi,
il appelle en audience
les employés supé-
rieurs du Palais, pour
régler les questions
pendantes de son ad-
ministration privée.
Transport de provisions militaires.
Le dîner qui,
comme le déjeuner,
est, à Bucarest plus intime, réunit à Castel-Pelesh tous les
hôtes et les invités autour de la table royale. 11 a lieu vers
sept heures et demie du soir, dans la belle salle à manger,
en style renaissance, du château. A Sinaïa on trouvera
entre autres conviés et amis de Leurs Majestés: M. A.
Lecomte du Nouy, qui jouit auprès du Roi, en raison des
grands services qu'il a rendus à l'architecture nationale,
d'une faveur particulière, et M. J. Kalindéro, l'infatigable
administrateur des domaines de la Couronne. Après le

dîner, s'il se trouve des partenaires, le Roi aime à (aire une


partie de billard, tout en fumant son cigarre. La partie ter-
403

minée, il se dans ses appartements pour lire les


retire
journaux, expédier sa correspondance ou rédiger proba-
blement ses notes sur sa vie. Vers minuit il se couche.

Nous ne parlons pas non plus des innombrables de-


mandes de subsides, de pensions ou de recours en grâce
auxquels le souverain, attentif à toutes les douleurs de son
peuple, prête toujours une attention bienveillante.

L'artillerie.

Le roi accorde habituellement ses audiences dans la


grande bibliothèque, où ont lieu aussi les Conseils des mi-
nistres, ou bien dans son cabinet de travail, meublé avec
un goût exquis et orné d'un Antonello da Messina, d'un
Greco et d'un Lucas de Cranach remarquables à Sinaïa ,ce ;

sera également dans son cabinet de travail, situé à l'écart,


du coté du levant, et entouré de tout le silence désirable
pour les labeurs longs et recueillis.
Tous ceux qui ont eu l'honneur d'y pénétrer et d'y
être reçus par le roi Charles auront été surpris de se
trouver en face d'un homme qui, de prime abord, ne
-104

frappe que par sa parfaite distinction. Rien de l'apparat


théâtral et du faste conventionnel qui en impose au vul-
gaire. Rien dans la stature, qui est moyenne, dans l'atti-

tude, qui est réservée, dans le geste, qui est sobre, ne pro-
clame le Roi et le Souverain. Nature trop droite et trop
sincère pour chercher à fasciner les regards ou à surpren-
405

dre les cœurs par de vaines apparences, ce monarque,


qui sait pourtant être quelqu'un dans l'histoire, dédaigne de
se faire sentir autrement que par sa suprême affabilité.

Et c'est sans doute, en songeant à son auguste époux


que Carmen Sylva a écrit cette pensée qui le peint en
deux lignes: ..Pour que vous soyez grand, il faut que
votre personne disparaisse sous vos œuvres". Voici du
reste un portrait du Roi Charles, tracé par Pierre Loti
dans une notice célèbre sur Carmen Sylva. „Et puisque
je prononce son nom, qu'il me soit permis de dire aussi
un root de son aspect à la fois bienveillant et grand: Des
traits d'une régularité et d'une finesse extrêmes, encadrés
dans une barbe très
noire (aujourd'hui gri- _ r\
sonnante). Au front,
un pli de réflexion
profonde, de préoccu-
pation peut-être, as-
sombrissant habituel-
lement le visage mais;

le sourire éclairant
tout, un sourire bon
et attirant comme ce-
lui de la Reine. Et tant
Le Roi au pavillon des Postes à l'Exposition.
de simplicité distin-
guée, tant de nat urel
dans majesté royale. Et pour ses hôtes une si parfaite
la
courtoisie. Dans la soixantaine, ayant par conséquent
atteint le complet épanouissement de sa personnalité, le Roi
Charles parvenu, très jeune encore, à cet équilibre du
est
cœur et de l'esprit, du vouloir et du pouvoir, qui a fait de
lui, dès le début de son règne, un souverain modèle,
maître de lui-même, au point que jamais aucune décon-
venue ni aucune passion n'ont pu le déconcerter ou le

troubler".
Si ses journées n'étaient pas réglées comme celle d'un
406

militaire, ellesne compteraient pas assez d'heures pour lui


permettre, tout en suivant le mouvement contemporain et
tout en étant sans cesse bien informé sur les hommes et
les choses de son royaume, d'expédier la besogne acca-
blante dont il est assailli, audiences à accorder, projets de
loi à étudier, décrets à signer, rapports à examiner, péti-

tions à apostiller, lettres à écrire. Lorsqu'on songe qu'il


prend au sérieux cette tâche énorme et qu'il en vient à
bout, à force de conscience, on se dira qu'être roi, même
roi constitutionnel, n'est pas une sinécure, comme tant des
gens se plaisent à le croire, mais bien le plus compliqué
des devoirs, pour peu que l'on ait à cœur d'approfondir
toute question afin de la trancher en connaissance de cause
et enfin de se prononcer, en dernière instance, comme
suprême conseiller et suprême arbitre des destinées d'un
peuple.

LA REINE
Peu de temps son arrivé en Roumanie, et comme avait il

assumé la mission de devenir le fondateur d'une dynastie,


le I s'occupa, avec l'aide de son père, de
Prince Charles
trouver une épouse décidée à s'associer à lui et à son
œuvre. Parmi tant de princesses dont il aurait pu de-
mander la main, une surtout, la Princesse Elisabeth
de Wied, lui était recommandée par le prince royal de
Prusse et par son père. Voici ce que celui-ci écrivait au
sujet de la Princesse, le 15/27 avril 1869:
„En ce qui concerne la connaissance du monde, l'es-

prit et le savoir, elle est en tous cas préférable à toute


autre.
Elle est jolie et agréable; la bonté et la cordialité sont
peintes sur son visage. Elle est très cultivée, extraordinai-
rement douée, et se distingue par ses connaissances lingui-
stiques; elle parle excellement le français et l'anglais et
possède comme je l'ai dit. une culture universelle"
407

Née le 29 décembre 1845, elle avait en effet reçu une


brillante éducation et, toute jeune fille, fait preuve d'une
intelligence et d'une imagination remarquables; non seu-
lement elle apprit et étudia toutes les langues et toutes les

S. M. la Reine brodant.

littératures de l'Europe, mais compléta encore ses con-


elle

naissances par de nombreux voyages en Suisse, en Russie,


en Angleterre, en France et en Italie; il ne lui suffit pas
de visiter les principales cours et les foyers du monde
408

civilisé, elle en profita aussi pour apprendre à connaître


leurs illustrations et leurs gloires.
C'est le 12 octobre que le prince se rendit à Cologne
où il rencontra le prince héritier de Prusse par qui il fut
présenté à la princesse de Wied et à sa charmante fille,
la princesse Elisabeth. Le prince demanda aussitôt la main
de la jeune princesse et les fiançailles eurent lieu le mois
suivant.
Malgré quelques difficultés soulevées par la cour

La Reine à l'Exposition.

pontificale, à cause de la religion delà jeune princesse 1

),

et ayant pris d'autre part l'engagement de faire élever


ses enfants dans la religion orthodoxe, le mariage eut lieu
le 3/15 novembre au château de Neuwied.

Quelques jours après, le prince quittait Neuwied pour


se rendre à Bucarest, où il arriva le 12/24 novembre
après s'être arrêté à Pesth, où il présenta sa jeune épouse
à l'impératrice Elisabeth d'Autriche.

') Car elle est de religion luthérienne et le prince de reli-


gion catholique.
409

Mais la jeune princesse n'a pas eu seulement l'étude,


les voyages et la société pour éducateurs; elle a aussi été
élevée à la grande école de la souffrance car, dès sa jeu-
nesse, les tristesses et les deuiis ne lui ont pas été épar-
gnés et rien n'atteste mieux ce que son cœur renferme
de trésors que les pages intimes de ses mémoires et ses
lettres à son frère.
Les heures d'angoisse qu'elle a traversées en 1871
méritent d'être rela-
tées: Cétait aux mois
de novembre et de
décembre.
Elle se trouvait
alors avec sa mère,
auprès de son père
et de son frère mala-
des —ce frère dont la
vie ne fut qu'une lon-
gue agonie de onze
années: — Ce père qui,
par la hauteur du cœur
et de l'esprit, ne pou-
vait être mieux aimé
et mieux compris que
par sa fille. «Toutes
les petitesses de la vie,
écrit-elle à ce moment,
s'effacentdevant cette
, , S. M. le Reine dessinant.
pensée accablante que
nous soignons deux
mourants et qu'il nous est encore permis de nous dévouer
pour eux".
Adoucir les derniers moments de deux êtres chers,
inspirer du courage à ceux qui vous entourent, et, quand
l'issue fatale est arrivée, ne pas murmurer, et bénir la
main de Dieu, même quand elle frappe, tel est l'exemple
410

que, jeune princesse encore, la Reine Elisabeth a dû


donner.
Et combien de larmes n'a-t-elle pas eu à réprimer
depuis, lorsque, devenue mère à son tour, elle a vu mourir
son unique enfant, la petite princese Marie, enlevée le
28/9 avril 1874 par langine dyphtérique, à l'âge de trois
ans et demi.
Ayant perdu son plus cher trésor, elle a dû se ré-
signer à passer ses jours entre un berceau à jamais vide
et une tombe toujours présente.
Cette mort inattendue fut vraiment un deuil na-
tional; le pays entier témoigna aux souverains la part
qu'il prenait à leur douleur. Le prince lui exprima sa
reconnaissance dans une lettre touchante qu'il adressa au
président du Conseil des ministres.
On ne s'étonnera pas si après tant de deuils un voile
de mélancolie enveloppe cette brillante vie de souveraine
et se reflète jusque dans son regard empreint d'une bonté

si triste et si douce à la fois.

Cette empreinte se reflète aussi dans ses écrits. Dans


Iéhovah, le plus magistral peut-être de ses poèmes, Carmen
Sylva raconte, en vers d'une largeur épique, l'histoire d'un
Ahasvérus philosophe, personnage qui ne fait, en dernière
analyse, qu'incarner ses propres pensées; aussi est-il avant
tout un sensitif et un volontaire. „I1 faut être très pieux
ou très philosophe, dit-elle, il faut dire, Seigneur, que ta
volonté soit faite, ou, nature, j'admire tes lois — même
lorsqu'elles m'écrasent". Voilà la leçon de stoïcisme à
laquelle aboutit le pessimisme de Carmen Sylva. Quant à
sa morale, elle se résume en cette noble devise: .,11 n'y a
qu'une consolation, le travail; il n'y a qu'une jouissance,
le beau". Elle-même a trouvé dans le culte de l'art et dans

la tâche accomplie, le suprême refuge aux douleurs de ce

monde.
Nous ne mentionnerons pas les nombreux ouvrages de
Carmen Sylva, depuis les Pensées d'une Reine jusqu'aux
411

dernières Xotes et impressions publiées récemment. Tra-


duits dans presque toutes les langues, la plupart d'entre
eux sont déjà connus du lecteur.
Par sa vive compréhension du caractère national,
par son amour pour le costume, les mœurs et le folklore

roumain, elle a beaucoup contribué à rendre la dynastie


populaire dans le pays et à faire connaître Ja Roumanie
à l'étranger.
Malgré ses prédilections pour l'art, la reine Elisabeth

S. M. La Reine entre ses avengles, à la „Vatra Luminoasâ"

n'a jamais oublié ses devoirs de souveraine. „Je me dis


que ma première tâche est celle d'épouse, écrivait-elle à
sa mère, puis vient ma mission de souveraine et en troi-
sième rang seulement celle de poète '. 1

La reine est artiste dans l'âme et le prouve dans tout


ce qu'elle fait. Qui n'a vu et admiré l'enluminure de Févan-
géliaire de Curtea d'Argesh et le voile baptismal brodé
pour le prince Carol !
412

Parmi ses devoirs de souveraine, il n'en est point que la


reine n'ait rempli avec plus de zèle et de dévouement que

LL. AA. RR. le prince Carol, les princesses Elisabeth et Marie.

celui de protectrice des malheureux, des pauvres et des


deshérités de ce monde.
C'est elle qui, après avoir pansé les blessés de la
Guerre de l'indépendance, a fondé un ordre laïque de sœurs
413

de charité, ayant pour emblème la croix rouge de Ge-


nève, afin de disposer en temps de paix comme en temps
de guerre, d'un corps d'infirmières expérimentées, à même
de prodiguer aux malades ou aux blessés tous les soins
requis. Elle est la présidente active et infatigable ou l'auguste
patronesse de nombreuses autres sociétés philanthropiques
ou de culture intellectuelle: telles que Regina Elisabeta, la
polyclinique Regina Elisabeta, la Crèche Sf. Catherina,

S. A. R. la princesse Marie avec ses enfants.

la Crèche Materna, les Sociétés: des Diaconesses, du Pain


quotidien, du Tibishoi, de l'Obole, de la Concorde, de
la Furnica, de la Munca, de VAlbina de la Tesatoarea,
du Sanatorium Regina Elisabeta. Ces dernières années,
particulièrement au développement de
elle s'intéressa tout

la Vatra luminoasa, un institut d'aveugles, admirable-


ment organisé et qui allume un nouveau foyer de lumière
pour ceux qui en avaient été privés jusque-là.
Il y a dans la Légende des Siècles de Victor Hugo,

sur la construction du Temple, quatre vers épiques qui


414

finissent par celle antithèse:Moïse demande à Dieu un


artiste et Dieu lui en donne deux:
„L'im sculptait le réel, et Vautre Vidéal". Ce —
vers formule à merveille la double mais concordante acti-
vité, les divers mais inséparables mérites du Roi et de la
Reine de Roumanie pour leur pays et pour leur peuple. L'un
a édifié le royaume par le prestige de l'épée et du sceptre,
l'autre l'a magnifié par celui du verbe et de l'image.

LE PRINCE FERDINAND ET LA PRINCESSE MARIE


Le prince Charles n'ayant pas d'enfant — la petite
princesse Marie était morte en 1874 — avant de proclamer
la royauté, il fallait régler la succession au trône. Le 21 no-
vembre 1870, un acte de famille fut conclu à Sigma-
ringen, signé par le prince Charles de Hohenzollern, le

prince Léopold et le prince Frédéric. Les trois signataires


de cet acte déclaraient, en leur nom et au nom des mem-
bres de leur famille, qu'ils souscrivaient formellement et

absolument à l'article 83 de la Constitution roumaine,


ainsi conçu „ A défaut d'héritier mâle de S. A. R. Charles I
:

de Hohenzollern-Sigmaringen, la succession au trône de


Roumanie reviendra au plus âgé de ses frères ou de ses
descendants".
Le 22 novembre de la même année, le prince Léo-
pold de Hohenzollern, dans une lettre qu'il adressait à son
frère le prince Charles I, renonçait à la couronne en fa-
veur de ses fils, les princes Ferdinand et Charles. Tl pro-
mettait de les préparer à la haute mission qu'il pouvaient
être appelés à remplir „en développant dans leur cœur
l'amour de cette noble et vaillante nation qui, après lant
de siècles de luttes et de souffrances, a su, par ses propres
forces, reprendre une place honorable dans la grande fa-
mille des Etats souverains".
("'est à la suite de ces pourparlers, que la succes-
sion au trône échut au neveu du Roi Charles, le prince
415

Ferdinand de Hohenzollern, né à Sigmaringen le 24 août


1865. Il fut proclamé prince héritier de Roumanie, avec
le titre d'Altesse Royale, le 18 mars1889.il occupe actuel-

lement dans l'armée roumaine le grade de général de di-


vision et d'inspecteur général de la cavalerie.

Le Prince Ferdinand.

Il a épousé, 29 décembre 1892, la princesse Marie


le

(Alexandra-Victoria) fille du duc de Cobourg et de la grande-


duchesse Alexandra de Russie. Le mariage a été célébré
le 10 janvier 1893 au château de Sigmaringen, en présence

de tous les membres de la famille de Hohenzollern et de


416

l'empereur Guillaume II. Depuis, il a donné naissance, le

15 octobre 1893, au prince Carol; le 11 octobre 1894 à là

princesse Elisabeth; à la princesse Marie le 27 décembre


1898, et le 3 octobre 1903 au prince Nicolas.
Arrivé dans le pays le 19 avril 1889, il y fut reçu
avec enthousiasme et gagna bien vite la sympathie de tous,
par son caractère affable, son esprit éclairé et son cœur
droit. L'attachement du peuple roumain à la dynastie s'est

Vue du lac de l'Exposition.

surtout manifesté lors de la maladie du prince Ferdinand,


il y a 10 ans, quand la fièvre typhoïde faillit l'enlever.
Préparé par de tortes études au rôle important qu'il
sera appelé à jouer un jour, il n'épargna aucune peine
pour s'initier à la sage école de son oncle auguste, à cet
art difficile de régner, en se souvenant du précepte de
son aïeul le prince Charles-Antoine: „Ce n'est pas assez
de naître prince; vous devez travailler pour prouver que
vous méritez ce titre".
417

Digne de la couronne que lui réservent le Roi et la


nation, anneau dans la chaîne généalogique qui unit la
dynastie au pays, le Prince Ferdinand, placé entre le roi

Le Princesse Marie.

Charles, avancé en âge, et le jeune prince Carol, encore


enfant, représente un organe essentiel.
Quant à S. A. R. la Princesse Marie de Roumanie,

6613 27
418

elle joue dès à présent un rôle qui fait présager ce qu'elle


sera une fois reine. Brillante, d'allure vive et indépen-
dante, elle manifeste un goût distingué pour tous les
sports; mais si elle se plait à organiser des chasses et
des fêtes, cela ne l'empêche pas de s'occuper aussi des pau-
vres et de protéger les arts.
Elle peint les fleurs à n'hésite pas à
merveille et
affirmer ses prédilections pour nouveau, le „modern
l'art

style", et les artistes sécessionistes, à preuve l'intéresant


salon qu'elle a fait meubler à sa façon au Palais de Cotro-
céni et qui trahit une originalité toute géniale.

LE PRINCE CAROL.
Le Prince Carol, né le 15 octobre 1893, et baptisé
dans le religion orthodoxe est l'enfant gâté du peuple rou-

Le Prince Carol dans son cabinet de travail.

main. Très aimé, il suffit qu'il paraisse pour qu'il soit

l'objet dé l'enthousiasme et de l'admiration du public. Son


419

oncle auguste s'intéresse aussi vivement que ses parents


à son éducation. Après avoir été, les premières années,
confié aux soins de bonnes et de gouvernantes anglaises,
il a commencé ses études sous la direction de professeurs
roumains, qui lui ont appris la langue, l'histoire et la re-

Le Prince Carol en uniforme.

ligion de son pays; il parle déjà plusieurs langues étran-


gères: l'anglais, qui est la langue de sa mère, puis l'alle-

mand, le français, qu'il possède d'une façon étonnante pour


son âge, grâce sans doute à son gouverneur actuel, M.
420

Moehrlen. D'une intelligence ouverte, Il s'intéresse à tout


ce qu'on lui enseigne et particulièrement à l'histoire et aux
hauts faits de guerre. Collectionneur de timbres-poste, Il
connaît, autant par les leçons qu'on lui a données que par
le philattelisme qu'il pratique, la géographie politique du
globe. Cadet inscrit à l'Ecole Militaire de Iassy, Il aime
l'armée et le militaire en digne neveu du héros de Plevna.

Le Prince Carol.

Dans ses relations avec les jeunes gens de son âge, Il

sait être cordial et bon, touten gardant conscience de son


rang et de sa dignité. D'une stature élégante, portant l'uni-
forme avec distinction, 11 sait déjà tenir son rôle dans une
revue, une parade ou une féte officielle. On comprend qu'il
ait gagné les cœurs de tous les Roumains qui ont mis en

Lui leur Confiance et leurs espérances.

RÉSIDENCES ROYALES.
La Cour royale ne passe au Palais de la calea Vic-
torieique les mois d'hiver, de novembre à juin. Ce palais
en fer à cheval se compose de trois corps de bâtiments:
I" à gauche, en arrivant, une ancienne maison boyarde, qui
421

a déjà servi de résidence aux princes Alex. Ghyka et Couza


et qui actuellement renferme, à l'étage, les appartements
du Roi et de la Reine, avec leurs bibliothèques, leurs salons
et leurs cabinets de travail respectifs; au rez-de-chaussée,
la chancellerie pièces de réception des maisons
et les
civile et militaire; 2° au centre, une construction nouvelle
renfermant les grandes salles pour les fêtes; au rez-de-
chaussée, la salle à manger avec les pièces de dégagement;
à l'étage, que l'on gagne par un superbe escalier de marbre,

Le Palais princier de Cotroceni.

la salle des fêtes et la salle du trône; 3° l'aile droite, de


date plus récente encore, sert de corps de garde et con-
tient à l'étage de riches appartements pour les hôtes prin-
ciers. C'est là qu'on logea, lors de leurs dernières visites,
l'empereur François-Joseph et le roi Alexandre de Serbie.
Composé ainsi de constructions juxtaposées, le pa-
lais manque assurément d'homogénéité à l'extérieur et il

n'en impose point par ses grandes lignes. A l'intérieur, en


revanche, le souverain et la souveraine se sont plu à le
422

meubler avec un goût et un luxe vraiment royal, et à


l'enrichir de tableaux et d'objets d'art qui en font une
résidence tout-à-fait digne du jeune royaume qu'ils ont
fondé.
Parmi les pièces les remarquables il convient
plus
de citer la bibliothèque de S. M. le Roi, pour ses belles
boiseries et la richesse de son contenu en ouvrages d'art,
d'histoire militaire, d'histoire, de littérature; puis le salon
de musique de S, M. la Reine, pour les belles peintures,
les perles de la galerie royale qui s'y trouvent; l'escalier
d'honneur par son aspect monumental, avec, au-dessus de
la colonnade, un beau plafond du peintre viennois Veitts,
le vestibule de la salle des fêtes, pour la magnificence de
ses portes de bronze et de marbre,
pour sa couverture
vitrée en style moderne et pour les ouvrages d'art qui
s'y trouvent: un groupe du sculpteur Starck représentant
la reine Elisabeth donnant des soins à un blessé, deux ex-

cellents bustes du Roi et de la Reine par Hegel, et deux


portraits officiels du Roi et de la Reine par Jean Lecomte
du Nouy, ainsi que la revue de Cotrocéni en septembre
1896, peinte avec beaucoup de soin par le peintre Ad-
jukiewicz, en souvenir du défilé de l'armée roumaine devant
l'empereur d'Autriche François-Joseph.
Le palais de Cotrocéni, situé à l'extrémité ouest de
la ville, au bout des grands boulevards, est un ancien
monastère transformé, qui a jadis servi de résidence de
printemps et d'automne au Roi et à la Reine. Reconstruit
à neuf en ces dernières années, il est devenu la résidence de
LL. AA. RR. le prince et la princesse de Roumanie, et
il se distingue autant par le pittoresque des façades exté-
rieures que par l'arrangement artistique des appartements
intérieurs, dû surtout au goût merveilleux et au talent dé-
coratif de la Princesse Marie de Roumanie.
Dans le parc qui entoure le château se trouve le
mausolée de la petite princesse Marie, morte à l'âge de 4
ans, l'unique enfant qu'ait eu le couple royal de Roumanie.
423

La cour passe l'été au château de Pélesh, à Sinaïa,


non loin de la frontière de Prédéal.
Cette résidence, construite en style renaissance alle-

mande, œuvre d'un architecte viennois, est fort heureuse-


ment adaptée au site montagneux et aux grands bois qui
l'environnent. L'intérieur, meublé avec une richesse et un
goût exquis, fait de ce château une des merveilles de l'ar-
chitecture moderne.
Commencée en 1871, la construction interrompue
pendant a Guerre de l'Indépendance, a été achevée en 1883,
après bien des difficultés vaincues, résultant surtout des

Vue de l'un des domaines de la Couronne.

mouvements du sol provoqués par des sources qui minaient


le terrain et qui, aujourd'hui captées et canalisées, se déver-
sent dans le au bord duquel, sur une large espla-
torrent
nade, s'élève, féérique comme une demeure enchantée, la
résidence nouvelle, avec ses tours, ses galeries et ses clo-
chetons. A l'entour, dans la vallée du Pélesh, les dépen-
dances, corps de garde, communs, écuries, et plus au fond
de la vallée, le nouveau palais qu'habite la famille prin-
cière, le Foïshor, où l'on retrouve dans l'ameublement et
l'aménagement intérieur, la fantaisie aimable et surprenante
de A. vS. R. la Princesse Marie de Roumanie.
424

La construction de Castel Pélesh ayant servi, dans


cette région, de mode à l'aristocratie roumaine, il n'a pas
tardé à se former, non loin du château royal, toute une
ville de villas, avec des hôtels de gracieux cottages.
et
C'est là que la société élégante de Bucarest aime à passer
la saison chaude.
Avant la construction du château royal, le Roi et la
Reine prenaient leurs quartiers d'été au couvent de Sinaïa,
dans lequel on avait aménagé quelques pièces pour les
recevoir. C'est ce monastère, élevé par Michel Cantacuzène,
au milieu du XVII siècle et baptisé du nom de Sinaïa, en
souvenir d'un voyage en Terre-Sainte, entrepris par le fon-
dateur, qui a donné son nom à la ville, et celle-ci prospère
et se développe chaque année davantage et forme déjà
une des plus belles stations mondaines de l'Europe. Ajou-
tons qu'il est question d'y bâtir un grand casino et un
chemin de fer électrique, reliant Sinaïa aux autres sta-
tions d'été de la vallée, Boushténi, Azouga et Prédéal.

Maisons civiles et militaire royales et princière et


domaines de la Couronne.

Le maison civile du compose d'un administra-


roi se

teur des domaines de la Couronne qui, depuis 1884, est


M. Kalindéro, éminent administrateur, doublé en même
temps d'un savant et d'un écrivain très distingué, d'un
maréchal de la Cour, d'un secrétaire, d'un directeur des
résidences royales, d'un caissier, d'un bibliothécaire, d'un
comptable et d'un comptable-adjoint.
La maison militaire est formée d'un général de bri-
gade, chef de la maison militaire et de six aides de camp.
La maison de S. M. la Reine est constituée par une
grands maitresse de la Cour, deux dames d'honneur et
un secrétaire des commandements.
La maison de LL. AA. RR. le Prince et le Prin-
cesse de Roumanie est formée par un général maître de
425

la Cour, une dame d'honneur, une gouvernante des Enfants


de Roumanie, et un gouverneur civil de S. A. R. le prince
Carol.
Quelques mots enfin sur les domaines de la Couronne:
Les domaines de la Couronne méritent d'être cités à
part; leur sage et admirable administration, sous la direc-
tion de M. S. Kalindéro, ayant fait de ces domaines des

S. A. R. le prince Carol.

modèles de culture intensive et d'industrie pratiques, qui


ont servi aux grands comme aux petits propriétaires et
ont exercé la meilleure influence sur le pays.
Ces domaines ont été institués par la loi de 1884,
qui fit don à la Couronne de douze terres d'une étendue
totale de 130.000 hectares environ, et dont elle a l'usufruit
aussi bien du sol que du sous-sol. Elle peut les exploiter
426

directement ou les affermer sans que, dans ce dernier cas,


le terme d'affermage puisse dépasser 10 ans.
Elle peut de même exploiter les forêts qui s'y trou-
vent, en se conformant aux du code forestier.
prescriptions
Ces propriétés sont exemp-
tes d'impôts envers l'Etat, mais
non envers les communes.
*pjm S. M. le roi a organisé pour
Wm ses domaines une administration
spéciale, confiée à M. Kalindéro,
et qui tend à développer sur
chacune de ces terres la culture
la plus intensive et la plus ra-
tionnelle, afin que par ses résul-
tats satisfaisants elle inspire les

autres propriétaires et contribue


plus efficacement à une rapide
amélioration du système de cul-
Kalindéro.
ture du pays.
On y pratique la culture
intensive avec assolements et engrais et en soumettant les
différentescultures à la rotation la mieux appropriée.
L'élevage du bétail est également développé et, en dehors
des petits industries du beurre, laitage, fruits séchés,
brosses,chapeaux de paille, nattes en jonc, poteries, il s'y
estformé de grandes industries de corderie, de soieries,
de meubles ordinaires et de luxe, de tissus de laine et de
chanvre, etc.
CHAPITRE XII

LE PARLEMENT ET LE QOUVERNEriENT

a Roumanie
n'a eu. à proprement parler, de vé-
régime parlementaire, qu'à dater de la
ritable
mise en application de la Convention de Paris,
en 1858. L'ancien système, établi en i83l parle
Règlement Organique, n'accordait le droit de vote et d'élec-
tion qu'aux boyards; les autres classes sociales en étaient
exclues et ce fut la Convention de Paris, de 1858, qui in-
troduisit le système censitaire. Jusqu'au traité d'Ackermann
(1826), les princes, qui, tour à tour, se succédèrent en Rou-
manie, réunissaient et exerçaient tous les pouvoirs de l'Etat.
A la suite de ce traité, la Porte promulgua un hatischerif
qui imposait aux princes Grégoire Ghyka (Yalachie) et Jean
Stourdza (Moldavie) l'obligation d'élaborer avec ses con-
seillers —
divan -domnesc" — des lois constitutives pour les
deux principautés.
En
vertu de ce hatischerif, mais seulement en 182 e),
il forma à Bucarest une commission chargée d'élaborer
se
un règlement des réformes. Cette commission, réunie sous
la présidence du conseiller d'Etat russe Minciaky, était

composée, pour la Monténie: du ban Gr. Baléano et du


vornic Gr. Filippesco, nommés par l'autorité russe; du lo-
gofet Etienne Balacéano et du hatman Alexandre Vilara,
428

désignés par le divan ; le secrétaire était le vornic Barbou


Stirbey, pour la Moldavie; du vistiernic Costache Pashcan
et du vornic Michel Stourdza, nommés par le général Kis-
selefï,du vornic Costachi Conaki et du vistiernic Iordachi
Catargi, désignés par le divan; le secrétaire pour la Mol-
davie était Georges Assaki.
Cette commission se mit au travail le 4 juillet 1829
et l'acheva en avril 1830. Le Règlement Organique, ainsi
élaboré, fut porté à St.-Pétersbourg par une délégation com-
posée du vornic Michel Stourdza (Moldavie), du logofet
Alexandre Vilara (Valachie) et du secrétaire Aga Assaki.
Une commission russe en fit la revision et la modification,
puis le renvoya, aux mêmes fins, aux principautés.
Une
assemblée, formée des divans: „sâvîr§itor, jude-
câtoresc et domnesc", ainsi que des 13 délégués des au-
torités écclésiastiques et des départements, se réunit à Bu-
carest, le 10 mars 1831, sous la présidence du général Kis-
en présence de S. E. le prince Minciaky.
seleff et
Jusqu'au 22 mai, l'assemblée revit et vota le règle-
ment, légèrement modifié. A Iassy, une assemblée, formée
de même qu'à Bucarest, se réunit sous la même présidence
en 1831, le 8 mai, mais, arrêtée qu'elle fut dans ses travaux
par une épidémie de choléra, elle les suspendit le 9 mai,
pour les reprendre le 5 août suivant. Le 20 octobre, le
travail fut achevé règlement voté.
et le
Approuvé et par la Turquie et la Russie, le
ratifié

Règlement Organique entra en vigueur, en juin 1831, en


Valachie, et en janvier 1832, en Moldavie. Ce Règlement
instituait pour chaque principauté une assemblée éligible
pour une période de 5 années, composée en Monténie de
42 membres et de 35 en Moldavie. La présidence revenait
de droit au métropolite.
Les 42 membres de l'assemblée de Monténie étaient
le métropolite et 3 évêques, qui en faisaient partie de

droit, puis 26 boyards de premier rang, élus par la capi-

tale et 28, élus par les départements. En Moldavie il y


429

avait, le métropolite et deux évêques, puis 16 députés,


élus par Iassy, la capitale et 16 par les départements.
Le droit vote n'appartenait qu'aux
d'élection et de
classes Les boyards ne pouvaient être élus
privilégiées.
que par leurs pairs et là où ils avaient leur domicile. Pour
être électeur ou élu, il fallait avoir 25 ans révolus.
Un article du Règlement, qui décrétait qu'il n'y avait
pas incompatibilité entre une fonction de l'Etat et le
mandat de député, enlevait toute indépendance à ces as-
semblées.
La première assemblée, élue en Valachie d'après le

Règlement Organique, ouvrit


ses séances le 29 novembre

1831 et les ferma le 5 avril


1832.
En Moldavie, l'ouverture
eut lieu avec solennité le 72
novembre 1831, et les séances
durèrent jusqu'au 24 mars
1833.
En plusieurs occasions
ces assemblées remplirent leur
mission avec indépendance et
en 1842 elles n'hésitèrent pas
à adresser au prince Alexandre
Ghyka un mémoire énergique,
sur l'état lamentable du pays.
En 1844 l'assemblée fit même
de l'opposition au prince Bi- Le comité d'union
, . , . . reunie à Iassy,
besco, ce qui détermina un cn , 856 .

conflit et la dissolution de l'as-

semblée.
Une nouvelle assemblée élue en 1846 prit fin en 1848,
par l'occupation des principautés par les Russes et les Turcs.
Par la convention de Balta Liman les assemblées
furent supprimées et remplacées par les Divans ad-lioc,
430

formés par divan ,.domnesc" (princier) et


les ministres, le

les présidents des tribunaux de la capitale. Ce divans


avaient plutôt un vote délibératif et consultatif, en matière
d'impôts et de budget.
Ces divans fonctionnèrent autant que l'occupation
russe, c'est-à-dire jusqu'en 1853. L'occupation autrichienne
(1854) ramena les princes Stirbey et Ghyka, qui avaient
été nommés pour 7 ans, par la convention de Balta Liman,
mais dont le mandat expirait en 1853. En 1856, les 7 années
expirant, commença l'ère des difficultés et des luttes diplo-
matiques entre les puissances qui voulaient intervenir en
faveur du développement des principautés, en opérant leur
union et en leur donnant un prince étranger, et celles qui
étaient intéressées à maintenir ce dualisme et ces compé-
titions intérieures si funestes au pays.
Après la déclaration du baron de Bourquenay, dé-
légué français, à la conférence de Vienne en 1856, qui
émit l'idée de nommer pour les principautés unies, un prince
étranger, sous la garantie des puissances, la conférence de
Paris, en 1857, et sur la proposition du comte Wasewski,
délégué français, admit d'envoyer une commission qui s'in-

formerait sur place du désir de la nation.


Les divans ad-hoc, réunis les 4 et 1 octobre à Iassy I

et à Bucarest, rédigèrent un mémorandum, qu'ils adres-


sèrent aux puissances et qui relatait les aspirations des
Roumains, l'autonomie des pays roumains, leur union en
un seul Etat, exprimait le désir d'avoir un prince étranger
choisi parmi les familles régnantes d'Europe, puis un gou-
vernement constitutionnel et représentatif.
La conférence des Puissances, par suite de l'opposi-
tion de l'Autriche et de la Turquie, n'admit pas les dési-
siderata roumains: elle les modifia et aboutit à la Conven-
tion de Paris de 1858.
Cette Convention établissait un prince constitutionnel
dans l'administration et une assemblée élective pour chaque
principauté, ainsi qu'une commission centrale commune,
investie du pouvoir législatif.
431

L'assemblée pour 7 ans et la session durait


était élue
au moins 3 mois, avec faculté pour le Prince de la pro-
roger. La présidence en revenait au métropolite, et les
évêques en faisaient également partie de droit.
La base de l'éligibilité était le cens. Les électeurs
étaient directs su indirects. Les premiers devaient posséder
un revenu d'au-moins 1.000 ducats, les seconds de 100
ducats. Il fallait avoir, en plus, 25 ans accomplis. Pour
être éligible ou exigeait 30 ans révolus et 400 ducats de
:

rente. La capacité morale ne jouait aucun rôle.


Les premières élections, selon celte convention, eurent
lieu en décembre 1858 en Mol-
davie et en janvier 1859 en Mon-
ténie.
Lesdeuxassembléesélurent
le même prince Alexandre Jean

Couza et c'est ainsi que se réa-


lisa l'union des Principautés.
La convention de Paris fut

en vigueur jusqu'en 1864, quand


un conflit survenu d'une part
entre le Prince et son gouverne-
ment, de l'autre, avec l'assem-
et,

blée, provoqua un coup d'Etat


et donna naissance à un statut. S
Ce statut immédiate-
fut M. Al. Marghiloman.
ment admis à une grande ma-
jorité par plébiscite et mis en application en mai 1864; les
puissances garantes parle protocole de la con-
le ratifièrent
férence de Constantinople du 28 juin de la même année.
Le statut décrétait une nouvelle loi électorale, sui-
des bases plus larges, et à côté de l'assemblée élective,
créait un autre corps législatif, le Sénat. Ce Sénat était
constitué par le métropolite, qui en avait la présidence, les
évêques, le premier président de la haute Cour de cas-
sation et de justice, les plus anciens généraux en activité
432

et 64 membres, dont 32 nommés par le Prince parmi les


personnes de mérite et d'expérience, et 32, choisis parmi
les membres des conseils généraux, soit un par département.
L'initiative de lois était réservée au Prince et au
conseil d'Etat.
A la suite de la Révolution de 1866 et de l'abdication
du prince Couza, une nouvelle Constitution, d'après la
Constitution belge, fut votée par les deux assemblées et
mise en application 30 juin de la même année.
le

La nouvelle maintient le système des


Constitution
deux assemblées et modifia seulement le mode d'élection.
Le principe censitaire est conservé; il y a pour la
Chambres, 4 collèges, le 1-er et le 2-e pour les proprié-
taires, le 3-e pour les professions libérales et le 4-e poul-
ies paysans. Le Sénat n'a que deux collèges pour les pro-

priétaires.
La Constituante de 1884 introduisit plusieurs modifi-
cations dans la Constitution; elle réduisit entre autres à 3
le nombre des Chambre, ouvrant ainsi plus
collèges pour la
largement lechemin aux capacités morales et intellec-
tuelles et démocratisant le Sénat, jusqu'alors réservé aux
grands propriétaires.
Un dernier pas reste à franchir peut-être nous sera-
:

t-il encore donné de voir le vote universel, suprême aspi-

ration du peuple, de la grande masse, introduit, sans se-


cousses et sans luttes, dans notre vie politique, que la
prévoyance et la sagesse souveraine ont toujours su main-
tenir dans la bonne voie.
L'assemblée nationale des députés se réunit à la Cham-
bre, qui se trouve sur la colline de la métropole et qui
était autrefois un monastère de moines. Comme le mé-
tropolite avait, de droit, la présidence de l'assemblée, les

boyards se rassemblaient à la métropole. Les cellules des


moines furent transformées et c'est là qu'à dater de 1831
se réunit l'assemblée. En 1881, l'ancien local fut réparé, niais
comme celui-ci n'est ni approprié à son affectation, ni digne
433

de l'assemblée qu'il loge, on est en train de le refaire com-


plètement et d'édifier un palais superbe. On compte 119
sénateurs et I44 députés.
Le Sénat se réunit dans la salle du milieu de l'Uni-
versité. Le Prince Ferdinand, les métropolites et les évè-
quis font, de droit, partie du Sénat.
Pour 1906 la Chambre avait comme président: M.
Gr. Triandafi], et comme vice-prési-
dents: MM. Camarashesco Thomas
Cantacuzène-Pascan, G, Nenitsesco
Démètre, C. et Barbou Paltinéano.
Le président du Sénat est M.
Constantin Boéresco; les vice-prési-
dents sont MM. Economo Nicolas,
Ghica-Déléni C. ; le Dr. C. Istrati et
Théodore Yacaresco.

C. A. Rosetti.
Le gouvernement, au début de
l'année 1906, était formé par le ministère conservateur
suivant :

M. Georges Cantacuzène, président du Conseil et ministre


de l'Intérieur.
M. Le gai. Jacques Lahovar}^, ministre des Affaires étrangères;
„ Take Ionesco, ministre des Finances;
„ Gl. Georges Mano, „ de la Guerre;
„ Jean Lahovary, „ des Domaines, de TAgricul-
[ture et du Commerce.
„ M. Vladesco, „ de l'Instruction publique et
[des Cultes ;

„ Badarau, „ de la Justice ;

„ Jean Gradishtéano, „ des Travaux publics.

Au mois de février, une nouvelle douloureuse vient


surprendre et affliger tous ceux qui avaient connu et ap-
précié le général Jacques Lahovary. Le ministre des Affaires
étrangères venait de succomber à une courte maladie.
Ce département fut occupé par le frère du défunt, M. Jean

6613 28
434

Lahovary, ministre des Domaines. Quelques mois plus


tard, un changement survint dans la composition du mi-
nistère, M. Badarau se retira pour faire place à M. Gré-
céano et M. M. Vladesco à M. C. Dissesco. \)

Le Ministère de PIntérieur. — Ce ministère, situé rue


de l'Académie, est de con-
struction assez ancienne, il

présente trois côtés ayant fa-

çade sur la cour que ferme


la grille bordant la rue de
l'Académie. La du fond
partie
renferme au premier la grande
salle où se réunit le conseil
des ministres et où se trouve
également la chancellerie du
conseil.
Autrefois une petite porte
de derrière mettait en com-
munication le ministère avec
la caserne des gendarmes à
M. Gr. Cantacuzino.
cheval, située derrière, deve-
nue aujourd'hui l'école supé-
rieure de guerre et donnant sur le rue Col^ei — aujourd'hui
) Au momenta où paraît ce livre, des événements pénibles
l

qui un instant menacèrent même la stabilité de l'ordre social dans


le pays, détermina la démission du gouvernement conservateur,
auquel succéda un ministère libéral, sous la présidence de M. Dé-
mètre Stourdza, le chef du parti libéral et l'un des hommes d'Etat
les plus remarquables qu'ait possédés la Roumanie.
Ce ministère est ainsi formé: MM. Dém. Stourdza, président
du Conseil et ministre des Affaires étrangères Jean L. Bratiano, mi-
;

nistre de l'Intérieur; Emile Costinesco, ministre des Finances; Sp.


Haret, ministre des Cultes et de l'Instruction publique, B. Mort/un.
ministre des Travaux publics; Antoine Carp, ministre des hu-
maines et de l'Agriculture; Général A.veresco, ministre de la 4

Guerre; Thoma Stélian, ministre de la Justice.


Le maire de la capitale est .M. Yintila Bratiano, et le pré-
fet de police m. Emile Petrescu.
Le Sénat est présidé par M. I*. S. Aurélian, et la Chambre
par M. Michel Phérékide.
435

loan C. Bratiano — c'est par cette petite porte, que dans


les occasions délicates les ministres se retiraient.
Du ministère de l'Intérieur dépendent: la direction des
télégraphes, postes et téléphones, ayant leur palais pro-
pre et dont nous parlerons plus loin;
La préfecture du département;
La direction générale du service sanitaire;
La direction du Moniteur Officiel et l'imprimerie de
l'Etat ;

La direction de l'administration districtuelle et com-


munale;
La direction générale des prisons;
La direction de l'administration générale du personnel
et de la police de surêté;
La préfecture de police de la Capitale;
La direction de la comptabilité générale;
La gendarmerie rurale;
Le service de surveillance pendant l'Exposition de
1906.
La majorité de ces services occupent des locaux à
part en dehors du ministère.

Les postes, télégraphes et téléphones

Autrefois, dans les pays roumains, aucun


il n'existait,
service des postes. Des courriers à cheval portaient les
ordres du prince; quant au public, il confiait ses lettres
aux négociants, aux moines, ou à tous ceux que leurs inté-
rêts obligeaient à faire de fréquents voyages.
Les de poste furent organisés au XVII e siècle.
relais
Le service se faisait alors, pour la Valachie, entre Buca-
rest et Târgovishte, Bucarest et Craïova par Roshiori, Bu-
carest et Calarashi, et, de là, par Silistria, à Constantinople;
pour la Moldavie, entre Iasy-Bêrlad et Chilia, et, de là, à
Constantinople, et entre Iasy et Hàrlau, et, de là. à Czer-
novits.
. .

436

Les relais étaient distants les uns des autres de 20


kilomètres et quatre ou six chevaux emportaient à toute
vitesse la voiture qui transportait les dépêches du prince,
les courriers et les hauts dignitaires.
En 1775, le prince Al. Ypsilanty réorganisa les relais
(menziluri), qu'il prit au compte
de l'Etat et mit le service à la dis-
position du public.
A chaque relai était attaché
un capitaine et plusieurs postillons
exempts d'impôts. L'administration
des relais était placée sous la di-

rection de deux hauts fonction-


naires résidant à Bucarest.
Le Prince avait ses courriers
à cheval spéciaux les Calarasi, qui :

portaient la correspondance à Con-


stantinople, et les Lipcani qui tran-
sportaient, les ordres en province.
En 1 846, le service des postes
M. Gr. Cerchez fut donné en entreprise. Le service
"ur général dos postes. organisé:
était ainsi

Bucarest— Urzicéni— Braïla — Galats.


Urzicéni — Focshani — Braïla.
Bu carest— Ploeshti.
Ploeshti— Buzt u et Ploeshti— Târgovishte.
Bucarest— Ol ton itsa — Calarashi — Braïla.
( Mtcnitsa — Giurgevo.
Bucarest — Giurgevo — Zimnicéà— Turnu.
Bucarest — Ciolaneshti — Turnu.
Slatina — Craïova—T.-Séverin — Verciorova.
lucarest — Piteshti.
I

Piteshti— Câinéni, prin Câmpulung et R.-Vâlcei.



R .- V AI coi — Mi ri la Tîrgu-J u i

Tîrgu-Jiu— T.-Séverin et Tsântarei.


T.-Séverin— Calafat.
Calafat —Craïova.
Cra ïo v a — Ca ra ca —1 Isl az
437

Ce 3688 chevaux, était placé


service, qui employait
sous l'administration d'un directeur choisi par les entre-
preneurs, approuvé par le ministre de l'Intérieur et con-
firmé par le Prince. Le budget de cette direction s'élevait
à 28.560 piastres (9.139 fr. 20 c.) que payaient les entre-
preneurs.
En 1864, la Moldavie ayant été réunie à la Vala-
chie, le service des postes et télégraphes fut unifié.
En 1865, on créa une direction générale et l'on éta-

A
A <

Voiture de poste.

blit à Bucarest, en dehors du bureau central, quatre bu-

reaux: le premier, Podul Mogoshoaei, le second Podul de


Pâmînt, le troisième Podul Cal^ei et le quatrième Podul
Têrgului d'afarâ. Faute de personnel, on dut les supprimer
l'année suivante.
En 1878, le directorat général créa deux succursales,
l'uneau ministère des Finances, qui existe encore, et l'autre
calea Mosilor, qui tut supprimée au bout de six mois.
En 1893, d'autres succursales furent créées, Tune calea
Mosilor, l'autre calea Vacareshti et la troisième calea Ra-
438

hova. Les résultats en furent satisfaisants et on a depuis


établi d'autres succursales.
Voici la liste des directeurs généraux qui se sont
succédé depuis 1864.

C. Librecht de Janvier 1865 à Février 1866.


M. Costiesco Février 1866 Juillet 1866.

J. Nenici Juillet 1866 Mars 1867.

J. Falcoyano Mars 1867 Décembre 1868.

Al. Cociu Décembre 1868 Mars 1870.


Al. Zissu Mars 1870 Décembre 1870.
Ep. Peridy Décembre 1870 Mars 1871.
Al. Zissu Mars 1871 Octobre 1871.
G. I. Lahovary Novembre 1871 Mars 1876.
Colonel St. Falcoyano Mai 1876 Avril 1877.
Colonel Pilât Avril 1877 » Juillet 1877.
C. F. Robesco Août 1877 n Avril 1883.
Colonel Al. Lipoïanu Avril 1883 rt
Septembre 1884.
Colonel M. Pastia Septembre 1884 rt
Mars 1888.
Min. Soutzo Mars 1888 Avril 1889.
Dém. Ceziané Avril 1889 n Novembre 1889.
Michel Soutzo Novembre 1899 Février 1891.
Colonel A. Gorjan Février 1891 Février 1892.
E. Stourdza Février 1892 n Octobre 1892.
Dém. Céziano 17 Octobre 1892 Novembre 1895.
Constantin Chiru Novembre 1895 n Avril 1899.
Colonel M. Ghica » 15 Avril I899 n Février 1901.
E. Balaban rt
28 Février 1901 V 15 Août 1903.
Pierre Zahariady n I Juin 1904 n 3 Janvier 1905.
Gr. Cerkez rt 3 Janvier 1905

La poste, longtemps établie dans la rue qui conserve


son nom, strada Posta- Veche (rue de l'ancienne poste),
fut transférée ensuite dans l'immeuble de la strada Doamnei,
qui n'a disparu que tout récemment et sur remplacement
duquel se trouve aujourd'hui le jardin Basilesco.
Cet immeuble étant devenu trop étroit pour loger
tous les services de l'administration centrale des postes,
des télégraphes et des téléphones, le ministère' de l'Inté-
rieur décida de faire construire un palais spacieux et lit
choix du vaste terrain situé entre la strada Stavropoleos
439

et la strada Carol,où avait été le Han Constantin- Vodâ


et où pendant plusieurs années les habitants de Bucarest
avaient vu le grand cirque en planches que dirigeait M.
Suhr et où la troupe roumaine donna des représentations
sur une scène improvisée. Nous nous souvenons d'y avoir
vu Millo et Manolesco encore tout jeunes. A côté, une ba-
raque en planches, décorée du nom d'Alhambra, abritait
une sorte de théâtre de variétés, sorte du café-chantant
assez mal fréquenté.

j
!

PU <
-

L'anciene poste.

Les plans du nouvel Hôtel des Postes furent confiés


à M. Al. Savoulesco.
La pierre fondamentale fut posée par S. M. le Roi, le
24 octobre 1894, et à la fin de l'année 1900 tous les ser-
vices furent installés dans ce somptueux édifice qui couvre
8.064 m. c. et a coûté 4.221.907 fr. 22 c. On a dépensé en
outre pour les diverses installations 1.849.320 fr.

Le terrain tout entier, dont la superficie est de 10.710


m. c, est évalué 2.076.450 fr.

Postes. — Le personnel supérieur administratif du ser-


vice des postes est composé de 81 employés hommes et
30 femmes.
440

Le bureau central de Bucarest emploie 231 facteurs


distributeurs, qui font tous les jours quatre courses en ville.
Nous donnerons ici quelques chiffres pour que l'on
puisse se rendre compte du grand développement qu'ont
pris les correspondances depuis 10 ans.

La nouvelle poste.

CORRESPONDANCE À L'INTÉRIEUR

1894 1905 1906

Lettres affranchies 8.007. 174 13.564.964 14.771.930


„ non affranchies . . . 650.241 1.123.670 1.378.368
Cartes postales simples . . . 6.094.040 20.443.875 24.748.235
„ „ avec réponse . 87.336 153.881 347.572
Journaux 8.720.797 239.374.181 131.218.322
Autres imprimés 2.222.424 7.510.858 7.441.424
Echantillons de marchandises 245.005 476.936 615.728
Papiers d'affaires . . . . 59.650 256.733 282.825
Lettres recommandées . . . 709.929 1.287.871 1 .569 783
Correspondance officielle . . 2.860.742 8.205.898 12.182.272
441

CORRESPONDANCE INTERNATIONALE
Présentée en

1894 1905 1906

Lettres 2.484.272 5.660.972 5.220.082


900.021 3.675.254 4.107.940
Journaux et imprimés . . . 617.969 1.709.360 1.750.083
Echantillons et papiers d'affaires 313.51 «S 564.178 847.306
Correspond, recommandée . 391.885 479.021 567.060
„ officielle . . . 19.053 53.436 46.070

Arrivée

1894 1905 1906

Lettres 3.0 19.308 5.521.627 6.635.138


Cartes postales ...... 1.095.332 3.272.450 3.763.916
Journaux et imprimés . . 1.992 507 3.916.121 3.816.685
Echantillons et papiers d'affaires 320.974 428.570 486.039
Correspond, recommandée . 332.094 362.559 412.242
„ officielle . . . 10.473 24.173 31.115

Intérieur des guichets.

La poste a expédié en 1894 3.036.612 cor-


rurale
respondances en 1906, le chiffre des correspondances
et,
a été de 10.223.156; le chiffre des correspondances reçues
a été, en 1894, de 1.225.402 et en 1906, de 4.300.304.
.

442

Le mouvement des mandates postaux a été le suivant


Nombre Valeur

1894 Mandats à l'intérieur . 395.239 17.560.940— fr

1905 „ „ ... 1. 106.045 39.516.432— „

1906 , „ ... 1.146.048 43.593.444— „

1894 ,, internationaux 220.610 14.213.804- „

1905 477.678 24.197.678,— „

1906 457.793 32.465.491,—

Voici maintenant le mouvement des messageries:

Messagerie intérieure :
1894 1906

Présentée privée 252.370 693.930 682.864


officielle 131.897 230.015 251.822

Messagerie internationale
Présentée 64.541 58.995 75.363
Arrivée 295.264 552.202 506.762

Remboursements intérieurs
1894 1905 1906

Lettres encaissées .... fr. 4.774.— 73.917,- 130.306


„ non encaissées . .
„ 1.293, — 27.798,- I30.Ô06,—
Messageries encaissées . ... 1.349.944, — 4.078.101. 3.960.589, -
non encaissées 74.637,- 22.616, 491.320.—

Remboursements internationaux
1894 1905 1906

Remboursements présentés fr 20.708- 41.968, 58.432, -


Arrivés:
Remboursements encaissés „ 162.016, 3.495.997,- 3.465.521,—
non encaissés „ 15.846,- 369.905,— 402.298,—

Pour les effets de commerce, le mouvement se pré-


sente ainsi :

1894 I905 I 906

Intérieur. Effets encaissés fr. 87.586, 95.602,— 82:511,—


„ non encais „ I24.874, 94.340— I03.036--
Internat. , encaissés „ 52 1. 836,— 356.224,— 319.000, •

.. non encais. „ 373.765,— I92.839,— 128.180,—


443

Télégraphes. — Le personnel supérieur du service té-

légraphique central est composé de 146 employés hommes


et de 82 femmes.
Les systèmes de télégraphies employés en Roumanie
sont le système Morse et le système Hughes.
On expédie par jour de 5.500 à 7.000 télégrammes.
Les jours de fêtes onomastiques importantes, le nombre des
télégrammes dépasse souvent 40.000.

Salle de dépèches.

Le service de distribution des télégrammes à Bucarest


est assuré par 51 facteurs et 55 jeunes courriers.
Voici quel a été le mouvement des télégrammes dans
les années 1894, 1905 et 1906:

I894 1905 1906

Télégrammes intérieurs . . . 1.400.727 1.999.619 2.136.305

Télégrammes internationaux :
Télégrammes présentés . . 24 1. 005 381.757 438.886
arrivés .... 210.652 365.535 396.958
en transit . . 72.28,7 160.528 182.347
444

Téléphones. —
Le bureau central téléphonique est
installé dans l'aile de l'Hôtel des Postes qui donne sur la
strada Stavropoleos. Quant à la salle où se trouve le mul-
tiple, elle est au rez de chaussée, sous la grande salle des

télégraphes.
Le multiple téléphonique de ce bureau est suffisant
pour desservir 3.000 postes; mais il n'y a encore à Bu-
carestque 1.400 abonnés.
L'abonnement est de 150 fr. par an.
Le nombre journalier des conversations téléphoniques
entre les abonnés de Bucarest varie entre 3 et 4.000.
A du multiple se trouve une salle
côté de la salle
plus petite où sont centralisées les lignes téléphoniques
directes. Ces lignes sont: Biiearest-Ploeshti-Câmpina-Si-
naia; Bucarest-Piteshti-Craiova ; Bucarest-Braila-Ga-
lats, avec l'embranchement Braila-Constantsa ; Buca-
rest-Iassy ; Bucarest-Giargévo-Roiistcliouk-Sophia et
Bucarest-Ploesliti-Prédéal-Brashov-Budapesth.
Le personnel supérieur du service téléphonique cen-
tral se compose de 7 employés hommes et de 53 emplo-
yées femmes.
Voici quelques données statistiques comparatives sur
les téléphones:
1894 1905 1906

Postes 177 2.683 2.960


„ supplémentaires . . . 631 472
de service 265 836
Conversations urbaines d'a-
bonné à abonné 54.581 2.660.130 4.181.150
Conversations payées à 0.25 c. 24 30.896 45.844

Télégrammes téléphoniques :

Présentés 59.922 68.890


Arrivés 84.285 48.579

Phonogrammes :

Présentés - 36.352 39.213


Arrivés 27.754 32.913
445

Conversations interurbaines . 426.011 576.964


officielles . . . 29.369 29.635
r prov. d'autres offices 618.930 657.554
Avis téléphoniques ... 158.871 186.840

Diligences. — Il y a encore quelques diligences en


Roumanie. A Bucarest, il n'y en a plus que deux: celle
qui va à Oltenitsa —
environ 64- kilomètres et dont on
étudie le tracé pour y construire un chemin de fer et —
celle qui va trois fois par semaine, à Urzicéni toujours —
64 kilomètres.

La poste à l'Exposition.

Nous ne devons pas dans cette rapide étude sur


les postes et télégraphes oublier l'école professionnelle qui,
créée en I885 et supprimée par raison d'économie en 1902,
a été réorganisée par M. Gr. Cerkez en 1905 et placée
sous la direction de M. N. Vasilesco-Karpen, Cette école
compte actuellement une quarantaine d'élèves.
446

Le directorat général a également des ateliers très

bien organisés pour la construction et la réparation des


appareils.Ces ateliers, situés dans la partie de l'Hôtel des
Postes qui donne du côté de l'église S Démètre, compte
1

48 mécaniciens et élèves mécaniciens et 36 aspirants. Il


est placé sous la direction de M. A. Arsenesco.
Toutes les machines sont mues à l'électricité. Pour
la production de la lumière électrique nécessaire à l'éclai-

rage de l'Hôtel des Postes, les ateliers disposent de deux


dynamos chacune de 140 chevaux, actionnées par la va-
peur provenant de 4 chaudières, qui produisent la vapeur

nécessaire au chauffage et à la distribution d'eau dans


tout l'Hôtel.
Le directorat généra], depuis 1900, a renoncé à
donner en entreprise le transport des expéditions postales
entre la gare et le bureau central, ainsi que la levée
des correspondances déposées dans les boîtes. Elle a pris
ce service à son compte et s'en est bien trouvée.
Elle a fait construire des écuries dans la calea Plevnei
et possède actuellement 20 petits chevaux pour le service
de la levée des correspondances et 49 grands chevaux pour
le transport des expéditions entre la gare et le bureau
central, ainsi que pour faire distribuer à domicile les colis
postaux.
447

Le personnel des écuries se compose d'un intendant,


d'un magasinier, de 24 cochers et de 9 palefreniers.
Le service sanitaire général entretient les 33 hô-
pitaux départementaux, l'asile des pélagreux, des lépreux
des infirmes de Rachitoasa et Brancoveni. Il subventionne
le sanatorium de Filaret pour les tuberculeux, la curatelle

des hôpitaux pour l'hospice d'aliénés de Marcoutsa, l'hos-

pice d'aliénés de Scocola (Moldavie) — , l'institut de vaccina-


tion, tous les services médicaux des ports ou des points

Préfecture du département.

de frontière. 11 fournit le matériel nécessaire aux analyses


alimentaires que fait l'institut de chimie du ministère de
rjnstruclion et exerce toutes les attributions que lui donne
la loi organique concernant la santé du pays. Le directeur
général du service est M. le docteur Obréja, professeur
à la faculté de médecine de Bucarest.
Le Moniteur l'imprimerie de l'Etat sont
officiel et
logés dans le grande bâtisse élevée sur le boulevard Eli-
448

sabeth, en face du jardin construite en


de Cismegiu et

pierre et briques apparentes. Le directeur en est M. Vintilâ


Rosetti.
C'est de la préfecture du département que dépend le

service de la gendarmerie rurale et l'inspectorat général


de ce service, bien que relevant toutefois du ministère de
l'Intérieur.
Le préfet du département est M. Pierre Sfétesco.

La police.

Jusqu'en 1832, la police à Bucarest n'a pas eu une


organisation propre.
Au XVI-e siècle, un fonctionnaire supérieur, VAga,
étaitchargé de maintenir l'ordre dans la ville. On peut
s'imaginer ce que ce dignitaire et ses subalternes enten-
daient par „maintenir l'ordre". Le devoir des paznici et

des respântiasi (gardiens) était de repousser à coups de


quand passait la calèche d'un
fouet les charrettes des paysans,
boyard sur une des grandes voies de la ville et d'arrêter
les délinquants. Ils apportaient dans l'exercice de ces fonc-
tions une brutalité dont le peuple n'a pas encore perdu le
souvenir. L'aga était chargé de fixer le prix des denrées,
de juger en première instance les conflits entre les citoyens
et de figurer dans les cortèges princiers.
Le Règlement Organique ne changea guère l'ancien
système. En 1848, on vit l'aga transformer en préfet
se
de police, et C. Rosetti appelé à cette haute fonction. Il

y apporta une conception plus moderne du rôle de la


police. Mais les subalternes faisaient défaut. On créa un
commissariat (avec un commissaire et un directeur) et un
sous-commissariat (avec un sous-commissaire et 2 ,.epista(i").
Sous le prince Stirbey, furent préfets de police M. Radu
Rosseti et M. N. Bibesco, et M. Alex. Beldirnan sous le

prince Couza.
Le préfet de police en 1866 avait 600 fr. par mois
d'appointements et 750 fr. pour ses frais de voiture. Il y
449

avait alors, à Bucarest 5 commissaires et 30 sous-com-


missaires.
En 1863, les gendarmes à pied furent placés sous
les ordres du préfet de police.
En 1883, l'ancien préfet de 1848, C. Rosetti devient
ministre de l'Intérieur. Il supprime les 5 commissariats de
couleurs et crée 5 commissaires-inspecteurs (il y en avait
déjà deux) en leur donnant la qualité d'officiers de la
police judiciaire, 10 commissaires de 1-ère classe, tO de
2-e classe, 55 sous-commissaires de 1-ère classe et 110
commissaires de 2-e classe. La
ville fut divisée en 42 circon-
scriptions dépendant chacune
d'un commissaire un chef et de
2 sous-commissaires.
En 1902, les 12 circon-
scriptions ont été réduites à 25 ;

en 1905, elles ont été de nou-


veau portées à 42.
En 1905, la police de
Bucarest comptait 1.200 ser-
gents de ville, corn, de 1

serg. de vil., 2 adj., 5 com.


de compagnie, 10 officiers de
serg., 25 serg.-majors, un in- Le prince Dém. Moumzi
|,n lr! de p° licc
specteur en chef de la sûreté,
-

9 inspecteurs, 10 commis-
saires de 1-ère classe, 10 commissaires de 2-e classe, 20
commissaires de 3-e classe, 32 sous-commissaires de 1 -ère
classe et 100 de 3-e classe, 10 agents spéciaux de la sûreté
de 1-ère classe, 10 de 2-e classe et 43 de 3-e classe.
Le budget du 1906/1907 de la police est fixé à
1.855.857 fr.; 130.480 fr. ont été ajoutés en 1906 pour la
garde de l'Exposition.
Le personnel supérieur de la police était ainsi composé:
Un préfet de police;

6613
450

Un directeur;
Six inspecteurs, dont un par couleur.
Voici les noms des différents préfets qui se sont suc-
cédé à Bucarest depuis 1859.
M. J. Bâleanu.
1859.
M. D. Kretzulesco.
1859.
1860. M. Michel Marghiloman.
1861. Le major Haralamb (provisoirement), le colonel M.
Boteanu, puis M. J. Cre^eanu.
1862.Le colonel N. Bibesco.
1863.M. Michel Marghiloman.
1865. M. Alex. Beldiman.
1866. M. Radu Rosetti.
1868. M. C. Ciocârlan, puis M. Ct. Mihailesco.
1869. M. P. Zâgânesco, puis M. C. Manu.
1870. M. V. Hiotu.
1871. M. Gr. Murât (provisoirement).
1873. M. le colonel C. Blaremberg.
1875. M. J. Herishesco (provisoirement), puis M.Jean Vacarescu.
1876. M. J. Balaceanu, puis M. le commandant Barcanescu
(provisoirement), ensuite M. Em. Protopopesco Pake et enfin M.
J. Procopie-Dumitresco.
1877. M. C
Ciocârlâu, puis M. Radu Mihai.
I879. Le lieut-colonel Candiano-Popesco, puis de 1879 à 1885
M. Radu Mihai.

1885 1888. Le prince Dém. Morouzi.
1888. Le colonel S. Voïnesco et le colonel J. Algiu.
1891. Le colonel Rasti
1894. M. Michel Desliu et le colonel Capcha.
1895. M. Em. Cologlu et M. Paul Stâtesco.
1896. M. Caton Lecca.
1899. M. le général Algiu.
1900. M. D. Dobresco.
1901. M. Emile Petresco.
1902. M. Julian.
1903. M. J. (i. Saïta.
1904. (décembre) le prince Dém. Morouzi qui l'est encore
en 1906.

En 46 ans, il y a donc eu, à Bucarest, 43 préfets de


police, dont très peu ont occupé leurs Jonctions pendant
plus de deux ans.
451

En 1906 il y avait 48 sections, réparties entre les


six inspectorats et 5 commissariats spéciaux: Bourse et
Chambre de commerce, Banque Nationale, Gare du Nord,
Palais de Justice et enfin contrôle du pain.
Toujours attaché au service de la police est en outre le

commandementdes sergents de
ville qui compte 5 compagnies.
Enfin le corps des pompiers.
Rappelons à cette occa-
sion que le prince Georges
Bibesco fut le premier qui son-
gea à organiser un service
régulier pour a surer la ca-
pitale contre le fléau des incen-
dies, qui à cette époque faisait
de grands ravages.
Une compagnie de pom-
piers fut constituée en 1851 :

en 1854 une loi vint organiser


ce nouveau corps.
Plus tard, se rendant
compte de l'utilité des pompiers
ainsi que de l'insuffisance de
leur effectif, le Prince régnant
Pompiers actuels,
augmenta encore l'effectif de 91
hommes et de 0 chevaux cette compagnie était composée de
1 ; :

1 commandant en chef.
1 capitaine;
3 parucici;
3 praporcici;
1 feld-febel;
27 sous-officiers;
12 clairons;
270 hommes;
60 hommes hors cadres;
58 chevaux.
452

Cette compagnie de pompiers, outre ses attributions


propres, avait aussi à exécuter un service de surveillance
de police, tant à la police centrale que dans les commissariats.
Le corps des pompiers relevait de l'armée, mais sur
le théâtre des incendies il était
placé sous les ordres directs de la
police.
Son budget annuel était de
264.887 Ici anciens.
Actuellement le corps de
pompiers parmi les
est recruté
militaires. Les pompiers comp-
tentdans l'armée active et sont
soumis à toutes les obligations
du service militaire, en outre ds
reçoivent une instruction spéciale,
À^JIPiïB I

qui leur est donnée à leur ca-


M. R. Voïnescu . .

Chef de la Sûreté. scrne située sur le quai, vis-a-


vis de l'imprimerie de PElat.
Ils sont commandés par un capitaine d'artillerie, deux
lieutenants et quatre sous-lieutenants. 11 y a 300 pompiers
répartis dans les 5 postes de
la capitale: le poste central
(Caserne); Boulevard Elisa-
beth, Cometa, Foisor etRaclu-
Vodâ.
Les prisons de Buca-
rest. La prison de la ville
était au commencement de ce
siècle sur la place Sf. An-
toine, en plein centre et logée
dans une vieille bâtisse primi-
tive, nullement propre à cet
M. Savesco
usage, où les détenus étai- leur général <lcs prison.
•( 1

ent enfermés pèle mêle et


entassés les uns sur les autres par manque de place.
4Xi

Après l'incendie de 1847 qui détruisit une grande


partie de la ville et entre autres constructions la prison,
les détenus furent conduits et enfermés dans des pièces
vides qui se trouvaient à la Curtea Arsa sur le Dealu
vSpirei et qu'occupe actuellement la prison militaire. On
aménagea autant que possible ce local qui servit de prison
centrale jusqu'en 1865, lorsque éclata dans la prison la
fièvre typhoïde et comme le nombre des détenus était

trop grand par rapport aux pièces dont on pouvait dis-

poser, il fallut chercher un autre


local. On songea tout d'abord
au monastère de Radu-Voda,
mais'comme il s'y trouvait une
école et qu'en outre les dépenses
de transformation eussent été
trop élevées, on choisit le monas-
tère de Vâcàreçti, où depuis
1861 existait déjà une section
réservée aux détenus politiques.
Les troispremiers détenus y fu-
rent enfermés pour délits de
presse.
Sergent de ville.
Une fois transformée en
prison centrale, on y créa un
atelier de cordonnerie qui fournissait les chaussures et
bottesaux différentes institutions publiques, telles que l'asile

Elena Doamna, l'école de médecine, l'école militaire, l'école


d'agriculture, etc.
Quelques années plus tard, cet atelier fut supprimé,
mais en 1871 on y organisa un atelier de cartonnage et
reliure qui fonctionne encore aujourd'hui et qui donne des
produits appréciés. En 1885 on y ajouta un atelier pour
la fabrication des paillassons qui fournit toutes les prisons
centrales.
La prison est formée de plusieurs ailes et pourvue
d'arrêts pour toutes les catégories de détenus des deux
454

sexes; elle possède infirmerie, hôpital, cellules, ateliers, église,


corps de garde, logement pour l'administration, etc.

En 1897département du génie militaire a construit


le

en face de la prison, une caserne pour le détachement de


soldats chargés de la surveillance de la prison et une
cantine.
Ajoutons qu'en 1898 on a créé une section spéciale
pour les aliénés criminels.
Le terrain qui entoure la prison lui appartient et
l'administration y fait cultiver des plantes fourragères à
l'usage des bêtes utilisées par le service de la prison.
Vâcàreshti, comme construction et aménagement, ne
répond pas aux exigences de la loi de 1874, qui a légiféré
et réglé le système pénitencier roumain, qui est celui dé-
nommé Auburnien, c'est-à-dire le système cellulaire. Les
détenus dorment, la nuit, chacun dans une cellule séparée
et, le jour, travaillent en commun mais en silence. Bien
que peu à peu on cherche à modifier les prisons actuelles
en vue de l'application rigoureuse du système, il n'y a
encore que la prison récente de Doftâna qui soit entière-
ment organisée en ce sens.
D'après les remarques de M. Gr. I. Dianu, longtemps
directeur général des prisons, la cause prédominante des
infractions n'est pas, ainsi que dans la plupart des pays,
la misère mais le manque d'instruction, d'éducation sur-

tout et l'alcoolisme. grâce aux efforts déployés


Aussi,
pour répandre l'instruction, on observe en général une
décroissance de la criminalité en Roumanie et il faut es-
pérer que cette décroissance s'accentuera encore bien plus
dès qu'on aura pris des mesures efficaces contre l'alcoo-
lisme et cherché à améliorer l'éducation. Le travail enseigné
dans les prisons a eu la meilleure influence sur les détenus
et une comparaison entre l'année 1893 et l'année 1897 en
fournit la preuve. En 1893 y avait 4693 criminels, il
il

en resta 1913; en I897 y en entra 2573 et en resta


il

I886.
455

Donc une différence de 2120 criminels en moins en-


trés en 1897 et 27 en moins de restés.
Pour le total des prisons on peut évaluer à 6 pour
mille la diminution en 1897.
Le manque d'instruction chez les détenus s'observe
dans le fait que sur 40249 détenus qui ont été enfermés
durant cinq ans, de 1893 à 1897, 18055 seulement savaient
lire et écrire et 1195 ont appris en prison, mais les plus

illettrés sont les criminels, dont 20% à peine savent lire

et écrire.
Quant à la mortalité dans les prisons, elle est à peine
de 3 pour mille.
La prison militaire est située sur le „dealu Spirei",
vis-à-vis de l'arsenal; nous en reparlerons au chapitre
du ministère de la Guerre.
La ministère des Domaines, du Commerce, de l'In-
dustrie et de l'Agriculture. — Ce ministère a pris une
réelle importance clans ces dernières
années, à la suite du développement

considérable qu'ont pris les divers


domaines de l'Etat, le commerce,
l'industrie et même l'agriculture; il

un regard en arrière pour


faut jeter
bien mesurer l'espace parcouru du-
rant ces 40 ans du règne glorieux
et bienfaisant de S. M. le roi Char-
les I.

Le total des terres ensemen-


cées ne dépassait pas ily a 40 ans
2.230.600 hectares; en 1905 ce nom- i _
bre s'élève à 4.520.700, ce qui donne M .
j ean Lahovari.
une augmentation de 143%. et en
19ÛC(. les ensemencements sont montés à 5.520.000 hectares;

avec ies prairies naturelles et les vergers, ce chiffre atteint


6.13&QÔÔ hectares, ce qui représente 67 de l'étendue du %
territoire; si on y ajoute les prairies permanentes et les
456

jachères, les forêts et les jardins, nous voyons que l'agri-


culture — lato sensu — de li Roumanie, occupe en tout une
superficie de 9.895.278 hectares, soit 76% de la surface du
royaume; la répartition de ces cultures est la suivante:

Terres arables ensemencées 5.476.166 Hect. soit 1


|46.i 7o
Jachères • . 446.864
Vergers . 184.807 1 i °/o

Prairies naturelles .... . 491 126 3.8 •/.}

Pâturages 1.014015 7.8 %


Forêts . 2.282 300 17.5 %
Total du territoire agricole . 9.895 278 c'est-à-dire 76.6

Parmi les cultures annuelles les céréales sont les


plus importantes; elles ont occupé en 1905 une surface de
5.000.000 hectares, c'est-à-dire 82% du total des cultures
et en I906, elles se sont élevées à 5.284.000 hectares, re-
présentant plus de 85% de ce même total. Parmi les cé-
réales, le blé et lemaïs occupent la En première place.
1905 on a semé du blé sur 1.958.250 hectares, qui ont
produit 36.412 000 hectolitres, avec une moyenne de I8.6
hectolitres par hectare.
En 1905 il y a eu 2.023.000 hectares avec du
cultivés
blé, donnant la plus belle récolte qu'ait obtenue la Rou-
manie, c'est-à-dire 40.127.000, soit une moyenne de 19.8
hectolitres par hectare.
Les ensemencements de maïs ont occupé en 1905 une
surface de 1.975.800 hectares, produisant 20.988.000 hecto-
litres; en 1906 la surface cultivée a été de 2.082.000 hec-
tares et la récolte — la plus belle également qu'ait enre-
gistrée Roumanie — a été de 40.000.000 hectolitres,
la

donnant une moyenne de 22 hectolitres par hectare; en


certains endroits cette moyenne s'est élevée jusqu'à 25 et
3)0hectolitres par hectare, résultat qu'on n'obtient généra-
lement que par la culture intensive.
Le colza est cultivé très irrégulièrement; le grand
aléa attaché à la réussite de cette plante produit ces
variations; toutefois en 1 905 on a semé la plus grande
surface de colza, 252.000 hectares, qui ont produit 2.800.000
hectolitres.
L'orge se cultive sur une étendue de 500.000 hectares
et produit 8.000.000 hectolitres; en 1906 cette plante a
produit par exception 11.819.000 hectolitres.
L'avoine occupe environ 340.000 hectares et produit
7.000.000 hectolitres en moyenne, en 1906 elle a produit
9.220.000 hectolitres.
Le haricot produit en moyenne 700.000 hectolitres, en
1906 il a donné 1.400 000 hectolitres.
Les prairies artificielles qui occupent seulement 55.000

Maison de paysan de l'exposition.

hectares, produisent 1 quintaux métriques et les


.600.000
prairies naturelles qui représentent environ 500.000 hec-
tares, donnent de 10 à 12.000.000 quintaux métriques.
Depuis ces dernières années on a commencé à cul-
tiver la betterave, en vue des sucreries créées dans le pays,
prend de jour en jour plus d'extension en
et cette culture ;

1905 sur 12.000 hectares on a récolté 2.170.000 quintaux


métriques.
Les vignes, autrefois si étendues et si renommées.
458

ont été en grande partie détruites par le phylloxéra, on a


cependant entrepris de les rep anter et il faut espérer voir,
]

avant peu, cette culture plus florissante encore que par le


passé; en 1905 et 1906 les vignes occupaient une surface
de 90.000 hectares qui ont produit 1.800.000 hectolitres
de vin.
La culture des prunes embrasse une surface de 72.000
hectares et d'après les calculs du fisc, la moyenne est de

600 pruniers par hectare, ce qui fait un total d'un peu


plus de 43.000.000 pruniers. En 1905 on a cueilli 3.150.00
quintaux de prunes, dont 75%— 80% ont servi à la fa-
brication de l'eau de vie de prunes tsouica— et le reste —
à faire des pruneaux que l'on a commencé à produire d'une
manière plus systématique en utilisant des séchoirs per-
fectionnés.
Enfin ajoutons une surface de 30.000 hectares de
jardins maraîchers et nous aurons le tableau à peu près
complet de la culture des terres en Roumanie.
La valeur de la production totale de ces cultures peut
s'évaluer dans une bonne année, telle que fut 1905, à en-
viron 900.000.000 francs et si l'année est excellente, comme
l'est 1906, à plus d'un milliard.
En1 905 l'exportation des céréales s'est élevée a 2.647.000
tonnes.
Pour les expériences nécessaires à la sélection des
meilleurs produits, ainsi que pour déterminer les meilleures
conditions de terrains et de culture, l'Etat par les soins du
ministère des Domaines a institué des fermes modèles, qui,
à la suite des résultats obtenus, fournissent aux grands
comme aux petits agriculteurs les semences et les produits
sélectionnés.
Les animaux domestiques sont également un des
élevages que ces fermes ont pour but de répandre et d'amé-
liorer, d'autant plus qu'autrefois cet élevage constituait une
des richesses de la Roumanie et qu'aujourd'hui le nombre
des animaux, par suite de l'indifférence des éleveurs, qui
459

ont dirigé leur activité dans une autre direction, ou par


suite aussi des obstacles qui ont entravé l'exportation du
bétailroumain, le nombre des animaux domestiques, dis-je,

a bien diminué. Lors du dénombrement de 1900, on a


trouvé :

864.324 têtes de chevaux


2.588.526 tètes de bœufs et buffles
5.655.444 têtes de moutons
232.515 têtes de chèvres
1.709.205 têtes de porcs
7.700 têtes d'ânes et de mulets
11.047.724 têtes d'animaux domestiques

Il faut y ajouter 310.180 ruches d'abeilles.


La valeur des animaux domestiques de Roumanie
peut être estimée approxi-
mativement à 463.000.000
francs.
Une autre richesse
agricole de la Roumanie est
représentée par les forêts,
quemalheureusementonn'a
commencé à exploiter ra-
tionnellement que depuis ces
dernières années, ce qui a
produit un déboisement re-
grettable et qui ne pourra
être reconstitué qu'en faible partie, à grands frais et à grand'
peine.
D'après la dernière statistique, dressée par le service
forestier de l'Etat, la surface boisée du royaume est de
2.755.800 hectares, y compris les clairières, cette surface
représente la 5-e partie environ de la surface territoriale
totale de la Roumanie.
Sur ces 2.755.800 hectares, l'Etat possède 1.065.528
hectares c'est-à-dire 38.8%, les établissements publics de
bienfaisance 125.985 hectares c'est-à-dire 4.5%, le domaine
460

de la couronne 71.400 hectares soit 2.5% et le reste de


1.498.400 hectares, ou le 54.2% appartient aux particuliers.
L'exploitation des forêts est soumise au code fores,
qui prévoit leur division en trois catégories: les forêts si-

tuées sur les sommets et les flancs des montagnes, dans les
vallons des régions montagneuses, ainsi que les forêts qui
pourraient servir de remblai au chemins de fer et aux
chaussées; toutes ces forêts ne peuvent être exploitées
ciu'aprêsun aménagement préalable.
De même on ne peut défricher les forêts, de quelque
côté que ce soit, dans le cas où elles servent de protec-
tion aux digues et aux rives ou à la défense du territoire
sur certaines frontières.
Les forêts de l'Etat sont toutes soumises au code
forestier et ne peuvent être exploitées qu'à la suite d'un
aménagement.
Les forêts se répartissent d'après leur essence dans la
proportion suivante:
Hêtre 242.032 ht. Charme et varitétés . 118.772 ht.
Chêne et variétés . . 281.220 „ Erable 39 605 „
Sapin „ . . 148.379 „ Tilleul 24.036 „

Bouleau . 2 i.315 hect. Aune . . . . 9.996 hect.


Frêne . . . 14.604 „ Acacia . . . 6.013 „

Orme. . 14.351 „ Châtaignier . 42

Pour remédier à l'exploitation irrationnelle des forêts


dont conséquences ont été si fâcheuses pour le climat
les

du pays, on a voté en 1886 le code forestier, pris en


partie d'après le code forestier français de 1827.
Sont soumises au régime forestier:
Les forêts, propriétés de l'Etat et des communes;
Les forêts dos établissements publics;
Los forêts que l'Etat possède en indivision avec dos
particuliers, pondant la durée de l'indivision;
Los forêts soumises au régime forestier ne peuvent
être exploitées que d'après un aménagement fait pas une
commission spéciale et approuvée par décret royal. Ces
aménagements doivent toujours avoir en vue la conser-
vation des forêts.
En vertu de la loi du 17 mai 1892 on préleva sur
les revenus bruts de toutes les ventes de bois des forêts de
l'Etat, une somme de 2" o, que l'on consigne à la Caisse

des dépôts pour former un fonds spécial appelé. „Fonds


pour la mise en valeur des forêts de l'Etat". Ce fonds est
mis à la disposition du ministère des Domaines pour créer

Le lac à l'exposition.

un personnel forestier capable et pour prendre des mesures


ayant pour but de faciliter l'exploitation des forêts.
Le revenu des forêts de l'Etat s'est élevé, dans les 6
dernières années budgétaires, au-delà de 30.000.000 fr.

pour l'année 1005-1906 il a été de 6.500.000 fr.


Le commerce du bois a pris de même
un grand dé-
veloppement. En 1005 la du commerce exté-
statistique
rieur a enregistré l'exportation de 236.000 mètres cubes
462

de troncs de sapin, 262.00 ) tonnes de différents bois, ma-


driers, planches pour parquets et autres; le total de l'ex-

portation du bois et des industries dérivées s'élève au


chiffre de 27.000.000 de francs.
Une source nouvelle de richesses pour la Roumanie,
mais qui n'a été mise en valeur que dans ces derniers
temps et dont les résultats satisfaisants sont la meilleure
récompense pour les efforts et les sacrifices que l'Etat
s'impose, est le service des pêcheries du ministère des Do-
maine^. Placé sous l'intelligente et active direction de
M. Antipa, ce service a exposé dans un pavillon spécial,
pitloresquement situé sur le bord du lac, ses intéressants
travaux.
Le Roumanie a une surface de 807.000 hectares re-
couverte d'eau et comprenant les étangs, les marais et les

différents cours d'eau. De cette surface 450.000 hectares


forment le domaine des pêcheries de l'Etat, dont 387.000
hectares sont exploités en régie et le reste sont des étangs,
affermés à des particuliers.
Il y a 6 ans, c'est-à-dire en 1899—1900, la pêche dans
les étangs de l'Etat, qui était affermée, produisait tout au
plus 1.000.000 de fr. ;
aujourd'hui à la suite d'une exploi-
tation raisonnée et en régie, l'Etat retire de la pêche un
revenu de 2.600.000.
Les principales espèces qui se pèchent dans nos
étangs sont: la carpe, l'esturgeon, le husso, le silure, le
brochet, la sandre, les harengs, et comme poissons de
mer: le turbot, le mulet, les anchois etc. Comme produits:
le caviar frais, le frai de brochet, de carpe, la boutar-
gue, etc.

Le commerce extérieur du poisson a pris de même


à la suite de ces améliorations une grande extension:
tandis qu'autrefois l'importation était considérable et dé-
passait de beaucoup l'importation, en 1005 la Roumanie a
exporté pour 2.790.000 fr. de poissons.
On peut donc apprécier les progrés réalisés par le
463

pays dans la voie du développement économique, résultat


favorable qui ressort encore de l'examen de la marche du
commerce extérieur; la valeur totale de l'importation pour
1905 est de 337.527.985 fr. et de l'exportation 457.101.394
fr. ; l'année d'avant, l'importation avait été de 311.371.613
fr. et l'exportation seulement de 261.872.339 fr. il est
vrai qu'en 1904, la récolte avait été mauvaise et en 1905
excellente.
Les pays d'où la Roumanie importe principalement sont :

Autriche-Hongr. qui en 1905 a participé dans la proport, de 28.5%


l'Allemagne „ „ „ „ „ „ 27 %
l'Angleterre „ „ „ „ „ , 15 %
la France „ „ „ „ 5 °/o

l'Italie „ „ „ „ „ 4 %
la Turquie „ „ „ „ „ „ 4 °/°

la Belgique „ „ „ „ 2 %
la Hollande » „ „ „ „ „ 1.5 %
Divers „ „ „ „ r „ 13 °/°

L'exportation est surtout dirigée vers les pays sui-


vants, et dans la proportion indiquée:
Belgique, en proportion de 32 %
Hollande 28 °/o

Italie 5 °/o

Autriche-Hongrie 3 %
Allemagne . 3%
Angleterre 3 %
France 2 %
Divers 24 %

Les articles importés sont:


Textiles et dérivés: dans la proportion de 34% du total des
valeurs importées.
Métaux et leurs fabrications: 28% du total des valeurs im-
portées.
Farineux et leurs dérivés (riz surtout): 5% du total des va-
leurs importées.
Peaux, courrelerie, cordonnerie: 3°/" <lu total des valeurs
importées.
Huiles, graisse, cire: 3% du total des valeurs importées.
-+64

Coloniales et fruits méridionaux: 3% du total des valeurs


importées.
Produits alimentaires: 2% du total des valeurs importées.

Les principaux articles d'exportation sont:

Les céréales et les farineux: 75% du total des valeurs ex-


portées.
Les fruits: 10% du total des valeurs exportées.
Les bois et les industries dérivées: 6%
du total des valeurs
exportées.
Le combustible minéral (pétrole): 2% du total des valeurs
exportées.

Donc, en résumé la situation économique du pays a


beaucoup gagné, tant par le développement de l'industrie
que par celle de l'agricul-
ture; l'activité des moyens
de transport a augmenté en
conséquence et l'épargne na-
tionale suit une progression
satisfaisante.
Ainsiquelqueschiffres
éloquents prouveront cette
marche progressive mieux
que toutes autres paroles.
La production du pé-
trole a passé en 6 ans de
269.000 tonnes à 888.000
tonnes en 1906.
La surface des terres ensemencées a passé de 4.008.500
hectares cultivés en 1886 à 5.420.700 hectares cultivés
en 1905.
La production des céréales a passé pour la même
période de 18.103.6000 hectolitres à 86.412.747 hectolitres.
Le transport des marchandises par chemin de fer a été
en 1886 de 2.067.000 tonnes et en 1905 de 6.I5O.0O0 tonnes.
Le trafic des voyageurs et marchandises a passé en
20 ans de la somme de 22.884.000 à 57.490.498 fr. et l'ex-
cédent de 10.082.051 à 23.678.163 francs.
465

La correspondance intérieure de 1894 à 1904 en 10 ans


a passé de 8.007.174 lettres et de 8.720.797
à 13.217.332
journaux à 27.450.153; de même
corespondance inter-
la
nationale a passé de 2.484.272 lettres à 4.711.250 et de
6 7.000 journaux à 1.454.206; la progression est encore
1

plus forte pour les mandats et les correspondances télégra-


phiques et téléphoniques.
Les dépôts à la caisse d'épargne ont été en 1896 de
14.294.392 fr. et en 1906 ils étaient de 25.486.395 fr.
En même temps que les différentes institutions, que
le ministère des Domaines, de l'Industrie et de l'Agriculture
créait en vue d'augmenter la richesse du pays, par des

Chars paysans.

applications rationnelles des données scientifiques, toute une


législation intervenait pour assurer le développement de
ces industries naissantes, de ces efforts déployés, et as-
surer la protection du travail.
Après la loi de 1887 sur l'encouragement de l'in-

dustrie, on promulgua en janvier 1906 une loi sur les bre-


vets d'invention. Toujours en 1906, par lois spéciales, on
accorda la concession de lots de 5.000 hectares sur les ter-
rains de l'Etat, pour l'élevage du gros et du petit bétail;
de mêmepour l'exploitation des joncs et roseaux qui pous-
sent dans les marécages du Danube.

6613
466

Les métiers ont été organisés par la loi du 5 mars 1902.


La protection des femmes et des mineurs employés
dans les établissements industriels, fut réglementée par la
loi du 22 février 1906.

Enfin une loi élaborée en 1904, mais qui n'est entrée


en vigueur qu'en mars 1906, établit un nouveau tarif
douanier, très protectionniste et qui tend à favoriser encore
plus l'industrie nationale.
Organisation du ministère.
Le budget de ce ministère est de 4.977.875 fr.
Le ministère occupe sur le Boulevard Caroi un local
propre construit récemment dans le style renaissance, et
d'un bel effet décoratif.

Ministère de l'Agriculture, de l'Industrie, du Commerce


et des Domaines.

La direction de l'agriculture comprend le service agro-


nomique et la station agronomique qui se trouve à la
chaussée Kisselef, en face de l'école d'agriculture dl [erastrau,
toujours dépendante de ce même ministère; cette école est
destinée à former: le personnel des lermes-modèles de
l'Etat, de bons administrateurs de terres pour les particu-

liers et le personnel nécessaire aux services du ministère.


La durée des études théoriques et pratiques est de 4 ans.
467

dont 2V2 à l'école et 18 mois à l'une des fermes modèles


ou pépinières de l'Etat. Les élèves sont internes et bour-
siers; on y reçoit encore, s'il y a des places disponibles,
des particuliers et un nombre restreint d'externes.
A cette direction appartient également le service de
l'entretien des jardins publics de Mogoshoïe, Cotrocéni, du
palais royal, de l'Université, de la Chaussée et du Cismegiu.
La direction de l'industrie et des brevets d'invention
comprend un musée industriel, une école et un atelier de

â 1

L'institut Météorologique.

sériciculture, situé dans la rue Vamei, le service des bre-


vets d'invention, le service du commerce et le service des
métiers. Cette direction dispose d'un fonds annuel de 9.700 fr.,
pour l'envoi à l'étranger, de jeunes gens, dans le but de
s'y perfectionner en technologie industrielle et autres.
Le service des mines a pris une plus grande impor-
tance, à la suite
du développement de l'industrie du pétrole.
. Ce service entretient une école de maîtres sondeurs et ex-
468

ploite lui-même les puits et les terrains de l'Etat déjà


forés.
Le service des stations balnéaires, pour l'entretien et
l'exploitation desquelles l'Etat dépense environ 100.000 fr.

par an, mais qui, depuis ces dérnières années surtout, lui
rapportent d'avantage.
La direction des domaines, chargée de l'entretien des
palais royaux
et de Cotrocéni, de l'entretien et de l'ex-

ploitation en régie des terres de l'Etat restées non affer-


mées, ainsi que de l'entretien en général de tous les biens
faisant partie du domaine de l'Etat.
11 faut ajouter les services spéciaux des pêcheries et
des forêts.
Le service des pêcheries a entrepris récemment de
grands travaux en cours
d'exécution et presque ache-
vés, grâce auxquels de gran-
des étendues de terres au-
jourd'hui insalubres et inon-
dées, seront assainies et
reudues à la culture, en
même temps que les étangs
deviendront propices à la

culture des poissons et que


des chenaux rendent acces-
sibles d'une manière con-
venable toutes les parties
du bas Danube.
Le service zootechni-
que dont dépendent les dé-
Prêtre roumain. pôtsde chevaux et de monte,
les bergeries, les pépinières

de mûriers et les magnaneries, les troupeaux de vaches


suisses et la laiterie coopérative, la destruction des saute-
relles et autres insectes nuisibles, etc.

Le service des poids et l'institut météorologique situé


469

sur le plateau de Filaret; ce service a la surveillance de


tous les bureaux de vérification des poids et mesures, ainsi
que de toutes les stations météorologiques du pays.
Le ministère encore une école de sylvicul-
dirige
ture et subventionne deux boursiers à l'étranger pour la
microbie zootechnique et la sériciculture, la société géo-
graphique, la société pour l'enseignement du peuple rou-
main et la société pour l'amélioration de la race chevaline.
Le Ministère des Finances et ses annexes. - Le
budget de la Roumanie qui, pour l'année 1906, prévoyait
236.989.238 fr. aux revenus et autant aux dépenses, mais
que le développement florissant
du pays a permis de solder par
un excédent de 60.000.000 s'ali-
mente pour 47.650.000 fr. des
contributions directes, dont nous
allons en peu de mots indiquer
l'organisation etl'historique. L'im-
pôt foncier et des propriétés bâ-
ties a été introduit en Moldavie
en 1859 et en Valachie en 1860.
Chaque année, le Parlement, sui-
vant les besoins du Trésor, fixait
lui-même le taux de cet impôt.
Après l'union des principautés,
l'unification des contributions fut
réalisée par la loi du 31 mars 1 862,
qui fixa taux à 3%» du revenu. Celle-là fut modifiée en
le

1866 et 1870 et on introduisit plusieurs distinctions parmi les


terres. En 1871 l'impôt fut élevé à 6%; en 1886 on fixa
l'impôt sur le revenu foncier rural à 5°/o pour les pro-
priétaires cultivant eux-mêmes, à 6°/o pour ceux qui les
afferment et à 12%> pour ceux qui tout en les affer-
mant vivent à l'étranger — c'est-à-dire y passent plus de
6 mois de l'année. La loi de 1901 a majoré l'impôt poul-
ies propriétaires de la 1-ère catégorie possédant plus de
410

10 hectares, de 5 à 5 72%, pour ceux de la 2-e de 6 à 6 7-2 %


et pour ceux de la 3-e de 12 à 13°/o. Les propriétés de
moins de 10 hectares sont restées imposées à 5°/ 0 .

Les propriétés bâties ont été augmentées de 6 à


6 72%, avec dégrèvement partiel pour celles qui restent
non louées. Les maisons nouvellement construites sont
exemptes d'impôt durant 3 ans, à partir du jour où elles
deviennent habitables; mais il n'existe pas encore de dis-
positions interdisant de louer une maison nouvelle avant
un certain délai nécessaire au séchage des murs. Le re-
venu des propriétés est établi d'après les contrats de fer-
mage ou de location et, à leur défaut, d'après les évalua-
tions des agents du fisc.
L'impôt des voies de communication date du XV-e
siècle et portait alors le nom de bir —
taille, —
modifié en
1749 par C. Mavrocordato et en 1832 par le Règlement
Organique; il fut réorganisé après l'union des principautés,
sous la dénomination de contribution personnelle. La con-
tribution personnelle et l'impôt pour les chemins étaient con-
fondus ensemble, et les étrangers s'en trouvaient dispensés.
L'impôt frappait tous les habitants du pays, qui avaient
25 ans accomplis —
la majorité, d'après le code Caragéa,

n'ayant lieu qu'à 25 ans —


ou qui administraient seuls
leurs biens. L'impôt était de 36 francs ou plutôt lei. La
ioi de 1877 changea le nom de capitation en celui d'impôt

pour voies de communication et de la sorte atteignit éga-


lement les étrangers. Le taux fut réduit à 18 lei et plus
tard en 1882 à 6 lei par tète. La contribution des patentes
prévoit trois catégories, dans lesquelles entrent toutes les
industries et tous les commerces du pays; la loi des pa-
tentes (ut reformée en 1832 par le Règlement Organique,
puis établie sur des principes modernes en 1863 et mo-
difiée en 1877, 1882 et 1899.
Jusqu'en 1877 l'impôt consistait en un droit fixe; de-
puis, on y a ajouté un droit proportionnel, d'après la va-
leur locative de l'établissement, droit qui varia (Mitre
471

2—10%; par la loi de 1899 les banques sont soumises à


une taxe de 5 %
du revenu constaté d'après leur bilan.
Les patentes sont comprises dans trois tableaux A
B et C. Le tableau B comprend les banques et les fabri-
ques, le tableau C, les professions libérales et le tableau
A tous les autres commerces et industries.

Le droit fixe de la contribution des patentes varie


suivant nombre d'habitants de la localité, l'importance
le

du commerce ou de l'industrie, divisés d'ailleurs en plu-


sieurs classes.
Le droit fixe auquel sont soumis les commerçants et
les industriels du tableau A est au maximum de 300 fr.
et au minimum de 2 fr. Pour le classement des différentes
catégories de commerce et d'industrie, il n'y a guère de
critérium mais il n'entre pas dans le cadre de cet ouvrage
;

d'examiner la question et d'en faire la critique.


Les commerçants en boissons spiritueuses paient en
plus la licence, impôt qui fut établi par la loi du 1-er avril
1873, pour équilibrer le budget. Réduit de moitié en 1876,
il fut de nouveau modifié en 1886 et 1904.
La loi de 1886 fit une distinction entre les détaillants
et les marchands en gros. Ceux-ci payaient un droit fixe
de 12.000 fr. par an— droit qui en 1873 était de 1.600 fr.

et de 1.000 fr. en 1875 — et les marchands qui ne ven-


daient que du vin 500 fr. par an.
Les marchands en détail payaient un droit fixe va-
riant de 10 à 200 fr. selon la population de l'endroit où
ils exerçaient leur commerce et 20% de la valeur locative
du débit; ils étaient soumis en outre à un droit fixe de
patente.
D'après la loi de 1904 les commerçants en gros ayant
un dépôt de plus de 30.000 décalitres, payent 2.000 fr. pour
15—30.000 décalitres 1.500 fr. pour 5—15.000 décalitres,
1.200 fr., et pour moins de 5.000 décalitres, 900 fr.
Les droits dus par les détaillants ont été réduits et
ceux dus par les sociétés coopératives fixés à 400 fr. par an.
472

En dehors de l'impôt de licence, les marchands de


boissons spiritueuses sont encore frappés d'un impôt de
consommation sur les boissons spiritueuses, institué par la
loi de 1867. Le taux de cet impôt variait de 1 à 4 lei,
d'après le degré alcoolique de la boisson, mesurée à l'al-
coomètre Wagner. La bière était imposée à 2 lei par

vedro, le „védro" était l'ancienne mesure roumaine et cor-
respondait à peu de chose près au décalitre. En 1874 la
taxe sur l'alcool a été fixée à 6 bani par degré alcoolique.
La perception de cet impôt s'effectuait par des particuliers
auxquels l'Etat affermait l'impôt par voie d'adjudication
publique.
En 1879 cette taxe fut abaissée à 4 72% bani par
degré et par décalitre, et à 0,80 bani pour la bière. En
I882, l'alcool de pommes de terre, de céréales, de betteraves
etc., est frappé d'un droit de 2V2 bani, par degré centi-
grade, la bière de 1 ,50 lei par décalitre, la tzuica eau —
de vie de prunes — de 2 lei par pogon — le pogon repré-
sente à peu près un demi hectare — de verger de pruniers,
les vignobles de 1 leu par pogone. En 1885 et 1886 nou-
veaux changements et suppression des primes d'exporta-
tion. En 1889 la taxe de l'alcool est élevée à 5 bani par
degré et par décalitre et celle de la bière à 3 lei par dé-
calitre; l'hectare de verger de pruniers est imposé à 10
fr. et celui de vignoble à 3 lei.

La loi de 1896 élève encore cette taxe à 8 bani par


degré à 1,50 par décalitre
et décalitre d'alcool et la réduit
de bière; celle de 1899 la porte à 12 bani par degré et
par décalitre d'alcool, tandis que celle de 1900 l'abaisse à
10 bani. En môme
temps, un impôt de 5 bani par degré
et remplace la taxe par hectare de verger
par décalitre
de pruniers, mais de nouveau en 1901 la taxe par hec-
tare est remise en vigueur, au taux de 20 lei par hec-
tare on compte en moyenne; 600 pruniers à l'hectare.
Le degré alcoolique se mesure à l'alcoomètre Gange, réglé
pour un litre à 12 degrés Réaumur.
473

En aux nécessités de la Guerre


1877, pour subvenir
de l'Indépendance, on institua un impôt de 5°/o sur les
traitements des fonctionnaires publics; mais cet impôt, qui
en principe n'était que temporaire et devait disparaître avec
les hostilités,continua à subsister jusqu'en 1 891 époque où on ,

le supprima, et ce avec d'autant plus de raison, qu'il ne frap-


pait que les fonctionnaires publics. La crise de 1899—1900
força le gouvernement à rétablir l'impôt, mais en l'étendant
cette fois plus équitablement à tous les fonctionnaires aussi
bien privés que publics; seuls
les traitements de moins de
I20 fr. mois en furent
par
exempts. En
1900 on voulut
modifier cette loi en imposant
à 5%ceux qui occupent une
seule fonction, à 1 5 °/o ceux qui
en occupent deux, et à 25°/o
ceux qui en occupent plus
de trois; malheureusement le
gouvernement étant tombé du
pouvoir, la loi ne fut pas
votée.
Les droits de timbre
et d'enregistrement, auxquels
sont soumis toutes les con- Décrotteur.
ventions en général, ont été
créés par la loi 1872, mais ont été succesivement modi-
fiés par les lois du 1873, 1874, 1881, 1884, 1886, 1900,
1901, 1903 et 1904, 30 mai 1905, 14 juin 1905 et 24 fé-

vrier 1906.
La loi du timbre prévoit deux sortes de droits: les
droits de timbre et les droits d'enregistrement, qui se dis-
tinguent autant par leur assiette que par leur mode de
perception.
Les droits de timbre se composent d'un droit pro-
portionnel.
474

Le timbre fixe se divise, selon la loi de 1900, en 10


classes de 10 bani à 25 lei.

Le timbre proportionnel varie d'après la nature et


la valeur de l'acte et se divise en 7 classes de 5 bani à
3 lei %.
Les droits d'enregistrement varient d'après la na-
ture des actes, et, selon leur valeur. Ils se divisent en 8
classes de 50 bani à 12 lei.
L'impôt sur les successions a été complètement mo-
difié par la loi de 1900, qui a imposé les héritages dévo-
lus aux —
jusqu'alors exempts
héritiers directs ainsi que —
les legs faits aux institutions de bienfaisance.
Conformément à cette loi, les taxes de succession va-
rient comme suit: 2% — la loi de 1900 prévoyait 1 %,
mais en 1901 on y ajouta encore %—
pour les héritages
I

en ligne directe; 2%
pour les legs faits aux institutions
de bienfaisance; 3%
pour les héritages dévolus aux époux
et aux ascendants en ligne directe; 4°/o pour les héritages
dévolus aux frères, sœurs, et à leurs enfants; pour les 6%
héritages dévolus aux collatéraux jusqu'aux 12 e degré,
12% pour les héritages dévolus aux collatéraux éloignés
de plus de 12 degrés, ou aux personnes étrangères. Les
biens meubles acquis par voie de succession ont été im-
posés à une surtaxe de 5%, pour le motif que ces biens
ne payent pas de contributions directes.
L'impôt sur les sucres a été établi en Roumanie par
la loi de 1898, bien que les fabriques de sucre eussent été

encouragées depuis 1882 par des primes d'exportation.


L'impôt fut au début de 15 bani par kilogramme, puis
en 1900 porté à 30 bani; les primes d'exportation étant
aussi onéreuses pour le fisc que pour les consommateurs,
on les a compensées en instituant en 1901 une taxe d'ex-
portation de 30 bani par kilogramme.
L'impôt sur le pétrole et sur ses dérivés a été établi

en I900; il est de 7 bani par kilogramme.


Tous ces impôts sont perçus au moment où les pro-
475

duits sont livrés à la consommation. La benzine destinée


à l'industrie et le pétrole destiné à l'exportation en sont
exonérés.
L'impôt militaire, qui existait déjà sous le Règlement
Organique —
1832 —
et qui avait été supprimé par la suite,
fut rétabli en 1900. Il se compose d'un droit fixe et d'un
droit proportionnel. Le droit fixe est de 6 lei par personne
dispensée; le droit proportionnel ou supplémentaire est de
4 dixièmes des contributions directes: impôt foncier, pa-
tente, licence. Pour les fonctionnaires il est de de leur 2%
traitement; mais en aucun cas il ne peut excéder 2.000 lei
par contribuable.
Le taux de l'impôt est évalué en tenant compte aussi
bien du revenu et de la fortune de personne dispensée,
la

que de celle de ses parents, tenus également de payer cet


impôt. Lorsqu'il y a plusieurs enfants, on divise la for-
tune des parents en autant de parts qu'il y a d'enfants,
l'impôt n'étant perçu que sur la part de l'enfant dispensé.
L'organisation du Ministère. —
Le ministère com-
prend cinq directorats: l'administration centrale qui se sub-
divise en service des contributions directes, service des
contributions indirectes, service de la comptabilité générale,
service du timbre et de l'enregistrement, service de la dette
publique, service des pensions, service du contentieux et
service de la statistique; le directorat extérieur des finances,
le directorat des douanes, la régie des mono-
extérieur
poles de l'Etat et laCour des comptes. Le budget total du
ministère est de 27.540.357 fr. pour l'exercice 1906—1907.
La Cour des comptes occupe son hôtel propre, récem-
ment bâti et qui est attenant aux nouvelles constructions
du ministère. Cette Cour se compose d'un président, 6 con-
ère
seillers, 1 procureur, I substitut, 6 référendaires de 1 classe,
8 de 2-ème et 10 de 3-ême classe.
La régie des monopoles comprend dans les pro-
duits monopolisés : les tabacs, les allumettes, les cartes à
jouer, le sel et le papier à cigarettes. A cause des explo-
476

sions fréquentes, le contrat passé entre le ministère de la


Guerre et concessionnaires pour la fourniture des
les
poudres à feu, pendant 15 ans a été résilié. La fabrication et
la vente de ces poudres a passé à l'Etat, mais c'est le

ministère de la Guerre qui fabrique à Dudeshti la poudre


de guerre, et la régie à Lâculets les poudres et explosifs
qui sont dans commerce. Le monopole du sel existe en
le

Roumanie depuis 1881, époque à laquelle l'administration


des monopoles a passé du ministère des Finances à la
régie des monopoles de l'Etat; la vente en gros se fait ordi-
nairement à cette dernière. Les dé-
pôts n'ont été créés que là où la né-
cessité s'en est fait sentir. Le sel est
extrait de 4 mines de sel: Tîrgul-
Ocna, Slanic, Doftana et Ocnele-
Mari. L'exploitation des mines de
Doftana et Ocnele-Mari, suspendue
en 1900, a été reprise en 1901.
Le monopole des tabacs a été
institué en 1872. Son exploitation
fut [d'abord une société
confiée à
m. Th. Raduiesco. une durée de 15 ans;
anglaise, pour
puis le contrat ayant été résilié, elle
passa à l'Etat en 1879. Ce monopole s'étend aussi bien
à la fabrication qu'à la vente des tabacs; les débits
ne peuvent exister sans une concession de l'Etat. Le ser-
vice de culture de la Régie est chargé de la surveil-
lance et de la direction de la culture du tabac, qui se fait
au compte de la Régie, jusqu'à ce que la récolte soit li-
vrée aux dépôts de l'Etat. Le tabac étranger est importé
principalement de Macédoine, de Smyrne, de Grèce et
d'Egypte; il faut constater que, grâce aux efforts déployés
par la Régie, la culture du tabac en Roumanie s'est ex-
trêmement améliorée et se cultive sur une échelle de jour
en jour plus importante.
Le monopole du papier à cigarettes a été institue en
477

1900. Ce monopole setend à la fabrication et à la vente,


qui s'effectue par les débitants de tabacs. Le papier qui
pourrait être employé comme papier à cigarettes, ne peut-
être importé que coloré.
Pour déterminer les dédommagemants à accorder
aux fabriques particulières, à l'occasion de l'introduction
de ce monopole, on a pris pour base le prix de revient
de la fabrication, les taxes de transport, les droits de douane
et un bénéfice de 50%.

Un Pavillon à l'exposition.

Les encaissements de la Régie des monopoles de


l'Etat constituent aujourd'hui près du quart des revenns
de l'Etat.

En 1886 le budget de l'Etat était de 49.000.000 de fr.


sur lesquels le revenu du monopole du sel figurait pour
4.000.000 de fr.

En 1905 — 1906 les encaissements de l'Etat sont


273.000.000 de fr., sur lesquels les îecettes de la Régie des
monopoles figurent pour 57.000.000 de fr.
Les revenus bruts de la Régie ont augmenté au fur
et à mesure de la création de nouveaux monopoles. On
pourra juger de l'accroissement successif des recettes d'après
le tableau suivant:
1

478

En 1872 9.237.000
26.624.000 fr.

„ 1879 „

.. 1887—88 38.923.000 „

„ 1898-99 51.074.000 „

„ 1905—1906 57.115.111 „

Le tableau suivant indique les différences — au pro-


fit du Trésor — entre les dépenses de fabrication ou d'achat
des produits qui ont été nécessaires à la Régie, et les
encaissements enregistrés par le Trésor pour l'exercice
1904-1905:

Monopoles Revenus Dépenses Différences

Tabacs 37.622.830 23 9.205.95393 + 28.416.876 30


Sel 7 442.361 3î 1.643.031 86 + 5.800.329 53
Allumettes. . . . 2.834.316 73 834.918 93 + 999.397 80
1

Cartes à jouer 556.50 25 80.01465 + 471.486 60


Explosifs .... 542.246 84 249.97002 + 292.27682
Papier à cigarettes 4. 160.Ï 95 55 3 558.901 36 601.290 19
Totaux . . 53.1 59.447 199
1 I
15.577.79075
- I
+ 37.581.657 24

En ce qui concerne l'année 1905—1906, les revenus


des monopoles ont été les suivants, pour ce qui est des
dépenses; mais comme l'exercice n'est pas encore clos, nous
ne pouvons les donner avec précision:

Nature des revenus Evaluations Encaissements

Tabacs 36.500.000 40.404.555 92


Sel (consommation intérieure) 6.000.01 »o — (..527.522 (.8

1.201 M M H> 1.241.170 71


Allumettes 2.850.01 10 3. 1 03.908 60
Cartes à jouer 450.01 >0 (.17.290
Explosifs 500.01 in 501.505 04
Papier à cigarettes 4.0 >o.oi in 4.483.059 85
Amendes et revenus extraordi-
naires 150 01 10 1 61. 448 93
Revenus directs 85.01 ;o 74 -(.51!

Totaux . . . 51.735.01 10 57.1 I5./I 1 1


73
II
479

Le caisse des pensions a été organisée sur des bases


nouvelles par la loi de 1902. Avant cette date, les condi-
tions requises par les lois antérieures, pour être pension-
naire, étaient très faciles à remplir et le nombre des pen-
sionnaires s'accrut rapidement. Les militaires, le clergé,

Pavillon Geiser à l'exposition.

les fonctionnaires civils,ceux des chemins de fer, ceux des


départements ou des communes, avaient des lois spéciales
et des conditions différentes pour faire valoir leurs droits
à la pension.
Les fonctionnaires civils pouvaient devenir pension-
naires après 10 ans de service et les militaires après 18
ans. La pension différait d'après l'administration dans la-

quelle le pensionnaire avait servi.


La loi de 1902 unifie toutes ces dispositions. En vertu
480

de cette dernière loi, le droit de pension s'acquiert pour les


fonctionnaires civils, après 60 ans accomplis et pour les
ecclésiastiques après 70 ans. A cet âge, le fonctionnaire re-
çoit pour 20 ans de service une pension égale à la moitié
de la moyenne de son traitement pendant les 5 dernières
années de ses fonctions; pour 25 ans de service, il reçoit
65% et pour 35 ans le 100%. Les fonctionnaires qui rem-
plissent des services difficiles et nuisibles à leur santé, peu-
vent faire valoir leurs droits à 55 ans. Le temps servi
avant l'âge de 21 ans n'entre pas en ligne de compte.
La veuve d'un fonctionnaire reçoit 15% du salaire
de son mari, s'il a servi 15 ans; 15% en plus, si la veuve
a aussi un enfant, 20% si elle en a 2 et 35% si elle en
a 3 où au-delà. La veuve d'un pensionnaire touche la
moitié de la pension de son mari.
Le budget de la caisse des pensions est de 19.206.360
fr. pour l'exercice 1906 — 1907. Ce budget est alimenté en
majeure partie par les retenues faites sur les appointements
des fonctionnaires, retenues produisant 7.340.000 fr. et par
la subvention de 7.300.000, fr. que l'Etat accorde à la
caisse.
Pour venir en aide aux petits agriculteurs et occa-
sionnellement aux grands, l'Etat a créé le Crédit agricole,
qui, plus tard, au lieu séparées et propres
d'institutions
à chaque département, à formé une seule administration
centrale, sous la direction de l'Etat, et avec succursales
dans le pays.
Le Crédit agricole date de 1882; chaque chef-lieu de
département devait avoir son crédit, au capital variant de
15.000 à 450.000 fr., selon l'importance du département.
Les emprunts s'effectuaient sur gages et étaient restreints
primitivement à 5.000 fr. et plus tard à 1.000 fr. Le Crédit
agricole constituait une personne morale; son capital était
représenté par des actions nominatives, que pouvaient
seuls acquérir 1rs agriculteurs et les industriels agriculteurs.
L'Etat versait deux parts du capital et le département
481

une, recevant en échange des dividendes proportionels à


leur apport.
En 1892 les Crédits agricoles départementaux passè-
rent sous l'administration de l'Etat, qui les concentra en
une administration centrale au capital de 20.000.000 de fr.,
les anciens crédits agricoles départementaux continuant à
fonctionner comme succursales de la centrale de Bucarest.
Ce crédit ainsi a deux sections, dont les fonds
centralisé
ne se confondent pas. La 1 -ère a les 20.000.000 de fr. que
l'Etat a versés et la 2-e, dont le capital n'est pas fixé, se
fournit par voie d'emprunts, qu'elle peut contracter jusqu'à
concurrence de 3 millions.
A
la suite de la grande crise agricole et financière

de 1899 on remarqua en 1900 dans les villages un grand


courant d'idées d'association. Peu à peu, encouragées par
le les banques populaires commencèrent à
gouvernement,
se créer et développement fut si rapide que, deux
leur
années plus tard, en 1902, il y avait 700 banques, comp-
tant 59.844 membres et un capital de 4.250.600 fr. Au-
jourd'hui, en 1906, il y a 2.021 banques, possédant 239.002
membres et 27.275.474 fr. 15 comme capital. Ce qui causa
la vogue et l'heureux développement de cette institution,
ce fut principalement l'avantage qu'y trouvait le paysan
d'emprunter à petits intérêts et d'échapper ainsi à l'usure,
qui était un véritable fléau pour le petit agriculteur.
Pour éviter les abus dans l'administration des fonds
de ces banques, la loi de 1904 les a mises sous le con-
trôle de la surveillance de l'Etat et a rattaché la caisse
centrale des banques populaires au Crédit agricole.
Les banques populaires sont personnes morales, et,

lors de la liquidation, 50% des fonds de reserve ainsi que


les donations qui leur seraient faites ne se partagent pas
entre les sociétaires, mais sont employés dans un but d'u-
tilité publique. L'administration, sauf celle du comptable, est
gratuite. La caisse centrale est administrée par un conseil
de 7 membres, nommés: 3 par le ministre des Finances,

0013 31
482

1 par le ministre l'Instruction publique, 1 par le Crédit


foncier rural, 1 par la Banque Agricole et 1 par la Banque

Nationale : mais cette dernière, appelée à escompter le por-


tefeuille de la caisse centrale des banques populaires, ne
voulut pas nommer de représentant, et il fut désigné tou-
jours par le ministre des Finances. Ce fut grâce à ces ban-
ques au concours de la Banque Nationale qu'en 1904, à
et
la suite du manque total de maïs, nourriture exclusive du
paysan, on put acheter pour 20.000.000 de fr. de maïs et
faire face à la pénurie.
En 1894 fut fondée la Banque Agricole. Cette banque
était destinée à aider les grands agriculteurs, en opérant
des emprunts sur gages agricoles. La banque est à
l'instar d'une société anonyme par actions. Le capital de
la banque est de 12.212.500 fr. répartis en 24.425 action-
de 500 fr. ce capital peut, avec l'autorisation du gou-
;

vernement, être porté jusqu'à 20.000.000 de fr. Un commis-


saire du gouvernement est chargé de la surveillance de
la banque, surtout en ce qui concerne l'émission des bons
de caisse.
Toutes les opérations de la Banque Agricole sont
exemptes des droits de timbre, sauf les droits propor-
tionnels.
La Caisse des dépôts, consignations et épargne.
— La loi du 3 août 1876, modifiée par celle de 1895, institue
une caisse des dépôts et consignations, destinée à recevoir,
sous les auspices du ministère des Finances: les dépôts
volontaires, judiciaires et administratifs; les consignations
données ou autorisées par des lois spéciales; les succes-
sions vacantes; les fonds provenant de biens séquestrés;
les fonds communaux et départementaux les cautionne- ;

ments des agents comptables publics; les cautionnements


que, dans différents cas, doivent déposer les contribuables.
Pour les dépôts en numéraire, on paie un intérêt de
5%; pour les dépôts de joaillerie, d'effets, etc. on perçoit
une taxe <le 5 "/n de leur valeur; les intérêts non réclamés
483

pendant 3 ans se prescrivent en faveur de la caisse. La


caisse peut consentir des emprunts à l'Etat, aux départe-
ments et aux communes; aux particuliers elle n'en peut
consentir que pour 3 mois et sur titres de l'Etat roumain.
Elle est administrée par un conseil composé de 12
membres et un directeur nommé pour 5 ans par le mi-
nistre des Finances.
En janvier 1880, on institua une caisse d'épargne, qui
fut rattachée à la caisse des dépôts. La caisse reçoit des

Caisse des dépôts, consignations et épargne.

dépôts d'au moins leu et de 300 lei au plus. Une seule


1

personne ne peut avoir en numéraire un dépôt de plus


de 3.000 fr. passée cette somme, la caisse achète des effets
;

pour le compte du déposant; les intérêts sont de par 5%


an et sont capitalisés.
Les revenus de la caisse des dépôts, consignations
et épargne sont versés au Trésor.
La situation de la caisse des dépôts, consignations et
484

épargne pour 1906 est: Solde de la caisse des dépôts


332.652.818 fr. 30 de la caisse d'épargne; 77.987.548 fr. 65
et du crédit départemental 19.670.275 fr. 17 ce qui re-
présente un total de 430.310.742 fr. 22 dont 4.091.128 fr. 35
en numéraire et 426.219.613 fr. 87 en effets.

Halles de la Caisse de dépôts.

Le Banque nationale. —
Le premier projet de loi pour
la création d'une banque d'escompte et de circulation date
de 1859 et il a été proposé par le ministre de Finances d'alors,
C. Stériady. En 1860, I. C. Bratiano, alors ministre des
Finances, proposa également de créer une pareille banque
dont l'administration centrale serait à Bucarest et la suc-
cursale à lassy. Ces deux projets n'aboutirent pas.
En octobre 1865 le gouvernement/ accorda à un con-
sortium étranger, représenté par MM. Adolphe de lier/,
demeurant à Vienne, et Jacques Lobel, banquier à Buca-
485

rest, la concession d'une banque d'escompte et de circula-


tion, sousdénomination de Banque de Roumanie. Cette
la

concession a été résiliée par la loi du 14 juin 1869, mo-


yennant une somme de 750.000 fr. que l'Etat paya à titre
de dédommagement.
En 1868 le comte Zamoyski, et en 1873, un groupe
de banquiers de Bucarest firent des propositions au gou-
vernement pour fonder une banque qui devait s'appeler
la Banque de Roumanie limitée.

Façade de la Banque Nation aie.

En 1874 ce fut le ministre des Finances P. Mavro-


ghény, qui déposa un projet de loi pour la création d'une
banque d'escompte et de circulation. Puis ce fut l'initiative
parlementaire qui, durant les années 1897 et suivantes,
tenta sans succès de faire passer différents projets dans le
même but.
Enfin, en 1880, sous le ministère I. C. Bratiano, le
ministre des Finances J. Câmpinéano fit admettre et sanc-
486

tionner la loi constitutive de la Banque Nationale actuelle


de Roumanie.
La loi et les statuts sont, sauf quelques modifications,
pris de la loi et des statuts de la Banque Nationale belge.
La modification la plus importante, rendue nécessaire
par le peu de confiance avec laquelle la nouvelle institu-
tion fut accueillie par le public, était la participation de
l'Etat connue actionnaire à la souscription du capital ini-
tial. Comme à l'époque, le crédit de l'Etat était très solide,
la participation de l'Etat à la souscription assura le succès
de l'émission. L'Etat y participait pour un tiers, mais tout
en conservant le rôle d'un simple actionnaire, il ne pou-
vait se défaire de ses actions; il n'avait pas droit, dans les
délibérations, à plus de 10 voix, et nommait 2 directeurs
sur 6; et 3 censeurs sur 7.

Les statuts de la banque ont été modifiés sensible-


ment à diverses reprises et le terme de la concession
a été prolongé.
En 1881 la Roumanie créa les docks, et il fut né-
cessaire de modifier les statuts de la banque pour lui
permettre d'escompter les warrants émis en conformité
de la loi sur les docks. Toujours à cette occasion, on
permit à banque d'acheter des effets publics et des lettres
la

de gage jusqu'à concurrence du capital social versé, mais


non plus de la moitié de ce capital, ainsi que le pré-
voyaient les premiers statuts.
En 1877, contraint par les nécessités de la guerre, le
gouvernement fut obligé d'émettre de papier monnaie. Le
déficit laissé par l'exercice 1876 était de 179.000.000 de fr.

et le pays en guerre. On vota donc une loi qui autorisa


le gouvernement à hypothéquer les biens de l'Etat, libres
de charges, jusqu'à concurrence de 60.000.000 de fr. et
mettre pour 30.000.000 de fr. de bons, c'est-à-dire pour d'é-
moitié de la valeur de l'hypothèque, ce qui lit donner à
ces billets le nom de billets hypothécaires.
Ces billets étaient au porteur, ils portaient un intérêt
487

de 5% payable au 1-er janvier de chaque année et cir-


culaient comme monnaie légale libératoire. Ils devaient
être remboursés par années sur le produit de la vente des
biens de FEtat, mais ils ont été maintenus jusqu'en 1888,
lorsqu'à l'occasion de l'adoption du système monométallique
or, le gouvernement fut autorisé à contracter un emprunt
pour les retirer de la circulation. Lémission avait été de
26,260.000 fr. et l'Etat s'obligeait à payer aux détenteurs
une prime de 10%, lors du retraitdes billets. Une entente
intervint entre l'Etat et la Banque Nationale, par laquelle
celle-ci prit sur elle, moyennant une commission de 1 %
et en renonçant à prime d'effectuer le retrait de ces
la
billets. Cette convention, avantageuse pour l'Etat, lui permit

d'éviter la vente des terres hypothéquées, qui n'eût pu


s'effectuer qu'avec une perte énorme, par suite de la dépré-
ciation amenée par la vente forcée et soudaine de terres;
pour une valeur de 80.000.000 de fr. Aussi l'Etat accepta-t-il
de prolonger jusqu'en 1912 la date du retrait des billets
hypothécaires, de lui en rembourser la valeur à raison de
1.000.000 par an, de lui payer 1 %
de commission par an
et de lui prolonger jusqu'à 1912 la durée de son privilège,
qui eût dû expirer en 1900.
Lors de la discussion de la loi pour la création de la
Banque Nationale, on avait discuté au Parlement la base
du système financier de la Roumanie et de nombreux
partisans avaient soutenu le système du monométallisme or.

Malheureusement, à cette époque 1880 —


l'or était rare; —
la production des mines de l'Afrique du sud, de l'Aus-

tralie et de l'Amérique du Nord était encore faible le gou- ;

vernement fit ressortir la situation difficile qui serait créée


à la banque naissante, par l'adoption de ce système, et elle
ajourna la solution de la question à des temps meilleurs.
En 1888, les partisans du système monométalliste or
firent parti du gouvernement et mirent leur système en
application. En conséquence, le gouvernement, par la loi
de juin 1890, contracta un emprunt pour payer à la banque
488

les billetshypothécaires retirés par elle, introduisit le mo-


nométallisme or, transforma en or Je stock métallique de la
banque qui était en argent et réglementa l'émission des
billets de 20 fr., qui ne pouvait avoir lieu que pour 20 %
de l'émission totale, limita le nombre des directeurs à 3
nommés pour 5 ans et la durée des censeurs à 2 ans en ;

même temps la réserve métallique lut portée à 40 % de la


valeur des billets émis; 30% de ce stock peut être constitué
par des traites sur les places de Londres et de Berlin et
depuis 1901 seulement, aussi sur les places de Bruxelles
et de Paris.

Le monnaie nationale avait été créée par la loi du


22 avril 1867. Aujord'hui, d'après la loi de 1890, l'unité
monétaire de la Roumanie est le leu or, c'est-à-dire qu'un
kilogramme d'or à 9 dixièmes vaut 3.100 lei. Le pièce
d'or sont de 20 et de 10 lei. Celles de 20 lei pèsent 9
grammes et 452 milligrammes. La tolérance du titre est
de tôVo et ce U e du poids de T o2oir en plus ou moins.
Les monnaies d'argent de 5 lei sont au titre de 900
d'argent fin, pour 100 d'alliage, celles de 1 et 2 lei et
celles de 0.50 bani, au titre de 835 d'argent fin, pour
165 d'alliage. Le poids d'une pièce de 5 lei est de 25
grammes. Le pouvoir libératoire des monnaies d'argent
est limité à 50 lei, celui des monnaies de bronze à 5 lei.
Le capital de la Banque avait été fixé à 30.000.000 de
lei, dont 10.000.000 de lei, soit un tiers, devaient être
souscrits par l'Etat et le reste par les particuliers. Le pre-
mier versement fut de 12.000.000 de lei seulement, et jus-
qu'à présent il n'y a pas eu besoin d'augmenter ce capital.
l'Etat a souscrit 8.000 actions à 500 fr., en valeur
de 4.000.000 de lei.

Les opérations de la banque prospérèrent et le cours


de s< îs actions atteignit bientôt 400 %; aussi, à la suite de
la désastreuse année agricole et budgétaire 1899
l'Etat, empêché de contracter avant 1902 un nouvel em-
prunt par les stipulations de l'emprunt de 175.000.000 de fr.
489

vendit-il sa part dans le capital de la banque, et pour ses


8.000 actions, pour lesquelles il avait versé 4.000.000 de fr..

il réalisa 14.800.000 fr. Les nouvelles actions furent émises


au cours de 1860 fr. En même temps, le privilège de la
Banque fut prolongé jusqu'en 1920, mais l'Etat, à partir
du I janvier 1913, recevra, au lieu des 20%, le 30% des
bénéfices de la Banque ; à cette occasion qu'on admit
c'est
aussi comme stock métallique, les traites sur les places de
Paris et de Bruxelles.
l'Etat ayant eu un déficit de 35.404.909 lei pour
l'année 1899, avait encore besoin d'argent, et ce fut tou-
jours la Banque Nationale
qui lui avança 15.000.000 de fr.,
sans intérêts ni commission; l'Etat devait rembourser la
somme sur le surplus de 622.000 Ir. encaissés en 1900,
sur sa part de 20 %
dans les bénéfices annuels de la banque
et qu'on respectait pour ne pas déséquilibrer le budget.
Le privilège de la banque fut de nouveau prolongé de 10
ans, ce qui le fait durer jusqu'au 31 décembre 1930. Par
cette dernière convention il fut permis à la banque d'é-
mettre des billets de 20 fr., dans la proportion de 30%
de son émission totale.
La Banque Nationale est la première institution finan-
cière de Roumanie. Grâce à son concours, l'Etat a
la
pu traverser sans secousses profondes les grandes crises
financières qui résultèrent des mauvaises récoltes agricoles
de 1884, 1894, 1899 et 1904; elle lui fut également utile dans
les émissions d'emprunts et pour acquitter à l'Etranger
les coupons de la dette publique. La banque sut également
venir en aide au commerce dans les moments critiques,
et notamment, lors de la liquidation de l'ancienne grande
maison de banque Chr. Zerlenty, en 1893, ainsi qu'en 1889,
qui fut l'année la plus pénible pour le commerce roumain.

Grâce aux années 1902 et 1903, et sur-


récoltes des
tout 1905, la situation financière du pays entier et parti-
cuilèrement de la Banque Nationale, est pour longtemps
assurée de la plus satisfaisante façon.
490

La banque a actuellement des succursales dans tout


le pays; mais nous indiquerons la situation de cette insti-
tution par son bilan de 1906:
Le banque a actuellement en circulation pour
260.442.550 fr. de billets et une réserve métallique de
113.864.003 fr. Son bilan accuse comme moyenne de bil-
lets en circulation 239.002.801 fr. Elle possède comme ca-
pital 12.000.000 de fr.; un fonds de réserve de 22.697.129 fr.

63, et un fonds d'amortissement de 3.343.012 fr. 05.


Elle a réalisé un bénéfice brut de 7.921.811 fr. et net
de 5.661.204 fr., dont 790.592 fr. constituent la part de
l'Etat.
L'escompte, bien que la banque ait refusé pour
13.000.000 d'effets, lui a rapporté 2.047.185 fr.

Maison macédonienne à l'Exposition.

Le ministère des Affaires étrangères et le corps


diplomatique et consulaire étranger de Bucarest. Ce —
ministère occupait auparavant des immeubles pris en lo-
cation. Cette année, le gouvernement a fait l'acquisition du
palais Stourdza, situé à l'entrée de la chaussée Kisselef,
491

et c'est là désormais que logera ce ministère. Le palais


est tout récent, orné à l'extérieur avec des marbres de
différentes nuances et contenant à l'intérieur de magnifiques
salons; mais comme cette construction n'a pas été bâtie
en vue d'un ministère, la disposition des salles pour les
services qu'on y a distribués, laisse quelque peu à désirer.
La Roumanieentre-
tient à l'étranger onze
légations; ce sont cel-

les d'Athènes, Belgrade,


Berlin, Bruxelles, Con-
stantinople, La Haye,
Londres, Paris, St. Péter-
sbourg, Rome et Vienne ;

deux agences diplomati-


ques et consulats géné-
raux, à Sophia et au
Caire ; trois consulats gé-
néraux, Budapesth,
à
Constantinople et Odessa ;

puis 6 consulats: à Bitolia,


Cernâutsi, lanina, Ismaïl,
Roustchouk etSalonique.
Les représentants
de la Roumanie ont le

titre et le rang de minis-


tres plénipotentiaires de
I-ère Classe, là OÙ la ROU- La maison de M. l'Inginieur inspecteur général
s 1 C Mironesco. (Bd. Coltzei).
manie possède une léga-
tion, sauf Athènes et Bel-
grade; où ils n'ont que le titre de ministres plénipotentiaires
de 2-e classe. Les agents diplomatiques de Sophia et du
Caire ont le même rang qu'un ministre de 2-e classe.
A Bucarest, le ministère des Affaires étrangères se
compose: du cabinet du ministre, de la division du per-
sonnel, protocole et chanchellerie des ordres royaux; de
492

la division des affaires politiques et du contentieux; delà


direction de affaires commerciales et consulaires; de la

division des fonds et de la comptabilité, du bureau des


travaux spéciaux et de frontière, et des services des ar-
chives, de l'enregistrement et de l'expédition.

Le corps diplomatique et consulaire était réprésenté


à Bucarest, en 1906, par MM.:
S. Exc. M. de Kinderlen Waechter (Alfred), envoyé
extraordinaire et ministre plénipotentiaire
M. de Verdy du Vernois, secrétaire de légation
Le lieutenant Trierenberg, attaché
Allemagne <
Le lieutenant Krause (Max), attaché
Le commandant d'état-major baron de Hammerstein
(Gesmond), attaché militaire
M. Fiendel Karl, consul général
S. A. S. le prince de Schonburg-Hartenstein, en-
voyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire
M. le comte Szapâry (Laurent), conseiller de légation
M. le baron Seidler (Frédéric- Jean), attaché de

M. le comte Khuen-Hedervary (Alexandre), attaché


Autriche-
de légation
Hongrie M. le lt.-colonel d'état-major Jordan Rozwadowski
de Gross-Rozwadow, attaché militaire
Wodianer de Maglov, consul général
M. le Dr. Marsch (Eugène), délégué du ministère
royal hongrois du Commerce
M. Riedel von Riedenstein, délégué

S. Exc. M. le baron Beyens (Eugène), envoyé extra-


ordinaire et ministre plénipotentiaire
Belgique
M. Everts (Robert), 1-er secrétaire de légation
M. Jaumotte (Oscar), consul

Bolivie M. Pétréano (Saché), consul

S. Exc. M. Riddle (John-Walace), envoyé extra-


Etats-Unis ordinaire et ministre plénipotentiaire
de de
M. Montgbmery Schnyler, 1-er secrétaire lé-
l'Amérique
du Nord gation
M. Bonshall (William Georges), vice-consul général
493

Espagne M. Carysy Rivera (Joachim), consul

S. Exc. M. Bourgarel (Ernest-René- Joseph-Adrien)


envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire
M: vicomte de la Tour (Ernest- Jules-Henry )
le

secrétaire d'ambassade de 1-ère classe


France M. Servin (Edmond), attaché d'ambassade
M. le capitaine d'artillerie de Thomasson, breveté
d'état-major, attaché militaire
M. Chonat, vice-consul, chargé de la chancellerie

^
S. Exc. Sir Conyngham Greene (William), envoyé
Grande- ; extraordinaire et ministre plénipotentiaire
Bretagne \ S.A. S. le lt -colonel Duc de Teck, attaché militaire
v M. Schuler (Montgomery), consul général

S. Exc. M. le marquis de Beccaria-Incisa (Charles-


Emmanuel), envoyé extraordinaire et ministre pléni-
potentiaire
Italie M. le comte Arrivabene Valenti Gonzago (Carlo),
secrétaire de légation
M. le capitaine d'état-major chevalier Zampolli (Isi-

dore), attaché militaire

{S. Exc. M. le baron de Welderen (Guillaume-Bernard-


Rénier), ministre résident
M. Wolff (Erhardt). consul général

S. Exc. Mirza Ibrahim Khan de Gaffari (Moaben-


ed-Dovlé), envoyé extraordinaire et ministre plé-
nipotentiaire
M. le comte de Monteforte (Antoine), secrétaire de
Perse
légation
M. Gaffari Moussa Khan (Etebaes Saltaneh), 2-ème
secrétaire de légation
M. Hassan Ali Khan de Gaffari, attaché de légation

( S. Exc. M. de Giers (Michel), envoyé extraordi-


naire et ministre plénipotentiaire

Russie <
^* Solovieff (Georges), 1-er secrétaire de légation
j
M. de Demitrow (J.). 2-ème „ » »
I M. le lt. -colonel d'état-major de Zankiéwitch, agent
{ militaire
494

{S. Exc. M. Ristitsch (Michel), envoyé extraordinaire


et ministre plénipotentiaire
M. Stilokossitsch (Dobrisoï), secrétaire de légation

Suisse M. Staub (Jean), consul général

'
S. Exc. Hussein Kiazim Be}^, envoyé extraordinaire
et ministre plénipotentiaire
Galib Kémaly Bey, premier secrétaire de légation
Nefy Bey Aydinoglon, second „ » »

Turquie J
Le colonel Hafiz Chebket Bey, premier attaché mi-
litaire
Le chef d'escadron Riza Bey, deuxième attaché
militaire
, Kiamil Bey, consul général

M. le colonel Hessapthchieff (Cristophore), agent


diplomatique
M. Hamadjef (Ivan), 1-ère secrétaire
Bulgarie M. Poulieff (Georges), 2-ème secrétaire
<J

M. Ghéorghefï (Michel)
Le commandant d'état-major Stancioff (Constantin),
attaché militaire

Le ministère de la Justice. — Le ministère de la

Justice occupe la maison qui fut anciennement la maison


de M. Etinne Bellio. Plus tard on y installa la Régie des mo-
nopoles, puis le ministère. C'est une vieille maison, répon-
dant mal aux exigences d'un ministère.
La loi pour l'organisation judiciaire date de 1865; elle
a été complètement abrogée par la loi du 1-er septembre
I890 et modifiée en 1891, 1892 et 1896. La justice du pays
est confiée aux justices communales et de paix, aux tri-

bunaux, cours d'appel, d'assises et de cassation. Cette


année, on a introduit le contentieux administratif. Le code
civil roumain est pris du code Napoléon; quant au code
commercial il a été pris du code italien.
A Bucarest y à 7 justices de paix, situées dans des
il

quartiers différents, afin de répondreaux exigences des jus-


ticiables, sans qu'ils aient à se déplacer à de trop grandes dsi-
495

stances. Ces justices de paix ont leurs locaux propres à part —


les justices du 6-e et 7-e arrondissements entretenues —
par la commune.
Les autres instances sont toutes logées au palais de
justice. Le palais de justice a été
élevé en 1895. d'après les plans
de l'architecte Balu, les travaux
étant dirigés par M. l'architecte
Miresco. Il a coûté 7.500.000 fr.

et si la façade principale, par


suite de l'étroitessedu quai, man-
que un peu de perspective, et les
façades latérales de décoration
artistique la distribution de la

lumière à l'intérieur et l'aména-


gement des salles sont des plus
réussis. M. Al. Bàdàràu.
Le palais a quatre façades;
la façade principale est sur le quai et l'on prénètre dans
le palais par trois vastes portes, auxquelles on accède par
un escalier de près de 50
mètres de largeur.
En pénétrant par la fa-
çade principale, on se truve
dans la grande salle, d'où
deux grandes escaliers en
marbre gris conduisent à l'é-
tage supérieur où sont les
cours d'appel et de cassa-
tion. La décoration inté-
rieure des salles de séances
est fort luxueuse. Tout le

palais est éclairé à l'électri-


cité et pourvu de calorifères.
Les façades latérales
ouvrent sur de larges cor-
M. Atanasovici, avocat.
ridors, conduisant aux diffé-
496

rents cabinets ou bureaux et d'où partent de nombreux es-


caliers qui mettent les trois étages ainsi que les sous-sols,
en communication les uns avec les autres.
C'est par la façade de derrière, qui n'offre qu'une
porte voûtée et grillée en contre-bas, que l'on introduit les
détenus qui de là sont conduits, par des corridors souter-
rains, aux différentes chambres appelées à les juger.
Autrefois, c'est-avant la construction du palais
à-dire
de justice, les tribunaux de première instance, le notariat
excepté, et les cabinets des juges d'instruction, étaient

Le Palais de Justice.

logés dans la vieille maison du colonel Maïcan, sur la


place Valter Maracinéano.
Qui n'a vu de ses propres yeux ce misérable local,
peut difficilement se faire une idée de l'état de vétusté et
de saleté de l'ancien tribunal. La construction d'un palais
spécial était une nécessité, qui avait déjà trop tardé à être
remplie.
Sur cette même place, mais de l'autre côté, dans la
497

maison qu'occupe aujourd'hui le ministère de la Guerre,


étaient la cour d'appel à droite, et la cour de cassation à
gauche. La partie qui forme l'angle de la rue Brézoïano
était occupée par le tribunal de notariat.
Quant à cour d'assises, elle jugeait dans une con-
la

struction, bâtie expressément à cet effet, située sur l'em-


placement où s'élève maintenant la Caisse des dépôts. La
façade toutefois était sur la rue Mihaï-Vodâ.
Le tribunal comprend 4 chambres civiles-correctio-
nelles, 1 de notariat et 1 commerciale; la cour d'appel a
trois sections, de même que
la cour de cassation. La cour
d'assises ne fonctionne que deux
foispar an et chaque session
dure environ quinze jours.
Les juges des cours de
cassation et d'appel ainsi que
les présidents de tribunaux
sont inamovibles.
Toujours au palais se
trouve le service anthropomé-

trique, le bureau de l'archi-


tecte du palais, et un bureau
de poste, télégraphe et télé-

phone; Un restaurant, et un
bureau pour les machines à
M. Atanasovici en robe
écrire, enfin les bureaux du
corps des avocats.
Le barreau de Bucarest est certes un de ceux qui
compte le plus d'avocats, par rapport aux habitants de la

ville et la principale raison tientau fait que chacun fai-


sant de la politique c'est le chemin le plus aisé pour se
faire distinguer C'est pourquoi le barreau a fourni, en
dehors de jurisconsultes éminents, tels que Bosiano, V.
Boëresco, Costaforo, Vernesco, M. Cornéa, aujourd'hui dis.
parus, et qui ont illustré d'une façon brillante le corps des
498

avocats, et parmi les vivants MM.


G. Danielopol, B. Missir,
V. Lascar, A. Antonesco, bâtonnier de l'ordre, etc., toute
une série d'hommes politiques marquants, qui ont été tour
à tour ministres ou chefs de parti, et qui se sont montrés
remarquable, tant comme jurisconsultes que comme ora-
tours et hommes du barreau qu'ont fait
politiques. C'est
ou font partie MM.M. Eugène Statesco, Titus Maïoresco,
Take Ionesco, C. Dissesco, M. Pherekyde, et combien d'au-
tres. En 1904, à la suite de longues discussions dans les

corps législatifs, une loi a imposé aux avocats le port de


la robe.
La justice militaire s'administre par le conseil de
guerre, qui constitue la première instance, et le conseil de
révision permanent, leurs jugements sont soumis à la cen-
sure de la cour de cassation.
Les instances religieuses sont constituées par le con-
sistoire paroissial et le consistoire d'appel.
Les membres de l'enseignement sont jugés par une
commission de trois professeurs universitaires ou deux
professeurs universitaires et un conseiller à la cour d'appel.
Les fonctionnaires de la préfecture de police sont
jugés, pour infraction à leurs devoirs, par une commis-
sion formée par le secrétaire général du ministère de l'In-
térieur, un procureur général près la cour d'appel de Bu-
carest, et un membre de la haute Cour des comptes.
La juridiction des consulats n'existe plus depuis Tin-
dépendance de la Roumanie et la loi ne reconnaît d'autres
instances que celles de l'Etat.
ne date que de 1892; il a été
L'institut médico-légal
créé par le ministère de la Justice, qui a participé pour
50.000 IV., et la mairie qui a contribué pour 87.000 fr.
aux frais de construction et d'installation. C'est au maire
d'alors, M. Protopopesco Pake, qui a tant fait pour
la capitale, ét à M. Alexandre Marghiloman, ministre de
la Justice, à l'époque, qu'est due l'institution de cet éta-

blissement, moderne entre tous, par le lait surtout qu'il


499

fut le premier à réunir l'enseignement à l'exposition et à


la conservation des cadavres. Le morgue est située sur le
quai et pourvule d'appareils frigorifères, de salles de
elle est

conservation, salles d'autopsie, de photographie, laboratoire


de microscopie, de chimie, de physiologie etc. ainsi que
d'un vaste amphithéâtre où se fait la clinique médico-légale.
L'institut possède encore un musée très instructif pour les
élèves.

Le Ministère de la Guerre. — C'est incontestable-


ment plus important de tous les ministères, par son bud-
le

get qui est de 44.549.399 fr. alors que le budget général de


la Roumanie est de 236.989.238 fr. 80
c. — pour l'année 1906—1907.
L'armée a été organisée par la
loi du 17 juin 1868, modifiée par les
lois de 1872, 1874, 1876, 1877, 1882 et

1891.
Elle comprend quatre éléments
distincts: l'armée permanente avec
ses réserves, l'armée territoriale avec
ses réserves, les milices et les masses.
Chaque habitant du pays de sexe M. le Général G. Manu.
masculin arrivé à l'âge de 21 ans est
soumis au service militaire.
En aucun cas le service effectif sous les armes ne
peut dépasser trois années pour h s troupes permanentes,
quatre années pour la cavalerie territoriale, cinq années pou/
l'infanterie territoriale. La service territorial a été intro-
duit comme une pour les paysans, occupés et né-
facilité

cessaires aux travaux des champs, et qui, par cela même,


préfèrent servir quatre et cinq ans dans les troupes ter-
ritoriales plutôt que de faire trois années de service per-
manent.
Dans les milices sont compris les hommes de 40 à
46 ans révolus et dans les masses ceux de 37 à 46 ans.
500

Afin d'expérimenter si l'on peut réduire le terme de


trois ans à deux ans, on a créé en 1904 un bataillon de
chasseurs où le service n'est que de deux ans en perma-

nence.
L'armée active permanente en temps de paix com-
prend un effectif de 66.120 hommes, dont 36.950 d'infan-
terie, 9.570 de cavallerie, 11.111 d'artillerie, 2846 du génie,

1932 de marine et 15.305 chevaux, divisée en quatre corps


d'armée.
Le corps des officiers est de 5119 officiers. L'armée
territoriale est de 90.000 hommes.

L'Etat-major du 2-me corps d'armée aux manœuvres.

La résidence des quatre corps d'armée est à Craïova,


Bucarest, Galats et lassy.
Bucarest compte comme garnison 718 officiers et
11.877 hommes, auxquels il faut ajouter 3306 chevaux. Le
local occupé par le ministère de la Guerre est situé sur
la place Valter Mârâcinéano — nom d'un officier mort hé-
roïquement pendant la guerre de 1877 — et fut pendant
bien des années la demeure de la Justice, qui y avait ses
50 i

cours d'appel et de cassation; puis, une fois le palais de


Justice achevé, on y transporta toutes les instances judi-
ciaires de Bucarest — les justices de paix exceptées — el
le ministère de la Guerre s'installa à la place de la Justice.
En dehors de l'administration centrale, le ministère
de la Guerre compte à Bucarest parmi ses dépendances de
nombreuses institutions qui occupent des locaux à part et
qu'il importe de noter. Ce sont:
Le palais du commandement du Il-e corps d'armée,
palais situé rue Stirbey-Vodà, et qui fut autrefois l'hôpital
militaire. Après l'incendie qui le détruisit en 1887, on com-
mença la construction du grand hôpital militaire Elisabeth,

Nouveaux conons à tir repide

et plus tard après avoir fait subir d'importantes réparations


à l'ancien hôpital on en fit le siège du commandement
du 2-e corps.
Un des plus vastes et des plus systématiques hôpitaux
que possède Bucarest est V hôpital militaire, dénommé
„Regina Elisabeta", comprenant six grands pavillons sé-
parés pour malades, l'institut médico-militaire, le pavillon
de l'administration, le pavillon de l'économat, celui des
bains, celui de la compagnie sanitaire, la chapelle et le

poste des pompiers, à côté de l'hôpital se trouvent la


502

remise et les écuries pour les ambulances du 2-e corps


d'armée.
La surface occupée par l'hôpital est de 82.808 m. c.
dont 9.317 m. par les constructions, le reste par les jar-
dins; tous les corps de bâtiments sont éclairés à l'électri-
cité, possèdent des installations de chauffage à la vapeur
d'eau, des latrines systématiques à fosses mobiles et des
ascenseurs. La ventilation se fait par appel forcé et aspi-
ration simple.
L'hôpital est situé derrière la gare du Nord, à côté

Exercices d'infanterie.

de l'institut vétérinaire de l'armée et à côté des nouvelles


casernes. Il a coûté plus de trois millions et est un des
plus beaux d'Europe.
On n'y soigne que les malades militaires et de la gar-
nison de Bucarest ;
par exception et dans des cas graves on y
admet parfois les militaires envoyés par les corps de troupes
des autres garnisons. Actuellement on peut y interner 324
malades, mais ce nombre sera prochainement augmenté
par la construction de nouveaux pavillons déjà projetés.
L'hôpital est placé sous la direction du médecin co-
lonel Grégoire Petresco, qui est ('gaiement le directeur su-
périeur de l'institut médico-militaire et ne relève que du
ministre de la Guerre.
503

Les six pavillons se classent en:


Pavillon des opérations chirurgicales du lieutenant-
colonel Grozéano, avec les capitaines médecins Véréano et

Butoïano pour seconds.


Pavillon des maladies internes du colonel Gh. Mihail,
avec le médecin Manéa pour second.
Pavillon des maladies du nez, des yeux et des
oreilles, du col. Gr. Petresco.

Les dorobantzi en tenue de campagne.

Pavillon des maladies vénériennes, du colonel Cato-


pol, avec le lieutenant Constantinesco pour second.
Pavillon des officiers du colonel Mihaïl.
Pavillon des maladies contagieuses du lt.-col. Butzâ,
avec le lieutenant Goresco pour second.
compte 35 élèves, qui sont
L'institut médico-militaire
recrutés parmi les étudiants de la Faculté de médecine,
ayant au moins quatre inscriptions. Les élèves doivent
contracter un engagement formel qui les oblige, après avoir
obtenu le diplôme de docteurs en médecine et avoir été
promus au grade de lieutenant médecin, à servir dans
504

l'armée pendant six ans. Jusqu'à l'obtention du diplôme ils


habitent les chambres du second de l'institut et portent
un uniforme spécial. Ils sont tenus de suivre tous les cours
universitaires théoriques et pratiques, ainsi que ceux de
médecine militaire professés à l'internat par des conféren-
ciers. Les laboratoires de l'institut comprennent trois sec-
tions: une pour la vérification de tous les produits alimen-
taires ou vestimentaux fournis à l'armée; une biologique,
occupant également deux salles, pour les différentes ana-
lyses et expertises médico-légales; la troisième enfin, oc-
cupant également deux salles, pour la bactériologie.

Exercices de gymnastique militaire

Le pavillon de la compagnie sanitaire renferme les


dépôts pharmaceutiques, les logements et les salles de cours
de la compagnie, le corps de garde et les locaux discipli-
naires.
Les dortoirs occupent 4 vastes salles de 24 lits chaque.
Les soldats sanitaires suivent des cours théoriques et pra-
tiques enseignés par le médecin en chef du corps d'armée
et lesmédecins de la compagnie Après un stage déter-
4
.

miné, ils passent au service de l'hôpital.


L'école d'officiers est située rue Tsvor. C'est là que les
fils de militaires sont reçus de préférence aux fils de ceux qui
;

505

ne le sont pas, qui en outre payent une pension annuelle de


700 fr, tandis que les premiers en sont dispensés les cours ;

y sont de trois ans et les élèves en sortent avec le grade


de sous-lieutenant. Il y a 169 élèves, 15 professeurs mili-
taires et 7 civils. L'école comprend deux sections, l'une
de cavalerie et l'autre d'infanterie.
L'Ecole d'application pour officiers, située rue Grivitsa.
L'Ecole de guerre située rue et occupant
I. Bratiano
le local où logeait autrefois le corps des gendarmes à
cheval ; elle compte 28 professeurs militaires, 3 professeurs
civils et 38 officiers élèves.
Puis les casernes du génie — chaussée Bolintin —

Fantassins au repos.

des calarashi — chaussée Pandurilor — ; caserne St.


Georges — rue Plevnei — ; caserne Alexandre Couza —
rue du 13 Septembre; l'Arsenal rue 13 Septembre l
): la

prison Militaire rue 13 Septembre — ; caserne des chasseurs


à pied — impasse Graurului — caserne des gendarmes à ;

pied — rue Belvédère — corps des gendarmes à pied


le

est spécialement employé au service de l'ordre dans la


capitale; à côté de cette caserne se trouve le poste central
des pompiers, qui sont organisés militairement et font

!
) A l'arsenal fonctionne une école pour former des méca-
niciens militaires comptant 30 élèves.
506

partie de l'armée; du reste chaque commune verse au mi-


nistère de la Guerre une somme annuelle proportionnée à
son importance pour l'entretien des pompiers. Bucarest
verse 187.000 francs, il y a encore trois postes secondaires
dont nous avons parlé à propos des pompiers.
La caserne des Dorobants— rue des Francs-maçons— ;

l'escadron du train — chaussée Pandourilor — le dépôt de


fourrage, l'atelier de confections et la pyrotechnie de l'armée,
tous trois chaussée Bolintin — ; la caserne des gendarmes
à cheval, rue Plevnei; sur la même rue se trouve la ma-
nutention de l'armée. . .

Le cimetière militaire, situé à côté du grand cimetière


Bellio, chaussée Sherban-Vodâ.
La Roumanie possède aussi une marine de guerre,

Hôpital militaire.

très modeste il est vrai, mais toute jeune et qui n'a pas
encore eu le temps de grandir et de se fortifier; du reste
la Roumanie; ne possède la Dobroudja et n'a directement

accès à la mer que depuis 1878 et sa marine est plutôt


fluviale.
La marine de guerre comprend deux divisions; la

division de mer composée d'un croiseur, un brick, une ca-


507

nonnière et 2 torpilleurs. du Danube compte


La division
2 bâtiments, 2 canonnières, un torpilleur et une chaloupe.
De nouveaux bâtiments sont en construction.
Le ministère de la Guerre a, de même que les puis-
sances étrangères, son parc aérostatique, mais sans ballon
dirigeable.
Il y a quelques 75 ans l'armée roumaine prenait nais-
sance à la du traité d'Adrianople. Elle était placée
suite
sous les ordres du grand „spatar" et se composait de trois
régiments d'infanterie et de six escadrons de cavalerie. Il

fallut au comte Kisselef, organisateur et administrateur


admirable, auquel la Roumanie doit une profonde recon-
naissance, quatre années d'efforts pour discipliner l'armée
et lui permettre de prendre rang parmi les armées régu-

Soldats d'infanterie bicyclistes

Hères. Le premier but de cette armée


garde des était la

du cordon
frontières, le service des garnisons, de la police,
sanitaire, mais de nouvelles lois vinrent peu à peu lui
donner une mission plus grande. Les premiers drapeaux
furent distribués en 1834 par le prince Alexandre Ghica
qui se constitua un état major réglé par la loi de 1839
Le budget annuel de la suite militaire du prince était de
171.360 lei anciens, soit environ 60.000 francs.
En 1856 le prince Bibesco arma 3 chaloupes canon-
508

nières auquelles il ajouta un garde-côtes en 1850; ce fut


l'embryon de notre flotille; le budget de la marine (flu-
viale) était à l'époque de 30.000 francs.
En 1847 le même prince fonda l'école des cadets, qui
comptait 16 élèves, mais qui, après les événements de 1848,
devint l'Ecole militaire, qui subsiste encore aujourd'hui. Le
nombre des élèves fut d'abord de 30, porté ensuite en
1851 à 45; les études y duraient 4 ans et le budget de
l'école était de 45.000 fr. L'armée comptait en tout 12.7.13
hommes, y compris. Quels progrès réalisés en ces
officiers
75 ans et que de gloire acquise!
Le ministère des Travaux publics. Ce ministère —
est situé dans la rue Amzei; il est installé dans une mai-
son particulière, répondant fort peu aux nécessités des dif-
férents services; aussi la construction
d'un local propre
a-t-elle été décidée, travaux pour ce nouvel édifice*
et les
bâti d'après les plans de l'architecte Mincou dans le style
roumain, ont commencé cet automne l'emplacement a été ;

choisi sur le boulevard Elisabeth, en face du beau jardin


du Cismegiu.
Le budget du ministère des Travaux publics est de
7.210.000 fr. dans lequel n'entre pas le budget séparé des
Chemins de fer, du Service maritime et du service fluvial
bien que ces directorats dépendent de ce ministère.
L'école des ponts et chaussées relève toujours à ce
ministère, ainsi que l'école de Bistritsa, institutions dont
nous parlerons plus loin.
En dehors de l'école, la surveillance, l'entretien et la
construction des voies de communication de l'Etat et des
accessoires de ces voies, tels que ponts, digues, cantons, etc.,

le ministère a également la direction des docks de Con-


stantsa, Galats et Braïla, des différents ports du pays, et
l'exploitation de l'alimentation de la ville de Soulina en
eau potable.
Un conseil technique supérieur attaché au ministère
se prononce sur les travaux d'utilité générale que veulent
509

entreprendre les administrations publiques et qui ne peu-


vent être exécutés sans son approbation.
Le ministère subventionne aussi les communes ur-
baines qui, en échange, sont obligées d'entretenir les parties
des routes nationales traversant leur territoire.

Les Chemins de fer roumains. — La première ligne


construite en Roumanie fut celle de Bucarest-Giurgiu —
69 klm. 822 mètres —
dont une société anglaise entreprit
l'exécution pour le compte de l'Etat. La ligne fut livrée à
la circulation en 1869 et coûta 14.306.488 fr.

La ligne partait de la gare Filaret.


Une gare minuscule presque hors la ville à cette
époque, juchée au faite d'une petite colline sur la rive droite.
C'était la tête de la ligne Bu-
carest-Giurgévo, la seule ligne
de Roumanie en 1869, mais qui
mettait Bucarest en relations di-

rectes avec l'Europe occidentale.


Quand nous disons „en relations
-»««*'

directes" nous exagérons un peu,


car il fallait d'abord faire le vo- «m. nnÉir

yage du centre jusqu'à la gare


à travers des rues cahoteuses,
poussiéreuses en été. boueuses
en hiver, misérables, de la rivière ;
jusqu'à la métropole, désertes au
de là, puis on devait grimper e
chemin raide qui se détache de la
M Miclescu Emil S.
( haussée, en face de l'usine à Directeur général de C. F.

gaz pour réjoindre la gare. On montait dans le train et


cahin-caha, en deux heures et demie, on faisait sans se
presser le trajet jusqu'à Giurgévo.
Là, on montait en voiture, et, par une route impos-
sible', sous le vent, sous la pluie, dans la boue ou dans
d'épais nuages de poussière, selon la saison, on se ren-
510

dait à Smârda où attendait le bateau à vapeur qui re-


montait le Danube à petites journées et en deux jours
et demi vous déposait à Baziash, où Ton trouvait si l'on —
n'avait pas trop tardé en route —
le train pour Budapesth

et Vienne.
Beaucoup de contemporains se rappellent encore les
heureuses journées, passées sur Y Orien t,
les belles soirées

où toute l'élite de la société roumaine se retrouvait, et ils


n'ont pas oublié non plus l'affreuse hôtellerie de Baziash
où l'on devait passer deux jours lorsque le bateau avait
perdu la coïncidence avec le train.
On mettait alors cinq jours pour aller à Paris.
La Roumanie crut ensuite plus avantageux de laisser
les entreprises particulières affecter les capitaux nécessaires
à la construction de voies ferrées et elle leur garantit sim-
plement un minimum de bénéfices. Ce fut dans ces condi-
tions qu'une société autrichienne, sous la direction d'Oppen-
heim, exécuta les lignes de Roman-Bourdoujéni, Pashcani-
Iassy et Vereshti-Botoshani, livrées à la circulation en 1870
et 1871. L'Etat servait à la société un intérêt de 7 72%

à raison de 230.000 fr. le kilomètre; il y avait en tout


222 klm. 311 mètres.
En 1872, la gare du Nord fut terminée et une autre
voie fut ouverte aux habitants de Bucarest qui se rendai-
ent à Vienne ou à Paris. Cette voie n'était pas plus courte
que la première, mais présentait moins d'inconvénients,
e'ctait la voie par la Moldavie, Roman-Pashcani-Cracovie-
Lcmberg- Vienne.
Enfin, en 1875, fut livrée à la circulation la ligne
Bucarest-Craïova-Verciorova-Budapesth- Vienne. Notre ca-
pitale n'était plus qu'à 26 heures de Vienne et à 52 heures
de Paris.
Une autre société exécuta encore une autre partie du
réseau, mais ce système étant très onéreux pour le pays,
le gouvernement se convainquit de la nécessité qu'il y
avait a racheter les chemins de fer. Les Opérations du
511

rachat, la plus importante opération financière qu'ait faite


la Roumanie, commença en 1880, par l'émission d'obli-

gations 6°/o remplacèrent les actions de la société.


qui
La société en retira un bénéfice de 26.482.000 fr. En
1888 la commission de contrôle constata que la société
d'Oppenheim administrait d'une manière insuffisante et elle
séquestra les lignes. Une convention votée par le Parlement
en 1899 a fait p>asser ces lignes sous l'administration du
directorat des Chemins de fer de l'Etat, en échange d'une
somme de 3.865.000 fr. par an, que l'Etat s'oblige à payer
à la société jusqu'à la fin de la concession.
Depuis, toutes les lignes construites ont été exécutées
par l'Etat.
Il y a actuellement en exploitation une longueur de
3.180 kilomètres appartenant à l'Etat et 100 kilomètres de
lignes d'intérêt particulier.
Les Chemins de fer disposent de 338 stations, 537
locomotives, 1.019 vagons de voyageurs, 106 de postes et
12.281 à marchandises. Le personnel employé dans cette
vaste administration est de 21.000 personnes, fonctionnaires
techniques, administratifs, et ouvriers, auxquels on alloue
annuellement plus de 23.000.000 de fr. Les lignes de l'Etat
représentent un capital nominal de 888.500.000 fr.
Le réseau des chemins de fer roumains est aujourd'hui
de 3.179 kilomètres, donnant un revenu brut de 55.634.509
fr. Comme les frais d'exploitation s'élèvent à 34.485.894 fr.,

l'excédent d'exploitation est de 21 .168.615 fr., ce qui, pour


un revenu brut de 17.624 fr. par kilomètre, donne un ex-
cédent de 6.697 fr. par km.
La statistique du trafic nous fournit les chiffres sui-
vants pour 1905/1906:

Voyageurs: 1" cre classe 235.422


2- e „ 940.334
3- e „ 5.415.068

Total . . . 6.590.824
^512

À la
gare du Nord le nombre des voyageurs a été de
699.621, dont 14.622 voyageant directement et 38.928 mi-
litaires. A la gare de Filaret, il a été de 54.646, dont 2.524
voyageant directement et 2.197 militaires. A la gare de
Dealu-Spirei il a été de 4.221, dont 301 militaires.
C'est donc un mouvement annuel de 742.770 voya-
geurs pour les nous donne un
gares de Bucarest, ce qui
peu moins de 62.000 par mois et à peu près 2.060 par jour.
C'est à la gare du Nord que sont réunis tous les ser
vices des chemins de fer de l'Etat Roumain:

1. Secrétariat général et comptabilité générale.


2. Contentieux.
3. Service médical.
4. Economat.
5. Exploitation.
6. Service commercial.
7. Ateliers et traction.
8. Entretien.
9. Travaux neufs.
10. Service des ponts.
11. Exploitation des docks et entrepôts de Galats et de Braïla.

La gare du Nord, située au bout de l'ancienne calea


Târgoviçte, véritable route nationale jusqu'en 1873, donne
à cette voie, devenue la calea une grande ani-
Grivitsa,
mation. C'est de là que partent aujourd'hui tous les voya-
geurs de Bucarest pour Piteshti-Craïova-Verciorova, pour
Ploeshti-Sinaïa-Prédéal, pour Calarashi-Constantsa, pour Bu-
zeu-Braïla-Galatsi, pour Focshani-Bêrlad-Iassy, pour Foc-
shani-Bacau-Roman-Burdoujéni, et même pour Giurgévo-
Sophia, car la gare de Filaret est reliée aujourd'hui à la gare
du Nord Cotrocéni et Dealu-Spirei.
et dessert
C'est également à la gare du Nord que se trouvent
l'école pour la préparation du service d'exploitation; l'école

frœbélienne, le magasin coopératif de consommation pour

les employés et les agents des chemins de fer, l'imprime-


rie, les moteurs pour l'éclairage électrique de la gare ainsi

que le chargement des accumulateurs employés dans les


513

trains, ainsi que pour l'éclairage des wagons et les ateliers de


construction et de réparation.
Ces ateliers, dont un partie vient d'être installée dans
des bâtiments neufs construits en dehors de la gare vers
Bucuresti-Xoui, occupent 11700 ouvries (parmi lesquels
641 étrangers) dont les salaires s'élèvent à 6.705.000 fr.

Voici la liste des directeurs généraux des chemins


de fer de l'Etat roumain depuis 1883

M. G. C. Cantacuzène, directeur général de 1883 à 1888;


M. E. Miclesco, sous-directeur.
M. G. Douca, directeur général de 1888 à 1895; M. E. Mic-
lesco, sous-directeur.
M. A. Saligny, directeur général de 1895 à 1899; M. E. Mic-
lesco, sous- directeur.
M. E. Miclesco, directeur général depuis 1899; M. Romni-
céano, sous- directeur.

En 1905, le personnel supérieur des chemins de fer


est ainsi composé:
M. Th. Dragou, chef des ateliers et de la traction.
„ E. Balaban, chef du service commercial.
„ Al. Maresh, chef de l'exploitation.
„ Se. Ottolesco, chef du service des travaux neufs.
„ H. Marin, chef de Véconomat.
„ O. Catargi, chef du secrétariat et du personnel.
„ N. Brézéano, chef du contentieux.
„ P. Zahariady, chef du service D.
„ St. Ionesco, chef de la comptabilité.

Près le directorat des Chemins de fer rou-


général
mains fonctionnent les docks de Braïla et de Galats,
vastes établissements pourvus de silos, pour l'emmagasi-

) Les chemins de fer de Roumanie n'ont été rachetés par


l

l'Etat qu'en 1883. Avant cette époque, c'est-à-dire de 1876 à 1883,


il y avait des directeurs royaux: MM. Gerber, Manéga et Guil-
laume, de 1876 à 77; MM. Charlier, Oftermann et Bolenius en 1878 ;

MM. Seebold et Manéga en 1879; MM. St. Falcoyano et Eug. Sta-


tesco, avec M. C. Olânesco, comme sous-directeur, en 1880; MM. St.
Falcoyano, E. Statesco et J. Kalindéro, en 1881 et 1882, également
avec M. C. Olânesco comme sous-directeur.

66! 3
514

nement et la manipulation des céréales déstinées à l'ex-


portation, ainsi que des magasins pour l'entrepôt des mar-
chandises d'importation.
Une autre série de docks se trouvent en voie de
construction, dans nouveau port de Constantsa, où fonc-
le

tionnent déjà de grands réservoirs à pétrole, toujours


déstinés à l'exportation et dont on est déjà obligé d'aug-
menter nombre, par suite de la grande extension prise
le

par l'industrie du pétrole.


Les docks de Galats et Braïla disposent, dans leurs
magasins à silos, d'une capacité de 25.000 tonnes chacun;
ils sont desservis par des élévateurs mobiles, se mouvant
le long du quai et à l'aide desquels on charge les céréales
dans les bateaux et les chalands dans les silos. Les ma-
gasins d'entrepôt pour les marchandises ont des grues fixes
et à vapeur.
A Galats il y a encore deux docks flottants pour
radouber les bateaux, d'une force de 2.400 tonnes. La
construction et l'installation des docks de Galats et de
Braïla ont coûté 23.000.000 francs.
Bucarest dans son rayon comprend trois gares et
une halte:
La gare du Nord est le point de départ de toutes les
lignes du pays, et elle est reliée aux trois autres stations c'est ;

a la gare principale que se trouvent également l'administration


centrale et les ateliers; la construction est vieille et incom-
mode; elle ne répond plus aux nécessités actuelles, malgré
les ailes qu'on y a ajoutées. Chaque année on y fait des

travaux d'agrandissements et un jour viendra où l'on sera


bien forc é de construire la gare centrale, dont les plans
sont dressés et l'emplacement réservé — on a même effec-
tué les expropriations nécessaires — mais que des considé-
rations de dépenses ont empêché jusqu'à présent de réa-
liser, ce qui qu'une grande partie des services occupe
lait

des maisons particulières où la distribution est incommode


et dont les loyers sont fort ehers.
515

A cette gare partent et arrivent quotidiennement 52


trains de voyageurs, deux toutefois — l'Orient-express
ne circule que deux fois par semaine.
La gare de Filaret, la première gare qui fut construite
en Roumanie et qui ne dessert que la ligne Bucarest-
GiurgiiL est reliée à la gare du Nord et les trains de voya-
geurs suivent la ligne de raccordement.
La gare de l'Obor vient à peine detre achevée; elle est
située à l'extrémité de la calea Moshilor et répond aux be-
du commerce très actif qui s'exerce sur ce point, en
soins
même temps qu'elle doit être le point de départ de la
ligne déjà décidée: Bucarest-Oltenitsa.
La halte de Cotrocéni est située en face du palais de
Cotrocéni, sur la ligne de raccordement qui joint la gare
du Nord à la gare de Filaret et ne sert plutôt qu'à la fa-
mille royale.
En 1906 il y a eu un trafic de 653.403 passagers.
Le budget des Chemins de fer prévoyait pour l'exer-
cice financier 1906—1907:
Dépenses Revenus
Eploitation des Chemins de fer 37.585.316,75 58.688.931
„ de l'usine pour le créosotnge
des traverses 615.937,25 —
Exploitation des docks 870.7»8 1.470.000

Excédent .... 21.086.889


Déduction de 1 °/b pour le fonds de réserves . . 586.889
20.500.000
Déduction du crédit pour la continuation des tra-
vaux de la ligne Galats-Berlad 1.000.000
Revenu net peur le Trésor 19.500.000

Ces prévisions budgétaires ont


été de beaucoup sur-
passées par les encaissements, ainsi qu'il en a été pour la
plupart des revenus de l'Etat et d'une manière continue
et progressive durant ces derniers exercices financiers, ce
qui tendrait à prouver une plus grande consommation de
la part des masses, ainsi qu'une participation plus active
516

de sa part à la vie sociale, d'où excédents de revenus et


revendications sociales.
Le Service Maritime. — Il faut encore mentionner,
parmi les importants moyens de communication apparte-
nant à l'Etat roumain, le Service Maritime roumain, qui
dispose aujourd'hui de 9 grands bateaux d'une force de
30.000 chevaux-vapeur, dont 5 bateaux de marchandises,
4 de voyageurs et marchandises et deux autres bateaux
servent de bâtiments de servi-
tude. Le coût des bateaux de
ce service s'élève à 16.000.000
de francs.
La ligne orientale Constantsa-
Constantinople a transporté en
1905-1906, 32.000 personnes et
20.000 tonnes de marchandises;
la ligne occidentale, Braïla-Rot-
terdam, destinée exclusivement
au transport des marchandises,
a transporté, la même année,
dans les deux directions, une
quantité de 153.000 tonnes.
Le Service Maritime rou-
main est dans une co-
installé
quette maison de style roumain,
située rue Sculpturei.
M. Coanda loan.
Ce service a été créé en
Directeui du Service Maritime
1895 et il était alors rattaché au
directorat général de la Kégie des monopoles de l'Etat.

La loi du 3 mai 1896 le fît passer sous l'administration


du directorat général des Chemins de fer de l'Etat. M.
( )ottescou fut alors nommé directeur général du Service Ma-
ritime, etM. le capitaine de frégate Coanda sous-direc-
teur.Ce dernier fut nommé directeur général en I897.
En \906, le Service Maritime cessa de dépendre du
au directorat général des Chemins de fer et fut rat- il
5!7

taché au ministère des Travaux publics dont il constitue


une direction absolument indépendante sous le contrôle
direct du ministre.
En 10 ans, le Service Maritime roumain a pris un
grand développement.
Il dessert régulièrement, une fois par semaine,
Smyrne, avec escale à Mitylène, et Alexandrie (Egypte)
et, une fois par semaine, Le Pirée (depuis le conflit avec

la Grèce, ce service a été suspendu). Deux fois par se-


maine, ses vapeurs
font le service entre
le port de Constantsa
et Constantinople.
En dehors de ces
lignes, le Service Mari-
time roumain possède
encore une autre ligne,
dite Ligne Occiden-
tale, qui dessert les

ports du Danube et
ceux de Constantsa,
Liverpool, Rotterdam,
etc.

Le trafic des voyageurs, insignifiant au début, est au-


jourd'hui de 15.000 par an, et la quantité annuelle de mar-
chandises transportées s'élève à 13.800 tonnes.
Les vapeurs express de la ligne Constantsa-Con-
stantinople-Smyrne- Alexandrie, — qui est en relation avec
TOrient-express sont: le Principesa Maria, le Regele
Carol, le Roumania, le IJacia et le Imperatorul Traian.
Tous ces bâtiments sont très luxueusement aménagés
et présentent tout le confort moderne. Ils sont éclairés à
la lumière électrique et pourvus d'appareils de télégraphie
sans fil.

De Bucarest à Constantsa le trajet, par le pont sur


le Danube, est de 6 heures; de Constantsa à Constanti-
5Î8

nople bateaux du Service Maritime roumain ne met-


les

tent que 12 heures. Comme les voyageurs de Londres, de


Paris, de Berlin et de Viene sont conduits à Constantsa
directement jusqu'au port où ils s'embarquent aussitôt, la
ligne roumaine est la plus rapide, la plus confortable et,
en même temps la moins coûteuse pour les voyageurs
occidentaux qui veu-
lent aller à Constanti-
nople ou en Egypte.
Les cargoboats
de la ligne occiden-
tale sont le Bucu-
resti, leDobrogea, le
lassi, le Constantsa
et le TurnuSeverin.
Sur le Danube,
Le Dobrogea. l'Etat entretient, poul-

ies courses des personnes et le transports des marchan-


dises,un servicespécial de navigation fluviale, comptant
23 bateaux, d'une force de 9.000 chevaux-vapeur.
L'École des Ponts et Chaussées. Cette école est —
située dans la calea Grivitza, un peu
avant d'arriver à la gare du Nord, au
coin de la rue Polyso, à main droite,
où se trouve l'Ecole des Arts et Mé-
tiers, dans le même style
construite
mais de proportions plus vastes. Ce sont
des constructions récentes, en briques
apparentes, avec ornements en ma-
jolique, d'un style sobre et sévère.
L'école comprend deux années de
coin s préparatoires, où l'on n'est admis
que par concours et où Ton ne reçoit
qu'un nombre déterminé d'élèves.
Les cours proprement dits durent M Mironesco c. Nicoiae.-

quatre ans t vous confèrent le même titre que les écoles


<
i
519

similaires de l'étranger. Du reste, le programme est le même


et les études très sérieuses. Chaque année, pendant 4 mois, les
élèves font de îa pratique sur le terrain. l'Etat entretient 69
boursiers qui, à leur sortie de l'école, servent dans l'adminis-
tration, en qualité d'ingénieurs, pendant un temps équiva-
lent et ilsremboursent à l'Etat les frais de leur entretien à
l'école. En dehors des boursiers, il y a également un cer-
tain nombre d'élèves externes; tous ces élèves reçoivent
une instruction militaire et passent à leur sortie, comme
sous-lieutenant du génie, dans les cadres de la réserve.
Le directeur actuel de l'école est M. l'ingénieur C.
Mironesco qui la dirige depuis 1902 et y professe en
même temps un cours.
Le Ministère des Cultes et de l'Instruction pu-
blique et ses annexes. Le — local actuel du ministère
est de construction récente, il a été
bâti en 1891 d'après les plans de
l'achitecte E. Blanc, dans le style
roumain et a coûté 500.000 fr. La
façade et l'entrée sont sur la rue
des Diaconesses. Bien que le bâti-

ment soit grand, une partie des ser-


vices pu y trouver place et
n'a
occupe des maisons particulières,
louées, à cet effet, par le ministère.
Les principaux services sont
ceux: de l'enseignement primaire
et normal primaire, public et privé;
de l'enseignement profesionnel et
normal profesionnel public et privé ;
m. Mkhaii viâdesco.

de l'enseignement secondaire public


et privé, des séminaires, de l'enseignement supérieur et des
institutions de culture. En dehors de ses écoles et institutions
de culture, le ministère subventionne la caisse des écoles
(784.000 fr.). la caisse des arts (1.140.000 fr.), la caisse -des
églises (5.500.00U fr.), l'école supérieure des sciences d'Etat
520

(10.000 l'Académie roumaine (65.000 fr.), les écoles et in-


fr.),

stitutions de culture particulières (36.000 fr.) les églises et ;

séminaires roumains à l'étranger (780.000 fr.) l'institution ;

des sœurs de charité (200.000 fr.).

Le budget du ministère pour l'année 1906 est de


27.771.108 fr.

Le corps profesoral compte 12.180 professeurs, insti-

tuteurs et maîtres; Bucarest possède 84 instituteurs, 161


institutrices et 116 professeurs.
Les écoles primaires sont au nombre de 31 pour
garçons. 28 pour filles, 8 mixtes et 2 rurales.
Le local des écoles primaires et leur entretien re-
garde la commune, qui prévoit an-
nuellement dans son budget une
somme de 112.390 fr. à cet effet.

Elle sont fréquentées par 22. 1 98


élèves, qui se repartissent ainsi:
9.139 garçons et 7.676 filles de na-

tionalité roumaine, 2.857 garçons et


2.523 filles de nationalité étrangère.
L'enseignement privé compte 23
écoles primaires de garçons, 23 de
filles et 2 écoles mixtes, ayant toutes
ensemble 3.709 élèves.
Il y a entre 12 écoles-jar-
dins — système frœbélien — avec
M. C. Dissesco. 405 enfants et deux asiles congré-
ganistes avec 35 enfants.
Les écoles secondaires comptent, pour les garçons:
4 lycées, 2 gymnases, 2 séminaires, 2 écoles de commerce,
1 école d'arts et métiers, fréquentées par 4.172 élèves; il

faut y ajouter l'école pour l'éducation du peuple roumain


qui a 164 élèves.
Pour les filles: 4 écoles professionnelles, 3 secon-
daires, 1 normale et 2 de ménage avec I.793 élèves.
521

L'enseignement supérieur est donné à 2.774 étudiants


et 341 étudiantes roumains, 310 étudiants étrangers.

Il y a 28 écoles secondaires privées, 4 écoles mili-


taires, une école des ponts et chaussées, avec 69 élèves et
un conservatoire de musique et déclamation fréquenté par
978 filles dont 633 roumains et 137 étrangers.
L'enseignement est à peu près gratuit, les taxes étant
très minimes et les dispenses s'accordant très aisément, le
principe constitutionnel est la gratuité de l'enseignement.
Une statistique intéressante fait ressortir la propor-
tion des élèves en rapport avec la profession des parents:
Profession des parents Garçons Filles

Fonctionnaires . . . . 4.079 1.687


Commerçants . . . . 2.937 820
4.603 387
Ecclésiastiques . . . 1.781 329
Propriétaires . . . . 96I 272
Militaires ... . . 329 139
Industriels .... . . 277 79
Ouvriers .... . . 1.013 319
Orphelins .... . . 1.088 841
En dehors de l'enseignement public dirigé par l'état

etque les exigences du budget


empêchent de prendre le déve- BT
loppement nécessaire, aussi rapi-
dement que l'intérêt général le
réclame, l'initiative privée, par
ses nombreuses institutions de
culture, sous le contrôle de l'Etat,
s'efforce de répondre aux besoins
de l'instruction et les fondations de
culture intellectuelle instituées par
de généreux donateurs viennent
offrir gratuitement à la jeunesse
studieuse les moyens de s'in-
struire. La plus belle de toutes
ces fondations est sans con-
tredit la fondation „Carol I" dont S. M. le roi de Rou-
522

manie, pour commémorer en 1891 ses 25 années de règne,


fit don à l'Etat. Le but de cette institution est de créer et
entretenir une bibliothèque avec ses salles de lecture, à
l'usage des étudiants de toutes les Facultés du pays; de
venir en aide aux étudiants qui veulent imprimer des
ouvrages spéciaux et des thèses de licence d'accorder des ;

subventions aux étudiants pauvres et méritants. Sa Ma-

Le ministère des Cultes et de l'Instruction publique.

jesté le Roi a '.''doté son institution d'un capital de 200.000


IV., et de nombreuses donations particulières ont par la
suite augmenté ce capital et assuré le plus bel avenir à
cette noble institution. Aujourd'hui elle possède un avoir
propre de 799.913 IV. et un revenu de 51.100 que ses dé-
penses absorbent. Elle compte 15.240 volumes, et 66.679
lecteurs l'ont fréquentée en L906.
Notons encore la bibliothèque scolaire [. Y. Socec,
523

fondée en 1906 par les fils Socec, à l'occasion des letes du


mémoire de leur père V. Socec, un des prin-
jubilé et en
cipaux commerçants de son époque et dont les fils Jean
et Emile continuent aujourd'hui de diriger la très impor-
tante maison de librairie et d'arts graphiques. Cette bi-
bliothèque est installée rue Biserica Enei.
Bien que l'instruction ait fait de notables progrès,

Les petits „Dorobantsi"

le nombre de ceux qui savent lire et écrire est très res-


treint; la Roumanie sous ce rapport occupe un rang très
inférieur à celui des autres nations de l'Europe et la cause
principale vient du petit nombre d'enfants, garçons et
filles, qui fréquentent l'école, surtout dans les campagnes.
En 1901 — 1902 le nombre des enfants en âge d'aller à
l'école était de 728.093 dont 389.777 garçons et 338.316
filles. Sur ce nombre n'ont suivi l'école que 162.229 gar-
çons soit 417.» et 34.232 filles soit 10%», aussi au recen-
sement de la population en 1896 trouva-t-on 82.67%) qui
ne savaient ni lire ni écrire. En 1897 seulement 32.4%» des
hommes qui se marièrent savaient signer et 6.4% des lem-
mes. Aux recensements de 1900—1904 on obtint une mo-
yenne de 31 % qui savaient lire et écrire. Les principales
raisons de ce peu d'élèves sont dues au manque d'écoles
rurales et de locaux, ce qui met les enfants dans la néces-
sité de parcourir surtout l'hiver plusieurs kilomètres de
leur hameau jusqu'à l'école, et l'insouciance des parents
qui ne sont pas encore à même de comprendre les bien-
faits et les avantages de l'instruction.
L'enseignement primaire est cependant, conformément

L'école centrale dicoana.

à la loidu 23 mars 1893, obligatoire pour les enfants de


7 à 14 ans. Les parents sont libres d'envoyer leurs en-
fants dans des institutions particulières, mais dans ce cas,
selon la loi de 1896, ces enfants sont obligés, à la fin de
l'année, de passer un examen devant une commission de
professeurs désignée par le ministère. La durée des études
dans les écoles primaires ayant des cours complets est de
4 ans, dans les autres elle est de 5 années. En général
chaque école compte un instituteur jusqu'à un nombre de
80, 2 pour 80—140, 23 pour 140— 200 et 4 pour 200 260.
La loi prévoit en outre la création d'ateliers pour
renseignement des travaux manuels.
Les villes et les communes rurales ont la faculté de
créer des écoles d'adultes à leurs Irais.
525

D'après la Constitution, l'enseignement primaire est


obligatoire et gratuit.
L'enseignement secondaire et supérieur comprend les
lycées et les gymnases pour les garçons et pour les filles,

les écoles secondaires de 1-er et de 2-e degré; enfin les


Universités et les instituts qui leur sont attachés et que
peuvent fréquenter étudiants et étudiantes. Les lycées ont
8 classes, les gymnases 4, correspondant aux 4 premières
classes des lycées. Dans les écoles secondaires du 1-er de-
gr laé durée des cours est de 5 années, dans celles du 2-e
degré de 4 années.
Les diplômes de fin d'études de. ces écoles sont équi-
valents aux diplômes des lycées. Quant au baccalauréat, il
a été supprimé en 1898.
Il est intéressant de jeter un coup d'œil rétrospectif
sur le développement de l'enseignement à Bucarest, afin
de mieux saisir les progrès réalisés dans cette direction
et de se rendre compte que si l'état actuel n'est pas encore

satisfaisant, l'amélioration est cependant prodigieuse et l'on


peut envisager l'avenir avec confiance.
Déjà au 16-e siècle on peut dire qu'il y avait des
écoles en Roumanie, bien que ce ne fussent pas des écoles
régulières, mais bien plutôt des enseignements donnés
dans les cloîtres et les églises par les prêtres, qui appre-
naient aux enfants à lire et à écrire, tout juste ce qu'il
fallait pour comprendre et servir la messe. Ces maîtres
primitifs — dascali — enseignaient la langue religieuse slave.
La première école régulière de Bucarest fut une
école grecque, créée au XVII-e siècle par le prince Sher-
ban Cantacuzène. Cette école é'tait rattachée un monastère
Sf. Sava (situé près de Coltsa, là où sont aujourd'hui les

jardins des boulevard de l'Académie). Le prince C. Ma-


vrocordato évacuer le monastère par les moines, qui du-
fit

rent se retirer au monastère de Vacareshti. Il y avait une


autre école slavone rattachée à l'église de Sf. Ghtorghe on ;

y enseignait les lettres et la philosophie.


526

Au XVIII-e siècle, deux autres écoles se fondèrent:


l'une près de l'église Udricani, et l'autre près de l'église
Coltsea, on y enseignait le slavon et la roumain.
Au début du XlX-e siècle les écoles commencent à
jouer un rôle plus important. Les princes phanariotes avaient
appelé à Bucarest d'illustres professeurs: Lambru, Comita,
Vardalah, Neofît, qui enseignaient surtout la grammaire et
la philosophie aux fils des boyards. Bucarest devint alors
un centre de culture grecque.
Le professeur Chiosca, à Udricani, dans la cour de
1église, apprenait le roumain à ses élèves. Lorsqu'il pleu-
vait, toute la classe se réfugiaitsous la porche de l'église,
dans le clocher dans la chambre du sacristain. C'est
ou
là qu'apprirent le roumain: le logophète St. Grécéano, les
Vacaresco, Anton Pan, P. Nanesco, N. Alexandresco, E.
Potéca, Paris Momuléano, I. Héliade, Marin Serghiesco, etc.
Ces écoles primitives étaient en quelque sorte des
petits séminaires. Il en sortait des prêtres et des chantres.
La véritable école fut celle de Sf. Sava, créée en
1817 par Gheorghe Lazar, Roumain de Transylvanie, qui
apporta à Bucarest un enseignement nouveau, un esprit
nouveau, cet amour de la patrie roumaine qui enflammait
les cœurs de nos frères de Transylvanie et qu'il infusa
aux jeunes générations de ce côté des Carpathes. G. La-
zar fut surtout un grand professeur de nationalisme et à
ce titre il a eu une influence prépondérante dans la re-
naissance de la Roumanie.
Il eut pour successeur comme directeur du collège
Sf. Sava, I. Héliade-Radulesco, qui continua son enseigne-

ment. Mais le collège fut fermé en 1828, quand les Russes


occupaient la ville, et transformé partie en hôpital et partie
en caserne.
En 1830, ouverte dans le [an Serban-
Line école est I

Voda. Le français Vaillant en ouvre un autre près de l'é-


glise Stavropoleos, et sa femme M-me Vaillant ouvre un
pensionnat de jeune filles; il y avait encore un pensionnat
527

de demoiselles, tenu par M-lles Combes et de Bonnay; ce


fut le commencement de l'influence française.
En Sherban-Voda est transférée dans
1831, l'école de
les vieux bâtiment de Sf. Sava que la curatelle des écoles,
composée de Al. Filipesco, Vitzu, Balacéano et Barbou
Styrbey, ont fait réparer.
En 1832, un internat est créé à Sf. Sava, qui eut bientôt
1300 élèves, dont 300 suivaient les cours de l'école cen-
trale ou les humanités.
En 1847, le prince D. Bibesco réorganisa les écoles
et créa un pensionnat pour les filles.

Cette mesure mit hors l'école une quantité de jeunes


gens, issus de la petite bourgeoisie et du commerce. Ce
sont ces éléments jeunes, enthousiastes, qui avaient vu

L'école de commerce.

s'ouvrir devant eux l'avenir et le voyaient tout à coup se


fermer, qui deviennent les agents les plus actifs de l'opposi-
tion et on les retrouve en téte des manifestants de 1848, et
des protestataires qui se rendirent au camp turc à Cotro-
céni, où ils furent arrêtés et beaucoup d'entre eux exilés.
Le prince D. Bibeseo fondait en même temps un
collège français pour remplacer le collège Sf. Sava.
La révolution coupa court à ses projets. Sf. Sava fut
fermé etne rouvrit qu'en 1850. On l'installa dans une
vieille maison dont le métropolite Néophyte avait fait don
à l'Etat et qui était situé près de l'église Maguréanu, à
peu près où est aujourd'hui la maison de M. Barbu Pal-
tinéano (Calea Victoriei).
Le prince Couza en 1864, ayant pour ministre D.
Bolintinéano fonda l'Université.
Déjà à Sava, il existait un cours de droit professé
St.
en 1832 par grand Culcer Nestor, puis successivement
le

furent créés des cours: de droit romain professé par C.


Moroïu, de droit civil roumain par Ch. Phérékyde, de
droit commercial par Al. Racovitsa, enfin de droit judi-
ciaire par C. Braïloïu.
En 1857, le droit roumain étaitenseigné par C. Bo-
ziano, le droit commercial par V. Boéresco, la géométrie
descriptive et la mécanique par Em. Constantinesco, l'ar-
chitecture par Al. Oresco, les mathématiques par G. Ioranu.
En 1864, l'Université fut organisée et bientôt produisit
ses premiers licenciés. Le premier licencié en droit date
de 1868: ce fut M. St. Simionesco, le second Gr. Paucesco,
le 3-e Em. Protopopesco Pache.
Le trois premiers licenciés ès-lettres furent MM. Dém.
A. Laurian, C. Léonardesco et M. Strojan.
Les tros premiers licenciés ès-sciences furent Chr.
Popescu. G. A. Demetrescu et Floru Dianu.
En 1869, N. Turnesco est nommé doyen de la Faculté
de médecine et la réorganise, il confie des chaires à MM.
G. Athanasovici, M. Severin et J. Félix.
Le 14 décembre 1869, l'Université fut inaugurée avec
les 4 Facultés; aujourd'hui elle compte en plus la Faculté
de théologie et les écoles assimilées de pharmacie et de
médicine vétérinaire.
Parmi les premiers professeurs de l'Université de
529

Bucarest, nous citerons, car il faut conserver les noms de


ces premiers pionniers de l'enseignement supérieur:
Aux lettres et à la philosophie: P. Cernâtesco, Aron
Florian, A. Tr. Laurian, I. Maïoresco, N. de Marsillac, C.
Râcéano, J. Zalomit.
Aux sciences: Ilie Anghelesco, Em. Bacaloglu, C.
Exarco, J. Falcoyano, C. Pangrati.
À la médecine: St. Capsha, C. Davila, A. Macesco,

La Faculté de Médecine

Al. Marcovici,G. Obédénaro, G. Polyso, P. Protici, D.


Sergiu, N. Turnesco, V. J. Vladesco, St. Véléano.
En 1875, furent accordés les premiers diplômes de
docteur en médecine à MM. C. Buholtzer, Gr. Schmidt et
J. Stavroff.
La Faculté de théologie ne fut créée qu'en 1884.
Notons encore le noms des recteurs qui se sont suc-
cédé: C. Costaforo, V. Boéresco, J. Zalomit, Al. Oresco,
T. Maïoresco, Gr. Stéfanesco et C. Démètresco-Iassy.

r>r, t :î 34
530

En 1862, la Faculté de droit comptait 5 professeurs


et 37 étudiants; voici un aperçu de la progression du
nombre des étudiants aux diverses Facultés:
1864-1865
(fondation) 1874-1875 1884-1885 1894-1895
Droit . . . . . .
90 41 76 519
Lettres . . . . , 21 12 27 264
Sciences . . . 12 10 57 240
Médecine . .
. n'existe pas 108 349 337
Théologie . 41 84
Pharmacie
École vétérinaire „

Le corps professoral se recrute par voie de concours


parmi les anciens élèves des 6 écoles normales du pays
dont quatre pour garçons et 2 pour filles, en même temps
que parmi les docteurs ou licenciés de Faculté.
L'école normale de la „Société pour l'enseignement du
peuple roumain", bien que d'initiative privée, est sous la

surveillance de l'Etat; elle applique le même programme et,

à leur sortie de l'école, ses élèves ont les mêmes droits


que ceux des écoles normales de l'Etat. C'est depuis 1893
que le système du concours a été mis en pratique d'une
façon légale.
En Roumanie, à cause de la gratuité de l'enseigne-
ment, les écoles particulières ont pris peu de développement ;

ce sont plutôt les écoles et pensionnats de jeunes filles

qui attirent les élèves par suite de l'éducation plus suivie


et plus familiale qu'elles y peuvent recevoir. Sous ce
rapport les institutions religieuses comptent le plus grand
nombre d'élèves.
A côté des écoles de travaux manuels supérieures
et inférieures pour garçons et pour filles, il faut ajouter
les 2 écoles de ménage de Bucarest, qui forment des do-
mestiques, bonnes, cuisinières, blanchisseuses, etc.
Les écoles sont sous le contrôle d'inspecteurs et de
reviseurs scolaires.
La surveillance et la discipline de chaque Faculté sont

53i

exercées par leur doyen, élu pour deux ans, et l'Univer-


sité est sous la surveillance du sénat universitaire, com-
posée du recteur — nommé par le ministre et confirmée
par le roi, d'après une liste de trois professeurs universi-
taires, — des doyens des Faculté délégué
et d'un membre
par chacune elle.
Les cours des diverses Facultés durent pour les sciences
8 ans, pour le droit 3 ans, pour les lettres 4 ans, pour la
théologie 4 ans et pour la médecine 5 ans. Les facultés
de droit et de théologie ne produisent que des licenciés;
il est question toutefois de créer de chaires de doctorat.
Les Facultés des sciences et des lettres peuvent produire
des licenciés et des docteurs, et la Faculté de médecine des
docteurs.
Comme annexes des Facultés il faut compter:
L'internat de la Faculté de théologie, àqui est dû
l'initiative privée, et le séminaire pédagogique universitaire,
ainsique l'institution de pathologie et bactriologie com-
prenant 4 sections: pathologique, bactériologique, chimique
et de vaccination. C'est là que nos plus illustres bactério-
logues poursuivent leurs recherches savantes, et l'institut
produit et fournit en temps d'épidémie le sérums néces-
saires.
Ajoutons les nombreux instituts et laboratoires tels
que: le laboratoire de physique molléculaire (acoustique et
optique), le physique (pesanteur, chaleur
laboratoire de
et électricité). chimie organique et anor-
L'institution de
ganique, comprenant 4 sections: —
L'institution de physio-
logie (vétérinaire). — Le laboratoire de morphologie vété-
rinaire. —
Le laboratoire de paléontologie, inauguré cette
année. —
Le laboratoire de minéralogie et pétrographie.
Le laboratoire de géologie. —
L'institut botanique et le
jardin botanique, magnifique jardin, forment le côté gauche
de la chaussée menant au palais de Cotrocéni, dont le —
côté droit est formé par le parc du château. Les labora- —
toires de chimie médicale de zoologie, de pharmacologie et
thérapeutique, de physiologie, d'histologie et embryologie,
de médecine expérimentale, de dermatologie et syphiliopa-
thie,de chirurgie (médecine opératoire), de pathologie chi-
rurgicale, de bandages et fractures, d'hygiène, d'analyses
chimiques (pour pharmacie). —
L'Institut d'anatomie topo-
graphique et chirurgicale et des travaux pratiques d'ana-
tomie. Quant aux dix cliniques de la Faculté de médecine,
nous les avons indiquées à propos des hôpitaux.
*
* *

L'école supérieure de médecine vétérinaire fut fondée


en 1861 et réorganisée comme école supérieure en 1864,
mais l'enseignement n'était guère que théorique, vu que
l'installation nécessaire pour la pratique manquait totale-
ment et, ce ne fut qu'en 1898 que, dotée des laboratoires
et cliniques nécessaires — il ya 7 laboratoires et 3 cliniques —
l'organisation devint complète et l'école put donner tous ses
fruits; lescours durent 5 ans. C'est l'institut vaccinogène.
attaché à l'école, qui fournit le vaccin nécessaire à l'armée.

* *

La Caisse des écoles fut fondée en 1896 dans le but


de constituer un fonds qui servit à la construction d'écoles,
à la constitution de bibliothèques scolaires et de cantines
scolaires, à l'approvisionement de matériel scolaire, etc.

Au début, le fonds destiné fut de 30.000.000 fr. mais les


difficultés financières de l'année 1899 amoindrirent ce ca-
pital qui, actuellement, s'alimente surtout des dons, amendes
et autres revenus. Pour 1906 le budget de la caisse des
écoles prévoyait 6.111.166 fr. aux revenus et 6.085.9 15
fr. aux dépenses.
L'Asile Elena Doamna, fut fondé par le princesse
1 lélène Couza.
En 1861, le général Davila et sa femme avaient
réuni une quarantaine de petits orphelins et les élevaient
dans leur propriété de Cotrocéni.
533

Cet asile avait une subvention de 1 ducat par enfant


allouée par le gouvernement.
En 1862, il y eut 100 élèves.
L'asile a subi diverses transformations.
Il forme aujourd'hui deux grands sections: une école
primaire avec 6 classes, une école professionnelle, un
atelier pour le travail et une section pour le ménage.
Cette section est placée sous la direction de M-lle Hélène
Grant.
Le 2-è section est une école normale placée sous la

direction de M-lle Marguerite Miller (Verden).


La société de Culture „Macédo-roumaine", dont le

L'institut de bactériologie.

siège est à Bucarest, dans le local qu'elle s'est fait construire


en 1904, rue Rahovei. La société compte 750 membres,
occupant tous une situation politique, car l'origine et le
but de cette société, fondée en 1879 au lendemain de la
guerre russo-turque, était le secours matériel et intellectuel
qu'il fallait porter aux Roumains de la péninsule balcanique,
menacés par les autres nationalités, dans leurs aspirations
534

et leurs institutions nationales. La société, reconnue per-


sonne morale, subventionne les écoles et les églises rou-
maines de la péninsule.
L'Académie roumaine a été fondée par le décret prin-
cier du 26 août 1866, sous le nom de „Société académique
roumaine". Elle a été déclarée institution nationale par le
loi du 29 mars 1879 en recevant le nom d'Académie rou-

maine. Conformément à la loi, elle est personne morale

Section bactériologique à i'Expcsition.

indépendante dans tous ses travaux. Suivant le décret


princier de 1866, la Société académique roumaine avait
pour but de: déterminer l'orthographe de la langue rou-
maine, de faire une grammaire, et de commencer le tra-
vail du dictionnaire. Sa mission était très restreinte; aussi
la loi de 1879 lui attribua-t-elle pour but: l'étude de la langue,

de l'histoire de la littérature, des sciences et des beaux


arts nationaux. Grâce à la subvention (le l'Etat, qui est
535

de 30.000 fr. par an, et aux nombreuses donations qui lui

créent un revenu de 857.496


fr., l'Académie, tant pour
remplir sa tâche que pour répondre aux buts des dona-
tions, publie de nombreux concours et décerne plusieurs
prix aux milleurs ouvrages, ce qui a déterminé une heu-
reuse émulation de travail dont le pays récoltera les fruits.
Elle accorde également de nombreuses bourses à l'étranger.
L'avoir de l'Académie monte actuellement à 17.528.342 fr.
qui lui rapportent, avec la subvention de l'Etat, 857.496 fr.
et sur lesquels, elledépense 750.052 fr.
En1906 l'Académie a été fréquentée par 9.393 visi-
teurs, qui ont consulté 33.203 volumes, 1.863 manuscrits,
31.452 documents et 896 volu-
mes anciens. Une loi spéciale
oblige tout éditeur à envoyer à
l'Académie de Bucarest 3 exem-
plaires de chaque ouvrage édité.
l'Académie compte 36 mem-
bres actifs et 30 honorifiques elle ;

a encore 45 membres correspon-


dants roumains et 14 étrangers.
Parmis ses membres hono-
rifiques il faut citer:
S. M. le roi de Roumanie
Charles I, protecteur de „ l'Aca-
démie Roumaine et président 1
'

d'honneur élu en 1878;


S. M. la reine de Roumanie m. Démètre stourdza
président du conseil des ministres.
('lue en 1881 '

M. le roi d'Italie Victor-Emmanuel III, élu en 1890;


S.
A. R. le prince Ferdinand de Roumanie élu en 1890.
S.
Les académiciens forment trois sections: une litté-
raire-philologique, une historique-archéologique et une scien-
tifique. Chaque section comprend 12 membres actifs et peut
avoir membres honorifiques de nationalité roumaine
15
et un nombre illimité de correspondants étrangers. Les
536

membres actifs peuvent seuls prendre part aux travaux


de l'Académie; ces membres élisent président
1 et 3 vice-
présidents, dont le mandat dure année, et un
1 secrétaire
général pour une durée de 7 ans.
Ce fut l'Académie qui fixa l'orthographe de la langue
roumaine et décida qu'elle serait purement phonétique.
Le travail du dictionnaire est malheureusement pénible;
depuis 1884 qu'il a commencé, jusqu'à présent, il n'a encore
produit que trois fascicules, mais l'activité et les bienfaits
de l'Académie se font puissamment sentir et l'on peut ap-
précier cette activité dans la publication annuelle qu'elle
fait paraître sous le titre : les Annales de l'Académie rou-
maine.
Les archives de l'Etat datent de 1830 primitivement, ;

il y avait deux archives, l'une à Bucarest et l'autre à


Iassy; en 1862 elles furent réunies en une seule à Bucarest,
qui comprend trois sections.
Une section historique, une des droits de l'Etat
— plans, contrats, etc. —
une pour la conservation durant
,

trente ans des registres, actes, secaux, etc., des autorités;


une fois ce terme écoulé, on ne conserve que ce qui pré-
sente de l'importance, le reste est détruit.

Le personnel des archives est tenu de connaître la

paléographie roumaine; il se compose d'un directeur et

de 9 employés.
Le musée d'antiquités fut créé en 1864 pour la con-
servation de tout ce qui méritait d'être maintenu du passé
de la Roumanie. Une loi décréta que toute antiquité qui

se trouverait sur le sol roumain appartenait de droit à l'Etat


et que nul ne pourrait entreprendre de fouilles archéolo-
giques sans une approbation préalable de l'Etat. Il faut
toutefois constater que le musée est relativement pauvre,
niais la raison s'en trouve dans le peu de traces qui ont
subsisté du passé et dont le monument d'Adam Clissi est
la principale.
Le musée d'histoire naturelle date de 1836 et fut
537

institué par le prince A. D. Ghica et son frère. Les pre-


mières pièces — ce furent des animaux empaillés, oiseau x<
reptiles, poissons etc. — lui furent envoyées à titre de
présent par le musée de Turin.
D'abord installé au lycée St.-Sava, il fut transféré
vers 1860 dans l'aile droite de l'Université, mais ne pro-
gressa pas jusqu'en 1894, quand on l'installa dans un nou-

Le pavillon turc à l'Exposition.

veau local attacha un personnel spécial à même


et lui

de lui donner développement qu'il comportait; aussi


le

aujourd'hui lui a-t-on construit un local spacieux et amé-


nagé en rapport avec son importance et son but instructif;
le nouveau musée s'élève sur la place de la Victoire, à
l'entrée de la chaussée Kisselef; le public y est admis les
jeudis, dimanches et jours de fête.
L'Ecole des Beaux-Arts. —
l'Ecole des Beaux-Arts
et l'Ecole de musique et déclamation ont été créées en 1864
538

par le ministre N. Kretzulesco et V. AI. Urechia, secré-


taire général.
Le programme pour les deux écoles est organisé sur
le modèle des écoles similiaires de Paris.
l'Ecole des Beaux- Arts comprend, comme celle de
Paris, 3 sections: Architecture, Sculpture, Peinture; mais
comme il existait une école d'ingénieurs, créée sous le
prince Stirbey, pour le moment, il n'y eut que deux sec-

tions: Sculpture et Peinture.


Le 1-er directeur des Beaux-Arts fut M. U. Aman,

Eglise Sf. Eleftérie.

qui était directeur et professeur de dessin et de peinture


pour une classe, et M. G. Tataresco pour l'autre.
H y a eu dès le commencement un cours de per-
spective qui avait été tenu pendant quelque temps par
M. Al. Oresco, et un cours d'anatomie professé par M. le
Dr. Marcovici, élève de l'école des beaux-arts de Paris.
Quelques mois après, M. C. Stancesco, arrivant de
Paris, on créa pour lui en cours d'esthétique et d'histoire
des beaux-arts, qui lui fut confié à la suite d'un concours
tenu devant les professeurs, le 5 nov. 1865.
Pour la section de sculpture on nomma M. Storck,
qui était un artiste très distingué de l'école de Munich et
539

qui avait déjà fait des travaux de sculpture dans le pays,


notamment le colonne de la place Marie — sur
le Boulevard

Marie —
et l'urne du jardin de l'Episcopie, qui sont ses
œuvres. L'urne occupe actuellement la place de l'autel de
l'ancien archevêché.
Le cours d'anat.omie a été tenu, après Marcovici,
par le Dr. Maldaresco, puis par le Dr. I. Polizu — pendant
15 ans — ; il l'est aujourd'hui par le Dr. Gérota.
Le cours de perspective a été tenu après Oresco, par
M. C. Stancesco, puis
par M. Storck et aujour-
d'hui par M. Gr. Stefa-
nesco.
L'école des beaux-
arts a eu comme première
mission former des
de
professeurs de dessin et
de calligraphie pour tou-
tes les chaires du pays.
Au point de vue
purement artistique, c'est
de cette école que sont
sortis tous les jeunes ar-
tistes d'aujourd'hui, pein-

tres et sculpteurs: Miréa,


Georgesco, Hentsiu, Ste-
fanesco, Simonidy, Ver-
mont, Paciuréa, Patrash-
co, etc.
l'Ecole des beaux-arts est restée avec ses deux sections,
peinture et sculpture, jusqu'à la mort de M. T. Aman
(1888), le local — l'Université — ne permettant pas d'a-
jouter la section d'architecture.
Quant aux élèves de l'école on ne recevait que des
jeunes gens et très rarement on donnait des conseils à
des jeunes filles.
540

Ce M. Tataresco qui fut chargé provisoirement


fut
de la direction après la mort d'Aman.
M. D. C. Stancesco fut nommé directeur en 1892.
Sous cette direction l'école fut agrandie par l'achat de la
maison Ghermani (1899) strada Biserica Enei, où l'on a
installé la section d'architecture.
On a augmenté aussi le nombre des professeurs.
Les jeunes filles sont reçues en nombre toujours
croissant. Sous la direction de M. C. Stancesco, on a créé
pour les jeunes filles une section spéciale de cours prati-
ques à l'Athénée.
En 1896 M. Stancesco fut mis à la retraite et M.
Miréa nommé à sa place.
De 1904 à 1906, M. Miréa ayant été obligé d'aller
à Paris pour des travaux, ce fut M. Stancesco qui le
remplaça.
En 1906, l'école de beaux-arts a quitté l'Université
et s'est installée là où était la Monnaie, à la Chaussée.
En 1901 on a séparé la section d'architecture de la
section de peinture et M. Pangrati en reste le directeur.
Cette section occupe toujours le maison Ghermani.

La section des jeunes filles est rue Chimistului.


Au cours de l'année 1906, on a ajouté, à l'arrivée
de M. G. Stérian, le cours d'art décoratif. De même
M. Fritz Stork a été nommé professeur de sculpture poul-
ies arts décoratifs.
L'institut et le jardin botanique datent de 1892; ils

possèdent de très belles collections de du


toute la flore

pays et de l'Europe, ainsi que des plantes des pays chauds:


l'accès des jardins est permis au public tous les jours de
la semaine, mais pour les serres il faut une permission
spéciale. L'organisation de l'institut et du jardin est due
au Dr. I). Brânza.
L'institut géologique est de création récente; il date
de cette année et a pour but l'étude du sol roumain et
de ce qui a trait aux minéraux, ainsi que l'étude particu-
541

lière de la plaine roumaine et de ce qui concerne les


question de culture agraire.
L'institut météorologique a été créé en 1884, mais les
observations météorologiques en Roumanie sont très an-
ciennes. Déjà, au i 7 c. siècle, Dimitri Cantemir, dans un de
ses ouvrages de 1716, fournit plusieurs détails sur le climat
de Roumanie. D'autres auteurs encore tels que Etienne
la
Reicevith, Caracash, le prince Nicolas Soutzo notent plu-
sieurs observations de même nature; mais ce fut en 1836
que commencèrent
d'une façon plus
scientifique les ob-
servations météoro-
logiques au lycée
St. Sava : les résul-
tats en étaient pu-
bliés dans la revue
..le Musée natio-
nal". On fit aussi
dans d'autres par-
ties du pays des
études météorolo-
giques, à Iassy, Ca-
lafat, Soulina où fut La Métropole.
installée en 1859,
dans l'Ile des Serpents, la première station, instituée par
la commission européenne et qui, depuis lors, a fait des
observations non interrompues.
A Bucarest, en 1862, les observations se faisaient à
l'hôpital militaire, puis de 1871—1885 à l'école d'agricul-
ture de Herastrau. L'institut occupe actuellement un local
propre sur la colline de Filaret; il est pourvu de tous les
appareils nécessaires et possède une collection et une bi-
bliothèque assez riche. L'institut est attaché au ministère
(1rs Domaines. Aujourd'hui il
y a en Roumanie 417 sta-
tions. La surveillance des poids et mesures est contrôlée
542

par ce service. Des publications mensuelles et annuelles


font connaître la résultat des observations de l'institut.
Comme sociétés scientifiques il fant compter l'Athénée
roumain, dû à l'initiative et aux efforts de C. Exarco et
destiné à répandre dans les classes moyennes du peuple
par des conférences, les notions et connaissances utiles.
Cette société date de 1865 et a constamment lutté pour
remplir son but: grâce aux souscriptions et à des dona-
tions généreuses, la société put construire son
magnifique
palais,qu'agrémente le jardin de l'Episcopie.
La Société de géographie date de 1875 elle se com- ;

pose de 14 membres, dont le président d'honneur est S.


M. le Roi et sous le patronage de son Altesse Royale le
prince héritier. Cette société compose un dictionnaire géo-
graphique contenant toutes les localités de Roumanie et
des parties de la Bessarabie et de la Bucovine habitées
par des Roumains. Cette société s'occupe également de
tout ce qui a trait à la géographie en général.
La Société des sciences naturelles fut d'abord orga-
nisée en 1893 comme société de physique et chimie ;
plus
tard, en 1897, elle fusionna avec la société des „Amis des
mathématiques*' et elle forme l'actuelle société, comprenant
3 sections: pour les sciences mathématiques, pour la phy-

sique, pour la physique et la chimie, et pour les sciences


naturelles proprement dites.
La société est sons la patronage de S. M. le Roi et
se compose de 9 membres. Elle publie le compte-rendu
de son activité, tous les deux mois.
Mentionnons le laboratoire d'analyses bactériologiques,
microscopiques et chimiques du Dr. Robin —
rue I. C. Bra-
tiano— institution privée qui, grâce à la compétence de son
,

chef, qui est aussi un polyglotte distingué, occupe une place


1res honorable par ses travaux scientifiques.
Comme le ministère de l'Instruction publique est éga-
lement celui des Cultes, nous en profiterons pour parler ici
543

des cultes étrangers et de leurs églises et dire quelques


mots sur la culte roumain.
On ne peut préciser au juste quelle fut à ses débuts
la forme du christianisme en Roumanie; toujours est-il
que le mot d'église est de [forme latine et que l'orga-
nisation de lé'glise orthodoxe roumaine fut copiée d'après
l'église bulgare, à la suite du passage des Bulgares au

christianisme vers 864; ce fut aussi l'origine de l'intro-


duction du vieux slave comme langue dans les services
divins; la téte de l'église était le patriarche de Constan-
tinople.
En 1359 le prince Alexandre Bassarab créa le pre-
mier métropolite arche- —
vêque — roumain, dont le
siège fut tout d'abord à Curtea
d'Argesh, puis à Tirgovishte
et enfin à Bucarest. Plus tard
furent créés trois évèchés; à
Rimnic, à Buzau et à Argesh.
En Moldavie, Alexandre le

Bon créa un archevêché en


1401, d'abord à Sucéava puis
à lassy ; en 1856
il ne restait
de l'ancienne organisation en
Moldavie qu'un archevêque
à Jassy et 3 évêchés à Ro-
man, à Hushi et a Ismail
— depuis 1878 à Galats. — Moinesse sonnant l'office.

Ce futdurant cette période


que les monastères et les couvents se
les églises, multi-
plièrent et furent dotés de grandes richesses et de biens
nombreux. De cette époque datent les monastères de Tis-
mana— 1342 — ; de Néamts— 1392— ; de Cozia —
1386 —
— —
;

de Bistritsa 1407 ; de Putna — 1470, etc.


Vers la fin du 17-e siècle, et surtout au commence-
ment du 18-e, à la suite des princes phanariotes que la
Porte imposait aux principautés et qui n'amenaient à leur
544

suite que des éléments grecs, vinrent aussi un grand


nombre du moines grecs qui peu à peu envahirent le pays,
élevèrent nombre de monastères qu'ils firent richement
doter, accaparèrent toutes les places dans la hiérarchie
religieuse, finirent par remplacer la langue grecque dans
les offices et surent si bien travailler que bientôt un cin-
quième du pays leur appartint.
En 1859, sous le prince Couza, la Roumanie s'éman-
cipa de sous la dépendance du patriarchat de Constanti-
nople et tout en conservant les dogmes et les canons de
l'Eglise orthodoxe d'Orient,
devint autonome. L'autorité
suprême religieuse fut le Sy-
node constitué par les mé-
tropolites, les évêques, les
prêtres et trois prêtres par
circonscription. Pendant 20 ans
le patriarcat se refusa à re-
connaître l'indépendance de
l'Eglise roumaine, qu'il trai-

tait de schismatique, mais en


1885 elle renonça à tout es-
poir et reconnut formellement
la nouvelle église.
En 1 862, le prince Couza
décréta la sécularisation des
couvents et monastères, dont
les biens passèrent à l'Etat,
qùi prit à sa charge d'entretenir toutes les église s et mo-
nastères dont il avait confisqué les biens.
L'Eglise roumaine actuelle est constituée par la loi

synodale de 1872 et le synode composé par les 2 métro


polites, 6 évêques et 8 archiprêtres. —
La tête de l'Eglise
est représentée par le métropolite-primat de Bucarest,
I). I). [osif. L'élection des archevêques et évêques se fait
545

par l'assemblée des archevêques, évêques, archiprêtres,


députés et sénateurs orthodoxes.
Il y a en Roumanie 367 prêtres pour les villes et

3306 pour campagne, qui ont chacun leur église; il faut


la

y ajouter les prêtres surnuméraires pour les paroisses plus


peuplées, qui sont au nombre de 1368. On compte 20 grands
monastères et 26 plus petits où logent 861 moines; 21
couvents et 23 plus petits renfermant 2220 nonnes. Il
existe aussi 23 couvents privés ; les autres sont entretenus
par le ministère des Cultes.
L'instruction réligieuse se donne à Bucarest dans le sé-

minaire central élevé


à l'extrémité du boule-
vard Marie, sur le pla-

teau de Filaret, dans


le séminaire privé
fondé par le métropo-
lite Nifon et à la Fa-
culté de théologie.
La Constitution
roumaine proclame la
liberté des cultes, aussi
l'Etat ne se mêle-t-il
d'aucune sorte dans le
choix des ministres
d'un culte étranger et
Eglise Sf. Voevozi.
la loi punit ceux qui
chercheraient à la troubler. C'est cette tolérance réligieuse
qui a permis de tous temps aux étrangers persécutés dans
leurpays pour leurs croyances réligieuses, de trouver asile
en Roumanie.
Catholicisme. —
Bien que le catholicisme soit plus
ancien que l'orthodoxisme dans les principautés, il n'a pu
cependant, malgré les efforts de plus d'un évêque catho-
lique, faire des progrès, et la propagande n'a pas trouvé

6613 35
546

d'échos.— Encore aujourd'hui la presque totalité des catho-


liques est formée par les étrangers.
Il y a en Roumanie 149.667 catholiques dépendant
des diocèses de Bucarest et de Iassy. L'épiscopat est à

Bucarest, où l'archevêque habite le palais épiscopal et


où se trouve également un séminaire catholique. Le dio-
cèse de Bucarest compte 89 églises et chapelles catholiques,
desservies par 40 prêtres.
Il y a encore quelques couvents qui, pour ia plupart,

dirigent des écoles de tilles.

Après conversion des Bulgares, vers 864, tous les


la
livres latins furent brûlés et il fut défendu aux prêtres de
se servir de la langue la-
tine: c'est ainsi que malgré
l'origine latine de l'église

roumaine, elle devint slave


pour finir par être grecque
ne revenir que dans les
et
tous derniers temps à l'em-
ploi de la langue rou-
maine.
L'archevêché de Bu-
carest a été érigé par le
pape Léon XIII, en avril
1883, après d'assez longs
pourparlers avec le gouver-
nement roumain, qui ac-
corda au diocèse les terri-
toires de la Monténie, de l'Olténie et de la Dobroudja.
Le premier titulaire du siège archiépiscopal latin de
Bucarest a été Mgr. Ignace Paoli; ce fut lui qui bâtit la ca-
thédrale vSt.- Joseph, fonda le séminaire et la plupart des
écoles confessionnelles du diocèse.
Ce fut sous lepiscopat de Mgr. Hornstein, nommé en
L896, que les écoles catholiques de garçons furent confiées
à la congrégation des frères des écoles chrétiennes et que
547

fut fondé à Bucarest le pensionnat de demoiselles des re-


ligieuses de Notre-Dame-de-Sion. En outre furent créées
un grand nombre d'écoles de garçons et filles pour la co-
lonie hongroise et élevé le palais épiscopal de la rue Es-
culap, remplaçant l'ancienne trop modeste demeure des an-
ciens archevêques dans la rue Calarashilor. Actuellement
c'est Mgr. Netzhammer qui est archevêque. Le diocèse de
Bucarest a un chapitre de chanoines à la cathédrale St.
Joseph, un séminaire comptant
5 professeurs et 19 élèves, 23
paroisses, 43 prêtres, 55.315
fidèles, dont environ 35.000
dans la capitale.

La cathédrale a été li-

vrée au culte en 1884 et de-


vint paroisse en 1895; le curé
qui la dirige est M. l'abbé Baud ;

elle compte environ 10.000


paroissiens; dans l'intérieur
de l'église il y a de remar-
quables vitraux, de très belles
orgues. C'est ici que S, M. le

roi et le prince hérétier assis-


tent aUX Offices divins. Directeur général des théâtres.
L'église de vSainte-Marie,
appelée communément
Baratsia, a été fondée en 1666.
Durant longtemps elle a été administrée par les
très
franciscains de Hongrie. Elle compte environ 15.000 pa-
roissiens.
Le séminaire a son propre programme et relève di-
rectement de l'archevêque.
A Bucarest, les trois écoles de garçons comptent: celle
de la rue Calarashilor 458 élèves; celle de la rue Fon-
tanei 250 élèves, et l'école hongroise de la rue Cantacuzino
300 élèves. Le pensionnat de demoiselles des religieuses de
Notre-Dame-de-Sion est fréquenté par 133 élèves.
543

l^es religieuses de l'institutde Sainte-Marie, connues


sous le nom de „ Dames anglaises", ont deux pensionnats:
rue Pitar Moshi et rue Fontanei ; elles dirigent en outre une
école populaire située dans la cour de la rue Baratzie, et ont
un orphelinat déjeunes filles. Elles ont en tout 1.363 élèves.
L'école hongroise pour les jeunes filles a 334 élèves
et un asile qui contient 104 enfants.
Les luthériens sont au nombre de 13.490 et ont 16
églises la plupart habitent la Dobroudja, où plusieurs co-
;

lonies d'Allemands sont établies Bucarest possède une église;

luthérienne, rue Luthérienne, renfermant un très bel orgue.


S. M la reine assiste quelquefois aux services religieux
qu'on y célèbre et aux concerts religieux qu'on y donne.
A
côté de l'église se trouve une école mixte. Le cal-
vinisme ne compte que 6.748 adeptes avec 5 églises, dont
une à Bucarest toujours rue luthérienne; cette église dé-
pend de l'église mère de Hongrie.
Il y a 2 églises anglicanes avec 290 membres ;
l'église

anglicane de Bucarest se trouve située rue Diaconeselor,


où se rend S. A. R. la princesse Marie.
Les Arméniens, au nombre de 5.787 habitent, surtout
la Moldavie; à Bucarest ils ont leur église au coin de la
rue Arménienne et du boule vard Carol; ils relèvent direc-
tement du patriarcat grégorien de Constantinople.
Les lipovans Russes — —
forment 4 sectes on construit ;

en ce moment une très belle église russe, rue Vestei.


Quant à la religion mosaïque, nous en parlerons au
chapitre des Israélites à Bucarest. Bucarest ne possède
pas de mosquée, car les 44.732 mahométans habitent
la Dobroudja et c'est à Medgidié que l'Etat entretient leur
séminaire.
CHAPITRE XIII

LES JUIFS

ucarest compte environ 40.000 Juifs qui constituent


deux communautés distinctes: celle des „ Juifs

occidentaux" ou „ Juifs allemands", et celle des


Juifs orientaux" ou „ Juifs espagnols". Les juifs
occidentaux, ainsi appelés parce qu'ils ont pour origine
les pays de l'occident, parlent un jargon judéo-allemand,
composé d'éléments hébraïques et allemands, commun aux
Juifs de Russie, de Pologne, de Moldavie, d'Allemagne
et d'Autriche. Les Juifs espagnols, ainsi appelés parce
(|ue leurs ancêtres ont jadis habité l'Espagne — d'où ils

ont été chassés par Ferdinand le Catholique — parlent une


sorte d'espagnol corrompu, connu sous le nom de jargon
espagnol. La dénomination d'Orientaux leur vient de ce
que leurs ancêtres, chassés de l'Espagne, se sont établis
dans l'Orient —
en Turquie et dans l'Asie Mineure, d'où ils
ont passé en Grèce pour se répandre dans la péninsule
balcanique.
Les deux communautés juives de Bucarest ne sont
pas numériquement égales. Les Juifs espagnols ne sont
guère plus de 6.000 âmes, tandis que le nombre des Juifs
allemands dépasse le chiffie de 35.000 âmes.
Il y a des différences très grandes et très pro-
550

noncées entre deux catégories de Juifs. Les Juifs espa-


les
gnols sont pour la plupart bruns, aux yeux noirs; leur
femmes sont d'une beauté remarquable. Les Juifs alle-
mands sont plutôt blonds, aux yeux bleus et le teint blanc
et leurs femmes sont moins belles que celles des Juifs
espagnols.
Il y a quelque temps, il régnait une assez grande
animosité entre ces deux catégories de Juifs. Les uns se

Le grand temple choral rue Vineri.

croyaient supérieurs aux autres au point de vue de l'in-

telligence et de l'instruction. La vérité est que la supériorité

est du cote des Juifs allemands, qui ont fourni aux lettres
et aux
arts roumains quelques éléments de réelle valeur,
tandis que les juifs espagnols, sauf deux ou trois médecins,
ne comptent parmi eux que des commerçants.
551

A cause de cette animosité, qui a des racines remon-


tant jusqu'au moyen-âge, la vie sociale des deux catégo-
ries de Juifs n'était point commune. Les relations person-
nelles n'étaient que fortuites; les mariages entre les deux
branches étaient chose tout à fait rare; cependant il sem-
blerait qu'une légère détente se soit produite.
Les différences entre les Juifs espagnols et les Juifs
allemands vont même jusqu'aux questions religieuses. Ils
n'ont de commun que les fêtes il y a dissemblance entre
;

Pierre de monument juif qui existe encore dans l'ancien


cimetière de la rue Sebastopol.

les rites; la prononciation même du texte hébraïque —


langue officielle du culte —
est différente; la prononciation
espagnole toutetois serait plus juste, car elle se rapproche
davantage de l'hébreu.
Les Juifs espagnols ont deux temples, deux écoles et
quelques institutions de bienfaisance. Leur communauté
est très bien organisée. Sans avoir des revenus fixes, elle
existe grâce â la munificence de ses membres riches. Le
552

grand temple, situé dans la rue Negru-Vodâ, est un édi-


ficeassez vaste qui a été rebâti et embelli il est desservi ;

par un ministre officiant et par un chœur bien apprécié.


Le petit temple est situé dans la strada Spaniolâ; il
est le lieu de prière des Juifs espagnols moins aisés.
Les écoles entretenues par les Juifs espagnols sont
au nombre de deux: une école primaire pour garçons et
une école primaire professionnelle pour filles. Les Juifs
espagnols entretiennent en outre un asile pour vieillards.
Comme sociétés de bienfaisance elle a la société Pro-
gresul dont le but est d'accorder des subventions aux
étudiants pauvres. Une autre société „Pietatea", constituée
dans le but de fonder un hôpital pour les Juifs espagnols,
n'a eu que peu de succès.
La communauté des Juifs espagnols paye en outre
deux médecins, dont la mission est de porter l'aide médical
aux indigents. Généralement, la charité est très bien dis-
tribuée chez les Juifs espagnols; ils pratiquent surtout la
charité à domicile; c'est pourquoi l'indigence des Juifs
espagnols est moins apparente.
Les Juifs occidentaux ne sont pas si bien organisés
que les Juifs espagnols. Cependant leur grand nombre fait

qu'ils possèdent plus d'institutions religieuses, scolaires et


de bienfaisance que leurs coreligionnaires ..espagnols".
A vrai dire ils n'ont pas, de même que les Juifs es-
pagnols, une communauté dûment organisée, ayant un
caractère officiel reconnu par la loi. Us en avaient une
avant 1865. Alors fonctionnait un comité élu par la popu-
lation israélite chargé de l'administration des intérêts de
la communauté. Ce comité percevait des taxes fixes sur

le tâiatal vitelor §i al pâserilor (on sait que les Juifs


sacrifient la volaille et le bétail d'après un rite spécial ap-

pelé rite cucher). Le revenu de ces taxes servait à l'en-


tretien d'hôpitaux, écoles du corps enseignant et insti-
tutions de bienfaisance, asiles, etc. La communauté (Haut
reconnue par l'Etat, comme personne morale, la perception
553

de ces taxes, dite gabelle, était obligatoire. Mais en


1865 le gouvernement ayant cessé de reconnaître officiel-
lement la communauté et d'un autre côté une partie de la
population ne suivant plus strictement le rite cucher, les
recettes de la communauté ont forcément diminué et la
communauté, en tant qu'organisation israélite Bucarest a
cessé d'exister dès l'année 1865.
Elle a été remplacée par l'initiative individuelle, basée
sur des cotisations volontaires.
Néanmoins les Juifs occidentaux de Bucarest ont quel-
ques institutions dignes d'attention.
Il y a d'abord la communauté du Temple choral,

(Voir page 551)

constituée en 1 857, dans le but de faire bâtir un grand


temple. En dans
1865 ce temple a été érigé strada Sf.la

Vineri; il fut démoli en 1866 et reconstruit avec l'aide de


S. M. le Roi en 1867. C'est un édifice monumental au
style sévère. L'intérieur en est richement décoré. Ce temple
est desservi par un prédicateur, par deux ministres offi-
554

ciants, et par un chœur où figurent quelques éléments


chrétiens, du chœur de l'Eglise Doamna Balaya. Depuis
six ans, ce temple est pourvu d'une orgue. Le service
divin y est célébré d'une manière ordonée, à rencontre
des services célébrés dans les autres synagogues, où le
rite sent trop le moyen-âge. Les recettes du temple s'ali-

mentent de la location des chaises.


La communauté du Temple choral jouit de la qua-
lité de personne morale et juridique. C'est pourquoi elle
peut accepter toute sorte de legs et de donations destinés
à d'autres œuvres de bienfaisance. Ainsi elle a sous sa
surveillance deux écoles primaires: l'une pour filles, Fra-
ternitatea-Sion, avec 400 élèves fondée en 1890, située dans
la cour du Temple; l'autre pour garçons: nommée, Iacob

si Carolina Lôbel, avec 500 élèves, située dans la strada

Mircea-Vodâ. Cette dernière a été fondée en 1873. Comme,


école, les Israélites occidentaux de Bucarest ont encore
une école de commerce de 1-er et 2-ème degré.
L'école est installée dans son propre immeuble, d'une
valeur de 44.000 fr. Elle est entretenue grâce aux cotisa-
tions des membres d'une société —
Cultura —
constituée
ad-hoc et grâce aux taxes scolaires dont le montant s'élève
à 14.000 fr. par an.
Cette société entretient en outre une école primaire
disposant d'un local propre d'une valeur de 40.000 fr.
Les autres écoles primaires entretenues par les Israé-
lites occidentaux de Bucarest sont les suivantes:

Ecole Moria, fondée en 1897. Installée dans un im-


meuble à elle, situé dans la strada Corbului, construit en
1905, grâce à une donation de 30.000 fr. faite par la so-

ciété Jewish Colonial Association (I. C. A.) de Paris, qui


lui accorde aussi une subvention annuelle de 5.000 fr. :

300 élèves;
Ecole Reickis-Daat, fondée en I877, entretenue par
une société qui compte plus de 300 membres. En ><)4, I
(

cette société a fait construire dans la strada Sf-tfi Apostoli,


un localpropre pour son école, toujours avec un fonds de
30.000 fr. procuré par la société I. C. A. Cent cinquante
élèves ;

Ecole Voinfa, calea Mosjlor, fondée en 1897, installée


dans un immeuble à elle, d'une valeur de 30.000 fr. :

180 élèves;
Ecole Malains, entretenue par une société 250 élèves :
;

Ecole Instrucfiunea, pour jeunes filles; local loué:


130 élèves;
Ecole primaire Baronne Claire de Hirsch 230 élèves.

C&U WMri fi'UjJ .V. 7. •//////

psb i*53r»,

ton.
c / //////

(Voir pas. 551).

Installée dans un immeuble à elle, d'une valeur de 60.000 fr.,

construit grâce aux secours de la Société Ica, calea Du-


desti ;

Ecole professionnelle pour filles Philippe et Rachel


Focsaneanu, de la strada Anton Pan, cent cinquante élèves.
Installée dans un immeuble à elle, construit par M et M-me
Philippe Focsaneanu.
Il y a ensuite l'école des métiers „CiocanuP, installée
556

dans un vaste immeuble situé dans la calea Dudesti. Cette


école, qui compte 60—70 élèves, a trois sections, où l'on ap-
prend la sculpture sur bois, la serrurerie d'art, la fer-

blanterie, la menuiserie, etc.


Quelques-unes de ces écoles sont subventionnées dans
une forte proportion par la lewish Colonial Association.
Les juifs occidentaux ont encore un hôpital Spi- —
talul Caritas —
qui fonctionne depuis 60 ans. Il est situé
dans la calea Dudesti. Reconnu personne morale et juri-
dique, il peut recevoir des legs ou des
donations. Le nombre des lits y est
de 30.
^ Un pour vieillards l'Elisa-
asile
betheu, rue Romulus. Mentionnons
* encore les sociétés de bienfaisance,
nfLÉ^^jH^ dont le nombre dépasse le chiffre de
V! 5<>, et dont le but est soit le secours
mutuel, soit de procurer, à ses mem-
bres gratuitement, des médicaments
et des soins médicaux.
pîLSîïirSSÏSrnté Parmi ces sociétés, les plus im-
des juifs occidentaux.
portantes sont :

„La Société sacrée" qui dispose d'un fonds de 20.000 fr.

et dont le but est de pourvoir à l'enterrement des membres


de la communauté israélite et à l'administration du cimé-
tière mosaïque, situé à l'extrémité de la chaussée Filan-
tropia.
La société „GhemiladsHesudin", au capital de 50.000 fr.
qui accorde des prêts sur gage mais sans intérêts, aux
Juifs pauvres.
l'Union des femmes israélites, qui compte 1.000 mem-
bres et pratique la charité à domicile.
La communauté compte en tout 28 synagogues.
Les juifs espagnols habitent généralement les rues
Carol I, vSpaniola, Sf. Iôn-Nou et Radu-Vodà, tandis que
les juifs occidentaux habitent pour la plupart les rues
557

Olteni, Lucaci, Labirint. Epurilor, Vulturului, Bradului,


Câlârasiïor, Calea Vâcârestilor et Calea DudesUlor.
Jusqu'en 1864, on enterrait les juifs soit espagnols
soit occidentaux, dans un cime-
tière mixte, qui existait dans la
rue Sebastopol. Des pierres de
monuments qu'on trouve encore
sur l'emplacement de cet ancien
cimetière, et dont nous donnons
les clichés dans ce chapitre, prou-
vent selon leurs épitaphes, que
Ecole Racfa e"e et Phiiipe
les juifs existentà Bucarest depuis
f . Focsaneanu.
plus de deux siècles.
En 1866, fut inauguré le cimitière des juifs occiden-
taux dans la soseaua Filantropia. À partire de cette date,
les cimetières furent séparés, car les espagnols en créèrent
in oour eux à Bellu.
La serre aux crysantèmes.
Du jardin botanique de M. Rothan.

L'établissement de bains systématiques docteur Erdreich.


Boulevard Carol.
CHAPITRE XIV

LES ARTS

L'ARCHITECTURE

'habitation roumaine non paysanne peut se ra-


mener à deux types: l'un celui de la maison
forteresse, l'autre celui de
maison seigneuriale. La
la

première koula) se compose d'un


(la

immense cube dont les murs sont


aveuglés à la

base sauf une


porte et une

ou deux fenê-
tres choites à
par veaux; le

second étaje Une Koula.


ne contient
également qu'une fenêtre à chaque
face du cube; le troisième étaje a
Entrée d'église ancienne.
généralement deux faces du cube
avec une ou deux fenêtres plus gran-
des; la troisième se compose d'une galerie ouverte à co-
lonnades ayant accès sur des appartements et la dernière
face parfois d'un balcon en bois; à l'intérieur d'un escalier
massif allant de palier en palier.
560

Le second type cl' tation seigneuriale, se présente


avec une large façade dont le
rez de chaussée donne accès
aux caves et, par une porte
ouvrant sur un escalier, au
premier et unique étage, qui
présente sa façade en galerie
ouverte donnant accès sur les
appartements. Cette façade,
qui avance sur le corps pro-
prement dit de l'habitation,
est parfois plus étroite et tra-
vaillée avec un grand luxe,
elle porte le nom de pridvor

M. I. D. Berendey.
ou entrée et rappelle le nar-
Architecte. thex des églises. L'intérieur
se compose d'un vaste anti-

chambre en hall anglais, sur la quelle donnent toutes


les pièces de l'habitation.
Les monuments du
culte chrétien portent tous
en Roumanie le cachet du
Style oriental byzantin.
Les principaux mona-
stères du pays au point de
vue de l'art, sont les sui-
vants : Horez vrai chef
d'œuvres d'architecture, ad-
mirablement conservé,
fondé en 1662 par Constan-
tin Brancovan, Curtea-de-

Arges, les Trois Hérarques


de Iassy, Cozia fondé en
IB86 par Mircea le Grand Le monument «le L. Cazavlllan
construit à Hellu
Cornetu datant du XVII-e par l'architecte A. Clavel.
siècle, le Monastère de
561

Neamtz fondé en 1392, où il y a encore des objets d'art


de toute beauté. Probota fondé en 1391. Soveja fondé en
I645 par Mathieu Bassarab; l'é

glise Domneasca (princier e) de


Tirgoveste fondée en 1588 par
Pierre Cercel,
la

déine
Tismana d'après
tradition fondé par St. Neco-
l'instaurateur du mona-
chisme Roumain.
Le Monastère et l'église de
r
Curtea-de-Arges est le bijou de
l'architecture roumaine. Com-
mencé vers 1512 par Neagoé
Bassarab, ne l'église fut ter-

minée qu'en 1526 par le prince


Radu de Afumatzi gendre de
la M. S. BurctîS.
Architecte.
Neagoé Bassarab elle eut à souf-
;

frir desXdéprédations de Bator Gabor en 1616: Mathieu


Bassarab le restaura en 1640 et l'enrichit de dons mag-
nifiques; vers 1786 les Turcs déva-
stèrent l'église qui en 1838 eut encore
à souffrir des suites d'un violent trem-
blement de terre; vers 1840 l'évoque
[larion la fit réparer; en 1867 les
bâtiments du cioitre et une partie de
l'intérieur de l'église elle même brû-
lèrent. Il était impossible de restaurer
ce monument; il aurait fallu le laisser

tel quel ou exécuter une œuvre nou-


velle copiée sur l'ancienne: cette der-
nière opinion prévalu, sur l'autorité
de Viollet et de Baudat qui
le Duc
M. Mincu.
recommandèrent l'architecte français
Architecte.
Lecomte du Nouy. Le roi de Rou-
manie s'intéressa à cette restauration et contribua, par
une donnation, à cette réedification, que l'Etat roumain

6613 36
562

confia à Lecomte du Nouy. La réedilication dura de 18/5


à 1886, l'inauguration eut lieu le 1-er Octobre 1886. La

Arch. I. D. Berindey.
Hôtel de M. Al. Florescu.
rue Cosma.

reine de Roumanie composa à cette occasion, pour l'é-

glise un merveilleux Evangéliaire orné d'extérieures en-


tièrement exécutées par elle; une belle
entumoire (pomelnic) a été aussi exé-
cutée par la princesse Marie Sturdza
de Miclausani.
Presque tout aussi parfait quoique
plus simple dans ses formes s'élève le
monument de Basile le Loup (1649) l'é-

glise des Hiérarques a Iassv.


Trois
Quoique postérieure de plus de cent ans
à la Cathédrale d'Arges elle présente en
général le même caractère et est le pro-
duit de la même école byzantine-armé-
nienne. Restaurée aussi par Le comte
de m. i. Gradishteano. du Nou v, elle forme le plus bel ornement
ancien ministre,
rue Victoriei.
563

de l'Eglise Moldave, avec l'église de Saint Nicolas, qui,


d'un style plus rustique avec son décor en faïences, nous
fournit le type des ba-
siliques populairesdu
temps de Stéphane le
grand 1457—1504.
Pour sa part Bu-
carest n'a d'enciens
monuments que quel-
ques églises dont il

convient de citer en
premier lieu la mé-
tropole située sur une
Maison de M. Balaceano.
colline delà rive droite rue Putu de Piatra
de la Dambovitza.
Fondée par Serban Bassarab en 1656 elle fut complètement
rénovée en 1839.
De l'entrée de la Métropole, on aperçoit les princi-
pales églises de la Ville. St. Spiridon (1767); Rada-Voda
(XVI siècle) ; Bou-
cour portant le nom
du fondateur légen-
daire de la Ville,
avec une coupole
très rustique d'ap-
parance ; elle est
censée èire élevée
sur l'emplacement
même de la hutte
du berger Boucour,
Maison de M. Élie Radu.
bâtie en bois à l'o-
rue général Lahovary.
rigine, on ne peut,
d'après les documents en faire remonter l'existence au-delà
de 1461 une des plus anciennes églises est celle de Mihaï-
;

Voda (1595); à citer aussi St. Georges-le- Vieux men-


tionné déjà en 1492. Zlatar, l'église Cretzoulesco fondée
564

en 1772 par la famille du même nom; Curtea-V eche fon-


dée au XlV-me siècle par Mircea-le-Grand un des plus ;

beaux édifices mo-


dernes du nouveau
Bucarest est l'E-

glise Doamaa Ba-


laslia.
Du commen-
cement du XVIII
siècle date aussi
l'Eglise Stavropo-
leos, bijou d'archi-
tecture par sa dé-
Arch. L. Negvesco. coration poly-
La'maison de M. l'avocat Rosental. chronce et ses sculp-
rue Teilor.
tures.
Il en est de même de la chapelle Colfea dont le

portique est d'une grâce si originale, bâtie par le prince


Michel Cantacuzen fondateur de l'hôpital du même nom
et de l'église de Sinaïa.
Parmi les églises appartenant à d'autres confessions
il mentionner d'a-
faut
bord la Cathédrale de
St. Joseph, elle est con-
struite dans le style
des basiliques roma-
nes.
Jusqu'à ces qua-
rante dernières an-
nées, Bucarest était
fort pauvre en con-
structions d'une eer-
. . . La'maison de M. H. Lorentz.
taine importance ar- ruc Sur ril

chitectonique. Ce n'est
qu'à partir de la proclamation de la royauté, que la ca-
pitale s'est vue dotée d'une certaine quantité d'édifices
565

publics. Parmi ceux de date plus ancienne il convient de


citer l'Université, construite sous le prince Couza et où le

Sénat siège. Citons encore la

Banque Nationale, bâtie de


1883 à 1885 et d'une solide
élégance; le Palais
Ju- de
stice, de dimensions considé-
rables; le Palais des Postes
qui occupe 800 mètres carrés,
près duquel s'élève le gra-
cieux bâtiment de la Caisse
des Dépôts et Consignations,
dû à M. Gottereau. Le palais
de l'Académie roumaine, le
Ministère des Domaines, l'Hô-
pitalBrancovan, l'Hôpital Col-
tzea; F Athénée roumain; la
Fondation Carol I. Hôtel de M. Anagnostiade.
Bd. Coltza.
Les lecteurs pourront se
faire une juste idée des styles adoptés en Roumanie par
les nombreux clichés qui parsèment cet ouvrage.
Parmi les archi-
tectes de Roumanie,
il couvient de citer

tout d'abord M.D. I.

Bérindey, qui s'ést


imposé par son réel
talent et son bon goût.
Fils de M. D.
5F. « n i i
Berindey, architecte et
ancien ministre, il à
lait ses études à Paris
Maison de M. le Dr. Pierre Solomon. et il est diplômé par
rue alarashilor
(
le'gouvernement fran-
çais. 11 est professeur à l'école d'architecture.
Pour aprécier son œuvre, il suffit de se reporter aux
566

nombreuses figures de ce volume et qui attestent suffisam-


ment le talent magistral de M. Bérindey.
Dû au grand talent de M. l'architecte Antonesco et au
goût remarquable
pour le style rou-
main, nous verrons
bientôt s'éléver sur
leBoulevard Elisa-
betha, le Palais du
Ministère des tra-
vaux publis.
M, Etienne
Burcus, architecte
roumain, occupe
Maison de M. B. Ganescu.
aussi une place re-
Construite par Th. Kantzler
marquable parmi
nos architectes. Ses travaux qui prouvent un grand goût
et talent, sont et resteront des monuments pour la Rou-
manie. Le concours que la Chambre de commerce fit sur
un projet pour la construction d'un Palais de la Bourse
et la Chambre de
commerce, fut une
occasion pour M. m
Burcus de s'affir- \ m
Mm
mer; car il obtint

A
le l-er prix et c'est
d'après son projet
qu'on vera bientôt
surgir sur la rue
Doamnei, ce mag-
nifique Palais dont
Maison de M. Costescu-Comaneano.
nous donnons la Construite par Th. Kantzler,
gravure dans le
texte. Dans l'Exposition on voit encore beaucoup de ses
travaux qui sont bien réussis.
Mentionnons encore .1/. Stefanesco. ancien èléve
567

de l'école Polytechnique de Dresde et de l'école des Beaux-


arts de Paris, diplômé de fécole spéciale d'architecture de
Paris. Il exposa

en 1901—902 au
Salon de France.
Il fut l'architecte
de l'Exposition,
de l'Institut géo-
logique, du théâ-
tre National, des
chemins de fer
Roumains. Il est
professeur à l'é-
La maison de M. Mitilneu.
M. Stefanesco.
cole d'architec- rue Mercur.
Architecte.
ture. Les diffé-

rents travaux qu'il exécuta à Bucarest, attestent assez son


mérite et son talent.
Actuellement d'après son projet on construit un splen-
dide édifice dans
le style roumain
à la chaussée,
qui sera le Palais

du musée miné-
ralogique.
M. Leonida
Negresco, di-
plômé par le gou-
vernement fran-

Içais, ZM
s'affirme
aussi par beau-
coup de travaux,
La maison dont le Jockey-
de M. N. Butculescu.
La maison deM. G. Cretziano.

rue Clemcntei.
Club, le vSplendid rue Mercur.

Hôtel, la mai-
son de M. l'avocat Rosental et bien d'autres constructions
en province, qui dénotent beaucoup de talent et de goût
Intérieur de la droguerie M. Stoenescu.
rue Academiéi.

Intérieur des magasins Th. Radivon.


Boulevard Elisabethe.
569

artistique. Citons encore MM. A. Clavel architecte des


Postes et télégraphes qui a de remarquables travaux, Sâ-
vulesco, Maimarolu, Mincu, Mandréa, Pompilian, Got-
tereau, Blank, etc.
Nous n'oublions pas de mentionner le nom de quel-
ques grands con-
structeurs comme
Thoma Kanzler,
Schiendl, Remus
Iliescu, qui ont leur
part de mérite dans
les constructions
importantes de Bu-
carest et qui figu-
Architecte I. D. Berini

Les tribunes de l'hypodrome-Baneasa.


rent dans le texte.

Quand à la

sculpture il faut époque moderne pour ren-


en venir à 1

contrer quelques statues. Encore les premières celles d'E-


tienne le grand à Iassy et de Michel le Brave à Buca-
rest sont elle dues à des artistes
étrangers, l'une à Carrier-Béleuse,
et l'autre à Fremiet.
Mais depuis la fondation de
l'École des Beaux arts à Bucarest
et à Iassy, la sculpture à commencé
à être proffessée aussi par des
artistes roumains qui ont montré
d'emblée de remarquables aptitudes
pour cet art qui, pourtant chez eux,
ne se fondait pas sur une large
tradition.
Parmi les artistes qui se sont Hotel de M. C. C. Arion.
inistrc.
distingués convient de
il avant citer
abiei.
tout G. Assaky, G. Georgesco et
B. Vasilesco, morts en 1898 puis les vivants M. M. Hegel,
Storck, vStefan Ionesco (Valbudea), Spâthe, Pavelesco, Bâ-
570

lâcesco, Philippe Marin dont on trouvera des bustes et des


statuettes, des médailles et des monuments dans plusieurs
localités du pays.

LA PEINTURE
S'il fallait citer chronologiquement, les principaux
peintres de ce siècle, nous devrions commencer par Ne-
gulici de CampuLung
( I8 I2— 1855) dont plu-
sieurs tableaux se
trouvent dans les pa-
lais des Sultans, puis
G. Nastasiano un
remarquable portrai-
tiste, et Panaiteano
Bardasare né en
1:811, un peintre de
Be
Arch. I. 1).
genre; Constantin
Hôtel de M. G. Assan.
Place Al. Lahovarv.
Lecca peintre d'hi-
(1810— 1887) le
stoire
maître de Th. Aman enfin M. Tataresco (1818—1894)
connu par ses déco-
rations d'églises qui,
comme style laissent
beaucoup à désirer,
Michel Popp, né à
Brashov en 1827 éga-
lement peintre d'é-

glise, enfin Th.


Aman, né à Campu
Lung en 1842 et dé-
cédé à Bucarest en
lA.rch. [. I). I5c

1891 ,
qui fut non seu- Hotel de M. G. Assan.

lement un peintre di- Vue du iai

stingué (histoire genre et paysage) mais aussi un aqua-


fortiste émérite. Notons encore: C. Stancsco qui, à été un
571

excellent maître d'esthétique; S Hentia, un valeureux


maître de dessin eL de peinture, auteur de plusieurs ta-

bleaux estimées et M. Popp,


un graveur remarquable.
Malgré tout le talent que
les autres peintres roumains peu-
vent avoir, il nen est point qui
ait mieux compris le caractère
et Famé de son pays que Ni-
colas Grigoresco; c'est pour-
quoi il restera parmi les arti-

stes du XIX siècle comme le

peintre roumain par excellence.


Sans lui notre jeune école nais-
sante ne serait qu'une prolonga- M. T. Aman.
tion provinciale des écoles étran-
gères; avec lui, elle existe et s'affirme doublement.
Après Grigoresco, il convient de mentioner Mirea
professeur à l'Ecole des Beaux-
Arts, qui se meut dans la tra-
dition classique et dont le ta-
bleau, le Vârful en Dor d'après
un des contes du Pelesh de Car-
men-Sylva, constitue le plus no-
ble tableau de grande peinture
en Roumanie. M. Mirea s'est
particulièrement voué au por-
trait dans lequel il s'est distingué
par nombre d'ouvrages remar-
quables.
Après lui citons encore pour
M. D. Stàncescu. sa facture étudiée et solide M.
Directeur de l'école «les Beaux
G. Popovici.
Parmi les nouveau- venus
de jeune génération, on fera bien de retenir les noms
la

de MM. Alexandresco, Alpar, Aricesco, Artachino, Bar-


bulesco, Dimitriu Ed., N. Grant, Gropeanu, Jiquidi (cari-
caturiste) Lukian, Mantu, Obédéano, C. Pascaly, Simonidy,

La Roumanie. (Imprimerie et rédaction)

Xincu, Vermont, Serafim, Verona, Petrascu, Kimon Loghi-


Neylies, Grimani. La plupart de ces
artistes font partie de la Tinerimea
artistique, une société de date récente
qui a été fondée sous le haut patron-
nage de S. A. R. la princesse Marie
de Roumanie.

MUSIQUE
Pour être complet, il faudrait
ajouter au chapitre sur les Beaux-
Arts aussi (juelques lignes sur la

musique roumaine. Tout ce qu-elle


produit peut se repartir en trois caté-
gories; la musique ecclésiastique, la

musique populaire et la musique sà-


y^jjfp M - Olanescu-Ascanio.

La première a pour point de départ le chant gré-


L'Universul.

gorien et n'est pas la propriété exclusive des Rouma


puisqu'on la trouve identique
chez les Serbes, les Grecs, les
Russes et les Bulgares; ce qui
appartient en propre à la Rou-

manie c'est d'avoir développé


cette musique chorale. Le choeur
de la Métropole de Iassy, reformé
et réorganisé par M. Mouzicesco,
renommé
jouit d'une
qui ira bien
particulière
au-delà des fron- I \7 \
tières; celui de Doamna Balasha 1 1

à Bucarest est moins célèbre,


bien que très digne d'attention.
M. Virgil Daresco.
Lesétrangers ne doivent pas man-
Directeur de l'Universi
574

quer de se rendre à ce culte le dimanche matin. La se-


conde catégorie se compose du Folklore musical, une col-
lection de complaintes lyriques, les daines et de danses
variées (hora) et d'airs traditionnels. Il y a dans tous ces
chants des trésors, des mélodies qui pourraient être mises
en œuvre par un grand musicien dès quil se trouvera.
Mais la Roumanie n'a pas encore eu la chance d'avoir,

comme la Hongrie son Liszt et son Brahms.


Outre le chant, il convient de citer musique ins-
la

trumentale qui est surtout le fait des lautars ou ména-


triers tziganes. Le lautar, il

est vrai peut aussi bien être


un chanteur qu'un jouer de
violon, de flûte, ou de Cobza.
Ces trois instruments con-
stituent le fond de tout or-
chestre populaire. Il est à no-
ter à ce propos que la flûte
de Pan, a plusieurs tuyaux ;

lacobza est une sorte de man-


doline un peu plus grande
que celle des Italiens.
La troisième catégorie
comprend les œuvres nouvel-
les des compositeurs roumains,
Le pavillon d'instruments
musicals <le la maison N. Mischonzniky
malheureusement plus nom-
à l'Exposition. breux qu'instruits plus préten-
tieux qu'originaux. Celui qui
s'est les plus distingué et qui a cherché de donner à ses
compositions un cachet roumain, c'est Alexandre Flechten-
macher, le premier directeur du Conservatoir de muzique
de Bucarest. Il a non seulement recuelli des airs popu-
laires mais a su en saisir le caractère et s'en inspirer
il

dans ses romances ses danses, ses opéras. A côte de lui,


il est juste de rappeler le directeur actuel du Conserva-
toire de musique M. J. A. Wachman l'organisateur des
5/5

concerts symphoniques à Bucarest et Ludovic-Wiest ; enfin


de M. D. Vulpian dont la collection de chants populaires,
malheureusement pas entière-
ment publiée, restera comme un
précieux document.
Comme chansonnier, il faut
citer Anton Pan du commen-
cement de ce siècle, et comme
compositeurs G. Çtefanesco et
L. Çtefanesco mai celui qui les
;

surpasse tous est, le jeune sym-


phoniste Enesco sorti du Con-
servatoire de Paris.
Si de la musique nous pas-
sions au théâtre, nous aurions
à mentionner comme artistes dra-
matiques pour ne nous arrêter
M. J. A. Wachman.
qu'aux grand snoms, Millo, Aris-
titza Romanesco, Nottara. N'oublions pas à ce propos que

M-mes Barsesco et Théodorini


qui se sont acquis une belle re-
nommée à l'étranger sont d'ori-
gine roumaine.

LA PRESSE

Actuellement paraissent à
Bucarest les suivants principaux
journaux quotidiens: Conserva-
torul, Ac^iunea, Tara, Ordinea,
Vointa Nationalâ,
Viitorul, -

M. D. Dinicu.
Epoca, La Roumanie, L'Indé-
pendence-Roumaine (ces deux
derniers en français), Universul, etc. De ces journaux, il

n'y a que l'Universul qui prétend garder une nuance


politique neutre, tandis que les autres, représentent cha-
cun les intérêts politiques d'un des partis de gouver-
nement du pays.
Comme revues mensuelles ou hebdomandaires, nous
pouvons citer La Re- :

vista idealistâ, Sep-


tâmâna, Sânâtatea,
Curierul financiar,
Monitorul petrolului,
Curierul judiciar, Me-
dicina popularâ, Uni-
versul literar, etc.,

représentant chacune
d'elles des intérêts lit-

téraires, économiques,
financiers, etc. selon
leur nom même.
Comme revues hu-
moristiques citons:
Furnica, Zavera, Ve-
selia, etc.

Parmi ces jour-


naux et revues, l'A-
devarul, Universul,
La Roumanie, Vointa-
Nationalà, L'Indépen-
dence - Roumaine,
fara, s'impriment
da ns leur propre im-
I primérie et sont di-

rigés par des comités


Le palais de l'Adevarul.
de rédaction et rédac-
teurs choisis parmi nos meilleurs journalistes.
CHAPITRE XV

LE QOnflERCE ET L'INDUSTRIE

La chambre de commerce et industrie, la bourse.

V(^Mpr7)es chambres de commerce et industrie ont été créé

VKW/) en Roumanie par la loi du 30 Septembre 1864,


K|§33 niais elle ne fut appliquée qu'en 1868, qui fut
,
Ja^ aussi, l'année où prit naissance la chambre de
commerce et d'industrie de Bucarest.
Le pays est divisé en 4 circonscriptions, nous ne
nous occuperons que de Bucarest.
Les attributions de la chambre étaient nombreuses
et son activité fut prodigieuse
surtout au début, mais malheu-
reusement sa loi organique lui
suscitait trop d'entraves et son
autonomie n'était pas assez
grande pour lui permettre de
jouer le rôle qu'elle était appelée
à remplir.
Les premiers membres de
cette chambre de commerce fu-
rent Miron Vlasto comme pré- M . g. Assan.
sident; I. V. Paraschiv
Socec,
Atanasiu, Constantin Orghidan, C. D. Atanasiu, Ion P.
Balanolu et Çtefan Pavel.
Dès ses débuts la chambre éprouva les désavantages

6613 37
578

de sa loi constitutionelle et demanda à maintes reprises


au ministre, la modification de cette loi ; il est remarquable

Le siège actuel des ehambres de commerce

de constater que presque toutes les réformes économiques


et lesquestions commerciales de tout genres, avaient pré-
occupé la chambre de commerce bien des années avant

Le futur palais des chambres de Commerce et de la Bourse.


(Architect s. Burcuç).

qu'elles ne lussent réalisées et qui conformément au bût


de cette importante institution les gouvernements avaient
579

tenu compte des raports et des insistances de chambre,


la

les progrès économiques du pays eussent été beaucoup


plus rapides.
C'est ainsi que déjà en 1868 elle demandait la mo-
dification de sa loi consti-
tutionelle, modification qui
ne fut réalisée qu'en 1886;
toujours en 1868 elle eut
l'occasion de se prononcer
au sujet des monts de piété
et s'oposa aux demandes
que deux groupes firent
dans le bût d'obtenir l'au-
torisation d'ouvrir des
monts de piété. Les monts
de piété ne furent créés
qu'en 1906 et accordés sous
formé de concession à une
institution financière.
Elle demandait encore
à la même époque l'enré- Intérieur du nouveau palais
gistrement des firmes, qui de la chambre de commerce.
La bourse.
ne fut prescrit que par la
loi commerciale de 1880, la création d'une école pour ap-

prentis, le repos dominicale qui ne fut admis qu'en 1897,


la création d'une bourse officielle que l'on organise en 1881.

En 1880 elle reclame la création d'entrepôts généraux


pour la capitale, mais ne réussit à les obtenir qu'en 1886.
Dans le même rapport elle demandait de relier Bu-
carest à la mer noire afin de donner une nouvelle et puis-
sante impulsion au commerce
à l'industrie du pays entier;
et
cette ligne n'a été construite et achevée qu'en 1895 lorsque
fut inauguré le grand pont Carol [ sur le Danube.
C'est en 1885 que fut proposée la loi pour l'encoura-
gement de l'industrie et sur cette question comme sur toutes
celles qui pouvaient avoir une influence sur le commerce
580

ou auparavant la chambre
l'iudustrie, le ministre consultait
de commerce qui donnait son avis avec compétence et
que Ton adoptait presque toujours.
En 1889 le maire de la capitale
Mr Em. Protopopescu Pake, songea
à supprimer les octrois et inspiré par

wn
la réforme similaire belge, proposa
un système que la Chambre adopta,
mais qui légèrement modifié, ne fut
appliqué qu'en 1903 par le ministre
des finances Em. Costinescu qui réa-
lisa ainsiune grande réforme utile
au commerce du pays. Ce même
maire avait également proposé la
création de deux antrepôts à Buca-
rest, le rachat du marché de moschi,
m. t. h. Tudorache. l'instalation d'un marché aux be-
stiaux aux abatoirs, la création d'une
gare centrale et la construction d'une halle centrale sur
la placeBibescu-Vodâ. Ce fut certainement le maire qui
fit le plus d'embellissements
et le plus de travaux utils à
la capitale, encore ainsi que
nous voyons, une grande
partie de ses projets ne fu-
rent pas réalisés.
La gare d'Obor a été con-
struite grâce aux insistances
de la chambre de commerce.
Enfin en 1904 fut votée la

loi qui réorganisait Bourse


la

et ces deux institutions sœurs


purent s'entr'aider utilement Perspective de la rue Doamnei
dans leur tâche si fertile. avec ta mais. m Paul Schuele.
La Bourse en effet bien
que de création rélativement ancienne, puisqu'elle date

de 1881 — ne donnait pas les résultats attendus; le con-


trôle de la part de l'Etat n'était pas suffisant, les dispo-
sitions de la loi mé-
connues, et le com-
merce sérieux souf-
frait de l'incertitude
des opérations et
surtout des fluctua-
tions extraordi-
naires que l'arbi-

traire faisait subir


aux effets.Une réor-
ganisation s'impo-
sait, ce fut la loi
L'ancienne maison Riosanu.
de 1904 qui l'ap- rue Aeademiei.

porta et ses effets


salutaires se firent aussitôt sentir. La Chambre de com-
merce — logée rue Doamnei, dans l'ancienne maison de
Mr. P. P. Carp ainsi que la Bourse logée dans la
maison formant le
coin de la rue
Doamnei et de la

rue de l'Académie,
que fut autrefois là
banque Poumay,
occupaient des lo-

caux peu dignes de


ces institutions et
surtout peu apro-
piés à leur destina-
La nouvelle maison de M. Rioçanu.
rue Academiei.
tion. A la suite du
don que leur fit le

ministère des Domaines, du terrain situé sur la rue


Doamnei au coin de la rue Smardan et qu'occupait jadis
le vieille poste et dû à l'initiative et l'intérêt qu'il y mit,
Mr. Georges Assan son président, la chambre de corn-
582

merce a ouvert un concours international pour un plan


qui répondit dans son ensemble à toutes les exigences et
permit d'élever un palais qui
lut digne de la chambre et
de la Bourse auxquelles il
était destiné; ce fut Mr St.
Burcu§, architecte roumain
qui obtint le 1-er prix et les
travaux pour l'éxécution de
son projet ont déjà commencé.
La chambre de com-
merce a figuré à l'Exposition
F
où elle avait son pavillon pro-
pre qui par des graphiques
et sa collection de bulletins
périodiques faisaient voir
L'hôtel de M. le Dr. Gerota. quelle avait été son activité
rue G. C. Cantacuzino. jusqu'à ce jour.
Mr G. Assan le président de la Chambre de Com-
merce, secondé dignement par Mr. Chr. Staicovici son sec-

Maison de M. Al. Ghica. (Calea Moçilor).

retair, ont tout le mérite d'avoir mis cette institution sur


le même niveau que les autres institutions similaires
étrangères.
583

LE PETROLE
Notre pays occupe dans la production du pétrole le

quatrième rang et dépassera bientôt, si la progression se


maintient, la production des Indes néerladaises.
Le capital employé dans cette exploitation augmente
de jour en jour, il ateint environ 190.000.000 frs sur les-
quels la part du capitale roumain est de 16.000.000 francs.
Le capital allemend,
le plus important, est de
74.000.000 frs, le capital
français figure pour
31.000.000 frs, le hollandais
pour 22.000.000 frs, l'italien
pour 15.000.000 frs, le ca-
pital américain pour
12.500.000 frs, le belge pour
5.000.000 frs, l'anglais pour
3.000.000 frs, etc.

Une grande partie de


la production s'exporte. —
En1906 on a exporté
321.119 tonnes, pour une
Sonde de la Société Busthenari
valeur de de 26.000.000
construite à l'Exposition
frs. Sur ce nombre, il
y par l'arch. A. Clavel.
avait 53.374 tonnes de pé-
trole brut, distillé et de ga-
zoline; 196.631 tonnes de pétrole lampant et 71 .1 14 tonnes
de benzine.
A
la fin de Décembre 1906 il éxistait, pour l'exploi-
tation du pétrole en Roumanie, 37 sociétés par actions et
16 associations ou syndicats.
La principale de ces sociétés est la société anonyme
Steaua Românà (l'étoile roumaine) au capital de 30.000.000
frs entièrement versés et qui date de 1895; le siège delà
société est à Bucarest Boulevard Carol, mais ses chantiers
584
5.85

sont en Prahova, Buzeu, Bacau et Neamtz. Au début le


capital social ne fut que 2.400.000, puis passa à 10.000.000
à 17.000.000 à 24.000.000 et fut enfin porté le 6 Décembre
1905 à 30.000.000 frs. La société travaille sur 305 hec-
tares, et possède une réserve de plus de 30.000 hectares
dans les régions pétrolifères.
En 1906 sa production de pétrole a été de 328.330
tonnes.
La Steaua pour raffiner son pétrole, a trois grandes
instalations à Bucarest, Moinesci et Cîmpina; cette der-
nière est la plus belle d'Europe. Elle possède encore un
atelierpour la fabrication et la réparation des outils de
sondage, 160 klm. de câbles éléctriques pour le transport
de la force motrice utilisée aux sondages, des réservoirs
de 200.000 tonnes, 250 klm. de conduites pipe-line, une
vaste instalation de réservoires à Constantsa et une fab-
rique de caisses et bidons à pétrole, —
363 wagons citernes,
5 bateaux. — La société possède en outre dans le pays
15 grands dépôts pour vente de ses produits.
la
En 1906 elle a extrait 313.917 tonnes de pétrole brut,
dont elle a obtenu par sa fabrication: 29.217 tonnes de
benzine, 100.724 tonnes de pétrole lampant, 25.542 tonnes
de gazoline, 7.960 tonnes d'huiles lubrifiantes et 120.604
tonnes de résidus. Sur cette quantité elle a exporté 161.247
tonnes.
Pour l'exportation du pétrole en Allemagne du Sud
la société possède sur le Danube des instalations à Giur-
giou, Buda-Pesthe et Reghemsbourg.
Son bénéfice brut en 1905 a été de 4.759.398 fr. et

le bénéfice, net de 1.566.172 fr.

La réprésantation et la direction supérieure des affaires


est confiée au suivant Conseil d'administration; Mr Arthur
Gruimer, directeur de la Deutsche Bank de Berlin, Pré-
sident; M. Jean I. Boamba, avocat de Bucarest et Mr
Félix Kuranda, directeur de la Wiener Bank-Verein de
Viene, Vice-Présidents Membres: MM. Dr. W. de Adler,
;
586

Le magasin de charcuterie de la Le magasin


fabrique L. Patac. de pâtisserie H. F. Kirsch.
rue Carol. rue Carol.
587

directeur de la Wiener Bank-Verein de Vienne, Georges


I. Boamba propriétaire à Bucarest, E. Heinemann, di-
recteur de la Deutsche Bank de Berlin, Dr. Arthur Herz
directeur de la Deutsche Petroleum de Berlin, Erhard
Wolf de Bucarest, J. Szeculicï de Bucarest, le prince D.
Stirbey de Paris, Hottinguer de Paris, R. Duval de
Paris.
La direction générale de la Société est confiée a Mr
George Spies, et aux différentes branches de l'entreprise,
fonctionnent MM.
A. Gûnther et R. Kirschen comme di-
recteurs commercials, A. Mûller, directeur des sondages
et 0. Schaarschmidt directeur des fabriques de Campina.
La vente de ses produits se fait dans le pays par 15
dépots propres spécialement instalés dans les principales
villes.

La société possède un bureau à Berlin, Kanonier-


strasse No. 9.

La Société anonyme „Aurora" a été primitivement


fondée en 1898 à Ploesti au capital de 150.000 frs; en 1899
la société petrolifère internationale roumaine d'Amsterdam,
fusionna avec l'Aurore dont elle conserve le nom, trans-
porte le siège à Bucarest actuellement rue Paleologu et
élève le capital à 6.500.000 dont 3.250.000 frs. versés.
Cette société possède une raffinerie à Baicoi qui peut
traiter jusqu'à 900 tonnes de pétrole par jour et une autre
à Tirgoviste.
Les fabriques en 1905 — 1906 ont produit en tonnes.

^intérieur . . . 14.844
Benzine .

\export . . . 2.777

La Société utilise 282 Wagons-tauks et possède 89


réservoirs d'une capacité de 34.987.000 litres. Au compte
du capital investi l'on trouve en 19001a somme de 1.420.899
588

frs. eten 1905 —


7.699.680 frs. Les dividendes payés ont été
de 5.50o/o en 1900, de 7.87% en 1904 et de 6% en 1905.
La société la plus intéressante au point de vue de
l'organisation est celle formée par le consortium allemand
de Disconto et S. Bleichroder, cette société est constituée
la
par quatre sociétés distinctes se complétant les unes les
autres, tendant toutes avec des attributions diverses au
développement de la même industrie.
Ces sociétés sont: la Telega Oil C-ie Ltd., Busthe-
nari, Vega et le Crédit pétrolifère.
La Société „Româno-Americanà" a été constituée
comme société anonyme en Juin 1904 au capital de
2.500.U00 frs. porté en 1905 à 5.000.000 puis en 1906 à

Les rafineries de la „Româna-Americana".

12.500.000 frs.; son siège social est à Bucarest. Cette


société tout en possédant de nombreux terrains dont elle
exploite une partie, développe surtout son activité dans
la raffinerie.
Le premier Conseil d'Administration, lors de la con-
stitution de la société, a été composé comme suit:
Président Mr B. G. Assan, Vice- Président, Mr Georges
Negropontes, Membres, Messrs : D. Dobrescu, Virgil Arion,
W. G. Boxshall, W. M. Page et J. E. Eggleston.
Administrateurs délégués: W
M, Page & J. E. Eg-
gleston, Censeurs: Messrs Th. Stefanesco, I). Hernia, C.
N. Nicolesco; Supléants: Messrs Emil Socec, Th. Crivetz
& Ernest Rosetti.
589

Les établissements de la société sont:

1) La raffinerie de Pétrole et de ses dérivés, à Be-


reasca de jos, commune Ploestiori, district de Prahova,
près la station „Halta Teleajen" sur la voie de fer Ploesti-
Buzeu.
2) Une station d'exportation avec des réservoirs,
pompes, ligne de garage, instalés sur un terrain, propriété
de la société, situé près la voie de fer, entre les stations

Constantza et Médéa.
Les réservoirs, de cette station d'exportation, sont
liés par des conduites (Pipe-Line) aux réservoirs de pé-
trole de l'état du port de pétrole de Constantza.
3) Un nombre assez large d'exploitations pétrolifères
à sondes dans différentes localités des districts de Prahova
et Bacau.
Les plus importantes constructions, et instalations
de la société ont été exécutées pendant la période — Février
1905— Avril 1907 — sous les auspices de Mr H. P. Cham-
berlain, comme Administrateur délégué, qui a voué aussi
son précieux concours au dévéloppement des entreprises
de la société.

En déhors de la vente de ses produits dans le pays,


la société en a fait un export important pour divers pays
à l'étranger.
Le Conseil d'Administration actuel de la société est
composé comme suit: Président Mr B. G. Assan; Vice-
President, Mr D. Dobrescu Membres, Messrs; Virgil :

Arion, N. R. Capitaneanu, W. G. Boxshall, Nelson K.


Moody et W. C. Brower.
Administrateurs délégués: Nelson K. Moody et W.
C. Brower.
Censeurs: Messrs Th. Crivetz, D. Hernia et C. N.
Nicolescu.
Suppléants: Messrs Emil Socec, V. T. Cancicov et
Ion Peretz.
590

„Colombia", Société Franco-Roumaine ayant un


capital d'actions de 3.500.000 frs. et 1.700.000 obligations.
Cette société fut fondée en
Octobre 1905, avec un
capital de 1.200.000 travaux de Bustenari
frs., et prit les
de la raison Ruzicka, Elias & Taubes avec 5 sondes. A
la fin du mois d'Avril 1906 le premier bilan après 6
mois donne un bénéfice de 190.747.07 frs. ainsi reparti:
45.070.71 frais d'exploitation et administration; 57.096.96

Les sondes de la Société „Colombia".

amortissements et 88.579.40 profit. La société fut agrandie


en 1906 au mois d'Août, par l'achat de nouveaux ter-
rains de Bustenari. A cette occasion le capital fut aug-
menté à 2.800.000 frs., quand une émission d'obligations
fut faîte à taux fixe de 5%, amortisable en 12 ans. A
cette époque la société possède 17 sondes. La bilan clos
au 30 Avril 1907, fut soldé avec un bénéfice de 1.112.022,27
Francs.
On paya une dividende de 16% par an pour le délai

de temps du 1 Mai au 30 Juillet 1906 et à un capital de


591

1.200.000 frs; Une dividende de 14% pour 1 Août au 30


Avril 1907.
La quantité de pipe-line extraite du 1 Août au 30
Avril 1907 fut de 2700 vagons, soit 300 vagons à 10.000
kgr. par mois.
Le conseil d'administration est composé par MM.
Barbe, S. Delavrancea, ancien maire de Bucarest, avocat,
comme président.
Démêtre Zarifopol et Achille Levy Straus, vice-pré-
sidents.
S. Herm.
Rosental, Spayer, A. Blank, Lazar, I.

Elias, comme membres.


Administrateur délégué et directeur général M. Lazar
I. Elias.
Censeurs: MM. N. P. Romanesco ancien maire de
Craiova, M. Prager et Léon Ruzicka industriels.
Directeur M. G. Many, professeur à l'école des ponts
et chaussés.

La fabrique de bièrre „Oppler".

Parmi grandes et plus anciennes industries de Bu-


les

carest il faut compter les fabriques de bière, dont quatre


valent la peine d'être citées et qui prennent un dévelop-
pement de plus en plus considérable par suite de la pé-
592

nétration de la bière comme boisson habituelle, dans les


campagnes, où, jusqu'à présent, l'on accoutumait exclu-
sivement l'eau de vie de prunes — tsouica — et autres al-

cools si funestes à la santé. Du reste pour encourager cette


tendance, l'Etat a progressivement abaissé les taxes fort
élevées qui précédemment
grévaient la bière, ainsi en
1895 la taxe fiscale était de
30 ;frs. par hectolitre, il
y
eut, t
pour tout le pays, une
production de 4.396.625 litres

de bière, dont on vendit


4.190.762 litres, ce qui pro-
cura à l'Etat un revenu de
1.257.228 frs.

En 1896 par la loi du


22 Août, on abaisse la taxe
à 15 frs. par hectolitre, cette
année il y eut une produc-
tion de 6.476.186 litres, dont
on vendit 5.289.883 litres et

l'Etat perçût 793.482 frs. 45.


En 1906 on fabriqua
14.564.155 litres, on vendit
13.084.21 5 litres, l'Etat perçût
1.962.630 frs.

Sur cette quantité de


14.564.155 litres fabriqués en
1906 jles fabriques de Bu-
carest qui sont les principales du pays ont fourni:
Litres Litres

Bragadir 5.536.344 Oppler . 1.670.844


Luther (aujourd'hui Czell) 4.009.164 Basilescu 951.213

Ces fabriques situées dans les quartiers exentriques


de la ville ont des installations toutes modernes et de
grands jardins où se rend en été le public bucarestois
593

pour y entendre de la musique et y boire de la bière;


Oppler et Bragadir ont également des salles de fête où
ont lieu l'hiver des bals et dans le temps chez Oppler un
théâtre de variété que fréquentait le Bucarest élégant.
Les fabriques Assan. —En sortant de la „Calea
Mosilor" du côté de l'emplacement où a lieu chaque année
la foire .jnosi" à une petit distance et à gauche de la
barièrc. s'élève l'imposante bâtisse des fabriques Assan.
L'historique de ces fabriques a une grande impor-
tance pour l'industrie roumaine.
Fondées par feu Mr. Georges Assan, le père des ac-
tuels propriétaires, le commencement de cette grande in-

Les fabriques Assan.

dustrie, fut trèsmodeste: une petite instalation de presses


pour l'huile mises en mouvement par la force humaine et
quelques pières à moudre les grains mises en mouvement
par les chevaux. Doté d'un grand esprit commerciel, le
défunt Georges Assan père, se rendant compte de l'im-
portance qu'a la force motrice dans l'industrie, fit venir et
installaavec bien de peines en 1853 la première machine
à vapeurs de la maison Siegel de Vienne.
A entendre l'histoire de la manière dont on fit tran-
sporter dans le pays cette machine, on croirait à un conte
fantastique; ainsi pour le transport de cette machine d'un

6613 38
594

poid de presque 7000 kilos, on a employé quatre semaines


de Giurgevo à Bucarest, tandis que de Vienne à Giur-
gevo on n'avait mis que deux semaines par voie du Da-
nube; car on devait refaire et consolider tous les ponts et
petits ponts par où devait passer un poid relativement
grand pour ces temps.
La première (cos) cheminée qu'on fit bâtire n'avait
qu'une hauteure de 24 métrés, hauteure relativement petite
pour les temps actuels, mais pour ce temps c'était une
hauteure importante. Le moulin de Colentina était devenu
un point de curiosité pour Bucarest et ses environs. Ce
qui est plus caractéristique, c'est qu'une fois que le moulin
à vapeur fut mis en mouvement, il a été impossible de
décider les boulangers à venir faire moudre leur blé à ce
moulin, car prétendaient-ils si tout cela est mis en mou-
vement par le feu et qu'il en sort de la fumée, il est im-
possible que la farine ne brûle pas.
Ce n'est qu'un dur hiver qui gela les eaux des mou-
lins, qui les força quelque temps après de se décider à

venir taire moudre à la fabrique Assan. Malheurensement


Georges Assan père mourut trop tôt, en 1866 à l'âge de
45 ans et ce fut à la veuve de continuer cette grande
œuvre industrielle jusqu'en 1884 quand ses fils Georges
et Basile Assan ayant términé leurs études à l'étranger,
vinrent continuer avec beancoup d'ambition, énergie et
force de travail cette fait aujourd'hui hon-
industrie qui
neur à notre pays. Depuis peu à peu une trans-
ils firent
formation radicale à l'utilage et l'emmenèrent au courent
du progrès moderne. Aujourd'hui sur le même terrain de
quatre hectares s'y trouvent 5 industries importantes:
— Une fabrique d'huiles végétales qui peut presser et
extraire au moyen de la benzine jusqu'à 2 vagons de
grains huileurs par jour.
— Un moulin qui peut moudre 7 vagons de blé en
24 heures.
une fabrique de vernis, couleurs et autres articles
595

qui a été créé il y a dix ans et qui prend une bonne partie
des matières primes, comme huiles sicatives de chanvre et
autres de la fabrique d'huiles.
Une fabrique de mastique et graisse consistente pour
les machines agricoles et une fabrique de végétaline ex-
traite de la noix de cocos fondée cette année et qui pro-
duit 1000 kilos par jour.
Les huiles sont extraites selon toutes les régies tech-

niques et moyenant les installations les plus pérféctionnées.


Les gomes. résines, copahus dont on se sert pour la
fabrication des vernis, sont importés de l'Asie, l'Afrique et
l'Australie. Le plus éloigné endroit de provenence c'est la
Nouvelle Zélande, ainsi que Zanzibar, Manila, Siéra, Léona,
Mozambic, etc. La valeur anuelle des vernis dépasse la
somme de 250.000 frs. malgré la concurence des vernis an-
glais protéjés par les taxes de douane trop petites. Les
huiles sont vendues dans le pays; on n'exporte que les
résidus de leurs fabrication. La consommation anuelle des
huiles végétales dans le pays s'élève a 8 millions kilos
d une valeur de presque 6.000.000 frs. De ces 8.000.000 kilos,
2.000.000 sont fabriqués dans le pays le reste y est im-
porté dû aux avantages des tarifs de la douane. Cette in-

dustrie a un grand avenir chez nous.


L'installation du moulin est des plus modernes. La
pierre a moudre a disparu pour faire place aux cilindres
en acier et en porcelaine entre les quels le blé et les au-
tres produits 15 à 16 fois jusqu'à ce que l'opé-
passent
ration soit complète. Les machines de ce moulin moderne
sont aussi compliquées que la diagrame qui représente la
voie dont passe le blé dans le moulin.
L'industrie du moulin a accaparé depuis 20 ans tout
le commerce intérieur du pays, ne permetant plus l'im-
portation des farines de Hongrie.
Le moulin Assan moud jusqu'à 7 vagons de blé par
jour produisant jusqu'à 4 vagons de farine pouvant ali-
manter la 3me partie de la population de Bucarest, c'est
596

à dire 100.000 hommes par jour et produit des marchan-


dises d'une valeur de 3.000.000 anuelle.
La
farine et les autres produits du moulin Assan,
sont vendus dans tout le pays. Les boulangers font le
moulinage du blé dont ils ont besoin, à leur compte.
La société générale des sucreries et raffineries
en Roumanie e —
La première fabrique de sucre qui fut
crée en Roumanie, est celle de Sascut qui date de I874,
puis le prince Nicolas Bibescou construisit la fabrique de
Chitila en 1 876, plus tard en 1898, fut construite la fa-
brique de Marashesti.
En 1899 la fabrique de Sascut devint la propiétéde
„La société générale des sucreries et raffineries en Rou-
manie", qui construisit également la sucrerie et raffinerie
de Roman. La fabrique de Ripiceni fut construite par une
société française et celle de Brânceni, par un consortium
Anglais.
Ces diverses fabriques représentent un capital im-
portant dont: La fabrique de Roman et Sascut 9.000.000
frs; Marashesti 4.500.000 frs; Ripiceni 3.500.000 frs; Chi-
tila 2.000.000 frs. Donc un total de 19.000.000 frs., outre
la fabrique de Brânceni, qui ne travaille plus.
La production de ces fabriques a toujours été en
augmentant sauf une légère baisse en 1902 et 1904 qui
provenait de l'état économique générale.
La production en tonnes a été pour chaque fabrique
en 1906:
Roman-Sascut Marashesti 7.327; Ripiceni
12.690;
4.189; Chitila 4.379 Donc un total de 28.585.
La consommation du sucre en Roumanie se généra-
lise de plus en plus et bien que nous soyons encore loin

de la proportion de la consommation du sucre par tête,

dans les autres pays, la marche suivie assure à cette in-


dustrie les plus heureuses perspectives.
La consommation en I906 pour le pays entier et en
597

rapport avec la marche de l'importation et de l'exportation


fut de 21.700 tonnes.
Dans cette quantité Bucarest entre pour 549 vagons.
Ce qui représente une moyenne de 3 kil. 6 par an
et par tête pour le pays et de 18 kil. par tête pour la

capitale.
Cette industrie tend à se développer de plus en plus
en même temps qu'elle encourage la culture de la bette-
rave qui trouve un excelent terrain dans le sol roumain
et donne une forte proportion de matière sucrée.
La direction de ces usines a été confiée; Roman-
Sascut, à Monsieur Raymond Raeymachers, administra-
teur-delegué et Monsieur Jules Lesuisse, directeur général ;

Marashesti, à Monsieur H. Economos, administrateur-


délégué; Ripiccni. à Monsieur Maillassoux, administrateur-
délégué: Chitila, à Monsieur Maurice Blank, administra-
teur-delegué.
La fabrique de briques de Mr. Hagi Tudorake de
Hcrastrau, qui fut tout d'abord construite en 1894 par une
société en comendite à laquelle l'actuel propriétaire racheta
la fabrique. La production est d'environ 7 millions de
briques de toutes espèces par an. La famille Hagi Tudo-
rache est une vieille famille de négociants, le père Tudor
Hagi Tudorache originaire de Curtea de Arges, était de
son temps le plus important commerçant de Bucarest, ses
magasins occupaient l'espace de la place St Georges et
furent détruits lors du grand incendie de 1848; plus de
3.000.000 v. de marchandises périrent, néanmoins il se
1.

releva grâce au crédit que l'étranger lui accorda en vue


de son passé et sa parfaite honetête.
Toujours en 1906 a été fondée la Société roumaine
de cotonnage „Colentina", située chaussée Colentina No
84, pour la fabrication des tissus blancs de coton et autres
en général, comme chifonerie etc.: la matière première
est importée d'Angleterre. La fabrique est conduite par
Mr W. A. Marsden.
598

Parmi grandes industries du pays, la fabrique de


les
Mr E. Wolff, rue CuÇitu de argint, occupe une des pre-
mières places.
Fondée en 1877 avec 27 ouvriers, elle en possède
aujourd'hui de 650—850; son capital est de 1.500.000 frs,
et son industrie métallurgique prend unjgrand dévelop-
pement à la suite de l'outillage perfectionné qu'on y a in-
troduit. C'est incontestablement la plus importante fabrique

Usine de la fabrique E. Wolff.

du genre dans tout le pays. C'est elle qui a construit et


installé les 15 réservoirs de 500 wagons chaque, du port
de Constantza, l'estacade de Braila, et bien d'autres grandes
constructions en qu'auparavant on n'eut pu exécuter
fer,

dans pays. La maison possède un bureau technique


le

rue S-tu Dumitru.


La fabrique „Stella", de savons et bougies de sté-
arine et parfums, —
chaussée Colentina No 66 date de —
I883, et produit aujourd'hui d'excellents fabriqués qui
couvrent en grande partie les besoins de la consommation
599

pour tout le pays, elle a reçu de nombreuses distinctions


à divers expositions et a été classée „hors concours" à
celle de l'an 1906 pour ses savons
médicinaux, ses fins,
bougies de luxe etc. Elle emploie 45 ouvriers et appar-
tient au Dr I. Hofmeier de Gratz c'est Mr Th. Bartsch qui
;

la dirige.
La fabrique de chocolat C. I, Zamfiresco, boulevard
Elisabethe 38. Jusqu'en 1870, consommation du chocolat
la
est insignifiante. À partir de cette date, on commence a
introduire et a consummer dans le pays, le chocolat et le
cacao introduit surtout de la Suisse et de la France et la
consommation augmente petit à petit.
En 1891, l'industriel français F. Bresson, fonde la

Un intérieur de la fabrique de chocolat C. I. Zamfiresco.

première fabrique de chocolat à Bucarest. Cette fabrique


passe en 1898, dans la possession de M. C. I. Zamfiresco
qui continue aussi aujourd'hui d'être le propriétaire.
M. C. I. Zamfiresco, donna à sa fabrique en 1906
tout le confort demandé par le progrès de cette industrie,
ainsique ses produits rivalisent avec ceux de l'étranger. La
vente faite pendant la dernière année a été de 800.000 frs.
de cette somme presque pour 350.000 frs. a été consummé
par la capitale, ce qui représente 90°/o de surplus par
raport à la consommation faite au début de la fabrique.
600

Une des grandes installations industrielles de la ca-


pitale est la maison
de com-
merce Socec & maison de
Co.,
librairie fondée à Bucarest en
1856 par Ion V. Socec un des plus
actifs membres de la chambre
de commerce dont il fit partie
depuis sa création (18o4) jusqu'à
sa mort. En 1871 la maison in-
stallaune typographie, puis une
fabrique de cartonnage, une li-
thographie, zincographie et au-
jourd'hui c'est la première insti-

tution d'arts graphiques en même


temps que de librairie du pays.
La maison dirigée par les frères
M. Ion V. Socec.

Jean et Emil Socec a été


transformée en 1905 en so-
ciété par actions.
L'ancien local de la

librairie, actuellement dans


la Calea Victoriei, vient
d'être démoli, et sur le

même emplacement on
verra bientôt surgir un im-
posant édifice destiné au
même bût. Pour la fabrique
qui se trouvait rue Berzei
la maison vient de faire
construire une magnifique
bâtisse rue Lipseani, d'après
toutes les exigences mo-
dernes d'une pareille in-
dustrie et dont nous don-
nons la gravure.
Les ateliers „Socec & C-ie'
60 S

B. Gaiser Calea Grivitzei 138; fabrique de produits


métaliques. Elle fut fondée en 1859 par M. Baptiste Gaiser,
n'ayant à son emploi que 5 ouvriers. Aujourd'hui elle

Intérieur de la fabrique B. Gaiser.

emploie 120 ouvriers, avant une installation moderne, con-


duite par la force motrice. Elle est dirigée par MM. Ru-
dolf et Albert Gaiser.
La fabrique de machines et appareils de sondages
Henry Mayer & C-ie de Nuremberg a installé une suc-
cursale à Bucarest — rue Pensionat — et
une fabrique du
même genre à Ploeshti. Elle a éxécuté les sondages de
Aquila-Românâ, Stejar etc.
Les machines à écrire Yost sont introduites en Rou-
manie depuis presque dix années et due à leure réputa-
tion mondiale, la maison a réussi a placer dans le pays
plus de 3.000 machines dont au Palais Royal, aux ministères
et aux différentes autorités de Bucarest et de la province etc.
La représentence de ces machines est confiée à Mr
M. Segaller, qui les représente dignement et à qui on
doit aussi la création àBucarest d'un cours gratuit pour
machine, ce qui donne le moyen d existences
l'écriture à la
à beaucoup de demoiselles pauvres.
Une industrie nouvelle et modeste a été créé en 1901
rue Isvor par L. Abramovici qui fit une fabrique de
meubles en fer et en bronzeainsi que divers articles de
ménage, en fer émaillé, bronze, fonte etc.
602

LES GRANDES SOCIÉTÉS FINANCIÈRES.

A côtégrandes institutions financières sous le


des
contrôle de l'Etat, se sont développées à Bucarest d'im-
portantes maisons de banque privées qui la plupart étaient
formées au début par des associés limités ou commandités et
qui presque toutes ont adopté la forme de sociétés anonymes-

Une des plus anciennes maisons de banque éta-
blies à Bucarest fut la Banque de Roumanie, fondée en
1865 au capital de 25.000.000 frs. dont 10.000.000 frs. versés
et appartenant à une société anglaise par actions, dont le
siège est à Londres, autorisée à fonctionner en Roumanie
par un acte de concession du prince Alexandre Ioan I; en
1904 expirait la concession de 35 ans renouuvellée par le
décret princier de S. M. Charles 1er, aussi en 1903 cette
banque a liquidé passant tout l'actif et le passiv à la nou-
vellle banque formée à Londres et appelée The Bank of
Romania Limited, le capital de cette banque est de 7.500.000
frs. en 50.000 actions de 150 frs. chaque. D'après ses sta
tuts elle peut contracter toutes opérations comerciales, in-
dustrielles, hypotécaires, financières etc. A la clôture de
1906 les opérations de 1905—1906 s'élevaient à 30.026.978
frs. le bénéfice net est de 661.402 francs et le fonds de ré-
serve — l'ancien compris — se monte â 37.992.317 frs. 90 c.

La banque générale roumaine, fondée en 1897 par


Mr. Em. Costinescu, actuellement Ministre des finances, a
été constituée en société anonyme par actions au capital de
10.000.000 de lei sous les auspices d'un syndicat composé
par la Direction de la Disconto-Gesellschaft à Berlin, les

maisons S. Bleichrôder à Berlin, A. H. Elias Frères à


Bucarest et autres notabilités du pays.
Bien que fondée 1
en 1897, déjà en 1898, elle participe

avec le syndicat Disconto-Gesellschaft et Bleichrôder à la


conversion (Tune partie de la dette publique de l'Ecat Rou-
main par une prémière émission de 180.000.000 de rente
4%>, participant après, avec le même syndicat, à toutes
603

les grandés opérations financières du pays, comme: Ternis*


sion des bons de trésor pour 175 mil lei, l'émission de rente

5% de 185 mil lei affectée à la conversion des bons de


trésor et en 1905 à l'emprunt de 400.000.000 de lei, ayant
pour but la conversion de la dette publique de 5% à 4%.
La Banque Générale a contribué à la fondation de la So-
ciété Générale de Sucreries et Raffineries en Roumanie
au capital de 9.000.000 lei et à la fondation d'importantes
industries pétrolifères en Roumanie par la formation des So-
t
ciétés «Telega OilCo. Ltd", „Bustenarii' „CreditPetrolifer',
,

„Vega" ensemble au capital d'environ 30.000.000 lei et à


la fondation de la Société „Arge$" pour l'exploitation de
Forêts et l'Industrie du bois anciennement E. Lessel. La
Banque Générale Roumanie a des Succursales a Braila,
Constantza, Giurgiu, Craiova, T.-Mâgurele, Ploesti qui s'oc-
cuppent aussi d'avances sur céréales et tout particu-
lièrement de la vente en commission des céréales.
La banque de crédit roumain est de date toute
récente (1904); son capital est
de 5.000.000 frs, dont 3.000.000
versés. Les opérations pour
1906 se chiffrent par 66. 1 65.009
donnant un bénéfice net de
568.359 frs. Son fond de ré-
serve est de 150.000 frs.

Cette banque lors de sa


formation a fusionné avec l'an-
cienne vieille maison de banque
autrichienne Ieschek et C-ie,
fondée en 1888 et comman-
ditée par la Landerbank de
Vienne. Le siège actuel est à
l'angle de la rue Smârdan et
de la rue Doamnei, dans le La banque de crédit roumain.
palais de rue Smârdan.
la Société d'assu-
rance -Nationala".
604

La maison Marmorosch, Blank & Co. sous la forme


colective Marmorosch, Blank & Co. construit en 1878 avec
l'entrepreneur Léon Guillaux la ligne Bucarest— Prédeal,
en 1882 le tunnel Barbosi — Galatz. La même année avec
la société marseillaise des ciments du Midi elle entreprend
la canalisation de la capitale. En 1885 elle participe à la

transformation de la fabrique Mandrea de Filaret en so-


ciétéanonyme pour fournitures militaires et chaussures.
En 1887 elle participe à la fondation de la fabrique
de papier Scaeni. En 1888 elle prend part à la transfor-
mation de la maison Goetz en société anonyme pour
au capital de 8.000.000 frs.
l'exploitation forestière
En
1889 elle devient la commanditée des banques
Darmstadter de Berlin et Banque Commerciale de Pest
au capital de 2.500.000 frs, porté
en 1893 à 3.000.000 frs, et participe
alors avec l'ingénieur I. G. Canta-
couzino à la fondation d'une fa-
brique de ciment à Braila et à la
construction de la ligne Dorohoi —
Iassy et puis en 1895 de la ligne
Rimnic-Vâlcea Câineni.—
En 1895 elle effectue l'emprunt
communal de 32.500.000 francs.
En 1897 elle fonde la société
M. M. Blank.
d'assurances „Générala" au capital
de 3.000.000 frs. En 1898 elle fait

la conversion de 54.000.000 des emprunts de la ville de


Bucarest, réorganise la fabrique de sucre de Chitila qui
devient société anonyme au capital de 2.500.000 frs et

enfin porte son capital à 5.000.000 frs.

En 1905 la banque devint société anonyme au capital


de 8.000.000 avec le concours de ses anciens commandi-
taires et de la Banque du Commerce de Berlin. Cette
année là. la nouvelle société commandite la maison Carissv,
qu'elle transforme en comptoir Franco-roumain; puis avec
*

605

le concours de la banque de Paris et des Pays-Bas qui


s'associe à elle, la société port*;; son capital à 10.000.000 lei.
Enfin en 1906 elle transforme l'exploitation pétroli-
fère Hagienoff et Cîmpeano en société anonyme „Trayan*
au capital de 5.000.000 frs. Elle crée peu après la fabrique
de tricotages et tissus de Bucarest au capital de 1 .000.000
frs, participe à l'emprunt de 35.000.000 de la ville de Sofia
et comme ses opérations s'étendent jusqu'en Orient crée
la banque de Commerce et de Dépots de Salonique au
capital d"un million.
La banque Gliicklich, Dickin & Cie de Bucarest qui
à aussi une succursale à Galatz date de 1904 et a fondé
en 1905 avec quelques autres capitalistes la société rou-
maine pour l'industrie du coton, au capital de 1. 000.000
1rs, et en 1906 la société anonyme forestière „ Union au k

capital de 8.000.000 frs, ainsi que la société, par actions,


de tricotage F. Biisken au capital de 675.000 frs.
La Banque commerciale Roumaine a été fondée en
Février 1907 avec le concours et l'appui financier des
Banques étrangères et des banquiers ou capitalistes rou-
mains suivants:
Banque de TUnion Parisienne à Paris, 60.000.000 frs.
capital; Viener Bank-Verein, à Vienne, 130.000.000 fr.

Banque Anglo-Autrichienne à Vienne, 80.000.000 frs. Crédit


Général Liégeois à Liège, 30.000.000 frs. Crédit Anver-
sois à Anvers, 10.000.000, frs. Maison de Banque G. Eco-
nomos & Figlie; Maison de Banque à Trieste; Maison de
Banque S. Halfon & Fils à Bucarest; Maison de Banque
J. vStaehli & Fils à Bucarest; Monsieur Joan N. Chrisso-
veloni à Bucarest; Monsieur Hector Economos à Maraseçti.
Cette Banque a majeure partie des affaires
repris la
de diverses banques roumaines en sorte que lors de l'ou-
verture de ses bureaux elle a pu alimenter de suite son
activité.
Pour pouvoir mettre, à la disposition du public tous
les services de banque en général et cela d'une façon pra-
606

tique et toute moderne, la Banque Commerciale Roumaine


a acheté l'ancienimmeuble Zerlendi qui vient d'être res-
tauré etaménagé de très heureuse façon.
Tous les services de caisses et les guichets sont au
rez de chaussée dans un local d'un seul tenant ayant
près de 1000 mètres de superficie; l'absence de murs et
de cloisons fait que l'air et la lumière pénètrent partout
dans ce vaste hall, et que le public a un accès des plus
faciles auprès des employés
qui doivent le servir ou
le renseigner.
En outre, la Banque
Commerciale inauguréa
en Roumanie pour le dépôt
et la conservation des objets
de valeurs, titres etc., un
système qui depuis long-
temp déjà est pratiqué à
l'étranger et qui rend de
réels et importants services
au public.
Dans des caves de 4
à 500 mètres de super-
ficie, hautes de 4 mètres,
La banque commerciale Roumaine.
dont toutes les parois ont
rue Smârdàn.
environ 1 mètre d'épaisseur
de briques, béton armé, et blindage d'acier, la Banque
Commerciale Roumaine a installé de petits coffres-forts
avant chacun une serrure spéciale et une clef différente.
Le client de la Banque qui loue un de ces compar-
timents a seul la clef qui ouvre son coffre et il peut y ac-
céder librement pendant toute la journée sans, aucune
formalité ni entrave et cela aussi souvent qu'il le désire.
Le prix de la location est des plus minimes et ne
représente même pas l'intérêt du prix que devrait payer
le client pour acquérir un coffre et le placer, chez lui avec
607

bien moins de sécurité contre l'effraction ou l'incendie,


l'immeuble de la Banque étant jour et nuit surveillé par
une garde spéciale faisant des rondes de contrôle. Au sur-
plus, toutes les parois, le sol et le plafond sont construits,
de façon à rendre impossible toute effraction ou même
toute détérioration par incendie.
Après avoir installé son Siège Central à Bucarest,
la Banque Commerciale Roumaine a également construit
à Braila dans un immeuble qu'elle a acheté, une succur-
sale sur le même modèle qu'à Bucarest et elle a ouvert
ensuite une Agence à Galatz qui offre au public les

mêmes facilités.

faits a mis rapidement la Banque


L'ensemble de ces
Commerciale Roumaine au rang des meilleures institutions
de crédit en Roumanie.

Un intérieur de la Banque commerciale.

Banque Félix Griin & C-ie, Bucarest, rue Acade-


miei No. 1 Bureau central de vente de la loterie du roy.
.

de Roumanie priv. en classes. Cette loterie, sanctionnée


par le Gouvernement comprend six classes c. à. d. six
tirages, à raison d'un tirage par mois. Les tirages sont
officiels et contrôlés par le gouvernement qui garantit le

payement de lots en espèces 60.000 numéros (billets) sont mis


;

en vente desquels 30.000 doivent irrémédiablement gagner.


608

La maison de banque L. Berkowitz dirigée au-


jourd'hui par les frères Ely, Adolphe et Max Berkowitz
comme propriétaires, fut fondée
en 1880 par L. Berkowitz pére
qui au commençement ne faisait
que des opérations d'escompte,
mais dû au progrès de ces ope-
rations, fonda la maison de ban-
que et s'associa a ses fils et an-
ciens procuristes Ely et Adolphe
Berkowitz qu'il conduisit jus-
qu'en 1903 quand il se retira
pour céder la raison aux as-
sociés d'aujourd'hui.
On voit combien le rôle de
ces banques a été prépondérant
dans le développement de l'in-
dustrie et combien leur con- La maison
de banque L. Berkowitz.
cours a été précieux à l'Etat et
à la commune pour la bonne réussite de leurs opéra-
tions financières; du reste toutes ces banques réalisent
des sérieux bénéfices et le crédit roumain en tire un avan-
tage marqué qui lui assure le concours des capitaux étran-
gers dans sa voie de progrès.

LES SOCIÉTÉS D'ASSURANCES.

Ces sociétés ont existé depuis très longtemps en Rou-


manie et leur sort a beaucoup varié. Aujourd'hui Bucarest
compte 5 sociétés dont la Dacia-România est la plus an-
cienne. Elle estle résultat de la fusion (1881) des sociétés

Dada avec la România dont la première, fut crée en


1871, ayant un capital de 3.000.000 frs. et la seconde en
1873, ayant un capital de 2.000.000.
Depuis sa fondation, la Dacia eut comme directeur
1

609

jusqu'en i 876 AL A. Yorrel et à partir de cette date,


jusqu'à sa fusion M. I. Schlesingher.
La Romania eut jusqu'à sa fusion M. f. Seculici.
La Dacia- Romania a actuellement un capital de 4.000.000,
entièrement versé. La reserve du capital est de 1.500.000
1rs. Les sommes représentant les différentes branches des
assurances en 1906, sont: 1.220.396.7 I l incendies; 85.069.50
grêle; 303.33 1. 799 transport; 5.45 .227 vie. Les dommages
1

payés depuis sa fondation jusqu'en I90t>sontde 179.506.156


frs. Les membres du conseil d'administration des deux so-

ciétés avant et après leur fusion furent:


Dada: B. Boerescu, T. Negroponte, G. Gr. Ganta
cuzino. Menelas Ghermani, Th. Mehedinteanu, V. Gh
Porumbaru, St. Ioanide. C. Deroussi, Al. Zissu, A. Hal-
fons, Em. Protopopescu-Pache, C. D. Athanasiu, Al. Orescu,
X. Ionid, Assicurazioni Generali, C-ie Générale de réassu-
rances de Paris.
Romania: L. Calenderoglu, N. Calimachi-Catargi,
Dim. Cozadini, Mich. Daniel, Em. H. Manoach, le prince
Dim. Gr. Ghika, Th. Vaïssa, Major M. Anastasievici, Banca
Romaniei, M. Cogàlniceanu, T. Negruzzi, I. Neuschotz, G.
C. Philippesco, Al. C. Plagïno, V. Pogor, G. 1. Racovitza,
D. Rossetti, le prince Al. Stirbey, M. de Waldberg, Is. Ch
Daniel, Al. Çendrea.
Dacia- Romania :Gh. Chi^u, Colonel Dabija, N. Chris-
soveloni, Eulogio Georgieff, Al.Lahovary, Ion Kalenderu,
P. S. Aurelian, Em. Costinescu, Gr. Triandafîl, A. D. Hol-
ban, Iuliu Seculici, An. Stolojan, le prince D. B. Çtirbey.
La Société générale d'assurances „Nationala" fut
fondée le 8/20 Décembre 1881, ayant un capital de 3.000.000
frs, représenté par 15.000 actions à 200 frs et souscrit en-
tièrement dans le pays, dont les principaux souscripteurs
furent:
M. M. Marghiloman, D. Sturdza, P. Gràdisteanu, G,
C. Philippescu, Guillaume Ormody, Jacques M. Elias, Ch.
L. Zerlendi, C. Zappa, N. D. Moroeanu, Vasile Pogor,

6913 39
6 IU

Jacob Neuschotz, E. Costinescu, Menelas Germani, Th.


Rosetti, Em. Grunwald, I. I. Manoach, P. Stoicescu, N. I.
Chrisov eloni,
r
T. Taciu, Em. Farchi, Léon Halfon, Ilie

Xiculescu, Nicolae loanid, Ioan S. Brâtianu, A. Zacha-


riadi & C-ie, C. Christescu, S. I. Halfon.
En 1886 le capital social fut réduit à 2.000.000 frs.

Le premier conseil d'administration fut composé par


M. M. Ion Marghiloman, Dimitrie Slurdza, Em. Costinescu,
P. Grâdisteanu, Th. Rosetti, Ch. L. Zerlendi. N. D. Mo-
roeanu, Vasile Pogor, Jacob Neuschotz, G C. Philippescu,

Le palais de la Société générale d'assurances „Nationala".


rue Doamnei.

M. Germani, Constantin Zappa, M. Dumba, Jacques M.


Elias,Guillaume de Ormody.
Directeur Généra] fut nommé M. Em. Grunwald,
qui fonctionna jusqu'en 1901, quand il se retira. Tl lut
remplace par l'actuel Directeur [général, Mr. Boghos Po-
povici.
Les suivants membres se sont succédés depuis la

fondation :

MM. A. Bâicôianu, I). Theodorescu, Pache Protopo-


pescu, !. Negruzzi, G. Triandafil, T. Maiorescu, C. Nacu,
1

61

Em. M. Porumbaru, D. Marinescu-Bragadiru, E. Griïn-


wald, le prince Barbu Stirbei, Anton Carp, Dr
I. Costi-
nescu, Général Lahovary et Oscar Gentilomo.
I.

A la fin de l'année 1906 la société avait un total de


fonds de garantie de frs 20,160,435.46, en dehors des fonds
des associations mutuelles qui représentait 2,448,656.31 frs.

Les dommages payés depuis sa fondation représentent


un capital de 83.000.000 frs.
„Generala" Société roumaine d'assurances générales
fut fondée à Braila le 26 Février 1897 sous la dénomination

de Société roumaine d'assurances générales de Braila, ayant


un capital social de 3.000.000 lei entièrement versé. A la suite
de l'assemblée des actionnaires du 4 Avril 1899, on décida
le changement de sa dénomination en „Generala" et le
siège fut transféré à Bucarest. Actuellement la société con-
struit un hôtel dans la rue Smârdan pour y transférer
ses bureaux.
Les fonds de garantie à la fin de 1906 furent de
16.449.547,77 lei.

Les dommages payés depuis sa fondation jusqu'à


la fin du 1906 furent de lei 33.371.944,40. Le capital des
assurances sur la vie à la fin de l'année 1906 représente
la somme de 39.318.150 lei.

Le premier président du Conseil de la Société fut M.


D. Sturdza qui en 1897 se retira et fut remplacé par
M. Al. Marghiloman.
Les Vice-Présidents du Conseil de la Société furent:
MM. N. V. Perlea et Tache Anastasiu, et sont actuellement:
MM. Maurice Blank et D. Protopopescu.
Les Membres du Conseil d'Administration à la fin de
l'année 1906 sont: MM. G. G. Assan, Comm. Marco Besso,
N. G. Cantacuzino, C. G. Cociaçu, A. Erfling, Comm. E.
Gentiili, Gr. E. Golescu, J. Kahané, V. B. Mendl, C. Olà-
nescu, C. G. Petraru, Comm. E. Richetti de Terralba, Th.
Çtefânescu, Ph. Weiss, Z. C. Zamfirescu.
La société d'assurance „Patria" qui siège dans son
612

propre immeuble, dans le „Pasagiul-Român", peut compter


parmi grandes sociétés d'assurances.
les
que les branches de vie et d'accidents.
Elle n'exploite
Nous reproduisons quelques chiffres du XX-me compte-
rendu de la société et qui peuvent donner une idée exacte
du progrès de ses affaires.
En 1906, il sont entré 1440 offres d'assurances sur
la vie, représentant un capital de 9.033.266 frs dont furent

émises 1326 polices pour un capital de 8.175.266 frs. Les


dommages payés en cette branche pour 1906, représentent
la somme de 42,740.72 frs. Par rapport aux années pré-

cédentes, ils résulte que le stock de ces affaires a doublé


et que les reserves ont triplé. La branche accidents se
chiffre pour la même année, ainsi qu'il suit primes nettes:

de ristournes 798,325.20 francs; cédées aux réassurances


92,580.73; gardées par la société 705,744.47; dommages
payés 839,503.81 frs. Les dividendes distribuées aux ac-
tionnaires pour 1906, ont été de 12 lei par action.
Le Conseil d'administration se compose de MM. J.
M. Elias, J. Secuiici, Dr J. Costinesco, D. Carp, G. G.
Meitani et A. Maresch censeurs et MM. N. Ioanid, Dr.
C. Râdulescu et C. Vrana censeurs suppléants pour 1907.
Le directeur de la société est M. Romalo.
L'Agricola, société anonime d'assurances générales,
fut autorisée de fonctionner à la date du 1-er Juillet 1906,
mais elle ne commença ses opérations que le 1-er Juin
1907, quand elle n'exploita que les branches de transport
et incendie.
Ce n'est qu'au commencement de l'année 1907, quand
la direction de la société fut confiée à M. Theodor Fritsch
secondé par M. A. Steiner comme sous-directeur, qu'on
s'occupa de sa constitution.
Son capital entier lut souscrit dans le pays, malgré
les circonstences contraires de cette année, comme une
mauvaise année agricole et les révoltes des paysans. Les
réassurances sont faites chez: „Britisch & Koreign Insu-
613

rance Co., Ltd", de Londres, „Riunione Adriatica di Si-


curta" de Triest, „ Union'- Incendie Paris, le Lloyd néer-
landais. Amsterdam, National. Londres et autres.
Sitôt que la société commença a exploiter aussi la
branche de vie, son capital vérsé tut augmenté à 2.000.000
francs.
Son conseil d'administration est composé par: MM.
C. Colibàsanu, grand propriétaire, comme président; Ba-
sile Missir. ancien ministre et Luca Elefterescu grand pro-
priétaire, vice-présidents; Dr. N. Angelescu député, Léon
Costiner propriétaire, Dr. I. Dumitrescu, C. Disescu ancien
M. Helder commerçant, D. Ionescu maire de Braila,
ministre,
Al. Lucasievici de la The banque Ltd., S. Prager, Ad.
Solomon industriel et L. Timmerman, directeur de la
Banque commerciale, membres.

LE COMMERCE
Nos grandes maisons de commerce ont été et sont
encore en majeure partie des entreprises individuelles da-
tant déjà de longues années et qui conduites avec habi-
leté et capacité ont su traverser toutes les crises, parfois
redoutables de notre commerce commençant; plus tard
quelques unes de ces maisons voyant le cercle de leurs
opérations s'agrandir et voulant étandre encore davantage
leurs entreprises, ont cherché à augmenter leur pouvoir
d'action en adoptant la forme des sociétés en comandite
ou par actions. Parmi nos grandes maisons citons :

Le comptoir Franco-roumain rue Lipscani No. — 8,

qui s'occupe d'importation et exportation a été fondé


en 1 88 1 Mr Lévy-
par A. Carissy qui s'associa en 1904 à
Straus ormer le dit comptoir commandité par là
pour r

banque Marmorosch, Blanc et C-ie. Actuellement le fonds


de roulement est de 600.000 frs, mais qui doit passer à
1.000.000 aussitôt la transformation de la société en com-
man lite, en société par actions.
614

La maison de commission Zweif el et C-ie — Calea


Mosilor No. 31 et 33 — conduite par MM. Thomas et H.
Zweifel et représen-
tant des fabriques et
des maisons commer-
ciales de tous les

pays, date de 1872,


lorsqu'elle fut fondée
au capital de 20.000
frs que 2
et n'avait
employés; à sa mort
Thomas Zweifel 1897,

Le pavillon de la maison de commission laissait Sa maison au


Zweifel et C-ie à l'Exposition. Capital de 200.000 frs,
et avait 30 employés
et de nombreuses succursales. Aujourd'hui la maison est
au capital de 500.000 frs, possède plus de 60 employés et
fait pour près de 25.000.000 frs d'opérations par an. A
l'Exposition de 1906 elle a obtenue la médaille d'or avec
diplôme pour son produit „L'engrais phosphatique Thomas".
La maison Wyss-Iselin & C-ie rue Teilor No. 9, —
date de 1869, lorsqu'elle fut fondée par Math. Iselin pour
devenir Iselin et C-ie en 1888 et la raison actuelle en
1900; comme on le voit c'est une de nos plus anciennes
maisons de commission qui représente les usines silésiennes
etallemandes et nombreuses autres fabriques de l'étranger
et de Roumanie. La maison est conduite par MM. H.
Wyss-Iselin et F. Staeger-Haussmann.
La maison Paul Schuele, — rue Doamnei No. 14 —
fondée; en 1899 représente dans le pays les fabriques d'ar-
ticles de fer, les tissus, coloniaux, articles techniques, l'in-
dustrie du pétrole et l'agriculture, la commission en gé-
néral avec l'étrangér.
Enfin il est juste de parler de deux grandes maisons
de commerce dont le bût est justement de faciliter les
615

opérations de transport qui suscitent d'habitude tant d'en-


traves au commerce.
La maison d'expéditions internationales Schenker
& C-ie de Vienne date de 1872, la filiale de Bucarest —
elle en a 31 —a été crée en 1879. Cette maison a organisé
des services directs pour les expéditions d'Angleterre,
d'Allemagne, de France, d'Autriche et d'Italie, c'est à elle
que fut confié le transport de France à Bucarest des
17.000.000 kgr. pour les fortifications de la
de matériel
Capitale. La maison possède plus de 500 wagons spéciaux
pour ses transports et a participé à la formation des so-
ciétés de navigation maritime Adria et Austro-américaine
de Fiume et de Trieste, et de navigation fluviale de l'Al-
lemagne de sud qui est entendue aujourd'hui avec le ser-
vice de navigation roumain pour leurs transports.
Toujours en 1879 fut fondée à Bucarest la maison
de transports Kohn & Mittler, les premiers transports à
cette date consistaient en transports par grands chariots
qui apportaient les marchandises de Bra§ov à Bucarest et
autres villes du pays à travers des chemins impossibles.
Cette maison au fur et à mesure de l'amélioration des
routes et des moyens de transport, en même temps qu'avec
le développement du commerce et de l'industrie, prit chaque

jour plus d'extension et en 1905 fusionna avec la société


ci dessus qui devint la société anonyme internationale des

transports au capital de 2 millions.


Le Norddeutsche Lloyd société de transport qui a
une succursale à Bucarest, fut fondée en 1857 en société
par actions à Brème et fut reconnue sitôt par le gouver-
nement comme personne juridique. Le capital fut de 3.000.000.
Le bût de la société fut dès le commençement d'organiser
un service régulier de bateaux à vapeur pour les tra-
ses
jets de l'Europe sur fleuve et sur mer. Dans ces 50 ans
depuis sa fondation réalisa les plus grande progrès possibles
facilitant tous les moyens de transport soit pour marchan-
dises soit pour voyageurs d'une manière comode et en
616

peu de temps. Les bateaux à vapeur de la compagnie


sont très luxueux et bien aménagés.
La société est représentée très dignement à Bucarest
par M. Lucasievici qui a arangé pour ce service un élé-
gant bureau sur la Calea Victoriei au coin de la rue
Régala.
Le bon goût, aujourd'hui société par actions, occu-
pant son propre local —
rue Lipscani No. 8 et rue Stavro-
poléos 1 1 ,— maison de blanc
et modes,
de confections,
nouveautés etc. dont les
riches devantures sont pour
les nombreux promeneurs
de la rue Lipscani, des ob-
jets continuels de curiosité
et d'admiration, a été fon-
dée en 1880 par Mr Al.
Ascher; elle devient en
1895 la propriété de MM.
Ascher et Alb. Lévy puis
bientôt —
1904 —
fut formée
en société en commandite
sous la raison sociale Dan-
nhauer, Delettre & Co.
.
„ , x„ La maison G. S. Be-
Les grands magasins „Au bon gout".
rue Lipscani. cheanu & I. ïliescu — rue
Lipscani No. 26 —a été
fondée par S. Becheanu en 1851, c'est une des plus an-
ciennes et même temps des plus solides maisons de
en
commerce de Bucarest; en 1895 le fils G. Becheanu s'as-
sociant Mr ïliescu, vieil employé de la maison, la raison
sociale devint Becheanu et ïliescu. L?. maison lait le
commerce de manufactures et confections de tout genre.
Les frères Iancu ont fondé en 1885 une maison de
manufactures en gros, rue Decebal et Bara^iei, sous la
617

raison sociale „fra^i Iancu" qui occupe son local propre et


dont les opérations s'étendent dans tout le pays.
La maison „Au bon marché" — rue Lipscani No.
60—62 — est également une importante maison de manu-
factures confections nouveautés dirigée par Mr Al.
et

Hasan son propriétaire,de A. Hasan dont les magasins


fils

éxistaient depuis 1820 sur la place Lipscani où se trouv e r

aujourd'hui la petite fontaine dorée et qui était un des


premiers magasins de nouveautés et de manufactures d'alors
bien connu par les élégantes de l'époque.
La maison de manufactures Luca P. Niculescu
manufacture en gros et en détail lingerie etc. maison es-
sentiellement nationale et la plus importante de Bucarest
date de 1871, quand elle fut crée par feu Luca P. Nicu-
lescu, un des plus honnêtes et actifs marchands roumains
de Bucarest. En 1903, à la suite de la mort de Luca P.
Niculescu, les affaires du magasin furent confiées a son
fils Jean, qui quoique très jeune encore, est un digne
héritier de son pére.
La maison Solomon Hechter-fils, rue Lipscani 59,
maison de manufacture en gros, occupe aussi une place
importante dans le commerce de Bucarest. Conduite avec
beaucoup d'intelligence par M. I. Hechter, la maison a ac-
caparé une nombreuse clientelle dans tout le pays.
La maison L. Stark —
rue Stelei No. 2, bien qu'assez —
récente datant de 1892 a crée déjà en 1900 la fabrique
de chapeaux „Fosattr rue Lânâriei, la fabrique de rubans,
les fabriques de Sinaia, de Fetesti etc. ; cette maison re-

présente de nombreuses industries et importantes maisons


de l'étranger, entre autres la maison Révillon frères de Paris,
dont les productions ont été si admirées à l'Exposition.
Le commerce de draps en gros et en détail est fait
dans tout le pays depuis 1856 par G. Breyer fils dont
le magasin rue Lipscani No. 24 et 53 est tenu aujourd'hui
par ses fils sous la raison G. M. Breyer Fils, étant con-
duite par MM. H. et A. Breyer.
Les;magasins Rosenfeld & Witzling. Les magasins Al. Assan.
rue Academiei. rue Lipscani.

La charrue à vapeur John Fowler",


de la maison Jules Saxon.
rue Armas.

Le pavillon de la maison J. Abramovitz à l'Exposition.


619

Une vieille maison, — Jos. Abramovitz — très re-


marquée à l'exposition par la richesse des machines ex-
posées. A la suite de ce succès, s'établit à Bucarest, rue
Edgard Quinet No. 6; elle représente des machines agricoles
et industrielles des marques bien connues de Rud. Sack;
Ransomes Sims et Jefferies Ld.; Adriance, Platt & Co.,
Poughkeepsie. Dépuis 1854 quand la maison fut fondée à
Botosani par Joseph Abramovitz auquel ont succédé au-
jourd'hui Maurice & Moritz Abramovitz. La maison continue
à être re présentée tant en Moldavie qu'en Valachie où elle a
été établie à la suite du succès emporté à l'exposition de 1906.
La raison Watson & Youell, Bucarest, Galatz, Braila,
Soulina, Constantza. — Maison de machines agricoles, in-

dustrielles, installations de chauffage, de pétrole, d'eau,


d'électricité etc.
Cette maison a été fondée en 1869 par MM. Watson
& Youell ayant son siège à Galatz et des succursales à
Braila et Soulina. Plus tard à l'ouverture du trafic par
le pont de Cernavoda une succursale a été également
établie à Constata.
Au début les deux associés ne s'occupaient que d'af-
faires maritimes en leur qualité d'agents de la maison
Wm. Johnston & C-ie L-td Liverpool et d'autres arma-
teurs anglais, de la vente de charbons, d'expéditions. Un
an plus tard MM. Watson & Youell ont été nommés par
u
la société d'assurance „Lloyds ses agents et ses commis-
saires d'avarie.
En 1889 à du décès de Mr Watson, Mr Youell
la suite
entre en association avec quelques uns de ses plus anciens
collaborateurs sous la même raison sociale de Watson &
Youell. En 1892 une nouvelle succursale est ouverte à Bu-
carest, pour faciliter les rapports de la maison avec les
principaux importeurs du pays domiciliés dans la capitale.
La direction de la vente des machines agricoles a
été confiée à Mr W. G. Boxshall.
Les maisons principales des machines agricoles dont
620

MM. Watson & Youell sont les agents généraux en Rou-


manie sont les suivantes: Marshall, Son & C-ie L-td; In-
ternational Harvester C-ie Deering ; H. F. Eckert Hotherr
;

& Schrantz.
Il en est de même maison Chatwood dont les
de la
coffres-forts ont été également introduits par M. M. Watson
& Youell.
L'introduction des vignes algériennes de Mr Paul
Gros & C-ie, successeurs Mr Félix Carrière a également
de
contribué à élargir la sphère d'action de la maison et a
naturellement conduit MM. Watson & Youell à ouvrir
dans leur bureau une section spéciale pour les instruments
intéressant les viticulteurs tels que les charrues et les
cultivateurs de Vernette, les pulvérisateurs de Vermorel,
les philtres de Teo Seitz, les presses à vin, les fouloirs de
Umrath etc. etc., dont la demande ne cesse de croitre.
Dans le domaine industriel MM. Watson & Youell
ont exécuté d'importants travaux fait pour le compte des
suivantes maisons: Ganz & C-ie, Ganz'sche Elektrizitats-
Aktien-Gesellschaft, Voerner, Dufour, Custodis, c. à d. des
reconstructions de moulins, des fabriques d'esprit, de sci-

eries, d'installation de transmission de force électrique dont


la plus importante est celle de Grozâvesti pour l'adduction
de l'eau à Bucarest, construction de cheminées etc. etc.

qui ont affermi le renom que la maison a su se créer


dans le pays.
La société commerce de machines
anonyme pour le

et entreprises techniques ancien „Eugeniu Behles" rue


Bibescu-Voda, fondée en 1887 par E. Behles est trans-
foimée en 1901 en société conduite aujourd'hui par un
conseil d'administration et par M. E. Behles comme di-
recteur.
La centrale étant à Bucarest, elle a des succursales
à Constant/a, Craiova, Braila et Varna.
Son capital est de 2.700.000 1rs.
621

M. Jules Saxon ingénieur pour la culture à la va-


peur, possède un bureau rue Armas, La spécialité et
6.

son mérite est d'avoir introduit en Roumanie la charrue


à vapeur. Il en a introduit depuis 20 ans plus de 60 apa-

reils complets seulement de la maison John Fowler & C-ie

de l'Angleterre.
La société en comandite Nicolas Feher & C-ie, rue
Smardan 10, fut fondée en 1898, s'occupant de vente de
machines agricoles, agence, commission, industrie. Elle est
mise sous la direction de M. Léon Schonfeld. En 1905 elle
devint fournisseuse de la Cour royale. En outre elle pos-
sède une fabrique de produits chimics nommée „ Victoria '.
La société en comandite Weil, Joseph & C-ie, rue
Smardan 7, maison de machines agricoles et industrielles
fondée en 1901.
Cette maison est conduite par MM. Alois Weil et A.
L. Joseph.
Elle fournit la Régie du Monopole de l'Etat, les fer-
mes modèle Studina et Laza et l'école de Herestreu, le

ministère des domaines pour les charrues que le ministère


donna aux vétérans de la maison in-
Dobroudja. Cette
troduisit en Roumanie les rénommées machines à semer
Brevet-Unicum Drill, originale Melichar. Elle fut recom-
pensée de la médaille d'honneur à l'Exposition agricole
de Braïla (1903) médaille d'honneur à l'Exposition indus-
trielle de MoLchi (1904), le brevet pour la médaille jubi-

laire Carol I et te diplôme de colaborateur avec plaque à


l'Exposition générale roumaine (1906).
Mentionnons encore l'importante fabrique Cotnetul
de M. Adolphe Solomon, située rue Vulturului 20, qui
occupe une importante place dans l'industrie par la fabri-
cation de poêles, calorifères, machines de cuisine, meubles
en fer et bronze etc. Ses mérites furent recompensés par
différents médailles à l'Exposition de Paris 1900, à l'ex-
position agraire de Roumanie ect. Il fut nommé membre
du juri hors concours à l'exposition générale roumaine 1906.
Les magasins D. Wormser
623

Parmi les maisons d'installations techniques la maison


Jacques Gold— Rue Doamnei No. 23 et 25 pour construc-
tions de moulins et installations industrielles, est une des
plus anciennes, fondée en 1891 ; elle a exécuté les installa-
tions des grands moulins du pays. C'est encore elle qui a
fourni, le moteur de 250 H. P. qui a alimenté l'instalation
électrique de toute l'exposition et a fait l'installation des
moteurs des usines-électriques de Bucarest, Iasi, Craiova,
Piatra-Neamt. Brâila, des fabriques de tissus de Bucarest,
Buhusi, des tanneries de Mr. Gr. Alexandresco à Bu-
carest etc. Plusieures médailles d'or et diplômes d'honneure
lui ont été décernés aux diverses expositions.
Notons encore la maison Robert Lanzer Rue Sta-
vropoleos No. 15 qui bien que récente s'afirme de jour en
jour pour ses machines agricoles et industrielles dont elle
fait lecommerce dans tout le pays.
La maison Rosenfeld et Witzling — rue Académie —
est aussi une filiale de la maison du même nom de Braila
au capital de 500.000 frs. qui fait principalement l'expor-
tation et la fourniture de matériel technic, spécialemen
de pompes à incendie. La maison exporte pour quelques
dizaines de millions par an et a une succursale à Anvers.
Elle est représentée à Bucarest par MM. A. Rosenfeld
ingénieur et I. Schander comme procurateur.
La maison d'installations techniques Oscar Maller
— rue S-ftu loanicâ —
bien que datant de 1807 à peine,
s est déjà distinguée par ses nombreux travaux et ses in-
stallations à l'Exposition. La plupart des installations par-
ticulières ou administratives modernes sont faites par cette
maison.
Dans le même genre citons encore la maison O. Kohnu
— B-d Elisabethe — qui date de (896 et a également fait
les installations techniques des palais des sociétés d'assu-
rance et autres administrations importantes et fabriques.
La maison Hans Herzog & C-ie date de 1850 quand
elle portait la raison Wartanowicz et Gubler ensuité War-
62-1

tanowicz et Herzog pour devenir enfin la raison actuelle,


elle fait un grand commerce d'importations et vient de
créér aussi un bureau technique pour installations de toutes
une des principales
sortes et exploitations petrolifères. C'est
maisons de commerce de Bucarest.
Parmi les grandes sociétés d'électricité une place
d'honneur revient à la «Société roumaine d'éléctricité
Siemens-Schuckert," société anonyme conduite par Mr
l'ingénieur Laurentziu Teodoreanu, membre du conseil
d'administration, nommé administrateur délégué et investi
de pouvoirs illimités de diriger et représenter la société.
Le but de la société roumaine est de créer et ex-
ploiter des ateliers de constructions éléetriques et de pro-
jeter et exécuter des installations éléetriques de n'importe
quel genre, grandeur ou étendue; et de s'occuper de toute
entreprise industrielle ou financière dans la branche éléc-
trotechnique.
Pour satisfaire à ces buts, la société mére de la société
roumaine „Siemens-Schuckert u de Berlin en lui confiant
sa représentance générale pour la Roumanie lui proccure
les moyens et les fabriqués de ses fabriques et usines
allemandes.
de la société roumaine, étant due à la
L'éxistance
société allemande au même nom, pour faire l'historique de
la première, nous croyons oportun de dire quelques mots
sur l'histoire de la société allemande, à plus forte raison
que la société „Siemens Schuckert- Werke" a occupé et
occupe la première place dans les manifestations de l'ac-
tivité éléetrotechnique mondiale.
La société „S. S. W" fut fondée par la fusion des
deux plus anciennes sociétés éléetriques par actions
Siemens & Halske et Schuckert & C-ie. Les fondateurs
de ces sociétés d'un côté Werner Siemens en association
avec I. (î. Halske et d'un autre, Sigmond Schuckert, vers
la (in du siècle passé, dû à l'activité déployée par chacun

pour sa part et partant des plus modestes comencements,


625

réussirent à fonder en peu de temps ces deux raisons so-


ciales qui ont contribué en majeure partie autant au dé-
veloppement de la science éléctrotechnique, que surtout à
celui de son industrie.
au nom de leurs fondateuis, donc au nom de
C'est
ces deux maisons qu'est liée la résolution et l'éxecution
des plus importants travaux dans la branche de l'electro-
chnique dans le monde entier. À fur et à mesure et
par rapport aux grands travaux éxecutés, les fabriques
et les usines respectives de ces deux sociétés se dévelop-
pent d'une manière correspondante et la première époque
dans l'histoire du progrès de ces maisons est close à la fin
du siècle passé, en les consacrant de grandes forces con-
ductrices sur le terrain électrotechnique.
C'est au commencement du XX-ème siècle que ces
deux fortes organisations fusionnèrent sous la raison so-
ciale „Siemens-Schuekert-Werke". ayant un capital de
112.000.000 frs. inaugurant ainsi, comme la plus grande
des sociétés anonymes, une nouvelle époque d'activité sur
ce terrain.
Cette grande entreprise emploie dans ses usines plus
de 20.000 ouvriers et tout le matériel nécéssaire aux in-

stallations éléctrotechniques y est fabriqué dans leur usine


et fabriques de l'Allemagne. La société S. S. W. est repré-
sentée dans toutes les grandes villes du monde soit par des
bureaux techniques propres, soit par des sociétés sœurs ou
filles comme par ex. la société roumaine d'électricité, ce
qui fait que son activité est universelle. Dû à ce fait, on
trouve presque par tout des usines éléctriques pour force
et lumière et avec de nombreux travaux éxecutés par
cette société dont plusieurs constructions sont brévétées,
elle donna des solutions pratiques à l'emploie de l'électri-

cité dans toutes les branches techniques et industrielles. Pa-


ralelement à son activité universelle, les représentances de
ces deux sociétés, avant leur fusion, vers la fin du siècle
passé et après leur fusion, au commencement de ce siècle,

661?, 40
626

la Société roumaine d'électricité la représentante de la


société „S. S. W", a déployé et déploie en Roumanie une
activité correspondente. C'est ainsi qu'en Roumanie la so-
ciété S. S. W. a pris une place importante sur le terrain
de Féléctrotechnique, dont parmi il suffit de citer l'impor-
tante usine qu'elle installa a Iassy; ensuite comme preuve
de la compétence de cette société on peut citer l'usine et
les instalations électriques de l'Exposition générale rou-
maine de 1906 éxecutées dans le court délai de temps
de 6 mois et pour les quelles on lui décérna le diplôme
d'honneur et la médaille d'or.
Actuellement la société Siemens-Schuckeri, au nom
et pour le «grand groupe constructeur allemand", éxé-
cute au compte de la Compagnie de gaz et éléctricité
de Bucarest, l'usine et les installations électriques de
la ville de Bucarest, dont l'exploitation sera inaugurée cette

année.
Une place principale PAllgemeine
revient aussi à
Electricitâts Gesellschaft de Berlin qui a une représen-
tant à Bucarest depuis 1887, dirigée par l'ingénieur S.
Marcu et qui a formé dans le pays la Société générale
roumaine d'électricité par actions. Son siège est au palais
de la fondation Charles 1er. La société de Bucarest est
une filiale de celle de Berlin, au capital de 125.000.000
francs. Cette maison a exécuté les principales installations
électriques telles que celles du théâtre national de Bucarest,
de Iassy, du château de Pelesch, de la poste centrale de
Bucarest, du port de Constantza, les ateliers des C. F. R.
de Iassy, etc.
La maison Saint Frères, succursale de la maison de
Paris, créé a Bucarest en 180-i-, rue Sarindar No. 9 dirigée
par Air P. Henriot. La maison fait le commerce vente et
location de sacs et bâches, très important dans ce pays
agricole où les hangars font tant défaut. Les bureaux
sont installés dans le local que la maison a fait con-
627

struire à côté du palais de l'Adevârul, et qu'elle doit déjà


agrandir.
La maison a
des succursales-dépôts dans plusieures
villes Roumanie.
de la

La raison William Smith S-sor rue Doamnei — —


fait le même commerce: la maison date de 1898 quand
elle fut fondée par William Smith, fabricant à Dundee,

en 1904 la maison passa à Mr Miron Goga qui la conduit.


Parmi les maisons d'articles de voyage, citons en
première ligne la maison Paul Milker, située rue Sarindar
8. Elle fut fondée en I853 par
M. Iohan Milker qui vint à ce,
but de l'Allemagne. Après sa
mort en 1863, son épouse Louise
Milker lui succéda. Depuis 1878
cette fabrique est conduite par
son fils l'actuel propriétaire Paul
Milker. L'ancien local, devenant
trop petit, vue les grandes de-
mandes, M. P. Milker, fait ac-
tuellement bâtir un grand et
beau magasin et fabrique dans
la même rue au No. 12. Elle
fournit la Cour Princière et les
grandes maisons de Bucarest et
du pays.
Parmi les horticulteurs ci-
La maison Paul Milker.
tons M. Jean Rothan qui pos-
rue Sarindar.
sède un superbe magasin de
fleurs Place du Palais, et un jardin botanique qui lui fait
honneur Bd. Pake, ayant une étendue ;de 15.000 m. de cul-
ture de fleurs et 20 serres de 4000 m. de surlace, chauf-
fées en parti de termosifones et en partie à la vapeur.
Il est arrivé, dû sa grande clientèle à vendre pour 150.000

f i s, de fleurs et plantes par an. Il a fourni l'Exposition natio-


nale avec toutes les plantes, fleurs et arbres de l'intérieur.
628

La raison D. Wormser — rue Carol No. 25 — est la


principale pour les fournitures d'horlogerie, elle importe
sa marchandise de Suisse et a été la première depuis 1878
à répandre cet article par la bonne qualité et le bon marché
de ses produits, c'est elle qui a introduit les marques
Oméga, Urania, Roskopf.
Il y a lieu de dire encore un mot relatif aux so-
ciétés coopératives qui ont commencé à se former et
dont les résultats satisfaisants sont un puissant encoura-
gement à leur développement c'est surtout au point de
;

vue alimentaire et la Société „Mercur" en est un frap-


pant exemple, ainsi la vente dans le magasin de la So-
ciété placé rue Victoria et où se débitent tous les articles
a été en 1902-1903 de 518.430
d'épicerie, coloniaux etc.
frs. en 1903—1904 de 656.892 en 1905—1906 de 735.120

et en 1906—1907 de 1.061.990 frs. Cette société formée


en 1899 distribue à ses actionnaires des dividendes de 12%
et lamarche florissante va toujours en progressant. Cette
année elle a créé une succursale à Constantza.
La droguerie Economu & Zlatco — rue Çelai — i

fait depuis 1881 sous la raison Economu & C-nie le com-


merce de droguerie et articles coloniaux.
Plus ancienne (1855) est le commerce de pelleterie
et fourrures des frères B et M. Àbramovici,, rue Covaci,
sous la raison Simon Abramovici S-sor.
La maison Maurice Filip Lazar médaillée à Londres
et à Paris pour ses meubles est plus récenté 1892, ses
magasins se trouvaient jadis au han Zlatar, où était aussi
le ministère de la Justice, puis après la démolition du
vieux han, les magasins furent transportés dans la maison
Cretzulescu, rue Victoria.
M. Joseph, A. Arié fonde sous l'enseigne: Arié rue
Academiei 3 en 1903 un magasin seul dans son genre,
ayant pour bût de brûler et moudre le caffé. Cette opéra-
tion se fait d'une manière très systématique à l'éléctricité.
629

Le cafte est ainsi vendu a sa nombreuse clientèle de Bu-


carest et toute la province.
La droguerie centrale M. Stoenescu rue Acade-
miei est fondée par M. Stoenescu en 1891 ayant un capital
de 25.000 frs.

M. Stoenescu à ouvert en 1881 une pharmacie dans


la rue Minai- Voda qui existe aussi aujourd'hui et qui jouît
d'une parfaite réputation. Les affaires de la droguerie, allant
de jour en jour mieux, il fut forcé d'agrandire son ma-
gasin en 1902, donnant un aspect des plus modernes.
lui

À la suite de sa mort en 1904, M. Th. D. Vasiliu phar-


macien épousant la fille du défunt, les affaires sont confiées à
celui-ci qui se constitue en société ayant un capital de
200.000 frs. et s'associe a M. L Marculescu à qui il confie
la direction du magasin, gardant pour soi l'administration.

La Centrala, rue Carol 62, magasin et fabrique de


meubles, fut fondée en 1899 dans la rue Victoriei 7 par
M. M. Dattelkremer. En 1904, à cause des proportions que
prirent ses affaires, M. Dattelkremer fut forcé de démé-
nager dans la rue Carol ses magasin, où il les agrandit
et où il completta tout ce qu'on peut éxiger à un com-
merce pareil, en faisant à ce bût venire de l'étranger tout
ce qui est de plus moderne et de plus chic dans ce genre.
La Droguerie Roman, située rue Stavropoleos No.
16 fut crée en 1902 dans un local situé dans l'ancien,
Han-Zlatar. A la suite de la démolition de cette bâtisse,
elle fut déménagée dans le local actuel, où dû à la di-
rection de M. Miron Ciucianu très versé dans ces affaires,
elle obtint une nombreuse clientelle jusque dans les plus

éloignées localités du pays.


Une des anciennes industries du pays, c'est aussi
la fabrique d'ombrelles, parapluis, etc. de M. Giovani
Gronda, fondée en 1875 rue Gabroveni. Lors de sa fon-
dation, tous les articles dépendant de cette branche, étaient
importés; aujourd'hui tout y est fabriqué ici. Le maga-
630

sin est situé rue Çelari 24, il est conduit par les fils Oreste
et Ernest B. Gronda.
La fabrique de biscuits, pâtisserie et bombonerie fine
H. L. Kirsch, rue Carol No.68. — Fondée en 1865 par
Mr Unger dans le même local qu'aujourd'hui; la
Victor
fabrique a commencé par produire du bon pain de luxe
et des pâtisseries. En 1890, à la suite de mort de V.
la

Unger, l'établissement fut conduit par la veuve du défunt


Margareta Unger jusqu'en 1896. En 1897; Mr H. F. Kirsch,
comme successeur, ayant pris la diréction de cet ancien
établissement l'agrandi. augmenta le nombre des ouvriers
Il

de 3 à 26. Mr. Kirsch a crée deux succursales, une dans


la Calea Victoriei et une dans la rue I. C. Brâtianu. Il
est récompensé par une médaille d'or à l'Exposition Agraire,
et diplôme d'honneur à l'Exposition nationale de 1906. Mr.

Kirsch est aussi chevalier de la Couronne de Roumanie.


La fabrique de charcuterie „Leopold Patac", est
fondée en 1850 par le défunt Carol Pa^ac. En 1867, il installe
un dépôt pour la vente de ses produits dans la rue Carol 45-
M. Leopold PaÇac fils, après avoir fait ses édudes à l'é-
tranger et une pratique quelque temps à Vienne dans cette
branche, commença en 1883 à seconder son pére jusqu'en
1890, quand il prit la direction des affaires et en 1893 il

fit à sa fabrique toutes demandées par


les modifications
cette industrie par rapport au temps moderne. M. L. Pa(ac
est recompensé par la médaille d'or à l'Exposition de
Paris 1877 et le grand prix à l'Exposition de Marseille.
Parmi les sociétés coopératives il faut mentionner
celle de la „Librària Nationalà". Elle fut crée en 1904.
Le bût de de réunir peu a peu tous les mem-
la société est
bres de l'enseignement pour ouvrir une librairie. Un ca-
pital de 40.000 1rs. fut sitôt souscrit et la librâria Na-
tionale! a été ouverte dans la Calea Victoriei No. 47. Les
affaires de la société ont fait beaucoup de progrès en peu
de temps. Le capital a été augmenté dernièrement a 100.000,
et les div idendes distribués aux actionnaires ont été de IO°/o.
631
632

Une des plus anciennes pharmacies de Bucarest c'est


sans doute la pharmacie „La Salvator' fondée en 1813.
Cette pharmacie fournissait dans le temps les cours prin-

cières. Elle passa à différents propriétaires et en 1888 elle

était la propriété de M. S. Pascal qui la conduisit jusqu'en


1903. Aujourd'hui elle est la propriété du jeune phar-
macien Const. Chihâescu, ancien interne des hôpitaux, qui
pérmua le local dans laCalea Victoriei. C'est une des plus
réputées de Bucarest.
Le laboratoire de bactéorologie, microscopie et chimie
du dorteur S. Robin, situé dans la rue I. C. Bratiano 5,
est une des premières genre du pays,
institutions de ce
et par son installation peut être considéré au même ni-
veau de ceux similaires de l'étranger. Il possède une sec-
tion pour les travaux de chimie clinique, une de bactéo-
rologie etune section de microscopie et anathomie patho-
logique. dans cette section qu'on prépare le „Ba-
C'est
cillus typhi murium* destiné à la destruction des souris-
Parmi les établissements de bains, il est juste de
mentionner celui du docteur Erdreich, situé sur le bou-
levard Carol, coin rue Italianâ. Cet établissement fut fondé
d'abord en 1880 par une association de médecins dont: les
d-rs Marcovici, Severeanu, Stoicescu, Leonte, Istrati, Clé-
ment et autres dans un local loué dans la rue Vestei 6.

Ce n'est qu'en 1888 que l'établissement passa dans la


possésion du docteur Erdreich, qui en 1904 fit bâtire un
institut spécial dans la rue Italianâ muni de tout le con-
fort exigé et comprenant en dehors des bains systéma-
tiques, une section d'hydrotéraple, massage et électricité.
Baia centralà, Strada Enei No. 11. Hors les bains —
hygiéniques de premier ordre, comme: bains de vapeur,
bains de luxe et de piscine; cet ôtablisement possède un in-

stitut médical d'Agents physiques avec Hydrothérapie


complète.
L'instruction privée est assez bien représentée à Bu-
carest, par nombreux pensionnats et instituts particuliers
633

de ou de garçons. L'espace ne nous permet de men-


filles

tionner que quelques uns, dont:


Le pensionnat de garçons Schevitz-Thierin situé rue
Scaune, est un des plus anciens et réputé dans le pays
dû à l'installation moderne, au confort, au soin et à l'édu-
cation et instruction qu'on y donne aux enfants.
L'institut de garçons, de M. Virgil Popescu situé
rue Armeanâ, gagne jour par jour une réputation des
plus sérieuses. Bien amé-
nagé, installé dans un r
local propre, il fait la

tranquilité des parents


qui y confient leurs en-
fants, par l'intérêt que
Air Y. Popescu un prof-
fesseur érudit met pour
l'éducation des enfants L'institut Virgil Popescu.

qui lui sont confiés. me Armeanâ.

Parmi les maisons d'instruments de musique, la


maison N. Mischonzniky rue I. C. Bratianu No. 7 fondée
en 1887 auparavant rue Lipscani, appréciée pour ses in-
struments, fournisseuse de Cour royale et qui a obtenu
la

à l'Exposition une médaille d'or, a une sucursale à Cra-


jova et représente des grandes maisons de musique de
l'étranger.
M. la Reine et S. A. R. la Princesse y ont achété
S.
cette année des pianos „Jules Bluthner" qui font le renom
de cette maison. Le pavillon de M. Mischonzniky à l'ex-
position, était une des atractions des visiteurs. II y orga-
nisa un concert au profit de la „Vatra Luminoasâ", qui
donna un bénéfice de 3600 frs.
Une vieille maison de fourrures et dérivés qui date
de 1847 lorsqu'elles fut fondée par B et A David en Mol-
davie à Fâlticeni, étendit depuis des affaires et eut des
succursales dans tout le pays. En 1878 elle établit une
filiale à Bucarest rue Covaci No. 9 et 1 1 où elle existe
634

encore aujourd'hui conduite par son propriétaire Isidor B'


David, fournisseur de la cour royale. Ses produits ont ob-
tenu la La maison exporte
médaille d'or à Paris en 1900.
ses four ures en Allemagne et Autriche-Hongrie.
Russie,
Citons encore parmi les drogueries, la droguerie
Diamandi située place Sf. Georges, très conue surtout par
une eau de Cologne spéciale qui obtint le grand prix à
l'Exposition internationale d'hygiène de paris 1907.
Mentionnons encore la maison Carniol fils fondée en
I828 rue Carol ancienne fabrique d'estampilles en caout-
chouc, en métal et autres articles de branche qui
cette
fut la première a introduire cette industrie dans le pays.
Bucarest ne_ manque pas aussi de jolis locaux de
brasseries qui attirent l'attention même
des étrangers. Digne de toute l'atten-
„Carul eu
tion est le local de brasserie
bere" des frères Mircea. M. I. Mircea,
originaire de Brasov, ouvrit en 1886
dans l'ancien Hanu-Zlâtari une mo-
deste brasserie sous le même nom.
Celui-ci mourut très jeune, mais laissa
à ses frères Nicolas, Ignatie et Victor
le fondement déjà placé du magnifique
local qui est aujourd'hui le fameux
„Carul eu bere" où on sert la bonne
bière spéciale de la fabrique Braga-
diru et qui attire tant de monde.
Parmi les grandes confiseries de
Bucarest bien connues par le monde
sélecte, on doit aussi assez d'éloges à
la confiserie N. Ionescu située dans
la Sf. Georges.
place
Conduite avec beaucoup de com-
pétence par son patron N. Ionescu,
carui eu bere". un très actif homme du métier, elle
est arrivée a être la fournisseuse de
635

la Cour royale, et les petits princes se font un plaisir de


visiter de temps en temps cette confiserie où il font des
provisions.
Parmi les principaux restaurants de Bucarest il con-
vient de citer celui de M. Iordache N. Ionescu, situé rue
Covaci 3, fondé en 1859 par le défunt C. I. Ionescu qui
commença par ouvrire une toute petite boutique où on
servait les rénomés Jleici et mititei" arrosés de délicieux
vins et qui faisait le délice même du monde plus sélecte
de ce temps' Les affaires allèrent bon train et en 1875, à
la suite de la retraite de l'affaire de C. I. ionescu, son
neveu Iordachi Ionescu lui succéda qui en 1880 construisit
sur le même emplacement le magnifique local qu'on voit
encore aujourd'hui. En 1890, Iordache Ionescu attacha à
ses affaires, son cousin Eleuterie Ionescu ainsi que la raison
sociale devint Iordache N. Ionescu & C-ie. A partire de
cette date,dû au nouveau associé, les affaires prirent de
plus grandes proportions, ainsi qu'en 1903, lors de la mort
de Iordache Ionescu son associé, son cousin Eleuterie Io-
nescu lui succédant, continua les affaires sous la même
raison d'une manière que pas seulement le monde du pays,
mais même celui de l'étranger connaît le renom du res-
taurant Iordache N. Ionescu.
Très connu et bien réputé est aussi le restaurant
Enescu & Andreescu. Crée en 1887, dans la rue Sf. Ionica
dérière le Palais Royale, bien situé comme emplacement,
au centre de la ville, le réstaurant Enescu & Andreescu,
dû au soin minutieux, à la proprété et à l'art culinaire
que mirent les patrons de ce restaurant, en peu de temps
il gagna un renom qui fit que le meilleur monde de la
province et de la Capitale amateur d'une propre et soignée
cuisine s'y donna rendez-vous; on y mange de bon apetit
et on en part tout satisfait. La clientèle du local, deve-
nant de plus en plus nombreuse, les patrons eurent la
fameuse idée d'aménager le local voisin de l'ancienne mai-
son Olbrich en 1905, et d'y aranger une splendide et som-
636

ptueuse sale de restaurant digne d'un vrai confort et pro-


preté moderne, ce qui lui créa un renom qui passe au
delàs de nos frontières.
Le sanatorium du Docteur Gérota. Depuis long- —
temps le monde de la province et celui de la Capitale
sentait le manque d'une maison de santé pour le traite-

ment des maladies chirurgicales et les accouchements.


Ceux qui existent manquent de confort et de toutes
les modifications apportées par la science des temps mo-
dernes.
Ces considérations décidèrent l'éminent chirurgien et
accoucheur Docteur Gérota. de prendre à sa charge de faire
construire une imposante bâtisse sur le boulevard Ferdi-
nand No. 48 qu'il aménagea pour un sanatorium prévu de
toutes les exigences de la science moderne.
Bâti sur un emplacement étendu de I.OOOm.c. dans
un quartier haut et très sain, rien n'y manque pour le
but dont il fut construit.
L'édifice se compose, d'un corp principal et quatre
autres pour les dépendences. Le tout est entouré d'un
jardin et cour dapreuprès 2.300 m.c. ayant deux entrées,
dont l'une donnant sur le boulevard Ferdinand et l'autre
sur la rue Strâbunâ.
Le corp principal est composé d'un parterre et un
étage, comprenant 46 pièces dont 23 pour les malades et
le aux salles d'opérations, laboratoires, per-
reste déstiné
sonel, etc. Une chambre spécialement aménagée £est des-
tinée aux examens aux rayons Roentgen. Salle de pan-
sements et opérations septiques et aseptiques, de steréliza-
tion, salle d'accouchements, laboratoire, reserve, salle d'at-
tente, de lecture etc., enfin rien n'y manque.
Pas seulement au local, mais même à
l'ameublement
et à la on donna un soin distingué,
construction interne,
en les metant en accord tant avec la science, qu'avec l'in-
térêt pratique et hygiénique du malade.
Les chambres des malades ayant un cubage d'air
637

Le sanatorium du Dr. Gerota.


Bd. Ferdinand.

La salle d'opérations au sanatorium du Dr. Gerota.

suffisant, sont prévues de ventilations. Lechaufage y est


fait par calorifère à vapeurs à petite pression. L'éclairage
est fait au gaz et à l'éléctricité.

Dans dépendences un pavillon séparé est amé-


les
nagé pour les malades qui doivent être isolés. Une étuve
systématique pour desinfecter le linge et les vêtements,
blanchisserie, cuisine, chambre mortuaire etc.
Le service médical y est fait par le chirurgien chef
dr. Gerota, professeur à
la Faculté de médicine, chirurgien
de l'hôpital Brancovan et professeur d'anatomie à l'école
des beaux arts, et par un médicin adjoint et un interne
qui habite dans le local et une sage-femme.
CHAPITRE XVI

L'EXPOSITION

quarante ans de règne de Sa Majésté le Roi


'es
1
I, ne pouvaient être mieux célébrés que par
Charles
une exposition nationale ayant pour but de pré-
I

senter les progrès réalisés par la Roumanie pendant


\

cette période ce beau projet conçu déjà en 1903 n'est entré en


;

voie de réalisation qu'une année avant la date fixée dans un


temps extrêmement court grâce à l'activité infatigable et à
l'organisation de Mr le docteur Istrati qui avait déjà fait ses
preuves en organisant deux autres expositions; celle-ci qui
devait les éclipser toutes, a pu être terminée à temps.
Sur un terrain accidenté marécageux el qu'il a fallu ni-
veler, on a vu surgir comme par enchantement des pa-
lais d'une blancheur féerique, des pavillons d'une origina-
lité pittoresque, des édifices destinés à devenir des musées,
une église rappellant la plus belle époque de l'architecture
roumaine, une restauration de l'ancienne forteresse de Vlad
'fepes, de grandes arènes devant servir aux festivités po-
pulaires, des installations techniques pour démontrer le
fonctionnement des sondes à pétrole et toutes ces mer-
veilles groupées, alignées, ou étajées dans un grand parc
ou naguère il n'y avait ni arbres, ni lacs, ni étangs ni

cascades.
Mais sur ce point laissons parler les chiffres. Sur
une surface de 360.000 mètres carrés on a~du pour modeler
639

le terrain d'après le plan, déplacer 575.246 mètres cubes


de terre. Les constructions provisoires et définitives occu-
paient une superficie de 40.000 mètres carrés, le cubaje
des murs dépasse 15.006 mètres pour les plantations on
à transporté 4.000 grands arbres et plus de 90.000 sapins
et autres essences forestières.
Les avenues et les chemins occupent plus de 100.000
mètres carrés, les pelouses 98.000 et les parterres de fleurs
9.000 carrés, les conduites pour l'eclairaje électrique ont
une longeur de 34.000 mètres liniaires, les cables élec-
triques 45.000 mètres, pour 215 lampes à arcs et 5.200
lampes à incandescence alimentées par 4 moteurs de 680
chevaux vapeur, or toutes ces installations et tous ces travaux
ont été exécutés en moins d'un an.
Le commissariat général avait dès le principe fixé
dans son programme que même comme aspect extérieur
l'eposition devrait avoir un cachet absolument roumain.
C'est pourquoi elle n'a admis comme place que de con-
structions conçues dans le style national du pays et il
faut reconnaitre que les architectes s'en sont tirés à leur
honneur et ont démontré par là que le style roumain n'est
pas seulemant applicable aux églises et aux maisons de
campagne mais qu'il peut être employé en grand pour
des édifices publics et des palais aux proportions consi-
dérables; il suffit de mentionner le pavillon royal avec les
belles galeries en arcades trilobées du mo-
rennaissance
nastère de Horezu, les pavillons de l'Industrie domestique
et celui des Mines et des Carrières formant deux corps de

bâtiments symétriques et rappellant le monastère de Ne-


amtzu. De même pour les pavillons de l'Industrie de l'A-
griculture et de la Régie des Tabacs on pourrait retrouver
l'origine des différents motifs de l'architécture et de la
décoration dans des monuments du passé. Sans mentionner
tous les autres pavillons officiels tous construits d'après
les mêmes principes, signalons encore, le palais des beaux
arts qui a été d'emblée construit pour survivre à l'Expo-
640

sition comme Musée et la Koula qui est dans le même


cas, reproduit comme extérieur et aménagement une de
ces maisons forteresse comme en construisaient les boyards
d'autre fois. Nous ne nous arrêterons pas d'avantage à
décrire les objetsexposés dans ces divers bâtiments im-
provisés ou objectifs attendu que le catalogue officiel en
existe. Bornons nous à dire en résumé, qu'ils renfermaient
comme la dit S. M. le Roi, dans le discours d'ouverture
du 7 Juin, — des témoignages de toutes les manifestations
de la culture et de l'activité nationale depuis la charrue
traditionnelle, jusqu'aux créations récentes de grande la

et de la petite industrie, nous montrant clairement les pro-


grès réalisés depuis que nous avons dirigé nos efforts vers
une mise en valeur plus intelligente de nos ressources.
Nous avons déjà rappellé plus haut que l'exposition jubi-
laire a donné à la nation roumaine l'occasion de prendre*
conscience d'elle même de se rendre compte des progrès
réalisés et de ceux qui lui restent encore à accomplir. Elle
a procuré aux nombreux étrangers qui sont venus la vi-
siter l'occasion de constater avec quelle rapidité notre pays
a marché vers la civilisation. Enfin a servi de centre
d'attraction et de ralliement à tous les roumains des pays
circon voisin s de partout.
De Transylvanie, du Banat de la Bucovine de la
Macédoine et de la Béssarabie; ils sont venus saluer les
succès de leur frères du royaume, ils ont vus dans cette
exposition jubilaire avec un légitime orgeuil comme une
glorification de leur race et de leur génie. Il va sans dire

que l'on a fêté leur venue par des réceptions et des fes-
tivités qui pour la plus part ont eu lieu aux Arènes de
l'Exposition. Ces v'sites n'ont pas manqué de resserer les
liens de fraterni* *
et de solidarité qui unissent tous les
roumains.

- F I N -
ff.- 0W*