Chapitre Ii
Chapitre Ii
Chapitre Ii
Les Séismes
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II.1 Définition
Un séisme ou tremblement de terre est une secousse du sol résultant de la libération brusque
d'énergie accumulée par les contraintes exercées sur les roches. Cette libération d'énergie se fait
par rupture le long d'une faille, généralement préexistante. Plus rares sont les séismes dus à
l'activité volcanique ou d'origine artificielle (explosions par exemple). Le lieu de la rupture des
roches en profondeur se nomme le foyer ; la projection du foyer à la surface est l'épicentre du
séisme. Le mouvement des roches près du foyer engendre des vibrations élastiques qui se
propagent, sous la forme de trains d'ondes sismiques, autour et au travers du globe terrestre. Il
produit aussi un dégagement de chaleur par frottement, au point de parfois fondre les roches le
long de la faille (pseudotachylites).
Un tremblement de terre est une secousse plus ou moins violente du sol qui peut avoir quatre
origines : rupture d'une faille ou d'un segment de faille (séismes tectoniques) ; intrusion et
dégazage d'un magma(séismes volcaniques) ; « craquements » des calottes glaciaires se
répercutant dans la croûte terrestre ; explosion, effondrement d'une cavité (séismes d'origine
naturelle ou dus à l'activité humaine). En pratique on classe les séismes en quatre catégories
selon les phénomènes qui les ont engendrés.
Les séismes tectoniques sont de loin les plus fréquents et dévastateurs. Une grande partie des
séismes tectoniques a lieu aux limites des plaques, où se produit un glissement entre deux
milieux rocheux. Une autre partie a lieu sur le long d'un plan de fragilité existant ou néoformé.
Ce glissement, localisé sur une ou plusieurs failles, est bloqué durant les périodes inter-sismiques
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(entre les séismes) de déplacement asismique des deux blocs séparés par la zone de rupture
potentielle (la faille est alors inactive), et l'énergie s'accumule par la déformation élastique des
roches5. Cette énergie et le glissement sont brusquement relâchés lors des séismes 6. Le
relâchement de l'énergie accumulée ne se fait généralement pas en une seule secousse, et il peut
se produire plusieurs réajustements avant de retrouver une configuration stable. Ainsi, on
constate des répliques à la suite de la secousse principale d'un séisme, d'amplitude décroissante,
et sur une durée allant de quelques minutes à plus d'un an. Ces secousses secondaires sont parfois
plus dévastatrices que la secousse principale, car elles peuvent faire s'écrouler des bâtiments qui
n'avaient été qu'endommagés, alors que les secours sont à l'œuvre. Il peut aussi se produire une
réplique plus puissante encore que la secousse principale quelle que soit sa magnitude. Par
exemple, un séisme de 9,0 peut être suivi d'une réplique de 9,3 plusieurs mois plus tard même si
cet enchaînement reste extrêmement rare.
Les glaciers et la couche de glace présentent une certaine élasticité, mais les avancées
différentiées et périodiques (rythme saisonnier marqué) de coulées de glace provoquent des
cassures dont les ondes élastiques génèrent des tremblements de terre, enregistrés par
des sismographes loin du pôle à travers le monde. Ces « tremblements de terre glaciaires » du
Groenland sont caractérisés par une forte saisonnalité. Une étude publiée en 2006 a conclu que le
nombre de ces séismes avait doublé de 2000 à 2005, tendance temporelle suggérant un lien avec
une modification du cycle hydrologique et une réponse glaciaire à l'évolution des conditions
climatiques. Si l'on considère qu'une part du réchauffement climatique est d'origine humaine, une
part des causes de ces séismes pourrait être considérée comme induits par l'Homme (voir ci-
dessous).
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II.2.4 Les Séismes d’origine artificielles
Les séismes d'origine artificielle ou « séismes » de faible à moyenne magnitude sont dus à
certaines activités humaines telles que barrages, pompages profonds, extraction minière,
explosions souterraines ou nucléaires, ou même bombardements7. Ils sont fréquents et bien
documentés depuis les années 1960-1970. Par exemple, rien que pour la France et uniquement
pour les années 1971-1976, plusieurs séismes ont été clairement attribués à des remplissages de
lacs-réservoirs, à l'exploitation de gisements pétrolifères ou aux mines :
Dans certains cas, les séismes provoquent la liquéfaction du sol : un sol mou et riche en eau
perdra sa cohésion sous l'effet d'une secousse.
II.3 Magnitude
La puissance d'un tremblement de terre peut être quantifiée par sa magnitude, notion introduite
en 1935 par le sismologue Charles Francis Richter10. La magnitude se calcule à partir des
différents types d'ondes sismiques en tenant compte de paramètres comme la distance à
l'épicentre, la profondeur de l'hypocentre, la fréquence du signal, le type de sismographe utilisé,
etc. La magnitude est une fonction continue logarithmique: lorsque l'amplitude des ondes
sismiques est multipliée par 10, la magnitude augmente d'une unité. Ainsi, un séisme de
magnitude 7 provoquera une amplitude dix fois plus importante qu'un événement de magnitude
6, cent fois plus importante qu'un de magnitude 5.
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différentes valeurs ne sont pas très fiables dans le cas des très grands tremblements de terre. Les
sismologues lui préfèrent donc la magnitude de moment (notée { M_{W}}) qui est directement
reliée à l'énergie libérée lors du séisme. Des lois d'échelle relient cette magnitude de moment à la
géométrie de la faille (surface), à la résistance des roches (module de rigidité) et au mouvement
cosismique (glissement moyen sur la faille).
La magnitude d'un séisme ne doit pas être confondue avec l'intensité macrosismique (sévérité de
la secousse au sol) qui se fonde sur l'observation des effets et des conséquences du séisme sur
des indicateurs communs en un lieu donné : effets sur les personnes, les objets, les mobiliers, les
constructions, l'environnement. Le fait que ces effets soient en petit nombre ou en grand nombre
sur la zone estimée est en soi un indicateur du niveau de sévérité de la secousse. L'intensité est
généralement estimée à l'échelle de la commune.
Observons, pour commencer, quelques dommages « types » que l’on retrouve fréquemment
après les catastrophes d’origine sismique. Dans ce préambule, ils seront seulement montrés, on
en trouvera quelques explications dans les développements de notre analyse.
NB : Les quelques clichés suivants sont présentés par ordre chronologique, sans « hiérarchie » de
gravité ou de fréquence des phénomènes.
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Figure 1 - Le séisme de 1960 à Valdivia, est un séisme qui eut lieu le 22 mai 1960 à 19 h 11 UTC. Sa magnitude, la
plus élevée jamais enregistrée, a été estimée à 9,52. Son épicentre était situé dans le sud du Chili, près de Lumaco, à
environ 570 kilomètres au sud de Santiago du Chili.– Document Karl V. Steinbrugge – Caractère sélectif de
L’endommagement post-sismique. Ici une construction s’est effondrée, et pas ses voisines. Ce n’est pas forcément
pour des questions de mise en œuvre défectueuse ou de vétusté, mais le plus souvent en raison d’une conception
inappropriée.
Figure 3 – Séisme du Chili, 1960 – Document Rodolfo Schild – Destruction de l’angle d’une construction de
maçonnerie sans chaînages. Les angles d’une construction sont le lieu d’accumulations de contraintes qui doivent
faire l’objet d’attentions particulières (conception, mise en œuvre).
Figure 3 - Séisme d’Anchorage, Le 27 mars 1964, jour de Vendredi saint, un tremblement de terre de 9,2 sur
l'échelle Richter détruit une partie de la ville d'Anchorage en Alaska – Document Karl V. Steinbrugge – Dislocation
des remplissages de maçonnerie d’une ossature en béton armé et endommagement (souvent suivi de la ruine) de
cette ossature. Ce mode de construction « hétérogène » se comporte très mal sous l’action d’un séisme violent.
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Figure 4 - Séisme d’Anchorage, 1964 - Document Karl V. Steinbrugge – Entrechoquement de bâtiments voisins
séparés par un joint de dilatation. Un joint de dilatation est insuffisamment dimensionné pour que les déformations
de chaque structure puissent se faire sans interaction.
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Figure 6 - le 17 janvier 1995, un tremblement de terre de magnitude 7,2 sur l'échelle de Richter touchait la ville
de Kobé et sa région– Document EQIIS – Perte d’un étage. Ce mode de ruine partiel se produit lorsque cet étage est
le lieu d’un changement significatif des caractéristiques physiques de la structure, ce qui était le cas sur cet
immeuble.
Figure 7 - Le séisme de 1997 qui eu lieu dans la ville de Cariaco, État de Sucre à l'est du Venezuela. Le 9 Juillet
1997, à 15 :23:00 heure locale, de magnitude 7.0 MW1 et a duré 51 secondes environ– Document EERI –
Effondrement en « mille-feuilles » des planchers d’une construction. Ce mode de ruine traduit l’absence de
contreventement. « Erreur » de conception qui ne devrait jamais exister en zone sismique.
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Figure 8 - Le 7 septembre 1999 à 11:56 Temps Universel (soit 13:56 heure française), un séisme de magnitude MS
= 5.4 s'est produit à proximité de la ville d'Athènes (Grèce) à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale
grecque– Document EERI – Rupture de poteaux « courts », c’est-à-dire de poteaux dont le rapport de l’élancement
sur la section est trop faible. Si ce sont des éléments principaux de la structure, ils subissent des contraintes
extrêmement élevées.
Figure 9 - 21 septembre 1999 à 01:47 - Heure locale (17:47 TU); Localisation : Taiwan, comté de Nantou, ville
de Chi-Chi - Magnitude selon l'échelle de Richter : entre 7,3 et 7,7; Durée de l'événement principal : 50 s-
Document EERI – Perte totale ou partielle du rez-de- chaussée des constructions à ossature en béton armé. Ce mode
de ruine (trop) fréquent, est dû à la différence significative de conception (donc de comportement) entre le rez-de-
chaussée (commerces) très ouvert et les étages (logements ou bureaux) encloisonnés par des éléments rigides (murs,
cloisons lourdes).
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Figure 10 - Séisme de Chi-Chi, Taiwan, 1999 - Document EQIIS – Basculement global d’une construction. Il
existe plusieurs causes possibles, dont la liquéfaction des sols. Le moment de renversement des constructions
élevées doit être limité par la conception de la structure et équilibré par les dispositions constructives.
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Figure 11- Ossature en béton armé après le séisme de Mexico 1985. Ce bâtiment a subi des fissures dans les poteaux
et les cloisons de remplissage avec chute de morceaux de plâtre ; dans certains cas, les remplissages de briques ont
partiellement cédé. Les dégâts structuraux (des poteaux) sont modérés et les dégâts non structuraux (des
remplissages) sont graves.
Figure 12- Ossature en béton armé après le séisme d’Irpinia-Basilicata en Italie 1987. De nombreux murs de
remplissage extérieurs ont cédé entièrement, ce qui constitue des dégâts non structuraux très graves. Dans certains
cas, il y a eu des dégâts graves dans les raccords entre poutres et poteaux.
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Figure 13 montre les dommages dans les angles rentrants dus aux oscillations différentielles (séisme de Kobé, Japon
1995). Le bâtiment est conforme aux règles parasismiques mais le choix architectural d'une forme en L sans
présence de joints ou de renforts a conduit à des dommages au niveau de l'angle rentrant dans le plan horizontal.
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Figure 14-Effet d'un choc entre deux parties de hauteurs différentes d'un bâtiment. Les deux parties de fréquences
propres différentes ne vibrent pas en même phase ; sans séparation des deux parties, le choc est presque inévitable.
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