Chap 16 Lait Concentré
Chap 16 Lait Concentré
Chap 16 Lait Concentré
Lait concentré
La méthode de conservation du lait par stérilisation dans des récipients fermés du lait
obtenu par évaporation a été mise au point au début des années 1880. Auparavant, vers
1850, un Américain avait perfectionné le mode de conservation du lait évaporé par
adjonction de sucre. Aujourd’hui, la production de lait concentré par ces deux méthodes
est devenue une industrie de grande envergure.
On établit une distinction entre le lait concentré non sucré et le lait concentré sucré.
Le lait concentré non sucré est un produit stérile, de couleur claire, ayant l’aspect
de la crème. Ce produit dispose d’un vaste marché. Il est notamment consommé en
mer, dans l’armée et dans les pays tropicaux... bref, partout où l’on ne dispose pas
de lait frais. En outre, le lait concentré non sucré est utilisé comme substitut du lait
maternel; dans ce cas, on y ajoute de la vitamine D. Enfin, il est utilisé en cuisine, pour
Stockage
Prétraitement
Le prétraitement est à peu près identique pour le lait concentré sucré et non sucré.
Il comprend la standardisation de la matière grasse et de l’extrait sec, ainsi que le
traitement thermique.
Standardisation
Le lait concentré est commercialisé avec un taux stipulés de matière grasse et
d’extrait sec. Bien que les chiffres varient en fonction de la norme applicable, ils se
situent généralement à 8 % de matière grasse et 18 % d’extrait sec dégraissé. Le
rapport M.G./E.S.D. est donc de 8:18, soit 1:2,25. Les pourcentages stipulés sont des
valeurs minimales qui doivent obligatoirement être maintenues mais ne devraient
pas, pour des raisons économiques, être trop fortement dépassées. A titre d’exemple,
des niveaux d’exploitation à 8,05 % de M.G. et 18,10 % d’E.S.D. peuvent être fixés.
Les systèmes modernes de standardisation automatique permettent d’effectuer
une standardisation en continu, extrêmement précise, de la teneur en matière grasse
et du rapport matière grasse/extrait sec dégraissé de la matière première. Pour de
plus amples renseignements, consulter le chapitre 6.2 - Machines centrifuges et
systèmes de standardisation de la matière grasse.
Traitement thermique
Avant d’être stérilisé, le lait standardisé est soumis à un traitement thermique intensif
destiné à détruire les micro-organismes et à améliorer sa stabilité à la coagulation.
Souvent intégré à l’unité d’évaporation, le traitement thermique a lieu dans un
échangeur de chaleur à tubes et enveloppe ou à plaques, à une température de 100
à 120°C pendant 1 à 3 minutes; ensuite, le lait est refroidi à 70°C environ, avant de
pénétrer dans l’évaporateur.
Pendant le traitement thermique, une grande partie des protéines sériques est
dénaturée, tandis que les sels de calcium sont précipités. De ce fait, le complexe
protidique du lait est stabilisé et pourra résister à la stérilisation ultérieure et ne pas
provoquer de coagulation en cours de stockage.
La nature du traitement thermique détermine, dans une large mesure, la viscosité
du produit fini et revêt donc une importance extrême pour la qualité de ce produit.
Evaporation
L’évaporateur est généralement du type multiétagé à ruissellement. Le lait passe
dans des tubes sous vide chauffés à la vapeur. L’ébullition se produit entre 65 et 70°C.
Le pourcentage d’extrait sec du lait augmente à mesure que l’eau s’évapore par
ébullition. La densité est vérifiée en permanence. La concentration d’extrait sec est
bonne lorsque la densité atteint une valeur d’environ 1,07. A ce stade, on aura obtenu
1 kg de lait concentré non sucré à 8 % de M.G. et 18 % d’E.S.D à partir de 2,1 kg de
lait cru à 3,8 % de M.G. et 8,55 % d’E.S.D.
Homogénéisation
Le lait concentré est pompé de l’évaporateur dans l’homogénéisateur qui fonctionne
à une pression de 12,5 à 25 MPa (125 à 250 bars). L’homogénéisation disperse la
matière grasse et empêche les globules gras de s’agglutiner lors de la stérilisation.
En principe, il est conseillé de procéder en deux étapes.
L’homogénéisation ne doit pas être trop intensive, sinon elle risque d’altérer la
stabilité des protéines et, par voie de conséquence, de provoquer la coagulation du
lait pendant la stérilisation. Il est donc indispensable de trouver la juste pression
d’homogénéisation : suffisamment forte pour produire la dispersion de la matière
grasse, mais suffisamment faible pour supprimer le risque de coagulation.
Conditionnement en boîtes
Les machines de conditionnement du lait concentré effectuent le remplissage et le
sertissage automatique des boîtes avant la stérilisation. La température de
conditionnement est réglée de manière à ce que le lait mousse le moins possible.
Stérilisation
Les boîtes remplies et serties passent de la machine de remplissage à l’autoclave,
celui-ci fonctionnant en continu ou en discontinu. Dans l’autoclave discontinu, les
boîtes sont d’abord empilées dans des caisses à claire-voie spéciales, qui sont
ensuite empilées dans l’autoclave. Dans le système en continu, les boîtes traversent
l’autoclave sur une convoyeur à une vitesse parfaitement régulée (voir figures du
chapitre 9 - Lait longue conservation).
Traitement UHT
Les unités de traitement UHT (décrites au chapitre 9 - Lait longue conservation)
peuvent également servir au traitement haute température du lait concentré. Dans
ce cas, après stérilisation d’un échantillon et adjonction du stabilisant éventuellement
nécessaire, le lait est pompé dans l’unité UHT où il est chauffé à 140°C pendant
3secondes envir on. Après refroidissement, il est conditionné dans des emballages
aseptiques en carton, puis stocké.
Stockage et contrôle
Avant d’être emballés dans des cartons, les boîtes et/ou emballages aseptiques de
lait concentré sont étiquetés. Si le lait concentré est stocké à une température de 0à
15°C, sa durée de conservation est pratiquement illimitée. En revanche, le lait va
brunir si la température de stockage est trop élevée, et les protéines précipiteront si
cette température est trop basse.
Le lait concentré doit être de couleur claire et ressembler à de la crème. Il est
conseillé de prélever plusieurs boîtes dans chaque lot de fabrication, afin d’effectuer
un contrôle. A cet effet, les boîtes sont mises en étuve à trois températures
différentes: températur e ambiante, 30°C et 38°C et sont examinées après 10 à
14jours pour déterminer la qualité du lait. Le lait concentré est soumis à des essais
concernant le pourcentage de matière grasse et d’extrait sec dégraissé, la viscosité,
le nombre de bactéries et de spores, ainsi que la couleur, l’odeur et le goût. Enfin, on
conserve un certain nombre de boîtes pendant une durée maximale d’un an pour
pour faire des vérifications en cas de réclamations ou autres cas analogues.
1
6
4
1 Evaporation
2 Homogénéisation éventuelle
3 Refroidissement 5
4 Adjonction de sirop de lactose 8
5 Cristallisoir
6 Conditionnement en boîtes, ou 7
7 Conditionnement en cartons
8 Stockage
Evaporation
L’évaporation du lait concentré sucré se déroule à peu près de la même manière que
celle du lait non sucré. Lorsque le sucre est ajouté, le sirop est amené dans
l’évaporateur et mélangé au lait à mi-chemin de l’opération. Ensuite, l’évaporation se
poursuit jusqu’à obtention du pourcentage voulu d’extrait sec. Ce pourcentage est
vérifié indirectement par le calcul de la densité du concentré : lorsque le bon
pourcentage d’extrait sec est atteint, cette densité doit être de l’ordre de 1,30 pour
le lait entier sucré et de 1,35 pour le lait écrémé sucré. A ce stade, on aura obtenu
1 kg de lait concentré sucré à 8 % de M.G., 45 % de glucides et 27 % d’eau à partir
de 2,5 kg de lait à 3,2 % de crème additionné de 0,44 kg de sucre.
Pour ajuster la viscosité du produit fini, certains fabricants homogénéisent le
concentré à 5 - 7,5 mPa (50 - 75 bars) juste après l’évaporation.
Refroidissement et cristallisation
Le lait concentré sucré doit être refroidi après évaporation. Il s’agit là de l’étape la plus
délicate et la plus importante de l’ensemble du processus. En effet, l’eau contenue
dans le lait concentré ne peut accepter que la moitié du lactose en solution. L’autre
moitié sera donc précipitée sous forme de cristaux. Si on laisse l’excédent de lactose
précipiter librement, les cristaux de sucre seront gros et le produit sera grumeleux et
inapte à de nombreuses utilisations. Il est donc préférable de maîtriser la cristallisation
du lactose de manière à obtenir de très petits cristaux. La granulométrie maximale
admise dans le lait de première qualité est de 10 µm. Dans des conditions de
stockage normales à 15 - 25°C, ces cristaux resteront en dispersion dans le lait et ne
seront pas perceptibles au palais.
La cristallisation nécessaire se fait par refroidissement rapide du mélange avec
brassage vigoureux, sans pénétration d’air. Une fois le lait refroidi à la température
de cristallisation (30°C environ), des germes d’inoculation sont ajoutés sous forme
de cristaux de lactose finement broyés dans une poudre ou une boue de germination,
dans une proportion d’environ 0,05 % du mélange total. Le mélange est refroidi le
plus rapidement possible à 15 - 18°C, après brassage continu et vigoureux pendant
une heure environ.
Le lait concentré sucré ayant une viscosité élevée, le cristallisoir doit être doté
d’un agitateur extrêmement robuste.
Le lait concentré refroidi est pompé dans une cuve de stockage où il reste jusqu’au
lendemain, pour permettre l’achèvement du processus de cristallisation.