Maximes Conversationnelles
Maximes Conversationnelles
Maximes Conversationnelles
Tout participant à un échange inscrit ses paroles dans un système défini par un ensemble de
principes conversationnels. C'est ce que Catherine Kerbrat-Orecchioni nomme la compétence
rhétorico-pragmatique des sujets parlants. À cet effet, Grice souligne deux éléments qui
interviennent systématiquement dans le processus : Y état mental (intentions des interlocuteurs
au moment de l'échange) et Y inférence (raisonnement déductif fait par le co-locuteur). Le
langage est utilisé ici en situation et doit être mis en relation avec certains éléments périphériques,
selon certains principes propres à chaque rencontre dialogale.
Les échanges de paroles sont le résultat d'efforts de coopération ; et chaque participant reconnaît
dans ces échanges (toujours jusqu'à un certain point) un but commun ou un ensemble de buts, ou
au moins une direction acceptée par tous. Ce but ou cette direction peuvent être fixés dès le départ
(par exemple par la proposition initiale de soumettre une question à la discussion), ou bien
peuvent apparaître au cours de l'échange ; ils peuvent être relativement bien définis, ou assez
vagues pour laisser une latitude considérable aux participants (comme c'est le cas dans les
conversations ordinaires et fortuites). Mais à chaque stade certaines manœuvres
conversationnelles possibles seraient en fait rejetées comme inappropriées du point de vue
conversationnel.
II est donc entendu que les interlocuteurs doivent mener l'échange, selon une entente explicite ou
implicite, pour arriver à un but commun : selon le principe de coopération, les interlocuteurs
doivent minimalement s'entendre sur le genre de leur conversation (négociation, menace, dispute,
etc.). Cette attitude de coopération linguistique mutuelle et immédiate fait dire à Grice que: 1.
Dans les échanges parlés typiques, il y a un but commun même si, lorsque deux voisins bavardent,
ce but commun est de second ordre : chacune des parties en présence doit momentanément
s'identifier avec les intérêts passagers de la conversation de l'autre.2. Les contributions des
participants doivent s'imbriquer et dépendre l'une de l'autre.
Exemple: Un échange a lieu alors qu’une mère (A) et son fils (B) sont présents en même temps
dans la maison, et qu’ils partagent un but commun qui est de maintenir la propreté de la maison.
En disant, par exemple « la poubelle est pleine », loin d’asserter un « constat » qu’on devrait
prendre au sens littéral, le locuteur A est supposé émettre une contribution qui participe à la
poursuite de ce but. C’est ainsi que B le comprend s’il en déduit qu’il lui est demandé de vider la
poubelle.
À partir du principe de coopération, Grice propose quatre règles sous-jacentes -quantité, qualité,
relation, modalité - regroupées sous l'appellation maximes conversationnelles. De ces règles
générales se détaillent des sous-règles plus spécifiques ; il s'agit de règles d'enchaînement qui ont
comme dénominateur commun de s'accorder avec le principe de coopération :
N'apportez pas d'information inutile. N'omettez aucune information importante. Ne soyez ni trop
ni trop peu informatif.
Exemple: quelqu'un vous demande de lui résumer un match de football. Il faut paler, par
exemple, du score final, des joueurs, des moments les plus importants mais il ne faut pas lui
donner plus d'informations.
Cela suppose que chaque participant à la conversation doit être sincère (dans le sens de ne pas
mentir! et de parler à bon escient, c’est- à- dire d’avoir de bonnes raisons de dire ce qu’il dit et des
preuves pour soutenir ses dires.
3- À la maxime de Relation (pertinence) je rattache donc une seule règle : "Parlez à propos". (Ne
soyez pas hors sujet.)
Exemple: Si on vous demande de parler de l'importance du sport, il ne faut parler de ça, c’est-à-
dire du sport seulement et de son importance et non pas d'autre chose.
Exemple : je suis ici depuis quelque temps. De préférence, il est plus juste de préciser le temps.
Dire, par exemple, je suis ici depuis cinq minutes.
a- Je suis rentré chez moi, j’ai pris une soupe et je me suis couché .b- le locuteur a pris sa soupe,
et s’est couché, chez lui.
Catherine Kerbrat-Orecchioni suggère d'en ajouter d'autres qui sont complémentaires et nous
paraissent pertinentes dans l'esprit de nos recherches :
1. Une règle d'économie, qui veut que l'on choisisse de préférence, pour un contenu donné,
la formulation la plus simple et directe ; règle qui explique par exemple que lorsque le mot
correspondant existe, on évite d'utiliser une périphrase plus "coûteuse", à moins d'une intention
argumentative particulière.
2. Une exigence d'honnêteté, qui veut par exemple que l'on mentionne ses sources, dans les
travaux scientifiques bien sûr, mais aussi dans la parole quotidienne.
3. Une exigence de neutralité, qui veut que dans bien des situations discursives, on évite les
expressions trop évidemment orientées argumentativement, et que pour influencer l'opinion
d'autrui, on ait recours à des procédés plus discrets.
4. Une règle plus spécifique qui veut que si l'on est soi-même en mesure, parce que l'on en a eu
l'expérience directe, de porter un jugement sur un objet quelconque, on peut demander à autrui
son avis sous la forme "Comment as-tu trouvé ce film ?" mais non point sous la forme "II est bien
ce film ?", car un tel énoncé sous-entend automatiquement "je ne l'ai personnellement pas vu".
5. Une règle beaucoup plus générale qui veut que soient respectées toutes celles qui régissent les
interactions conversationnelles, et déterminent le fonctionnement des tours de parole, des paires
adjacentes et autres "échanges", des séquences d'ouverture et de clôture, etc. ; règles qui lorsqu'on
les estime transgressées peuvent faire l'objet d'un commentaire méta-communicatif.
Beau.
B- Les maximes conventionnelles, qui sont déclenchées par l’usage d’un mot ou d’une
expression particulière.
c. # Elle est pauvre mais honnête, de toute façon ça n’a rien à voir d. Elle est pauvre et honnête.
Remarque: on substitue souvent le mot maxime à implicature ou implicitation car aux règles que
nous venons de décrire se rattachent des implicitations ou des implicatures.
Implicature scalaire
Par ex. « 180km/h » est une grandeur scalaire par opposition à « 180km/h au nord » qui est une
grandeur vectorielle.
Ce type d’implicature, qui remonte à la maxime de quantité, est appelé « implicature scalaire » :
les affirmations plus faibles et plus fortes forment une échelle logique (certains– tous les).
En sémantique, le terme « scalaire » a été associé non seulement à des prédicats mais aussi à
des déterminants, des adjectifs, des noms ainsi qu’à des expressions adverbiales gradables.
a. Il faut avoir fait la moitié des exercices pour réussir l’examen. b. Il suffit d’avoir fait la
moitié des exercices pour réussir l’examen.
Exercice d’application
La phrase a) tend à déclencher l’inférence que la phrase b) est vraie (admettez-‐le même si vos
propres intuitions ne sont pas claires).En supposant que <bon, excellent> forme une échelle,
expliquez comment ces faits peuvent être prédits.
Pour chaque cas, dites si la phrase b) suit de a) comme implicature scalaire ou comme
conséquence logique.(1)a. Marie est une bonne étudiante b. Marie n’est pas une étudiante
excellente(2) a. Pour suivre cette formation, il faut être un bon étudiant b. Pour suivre cette
formation, il n’est pas nécessaire d’être un étudiant excellent (il suffit d’être un bon étudiant). (3)
a. Jacques n’est pas un bon étudiant b. Jacques n’est pas un étudiant excellent(4) a. Les bons
étudiants ont tous assisté à la conférence b. Les étudiants excellents ont tous assisté à la
conférence(5) a. Les étudiants excellents ont tous assisté à la conférence b. Les bons étudiants
n’ont pas tous assisté à la conférence II. L’interprétation du pluriel(1) Marie a vu des chevaux(1)
semble fausse dans le cas où Marie a vu un seul cheval. (2) a. Marie n’a pas vu de chevaux b. Il
est impossible que Marie ait vu des chevaux Dans (2) a et (2) b, chevaux et des chevaux ne sont
cependant pas interprétés comme signifiant plusieurs chevaux; en effet, ces phrases affirment,
respectivement, que Marie n’a vu aucun cheval, et qu’il est impossible que Marie ait vu un ou
plusieurs cheval. Hypothèse: Le sens littéral de (1) est «Marie a vu un ou plusieurs chevaux»,
mais des entre en compétition systématique avec un, interprété comme signifiant exactement un
(c'est-‐à-‐dire un et pas plus d’un), et la lecture plurielle est en fait une implicature.
[1] Les maximes conversationnelles sont respectées lorsqu'il y a équivalence entre ce qui est dit et
ce qui est communiqué. Cette équivalence débarrasse la communication de son aspect implicite.
En linguistique, conversation est « une forme prototypique et représentative du fonctionnement
général des interactions verbales, qui implique un nombre relativement restreint de participants,
dont les rôles ne sont pas prédéterminés, qui jouissent tous en principe des mêmes droits et
devoirs (interaction de type «symétrique »), et qui n’ont pas d’autre but avoué que le seul plaisir
de converser ; elle a enfin un caractère familier, et improvisé : thèmes abordés, durée de
l’échange, ordre des prises de tours, tout cela se détermine au coup par coup.»