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Figures de l’interculturel
dans l’éducation
Jean-Michel Leclercq
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toute autre manière – sans l’autorisation préalable écrite de la Division des éditions,
Direction de la communication et de la recherche.
ISBN 92-871-5013-3
© Conseil de l’Europe, décembre 2002
Imprimé dans les ateliers du Conseil de l’Europe
PROJET INTÉGRÉ «RÉPONSES À LA VIOLENCE QUOTIDIENNE
DANS UNE SOCIÉTÉ DÉMOCRATIQUE»
3
SOMMAIRE
Page
Avant-propos ......................................................................................... 7
Introduction .......................................................................................... 9
I. L’interculturel comme confrontation à la différence dans la lutte
contre les discriminations ............................................................. 13
L’intégration socioculturelle des migrants par l’école dans le respect
de leurs spécificités .......................................................................... 13
La prise en compte de la diversité de tous les élèves par les systèmes
éducatifs ........................................................................................... 19
Des «anciennes» aux «nouvelles» minorités .................................. 21
II. L’interculturel comme communication dans un contexte de
pluralisme des langues et des médias ........................................... 25
Diversité des langues, diversité des cultures ................................... 27
Le dépassement de la diversité grâce à la communication .............. 29
Identité et multiculturalité ............................................................... 32
Du pluralisme linguistique au pluralisme des médias ..................... 34
III. L’interculturel comme réflexion critique sur l’histoire dans
l’Europe d’aujourd’hui ................................................................. 39
Enseignement de l’histoire et lutte contre les stéréotypes et les
préjugés ............................................................................................ 40
Les dangers du repli nationaliste ..................................................... 42
La réconciliation dans l’interculturel ............................................... 45
IV. L’interculturel comme participation aux valeurs de la citoyenneté 49
La dimension européenne et l’éducation pour l’Europe .................. 50
L’interculturel, chemin de la citoyenneté ........................................ 52
Citoyenneté, pluralisme et interculturalité ...................................... 55
V. L’interculturel comme pratiques pédagogiques innovantes ...... 59
Les incidences de l’interculturel sur les contenus de l’enseignement 59
Interculturel et compétences ............................................................ 63
Le pensé et le vécu de l’interculturel dans la formation continue des
enseignants ...................................................................................... 65
5
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Conclusions ........................................................................................... 69
L’unité de l’interculturel dans la diversité de ses figures ................. 69
L’interculturel comme stratégie et pratiques d’une même politique 70
Les fondements de l’interculturel .................................................... 70
L’interculturel à l’échelle européenne ............................................. 73
La conjugaison de la proximité et de la distance ............................. 75
Les perspectives pour la résolution des conflits .............................. 76
Bibliographie ......................................................................................... 79
6
AVANT-PROPOS
7
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Walter Schwimmer
Secrétaire Général
du Conseil de l’Europe
8
INTRODUCTION
9
Figures de l’interculturel dans l’éducation
même objet mais qui se livreraient séparément, compte tenu de leur point
d’aperception et de l’éclairage donné.
C’est dans ce sens qu’il paraît possible d’envisager des figures de l’inter-
culturel qui ne le scindent pas en aspects n’ayant presque rien en commun
mais renvoient seulement chacune à des caractéristiques correspondant à
une orientation prédominante qui n’exclut pas les autres. Quand il s’agit
d’évoquer la situation des migrants ou celle des «nouvelles» minorités en
Europe centrale et orientale, la figure de l’interculturel mise en avant est celle
de la confrontation aux différences pour relever les incompréhensions ou les
conflits que celles-ci provoquent, et y chercher des issues. Quand il s’agit de
découvrir la diversité des langues ou l’importance des médias, la figure de
l’interculturel qui s’impose est celle qui se centre sur les enjeux de commu-
nication et les implications du pluralisme linguistique ou de l’éthique de
l’information.
S’il faut repenser la mémoire du passé qui vaut à chaque civilisation ses
angoisses et ses connivences, ou ses antipathies, la figure de l’interculturel qui
ressort est celle axée sur la redéfinition des identités et l’amélioration de la
compréhension mutuelle. Quand on s’inscrit dans la perspective de la partici-
pation à un patrimoine commun avec la dimension européenne de l’éducation
ou d’aspects liés à la promotion du civisme et de la démocratie, c’est une
figure dont le centre de gravité est la référence à des valeurs qui entre en jeu.
Enfin, il va de soi que ces vues sur l’interculturel, comme on pourrait aussi les
dénommer, doivent également aboutir à des mesures permettant de les
concrétiser ; on ne saurait donc oublier une autre figure indispensable, celle
des pratiques qui doivent découler des choix proposés.
Le passage par ces registres, allant en somme de l’idéal d’une éducation inter-
culturelle aux procédures d’une pédagogie interculturelle, permet d’appré-
hender au mieux des rapports d’intérêts et de forces qui jouent toujours
ensemble mais dont certains s’affirment davantage que d’autres selon la
nature des problèmes abordés, les époques ou d’autres influences. Ainsi
peuvent se discerner des inflexions qui, en dévoilant la diversité de points de
vue inhérente à la perspective interculturelle et aux analyses qu’elle suscite,
facilitent une plus claire définition de sa nature et de ses emprises.
Telle semblait être la démarche à adopter pour retracer assez commodément
la place et le rôle de l’interculturel dans les conceptions de l’éducation qui ont
prévalu au Conseil de l’Europe pendant les quelque cinquante années qui se
10
Introduction
sont écoulées depuis sa création. Il fallait ces repères pour être en mesure
d’effectuer les regroupements qui s’imposaient entre des décisions et des
initiatives dont on devine la multiplicité. Cela était nécessaire tant pour éviter
des énumérations qui auraient été fastidieuses que pour ne pas tomber dans
des répétitions lassantes.
11
I. L’INTERCULTUREL COMME CONFRONTATION À LA DIFFÉRENCE
DANS LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS
La confrontation à la différence est sans aucun doute une des figures les plus
significatives de l’interculturel. Affirmée dès les premières initiatives du
Conseil de l’Europe à propos de l’éducation des migrants, elle bénéficie
jusqu’à aujourd’hui d’une attention forte due en particulier, après les boule-
versements politiques de 1989, à l’apparition de «nouvelles» minorités
qui pouvaient sembler relever de problématiques assez analogues à celles qui
avaient prévalu pour les migrants. Mais cette figure ne s’applique pas seule-
ment dans ces deux cas. Elle a également concerné très tôt toutes les popula-
tions scolaires qui risquaient d’être désavantagées et infériorisées si ne leur
étaient pas offerts les types d’études et de formation correspondant à leur pro-
fil qui n’était plus celui de leurs aînés ou de groupes plus favorisés.
Il n’est donc pas étonnant que l’analyse des ressources apportées par la
perspective interculturelle pour la prise en compte des différences dans l’édu-
cation ait constitué un axe majeur de la réflexion à laquelle se sont étroitement
associés de nombreux spécialistes du «choc des cultures1». C’est ce qui a
permis en même temps l’élaboration d’une véritable théorie de l’interculturel
envisagé sous cet angle et une analyse solidement fondée des situations.
13
Figures de l’interculturel dans l’éducation
14
Confrontation à la différence
15
Figures de l’interculturel dans l’éducation
adaptée des maîtres à leur travail avec les élèves de l’immigration, cadre très
précisément l’approche interculturelle en soulignant qu’elle fait partie des
«politiques éducatives qui encouragent l’ouverture d’esprit et la compréhen-
sion des différences culturelles1». En 1985, la Conférence permanente des
ministres de l’Education reviendra une nouvelle fois sur la question dans une
Déclaration sur l’éducation des migrants, pour indiquer que le développement
éducatif et culturel des migrants appelle la dimension interculturelle avec ce
qu’elle implique de respect mutuel, et de tolérance et de compréhension inter-
culturelle de la part des enseignants2.
Ces textes annonçaient les considérations qui allaient prévaloir dans le projet3
du CDCC sur «L’éducation et le développement culturel des migrants» lancé
en 1981 et conclu en 1986. Comme son titre l’indique, ce projet envisage les
problèmes relatifs aux migrants sous un angle beaucoup plus large que celui de
la seule scolarisation des élèves. Celle-ci n’est qu’un aspect des démarches à
entreprendre en faveur de la population des migrants pour lui épargner les
ségrégations et les exclusions. Un programme éducatif et culturel global est à
bâtir pour par exemple assurer l’accès à l’emploi des hommes et des femmes,
ou pour viser à l’amélioration de la situation féminine. Il s’agit de réunir une
information sur la migration dans les sociétés européennes pour en même
temps dégager les caractéristiques de situations mal connues et apprécier leurs
multiples conséquences dans tous les secteurs de la vie sociale, à commencer
bien entendu par ceux de l’enseignement et de la formation.
L’originalité des conclusions du projet est d’affirmer que des solutions satis-
faisantes et efficaces ne sauraient intervenir si ne sont pas définis au préalable
les cadres conceptuels dans lesquels elles se situent. C’est pourquoi le rapport
final, au lieu de s’attacher aux mesures concrètes, qui avaient pu être appré-
ciées auparavant dans des études de cas ou des expérimentations, qui se
prolongeront du reste par la suite, privilégie les considérations de principe.
Car pour les responsables du projet les solutions retenues auraient peu de
chances d’aboutir aux résultats recherchés sans un éclairage précis de ce
qu’elles doivent viser et pourquoi.
______
1. Ibidem, paragraphe 2.7.
2. CPME, 1985.
3. Par projet on entend au Conseil de l’Europe un programme de recherches et d’activités décidé
par le Conseil de la coopération culturelle (CDCC) qui s’étend sur plusieurs années, donne lieu à
diverses activités (réunions d’experts, séminaires, symposiums…) et aboutit à des publications
dont un rapport final.
16
Confrontation à la différence
______
1. Projet no 7 du CDCC, L’éducation et le développement culturel des migrants, Conseil de
l'Europe, 1986, p. 9.
2. Ibidem, p. 8.
17
Figures de l’interculturel dans l’éducation
A vrai dire, dans le texte précité qui insiste précisément sur le multicultura-
lisme marquant désormais nos sociétés, on trouverait sans peine la preuve qu’il
reste applicable à la période la plus contemporaine. Mais c’est aussi pourquoi
il vaut mieux se focaliser sur son mérite d’avoir installé l’interculturel au cœur
de la réflexion sur les politiques éducatives au Conseil de l’Europe pour des
raisons dont l’évidence s’impose. Car le recours à la perspective interculturelle
dans l’analyse des objectifs à assigner à l’éducation et dans la mise en œuvre
des pratiques pour atteindre ceux-ci ne fait qu’un avec le respect des valeurs
prônées par le Conseil de l’Europe. Entre le point de vue de l’interculturalité et
les droits de l’homme, le lien est indéfectible puisque, c’est la pierre angulaire
de l’interculturel, la différence ne doit jamais constituer un euphémisme de
l’infériorité1. Il va aussi de soi que cette attitude à l’égard de l’autre ne peut
qu’induire la tolérance tout autant nécessaire pour le dialogue et la compré-
hension mutuelle que pour la reconnaissance des qualités respectives des par-
tenaires dans un cadre démocratique. L’exploration de la notion d’interculturel
à laquelle procède ce projet, avec le concours des spécialistes les plus appré-
ciés dans le domaine, apporte des fondements théoriques et éthiques dont on ne
saurait se passer dès lors qu’on aborde des questions liées au multiculturalisme
de nos sociétés. Le projet, à ce titre, grâce aux pistes qu’il ouvre, mérite bien
d’être qualifié d’œuvre pionnière.
Une de ces pistes conduira en particulier à aborder le cas des Tsiganes. Les
Tsiganes connaissent en quelque sorte de manière permanente la migration et
l’immersion dans d’autres populations. Pour cette raison, ils font l’objet de
préjugés et de ségrégations fort tenaces. Ce sera l’occasion de retrouver des
problèmes analogues à ceux rencontrés à propos des migrants et d’aborder de
nouveaux horizons touchant aux droits des minorités ou au statut des langues.
En 1969, une recommandation de l’Assemblée consultative, qui allait devenir
l’Assemblée parlementaire, attire l’attention sur la discrimination dont pâtis-
sent les communautés tsiganes et, en 1983, le Conseil de la coopération cultu-
relle organise un premier séminaire international dans lequel la scolarisation
des enfants tsiganes occupe une large partie du programme. Une série d’autres
séminaires suivront, celui de 1989 qui aura précisément pour thème «Vers une
éducation multiculturelle : la formation des enseignants ayant des élèves tsi-
ganes». Jean-Pierre Liégeois, dans son ouvrage Roma, Tsiganes, Voyageurs,
signale bien les bénéfices à attendre de l’adoption d’une telle optique quand il
______
1. Comme cela est dit expressément dans Critical approach to the media in civic education,
Conseil de l'Europe, 2002, p. 32.
18
Confrontation à la différence
écrit : «Tsiganes et Voyageurs ont été jusqu’à présent inventés dans les repré-
sentations que chacun s’en fait. Il est urgent qu’ils soient maintenant reconnus
dans leur originalité et leur richesse, car la coopération dans le respect mutuel
reste la condition difficile mais indispensable d’une amélioration et de leur
existence, et d’une coexistence enrichissante.» La correction des préjugés
s’impose et l’information dans les rapports entre les deux sociétés constitue un
important facteur de prévention des conflits. Avec la concertation, elle permet
de transformer les oppositions de principe en différences mieux comprises1. Ce
sont des lignes que l’on aurait pu trouver pratiquement dans le rapport final du
projet sur l’éducation des migrants. Elles montrent encore mieux toutes les
perspectives qui s’ouvrent lorsque l’on aborde des questions comme les effets
pervers des préjugés et la nécessité d’y renoncer pour rendre possible une
reconnaissance pacifiée des différences. C’est à vrai dire le thème clé de
l’approche interculturelle qui s’affiche ici de manière très symptomatique,
thème qui va se décliner par la suite dans de multiples registres ou contextes,
et ne perdra jamais son inspiration première : modifier les visions ou les
conceptions faussées, et des conversions d’attitude pour que les différences
entre les sociétés et les personnes deviennent des occasions de dialogue au lieu
de nourrir des conflits sans issue.
19
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Bien entendu, les handicapés ont bénéficié de l’attention qu’ils méritaient et ont
fait l’objet de nombreuses décisions, bien avant la recommandation de 1992 du
Comité des Ministres, sur la prise en charge systématique du handicap dans tous
les secteurs de la société. Mais il est sans doute ici inutile de s’étendre davan-
tage sur ce sujet tant cette intervention et bien d’autres en faveur des handicapés
s’inscrivaient naturellement dans le droit fil des préoccupations du Conseil de
l’Europe et débordaient largement le domaine de l’éducation.
Apparaîtra très tôt une volonté d’adapter le système scolaire pour aider les
élèves à surmonter les désavantages liés à leur milieu d’origine. En 1969, une
résolution des ministres de l’Education demande que, dès le préscolaire et dans
le primaire, des ajustements soient prévus pour tenir compte des difficultés
particulières rencontrées par certains enfants dans leur environnement social et
culturel pour s’adapter à un nouveau contexte1.
Une généralisation de la fréquentation du préscolaire reste la meilleure
manière de compenser les décalages initiaux et d’offrir à tous l’égalité des
chances. A cette période décisive pour le développement de l’enfant, la capa-
cité d’accueil doit donc être accrue. La préscolarisation doit être mise à profit
pour pallier les difficultés d’expression, surtout orale, liées aux déficiences de
l’environnement social et culturel, et éviter l’isolement auquel l’enfant est
exposé par son habitat et ses conditions de vie familiale.
Les liens entre le préscolaire et le primaire sont à resserrer pour ne pas impo-
ser de rupture trop brutale dans l’atmosphère de l’enseignement. L’école
primaire doit prolonger les démarches du préscolaire en se centrant sur le déve-
loppement personnel de l’enfant et en l’associant à son éducation, plutôt qu’en
se fixant sur des normes arbitraires. L’enfant est à prendre tel qu’il est et non
tel qu’on voudrait qu’il soit.
Dans le secondaire du premier cycle également, de plus en plus inclus dans la
scolarité obligatoire, il faut éviter les orientations trop précoces vers des études
générales ou des formations professionnelles qui risquent de pénaliser les
élèves originaires de milieux peu familiarisés avec le fonctionnement des
établissements et avec les conséquences de leurs choix.
L’analyse s’approfondira avec l’identification d’autres obstacles à éliminer
pour que certains élèves ne soient pas désavantagés dans le déroulement
de leur scolarité. En 1969, la Conférence permanente des ministres de
______
1. CPME, 1969, Résolution no 3.
20
Confrontation à la différence
l’Education salue la pertinence d’un rapport sur les élèves moins doués pour
les études académiques1. Il s’agit principalement du deuxième cycle du secon-
daire. Pour faciliter l’accueil à ce niveau, surtout à une époque où s’instaure
une fréquentation de masse des écoles secondaires, y compris dans le cycle
supérieur, il importe d’assouplir et de diversifier l’offre. Il faut prévoir de nou-
velles combinaisons d’études académiques et de formations professionnelles.
Il faut pour cela que les curriculums comportent plus de possibilités de choix
et d’options. Des formules spéciales sont à mettre au point pour les élèves
retardés dans leur progression. L’orientation et le conseil pédagogique sont à
développer pour éviter que les jeunes s’engagent dans des voies où ils risquent
l’échec par manque d’aptitudes ou d’intérêt. L’évaluation sera moins traumati-
sante et plus éclairante si elle s’effectue au sein de l’établissement au lieu
d’être une sanction purement externe. Par ailleurs, pour améliorer l’insertion
des élèves que l’atmosphère traditionnelle de l’école rebute, s’impose l’intro-
duction de l’expérience du travail, de tâches communautaires et d’activités
récréatives. Le développement de relations entre l’école et la famille est égale-
ment à favoriser.
L’enseignement supérieur ne sera pas oublié dans cette panoplie de mesures à
prendre pour éviter que des groupes soient relégués dans des formations ou des
conditions d’études ne leur convenant pas, en raison de leurs antécédents ou de
leur profil de départ. La capacité d’accueil des établissements d’enseignement
supérieur doit augmenter sans que la qualité des études diminue. Des
programmes de bourses doivent être organisés en faveur de clientèles financiè-
rement démunies2. Ces mesures doivent être l’aboutissement d’une large
coopération internationale et européenne, comme du reste celles qui concer-
nent les migrants.
Les considérations sur la diversité des élèves s’inscrivent dans une optique très
comparable à celle qui a été appliquée aux migrants. Il s’agit d’éviter que des
différences induisent l’infériorisation et d’empêcher une uniformité des règles
et des pratiques qui ignore les spécificités.
21
Figures de l’interculturel dans l’éducation
On entend par cette expression non pas des populations dont la situation serait
plus récente que celle des travailleurs immigrés en Europe occidentale, mais
des populations dont les conditions d’existence ont été profondément affectées
par les changements survenus dans l’ex-Union soviétique et en Europe cen-
trale et orientale. A une époque où les passeports mentionnaient la citoyenneté
soviétique ou celle d’une autre entité politique et une nationalité, ces minorités
avaient des statuts divers, qui allaient de l’assimilation forcée à une reconnais-
sance de principe de leur autonomie, ou d’un encadrement légalisé à une dis-
crimination sans ambages. Elles faisaient néanmoins partie d’un ensemble
géopolitique où ne se manifestaient pas avec évidence et avec force des ten-
dances centrifuges. Mais la rupture des liens qui tenaient ces ensembles a pro-
voqué la résurgence ou l’extension de conflits, et cela d’autant plus qu’en
Europe centrale et orientale la plupart des Etats avaient un long passé de
coexistence difficile entre groupe majoritaire et groupes minoritaires. Des phé-
nomènes de ségrégation et d’exclusion ont été constatés, qui paraissaient com-
parables à ceux dont souffraient les migrants en Europe occidentale. Ainsi, si
la présence de l’immigré a été la première réalité prise en compte, les évolu-
tions récentes, en particulier dans les pays du centre et de l’est de l’Europe,
mais également à l’Ouest, ont modifé cette approche en élargissant très forte-
ment la perspective interculturelle1.
Dans cet ordre d’idées, on insistera sur le danger d’«autoségrégation» que peut
comporter la création d’écoles pour les minorités qui signifient pratiquement
l’apparition de sous-systèmes éducatifs autonomes, alors qu’il convient surtout
de négocier un nouveau contrat social avec de nouvelles règles de coexistence
et de nouveaux rapports entre majorités et minorités2. Soulignons également la
______
1. Audigier, François, Pratiquer la diversité culturelle dans l'éducation, Conseil de l’Europe,
1997, p. 14.
2. Droits de l’homme et minorités dans les nouvelles démocraties européennes : les aspects
éducatifs et culturels, Conseil de l’Europe, 1996, p. 35.
22
Confrontation à la différence
23
Figures de l’interculturel dans l’éducation
à toutes les autres cultures qui donnent à cette observation et aux solutions qui
en sortiront toute leur portée. Le Conseil de l’Europe insiste sur cette nécessité
d’une coopération internationale, pour apprécier à la fois les solutions natio-
nales et la validité des initiatives destinées à remédier à leurs insuffisances.
24
II. L’INTERCULTUREL COMME COMMUNICATION DANS UN CONTEXTE
DE PLURALISME DES LANGUES ET DES MÉDIAS
25
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Cette figure liée à l’étude des langues étrangères est à rapprocher de la figure
précédemment évoquée. En effet, si la communication est ici indispensable
pour atteindre l’autre, elle s’effectue dans un contexte marqué par la diffé-
rence en raison de l’extrême diversité des langues pratiquées qui en même
temps crée une situation de fait et invite, voire contraint, à faire des choix.
Toutes les langues ne peuvent pas être enseignées ou apprises pour de
multiples raisons : des raisons plutôt matérielles comme le temps disponible
dans les programmes ou les ressources mobilisables, des facteurs liés à
l’information et à la communication comme l’image attachée à une langue par
son supposé degré de difficulté ou de diffusion. Tout cela nous rappelle avec
force que la communication est aussi une confrontation à la différence, avec
toutefois une connotation particulière. Au lieu de devoir cerner, comme dans
la figure précédente, une altérité presque imposée, on est ici face à l’«étran-
geté» de personnes et de pays dont il faut se rendre plus familiers.
Dès lors, on voit bien se dessiner l’itinéraire à suivre pour explorer cette figure
de l’interculturel que représente la communication. Il convient d’abord de
mesurer à quel point la diversité des langues en Europe peut poser des pro-
blèmes d’apprentissage afin d’éviter des isolements inacceptables et nocifs,
provoqués par les difficultés de communication. Il faut ensuite voir comment
cette diversité peut être surmontée et surtout comment peuvent être instaurées
vis-à-vis de ces langues des attitudes qui n’interdisent ni les relations équi-
tables ni la compréhension mutuelle. Mais on pressent aussi que le problème
risque de ne pas se poser dans les mêmes termes pour les langues majoritaires
et les langues minoritaires dont la situation particulière devra donc être aussi
évoquée.
26
Communication dans un contexte de pluralisme
27
Figures de l’interculturel dans l’éducation
comme cela a été le cas en Espagne avec l’essor de la pratique des langues des
communautés autonomes, ou même en France avec la place faite à l’ensei-
gnement du breton ou du corse.
______
1. La diversité linguistique en faveur de la citoyenneté démocratique, Conseil de l’Europe,
2000, p. 6.
2. Ibidem, p. 130.
28
Communication dans un contexte de pluralisme
29
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Les conséquences sur le plan de l’enseignement sont multiples dont deux méri-
tent particulièrement de retenir l’attention ici parce qu’elles se relient très
directement à une perspective interculturelle qui facilite des contacts dans
l’équité. Il faut généraliser l’enseignement des langues vivantes dans les sys-
tèmes d’éducation et de formation car, dans la situation que connaît l’Europe,
cet enseignement doit s’adresser à tous et non plus seulement à une élite. La
multiplication des contacts dans tous les domaines, l’accroissement de la
mobilité des personnes, la nécessité d’échanges d’expériences au plan inter-
national dans tous les secteurs exigent que tous les publics puissent accéder à
des connaissances en langues étrangères. Par ailleurs, précisément pour tenir
compte du profil de ces nouveaux publics et répondre aux nouveaux besoins,
une profonde transformation de la pédagogie des langues étrangères s’impose.
Il est indispensable de donner la priorité à la pratique orale et au travail sur des
textes en rapport avec la vie quotidienne des sociétés contemporaines pour que
la maîtrise des langues facilite concrètement les relations des autochtones
avec les divers milieux étrangers. Pour assurer la démocratisation de l’étude
des langues étrangères qu’il faut opérer à grande échelle et rapidement, de
véritables révolutions pédagogiques s’imposent. Il faut notamment donner la
priorité à l’acquisition des bases du lexique et des structures grammaticales.
30
Communication dans un contexte de pluralisme
31
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Identité et multiculturalité
La communication linguistique est toujours une rencontre avec une identité,
généralement qualifiée de culturelle, qui correspond à un contexte socio-
culturel lié à une langue. La langue appartient à ce contexte, ce que ses
locuteurs ne peuvent ignorer. Mais on sait bien également que, depuis le
XIXe siècle, dans cet attelage de la culture et de la langue, la primauté
reconnue ou exigée va souvent à la langue qui devient alors le support et le
critère de l’identité culturelle, avec parfois une charge revendicative qu’on
s’explique aisément. Si une langue est considérée comme n’ayant pas la place
ou le statut qu’elle mériterait, c’est l’identité d’un peuple et d’une culture qui
est menacée et la défense de celle-ci passe par la défense de la langue. Une
large partie de l’histoire européenne est celle de cette lutte. Aujourd’hui, la
lutte n’est plus seulement, comme au siècle dernier, un combat entre des
langues dominantes et des langues opprimées, voire interdites. Elle est égale-
ment la lutte entre des langues dominantes menacées par la suprématie de
l’une d’entre elles. Toutes les conditions sont alors réunies pour que chaque
______
1. La compétence socioculturelle dans l’apprentissage et l’enseignement des langues, Conseil de
l'Europe, 1997, p. 14.
2. Liens et échanges scolaires en Europe – Vade-mecum, Conseil de l'Europe, p. 14.
32
Communication dans un contexte de pluralisme
Le Conseil de l’Europe, dans la ligne des réflexions déjà évoquées sur les
anciennes et nouvelles minorités, a bien mesuré la gravité du problème, ce qui
explique l’intérêt croissant porté aux langues minoritaires dont la situation a
donné lieu à divers bilans, parfois très récents1. De ces travaux il ressort que
des mesures ont permis d’améliorer la place laissée à des langues minoritaires
dans l’éducation, utilisées pour l’enseignement de certaines matières. Mais,
pour autant, on ne saurait sous-estimer les multiples obstacles qui s’opposent
à une véritable égalité de traitement entre une langue dominante, à tort ou à
raison qualifiée souvent de nationale, et des langues minoritaires. Le désen-
clavement des langues minoritaires et régionales risque donc de rester relatif
en dépit des efforts qui peuvent être fait par les gouvernements ou la société.
C’est ce qui, aux yeux du Conseil de l’Europe, doit faire privilégier un autre
choix, celui du multiculturalisme2, la seule voie pour rétablir des relations
d’équité dans un dialogue interculturel rééquilibré et revigoré grâce à une
refonte de la notion d’identité. La perspective multiculturelle substitue en
effet une vision polycentrique à l’opposition de deux identités culturelles, très
fréquemment en position de duel. Il faut que les identités culturelles, au lieu
de vouloir s’affirmer dans une absolue singularité, acceptent de se retrouver
dans une pluralité où elles se placent sur un même plan dans des relations
d’égalité et de reconnaissance réciproque. Il faut que chaque identité cultu-
relle, en harmonie avec cet environnement, s’accepte comme plurielle et donc
partage avec d’autres certaines de ses caractéristiques à titre réciproque. Dès
lors, la langue reste une caractéristique importante mais elle peut se partager
______
1. Voir «Résultats d’une enquête préliminaire sur la diversité linguistique en éducation : obstacles
et solutions possibles», in La diversité linguistique en faveur de la citoyenneté démocratique,
Conseil de l’Europe, 2000.
2. Voir «Le glissement vers le multiculturalisme et les fondements pour une démocratie
plurielle», in Leclef, Daphné, La gestion de la diversité culturelle, Conseil de l’Europe, 1997,
chapitre II.2.
33
Figures de l’interculturel dans l’éducation
34
Communication dans un contexte de pluralisme
Il a fallu ainsi insister fortement sur la nécessité pour les médias de bien
veiller à jouer ce rôle et recommander le développement d’une éducation aux
médias permettant des recours face à des formes ou des contenus de commu-
nication se détournant de la mission attendue. Des insuffisances seront
dénoncées à maintes reprises. On constate, à propos des migrants, que les
médias ont souvent imposé un traitement inégalitaire, ce qui a raréfié ou
marginalisé les informations qui les concernent le plus directement2. Le projet
«Démocratie, droits de l’homme, minorités : les aspects éducatifs et culturels»
soutiendra que dans les journaux, à la radio, à la télévision, les groupes mino-
ritaires sont presque toujours victimes de présentations à la fois insuffisantes
et biaisées. Bien entendu, la langue de ces groupes reste la plupart du temps
absente des colonnes des quotidiens ou des programmes de radio et de télé-
vision. De plus, les journalistes apportent souvent une note folklorique aux
situations rapportées, ou même les abordent d’une façon telle qu’elles provo-
quent des réactions de rejet. C’est surtout le cas avec les populations immi-
grées, mais les autres groupes minoritaires bénéficient rarement d’un
traitement plus avantageux. L’entrée en lice de médias de proximité ou de
stations de radio communautaires peut pallier l’inconvénient du recours à la
seule langue de large diffusion et permettre de recueillir des témoignages plus
directs et plus fiables. Ce n’est toutefois pas à coup sûr la meilleure solution
______
1. Vivre le multilinguisme européen, op. cit..
2. Voir Perotti, Antonio, Plaidoyer pour l’interculturel, Conseil de l’Europe, 1994, p. 113.
35
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’une éducation aux médias soit
indispensable. Car s’il est vrai que des mass media libres, pluralistes, ont un
rôle important à jouer dans l’éducation, trop de messages par leur facture ou
leur teneur interdisent qu’il en soit ainsi. En même temps qu’un large recours
aux médias est encouragé, la prudence à leur égard s’impose donc. Dès 19613,
la CPME signale les bénéfices à attendre de la télévision pour l’éducation des
adultes et, en 19624 , les étend à toutes les formes d’éducation. Cependant, en
1987, une recommandation de l’Assemblée parlementaire encourage l’intro-
duction dans les écoles de cours sur l’«appréciation critique des productions
de la télévision et des médias5» et, tout récemment, le projet «Education à la
citoyenneté démocratique» est revenu à la charge avec un séminaire sur l’ap-
proche critique des médias dans l’éducation civique6. En tout cas, l’éducation
aux médias, préconisée dès l’école primaire dans le sillage du projet sur l’édu-
cation des migrants, fait désormais partie des activités du Conseil de l’Europe
et l’objet de publications7 et de nombreux stages de formation continue pour
les enseignants8.
36
Communication dans un contexte de pluralisme
Tout cela nous rappelle que les figures de l’interculturel peuvent se distinguer
mais qu’elles ne sont pas complètement dissociables. Nous avons ici une
bonne illustration du phénomène. La figure de la communication se colore
d’une dimension critique que l’on retrouve, fortement accentuée et d’une
plus grande portée, dans l’approche de l’interculturel par la connaissance
historique.
37
III. L’INTERCULTUREL COMME RÉFLEXION CRITIQUE SUR L’HISTOIRE
DANS L’EUROPE D’AUJOURD’HUI
39
Figures de l’interculturel dans l’éducation
supposées les régir. Ces préoccupations seront présentes dans toutes les
réflexions sur l’enseignement de l’histoire, et tout particulièrement dans le
projet «Apprendre et enseigner l’histoire de l’Europe du XXe siècle», lancé
en 1996, qui a donné lieu à la production d’un important matériel pédago-
gique devant aider les enseignants d’histoire à ne pas tomber dans ces travers.
40
Réflexion critique sur l’histoire
dans les manuels scolaires et d’envisager les moyens d’y remédier. Des sémi-
naires de formation continue des enseignants sur le thème de «L’Europe à
l’école» seront organisés, durant lesquels il s’agira aussi de voir comment un
minimum de connaissances sur les divers pays du continent éviterait des igno-
rances trop criantes et les idées fausses qui en découlent. Les efforts ne se
limiteront pas pour autant à l’Europe. D’autres séminaires, d’autres actions de
formation continue pour les enseignants sur le thème «Le monde à l’école»
aborderont des horizons trop souvent délaissés comme l’Amérique du Nord et
du Sud, ou l’Asie. Parallèlement, l’éducation au développement fournira
l’occasion d’évoquer des régions encore plus rarement présentées aux élèves.
Cet élargissement était nécessaire pour éviter que l’interculturel tombe dans
un européocentrisme, qui correspondrait à sa propre négation.
41
Figures de l’interculturel dans l’éducation
______
1. Leclef, Daphné, op. cit., p. 58.
2. Recommandation 1283 (1996) de l’Assemblée parlementaire relative à l’histoire et l’appren-
tissage de l’histoire.
42
Réflexion critique sur l’histoire
43
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Un autre danger tout aussi grave, la focalisation sur un modèle national rigide
et intolérant incitant les «nouvelles» minorités à ne pas envisager d’autres
issues. Ainsi se créent des «situations qui risquent d’être explosives2». La
coexistence dans des sociétés plurielles est refusée. Sont reprises des revendi-
cations radicales d’une inspiration comparable à celle des mouvements les
plus nationalistes qui feraient des minorités jadis opprimées de futurs oppres-
seurs si elles en avaient l’occasion. Il faudrait précisément espérer que
l’Europe puisse échapper à une loi du talion maquillée en celle d’un juste
retour des choses.
Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que les professeurs d’histoire, sur-
tout dans les écoles secondaires où les élèves par leur âge sont très réceptifs
aux passions ambiantes, se sentent confrontés à de redoutables défis. Ils
voient l’histoire utilisée pour stimuler le sentiment d’identité dans la majorité
comme dans les minorités, avec la mise en circulation de stéréotypes ou
d’images malsaines et une «position prévalente et dominatrice de l’histoire
nationale». Celle-ci est également exploitée pour alimenter la résurgence du
nationalisme dont «aucune force politique ou sociale puisse compenser la
force» en Europe de l’Est après les brèves effusions consensuelles qui avaient
marqué les journées de soulèvement contre le pouvoir communiste3.
______
1. History and History Teaching in South Eastern Europe, Document DCES/EDU/HIST(99)63,
Conseil de l’Europe, 1999.
2. Les droits culturels au Conseil de l’Europe (1947-1997), Conseil de l'Europe, 1997, p. 27.
3. L’enseignement de l’histoire et la promotion des valeurs démocratiques et de la tolérance,
manuel destiné aux enseignants, Document CC-ED/HIST(96)1, Conseil de la coopération
culturelle, Conseil de l'Europe, 1996, pp. 22-23.
44
Réflexion critique sur l’histoire
Ce diagnostic considère que pour échapper à ces claustrations et ces refus des
initiatives s’imposent1: développer l’histoire globale d’une région ; multiplier
les points de vue sur l’histoire de cette région ; faciliter aux historiens la
poursuite de recherches dans un autre pays que le leur ; établir des échanges
entre les professeurs d’histoire des divers pays ; encourager la pratique de
l’histoire comparée ; faire adopter une attitude critique dans l’interprétation
des événements. Or ce sont bien entendu là toutes les démarches liées à
l’adoption de la perspective interculturelle.
Pour que celle-ci ait les aboutissements recherchés, il est aussi indispensable
qu’elle s’accompagne de rencontres entre les personnes impliquées dans des
situations conflictuelles pour surmonter leurs oppositions ou leur malenten-
dus par le dialogue et la prise de parole. Comme on l’a vu, le processus avait
déjà eu lieu après la seconde guerre mondiale en Europe occidentale. Il a
repris un essor considérable après 1989 et encore plus après les événements
survenus en Europe du Sud-Est. Dans le cadre du Pacte de stabilité en Europe
du Sud-Est, le Conseil de l’Europe a en effet été chargé de coordonner dans le
domaine de l’histoire les efforts en vue de favoriser une meilleure connais-
sance réciproque et une meilleure entente entre les pays de la région. Dans
cette perspective a été prévu un vaste programme de rencontres entre universi-
tés, instituts de recherche, établissements scolaires, ainsi que l’élaboration de
matériel d’information utilisable dans les différents pays. Pour ne citer qu’un
exemple, en 2002 a eu lieu un séminaire sur l’enseignement de l’histoire natio-
nale dans les écoles secondaires d’Europe du Sud-Est, dont l’objectif était
d’amener un groupe d’enseignants des divers pays de la zone à envisager un
moyen de parvenir à des points de vue moins polémiques sur des événements
ou des périodes dont l’appréciation jusqu’ici les oppose radicalement.
45
Figures de l’interculturel dans l’éducation
La nécessité d’une telle démarche a été encore plus nettement affirmée dans
la récente recommandation du Comité des Ministres sur l’enseignement de
l’histoire au XXIe siècle1. Ce texte insiste en effet tout particulièrement sur les
attitudes à développer dans ce sens chez les élèves pour qu’ils aient «la capa-
cité intellectuelle d’analyser et d’interpréter l’information de manière critique
et responsable à travers le dialogue […] et grâce à un débat fondé sur une
vision plurielle, en particulier sur les questions controversées et sensibles2».
46
Réflexion critique sur l’histoire
47
IV. L’INTERCULTUREL COMME PARTICIPATION AUX VALEURS DE LA
CITOYENNETÉ
49
Figures de l’interculturel dans l’éducation
50
Participation aux valeurs de la citoyenneté
Cependant, si l’on se reporte aux textes officiels qui définissent les objectifs
de cette introduction et à la manière dont celle-ci est conçue dans le projet où
elle prend place, sa relation et avec l’interculturel et avec la citoyenneté
devient immédiatement évidente.
Ce double lien est déjà bien visible à travers la Recommandation 1111 (1989)
de l’Assemblée parlementaire relative à la dimension européenne de l’édu-
cation. Selon ces termes, la dimension européenne de l’éducation se situe
dans le champ même de l’interculturel. Elle doit viser à développer «l’étude
des langues, de l’histoire et des civilisations», «la compréhension mutuelle
entre les peuples d’Europe» et «une meilleure connaissance de l’“autre1”».
L’intérêt pour la citoyenneté est tout aussi immédiat puisque l’introduction de
la dimension européenne se justifie «par l’idée que l’éducation doit préparer
chaque personne à vivre dans une société démocratique, en la rendant capable
d’exercer ses devoirs et responsabilités de citoyen2».
51
Figures de l’interculturel dans l’éducation
52
Participation aux valeurs de la citoyenneté
53
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Ce projet qui porte sur les aspects éducatifs, liés à la gestion de la diversité
culturelle, accorde toute son attention aux moyens de mettre en œuvre l’édu-
cation requise pour faire prévaloir cette conception de la citoyenneté. Les
craintes que peut inspirer la fragilisation de la cohésion sociale dans la plupart
des pays européens justifient encore davantage qu’on se préoccupe d’une édu-
cation à la citoyenneté qui concerne «le politique à toutes les échelles du
fonctionnement de nos démocraties, du local à l’Etat4». Cette éducation à la
citoyenneté, dans le milieu scolaire, est couramment dénommée éducation
civique, mais elle ne doit plus seulement inculquer les règles de la vie
politique. Elle doit également être «un apprentissage de la vie quotidienne, du
______
1. Ibidem.
2. Ibidem, p. 32.
3. Audigier, François, op. cit., p. 11.
4. Ibidem, p. 33.
54
Participation aux valeurs de la citoyenneté
55
Figures de l’interculturel dans l’éducation
56
Participation aux valeurs de la citoyenneté
leurs lois […] des espaces et des cadres dans lesquels les citoyens débattent,
s’opposent, confrontent leurs conceptions de la citoyenneté, du pouvoir, de
l’éducation, de la vie ensemble1». A l’échelle mondiale, sur fond de principes
universels qui régissent la citoyenneté en tant que telle, il y a donc une plura-
lité de formes singulières de citoyenneté qui tiennent à l’influence des
contextes où elles se situent. Mais cette pluralité se retrouve dans une même
société où l’appartenance de fait à plusieurs collectivités conduit à une
«citoyenneté multiple». En somme, «on ne peut pas parler de citoyenneté de
façon abstraite. La citoyenneté doit se situer dans un contexte particulier ; elle
n’a de sens, de signification, que par rapport aux besoins d’une société ou
d’un système politique2».
C’est une occasion de se convaincre encore plus fortement que cette éduca-
tion à la citoyenneté démocratique se distingue très clairement de tout ce qui
serait un choix politique déterminé. Quand il s’agit de la dimension euro-
péenne ou de la citoyenneté européenne, la question peut toujours se poser de
savoir s’il ne s’agit pas de promouvoir un choix politique particulier. Cela
aurait pu être plausible quand le Conseil de l’Europe défendait la cause de la
démocratie contre le totalitarisme qui régnait à l’Est. Pourtant, même à cette
époque, il y avait moins la promotion d’un régime politique contre un autre
que celle de principes qui s’imposaient dans l’absolu contre des principes en
eux-mêmes inacceptables. Il ne serait concevable de parler de choix politique
______
1. Audigier, François, Concepts de base et compétences clés pour l’éducation à la citoyenneté
démocratique, Conseil de l’Europe, 2000, p. 12.
2. Sites de citoyenneté : engagement, participation et partenariats, Conseil de l’Europe, 2000,
p. 14
3. Ibidem, p. 26.
57
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Dans ces conditions, dans la figure de l’interculturel qui est une promotion de
valeurs, même si cette promotion s’effectue dans le cadre de la citoyenneté,
on ne passe pas pour autant au niveau d’une idéologie qui transformerait en
instruments les ressources apportées. Doivent être respectés les principes qui
découlent de ces valeurs. Celles-ci demeurent ce qu’elles étaient au départ,
c’est-à-dire des guides d’analyse des situations et de mise au point des actions
qui répondent à leurs enjeux. Les valeurs sont les références dont les
conduites individuelles et collectives ont besoin pour dresser des bilans de ce
qui a pu être réalisé et de ce qui reste à faire.
58
V. L’INTERCULTUREL COMME PRATIQUES PÉDAGOGIQUES
INNOVANTES
59
Figures de l’interculturel dans l’éducation
60
Pratiques pédagogiques innovantes
61
Figures de l’interculturel dans l’éducation
62
Pratiques pédagogiques innovantes
Interculturel et compétences
S’agissant des innovations en éducation, il faut toutefois sans doute rappeler
l’intérêt porté depuis longtemps par le Conseil de l’Europe au développement
de compétences plutôt qu’à la simple acquisition de connaissances. C’est
en effet un choix qui n’est pas dissociable de la préférence accordée à la
perspective interculturelle et qui implique également des conceptions très
innovantes.
Cette tendance à donner aux compétences le pas sur les connaissances s’affirme
depuis longtemps. Elle s’est d’abord manifestée à propos de l’apprentissage
des langues étrangères. La communication repose tout autant sur un réseau de
compétences variées que sur la maîtrise de savoirs. Le Portfolio européen des
langues est conçu comme un répertoire de «toutes les compétences linguis-
tiques1» de son titulaire. L’enseignement de l’histoire doit lui aussi valoriser
la construction de «compétences comme le développement de l’esprit cri-
tique, du raisonnement moral et de l’éducation interculturelle» qui sont des
compétences «intrinsèques à l’analyse des preuves historiques2». Le projet
«Education à la citoyenneté démocratique» met au premier plan les «compé-
tences clés» auxquelles cette éducation doit aboutir. De son côté, l’éducation
civique a aussi fourni maintes occasions d’insister sur les compétences dont
elle doit favoriser la construction. Par ailleurs, dans le cadre du projet «Un
enseignement secondaire pour l’Europe», a été organisé un symposium sur
«Les compétences clés pour l’Europe», où la réflexion a porté notamment sur
les compétences politiques ou celles relatives à la participation sociale.
Mais l’originalité principale de ce symposium a été de se demander si les
compétences étaient susceptibles de comporter une dimension européenne
______
1. La diversité linguistique en faveur de la citoyenneté, op. cit., p. 140.
2. L’enseignement de l’histoire et la promotion des valeurs démocratiques et de la tolérance,
manuel destiné aux enseignants, op. cit., pp. 27-28.
63
Figures de l’interculturel dans l’éducation
64
Pratiques pédagogiques innovantes
65
Figures de l’interculturel dans l’éducation
charge des élèves de l’immigration s’est tenu à L’Aquila (Italie) en 1982. Les
projets consacrés à l’enseignement des langues vivantes ont réuni pour des
ateliers 1500 formateurs pour le projet «L’apprentissage des langues en
Europe : le défi de la diversité». Le rapport final de ce projet insiste sur
l’extrême importance de la formation des enseignants qui demeure «la clé
pour l’innovation». Le renouvellement de l’enseignement de l’histoire a misé
aussi largement sur des séminaires de formation continue. La même
démarche se constate à propos de l’introduction de la dimension européenne
dans l’enseignement, et encore davantage à propos de l’éducation à la
citoyenneté démocratique. Il faut aussi mentionner les multiples séminaires
convoqués par le réseau Liens et échanges scolaires destinés à assurer aux
enseignants des informations et des possibilités d’action dans un secteur avec
lequel ils n’étaient pas toujours bien familiarisés.
On doit aussi citer dans la formation continue des enseignants les expérimen-
tations qui ont accompagné la plupart des projets. De nombreux aspects de
l’éducation des migrants ont été investi par des opérations pilotes ou des
études de cas pour lesquelles les enseignants de terrain ont été les intervenants
majeurs. Les Sites de citoyenneté ne réunissent pas seulement des enseignants
et ces derniers trouvent là une occasion privilégiée d’approfondir leur
réflexion sur l’enseignement de l’éducation civique ou l’éducation à la
citoyenneté. Il en a été de même avec les expérimentations liées à l’introduc-
tion de la dimension européenne.
66
Pratiques pédagogiques innovantes
67
Figures de l’interculturel dans l’éducation
68
CONCLUSIONS
Quant aux méthodes de travail, elles sont aussi marquées par une forte simili-
tude dans la conduite des projets ou l’organisation des réunions pour leur
déroulement ou leur suivi. Sur le plan intellectuel, la continuité n’est pas
niable non plus. Ainsi, l’importance accordée aux comparaisons entre les
systèmes éducatifs n’a pas varié. Elle avait été soulignée dès 1962 par les
ministres de l’Education2. A l’une des premières études comparatives
commanditées par le Conseil, Primary and Secundary Education, Modern
Trends and Common Trends, de Thomas et Majault en 1964, font aujourd’hui
______
1. Audigier François, Pratiquer la diversité culturelle dans l’éducation, Conseil de l’Europe,
1997, p. 14.
2. CPME, 1962, Résolution no 1.
69
Figures de l’interculturel dans l’éducation
70
Conclusions
71
Figures de l’interculturel dans l’éducation
72
Conclusions
73
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Les échanges, pour se concrétiser, ont apparemment besoin d’aires plus limi-
tées ou tout au moins mieux définies. On comprend bien alors la détermina-
tion du Conseil de l’Europe de ne pas perdre de vue l’horizon mondial de
l’interculturel, grâce par exemple à des opérations sur le Japon ou le Canada,
mais également de pratiquer l’interculturalité de préférence dans l’enceinte
européenne, et pas seulement pour des raisons statutaires. C’est dans le cadre
européen que peuvent exister des différences suffisamment accusées pour que
leur prise en compte et leurs dépassements ne soient pas formels, que les ini-
tiatives ont des chances raisonnables d’avoir des aboutissements parce
qu’elles y ont des objets mieux repérables et mieux tangibles. On retrouve là
le problème souvent évoqué, au Conseil de l’Europe ou ailleurs, à propos des
comparaisons en éducation qui, pour être faisables et profitables, doivent
porter sur des systèmes éducatifs relativement mais pas absolument diffé-
rents. C’est aussi l’occasion de retrouver le thème de la diversité européenne,
réelle sans être excessive. Comme si en quelque sorte l’interculturel devait
s’envisager sur un mode réaliste, entre des cultures dont l’éloignement ou les
fractures sont réductibles. On se retrouve aussi dans la ligne des remarques
réitérées dès les débuts des travaux du Conseil, à savoir que chaque orga-
nisation internationale a ses propres caractéristiques et sa propre culture dont
il doit être tenu compte, en particulier dans les activités de coopération multi-
latérale1.
______
1. CPME, 1975, Résolution no 3.
74
Conclusions
La proximité de principe et de fait est indispensable pour être sensible aux dif-
férences, car elle seule peut probablement générer la curiosité et la sympathie,
sans lesquelles le pas vers l’autre a peu de chances d’être accompli. Il faut
pour cela une proximité de principe, c’est-à-dire une volonté de proximité qui
éradique la tendance à opposer et hiérarchiser les cultures et les comporte-
ments de leurs représentants. Mais il faut aussi probablement une proximité
de fait au moins relative pour que, grâce à des contacts assez fréquents, ne
soient pas systématiquement surestimés les obstacles à une reconnaissance
effective de la multiculturalité et à une pratique réelle de la démarche inter-
culturelle.
75
Figures de l’interculturel dans l’éducation
76
Conclusions
______
1. Particularismes et universalisme : la problématique des identités, op. cit., pp. 14-15.
77
BIBLIOGRAPHIE
Textes officiels
Assemblée parlementaire
Recommandation 1111 (1989) sur la dimension européenne de l’éducation.
Recommandation 1283 (1996) sur l’histoire et l’apprentissage de l’histoire.
Comité des Ministres
Recommandation no R (82) 18 sur les mesures à mettre en œuvre concernant
l’apprentissage et l’enseignement des langues vivantes.
Recommandation no R (84) 18 sur la formation des enseignants à une édu-
cation pour la compréhension mutuelle, notamment dans un contexte de
migration.
Recommandation no R (99) 2 sur l’enseignement secondaire.
Recommandation Rec(2001)15 sur l’enseignement de l’histoire au XXIe siècle.
Conférence permanente des ministres de l’Education
Résolution no 4 sur les recherches sur la formation générale continue et
l’utilisation de la télévision, 1961.
Résolution no 6 sur le développement et l’amélioration de l’enseignement des
langues modernes, 1961.
Résolution no 1 sur les problèmes éducatifs d’intérêt commun pour les pays
européens, 1962.
Résolution no 4 sur l’utilisation de la télévision dans l’éducation, 1962.
Résolution no 4 sur le problème de l’admission des étudiants à l’université,
1964.
Résolution no 2 sur les besoins éducatifs des enfants moins doués pour les
études académiques, 1969.
Résolution no 3 sur la préscolarisation et l’école primaire face à la demande de
possibilité d’éducation pour tous, 1969.
Résolution no 2 sur la mobilité des étudiants et des professeurs dans l’ensei-
gnement supérieur, et la mobilité des chercheurs, 1971.
Résolution no 3 sur la coopération internationale en éducation, 1975.
Déclaration sur l’éducation des migrants, 1985.
79
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Etudes
Audigier, François, Concepts de base et compétences clés pour l’éducation à
la citoyenneté démocratique, projet «Education à la citoyenneté démocra-
tique», Conseil de l’Europe, 2000.
Audigier, François, Pratiquer la diversité culturelle dans l’éducation, projet
«Démocratie, droits de l’homme, minorités : les aspects éducatifs et culturels»,
Conseil de l’Europe, 1997.
Birzea, César, L’éducation à la citoyenneté démocratique : un apprentissage
tout au long de la vie, projet «Education à la citoyenneté démocratique»,
Conseil de l’Europe, 2000.
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de l’Europe, 1996.
Grosjean, Etienne, Synthèse et conclusions de la conférence finale, projet
«Démocratie, droits de l’homme, minorités : les aspects éducatifs et culturels»,
Conseil de l’Europe, 1997.
Leclef, Daphné, La gestion de la diversité culturelle, projet «Démocratie,
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Liegeois, Jean-Pierre, Roma, Tsiganes, Voyageurs, Conseil de l’Europe, 1994.
Mangot, Thérèse, Une conscience élargie, analyse de l’évolution conceptuelle
et politique dans la problématique des minorités et de la diversité culturelle,
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Perotti, Antonio, Plaidoyer pour l’interculturel, Conseil de l’Europe, 1994.
Stradling, Robert, Enseigner l’histoire de l’Europe du XXe siècle, Conseil de
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Stradling, Robert, Multiperspectivity in history teaching, a guide for teachers,
Conseil de l’Europe (à paraître).
80
Bibliographie
Rapports
Contre les stéréotypes et les préjugés, Conseil de l’Europe, 1995.
Critical approach to the media in civic education, projet «Education à la
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Differences and cultures in Europe, sous la direction de Carmel Camilleri,
avec des contributions de Francis Affergan, Carmel Camilleri, Jacqueline
Costa-Lacoux, Michel Oriol, Conseil de l’Europe, 1995.
Droits de l’homme et minorités dans les nouvelles démocraties européennes :
les aspects éducatifs et culturels, projet «Démocratie, droits de l’homme,
minorités : les aspects éducatifs et culturels», Conseil de l’Europe, 1996.
Histoire sans frontières – Guide pratique pour les projets pilotes internatio-
naux sur l’histoire dans les écoles en Europe, Document CC-ED/HIST(96),
Conseil de l’Europe, 1996.
History and History Teaching in Southern Europe, Document DCES/EDU/
HIST(99)63, Conseil de l’Europe, 1999.
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l’Europe», Conseil de la coopération culturelle, Conseil de l’Europe, 1997.
La compétence socioculturelle dans l’apprentissage et l’enseignement des
langues, Conseil de l’Europe, 1997.
La compréhension mutuelle et l’enseignement de l’histoire européenne :
défis, problèmes et stratégies, Document CC-AD/HIST(95)16, Conseil de
l’Europe, 1996.
La dimension européenne dans l’enseignement secondaire, projet «Un ensei-
gnement secondaire pour l’Europe», Conseil de l’Europe, 1997.
La diversité linguistique en faveur de la citoyenneté démocratique, Conseil de
l’Europe, 2000.
L’éducation et le développement culturel des migrants, projet no 7 du CDCC,
Conseil de l’Europe, 1986.
L’enseignement de l’histoire et la promotion des valeurs démocratiques et de
la tolérance, manuel destiné aux enseignants, Document CC-ED/HIST(96)1,
Conseil de la coopération culturelle, Conseil de l’Europe, 1996.
Les droits culturels au Conseil de l’Europe (1949-1997), projet «Démocratie,
droits de l’homme, minorités : les aspects éducatifs et culturels», Conseil de
l’Europe, 1997.
81
Figures de l’interculturel dans l’éducation
Note: Cette bibliographie comprend seulement la liste des ouvrages cités dans l’étude. Elle ne
saurait donc être exhaustive. Si l’on souhaite la compléter, pour les travaux du Conseil de
l’Europe, on peut se reporter à la bibliographie de l’ouvrage d’Antonio Perotti, Plaidoyer pour
l’interculturel (Conseil de l’Europe, 1999) et à la publication de Ruth Goodwin, Documents du
Conseil de l’Europe consacrés à l’éducation interculturelle (Conseil de l’Europe, 1995). Des
informations d’ordre plus général sont données par exemple dans les bibliographies des contri-
butions à l’ouvrage L’interculturel en question – L’autre, la culture et l’éducation, coordonné par
Louis Marmoz et Mohamed Derrij (L’Harmattan, Paris, 2001).
82
Sales agents for publications of the Council of Europe
Agents de vente des publications du Conseil de l’Europe
Les diverses figures de l’interculturel décrites dans la brochure sont les suivantes : la
confrontation à la différence dans la lutte contre les discriminations, la communication
dans un contexte de pluralisme des langues et des médias, une réflexion critique sur
l’enseignement de l’histoire et une pratique pédagogique innovante.
ISBN 92-871-5013-3
9 789287 150134
http://book.coe.int
8€/12$US Editions du Conseil de l’Europe