Cours D'éthique Nouveau
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COURS d’ÉTHIQUE
et
Philosophie
Objet du cours
Plan du cours
L’éthique est cette discipline qui essaie d’améliorer la vie des hommes
par la discussion. Son but est de renforcer le sens du bien. Du point de vue
de ses objectifs, elle est donc un art de la vie bonne, à la fois réussie et digne.
1. La notion d’éthique
-« Ethè »
voilà le pas éthique. Pour chacun d’entre nous, la force naturelle la plus grande
et la plus importante est notre volonté. Elle nous permet d’éviter l’imitation
passive et de nous savoir premier responsables de notre avenir. L’« Ethè » invite
chacun à savoir qu’il est le premier responsable de lui-même, et que cela doit se
traduire par l’estime de soi et par le labeur, le travail dur en vue de s’en sortir.
[La société grecque était particulièrement caractérisée par le
conformisme et même la religion n’avait de sens qu’en tant
qu’adoration des dieux de la cité, c’est-à-dire des dieux appelant au
service de la cité et non à la quête du salut. Le conformisme a ses
avantages et ses défauts. Le sujet éthique reste un homme face à sa
conscience, et il ne devrait pas agir par mimétisme ni par incitation
de la masse. (Commentaire sur l’affaire Eichmann, sur le massacre
anti-Tutsi, et sur l’Apologie de Socrate). En Afrique plusieurs se
montrent de plus en plus attentifs à cette manière de voir qui devrait
nous libérer de la référence outrée aux ancêtres, à l’ethnie ou à la
lignée, (cf. Moussa Konaté, L’Afrique est-elle maudite ? Paris,
Fayard, 233 p.). Ce sont là nos trois maîtres, selon Ibrahim Sow.
Ces maîtres pourraient bien être des inspirateurs sans pourtant être
des divinités].
-« Ethos »
Les coutumes ont trois caractéristiques : la large adhésion de ceux qui s’y
soumettent, l’ancienneté, et la résistance aux lois étrangères. L’anthropologie
étudie les mœurs des peuples en essayant de décrire et de décrypter les
mécanismes qui règlent la vie des sociétés, quelles qu’elles soient.
Dans L’Esprit des lois, Montesquieu a mis en lumière cette notion de
mœurs en suggérant de comprendre la diversité des lois humaines en fonction de
la diversité des habitudes sociales, et de la diversité des climats.
Que faut-il en penser ? Les mœurs de chaque société doivent d’abord
être respectées avant d’être jugées, car c’est toujours de l’intérieur, à partir de
ce qu’elles ont de meilleur, qu’on pourra les retoucher et, au besoin, les
subvertir. Il faut donc en tenir compte pour s’ouvrir à divers codes se voulant
universels, au lieu de les subir comme une imposition.
-« Ethikos »
cette démarche d’Aristote, c’est d’exiger que le bien et le mal deviennent sujets
de recherches et matières à discussion, au lieu de demeurer objets de
soumission ou de compromission. Mais la question se pose : peut-on débattre de
tout ? À l’exemple d’Emmanuel Kant, philosophe allemand du XVIII ème siècle,
les philosophes essaient d’éclairer les situations morales particulières
(casuistique) par des principes éthiques généraux (c’est le thème d’un ouvrage
intitulé Métaphysique des mœurs).
À retenir :
Pour chaque personne et pour chaque peuple,
l’estime de soi facilite l’ouverture aux autres
La société n’est pas possible sans règles stables. D’où cet adage latin :
« Ubi societas, ibi jus ». Là où il y a société, là, il y a des règles, qu’elles soient
morales, religieuses, ou juridiques. Quelle est la place de l’éthique par rapport à
ces diverses sortes de règles ?
vient du mot latin « religare », qui signifie relier. Mais comment s’assurer que
cette relation est effective ? La particularité de la religion chrétienne, qui reste la
plus historiquement influente, est de présenter un Dieu qui est venu Lui-même
sur terre afin d’établir cette relation avec quiconque l’accepte en promettant de
se laisser transformer de l’intérieur par le Saint-Esprit de Dieu. Ce qui ne peut
que produire des effets de transformation spirituelle et morale. Tout affichage
religieux qui ne produit pas des effets sur le plan éthique est une contradiction
vivante. C’est pourquoi la religion, objet d’un discours pluriel, est d’abord objet
d’une preuve testimoniale, c’est-à-dire d’une preuve incluant le témoignage de
transformation du péché en sainteté, de l’orgueil en humilité, de l’égoïsme en
altruisme à l’égard de Dieu et à l’égard des autres.
La religion est l’objet d’au moins cinq sortes de discours : le discours
théologique, qui insiste sur la foi, le discours scientifique, qui se contente
d’étudier les faits religieux du point de vue de leurs différentes manifestations,
le discours philosophique, qui récupère philosophiquement le sens rationnel de
la religion, et le discours apologique qui défend raisonnablement la foi en
s’appuyant sur la science, et le discours testimonial, qui se contente de
témoigner de la foi, sans la théoriser.
Comme le droit et la morale, la religion condamne le mal, par exemple la
corruption, le faux témoignage, le vol, etc. Mais la religion s’en distingue par le
fait qu’elle les condamne plus radicalement et plus profondément encore, en se
référant à Dieu. Ce qui distingue l’éthique de la religion réside surtout dans le
fait que les prescriptions religieuses privilégient le rapport avec Dieu tandis que
l’éthique pose seulement le problème des rapports de l’homme lui-même et avec
autrui. De plus, l’éthique sollicite exclusivement la réflexion humaine, c’est-à-
dire une recherche laïque, guidée par les « seules » exigences de la raison. Enfin
au contraire de la religion, l’éthique ne s’établit pas sur la base de la certitude,
mais sur la base de vérités toujours provisoires, parce que soumises au libre
examen de la raison. La mauvaise religion ne cherche que des adeptes et refuse
tout argument, la vraie religion accepte les arguments et n’a peur d’aucune
vérité. Les religions révélées ont cette particularité de mettre l’accent sur la
nécessité d’une séparation absolue entre le Bien et le Mal. Sans la religion, les
notions de bien et de mal peuvent facilement se détruire. La religion est
indispensable à la vie collective, car la crainte de Dieu amène le citoyen à
accepter de se limiter et de penser aux autres. On parle de religion civile pour
souligner le fait que la religion facilite la paix sociale.
La religion met en avant les problématiques de la mort et de l’au-delà, et
subordonne le rapport à autrui au rapport avec Dieu.
À retenir :
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Débat :
L’éthique des affaires, qui
aujourd’hui interpelle tous les
citoyens, est-elle compatible
avec la réussite économique ?
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En tant qu’elle est civique, elle suppose une adhésion qui se veut à la fois
juridique et morale, en tant qu’elle est émotionnelle, un attachement de type
existentiel, par lequel le patriotisme prétend à la sacralité, justifiant qu’on
envisage de donner sa vie, voire d’administrer la mort, pour elle, et en tant
qu’elle est aussi stratégique, elle implique la claire conscience de ce que, à
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l’image d’un corps, un pays est confronté à un rapport de forces que sous-tend,
trop souvent, un conflit d’intérêts avec des entités semblables ou en tout cas
concurrentes. Loyauté symbolique : la densification et l’explicitation du sens des
symboles publics au niveau des emblèmes, comme des monuments publics ou
des fêtes nationales, loyauté éthique, lorsqu’elle joue le rôle de valeur-refuge,
devant les menaces de l’anomie, de l’nfra-communautarisme, du totalitarisme, et
du théocratisme.
Mais comment envisager un patriotisme fort dans des États qui demeurent des
« États d’acquisition » (imposés par d’autres) et tardent à muer en « États de
constitution » (fruits de décisions collectives endogène) ?
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