080 Mécanique Du Vol Chap04
080 Mécanique Du Vol Chap04
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Chapitre 4 : Le décrochage
A- LE PHENOMENE DU DECROCHAGE
Pour que l’aile soit efficace, la couche limite doit adhérer à sa surface.
Lorsque son énergie cinétique est insuffisante pour lutter contre le gradient de pression adverse
(partie divergente), elle se décolle. Une circulation inverse s’établit (tourbillons) et la portance
chute brutalement.
Il est important de noter que le décrochage peut survenir A N’IMPORTE QUELLE VITESSE ET
A N’IMPORTE QUELLE ASSIETTE !
1- Progression du décrochage
• Buffeting : le décollement des filets d’air crée un sillage turbulent qui se propage jusqu’à la
gouverne de profondeur, créant des vibrations aérodynamiques (« buffeting ») qui peuvent
être ressenties dans le manche.
• Avertisseur de décrochage
Il peut arriver qu’une aile s’enfonce à l’approche du décrochage. La tentation est alors de contrer ce
phénomène en utilisant les ailerons.
Cependant le braquage des ailerons augmente l’incidence de l’aile décrochée, amplifiant donc le
phénomène de décrochage.
La chute d’une aile lors du décrochage doit être contrée aux palonniers.
• Bec en dent de scie : génère un tourbillon qui agit comme une barrière de couche limite
• Bandes de décrochage (stall strips) : ces bandes provoquent le décollement des filets d’air
au-delà d’une certaine incidence, forçant le décrochage à l’emplanture.
B- VITESSE DE DECROCHAGE
Même s’il existe des dispositifs d’avertissement indiquant au pilote l’imminence du décrochage, les
avions ne sont pas équipés d’un indicateur d’incidence.
Pour connaître la marge dont le pilote dispose vis-à-vis du décrochage, il est donc nécessaire de
faire appel à un autre paramètre.
On peut utiliser cette règle pour déterminer une vitesse de décrochage en palier.
La vitesse de décrochage (vs) sera la vitesse pour laquelle l’incidence est maximum, c’est-à-dire
pour laquelle le coefficient de portance est maximum :
1- Poids
d’où
2- Facteur de charge
Une augmentation du facteur de charge a le même effet sur la vitesse de décrochage qu’une
augmentation de poids :
d’où
d’où
3- Configuration
4- Altitude
Lorsque l’altitude augmente, la masse volumique diminue. Par conséquent la vitesse de décrochage
augmente.
Toutefois, seule la TAS de décrochage augmente. La variation de masse volumique n’affecte pas
l’IAS de décrochage. Initialement, l’IAS de décrochage reste donc constante lorsque l’altitude
augmente.
Mais au-delà d’une certaine altitude, l’apparition de phénomènes de compressibilité vont provoquer
une augmentation de l’IAS de décrochage.
Lorsque l’altitude augmente, le nombre de Mach augmente pour une même vitesse.
Lorsque M<1, l’avion est précédé d’une onde de pression qui se propage en amont de la trajectoire
à la vitesse du son. Cette onde cause la déflexion des filets d’air vers le haut en amont du profil.
A faible nombre de Mach, l’air est affecté loin en amont et la déflexion commence assez loin du
profil. Mais lorsque M augmente, la déflexion commence plus près du profil et l’angle d’attaque des
filets d’air devient plus grand. Les filets d’air auront alors plus de mal à suivre le contour du profil.
Le décrochage survient à une incidence élevée. A de telles incidences, la poussée a une composante
verticale qui « aide » la portance à équilibrer le poids.
Par conséquent, la vitesse de décrochage est plus faible lorsque le moteur délivre une puissance
qu’au ralenti ou moteur coupé.
6- Centrage
On verra au chapitre « Stabilité » que le centre de gravité se situe toujours à l’avant du centre de
poussée (du moins pour les aéronefs civils). La portance crée donc un moment piqueur qui doit être
compensé par le moment cabreur de l’empennage horizontal.
7- Symétrie du vol
8- Virage en montée
Lors d’un virage en montée, l’aile extérieure parcourt une distance plus grande que l’aile intérieure.
Son angle d’attaque est donc plus grand.
Lors d’un virage en descente, l’aile extérieure parcourt une distance plus grande que l’aile
intérieure. Son angle d’attaque est donc plus petit.
D- SORTIE DU DECROCHAGE
Il sera nécessaire de pousser sur le manche pour diminuer l’assiette. La sortie du décrochage
nécessite donc une perte d’altitude.
Une fois la portance rétablie, le pilote pourra revenir doucement à l’assiette de palier (attention au
décrochage secondaire !)
Comme expliqué précédemment, l’utilisation des ailerons pendant la sortie de décrochage est à
proscrire. Si une aile s’enfonce, le pilote doit contrer aux palonniers.
1- Le super-décrochage
Les avions possédant une aile en flèche ont tendance à décrocher d’abord aux saumons, ce qui
occasionne un moment cabreur. Ce phénomène rend la sortie du décrochage plus difficile, car
l’avion n’a pas une tendance naturelle à sortir du décrochage.
Les avions ayant une tendance au super décrochage doivent être équipés de pousseurs de manche.
2- La vrille
Il est à noter que les deux ailes sont décrochées lors d’une vrille.
Il est à noter que certains avions ne sont pas conçus pour sortir d’une vrille entretenue : l’entrée en
vrille peut donc être extrêmement dangereuse.
Pour sortir de la vrille, il faut stopper le mouvement de rotation, puis sortir du décrochage. La
procédure exacte sera détaillée dans le manuel de vol, mais la procédure générale est la suivante :
1. Puissance réduite
2. Ailerons au neutre
3. Palonniers dans le sens opposé de la rotation
4. Manche au neutre (vers l’avant sur certains avions)
Certains paramètres ont une influence sur la tendance qu’a l’avion d’entrer en vrille :
o Le poids de l’avion est un facteur important : un avion lourd aura une mise en vrille moins
violente. Néanmoins son inertie étant plus importante, une fois la vrille stabilisée il sera plus
difficile d’en sortir.
o Le centrage a lui aussi une influence : un avion centré avant sera plus stable et aura
tendance à sortir naturellement de la vrille. Par contre un avion centré arrière est moins
stable et aura tendance à rester plus longtemps en vrille. De plus il aura davantage tendance
à se mettre en vrille à plat.
1- Avertisseur de décrochage
L’avertisseur de décrochage est une palette située
sur le bord d’attaque de l’aile.
Le signal est ensuite traité par un ordinateur qui peut déclencher des dispositifs d’alarme (stall
warning, stick shaker) ou un pousseur de manche (stick pusher).
L’avantage de ce système est qu’il peut prendre en compte le taux d’augmentation de l’incidence.
Sur un avion CS-25, la vitesse à laquelle se déclenche l’alarme de décrochage (Vsw : Stall
Warning Velocity) doit être supérieure de 5kt ou 5% à la vitesse de décrochage (la valeur la plus
haute).
Vsw = 1,05 x Vs
Sur un avion CS-23, l’alarme de décrochage doit se déclencher 5 kts au dessus de la vitesse de
décrochage.