These Grignon Masse
These Grignon Masse
These Grignon Masse
Doctorat ParisTech
THÈSE
pour obtenir le grade de docteur délivré par
Laurent GRIGNON-MASSE
le 20 mai 2010
Jury T
M. Francis ALLARD, Professeur, LEPTAB, Université de La Rochelle Rapporteur
M. Bernard LACHAL, Professeur, CUEPE, Université de Genève Rapporteur
M. Jérôme ADNOT, Professeur, CEP, MINES ParisTech Examinateur H
M. Dominique MARCHIO, Professeur, CEP, MINES ParisTech Examinateur
M. Matthieu ORPHELIN, Docteur, ADEME Examinateur
E
M. Philippe RIVIERE, Docteur, CEP, MINES ParisTech Examinateur
S
MINES ParisTech
Centre Energétique et Procédés
60 Bd Saint-Michel – F-75272 Paris Cedex 06
E
Pour trouver une aiguille dans une botte de foin, c'est facile :
brûlez la botte et l'aiguille apparaîtra.
Pierre Dac
L'Os à moelle, Juin 1938
Remerciements
Ce travail de recherche a été mené au sein de l’équipe Maîtrise de la Demande en Energie du Centre
Énergétique et Procédés (CEP) de MINES-ParisTech. Je tiens ici à remercier tous ceux qui ont
contribué de près ou de loin au bon déroulement de cette thèse.
Je souhaite tout d’abord remercier mon directeur de thèse, Jérôme ADNOT, et mon maître de thèse,
Philippe RIVIERE, pour m’avoir accueilli dans leur équipe et m’avoir épaulé dans la réalisation de
cette thèse. J’ai eu la chance de bénéficier d’encadrants positifs, attentifs et pleins d’humour. Je leurs
suis reconnaissant de m’avoir fait confiance et de m’avoir permis de réaliser cette thèse dans la
sérénité.
Mes remerciements vont également à mes rapporteurs et examinateurs – Bernard LACHAL, Francis
ALLARD et Matthieu ORPHELIN – pour avoir accepté de participer au jury et m’avoir suggéré de
nombreux conseils et pistes de réflexion.
Un grand merci à Dominique MARCHIO qui m’a fait l’honneur de présider mon jury de thèse. Je lui
suis très reconnaissant de m’avoir fait confiance à plusieurs reprises dans le cadre d’activités
d’enseignement et contractuelles. J’ai eu plaisir à travailler avec lui et ses conseils m’ont beaucoup
apporté.
Je souhaite exprimer ma gratitude envers Pascal STABAT qui a souvent été disponible pour m’écouter
et discuter. Ses conseils et commentaires m’ont fait réfléchir et, j’espère, progresser sur de nombreux
aspects…
Je suis également reconnaissant à Anne-Marie POUGIN, Aline GARNIER, Michèle DUPUY,
Maryvonne NICA, Marie-Astrid KRAMES et Philippe CALVET pour leur soutien administratif et
informatique. Ils m'ont permis d'effectuer cette thèse dans de très bonnes conditions.
Pour la bonne ambiance qui règne au sein de l’équipe MDE et dont j’ai pu profiter, je tiens à remercier
les différents collègues que j’ai pu y croiser : des vieux de la vieille – Daniela BORY et Maxime
DUPONT– aux plus jeunes – Maxime RAYNAUD, Bruno FILLIARD et Julien CAILLET – sans
oublier David DA SILVA, avec qui j’ai appris les rudiments de la simulation de bâtiments, Marcello
CACIOLO et Mikael PHILIPPE, toujours prompts à plaisanter, ainsi que Bruno DUPLESSIS pour sa
bonne humeur et ses traits d’esprit. Plus particulièrement, j’adresse mes remerciements sincères à
Anthony BENOIST qui fut un voisin de bureau et ami précieux. J’ai pu apprécier chez lui son humour
décapant, ses goûts musicaux et son sens aigu de la psychologie humaine.
Je tiens à exprimer toute ma sympathie et mon attachement à mes amis et à ma famille. Je remercie
tout particulièrement ceux qui se sont déplacés lors de ma soutenance et ont participé à la préparation
du pot. J’en profite pour exprimer ma profonde affection à mes parents pour leur générosité et pour
l’ensemble de ce qu’ils m’ont apporté.
Enfin, mes derniers remerciements vont à Sterenn. Merci pour ton soutien, ta patience et ta douceur…
Merci d’être à mes côtés tout simplement, et ce, pour mon plus grand bonheur…
Table des matières
TABLE DES MATIERES 1
1
2.4 MONETISATION DES EXTERNALITES LIEES AU CONFORT D’ETE 72
2.4.1 DETERMINATION DES EXTERNALITES A PRENDRE EN COMPTE DANS CETTE ETUDE 72
2.4.2 MONETISATION DES EXTERNALITES ENVIRONNEMENTALES (HORS EFFET DE SERRE) 73
2.4.3 MONETISATION DES EXTERNALITES LIEES AU CHANGEMENT CLIMATIQUE 76
2.4.4 ETUDE DES EXTERNALITES NON-ENVIRONNEMENTALES 81
2.4.5 CALCUL DES EXTERNALITES ASSOCIEES A LA CONSOMMATION D’ENERGIE 84
2.5 CONCLUSION : RECAPITULATIF DES METHODES RETENUES POUR LA SUITE DE L’ETUDE
QUANT A L’EVALUATION ET LA MONETISATION DE L’INCONFORT ET DES EXTERNALITES 88
2
4.1.2 DETERMINATION D’INDICES DE PERFORMANCES SAISONNIERES EN MODE REFROIDISSEMENT
(SEER) ET EN MODE CHAUFFAGE (SCOP) 161
4.2 ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES CLIMATISEURS INDIVIDUELS 175
4.2.1 DETERMINATION ET SPECIFICATION DES APPAREILS DE REFERENCE 175
4.2.2 COLLECTE DES DONNEES NECESSAIRES A L’ACV 178
4.2.3 IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES CAS DE REFERENCE 182
4.2.4 CONCLUSIONS : POTENTIELS D’AMELIORATION IDENTIFIES 185
4.3 PERSPECTIVES D’AMELIORATION DES PERFORMANCES ENVIRONNEMENTALES DES
APPAREILS 186
4.3.1 DETERMINATION DES COUTS ASSOCIES AUX CAS DE REFERENCE 186
4.3.2 AMELIORATION DE L’EFFICACITE ENERGETIQUE DES CLIMATISEURS : PERSPECTIVES
D’EVOLUTION DES INDICES DE PERFORMANCES SAISONNIERES 187
4.3.3 REDUCTION DES IMPACTS LIES AU CYCLE DE VIE DES FLUIDES FRIGORIGENES 190
4.4 CONCLUSION : RETOUR SUR LE TRAVAIL PRESENTE DANS CE CHAPITRE ET SUR SON
CONTEXTE GENERAL 192
3
CONCLUSION GENERALE 265
CHAPITRE 1 273
CHAPITRE 2 275
CHAPITRE 3 280
CHAPITRE 4 283
CHAPITRE 5 285
ANNEXES 289
4
5
6
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
7
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
8
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
9
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
10
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Introduction
Le monde de l’énergie se doit de relever des défis considérables que sont notamment la lutte contre les
changements climatiques et la raréfaction des réserves d’énergies conventionnelles face à une
demande mondiale toujours tirée à la hausse.
Dans ce contexte, le bâtiment est considéré comme un secteur économique clé. Fortement
consommateur d’énergie1 et émetteur de gaz à effet de serre2, il est à ce titre un passage obligé vers un
monde plus économe en énergie et moins carboné. De plus, le secteur du bâtiment présente un
important potentiel de réduction des consommations et des émissions, notamment dû à l’existence de
solutions techniques, nombreuses, variées, et matures. Le faible taux de renouvellement du parc3
impose de s’attaquer à la fois aux bâtiments neufs et au parc existant où les leviers d’action sont plus
limités. Il suppose également que les choix réalisés dans le secteur du bâtiment ont des conséquences
sur le long terme.
Des progrès significatifs ont déjà été réalisés et la consommation énergétique unitaire moyenne de
chauffage dans les logements s’est ainsi vue diminuer de 44 % entre 1973 et 2001 (ADEME, 2003).
Ces résultats sont cependant à relativiser du fait de l'accroissement du parc de bâtiments, de
l’augmentation de la surface moyenne occupée, d’une recherche accrue de confort, et de la hausse des
consommations d’électricité spécifique (télécommunications, informatique…). La consommation
unitaire moyenne des usages spécifiques de l’électricité4 a ainsi progressé de 89 %, entre 1973 et 2001
(ADEME, 2003). A l’échelle nationale, l’influence contradictoire de ces phénomènes se traduit par
une augmentation annuelle de la consommation d’énergie finale associée au secteur du bâtiment
d’environ 1 %5.
Une grande incertitude concerne la diffusion de la climatisation individuelle (c’est-à-dire pièce par
pièce) et son impact sur les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. En effet,
si cet usage est actuellement marginal en France et en Europe, l’exemple de la climatisation dans le
secteur automobile a montré que sa généralisation était tout à fait envisageable. D’autre part,
l’incertitude concernant la diffusion de la climatisation individuelle est accentuée par le phénomène du
changement climatique : si les étés exceptionnels, tel que celui de 2003, devenaient la norme dans les
prochaines décennies, alors la diffusion de la climatisation individuelle s’en trouverait très
probablement amplifiée.
1
43 % de l'énergie finale totale en France, dont 2/3 pour le chauffage.
2
25 % des émissions française.
3
De l’ordre de 100 ans pour le résidentiel.
4
Hors chauffage électrique donc.
5
Plus précisément de 42 % entre 1970 et 2007 (IFEN, 2009).
11
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
12
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Figure 1.1. Répartition schématique d’un Figure 1.2. Répartition schématique d’un
système « Split » (Orphelin, 1999) système « Multi-Split » (Orphelin, 1999)
Figure 1.3. Répartition schématique d’un Figure 1.4. Répartition schématique d’un
climatiseur fenêtre (Orphelin, 1999) climatiseur « Single Duct » (Orphelin, 1999)
13
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Enfin, il est important de noter que ces appareils peuvent être à refroidissement seul ou réversibles.
Dans la majorité des cas, les climatiseurs réversibles opèrent comme des pompes à chaleur (les sources
chaudes et froides sont inversées dans la description précédente), mais certains sont simplement
équipés d’une résistance électrique. La Figure 1.5 montre la part de climatiseurs réversibles parmi les
ventes de « split » ou « multi-split » dans 10 pays européens. Celle-ci dépasse les 40 % dans tous les
pays étudiés excepté l’Allemagne.
1.20
1.00
0.80
0.60
0.40
0.20
0.00
Greece France Spain Italy Germany Portugal UK Czech Hungary Poland
Figure 1.5. Proportion de ventes des split et multi split réversibles (en nombre d’unités extérieures)
pour 10 pays européens (Rivière et al., 2009)
Le marché européen
Autres
La climatisation individuelle est un besoin Pologne
11%
Hongrie 1%
relativement récent en Europe mais en très forte 2%
augmentation : environ 3,5 millions d’unités ont été Rép. Tchèque Italie
33%
1%
vendues en 2005 contre 1,6 millions en 1996 (120 %
Royaume-Uni
d’augmentation en 10 ans). 6%
Portugal
En Europe, le taux de pénétration de la climatisation 2%
Allemagne
reste très faible par rapport à d’autres régions. Dans 3%
L’Italie, l’Espagne et la Grèce représentent à eux Figure 1.6. Répartition nationale des ventes
seuls 67 % du marché européen, la France avec 7 % de climatiseurs individuels en Europe
se positionne derrière ces trois pays (Figure 1.6). (BSRIA, 2009)
Le marché français
La Figure 1.7 présente l’évolution des ventes de climatiseurs individuels (de puissance inférieure à
17,5 kW) entre 1998 et 2006. Ce marché est en forte croissance, puisqu’en l’espace de 8 ans, les
ventes ont augmenté de 170 %, avec notamment une croissance très importante des climatiseurs
mobiles (65 %) et Split (220 %).
Suite à l’été caniculaire de 2003, les ventes ont exceptionnellement augmenté de 50 % entre 2002 et
2003, puis de nouveau de 50 % entre 2003 et 2004. Une autre évolution importante de ces dernières
années, est la poussée des équipements réversibles qui constituaient, en 2006, 91 % des ventes de
systèmes Split (Clim’Info, 2007).
14
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
600000
Mono-Split
300000
200000
100000
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Figure 1.7. Evolution des ventes de climatiseurs individuels de puissance inférieure à 17,5 kW
(chiffres Clim’Info)
Rivière et al. (2009) donnent la répartition des ventes et du stock de climatiseurs individuels en
fonction de différents types de bâtiment (Tableau 1.1). La climatisation individuelle est principalement
employée dans les bureaux, puis en proportion similaire dans les commerces et les résidences. Cette
part importante du secteur résidentiel est due aux climatiseurs mobiles, celui-ci ne représente en effet
qu’environ 10 % du stock et des ventes de systèmes fixes.
Tableau 1.1. Répartition des ventes et du stock de climatiseurs individuels en 2005 en fonction de
différents types de bâtiment (Rivière et al., 2009)
Appareils Résidences Bureaux Commerces
Mobiles 2 260 694 296 043 134 565
Stock Split réversibles 1 173 041 6 817 095 3 601 031
[kW Split à
396 145 2 302 188 1 216 097
frigorifique] refroidissement seul
Total 21 % 52 % 27 %
Mobile 178 265 23 344 19 924
Ventes Split réversibles 171 382 995 982 526 113
[kW Split à
26 711 155 229 81 998
frigorifique] refroidissement seul
Total 17 % 54 % 29 %
6
Selon Koizumi (2006), 12 % des climatiseurs produits en Chine pour l’exportation (environ 28 million d’unités
en 2005 et 2006) sont destinés à l’Europe, soit 3 million d’unités en 2005 et 2006.
15
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
ventes et que celles des mois de septembre à décembre représentaient 30 % du volume annuel en 2005.
Ce mode de chauffage bénéficiait d’ailleurs d’un crédit d’impôt jusqu’en 2009, date à laquelle la loi de
finance a limité l'assiette de ce dernier, s'agissant des dépenses d'acquisition des pompes à chaleur, aux
pompes à chaleur « autres que air/air ». Une fois installées, les pompes à chaleur air/air réversibles
sont très susceptibles d’être utilisées en climatisation. C’est une des raisons qui a motivé l’exclusion
des pompes à chaleur air/air du système de crédit d’impôt français. Le rapport en première lecture de
l’Assemblée Nationale (2008) suite au projet de loi de finance 2009 mentionne en effet que celles-ci
« sont facilement réversibles et souvent utilisées pour la climatisation des logements ».
7
Selon Barbusse et Gagnepain (2003), le taux d’équipement en climatisation des véhicules neufs vendus en
France a cru de moins de 15 % en 1995 à plus de 60 % en 2000.
8
Il arrive cependant qu’il soit beaucoup plus important comme le 5 octobre 1997 au matin où on a relevé
12,9 °C en centre-ville alors que, sur la campagne environnante, cette température descendait fréquemment en-
dessous de 4°C.
16
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
a) Scénario A2 b) Scénario B1
Figure 1.9. Evolution de la température moyenne (°C) durant les trois mois d’été (juin à août) en
France métropolitaine ; observée (étoiles noires), et simulée par les modèles du CNRM (en rouge) et
de l’IPSL (en vert).
9
Dans cette ville, la température moyenne journalière dépasse 35 °C pendant 21 jours par an.
10
Sans rentrer dans les détails, le scénario A2 suppose que la population mondiale croisse jusqu’à 15 milliards
d’individus en 2100, la croissance économique et la pénétration de nouvelles technologies énergétiquement
efficaces sont très hétérogènes selon les régions…
11
Sans rentrer dans les détails, le scénario B1 suppose que la population mondiale culmine à 9 milliards
d’individus en 2050 puis décroît, les nouvelles technologies énergétiquement efficaces sont massivement
utilisées, l’économie est dominée par les services et les technologies de l’information…
17
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Ces résultats illustrent comment les effets d’un changement climatique global seraient susceptibles de
se traduire à l’échelle régionale. La canicule de 2003 pourrait devenir la norme en France dans
quelques décennies, ce qui s’accompagnerait d’un développement massif de la climatisation.
12
Les fluides R410A et R407C qui sont actuellement les plus rependus dans le secteur de la climatisation
individuelle ont des PRG respectivement égaux à 1730 et 1430.
13
Le refroidissement des centrales est par exemple plus difficile.
18
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Le journal Energie Plus (2003) rapportait qu’une partie des consommateurs italiens s’était retrouvée
sans électricité pendant la journée du 26 juin 2003. Cette coupure a été causée par une croissance
extrêmement rapide de la demande de climatisation14, conjuguée à une réduction de la capacité de
production des grandes centrales en raison d’un manque d’eau de refroidissement. Selon Energie Plus,
l’explication de ce « black out » réside dans le fait que l’Italie n’a pas pris de mesures suffisantes de
maîtrise de la demande d’électricité et n’a imposé aucune norme d’efficacité aux climatiseurs, tandis
que l’ENEL15 poursuivait une promotion active de l’air conditionné.
En France, selon l’ADEME et le CSTB (2004), l'appel de puissance lié à l'usage de la climatisation
était estimé, en 2000, entre 250 à 300 MW par degré Celsius d'augmentation de la température
moyenne journalière au-dessus de 25 °C. Avec une généralisation de la climatisation, cette sensibilité
au climat pourrait augmenter de façon importante, ce qui fragiliserait les réseaux lors des heures les
plus chaudes.
14
Notamment individuelle selon Pagliano et al. (2008).
15
ENEL, Ente Nazionale per l'Energia Elettrica, est la société nationale italienne d'électricité, principal
producteur d'énergie électrique du pays.
19
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
16
Le maintient de conditions climatiques intérieures constantes quelles soient les conditions extérieures.
20
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Bâtiments existants
Concernant les bâtiments existants, la
réglementation thermique à appliquer
diffère selon les caractéristiques du
bâtiment en termes de surface, de coûts des
travaux de rénovation thermique entrepris
et de l’année de construction (Figure 1.10).
Les principes de la réglementation
thermique « globale » sont similaires à ceux
de la RT 2005 pour les bâtiments neufs et
l’on retrouve les exigences précédemment
Figure 1.10. Champ d’application des réglementations
mentionnées à propos du confort d’été. thermiques pour les bâtiments existants
17
Dans la limite des garde-fous présentés par la suite.
18
L’installation d’une climatisation nécessitera d’être plus performants que la référence sur d’autres usages.
21
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Le principe de la réglementation thermique « par élément » (RF, 2007) diffère. Celle-ci spécifie des
exigences pour chaque élément susceptible d'être installé ou changé (fenêtres, appareils de
chauffage…). En ce qui concerne le confort d’été, elle exige notamment :
- le maintien ou le remplacement des protections solaires existantes et l’installation des
protections solaires pour les baies non orientées au Nord (sauf exception : règles
d’urbanisme…),
- l’obligation d’installer des protections solaires mobiles extérieures pour les fenêtres de toit,
- que les climatiseurs de puissance frigorifique inférieure ou égale à 12 kW installés soient au
moins de classe B (étiquetage énergétique européen)19.
Le confort d’été est abordé dans les réglementations thermiques françaises. Dans le parc existant, elles
se limitent à interdire les climatiseurs inefficaces et à équiper les parois vitrées de protections solaires.
Dans le parc neuf, l’exigence portant sur la température maximale atteinte en été devrait
théoriquement permettre d’éviter le recours à des climatiseurs une fois le bâtiment construit (à
condition que le calcul réglementaire de cette dernière soit représentatif de la réalité sur le terrain).
1.1.6 Conclusions
Si la climatisation individuelle reste marginale en France, les ventes d’appareils lors des dernières
canicules et l’exemple de la climatisation dans l’automobile ont montré que sa généralisation était tout
à fait envisageable. Susceptible d’être accentué par le changement climatique, ce poste de
consommation pourrait à terme faire augmenter significativement les consommations d’électricité, les
émissions de GES et fragiliser les réseaux électriques.
Des solutions existent pour concilier le besoin de confort d’été et la nécessaire réduction des impacts
de la climatisation : amélioration des équipements, meilleure conception du bâtiment, usage du
bâtiment... La mise en place de ces solutions d’efficacité et de sobriété énergétique permettrait d’éviter
une généralisation importante de systèmes de climatisation peu efficaces.
19
Cette disposition ne s’applique qu’aux bâtiments achevés depuis plus de 5 ans.
22
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
23
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
24
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Si l’ACB compare l’ensemble des avantages par rapport à l’ensemble des coûts, l’Analyse Coût-
Efficacité (ACE) évalue l’ensemble des coûts relativement à un objectif donné. Dans ce cas, l’objectif
d’un projet ou d’une politique représente le bénéfice et tous les autres impacts sont pris en compte en
tant que coûts positifs ou négatifs. L’objectif recherché doit alors être exprimé en unités physiques21 et
les autres coûts et bénéfices sont à monétiser (Figure 1.13). Ainsi, dans le cas d’un objectif de
réduction des émissions de GES, les résultats de l’ACE aboutiront à des coûts (en €) par tonne de GES
évitée.
L’ACE permet une optimisation sous contrainte lorsque l’on recherche :
- la manière la plus efficace (à moindre coût) pour atteindre un objectif (par exemple une
réduction des émissions de polluants),
- le moyen d’obtenir le bénéfice le plus important (par exemple une réduction des émissions de
polluants) avec une contrainte de coût.
Ainsi, si l’ACA adopte un point de vue global (a-t-on une augmentation du bien-être d’un agent privé
ou de la société ?), l’ACE adopte une perspective plus restreinte en ciblant les résultats recherchés.
20
Aucune distinction n’est faite entre Analyse Coût Bénéfice et Analyse Coût Avantage.
21
Ce qui constitue un avantage lorsque la monétisation de l’objectif recherché est controversée ou sujette à des
incertitudes.
25
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Figure 1.13. Comparaison entre Analyse Coût Bénéfice et Analyse Coût Efficacité
22
Conservation supply curves, Abatement cost curves, Energy conserved « supply » curves.
26
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Selon les objectifs de l’étude, ce type de courbe peut être tracé à des échelles géographiques plus ou
moins grandes (territoire, bâtiment…) et aborder un ou plusieurs secteurs (transport, bâtiment…).
Elles sont une aide à la décision précieuse dans le but :
- de comparer les coûts de production de l’énergie aux coûts des économies (nous attirons
cependant l’attention sur le fait que l’économie d’un kWh ne doit pas être comparée avec la
production d’1 kWh car les pertes de transport et de distribution doivent être prises en
compte),
- de déterminer la stratégie de moindre coût pour un objectif de réduction donné,
- de déterminer la stratégie engendrant les économies les plus importantes pour un budget
donné.
27
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
Les coûts des externalités (ou coûts externes) ne sont pas pris en compte dans le processus de décision
privé, excepté si les institutions politiques (représentant la collectivité) les ont internalisés (avec des
taxes par exemple). Les externalités peuvent être des biens ou services marchands (création d’un
logiciel libre) ou non marchands (pollution).
Les coûts (ou bénéfices) sociaux d’une activité comprennent à la fois les coûts généralisés de tous les
membres de la collectivité impactés (positivement ou négativement) et l’ensemble des externalités. Le
bien-être sociétal est défini comme la somme des externalités et de tous les bien-êtres individuels sans
distinction.
Terminologie retenue
Pour la suite du travail, nous retenons la
terminologie décrite ci-dessus (et représentée
Figure 1.16) pour caractériser les coûts et
bénéfices.
Selon les situations (agents économiques
privés, collectivité, types de projet), une
Analyse Coût-Bénéfice peut être réalisée à
partir des coûts généralisés ou des coûts
sociaux. Comme l’indique la Figure 1.16, les
coûts et les bénéfices à prendre en compte
sont alors différents.
23
Au Canada, une ACB doit être effectuée pour toutes les propositions réglementaires dont le coût actuel estimé
est supérieur à 50 millions de dollars. Aux États-Unis, elle est exigée si la réglementation induit des coûts
annuels supérieurs à 100 millions de dollars (ou génère d’autres impacts significatifs tels que des incidences sur
l’emploi, sur la compétitivité, etc.).
28
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
La relation entre taux d’actualisation et horizon temporel est en fait régie par deux effets
contradictoires :
- un effet « richesse » qui suppose que les générations à venir seront de plus en plus riches
(progrès technologique…) et incite à faire d’autant moins d’effort que la génération est
éloignée,
- un effet « précaution » qui considère les incertitudes sur le niveau de vie des générations à
venir (croissance économique, raréfaction des ressources, pollutions globales) et incite à faire
des efforts importants pour les générations futures.
De nombreuses discussions portent sur le choix des taux d’actualisation. Philibert (1999) énumère par
exemple les arguments en faveur des taux d’actualisation faibles et ceux en faveurs des taux
décroissant dans le temps. Il ne retient pas les arguments en faveur d’un taux d’actualisation faible ou
nul notamment parce qu’ils impliqueraient davantage de sacrifices pour les générations actuelles, bien
que les générations futures puissent être plus riches. Cela reviendrait en effet à consentir beaucoup
d’efforts pour le très long terme en sacrifiant le moyen terme. Philibert (1999), ou encore Gollier
(2005), recommandent l’utilisation de taux décroissants dans le temps pour des horizons temporels
éloignés (supérieurs à 30 ans par exemple). Selon eux, cette pratique permet le meilleur compromis
entre ces effets « richesse » et « précaution ».
La pratique de l’actualisation pour les projets impactant le long terme est régulièrement contestée. Une
modulation du taux d’actualisation en fonction du temps peut être adoptée pour améliorer les
comparaisons intergénérationnelles.
Est-il légitime de baser des décisions politiques sur une analyse monocritère ?
Une analyse monocritère telle que l’ACB ne peut généralement pas suffire à la décision politique. De
façon générale, l’ACB doit être vue comme un outil d’aide à la décision. Comme le rappelle Boiteux
(2001), « l’intérêt de faire du bilan socio-économique non le critère mais le noyau de l’estimation de la
valeur d’un projet, c’est de permettre une analyse des raisons pour lesquelles on est conduit à s’écarter
de la solution à laquelle ce bilan aurait conduit, et de pouvoir chiffrer le surcoût de la décision ».
1.2.4 Conclusions
Parce qu’il est impossible d’investir des sommes infinies dans la maîtrise de l’énergie, des critères
d’efficience économique sont nécessaires afin de prioriser les programmes de maîtrise de l’énergie ou
d’augmentation des capacités de production à mettre en place. Les Analyses Coût-Bénéfice (ACB) et
Coût-Efficacité (ACE) sont des méthodes couramment utilisées pour évaluer l’efficience économique
de programmes de MDE. Selon les situations (agents économiques privés, collectivité, types de
projet), ces analyses peuvent être réalisée à partir des coûts généralisé ou des coûts sociaux. Dans les
deux cas, il convient d’effectuer un bilan des différents coûts, ce qui nécessite généralement un
exercice de monétisation de biens et services non marchands.
29
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
24
Toutefois, il existe une possibilité de réutilisation des résultats pour des utilisateurs cherchant à étudier un
programme particulier en suivant une approche de type « ascendante ».
30
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
D’autre part, les stores réduisent la quantité de luminosité naturelle à pénétrer dans le local et peuvent
donc accroître la demande d’éclairage artificiel. Enfin, ce dernier phénomène s’accompagne d’une
augmentation des charges internes, et donc, de la demande de refroidissement.
L’existence d’interactions inter-usages fait qu’il est impossible de se concentrer uniquement sur un
seul usage (réduction des consommations de climatisation par exemple) sous peine de négliger une
part importante des consommations d’énergie et de fournir des résultats biaisés.
Par la suite, il apparaît donc nécessaire de prendre en compte les différents usages énergétiques
au sein du bâtiment, et non uniquement la climatisation.
31
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
32
Chapitre 1 Formulation des objectifs du travail de thèse et développement d’une méthodologie
33
34
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Chapitre 2. Monétisation de
l’inconfort et des externalités
35
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
36
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
37
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
38
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Introduction
L’objectif général du présent chapitre est double. Il s’agit à la fois d’éclaircir le concept d’ambiance
climatique confortable mais aussi de monétiser l’inconfort et les externalités afin de pouvoir les
intégrer par la suite dans la comparaison de différentes solutions d’amélioration du confort d’été
(chapitre 5).
Dans un premier temps, nous devrons appréhender la définition de ce qu’est une ambiance thermique
confortable, et notamment les différences susceptibles d’exister dans ce domaine entre bâtiments
climatisés et non climatisés. Il s’agira de réduire la notion d’inconfort thermique à des grandeurs
physiques ou sociologiques mesurables et aisément utilisables dans la suite du travail.
Ensuite, les coûts d’inconfort et les coûts externes devant être intégrés dans le bilan des coûts
sociétaux, il nous faudra proposer des méthodes permettant de les monétiser. Aussi, après avoir
esquissé une présentation des différentes méthodes de monétisation des biens et services non
marchands, nous déterminerons et évaluerons les coûts d’inconfort pouvant intervenir dans le choix
d’une action d’amélioration du confort d’été. De même, les externalités à prendre en compte seront
identifiées puis monétisées.
39
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
40
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
25
Thermal comfort is « that condition of mind which expresses satisfaction with the thermal environment and is
assessed by subjective evaluation » (ASHRAE, 2004).
26
Critères d’ambiance intérieure pour la conception et l’évaluation de la performance énergétique des bâtiments
couvrant la qualité de l’air intérieur, la thermique, l’éclairage et l’acoustique.
27
Comme rappelé dans son introduction : une déclaration sur l’énergie sans une déclaration relative à l’ambiance
intérieure est dénuée de sens. Il est donc nécessaire que soient spécifiés des critères relatifs à l’ambiance
intérieure pour la conception, les calculs énergétiques, les performances et l’exploitation des bâtiments.
28
Celle d’un noyau central représenté par l’ensemble des organes situés dans le crâne, la cavité abdominale et la
cavité thoracique.
41
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
D’autre part, ces réactions libèrent aussi de l’énergie sous forme de chaleur. Le phénomène qui permet
d’évacuer cette chaleur de l’intérieur vers l’extérieur afin d’assurer l’homéothermie se nomme la
thermorégulation. C’est un phénomène dynamique de régulation qui vise à assurer une température de
consigne (d’environ 37 °C pour la température centrale et d’environ 32 °C pour la température
cutanée).
Le phénomène de thermorégulation fait intervenir des thermorécepteurs internes et cutanés sensibles
au chaud ou au froid. Les informations provenant de ces capteurs convergent vers l’hypothalamus qui,
après les avoir traitées (amplitude et différence par rapport aux consignes), envoie des signaux de
commande vers les organes effecteurs. Les réactions engendrées peuvent être conscientes (adaptation
comportementale) ou inconscientes (vasodilatation29, vasoconstriction30, frisson31 et sudation32).
L’homme étant homéotherme, la neutralité thermique (bilan thermique global nul) est à assurer en
continu via le système de thermorégulation, c’est une condition nécessaire au confort thermique.
29
La vasodilatation consiste à accroître les diamètres des vaisseaux sanguins, augmentant ainsi le débit sanguin
et les échanges de chaleur vers l’extérieur.
30
La vasoconstriction consiste à diminuer les diamètres des vaisseaux sanguins, réduisant ainsi le débit sanguin
et les échanges de chaleur vers l’extérieur.
31
Contraction des muscles permettant d’amplifier la production de chaleur.
32
La sudation permet de refroidir le corps par évaporation.
42
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
La conduction est le phénomène d’échange de chaleur entre la peau et les éléments solides avec
lesquelles la peau est en contact. Lorsque l’homme échange de la chaleur par conduction mais que
seules de petites zones corporelles sont concernées (par exemple la surface inférieure du pied pour un
homme debout), ces échanges sont alors négligeables. Lorsque des surfaces corporelles plus grandes
sont en contact avec des éléments de mobilier (chaise, lit…), les tissus en contact se mettent
rapidement en équilibre et se comportent comme un isolant thermique par rapport à l’ambiance
(Candas, 1998). Dès lors, ce phénomène est inclus dans les échanges convectifs en augmentant le
facteur d’isolation vestimentaire.
La convection est le phénomène d’échange de chaleur entre la peau et l’air ambiant. Lorsque ce
dernier est plus froid que la surface cutanée, il s’échauffe au contact de la peau. Il se déplace alors vers
le haut car il est plus léger que l’air ambiant (ce dernier étant plus froid). L’amplitude du phénomène
est directement liée à la différence de température entre la peau et l’air ambiant mais aussi aux vitesses
d’air au voisinage du corps. Ces vitesses d’air relatives (par rapport au corps), doivent prendre en
compte l’activité du sujet (marche…) en plus du mouvement effectif de l’air qui peut être naturel
(courant d’air) ou forcé (ventilateur). Bien sûr, si l’air est plus chaud que la température cutanée alors
la convection provoque un réchauffement du corps. C’est pour cette raison que l’utilisation d’un
ventilateur en été ne nous rafraîchit que si la température ambiante ne dépasse pas la température
cutanée (environ 32 °C). Le phénomène peut être considérablement modifié avec les vêtements qui
peuvent réduire, voire empêcher, le phénomène de convection.
Le rayonnement (ou transfert radiatif) désigne le phénomène d’émission ou de transmission d’énergie
sous formes d’ondes ou de particules. Dans le cas du confort thermique en intérieur, il existe deux
échanges radiatifs possibles. D’une part, l’homme émet un rayonnement infrarouge et dissipe de
l’énergie, d’autre part, il reçoit un rayonnement infrarouge provenant des objets chauds qui l’entourent
(mobilier, murs…). L’énergie radiative échangée par un corps dépend de son émissivité et de sa
température de surface (température de la surface externe du vêtement chez l’homme). Si le
rayonnement émis par l’homme est supérieur au rayonnement reçu, le corps se refroidit, dans le cas
inverse, il se réchauffe.
L’évaporation est le phénomène de transfert de chaleur dû au changement d’état de l’eau. Lorsque la
température ambiante est élevée, ou que l'on effectue un travail musculaire important, de la sueur est
secrétée à la surface de la peau et le corps perd de la chaleur sous forme latente lorsque celle-ci
s’évapore. La quantité de sueur sécrétée est déterminée par le système de thermorégulation dans le but
de conserver l’équilibre thermique du corps. Ce phénomène d’évaporation de la sueur ne dépend pas
directement de la température ambiante mais bien de la température de la peau. En revanche,
l’amplitude du phénomène décroît lorsque l’humidité de l’air augmente et le phénomène est nul
lorsque l’air est saturé en eau.
Pendant la respiration, le corps échange de la chaleur avec l’air inhalé. Cette chaleur est échangée sous
forme sensible de par le phénomène de convection entre l’intérieur du corps et l’air (c’est pourquoi
l’air expiré est plus chaud que l’air inspiré) mais aussi sous forme latente, l’air exhalé étant presque
saturé. L’amplitude de l’échange dépend des différences de température et d’humidité entre l’air
inhalé (i.e. l’air ambiant) et l’air exhalé ainsi que du débit respiratoire.
L’échange de chaleur entre l'individu et l'ambiance s'effectue donc selon différents mécanismes. Les
équations caractérisant ces phénomènes ne sont pas rappelées ici33.
Les pertes de chaleur sont de l’ordre de 120 W dans des conditions de température de 18-30 °C, pour
un individu au repos (en air calme), et peuvent aller jusqu’à 500 W dans des conditions physiques
soutenues (METLTM, 2003).
33
Elles peuvent être retrouvées dans (ASHRAE, 1993).
43
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Ce type de bilan, développé par Gagge et al. (1941, 1986), est établi en condition transitoire. En effet,
les chaleurs stockées y sont exprimées comme proportionnelles aux dérivées des températures (de
peau, d’intérieur) en fonction du temps. Une partie du métabolisme (noté W) est utilisée par les
muscles pour le travail externe et ne contribue donc pas au maintient de l’équilibre thermique. Celle-ci
est quasiment nulle pour les activités classiques de bureau.
34
Givoni présente le confort comme les conditions pour lesquelles les mécanismes d’autorégulation sont à un
niveau d’activité minimale.
44
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
que la température soit réellement égale à 23,3 °C ou qu'elle soit inférieure (22,2 °C, 21,1 °C ou
20 °C). De même, il a comparé les sensations thermiques exprimées par des secrétaires travaillant dans
un local où un chauffage radiatif avait été installé. Un groupe avait été prévenu que le chauffage était
allumé, un autre n'avait pas été prévenu mais le chauffage était également en marche et un troisième
groupe n'avait reçu aucune information et le chauffage était éteint. Cette étude a montré que les sujets
avaient plus chaud lorsqu'ils savaient que le chauffage fonctionnait. Rohles et Wells (1977) ont
également mis en évidence que les sujets avaient plus chaud dans un environnement de couleur rouge
que dans un environnement de couleur bleue.
Concernant les deux théories utilisées dans les normes actuelles d’évaluation du confort thermique,
l’approche analytique (détaillée en section 2.1.2) se cantonne aux phénomènes physiques et
physiologiques alors que l’approche adaptative (détaillée en section 2.1.3) prend aussi en compte le
facteur psychologique.
Fanger (1970) a cherché à corréler la valeur du bilan thermique au vote de confort moyen exprimé par
les sujets exposés à des conditions thermiques données. Le bilan thermique est la différence entre la
chaleur produite et les pertes à l’environnement. La formulation de ce bilan, développée par Fanger
sous la forme de l’équation (2.2), provient de l’expression analytique des différents phénomènes
d’échange de chaleur présentés dans la partie 2.1.1.2 et repose sur certaines hypothèses fondamentales
que nous étudierons dans la partie 2.1.2.2. Au final, le bilan thermique dépend de deux variables
humaines (la vêture et le métabolisme) et de quatre variables d’ambiance intérieure (la vitesse d’air, la
température de l’air, la température radiative et la pression partielle de vapeur de l’air).
B M W 3,05 10 3 5733 6,99 M W P a 0,42 M W 58,15
0,0014 M 34 T a 1,7 10 5 M 5867 P a (2.2)
8 4 4
3,96 10 f cl T cl Tr f cl hc T cl T a
Tcl , température de surface externe du vêtement, étant déterminée à partir de l’équation (2.3).
4
Tcl =35 ,7−0,028 (M −W)−0,155 .Icl(3,96 .10−8 fcl(Tcl4 −T r )+ fcl.hc .(Tcl −Ta )) (2.3)
45
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Fanger a mené des enquêtes sur des groupes de sujets situés dans des chambres climatiques. Il a ainsi
mis en évidence une corrélation entre la valeur du bilan thermique et le vote moyen des sujets exposés
à des conditions climatiques données (équation (2.4)).
0,036 M (2.4)
PMV 0,303 e 0,028 B
Avec : M, le métabolisme [W/m²] et B, la valeur du bilan thermique [W/m²] qui peut être déterminée
à partir de l’équation (2.4).
Selon cette équation, lorsque le bilan thermique est nul (le métabolisme est égal aux pertes
thermiques), le PMV est nul également et la situation de confort est optimale (neutre sur l’échelle
ASHRAE - Tableau 2.1).
35
Le facteur d’habillement est la proportion de la surface du corps nu par rapport à la surface du corps habillé (il
vaut 1 pour un sujet nu). En pratique, il peut être évalué de plusieurs façons : méthode photographique, tables de
valeur, équations simplifiées… Une méthode de détermination de ce facteur peut être trouvée dans la norme
ISO 7730 (CEN, 2005).
46
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Lorsque Fanger (1970) établit le bilan thermique sous la forme de l’équation (2.6), il néglige les
termes de stockage de chaleur et considère donc que le corps est proche de la neutralité thermique.
L’équation obtenue est stationnaire contrairement à l’équation (1.2) qui exprimait de façon générale le
bilan thermique.
Méthodologie suivie par Fanger pour déterminer les indices PMV et PPD
La méthodologie suivie par Fanger pour
déterminer les indices PMV/PPD est
schématisée Figure 2.3.
Que ce soit pour l’expression du bilan
thermique ou pour la détermination
expérimentale de la température cutanée
moyenne et du taux de sudation en fonction
du métabolisme, Fanger se place en
condition de neutralité thermique. Aussi le
bilan thermique n’a-t-il que peu de sens
physique lorsque l’on s’éloigne de la
neutralité thermique. Ceci ne remet pas en
cause le PMV qui est une corrélation mise
en évidence expérimentalement.
D’autre part, tout le travail expérimental a
été mené en chambres climatiques, c’est à
dire en conditions stationnaires et
homogènes. L’utilisation de ces résultats
dans d’autres conditions climatiques n’est
donc pas nécessairement fondée.
47
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
48
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Les causes de cette différence ne sont pas uniquement dues aux erreurs de mesures et aux incertitudes
existantes sur certains paramètres (vêture, activité). Nicol et Humphreys (2002) expliquent que les
indices PMV/PPD sont basés sur des réponses de sujets situés dans des conditions climatiques
constantes et homogènes (chambres climatiques), ce qui est loin d’être le cas dans les bâtiments non
climatisés. Dans un autre article, Nicol et Humphreys (1973) suggèrent que cette différence provient
des possibilités d’adaptation qui existent sur le terrain face aux conditions climatiques et qui
augmentent les plages de confort des occupants. Cette dernière idée est à la base de la théorie
adaptative que nous étudierons en détail dans la partie 2.1.3.
Tableau 2.2. Intervalles recommandés lors de l’utilisation des indices PMV/PPD (CEN, 2006)
Paramètres Valeur minimale Valeur maximale
PMV -2 +2
Métabolisme 0.8 Met 4 Met
Résistance thermique du vêtement 0 clo 2 clo
Température de l’air ambiant 10 °C 30 °C
Température moyenne de rayonnement 10 °C 40 °C
Vitesse relative de l’air 0 m/s 1 m/s
Pression partielle de vapeur d’eau 0 Pa 2700 Pa
Tableau 2.3. Description des catégories de niveau de confort utilisées dans la norme EN 15251
Catégorie Explication
Niveau élevé attendu qui est recommandé pour les espaces occupés par des personnes
I très sensibles et fragiles avec des exigences spécifiques comme des personnes
handicapées, malades, de très jeunes enfants et des personnes âgées.
II Niveau normal attendu qu’il convient d’utiliser pour les bâtiments neufs et les rénovations.
III Niveau modéré acceptable attendu qui peut être utilisé dans les bâtiments existants.
Valeurs en dehors des critères des catégories ci-dessus. Il convient que cette catégorie
IV
soit acceptée seulement pour une partie restreinte de l’année
36
Ergonomie des ambiances thermiques – Détermination analytique et interprétation du confort thermique par le
calcul des indices PMV et PPD et par des critères de confort thermique local.
49
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Les plages de confort recommandées (basées sur les indices PPD et PMV) sont indiquées dans le
Tableau 2.4 pour les différentes catégories d’ambiance.
En utilisant une combinaison d’hypothèses concernant l’activité et la vêture des occupants, l’humidité
et les vitesses d’air, il est possible d’exprimer les critères de confort précédents sous la forme d’une
plage de température opérative. Le Tableau 2.5, issu de la norme EN 15251, présente les plages de
confort basées directement sur la température intérieure opérative pour différentes valeurs d’activité et
de vêture. Leur détermination repose sur l’hypothèse d’une humidité relative de 50 % et de vitesses
d’air faibles.
Tableau 2.5. Exemples de températures intérieures de base recommandées pour la conception des
bâtiments et des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CEN, 2007)
L’influence des vitesses d’air est intégrée dans les indices PMV/PPD et donc dans les plages de
confort définies à partir de ceux-ci. La Figure 2.4, qui provient de la norme EN ISO 7730
(CEN, 2006), permet de prendre en compte ces vitesses lorsque les plages de confort directement
basées sur la température opérative sont utilisées. Cette figure indique l’amplitude admissible
d’augmentation de la température en fonction de la vitesse de l’air pour une tenue vestimentaire
estivale (0,5 clo) et pour une activité sédentaire (1,2 met). Le point de référence de ces courbes est une
température opérative de 26 °C et une vitesse de l’air égale à 0,20 m.s-1.
Figure 2.4. Vitesse de l’air requise pour compenser une augmentation de température (CEN, 2006)
50
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
37
« If a change occurs such as to produce discomfort, people react in ways which tend to restore their comfort».
51
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Ajustements comportementaux
Nicol (2008) a recensé les différents leviers d’ajustements comportementaux dont bénéficient les
occupants. Ceux-ci peuvent consister à :
- réduire le métabolisme interne : c’est un phénomène qui peut être provoqué consciemment
(sauter sur soi-même quand il fait froid) ou inconsciemment (frissons),
- réduire ou augmenter les pertes de chaleur du corps : c’est un phénomène qui peut être
provoqué consciemment (changer de vêture) ou inconsciemment (sudation),
- adapter l’environnement thermique (ouverture d’une fenêtre),
- changer d’environnement thermique (ne pas rester sous un rayonnement direct du soleil).
Toutes ces adaptations peuvent se diviser en deux catégories, celles qui permettent d’adapter la
température de confort (vêture, activité) pour se sentir confortable dans les conditions existantes et
celles qui modifient les conditions existantes. La quantité et la nature des ajustements
comportementaux possibles dépendent de la situation dans laquelle se trouve l’occupant (bâtiment,
codes vestimentaires, capacité d’avoir accès au thermostat, à un ventilateur de table…).
52
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Processus expérimental
La mise en évidence du processus adaptatif repose sur la réalisation d’enquêtes d’évaluation du
confort thermique menées sur le terrain, c’est à dire dans des bâtiments in-situ. Ces enquêtes
permettent de collecter à la fois des paramètres concernant l’ambiance thermique (températures,
humidité…) et les réponses de sensation thermique des occupants (par exemple sur l’échelle présentée
dans le Tableau 2.1) qui se trouvent dans des situations réelles de la vie quotidienne. Un traitement
statistique permet alors de déterminer les températures, ou les combinaisons de plusieurs variables
thermiques (température, humidité, vitesse de l’air), qui sont ressenties comme confortables par les
occupants interrogés.
Des équations linéaires de ce type ont ensuite été retrouvées à partir de différentes enquêtes (de Dear
et Brager (2002), Humphreys et Nicol (2000)). D’autre part, des études supplémentaires ont montrées
que les corrélations reliant la température de confort à une moyenne pondérée des températures
extérieures (moyenne glissante) étaient plus précises que celles qui, à l’image de l’équation (2.9),
prenaient en compte la moyenne mensuelle (Nicol et Raja, 1996).
De nombreux travaux suggèrent donc que la température de confort dans les locaux non climatisés
peut être exprimée par une corrélation linéaire en fonction d’une moyenne mensuelle ou d’une
moyenne glissante des températures extérieures. Cette équation traduit en quelque sorte une « boîte
noire » (Nicol et Humphreys, 1998) recouvrant de nombreuses relations. Ainsi, la vêture des
occupants, l’utilisation des moyens de contrôle de l’environnement à l’intérieur du bâtiment (fenêtres,
ventilateurs), la posture, etc., dépendent de la température extérieure. C’est la rétroaction entre le
climat et ces actions adaptatives qui fait que seules les températures extérieures sont à considérer.
53
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Avec : TRMn-1, la moyenne glissante au jour n-1 et TDMn-1, la moyenne journalière au jour n-1
Les corrélations déterminées dans le cadre du projet SCATs entre la température de confort (TC) et la
moyenne glissante sont l’équation (2.11) pour les bâtiments non climatisés et l’équation (2.12) pour
les bâtiments climatisés. La pente est moins forte pour les bâtiments climatisés que pour les autres car
il y existe moins de moyens d’adaptation et les conditions intérieures y sont fortement découplées des
conditions extérieures.
T C 0,33 T RM80 18,8 si T RM80 10 ° C
(2.11)
T C 22,1 ° C si T RM80 10 ° C
T C 0,09 T RM80 22,6 si T RM80 10 ° C
(2.12)
T C 23,5 ° C si T RM80 10 ° C
Figure 2.7. Températures de confort en fonction de TRM 80 (équation (2.10)) selon McCartney et
Nicol (2002a)
Concernant les bâtiments non climatisés, l’application normative de la théorie adaptative repose sur les
résultats du projet SCATs, avec notamment la réutilisation de l’équation (2.11). Nous y revenons dans
la partie suivante.
54
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
des bâtiments non climatisés, il existe une méthode optionnelle qui peut être utilisée pour l’évaluation
du confort thermique, à condition que le bâtiment respecte les exigences suivantes :
- Les occupants doivent avoir des activités quasi sédentaires avec un niveau métabolique
compris entre 1,0 et 1,3 met.
- Il ne doit pas y avoir de règles strictes d’habillement à l’intérieur du bâtiment afin de
permettre aux occupants d’adapter librement l’isolation thermique de leur vêture.
- Les espaces doivent être équipés de fenêtres facilement ouvrables sur l’extérieur et dont
l’ouverture peut être ajustée par les occupants des espaces38.
- Aucune climatisation ne doit être en fonctionnement dans l’espace, l’ouverture des fenêtres
doit être le moyen essentiel pour la régulation des conditions thermiques. Toutefois, cela
n’empêche pas l’utilisation d’une ventilation mécanique d’air non conditionné ou de méthodes
à basse énergie permettant un contrôle individuel de l’ambiance intérieure comme des
ventilateurs, des volets, la ventilation nocturne etc.
Les températures intérieures opératives recommandées sont présentées sur la Figure 2.8 pour les 3
catégories de bâtiments décrites dans le Tableau 2.3. Elles dépendent de la température journalière en
moyenne glissante Θrm, calculée selon l’équation (2.13) ou selon l’équation simplifiée (2.14).
1 2
... (2.13)
rm ed 1 ed 2 ed 3
1 (2.14)
rm ed 1 rm 1
Avec :
Θrm , la température moyenne glissante du jour [°C]
Θrm−1 , la température moyenne glissante de la veille [°C]
Θed −1 , la température moyenne journalière extérieure de la veille ( Θed −2 , celle de l’avant veille) [°C]
α est une constant comprise entre 0 et 1. La valeur recommandée par la norme est 0,8.
Figure 2.8. Valeurs de base de la température opérative intérieure pour des bâtiments non climatisés
(en ordonnée) - fonction d’une température extérieure en moyenne glissante pondérée
exponentiellement (en abscisse)
38
Dans les bureaux paysagés où la plupart des occupants ont seulement un accès limité aux fenêtres ouvrables,
l’approche adaptative ne peut pas toujours s’appliquer. D’ailleurs, dans le projet de norme de 2005 (CEN, 2005),
une exigence supplémentaire était qu’il y ait moins de quatre personnes par pièce.
55
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
En dessous d’une température journalière extérieure en moyenne glissante de 10 °C, il faut utiliser,
pour limite supérieure, les mêmes valeurs que pour les bâtiments climatisés. En dessous d’une
température journalière extérieure en moyenne glissante de 15 °C, il faut utiliser, pour limite
inférieure, les mêmes valeurs que pour les bâtiments climatisés.
Les températures opératives maximales autorisées pour la catégorie II ont été calculées pour 5 climats
européens39 et tracées sur la Figure 2.9. La température maximale autorisée peut atteindre 26,9 °C
pour Stockholm et 29,9 °C pour Palerme. Le nombre de jours pendant lesquelles celle-ci dépasse
26 °C varie de 36 par an pour Stockholm à 226 par an pour Palerme.
31
Température opérative maximale recommandée [°C]
30
29
28
27
26
25
15-juin 30-juin 15-juil 30-juil 14-août 29-août 13-sept 28-sept
Figure 2.9. Températures opératives maximales autorisées (1er juin - 30 septembre) d’après la
méthode adaptative définie dans la norme EN 15251 et pour un niveau de confort de catégorie II
Aux Etats-Unis, l’ASHRAE (2004) a aussi intégré l’approche adaptative dans la norme qui précise les
conditions du confort thermique. Nous avons mené une étude comparative de la prise en compte de la
théorie adaptative dans les normes européenne et nord-américaine (Grignon-Massé et al., 2008a), mais
celle-ci n’est pas présentée ici.
39
Fichiers Meteonorm de format TM2.
56
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Simplicité d’utilisation
Un avantage important de l’approche adaptative est sa simplicité d’utilisation. La connaissance des
températures extérieures est suffisante pour déterminer des intervalles de températures opératives
confortables ; il n’y a notamment pas d’hypothèse à faire concernant les occupants. Il est souvent
reproché à cette approche de ne pas prendre en compte l’humidité (une même température opérative
peut être perçue comme confortable ou inconfortable selon le taux d’humidité) mais il est rappelé dans
la norme EN 15251 que pour les bureaux et les résidences, l’humidité a un effet minime sur le confort
thermique en Europe40.
40
“Humidity has only a small effect on thermal sensation and perceived air quality in the rooms of sedentary
occupancy”.
57
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
T C T G 2 CV 4 (2.15)
L’utilisation de l’équation (2.15) nous apparaît problématique pour les deux raisons suivantes :
- De Dear et Brager (1998) proposent en réalité deux équations selon que le bâtiment est
climatisé ou qu’il ne l’est pas. L’équation utilisée dans SCATs correspond aux bâtiments
climatisés (pour les bâtiments non climatisés, la pente est de -3,7 et non de -2), ce qui ne
devrait pas être le cas.
- L’utilisation de cette régression, sans mentionner de conditions de validité, pose question. En
effet, dans le cas où un occupant placé dans une ambiance à 40 °C répondrait qu’il a très
chaud (7 sur l’échelle utilisée), la température de confort calculée à partir de cette équation
serait de 34 °C alors que l’occupant aurait vraisemblablement encore trop chaud à cette
température. Cette équation ne peut être appliquée quelles que soient les valeurs de TG et CV
(équation (2.15)).
Une réponse au premier problème a été apportée par Nicol (2009) qui a montré, a posteriori, que
l’équation (2.15) peut être retrouvée à partir des données expérimentales du projet SCATs.
2.1.4 Conclusions
Les deux approches principales d’évaluation du confort thermique (l’approche analytique et
l’approche adaptative) ont été présentées dans cette partie.
Dans cette étude, l’évaluation du service énergétique reposera sur les zones de confort telles que
définies dans la présente norme d’évaluation du confort thermique, la norme EN 15251 (CEN, 2007),
pour un niveau de confort de catégorie II (niveau normal attendu qu’il convient d’utiliser pour les
bâtiments neufs et les rénovations.). Certains points problématiques soulevés à propos de l’approche
adaptative auraient mérité d’être étudiées avec plus de détail mais ce n’était pas l’objet de cette thèse.
Pour les bâtiments climatisés, les valeurs par défaut basées sur l’approche analytique sont retenues.
Pour des bâtiments de bureaux ou résidentiels, la température opérative maximale autorisée en été est
alors de 26 °C.
En ce qui concerne les bâtiments non climatisés, la zone de confort adaptative de catégorie II (Figure
2.8) est retenue.
Ces zones de confort peuvent être étendues pour tenir compte de l’effet des vitesses d’air sur le confort
(Figure 2.4 et Figure 2.10).
58
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
41
En anglais : willingness to pay.
59
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
une même maison coûtera vraisemblablement plus cher si elle est située dans une zone silencieuse que
si elle est située au bord d’une autoroute (toutes choses égales par ailleurs). La différence entre ces
deux habitations sur le marché de l’immobilier permet une évaluation monétaire du service non
marchand qu’est le silence.
60
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
42
Ces derniers les monétisent donc de façon plus ou moins implicite.
43
La vasodilatation est un système de régulation thermique important (voir Partie 2.1.1.1).
61
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Les principaux effets généraux liés à une mise en jeu excessive de la thermorégulation sont :
- la déshydratation : une sudation excessive peut s’accompagner entre autre d’une baisse de la
pression artérielle et de troubles de la conscience,
- les crampes de chaleur : des contractions spasmodiques involontaires des muscles qui
s’accompagnent de douleurs plus ou moins violentes et d’une tachycardie.
Ainsi, en cas de conditions climatiques sévères, de mauvaises conditions de confort thermique dans les
logements peuvent s’avérer fatales pour les occupants, notamment lorsque ceux-ci sont faibles et peu
autonomes.
62
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
14
baisse de 8 % de la productivité (pour des tâches de
12
couture) lorsque la température augmentait de
23,9 °C à 32,2 °C. 10
8
Niemelä et al. (2001) rapportent une diminution de
6
la productivité des employés de centres d’appel de
4
1,8 % par °C lorsque la température dépasse 25 °C.
Dans une seconde enquête (2002), les auteurs 2
Seppänen et al. (2006) se sont basés sur 24 études existantes44 concernant le lien entre productivité au
travail et température intérieure en vue de procéder à une méta-analyse. Les études considérées
reposent toutes sur des critères d’évaluation objectifs mais les tâches étudiées varient selon les études
(travail routinier, tâches mentales…). Parmi toutes ces études, 11 ont été menées sur le terrain (dans
des bureaux), 9 dans des laboratoires (chambres climatiques) et 4 dans des écoles.
Le pourcentage d’augmentation de performance par degré d’augmentation de température a été calculé
et tracé sur la Figure 2.13, les valeurs positives indiquant une augmentation des performances avec
une augmentation des températures. Chacune des pentes calculées (relation performance-température)
est associée à une valeur moyenne de température (par exemple, Link et Pepler (1970) ont trouvé une
44
Dont : Niemelä et al. (2001, 2002), Federspiel et al. (2002), Link et Pepler (1970) présentées ci-dessus.
63
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
réduction de 8 % de la productivité lorsque la température augmentait de 23,9 à 32,2 °C, la pente est
donc d’environ 1 % par °C et la température moyenne de 28 °C).
Les études prises en compte sont très différentes en termes de taille d’échantillon (de 9 à 500
personnes) et de méthode. Les résultats des études ont donc été pondérés en fonction de la taille de
l’échantillon étudié et de la pertinence de l’étude par rapport aux conditions réelles de travail. Ainsi,
les enquêtes réalisées sur sites (i.e. plusieurs tâches, conditions réelles) se voient attribuer plus
d’importance que celles ne portant que sur une seule tâche (lecture, dactylographie). Trois courbes de
régression ont été tracées sur la Figure 2.13 : sans aucune pondération, avec pondération des résultats
en fonction de la taille de l’échantillon considéré, avec pondération des résultats en fonction de la taille
de l’échantillon considéré et de la pertinence de l’étude par rapport aux conditions réelles de travail.
La Figure 2.13 montre que les performances augmentent avec la température jusqu’à une température
de 21-22 °C (ordonnée positive), et que les performances diminuent au dessus de 23-24 °C (ordonnée
négative).
Les valeurs calculées par régression (Figure 2.13) peuvent être considérées comme les dérivées de la
courbe donnant la performance en fonction de la température, ce qui permet à l’auteur de déterminer
l’équation de cette dernière. L’équation (2.16) est ainsi obtenue en se basant sur la régression pondérée
en fonction de la taille des échantillons et de la pertinence des études par rapport aux conditions réelles
de travail (Seppänen et al., 2006). Cette courbe d’évolution des performances en fonction de la
température intérieure est tracée sur la Figure 2.14 ainsi que les courbes correspondant aux deux autres
pondérations effectuées. Ainsi, à 30 °C, la performance est seulement égale à 91,1 % de la
performance à 21,75 °C (qui correspond au maximum de la courbe).
2 3 (2.16)
P 0,1647524 T 0,0058274 T 0,0000623 T 0,4685328
Avec : P la productivité relative à la valeur maximale (100 % à 21,75 °C) et T la température
intérieure de la pièce [°C]
64
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
La productivité a été évaluée par la méthode dite de la « productivité perçue » : des questionnaires
d’évaluation personnels ont été distribués aux occupants et leur productivité est évaluée à l’aide de
l’échelle présentée dans le Tableau 2.6.
Tableau 2.6. Question et échelle utilisées pour l’évaluation de la productivité des occupants
Question posée Echelle de productivité perçue
1 Much higher than normal
At present, how is your
2 Slightly higher than normal
productivity being affected by
3 Normal
the surrounding environmental
conditions? 4 Slightly lower than normal
5 Much lower than normal
Les auteurs se sont intéressés à la relation entre température de l’air et productivité perçue. Les
résultats sont présentés sur la Figure 2.15 où la productivité perçue est tracée en fonction des
quintiles45 de température de l’air. Les quantiles varient de 13,1 °C à 31,1 °C : [13,1 °C ; 21,9 °C],
[21,9 °C ; 23 °C], [23 °C ; 23,9 °C], [23,9 °C ; 25,2 °C] et [25,2 °C; 31,1 °C]. Les barres d’erreur
correspondent à un intervalle de confiance de 95 %. Ces résultats montrent que la productivité perçue
ne varie pas significativement avec la température de l’air.
Les auteurs ont ensuite étudié la relation entre productivité perçue et le vote de préférence thermique
(de « plus chaud » (1) à « plus froid » (5) en passant par « pas de changement » (3)). La Figure 2.16
révèle que lorsque l’on s’éloigne de conditions considérées comme confortables par l’occupant, alors
la productivité baisse.
Figure 2.15. Vote de productivité perçue en Figure 2.16. Vote de productivité perçue en
fonction des quintiles de température de l’air fonction du vote de préférence thermique
De l’avis même des auteurs, ces résultats sont assez grossiers et devront être améliorés par des
recherches futures. L’échelle de perception de la productivité notamment est assez simpliste et sujette
à de nombreux biais. Malgré cela, McCartney et Humphreys (2002b) montrent que si la productivité
n’est pas véritablement influencée par la température en elle-même, elle l’est manifestement par la
perception du confort thermique. Ainsi, les occupants peuvent ne pas ressentir de baisse de
productivité à des températures faibles ou élevées à condition qu’ils aient les moyens d’adaptation
suffisants pour maintenir un niveau de confort acceptable.
45
Le quintile est une portion de la distribution de fréquence contenant un cinquième du total de l'échantillon.
65
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
dans l’étude de Witterseh (2001) qui n’a pas trouvé de différence entre les performances de sujets
thermiquement neutres ou ayant légèrement chaud à 22 °C et à 25 °C (simulation d’un travail de
bureau (multiplication, dactylographie, additions) dans des chambres climatiques).
De même, la méta-analyse de Seppänen et al. (2006) abouti à une équation admettant un optimum,
mais celui-ci doit être considéré avec attention. En effet, si la Figure 2.13 illustre le fait que les
performances augmentent avec la température jusqu’à une température de 21-22 °C, et que les
performances diminuent au dessus de 23-24 °C, la surface grisée, qui représente l’intervalle de
confiance de 90 %, doit aussi être considérée. Cet intervalle de confiance est positif jusqu’à 20 °C et
négatif au dessus de 24 °C, ce qui signifie qu’une augmentation de la température jusqu’à 21 °C est
associée à une amélioration statistiquement significative des performances et qu’une augmentation de
la température au delà de 24 °C est associée à une diminution statistiquement significative des
performances. Selon Seppänen et al. (2006), ceci corrobore l’idée qu’il existe un intervalle de
température sans véritable conséquence sur la productivité.
Enfin, il a été montré précédemment (Figure 2.16) que la productivité baissait lorsque l’on s’éloignait
de conditions considérées comme confortables par l’occupant, mais que les conditions climatiques
intérieures n’avaient aucune incidence directe significative sur la productivité à partir du moment où
les occupants étaient en situation de confort thermique.
Pour ce travail, nous considérerons qu’il n’y a pas de pertes de productivité à partir du moment où les
occupants sont en situation de confort thermique. Les zones de confort retenues pour les bâtiments
climatisés et non climatisés ont été présentées dans la partie 2.1.4. Lorsque les conditions climatiques
s’éloignent de la zone de confort, l’hypothèse d’une diminution de la productivité de 2 % par
augmentation de 1 °C est retenue. Cette pente est représentative des différentes études présentées ci-
dessus (et notamment des travaux de Niemelä et al. (2001, 2002)).
La Figure 2.17 représente l’hypothèse retenue pour une 14
température opérative maximale autorisée de 26 °C
(valeur recommandée par défaut pour les bâtiments 12
Baisse de la performance [%]
(2.17). 2
66
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Avec : CI la perte économique due à l’inconfort par employé et par degré heure d’inconfort, CT le coût
horaire du travail [€], T la température opérative [°C] et Tconf la température maximale
autorisée [°C] selon la zone de confort retenue (partie 2.1.4).
Le coût du travail est le coût total payé par les employeurs pour rémunérer le facteur de production
travail. Il comprend le salaire brut (avec les primes, les congés payés et les cotisations sociales à la
charge des salariés) et les cotisations sociales patronales. Ce coût dépend donc de nombreux facteurs
tels que l’employé (niveau de qualification, ancienneté…), l’entreprise (politique des salaires…) ou le
pays (niveau des charges…). Concernant la France, l’Office statistique des communautés européennes
révèle que le coût horaire moyen de la main d’œuvre était de 29,3 € en 2005 (EC, 2008), valeur que
nous retiendrons par la suite comme coût horaire du travail lors de l’utilisation de l’équation (2.18).
Le coût d’inconfort est alors de 60 €cts par degré-heure d’inconfort et par occupant.
67
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Figure 2.18. Approche adoptée pour calculer les heures d’inconfort et le nombre d’heures de
fonctionnement du ventilateur
46
L’indice PPD est le pourcentage prévisible d’insatisfaits (Partie 2.1.2.1). L’optimiser consiste à le minimiser.
68
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Si une première tentative d’évaluation monétaire de l’inconfort avait été proposée dans la
communication, la réalisation, depuis lors, d’études sur les climatiseurs individuels (Rivière et
al., 2009) et les ventilateurs de confort (Adnot et al., 2009) permet de préciser nos hypothèses.
Il est supposé que l’occupant a le choix entre un ventilateur de type « Single Duct » et un ventilateur
sur pied qui peuvent être considérés tous les deux comme des systèmes de rafraîchissement
individuels. Les caractéristiques présentées dans le Tableau 2.7 sont celles d’appareils moyens sur le
marché européen selon Adnot et al. (2009) et Rivière et al. (2009).
200
- utilisation du climatiseur.
150
Il est supposé que le ventilateur n’est plus
utilisé une fois le climatiseur acheté. 100
d’inconfort (de l’ordre de 70 %) pour une 0 200 400 600 800 1000
Degrés-heures d'inconfort par an [°C.h]
consommation électrique représentant
environ 5 % de celle du climatiseur. Figure 2.20. Consommation électrique et
inconfort pour les trois configurations étudiées
Les dépenses à effectuer par l’occupant pour réduire son inconfort sont calculées en coût global sur
une période de 8 ans en supposant un taux d’actualisation de 6 %, une durée de vie des deux appareils
de 8 ans, et un prix de l’électricité de 14,5 €cts TTC par kWh (avec augmentation de 1,5 % par an)49.
Ces dépenses sont présentées sur la Figure 2.21 et sont exprimées par degrés-heure d’inconfort évités
afin de permettre une comparaison avec la monétisation retenue pour le secteur tertiaire. Selon ces
résultats, il est possible de réduire significativement l’inconfort (environ 70 % des degrés-heure) à un
coût de l’ordre de 2 €cts par degré-heure évité. La suppression complète de l’inconfort requiert l’achat
d’un climatiseur et une dépense plus lourde, de l’ordre de 40 à 65 €cts par degré-heure évité. Les
résultats de cette étude montrent donc que les individus qui achètent des climatiseurs sont prêts à payer
de l’ordre de 50 €cts par degré-heure d’inconfort évité.
47
Un fonctionnement à pleine charge est supposé pour chaque heure de fonctionnement (puissance frigorifique
de 2,2 kW et EER de 2,3).
48
La zone de confort est l’ensemble des conditions climatiques permettant d’obtenir un PPD inférieur à 10 %.
49
Hypothèse retenue par Rivière et al. (2009) comme prix moyen de l’électricité en Europe.
69
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
70
40
30
20
10
0
0 200 400 600 800 1000
Degrés-heures [°C.h]
Figure 2.21. Dépenses effectuées par l’occupant pour réduire son inconfort
50
Le projet ExternE est présenté ci-après en partie 2.4.1.2.
70
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
De nombreux travaux de monétisation ont été menés sur les nuisances sonores liées aux transports. De
façon générale, les modèles de monétisation sont souvent construits sur la même forme : un coût nul
entre 0 dB(A) et une valeur seuil en dB(A), puis une progression linéaire du coût en fonction de
l’intensité en dB(A). A la demande de la Commission européenne, le groupe de travail «Santé et
aspects socio-économiques du bruit» s’est penché sur la question de la monétisation du bruit
(Navrud, 2002) et a proposé pour le bruit routier : 25 €/dB(A)/ménage/an (à partir de 55 dB(A)51),
valeur qui pourra être utilisée par défaut par les pays ne disposant pas de valeurs nationales lors de
l’évaluation des bénéfices des plans d’actions de lutte contre le bruit (Lambert, 2008).
Cette valeur est retenue pour cette étude. Elle correspond à 10,4 €/dB(A)/personne/an en considérant
qu’un ménage est constitué de 2,4 personnes (moyenne pour l’Europe des 25 d’après (CE, 2008)), ce
qui permet d’aboutir aux coûts présentés dans le Tableau 2.9 pour différents niveaux de pollutions
sonores. Il sera étudié au chapitre 5 dans quelle mesure la prise en compte des nuisances sonores peut
influer sur les comparaisons de solutions d’amélioration du confort d’été.
Tableau 2.9. Coûts des nuisances sonores retenus pour cette étude
Bruits extérieurs dB(A) Coûts [€/personne/an]
Bruits minimaux le jour dans la rue 45 0
Rue très tranquille 50 0
Rue résidentielle 60 52
Circulation importante 70 156
Circulation intense 85 312
Rue à trafic intense 95 416
51
L’unité utilisée pour quantifier le bruit est le niveau acoustique équivalent Leq qui correspond à une intensité
acoustique moyenne sur une période de temps donnée (ici sur l’année).
71
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
52
Peut-on juger de l’optimalité d’une allocation de façon absolue ? Peut-on échapper à la subjectivité et à
l’arbitraire en définissant l’optimalité ?
53
Une seule entreprise est souvent capable de distribuer l'électricité à toute une ville à un coût moindre que deux
entreprises se partageant le marché : les coûts moyens décroissent avec le nombre d'abonnés raccordés au réseau.
54
D’ailleurs, l’apport des insectes pollinisateurs aux principales cultures mondiales a été monétisé et évalué à
153 milliards d'Euros en 2005 (Galus, 2008).
72
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Le projet ExternE est la référence européenne en ce qui concerne l’étude des externalités. Ce projet,
financé par la Commission Européenne, a été engagé en 1990 avec pour objectif initial d'élaborer une
méthodologie d'intégration des externalités. Depuis, les résultats de ce projet sont régulièrement revus
et approfondis, la dernière révision des résultats ayant eu lieu en 2005 (CE, 2005a). Cette
méthodologie a notamment été appliquée pour comparer les différentes filières de production
d’électricité et les différents modes de transports (CE, 2003), mais elle a aussi contribué à l’élaboration
de politiques environnementales en Europe (Holland, 2001).
Si l’objectif du projet était de couvrir tous les coûts externes pertinents (i.e. non négligeables), en l’état
actuel des connaissances il existe toujours des lacunes importantes sur l’évaluation de certains. Les
catégories d’impacts suivantes étaient abordées dans la dernière version de la méthodologie et leur
pertinence, dans notre contexte, sera analysée par la suite :
- impacts environnementaux : les impacts environnementaux signifient ici les impacts causés
par la libération de substances (particules fines…) ou d’énergie (bruit, rayonnement, chaleur)
dans l’environnent (air, terre, eau),
- impacts dus au changement climatique,
- les accidents liés à la production et au transport d’énergie,
- la sécurité énergétique.
Il est aussi mentionné que les impacts sur l’emploi et l’épuisement des ressources non renouvelables
ne sont pas traités car ils ne sont pas considérés comme des externalités (CE, 2005a). Ce dernier point
ne faisant pas consensus, il sera abordé ultérieurement.
Enfin, l’installation massive de climatiseurs pouvant générer un besoin d’investissement dans de
nouvelles capacités de production et de transport d’électricité, il semble important d’étudier les coûts
externes liés aux conséquences sur le réseau.
Trois types d’externalités environnementales sont donc étudiés en partie 2.4.2 : les impacts
environnementaux, les impacts liés au changement climatique et l’épuisement des ressources non
renouvelables, ainsi que quatre types d’externalités non environnementales en partie 2.4.5 : les
accidents, la sécurité énergétique, les impacts sur l’emploi et sur le réseau électrique.
73
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Tableau 2.10. Catégories d’impact considérées dans ExternE (CE, 2005) et principaux effets
monétisés
Catégories d’impact Principaux polluants Principaux effets
PM10, SO2, NOx, O3 Réduction de la durée de vie
Santé - Mortalité
Benzène, particules diesel Cancers
PM10, SO2, O3 Hospitalisations pour problèmes respiratoires
PM10, O3 Réduction du nombre de jours travaillés
PM10, CO Insuffisance cardiaque
Benzène, particules diesel Risque de cancer (non fatal)
Hospitalisations pour problèmes cérébraux-
vasculaire
Santé - Morbidité
PM10 Cas de bronchites chroniques
Cas de toux chroniques
Symptômes respiratoires
O3 Attaque d’asthme
Hypertension
Bruit
Angine de poitrine
Vieillissement de l’acier, du calcaire,
Matériaux de SO2, dépôts acides
peintures…
construction
Particules (combustion) Salissure des bâtiments
Modification des rendements (blé, pommes de
SO2, NOx, O3
Cultures terre, orge…)
Dépôts acides Augmentation du besoin de chaulage des sols
Perte d’aménité Bruit Perte d’aménité due à des nuisances sonores
Dépôts acides, dépôts
Ecosystèmes Acidification et eutrophisation
d’azote
74
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Aucun indice d’impact n’a été trouvé concernant ce type de pollution, les coûts externes sont
directement donnés par kilowattheure électrique produit. Pour la suite, la valeur de 0,19 €cts/kWh
produit est retenue (CE, 2005). Elle est basée sur la technologie actuelle de la France et est constituée
pour une très grande part du risque de cancers pour les générations futures. Cette estimation du cycle
nucléaire suppose un fonctionnement normal dans un système politique stable, avec un contrôle strict
de la conformité à tous les règlements.
55
Selon Robert Solow (prix de la Banque de Suède en sciences économiques 1987), « le souci ancien au sujet de
l’épuisement des ressources naturelles ne repose plus sur aucune base solide. Il est très facile de substituer
d’autres facteurs aux ressources naturelles. Ainsi n’y a-t-il, en principe, aucun problème. Le monde peut, en
effet, continuer sans ressources naturelles ; ainsi l’épuisement de celles-ci est tout juste une péripétie, non une
catastrophe » (Sachs, 1991).
75
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
En effet, comme le rappelle Girmens (2006), le concept de rareté (le caractère limité des ressources à
la disposition d’une société) est central en économie. Le paradigme néoclassique aboutit au résultat
que le prix relatif (le rapport d’échange entre deux biens) est lié à la rareté des biens et que lorsqu’un
bien devient rare, son prix augmente et la demande doit naturellement se déplacer vers d’autres biens
(sous l’hypothèse, cruciale, qu’il existe des substituts au bien en question). Dans ce domaine, la
contribution fondamentale est celle d’Hotelling (1931) qui a démontré que pour atteindre la condition
d’équilibre56, le prix des ressources non renouvelables devait correspondre à la somme du coût de
production et de la rente de rareté (ou rente d'Hoteling), cette dernière devant augmenter à un taux égal
à celui du taux d’actualisation. Par conséquent, au fur et à mesure que la quantité de ressource
diminue, son prix augmente, favorisant l'émergence de solutions de substitution. De plus, si l’on
considère qu’il est important qu’il n’y ait pas de décroissance du capital global entre les générations
mais que la forme du capital que l’on laisse aux générations futures n’a pas d’importance (ressources,
technologies ou savoir), alors l'augmentation des connaissances compenserait la diminution de
ressources naturelles.
La confiance dans l’efficacité des mécanismes de marché et dans la substituabilité (qui est liée à la
question, plus générale, du progrès technique) garantirait que chaque génération puisse satisfaire ses
besoins. L’épuisement des ressources non renouvelables ne serait alors plus à considérer comme une
externalité.
Toutefois, force est de constater que l’optimisme technologique n’est pas universellement partagé57.
De plus, en supposant que la rente de rareté est bel et bien prise en compte dans les prix des
ressources, cette rente est touchée par les exploitants de ressource et non par les acteurs économiques
lésés (les générations futures). Rien ne prouve que les rentes dégagées par l’épuisement des ressources
soient réinvesties dans le capital technique, ou consacrées à la création d’externalités positives
intergénérationnelles (subventions pour le recyclage…) et tout laisse à croire que l’épuisement des
ressources non renouvelables reste une externalité intergénérationnelle.
Il n’existe pas, cependant, de travail de monétisation concernant l’épuisement des ressources fossiles
et des matières premières. Comme le rappelle Girmens (2006), dans le cas qui nous intéresse (une
externalité négative intergénérationnelle), le caractère non borné de l’horizon temporel de l’économie
et l’infinité d’agents rendent le problème insoluble. Cette externalité ne sera donc pas prise en compte
dans la suite de l’étude.
56
Pour laquelle l’offre égalise la demande.
57
Vaclav Smil, par exemple : “Historical evidence is thus replete with examples demonstrating that substantial
gains in conversions (or material use) efficiencies stimulated increases of fuel and electricity (or additional
material) use that were far higher than the savings brought by these innovation” (Smil, 2005).
76
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
aux émissions de GES pour atteindre des cibles d’atténuation des émissions (ou en termes de
limitation d’augmentation des températures). Ce dernier coût peut être interprété comme le prix d’un
permis carbone dans un marché d’échange mondial et idéal.
Méthode générale
Ce type d’approche relève de l’analyse coûts/avantages : la valeur de la tonne de carbone se mesure au
regard de l’impact que l’émission de cette molécule supplémentaire aura sur le bien-être des
générations actuelles et futures. La méthode généralement suivie consiste à effectuer une simulation de
référence avec un modèle intégré du changement climatique puis une simulation « perturbée » en
ajoutant une quantité donnée de carbone dans l’atmosphère (scénario d’émission) sur une certaine
période. Le coût marginal est alors calculé en divisant la somme des dommages (sur des horizons
temporels et géographiques donnés) par le nombre de tonnes de carbone émises.
Dommages étudiés
Les modèles ne couvrent pas tous les dommages et tous les coûts du changement climatique. Watkiss
et al. (2005) ont analysé les impacts évalués par différentes études59 afin de déterminer dans quelle
mesure elles peuvent sous-estimer le dommage « total » du changement climatique. Les auteurs
classent les impacts en neuf catégories selon :
- l’incertitude pesant sur leur probabilité d’occurrence : impacts prévisible60 (hausse du niveau
des mers), impacts pouvant varier61 (sécheresse, tempêtes), variables majeures62 (arrêt de la
circulation thermohaline),
- l’incertitude pesant sur leur monétisation : dommages marchands (protection des côtes),
dommages non marchands pour lesquels il existe un travail de monétisation (santé,
écosystèmes), dommages non marchands pour lesquels il n’existe pas (ou peu) de travail de
monétisation (conflits régionaux, pauvreté).
Il s’avère que la très grande majorité des études s’en tiennent à la prise en compte des dommages à la
fois marchands et prévisibles (aucune étude ne prend en compte les dommages non marchands pour
lesquels il n’existe pas (ou peu) de travail de monétisation et une seule intègre les variables majeures).
Ainsi, les modèles utilisés n’envisagent que les effets les mieux compris et les plus facilement
monétisables. Selon les auteurs, il faut donc relativiser les résultats obtenus avec cette méthode, car ils
sous estiment très probablement les dommages.
58
Modèles d’orientation macro-économique : représentent sous forme de relations paramétriques relativement
simples les phénomènes naturels ; modèles d’orientation géophysique : représentent de manière exhaustive les
processus physiques étudiés.
59
Les auteurs ont repris les études analysées par Tol (2005) dont les résultats en termes de coût marginaux de
réduction des émissions sont présentés Figure 2.22.
60
“Projection” dans le texte original.
61
“Bounded risks” dans le texte original.
62
“System change & surprises” dans le texte original.
77
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Résultats et incertitudes
Concernant la monétisation du coût marginal
d’émission de GES par la méthode de coût des
dommages, l’étude la plus complète est celle de
Tol (2005) qui effectue une méta-analyse
portant sur 28 études d’estimation du coût du
carbone (au final 103 estimations - Figure
2.22). Si toutes les études sont prises en
compte, la médiane est de 14 $/t et la moyenne
de 93 $/tC63. Cependant, après analyse de toutes
ces études (taux d’actualisation, robustesse des
scénarios d’évolution du climat pris en
compte…), l’auteur estime peu probable que le Figure 2.22. Coût marginal d’émission de gaz à
coût de dommage dépasse 50 $/tC (avec effet de serre provenant de 28 études différentes
notamment des hypothèses typiques (Tol, 2005)
d’actualisation).
La Figure 2.22 montre une grande disparité des résultats dont les causes principales résident dans :
- les scénarios d’émissions de GES retenus,
- le choix du taux d’actualisation,
- l’évaluation monétaire de la vie humaine et notamment la différence entre pays en voie de
développement et pays riches,
- l’évaluation monétaire de la biodiversité et des écosystèmes,
- l’incertitude très élevées sur l’occurrence et les impacts d’évènements tels que les cyclones,
les sécheresses, l’augmentation du niveau de la mer.
Pour revenir sur l’importance du taux d’actualisation, les dommages évalués adviendront dans un futur
éloigné et ont tendance à être minorés par le processus d’actualisation. Le Tableau 2.12 donne des
valeurs de coût marginal d’émission obtenues dans le cadre du projet ExternE (CE, 2005a) avec
différents taux d’actualisation. Il apparaît que ce coût varie très significativement (d’un facteur 15) en
fonction du taux d’actualisation choisi.
Tableau 2.12. Coût marginal d’émissions obtenus pour différents taux d’actualisation (CE, 2005)
Taux d’actualisation
0% 1% 3%
Coût marginal d’émissions [$/tC] 79,0 25,2 5,1
Enfin, il faut noter que le coût marginal d’émissions est d’autant plus faible que la concentration de
GES est faible (et que l’objectif de réduction des émissions est élevé). Comme le montrent les résultats
du rapport Stern (Tableau 2.13), les dommages seront moins importants si la concentration s’établit à
450 ppm que si elle augmente jusqu’à 550 ppm. En contrepartie, l’effort nécessaire pour atteindre ces
niveaux sera lui plus important (et les coûts marginaux de réduction plus élevés).
63
Avec un taux de conversion de 1,2 $ pour 1 € (1990-2004), la moyenne est d’environ 77,5 €/tC soit 21 €/tCO2.
78
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Figure 2.23. Courbe mondiale des coûts d’abattement des GES à horizon 2030 (McKinsey, 2009)
L’évaluation du coût marginal de réduction peut aussi être réalisée à partir de modèles
macroéconomiques, qui synthétisent l’ensemble du système économique d’une région et calculent un
coût du carbone cohérent avec un niveau des émissions à ne pas dépasser (analyse descendante).
L’évolution des émissions est modélisée à partir de différentes variables économiques agrégées, les
options technologiques étant représentées implicitement. Les valeurs produites par ces modèles
traduisent le signal-prix qu’une économie doit « suivre » pour atteindre un objectif donné de réduction
de ses émissions de gaz à effet de serre (Quinet et al., 2008).
64
En anglais : abatment costs.
79
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Kuik et al. (2009) ont récemment effectué une méta-analyse sur des études portant sur l’évaluation du
coût marginal de réduction des émissions de GES par la méthode des « coûts de prévention ». Les
principaux résultats sont donnés dans le Tableau 2.14. Les causes principales de la dispersion
importantes des résultats obtenus résident dans :
- le choix de la cible de réduction des émissions (plus la contrainte sur les émissions est forte,
plus les moyens de réduction à mobiliser sont importants et plus la valeur de la tonne de
carbone est élevée),
- la détermination du scénario de référence (qui avec la cible détermine le niveau de réduction
des émissions à atteindre),
- les hypothèses générales retenues dans les simulations (sur la croissance économique, la
structure industrielle, les développements technologiques, le prix de l’énergie…),
- les gaz pris en compte (CO2 uniquement ou plusieurs GES),
- le niveau d’agrégation des modèles : plus le nombre de régions est important, plus la
représentation est réaliste en termes de rigidités et de spécificités,
- la différence de méthode adoptée (ascendante/descendante).
Tableau 2.14. Résumé des valeurs de coût marginal de réduction (€2005/tCO2-eq) provenant de
différents travaux (Kuik et al., 2009)
Année de référence 2025 2050
Moyenne 24,8 55,8
Médiane 16,2 32,2
Maximum 119,9 209,4
Minimum 0,0 1,4
Ecart-type 27,9 52,9
Nombre de résultats analysés 47 49
Les travaux du groupe III du GIEC (Fisher et al., 2007) comprennent une méta-analyse des principales
études (publiées sur une période de cinq ans) portant sur les coûts de réduction dont la Figure 2.24
donne une synthèse. Fisher et al. (2007) concluent sur les valeurs de coûts marginaux suivantes,
valeurs qui dépendent de l’objectif de stabilisation65 :
- pour 2030, entre 18 et 85 $/tCO2-eq pour un scénario de stabilisation des concentrations à
550 ppm-eq ; et environ 100 $/tCO2-eq pour un scénario de stabilisation à 450 ppm-eq,
- pour 2050, entre 30 et 155 $/tCO2-eq pour un scénario à 550 ppm-eq et entre 100 et 300 $/tCO2-
eq pour un scénario à 450 ppm-eq.
a) 2030 b) 2050
Figure 2.24. Prix du carbone en fonction des objectifs de réduction
65
Selon le GIEC, l’augmentation de température moyenne du globe sera de l’ordre de 2,8 – 3,2 °C pour une
concentration de 535-590 ppm-eq et de 2 – 2,4°C pour une stabilisation des concentrations à 445-490 ppm-eq.
80
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
2.4.3.4. Conclusions
Que ce soit par la méthode d’évaluation des dommages ou par la méthode d’évaluation du coût
marginal de réduction, les résultats varient significativement selon les études. De façon générale, le
coût de la tonne de CO2-eq fluctue de moins de 10 € à plus de 200 €. Il est alors difficile de s’arrêter sur
une valeur unique et des analyses de sensibilité devront être effectuées au moment d’utiliser ces
données de coûts.
Le Tableau 2.15 regroupe les valeurs dérivées des méta-analyses effectuées par le GIEC (Figure 2.24)
qui sont fonction des objectifs de réduction et de l’année de référence. L’objectif de stabilisation des
émissions à 450 ppm-eq en 2050, qui correspond à une augmentation de température moyenne du
globe de l’ordre de 2 °C, est conforme aux engagements politiques pris au niveau français et européen
(ainsi qu’aux recommandations du GIEC). Pour la suite de l’étude, nous retiendrons donc comme
valeur du coût marginal de la tonne de CO2-eq, la valeur centrale rapportée par le GIEC pour cet
objectif de stabilisation des émissions, c’est à dire 150 €/tCO2-eq. Cette valeur élevée du carbone reflète
le caractère ambitieux des objectifs européens de réduction des GES. Elle ne pourrait cependant être
internalisée en l'état comme « signal prix » destiné aux consommateurs car cela poserait des problèmes
de transition et d’adaptation importants (poids sur la croissance...) 66. C’est pourquoi le Centre
d’analyse stratégique (Quinet et al., 2008) recommande une trajectoire de la valeur du carbone partant
de 32 €2008/tCO2 en 2010 pour atteindre 100 €2008/tCO2 en 2030, puis 200 €2008/tCO2 en 2050.
66
Toutefois, concernant le secteur du bâtiment, fixer un « signal prix » trop faible et orienter les mesures de
réhabilitation vers l'exploitation des gisements à faible coût peut se révéler au final peu efficace économiquement
dans l'objectif du Facteur 4 (Sidler, 2007).
67
Avec, lorsque nécessaire, un taux de conversion de 1,35 $ pour 1€ (2007).
68
Les assurances souscrites (par les transporteurs de pétrole par exemple) sont répercutées dans les tarifs.
81
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
les accidents causant des dégâts très importants mais ayant une faible probabilité d’occurrence
(accident nucléaire par exemple) sont considérés par le public comme plus problématiques que ceux
provoquant des dégâts plus faibles mais dont la probabilité d’occurrence est plus élevée ; et pourtant,
la monétisation est identique. Ainsi, l’occurrence d’un accident extrême doit être diminuée même si
les coûts d’évitement sont plus élevés que la valeur attendue des dommages. Actuellement, il n’existe
pas de consensus sur la façon de prendre en compte l’aversion au risque.
Face aux incertitudes méthodologiques importantes, il a été choisi de ne pas tenir compte des
externalités liées aux accidents dans la suite de l’étude.
Tableau 2.16. Monétisation de la sécurité énergétique retenue pour 2003 (Egenhofer et al., 2006)
Hypothèse basse Hypothèse centrale Hypothèse haute
€/GJ de pétrole 0,5 1 3
$/ baril de pétrole économisé 3 7 21
€/GJ de gaz 0,4 1 2
82
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Face au caractère arbitraire des données collectées, nous avons choisi de ne pas tenir compte des
externalités liées à la sécurité énergétique dans la suite de l’étude.
69
Voir en France les critiques provoquées par la publication du chiffre de 600 000 emplois créés ou préservés
d’ici 2020 par les mesures du Grenelle de l’environnement : l’hypothèse retenue concernant le prix du pétrole, le
fait que les réajustements budgétaires des ménages ne soient pas pris en compte… (Baudet, 2009).
83
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
provoquer des coupures d’approvisionnement (voir un effondrement total du réseau (black out)) qui
représentent aussi des coûts externes pour l’ensemble de la société. Ainsi, une étude menée en Suède
estime le coût d’une coupure pour un ménage à environ 1 € lorsque celle-ci dure une heure et à 22 €
pour une journée (Carlsson et Martinsson, 2004). Aux Pays-Bas, Baarsma et al. (2005) évaluent ces
coûts respectivement à 5 € et 20 €. Ces monétisations sont basées sur une évaluation du consentement
à payer des ménages.
L’évaluation des coûts externes relatifs au réseau d’électricité nécessiterait une étude spécifique de la
situation française. Cet important travail ne sera pas réalisé lors de cette thèse.
Si les indices d’impact précédemment présentés (Tableau 2.11) permettent de calculer les coûts
externes par kilowattheure produit, la monétisation des externalités par kilowattheure consommé
nécessite d’intégrer les pertes de réseaux qui sont de l’ordre de 7 % selon RTE (2009). Les résultats,
présentés sur la Figure 2.25, montrent une forte disparité entre les différents moyens de production ; il
existe en effet un rapport 100 entre les coûts externes associés au charbon et ceux liés aux
renouvelables ou au nucléaire. En raison de leurs importantes émissions de GES, les sources fossiles
se voient associer les coûts externes les plus élevés.
A titre indicatif, le prix moyen du kilowattheure usager (résidentiel et petit tertiaire) en Europe est de
l’ordre de 14,5 €cts selon Rivière et al. (2009). L’internalisation des coûts externes augmenterait ce
prix de 0,7 % dans le cas d’une production d’origine hydraulique et jusqu’à 150 % dans le cas d’une
production d’origine fossile.
70
Combustion pressurisée à lit fluidisé.
71
Centrale à cycle combiné.
84
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
25
10
0
Charbon Charbon Fioul Fioul CC Gaz Gaz CC Hydrau. Eolien Nucléaire
Lignite PFBC Onshore
Figure 2.25. Coûts externes associés à la consommation d’un kWh électrique en fonction du mode de
production
Tableau 2.19. Calcul du coût externe associé au mix électrique européen (source : AIE, 2007)
Part du mix Coûts externes considéré
Modes de production
électrique €cts par kWh consommé
Nucléaire 26 % 0,2
Hydraulique 15 % 0,1
Charbon 28 % 17,2
Gaz 22 % 8,5
Autres renouvelables 6% 0,2
Fioul 3% 12,8
Moyenne du mix européen ~ 7,5
85
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
L’approche marginale
La mise en fonctionnement des différents modes de production s’effectue en respectant leur efficience
économique. De façon très schématique, il est d’abord fait appel aux systèmes de production fatale
(éolien, fil de l’eau), puis au nucléaire, et enfin aux énergies fossiles (charbon, gaz et fioul). A chaque
instant, un accroissement de la demande se traduit ainsi par la sollicitation du moyen de production le
moins cher disponible à la hausse. Inversement, une baisse de la demande est compensée par la
réduction de la puissance du moyen le plus cher démarré (mode de production marginal).
Dans un contexte de marché unique de l’électricité, l’économie en France d’un kilowattheure
électrique est donc fortement susceptible d’éviter la production d’un kilowattheure d’origine
thermique en Europe, que ce soit en période de pointe ou de marginalité nucléaire. Aussi les coûts
externes associés aux kilowattheures évités sont-ils plus élevés que le coût moyen basé sur le mix
électrique français. Il nous est cependant difficile de progresser plus en détail dans l’évaluation des
coûts externes d’un kilowattheure économisé car l’impact d’une mesure d’efficacité ou de sobriété
énergétique sur l’utilisation des différents modes de production électrique est une question très
complexe qui dépend notamment du volume des économies engendrées (ou des consommations
évitées) et des périodes pendant lesquelles celles-ci sont réalisées (modes de production utilisés,
modes disponibles).
86
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Les indices d’impact précédemment présentés (Tableau 2.11) permettent de calculer les coûts externes
par kilowattheure produit par chacun des trois modes de chauffage (Figure 2.26). Les GES
représentent environ 95 % des coûts externes des chaudières fonctionnant au gaz et au fioul qui voient
leurs coûts externes s’élever à 1,09 et 1,33 €cts/kWhth. Les coûts associés au bois sont moins élevés,
30 €cts/kWhth, et sont pour 33 % liés aux GES, 33 % aux particules et 20 % aux NOx.
Les coûts externes associés à la consommation d’un kilowattheure thermique sont compris entre 0,3 et
1,3 €cts/kWhth selon le moyen de chauffage. Il est supposé que ces montants n’évoluent pas avec le
temps.
1,4
COV
Coûts externes [€cts/kWh-th]
1,2
PM
1 NOx
SO2
0,8
GES
0,6
0,4
0,2
0
Gaz Fioul Bois
72
Les bases de données « Ecoinvent » fournissent les données pour d’autres modes de chauffage mais les
résultats ne varient que très peu pour un combustible donné (les coûts externes finals diffèrent d’au plus 5 %).
87
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
Selon la norme EN 15251, les zones de confort peuvent être étendues pour tenir compte de l’effet des
vitesses d’air sur le confort (partie 2.1.3.3).
88
Chapitre 2 Monétisation de l’inconfort et des externalités
89
90
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
91
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
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Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
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Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
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Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Introduction
Dans ce travail de thèse, nous avons décidé d’étudier séparément, d’une part, les actions portant sur
l’enveloppe et l’usage des bâtiments (chapitre 3), et d’autre part, les appareils de climatisation
(chapitre 4). Les résultats obtenus seront ensuite rassemblés au chapitre 5 dans le but de réaliser une
analyse technico-économique des différentes options permettant d’améliorer le confort d’été.
L’objet du présent chapitre est d’étudier des actions d’amélioration du confort d’été portant sur
l’enveloppe et l’usage des bâtiments en cherchant à évaluer leur potentiel en termes de diminution des
besoins de refroidissement dans les bâtiments climatisés, et de réduction de l’inconfort estival dans les
bâtiments non climatisés qui représentent aujourd’hui la majorité du parc.
Dans un premier temps, nous devrons développer une méthodologie d’évaluation des actions reposant
sur la simulation dynamique de bâtiments, approche pour laquelle nous avons opté au chapitre 1. La
spécification d’un environnement de simulation constitue donc une étape préalable à la quantification
du potentiel d’amélioration du confort d’été des différentes actions étudiées dans ce chapitre.
Un des objectifs de la thèse est d’effectuer une analyse prospective de l’impact de la climatisation
individuelle en France à horizon 2050. Aussi, une fois le travail d’évaluation des actions réalisé dans
le contexte actuel, nous intéresserons-nous à l’impact du changement climatique et du renforcement de
l’isolation des bâtiments sur les résultats obtenus.
Enfin, dans le but de réaliser une comparaison technico-économique des différentes options
d’amélioration du confort d’été au chapitre 5, nous conclurons ce chapitre 3 en caractérisant, en termes
de coûts, les différentes actions ayant été étudiées au cours du chapitre. Nous profiterons de ce travail
pour appliquer les méthodes de monétisation définies au chapitre 2 et quantifier les coûts d’inconfort
dans les bâtiments non climatisés.
95
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
96
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Bâtiments climatisés
Dans le cas des bâtiments climatisés, nous avons vu au chapitre 1 que les résultats étaient attendus
sous forme :
- de besoins de refroidissement qui permettront le calcul des consommations d’électricité des
climatiseurs, une fois l’efficacité saisonnière des appareils étudiée (chapitre 4),
- de besoins de chauffage et de consommation d’électricité spécifique, qui permettront la prise
en compte des interactions inter-usages lors de la comparaison des différentes solutions
d’amélioration du confort d’été (chapitre 5).
97
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Secteurs retenus
Afin de définir des bâtiments de référence, nous avons choisi de diviser le parc en trois secteurs
principaux que sont les résidences, les commerces et les bureaux. Les données de vente fournies par
l’organisme BSRIA (2005) reposent sur la même catégorisation (Tableau 3.1) et il apparaît qu’en
France, le secteur des bureaux représente environ 60 % du nombre d’appareils vendus contre
respectivement 30 et 10 % pour les commerces et les résidences.
Tableau 3.1. Répartition des ventes de climatiseurs individuels en France (BSRIA, 2005)
Résidences Bureaux Commerces
Réversible 48966 284566 150318
Refroidissement seul 7632 44351 23428
56598 328917 173746
Total
10 % 59 % 31 %
Les climatiseurs individuels étant utilisés pour la climatisation pièce par pièce, nous avons défini une
pièce de référence pour chacun des trois secteurs retenus. Les caractéristiques géométriques de ces
dernières sont présentées ci-après ainsi que celles des bâtiments dans leur ensemble. Cette définition
des bâtiments est nécessaire car elle influence les conditions climatiques à l’intérieur des pièces de
référence, notamment lorsque l’on a recours à la ventilation naturelle.
98
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Bureau
Le bureau de référence est un bâtiment de
1008 m², répartis sur deux étages, dont le plan des
zones thermiques est donné Figure 3.1. La surface
vitrée, qui représente 30 % de la surface verticale
totale des parois extérieures, est répartie comme
indiqué dans le Tableau 3.2.
La pièce de référence étudiée est la pièce de
bureau orientée sud-ouest, située au deuxième Figure 3.1. Description géométrique d’un
étage. étage du bâtiment de bureau simulé
Tableau 3.2. Description des zones thermiques formant un étage du bâtiment de bureaux
Zones Surface Volume Surface verticale totale [m²] Surface verticale vitrée [m²]
thermiques [m²] [m³] N S E O N S E O
1-WC 15 40,5 6,8 0 16,2 0 3,8 0 0 0
2-Bureau 90 243 0 40,5 0 16,2 0 22,5 0 0
3-Bureau 201 542.7 110,5 0 0 16,2 30,3 0 0 0
4-Salle de
90 243 0 40,5 16,2 0 0 22,5 0 0
conférence
5-Couloirs 108 291.6 0 16,2 5,4 5,4 0 9,0 0 0
Boutique
En ce qui concerne les commerces, la pièce
étudiée est une boutique modélisée comme une
seule zone thermique. La surface au sol est de
60 m², les parois nord et sud sont en contact avec
l’extérieur, les autres parois étant en contact avec
des zones thermiques aux conditions aux limites
identiques (Figure 3.2). La hauteur sous plafond
est de 3 m et l’unique surface vitrée, positionnée
sur la façade Sud, couvre 15 m².
99
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Tableau 3.4. Description des parois et coefficients de déperdition thermique retenus pour l’étude
U
Description (extérieur – intérieur)
[W/m².K]
Ciment 0,13 m (r=1900 kg/m3 , l=0,58 W/(m.K), cp= 1000 J/(kg.K))
Murs
0,8 Isolant 0,024 m (r=56 kg/m3 , l=0,029 W/(m.K), cp= 1220 J/(kg.K))
extérieurs
Plâtre 0,012m (r=1860 kg/m3 , l=0,72 W/(m.K), cp= 840 J/(kg.K))
Fenêtres 3 Double vitrage 4/8/4
Ciment 0,13 m (r=1900 kg/m3 , l=0,58 W/(m.K), cp= 1000 J/(kg.K))
Toit 0,4 Isolant 0,06 m (r=56 kg/m3 , l=0,029 W/(m.K), cp= 1220 J/(kg.K))
Plâtre 0,012m (r=1860 kg/m3 , l=0,72 W/(m.K), cp= 840 J/(kg.K))
Ciment 0,13 m (r=1900 kg/m3 , l=0,58 W/(m.K), cp= 1000 J/(kg.K))
Sol 0,4 Isolant 0,06 m (r=56 kg/m3 , l=0,029 W/(m.K), cp= 1220 J/(kg.K))
Plâtre 0,012m (r=1860 kg/m3 , l=0,72 W/(m.K), cp= 840 J/(kg.K))
Les scénarios d’occupation et d’utilisation des équipements sont présentés en Annexe 2. Les charges
internes, dont les valeurs maximales sont données dans le Tableau 3.7, proviennent pour l’essentiel
des équipements de bureautique, de l’éclairage artificiel et des occupants. De façon générale, la densité
d’occupation maximale dans la pièce de bureau est de 15 m² par occupant et de 5 m² par occupant pour
la boutique. La chambre de l’appartement est quant à elle occupée par 2 personnes, de 23 h à 7 h. La
chaleur sensible relâchée par chaque occupant est estimée à 105 W et nous n’avons pas intégré de
périodes de vacances (notamment estivales) dans nos scénarios.
100
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Protections solaires
La résidence et le bureau de référence sont équipés 50
101
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Figure 3.6. Relations entre le taux d’ouverture des fenêtres et les températures extérieures et
intérieures déterminée à partir d’enquête de terrain dans des bâtiments français (Moujalled, 2007)
D’autre part, des vitesses d’air trop importantes en période d’occupation peuvent être un frein à
l’utilisation des fenêtres. La norme EN 15251 (CEN, 2007a) recommande par exemple que la vitesse
d’air ne dépasse pas 0,82 m/s afin d’éviter certaines gênes telles que le déplacement d’objets légers.
Des solutions existent pour remédier à cet éventuel problème, Allard (1998) suggère par exemple
l’utilisation de fenêtres pouvant être ouvertes partiellement (plusieurs parties, système oscillo-battant).
Le logiciel d’aéraulique utilisé (TRNFLOW) ne permettant pas le calcul des vitesses d’air à l’intérieur
des bâtiments, une évaluation simplifiée sera réalisée pour vérifier que celles-ci ne sont pas trop
élevées (partie 3.2.1.3).
73
A titre d’illustration, la température de l’air peut être de 2 à 3 °C plus faible que la température opérative lors
d’une journée chaude à l’intérieur de la pièce de bureau climatisée située à Nice.
102
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Climats de référence
Les degrés jour de refroidissement et le rayonnement solaire sont les facteurs climatiques
prépondérants pour évaluer la « sévérité » d’un été. Nous les avons donc calculés pour les villes
représentatives des zones climatiques de la réglementation thermique 2005 en nous reposant sur une
température de non refroidissement de 15 °C.
365 i i
T T
CDD
max
15
min
(3.1)
i 1 2
Avec : Tmax et Tmin : températures maximales et minimales journalières
103
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
notamment, ne peut que reposer sur des années typiques. L’impact d’événements extrêmes pourra
cependant être pris en compte dans l’évolution du taux de pénétration des climatiseurs individuels.
104
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Protections solaires
L’utilisation de protections solaires permet de réduire l’éblouissement (confort visuel) et les apports
solaires extérieurs (confort thermique). Une protection solaire se caractérise principalement par son
facteur solaire et sa transmission lumineuse, déjà présentés pour les vitrages.
Les protections situées à l’extérieure du bâtiment sont les plus efficaces pour lutter contre l’inconfort
d’été car elles empêchent une partie du rayonnement de pénétrer le vitrage. Des exemples de
protections mobiles sont donnés dans le Tableau 3.10 avec des valeurs caractéristiques de facteurs
solaires.
Tableau 3.10. Exemples de protections solaires mobiles et de facteurs solaires typiques (Brown,
2000)
Store vénitien Store écran Store vénitien Store écran
Banne
intérieur intérieur extérieur extérieur
Description
La mise en place de vitrages à faible facteur solaire et de protections solaires sont des actions
d’amélioration du confort d’été applicables dans la majorité des bâtiments français. Nous les
étudierons donc dans le présent chapitre.
Isolation
En France, l’augmentation du niveau d’isolation est une mesure dont l’objectif principal est de réduire
les consommations de chauffage et dont l’impact sur le confort d’été peut être positif ou négatif selon
les types de bâtiments et les climats. C’est pourquoi, nous avons choisi de ne pas considérer cette
solution comme une action d’amélioration du confort d’été, mais comme une tendance inéluctable,
dont l’impact sur le confort d’été doit être étudié.
Inertie
L’inertie du bâtiment permet de stocker temporairement la chaleur en journée, réduisant ainsi
l’élévation de température le jour et l’augmentant la nuit. Lorsque cette chaleur peut être évacuée la
nuit, grâce à la ventilation naturelle par exemple, une inertie importante permet alors de réduire les
besoins de refroidissement et l’inconfort d’été.
Cependant, les moyens d’augmenter l’inertie en rénovation sont très limités. Il s’agit essentiellement
de profiter au maximum de l’inertie existante en évitant par exemple les faux-plafonds ou les
revêtements inutiles. Les matériaux à changement de phase pourraient être une solution mais, comme
l’indique Varga et al. (2007), leur marché est encore instable et leur impact environnemental en termes
de cycle de vie ne fait pas consensus. Dans la suite de l’étude, nous n’étudierons donc pas
l’augmentation de l’inertie des bâtiments.
105
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
électroménagers et les systèmes de cuisson peuvent dans certains cas représenter des sources
importantes d’apports de chaleur dans les bâtiments résidentiels, les apports internes y sont
généralement plus faibles.
La réduction des apports internes sera étudiée par la suite, leur prise en compte devra tenir compte de
la réduction des consommations directes, de la diminution de la climatisation et de l’augmentation du
chauffage.
Ventilation naturelle
La ventilation naturelle consiste à faire entrer, par des fenêtres ou des ouvrants spécifiques, de l’air
extérieur à l’intérieur du bâtiment lorsque la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur
permet le rafraîchissement de ce dernier.
Si la ventilation naturelle est généralement contrôlée automatiquement dans les bâtiments climatisés,
celle-ci est en premier lieu contrôlée par les occupants dans les bâtiments non climatisés. Il reste
cependant possible d’ajouter des ouvrants spécifiques pour permettre une ventilation mieux optimisée
ou de mettre en place un système de ventilation nocturne.
On différencie habituellement la ventilation mono-façade de la ventilation traversante. Dans le premier
cas, la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur est le moteur principal de la ventilation
et les taux de renouvellement d’air sont généralement faibles. Grâce au vent et aux différences de
pression, la ventilation traversante permet quant à elle d’obtenir des débits plus élevés.
Ventilation mécanique
La sur-ventilation mécanique consiste à refroidir un bâtiment en introduisant de l’air extérieur lorsque
celui-ci présente une température inférieure à la température intérieure ; l’utilisation de ventilateurs
permettant alors de garantir un taux minimum de renouvellement d’air quelles que soient les
conditions extérieures. Le potentiel de telles solutions dépend des températures extérieure et intérieure,
de l’inertie du bâtiment, des caractéristiques du ventilateur, de l’environnement du bâtiment…
La sur-ventilation mécanique peut être obtenue en installant un système d’extraction d’air ou en
utilisant le système existant, dimensionné à des fins hygiéniques. Des simulations, effectuées pour des
immeubles de bureaux (Grignon-Massé et al., 2009), ont montré que les résultats obtenus en termes
d’économies d’énergie étaient très limités et très dépendants de l’efficacité du système de ventilation
et des pertes de charge : selon les caractéristiques du système de ventilation existant, les conclusions
changent radicalement, de la surconsommation d’énergie à la réalisation d’économies d’énergie. Etant
donné les incertitudes importantes sur ces données (les connaissances sur les pertes de charge des
systèmes existants sont rares) et le potentiel limité de cette solution, il nous a semblé pertinent de ne
pas aborder la sur-ventilation mécanique effectuée par un système existant.
Au contraire, nous étudierons les systèmes spécifiques de sur-ventilation qui sont supposés
dimensionnés dans ce but et mis en place lorsque les pertes de charges peuvent être faibles.
Ventilateurs de confort
L’efficacité énergétique des ventilateurs de confort a été étudiée en marge de cette thèse. Une analyse
de ces produits ainsi qu’un travail de caractérisation de leur usage en Europe et de leur potentiel
d’amélioration ont notamment été menés (Adnot et al. (2009), Grignon-Massé et al. (2006), Rivière et
al. (2009)).
L’étude de l’efficacité énergétique des ventilateurs de confort reposait sur le choix du débit d’air
comme unité fonctionnelle, une approche qui s’avère ici insuffisante. Le confort dépendant des
vitesses d’air au voisinage du corps, il aurait fallu étudier les profils de vitesse créés par ces appareils
106
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
dans des pièces de référence, ce qui n’a pu être réalisé en détail. De plus, comme discuté au chapitre 2,
l’utilisation de ce type d’appareils est probablement incluse dans les zones de confort adaptatives et
donc déjà prise en compte dans notre évaluation du confort.
Les systèmes d’amélioration du confort d’été par augmentation des vitesses d’air au voisinage des
occupants (ventilateurs de bureaux, ventilateurs de plafond…) ne seront donc pas étudiés par la suite.
107
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
De façon générale, les besoins de chauffage sont plus élevés dans les boutiques, devant les
appartements et les bureaux, alors que les besoins de refroidissement sont plus accentués dans les
bureaux, devant les boutiques et les appartements. Ces écarts s’expliquent par les différences
importantes qui existent en termes de surfaces vitrées, de gains internes et d’infiltrations d’air (Tableau
3.12). Concernant le confort d’été, des charges internes élevées et des surfaces vitrées importantes
favorisent l’augmentation des besoins de refroidissement dans les bureaux et la boutique par rapport à
l’appartement. Cependant, le taux de renouvellement d’air élevé de la boutique contribue quant à lui à
une diminution des besoins de refroidissement (free cooling).
Courbes de charge
Les courbes de charge de la boutique et de l’appartement à Trappes sont présentées respectivement sur
les Figure 3.9 et Figure 3.10. Malgré une dispersion des points importante, une corrélation linéaire
entre les besoins de refroidissement et la température extérieure apparaît dans les deux cas. De l’ordre
de 8 °C pour le bureau et de 13 °C pour l’appartement, la température de non refroidissement est très
faible. De plus, sur les 1423 heures de rafraîchissement dans le bureau de Trappes, la température
extérieure n’est supérieure à 25 °C que pendant 51 heures. Le même phénomène se retrouve dans le
bureau situé à Nice où les heures de refroidissement correspondant à des températures extérieures
supérieures à 25 °C se comptent au nombre de 305 sur un total de 2539.
74
Pour intégrer l’ouverture fréquente de la porte d’entrée (3 m²), nous avons supposé dans nos simulations que
celle-ci était ouverte sur 15 % de sa surface pendant les heures d’occupation.
108
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Ces observations traduisent le fait qu’il n’y a pas de gestion des ouvertures pour introduire de l’air
extérieur (plus frais) à l’intérieur des locaux climatisés et que la ventilation à des fins hygiéniques ne
suffit pas à refroidir significativement un bâtiment. Dans le cas des boutiques et des bureaux, ces
besoins de refroidissement à faibles températures s’expliquent aussi par la quantité importante de
chaleur dégagée par l’éclairage et les équipements de bureautique.
a) b)
Figure 3.9. Courbes de charge pour le bureau (a) et l’appartement (b) situés à Trappes
La Figure 3.10 présente les besoins pour le bureau à Nice, dans le cas où toutes les heures sont prises
en compte (a) et dans le cas où la première heure d’occupation du lundi est exclue (b). Les relances de
climatisation apparaissent clairement sur la Figure 3.10a), elles sont nécessaires pour atteindre la
consigne de température après des périodes de week-end pendant lesquelles aucune stratégie de lutte
contre l’inconfort d’été n’est mise en place. Un dimensionnement de systèmes de climatisation
permettant de satisfaire ces besoins de relance impliquerait un surdimensionnement d’un facteur 2
pour le reste du temps de fonctionnement. En raison du réduit de température, ce phénomène de
relance est nettement moins marqué en période de chauffage.
a) b)
Figure 3.10. Courbe de charge pour le bureau à Nice en considérant toutes les heures d’occupation
(a) en enlevant la première heure d’occupation le lundi (b)
75
Il n’y a pas d’inconfort selon les normes étudiées au chapitre 2.
76
A l’heure actuelle, il n’y a pas de sanction prévue en cas de non-application.
109
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
dans lesquels est installé un système de refroidissement, celui-ci ne doit être mis ou maintenu en
fonctionnement que lorsque la température intérieure des locaux dépasse 26 °C77.
La réalité est cependant généralement différente sur le terrain78. Les Figure 3.11a) et b) présentent
l’impact du choix de la consigne de température sur les besoins de climatisation des bureaux et des
appartements. Dans les bureaux, les besoins s’élèvent d’environ 10 à 15 % lorsque la consigne
diminue de 1 °C ; dans le cas des appartements, cette augmentation est de l’ordre de 40 à 50 %. Aussi,
même si elle ne sera pas étudiée par la suite, l’augmentation des températures de consigne, pouvant
être obtenue en veillant à l’application du décret ou par des campagnes de sensibilisation, permet des
économies d’énergie substantielles.
250 70
60
Trappes Trappes
200
Nice Nice
50
150
40
30
100
20
50
10
0 0
24 °C 25 °C 26 °C 24 °C 25 °C 26 °C
a) b)
Figure 3.11. Impact de la consigne sur les besoins de refroidissement du bureau (a) et de
l’appartement (b)
77
Il n’est pas précisément mentionné s’il s’agit de la température de l’air ou de la température opérative mais
l’utilisation de cette dernière paraît plus vraisemblable dans une approche d’évaluation du confort.
78
A titre d’exemple, les enquêtes de terrain menées par Moujalled (2007) et présentées Figure 3.12 et Figure
3.13montrent que les consignes des trois bâtiments climatisés étudiés sont de l’ordre de 22, 25 et 28 °C.
110
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
L’inconfort estival régnant dans les pièces de référence est important ; de l’ordre de 10 à 25 % des
heures d’occupation sont inconfortables dans les appartements et les bureaux, environ 30 à 50 % le
sont dans le cas des boutiques. Ceci est lié à des situations défavorables (orientation sud-ouest,
positionnement sous la toiture) et à une protection contre l’inconfort estival quasiment inexistante. Ces
cas de référence doivent être considérés comme un point de départ pour l’étude d’améliorations et non
comme représentatifs de l’ensemble du parc français.
Nos résultats sont cependant en accord avec l’étude menée par Feldmann et Schwarzberg (2009) à
partir de simulations en ventilation naturelle d’un bâtiment collectif non rénové (Tableau 3.14). Selon
cette étude, la période d’inconfort dans les logements situés au dernier étage du bâtiment est de l’ordre
de 7 % du temps d’occupation à Trappes et de 50 % à Nice, contre respectivement 12 et 30 % selon
nos résultats.
Tableau 3.14. Fréquence relative (% du temps d’occupation) d’apparition d’une température opérative
de plus de 26 °C dans un bâtiment collectif non rénové (résultats obtenus par simulations) (Feldmann
et Schwarzberg, 2009)
Trappes Agen Nice
RDC pignon 1,6 % 8% 29 %
RDC milieu de façade 1,6 % 8% 31 %
Dernier étage pignon 6,9 % 26 % 48 %
Dernier étage milieu de façade 7,1 % 28 % 50 %
Si l’inconfort de nos pièces de référence peut paraître élevé, des enquêtes menées dans 8 bâtiments de
bureaux situés à Lyon ou à proximité (Moujalled, 2007) ont montré que la réalité n’était pas si
éloignée de nos résultats. La Figure 3.12 agrège les résultats de cette étude et révèle que deux des cinq
bâtiments non climatisés ont des températures moyennes supérieures à 30 °C. De plus, la Figure 3.14,
qui présente les fréquences d’occurrence des températures cumulées par catégorie de bâtiment, indique
que la température opérative dans les bâtiments ventilés naturellement en été est supérieure à 26 °C
pendant plus de 50 % du temps d’occupation. Le constat tiré de ces enquêtes de terrain en matière de
confort est donc pire que nos résultats qui prédisaient des périodes d’inconfort de l’ordre de 15 à 40 %
du temps d’occupation dans les bureaux (Tableau 3.13). Si nos pièces de référence ne sont pas
représentatives de l’ensemble du parc français, elles semblent correspondre, de façon correcte, à la part
du parc susceptible de devenir climatisée.
Figure 3.12. Températures opératives rencontrées en été (les rectangles représentent la médiane et
les premier et troisième quartiles, la croix rouge est la moyenne, les points bleus sont les minimum et
maximum), les bâtiments A, B et T sont climatisés (Moujalled, 2007).
111
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Figure 3.13. Fréquence d’occurrence des températures opératives intérieures – Résultats d’enquêtes
de terrain (Moujalled, 2007)
Vitesses d’air
Comme le montre la Figure 3.14, le taux de renouvellement d’air lié à l’usage des ouvertures des
fenêtres peut atteindre 12 volumes/heure dans les bureaux. Cette valeur peut paraître élevée mais
correspond en fait à des vitesses d’air acceptables.
En effet, selon Graça (2003), qui a développé des modèles79 de prédiction des vitesses d’air dans les
pièces où la ventilation est traversante, la vitesse maximale peut s’écrire comme indiqué par l’équation
(3.2).
q in
(3.2)
max
Ainlet C d
Avec : qin le débit entrant (m3/s), Ainlet, la surface d’entrée et Cd, le coefficient de décharge égal à
0,611.
Dans notre cas, la surface la plus faible est celle de la porte (6 m²) et c’est donc ici que nous
rencontrerons les vitesses les plus élevées. L’utilisation de l’équation (3.2) aboutit pour 12
volumes/heure à une vitesse de 0,22 m/s, valeur inférieure au 0,8 m/s généralement considéré comme
gênant pour une activité de bureau. Nous avons vérifié que les vitesses d’air rencontrées dans les
autres pièces de référence étaient acceptables.
Figure 3.14. Taux de renouvellement d’air lié à l’usage des fenêtres dans la pièce de bureaux non
climatisée en période d’occupation.
79
Basés sur de la CFD et des corrélations expérimentales.
112
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
113
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Bâtiments climatisés
Dans les bâtiments climatisés, une utilisation optimale de la ventilation naturelle nécessite de mettre
en place des stratégies de régulation des ouvertures. Plusieurs études, (Martin et Fletcher, 1996) (Van
Paasen et al., 1998) (Kolokotroni et Aronis, 1999), ont montré qu’il n’y avait que de très faibles
différences de résultats entre des algorithmes de contrôle de complexités hétérogènes. Une attention
particulière doit surtout être portée à l’évitement d’un refroidissement trop important. L’algorithme de
gestion des ouvertures consiste à ouvrir l’intégralité de ces dernières lorsque la température intérieure
est supérieure à 22 °C et que la température extérieure dépasse 12 °C. Il a été vérifié que cet
algorithme n’impliquait pas d’augmentation des consommations de chauffage ou d’inconfort due à des
températures trop faibles.
Dans certaines configurations, la ventilation diurne n’est pas adaptée (zones bruyantes par exemple) et
nous effectuerons donc une différenciation entre une action permettant la ventilation naturelle à tout
moment et une action qui autorise uniquement la ventilation nocturne.
114
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Réduction des apports internes liés à l’éclairage dans les bureaux et boutiques
La puissance d’éclairage installée dépend de nombreux paramètres : le niveau d’éclairement,
l’efficacité lumineuse des sources lumineuses en lumens/watt, le rendement optique du luminaire qui
permet la répartition de la lumière dans l’espace, le niveau de clarté des revêtements intérieurs, la
géométrie des pièces et la disposition des luminaires.
Dans les espaces de bureaux, l’éclairage doit respecter les niveaux de contraintes liés au travail des
occupants. D’un point de vue normatif, l’éclairement moyen préconisé est de 500 lux pour les bureaux
(AFNOR, 1990) et de 300 lux pour le travail sur écran de visualisation (AFNOR, 1987). Plusieurs
travaux (Filfli et al., 2006), (Marchio, 2008), (Sidler, 2005) s’accordent pour dire qu’il est possible
d’atteindre ce niveau de confort visuel avec une puissance installée de l’ordre de 10 W/m², notamment
en utilisant des tubes fluorescents, des luminaires performants ainsi que des ballasts électroniques.
Dans les boutiques cependant, la mise en valeur des produits, la création d’ambiance nécessite des
systèmes plus puissants. Il est supposé que la puissance d’éclairage installée peut être réduite à
10 W/m² dans les bureaux et à 12 W/m² dans la boutique, ceci sans dégrader les conditions de
confort intérieur.
Pour la situation de référence, il a été supposé que chaque occupant (12 m²) était équipé d’un poste de
travail composé d’une unité centrale et d’un écran plat 17’’ (34 W). Il est de plus considéré qu’une
imprimante laser (267 W, valeur moyenne selon l’enquête menée par Sidler (2005)) est partagée par
trois occupants.
A titre d’exemple, un ordinateur portable ne
consomme que 25 W et le remplacement des
postes de travail par ce type d’ordinateur aboutit à
Besoins de refroidissement [kWh/m²]
180
Trappes
une densité d’environ 10 W/m² dans notre cas de 160
Nice
référence. L’utilisation d’une imprimante deux 140
fois plus efficace permet d’atteindre 6 W/m². 120
20
Cependant, une réduction significative des besoins 0
de refroidissement via l’utilisation d’appareils de 15 W/m² 10 W/m² 6 W/m²
115
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
116
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Trappes
120 1200
100 1000
80 800
60 600
40 400
20 200
0 0
Ref. E VN (N) PS VM VN V PS Ref. E VN (N) VM PS (lux) V PS
(lux) (N/D) (ray) (ray)
a) b)
Figure 3.16. Impact des actions prises individuellement sur les besoins (a) et l’inconfort (b)
Protections solaires
La meilleure action individuelle consiste à mettre en place une protection solaire (rayonnement) avec
un gain de l’ordre de 85 % en termes de degrés-heures et de 50 % à 60 % en besoins. Le contrôle
fonction du rayonnement permet de mieux se protéger contre les apports solaires extérieurs, les
protections solaires contrôlées en fonction de la luminosité ne permettent qu’une réduction des besoins
par rapport au cas de référence de l’ordre de 40 - 45 % (environ 20 - 25 % en ce qui concerne les
degrés-heures).
L’utilisation de protections solaires impacte les consommations d’éclairage et de chauffage. Le
Tableau 3.21 présente les résultats pour les pièces de bureaux de référence à Trappes et Nice. Si les
protections solaires contrôlées en fonction de la luminosité n’ont que peu de conséquences sur ces
usages (l’augmentation de 21 % des besoins de chauffage reflète les faibles besoins du cas de
référence), les protections gérées en fonction du rayonnement occasionnent une forte augmentation des
consommations d’éclairage. Cependant, dans les cas étudiés, des économies d’électricité seront
réalisées si l’efficacité saisonnière de l’appareil de climatisation est supérieure à 6,3 pour Trappes et
8,4 pour Nice (l’efficacité d’un climatiseur neuf est de l’ordre de 3 actuellement). De plus, l’impact
des protections sur l’éclairage se réduira avec l’installation de systèmes d’éclairage plus efficace.
Tableau 3.21. Impact de l’usage de protections solaires sur les consommations d’éclairage et les
besoins de chauffage pour le bureau de référence à Trappes et Nice.
Ecran (luminosité) Ecran (rayonnement)
Augmentation des besoins Trappes 7% 0%
de chauffage Nice 21 % 0%
Augmentation des Trappes 1,9 % 23,7 %
consommations d’éclairage Nice 2,3 % 42,7 %
Vitrage
Le vitrage est une solution très performante car dotée d’un facteur solaire faible. Ces gains en termes
de besoins et de réduction d’inconfort sont du même ordre que pour les protections solaires contrôlées
en fonction du rayonnement. D’autre part, cette solution présente également l’avantage de réduire
significativement les besoins de chauffage (de 30 % à Trappes par exemple).
117
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Nice
l'usage des ouvertures [1/h]
0
0 7 14 21 28
Août
Figure 3.17. Taux de renouvellement d’air lié à l’usage des fenêtres dans les bâtiments climatisés.
Nice (2008)
d’électricité. La Figure 3.18 présente l’efficacité 16
118
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
50 200
40 150
30
100
20
50
10
0 0
PS (ray) Pack 2 Pack 1 Pack 3 Pack 4 Pack 6 Pack 5 PS (ray) Pack 2 Pack 1 Pack 3 Pack 4 Pack 6
a) b)
Figure 3.19. Impact des actions prises collectivement sur les besoins (a) et l’inconfort (b)
La mise en place d’un système d’éclairage efficace combiné à une protection solaire contrôlée en
fonction du rayonnement (Pack 1) permet de réduire les besoins de 50 à 70 % et de 85 à 92 % en
confort. Il est donc possible de réduire l’inconfort d’été de façon très significative en mettant en place
une stratégie de réduction des apports internes et extérieurs.
La mise en place de toutes les actions (vitrage, protection, réduction des apports internes) associée à
une ventilation mécanique ou une ventilation naturelle nocturne permet d’atteindre des besoins
inférieurs à 20 kWh/m² à Nice et à 5 kWh/m² à Trappes, ce qui équivaut à une réduction de plus de
90 % par rapport aux pièces de référence. En termes de confort, les degrés-heures se voient réduits de
plus de 95 %.
Trappes
9
monétisation de l’inconfort, cette notion reste Nice
8
cependant difficile à appréhender et, afin de
mieux percevoir la qualité du confort intérieur, la 7
119
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Trappes
Besoins de refroidissement [kWh/m²]
Trappes
10000
80
8000
60
6000
40 4000
2000
20
0
0 Ref. V E Pack VM PS Pack Pack Pack
2 3 1 4
Ref. VM E V Pack 2 PS Pack 1 Pack 3 Pack 4
a) b)
Figure 3.21. Impact des actions prises individuellement et collectivement sur les besoins (a) et
l’inconfort (b)
Besoins de refroidissement
Dans le cas de la boutique, les meilleures actions d’amélioration sont celles qui diminuent le facteur
solaire de la vitrine. La mise en place d’une protection solaire permet ainsi de réduire les besoins de
refroidissement d’environ 50 à 60 %. La réduction des apports internes (éclairage) et la ventilation
mécanique engendrent des gains moins importants, de l’ordre de 20 à 30 %.
La réduction des apports internes associés à une protection solaire (Pack 1) permet de réduire de 70 à
80 % les besoins de refroidissement et d’atteindre des niveaux de l’ordre de 10 kWh/m² à Trappes et
30 kWh/m² à Nice. La mise en place de l’ensemble des actions étudiées fait diminuer les besoins de
refroidissement jusqu’à des niveaux très faibles : 3 kWh/m² à Trappes et 14 kWh/m² à Nice.
Inconfort estival
Pour la boutique, les degrés-heures d’inconfort sont calculés à partir de la température opérative de
26 °C car les moyens d’adaptation sont insuffisants pour pouvoir se baser sur les zones de confort
adaptatives. L’inconfort peut être réduit spectaculairement :
- de 70 à 85 %, en réduisant les apports internes et en installant une protection solaire,
- et de 90 à 95 % en mettant en place toutes les actions.
Attention cependant, il n’est pas possible de respecter le critère de confort excepté en mettant en place
toutes les actions et seulement pour le climat de Trappes.
120
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Nice Nice
Référence Référence
Trappes Apports réduits Apports réduits
Trappes
0 5 10 15 20 25 30 35
0 500 1000 1500
Besoins de refroidissement [kWh/m²]
Degrés-heures d'inconfort [°C.h]
a) b)
Figure 3.22. Influence d’une réduction des apports internes sur les besoins de refroidissement et
l’inconfort de l’appartement
3.2.4.5. Portfolio
Les Tableau 3.22 et Tableau 3.23 décrivent les actions retenues pour les appartements. Tout comme la
ventilation naturelle nocturne, la mise en place de protections solaires peut être considérée comme une
action comportementale. Elle porte alors sur la gestion des volets.
80
Comme nous le verrons par la suite, ces valeurs sont à comparer par exemple aux réductions des besoins et des
degrés-heures de 90 - 95 % obtenus à l’aide de protections solaires par exemple.
121
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
climatisation, de l’ordre de 50 - 70 % en 25
122
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
500 50
450
Trappes (réf. : 345 °C.h)
45
Nice (réf. : 1371 °C.h)
400 Nice (réf. : 1371 °C.h) 40
350 35
300 30
250 25
200 20
150 15
100 10
50 5
0 0
V VN PS Pack 2 Pack 1 Pack 3
a) b)
Figure 3.24. Impact des actions prises individuellement (a) et collectivement(b) sur l’inconfort estival
Afin d’évaluer l’importance que pouvait avoir le comportement des occupants sur le confort d’été, les
besoins de refroidissement et les heures d’inconfort ont été calculés dans le cas où les protections
solaires extérieures étaient baissées uniquement en période d’occupation. Le Tableau 3.25 présente les
résultats obtenus et les compare à ceux engendrés par l’action décrite précédemment (protections
fermées en inoccupation l’été). Il apparaît ici que le comportement des occupants est essentiel pour
réduire l’inconfort estival car des protections solaires uniquement utilisées en période d’occupation ne
permettent que de faibles améliorations par rapport à une gestion optimisée de celles-ci.
Tableau 3.25. Comparaison entre deux modes de gestion des protections solaires
Protection en périodes
Protection en périodes
d’occupation et
d’occupation
d’inoccupation
Besoins [kWh/m²] 1 6,9
Trappes Part d’heures
1 5
inconfortable [%]
Besoins [kWh/m²] 7 22,9
Nice Part d’heures
3 15
inconfortable [%]
123
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
81
Même en été car l’inertie disponible est alors plus importante.
82
Ce phénomène est couramment appelé effet « thermos ».
124
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
70 80
70 Chauffage
60
Refroidissement
60
Besoins [kWh/m²]
Besoins [kWh/m²]
50
50
40
40
30
30
20
20
Chauffage
10
Refroidissement 10
0 0
0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2
Coefficient de déperdition thermique [W/m².K] Coefficient de déperdition thermique [W/m².K]
a) b)
Figure 3.25. Evolution des besoins de chauffage et de refroidissement en fonction du niveau
d’isolation pour le bâtiment de bureau à Trappes, sans mesures d’amélioration du confort d’été (a) et
avec des protections solaires extérieures et une réduction des apports internes (b)
A Nice, où les températures extérieures sont plus élevées et l’effet positif de l’isolation sur le confort
d’été devrait être exacerbé, on retrouve une augmentation des besoins de refroidissement que ce soit
pour le bâtiment de référence (Figure 3.26a)) ou dans le cas où les apports extérieurs et internes ont été
réduits (Figure 3.26b)).
120 60
Chauffage
100 50
Refroidissement
Besoins [kWh/m²]
Besoins [kWh/m²]
80 40
60 30
Chauffage
40 Refroidissement 20
20 10
0 0
0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2
Coefficient de déperdition thermique [W/m².K] Coefficient de déperdition thermique [W/m².K]
a) b)
Figure 3.26. Evolution des besoins de chauffage et de refroidissement en fonction du niveau
d’isolation pour le bâtiment de bureau à Nice, sans mesures d’amélioration du confort d’été (a) et avec
des protections solaires extérieures et une réduction des apports internes (b)
Dans le cas de l’appartement, où les apports thermiques sont plus faibles, le phénomène reste
observable à la fois en besoins et en confort (Figure 3.28a) et b)). Ainsi, l’appartement de référence
125
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
doté de parois de coefficient de déperdition thermique égal à 0,1 (c’est le cas des maisons passives)
serait inconfortable pendant 9,5 % du temps d’occupation à Trappes et pendant 22,5 % à Nice.
90
Chauffage - Nice 2000
60 1400
50 1200
1000
40
800
30
600
20
400
10
200
0 0
0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2
Coefficient de déperdition thermique [W/m².K] Coefficient de déperdition thermique [W/m².K]
a) b)
Figure 3.28. Evolution des besoins de chauffage et de refroidissement en fonction du niveau
d’isolation pour l’appartement de Trappes (a) et Nice (b)
En ce qui concerne l’isolation de la toiture, des simulations ont été effectuées en supposant un
coefficient de déperdition thermique de 0,2 W/m.K. Les résultats obtenus sont présentés Figure 3.29a
pour le bâtiment de bureaux et Figure 3.29b pour l’appartement à la fois dans la configuration de
référence mais aussi lorsque des mesures de réduction des apports de chaleur ont été mises en place. Il
apparaît qu’une meilleure isolation de la toiture augmente les besoins de refroidissement de 5 à 10 %
pour le bâtiment de bureaux et de 10 à 20 % pour l’appartement.
Référence Référence
0 20 40 60 80 100 120 0 10 20 30 40 50 60
a) b)
Figure 3.29. Besoins de refroidissement du bâtiment de bureaux (a) et de l’appartement (b) - Le
coefficient de déperdition thermique de la toiture isolée est de 0,2 W/m.K.
Description technique
Comme expliqué précédemment, un vitrage se caractérise principalement par trois grandeurs : le
facteur solaire, la transmission lumineuse et le coefficient de déperdition thermique.
Il est possible d’adapter le facteur solaire du vitrage au climat et à la nécessité de réduire ou non les
apports solaires. La Figure 3.30a) présente les facteurs solaires et les coefficients de déperdition
thermique pour différents vitrages. Un faible facteur solaire étant obtenu par l’utilisation de couche
faiblement émissive ou d’un traitement réfléchissant qui n’ont pas nécessairement d’effet sur le
coefficient de transfert thermique, il n’existe pas de corrélation entre ces deux caractéristiques. On
peut trouver aujourd’hui des vitrages permettant d’améliorer à la fois le confort d’hiver par des
coefficients de déperdition thermique faibles et le confort d’été grâce à des facteurs solaires faibles eux
aussi.
126
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
80 Double vitrage
Simple vitrage
70
60
Fs (%)
50
40
30
20
10
0
0 1 2 3 4 5 6 7
Ug (W/m²K)
a) b)
Figure 3.30. Facteurs solaires et coefficients de déperdition thermique pour différents vitrages (a)
Facteurs solaires et coefficients de transmission lumineuse pour différents vitrages (b) (Marchio, 2009)
Tableau 3.26. Comparaison de trois types de vitrage sur les besoins du bâtiment de bureaux à
Trappes et ses consommations d’éclairage
Chauffage Refroidissement Eclairage
U FS TL
[kWh/m²] [kWh/m²] [kWh/m²]
Double vitrage 4/8/4 3 0,777 0,727 40,37 45,31 33,68
Double vitrage 4/15/4 1,1 0,609 0,782 18,01 57,4 36,64
Double vitrage 6/16/6 1,09 0,315 0,5 25,99 27,46 38,3
Tableau 3.27. Comparaison de trois types de vitrage sur les besoins de l’appartement à Trappes et
ses consommations d’éclairage
Chauffage Refroidissement Eclairage
U FS TL
[kWh/m²] [kWh/m²] [kWh/m²]
Double vitrage 4/8/4 3 0,777 0,727 64,3 17,9 11,8
Double vitrage 4/15/4 1,1 0,609 0,782 43,3 23,2 12,2
Double vitrage 6/16/6 1,09 0,315 0,5 54,4 7 12,4
127
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Tableau 3.28. Nombre d’heures de surchauffe pour une maison individuelle (approche par simulation)
(Feldmann et Schwarzberg, 2009)
Niveau Nombre d’heures estivales où la température intérieure > 28 °C
d’isolation Belfort Trappes Nice Athènes
RT 2005 284 234 2245 3338
RT 2005 + 470 491 3160 4017
Maison passive 2396 2677 4599 4680
Des travaux de simulation similaires ont mis évidence l’effet néfaste que peut avoir la sur-isolation sur
le confort d’été. Dans des contextes anglais et suédois, Orme et Palmer (2003) montrent que
l’application de réglementions à venir en matière de performance des bâtiments pouvaient entraîner
une augmentation de 16 % des heures de surchauffe (27 °C) dans le cas d’une maison individuelle par
rapport aux pratiques actuelles.
Des études menées sur le terrain débouchent sur des conclusions semblables. Ainsi, Deschaseaux
(2009) rapporte que des mesures effectuées entre le 1er juin 2008 et le 28 août 2008 (période sans
épisode caniculaire) sur une maison HQE de Lyon et un bureau HQE situé à Valence ont montré que
la température opérative y était supérieure à 26 °C pendant, respectivement, 24 % et 25 % du temps.
Les campagnes de mesure menées en 2003 (avant la canicule d’août) à Lyon par Sidler (2004) ont
permis de montrer que les bâtiments très peu consommateurs d’énergie, qu’ils soient neufs ou rénovés,
étaient le siège de surchauffes importantes en été. Les températures moyennes pendant le mois de juin
étaient ainsi comprises entre 29,3 °C et 30,5 °C selon les logements.
128
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
140
80
120
100
60
80
60 40
40
20 20
0
Ref. E VN (N) PS VM VN V PS 0
(lux) (N/D) (ray) PS (ray) Pack 2 Pack 1 Pack 3 Pack 4 Pack 6 Pack 5
a) b)
Figure 3.31. Impact des actions prises individuellement (a) et collectivement (b) sur les besoins de
refroidissement
La Figure 3.32 présente une comparaison entre les résultats obtenus pour les pièces de bureaux de
référence et ceux obtenus pour les pièces rénovées. Lorsqu’aucune stratégie d’amélioration de la
situation d’été n’est entreprise, les besoins de refroidissement augmentent très fortement, de 55 % pour
Trappes à 30 % pour Nice. Cependant, à l’instar des bâtiments non rénovés, il est possible d’atteindre
des niveaux de besoins très faibles en mettant en place une stratégie de réduction des apports de
chaleur associée à de la ventilation. Les besoins de refroidissement atteignent alors des niveaux de
l’ordre de 5 kWh/m² à Trappes et de 20 kWh/m² à Nice (Figure 3.32).
129
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
220
Augmentation de 50 %
180
Pas d'augmentation
160
140
120
100
80
Références
60
Protections solaires (stores ou vitrages)
40
Protections solaires + réduction des apports
internes
20 Protections solaires + réduction des apports
internes + ventilation (mécanique ou naturelle)
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Besoins de refroidissement des pièces de référence [kWh/m²]
Figure 3.32. Comparaison des besoins de refroidissement des pièces de bureaux rénovées à ceux
des pièces de référence
En ce qui concerne la boutique, les résultats obtenus dans les bâtiments rénovés sont similaires à ceux
établis à partir des bâtiments de référence et la hiérarchisation des actions en termes de performance
est notamment identique. Du fait de sa géométrie, l’amplitude des différences entre les besoins des
bâtiments rénovés et ceux des bâtiments de référence est peu élevée. Ils augmentent de 14 % à Trappes
et de 7 % à Nice mais, de même que pour les bureaux, peuvent être réduits à des niveaux de besoins
similaires à ceux des bâtiments non rénovés en mettant en place des stratégies de réduction des apports
de chaleur associées à de la ventilation. Ainsi, les besoins de refroidissement varient de 10 kWh/m²
(Trappes) à 30 kWh/m² (Nice) une fois les apports réduits et de 4 kWh/m² à Trappes à 15 kWh/m² à
Nice si l’on y ajoute de la ventilation mécanique.
En ce qui concerne la résidence, les
Besoins de refroidissement des pièces isolées [kWh/m²]
50
Augmentation de 50 %
résultats obtenus dans les bâtiments
45
rénovés sont similaires à ceux établis Pas d'augmentation
à partir des bâtiments de référence. 40
130
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
le pire des cas (Nice), l’association Part d'heures inconfortables dans les pièces de référence [%]
de la réduction des apports Figure 3.34. Comparaison du pourcentage d’heures
internes, des apports solaires et de inconfortables de la pièce de bureau rénovée à celui de la
la ventilation nocturne permet de pièce de référence
réduire à 3 % les heures
d’occupation inconfortables.
En ce qui concerne la boutique, l’augmentation de l’inconfort est moins importante (de l’ordre de
10 % en termes de degrés-heures) et la mise en place de stratégies d’amélioration du confort d’été
permet de retrouver des conditions de confort similaires à la situation avant rénovation.
La Figure 3.35 présente une comparaison entre les périodes d’inconfort rencontrées dans les pièces
résidentielles de référence, avant et après rénovation. Le nombre d’heures d’inconfort se voit
augmenter d’un facteur 2 environ. Cependant, un comportement adapté (ventilation naturelle,
protections) permet, et ce pour tous les climats, de limiter l’inconfort à moins de 3 % du temps
d’occupation (Figure 3.35).
35
Part d'heures inconfortables dans la pièce rénovée [%]
Augmentation de 100 %
30
Pas d'augmentation
25
20
15
10
Référence
5 Protections solaires
Protections solaires + ventilation naturelle
0
0 5 10 15 20 25 30 35
131
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
3.3.3 Conclusions
Les résultats de simulation présentés dans cette partie montrent que l’isolation renforcée des bâtiments
rénovés peut être à l’origine d’une augmentation de l’inconfort d’été et des besoins de refroidissement.
A titre d’exemple, l’application de réglementations à venir en matière de performance des bâtiments
pourrait entraîner une multiplication par un facteur 2 des heures de surchauffe dans le cas d’une pièce
résidentielle par rapport aux pratiques actuelles.
Des solutions simples permettent cependant de réduire l’inconfort estival à des niveaux acceptables,
du même ordre que dans les bâtiments non rénovés. Si la rénovation de l’enveloppe des bâtiments est
nécessaire dans le but de réduire les consommations de chauffage, le développement des logements à
faible consommation d’énergie doit donc s’accompagner d’une stratégie efficace de lutte contre
l’inconfort estival.
132
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Figure 3.36. Scénarios d’émissions mondiales de GES (CO2, le CH4, le N2O et les gaz fluorés) pour la
période 2000–2100 (en l’absence de politiques climatiques additionnelles) et projections relatives aux
températures en surface (GIEC, 2007)
83
Tous les écarts de température sont calculés par rapport à 1980-1999.
133
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
a) Scénario A2 b) Scénario B1
Figure 3.37. Evolution de la température moyenne (°C) durant les trois mois d’été (juin à août) en
France métropolitaine ; observée (étoiles noires), et simulée par les modèles du CNRM (en rouge) et
de l’IPSL (en vert).
S’il existe une incertitude importante sur la nature des climats à venir et l’amplitude des changements,
ces résultats illustrent comment les effets d’un changement climatique global pourraient se traduire à
l’échelle régionale. La canicule de 2003 pourrait devenir la norme en France dans quelques décennies.
84
Les argiles gonflantes voient leur volume varier avec leur teneur en eau, occasionnant des dommages sur les
constructions, notamment en période de sécheresse.
134
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
6
moyenne mensuelle en 2050 [°C]
Trappes
5
Nice
0
J F M A M J J A S O N D
85
Ce modèle prévoit une augmentation de la température annuelle mondiale de 3,7 °C en 2100 (scénario A2).
86
Le calcul repose sur une température de non refroidissement et de non chauffage de 15 °C.
135
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
équipées de ces solutions, ne peut Part d'heures inconfortables - climat actuel [%]
satisfaire le critère de confort que Figure 3.40. Comparaison entre l’inconfort estival régnant dans
nous avions fixé (part d’heures les pièces de bureaux non rénovées en 2008 et celui obtenu
d’occupation inconfortables sous un climat « 2050 »
inférieure à 3 %).
Dans le secteur résidentiel, la Figure 3.41 présente une comparaison entre l’inconfort estival obtenu
pour un climat actuel et celui provoqué par un climat « 2050 ».
Le nombre d’heures d’inconfort 30
facteur 2
facteur 3 selon les configurations. 25
L’étude des bâtiments de référence Pas d'augmentation
inconfortables se voient par exemple Part d'heures inconfortables - climat actuel [%]
136
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
200
Besoins de refroidissement climat "2050" [kWh/m²]
Augmentation de 50 %
180
Pas d'augmentation
160
140
120
100
80
60 Référence
Figure 3.42. Comparaison entre les besoins de refroidissement des pièces de bureaux
non rénovées en 2008 et ceux obtenus pour un climat « 2050 »
137
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
90
Besoins de chauffage pour le climat "2050"
Bureaux de référence
80 Bureaux isolés
Boutiques de référence
70 Boutiques isolées
Appartements de référence
60 Appartements isolés
[kWh/m²]
50
Réduction de
40 40 %
30
20
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Besoins de chauffage pour un climat actuel [kWh/m²]
Figure 3.44. Comparaison des besoins de chauffage actuels aux besoins issus des simulations
réalisées avec des climats « 2050 »
138
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Achat et installation
Marchio (2009) a établi les coûts d’achat et d’installation des vitrages (menuiserie comprise) à partir
de retours d’appels d’offre. La Figure 3.45 indique les coûts ainsi obtenus pour des vitrages clairs,
sans traitement par une couche réfléchissante permettant de réduire le facteur solaire. Les deux nuages
de points correspondent à deux familles de menuiseries : bois/PVC (en bleu) et aluminium (en rouge).
Le coût de l’installation d’un vitrage sera calculé à l’aide de l’équation (3.4) (Marchio, 2009).
400 700
C 200 50 1 FS S baie (3.4)
U baie 600
Cout menuiserie + vitrage €/m ²
y = 436.06x + 145.29
Le surcoût lié à l’application d’un traitement 300
R2 = 0.9211
réfléchissant est alors de l’ordre de 50 €/m² et 200
dépend du facteur solaire.
100
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2
Re sistance The rmique 1 /Uw
139
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Achat et installation
Dans un contexte français, Marchio (2009) estime le coût d’une protection solaire à 150 € HT par m²
indépendamment de la valeur du facteur solaire, mais ne fournit aucune justification basée sur des
observations de marché. Des exemples de prix d’achat proposés sur des sites Internet de distributeurs
ont été recueillis (Figure 3.46). Les performances des protections étant très rarement précisées, ces
coûts sont directement exprimés en fonction de la surface des protections solaires. Nous négligerons le
coût de la pose qui ne comporte pas de difficulté particulière, les stores verticaux étant notamment à
monter soi-même. Les Figure 3.46 a) et b) montrent que la valeur de 150 €/m² peut être retenue
comme représentative du coût pour les deux types de protections solaires. Le coût de la motorisation
des stores est à ajouter, il est de l’ordre de 200 € HT87 pour un store extérieur vertical et de 300 € HT
pour un store banne.
350 300
Investissement initial HT [€/m²]
100
100
50 50
0 0
1 2 3 4 5 3 8 13 18
Surface de la protection solaire [m²] Surface de la protection solaire [m²]
a) b)
Figure 3.46. Exemples de coûts d’achat de protections solaires verticales (a) et de bannes (b)
87
175 € HT par unité dans (Marchio, 2008), l’enquête sur Internet donne des pris HT compris entre 150 et 420 €.
140
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Investissement
Après étude du marché, Marchio (2009) explique qu’en raison de la dispersion des résultats obtenus,
aucune relation entre le coût d’une installation d’éclairage et sa performance (puissance installée,
efficacité) n’apparaît pertinente. Des paramètres « sans coût » ont en effet une influence significative
sur la puissance de l’installation : le choix de couleurs claires plutôt que de couleurs foncées permet
par exemple de réduire de 20 % la puissance installée. Nous suivrons les recommandations de Marchio
(2009) qui suggère une valeur de 40 € par m² de surface rénovée quelles que soient les performances
de l’installation.
88
Par la suite, nous supposerons que les pièces de bureaux sont équipées de 11 fenêtres (de 2 m² environ).
141
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Trappes 9 Trappes
50 Nice
Coûts d'inconfort [€/m²/an]
Nice
7
40
6
30 5
4
20
3
2
10
1
0 0
Ref. E VN (N) VM PS (lux) V PS (ray) PS (ray) Pack 2 Pack 1 Pack 3 Pack 4 Pack 6
Figure 3.47. Coûts d’inconfort thermique dans les bureaux en fonction des actions ou ensembles
d’actions d’amélioration du confort d’été mises en place.
des mesures d’amélioration du confort d’été le Ref. V E Pack 2 VM PS Pack 3 Pack 1 Pack 4
142
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Le Tableau 3.32 rassemble, pour les différents bâtiments et climats, les coûts d’inconfort des pièces de
référence ainsi que les coûts minimaux pouvant être atteints en appliquant des actions d’amélioration
du confort d’été. Comme l’on pouvait s’y attendre, les coûts d’inconfort sont beaucoup plus élevés
dans l’hypothèse d’un réchauffement climatique, ils sont ainsi multipliés d’un facteur 2 à 5 dans les
bâtiments de référence.
143
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
Cette influence sera encore plus manifeste dans le cas de climats aux étés plus chauds et dans
l’hypothèse d’un réchauffement climatique.
300 300
Coûs d'inconfort sur une Coûts d'investissement (anticipé) HT
période de 12 ans Coûts d'inconfort sur une période de 12 ans
250 250
Coûts d'investissement
(anticipé) HT
200 200
Coûts [€/m²]
Coûts [€]
150 150
100 100
50 50
0 0
0 2 4 6 8 10 12 0 2 4 6 8
Part d'heures inconfortables [%] Part d'heures inconfortables [%]
a) b)
Figure 3.50. Coûts d’inconfort et coûts d’investissement en fonction de la part d’heures d’occupation
inconfortables dans la pièce de bureau (a) et l’appartement (b) à Trappes
Il est d’ores et déjà possible de comparer les coûts et bénéfices de certaines actions appliquées aux
bâtiments non climatisés. Le Tableau 3.33 présente les coûts et bénéfices des actions de mise en place
de la ventilation naturelle nocturne et de protections solaires dans les bureaux par rapport au bâtiment
de référence. Le bilan est positif, justifiant le recours à ces actions, et serait encore meilleur dans le cas
de climats aux étés plus marqués.
Tableau 3.33. Estimation des coûts et bénéfices engendrés par la mise en place des actions de
ventilation naturelle et de protections solaires dans le cas du bureau à Trappes
Coûts d’inconfort Coûts
Bénéfices Coûts
sommés sur 12 d’investissement
[€/m²] [€/m²]
ans [€/m²] [€/m²]
Référence 247 0 - -
Ventilation naturelle 31 54 216 54
Protections solaires 193 17 54 17
Ventilation naturelle +
2 71 245 71
Protections solaires
Les coûts d’inconfort, qui sont du même ordre de grandeur que les coûts d’investissement, auront une
influence significative dans les bilans économiques des solutions d’amélioration du confort d’été. A
titre d’exemple, nous avons montré que la prise en compte des coûts d’inconfort dans la pièce de
bureau non climatisée justifiait économiquement un investissement dans des protections solaires ou
des systèmes de ventilation naturelle nocturne. Tout en restant conscient des incertitudes qui pèsent
sur la monétisation de l’inconfort, il apparaît nécessaire de prendre en compte ces coûts d’inconfort
pour comparer équitablement les différentes options d’amélioration du confort d’été.
3.5.2.3. Ordre de grandeur des coûts d’inconfort sonore dans les bâtiments
non climatisés
Une méthode de monétisation, définie au chapitre 2, relie les coûts d’inconfort sonore aux bruits
provenant de l’environnement extérieur. Nous considérerons ici que cette méthode s’applique aux
bâtiments de référence non climatisés et qu’au contraire, le coût des nuisances sonores est nul dans les
bâtiments climatisés pour lesquels l’ouverture des fenêtres est impossible. Ceci nous permettra
d’estimer le surcoût du recours à la ventilation naturelle en fonction de l’environnement extérieur et
d’évaluer, par la suite, dans quelle mesure l’inconfort sonore peut conduire à choisir une solution de
climatisation.
144
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
La méthode de monétisation appliquée aux pièces de référence aboutit aux résultats présentés dans le
Tableau 2.9. Les coûts d’inconfort sonore varient de 3 €/m²/an à 30 €/m²/an. Ils sont du même ordre
que les coûts d’inconfort thermique, et peuvent avoir un impact significatif dans le cas de bruits
extérieurs importants. Nous verrons au chapitre 5 dans quelle mesure ils peuvent influer sur le choix
d’une climatisation.
Tableau 3.34. Coûts des nuisances sonores dans les bâtiments permettant l’ouverture des fenêtres
Coûts [€/m²/an]
Bruits extérieurs dB(A) Pièce de bureau Pièce de résidence
Bruits minimaux le jour
45 0 0
dans la rue
Rue très tranquille 50 0 0
Rue résidentielle 60 3 4
Circulation importante 70 9 11
Circulation intense 85 17 22
Rue à trafic intense 95 23 30
145
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
89
Un travail similaire a par ailleurs été réalisé dans un contexte européen (Grignon-Massé, Marchio, Da Silva et
al., 2009). Des mesures d’amélioration du confort d’été y sont étudiées pour les climats de Palerme, Lisbonne,
Milan, Paris et Stockholm, à la fois dans les secteurs résidentiel et tertiaire.
146
Chapitre 3 Etude d’actions d’amélioration du confort d’été portant sur l’enveloppe et l’usage du bâtiment
147
148
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
149
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
150
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
151
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
152
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Introduction
Dans ce travail de thèse, nous avons décidé d’étudier séparément, d’une part, les actions portant sur
l’enveloppe et l’usage des bâtiments (chapitre 3), et d’autre part, les appareils de climatisation
(chapitre 4). Les résultats obtenus seront ensuite rassemblés au chapitre 5 dans le but de réaliser une
analyse technico-économique des différentes options permettant d’améliorer le confort d’été.
L’objectif général du présent chapitre est d’évaluer les potentiels d’amélioration des performances
environnementales des climatiseurs individuels, et les surcoûts qui sont associés à ces améliorations.
Pour ce faire, nous avons choisi de nous placer dans une logique de cycle de vie afin de tenir compte
des fuites de frigorigène (usage et fin de vie) qui peuvent représenter une part significative des
émissions de GES.
Afin de réaliser l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) des climatiseurs, nous devons, dans un premier
temps, déterminer la consommation d’électricité des appareils en fonctionnement. Ceci nécessite la
création d’une méthode de caractérisation de l’efficacité énergétique moyenne des appareils, prenant
en compte leur comportement en fonctionnement non nominal. D’autre part, l’étude des appareils de
climatisation étant découplée de l’étude de l’enveloppe et des usages du bâtiment, nous avons décidé
au chapitre 1 que cette méthode devait permettre de calculer les consommations électriques des
climatiseurs à partir des besoins de refroidissement d’un bâtiment (ou de chauffage dans le cas du
mode de fonctionnement réversible).
Une fois ce travail effectué, la réalisation de l’ACV des climatiseurs nous permettra d’évaluer leur
impact en termes de consommations d’énergie et d’émissions de GES. Des voies de réduction de ces
impacts pourront alors être identifiées.
Enfin, nous devrons quantifier les potentiels d’amélioration des performances environnementales des
appareils. Des actions d’amélioration des climatiseurs seront évaluées en termes de réduction des
émissions de GES et de diminution des consommations énergétiques, mais aussi en termes de
surcoûts.
153
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
154
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Figure 4.1. Terminologie adoptée pour décrire les différents modes d’opération des appareils
155
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Toutefois, il existe des résistances dont la puissance fournie est contrôlée en fonction de la température
extérieure, diminuant ainsi la consommation de cet usage.
Les consommations d’énergie en mode « veille active »
En mode « veille active », l’appareil consomme de l’énergie pour alimenter les dispositifs de
commande (minuterie, calculateur…) ainsi que pour le fonctionnement du ventilateur intérieur. Les
consommations d’énergie pour ce mode sont ainsi de l’ordre de 35 à 65 W d’après Rivière et al.
(2009).
Les consommations d’énergie en mode « veille passive »
En mode « veille passive », les climatiseurs consomment de l’électricité pour assurer le
fonctionnement des horloges, des minuteries, des touches, ou pour recevoir des signaux provenant de
télécommandes. Les puissances généralement observées en « veille passive » sont de l’ordre de 0,2 W
à 10 W sans prendre en compte la résistance de carter (MCE, 2006).
Les consommations d’énergie en mode « éteint »
Lorsque l’utilisateur a débranché l’unité intérieure, l’unité extérieure reste quant à elle généralement
branchée et peut consommer de l’énergie (pour le contrôle de la résistance de carter par exemple). Les
puissances généralement rencontrées en mode « éteint » sont de l’ordre de 0 W à 5 W sans prendre en
compte la résistance de carter (MCE, 2006).
90
La puissance totale de refroidissement (ou de chauffage) de l’appareil est déterminée à partir des mesures de la
température et de l’humidité à l’entrée et à la sortie de l’unité, et de la mesure du débit d’air traité.
91
Les deux pièces de la cellule-test simulent les environnements intérieurs et extérieurs. La température et
l’humidité y sont maintenues constantes par des systèmes calibrés sur lesquels des mesures sont effectuées. La
puissance frigorifique (ou calorifique) n’est donc pas mesurée directement : la charge sensible est égale à la
capacité de chauffage (ou de refroidissement) du système de compensation, la charge latente est obtenue par
mesure de la quantité d’eau condensée.
156
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Les puissances calorifiques et frigorifiques, ainsi que la puissance électrique absorbée, sont mesurées à
pleine charge, dans les conditions d’essai standardisées indiquées dans le Tableau 4.1. Les
performances ainsi évaluées sont qualifiées de performances nominales.
Tableau 4.1. Conditions d’essais selon la norme EN 14511 (CEN, 2004) pour les climatiseurs air/air.
Échangeur thermique extérieur Échangeur thermique intérieur
Température Température Température Température
sèche à l’entrée humide à sèche à humide à
[°C] l'entrée [°C] l’entrée [°C] l'entrée [°C]
Mode chauffage 7 6 20 15 max
Mode refroidissement 35 2492 27 19
92
Il n’est pas nécessaire de maintenir la condition de température humide pour les appareils qui n’évaporent pas
les condensats.
157
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
1,5 1,3
Compresseur à piston
1,4 Compresseur à spirale Compresseur à piston
Puissance frigorifique
1,2 Compresseur à spirale
1,3
1,2
EER
1,1
1,1
1 1
0,9
0,8 0,9
15 20 25 30 35 40 15 20 25 30 35 40
Température extérieure [°C] Température extérieure [°C]
a) b)
Figure 4.2. Exemples d’évolution de l’EER (a) et de la puissance frigorifique (b) en fonction de la
température extérieure (température intérieure : 27 °C) et du type de compresseur (Henderson, 2001)
0,9
0,9
COP normalisé
0,8
0,8
0,7
0,7
0,6
0,6 0,5
-15 -10 -5 0 5 -15 -10 -5 0 5
Température extérieure [°C] Température extérieure [°C]
a) b)
Figure 4.3. Exemples d’évolution de COP (a) et de la puissance calorifique (b) en fonction de la
température extérieure pour 4 pompes à chaleur air/air (SP, 2009)
158
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Certains modèles incluent de façon plus précise les pertes dues aux consommations de veille en
ajoutant à l’équation précédente une dégradation hyperbolique de l’EER quand le taux de charge
s’approche de zéro. Henderson et al. (2000) ont par exemple établi l’équation (4.5) décrivant
l’évolution de l’EER en fonction du taux de charge. Cette évolution est tracée Figure 4.4 pour des
coefficients Cd et Cc respectivement égaux à 0,2 et 0,025 (ces valeurs sont représentatives des appareils
actuels équipés de compresseurs fonctionnant en TOR).
EER 1 C d 1 TC TC
(4.5)
EERNom C C TC 1 C C
Avec : EER : EER à charge partielle, EERNom : EER nominal (à pleine charge)
Cd : coefficient de dégradation à charge partielle
Cc : coefficient de dégradation liée aux consommations de veilles (arrêt du compresseur)
TC : taux de charge
93
“Inverter driven compressors”.
159
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
0,8
EER/EERnom
0,6
0,4
0,2
0
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Taux de charge
Figure 4.4. Evolution de l’EER en fonction du taux de charge pour un appareil dont le compresseur
fonctionne en mode Tout Ou Rien (d’après Henderson et al. (2000))
Impact du taux de charge sur les performances dans le cas d’un compresseur fonctionnant à
vitesse variable
Lorsque le compresseur est entraîné par un moteur électrique à vitesse variable, celui-ci fonctionne en
permanence en adaptant sa vitesse, et donc le débit de réfrigérant, aux besoins du bâtiment. Ce mode
de contrôle permet un usage optimisé des composants (compresseur, échangeurs) et une réduction des
consommations d’électricité.
Selon les caractéristiques du compresseur, l’efficacité à charge partielle peut être plus ou moins
améliorée par rapport à l’efficacité à pleine charge. Ainsi, des données fournies par des fabricants
japonais (JRAIA, 2007) sur le comportement de 4 climatiseurs montrent une amélioration de l’EER,
pour un taux de charge de 50 %, comprise entre 32 % et 40 % par rapport à la pleine charge (Tableau
4.2). Cependant, en dessous d’un certain taux de charge, le compresseur ne peut plus s’adapter aux
besoins et doit alors fonctionner en Tout Ou Rien.
Tableau 4.2. EER à 50 % et 100 % de charge pour 4 appareils munis de compresseurs à vitesse
variable (JRAIA, 2007)
Gain d’efficacité à 50 % par
EER50% EER100%
rapport à la pleine charge
Climatiseur A 5,1 3,67 + 39 %
Climatiseur B 5,33 3,8 + 40 %
Climatiseur C 4,45 3,37 + 32 %
Climatiseur D 4,43 3,29 + 35 %
160
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
94
Seasonal energy efficiency ratio.
95
Seasonal coefficient of performance.
96
Qui dépend des conditions climatiques mais aussi des besoins de refroidissement et de chauffage du bâtiment,
du dimensionnement de l’appareil, des usages des occupants…
97
Nous avons vu en Partie 4.1.1.2 que cette norme reposait notamment sur des conditions d’essais à pleine
charge.
161
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
des sensibilités au climat98 qui leurs sont propres, il était nécessaire d’informer l’utilisateur sur les
différences de performance (et de classement des solutions) qui pouvaient résulter des disparités
climatiques. C’est pourquoi, nous avons divisé l’Europe en trois zones climatiques (Europe du Nord,
Europe centrale, Europe du Sud), un indice d’évaluation des performances saisonnières devant être
défini pour chacune de ces zones.
D’autre part, l’objectif de ce travail normatif était de permettre une comparaison des appareils et non
d’approcher leur consommation d’électricité directement à partir des besoins de refroidissement et de
chauffage. Aussi, une fois le travail de définition des indices présenté, il nous faudra vérifier que les
résultats obtenus s’inscrivent parfaitement dans les objectifs de cette thèse en apportant une précision
suffisante sur la consommation électrique des appareils.
Indices de performances saisonnières existants pour les climatiseurs air/air objets de l’étude
Les Etats-Unis et le Japon sont les premiers pays à avoir intégré les performances à charge partielle
dans les normes d’évaluation de l’efficacité énergétique des climatiseurs air/air de petite puissance99.
La norme américaine ARI 210/240 (ARI, 2006) porte sur les appareils non réversibles de puissance
frigorifique inférieure à 19 kW (65000 Btu/h) et les pompes à chaleur réversibles de puissance
calorifique inférieure à 19 kW. La norme japonaise JRA 4043 (JRAIA, 2004a) ne concerne que les
systèmes de type split dont les puissances frigorifique et électrique sont inférieures respectivement à
10 kW et 3 kW.
La consommation d’énergie des climatiseurs air/air dépend des températures intérieures et extérieures,
de l’humidité, et des besoins de refroidissement et de chauffage (taux de charge). Dans ces deux
normes, seules la température extérieure et la charge varient, les autres paramètres restent constants.
Dans le cas du mode refroidissement, les deux normes s’appuient sur une méthode par classes de
température (dite méthode « bin » en Anglais) qui repose sur les trois étapes suivantes :
- La définition de classes de température extérieures (par exemple des intervalles de 4 °F pour
la norme ARI 210/240 - Figure 4.6b)).
- La détermination d’une courbe de charge de référence, c’est à dire l’association à chacune des
classes précédentes, les besoins de refroidissement d’un bâtiment de référence. Dans ces deux
normes, les courbes de charges utilisées sont des droites. Une hypothèse de dimensionnement
permet ensuite d’exprimer les besoins du bâtiment en pourcentage de la puissance frigorifique
nominale100. La Figure 4.6a) est donnée à titre d’exemple, elle présente la courbe retenue dans
la norme américaine ARI 210/240 (l’hypothèse de dimensionnement est ici que la puissance
frigorifique de l’appareil à 35 °C (95 °F) est égale à 110 % des besoins du bâtiment à cette
même température).
- La définition d’un climat de référence, c’est à dire la répartition d’occurrence annuelle des
classes de température (en heures par exemple) sur la saison. Connaissant la courbe de charge
du bâtiment, ce climat de référence peut aussi être exprimé sous la forme d’une distribution
des besoins de refroidissement pour chaque intervalle de température (Figure 4.6b)).
98
De façon directe comme pour les pompes à chaleur ou les panneaux solaires ou de façon indirecte comme pour
les chaudières qui sont sensibles à la charge.
99
La Corée et la Chine firent de même par la suite, les normes de ces deux pays ne sont pas présentées ici.
100
C’est à dire dans les conditions standardisées, à pleine charge et à 35 °C.
162
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Besoins de refroidissement
[% des besoins annuels]
100% 20
80%
15
60%
10
40%
5
20%
0
0% [67- [70- [75- [80- [85- [90- [95- [100-
60 70 80 90 100 69] 74] 79] 84] 89] 94] 99] 104]
a) b)
Figure 4.6. Hypothèses fondatrices de la norme ARI (a) Taux de charge auquel fonctionne l’appareil
en fonction de la température extérieure (b) Répartition des besoins de refroidissement en fonction de
la température extérieure
Dans le cas du mode chauffage, les deux normes utilisent également des méthodes par classe de
température. Celles-ci ne révèlent pas de différence significative avec ce qui a été décrit pour le mode
refroidissement et ne sont donc pas présentées en détail dans cette partie. On se référera à (Rivière et
Grignon-Massé, 2008) pour une comparaison des différents indices de performances saisonnières
existant en mode chauffage.
101
Les performances peuvent être mesurées ou calculés à l’aide de modèle simplifié et de mesures.
102
Il existe aussi des méthodes normatives d’évaluation des performances saisonnières pour les chaudières telles
que la méthode SEDBUK au Royaume Uni.
103
Ainsi, une très grande majorité des constructeurs doivent le mentionner lors de la vente de leurs produits.
104
Integrated Part Load Value.
163
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
extérieures et à différentes charges (équation (4.8))105. Comme pour les deux normes précédemment
présentées, il repose sur une méthode par classes de température. Les coefficients de pondération ainsi
que les conditions d’essais (Tableau 4.3) sont supposés représentatifs des conditions d’opérations
moyennes de ces appareils en Europe.
ESEER 0,03 EER A 0,33 EERB 0,41 EERC 0,23 EERD (4.8)
Avec EERx l’EER mesuré pour les conditions d’essais données dans le Tableau 4.3 (EERA est donc
l’EER nominal).
105
Cette formule est mathématiquement inexacte. Comme l’a montré Hitchin (2006), l’ESEER devrait s’écrire
comme une moyenne harmonique et non pas arithmétique. En termes de résultat, la différence entre les deux
formules reste cependant assez faible.
164
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Le SEER de l’appareil en mode « actif » s’écrit alors comme indiqué par l’équation (4.12).
N
ni Bi
SEERactif
i 1 (4.12)
N
ni Bi
i 1 EERi
De façon similaire, le SCOP de l’appareil en mode « actif » se calcule à partir de l’équation (4.13).
N
ni Bi
i 1 (4.13)
SCOPactif N
ni Bi
i 1 COPi
Avec : ni : occurrence de la classe de température i (h)
Bi : besoin de chauffage associé à la classe de température i
COPi : COP associé à la classe de température i
N : le nombre de classes de température
106
La température d’arrêt de fonctionnement peut par exemple varier de 0 °C à - 10 °C selon les appareils.
165
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
de chauffage dans son ensemble (pompe à chaleur et appoint) n’est jamais sous-dimensionné. Le choix
d’un appoint résistif repose sur le fait qu’une très grande part des appareils vendus aujourd’hui sont
munis d’une résistance électrique pour suppléer la pompe à chaleur. D’autre part, pour une question de
lisibilité, il était opportun de ne garder qu’une seule énergie d’appoint qui n’obligeait pas à raisonner
en énergie primaire.
Ainsi, lorsque pour une classe de température donnée (i), la puissance calorifique de la pompe à
chaleur (PCi) est inférieure aux besoins du bâtiment (Bi), la puissance électrique consommée par le
chauffage d’appoint (PRi) s’écrit comme la différence entre ces deux puissances (équation (4.14)).
PR B i PC si Bi P C
i i i
(4.14)
PR 0
i
si Bi P C i
Avec la prise en compte du chauffage d’appoint, l’indice de performances saisonnières en mode actif
(équation (4.13)) devient alors :
N
ni B i
i 1
SCOPactif (4.15)
N
Bi P A
ni i
PA
i 1 COP i i
BR BR
saison saison
SEER (4.16)
C actif C veilles BR
saison saison saison
hva Pva hvp P vp h e Pe hrc P rc
SEERactif
BC
saison
SCOP (4.17)
BC
saison
hva Pva hvp Pvp h e Pe hrc P rc
SCOP actif
Avec : ∑B
saison
R , ∑C
saison
actif et ∑C
saison
veilles respectivement les besoins de refroidissement sur la saison, la
166
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
La Figure 4.8 est donnée à titre d’exemple pour un bureau neuf situé à Milan. Une corrélation linéaire
entre les besoins de refroidissement et la température extérieure apparaît mais la dispersion des points
est importante. La température de non refroidissement est d’environ 15 °C (de 12 °C à 20 °C selon le
bâtiment et le climat). Cette température assez faible traduit le fait qu’il n’y a généralement pas de
gestion des ouvertures pour introduire de l’air extérieur (plus frais) à l’intérieur des locaux climatisés
et que la ventilation à des fins hygiéniques ne suffit pas à refroidir significativement un bâtiment.
En chauffage, deux nuages de points peuvent être discernés (Figure 4.8), l’un correspond aux besoins
lors des périodes d’occupation, l’autre aux besoins lors des périodes d’inoccupation pendant lesquelles
la température de consigne est abaissée (et les besoins de chauffage réduits). Malgré une dispersion
des points importante, ces deux nuages font chacun ressortir l’existence d’une corrélation linéaire
entre les besoins de chauffage et la température extérieure.
En mode chauffage, la valeur de 16 °C sera également retenue comme température de non chauffage.
En outre, nous avons supposé que la température de dimensionnement était de -7 °C pour l’Europe
centrale, 2 °C pour l’Europe du Sud et –7 °C pour l’Europe du Nord. La courbe de besoins de
référence est alors une droite reliant ces deux points comme indiqué par l’équation (4.19).
T j 16
Bj P (4.19)
T dim 16 dim
Avec : Bj est le besoin de chauffage du bâtiment à la température Tj,
Tj =j-31 pour 1 ≤ j ≤ 46,
Pdim puissance calorifique maximale pouvant être fournie par l’appareil à la température
extérieure Tdim,
Tdim la température de dimensionnement (qui dépend de la zone climatique).
107
L’appareil est donc dimensionné parfaitement pour maintenir la consigne lorsque la température extérieure est
inférieure à 35 °C.
167
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
14
Climat de référence
12
Athènes
Besoins de refroidissement
Milan
[% des besoins annuels]
10 Helsinki
0
16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40
Figure 4.9. Répartition des besoins de refroidissement en fonction de la température extérieure pour 3
climats européens et pour le climat de référence
168
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Tableau 4.5. Climats retenus pour l’évaluation des performances en mode chauffage
Occurrence [h]
Températures
Classe de température Athènes Strasbourg Helsinki
extérieures [°C]
De 1 à 8 De -30 à -23 0 0 0
9 -22 0 0 1
10 -21 0 0 6
11 -20 0 0 13
12 -19 0 0 17
13 -18 0 0 19
14 -17 0 0 26
15 -16 0 0 39
16 -15 0 0 41
17 -14 0 0 35
18 -13 0 0 52
19 -12 0 0 37
20 -11 0 0 41
21 -10 0 1 43
22 -9 0 25 54
23 -8 0 23 90
24 -7 0 24 125
25 -6 0 27 169
26 -5 0 68 195
27 -4 0 91 278
28 -3 0 89 306
29 -2 0 165 454
30 -1 0 173 385
31 0 0 240 490
32 1 0 280 533
33 2 3 320 380
34 3 22 357 228
35 4 63 356 261
36 5 63 303 279
37 6 175 330 229
38 7 162 326 269
39 8 259 348 233
40 9 360 335 230
41 10 428 315 243
42 11 430 215 191
43 12 503 169 146
44 13 444 151 150
45 14 384 105 97
46 15 294 74 61
169
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
108
La résistance de carter est présentée en Partie 4.1.1.1.
170
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Tableau 4.8. Nombres d’heures d’opération des modes « veille » et «éteint », ainsi que de la
résistance de carter en fonction des différents climats
Nombre d’heures d’opération [h]
Modes Heures concernées Climat
Athènes Strasbourg Helsinki
moyen
Pendant la saison de fonctionnement
Veille
Consigne de température 221 755 179 131
active
Pas de besoins frigorifique ou calorifique
Veille Pendant la saison de fonctionnement
2142 0 0 0
passive Pas de consigne de température
Eteint En dehors de la saison de fonctionnement 5088 2189 3672 4345
Résistance Pendant la saison de fonctionnement
350 2944 3851 4476
de carter Température inférieure à 16 °C
En ce qui concerne les besoins annuels de refroidissement et de chauffage, ils sont exprimés en
fonction d’un nombre d’heures équivalent à un fonctionnement à puissance nominale pour le
refroidissement (équation (4.20)) et d’un nombre d’heures équivalent à un fonctionnement à la
puissance de dimensionnement pour le chauffage (équation (4.21)).
Avec : ∑B
saison
R , les besoins de refroidissement sur la saison,
Avec : ∑B
saison
C , les besoins de chauffage sur la saison,
Pdim, la puissance calorifique maximale pouvant être fournie par l’appareil à la température de
dimensionnement Tdim, qui dépend de la zone climatique.
Afin d’apprécier en quoi la prise en compte des différents modes d’opération peut impacter l’efficacité
saisonnière (et donc le bilan de l’ACV), cette dernière a été calculée pour un climatiseur de puissance
nominale 6 kW dans le cas où les puissances électriques consommées pour les modes « veille » et
«éteint », ainsi que pour la résistance de carter seraient faibles et dans le cas où ces dernières seraient
élevées (Tableau 4.9). Les valeurs de puissances électriques retenues proviennent de la partie 4.1.1.1
(et notamment de l’étude (MCE, 2006)).
Tableau 4.9. Hypothèses de puissances électriques consommées pour les modes « veille » et
«éteint », ainsi que pour la résistance de carter
Veille active Veille passive Eteint Résistance de carter
Puissances
65 10 5 60
« élevées » [W]
Puissances
35 0,2 0 30
« faibles » [W]
171
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
modes d'opération
est déjà de 8 % environ.
De plus, la différence entre SEER et SEERactif
3
peut s’avérer importante. Dans le cas le moins
efficient, le SEER n’est que de 2,68 lorsque le
SEERactif est de 3, soit une différence de l’ordre 2
de 10 %.
Selon ces résultats, il est important de prendre en
1
compte tous les modes d’opération des appareils 1 2 3 4 5
pour estimer au plus près leur efficacité réelle. SEER en mode actif
L’amélioration des performances dans des modes
autres que le mode actif, peut être à l’origine Figure 4.10. Comparaison SEER/SEERactif pour les
d’économies d’énergie significatives. valeurs de consommations du Tableau 4.9
172
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Tableau 4.11. Comparaison entre l’électricité consommée par l’appareil calculée à partir de l’indice
SEER et celle calculée à partir des simulations (dimensionnement parfait)
Etant donne l’incertitude qui pèse sur les pratiques de dimensionnement, nous effectuons les calculs
précédents en supposant que l’appareil est surdimensionné de 30 % (Tableau 4.12). Avec le modèle de
climatiseur utilisé ici, le surdimensionnement de 30 % implique une détérioration de l’efficacité
saisonnière de l’ordre de 5 % (cependant, notre indice SEER reste lui inchangé). Le Tableau 4.12
présente la différence entre la consommation électrique du climatiseur obtenue à partir de l’indice
SEER et celle calculée à partir des simulations. Selon les climats et les bâtiments, la différence se situe
entre 2,2 % et 8,4 %, ce qui reste tout à fait acceptable au regard des incertitudes qui pèsent sur la
simulation des bâtiments109.
Tableau 4.12. Comparaison entre l’électricité consommée par l’appareil calculée à partir de l’indice
SEER et celle calculée à partir des simulations (surdimensionnement de 30 %)
Un travail similaire a été réalisé en mode chauffage en supposant que l’appareil permettait, sans
appoint, de pourvoir à tous les besoins. Selon les climats et les bâtiments, la différence entre la
consommation électrique du climatiseur calculée à partir de l’indice SCOP, et celle obtenue à partir
des simulations, se situe entre - 6 % et 8 %, ce qui reste acceptable au regard des incertitudes qui
pèsent sur la simulation des bâtiments.
109
Comportement des usagers, variance des modèles, différences très importantes entre les bâtiments du parc…
173
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
0,9
Ratio puissance
0,8
0,7
Figure 4.11. Ratio entre la puissance sensible et la puissance totale pour différents jeux de
températures intérieures et extérieures
Cependant, la part de puissance latente est fortement réduite lorsque le climatiseur fonctionne à charge
partielle (l’essentiel de la saison). Ceci s’explique notamment par :
- le fonctionnement du ventilateur de l’unité intérieure pendant les phase d’arrêt pour les
appareils contrôlés en mode tout-ou-rien (Henderson et al., 2007),
- l’augmentation de la température d’évaporation pour les climatiseurs fonctionnant à vitesse
variable (Rivière et al., 2009).
Selon ces sources et pour les deux types de contrôle, la charge latente extraite peut être estimée à
quelques pourcents de la charge totale de refroidissement dans nos climats tempérés. Nous avons alors
considéré que les charges latentes pouvaient être négligées.
110
De la vapeur d’eau se condense sur la batterie en cédant ses calories à l’échangeur intérieur.
111
Différence de température entre l’air repris par l’unité intérieure et l’air soufflé.
174
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Données utilisées
Le catalogue Eurovent a été utilisé pour ce travail de définition des appareils de référence car il
contient l’ensemble des appareils produits par plus de 70 % des fabricants actuels de climatiseurs.
L’organisme Eurovent-Certification112 certifie les performances de produits de climatisation et de
réfrigération, en accord avec les normes européennes et internationales. En choisissant de participer au
programme Eurovent-Certification, les fabricants sont tenus de soumettre à certification tous leurs
modèles inclus dans le domaine d'application, ceux-ci pouvant alors être testés de façon indépendante.
112
C’est une branche d’Eurovent/Cecomaf, l’Association Européenne de Fabricants d'Equipement de
Conditionnement d'Air et de Réfrigération, qui couvre une grande partie des produits objets de notre étude.
175
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
113
Le marché japonais est aujourd’hui un marché mature, très important en volume (de l’ordre de 7 millions de
climatiseurs individuels vendus par an, deux fois plus qu’en Europe), où se vendent des appareils de même type
que ceux recherchés en Europe. Aussi, n’est-il pas étonnant de retrouver, sur le marché européen, certaines
caractéristiques propres au marché japonais et notamment une part importante d’appareils de petites puissances
(ce qui s’explique notamment par les faibles surfaces des habitations japonaises).
176
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
- mode refroidissement : de la classe G (EER ≤ 2,2) à A9+ (5 < EER ≤ 5,2) avec un intervalle
de 0,2 pour chaque classe,
- mode chauffage : de la classe G (COP ≤ 2,4) à A8+ (5 < COP ≤ 5,2) avec un intervalle de 0,2
pour chaque classe.
450 300
2006
400
Number of units in Eurovent directories
2002 2006
250
300 200
250
150
200
150 100
100
50
50
0 0
A9+ A8+ A7+ A6+ A5+ A4+ A3+ A2+ A+ A B C D E F G
A8+ A7+ A6+ A5+ A4+ A3+ A2+ A+ A B C D E F G
European EER labelling classes European COP labelling classes
a) b)
Figure 4.12. Nombre d’unités listées dans (Eurovent, 2006a) par classe d’efficacité énergétique en
mode refroidissement (a) et en mode chauffage (b)
Seuls les appareils de petites puissances ont été pris en compte (puissance frigorifique inférieure à
6 kW). Il apparaît que l’appareil de référence appartient à la classe B en mode refroidissement et se
situe donc au centre de la distribution puisque environ 43 % des unités sont plus performantes et 43 %
le sont moins. Les meilleurs produits sont de classe A9+, ce qui signifie qu’il existait sur le marché en
2006 des produits 1,65 fois plus performants que notre appareil de référence en termes d’EER.
En mode chauffage, l’appareil de référence appartient à la classe B et se situe donc au centre de la
distribution puisque environ 40 % des unités sont plus efficaces et 45 % le sont moins. Les meilleurs
produits sont de classe A8+, ce qui signifie qu’il existait sur le marché en 2006 des produits 1,6 fois
plus performants en matière de COP.
Concernant l’appareil de référence non réversible, un travail similaire a été effectué (Figure 4.13).
Des classes supplémentaires ont été ajoutées à 250
celles actuellement utilisées en Europe afin de 2006
Number of units in Eurovent directories
signifie qu’il existait sur le marché en 2006 des European EER labelling classes
Le cas de référence réversible est plus efficace que le cas non réversible (en termes d’EER). Ceci
s’explique en partie par le fait que les fabricants mettent aujourd’hui l’accent sur le développement des
177
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
premiers. Ainsi, en 2004, l’ADEME (2004) mentionnait que certains industriels se lançaient d’ores et
déjà dans la production d’appareils réversibles en stoppant celle d’appareils de « refroidissement
seul ».
Tableau 4.14. Inventaire des matériaux contenus dans les deux appareils de référence
Poids [g]
Matériaux composants
Appareil de référence Appareil de référence
les produits
non réversible (3,5 kW) réversible (3,5 kW)
Plastiques 8601,2 8601,2
Métaux ferreux 19821,9 19821,9
Métaux non-ferreux 10516,3 11016,3
Electronique 1461,5 1461,5
Autres matériaux divers 5053,3 5053,3
Durée de vie
Dans notre cas, la durée de vie est la période pendant laquelle l’appareil fonctionne et consomme de
l’énergie. Celle-ci dépend de nombreux facteurs et notamment de la localisation : les climats marins
(corrosion) ou les climats chauds (nombre d’heures de fonctionnement élevé) contribueront par
exemple à réduire la durée de vie des appareils.
Le Tableau 4.15 présente une comparaison des durées Tableau 4.15. Durées de vie des
de vie des climatiseurs de type Split selon différentes climatiseurs de type Split
sources. Ces valeurs sont comprises entre 10 et 16 ans, Durées de vie
une durée de vie de 12 ans est finalement retenue pour Sources
[années]
la suite de notre étude. (Energy Star, 2007) 10
(MEDAD, 2009) 16
(Adnot et al., 1999) 12,5
(JRAIA, 2004b) 12
178
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Consommation d’électricité
Afin d’évaluer les consommations d’électricité de nos climatiseurs de référence, nous avons utilisé les
résultats de simulations obtenus au chapitre 3 (besoins de refroidissement et de chauffage au pas de
temps horaire et par unité de surface) pour les pièces de référence (sans action d’amélioration du
confort d’été). Les puissances frigorifiques et calorifiques des deux climatiseurs de référence étant
connues (Tableau 4.13), nous pouvons estimer les surfaces climatisées et chauffées par chacun des
appareil en supposant un dimensionnement parfait des appareils. Dès lors, connaissant les besoins
unitaires de refroidissement et de chauffage ainsi que les efficacités saisonnières des appareils de
référence, il devient possible de calculer la consommation d’électricité annuelle de ces derniers
(Tableau 4.16).
Les consommations électriques varient de 98 kWh/an (appartement à Trappes) à 1238 kWh/an (bureau
à Nice) pour l’appareil non réversible, et de 388 kWh/an (appartement à Nice) à 1208 kWh/an (bureau
à Nice) pour l’appareil réversible. Les valeurs moyennes de 632 kWh/an et 845 kWh/an sont retenues
pour la suite de l’ACV mais des analyses de sensibilité seront réalisées.
Tableau 4.16. Consommation électrique des appareils de référence pour différents bâtiments
Consommation
électrique [kWh/an]
Cas non Cas
réversible réversible
Bureau 627 782
Trappes Boutique 602 962
Résidence 98 651
Bureau 1238 1208
Nice Boutique 961 1079
Résidence 264 388
Moyenne 632 845
L’outil d’ACV utilisé a été conçu dans un contexte européen et le contenu carbone du kilowattheure
électrique consommé correspond à la moyenne du mix européen, soit 460 g de CO2-eq. Une sensibilité
pourra être effectuée en prenant en compte les émissions du mix électrique français évaluées à environ
90 g de CO2-eq par kilowattheure consommé.
179
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Figure 4.14. Impact des fuites de réfrigérants sur l’EER (Bory, 2008)
La directive DEEE
La Directive européenne sur les Déchets d'Equipements Electriques et Electroniques (DEEE) a été
adoptée le 13 février 2003 (CE, 2003). Cette directive a pour objectif de limiter les impacts
environnementaux des déchets d'équipements électriques et électroniques en promouvant leur
réutilisation, leur recyclage et les autres formes de valorisation de ces déchets, de manière à réduire la
quantité de déchets à éliminer. Elle vise aussi à améliorer les performances environnementales de tous
les opérateurs concernés au cours du cycle de vie des équipements électriques et électroniques, tels
que les producteurs, les distributeurs et les consommateurs, et en particulier les opérateurs qui sont
directement concernés par le traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques.
Des objectifs sont mentionnés dans cette directive pour différentes catégories d’appareils. Les
équipements de climatisation sont contenus dans la catégorie « Gros appareils ménagers » pour
laquelle le taux de valorisation est porté à 80 % en poids moyen par appareil et celui de réutilisation et
de recyclage des composants, des matières et des substances à 75 %.
114
Le travail a porté sur un climatiseur représentatif du stock existant fonctionnant au R22. Aucune source
supplémentaire n’a été trouvée sur les pertes de performance des climatiseurs individuels.
180
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Cette directive aborde aussi la gestion des fluides frigorigènes en fin de vie. Il est en effet mentionné
dans l’annexe II que :
- les chlorofluorocarbones (CFC), les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) et les
hydrofluorocarbones (HFC) font partie des substances, préparations et composants qui doivent
au minimum être retirés de tout déchet d'équipements électriques et électroniques faisant
l'objet d'une collecte sélective,
- les gaz préjudiciables à la couche d'ozone ou présentant un potentiel global de réchauffement
climatique (GWP) supérieur à 15 doivent être enlevés et traités selon une méthode adaptée.
La Directive F-gas
La directive européenne 2006/842/EC (CE, 2006), dite F-Gas, concerne la limitation des fuites de
fluides frigorigènes et l'interdiction progressive de l'utilisation de certains (mais pas ceux actuellement
utilisés en climatisation individuelle) dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elle
exige que des mesures de récupération des gaz à effet de serre par du personnel certifié soient mises en
place afin d’en assurer le recyclage, la régénération ou la destruction.
181
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Appareil réversible
Appareil non
réversible
Figure 4.15. Consommation d’énergie primaire au cours des différentes phases du cycle de vie des
appareils de référence
Appareil réversible
Appareil non
réversible
Figure 4.16. Emissions de CO2-eq au cours des différentes phases du cycle de vie des appareils de
référence
En ce qui concerne les émissions de GES et les consommations d’énergie primaire, ces résultats
montrent que les phases de production, de distribution et de fin de vie n’ont que peu d’impact sur le
bilan global.
Ainsi, la phase d’utilisation représente à elle seule environ 95 % de la consommation totale d’énergie
primaire sur le cycle de vie. Ceci est en accord avec d’autres études telles que celle réalisée par le
CETIM et le CETIAT (Barnabé, 2003) qui concluait que l’énergie consommée en phase d’utilisation
représentait 97,6 % de l’énergie totale.
Concernant les émissions de CO2-eq, la phase d’usage reste prépondérante avec environ 92 % des
émissions totales. Plus précisément, la consommation d’électricité compte pour environ 81 % des
émissions totales sur le cycle de vie, les fuites de fluide frigorigène pour environ 11 %. Attention, ces
résultats reposent sur l’hypothèse optimiste d’un taux de récupération des fluides en fin de vie de 95 %
(respect de la Directive F-gas).
182
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Tableau 4.18. Influence des différents scénarios de gestion des déchets sur les émissions de CO2-eq
et la consommation d’énergie par rapport au scénario de référence
Cas de référence non réversible Cas de référence réversible
Scénario 1 Scénario 2 Scénario 1 Scénario 2
Emissions CO2-eq + 4,3 % - 0,3 % + 3,3 % - 0,2 %
Consommation
+ 2,9 % - 0,5 % + 2,3 % - 0,3 %
d’énergie primaire
Dans le cas des fluides frigorigènes, le scénario de référence suppose que 95 %115 des fluides sont
récupérés en fin de vie mais il est fort probable que la situation actuelle soit moins efficiente, avec par
exemple, un taux de récupération de seulement 10 % selon l’ADEME (2007). La Figure 4.17
représente les émissions de CO2-eq en fonction des hypothèses de taux de récupération des fluides en
fin de vie pour les deux cas de référence. Si le taux de récupération des fluides n’est que de 10 %, les
émissions totales de GES augmentent alors d’environ 25 % pour les deux appareils de référence. Les
pertes de fluide, en fin de vie du climatiseur, comptent alors pour 20 % des émissions totales sur le
cycle de vie. Ces derniers résultats sont en accord avec une étude menée au Japon par Yokota et al.
(2003) qui concluaient qu’en cas de non récupération des fluides, environ 75 % des émissions de GES
provenaient de la phase d’usage et 25 % de celle de fin de vie.
L’amélioration du taux de récupération des fluides en fin de vie apparaît donc comme une mesure
pouvant réduire significativement les émissions de GES liées à la climatisation individuelle. Cette
mesure sera étudiée sous l’angle Coût-Bénéfice dans la suite de l’étude.
Appareil réversible
Récupération 10 %
Appareil réversible
Récupération 95 %
Production
Appareil non réversible Distribution
Récupération 10 % Utilisation
Fuites de fluide
Appareil non réversible Fin de vie
Récupération 95 % Pertes de fluide
115
Par rapport à la quantité de fluide contenue dans l’appareil en fin de vie.
183
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Référence (réversible)
Nice - Appartement
(réversible)
Nice - Bureau
(refroidissement)
Référence (refroidissement)
Trappes - Appartement
(refroidissement)
Figure 4.18. Consommation d’énergie primaire des climatiseurs de référence pour différents bâtiments
et différents climats
Référence (réversible)
Nice - Appartement
(réversible)
Nice - Bureau
(refroidissement)
Référence (refroidissement)
Trappes - Appartement
(refroidissement)
Figure 4.19. Emissions de CO2-eq des climatiseurs de référence pour différents bâtiments et différents
climats
184
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
CO2-eq par kilowattheure consommé). 0 1000 2000 3000 4000 5000 6000
185
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
186
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
116
Par la suite, nous supposons que les prix hors taxes sont égaux à 80 % des prix TTC des produits.
187
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
SEER
Les indices de performances 3
saisonnières sont ainsi calculés pour
chacune des options. La Figure 4.21 2,5
présente les résultats pour l’appareil
non réversible.
2
Les options permettant les gains les
INV AC
INV DC
Ref.
HE0
HE1
HE2
HE3
HE4
HE5
TXV
CP1
Sb
CP2
CP3
EXV
ALL DC
plus importants sont celles qui
consistent à améliorer le contrôle du Figure 4.21. Impact des options d’amélioration sur le SEER
compresseur et à augmenter les de l’appareil de référence non réversible
surfaces des échangeurs.
270
230
190
150
2 3 4 5 6 7 8
SEER
Figure 4.22. Prix d’achat Hors Taxe des appareils en fonction de leur indice de performances
saisonnières en mode refroidissement (prix donnés en fonction de la puissance frigorifique).
188
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
350
310
Prix d'achat HT [€/kW]
270
230
Figure 4.23. Prix d’achat Hors Taxe des appareils en fonction de leurs indices de performances
saisonnières en mode chauffage117 (prix donnés en fonction de la puissance frigorifique).
Toutes les actions d’amélioration permettent d’améliorer à la fois le SEER et le SCOP. Ainsi, pour un
appareil coûtant 170 €/kW (augmentation de 10 % par rapport au cas de référence), le SEER est
augmenté de 40 % et le SCOP de 11 % (pour le climat de Strasbourg).
117
Comme expliqué en Partie 4.1.2, l’indice SCOP est défini pour trois climats.
189
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
Avec la mise en place de normes plus exigeantes et la suppression des produits peu efficaces et à bas
prix, il est fort probable que la concurrence portera sur des gammes de produits plus efficaces et que
les fabricants commenceront à réduire les prix de ces derniers.
Notre travail sous-évalue le prix des appareils efficaces actuellement vendus en Europe. Cependant,
l’observation des marchés asiatiques laisse à penser que les prix sont fortement susceptibles de
diminuer dans les années à venir et de se rapprocher de nos estimations.
500
400
Prix TTC [€/ kW]
300
200
Figure 4.24. Evolution des prix des climatiseurs en fonction de l’EER : résultats de cette étude et
données observées sur les marchés européens, chinois et japonais
190
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
118
Ce coût prend en compte tout le traitement de l’appareil en fin de vie et non uniquement la récupération du
fluide. La taxe japonaise payée par les acheteurs ne reflète pas la totalité des coûts de la filière. Le contexte
japonais diffère du contexte européen, les filières de recyclage y sont plus développées.
119
Pour rappel : 0,8 kg pour l’appareil non réversible et 1,2 kg pour l’appareil réversible.
120
3 % par an.
191
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
121
Dans le cadre de cette directive, le forum consultatif contribue en particulier à la définition et à la révision des
exigences d’écoconception, au contrôle de l'efficacité des mécanismes de surveillance du marché mis en place, et
à l'évaluation des accords volontaires et autres mesures d'autorégulation. Ce forum regroupe des représentants
des États membres et de toutes les parties intéressées par le produit/groupe de produits en question (le secteur de
production, les syndicats, les opérateurs commerciaux, les détaillants, les importateurs, les associations de
protection de l'environnement, les organisations de consommateurs...).
192
Chapitre 4 Evaluation des performances environnementales des climatiseurs individuels
193
194
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
195
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
196
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
197
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
198
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Introduction
L’objectif final du présent chapitre est de réaliser un travail prospectif afin, d’une part, d’estimer
l’impact que pourrait avoir la climatisation individuelle sur les consommations d’énergie et les
émissions de GES en France à horizon 2050 et, d’autre part, d’établir des recommandations sur les
solutions à privilégier en vue de réduire ces impacts. Pour ce faire, nous avons choisi, dès le chapitre
1, d’adopter une approche ascendante consistant à évaluer les performances d’actions à l’échelle du
bâtiment pour parvenir à des résultats généraux à l’échelle du territoire.
Dans un premier temps, nous présenterons l’approche et les hypothèses retenues pour l’évaluation
d’actions d’amélioration du confort d’été. Ensuite, sur la base des résultats obtenus aux chapitres 3 et
4, nous procéderons à l’analyse technico-économique de ces actions à l’échelle du bâtiment. Ce travail
nous permettra d’établir des recommandations sur les solutions à privilégier en vue de diminuer les
impacts liés au confort d’été, à la fois dans le contexte actuel et dans un contexte de changement
climatique et de hausse du prix des énergies.
Enfin, nous réaliserons une étude prospective à l’échelle du territoire français et étudierons différents
scénarios concernant le développement de la climatisation individuelle et les impacts qui lui sont
associés.
199
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
200
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
122
La valeur résiduelle peut être négative s’il y a un coût de remise en état (dépollution par exemple).
201
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Coût moyen
Les coûts moyens sont à utiliser lorsque l’on évalue des options relativement à un objectif donné, tel
que la production d’un objet ou la réduction des consommations d’énergie. Dans ce dernier cas, ils
sont définis comme le coût nécessaire à l’économie d’une unité d’énergie ou de pollution, intégrant
ainsi une quantification de l’efficacité économique des actions. Comme l’indique l’équation (5.3), le
coût moyen est égal au ratio entre le coût total d’une action par rapport à la situation de référence, et le
nombre d’unités économisées par rapport à cette même situation de référence (tonnes de polluant
évitées, énergie économisée…).
CGA ref
C Moyen (5.3)
E ref
Avec : CMoyen, le coût moyen en €/kWh,
∆CGA(ref), le coût total de l’action par rapport à la situation de référence en €,
∆E(ref), l’énergie économisée par rapport à la situation de référence en kWh.
Coût marginal
De même que pour le coût moyen, le coût marginal est à utiliser lorsque l’on évalue des options
relativement à un objectif donné. Dans le cas de la réduction des consommations d’énergie et des
émissions de GES, le coût marginal est défini comme le coût total à dépenser pour réduire les
consommations d’énergie ou les émissions de polluant d’une unité additionnelle124 (tonne de polluant,
kilowattheure électrique…) (5.4).
CGA
C Marginal (5.4)
E
Avec : CMarginal, le coût marginal en €/kWh,
∆CGA, la différence de coût total par rapport au niveau d’efficacité antérieur en €,
∆E, l’énergie économisée par rapport au niveau d’efficacité antérieur en kWh.
123
A titre d’exemple, la recherche du CGA minimum (du point de vue des utilisateurs finals) est le critère de
détermination des exigences minimales en matière d’efficacité énergétique selon la Directive européenne sur
l’éco-conception des appareils consommateurs d’énergie (CE, 2005).
124
Il peut aussi être défini comme la dérivée du coût total par rapport à la quantité de pollution ou d’énergie
économisée.
202
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
8
efficiente placée sur la courbe, il fallait de nouveau
AB
considérer toutes les actions prises individuellement 6
ou au sein d’un ensemble d’action. B
4
Dans l’exemple précédent, l’action B, seule, A
économisera 1 kWh de plus que l’action A au coût de 2
4 €/kWh. La Figure 5.3 montre les deux types de
0
courbes basées sur les coûts marginaux : une courbe
0 1 2 3 4
séquentielle où les actions sont mises en place par ∆E [kWh/m²]
ordre d’efficience économique, une courbe
« optimisée » qui considère l’action B seule, même si Figure 5.3. Courbes de réduction
l’action A est au départ plus efficiente. séquentielle (grise) et « optimisée » (bleue)
125
Souvent controversée ou sujette à des incertitudes.
203
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Il s’avère que la courbe séquentielle n’est pas optimale. En effet, si l’on souhaite réaliser des mesures
permettant d’économiser de l’énergie à un coût inférieur à 5 €/kWh, la première courbe indiquera qu’il
faut se concentrer sur l’action A alors que la mesure B est en réalité plus appropriée.
La méthode adéquate pour construire une courbe de réduction consiste donc à considérer toutes les
actions permettant d’économiser une quantité plus importante que le niveau atteint avec les actions
déjà mises en place, et à sélectionner celle ayant le coût marginal le plus faible.
126
Voir chapitre 1.
204
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
127
La dernière détermination du taux d’actualisation (8 %) datait de 1985.
128
Tels que les investissements soutenus par le biais de subventions.
205
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
129
Sur la rationalité limitée, on pourra se référer à Selten (2002).
130
Coûts de l’information plus élevés sur les moyens d’économiser l’énergie que sur les moyens d’en
consommer.
131
En l’absence d’étiquetage, les vendeurs ou loueurs d’un bâtiment ont une information supérieure à celle du
locataire ou de l’acheteur potentiel sur les coûts énergétiques d’utilisation.
132
Une partie n’a pas intérêt à supporter le coût d’un investissement car c’est une autre partie qui en touchera les
dividendes.
206
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
5.1.2.4. Ajustements des prix à effectuer entre les points de vue privé et
sociétal
Alors que la réalisation d’une évaluation technico-économique du point de vue privé repose sur les
prix du marché, l’adoption du point de vue sociétal nécessite de corriger les prix du marché des
interventions de l’Etat (les incitations sont ajoutées, les impôts sont retranchés) qui ne représentent pas
une internalisation de coûts liés à la consommation du bien ou du service considéré.
La TVA qui représente la très grande partie des taxes portant sur les équipements (climatiseurs,
stores…) ne doit pas être prise en compte dans l’approche sociétale. Dans les chapitres précédents, les
prix ont majoritairement été déterminés sans taxe ; nous supposerons par la suite que les prix
comprenant les taxes (TTC) sont supérieurs de 20 % aux prix hors taxe (HT). Concernant les
climatiseurs, il existe actuellement une écotaxe censée internaliser les coûts de traitement en fin de vie
des produits. Elle s’élève à 13 € par produits et a un impact très limité sur le choix des acteurs
privés (nous avons par exemple supposé un coût d’installation de 1000 € par appareil).
Selon le Meeddat (2009), le gaz naturel est soumis, en tout et pour tout, au régime de la TVA à
19,6 %. En revanche, l’électricité est soumise aux diverses taxes présentées ci-après qui s’ajoutent à la
TVA à 19,6 %.
Les taxes locales électricité (TLE)
Le produit de ces taxes est reversé aux communes et aux départements dans l’objectif d’améliorer et
d’entretenir les réseaux locaux de distribution de l’électricité. Son pourcentage moyen à l'échelle
nationale est de 9 % du prix de l'électricité hors taxe.
La Contribution au Service Public d'Electricité (CSPE)
Cette contribution qui s'élève aujourd’hui à 0,0045 € HT par kWh consommé (soit environ 4 % du prix
hors taxe) est destinée à compenser les surcoûts de production dans les zones non connectées au réseau
métropolitain (Corse, DOM…), à développer des sources d'énergies renouvelables et de cogénération
(électricité et chaleur) et enfin à assurer aux personnes en situation de précarité une tarification
spéciale.
la Contribution Tarifaire d’Acheminement (CTA)
Ce prélèvement additionnel est destiné à assurer le financement des retraites des opérateurs de réseaux.
207
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
En raison de diverse taxes qui s’ajoute à la TVA, la DGEMP (2007) estime que les prix TT sont
supérieurs d’environ 32 % aux prix HT, que ce soit pour les usages domestiques ou industriels. Une
partie de ces taxes, que nous supposons de 15 % du prix hors taxe du kilowattheure, internalise des
coûts liés à la consommation électrique ainsi que des coûts externes (environnement, sécurité
énergétique) dans le cas du développement de sources d’énergie alternative. Le coût de l’électricité
retenu pour l’analyse sociétale est égal au prix HT majoré de 15 %.
Au final, les coûts des énergies considérés dans la suite de l’étude sont donnés dans le Tableau 5.2.
133
Hors externalité.
208
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
134
Les différences de coûts entre réversible et non réversible sont très faibles et ne justifient pas de traiter deux
cas dans ce chapitre.
135
Valeur représentative du stock des systèmes fonctionnant au gaz en 2005 selon Iles et al. (2002).
209
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Dans cette étude, nous calculerons la différence de CGA entre la situation de référence et chacune des
combinaisons d’actions envisageables. La monétisation de l’inconfort établie au chapitre 2 permet de
comparer les situations intégrant un climatiseur aux situations ne garantissant pas un confort total.
Tableau 5.6. Surcoût d’investissement engendré par le remplacement des vitrages selon différentes
hypothèses de remplacement (taux d’actualisation de 7 %)
Coût actualisés en 2008
Cas d’un remplacement Cas d’un remplacement
programmé anticipé de 10 ans
Coût de la vitre de référence [€ / m² de vitrage] 350 190
Coût de la vitre à faible facteur solaire
520 520
[€ / m² de vitrage]
Surcoût [€ par m² de vitrage] 170 330
210
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Pour la suite de l’étude, les protections solaires, les systèmes de ventilation et les climatiseurs sont
considérés comme de nouveaux équipements dont les pièces de référence ne sont pas munies.
Les deux actions restantes (remplacement des vitrages et du système d’éclairage) sont supposées
correspondre à des remplacements anticipés de 15 ans (vitrage) et 10 ans (éclairage), ce qui
correspond à la moitié de leur durée de vie. Une étude de sensibilité sera cependant effectuée afin
d’évaluer dans quelle mesure une hypothèse de remplacement programmé impacte les résultats. Nous
supposerons alors que ces composants auraient été remplacés à l’identique.
80
PS Réduction de l'inconfort au V : remplacement des vitrages,
moindre coût PS : mise en place de
60
protections solaires,
référence [€/m²]
PS + E + VM E + VM E : remplacement du système
40
E
d’éclairage,
V+E VN(N) : ventilation naturelle
20 Référence nocturne,
VN(D/N) : ventilation naturelle
0 diurne/nocturne,
0 100 200 300 400 500 600 700 VM : ventilation mécanique
-20
V + PS + E nocturne,
V + PS AC(i) : climatiseur d’efficacité
V + PS + E + VM saisonnière i
-40
Figure 5.6. Bénéfices (notés positivement) engendrés par les différentes actions étudiées en fonction
de l’inconfort annuel pour la pièce de bureau située à Trappes
Du point de vue privé, la configuration la plus avantageuse consiste à mettre en place des protections
solaires et à réduire les apports internes liés à l’éclairage sans recourir à la climatisation. Avec nos
hypothèses économiques, il apparaît que cette action engendre des bénéfices un peu supérieurs (2
€/m²) à ceux de la solution optimale comprenant un climatiseur.
211
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
A partir du moment où l’on recherche un confort total, la meilleure disposition combine l’installation
d’un appareil d’efficacité saisonnière égale à 4,2 associé au remplacement du système d’éclairage. Cet
optimum justifie donc l’investissement dans un climatiseur plus efficace que la moyenne du marché
actuel (efficacité saisonnière de 3). La mise en place d’actions d’amélioration supplémentaires portant
sur l’enveloppe du bâtiment coûterait plus qu’elle ne pourrait rapporter. Ainsi, l’installation d’une
protection solaire ou le remplacement des vitrages représenteraient des surcoûts en CGA
respectivement égaux à 35 €/m² et 50 €/m².
PS
350
V : remplacement des vitrages,
V+E PS : mise en place de protections
solaires,
référence [€/m²]
300
E : remplacement du système
250
d’éclairage,
PS+E+VN
200
VN(N) : ventilation naturelle
E + AC(4,5) nocturne,
150 VN(D/N) : ventilation naturelle
diurne/nocturne,
100
VM : ventilation mécanique
Référence
50
nocturne,
AC(i) : climatiseur d’efficacité
0 saisonnière i
0 500 1000 1500 2000
Figure 5.7. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la pièce de bureau située à Nice
212
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
450
PS+E+VM
PS+E
400
Bénéfices (CGA) par rapport à la
PS
350
V : Remplacement des vitrages,
V+E PS : mise en place de
protections solaires,
référence [€/m²]
300
E : remplacement du système
250
d’éclairage,
PS+E+VN E+VM
200
VN(N) : ventilation naturelle
E + AC(4,5) nocturne,
150 VN(D/N) : ventilation naturelle
E diurne/nocturne,
100
VM : ventilation mécanique
Référence
50
nocturne,
AC(i) : climatiseur d’efficacité
0 saisonnière i
0 500 1000 1500 2000
Figure 5.8. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la pièce de bureau à Trappes en supposant que le vitrage est un remplacement programmé
Pièces rénovées
La Figure 5.9 présente, dans le cas de la pièce de bureau rénovée à Trappes, le positionnement des
différentes actions étudiées en fonction des bénéfices (exprimés par unité de surface) pouvant être
réalisés par rapport à la situation de référence, et des degrés-heures d’inconfort.
Ces résultats sont similaires à ceux obtenus pour la pièce non rénovée. La configuration optimale reste
la même (installation des protections solaires et remplacement de l’éclairage) mais ses bénéfices par
rapport aux meilleures solutions intégrant un climatiseur se trouvent réduits et sont maintenant
quasiment nuls. Les besoins de refroidissement étant plus importants dans les pièces rénovées, un
investissement supplémentaire est justifié sur l’équipement (efficacité saisonnière de 4,5 dans le cas de
Trappes) mais pas sur l’enveloppe.
De la même manière, le fait de considérer la pièce rénovée à Nice ne modifie pas l’ordre des
meilleures actions par rapport à la pièce non rénovée. L’augmentation des besoins de refroidissement
n’est cependant pas suffisante pour justifier un investissement supplémentaire (par rapport à la pièce
non rénovée) ni sur l’équipement ni sur l’enveloppe.
120
PS + E Actions et ensembles
100 PS + E + VM d'actions étudiés
Bénéfices (CGA) par rapport à la
E + VM
60 E : remplacement du système
E
d’éclairage,
40 VN(N) : ventilation naturelle
E + AC(4,5)
Référence nocturne,
20 VN(D/N) : ventilation naturelle
diurne/nocturne,
0 VM : ventilation mécanique
0 100 200 300 400 500 600 700 800
nocturne,
-20
AC(i) : climatiseur d’efficacité
saisonnière i
-40
Figure 5.9. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la pièce de bureau rénovée à Trappes
213
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
E + AC(4,2) Nice
3 Trappes (rénové)
E+AC(4,5)
Nice (rénové)
E+AC(4,5)
PS + E
[€cts/m²/°C.h]
1 E + VM PS + E
0
E + VM
E
-1
0 300 600 900 1200 1500 1800 2100
Figure 5.10. Coût marginal de réduction de l’inconfort dans les pièces de référence (E : remplacement
du système d’éclairage, PS : mise en place de protections solaires, VM : installation d’un système de
ventilation nocturne, AC(i) : climatiseur d’efficacité saisonnière i)
136
Voir chapitre 2.
214
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
la meilleure solution climatisée (voir Figure 5.6) est maintenant à l’origine d’un surcoût de 20 €/m². La
simple installation de l’appareil de climatisation représentatif du marché actuel (efficacité saisonnière
égale à 3) devient même plus avantageuse que cette configuration initialement optimale.
Cette évaluation rudimentaire montre que l’inconfort sonore peut justifier économiquement le recours
à la climatisation, et ce, même dans des configurations où l’inconfort thermique est limité.
Récapitulatif
La Tableau 5.7 présente les configurations optimales du point de vue privé selon que le remplacement
des vitrages est programmé ou anticipé. Les meilleures solutions sans climatisation consistent à
réduire les apports internes et solaires à Trappes, à y associer un système de ventilation mécanique
nocturne à Nice. Cette protection des apports solaires s’effectue à l’aide de protections solaires,
excepté en cas de remplacement programmé des vitrages, les vitres à faible facteur solaire devenant
alors plus efficientes économiquement.
Lorsque l’on installe un climatiseur, les solutions optimales correspondent à l’installation d’un
climatiseur plus efficace que la moyenne du marché actuel (efficacité saisonnière de 3), aussi qu’au
remplacement du système d’éclairage. Dans le cas d’un remplacement programmé des vitrages, la
mise en place de vitrages à faible facteur solaire fait elle-aussi partie de la combinaison optimale.
137
Nous avons expliqué au chapitre 3 que, dans ce cas, la zone de confort n’était plus adaptative mais analytique.
215
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
intégrant un climatiseur. Ce constat est évidement amplifié pour le climat de Nice et dans les
boutiques rénovées.
5000
E + AC(3,2)
4500
Bénéfices (CGA) par rapport à la
Figure 5.11. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la boutique située à Trappes
Nous nous concentrons maintenant sur les pièces climatisées. Le Tableau 5.8 présente les optimums
privés ainsi que les surcoûts engendrés par la mise en place d’actions supplémentaires portant sur
l’enveloppe du bâtiment. A l’instar des bureaux, le remplacement du système d’éclairage est à réaliser
dans toutes les pièces étudiées et les configurations optimales comprennent l’installation d’un
climatiseur plus efficace que la moyenne du marché actuel (efficacité saisonnière de 3). Les
protections solaires sont justifiées à Nice mais ne le sont pas à Trappes où elles représentent un
surcoût de l’ordre de 5 €/m² par rapport à la solution optimale.
Dans le cas d’un remplacement programmé des vitrages (Tableau 5.9), l’installation de vitrages à
faible facteur solaire fait partie de la configuration optimale pour les 4 pièces considérées et les
protections solaires ne sont alors plus justifiées économiquement. L’efficacité saisonnière des
climatiseurs compris dans les combinaisons optimales ne se trouve pas modifiée.
216
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Vt
100
Vt + AC(3)
VN
80
PS + VN V : Remplacement des vitrages,
référence [€/m²]
60
PS
PS : mise en place de
40 protections solaires,
Référence
Vt : utilisation des volets comme
20
AC(3) protection solaire,
0 VN : ventilation naturelle
-20
0 50 100 150 200 250 300 350 400 nocturne,
Vt + VN + V
AC(i) : climatiseur d’efficacité
-40 saisonnière i
-60 V
V + PS
-80
Figure 5.12. Bénéfices (notés positivement) engendrés par les différentes actions étudiées en fonction
de l’inconfort annuel pour la pièce résidentielle située à Trappes
La Figure 5.12 révèle que les combinaisons d’actions intégrant le remplacement des vitrages ne sont
pas bénéficiaires malgré des gains obtenus à la fois dans la réduction des consommations de chauffage
et dans l’amélioration du confort. Dans le cas d’un remplacement programmé (Figure 5.13), ces
combinaisons d’actions deviennent bénéficiaires mais ne sont toujours pas justifiées du point de vue
privé. En effet, si l’usage des volets ou le recours à la ventilation naturelle est possible, les meilleures
solutions consistent à utiliser ces actions sans remplacer les vitrages ; si ces actions comportementales
ne sont pas envisageables, alors la protection solaire est plus avantageuse que le remplacement des
vitrages. Si, dans le but de réduire l’inconfort estival et les besoins de refroidissement, le
renouvellement des vitrages n’est pas à favoriser, il le serait cependant dans le cas d’un objectif de
diminution des consommations de chauffage (mais avec un facteur solaire moins élevé).
217
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
140
Vt + VN Actions et ensembles d'actions étudiés
Bénéfices (CGA) par rapport à la
120 Vt
Vt + VN + V
100 V + Vt VN V : Remplacement des vitrages,
référence [€/m²]
PS : mise en place de
80 Vt + AC(3)
protections solaires,
PS Vt : utilisation des volets comme
60
protection solaire,
VN : ventilation naturelle
40 V
nocturne,
AC(3) Référence AC(i) : climatiseur d’efficacité
20
saisonnière i
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Figure 5.13. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
la pièce résidentielle située à Trappes dans le cas d’un remplacement programmé des vitrages
Comme l’indique la Figure 5.14, les résultats obtenus pour le climat de Nice sont similaires. Les
meilleures solutions sont les actions comportementales puisque une gestion efficace des volets
représente un bénéfice de 50 €/m² environ par rapport à la solution de climatisation avec volets et
60 €/m² si elle est associé à une stratégie de ventilation naturelle nocturne. Si aucune de ces deux
actions n’est envisageable, alors la Figure 5.14 montre que la meilleure action climatisée correspond à
l’installation d’un appareil d’efficacité saisonnière égale à 3 (appareil moyen sur le marché) mais que
celle-ci est moins avantageuse que la simple mise en place de protections solaires (surcoût de
25 €/m²). D’autre part, le remplacement des vitrages ne fait pas partie des actions à favoriser dans le
but d’améliorer le confort d’été, même en cas de remplacement programmé.
500
Vt + VN
450 Actions et ensembles d'actions étudiés
Bénéfices (CGA) par rapport à la
Vt
PS
400
Vt + AC(3) VN
350
V : Remplacement des vitrages,
référence [€/m²]
Figure 5.14. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
la pièce résidentielle située à Nice
218
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
que pour les pièces de bureaux (partie 5.2.2.1), alors l’usage de la climatisation devient pleinement
justifié dans le cas d’une rue où la circulation est importante138.
Récapitulatif
Le Tableau 5.10 présente les configurations optimales du point de vue privé pour les pièces étudiées.
Avec nos hypothèses de coût, les bénéfices d’une climatisation ne justifient pas son installation (si
l’ouverture des fenêtres est possible et sans prise en compte des nuisances sonores). Les actions
comportementales sont généralement celles engendrant les bénéfices les plus importants et lorsque ce
n’est pas le cas, il reste toujours préférable d’investir dans des protections solaires.
Tableau 5.10. Optimums privés pour les pièces résidentielles en fonction des actions
comportementales envisageables
Actions comportementales possibles Actions
Ventilation Volets et ventilation comportementales
Volets
nocturne nocturne impossibles
Trappes Vt VN Vt + VN PS
Trappes – rénové Vt VN Vt + VN PS
Nice Vt PS + VN Vt + VN PS
Nice – rénové Vt PS + VN Vt + VN PS
PS : mise en place de protections solaires, Vt : utilisation des volets comme protection solaire, VN :
ventilation naturelle nocturne
Lorsque l’on installe un climatiseur, les solutions optimales (Tableau 5.11) correspondent à
l’installation d’un climatiseur dont l’efficacité est dans la moyenne du marché actuel (efficacité
saisonnière de 3) sans amélioration de l’enveloppe de la pièce.
138
La monétisation retenue au chapitre 2 était de 156 €/personne/an.
139
Voir les taux de pénétration établis dans la partie 5.4.1.3 (Tableau 5.37).
219
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
50
30
[kWh/m²]
[kWh/m²]
40
20
30
20
10
10
0 0
Trappes Trappes Nice Nice (rénové) Trappes Trappes Nice Nice (rénové)
(rénové) (rénové)
18
réduction des consommations électriques de Référence
16
climatisation dans le cas des pièces Optimum privé (protections solaires
14
d’appartement. Une distinction est faite entre la existantes)
Optimum privé (sans protection solaire
situation où des protections solaires extérieures 12 existante)
[kWh/m²]
Selon nos résultats, des économies significatives peuvent déjà être réalisées en adoptant les
configurations optimales du point de vue privé (évitement de la climatisation dans certains cas et
réduction des consommations unitaires de climatisation dans d’autres).
Comme nous l’avons vu en partie 5.1.2.2, ceci ne signifie pas qu’une attitude de laisser-faire de la part
des pouvoirs publics mènera à l’adoption par les agents privés de ces solutions optimales. En effet, il
apparaît nécessaire de lutter contre les dysfonctionnements de marché et la rationalité limitée des
agents privés en facilitant la recherche d’informations, la modification des habitudes… Différents
instruments sont alors envisageables pour les pouvoirs publics (Clinch et Healy, 2000). Citons par
exemple, les campagnes de sensibilisation, l’étiquetage des produits, les exigences de performances
basées sur l’optimum privé.
220
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
221
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Tableau 5.13. Efficacité saisonnière de l’appareil correspondant au minimum de CGA du point de vue
privé pour les différentes pièces de référence
Pièce de bureaux Appartement Boutique
Référence 4,2 3 3,2
Trappes
Rénové 4,5 3 4,2
Référence 4,5 3 4,5
Nice
Rénové 4,5 3,2 4,5
120
SEER = 3
100
[€/m²]
80
Bureaux - Trappes
60
Bureaux - Nice
Boutique - Trappes
40
Boutique - Nice
Appartement - Trappes
20 Appartement - Nice
SEER de 4,5
0
0 10 20 30 40 50 60
Consommation annuelle d'électricité pour la climatisation
[kWh/m²]
Figure 5.18. Evolution du CGA de la climatisation pour différentes valeurs de SEER (on se place aux
optimums privés précédemment déterminés)
222
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
La courbe obtenue pour chaque pièce considérée est parabolique car l’amélioration de l’efficacité
réduit la facture d’électricité mais augmente le coût d’investissement. On assiste donc à une réduction
des coûts globaux jusqu’au moment où le surinvestissement initial n’est plus compensé par les
économies réalisées sur la consommation d’électricité. Nous retrouvons sur la Figure 5.18 que
l’efficacité saisonnière de valeur 4,5 correspond à l’optimum (ou presque) dans le cas des boutiques et
des bureaux et à un faible surcoût en ce qui concerne les appartements.
Le Tableau 5.14 présente l’impact de l’exigence étudiée sur le CGA des occupants (en % par rapport
au CGA de référence). Celle-ci se traduit principalement par des bénéfices dans le cas des bureaux et
des boutiques, et par une faible augmentation des coûts, inférieure à 3 %, pour les appartements.
Tableau 5.14. Surcoûts (point de vue privé) par rapport à la situation de référence
Exigence : SEER ≥ 4,5
Pièce de
Appartement Boutique
bureaux
Référence - 2,5 % + 2,7 % + 0,2 %
Trappes
Rénové - 5,6 % + 2,5 % - 1,6 %
Référence - 8,9 % + 1,8 % - 2,4 %
Nice
Rénové - 11,5 % + 0,7 % - 4,3 %
223
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
E + AC(4,5)
étudiés
500 Réduction de l'inconfort au V : Remplacement des vitrages,
PS + E + VM moindre coût
PS : mise en place de
protections solaires,
référence [€/m²]
400
E : remplacement du système
d’éclairage,
300
Climatiseur de VN(N) : ventilation naturelle
référence : AC(3) nocturne,
200 VN(D/N) : ventilation naturelle
diurne/nocturne,
100
VM : ventilation mécanique
nocturne,
AC(i) : climatiseur d’efficacité
0
saisonnière i
0 500 1000 1500 2000 2500
Figure 5.19. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la pièce de bureaux située à Trappes en 2050.
Le Tableau 5.15 présente les optimums économiques obtenus en 2008 et 2050 pour les pièces de
bureaux climatisées. Comme en 2008, les solutions optimales correspondent à l’installation d’un
climatiseur plus efficace que la moyenne du marché actuel (efficacité saisonnière de 3), mais aussi au
remplacement du système d’éclairage. La prise en compte du changement climatique et de l’évolution
du prix des énergies se traduit par une augmentation de l’efficacité des appareils. L’effort sur
l’équipement est limité à Trappes (augmentation du SEER de 7 % et 0 %) et plus important à Nice
(augmentation de 15 % et 45 %).
224
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Tableau 5.15. Comparaison des optimums économiques dans les pièces climatisées en 2008 et 2050
2008 2050
Trappes E + AC(4,2) E + AC(4,5)
Trappes – rénové E + AC(4,5) E + AC(4,5)
Nice E + AC(4,5) E + AC(5,2)
Nice – rénové E + AC(4,5) E + AC(6,5)
Dans l’hypothèse d’un remplacement programmé des vitrages (Tableau 5.16), alors cet investissement
fait partie des combinaisons optimales (comme en 2008) mais l’augmentation de l’efficacité des
appareils est alors réduite par rapports aux optimums présentés dans le Tableau 5.15.
Tableau 5.16. Comparaison des optimums économiques dans les pièces climatisées en 2008 et 2050
dans le cas d’un remplacement programmé des vitrages
2008 2050
Trappes V+E + AC(4,2) V+E + AC(4,5)
Trappes – rénové V+E + AC(4,5) V+E + AC(4,5)
Nice V+E + AC(4,5) V+E + AC(4,5)
Nice – rénové V+E + AC(4,5) V+E+ AC(5,2)
Tableau 5.17. Comparaison des optimums économiques dans les pièces climatisées en 2008 et 2050
Remplacement programmé des
Remplacement anticipé des vitrages
vitrages
2008 2050 2008 2050
Trappes E + AC(3,2) E + PS +AC(4,5) E + V+ AC(3,2) E + V +AC(4,5)
Trappes – rénové E + AC(4,2) E + PS +AC(4,5) E + V+ AC(4,2) E + V +AC(4,5)
Nice E + PS + AC(4,5) E + PS + AC(4,5) E + V + AC(4,5) E + V + AC(4,5)
Nice – rénové E + PS + AC(4,5) E + PS + AC(4,5) E + V + AC(4,5) E + V + AC(4,5)
225
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
solaires existantes mais que la ventilation nocturne est possible, alors la solution optimale consiste à
installer des protections solaires extérieures. Enfin si aucune de ces actions comportementales n’est
envisageable, alors les bénéfices maximaux sont obtenus en installant un climatiseur sensiblement plus
efficace que celui de référence (3,2).
600
Vt + VN
Actions et ensembles d'actions étudiés
Bénéfices (CGA) par rapport à la
PS + VN
500
Vt
400
PS : mise en place de
protections solaires,
300
Vt : utilisation des volets comme
Vt + AC(3)
Vt + VN + V protection solaire,
200 VN : ventilation naturelle
AC(3,2)
nocturne,
100
AC(i) : climatiseur d’efficacité
Référence
saisonnière i
0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
Figure 5.20. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la pièce résidentielle située à Trappes - 2050
A Nice, en 2050, les bénéfices engendrés par la combinaison des deux actions comportementales
(utilisation efficace des volets et de la ventilation naturelle) et par la meilleure solution comprenant un
climatiseur sont du même ordre (surcoût de 1 €/m² pour la solution climatisée). Si une de ces actions
comportementales n’est pas envisageable, alors il est économiquement justifié de recourir à la
climatisation. Les configurations optimales consistent alors à installer un climatiseur plus efficace que
la moyenne du marché actuel combiné, lorsque c’est possible, à l’utilisation efficiente des protections
solaires existantes.
1000
Actions et ensembles d'actions étudiés
Bénéfices (CGA) par rapport à la
Vt + VN
PS + VN
750
Vt
PS V : Remplacement des vitrages,
référence [€/m²]
PS : mise en place de
AC(4,5) protections solaires,
500
Vt : utilisation des volets comme
Vt + AC(4,2)
protection solaire,
VN : ventilation naturelle
250 nocturne,
Référence AC(i) : climatiseur d’efficacité
saisonnière i
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Figure 5.21. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la pièce résidentielle située à Nice – 2050
Le Tableau 5.18 présente les configurations dans lesquelles le recours à la climatisation est
économiquement avantageux du point de vue privé. Avec nos hypothèses de coûts, les bénéfices d’une
climatisation ne justifient pas son installation à Trappes lorsqu’il est possible de recourir à la
ventilation naturelle nocturne. Pour l’appartement rénové à Trappes et celui de référence à Nice, les
bénéfices des meilleures solutions sans climatisation et avec climatisation sont du même ordre et il
226
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
n’est pas possible de conclure à l’optimalité d’une des configurations. Dans tous les autres cas, la
climatisation est pleinement justifiée si l’on se base sur le bilan économique privé, la climatisation
résidentielle est donc fortement susceptible de se développer en France dans un contexte de
changement climatique.
Tableau 5.18. Configurations dans lesquelles la climatisation est justifiée du point de vue privé. Il n’est
pas possible de conclure pour certains cas (notés « = »).
Trappes Trappes (rénové) Nice Nice (rénové)
Protections solaires
existantes + ventilation Non justifiée = = Justifiée
nocturne envisageable
Ventilation nocturne
Non justifiée Justifiée Justifiée Justifiée
envisageable
Protections solaires
Justifiée Justifiée Justifiée Justifiée
existantes
Ni protection, ni
Justifiée Justifiée Justifiée Justifiée
ventilation
A l’instar des résultats obtenus pour l’année 2008, aucun effort supplémentaire sur l’enveloppe n’est
justifié lorsque l’on recherche un confort total. Les solutions optimales (Tableau 5.19) correspondent
alors à l’installation d’un climatiseur dont l’efficacité est généralement supérieure à la moyenne du
marché actuel. Enfin, le fait de supposer un remplacement programmé des vitrages ne modifie en rien
les résultats présentés ici.
Tableau 5.20. Consommations d’électricité liées à la climatisation pour les différentes pièces étudiées
en 2008 et 2050 [KWh/m²]
Pièce de bureaux Appartement Boutique
Référence 24,8 3,7 17,6
Trappes
Rénové 37,8 7,7 23,2
2008
Référence 54,4 10,4 37,1
Nice
Rénové 69 17,1 43,1
Référence 40 8,4 29,7
Trappes
Rénové 50,6 12,7 34,1
2050
Référence 68,1 16,2 50,5
Nice
Rénové 78,7 21,7 54,4
227
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Les optimums privés représentent cependant un potentiel important de réduction des consommations
d’énergie. La Figure 5.22 présente une comparaison des consommations unitaires de référence et des
consommations correspondant aux optimums économiques privés. Dans le cas des bureaux, adopter la
configuration optimale permet de réduire la consommation de climatisation de l’ordre de 40 - 60 %
(remplacement anticipé des vitrages) à 50 - 70 % (remplacement programmé des vitrages). Ce
potentiel d’économies varie de 45 % (remplacement anticipé des vitrages) à 75 % (remplacement
programmé des vitrages) dans le cas des boutiques.
60
Consommation annuelle d'électricité
90 Référence
[kWh/m²]
[kWh/m²]
50
30
40
30 20
20
10
10
0 0
Trappes Trappes Nice Nice (rénové) Trappes Trappes Nice Nice (rénové)
(rénové) (rénové)
Référence
réduction des consommations électriques de
Optimum privé (protections solaires
climatisation dans le cas des pièces 20 existantes)
d’appartement. Une distinction est faite entre la Optimum privé (sans protection solaire
existante)
situation où des protections solaires extérieures
[kWh/m²]
15
sont déjà présentes (volets) et celle où ce n’est
pas le cas.
10
Dans la première configuration, le
comportement des occupants peut permettre
5
une très forte réduction des consommations
unitaires (65 % - 75 %). Sans la présence de
0
protections solaires, aucun investissement
Trappes Trappes Nice Nice (rénové)
supplémentaire n’est justifié sur l’enveloppe (rénové)
mais l’installation d’appareils efficaces est
économiquement avantageuse, ce qui est à Figure 5.23. Comparaison des consommations
l’origine d’économies d’énergie variant de 5 % unitaires de référence et de celles correspondant aux
(Trappes) à 30 % (Nice). optimums économiques privés (résidences)
Comme nous l’avons vu en partie 5.2.2.4, la réalisation de ces économies d’énergie, qui n’entraînent
aucune perte économique pour les agents privés, nécessitera de lutter contre les dysfonctionnements de
marché et la rationalité limitée des agents privés. Ceci implique notamment une mise à jour régulière
des instruments utilisés (tels que les exigences de performance) afin de tenir compte des évolutions
des coûts, des technologies et du climat.
228
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
50
SEER = 4,2
Sans climatisation
V : Remplacement des vitrages,
40
V + E + VM PS : mise en place de
référence [€/m²]
Optimum privé
protections solaires,
PS + E + VM V + E + VN(N)
E : remplacement du système
30 d’éclairage,
E + V + AC PS + E + VN(N) VN(N) : ventilation naturelle
E + AC nocturne,
20 VN(D/N) : ventilation naturelle
E + VM + AC diurne/nocturne,
E + PS + AC
10 E + V + VN(N/D) + AC
VM : ventilation mécanique
Référence
nocturne,
E +VN(N) + AC
AC : climatiseur
0
0 5 10 15 20 25 30
Economies annuelles d'électricité de climatisation [kWh/m²]
Figure 5.24. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la pièce de bureaux située à Trappes
229
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
60
PS + E + VM
SEER = 4,5 V + E + VM
SEER = 4,9 Optimum privé
Bénéfices (CGA) par rapport à la
50 PS + E
Sans climatisation PS + E + VN(N)
E +V + AC V : Remplacement des vitrages,
PS : mise en place de
40
protections solaires,
référence [€/m²]
E +V + VM + AC
E + AC
E +PS + AC E : remplacement du système
E + VM + AC
30 E + VN(N) + AC
d’éclairage,
E + VN(N/D) + AC VN(N) : ventilation naturelle
E +V + VN(N/D) + AC
nocturne,
20
VN(D/N) : ventilation naturelle
diurne/nocturne,
10 Référence
VM : ventilation mécanique
nocturne,
AC : climatiseur
0
0 10 20 30 40 50 60
Economies annuelles d'électricité de climatisation [kWh/m²]
Figure 5.25. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la pièce de bureaux située à Nice
Tableau 5.21. Optimums selon les deux approches et surcoût par rapport à l’optimum privé
Climatisé - Privé Climatisé - Sociétal Surcoût – Privé (CGA)
Trappes PS + E V+E + 20 €/m²
Trappes - rénové PS + E PS + E =
Nice E + AC(4,5) PS + E +VM + 10 €/m²
Nice - rénové E + AC(4,5) PS + E +VM + 10 €/m²
Il existe donc une opposition entre les résultats obtenus du point de vue privé qui aboutissaient à un
optimum climatisé à Nice et ceux présentés ici qui montrent que les solutions optimales ne
comprennent pas de climatiseur. Ce conflit peut aussi être soulevé pour Trappes puisque nous avons
vu que les configurations sans climatiseur étaient très avantageuses dans le cas de l’approche sociétale
alors que leurs bénéfices étaient similaires à ceux des meilleures solutions climatisées dans le cas de
l’approche privée.
Pour comprendre les causes de cette modification, nous comparons, dans le cas de la pièce non
rénovée à Nice, les coûts et bénéfices de la combinaison optimale du point de vue sociétal
(remplacement de l’éclairage, mise en place de protections solaires et installation d’un système de
ventilation nocturne) à ceux d’une des configurations climatisées les plus avantageuse (remplacement
de l’éclairage et installation d’un climatiseur d’efficacité saisonnière égale à 4,5).
230
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
La Figure 5.26 présente les résultats obtenus. Les coûts sont exprimés négativement et regroupent les
coûts d’inconfort, les coûts « d’enveloppe »140 et les consommations d’éclairage (la mise en place de
protection solaires les augmente). Les bénéfices comprennent la réduction des coûts externes liés aux
fuites de fluide frigorigène et les économies liées au fait de ne pas utiliser de climatiseur (deux postes :
électricité d’une part, le reste (achat, maintenance) d’autre part). Nous retrouvons le fait que l’action
sans climatisation est préférable du point de vue sociétal (15 €/m² de bénéfice en plus) et ne l’est pas
du point de vue privé (surcoût de 10 €/m²).
L’action combinée d’un taux d’actualisation plus faible et des externalités (fuites de fluide frigorigène
et consommation d’électricité) rend les bénéfices sociétaux plus élevés que les bénéfices privés de
18 €/m² (augmentation de 15 %) alors que les coûts diminuent de 8 €/m² environ (réduction de 6 %)
sous les effets contradictoires de la non considération de la TVA et du taux d’actualisation plus faible
(qui fait augmenter les coûts d’inconfort). Dans le cas de la non récupération des fluides, les coûts
externes associés passeraient de 5 €/m² à 15€/m², augmentant les bénéfices sociétaux de 65 % environ.
Coûts (valeurs négatives) et bénéfices (valeurs
150
Fuites de fluide
100
(externalités)
Climatisation (électricité)
50
positives) [€/m²]
Climatisation
(appareil/maintenance)
0
Eclairage
-50 Enveloppe
Inconfort
-100
-150
Approche privée Approche sociétale
Figure 5.26. Ventilation des coûts et bénéfices de l’action (PS + E + VM)141 par rapport à l’action (E +
AC(4,5))142 dans le cas de la pièce de bureaux à Nice
Afin d’estimer dans quelle mesure la prise en compte des coûts d’inconfort sonore pouvait influer le
bilan économique sociétal, nous avons supposé que les pièces climatisées, dont les fenêtres restent
toujours fermées, permettaient de garantir des niveaux de confort acoustique satisfaisants et sans coûts
externes. Au contraire, l’utilisation des fenêtres expose les occupants à des nuisances sonores évaluées
à 52 €/personne/an dans le cas d’une rue résidentielle143 et à 156 €/personne/an dans le cas d’une rue
où la circulation est importante. La prise en compte de ces coûts d’inconfort réduit alors les bénéfices
des configurations sans climatisation respectivement de 30 €/m² et 85 €/m². A Trappes (Figure 5.24),
lorsque l’on prend en compte les nuisances sonores, les meilleures solutions avec climatisation ont des
bénéfices similaires à celles sans climatisation dans le cas d’une rue résidentielle. Elles deviennent
cependant plus avantageuses dans le cas d’une rue où la circulation est importante. A Nice (Figure
5.25), la prise en compte des coûts d’inconfort rend optimales les solutions intégrant la climatisation.
Cette évaluation rudimentaire montre donc que l’inconfort sonore peut justifier sociétalement le
recours à la climatisation dans les pièces de bureaux.
140
Coût des protections solaires, du système de ventilation mécanique, de la consommation d’électricité de ce
système, en tenant compte des valeurs résiduelles.
141
Remplacement de l’éclairage, mise en place de protections solaires et installation d’un système de ventilation
nocturne.
142
Remplacement de l’éclairage et installation d’un climatiseur d’efficacité saisonnière égale à 4,5.
143
Voir chapitre 2.
231
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
En adoptant le point de vue sociétal, nous trouvons que la maximisation des bénéfices pour la société
s’obtient en remplaçant le système d’éclairage et en mettant en place des protections solaires et des
systèmes de ventilation mécanique sans recourir à la climatisation (à condition, toujours, que
l’ouverture des fenêtres soit possible et que les nuisances sonores soient peu importantes).
Ces résultats mettent en évidence l’existence d’un premier conflit entre points de vue sociétal et privé
puisque ce dernier aboutissait à la justification de la climatisation. Des actions publiques seraient a
priori légitimes dans le but de rapprocher l’optimum privé de l’optimum sociétal, notamment en jouant
sur le signal prix. Une réduction de la TVA sur les protections solaires et les systèmes de ventilation
nocturne pourrait être envisagée.
Tableau 5.22. Optimums privés et sociétaux et surcoût par rapport à l’optimum privé
Climatisé - Privé Climatisé - Sociétal Surcoût – Privé (CGA)
Trappes E + AC(4,2) E + V + AC(4,5) + 50 €/m²
Trappes - rénové E + AC(4,5) E + V + AC(4,5) + 60 €/m²
Nice E + AC(4,5) E + V + AC(4,5) + 45 €/m²
Nice - rénové E + AC(4,5) E + V + AC(4,9) + 50 €/m²
Cependant, dans l’hypothèse d’un remplacement programmé des vitrages, alors cette action est
justifiée tant du point de vue privé que du point de vue sociétal et le surcoût de l’optimum sociétal est
beaucoup plus limité pour l’agent économique privé (inférieur à 2 €/m²).
Tableau 5.23. Optimums privés et sociétaux et surcoût par rapport à l’optimum privé
Climatisé - Privé Climatisé - Sociétal Surcoût – Privé (CGA)
Trappes E + V + AC(4,2) E + V + AC(4,5) + 20 €cts/m²
Trappes - rénové E + V + AC(4,5) E + V + AC(4,5) =
Nice E + V + AC(4,5) E + V + AC(4,5) =
Nice - rénové E + V + AC(4,5) E + V + AC(4,9) + 1,5 €/m²
En adoptant le point de vue sociétal lors de l’étude des pièces climatisées, nous trouvons que la
maximisation des bénéfices pour la société s’obtient en remplaçant le système d’éclairage et en
mettant en place des vitrages à faible facteur solaire même lorsque leur remplacement n’est pas
programmé. Concernant les appareils, les niveaux d’efficacité saisonnière requis sont compris entre
4,5 et 4,9.
La Figure 5.27 présente les réductions des consommations d’énergie justifiée par l’approche sociétale,
elles sont de l’ordre de 70 %. La mise en place des actions optimales du point de vue sociétal
s’effectue pour l’agent économique privé à un faible coût dans le cas d’un remplacement programmé
mais des actions publiques seraient justifiées pour favoriser le remplacement anticipé des vitrages.
232
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
80
50
[kWh/m²]
40
30
20
10
0
Trappes Trappes Nice Nice (rénové)
(rénové)
SEER = 3,2
80
SEER = 4,2
70 SEER = 5,2
E + PS + AC
E + AC
60
E + PS + VM + AC V : Remplacement des vitrages,
50 Optimum privé PS : mise en place de
[€/m²]
protections solaires,
40 E + V + AC E : remplacement du système
E + VM + AC
30
d’éclairage,
E + PS + V + AC
VM : ventilation mécanique
20 Référence nocturne,
PS + AC AC : climatiseur
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Economies annuelles d'électricité [kWh/m²]
Figure 5.28. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la boutique située à Trappes
Comme le montre la Figure 5.29, il n’y a pas de modification entre l’optimum sociétal et l’optimum
privé dans le cas de Nice.
233
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
80
E + VM + AC E + V + AC
V : Remplacement des vitrages,
PS : mise en place de
60 protections solaires,
E : remplacement du système
E + V + PS + AC
d’éclairage,
40
Référence VM : ventilation mécanique
nocturne,
20 AC : climatiseur
0
0 5 10 15 20 25 30 35
Economies annuelles d'électricité [kWh/m²]
Figure 5.29. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour la boutique située à Nice
Le Tableau 5.24 regroupe les optimums privé et sociétal dans le cas des boutiques. Les résultats
obtenus pour Nice montrent une synergie entre les deux points de vue. Dans le cas de Trappes, il serait
justifié d’inciter les agents économiques privés à mettre en place des protections solaires (surcoût de
5 €/m² du point de vue privé).
La Figure 5.30 présente les réductions des consommations d’énergie justifiées par l’approche
sociétale, elles sont de l’ordre de 80 – 90 % par rapport à la situation de référence.
50
Consommation annuelle d'électricité
Référence
Optimum privé (vitrage anticipé)
Optimum privé (vitrage programmé)
40 Optimum sociétal
30
[kWh/m²]
20
10
0
Trappes Trappes Nice Nice (rénové)
(rénové)
234
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Sans climatisation Vt + VN
100
SEER = 3 Vt
80
de référence (CGA) [€/m²]
SEER=4,2 PS + VN
60
Vt + AC PS
40
V : Remplacement des vitrages,
20 AC PS : mise en place de
0
protections solaires,
Vt : utilisation des volets comme
-20 0 2 4 6 8 10 12
protection solaire,
PS + AC
-40 VN : ventilation naturelle
nocturne,
-60
V + AC
Vt + V + AC
AC: climatiseur
-80
-100
-120
Figure 5.31. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction de l’inconfort annuel
pour l’appartement situé à Nice
En ce qui concerne les pièces climatisées, les solutions optimales sont présentées dans le Tableau 5.25.
Les différences entre approches privée et sociétale sont faibles, aucun investissement sur l’enveloppe
n’est justifié (la protection solaire représente un surcoût compris entre 20 €/m² à Trappes et moins de
2 €/m² à Nice (rénové)) et les efficacités saisonnières requises du point de vue sociétal sont plus
élevées mais restent inférieures à l’exigence étudiée en partie 5.2.3.
144
La monétisation retenue au chapitre 2 était de 156 €/personne/an.
235
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
E + V+ AC(4,9)
9
E + V+ AC(4,5) 40 V : Remplacement des
vitrages,
6 PS : mise en place de
E + AC(4,5)
30 protections solaires,
3 E : remplacement du
E + AC(3) E + AC(4,2) système d’éclairage,
20 VM : ventilation
0 mécanique nocturne,
AC(i) : climatiseur
10 d’efficacité saisonnière i
-3
-6 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
Energie primaire économisée annuellement [kWhep/m²]
Figure 5.32. Courbe de réduction des consommations d’énergie – cas de la pièce de bureaux à Nice
L’expression des coûts marginaux comprenant les externalités permet de recouper ces résultats avec
les conclusions de la partie précédente. En effet, la meilleure action sociétale (minimum de CGA)
correspond à la dernière action au coût négatif ou nul. On retrouve dans le cas étudié ici, que la
145
Les coefficients de conversion considérés sont ceux de la réglementation thermique française : 2,58 kWh
d’énergie primaire pour produire 1 kWh d’énergie finale électrique et 1 kWh d’énergie primaire pour produire
1 kWh d’énergie finale d’origine fossile.
236
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
négatifs. -10
0 20 40 60 80 100
Ce niveau de réduction, comme nous Réduction de la consommation électrique de
l’avons vu, s’obtient en combinant, climatisation [% ]
protections solaires, remplacement de
l’éclairage et installation d’équipements Figure 5.34. Coût marginal de réduction de la
plus efficace que l’appareil de référence. consommation d’énergie primaire en fonction du
potentiel de réduction de la consommation de
climatisation dans les boutiques
237
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
20 12
Coût marginal avec externalités
15 Coût marginal sans externalité
10
10 Vt + AC(4,2)
8
V : Remplacement des
5 vitrages,
Vt + AC(3,2)
PS : mise en place de
0 6
protections solaires,
Vt + AC(3) Vt : utilisation des volets
comme protection
-5
4
solaire,
VN : ventilation naturelle
-10 nocturne,
2 AC(i) : climatiseur
-15 d’efficacité saisonnière i
-20 0
0 5 10 15 20 25 30
Energie primaire économisée annuellement [kWhep/m²]
Figure 5.35. Courbe de réduction des consommations d’énergie – cas de la pièce d’appartement
située à Nice avec des protections solaires existantes
18 12
PS + AC(6,5)
15
10 Consommation d'électricité annuelle
pour la climatisation [kWh/m²]
Coût marginal [€cts/kWhep]
12
AC(4,5)
8
V : Remplacement des
9 vitrages,
PS : mise en place de
6 AC(3,2) Coût marginal avec externalités 6
protections solaires,
AC(4,2)
Coût marginal sans externalité
Vt : utilisation des volets
comme protection
3 Consommation de climatisation
4 solaire,
VN : ventilation naturelle
0 nocturne,
2 AC(i) : climatiseur
-3 d’efficacité saisonnière i
-6 0
0 5 10 15 20 25 30
Energie primaire économisée annuellement [kWhep/m²]
Figure 5.36. Courbe de réduction des consommations d’énergie – cas de la pièce d’appartement
située à Nice sans protections solaires existantes
La Figure 5.37 généralise les résultats obtenus pour les différentes pièces d’appartement étudiées. Il
apparaît qu’il est possible de réduire de 80 à 90 % les consommations de climatisation en utilisant les
protections solaires existantes. Lorsqu’elles ne sont pas disponibles, une réduction de 25 % des
consommations de climatisation s’obtient à des coûts marginaux compris entre 0 et 5 €cts/kWh, en
augmentant l’efficacité de l’appareil installé.
238
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
35 35
30 Trappes Trappes
30
Nice Nice
25
Les courbes de réduction des consommations d’énergie obtenues dans cette partie montrent que le
confort d’été représente un potentiel d’économies d’énergie important pouvant être réalisé à des coûts
négatifs ou nuls. Ainsi, le remplacement du système d’éclairage et l’augmentation de l’efficacité
saisonnière des climatiseurs installés permet de réduire d’environ 40 % les consommations de
climatisation dans les bureaux. Ce potentiel atteint 80 % pour les boutiques si l’on y ajoute
l’installation de protections solaires.
18 60
Coût marginal avec externalités
15 Coût marginal sans externalité
Consommation d'électricité annuelle
50
Consommation de climatisation
pour la climatisation [kWh/m²]
Coût marginal [€cts/kWhep]
12
V : Remplacement des
40
9 V + E + VM
vitrages,
PS + E + VM PS : mise en place de
6 30 protections solaires,
E + AC(3) E + AC(4,5) E : remplacement du
3 système d’éclairage,
20
VM : ventilation
0 mécanique nocturne,
10 AC(i) : climatiseur
-3 d’efficacité saisonnière i
-6 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
Energie primaire économisée annuellement [kWhep/m²]
Figure 5.38. Courbe de réduction des consommations d’énergie – cas de la pièce de bureaux située à
Nice
239
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Si l’on généralise le raisonnement à l’ensemble des pièces de bureaux étudiées, il est possible
d’empêcher la climatisation à un coût marginal inférieur à - 2 €cts/kWhep à Trappes et à 1 cts à Nice.
Au même coût, en ne considérant que les solutions climatisées, nous avions abouti à un potentiel de
réduction de la consommation d’énergie de la climatisation de 50 % (Figure 5.33).
Dans les résidences, le coût marginal des actions à entreprendre pour empêcher l’installation de la
climatisation dépend de la possibilité d’utiliser des protections solaires existantes et de recourir à la
ventilation naturelle nocturne. Le Tableau 5.26 regroupe les résultats obtenus et dans le pire des cas
(aucune action comportementale possible), l’évitement de la climatisation s’effectue à un coût négatif
à Trappes et à Nice.
En intégrant les coûts d’inconfort thermiques, nos résultats montrent que conserver les pièces de
bureaux et de résidences non climatisées en mettant en place des mesures d’enveloppe, est à l’origine
d’un potentiel d’économies d’énergie important (en évitant les consommations des climatiseurs) à des
coûts marginaux négatifs. Les coûts d’inconfort sonore ne sont cependant pas intégrés dans les calculs
et la méthode utilisée dans la partie 5.2.2.1 mène par exemple à des coûts négatifs dans le cas d’une
rue résidentielle, mais à des coûts très élevés dans le cas d’une rue où la circulation est importante146
(de l’ordre de 50 €cts/kWhep à Trappes). Des économies d’énergie à un tel coût ne sont alors plus
justifiées.
146
La monétisation retenue au chapitre 2 était de 156 €/personne/an.
240
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Secteur tertiaire
Dans le cas de la pièce de bureaux située à Trappes, le surcoût sociétal des meilleures solutions sans
climatisation par rapport aux meilleures configurations climatisées est de l’ordre de 100 €/m². Ces
premières sont même moins avantageuses (de 20 €/m²) que la simple mise en place du climatiseur de
référence (d’efficacité saisonnière égale à 3). Le phénomène est bien évidemment amplifié pour les
autres pièces de bureaux (Nice, rénovation). Les résultats obtenus avec nos hypothèses de
réchauffement climatique et de hausse du prix des énergies aboutissent donc à la justification sociétale
de la climatisation dans les bureaux, et ce, malgré les coûts externes dont elle est la source.
En ce qui concerne les boutiques, les solutions intégrant l’installation d’un climatiseur étaient déjà
optimales du point de vue sociétal en 2008 et le restent en 2050.
Secteur résidentiel
La Figure 5.39 présente, dans le cas de la pièce d’appartement située à Nice, le positionnement des
différentes actions étudiées en fonction des bénéfices (exprimés par unité de surface) pouvant être
réalisés par rapport à la situation de référence, et des degrés-heures d’inconfort.
Les résultats représentés sur cette figure montrent que la possibilité de recourir à la ventilation
naturelle nocturne est une condition nécessaire et suffisante pour que la climatisation ne soit pas
justifiée du point de vue sociétal.
80
Bénéfices par rapport à la situation
Vt + VN
Sans climatisation
60
SEER = 3
de référence (CGA) [€/m²]
Vt + AC
40 SEER=4,5
-80
Figure 5.39. Bénéfices engendrés par les différentes actions étudiées en fonction des économies
d’électricité (liées à la climatisation) pour l’appartement situé à Nice en 2050
241
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Le Tableau 5.27 présente les meilleures configurations du point de vue sociétal en fonction des
moyens d’adaptation existants dans les pièces résidentielles. A part dans la pièce rénovée de Nice, la
ventilation naturelle est une condition nécessaire et suffisante pour que la climatisation ne soit pas
justifiée du point de vue sociétal.
Ce résultat est cependant à nuancer en raison, d’une part des incertitudes qui pèsent sur ce travail et
d’autre part du fait que les solutions de ventilation naturelle nocturne peuvent voir leur bilan
économique grandement impacté par des éléments que nous n’avons pas pris en compte (la pollution,
les nuisances sonores, notamment en période de sommeil des occupants). Si l’on intègre les nuisances
sonores d’après notre méthode de monétisation, alors la climatisation est justifiée dans toutes les
configurations.
Tableau 5.27. Configurations dans lesquelles la climatisation est justifiée du point de vue sociétal en
2050.
Trappes Trappes (rénové) Nice Nice (rénové)
Protections solaires
existantes + ventilation Non justifiée Non justifiée Non justifiée Justifiée
nocturne envisageable
Ventilation nocturne
Non justifiée Non justifiée Non justifiée Justifiée
envisageable
Protections solaires
Justifiée Justifiée Justifiée Justifiée
existantes
Ni protection, ni
Justifiée Justifiée Justifiée Justifiée
ventilation
Tableau 5.28. Optimums privés et sociétaux dans le cas des pièces de bureaux en 2050
Privé (remplacement Privé (remplacement
Sociétal
anticipé des vitrages) programmé des vitrages)
Trappes E + AC(4,5) V + E + AC(4,5) V + E + AC(4,5)
Trappes - rénové E + AC(4,5) V + E + AC(4,5) V + E + AC(4,6)
Nice E + AC(5,2) V + E + AC(4,5) V + E + AC(6,5)
Nice - rénové E + AC(6,5) V + E + AC(5,2) E + V + VM + AC(6,5)
La Figure 5.40 présente une comparaison des consommations unitaires de référence et des
consommations correspondant aux optimums économiques privés et sociétal. La situation de référence
consiste en l’installation d’un climatiseur d’efficacité saisonnière égale à 3 (valeur moyenne sur le
marché actuel d’après les résultats du chapitre 4). Dans le cas des bureaux, adopter la configuration
optimale d’un point de vue sociétal permet de réduire la consommation de climatisation de l’ordre de
70 à 85 % par rapport à la référence.
242
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
[kWh/m²]
50
40
30
20
10
0
Trappes Trappes Nice Nice (rénové)
(rénové)
Le Tableau 5.29 regroupe les optimums privé et sociétal dans le cas des boutiques. Les résultats
obtenus montrent une synergie entre les deux points de vue puisque l’unique différence réside dans
l’augmentation de l’efficacité saisonnière des appareils dans le cas de Nice. Ceci permet de réduire les
consommations unitaires (voir Figure 5.22) de 7 % et 15 % par rapport aux niveaux atteints avec les
solutions optimales d’un point de vue privé.
Tableau 5.29. Optimums privés et sociétaux dans le cas des boutiques en 2050
Privé Sociétal
Trappes E + PS +AC(4,5) E + PS +AC(4,5)
Trappes - rénové E + PS +AC(4,5) E + PS +AC(4,5)
Nice E + PS + AC(4,5) E + PS +AC(4,9)
Nice - rénové E + PS + AC(4,5) E + PS +AC(5,2)
Le Tableau 5.30 regroupe les optimums privé et sociétal dans le cas des pièces de résidence. Si les
protections solaires n’étaient pas justifiées selon l’optimum privé, elles le sont d’un point de vue
optimal. D’autre part, les efficacités requises sont maintenant plus élevées à Trappes d’environ 30 %.
Tableau 5.30. Optimums privés et sociétaux dans le cas des pièces de résidence climatisées
Protections solaires existantes Sans protections solaires existantes
Privé Sociétal Privé Sociétal
Trappes Vt + AC(3) Vt + AC(4,2) AC(3,2) PS + AC(4,2)
Trappes – rénové Vt + AC(3,2) Vt + AC(4,2) AC(4,2) PS + AC(4,2)
Nice Vt + AC(4,2) Vt + AC(4,5) AC(4,5) PS + AC(4,5)
Nice – rénové Vt + AC(4,5) Vt + AC(4,5) AC(4,5) PS + AC(4,5)
La Figure 5.41 présente une comparaison des consommations unitaires de référence et des
consommations correspondant aux optimums économiques privés et sociétal. Les optimums sociétaux
correspondent à une réduction de l’ordre de 80 % des consommations.
243
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
25
[kWh/m²]
15
10
0
Trappes Trappes Nice Nice (rénové)
(rénové)
Selon nos résultats, dans un contexte de changement climatique, il ne sera pas optimal du point de vue
de la société d’améliorer le confort d’été des bâtiments sans recourir à la climatisation, excepté dans le
cas des pièces résidentielles où la ventilation nocturne sera envisageable.
Dès lors, des solutions permettant de diminuer l’impact de la climatisation devront être mises en place.
Dans un premier temps, se rapprocher de l’optimum privé en luttant contre les dysfonctionnements et
la rationalité limitée des agents privés, permet des économies conséquentes par rapport à une
adaptation spontanée consistant à acheter un climatiseur dans la moyenne du marché (partie 5.2.4.4).
Dans un second temps, il s’agira de mettre en place des instruments pour se rapprocher des optimums
sociétaux. Si ces derniers sont assez proches des optimums privés dans le secteur tertiaire, l’adoption
du point de vue privé dans le secteur résidentiel pourrait mener à une généralisation des appareils sans
mesures d’enveloppe, alors que la prise en compte du point de vue sociétal incite à jouer à la fois sur
les équipements et sur l’enveloppe.
244
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Zones climatiques
Comme nous l’avons vu au chapitre 3, les climats
de Trappes et Nice représentent des situations
extrêmes en termes de « sévérité » de la saison
d’été.
Nous avons choisi de rajouter deux climats,
Bordeaux et Mâcon, afin d’améliorer la prise en
compte de la diversité des climats français.
D’autre part, il nous est possible pour ces deux
nouveaux climats de déterminer leur évolution en
2050 dans l’hypothèse d’un changement
climatique (suivant la méthode présentée au
Figure 5.42. Zones climatiques retenues pour
chapitre 3). l’étude prospective du développement de la
La répartition s’est basée, de façon relativement climatisation individuelle
arbitraire, sur les frontières des régions
françaises.
245
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
En France, le secteur résidentiel se déploie sur 2,3 milliards de m² selon l’INSEE147 et la surface totale
de bureaux chauffés était de 189 158 000 m² en 2006 (ADEME, 2007). En ce qui concerne le secteur
commercial, une analyse des données fournies par l’INSEE (2004) montre que les commerces de
moins de 150 m² (qui sont les plus susceptibles d’être équipés d’appareils de climatisation
individuelle) représentent environ 25 % de la surface commerciale de détail française, soit
16,7 millions de m².
Afin de répartir ces surfaces par zone climatique, nous les avons pondérées en fonction du nombre de
personnes habitant ces différentes zones (RF, 2009), ce qui nous permet d’obtenir les résultats donnés
dans le Tableau 5.31148.
Tableau 5.32. Détermination des coefficients de répartition du stock par région climatique
Répartition des ventes de climatiseurs Répartition du stock de climatiseurs individuels
(Bâtiment Relations Elec, 2000) Nord Sud-ouest Centre-est Méd.
Méditerranée 31 % - - - 31 %
Ile de France 18 % 18 % - - -
Sud-ouest 16 % 16 % - -
Nord/Centre/Ouest 13 % 7% 6% - -
Rhône Alpes 11 % - - 11 % -
Est 11 % 6% - 5% -
Total 31 % 22 % 16 % 31 %
147
Valeur déduite des surfaces moyennes par personne fournies sur le site de l’Insee (www.insee.fr, Quelques
caractéristiques du parc de résidences principales) et des chiffres de la population française (RF, 2007).
148
En adoptant cette répartition des surfaces nationales, nous passons outre le fait que le ratio surface par
habitant est plus faible en ville et que les surfaces de bureaux ne sont pas directement corrélées à la population.
246
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
En ce qui concerne la répartition entre les différents types de bâtiment, nous nous reposons sur
l’examen des enquêtes Batim-étude en 1997 et 2003 (Adnot et al., 2002) pour estimer la part des
secteurs résidentiel et tertiaire dans le stock de climatiseurs individuels (Tableau 5.33). Le stock
attribué au secteur tertiaire est ensuite répartis entre les bureaux et les boutiques au prorata des
surfaces (Tableau 5.31).
Au final, toutes les hypothèses que nous venons de décrire permettent d’aboutir à une répartition en
fonction du climat et du secteur présentée dans le Tableau 5.34.
Tableau 5.34. Répartition du stock de climatiseurs individuels par zone et par secteur
Résidence Bureaux Boutiques Total
Nord 3% 25 % 3% 31 %
Sud-ouest 8% 13 % 1% 22 %
Centre-est 4% 11 % 1% 16 %
Méd. 17 % 13 % 1% 31 %
Total 32 % 62 % 6%
Enfin, connaissant cette dernière répartition et le stock total installé en France (exprimé en puissance
frigorifique), nous obtenons la puissance totale de refroidissement par zone et par secteur et il ne reste
plus qu’à connaître les puissances de dimensionnement pour obtenir les surfaces climatisées. Ces
dernières sont obtenues à partir des résultats de simulations du chapitre 3 et des hypothèses de
dimensionnement décrites au chapitre 4 (Tableau 4.10). Pour rappel, nous avions alors supposé 30 %
de surdimensionnement mais il existe une très grande incertitude concernant les pratiques in-situ.
L’étendue des surfaces actuellement climatisées est rassemblée dans le Tableau 5.36. Ces dernières
couvrent, selon nos calculs, environ 83 millions de m² en 2005 dont 45 % environ dans les bureaux de
la zone « Nord » et dans les résidences de la zone « Méditerranée ».
L’étude EECCAC (Energy Efficiency and Certification of Central Air Conditioners), menée par Adnot
et al. (2002), avait aboutit à une prévision de la surface climatisée (par des climatiseurs individuels) de
75 millions de m² en 2005, un résultat 10 % moins élevé que celui obtenu ici. Les prévisions de l’étude
EECCAC n’intégrant pas l’explosion des ventes et des installations liées à la canicule de 2003
247
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
(augmentation des ventes de 250 % entre 2000 et 2004), nos résultats semblent en accord avec ceux de
cette étude, notamment au vue des incertitudes importantes dont les deux exercices sont empreints.
Tableau 5.37. Taux de pénétration pour les différentes zones et différents secteurs (% de surface
climatisée par rapport à la surface totale)
Résidence Bureaux Boutiques
Nord 0,2 20,1 25,2
Sud-ouest 2,1 38,8 51,3
Centre-est 0,9 27,0 35,6
Méd. 5,1 41,4 54,7
France 1,2 26,4 34,2
Dans le secteur résidentiel, le taux de pénétration maximum est de 5 % à Nice mais il est
vraisemblablement plus élevé si l’on raisonne en nombre de logements climatisés (totalement ou
partiellement). En effet, si l’on suppose que toutes les habitations climatisées ne sont en fait équipées
que pour une seule pièce149, alors le taux de pénétration augmente fortement (Tableau 5.38). Ainsi, le
taux de pénétration, défini comme le nombre de logements partiellement ou totalement climatisés par
rapport au nombre total de logements, est compris entre 5 et 21 % en zone « Méditerranée » et entre 1
et 5 % sur l’ensemble de la France. Cette dernière estimation du taux de pénétration est en accord avec
celle de l’entreprise RTE (Réseaux de Transport d’Electricité) selon laquelle 3 % des ménages français
sont équipés de climatiseurs individuels (ONERC, 2009).
Tableau 5.38. Taux de pénétration (%) en supposant une seule pièce climatisée par logement
Résidence
Nord 0,9
Sud-ouest 8,7
Centre-est 3,8
Méd. 21,1
France 5,0
149
Selon l’INSEE, la surface moyenne des logements français est de 90 m² et celle des pièces de 22 m².
248
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
La relation obtenue par Sailor et Pavlova (2003) entre taux de saturation et degrés jours de
refroidissement a ensuite été améliorée par MacNeil et Letschert (2007) qui ont abouti à l’équation
(5.5).
0,00187 CDD
S 1 0,949 e (5.5)
Avec : CDD, les degrés jours de refroidissement calculés avec l’équation (5.6),
S, le taux de saturation.
365 i i
T T
CDD max min
18 (5.6)
i 1 2
Avec : Tmax et Tmin les températures maximales et minimales journalières
La pénétration des climatiseurs dans une région géographique donnée dépend des conditions
climatiques mais aussi de facteurs culturels (exigences de confort…) et économiques (pouvoir d’achat
des ménages…). Dans le cas du secteur résidentiel, nous supposerons cependant que le développement
de la climatisation en France est semblable à ce qu’ont connu les Etats-Unis. Les taux de saturation
peuvent alors être calculés à l’aide de l’équation (5.5) pour les climats actuels et dans l’hypothèse d’un
changement climatique tel que défini au chapitre 3 (Tableau 5.39). Etant donné que la climatisation
centralisée est très développée aux Etats-Unis, nous supposerons que ces taux de pénétration
correspondent aux ratios entre les surface climatisées et les surfaces totales (et non les logements
climatisés, même partiellement, par rapport au nombre total de logements).
Tableau 5.39. Taux de saturation selon les climats dans le cas d’un développement états-unien de la
climatisation résidentielle
Climat actuel Climat 2050
CDD (18 °C) Saturation [%] CDD (18 °C) Saturation [%]
Trappes 92 20 424 57
Mâcon 159 30 710 75
Bordeaux 205 35 639 71
Nice 431 58 894 82
En ce qui concerne le secteur tertiaire, nous nous reposons sur l’étude ECCAC (Adnot et al., 2002)
qui, après analyse du contexte états-unien, avait abouti à des taux de saturation de 66 % pour la France
et de 83 % pour l’Europe du sud dans le cas des bureaux, et de 60 et 70 % dans le cas des commerces.
Les taux de saturation retenus sont regroupés dans le Tableau 5.40, ils supposent notamment que la
part de la climatisation individuelle dans les bureaux sera égale à celle de la climatisation centralisée et
que la climatisation non individuelle n’est que marginalement utilisée dans les boutiques (pour rappel,
nous nous sommes concentrés sur les commerces de petites surfaces).
Vitesse de pénétration
Dans le cas du scénario de référence, nous supposons que les taux de saturation ci-dessus sont atteints
en 2030. Ceci correspondrait à un accroissement annuel des ventes de l’ordre de 20 % d’ici 2030, ce
qui n’est pas aberrant au vu des augmentations entrevues ces dernières années (plus de 25 % par an
entre 2000 et 2004 - voir chapitre 1). Dans l’hypothèse d’un changement climatique, nous supposons
que les taux de saturation sont atteints en 2050.
249
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Dans l’hypothèse d’un changement climatique, environ 1270 millions de m² seraient climatisés en
2050. Le secteur résidentiel représenterait alors plus de 90 % de la surface climatisée et la zone
« Nord », 47 % à elle seule (contre environ 3 % en 2008).
Tableau 5.42. Estimation des surfaces climatisées en 2050 dans l’hypothèse d’un changement
climatique (millions de m²)
2050
Résidence Bureaux Boutiques
Nord 597,1 37,6 6,7
Sud-ouest 187,3 11,3 2,0
Centre-est 214,3 10,8 1,9
Méd. 186,9 10,4 1,8
Les projections de l’évolution des surfaces climatisées dans le parc bâti existant sont représentées sur
la Figure 5.44. Dans l’hypothèse sans changement climatique, il est supposé que l’on atteint le taux de
saturation en 2030 et qu’ensuite la surface climatisée diminue du fait de la réduction du parc existant.
1400
Surfaces climatisées [millions de m²]
Climat actuel
1200
Changement climatique
1000
800
600
400
200
0
2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060
Figure 5.44. Projection de l’évolution des surfaces climatisées dans le parc bâti existant
250
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
25
Consommations d'électricité [TWh]
Climat actuel
20 Changement climatique
15
10
0
2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060
Figure 5.45. Projection des consommations annuelles d’électricité dues à la climatisation individuelle
A titre indicatif, la puissance électrique installée peut être estimée sommairement. En supposant un
EER moyen égal à 3, la puissance électrique installée passe de 3,5 GW en 2005 à 25,7 GW en 2030.
En 2008, la puissance maximale appelée pendant l’été était d’environ 60 GW en juillet et 57 GW en
août contre 84,5 GW en décembre. L’augmentation d’une vingtaine de GW n’est donc pas anodine,
elle positionnerait la pointe d’été au même niveau que celle d’hivers (RTE, 2008) et nécessiterait de
repenser la gestion des moyens de production (maintenance, installation de nouvelles capacités de
production…).
251
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Tableau 5.43. Consommation d’électricité liée à la climatisation individuelle dans le secteur tertiaire
2030 (mesures de
2008 2030 (référence)
MDE)
Consommation annuelle
1,8 2,35 1,1
d’électricité [TWh]
Le Tableau 5.44 présente les résultats obtenus pour le secteur résidentiel. Il est possible de réduire de
plus de 60 % la consommation d’électricité liée à la climatisation individuelle en généralisant les
protections extérieures. L’amélioration de l’efficacité saisonnière moyenne du stock de climatiseurs
permettrait quant à elle d’économiser annuellement 0,65 TWh supplémentaires.
Les comportements apparaissent essentiels dans l’objectif de réduction des consommations de
climatisation dans le secteur résidentiel. En effet, si seulement la moitié des ménages gère ces
150
Elles sont baissées lors des périodes d’inoccupation en été. Voir l’algorithme de contrôle au chapitre 3.
252
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
protections solaires de façon optimale, alors la consommation annuelle n’est plus de 1,35 TWh mais
de 2,4 TWh.
Il est donc fondamental de travailler à une évolution des comportements, notamment via des
campagnes de sensibilisation. Il apparaît difficile de se reposer uniquement sur le facteur coût pour
inciter les gens à recourir à une utilisation optimale des protections solaires dans les pièces climatisées.
En effet, cela ne permet qu’une réduction très modeste de la facture d’électricité, de l’ordre de 7 à 15 €
par an et par pièce151 (Trappes et Nice) en 2008 et de 10 à 20 € en 2030. A titre d’exemple, ces valeurs
représentent environ 0,5 – 1 % de la facture d’énergie actuelle d’un ménage francilien (1260 € sans
tenir compte du transport selon Mettetal (2009)).
Tableau 5.44. Consommation d’électricité liée à la climatisation individuelle dans le secteur résidentiel
Consommation annuelle
d’électricité [TWh]
2008 0,2
2030 (référence) 5,35
2030 (généralisation des protections) 2
2030 (généralisation des protections +
1,35
efficacité du stock égale à 4,5)
Horizon 2050
La Figure 5.46 présente les projections de 24
consommations d’électricité à horizon 2050 dans
Consommations d'électricité [TWh]
Changement climatique
(référence)
le cas du scénario de référence, avec et sans 20
Changement climatique
changement climatique, et dans le cas de la mise (mesures 2030)
16
en place des mesures décrites précédemment. Sans changement climatique
(mesures 2030)
Il est possible de réduire d’un facteur 5 environ les 12
151
Selon l’INSEE, la surface moyenne des pièces françaises est de 22 m².
253
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
5.4.2.3. Conclusions
Le développement de la climatisation individuelle à l’image des Etats-Unis pourrait entraîner des
consommations électriques liées à cet usage de l’ordre de 8 TWh/an en 2030 et 20 TWh/an en 2050
avec nos hypothèses de changement climatique. Cependant, l’exercice de prospective présenté ici
montre que l’adoption de mesures portant sur les appareils et sur l’enveloppe des bâtiments permetrait
de réduire fortement les consommations, et ce, à des coûts souvent négatifs, et avec des technologies
actuellement disponibles sur le marché. Le potentiel accessible de réduction des consommations a été
estimé à 5 TWh/an en 2030 et 18 TWh/an en 2050.
Un point important sera le comportement des occupants dans le secteur résidentiel. En effet, c’est dans
ce secteur que la climatisation individuelle se développera le plus fortement et des économies
importantes peuvent y être obtenues à la fois en réduisant la pénétration des climatiseurs et en utilisant
les protections solaires à bon escient.
Dans le cas du changement climatique, l’ONERC (2009) prévoit une réduction de 10 TWh/an
d’électricité de chauffage (avec un scénario de réchauffement A2 similaire au nôtre). La mise en place
des mesures que nous décrivons dans cette partie permettant de limiter à moins de 3 TWh/an
l’augmentation des consommations de climatisation, le changement climatique serait alors
« bénéfique » en termes de consommations électriques. Bien évidemment, sans ces mesures de
réduction des consommations de climatisation, nous assistons alors à une augmentation globale des
consommations électriques de l’ordre de 10 TWh/an.
254
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
255
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
fluides). En supposant que 95 % des fluides sont récupérés en fin de vie, ce sont respectivement 1,4 et
4,7 Mt de CO2-eq qui peuvent être évitées annuellement en 2030 et 2050, à un coût de - 60 €/t en 2030
et - 700 €/t en 2050 (hypothèse d’un changement climatique).
14
0
2005 2030 2030 MDE 2050 (CC) 2050 (CC) 2050 MDE
Référence Référence Référence MDE
Figure 5.48. Projection des émissions annuelles de CO2 pour différents scénarios (CC : changement
climatique)
Dans une optique de réduction des émissions de GES à horizon 2050, la réduction des consommations
d’électricité a permis de diviser d’un facteur 3 les émissions totales mais elle ne semble pas offrir de
potentiel supplémentaire. En effet, obtenir un parc de climatiseurs dont l’efficacité moyenne
saisonnière serait égale à 5,2 permettrait d’économiser encore 0,10 Mt de CO2-eq mais à un coût très
élevé, de l’ordre de 3900 €/t.
Une réduction supplémentaire des émissions passe donc par une réduction de l’impact des fluides
notamment via l’utilisation de fluides naturels. En 2050, les fuites de fluide représentent en effet un
poste d’émission plus important que les consommations d’électricité (Figure 5.48). Comme nous
l’avons souligné au chapitre 4, en l’absence d’information sur les performances énergétiques et
économiques de systèmes fonctionnant avec des fluides naturels, il ne nous a cependant pas été
possible d’évaluer leur potentiel.
Enfin, selon nos résultats et avec nos hypothèses de changement climatique, les émissions annuelles de
GES seront de l’ordre de 2,3 Mt de CO2-eq soit environ 2 % du plafond à respecter en France pour
atteindre le facteur 4.
256
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
Pièces de bureaux
En ce qui concerne les pièces de bureaux non climatisées153, la maximisation des bénéfices pour la
société s’obtient en remplaçant le système d’éclairage, en mettant en place des protections solaires et
en installant des systèmes de ventilation mécanique nocturne.
Concernant les pièces climatisées, la maximisation des bénéfices sociétaux s’obtient en remplaçant le
système d’éclairage, en mettant en place des vitrages à faible facteur solaire (même lorsque leur
remplacement n’est pas programmé) et en installant des climatiseurs dont l’efficacité saisonnière est
comprise entre 4,5 et 4,9 selon les configurations (enveloppe rénovée, climat).
Boutique
Dans le cas des boutiques, l’optimum sociétal correspond au remplacement de l’éclairage, à la mise en
place de protections solaires et à l’installation de climatiseurs plus efficaces que la moyenne du
marché actuel. Les niveaux d’efficacité saisonnière optimaux sont en effet compris entre 3,2 et 4,5
selon les configurations (enveloppe rénovée, climat).
Pièces résidentielles
Dans le secteur résidentiel, l’optimum sociétal correspond à l’installation de protections solaires et,
lorsque c’est possible, au recours à la ventilation naturelle nocturne.
Lorsque la climatisation est nécessaire (nuisances sonores, exigences de confort élevées), les solutions
optimales correspondent à l’utilisation des protections solaires lorsqu’elles sont déjà existantes et à
l’utilisation de climatiseurs dont l’efficacité saisonnière est comprise entre 3 et 4,2 selon les
configurations (enveloppe rénovée, climat).
152
Les hypothèses adoptées sont décrites au chapitre 3.
153
Tout au long du chapitre et de nouveau ici, nous supposons que l’ouverture des fenêtres est possible dans les
locaux non climatisés.
257
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
154
Que nous définissons comme l’ensemble des bâtiments construits avant 2005.
155
Les hypothèses adoptées sont décrites au chapitre 3.
258
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
259
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
5.5.3 Recommandations
5.5.3.1. Interdire la climatisation ?
Nous avons vu que le recours à la climatisation n’était généralement pas optimal du point de vue
sociétal et il semblerait donc légitime de lutter contre le développement de la climatisation individuelle
en interdisant ces appareils ou en les taxant lourdement.
Cependant, il faut être conscient que la prise en compte des nuisances sonores et du phénomène d’îlot
urbain peut modifier cette conclusion et rendre la climatisation justifiée sociétalement. Dès lors, il
apparaît difficile d’adopter une position catégorique concernant le bien fondé de la climatisation en
France.
Afin de réduire la pénétration de cet usage, une solution consiste à rapprocher l’optimum sociétal de
l’optimum privé en jouant sur le montant des taxes qui pèsent d’une part, sur les climatiseurs, et
d’autre part, sur les solutions permettant d’éviter la climatisation. Cependant, cela ne doit pas proscrire
le recours à la climatisation qui est justifiée sociétalement dans certains cas.
260
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
156
Que ce soit dans les locaux climatisés ou non climatisés
261
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
157
Voir l’exemple du programme japonais « Cool Biz » présenté au chapitre 1 (partie 1.1.4.2) qui consiste à
adopter des codes vestimentaires moins stricts dans les bureaux.
158
Centre de recherche méthodologique d'architecture de l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Nantes.
262
Chapitre 5 Evaluation du potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d’été
263
264
Conclusion générale
Conclusion générale
265
Conclusion générale
266
Conclusion générale
267
Conclusion générale
Eléments de perspective
L’évaluation des coûts
Au cours de ce travail de thèse, nous avons observé qu’il existait des incertitudes importantes
concernant les coûts que nous avons utilisés. Celles-ci sont dues à l’essence même du travail
d’évaluation des coûts159, mais aussi au fait que peu de travaux sont réalisés sur le sujet. Idéalement,
un travail approfondi sur l’estimation des coûts aurait été approprié de façon à quantifier les
dispersions existantes et à pouvoir mener des analyses de sensibilité. De façon générale, nous
déplorons le faible nombre d’études et d’enquêtes portant sur l’évaluation des coûts du marché. Ces
derniers constituent pourtant des informations fondamentales pour apprécier les investissements en
matière de réduction des impacts environnementaux.
L’évaluation du potentiel de solutions n’ayant pas été étudiées dans le cadre de cette thèse
La liste des actions d’amélioration du confort d’été étudiées dans cette thèse est loin d’être exhaustive.
Certains développements permettront l’émergence sur le marché de nouvelles technologies qui ne sont
pas encore matures ou restent actuellement peu utilisées. Les matériaux à changement de phase, les
toitures végétalisées, les appareils de climatisation solaire, les climatiseurs fonctionnant avec des
fluides naturels sont, entre autres, des solutions dont le potentiel mériterait d’être étudié.
159
Les coûts de biens remplissant une fonction identique peuvent varier de façon très importante (qualité du
produit, pratiques de ventes…).
268
Conclusion générale
269
270
Références bibliographiques
Références bibliographiques
271
Références bibliographiques
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Références bibliographiques
Chapitre 1
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293
Annexes
conditions, the human thermal balance must be null which leads to a first formula. It means that the individual
exactly looses the heat produced by the metabolism. In addition, Fanger realized experiments in climate
chambers to correlate metabolism with mean skin temperature and sweating. In more details, the PMV equation
assumes that deviations from the human thermal balance vary with thermal comfort vote. A PMV equal to zero
represents the optimum comfort when the thermal balance is null and this index can vary from –3 (cold) to 3
(hot). It is also possible to predict the reaction of individuals thanks to the PPD index that aims at calculating the
expected number of thermally dissatisfied people in a group according to the PMV. PMV and PPD are used in
several standards where comfort zones are often defined by limiting the PMV between –1 and 1 (ie less than
10% of unsatisfied people according to the PPD). In a further study [5], Fanger stated that the quantitative
influence of air velocity is in good agreement with PMV and PPD equations.
Regarding comfort fans whose air flow is not uniform several studied have been carried out based on human
experiments. Arens [6] showed that the cooling effect of personally controlled fans was approximately 1°C by
0.1 m/s increment of air speed. This study was carried out under specific factors, mainly air temperature from
24°C to 31°C, activity level of 1.2met (sitting in activity) and clothing equivalent to 0.5clo (summer light
clothes). Furthermore, Arens [6] compared his results from experiments to results obtained with Fanger’s
indexes and found that they were close with a 5% difference. Effects of ceiling fans on the summer comfort zone
have also been studied by Roshles [7] in experiments gathering eight subjects. They considered that air
movement was pleasant up to 1 m/s at 29.5°C and the turbulence of the flow was a beneficial aspect. A study
carried out by Konz [8] aimed at comparing fixed fans with oscillating fans. The exposed subjects preferred
oscillating fans to fixed ones. A second set of experiments consisted in exposing the subjects to air movements at
different angles to the front of the body. It appeared that angle was not a significant parameter in terms of
thermal comfort. Another documented effect of air movement is the human response to the power spectrum of
the turbulent airflow provided by a comfort fan. In fact, like other receptors contained in the skin, heat receptors
are sensitive to some stimulation frequency ranges and have peak response at certain frequencies. Thus, Oelsen
[9] determined that human thermal receptors had a significant peak in response around 0.5 Hz in cool ambiances
and related velocities at a 0.5Hz gust frequency to equivalent uniform air speed for identical cooling sensations
(discomfort in this case). For example, a mean air speed of 0.4m/s at a 0.5Hz frequency will provide the same
cooling sensation as a uniform airflow of 0.6m/s. This kind of experiments has been also processed in hot
ambiances where the human thermal response to the cooling sensation of air movement has a significant peak
around 0.4 Hz [10].
Comfort fans and energy savings
In the United States, efforts are triggered off to quantify the potential energy savings of comfort fans (mainly
ceiling fans) and try to improve their efficiency. Regarding energy savings, simulation studies have
demonstrated that using ceiling fans can lead to energy savings or wasting in comparison with air conditioners
according to set point chosen by end-users. For example, according to James [11], using ceiling fans combined
with raising a home's temperature 1.1°C (2° F) will generate about a 14% net savings in annual cooling energy
use (subtracting out the ceiling fan energy and accounting for internally released heat). This savings drops to
2.6% with a 0.56°C increase in set point and to a negative 3.7% savings with only a 0.28°C increase in set point.
If the thermostat is not adjusted at all for fan use, cooling energy use may increase by 15%. Comfort fans can
theoretically extend the natural ventilation season when the air conditioner is not used, allow for higher
thermostat set points when the air conditioner is used and therefore should lead to energy savings. However,
James [11] mentions that a survey of 400 households in Florida does not indicate cooling energy savings due to
ceiling fans because of inappropriate thermostats settings. It was not investigated if this result could be explained
by an insufficient level of comfort provided by ceiling fans. Regarding the improvement of fan efficiencies,
ceiling fans have been already studied. For example, Schmidt [12] and Parker [13] have presented new designs
of ceiling fans based on the improvement of motor and blade efficiencies.
METHODS
This study aims at assessing comfort benefits and electrical consumption of air moving devices and comparing
them to other cooling appliances. From the bibliography previously presented, Fanger’s indices (PPD and PMV)
appear very relevant to assess the global thermal feeling (without drafts and asymmetries) of individuals and
notably to take into account air movement benefits. These indices require a full knowledge of indoor conditions
along with information regarding people like clothing or metabolic rates. As a result, the first step consists in
simulating a house to define typical indoor conditions. Several sets of simulations have been carried out with
different climates and different appliances. Available typical indoor conditions along with characteristics of
appliances are treated with Matlab in order to provide the PPD index and consumption all over the summer
period. An approach has been defined to calculate and determine the number of discomfort and operating hours
for fans.
294
Annexes
Simulations
From characteristics of the French building stock and from information of the year 2000 regulation defining
energy performance requirements for buildings, a typical house has been defined. This house is supposed to be
representative of the up-to-date residential building stock. Main geometrical and thermal characteristics are
described in Table 1 and Table 2. In addition, assumed occupant usages are specified (occupation profiles,
lighting control, installed equipments), an examples is reported in Table 3. Occupant usages are typical of a
French family and are not representative of sedentary people usages (offices, rest-homes).
Table 1. Geometrical characteristics Table 2. Main thermal characteristics
Total area 136m² Window solar factor 0.6
Average Height 2.5 m Light transmission rate of
0.6
Windows-to-wall ratio 7.8% of the vertical area windows
Living room 34m² U value for windows 2.45 W/m².K
Bedrooms 51m² U value for external walls 0.6 W/m².K
Kitchen 17m² U value for the roof 0.25 W/m².K
Lavatories 9m²
Circulations 25 m²
5
Occupation profile
From Monday to Friday 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
This two storey residential house has been simulated fist with free temperature and humidity evolution and then
with an air conditioner with the ConsoClim software. ConsoClim is an energy calculation software that was
developed with the aim of reducing the large amount of inputs as much as possible and using input data which
are easily available by designers such as data found in manufacturer’s catalogs [14]. Consoclim uses hourly
weather data to compute hourly energy consumptions and hourly loads. In this study, climatic files of 1999 are
used for three cities: Trappes [48.5N-2.2E]; Rennes [48.1N-1.4W]; Pau [43.1N-0.2W].
Determination of device characteristics
Airflows of a pedestal comfort fans has been measured by means of a hot-wire anemometer in a 30m² room.
Since asymmetries are not taken into account in this study, only a global assessment is needed and air speed
average has been computed at given distances from the fan. Some experimental values are presented in Table 4.
The consumption has been set to 50 W which is the manufacturer value. It is assumed that when the fan operates,
the load has to be increased by 50W due to heat production. Furthermore one comfort fan of this type can
ventilate up to two occupants and therefore when a room is occupied by more than two people, additional fan is
required. When assessing comfort, the potential speed interval that can be provided by this pedestal fan will be
between 1.2 and 3.3 m/s. This means that occupants are located between 0.9m and 1.5m from the fan.
Table 4. Pedestal fan characteristics
Distance to First speed Second speed Third speed
Type Electrical input
measurement [m/s] [m/s] [m/s]
0.9m in front 1.8 2.5 3.3 50W
Pedestal fan
1.5m in front 1.1 1.6 2.3 50W
In France, air conditioners are often present in only one room of the house. In this study, it is presumed that a
Split system is installed in the 30m² living room. This air conditioner has been sized and fills the summer load of
this room (the set point is 25°C when the room is occupied). Then existing models were looked for and
performances given by manufacturers were used for the simulations. As a result, characteristics are different
according to the city. The EER varies from 2.63 to 3.27 that can be considered as energy efficient products in the
European market. Main characteristics are given in Table 5.
295
Annexes
Data processing
This subsection aims at explaining how to assess the comfort obtained with comfort fans and air conditioners
over French cooling season in a typical French house. The PPD index is used to assess the comfort feeling. For
air conditioner, a temperature set point has been chosen and the PPD is then processed for an air speed of 0.4m/s,
a clothing rate of 0.7clo and a metabolic rate of 70W/m² that corresponds to a seated subject in activity or a stand
subject at rest.
When it comes to calculate the PPD for the pedestal fan, the problem becomes more complicated since the
provided comfort is partial and occupants are considered to adjust their clothing and fan speed to maximize the
comfort feeling. An approach to reproduce occupant behaviors has been investigated and programmed with
Matlab.
First of all, the PPD calculations depend on the metabolic rate that is set at 70W/m² and on several factors that
are provided by building simulations with free evolutions of temperature and humidity: pressure, relative
humidity, ambient temperature and mean radiant temperature.
Other remaining factors (air speed and clothing) are directly under occupant action and as a result occupant
behaviors must be defined to access these values and compute the PPD index. From indoor conditions and air
speed of 0.1m/s (no air moving device), the PPD is minimized by selecting the most appropriate clothes that are
associated to thermal resistances. It means that occupants are assumed to look for the clothes that generate the
best thermal feeling. In a second time, if the reached PPD is higher than 10%, occupants face a discomfort
feeling and will try to improve it by switching on the pedestal fan. As a result, if the PPD is higher than 10%, a
second minimization is computed by selecting the best fan speed (from 1.1 to 3.3m/s). This 10% value has been
chosen to distinguish between comfort hours and discomfort hours because this value has been selected in
standards ([1],[2]) to define the thermal comfort zone. To conclude, the obtained PPD is not necessary lower
than 10% but it corresponds to the best combining between clothing and ventilating. This approach is an
optimized approach since the first optimization relies on clothing and that the comfort fan is not used if a cloth
modification is enough to reach a PPD lower than 10% (Figure 1).
Figure 1. Approach to calculate the PPD index and determine the number of discomfort and operating hours for
comfort fans
RESULTS
The typical French house previously defined has been simulated for three cities in two configurations: free
evolutions of humidity and temperature and air conditioning. Results are given in this section regarding comfort
assessment and consumption calculations.
Comfort assessment
As for international standards, it has been considered that the thermal comfort zone corresponds to a PPD lower
than 10% ([1],[2]). Thus, a discomfort hour is defined as an hour during which the calculated PPD is higher than
10%. The number of discomfort hours has been calculated in the three cities (Trappes, Pau and Rennes) for the
296
Annexes
two types of systems (Split system and pedestal fan) over the summer period from May to September (Figure
2a). When an air conditioner is used, there is no discomfort hour. With a comfort fan, occupants would have to
face from 70 discomfort hours in Trappes to 145 in Pau, which correspond respectively to 6.4% and 13.3% of
the occupation time. It is also noticed that by using a comfort fan, occupants can reduce the number of
discomfort hours by more than two compared with a room without cooling device. With a comfort fan,
discomfort hours depend on outdoor conditions and are more present on July and August (Figure2b). Note that
French people usually leave for holidays during these two months.
350
a) b)
Figure 2. a) Number of discomfort hours over the summer period for every studied city,
b) Number of discomfort hours every month for every studied city by using a fan
Consumption calculations
The electrical consumption that is often considered as the main environmental impact has been calculated over
the summer period for both the pedestal fan and the split system in the three studied cities.
The electrical consumption varies from 7.7kW/m² in
25 Trappes to 20.8kW/m² in Pau for air conditioners and
Electrical consumption
20
Split system from 2.7 kW/m² to 5.5 kW/m² for the studied pedestal
Pedestal fan fan. In Trappes, a pedestal fan will consume 2.8 times
[kWh/m²]
0
Trappes Pau Rennes
297
Annexes
fan is considered as not improving comfort. As a first step of unification, it is proposed to define discomfort as
the integral of PPD in respect to a reference value over the summer period (1). In this way, the number of
discomfort hours is taken into account along with the amplitude of the discomfort. As for comfort standards, the
reference value is fixed to 10%.
25
This index is calculated for three configurations
20 Trappes (split system, pedestal fan, no cooling appliance) in
Consumption [kWh/m²]
Pau the three cities (Figure 4). Results are similar for
15 Rennes
the three cities, between 40% and 65% of
discomfort is suppressed by using a comfort fan.
An air conditioner will suppress all of it consuming
10
around 3 or 4 times more energy than a fan.
0
0 50 100 150 200
Discom fort index [h]
Comfort cost
As a second step of unification, the cost of comfort has been studied. The concept, presented by Barroso-Krause
[15], is based on the acknowledgement that there is a given level of discomfort below which the end-user would
try to install or change a cooling system in accordance with what he can afford. As a result, it is relevant to focus
on what the costumer has to pay to improve comfort. A raw evaluation consists in only taking into account the
purchase cost: 50€ for a fan, 1000€ for a Split system. To assess the gains in comfort, the discomfort index
previously defined is used. These gains are defined by device discomfort indices normalized by the index
calculated without cooling device. Results are given for the three cities and three configurations (no cooling
appliance, comfort fan, air conditioner) in Table 6. Results are similar for the three cities, between 40% and 65%
of discomfort is suppressed by spending 50 euros but one have to spend 1000 euros to suppress all of it.
Table 6. Costs according to comfort gains
Cooling devices None Comfort fan Air conditioner
Cities All Trappes Pau Rennes All
Gain in comfort [%] 0 37 65 43 100
Cost [€] 0 50 50 50 1000
Methods to compute environmental impact and comfort of fans have been created in such a way that at the end
fan performances can be compared to a split system. It appears that occupants using comfort fans would face
about 10% of discomfort hours during occupation and that comfort fans can suppress about 60% of discomfort
by consuming four times less energy than a split system. In some cases, fans can be considered as good
alternatives to air conditioners if occupants are wiling to accept some discomfort hours. Additional simulations
should be performed to analyse other cooling appliances (evaporative coolers…) and to study other sectors
(office, rest-homes). The discomfort cost should also be computed in a more comprehensive way (electricity
bill).
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298
Annexes
299
Annexes
300
Annexes
Densité d'occupation (1 = 12
périodes de vacances. Pour les
0,7
bureaux, l’occupation en fonction de
0,6
m²/occupant)
l’heure est donnée sur la figure de
gauche. 0,5
0,4
Pour la boutique, le scénario
0,3
quotidien d’occupation est donné sur
0,2
la figure ci-dessous (WE compris).
Pour l’appartement le scénario 0,1
1,2
1
Densité d'occupation (1 =
0,8
5m²/occupant)
0,6
0,4
0,2
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
Heures [h]
Equipements
Dans les pièces de bureaux, le 1,2
profil d’utilisation des appareils est
Profil d'usage des équipements
Heures [h]
Ventilation
Le système de ventilation mécanique fonctionne de 6 h à 20 h, du lundi au vendredi dans les bureaux,
à toute heure dans les résidences, de 7 h à 20 h tous les jours dans les boutiques.
301
Annexes
302
Annexes
Caractéristiques principales
Les performances nominales des deux climatiseurs modélisés sont données dans le Tableau 45. Les
deux appareils sont équipés d’un compresseur fonctionnant en « Tout ou Rien ».
Pour une température extérieure donnée, l’EER à charge partielle se calcule à partir de l’équation (9).
Avec : Pe(Text) puissance électrique consommée à pleine charge à la température extérieure Text
Le système de dégivrage fonctionne lorsque la température est comprise entre –7 °C et 5,5 °C.
Lorsque la température extérieure est inférieure à –7 °C ou supérieure à 5,5 °C, la puissance
calorifiques à pleine charge évolue linéairement avec la température extérieure.
303
Annexes
Comme indiqué par la Figure 49, la puissance calorifique à pleine charge évolue linéairement avec la
température extérieure entre –7 °C et 5,5 °C.
Pour une température extérieure donnée, le COP à charge partielle se calcule à partir de l’équation
suivante :
Tableau 46. Puissances électriques consommés pour les modes de fonctionnement autres qu’actif
Veille active Veille passive Eteint Résistance de carter
Modèle non réversible 36 W 6W 0W -
Modèle réversible 36 W 6W 0W 30 W
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304
Annexes
ABSTRACT
In Europe, individual air conditioners tend to equip an increasing number of buildings and constitute a
fast growing electrical end-use. In 2006, they were included in the 12 first product families in the scope
of the Energy using Products directive (CEC, 2005) that aims at establishing a framework for setting
eco-design requirements for energy using products. In the frame of this directive, a preparatory study
recommending ways to improve the environmental performance of these products has been carried
out.
After analysing the European context regarding individual air conditioners, the paper reviews the main
points of the preparatory study conducted for this family of products. First of all, the environmental
impacts of European air conditioners are assessed using a Life Cycle Analysis approach, which
enables to determine improvement paths. The following step consists in studying, both technically and
economically, different improvement options aiming at reducing the environmental impacts of these
appliances. These results, obtained at the product scale, are then generalised at the European level
and different policy measures are defined and assessed. It appears that the implementation of a
Minimum Energy Performance Standard can save up to 49 TWh and 20 MtCO2-eq in 2020 and be
economically beneficial to the European end user.
Keywords: Room air conditioners, Energy efficiency measures, Life cycle analysis
INTRODUCTION
In Europe, individual air conditioners tend to be installed in a rising number of buildings and constitute
a fast growing electrical end-use. Market growth is driven by different factors among which: the
diminution of purchase costs due to massive production in Asia, the increase of comfort requirements,
the heat island effect (Adnot et al., 2004) and the fear of heat waves.
In 2006, room air conditioners were included in the 12 first product families in the scope of the Energy
using Products (EuP) directive (CEC, 2005) that aims at establishing a framework for setting eco-
design requirements for energy using products in the residential, tertiary, and industrial sectors.
According to this European Directive, the first step, in considering whether and which eco-design
requirements should be set for a particular product, is a preparatory study recommending ways to
improve the environmental performance of this product. The preparatory studies provide the
necessary information to prepare for the next phases (carried out by the European Commission) and
in particular the possible draft implementing measures laying down eco-design requirements for EuPs
to be voted in the Regulatory Committee by Member States.
After analysing the European context regarding individual air conditioning, this paper reviews the main
points of the preparatory study carried out on individual air conditioners (Rivière et al., 2009).
The first step consists in carrying out a Life Cycle Analysis (LCA) of reference cases (i.e. products
representative of the European market) in order to assess their environmental impacts and determine
improvement paths. Then, different improvement options aiming at reducing the environmental
impacts of these appliances are studied, both technically and economically. All this allows assessing
the cost of low environmental impact air conditioners.
At the end, these results, obtained at the product scale, have been generalised at the European level.
Different policy measures are defined and assessed both environmentally and economically.
161
Grignon-Massé L., Adnot J., Rivière P., Article soumis au journal Energy Policy le 27 janvier 2010.
305
Annexes
306
Annexes
Individual air conditioners are primarily installed in non residential buildings (offices, retails…) with 63
% of the sales (expressed in cooling capacity). About 30 % of split and multi splits are installed in new
buildings, about 15-20 % are used in existing buildings for replacement; the remainder goes into
existing buildings for first installation.
307
Annexes
Thereby, despite energy efficiency measures implemented in Europe like the labelling directive, the
European market is significantly less efficient than in other zones. This also suggests that there is an
important potential for improvement of air conditioner energy efficiency in Europe.
2
0 2 4 6 8 10 12
Cooling Capacity [kW]
Figure 3. Comparison of the energy efficiency of European split systems in cooling mode to the
Japanese and Chinese MEPS
6
Japanese Top Runner Levels
5
(EER+COP)/2 [W/W]
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Cooling Capacity [kW]
Figure 4. Comparison of the energy efficiency of European reversible air conditioners to the Japanese
Top Runners levels
308
Annexes
In what follows, seasonal efficiencies are used instead of EER and COP to evaluate the energy
efficiency of air conditioners. They can be considered as the ratio between the annual cooling needs
(resp. heating needs) and the annual electricity consumption.
In order to assess technical improvements, it is necessary to know accurately the technical solutions
usually implemented in current products. Some of the main technical features are given in Table 2 for
the five base cases, accurate descriptions are available in (Rivière et al., 2009). The evolution of
performances according to outdoor climatic conditions and energy loads were also characterized,
which enabled to assess the seasonal efficiencies of the base cases (Table 2).
309
Annexes
310
Annexes
controls, screens, timers…) are still running. Several surveys were performed in New Zealand to
assess the electric consumption of air conditioners in stand-by and off-mode (MCE & NZNEECS,
2006). Individual air conditioners consume about 0.2 to 100 W in both modes depending on the
available functionalities.
Detailed computer building simulations were performed on an hourly basis over a year with the
TRNSYS 16 software to estimate the energy consumption due to cooling and heating for six different
building types (existing and new offices, existing and new flats, existing and new retails) and for every
EU 27 member states (Rivière et al, 2009). The systems were sized based on peak cooling and
heating loads (determined by the simulations): they are assumed to guarantee the required setpoint
temperature all over the season.
Energy consumption values obtained for every country and every type of building were then weighted
with 2005 sales figures (BSRIA, 2005) which enabled to determine the energy consumption per
reference case given in Table 4. A distinction was made between electricity consumption in active
mode and additional consumption (e.g. stand-by) which represents between 10 % and 15 % of the
total consumption.
Table 4. Annual electricity consumption per unit
Cooling only Reversible Cooling only Reversible
Energy consumption per Single duct
single split single split single split single split
unit/year [kWh/y] 2.2 kW
3.5 kW 3.5 kW 7.1 kW 7.1 kW
Compressor-
377.5 374.0 882.6 839.7 311.1
Cooling on
mode Additional
67.4 31.8 86.7 46.9 60.7
consumptions
Compressor-
957.9 1997.5
Heating on
mode Additional
135.6 266
consumptions
Total per unit in kWh/y 445 1499 969 3150 372
Regarding refrigerant fluids, the leakage rate represents the amount of rejected fluid according to the
initial charge. Barrault (2004) proposed average yearly emission rates for already installed products of
2 % for Single Duct systems and 5 % for split systems. A field study of leakage rates on air
conditioning and refrigerating equipments was led in France (CETIM, 2004); estimates of 3.8 % were
found in-situ for two split units. IPCC (2005), based on results of UNEP (2003), considers yearly
emission rates of about 4-5% for split systems.
Since we were dealing with new products, we assumed a yearly leak rate of 3 % for split systems and
1 % for single duct air conditioners which are more packaged. It is assumed that the systems are not
supplied with new fluids during the use phase, which corresponds to the common field practice.
311
Annexes
0 2 4 6 8 10
Emissions CO2eq [ton]
Figure 5. GHG emissions per life cycle phase for three reference cases
Regarding energy consumption, the use phase represents about 93 % of the total energy consumption
for the cooling only split system and the single duct, and about 98 % for the reversible split system
(Figure 6). The remaining phases account for a very low part of total emissions: between 2 and 6 % for
the production phase, about 1 % for the distribution phase and less than 1 % for the end of life phase.
Figure 6. Primary energy consumption per life cycle phase for three reference cases
Most of environmental impacts occur during the use phase because of energy consumption and, to a
lesser extent, of fluid leakage. The environmental impact of larger units does not differ much from 3.5
kW units except that, being less efficient, the predominance of the use phase is even more
emphasized.
312
Annexes
0 2 4 6 8 10 12
Emissions CO2eq [ton]
Production Distribution Use
Fluid leakages (use phase) End of life Fluid leakages (end of life)
Figure 7. GHG emissions per life cycle phase for three reference cases (all the refrigerant fluid is lost
at the end-of-life)
Regarding waste treatment (refrigerant fluid excluded), the influence of future scenarios is less
significant. In the worst case (scenario with no waste recovery), GHG emissions and energy are
increased by less than 6 %, but there can be important consequences regarding other pollutants.
313
Annexes
314
Annexes
Once all the options have been simulated, the seasonal performance indices allowed assessing the
energy consumption of improved reference cases. Using the same cost hypothesis than for the
calculation of base cases LCC (Section 3.1), LCC were calculated for all individual options and the
payback time was used to classify the options by order of merit. The more expensive options relate to
heat exchanger area increase and the most economically efficient ones consist in improving efficiency
and control of compressors. Regarding the reduction of stand-by electric consumptions, improvement
over the base case level would also be cost effective even if not of first priority.
The individual options are then implemented from the most (economically) efficient ones to the less
efficient ones. This means that an option is implemented when all the more efficient ones have been
implemented. Interactions in terms of overcosts and energy efficiency are taken into account to avoid
double counting. This enables to assess the evolution of seasonal performance indexes according to
the purchase price (Figure 8 and Figure 9 for split units).
1500
1400
1300
Purchase price [€]
1200
1100
1000
900
600
2 3 4 5 6 7 8
Seasonal performance indexes
Figure 8. Price according to seasonal performance indexes for the 3.5 kW split units
4000
3500
Purchase price [€]
3000
2500
2000
Figure 9. Price according to seasonal performance indexes for the 7.1 kW split units
Given the unavoidable uncertainties when dealing with economic data, we decided to compare our
results with available data on other markets (Figure 10). The prices of split air conditioners
representative of the EU market on 2007 have been estimated ((Hitchin, 2007) completed with internet
offers for high efficiency products). Ellis (2007) analysed the prices of air conditioners in China and in
Japan and collected data in Japanese points of selling, and from internet shopping in China. Two
curves are derived from this study. The first one is the aggregate of all the prices collected within this
study, the second one shows these same values but corrected by the purchase decrease because of
less additional functions (e.g. air purifier). This last curve is therefore more likely to capture the cost of
energy efficiency.
315
Annexes
500
400
200
Figure 10. Evolution of prices according to air conditioner EER : results of this study and data
observed on existing markets
The shape of the curve obtained within our study is comparable to the cost evolution observable for
Asian markets. As a result, it seems that we succeeded in capturing the overcost of energy efficiency.
However, this study seems, on the one hand, to under-estimate the prices found on the European
market and, on the other hand, to over-estimate those met on Asian markets. In average, low
efficiency products are introduced on the EU market at similar prices than on Asian markets but high
efficient products are significantly more expensive. For models whose EER is higher than 3, there is a
price increase of more than 100 % for the European end-user. This is probably a consequence of
profit margins applied by Asian manufacturers.
In the close future, with higher energy performance standards in Europe, low efficiency products will
disappear and the competition will take place on efficient products. Given the difference between
current European prices and Asian ones, this should contribute to decrease the prices of efficient air
conditioners in Europe.
As a result, if our study seems to under-estimate the prices met in the European market, the
observation of Asian market suggests that prices are likely to decrease in Europe, catching up to our
estimates. For the end user, this evolution is likely to end up with a double gain, maintained or lower
product prices and higher energy efficiency levels.
316
Annexes
5000
4800
Base case
4600 BAT
LCC [€]
LLCC
4400
4200
4000
600 800 1000 1200 1400 1600
Energy consumption [kWh/unit/year]
Figure 11. LCC curve for the reversible split (3.5 kW)
The Least Life Cycle Cost point and the Best Available Technology point are summarized in Table 7
for all the base cases. It appears that the most economical units for the end-user (LLCC) are about
80 % more efficient than the reference cases (up to 230 % for the Single Duct). Since the lifetime is 12
years, even the BAT is beneficial to the end-user for single duct and reversible units. Significant
savings are therefore possible at a negative cost for the end-user.
317
Annexes
penetration of inverter driven compressors in split units. For the cooling mode, this leads to an
important spread of units’ performances because of the persistence of on-off controlled Single Duct
units.
Table 8. Proposed energy classes
Energy classes SEER SCOP
A3 6.8 ≤ SEER 4.6 ≤ SCOP
A2 5.7 ≤ SEER < 6.8 4.0 ≤ SCOP < 4.6
A1 4.6 ≤ SEER < 5.7 3.4 ≤ SCOP < 4.0
A 4.0 ≤ SEER < 4.6 3.1 ≤ SCOP < 3.4
B 3.4 ≤ SEER < 4.0 2.8 ≤ SCOP < 3.1
C 2.8 ≤ SEER < 3.4 2.5 ≤ SCOP < 2.8
D 2.4 ≤ SEER < 2.8 2.2 ≤ SCOP < 2.5
E 2.0 ≤ SEER < 2.4 1.9 ≤ SCOP < 2.2
F SEER < 2.0 SCOP < 1.9
30%
25% 2006
2010
2015
20%
2020
15%
10%
5%
0%
A3 A2 A1 A B C D E F
Energy classes (SEER)
Figure 12. Distribution of reversible and cooling only air conditioners according to their energy class
(“BAU scenario”)
35%
30% 2006
2010
25% 2015
2020
20%
15%
10%
5%
0%
A3 A2 A1 A B C D E F
Energy classes (SCOP)
Figure 13. Distribution of reversible air conditioners according to their energy class (“BAU scenario”)
318
Annexes
Three scenarios are studied which differ in terms of MEPS stringency and timings (Table 9).
In the “MEPS 2015” scenario, the MEPS levels are set to ensure the complete transition of the sales
towards inverter driven units; this scenario is seen as an accompanying measure of an already
observed trend.
In the “LLCC” scenario, the MEPS levels are set to LLCC levels in 2013. Because the primary
functionality of air conditioner is cooling, this LLCC was calculated by taking into account the summer
season and not the whole year. If the whole year had been considered, the LLCC for heat pumps
would have reached more stringent MEPS levels.
In the “MEPS 2012” scenario, MEPS are applied in 2012 and a second set of requirements is taken in
2018. In 2012, it is estimated that the share of compliant units before the MEPS application would be
around 30 % for the SEER threshold and 60 % for the SCOP one.
The Table 10 presents the planned evolution of the average sales of SEER and SCOP for the different
scenarios.
Table 10. Planned evolution of average SEER and SCOP of sold products according to the scenario
1990 2005 2015 2025
SEER 2.1 3.0 3.4 3.3
BAU
SCOP 2.4 2.8 3.1 3.1
MEPS SEER 2.1 3.0 4.3 4.3
2015 SCOP 2.4 2.8 3.3 3.3
SEER 2.1 3.0 4.3 4.5
LLCC
SCOP 2.4 2.8 3.5 3.6
MEPS SEER 2.1 3.0 4.5 5.2
2012 SCOP 2.4 2.8 3.7 4.1
319
Annexes
As shown on Figure 14, energy savings in 2020 range from 21 TWh for the “2015 MEPS” scenario to
49 TWh for the “2012 MEPS” scenario. Regarding GHG emissions, this corresponds to respectively 9
MtCO2eq and 20 MtCO2eq. In 2020, the most stringent scenario can allow to decrease the electricity
consumption and the GHG emissions by respectively 30 and 16 % compared to the BAU scenario.
170
160 BAU
MEPS 2015
150
Electric consumption [TWh]
MEPS LLCC
140 MEPS 2012
130
120
110
100
90
80
70
60
2005 2010 2015 2020 2025
Figure 14. Total EU 27 electric consumption (use phase) for the different scenarios
90
BAU
MEPS 2015
80
MEPS LLCC
Total CO2eq emission [Mt]
MEPS 2012
70
60
50
40
30
2005 2010 2015 2020 2025
Figure 15. Total EU 27 CO2eq emissions for the different scenarios (energy use and refrigerant leaks)
320
Annexes
towards the generalization of reversibility among split systems. This explains that the average
purchase price and average LCC of cooling only air conditioners decrease in 2015 (Table 11).
Table 11 also compares every scenario to the BAU scenario in terms of average purchase prices and
LCC. All the scenarios are, on average, beneficial to the end-user on a LCC basis. The most stringent
scenario is even the most beneficial for reversible air conditioner users. This is due to the fact that the
LLCC was calculated by taking into account the summer season and not the whole year as in the
studied scenarios.
For cooling only air conditioners, the “MEPS 2012” scenario requires efficiency levels higher than
those corresponding to the LLCC. As a result, this scenario is less beneficial to the end-user than the
two other scenarios. However, it allows the most important environmental benefits.
Table 11. Average purchase price and LCC on the European market
2005 2015 2025
BAU
Reversible air conditioners 192 206 206
Purchase price [€/kW]
Cooling only air conditioners 194 183 183
Reversible air conditioners 3963 3991 4251
LCC [€/kW]
Cooling only air conditioners 1757 980 1088
MEPS 2015
Price increase compared to the Reversible air conditioners 0 8 8
BAU scenario [%] Cooling only air conditioners 0 27 27
LCC increase compared to the Reversible air conditioners 0 -4 -5
BAU scenario [%] Cooling only air conditioners 0 - 21 - 25
LCCC
Price increase compared to the Reversible air conditioners 0 14 18
BAU scenario [%] Cooling only air conditioners 0 27 27
LCC increase compared to the Reversible air conditioners 0 -5 -7
BAU scenario [%] Cooling only air conditioners 1 - 21 - 25
MEPS 2012
Price increase compared to the Reversible air conditioners 0 19 42
BAU scenario [%] Cooling only air conditioners 0 35 46
LCC increase compared to the Reversible air conditioners 0 -6 -9
BAU scenario [%] Cooling only air conditioners 1 - 20 - 22
Two main trends should lead to mitigate the increase in total cost and/or purchase price increase.
Manufacturers are developing products to install yourself in order to entail the installation costs. It is
now the common situation for products sold in large retail and DIY shops. On the other hand,
according to Koizumi (2007), for a given level of energy efficiency, a 10 to 17 % price decrease can be
expected when the cumulated sales have doubled. Thus, in the “LLCC” scenario, the end-user
overcost at the time of purchase would only be of 5 to 10 % of the total installation cost (as compared
to 2006 total installation cost) for both air conditioners and heat pumps.
Regarding running costs, electricity prices could increase much more than forecasted in this study
(1.5 % per year), especially given the fast increase of the price of gas and the pressure put on the
utilities to install large power capacities to satisfy the demand of peak conditions for air conditioners
and heat pumps.
Given the possible evolution of electricity prices and energy efficiency premium, it appears that future
energy performance requirements could be more stringent than those proposed here and still be
beneficial to the end-user.
321
Annexes
5. DISCUSSION
6. CONCLUSIONS
The study presented in this paper focuses on the improvement of air conditioners performances. A
methodology based on Life Cycle Analysis and Life Cycle Costs was applied. It appeared that the
most important part of environmental impacts occurs during the use phase mainly because of energy
consumption. Different improvement actions were studied at the product scale. These results were
then generalised at the European level by studying, both environmentally and economically, different
policy measures. The implementation of Minimum Energy Performance Standards in Europe can save
up to 49 TWh and 20 MtCO2eq in 2020 (a decrease of respectively 30 and 16 % compared to the
BAU scenario) and still be economically beneficial to the European end-user.
The projected impact of individual air conditioning determined in this study (in terms of GHG emissions
and energy consumption) as well as the eventuality of climate change stress the necessity to work on
the implementation of policy measures aiming at reducing environmental impacts of air conditioning.
They should consist in increasing environmental performances of air conditioners but also reducing
the cooling demand in buildings and limiting the penetration of air conditioners in the building stock.
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324
Développement d'une méthodologie d’analyse coût-bénéfice en vue d'évaluer le
potentiel de réduction des impacts environnementaux liés au confort d'été : cas
des climatiseurs individuels fixes en France métropolitaine.
RESUME : Le développement de la climatisation individuelle est une préoccupation grandissante pour les pouvoirs
publics français. Dans ce cadre, cette thèse vise à évaluer, sous l’angle de l’Analyse Coût-Bénéfice (ACB), des
solutions permettant de concilier amélioration du confort d’été et réduction des impacts environnementaux.
Après avoir éclairci le concept d’ambiance climatique confortable, des méthodes de monétisation de l’inconfort et des
externalités sont développées en vue d’être intégrées dans l’évaluation économique d’actions d’amélioration du
confort d’été.
Les potentiels d’actions portant sur l’enveloppe et l’usage des bâtiments sont ensuite quantifiés en termes de réduction
des besoins de refroidissement (locaux climatisés) et d’amélioration du confort d’été (locaux non climatisés). Des
stratégies efficaces de lutte contre l’inconfort sont identifiées. Il apparaît d’autre part que les rénovations d’enveloppe
des bâtiments, réalisées en vue de réduire les besoins de chauffage, peuvent fortement détériorer le confort d’été. Les
potentiels d’amélioration des performances environnementales des climatiseurs sont ensuite estimés, ce qui nécessite
le développement d’une méthode d’évaluation de l’efficacité énergétique saisonnière des appareils. L’Analyse en
Cycle de Vie réalisée montre que l’atténuation des impacts requiert de se concentrer sur la réduction des
consommations électriques puis sur le cycle de vie du fluide frigorigène.
Enfin, l’ACB d’actions d’amélioration du confort d’été est réalisée, puis complétée par un travail prospectif
d’estimation des impacts de la climatisation dans le parc existant français. La superficie climatisée pourrait croître de
650 % d’ici 2030, le secteur résidentiel représentant alors l’essentiel des surfaces (90 %). Des mesures de maîtrise de
la demande d’énergie, associées à la récupération des fluides frigorigènes, peuvent néanmoins réduire fortement les
impacts engendrés.
Mots clés : Confort d’été, Climatisation individuelle, Analyse Coût-Bénéfice, Maîtrise de la Demande d’Energie,
Efficacité énergétique, Réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Development of a cost benefit analysis methodology for evaluating the mitigation potential
of environmental impacts due to summer comfort : the case of fixed room air conditioners
in metropolitan France.
ABSTRACT : The development of individual air-conditioning is a growing concern for the French authorities. In this
context, this thesis aims at carrying out a Cost-Benefit Analysis (CBA) in order to evaluate solutions that allow to
reconcile summer comfort improvement and environmental impact reduction.
After clarifying the concept of indoor summer comfort, methods are developed for monetizing discomfort and
externalities. These costs must be taken into account for the economical evaluation of summer comfort improvement
actions.
The potential of actions related to the building envelope are then quantified in terms of cooling needs reduction
(conditioned rooms) and summer comfort improvement (non air-conditioned rooms). If efficient strategies to reduce
discomfort are identified, it also appears that building thermal renovations, realized in order to decrease heating needs,
can significantly impair summer comfort. Then, the potential for improving the environmental performance of air
conditioners is assessed, which requires the development of a method for evaluating their seasonal energy efficiency.
A Life Cycle Analysis is performed and shows that the environmental impact mitigation requires a focus on the
reduction of electric consumptions and, to a lesser extent, on the life cycle of working fluids.
Finally, a CBA of summer comfort improvement actions is carried out and completed by a forecasting study on future
environmental impacts due to room air conditioning in the French building stock. The total conditioned area could
increase by 650 % by 2030, most of which being constituted by the residential sector (90 %). Nevertheless, demand
side management measures, associated to the recovery of working fluids, can significantly reduce generated impacts.
Keywords : Summer comfort, Room Air Conditioner, Cost-Benefit Analysis, Demand Side Management, Energy
efficiency, Greenhouse gases mitigation.