Loi N° 2021 018 Reconstitution Des Documenst Fonciers - Corrigé

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LOI n° 2021- 018

relative à la procédure des reconstitutions des documents fonciers


et topographiques

EXPOSE DES MOTIFS

Dans le cadre de la pérennisation des réformes foncières consolidées en


2015, le Comité de Révision des Textes sur le foncier, chargé de concevoir et de
réviser les textes sur le foncier, s’est penché sur l’examen de la résolution d’une
problématique touchant particulièrement l’Administration Foncière.

En effet, il a été constaté divers problèmes relatifs au phénomène appelé


communément « boky rovitra » et « sarin-tany rovitra ». Il s’agit entre autres de la
perte ou de la détérioration rendant inexploitables des documents fonciers ou
topographiques au niveau même des différents services de l’Administration foncière.
Cela a engendré les cas des usagers qui ne sont plus en mesure d’apporter les
preuves de leurs droits sur un immeuble, ou encore des problèmes et des litiges
dans la définition réelle d’un immeuble, etc.

Non seulement les usagers, mais l’Administration elle-même font face à une
situation inextricable nécessitant des solutions d’urgence, mais respectueusement de
la mission de sécurisation foncière dont l’Etat est investi. Ce phénomène « boky
rovitra » et « sarin-tany rovitra », en plus de mettre en danger les droits des usagers,
constitue un facteur de blocage de la fonction économique importante des
immeubles.

Cet état des lieux a amené le législateur à initier un texte fixant une procédure
spéciale de reconstitution de ces documents fonciers et topographiques. Dans l’esprit
dont elle procède, la reconstitution prévue, quel que soit l’état du document, ne peut
se faire que suivant une procédure judiciaire devant le Tribunal civil. Elle peut être
engagée à l’initiative du Conservateur ou d’un particulier justifiant d’un intérêt.

En raison de l’urgence nécessitée par la menace sur les droits mis en jeu
dans la reconstitution des documents fonciers et topographiques, la célérité est de
mise dans la procédure prévue tant en première instance qu’en appel et en
cassation. Les délais de traitement sont réduits et la mise en état rendue obligatoire.
Néanmoins, la sécurité juridique est garantie par la mise en place d’une commission
de mise en état composée d’experts de l’Administration foncière et topographique à
laquelle le juge de mise en état devra s’adjoindre pour ses actes d’instruction. La
présente loi en détermine ainsi les procédures et les conditions spécifiques qui
viennent se compléter aux formalités de publicité sont également prévues, avant la

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saisine du Tribunal civil ainsi que tout intéressé puisse témoigner ou faire valoir ses
droits concernant la reconstitution.

Par ailleurs, l’Administration a pour mission la bonne conservation et la


sauvegarde des documents fonciers et topographiques. La responsabilité de leur
détérioration ou de leur perte incombe en majeure partie aux services concernés.
Cette responsabilité de l’Administration justifie ainsi la prise en charge par l’Etat des
coûts occasionnés par la procédure de reconstitution. Il revient à l’Etat de mettre en
œuvre les mesures financières nécessaires à cette fin.

Dans cette optique de responsabiliser l’Administration, des dispositions ont été


également prévues concernant la responsabilité des agents des services fonciers et
de toute autre personne qui pourraient être poursuivis pour une nouvelle catégorie
d’infractions.

Dans sa finalité, cette présente loi ne tend pas uniquement à la résolution


ponctuelle des problèmes existants, mais vis également à prévenir des situations
futures similaires. Ainsi, dans le cadre des mesures de sauvegarde des information
foncières et topographiques se trouvant dans les archives des services fonciers, il est
tenu une base de données numériques de tous ces documents.

Il est à souligner que cette présente loi a fait l’objet d’examen par la
Commission de Réforme du Droit des Affaires.

Cette présente loi comporte quatre chapitres ventilés en vingt-six articles :

- le Chapitre premier traire les dispositions générales ;


- le Chapitre II est relatif à la procédure de reconstitution des documents
fonciers et topographiques ;
- le Chapitre III concerne la responsabilité et les sanctions ;
- le Chapitre IV traite les dispositions finales.

Tel est l’objet de la présente loi.

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LOI n° 2021- 018

relative à la procédure des reconstitutions des documents fonciers


et topographiques

L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, lors de leurs séances plénières,


la loi dont la teneur suit :

Article premier. La présente loi a pour objet de fixer la procédure relative à la


reconstitution de tous les documents fonciers et topographiques considérés comme
étant introuvables ou manquants, détériorés ou déchirés dits communément
« BokyRovitra » et « Sarin-tany rovitra » auprès des archives des services de la
conservation foncière et topographique.

CHAPITRE PREMIER : DISPOSITIONS GENERALES

Article 2. Au sens de la présente loi les termes ci-après sont définis comme
suit :
Document déchiré : Document foncier topographique dont une partie ou
plusieurs feuillets comportant les informations foncières sont totalement ou
partiellement détachés et inexploitables.

Document détérioré : Document foncier ou topographique ayant subi une


altération physique totale ou partielle le rendant inexploitable.

Document introuvable : Document foncier ou topographique après une


recherche restant infructueuse se trouve Indisponible auprès des Conservations
foncières ou topographiques.

Document manquant : Document foncier ou topographique dont une partie


est déchirée ou détériorée le rendant inexploitable.

.
Reconstitution : Procédure judiciaire permettant à toute personne justifiant
d'un intérêt ou au Conservateur de demander le rétablissement des documents
foncier ou topographique introuvables ou manquants, détériorés ou déchirés.

Agent des Services Fonciers : Tout membre du personnel de l’administration


foncière.

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Article 3. Les documents fonciers, objet de la reconstitution prévue par la
présente loi sont le livre foncier ou ses feuillets, la matrice cadastrale ou ses folios et
le bordereau analytique.

Article 4. Les documents topographiques, objet de la reconstitution prévue


par la présente loi sont les plans topographiques fonciers archivés par la
conservation topographique.

Les plans topographiques sont : le plan individuel. le plan cadastral. le plan de


repérage et le plan local d'occupation foncière.

Sont exclus de la procédure prévue par la présente loi les documents


conservés auprès des études des géomètres experts.

Article 5. Dans les cas où les documents fonciers et/ou topographiques


prévus par les articles 3 et 4 sont introuvables ou manquants, détériorés ou déchirés,
le Conservateur concerné délivre au demandeur une attestation précisant l'état des
documents et exposant les motifs de leur non production.

Article 6. Les frais occasionnés par la procédure de reconstitution sont pris en


charge par l'Etat, ·

Les modalités d'application du présent article sont fixées par voie


réglementaire.
Les décisions de justice relatives à la reconstitution sont enregistrées sans
frais.

Article 7. Une base de données numérique est constituée en vue de la


sauvegarde des informations foncières et topographiques se trouvant dans les
archives des services fonciers.

Les modalités d'application du présent article seront fixées par voie


règlementaire.

CHAPITRE II
DE LA PROCEDURE DE RECONSTITUTION
DES DOCUMENTS FONCIERS ET TOPOGRAPHIQUES

Article 8. Le Tribunal Civil statuant en matière de reconstitution est compétent


pour connaître des demandes de reconstitution des documents fonciers et
topographiques prévus à l'article premier de la présente loi. Il peut être saisi à la
requête de toute personne justifiant d'un intérêt à agir ou du Conservateur de la
propriété foncière ou du conservateur des documents topographiques fonciers suite
au contrôle quotidien qu'il effectue.

L'affaire est communicable au Ministère Public.

Article 9. La procédure de mise en état est obligatoire pour la reconstitution


objet de la présente loi. Elle est assurée par le Juge compétent assisté

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obligatoirement par une commission composée d'un géomètre expert fonctionnaire et
d'un inspecteur des domaines et de la propriété foncière dont les modalités de
désignation sont fixées par voie règlementaire.

Article 10. Au premier appel de la cause, l'affaire est renvoyée au Juge de la


mise en état en charge de la reconstitution objet de Ia présente. Celui-ci prend
immédiatement une décision ordonnant au Conservateur de faire procéder à la
publicité de la requête aux fins de reconstitution dans les meilleurs délais au niveau
de la circonscription foncière et/ou topographique de la Commune et du Fokontany
du lieu de la situation de I ’immeuble.

La durée de l'affichage ne peut être inférieure à quinze (15) jours. Un procès-


verbal d'affichage constatant l'accomplissement des formalités de publicité est
transmis au juge saisi par les soins du Conservateur compétent.

Article 11. Outre les mesures d’instruction prévues par le Code de Procédure
Civile, le juge et la commission de mise en état peuvent procéder à des descentes
sur les lieux où se trouve l'immeuble aux auditions des témoins et des membres de
la collectivité territoriale concernée du lieu de la situation de l'immeuble notamment le
Chef de l'Exécutif de la Collectivité de base ou son représentant, le(s) Chef(s) de
Fokontany, les Raiamandreny du Fokontany, à la vérification de la limite de bornage
du terrain de l'état de détérioration des documents objet de la demande et des droits
réels sur l'immeuble.

L'ordonnance du juge de la mise en état prescrivant la descente et l'audition


des témoins et de toute personne intéressée est affichée au niveau de la
circonscription foncière et/ou topographique de Ia commune et du Fokontany du lieu
de la situation de l'immeuble par les soins de la commission quinze (15) jours avant
la date d'exécution de cette mesure.

Lors de la descente tout intéressé peut formuler des observations par simple
déclaration expresse consignée dans le procès-verbal.

Article 12. Toute personne qui a des prétentions à faire valoir ou qui entend
s'opposer à la demande peut recourir à la procédure d'intervention volontaire
conformément au Code de procédure civile.

Article 13. Le délai entre les renvois dans le cadre de la mise en état ne doit
pas excéder quinze (15) jours.

La durée de la mise en état ne peut excéder six mois. Toutefois, ce délai peut
être prorogé de trois mois dans les cas où le juge et la commission estiment qu'il y a
un motif légitime de prorogation.

Article 14. Après la clôture de la procédure de mise en état et conformément


aux dispositions du Code de Procédure Civile, l'affaire est renvoyée à I ‘audience de
plaidoirie. Exceptionnellement, le président peut accorder un renvoi ferme de quinze
(15) jours aux parties.

La durée du délibéré ne peut excéder un (01) mois.

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Article 15. Si la demande de reconstitution est fondée, le Tribunal ordonne au
Conservateur de procéder à la reconstitution du document objet de la demande tout
en indiquant le ou les éléments manquants à réinscrire ou à rétablir. Le cas échéant,
le Tribunal peut ordonner la délivrance d'un nouveau duplicata du titre ou de l'extrait
matriciel y afférent et déclare nul effet l’ancien duplicata ou extrait.

Dans le cas contraire, il est loisible à l'intéressé de faire valoir ses droits
suivant la procédure de droit commun.

Si les éléments soumis à l'appréciation du tribunal ne permettent pas de


reconstituer entièrement le document objet de la demande le juge rejette celle-ci en
l'état.

S’il résulte des éléments du dossier aucune preuve de l'existence de


l'immatriculation le juge dit n'y avoir lieu à reconstitution l’immeuble étant présumé
non immatriculé.

Article 16. Toutes les voies de recours prévues par le Code de Procédure
Civile sont ouvertes.

Article 17. L'appel est ouvert également au Ministère Public et au


Conservateur. La chambre d'immatriculation de la Cour d'Appel connaît des appels
interjetés contre les décisions rendues en matière de reconstitution suivant la
procédure d'urgence.

Elle juge contradictoirement sur pièces en l'absence comme en présence de


l'appelant et des autres-parties.

Les débats sont strictement limités aux points développés devant le premier
juge.
L'appel doit être vidé dans un délai de trois mois qui suit la première audience.

Article 18. Les décisions rendues en dernier ressort en matière de


reconstitution peuvent être attaquées par la voie du pourvoi en cassation prévu par la
loi organique sur la Cour Suprême.

Il s'agit d'une procédure d'urgence. Le délai du pourvoi en cassation est de un


(01) mois.

Le pourvoi en cassation· est suspensif.

CHAPITRE Ill
DE LA RESPONSABILITE ET DES SANCTIONS

Article 19. Une enquête administrative est ouverte en cas de constatation de


l'état des documents tel que prévu à l'article premier.

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S'il résulte de l'enquête administrative une suspicion d'infraction pénale,
l'autorité administrative saisit dans les meilleurs délais le Ministère Public
territorialement compétent.

Article 20. S'il est établi que la détérioration ou la perte des documents
fonciers et topographiques est imputable à un Agent des Services Fonciers, sa
responsabilité administrative et/ou disciplinaire est engagée, sans préjudice de
poursuite pénale.

Article 21. L'Agent des Services Fonciers ou toute autre personne qui aura
sciemment détruit, soustrait, dissimulé ou altéré le livre foncier ou ses feuillets, la
matrice cadastrale ou ses folios, le bordereau analytique, le plan individuel, le plan
cadastral, le plan de repérage ou le plan local d'occupation foncière est puni d'un
emprisonnement de deux (02) à cinq (05) ans et d'une amende de 1 000 000 Ariary à
5 000 000 Ariary .

Article 22. Quiconque au cours de la procédure de reconstitution du livre


foncier ou de ses feuillets la matrice cadastrale ou ses folios, le bordereau
analytique, le plan individuel, le plan cadastral, le plan de repérage ou le plan local
d'occupation foncière, aura fait une fausse déclaration ou une attestation
mensongère est puni d'un emprisonnement d'un (01) à trois (03) ans et d'une
amende de 300 000 Ariary à 4 500 000 Ariary.

CHAPITRE IV
DISPOSITIONS FINALES

Article 23. A compter de la mise en vigueur de la présente loi, tous les


Services Fonciers sont tenus d'établir un inventaire de tous les documents fonciers et
topographiques prévus par l'article premier de la présente loi.

La liste y afférente fera l'objet d'une large publicité dont les modalités seront
fixées par voie règlementaire.

Article 24. Toutes les dispositions du code de procédure civile non contraires
aux dispositions de la présente loi demeurent applicables.

Article 25. Des textes réglementaires seront pris en tant que de besoin pour
l'application de la présente loi.

Article 26. En raison de l'urgence et conformément aux dispositions de


l'article 4 de l’Ordonnance n° 62-041 du 19 septembre 1962 relative aux dispositions
générales de droit interne et de droit international privé, la présente loi entre
immédiatement en vigueur dès sa publication par voie radiodiffusée ou télévisée,
indépendamment de son insertion au Journal Officiel de la République.

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La présente loi sera publiée au Journal officiel de la République. Elle sera
exécutée comme loi de l'Etat.

Antananarivo, le 1er juillet 2021

LE PRESIDENT DU SENAT, LA PRESIDENTE DE L’ASSEMBLEE NATIONALE,

RAZAFIMAHEFA Herimanana RAZANAMAHASOA Christine Harijaona

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