Communication en Droit
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Bjarne MELKEVIK *
Pages
1. Le modèle communicationnel de Habermas 904
2. Le droit et la question de la rationalité 908
2.1. Le modèle d'agir téléologique 908
2.2. Le modèle d'agir régulé par des normes 909
2.3. Le modèle d'agir dramaturgique 909
2.4. Le modèle de l'action communicationnelle 909
3. Le droit et la méthodologie 911
Conclusion 914
aspects qui peuvent nous servir comme modèle de recherche juridique. Dans
un deuxième temps, nous évaluerons plus en détails les différents aspects de ce
modèle que nous considérons importants pour un modèle de science juridique.
Ainsi nous nous interrogerons sur le modèle communicationnel quant à la
conception de la rationalité qui y est véhiculée. Puis nous nous interrogerons
sur la méthodologie. Ces deux derniers aspects concernent des préoccupations
primordiales pour la science juridique d'aujourd'hui, et nous voulons, en
conclusion, nous interroger sur la nature du modèle juridique qui peut le
mieux répondre aux exigences de la société moderne.
3. Le droit et la méthodologie
Nous voulons maintenant aborder la question relative à la signification
de ce modèle communicationnel pour la méthodologie juridique. Dans cette
perspective, nous privilégierons la théorie de l'interprétation que propose ce
modèle.
Avant de nous tourner vers l'interprétation des sources du droit en tant
qu'activité communicationnelle, nous voudrions faire un petit excursus vers
le modèle monologique auquel s'oppose la conception communicationnelle
de Habermas. Ce dernier constate que le modèle dominant dans les sciences
912 Les Cahiers de Droit (1990) 31 C. de D. 901
Conclusion
Le modèle de Habermas nous amène vers la représentation du droit
selon une conception procédurale. Il remplace la question sur la nature du
droit, donc une question sur la substance présumée du droit, en une question
relative à « ce que demande le droit ». En d'autres termes, nous pourrions dire
que le poids de la signification du droit est déplacé vers l'actualisation d'une
relation intersubjective. Par conséquent, le droit représente un choix collectif,
ou mieux un choix social, qui se fonde sur un discours entre tous les sujets
concernés. « Ce que demande le droit » en tant que procédure ne peut donc
B. MELKEVIK Habermas et le droit 915
jamais être fixé à l'avance, mais est ouvert aussi bien dans le sens de la
situation sociale actuelle et historique, que dans le sens que les nouvelles
exigences qui confrontent cette situation nécessitent un nouvel enracinement
qui peut promouvoir la rationalité communicationnelle qui constitue le droit
en tant que phénomène social et historique. La conception procédurale du
droit n'est nullement étrangère aux juristes, si l'on se rappelle par exemple la
phrase célèbre d'Ulpien : ius es suum cuique tribuere. Cependant, nous avons
tenté de montrer que les fondements théoriques de la conception procédurale
de Habermas ne procède pas de présupposés classiques, et qu'elle est riche de
perspectives inédites pour le droit et la science juridique.