Leclerc
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Normand LECLERC*
Résumé Abstract
La tradition civiliste veut que Civil law tradition dictates that,
l’argent soit, à tort ou à raison, une right or wrong, money is specie, a
chose de genre quelconque – con- kind of thing as ordinary as others
somptible et fongible, comme toutes – consumed and fungible between
les choses de genre. Néanmoins, en them. But it has been excluded that
vérité, on a exclu la possibilité de la money as specie is a liar: the thing
trivialité, exclu que la monnaie soit which kind is not like an ordinary –
d’un genre menteur : la chose déter- determinate as to its kind – thing.
minée par son genre autre que la By nominalism, money is not con-
chose de genre quelconque. En effet, sumed. And by law it is fungible
par nominalisme, la monnaie ne se with any thing, fungible or not. If
consomme pas et est juridiquement we do say that money is consumed
fongible avec toutes choses, fongi- by its use and is fungible, it is not
bles ou non. Si l’on dit que l’argent because it is an ordinary thing in
est consomptible et fongible, ce n’est kind but because money is not
pas parce qu’il l’est – comme les grasped by its quality. This non
autres telles choses – mais parce que quality enables it, conversely, to liq-
la monnaie n’est pas envisagée sous uidate any kind. To pay just in time
un aspect qualitatif. Cette absence does not have kind, although for the
de qualité lui permet, à front ren- businessman “time is of the essence”.
versé, d’être un mécanisme permet- It does not have odour. A different
tant de liquider tous les genres. reading of the law enables us to see
Payer juste à temps n’a pas de money as the unique stranger of our
genre, bien que, pour l’homme civil categories.
d’affaire, « l’essence de toutes cho-
ses soit le temps ». Le temps n’a pas
d’odeur. Une lecture alternative de
dispositions du droit civil permet
d’envisager la monnaie comme l’uni-
que étrangère de nos catégories civi-
les.
Plan de l’article
Introduction........................................................................ 55
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I. Le genre de chose
En droit civil, la pensée est d’abord fondée sur les catégories
d’objets qui, en quelque sorte, en constituent l’assiette : « person-
nes » en position sujet et « biens » en position objet. Puis on consi-
dère l’une de celles-ci comme un tout générique et on en subdivise
la composition1. La possession est importante de par l’exclusivité
qu’elle exprime2, situant alors la communication intersubjective à
un niveau beaucoup plus concret, élémentaire et, de là, explicite3.
1
La dualité serait une méthodologie de base dans les catégories civiles : personne
physique/morale, le bien corporel/incorporel, mobilier/immobilier, à chaque
fois favorisant le degré le plus certain de la perception. La corporéité serait impor-
tante parce que le droit « attache une grande importance à la possession ; or
seules les choses corporelles peuvent être possédées » : Philippe MALAURIE et
Laurent AYNÈS, Cours de droit civil, t. 4, « Les biens, la publicité foncière », 3e éd.,
Paris, Cujas, 1994, no 200, p. 61.
2
Sur l’importance de l’exclusivité de l’appartenance des nouvelles formes de
prestations : Ejan MACKAAY, « An Economic View of Information Law », dans
Altes KORTHALS, F. WILLEM, Egbert J. DOMMERING, P. Bernt HUNGENHOLTZ
et Jan J.C. KABEL (dir.), Information Law Towards the 21st Century, coll. « Infor-
mation Law Series », t. 2, Deventer, Kluwer, 1992, p. 43.
3
Willard Van Orman QUINE, Word and Object, Cambridge, Mass., MIT Press,
p. 8, 31 et 134 (1960). Par cette citation de Quine, nous ne voulons pas faire la
promotion d’une nécessité d’un behaviorisme logique où le discours est réduit à
une logique du premier ordre, du fait vérifié. On verra qu’avec la monnaie, le
droit met de l’avant une logique modale, en distinguant la modalité du possible.
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Le simple prêt est le contrat par lequel le prêteur remet une certaine
quantité d’argent ou d’autres biens qui se consomment par l’usage […].5
4
C.c.Q., art. 1556, al. 2.
5
Id., art. 2314.
6
Les économistes enseignent parfois la même chose en s’appuyant sur l’accep-
tation d’utilité d’un objet. Par exemple, la monnaie sera dite un objet parce
qu’elle porte les qualités suivantes : durable, incorruptible, divisible, fongible,
de conservation et de transfert facile : Léon-H. DUPRIEZ, La monnaie dans l’éco-
nomie, Paris, Cujas, 1976, p. 16.
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terms and conditions set forth in such exchange’s by-laws, rules or reg-
ulations ; (« contrat à terme sur merchandises »).7
7
Commodity Futures Act, R.S.O. 1990, c. 20, art. 1 « definitions ».
8
L’équivalence est l’opérateur logique « si et seulement si » valide, lequel se
décompose en si a alors b et si b alors a. De telles équivalences sont nombreuses
en mathématiques parce que le temps mathématique est plat et immuable ; par
exemple la suite des nombres naturels est actuellement développée du zéro à
l’infini, cette équivalence permet les opérations commutatives où 3+2 vaut 2+3.
De même sur des propositions, il y a équivalence entre le cas « faux » où la pro-
tase est vraie et l’apodose fausse et tous les autres cas, lesquels sont vrais.
9
Parlant de la vie réelle, portant sur des situations avérées dans le temps plutôt
que sur les propriétés intemporelles d’abstractions reliées entre elles par des
définitions objectives (où une définition utilise des mots autres que ceux définis)
formant un lexique hiérarchisé, l’équivalence est plus rare. Par exemple, un
fruit est l’ovaire végétal qui succède à la fleur et il contient des graines qui, tom-
bées en terre, finissent par former des fleurs. Le fruit est donc la relation
« fleur→graines » à laquelle succède dans le temps « graines→fleurs ». Dire du
processus de la vie ↔ qu’il constitue une équivalence ↔ relève de la conceptua-
lisation du temps : la fleur et le grain ne sont jamais concurremment ensembles
parce que le grain passe par la mort pour germer en une fleur.
10
Parler intemporellement du genre « pomme », c’est vouloir inclure sous la même
collection la première pomme avérée et celle à germer dans deux cents ans de
notre propre index, où le locuteur est situé dans le temps. Cette façon non rigou-
reuse de parler soulève vite le problème de l’identification de l’intellect dans lequel
est conçu le constat de l’avéré d’une telle collection. Parler de genres comme s’il
s’agissait d’une collection sensée place celui qui parle au-dessus du temps lui-
même.
11
« Cette phrase est fausse » n’est pas une proposition, car elle forme l’annonce d’une
assertion à propos d’elle-même, par déni ou non. Il en va de même d’assertions
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11
comportant un index sur une situation : « […] il faut pourtant exclure toutes les
assertions qui, recourant à des déictiques, demeurent tributaires d’une situa-
tion, d’un ici et maintenant particuliers, telles “Elle est venue”, […] “Il fait beau
aujourd’hui”, etc. » : Denis VERNANT, Introduction à la logique standard : calcul
des propositions des prédicats et des relations, Paris, Flammarion, 2001, p. 23.
12
Jean CARBONNIER, « Approches générales », Arch. phil. droit 1997.42.7. (Nous
avons souligné). Carbonnier, fin lecteur d’antiquité, nous rappelle ici sans doute
quelques vers de l’Épopée de Gilgamesh : « La lune fait-elle face au soleil tou-
jours », tablette X version ninivite col. III ; -Endiku : « Je viens à toi, Soleil, car le
destin m’est contraire », tablette 8, col. II.8.
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qu’est la substituabilité même n’a aucun genre : son genre est nul.
Cet aveu a ses avantages, car il permettra de préciser l’abstraction
mise en oeuvre par la monnaie : un alternat. Cette abstraction n’a
pas rapport avec l’idée de concept, de collection, de groupement ou
d’équivalence. Ces idées ont un dénominateur commun : un rap-
port de réciprocité dans le temps qui, comme la commutativité ou
l’associativité mathématique, témoigne que l’on pense le temps
comme une denrée, elle-même formée dans un temps immuable.
On comprend bien qu’en contradiction à l’équivalence « si et seule-
ment si », laquelle est vraie quand ses deux termes ont la même
valeur de vérité, l’alternat « ou bien… ou bien… » est vrai quand ses
termes diffèrent de valeur de vérité.
A. La fongibilité du genre
13
François TERRÉ, L’influence de la volonté individuelle sur les qualifications, coll.
« Bibliothèque de droit privé » , t. 2, Paris, L.G.D.J., 1957, no 31, p. 33 et 34 ; P.
MALAURIE et L. AYNÈS, op. cit., note 1, § 2, p. 50.
14
P. MALAURIE et L. AYNÈS, op. cit., note 1, I, p. 51.
15
« Vendues au poids, au compte ou à la mesure, et non en bloc » : C.c.B.C.,
art. 1474.
16
C.c.Q., art. 1453, al. 2.
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1563. Le débiteur d’un bien qui 1563. Where the thing is determi-
n’est déterminé que par son espèce nate as to its kind only, the debtor
n’est pas tenu de le donner de la meil- need not give one of the best quality,
leure qualité, mais il ne peut l’offrir but he may not offer one of the worst
de la plus mauvaise. quality.
17
Il semble que le tribunal puisse toujours référer au critère d’objectivité relative
d’une moyenne marchande puisque, compte tenu du silence, cet article ne l’inter-
dit pas : Vincent KARIM, Commentaires sur les obligations – vol. 2 Art. 1497 à
1707 C.c.Q., Cowansville, Éditions Yvon Blais, 1997, Vo « 1563 », p. 154 et 155.
Mais nous voulons dire plus que la possibilité pour un juge d’interpréter l’ab-
sence d’un alinéa pour y suppléer. Le mécanisme de marché, où l’on alterne du
beurre à l’argent du beurre au beurre à nouveau, fut peut-être traduit par le
législateur par un blanc de texte, donc un silence.
18
J. CARBONNIER, loc. cit., note 12, 9.
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Il est bien connu que, pour transformer une modalité dans une
autre, on nie deux fois : une fois le quantificateur de modalité et une
fois le prédicat. Par exemple, le dual de « nécessairement manger »
est « non possiblement non manger » c’est-à-dire « non possiblement
jeûner ». Donc, cette disposition signifie :
al. 1. Possiblement non meilleure et nécessairement meilleur.
19
Supposons une prestation offerte sur le marché dans une large gamme de qua-
lité. Par exemple, la livraison d’un beau « vert » alors que ce dernier est offert en
10 teintes. Exécutons cette délivrance objective de qualité : retirez les extrêmes
vert1 et vert10 de la gamme, puis, comme l’œil n’est pas nécessairement habile
dans la nuance… demandez l’arbitrage pour le reste. L’exemple absurde démon-
tre que la disposition n’a jamais voulu dire cela ; on a éliminé le critère de qualité
marchande mais, pratiquement, l’idée subjective du ministre c’est « en avoir
pour son argent » en considérant le point de vue du consommateur comme étant
objectif. Mais objectivement cela confirme encore l’existence d’un mécanisme
d’appariement entre qualité et prix.
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20
Il est évident que la précision de l’article est sous déterminée. Comment voulez-
vous qu’un juge adjuge sur la foi d’une telle exigence. L’achat d’un pain est-il
délivrable dans la fourchette de fraîcheur totalement ouverte, entre le pain
encore brûlant et celui rance ? Ce sont les participants dans un marché qui, en
compétition, feront que cet état de choses ne survienne pas. Mais remarquez
que dans une économie de monopole cela est possible. Le seul fournisseur offre
ce qu’il est payant d’offrir ; l’acheteur a alors le choix de manger ce qui est offert
ou de jeûner.
21
« Les lacunes de la règle se vérifient […] » : C.M.J., Vo « 1563 » .
22
Id.
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23
Notre expérience de rédacteur de contrats nous porte à croire que le conflit sur
la qualité est souvent relatif à un manque de précision de sa spécification, lacune
parfois désirée d’ailleurs. Et il n’est pas interdit de penser que des erreurs de
communication puissent provenir de l’opacité des croyances. Bien souvent, les
gens peuvent s’imaginer que leur propre idée de la qualité est La qualité intrin-
sèque et que cette idée est partagée par tous. La partie adverse peut aussi croire
ainsi en son for intérieur. Si tous ont cette croyance, personne ne s’apercevra
que la qualité entendue n’est pas la même. Elle pourrait à la limite être unique
à chacun. Et parce que personne n’aura vérifié si la sienne propre est aussi celle
de l’autre, la spécification sera lacunaire. Il ne faut pas négliger cet aspect de
l’opacité des croyances et de la projection sur les autres de ses présomptions
propres. Il n’est pas impossible non plus d’imaginer des qualités incommensu-
rables, ce qui pose alors le problème différemment.
24
À la fin du 18e siècle, le transport du lait, celui de qualité marchande, était si
mauvais et les marchands si avides (y mélangeant l’eau et la craie) que Montréal
avait la grâce d’avoir le plus haut taux de mortalité infantile après Calcutta.
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25
Tout comme la précision de quantité, le cas échéant, la précision de la spécifi-
cation de la chose est aussi recommandable lors d’une mesure de qualité, en
distinguant par exemple entre la moyenne et la médiane d’une qualité. On peut
s’étonner de la disparition du critère de qualité marchande. Par exemple, le cri-
tère de la valeur, pour déterminer la personne bénéficiant de l’accession mobi-
lière est, on le verra plus loin, un critère marchand : C.c.Q., art. 971. Sous l’ancien
Code (C.c.B.C., art. 1151), la qualité marchande référait au moins à une forme
de moyenne : « l’intention des parties est la livraison d’une qualité moyenne, ce
qui consacre l’usage commercial », référant à Bolduc c. Poulain, (1934) 57 B.R.
98 ; OFFICE DE RÉVISION DU CODE CIVIL, Rapport sur le Code civil du Qué-
bec, vol. 2, « t. 2, livres 5 à 9, Commentaires », Québec, Éditeur officiel du Qué-
bec, 1977, no 210, p. 662.
26
J. CARBONNIER, loc. cit., note 12, 9.
27
Par exemple, le caoutchouc est offert dans les qualités régionales suivantes :
SMR, SIR, TTR, RSS, chacune spécifiée selon ses teneurs et comportements chi-
miques explicites des cultures d’hévéa (contenu en poussière, en cendre, nitro-
gène, matière volatile, rétention de plasticité, viscosité, couleur). Des laboratoires
sont homologués à travers le monde aux fins de preuve de conformité à ces nor-
mes, les échantillonnages des cargaisons navales pouvant en tout temps y être
vérifiés aux fins de résolution de conflits. C’est donc dire que la qualité d’un pro-
duit générique n’est pas une chose acquise. On lutte pour la déterminer et pour
l’obtenir.
28
C.c.Q., art. 1673.
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29
François TERRÉ et Philippe SIMLER, Droit civil – Les biens, 4e éd., Paris, Dalloz,
1992, no 15 (b), p. 13 et 14.
30
« La prestation doit être possible et déterminée ou déterminable » : C.c.Q.,
art. 1373, al. 2. « Déterminable » signifie donc que cela puisse être déterminé
précisément à une date future donnée par opposition à pouvoir être déterminé
à un moment donné d’un terme indéterminément ouvert.
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31
F. TERRÉ, op. cit., note 13, no 26, p. 29.
32
Ceci semble du moins confirmé par le traitement en ligne des flux financiers, à
tout le moins des titres au porteur sous forme numérique, en autant que l’envi-
ronnement informatique soit normalisé : Marc LACOURSIÈRE, La sécurité juri-
dique du crédit documentaire informatisé, coll. « Minerve », Cowansville, Éditions
Yvon Blais, 1998, p. 143-166. En finance, c’est l’existence d’un événement ins-
crit à un instant précis du temps qui permet la commutation de sommes d’un
patrimoine à l’autre.
33
Ce qui est particulièrement apparent par le rôle des stipulations expresses du
texte même d’un tel document dans la preuve d’un vice de titre au porteur :
C.c.Q., art. 1648, al. 2. C’est donc en ce sens que le titre s’identifie à la feuille de
papier qui le constate : Denys-Claude LAMONTAGNE, Biens et propriété, Cowans-
ville, Éditions Yvon Blais, 1993, no 47, p. 18, l’importance n’étant pas au papier
mais à cette actualisation du texte, unique comme une lithographie numérotée
en production limitée.
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34
Rémy LIBCHABER, Recherches sur la monnaie en droit privé, coll. « Bibliothèque
de droit privé », t. 225, Paris, L.G.D.J. 1992, no 86, p. 74.
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Une pièce d’or d’une livre est une pièce qui a la valeur sociale d’une livre
d’or, et non plus forcément une pièce d’or qui pèse effectivement une
livre. Cette dissociation fondamentale entre le métal et la monnaie s’est
d’abord opérée pour des raisons de commodité dans les transactions ;
mais l’intérêt a aussi joué son rôle : l’écart séparant le poids théorique du
poids réel est une source de profit ouvrant un espace au seigneuriage,
c’est-à-dire à la perception par l’émetteur de la monnaie de la différence
de valeur vénale entre le poids marqué et le poids réel. Cette progressive
autonomie du support par rapport au métal est le fait marquant d’une
monnaie métallique. Le support acquiert son indépendance dans la
mesure où son rôle circulatoire se sépare de la valeur effective du métal
contenu. Une évolution trouve là son point de départ, qui aboutira à pri-
ver le support de toute valeur intrinsèque. […] Entre les systèmes de lin-
got et ceux de pièces de métal [marquées], c’est toute la conception de
support qui se joue : il cesse d’être confondu avec l’unité monétaire, pour
devenir un moyen de la contenir, de l’incorporer.35
35
Id., no 88, p. 75 et 76.
36
Id., no 310, p. 249.
37
Id., no 421, p. 339.
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38
Sans plus de réflexion sur le rapport entre les espèces et les deniers de vil métal
qui ne pouvaient, eux, être dilués de façon significative ; comme si les gens de
l’époque étaient dénués de capacité d’inférer à rebours.
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39
Banque du Canada c. Banque de Montréal, [1978] 1 R.C.S. 1148, 1181.
40
Henri TURGEON, « Jurisprudence Signification du mot “argent” dans un testa-
ment olographe », (1936-1937) 39 R. du N. 429, 430 ; Roger COMTOIS, « Jurispru-
dence – Testament – Interprétation “argents liquides” », 39 R. du N. 384 et 385.
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41
F. TERRÉ, op. cit., note 13, no 27, p. 29.
42
En droit criminel, on note une exception à l’exception, considérant des jetons
comme de la monnaie dans les machines à sous : C.cr., art. 454. La loi pénale a
donc d’autres visées que la protection de la rareté constante de la monnaie elle-
même. En l’occurrence, on interdit le vol des denrées situées dans les distri-
butrices.
43
C’est d’ailleurs le sujet de la thèse de F. TERRÉ, op. cit., note 13.
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gibles entre elles, mais aussi parce qu’elles sont convertibles avec toute
autre espèce de bien.44
44
Nous choisissons ici l’expression plus pédagogique de P. MALAURIE et L. AYNÈS,
op. cit., note 1, no 155, p. 51. (Nous avons souligné). Voir aussi le propos de Jou-
bert cité par F. TERRÉ, op. cit., note 13, p. 34, note 34.
45
C.c.Q., art. 1616, al. 1.
46
Le vin de Bourgogne n’inclut pas ceux d’Alsace ou de Champagne. Aucun vin
n’est de toute provenance, par don d’ubiquité, sauf l’argument religieux du vin
de messe qui change sa substance dans l’eucharistie. Pour l’essentiel, dire qu’une
chose est fongible avec toute autre, c’est s’être doté d’un synonyme au mot fon-
gible pour que les gens ne remarquent pas que le juriste se repaie de mots : le
fongible (le mot fongible) est fongible comme conclure que l’amour est amour. Si
l’on raisonne avec les cases d’une équivalence, l’ensemble des cases ne peut être
l’une de celles-ci ; alors ce n’est plus d’une équivalence dont on parle.
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B. La consomptibilité de la chose
47
P. MALAURIE et L. AYNÈS, op. cit., note 1, no 152, p. 49. Cet auteur nous rap-
pelle la distinction à faire avec le « bien de consommation », terme tiré du quo-
tidien repris par le droit, que l’on distingue de celui consomptible parce qu’il
n’est en fait que voué à une obsolescence plus ou moins rapide, par opposition
à brisé par son premier usage : id., no 154, p. 50.
48
C.c.Q., art. 3026 ; une idéalité où l’on fait une place préétablie aux exceptions,
art. 2976.
49
Id., art. 2969.
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50
Id., art. 2814.5.
51
Par exemple, farine et levure donnent le pain. Mais l’opération converse, du pain
à ses composantes, est impossible. Le pain est donc un agrégat non désagré-
geable.
52
C.c.Q., art. 1556, al. 2 et art. 2314. Le code précédent qualifiait de même façon
le quasi-usufruit d’argent : C.c.B.C., art. 452. Notons que dans le code subsé-
quent tout bien consomptible peut, à défaut, être restitué en numéraire : C.c.Q.,
art. 1127, al. 2, on marque là une distinction.
53
D.-C. LAMONTAGNE, op. cit., note 33, no 37, p. 14.
54
P. MALAURIE et L. AYNÈS, op. cit., note 1, no 152, p. 49.
55
Code civil français, art. 1238.
56
Jean CARBONNIER, Droit civil, t. 3, « Les biens (Monnaie, immeubles, meu-
bles) » , 16e éd., coll. « Thémis Droit privé » , Paris, P.U.F., 1995, no 52, p. 107.
57
F. TERRÉ et P. SIMLER, op. cit., note 29, no 15, p. 13.
58
Christian LARROUMET, Droit civil, 3e éd., t. 2, « Les biens Droits réels princi-
paux » , Paris, Economica, 1997, no 223, p. 120.
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Cet usage des mots ne nous semble pas très correct grammati-
calement, on place sur un pied d’égalité les caractères intrinsèques
d’une chose et une création juridique abstraite ; on fait l’assertion
que le droit est promu au rang de vrai du fait survenu. Au profit de
qui veut-on, en droit privé, faire la promotion d’un tel statut à
l’argent ? Il s’agit d’une tentative peu crédible de prouver le système
de droit par les mots du système de droit, de s’enclore en lui.
59
Soit physiquement, par l’amortissement prolongé du bâtiment par exemple, soit
logiquement, pour l’emplacement.
60
Ces circonstances étaient à la source du litige dans Banque du Canada c. Ban-
que de Montréal, précité, note 39.
61
Loi sur la monnaie, L.R.C. (1985), c. C-52, art. 11 (ci-après citée « L.M. »).
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62
Ici le rattachement des mots par le signe « _ » a pour but d’indiquer que l’expres-
sion est prise à titre de prédicat, c’est-à-dire que le prédicat signifie le complé-
ment de Untel. Or, la difficulté est là, car un signifiant ne peut être déterminé
sur un ensemble ouvert : non-Untel est un ensemble dont les membres sont
déterminés si et seulement si la notion d’univers sur lequel est opéré l’opération
de différence est actuellement composé de tous ses membres. Ceci suppose une
temporalité exhaustivement actuellement achevée par énumération. On prend
dès lors conscience qu’il s’agit d’une façon de parler. La classe ouverte n’est pas
réductible à l’ensemble actuellement déterminé. Avant de nier que l’avenir est
inexhaustible, il faudrait avoir la réserve d’y penser, longuement. Or, c’est la mon-
naie qui, formellement, donne la faculté d’attendre la prochaine prestation.
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78 (2005) 39 R.J.T. 51
63
Jean CARBONNIER, « L’imagerie des monnaies », dans Flexible droit – Pour une
sociologie du droit sans rigueur, 8e éd., L.G.D.J., 1995, p. 340 et 344-346.
64
Id., 341.
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80 (2005) 39 R.J.T. 51
65
Jean PINEAU, Danielle BURMAN et Serge GAUDET, Théorie des obligations,
4e éd., Montréal, Éditions Thémis, 2001, no 437, p. 743. Bien sûr, le droit se
passe parfois du concours du débiteur qui retarde, mais dire que « l’on ne fait
pas violence à sa volonté » signale qu’on l’a effacé par une capuche grise qui fige
le temps dans un joug fermé (la relation « créancier → débiteur » étant alors con-
çue comme une châsse conceptuelle). La subjectivité de cette explication, cette
« satisfaction du créancier », tente d’expliquer la nécessité associée à la con-
trainte publique par le désir de l’une des parties. Mais c’est là masquer l’origina-
lité de l’argent, sa dualité est d’être somme et d’être non somme. La possibilité de
payer, par le mécanisme de la monnaie, est la faculté qui rend possible la néces-
sité exprimée par la contrainte, nécessité et possibilité étant des duales mutuel-
les. Le défaut est de confondre une universalisation (un tout donné) et une
nécessité rendue possible. Nous reviendrons sur cette citation pour compléter
l’explication.
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66
« La déformation des éléments matériels [le critère corporel de consomptibilité]
apparaîtra lorsque les volontés individuelles s’efforceront d’appliquer à un con-
tenu donné une qualification qui ne correspond pas avec les éléments matériels
qui le composent à un moment donné » : F. TERRÉ, op. cit., note 13, no 32, p. 35.
(Nous avons souligné).
67
Gabriel MARTY et Pierre RAYNAUD, Les biens, 2e éd., par Pierre RAUNAUD,
coll. « Droit civil » , t. 2, Paris, Sirey, 1980, no 40, p. 43. D’autres exemples sui-
vent.
68
R. LIBCHABER, op. cit., note 34, no 130 et 131, p. 105.
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69
C.c.Q., art. 1127.
70
Le commodat, possible seulement d’une chose pérenne : C.c.Q., art. 2313.
71
Au Québec, on le désigne sous « simple prêt » (C.c.Q., art. 2314) et, sur le con-
tinent, sous prêt de consommation (Code civil français, art. 587 et 1892), ces
désignations évoquant l’absence d’identité de la chose remboursée à celle prê-
tée. Comme il s’agit d’un contexte de prêt d’argent régi ici par la Loi sur la pro-
tection du consommateur, L.R.Q., c. P-40.1, art. 66 (selon le couple oppresseur/
victime), on utilisera par suite la formulation « prêt consomptible » pour se déta-
cher de ces considérations (éthiques) étrangères au problème (de logique juri-
dique) sous étude.
72
Dont l’origine historique se trouve à l’article 452 C.c.B.C. Ce dernier parle
expressément de quasi-usufruit d’argent.
73
P. MALAURIE et L. AYNÈS, op. cit., note 1, no 153, p. 49 ; au même effet : F. TERRÉ
et P. SIMLER, op. cit., note 29, no 108 et 733, p. 80 et 517.
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74
Exemple de BAUDRY-LACANTINERIE, t. 1, 1874, no 1206, cité par F. TERRÉ,
op. cit., note 13, no 24, p. 27, à la note 17. Nous n’affirmons pas que cette doc-
trine commette une confusion, au contraire. Mais la possibilité de celle-ci étant
voilée par un emploi nuancé de la langue juridique, on devra distinguer le sens
issu de la lecture par un auteur de son propre texte de celle qu’en font les autres.
Mais ces derniers, eux, peuvent facilement commettre cette méprise tant cette
nuance est subtile.
75
P. MALAURIE et L. AYNÈS, op. cit., note 1, no 153, p. 50. Ce qui est fascinant,
c’est de voir la rapidité du passage du critère objectif (le paiement perçu comme
aliénation juridique de monnaie) à celui subjectif (l’aliénation pour l’équivalence
monétaire dans un placement dont la valeur future est subjectivement appré-
ciée). Voir, par exemple : F. TERRÉ, op. cit., note 13, no 21-31, p. 24-34. Il nous
semble que l’on ait développé, en droit, une faculté de double langage unique-
ment pour accommoder la monnaie que l’on n’arrive pas à situer dans l’archi-
tecture du droit privé.
76
F. TERRÉ, op. cit., note 13, no 33, p. 35.
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77
Aucune disposition ou stipulation ne le mentionne parce que l’écriture du code
reflète une confusion entre somme due et somme perçue (raccourci d’écriture
que nous ne commenterons pas ici), mais c’est la somme qui porte intérêts :
C.c.Q., art. 1617, une personne payée ne peut exiger d’intérêts.
78
F. TERRÉ et P. SIMLER, op. cit., note 29, no 108, p. 80.
79
Id., no 733, p. 517-519.
80
Frédéric ZENATI, « Propriété et droits réels 1. Choses consomptibles », Rev. trim.
dr. civ. 1994.93.381-383, à la page 382.
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Supposons donc que l’« usufruit » d’argent est celui d’une somme,
par remploi de monnaie. S’agissant d’une créance, l’usufruitier a
charge de la conservation de ladite « substance »83. On peut en infé-
rer que l’usufruitier ne peut la laisser prescrire, sa perception cons-
tituant tant une prérogative qu’un devoir84. En matière de créance,
l’usufruit (et son en lieu) peut donc être perçu comme un régime de
permission : le nu-propriétaire doit souffrir le droit de l’usufruitier
et ne saurait percevoir lui-même. Seul l’usufruitier donne quit-
tance, à charge d’en rendre compte à la fin de l’usufruit85. Notons
que le législateur québécois rebute à assimiler l’usufruit à un tel
régime de permission. En effet, pour l’immeuble, il préfère se fonder
sur l’ontique de la propriété d’une chose corporelle, l’accession, éten-
dant l’usufruit à ce qui augmente le capital sous forme d’alluvion
naturel86.
Qualitativement, l’extraction de l’usufruit des entrailles de la propriété
est un non-sens. Alors que la propriété est une prérogative, l’usufruit est
un complexe de droits et d’obligations, un statut. L’usufruitier ne jouit en
fait que dans l’intérêt du propriétaire dont il conserve et administre le
bien […] Le schéma du démembrement devient franchement inexact dès
que l’on passe de la théorie à la technique : l’acquisition des fruits par le
81
Notons qu’en France un usufruit sur un titre au porteur ne peut être traité
comme un quasi-usufruit : F. TERRÉ, op. cit., note 13, note 339 ; F. TERRÉ et
P. SIMLER, op. cit., note 29, no 733, p. 518, note 1 et no 737, p. 521, note 2 ;
J. CARBONNIER, op. cit., note 56, no 58, p. 118 ; référant à Civ. 1re, 4 avril 1991,
Bull. Civ. I, no 129, J.C.P. 1991, éd. G., IV, 217.
82
D.-C. LAMONTAGNE, op. cit., note 33, no 499, p. 252.
83
C.c.Q., art. 1120.
84
Sur tels devoirs : Frédéric ZENATI, Les biens, 2e éd., coll. « Droit fondamental »,
Paris, P.U.F., 1997, no 245 « usufruit de droits », p. 278.
85
C.c.Q., art. 1132.
86
Id., art. 1124, al. 2 et art. 965.
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87
F. ZENATI, op. cit., note 84, no 244, p. 254. Bien que les commentaires du minis-
tre ne le fasse paraître, C.M.J., Vo « 1124 », il nous semble que la règle soit chan-
gée, l’usufruit s’étendant non seulement aux fruits (C.c.B.C. art. 447), aux
accessoires, à l’accession naturelle (i.e. non mobilière : C.c.Q., art. 971 et 1124)
mais aussi aux produits et aux droits de vote attachés au capital social, sauf, en
ce dernier cas, ce qui entame ladite « substance » ou la destination (C.c.Q.,
art. 1134). Puisque le rendement est fonction du risque, l’usufruitier pourrait-
il voter de façon à augmenter le rendement jusqu’à risquer la liquidation (une
forme d’aliénation puisque ce n’est pas lui qui perd le capital), parce que l’on
aura substantivé les droits (au sens du texte même des droits décrivant le capi-
tal-action) à un référent impalpable (l’attestation du bilan de l’entreprise à ses
états financiers destinés à être interprétés librement par des investisseurs, à
leurs risques et périls) négligeant en cela totalement le facteur de risque qui se
trouve (dans notre esprit, selon la préférence ou l’aversion au risque) immédia-
tement avant ce bilan (le type et l’historique de gestion, dont l’importance est
reconnue par ailleurs à l’article 1339 (8) C.c.Q., les offres concomitantes sur le
marché et l’état mental de l’investisseur). Au-delà d’une certaine fourchette de
risque, le fruit tient de la nature du capital puisque la probabilité que ce dernier
se réalise en perte de capital s’accroît. En d’autres termes, le fruit peut ronger
l’arbre.
88
Cette façon de scinder la décision d’un investissement et l’avantage qui en
découle devient étrange si on tente de l’interpréter en dehors de la métaphysi-
que de l’Être subsistant et stable qui par surcroît fournit progéniture, à savoir
le capital (C.c.Q., art. 909 et 910). On perçoit bien que ce capital sous usufruit
présuppose l’idée de la durée, de la pérennité, et celle de l’accroissement.
89
La décision de l’exercice de souscription à des valeurs mobilières appartient au
nu-propriétaire, « mais le droit de l’usufruitier s’étend à cette augmentation » :
C.c.Q., art. 1133. De même, le nu-propriétaire choisit d’aliéner son droit. Mais
une fois monnayé, ce produit de l’aliénation est utilisé par l’usufruitier qui n’en
est comptable qu’à la fin de ce qui est devenu alors un quasi-usufruit.
90
« Cet article est de droit nouveau » : C.M.J., Vo « 1133 ».
91
En principe, la spéculation consiste en l’art d’entrer et sortir de l’exposition au
marché, ce qui implique un va-et-vient entre le beurre et l’argent du beurre.
L’usufruit semble alors à première vue une forme pour spéculer… une fois. On
se demande alors l’utilité pour un nu-propriétaire d’utiliser cette forme juridi-
que dans un contexte de placement sur le marché monétaire par exemple, qui
présuppose un horizon à court terme et l’aliénation du capital fluctuant, qui
produit non pas un revenu mais un gain ou une perte en capital. D’ailleurs, en
de telles circonstances, il resterait, dans l’absolu théorique, à établir sur qui
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91
cherra la perte, si la décision d’aliéner ne résulte pas en un revenu mais en une
perte, au contraire de ce que prévoit l’article 1133 al. 2 C.c.Q. L’usufruit d’un
bien évanescent ou d’un risque pur ne fait pas de sens compte tenu du contexte
de volatilité monétaire. Plus on sort du cadre du rendement assuré sur un terme,
moins les mots font du sens.
92
Un risque s’appuie sur une connaissance statistique, qui permet de le calculer,
d’en établir la durée, de le contrôler et de le mettre à prix. La monnaie, elle, sou-
met chacun à la même absence de contrôle. Elle ne nous semble pas constituer
un risque mais plutôt une incertitude immanente. En économique, on en vint à
admettre que l’économie est une action en vertu d’une opinion en état de connais-
sance imparfaite : Frank H. KNIGHT, Risk, Uncertainty and Profit, coll. « Scarce
Tracts in Economics and Political Science », t. 16, London, London School of
Economics, 1948, p. 197-199. Mais la nature d’un risque peut-être distinguée
de celle d’une incertitude. Un risque est contenu par une asymétrie de la con-
naissance entre par exemple, l’assureur et l’assuré, compte tenu de l’aversion
de l’assuré au risque et du fait que les événements passés informent sur la pro-
babilité de survenance de l’avenir : Ejan MACKAAY, Economics of Information
and Law, Montréal, Groupe de recherche en consommation, 1980, 187-208.
Mais le couteau à double tranchant, où par le paiement le créancier se retrouve
dans les souliers du solvens, est peut-être ce qui fait que les courbes statistiques
de la finance ne sont pas des courbes normales ; elles inversent leur direction,
ce qui est loin de l’idée d’un risque d’affaires. Toujours est-il qu’en ce domaine
le passé ne se répète pas.
93
Françon suggère que les décisions d’investissements en usufruit devraient être
prises conjointement par l’usufruitier et le nue-propriétaire : André FRANÇON,
« L’usufruit des créances », Rev. trim. dr. civ. 1957.1. Au moins, cela obligerait à
pondérer le rendement par complément au risque encouru sur le capital pour
les cas où le législateur n’a pas déjà tranché par les placements présumés sûrs :
C.c.Q., art.1339 et suiv.
94
C.c.Q., art. 1127.
95
Id., art. 1127, al. 2.
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88 (2005) 39 R.J.T. 51
96
Gadanyi c. Booth, [1983] C.P. 151 ; Banque Royale du Canada c. Syndicat Port
Royal, [1998] J.Q. 3779. Attention à la réserve d’un droit réel qui agit erga
omnes : Peluso c. Crédit Industriel Desjardins, [1996] A.Q. 2971.
97
Bissonnette c. Compagnie de finance Laval ltée, [1963] R.C.S. 616.
98
Supra, note 40.
99
La question s’est posée en France : La Burthe c. Veuve Bourdais, Civ. 1re, 19 fév.
1980, B.I, no 63, citant A. REIG, Rép. Civ., Dalloz, Vo « Usufruit » , no 195 et A.
WEILL, 2e éd., Les Biens, no 558.
100
C.c.Q., art. 1600.
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Tout ceci pour dire que les praticiens ne peuvent se fier que les
concepts traditionnels d’accession et de quasi-usufruit soient d’une
rigueur à toute épreuve lorsqu’ils furent étendus hors le domaine
traditionnel de la vie agraire pour lesquels ils furent conçus. La déli-
mitation entre placement aussi sûr que les fruits de la terre et la
spéculation peut devenir complexe mais aussi obscurcie par cette
assimilation d’une créance à la propriété d’une chose.
101
Cet arrêt français, La Burthe c. Veuve Bourdais (précité, note 99), ne résout pas
la question de l’intérêt forfaitaire à calculer depuis le moment de l’encaissement
par le nu-propriétaire. Mais la Cour de cassation avance néanmoins : « N’étant
pas soutenu qu’une somme d’argent provenant de la conversion de bons de
caisse dépendant d’une succession ait produit des fruits depuis l’ouverture de
l’usufruit du conjoint survivant, fruits qui auraient dû revenir à celui-ci […] ».
(Nous avons souligné).
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102
C.c.Q., art. 1127, al. 1 ; D.-C. LAMONTAGNE, op. cit., note 33, no 512, p. 261.
103
C.c.B.C., art. 452. Le droit français est au même effet que l’ancien code : C. civ.,
art. 587. La distinction du cas par défaut y manque.
104
Pierre JAUBERT, « Deux notions du droit des biens, la consomptibilité et la fon-
gibilité », Rev. trim. dr. civ. 1945.75, 100.
105
Mais nous ne sommes pas d’accord avec la suite : « mais la monnaie est à
l’inverse une chose en soi » : R. LIBCHABER, op. cit., note 34, no 135, p. 108.
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106
G. MARTY et P. RAYNAUD, op. cit., note 67, no 3, p. 3.
107
C.c.Q., art. 1716 et 1717.
108
Le double juridique qu’est le titre de propriété valide doit aussi être fourni :
C.c.Q., art. 1719, tant la chaîne des titres précédents que la validité du titre
actuel rendant tangible l’objet du contrat lui-même : C.c.Q., art. 1708.
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La possession est l’exercice de fait d’un droit, qu’on en soit ou non titu-
laire.111
109
C.c.Q., art. 921, 930 et 2192 ; Trépanier (Syndic de), J.E. 93-240 (C.S.), cas de
la possession d’une créance telle que des journées de maladies ou celle résul-
tant d’un pacte de partage de prix lors d’une vente éventuelle.
110
D.-C. LAMONTAGNE, op. cit., note 33, no 653, p. 324.
111
P. MALAURIE et L. AYNÈS, op. cit., note 1, no 483, p. 129.
112
F. ZENATI, op. cit., note 84, no 298, p. 305.
113
En fait, le droit ne fait que tirer les conséquences de ses propres règles ici. Si le
titre atteste de la propriété, contrainte opposable à tous, alors l’obéissance aveu-
gle de ces derniers à cette contrainte n’informe en rien de l’utilité de la chose.
Interdire aux autres, ce n’est pas obliger le titulaire à se servir de celle-ci. L’inter-
dit aux autres, c’est l’affirmation négative : l’inexistence. Or, l’intérêt est la jauge
de la nécessité juridique. D’où la possession qui, à titre d’évocation de l’intérêt
du possesseur, constitue une affirmation positive d’un lien qui existe. La pos-
session est porteuse d’information. Sous cette lecture, le titre comme interdit
aux autres et la possession comme intérêt à soi semblent un dual. Ils sont donc
hétérogènes l’un à l’autre, n’ayant rien en commun, comment alors passer de
l’un à l’autre ? L’opposition est résolue par la distinction des personnes : on pos-
sède une chose pour soi, on l’interdit aux autres.
114
J. CARBONNIER, op. cit., note 56, no 17, p. 217. Ici « nécessité » a le sens d’un
« besoin a satisfaire pour survivre », plutôt que la modalité « nécessaire » par
opposition à « possible » d’une proposition.
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115
F. TERRÉ et P. SIMLER, op. cit., note 29, no 144, p. 105, citant Saleilles.
116
C.c.Q., art. 1718.
117
Id., art. 1720.
118
Id., art. 1726.
119
Id., art. 1718 (vente).
120
Id., art. 1718.
121
Id., art. 1729 et 1730 (vente professionnelle).
122
Id., art. 1786.
123
Id., art. 1854.
124
Id., art. 2008.
125
Id., art. 2023.
126
Id., art. 2037.
127
Id., art. 2038 et 2049.
128
L’antisélection d’un risque est celui que l’assureur ne peut choisir, ou non,
d’assurer ; le risque a tendance à s’autoréaliser – trop de monde sont en cette
nécessité que Carbonnier vient de décrire, une raison probable expliquant que
le vol de numéraire est exclu. Pour l’exclusion de risque : C.c.Q., art. 2053.
129
Comprenez ici que nous refusons de nous astreindre à une preuve de l’inexis-
tence d’une prestation caractérisée ne portant pas qualité. D’une part, elle est
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129
non pas absurde, mais ridicule. Comment savoir si une chose existe si on ne
peut la couvrir de la châsse du concept ? D’autre part, telle preuve serait maté-
riellement infinie (alors que l’infini ne se contemple qu’en esprit, à titre d’hypo-
thèse), puisqu’il faut alors s’astreindre à passer en revue tout bien, toute prestation
de faire (et sa négation : ne pas faire positivement c’est faire négativement), ainsi
que toute prestation y réduite comme la prestation de dare (C.c.Q., art. 1373),
constater que chacune a une qualité quelconque, et puis constater que l’on n’a
encore rien prouvé puisque après les avoir toutes prouvées, on se butte encore
à l’ineptie de se rendre compte que le temps s’est écoulé, que quelqu’un a saisi
la possibilité du moment et en a inventé (découvert) une autre gamme de pres-
tations caractérisées depuis.
130
Il n’y a qu’à ouvrir l’œuvre de l’un ou l’autre des commentateurs du droit, faites
votre choix. La constante de toutes les prestations non monétaires est la qualité ;
voyez par exemple : François COLLART DUTILLEUL et Philippe DELBECQUE,
Contrats civils et commerciaux, 3e éd., Paris, Dalloz, 1996 ; Jacques GHESTIN et
Bernard DESCHÉ, Traité des contrats – La vente, Paris, L.G.D.J., 1990 ; Phi-
lippe MALAURIE et Laurent AYNÈS, Cours de droit civil, t. 8, « Les contrats spé-
ciaux civils et commerciaux », 10e éd., Paris, Cujas, 1996.
131
C.c.Q., art. 1734.
132
Id., art. 1590. Que les mots « sans retard » réfèrent à la date de la constitution en
demeure ou au moment d’exigibilité stipulé selon les termes mêmes du contrat
ne change rien à la dimension temporelle : C.c.Q., art. 1594.
133
C.c.Q., art. 1561.
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134
« La monnaie est en quelque sorte le degré zéro de l’objet des obligations, la chose
en laquelle toutes les obligations en nature peuvent se ramener, sans qu’aucune
obligation monétaire puisse jamais se ramener à une obligation en nature » : R.
LIBCHABER, op. cit., note 34, no 155, p. 122.
135
Les articles 1721, 1740 et 1741 C.c.Q. mitigent le risque d’insolvabilité de
l’acheteur en permettant l’arrêt par le vendeur de la délivrance de la prestation
caractérisée en un tel cas.
136
C.c.Q., art. 1564.
137
« […] les modalités d’impression sont déterminées par règlement » : L.B.C., art.
25 (3).
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96 (2005) 39 R.J.T. 51
138
L.M., art. 7 (2) et 8 (4). Les fausses pièces sont aussi retirées : art. 10.
139
« Les pièces de monnaie divisionnaire […] [qui] sont impropres à la circulation
sont rachetables à leur valeur nominale si elles sont reconnaissables comme
pièces […] » : Règlement sur le rachat des pièces de monnaie divisionnaire,
C.R.C., c. 450.
140
C.cr., art. 456.
141
Supra, p. 15. Lorsqu’elles sont considérées qualitativement, elles deviennent
alors de véritables prestations caractérisées, prisées pour leurs attributs soit à
titre d’objets de collection, comme la pièce Maple Leaf, soit à titre de curiosité
(Moss c. Hancock, [1899] 2 Q.B. 111), soit en qualité de métal de numéro ato-
mique 79 (l’or) (Banque belge c. Hambrouk, [1921] 1 K.B. 321). Ces choses perdent
alors leur qualité monétaire unique parce qu’on change ainsi leur destination,
celle d’avoir vocation à être universellement admissible à titre de, dit-il, « moyen
d’échange » (une acception économique, donc en « paiement » dira-t-on en lan-
gue juridique) : Frederick Alexander MANN, The Legal Aspect of Money, 5e éd.,
Oxford, Clarendon Press, 1992, p. 25 et 26, spécialement aux notes 131 et 132.
Pour comprendre la pensée de Mann ici peut-être faut-il distinguer le paiement
universel de l’échange à l’intérieur d’un petit cercle d’accointances comme celui
rendu possible par une monnaie de nécessité, ces monnaies de chambres de
commerce, par exemple en temps de guerre.
142
Cette note est désormais aussi vide que le silence de la loi, la définition du « bil-
let » étant disparue de la Loi sur la monnaie.
143
Le nominalisme monétaire confirme que la monnaie est la mise en œuvre d’une
fonction d’identité diacritique du signe que représentent le papier-monnaie et
les pièces ; par conséquent, ce sont les prestations non monétaires, caractéri-
sées, qui augmentent ou diminuent de valeur. Bien sûr, comme la fonction a l’effet
de lier des prestations caractérisées au travers le temps, par la consécution des
paiements d’une même somme qui n’est pas détruite à l’usage, certains voudront
réduire cette succession à un enchâssement, agréger les prix en une valeur.
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144
Mais il est difficile de comprendre comment l’abstraction de succession tempo-
relle peut relever d’une châsse qui a plutôt le rôle de fixer le vrai des éléments
sous cette châsse dans une hiérarchie qui positionne cet avéré avec d’autres
dont les avérés s’harmonisent en une hiérarchie entre eux. On confond alors les
abstractions.
144
Le propriétaire de salle, pour éviter la vente en excédent de sièges, n’a qu’à met-
tre en circulation un nombre de tickets égal à celui du nombre de sièges. Mais
il aurait du mal à effectuer un contrôle si sa salle était extensible (en plein air)
et si les gens apportaient leur banc ; or, les prestations non monétaires ont voca-
tion à être créées, issues de la pure création, telle l’œuvre d’art, ou même, sans
travail, telle la beauté d’un mannequin (un état plutôt qu’une action), mais cette
prestation est évaluée sur la foi de caractères déterminés, immédiatement pas-
sés, liés à une certaine idée de la persistance (au moins pour un temps) de ses
caractères qualitatifs. Que le numéraire ne soit pas un titre au porteur usuel est
aussi évident de par le fait qu’il a un créancier mais pas de débiteur, quoique la
loi ait aussi désormais passé cela sous silence. Nous assimilons la monnaie non
à un titre usuel, mais plutôt à un jeton dans son acception fonctionnelle (un
jeton comme tout signe linguistique peut être une marque diacritique sur laquelle
une opération prend prise. Les programmes informatiques mettent parfois en
œuvre des variables volatiles, parfois innomées, à titre de pont dans un proces-
sus algorithmique, et nous ne voyons pas pourquoi le juriste aurait honte d’avoir
emprunté cette voie dans le fond de l’histoire).
145
P. MALAURIE et L. AYNÈS, op. cit., note 1, no 813, p. 248, note 29 in fine référant
à Com., 12 juillet 1993, B IV, no 292 ; Civ. 1re, 4 avril 1991, B. 1, no 129 ; R. Soc.,
91.737, note P. Didier.
146
Tels les recours protégeant les actionnaires minoritaires : Loi canadienne sur les
sociétés par actions, L.R.C. (1985), c. C-44, art. 214 et 241. Autre exemple : le
prospectus financier lors d’émissions d’actions dans le public. Il doit être certi-
fié par un comptable agréé, l’état des résultats financiers devant embrasser
« une période suffisamment longue pour permettre d’apprécier les résultats de
l’entreprise (d’ordinaire une période englobant cinq exercices suffira) » : INSTI-
TUT CANADIEN DES COMPTABLES AGRÉÉS, Manuel de l’ICCA, Toronto,
I.C.C.A., mars 1996, no 4000.06, p. 3001. Or, dans le cas du numéraire, que vous
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147
soyez un gros ou un petit détenteur, vous devrez vous soumettre à l’opinion des
autres, c’est-à-dire de ce qu’ils veulent bien vous offrir pour se retrouver dans
vos souliers.
147
Adrian POPOVICI, La couleur du mandat, coll. « Droit privé », Montréal, Édition
Thémis, 1995, p. 136, à la note 375, et p. 500-502, lequel déplore le vide doctrinal
sur la question du ticket. Selon De Page, un billet, au sens de ticket, est un signe
extérieur d’un accord de volonté, bien que l’on doive distinguer le moment de la
formation du contrat de celui où la responsabilité débute, tel le billet de trans-
port (train par exemple). On y signale d’autres exemples de billets : places de
théâtre, effets en consigne, loterie. Tous ont forme de papiers pré-numérotés ou
de jetons portant numéros d’identification : Henri DE PAGE, Traité élémentaire
de droit civil belge – Principes, doctrine, jurisprudence, 3e éd., t. 2 « Les incapa-
bles. Les obligations (première partie) », Bruxelles, Bruylant, 1964, no 495bis,
p. 488 ; H. DE PAGE, id., t. 3, « Les obligations (seconde partie) », 3e éd., 1967,
no 787b, p. 802.
148
L.B.C., art. 34.
149
« [D]e la délivrance : C.c.Q., art. 1734. L’exécution « sans retard » : C.c.Q. : art.
1590.
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150
Supra, note 6.
151
L’opération fonctionnelle de la monnaie fait que l’anonymat, rehaussé par l’ins-
tantanéité et l’absence d’intermédiaire lors du transfert manuel que permet sa
matérialité, serait de l’essence d’une vraie monnaie : J. CARBONNIER, op. cit.,
note 56, no 16, p. 39. Selon nous, l’anonymat est certes important, mais cela est
la conséquence de l’insignifiance de sa définition.
152
C.c.Q., art. 1708.
153
C’est la conception dichotomique de la monnaie de Jean-Baptiste SAY, Cours
complet d’économie politique pratique, 3e éd., t. 1, Paris, Guillaumin, 1852, p. 372-
374 :
Sous ce rapport la qualité qu’on désire essentiellement dans la monnaie, c’est
qu’elle conserve sa valeur depuis l’instant où on la perçoit jusqu’à celui où on la
donne […] et cette valeur, qui n’est pas fixée dans un marché conclu, n’est pas
une règle pour le marché suivant. […] Après la valeur, la qualité que l’on cherche
dans la monnaie, c’est qu’elle puisse se diviser en fractions, jusqu’à pouvoir se
proportionner exactement à la valeur de la chose, ou des choses que l’on pro-
pose de vendre ou d’acheter.
154
C.c.Q., art. 1795.
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155
Id., art. 1723 et 1724.
156
Id., art. 1797.
157
Id., art 1798.
158
Certains sentiront, en cet argent qui sent mauvais, une blague de catholique.
Pour les besoins de l’exemple, on ne soulèvera pas la question de fait de savoir
si le vice était apparent lors de l’échange de consentement, présumant plutôt
qu’il s’est par suite révélé dans toute sa force.
159
C.c.Q., art. 1726.
160
Dans ce qui suit, le signe * signifie l’opération de multiplication et le signe /, la
division. L’équation est P*Y = GDP = M*V où GDP est le produit domestique
brut, P est le niveau de prix, Y la production (« output »), M le stock monétaire et
V la vitesse de circulation, soit la rotation du stock monétaire pour l’achat de
produits dits finaux. D’où V = GDP/M. En 1997, le produit intérieur brut est
798,94 millions et l’agrégat monétaire M1 est 68,420 millions, soit une vitesse
empirique de 11,68 /an ; pour les équations économiques : James D. GWART-
NEY et Richard L. STROUP, Introduction to Economics – The Wealth and Poverty
of Nations, Forth Worth U.S.A., Dryden Press et Harcourt Brace College
Publishers, p. 404 (1994) ; pour les statistiques : BANQUE DU CANADA, Revue
de la Banque du Canada, Ottawa, Banque du Canada, automne 1997, Tableaux
« Comptes nationaux » H1, p. S-84 et « Agrégats monétaires et leurs composan-
tes » E1, p. S-48.
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161
« La monnaie est bonne comme le fumier, bonne à rien sauf à répandre », mais
cette boutade est un vieux thème de réflexion : « Quand une nation suit la Voie,
les chevaux portent le fumier aux champs ; quand une nation ignore la voie, les
chevaux portent les soldats sur les rues » : Lao TZU, Tao Te King.
162
Pour simplifier l’exemple, 20 %.
163
Plus précisément, toute la masse monétaire ne sert plus qu’à alimenter l’infla-
tion judiciaire, d’où l’intérêt indéniable du valorisme pour l’industrie juridique.
« En revanche, la dissociation des [unités de valeur de celles de paiement] donne
aux juristes ce qu’ils ont perdu avec l’évolution : un moyen de valoriser les obli-
gations dont ils peuvent se servir à leur gré » : R. LIBCHABER, op. cit., note 34,
no 35, p. 31. La manne quoi ! Étrange conflit d’intérêts tout de même.
164
Vice ? versa ? (l’aller-retour qui replace à l’instant du faux départ, celui qui
efface les faits, celui où on vous dit que l’argent vaut le vrai).
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165
C.c.Q., 1556, al. 2 et 2314.
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166
Étym. an- « qui n’a pas de », nomen « nom ».
167
Cohen c. Dame Stone, (1923) 36 K.B. 1, 9 (j. Dorion).
168
Id., 8.
169
« La vente en bloc c’est la vente de tout pour le prix du tout, même si ce prix doit
être calculé d’après la quantité » : id., p. 10.
170
« La vente à la mesure c’est la vente de tant de mesures à tant la mesure : et c’est
la mesure qui règle la vente » : id.
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171
Henri et Léon MAZEAUD, Jean MAZEAUD et François CHABAS, Leçons de droit
civil, t. 2 « Obligations. Théorie générale », 7e éd., Paris, Éditions Montchrestien,
1985, no 934, p. 1002.
172
Christian LARROUMET, Droit civil, t. 3 « Les obligations. Le contrat », 3e éd.,
Paris, Economica, 1996, no 54, p. 50.
173
C.c.Q., art. 1600 al. 2, 1693 et 1694.
174
[L]es choses qui sont vendues au poids, au compte ou à la mesure et qui ne sont
pas vendues en bloc, ne sont pas certaines et déterminées tant qu’elles n’ont
pas été pesées, comptées ou mesurées et que l’acquéreur n’en a pas été notifié :
Cohen c. Dame Stone, précitée, note 167, 9 ; C.c.Q., art. 1453.
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175
Canada Starch c. Gill & Duffus, J.E. 90-1617 (C.A.).
176
« [L]’exécution [… d’]une somme d’argent est toujours possible […] » : J. PINEAU,
D. BURMAN et S. GAUDET, op. cit., note 65, no 437, p. 743.
177
Id., no 10.1, p. 21 et 22.
178
Jacques FLOUR et Jean-Luc AUBERT, Droit civil – Les obligations, t. 1 « L’acte
juridique : le contrat, formation, effets, actes unilatéraux, actes collectifs », 7e éd.,
Paris, Armand Colin, 1996, no 46, p. 27 et 28.
179
J. PINEAU, D. BURMAN et S. GAUDET, op. cit., note 65, no 437, p. 743.
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*
* *
180
Cohen c. Dame Stone, précitée, note 167, 1, 8.
181
C’est l’information de l’individualisation qui marque l’instant où le transfert
prend effet juridique : C.c.Q., art. 1453, al. 2.
182
Nault c. Canadian Consumer Co., [1981] R.C.S. 553, 557.
183
Convention des Nation unies sur les contrats de vente internationale de marchan-
dises, art. 79 (1) et 2 (d).
184
Convention sur la Loi applicable aux contrats de vente internationale de mar-
chandises, art. 2 (b).
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Une paire :
<Prestation caractérisée au temps 1, Somme due depuis le temps 1
jusqu’au temps 2>
185
C.c.Q., art. 1564.
186
Id., art. 1740-1743.
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187
Supra, note 51.
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