Les startups sont de plus en plus nombreuses à se préoccuper de RSO (responsabilité sociétale des organisations) dès leur création. Lors d'un atelier organisé au salon Produrable et animé par Yveline Pouillot, chargée de la RSO au sein de Walter France, trois fondateurs de startups ont expliqué leur démarche et les actions qu'ils ont mises en place.
Les startups sont des entreprises qui, le plus souvent, ont développé des méthodes de travail originales, disruptives, avec beaucoup de recherche et développement. Celles qui travaillent déjà dans l'univers du développement durable pourraient avoir tendance à penser que par leur objet même, elles sont déjà en soi RSO. Or une démarche de RSO englobe des actions qui vont bien au-delà de l'activité de l'entreprise.
Une démarche qui peut s'initier dès le départ
Bernice Kobozo est fondatrice de HairArboree, qui propose des shampoings solides saisonniers aux consommateurs ayant les cheveux texturés en s'adaptant à l'environnement climatique et aux types de boucles. L'idée même de sa société est de réduire l'impact environnemental de ses produits non seulement au niveau des formules développées, en sélectionnant des ingrédients d'origine naturelle, mais également en réduisant la consommation d'eau et en incluant les consommateurs dans le processus.
Pierre Le Blainvaux a créé plusieurs startups, dont Neofarm, qui produit des fruits et légumes bio à proximité des villes, grâce à un modèle de micro-fermes agroécologiques et technologiques, lequel en plus améliore le sol d'année en année. L'objectif : obtenir des installations viables, chaque « néo-ferme » nourrissant 1 000 personnes par an. En termes de RSO, les fondateurs ont travaillé par exemple sur la pénibilité. Ces fermes ne sont pas entièrement robotisées, mais l'automatisation partielle permet de réduire la pénibilité. Par ailleurs, alors qu'un maraîcher « classique » ne gagne que 14 000 euros par an, les salaires au sein de ces fermes sont plus élevés ; les emplois sont durables et valorisés.
Des actions RSO liées à la diversité et à l'égalité femmes-hommes
Caroline Ponton est responsable RH au sein de Cryo Pur, une société spécialisée dans le secteur des énergies renouvelables qui transforme le biogaz issu de déchets organiques en carburant pour le transport routier et la mobilité urbaine, grâce à une technologie brevetée au niveau mondial. De nombreux élèves en chimie étrangers sont recrutés : ce sont de jeunes profils qui viennent de finir leur cursus en France et qui choisissent Cryo Pur parce qu'ils y trouvent une vision différente et un projet porteur de sens. Ils accèdent à des responsabilités importantes très rapidement, beaucoup plus vite que dans un grand groupe et apprécient la multiplicité des missions. A ce jour, la société compte 30 % d'étrangers et les dirigeants veulent conserver et encourager cette diversité. L'égalité femmes-hommes est également un axe RSO important, surtout dans un milieu industriel traditionnellement assez masculin. En 2021, ce sont six femmes qui ont été recrutées sur des postes techniques à responsabilité.
La société cherche également à mettre en place des actions qui vont apporter bien-être et équilibre à ses salariés, entre autres en permettant une flexibilité des horaires et le télétravail. Actuellement, Caroline Ponton met en place un séminaire d'intégration pour favoriser encore davantage les liens entre les équipes.
Pierre Le Blainvaux quant à lui met en place des actions de sensibilisation aux enjeux environnementaux, favorise les forfaits de mobilité durable et instaure un dialogue permanent sur les évolutions de Neofarm : restent-elles cohérentes en termes d'impact environnemental, y compris pour les générations futures ?
Un équilibre à trouver entre RSO et contraintes budgétaires
Dans le cas de HairArboree, c'est le concept même de la société de proposer des produits avec le plus de naturalité possible. Mais les ingrédients d'origine naturelle coûtent plus cher. Ce choix stratégique peut être économiquement un poids pour la société qui vient de démarrer.
Il est évident que la mise en place d'une démarche RSO n'est pas toujours un élément prioritaire quand on démarre une entreprise. Pierre Le Blainvaux aimerait mettre en place des améliorations sociales dans les startups qu'il crée au sein de Technofounders, mais il précise : « Nous avons levé de l'argent qui n'est pas à nous. Développer nos produits et atteindre l'équilibre financier passent avant les avantages sociaux complémentaires ou une organisation plus sympathique du travail. »
Caroline Ponton va dans le même sens. Selon elle, les coûts sont un frein, ainsi que le manque de temps et le manque d'effectif.
Des avantages toujours plus compétitifs à mettre en place une démarche RSO
Pour Yveline Pouillot, il est de plus en plus vital pour les startups, comme pour toutes les entreprises, de mettre en place une démarche RSO. Elle note que « la RSO est avant tout un état d'esprit, un comportement qui doit s'appliquer à l'ensemble de l'organisation et de ses process ». Certains grands donneurs d'ordre demandent désormais à leurs fournisseurs de démontrer leur implication.
Certains assureurs et certains banquiers commencent à baisser les taux aux entreprises clientes qui entrent dans une démarche RSO, à condition toutefois qu'elles soient labellisées.
Et enfin, dans les appels d'offre, les critères RSO sont de plus en plus pris en compte dans la note globale.