Maladies Et Ravageurs Du Bananier
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Sommaire
La maladie de Panama
Prévention et lutte
Les cercosporioses
Des stratégies de lutte différentes
De nouveaux moyens de lutte indispensables
Les maladies bactériennes
La maladie de Moko
Le flétrissement bactérien
Les maladies virales
Le bunchy top (BBTV)
Les mosaïques
Prévention et lutte
Les charançons
Les nématodes
Des ennemis souterrains
Prévention et lutte
Les maladies post-récolte
La maladie de Panama
La maladie de Panama ou Fusariose (Fusarium Wilt en anglais) a été identifiée pour la première fois en 1874 en Australie. Elle se
manifeste aujourd’hui dans presque toutes les zones tropicales et subtropicales de production de banane. Elle est due au champignon du
sol Fusarium oxysporum sp . cubense (ou FOC).
maladie de panama
Différentes races ont été identifiées, chacune pouvant provoquer sous certaines conditions (type de sol, climat, intensification de la culture,
drainage, etc.) des dégâts vasculaires importants sur différents groupes variétaux de bananiers, les rendant pratiquement improductifs.
La race 1, originaire d’Asie, s’est très largement répandue au travers des mouvements de matériel végétal sous forme de rejets, liés à
l’installation des grandes zones de culture de banane d’exportation au début du 20ème siècle. Elle est à l’origine de la disparition
progressive dans les années 1940 et 1950 de la production de la variété Gros Michel aux Caraïbes, en Amérique latine, base du
commerce international d’alors. La Gros Michel a été remplacée dans les plantations industrielles par un groupe variétal résistant
découvert en Asie du Sud-Est, les Cavendish, qui forment l’essentiel du commerce international actuel. Il est à noter que la variété Gros
Michel est toujours la référence de consommation de banane dessert dans la grande majorité des pays producteurs africains et latino-
américains et représente encore une importante production estimée à environ 6 millions de tonnes par an. Dans les zones où elle est
cultivée de manière extensive et en association avec d’autres variétés et d’autres cultures (donc à faible densité), il apparaît que la race 1
n’est pas active. Des expériences menées en Colombie ont montré que dès qu’on intensifie la culture de la Gros Michel (densité
supérieure à 1 000 plants/ha), la maladie de Panama prend de l’importance.
cercosporiose noire
cercosporiose jaune
cercosporiose noire 1
cercosporiose noire 2
Une nouvelle espèce de champignon, Mycosphaerella eumusa, qui pourrait être responsable d’une nouvelle forme de cercoporiose noire
encore plus agressive que la MRN, semble s’étendre en Asie et dans l’océan Indien, mais cela reste à confirmer (elle a également été
mise en évidence en Afrique de l’Ouest au Nigeria).
Dans les zones continentales, la propagation des cercosporioses se fait de bananier à bananier. Les zones maritimes constituent un
obstacle naturel. Bien qu’on ne puisse pas écarter les risques d’une dissémination naturelle des spores du champignon par le vent, la
transmission de la maladie d’une zone à l’autre résulte la plupart du temps de transferts incontrôlés de matériel végétal. La MRN est
présente dans tous les pays producteurs d’Amérique latine, en Afrique et en Asie. Les pays de l’arc caraïbe ont longtemps été protégés par
leur insularité. Sa présence a été officiellement confirmée à Saint Vincent ainsi qu’en Guyane en 2009 ; elle a été officiellement mise en
évidence à Sainte Lucie au début de l’année 2010, à la Martinique depuis septembre 2010 et en Guadeloupe au début de l’année 2012.
La présence de la MRN à la Dominique n’a pas encore été mise en évidence à ce jour, mais son arrivée est maintenant inéluctable et ce
vraisemblablement à très court terme.
distribution de la cercosporiose noire dans arc caraibe
Le champignon responsable de la MRN détruit le feuillage de la plante. La maladie apparaît sous forme de petits tirets noirs allongés qui
évoluent très rapidement en nécroses. La généralisation des nécroses peut aboutir à la destruction totale des feuilles du bananier avant la
récolte du régime, ce qui entraîne une diminution des rendements et une maturation avancée des fruits qui sont non commercialisables.
Ce mode d’action est exactement le même que celui induit par une autre maladie fongique qui était présente depuis une soixantaine
d’années sur tous les continents : la cercosporiose jaune. Une lutte chimique raisonnée a été mise en place avec l’appui du CIRAD par les
professionnels en Martinique et en Guadeloupe pour contrôler cette maladie. Des méthodes d’avertissement biologique et climatique,
basées sur l’observation hebdomadaire en plantation de descripteurs biologiques de la maladie et de descripteurs climatiques, permettent
de suivre la dynamique de la maladie et de déclencher les traitements à bon escient. La cercosporiose jaune a pu être maîtrisée au cours
de ces dernières années avec un petit nombre de traitements — cinq à sept en moyenne par an sur les plantations antillaises. Ces
méthodes de lutte raisonnée vont pouvoir maintenant s’appliquer au contrôle de la MRN.
Il y a des différences fondamentales entre les deux cercosporioses. Contrairement à la MS, la MRN peut se développer sur les bananiers
d’exportation, mais aussi sur les bananiers plantains et sur d’autres variétés cultivées, également très sensibles à cette maladie. De par sa
rapidité de développement, elle est aussi plus difficile à contrôler. Suivant les pays, les moyens de lutte mis en œuvre, les stratégies
utilisées et les conditions de production (climat, itinéraires techniques, etc.), son contrôle peut nécessiter de quelques traitements à plus de
cinquante traitements par an.
Des stratégies de lutte différentes
Dans les grands pays producteurs d’Amérique latine, les bananeraies d’exportation constituent de vastes ensembles agro-industriels
établis dans des plaines alluviales. Compte tenu de la surface des bananeraies (plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’hectares), la
contamination extérieure est faible. Il n’y a pas de foyers d’infestation à proximité immédiate des plantations agro-industrielles.
L’homogénéité agroclimatique permet d’organiser et de rationaliser les traitements sur de grands ensembles. Le faible coût de la main
d’oeuvre facilite les travaux d’assainissement indispensables via un effeuillage régulier. Dans ce contexte, l’impact des traitements en
termes de nuisances n’est pas toujours pris en compte par les grandes compagnies, qui n’hésitent pas à utiliser des stratégies de lutte
systématique, aboutissant à plus de cinquante applications annuelles. Ces applications sont réalisées selon une périodicité inférieure
dans ce cas à une semaine, en utilisant le plus souvent des fongicides de contact (chlorothalonil, dithiocarbamates, etc.) ayant par
définition une efficacité réduite : ils sont donc peu curatifs. Des fongicides systémiques sont parfois utilisés, mais le plus souvent sur la
base de « cocktails » (mélanges de produits systémiques, de produits pénétrants et de contact) en émulsions huileuses.
Le CIRAD a mis au point des stratégies de lutte raisonnée qui, pour contrôler la MS et la MRN, s’appuient sur des méthodes
d’avertissement reposant sur le suivi de la maladie en bananeraie et sur l’observation de descripteurs climatiques (pluies, évaporation,
température, etc.). Cette stratégie a été appliquée dans différents pays pour contrôler la MS mais également la MRN. C’est notamment le
cas en Guadeloupe, en Martinique, au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Elle a pour objectifs principaux :
d’améliorer l’efficacité de la lutte, tout en réduisant le nombre de traitements annuels ;
de limiter les risques de sélection de souches de champignons résistantes aux fongicides systémiques utilisés ;
de réduire les pollutions et d’être ainsi plus respectueuse de la santé humaine et de l’environnement (centres urbains, rivières, plans
d’eau, réservoirs, etc.).
Cette stratégie repose également sur une utilisation raisonnée en alternance de fongicides systémiques (benzimidazoles, triazoles,
strobilurines) et de fongicides pénétrants (morpholines, etc.) qui, mélangés à des huiles de raffinerie, elles-mêmes fongistatiques, à bas
volume (13 à 15 litres par hectare), prolongent l’efficacité de chaque traitement et contribuent par conséquent à la réduction annuelle du
nombre d’applications.
Les fongicides systémiques mis sur le marché ont un mode d’action unisite sur le pathogène ; le risque de voir apparaître des souches
résistantes à ces fongicides est important s’ils sont utilisés de manière irraisonnée et abusive. Ainsi en Amérique centrale, les
phénomènes de résistance aux benzimidazoles, fongicides massivement utilisés lors de leur mise sur le marché, ont été observés deux
ans seulement après le début de leur utilisation pour contrôler la MRN, nécessitant alors un usage plus important de produits de contact
(15 à 40 kg de matière active par hectare et par an). Le même phénomène a ensuite pu être observé dans ces zones de production avec la
MRN lors de l’apparition des triazoles, puis des strobilurines.
Au Cameroun et en Côte d’Ivoire, grâce aux méthodes d’avertissement et donc à un nombre réduit de traitements, ce phénomène n’est
apparu qu’après dix ans, voire quinze ans d’utilisation de ces fongicides pour contrôler la MRN.
En Guadeloupe et en Martinique, ces problèmes ont commencé à apparaître lors du contrôle de la MS après vingt, voire trente ans
d’utilisation raisonnée de ces fongicides par des méthodes d’avertissement.
De nouveaux moyens de lutte indispensables
Les stratégies de lutte actuelles ne pourront être utilisées indéfiniment. Aux Antilles françaises, la législation européenne en vigueur ne
permet pas sur le plan technique la mise en oeuvre de stratégies de lutte raisonnée, reposant sur l’alternance de plusieurs matières actives
ayant un mode d’action différent. Seuls deux fongicides appartenant à la famille des triazoles peuvent actuellement être utilisés en
traitement aérien.
Un fongicide de la famille des strobilurines et un autre appartenant à la famille des morpholines ont reçu fin 2008 une autorisation de mise
sur le marché (AMM), mais ils ne sont pas utilisés pour contrôler les cercosporioses (MS et MRN) car cette AMM est assortie d’une ZNT
(distance de zone non traitée) de 100 mètres, incompatible avec les traitements aériens.
Des actions peuvent être envisagées pour pallier cette carence réglementaire — telles que révision de la ZNT à 50 mètres, engins
permettant des traitements terrestres et aménagements techniques réduisant la dérive des brouillards fongicides, homologation de
nouveaux fongicides systémiques, demandes de dérogations, etc. — mais la législation risque à terme de devenir de plus en plus
restrictive.
La faisabilité de la mise en oeuvre d’une lutte raisonnée repose sur le statut des souches du champignon vis-à-vis des fongicides curatifs.
Si les souches sont (cf. statut des souches invasives) ou deviennent résistantes à ces fongicides (cf. risques de mutation rapide des
souches de M. fijiensis), cela compromet irrémédiablement la mise en oeuvre de telles stratégies.
Il faut donc rechercher d’autres méthodes pour contrôler ou réguler la MRN. La création de nouvelles variétés hybrides de bananiers
présentant un comportement de résistance durable et des potentialités agronomiques et organoleptiques intéressantes est une des
composantes de la lutte intégrée à privilégier pour contrôler la MRN.
Ces variétés devront être intégrées dans des systèmes de culture innovants et durables, qui feront également appel à des méthodes de
lutte culturale (conduite optimale de la plante, gestion raisonnée de l’inoculum faisant appel à des méthodes d’assainissement mécanique,
etc.) et qui permettront ainsi de réduire les impacts environnementaux négatifs des plantations industrielles et en particulier l’usage des
pesticides.
Très rapidement, il faut penser à adopter une approche globale associant de nouveaux hybrides résistant à la maladie des raies noires et
des systèmes de culture permettant de conserver durablement ces résistances.
maladie de moko
On distingue deux faciès de symptômes selon que la bactérie est disséminée par le sol, les outils utilisés en plantation (machettes, etc.) ou
bien par les insectes qui visitent les fleurs mâles ou leurs cicatrices après abscission. La colonisation bactérienne ascendante se traduit
d’abord par une chlorose et le flétrissement des trois plus jeunes feuilles et le bananier meurt. Une section transversale du pseudo-tronc
(ou de la souche) montre une coloration brun rougeâtre des faisceaux vasculaires. La présence d’un abondant exsudat bactérien est un
argument supplémentaire pour le diagnostic de l’infection bactérienne. Si le plant contaminé porte un régime, la bactérie colonise
l’ensemble des tissus vasculaires du fruit via le rachis. L’accumulation d’éthylène peut produire un jaunissement prématuré du fruit et une
section transversale des fruits montre sans doute possible un important brunissement. Lorsque la bactérie est transmise par une machette
par exemple, après la coupe du pseudo-tronc, les rejets contaminés (ou baïonnettes) noircissent et rabougrissent en 2 à 4 semaines. Cette
maladie, décrite pour la première fois à Trinidad en 1910, reste absente des petites et grandes Antilles, excepté à Trinidad et Grenade. En
revanche, elle s’est rapidement répandue du bassin amazonien brésilien et de l’est du Pérou jusque vers le nord du Guatemala et le sud
du Mexique. Elle couvre une aire géographique considérable. En 1968, la Moko a été introduite aux Philippines à partir de matériel
végétal. Il n’existe pas de variétés résistantes ni de moyens de lutte chimique. Seule une éradication avec quarantaine peut donner des
résultats.
Le flétrissement bactérien
Banana Xanthomonas Wilt (BXW),
Banana Bacterial Wilt Disease (BBW),
causé par Xanthomonas campestris pv. musacearum
xanthomonas wilt
Les symptômes s’observent surtout après le stade rejet à feuilles lancéolées, particulièrement à la floraison : décoloration et flétrissement
des bractées florales, noircissement et racornissement du bourgeon mâle. Les feuilles jaunissent, flétrissent, noircissent, fanent et se
cassent (y compris le faux tronc). On observe des rayures jaunes ou marron au niveau vasculaire sur l’ensemble de la plante et, sur une
section à la base du faux tronc ou de la souche, une sécrétion jaune pâle bactérienne. Ceci entraîne le flétrissement des régimes avec
maturation prématurée et coloration interne brun rougeâtre des fruits. La plante meurt dans le mois de l’apparition de n’importe lequel de
ces symptômes (un mois après l’infection). La transmission se fait par les insectes butineurs, le matériel végétal infecté (rejets, régimes,
feuilles), les outils et les hommes, mais aussi par les animaux, l’eau de ruissellement, les éclaboussures d’eau de pluie et le vent. Il n’y a
pas de variétés résistantes. La lutte consiste à une mise en quarantaine de plusieurs mois, mais aussi à détruire et éliminer les plantes
infectées et celles à proximité. La vacation des animaux est interdite. Ce flétrissement a été observé et décrit en Ethiopie sur Ensete vers
1968 (concerne l’alimentation de base de 12 millions de personnes), puis en Ouganda où il progresse depuis 2001 (75 km/an). L’Ouganda
est le second producteur de banane avec 10.5 millions de tonnes (250 à 450 kg par habitant) – production réduite de près de 40 % en
2006. L’extension est rapide, atteignant la République démocratique du Congo en 2004, le Rwanda en 2005, le Burundi, la Tanzanie et le
Kenya en 2006.
bunchy top
Les mosaïques
La mosaïque en plage due au Cucumber mosaic cucumovirus (CMV)
Les plants atteints présentent des plages de décoloration chlorotique sur le limbe ainsi qu’une mosaïque de la nervure principale et du
pseudo-tronc. Des infections secondaires de type bactérien peuvent apparaître sous la forme de pourritures, de l’intérieur des gaines
constituant le pseudo-tronc. Une large gamme de pucerons est capable de transmettre ce virus. Cette maladie peut également être
transmise mécaniquement par les outils de taille.
La mosaïque en tirets (BSV)
Le limbe des feuilles présente des traits discontinus jaunes, évoluant rapidement en nécroses. La nervure principale reste indemne. Pour
les formes sévères de la maladie, le cigare est nécrosé et le bananier meurt. Lorsque le pied-mère est atteint, tous les rejets sont infectés.
Cette maladie est transmise par différentes espèces de cochenille — Planococcus citri, Saccharicoccus sacchari et Dysmicoccus brevipes.
Ces dernières années, des infections dues au BSV et non liées à une contamination extérieure ont été décrites dans diverses zones à
travers le monde. Elles correspondent à deux causes différentes : 1/ des plants provenant de variétés hybrides interspécifiques saines de
bananiers multipliés intensivement par culture in vitro et 2/ des descendances d’hybrides de bananiers issues de croisements
interspécifiques entre géniteurs sains Musa acuminata (génome noté A) et Musa balbisiana (génome noté B). Différents stress abiotiques
sont à l’origine de l’apparition de la maladie dans ces hybrides, cette dernière étant corrélée à la présence dans le génome du parent M.
balbisiana de séquences virales endogènes du BSV (e-BSV) qui contiennent toutes les informations nécessaires à la synthèse de virus
infectieux.
mosaique en tirets
La mosaïque des bractées (BBrMV)
Les premiers stades de l’infection apparaissent sous la forme de tirets vert-jaune évoluant en nécroses brun-rouge sur le limbe et la
nervure des feuilles. Une mosaïque jaune ou des stries de décoloration blanchâtres se développent sur le pseudo-tronc selon les variétés
atteintes. Le symptôme final est la mosaïque des bractées. Cette maladie est transmise à tous les rejets par des pucerons ( Ropalosiphum
madiis, Myzus persicae).
Prévention et lutte
Le seul moyen actuel de lutte contre ces maladies à virus des bananiers passe par la lutte contre le vecteur et l’utilisation de matériel
indemne. En effet, il n’existe pas de bananiers résistant naturellement à ces maladies, ni de moyens curatifs immédiats autres que
l’éradication après une attaque virale. La conduite à tenir est principalement basée sur l’utilisation de matériel végétal indemne — rejets ou
plants issus de culture in vitro ou in vivo indexés vis-à-vis des viroses — et faible enherbement des plantations, lieux privilégiés de
multiplication des populations de pucerons.
Les charançons
Originaire d’Asie du Sud-Est, le charançon noir du bananier s’est diffusé dans toutes les régions tropicales et subtropicales productrices de
banane et de plantain. Le charançon noir ( Cosmopolites sordidus) est un insecte qui mesure entre 9 et 16 mm de long et 4 mm de large. Il
se déplace librement sur le sol à la base des pieds de bananier ou dans les débris végétaux. Il a une activité nocturne et est très sensible
au dessèchement. Sa diffusion se fait principalement par l’intermédiaire de matériel végétal infesté. L’adulte ne fait pas de dégâts. Les
femelles pondent des œufs dans le bulbe, où les jeunes larves se nourriront en creusant des galeries. Ces galeries sont à l’origine de la
perturbation de l’alimentation hydrique et minérale des plants, de l’allongement du cycle de production, d’une baisse importante des
rendements et d’un affaiblissement de l’ancrage du bananier (sensibilité accrue aux coups de vent). Les fortes attaques peuvent entraîner
la mort du plant. Outre les traitements chimiques classiques, le recours à du matériel de plantation sain (vitroplant), utilisé sur un sol
assaini (jachère), limite le développement des charançons. De nouvelles techniques de piégeage des charançons par utilisation de
phéromones (sordidine) sont disponibles. Des résultats intéressants ont pu être obtenus également en associant des nématodes
entomophages à l’utilisation de pièges à sordidine.
Il n’en demeure pas moins que le charançon reste une des contraintes parasitaires majeures des cultures de bananiers, qu’elles soient
industrielles ou villageoises (cf. grande sensibilité des plantains au charançon). Il paraît assez peu probable que des variétés améliorées
puissent rapidement être mises au point. Des techniques de lutte à l’échelle de l’exploitation, basées sur l’utilisation de pièges et le
maintien de faibles niveaux d’infestation, sont en cours d’étude et pourraient à terme constituer une alternative à la lutte chimique.
charancon
nematode
Des ennemis souterrains
Les Pratylenchus et R. similis sont des endoparasites migrateurs, dont le cycle biologique complet se déroule en 20-25 jours dans les
tissus des racines et des souches. Les formes juvéniles et les femelles restent toujours mobiles et peuvent quitter les racines dès que les
conditions ne sont plus favorables. Ces formes migratrices peuvent alors coloniser de nouvelles racines. Au fur et à mesure de leur
progression inter et intracellulaire, ces nématodes se nourrissent aux dépens du cytoplasme des cellules du parenchyme cortical,
détruisant les parois cellulaires et provoquant la formation de tunnels évoluant en nécroses qui peuvent s’étendre à l’ensemble du cortex.
Les nécroses des racines et souches peuvent être aggravées par d’autres pathogènes (champignons et bactéries). En particulier, les
champignons du genre Cylindrocladium sont pathogènes et susceptibles de causer des lésions semblables à celles provoquées par les
nématodes. L’association de ces deux parasites peut causer dans certaines conditions des dommages très importants. La destruction des
tissus souterrains entraîne une réduction de la nutrition hydrique et minérale qui se traduit par un ralentissement de la croissance et du
développement des plants. Cela peut entraîner de sévères réductions du poids des régimes et accroître le laps de temps entre deux
récoltes. De plus, la destruction des racines diminue l’ancrage des plants dans le sol, augmentant les risques de chute de plants,
particulièrement lors des périodes cycloniques, avec un fort impact économique.
Prévention et lutte
En plantation intensive, les applications de composés chimique (organophosphorés et carbamates essentiellement) sont encore utilisées,
mais elles font peser des risques sanitaires importants sur l’environnement. Pour cette raison et malgré leur bonne efficacité et leur grande
facilité d’utilisation, leur usage va être de plus en plus restreint en faveur de mesures de lutte alternatives. Parmi celles-ci, les pratiques
culturales améliorant la fertilité des sols (travail du sol, irrigation, amendements organiques, etc.) permettent indirectement d’améliorer la
tolérance des plants à la pression parasitaire. Des méthodes plus directes, telles les jachères et l’implantation de bananiers issus de
micropropagation in vitro, sont couramment utilisées et permettent de réduire fortement les populations de nématodes (cf. Phytoma n° 584,
juillet-août 2005). Ces méthodes sont largement utilisées par les producteurs de Martinique et Guadeloupe où elles ont contribué à une
réduction de plus de 50 % de l’utilisation des pesticides au cours des dix dernières années.
Dans un futur plus ou moins proche, des interventions faisant appel aux antagonistes biologiques, aux symbiotes racinaires (mycorhizes)
et surtout à la résistance génétique (par hybridation ou sélection clonale) permettront la mise en place de stratégies de protection intégrée
de plus en plus efficaces. Toutefois, la grande complexité des peuplements de nématodes rend délicate la mise au point de ces
techniques plus ciblées. Pour être efficaces, elles devront être capables de prendre en compte la diversité des situations culturales
et écologiques.
Les maladies post-récolte
Les maladies de conservation (anthracnose de blessure, anthracnose de quiescence, pourritures de couronne) sont des facteurs qui
limitent fortement la commercialisation des bananes exportées. Le Colletotrichum musae est à l’origine des deux formes d’anthracnose,
tandis qu’un complexe parasitaire plus important est impliqué dans les pourritures de couronne : C. musae, mais aussi d’autres espèces
parmi lesquelles des Fusarium, des Verticillium, des Botryodiplodia, etc.
Pour l’anthracnose on distingue deux formes :
l’anthracnose de quiescence : taches brunes se développant à la maturation des fruits en sortie de mûrisserie et ultérieurement dans le
circuit de commercialisation. Cette maladie se traduit rarement par de lourdes sanctions commerciales.
l’anthracnose de blessure ou chancre : larges nécroses brunes se développant sur les doigts meurtris à la récolte ou à l’emballage. Ces
symptômes sont observables dès le dépotage des fruits après le transport maritime et se traduisent par de fortes sanctions commerciales.
chancre
Les pourritures de couronne sont des moisissures se développant à partir des surfaces des découpes effectuées lors de la confection
des bouquets en station d’emballage. Ces dégâts s’observent aussi après le transport maritime et se traduisent par de fortes sanctions
commerciales.
Les champignons provoquant les maladies post-récolte sont largement présents dans les bananeraies et donc sur les régimes si ceux-ci
ne sont pas protégés. Autrement dit, toute maîtrise des infections commence dès la sortie de l’inflorescence au sommet du bouquet foliaire.
Pour l’anthracnose, la contamination par le Colletotrichum musae se fait principalement au champ. A la récolte, il n’est pas possible de voir
à l’oeil nu si les fruits sont infectés, mais un test de dépistage peut être réalisé plus de trois semaines avant la coupe. Les fruits sont
infectés principalement au cours du premier mois de floraison. Les spores disséminées par l’eau se développent sur les organes en début
de décomposition (vieilles feuilles, bractées et surtout pièces florales). La maîtrise du chancre doit donc commencer au champ (épistillage,
engainage des régimes, etc.), puis se poursuivre au hangar.
Pour les pourritures de couronne, la contamination des bouquets peut se produire à différents niveaux de la filière, ce qui complique
énormément la mise en oeuvre des méthodes de lutte, mais la contamination par les eaux de lavage est probablement prédominante.
La lutte chimique n’apporte pas toujours de réponse satisfaisante. En effet, elle est parfois inefficace selon les zones de production et les
périodes de l’année, et de plus des résistances aux fongicides se sont développées chez les différentes espèces fongiques impliquées.
Enfin, il y a un intérêt croissant à développer des méthodes de lutte alternatives à la lutte chimique. En effet, ces traitements post-récolte
posent deux problèmes cruciaux : les risques de résidus présents dans les fruits et la nécessité de retraitement des bouillies fongicides
rejetées autour des stations de conditionnement après l’emballage.