Les Interactions Entre Les Normes Internationales Relatives Aux Droits de La Personne
Les Interactions Entre Les Normes Internationales Relatives Aux Droits de La Personne
Les Interactions Entre Les Normes Internationales Relatives Aux Droits de La Personne
1
Vera GOWLLAND-DEBBAS, La responsabilité internationale de l’Etat d’origine pour des flux de
réfugiés, in Droit d’asile et des réfugiés, Colloque de Caen de la S.F.D.I., Pedone, Paris, 1997,
p. 104 : la Convention de 1951 relative aux droits des réfugiés est présentée comme « le premier
instrument universel des droits de l’homme » ; Louise DOSWALD-BECK et Sylvain VITE, Le droit
international humanitaire et le droit des droits de l’homme, R.I.C.R., 1993, p. 99 : le droit
international humanitaire est appréhendé comme étant la « partie du droit des droits de l’homme
applicable dans les conflits armés ».
2
L'expression « droits de la personne » est utilisée au Québec où l'Assemblée parlementaire a adopté,
le 27/6/1975, la Charte des droits et libertés de la personne. L'expression « regims of protection of the
human person » en est la version anglo-saxonne : consulter, notamment : Antônio Augusto
CANCADO TRINDADE, International Law for Humankind : Towards a New Jus Gentium (II),
R.C.A.D.I., tome 317, p. 150.
3
Voir notamment : Olivier CORTEN et Pierre KLEIN, Droit d’ingérence ou obligation de réaction ?
Les possibilités d’action visant à assurer le respect des droits de la personne face au principe de
non-intervention, Bruylant, Bruxelles, 1992, 283 pages ; Gilles LEBRETON (dir.), L’évolution des
droits fondamentaux de la personne humaine en 1997 et 1998, L’Harmattan, Paris, 2000, 248 p.
4
CIJ, Barcelona Traction, arrêt, 5/2/1970, Rec. 1970, §§ 33-34.
5
Pour une présentation des concrétisations qui existent dans ce domaine : cf. infra, paragraphe 1 de
l'introduction.
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6
Convention relative aux droits des personnes handicapées adoptée le 13/12/2006 et entrée en
vigueur le 3/5/2008.
7
Articles 26 à 32 de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les
disparitions forcées.
8
Sur la genèse de ce protocole et les questions qu'il a soulevé notamment en termes de justiciabilité
des droits économiques, sociaux et culturels : Barbara WILSON, Quelques réflexions sur l'adoption
du protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels des Nations Unies, R.T.D.H., 2009, n°78, pp. 295-317.
9
Fatsah OUGUERGOUZ, La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, gros plan sur le
premier organe judiciaire africain à vocation continentale, A.F.D.I., 2006, pp. 213-218. Le protocole
à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples portant création de la Cour africaine des
droits de l’homme est entré en vigueur seulement en 2004, après avoir été adopté en 1998.
10
Cour ADHP, Michelot Yogogombaye c. Sénégal, arrêt, 15/12/2009. Les défis ne manquent pas
pour la Cour ADHP : Gérard NIYUNGEKO, La Cour africaine des droits de l’homme et des
peuples : défis et perspectives, R.T.D.H., 2009, n°79, pp. 731-738.
11
Sur les travaux ayant précédé l'adoption du protocole sur la Cour africaine de justice et des droits
de l’homme : Moussa ABDOU DANGABO, Chronique de la Cour africaine des Droits de l'Homme
et des Peuples à la Cour de Justice de l'Union africaine : Histoire d'une coexistence pacifique en
attendant la fusion, Revue internationale de droit pénal, 2005, vol. 76, pp. 135-138.
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INTRODUCTION
12
Mandat de la Commission intergouvernementale des droits de l’homme de l’ANASE, article 4.9,
reproduit à la R.T.D.H., 2010, n°84, pp. 1025-1032.
13
Isabelle BRACHET, La Commission intergouvernementale des droits de l’homme de l’ANASE,
premier organe régional dans le domaine des droits de l’homme en Asie du Sud-Est : avancée
historique ou écran de fumée ?, R.T.D.H., 2010, n°83, p. 625.
14
L'expression « fertilisation croisée » est transposée de la littérature anglo-saxonne qui utilise
l'expression « cross-fertilization ». Consulter, notamment : Stéphane JAQUEMET, The cross-
fertilization of international humanitarian law and international refugee law, R.I.C.R., 2001, pp. 651-
673 et Antônio Augusto CANCADO TRINDADE, Approximations and convergences in the case-
law of the European and Inter-Amercian courts of Human Rights, in Le rayonnement international de
la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, Gérard Cohen-Jonathan et Jean-
François Flauss (dir.), Collection Droit et justice n°64, Nemesis, Bruylant, Bruxelles, 2005, p. 101.
15
Pour une utilisation de l'expression « fécondation croisée » appliquée à l'interprétation des
dispositions de la CEDH : Gérard COHEN-JONATHAN et Jean-François FLAUSS, Cour
européenne des droits de l'homme et droit international général (2006), A.F.D.I., 2006, p. 662.
16
Rhoda E. HOWARD, Cultural Absolutism and the Nostalgia for Community, Human Rights
Quarterly, 1993, pp. 315-338 ; Joseph YACOUB, Réécrire la Déclaration universelle des droits de
l’homme, Desclée de Brouwer, collection provocation, 107 pages, 1998 ; Roger Koussetogue
KOUDE, Pertinence et défauts de pertinence des récusations de la Déclaration universelle des droits
de l’homme, R.T.D.H., 2009, n°80, pp. 945-966.
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parfois accusés de dénaturer l’homme17. De plus, les mesures prises par les Etats
pour lutter contre le terrorisme, suite aux attentats du 11 septembre 2001, ont
parfois semblé laisser peu de place au respect des droits de l’homme18, même si
les démarches des juridictions nationales et internationales pour concilier ces
deux exigences et respecter les standards internationaux en la matière se sont
multipliées19. Or, les interactions entre les normes internationales de protection,
notamment par le biais de la méthode comparative, permettent aux normes et aux
organes d'interprétation de ces dernières de trouver un écho auprès d'autres
composantes du droit international de la personne ou de s'appuyer sur des
concrétisations déjà existantes pour se développer.
En effet, les interactions des normes internationales relatives aux droits de la
personne peuvent servir de fondement à la méthode comparative ou être initiées
par elle. Or, la méthode comparative, entendue alors comme la mise en œuvre
d'une technique reposant sur la comparaison, la confrontation, le recoupement de
normes ou de jurisprudences20 internationales pour répondre à une problématique
relative au droit international de la personne pourrait offrir aux acteurs de ce
droit des arguments justifiant ou confirmant tant leur existence que les choix
d'interprétation réalisés. Par conséquent, la méthode comparative, se traduisant
en droit international de la personne, notamment, par l'attention portée au corpus
juridique préexistant lors de la rédaction d'une convention internationale ou de
l'interprétation d'un droit par un organe international de contrôle, pourrait être
considérée comme instaurant et renforçant la solidarité internationale. Dans
l'acception choisie par cette étude, le terme « méthode comparative » ne suppose
pas, à l'inverse de l'expression « combinaison normative », que la confrontation
débouche sur l'emprunt d'une norme et sur la création d'un nouvel ensemble
normatif21. La mise en œuvre de la méthode comparative pourrait, en effet,
conduire à la conclusion que la différence qui existe entre les corpus concernés
explique les diverses pistes de développement suivies par chacun. Elle est donc
indépendante du résultat qui l'accompagne. Cependant, deux des effets attendus
17
Patrick FRAISSEIX, Les droits fondamentaux, prolongement ou dénaturation de l’homme ?,
R.D.P., 2001, pp. 531-553.
18
Emmanuel DECAUX, Tour d’ivoire, Editorial, Droits fondamentaux, 2002, n°2 ; Mireille
DELMAS-MARTY, Le paradigme de la guerre contre le crime : légitimer l'inhumain ?, Revue de
science criminelle, 2007, pp. 461-472 ; Hanspeter MOCK, « Guerre » contre le terrorisme et droits de
l'homme, Réflexions à propos du rapport de la Fédération internationale des droits de l'homme
(FIDH) intitulé « l'anti-terrorrisme à l'épreuve des droits de l'homme : les clés de la compatibilité »,
R.T.D.H., 2006, p. 24. Ainsi les atteintes aux droits de l'homme sont parfois présentées par les Etats
comme des dommages collatéraux de la lutte contre le terrorisme : Pierre KLEIN, Le droit
international à l'épreuve du terrorisme, R.C.A.D.I., 2006, pp. 203-484.
19
Hélène TIGROUDJA, L'équité du procès pénal et la lutte internationale contre le terrorisme,
Réflexions autour de décisions internes et internationales récentes, R.T.DH., 2007, pp. 3-38. Cf. infra
pour la position de la CJUE relativement aux smart sanctions notamment.
20
Léontin-Jean CONSTANTINESCO, Traité de droit comparé, Tome II, La méthode comparative,
L.G.D.J., Paris, 1974, p. 10 et s.
21
Sur l'exigence de la réalisation d'un emprunt créateur d'un nouvel agencement normatif pour
pouvoir utiliser les termes de combinaison normative : Joannis Konstantinos PANOUSSIS,
La combinaison normative : recherches sur une méthode d'interprétation au service des droits de
l'homme, Thèse, Université de Lille II, 2006, pp. 11-12.
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22
Sur la crise des concepts juridiques en lien avec la complexité du droit : Mathieu DOAT,
Remarques sur les rapports entre concepts juridiques et complexité, in Droit et complexité, Pour une
nouvelle intelligence du droit vivant, Mathieu Doat, Jacques Le Goff et Philippe Pedrot (dir.), PUR,
Réseau des Universités Ouest Atlantique, 2007, pp. 181-194.
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normes ainsi produites pour préciser leur degré de modification génétique ? Quel
doit être, en effet, le degré d'information des destinataires de ces droits et de ces
normes sur leur caractère transgénique24 ? Les cultures en « plein champ » sont-
elles raisonnables ou faut-il mener des études complètes au sein de laboratoires
avant de faire entrer de tels spécimens dans les systèmes juridiques existants pour
s'assurer de leur innocuité ou, à tout le moins, pour avoir préalablement évalué les
conséquences prévisibles de leur présence ? De plus, un conservatoire des normes
et droits d'origine – à l'image des conservatoires où des espèces qualifiées de
rustiques sont préservées et classées – doit-il être créé ou faudra-t-il, dans des
années se mettre à la recherche d'espèces quasi-disparues sauf dans la mémoire de
certains ? Que devient, en effet, la biodiversité juridique et qui pourrait s'occuper
d'une telle démarche de sauvegarde de ce patrimoine matériel et immatériel25 :
les Etats, les organisations internationales ou encore la société civile ? Comment et
à quel prix ? N’est-ce pas alors mettre en doute l'apport de la fécondation croisée et
risquer de limiter, dès l'origine, son utilisation et ses concrétisations ?
Par conséquent, ce sont les modalités des relations s'établissant entre les
différentes normes internationales relatives aux droits de la personne, leur nature
ainsi que leur impact sur la matière qui feront l’objet de la présente étude.
Le contexte de cette dernière (1), l'étendue de la recherche (2), la terminologie
des interactions (3) et la problématique se dégageant (4) doivent être précisés.
1. LE CONTEXTE DE L'ÉTUDE
Les droits de la personne sont garantis, sur le plan international, par le droit
humanitaire, les droits de l’homme et le droit des réfugiés.
Le droit humanitaire est « cette portion considérable du droit international
public qui s’inspire du sentiment d’humanité et qui est centrée sur la protection
de la personne en cas de guerre »26. Il se subdivise en deux branches dont l’une,
24
Consulter ainsi les obligations d'information et de transparence posées par la loi 2008-595 du
25/6/2008 relative aux organismes génétiquement modifiés, J.O.R.F. n°148 du 26/6/2008, p. 10218
(à lire avec la décision du Conseil constitutionnel n°2008-564 du 19/6/2008), en application du droit
européen applicable.
25
Sur les divers acteurs de la biodiversité : Organisation de coopération et de développement
économiques, Mobiliser les marchés au service de la biodiversité, Pour une politique de
conservation et d'exploitation durable, OCDE, 2003, 154 p.
26
Jean PICTET, Le droit international humanitaire : définition, in Les dimensions internationales du
droit humanitaire, Unesco-Institut Henry Dunant, Pedone, Paris, 1986, p. 13.
23
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27
François BUGNION, Droit de Genève et droit de La Haye, R.I.C.R., 2001, n°844, p. 901.
28
Stanislaw E. NAHLIK, Droit dit « de Genève » et droit dit « de La Haye » : unicité ou dualité ?,
A.F.D.I., 1978, pp. 9-27. Les protocoles additionnels de 1977 aux Conventions de Genève de 1949
(Protocole additionnel du 8 juin 1977 aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la
protection des victimes des conflits armés internationaux (protocole I) et Protocole additionnel aux
Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés non
internationaux (Protocole II) recouvrent d’ailleurs ces deux domaines.
29
Affirmation de la CIJ, Licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, avis, 8/7/1996,
Rec. 1996, § 75.
30
CIJ, Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé, avis,
9/7/2004, Rec. 2004, § 25. Sur la signification de cette approche de la CIJ : Amna GUELLALI,
Lex specialis, droit international humanitaire et droits de l'homme : leur interaction dans les
nouveaux conflits armés, R.G.D.I.P., 2007, pp. 542-547.
31
Jean-Bernard MARIE, Dictionnaire encyclopédique de théorie et de sociologie du droit, André-
Jean Arnaud (dir.), L.G.D.J., Paris, 2ème édition, 1993, p. 208.
32
Karel VASAK, Le droit international des droits de l’homme, R.C.A.D.I., 1974, tome 140, pp. 343-
346. Cette question du classement des droits de l'homme alimente toujours les réflexions de la
doctrine : Emmanuelle BRIBOSIA et Ludovic HENNEBEL (dir.), Classer les droits de l'homme,
Bruylant, Bruxelles, 2004, 398 p.
33
Dominique ROUSSEAU, Les droits de l’homme de la troisième génération, in Droit
constitutionnel et droits de l’homme, Economica, Paris, 1987, p. 135.
34
Marc BOSSUYT, La distinction entre les droits civils et politiques et les droits économiques,
sociaux et culturels, R.D.H., 1975, n° 4, pp. 783-820.
35
Geraldine VAN BUEREN, Deconstructing the Mythologies of International Human Rights Law, in
Understanding Human Rights, Conor Gearty et Adam Tomkins (ed.), Mansell, Londres, 1996, p. 599.
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INTRODUCTION
36
Sur le contenu de cette troisième génération de droits : Diego URIBE VARGAS, La troisième
génération des droits de l’homme, R.C.A.D.I., 1984, tome 184, p. 362 et Karel VASAK, Pour une
troisième génération des droits de l’homme, in Etudes et essais sur le droit international humanitaire
et sur les principes de la Croix-Rouge en l’honneur de Jean Pictet, Christophe Swinarski (dir.),
Comité international de la Croix-Rouge- Martinus Nijhoff Publishers, Genève-La Haye, 1984, p. 842.
37
Frédéric SUDRE, Droit international et européen des droits de l’homme, P.U.F., Paris, 2010,
10ème éd., p. 108.
38
Robert PELLOUX, Vrais et faux droits de l’homme : problèmes de définition et de classification,
R.D.P., 1981, p. 67 ; Jean-Jacques ISRAEL, Le droit au développement, R.G.D.I.P., 1983, p. 40 ;
Jean RIVERO, Déclarations parallèles et nouveaux droits de l’homme, R.T.D.H., 1990, n°4, p. 324 ;
Maurice KAMTO, Retour sur le « droit au développement » au plan international : Droit au
développement des Etats ?, R.U.D.H., 1999, p. 9 ; Gérard COHEN-JONATHAN, La Déclaration
universelle et la conception des droits de l’homme, in Law in Greater Europe, Towards a common
legal aera, studies in honour of Heinrich Klebes, B. Haller, H. C. Krüger et H. Petzold (eds), Kluwer,
La Haye, 2000, p. 223. Pour une critique de ces contestations : Karel VASAK, L’universalité des
droits de l’homme à la lumière du droit international positif des droits de l’homme, in Mélanges
offerts à Jorge Campinos, P.U.F., 1996, p. 418 et Abderrahmane YOUSSOUFI, Réflexions sur
l’apport de la « troisième génération des droits de l’homme », in Les droits de l’homme à l’aube du
XXIe siècle, Karel Vasak Amicorum Liber, Bruylant, Bruxelles, 1999, pp. 427-432.
39
Patrice MEYER-BISCH, D’une succession de générations à un système de droits humains, in
Les droits de l’homme à l’aube du XXIe siècle, op.cit., pp. 333-354 : cet auteur appelle alors à une
présentation des droits de l’homme sous forme de système.
40
Raymond RANJEVA, Les organisations non gouvernementales et le droit international des droits
de l’homme in Les organisations non gouvernementales et le droit international des droits de
l’homme, Gérard Cohen-Jonathan et Jean-François Flauss (dir.), Bruylant, Bruxelles, 2005, p. 13.
41
Silvio MARCUS HELMONS, La quatrième génération des droits de l’homme, in Les droits de
l’homme au seuil du troisième millénaire, Mélanges en hommage à Pierre Lambert, Bruylant,
Bruxelles, 2000, p. 551.
42
Georges BENAR, Vers des droits de l’homme de la quatrième dimension, Essai de classification et
de hiérarchisation des droits de l’homme, in Les droits de l’homme à l’aube du XXIe siècle, op.cit.,
pp. 91-94.
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Article 1 de la Convention relative au statut des réfugiés du 28/7/1951 tel que modifié par l’article
1 du protocole relatif au statut des réfugiés de 1966 et article 1(1) de la Convention régissant les
aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique du 10/9/1969.
44
Article 1(2) de la Convention régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique.
45
Louise DOSWALD-BECK et Sylvain VITE, Le droit international humanitaire et le droit des
droits de l’homme, R.I.C.R., 1993, p. 99.
46
Robert KOLB, Relations entre le droit international humanitaire et les droits de l’homme, R.I.C.R.,
1998, n°831, pp. 437-447. D’ailleurs, l’élaboration des Conventions de Genève de 1949 en dehors du
système des Nations Unies s’explique plus par la logique selon laquelle, la Charte des Nations Unies,
interdisant la guerre, ces dernières ne pouvaient pas s’engager dans la codification d’un droit
applicable à celle-ci que par la volonté de voir une autre instance s’en occuper : Yves SANDOZ,
Les Nations Unies et le droit international humanitaire, Rapport général, in Les Nations Unies et le
droit international humanitaire, Genève, 19-21/10/1995, Luigi Condorelli, Anne-Marie La Rosa et
Sylvie Scherrer (dir.), Pedone, Paris, 1996, pp. 57-60.
47
Statut du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, adopté par l’AGONU dans sa
résolution 428 (V) du 14/12/1950, chapitre II, article 8. Sur les initiatives nationales ou
internationales ayant précédé la création du HCR, consulter : Yves BEIGBEDER, Le Haut
Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Que sais-je ?, P.U.F., 1999, pp. 9-16.
48
Ainsi, la Commission des droits de l’homme a rédigé la Déclaration universelle des droits de
l’homme et les deux pactes onusiens de 1966 : Jean DHOMMEAUX, La réforme du système des
Nations-Unies dans le domaine des droits de l’homme, L’Europe des libertés, 2006, n°18, p. 5.
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INTRODUCTION
49
Antônio Augusto CANCADO TRINDADE, El Derecho Internacional de los Derechos Humanos
en el Siglo XXI, Editorial Juridica de Chili, Santiago de Chili, 2001, p. 185.
50
Patricia BUIRETTE, Le droit international humanitaire, La découverte, Paris, 1996, p. 45.
51
Jovica PATRNOGIC, Réflexions sur la relation entre le droit international humanitaire et le droit
international des réfugiés, leur promotion et leur diffusion, R.I.C.R., 1988, p. 382.
52
Aristidis CALOGEROPOULOS-STRATIS, Droit humanitaire – Droits de l’homme et victimes des
conflits armés, in Etudes et essais sur le droit international humanitaire et les principes de la Croix-
Rouge en l’honneur de Jean Pictet, Martinus Nijhoff, Dordrecht, 1984, p. 661.
53
Ibidem.
54
Patricia BUIRETTE, Le droit international humanitaire, La découverte, Paris, 1996, p. 47.
55
AGONU, Résolution 2444 (XXIII) du 19/12/1968 concernant le respect des droits de l’homme en
période de conflits armés. Sur cette évolution : Louise DOSWALD-BECK et Sylvain VITE, Le droit
international humanitaire et le droit des droits de l’homme, R.I.C.R., 1993, p. 120. Néanmoins, dans
sa résolution 237 du 14/6/1967 relative à la situation au Moyen-Orient, le Conseil de sécurité de
l'ONU avait déjà appelé les parties au conflit israélo-arabe à respecter la Convention de Genève du
12/8/1949 sur le traitement des prisonniers de guerre.
56
Déclaration et programme d’action de Vienne, adoptés lors de la Conférence mondiale sur les
droits de l’homme, Vienne, 14-25/6/1993, A/CONF.157/23, 12/7/1993, R.U.D.H., 1994, p. 240, § 96.
57
Winfried LANG, Asile, refuge et droits de l’homme, in Droit d’asile et des réfugiés, Colloque de
Caen de la S.F.D.I., 1996, Pedone, Paris, 1997, p. 83.
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protection des droits de l’homme et celle des réfugiés58. Ainsi le HCR, dans
le cadre d’une approche globale du problème des réfugiés, s’intéresse tant à la
prévention du phénomène qu'à son règlement durable notamment par le biais du
rapatriement volontaire59. De même, côté droits de l'homme, les organes de
l’ONU s’intéressent désormais aux liens qui existent, notamment, entre les droits
de l’homme, les exodes importants et les personnes déplacées60. Le droit des
réfugiés entretient aussi des liens étroits avec le droit humanitaire, les exodes de
population pouvant avoir pour origine la violation du droit humanitaire
applicable aux conflits internes ou internationaux61. D’ailleurs, cette approche
conduit à réclamer une nouvelle définition du réfugié, la définition subjective
actuelle, faisant référence à la qualification de persécution, étant dépassée au
regard des mouvements de masse de populations62. Une telle qualification
objective élargirait la protection offerte par le droit des réfugiés notamment aux
personnes déplacées63, comme c'est actuellement le cas dans le système
africain64. De son côté, le CICR a souligné la corrélation étroite qui existe entre
la contribution à une paix véritable et le respect des droits de l’homme65.
58
HCR, Comité exécutif, Note sur la protection internationale, n°62, XLI, 1990 : le HCR met
l’accent sur la protection nécessaire des droits de l’homme des réfugiés dans leur Etat d’origine et
dans leur Etat d’arrivée.
59
Horst-Wolfram KERLL, New Dimensions of the Global Refugee Problem and the Need for a
Comprehensive Human Rights and Development-Oriented Refugee Policy, I.J.R.L., 1990, numéro
spécial : International Human Rights Law : The New Decade Refugees : Facing Crisis in the 1990s,
pp. 237-251 ; Antônio Augusto CANCADO TRINDADE, Tratado de direito internacional dos
direito humanos, Sergio Antonio Fabris Editor, Porto Alegre, Bresil, 2nd édition, 2003, tome I, p. 396.
60
Winfried LANG, Asile, refuge et droits de l’homme, in Droit d’asile et des réfugiés, op. cit., p. 84.
Consulter le rapport onusien établi à ce propos par le prince Sadruddin AGA KHAN, rapport
concernant les droits de l’homme et les exodes massifs de décembre 1981 et Commission des droits de
l’homme, Droits de l’homme, exodes massifs et personnes déplacées, E/CN.4/1995/49, 28/12/1994. La
Conférence mondiale de 1993 et l’OUA ont aussi pu se déclarer consternées par les violations massives
des droits de l’homme qui sont à l’origine d’exodes massifs de réfugiés et de déplacements de
personnes : Déclaration et programme d’action de Vienne, adoptés lors de la Conférence mondiale sur
les droits de l’homme, Vienne, 14-25/6/1993, op. cit., § 28 ; René DEGNI-SEGUI, L’action des
institutions africaines en matière de réfugiés, in Droit d’asile et des réfugiés, op. cit., p. 250.
61
Vera GOWLLAND-DEBBAS, La responsabilité internationale de l’Etat d’origine pour des flux de
réfugiés, in Droit d’asile et des réfugiés, op. cit., p. 107 ; Sadako OGATA, Human Rights,
Humanitarian Law and Refugee Protection, in Human Rights and Humanitarian Law, The Quest for
Universality, Daniel Warner (ed.), Martinus Nijhoff, La Haye, 1997, p. 137.
62
L’article 1er de la Convention relative au statut des réfugiés de 1951 et l’article 1(1) de la
Convention de l’UA régissant les aspects propres aux problèmes de réfugiés en Afrique de 1969
précisent, en effet, que pour être qualifiée de « réfugié », une personne doit craindre une persécution
en raison d’un certain nombre de facteurs limitativement énumérés. Cf. supra.
63
Antônio Augusto CANCADO TRINDADE, Tratado de direito internacional dos direito humanos,
op. cit., p. 398.
64
Article 1(2) de la Convention régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique,
précité. La Convention de l’OUA élargit, en effet, la notion de réfugié par rapport à l’instrument
universel en mettant l’accent sur le critère de la violence qui lui permet de protéger de nombreuses
victimes de migrations forcées : René DEGNI-SEGUI, L’action des institutions africaines en matière
de réfugiés, in Droit d’asile et des réfugiés, op. cit., p. 232. Pour une affirmation selon laquelle le
HCR a, de façon coutumière, étendu la définition des réfugiés aux personnes victimes de guerre ou
de troubles internes : Isabelle R. GUNNING, Modernizing customary International Law, the
challenge of Human Rights, Virginia Journal of International Law, 1991, vol. 31, pp. 234-247.
65
Conseil des délégués du CICR, résolution n° 4, octobre 1983, R.I.C.R., 1983, n° 744, p. 311.
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74
Jean PICTET, Les principes du droit international humanitaire, C.I.C.R., Genève, 1967, p. 8.
75
Karel VASAK, Le droit international des droits de l’homme, R.C.A.D.I., 1974, tome 140, p.351.
Contre toute idée de confusion entre droits de l’homme et droit international humanitaire,
consulter aussi : Henri MEYROWITZ, Le droit de la guerre et les droits de l’homme, R.D.P., 1972,
pp.1059-1105 et Jean PICTET, Le droit international humanitaire : définition, in Les dimensions
internationales du droit humanitaire, Unesco-Institut Henry Dunant, Pedone, Paris, 1986, p. 15.
76
Denis ALLAND, Le dispositif international du droit d’asile, in Droit d’asile et des réfugiés,
op. cit., p. 44.
77
Bernard PIGNEROL, Le crépuscule des Lumières : Excès de droit, abus du droit in, Droit et
complexité, Pour une nouvelle intelligence du droit vivant, op. cit., pp. 63-76.
78
Felice MORGENSTERN, International legislation at the crossroads, B.Y.I.L., 1978, pp. 101-117 ;
Benedetto CONFORTI, Prolifération organique, prolifération normative et crise des Nations Unies :
réflexions d’un juriste, in L’adaptation des structures et méthodes des Nations Unies, Daniel
Bardonnet (dir.), Martinus Nijhoff Publishers, Dordrecht, 1986, pp. 153-169.
79
Pour une utilisation de cette expression, dont il faut souligner la connotation négative : Roberto
GARRETON, La valeur juridique de la Déclaration universelle dans le système des Nations Unies,
in La Déclaration universelle des droits de l’homme 1948-98, Avenir d’un idéal commun,
La documentation française, 1999, p. 275.
80
Emmanuel ROUCOUNAS, Engagements parallèles et contradictoires, R.C.A.D.I., 1987, tome 206,
p. 201.
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INTRODUCTION
81
Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12/8/1949 relatif à la protection des victimes
des conflits armés internationaux (protocole I) et protocole additionnel aux Conventions de Genève
du 12/8/1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés non internationaux (protocole II).
Concernant le rôle joué par le CICR au niveau de l’initiative et de la discussion des protocoles de
Genève de 1977 : Philippe BRETTON, Le Comité international de la Croix-Rouge et les protocoles
de Genève du 8 juin 1977, in Les O.N.G. et le droit international, Mario Bettati et Pierre-Marie
Dupuy (dir.), Economica, Paris, 1986, pp. 61-91.
82
Il s'agit en l'occurrence d'un losange rouge qui vient s'ajouter aux signes distinctifs préexistants que
sont la croix rouge, le croissant rouge, le lion-et-soleil rouge.
83
Sur la nature de cette distinction et ses conséquences : cf. infra, première partie, titre II.
84
Glen JOHNSON et Janusz SYMONIDES, La déclaration universelle des droits de l’homme,
40ème anniversaire : 1948-1988, UNESCO, L’Harmattan, Paris, 1991, 217 p. ; Christine CHANET,
De la Déclaration universelle à la Charte des droits de l’homme, in La Déclaration universelle des droits
de l’homme 1948-98, Avenir d’un idéal commun, op. cit., p. 269.
85
Ces instruments, contraignants ou non, seront cités ultérieurement, si besoin.
86
Consulter sur la notion de conventions fondamentales la Déclaration de l'OIT relative aux principes
et droits fondamentaux au travail adoptée en 1998 et Nicolas VALTICOS, Normes internationales du
travail et droits de l’homme, Où en est-on à l’approche de l’an 2000 ?, R.I.T., 1998, pp. 151-164.
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87
Pierre-Marie DUPUY, Droit international public, Dalloz, Paris, 2008, 9ème édition, p. 19.
88
Roger PINTO, Régionalisme et universalisme dans la protection des droits de l’homme,
in International Protection of Human Rights, Asbjorn Eide et August Schou (ed.), Almquist &
Wiksell, Stockholm, 1968, pp. 177-192 ; Karel VASAK, Les institutions nationales, régionales et
universelles pour la promotion et la protection des droits de l’homme, R.D.H., 1968, vol. I, n° 2,
p. 178 ; Karel VASAK, Vers la création de Commissions régionales des droits de l’homme, in René
Cassin – Amicorum Discipulorumque Liber I – Problèmes de protection internationale des droits de
l’homme, Pedone, Paris, 1969, pp. 467-478. Concernant les opinions des Etats membres de l’OEA
quant à la création d’un système interaméricain de protection des droits de l’homme, consulter :
Carlos A. DUNSHEE DE ABRANCHES, Comparative study of the United Nations Covenants on
civil and political rights and on economic, social and cultural rights and of the draft Inter-american
Conventions on Human Rights, Inter-American Yearbook on Human Rights, 1968, pp. 171-180.
89
Hector GROS ESPIELL, Universalisme et régionalisme dans la protection internationale des droits
de l’homme, coordination du système régional américain et du système des Nations Unies, Colloque
sur L’Europe et l’Amérique latine : le défi des droits de l’homme, Conseil de l’Europe, Assemblée
parlementaire, Strasbourg, 1981, AS/Pol/PR/Coll/DHAL(33), V/1, p. 7 ; Karl Josef PARTSCH, Vor-
und Nachteile einer Regionalisierung des internationalen Menschenrechtsschutzes, Europaïsche
Grundrechte Zeitschrift, 1989, n°1, pp. 1-9 ; Christian TOMUSCHAT, Universal and Regional
Protection of Human Rights : Complementary or Conflicting Issues, in Strengthening the World
Order : Universalism v. Regionalism, Risks and Opportunities of Regionalization, Rüdiger Wolfrum
(ed.), Duncker & Humblot, 1990, Berlin, p. 196.
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INTRODUCTION
90
Sur les raisons de cette absence de système régional asiatique des droits de l’homme : Paul
TAVERNIER, L’O.N.U. et l’affirmation de l’universalité des droits de l’homme, R.T.D.H., 1997,
p. 389. Les Nations Unies organisent, cependant, des ateliers sur le développement des droits de
l’homme dans la région Asie-Pacifique : Commission des droits de l’homme, Arrangements
régionaux pour la promotion et la protection des droits de l’homme dans la région de l’Asie et du
Pacifique, E/CN.4/2003/109, 24/3/2003, 27 p. En parallèle, des initiatives privées ont donné
naissance à la Déclaration des devoirs fondamentaux des peuples et des Etats asiatiques adoptée par
le Conseil régional des droits de l’homme en Asie, une ONG, en décembre 1983. Sur les évolutions
envisageables : Vitit MUNTARBHORN, Vers un mécanisme sur les droits de l'homme dans le cadre
de l'ASEAN ?, Droits fondamentaux, n°2, janvier 2002, 13 p.
91
Isabelle BRACHET, La Commission intergouvernementale des droits de l’homme de l’ANASE,
premier organe régional dans le domaine des droits de l’homme en Asie du Sud-Est : avancée
historique ou écran de fumée ?, R.T.D.H., 2010, n°83, pp. 617-635.
92
Article 1er alinéa b) du Statut du Conseil de l’Europe du 5/5/1949.
93
Marie-Odile WIEDERKEHR, L’œuvre du Conseil de l’Europe dans le domaine du droit d’asile et
des réfugiés, in Droit d’asile et des réfugiés, op. cit., p. 199.
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94
L’OUA, créée en 1963, a été remplacée par l’Union africaine au cours de la Conférence de Durban
du 8/7/2002.
95
Michel MOUSKHELI, La ligue des Etats arabes, commentaire du Pacte du 22 mars 1945,
R.G.D.I.P., 1946, pp. 112-158.
96
Ainsi la Haut-commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies, Louise ARBOUR, a souligné,
que ce texte reste incompatible avec les normes internationales, tant en ce qui concerne les droits des
femmes qu'en ce qu'il continue d'assimiler le sionisme au racisme : communiqué de presse de l'ONU,
30/1/2008.
97
En parallèle, le 19/9/1981, la Déclaration islamique universelle des droits de l’homme a été adoptée par
une ONG, le conseil islamique pour l'Europe. Cette déclaration, qui s'appuie sur la contestation de
l’universalisme des droits de l’homme au nom de la religion, soulève de nombreuses difficultés : Paul
TAVERNIER, L’O.N.U. et l’affirmation de l’universalité des droits de l’homme, R.T.D.H., 1997, p. 386.
98
Heribert GOLSONG, Le développement du droit international régional, in Régionalisme et
universalisme dans le droit international contemporain, colloque de Bordeaux de la S.F.D.I., Pedone,
Paris, 1977, p. 233.
99
Elisabeth LAMBERT-ABDELGAWAD, Les effets des arrêts de la Cour européenne des droits de
l’homme, Contribution à une approche pluraliste du droit européen des droits de l’homme, Bruylant,
Bruxelles, 1999, p. 463.
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INTRODUCTION
100
Sur ces intégrations régionales : Catherine FLAESCH-MOUGIN et Joël LEBULLENGER,
Regards croisés sur les intégrations régionales : Europe, Amérique, Afrique, Bruylant, Bruxelles,
2010, 512 p.
101
Laurence BURGORGUE-LARSEN (dir.), Chronique de jurisprudence européenne comparée,
R.D.P., 2001, p. 693.
102
Fabienne KAUFF-GAZIN, Les droits fondamentaux dans le traité de Lisbonne: un bilan contrasté,
Europe, 2008, dossier spécial sur le traité de Lisbonne, dossier 5, p. 37.
103
Article 6 du Traité sur l’Union européenne remanié par le Traité de Lisbonne du 13/12/2007.
104
Gaetano ARANGIO-RUIZ, Human Rights and non-intervention in the Helsinki final act,
R.C.A.D.I., 1977, tome 157, pp. 199-331.
105
Consulter, notamment, la Charte de Paris pour une nouvelle Europe des 19-21/11/1990 et le point
9 de la Déclaration du Sommet de Lisbonne des 2-3/12/1996.
106
Sur les caractéristiques de l’intégration économique dans le cadre de la CEI : Elena NONKA,
La Communauté des Etats indépendants, Groupe de recherche sur l’intégration continentale, cahier
de recherche, 1998, n°4, 44 p.
107
Maurice GLELE-AHANHANZO, Introduction à l’organisation de l’Unité africaine et aux
organisations régionales africaines, L.G.D.J., 1986, 574 p. ; Naceur BOURENANE, L’intégration
régionale en Afrique : état et perspectives, in L’intégration régionale en Afrique, Séminaires du
Centre de Développement, O.C.D.E., 2002, p. 21.
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de la CEDEAO, les Etats membres ont adopté une déclaration visant à interdire
tout recours à la force pour changer des gouvernements démocratiquement
élus108. De plus, cette organisation s’intéresse particulièrement aux droits de
l’enfant et a, par conséquent, adopté la Déclaration d’Accra sur les enfants
affectés par la guerre en avril 2000. En outre, l’article 4(g) du Traité révisé de la
CEDEAO fait de la CADH une source de droit au sein de l’organisation.
De même, sur le contient américain, dans le cadre de l’accord de libre-
échange nord-américain (ALENA), de 1992, un accord sur la coopération dans
le domaine du travail a été passé entre les gouvernements américain, canadien et
mexicain le 13/9/1993. Il prévoit des principes fondamentaux relatifs au droit au
travail qui doivent être respectés sous peine d’amende109. Par ailleurs, le marché
commun du Sud (MERCOSUR) a été créé, le 26/3/1993 entre certains pays
d’Amérique du Sud110. Dès l’origine, il a été proposé, qu’en son sein, une charte
fondamentale des droits et des garanties du travail soit rédigée et, c'est dans cette
optique, que la Déclaration sociale et du travail a été adoptée en 1998. De même,
la Communauté andine a adopté plusieurs textes dans le domaine des droits de la
personne dont la Charte sociale andine le 30/9/1994, la Déclaration de Machu
Pichu sur la démocratie, les droits des peuples indigènes et la lutte contre
la pauvreté le 30/7/2001 et la Charte andine de promotion et de protection des
droits de l’homme le 26/7/2002111.
La frénésie normative dans le domaine du droit international des droits de
la personne est par conséquent un phénomène de grande ampleur caractérisé par la
multitude des niveaux auxquels il se produit. Alors que certains observateurs ont
pu se demander s’il y avait encore besoin de production normative au regard des
nombreuses normes existantes112, pour d’autres, il faut mettre en balance le grand
nombre de textes adoptés au plan national avec le nombre relativement limité
d’instruments adoptés au plan international113. En tout état de cause, les faits sont
là et si la question de la coordination entre les organisations internationales pouvait
déjà se poser dès la fin de la seconde guerre mondiale114, le problème est encore
108
Lansana KOUYATE, Du progrès dans les perspectives d’intégration, in L’intégration régionale
en Afrique, Séminaires du Centre de Développement, O.C.D.E., 2002, p. 159.
109
Shin-ichi AGO, A crossroad in international protection of human rights and international trade :
is the social clause a relevant concept ?, in Mélanges en l’honneur de Nicolas Valticos, Droit et
justice, René-Jean Dupuy (dir.), Pedone, Paris, 1999, p. 542.
110
Sur les points communs et les différences entre le Mercosur et l’Union européenne, consulter :
Deisy VENTURA, Les asymétries entre le Mercosur et l’Union européenne, Les enjeux d’une
association interrégionale, L’Harmattan, Paris, 2003, 501 p.
111
Laurence BURGORGUE-LARSEN, Le fait régional dans la juridictionnalisation du droit
international, in La juridictionnalisation du droit international, Colloque de Lille de la S.F.D.I.,
Pedone, Paris, 2003, p. 246-247.
112
René CASSIN, Droits de l’homme et méthode comparative, R.I.D.C., 1968, n° 20, p. 491 ; Theo
VAN BOVEN, The future codification of Human Rights status of deliberations – a critical analysis,
H.R.L.J., 1989, vol. 10, n° 1-2, p. 3.
113
Nicolas VALTICOS, Les conventions de l’Organisation internationale du travail à la croisée des
anniversaires, R.G.D.I.P., 1996, p. 33.
114
C. Wilfred JENKS, Co-ordination : a new problem of International Organization, R.C.A.D.I.,
1950, tome 77, pp. 151-303.
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INTRODUCTION
115
Stefan TRECHSEL, Inflation im Bereich der Menshenrechte ?, Zeitschrift für Europarechtliche
Studien, 1998, n°3, pp. 371-388.
116
Intervention de M. le doyen COLLIARD, in L’élaboration du droit international public, colloque
de Toulouse de la S.F.D.I. de 1974, Pedone, Paris, 1975, pp. 82-83.
117
Pour des développements sur le droit international général : cf. infra, première partie, Titre II.
118
Sur ces points : Francisco José AGUILAR-URBINA, An overview of the main differences
between the systems established by the optional protocol to the ICCPR and the ACHR as regards
individuals communications, C.H.R.Y., 1991-92, pp. 127-144 ; Amos WAKO, Comparison of the
African Charter on Human and peoples’ rights and the optional protocol to the International covenant
on civil and political rights, C.H.R.Y., 1991-92, pp. 145-150 ; Torkel OPSAHL, The Coexistence
between Geneva and Strasbourg Inter-Relationship of the International Covenant on Civil and
Political Rights and their Respective Organs of Implementation, C.H.R.Y. 1991-1992, pp. 151-165 ;
Mutoy MUBIALA, Contribution à l’étude comparative des mécanismes régionaux africain,
américain et européen de protection des droits de l’homme, Revue africaine de droit international et
comparé, 1997, tome 9, n°1, pp. 42-54 ; Philip ALSTON et James CRAWFORD (dir.), The Future of
UN Human Rights Treaty Monitoring, Cambridge University Press, Cambridge, 2000, 563 p.
119
Pour une telle qualification et sa définition : Emmanuel DECAUX, Que manque-t-il aux quasi-
juridictions internationales pour dire le droit ?, in Le dialogue des juges, Mélanges en l'honneur du
président Bruno Genevois, Dalloz, Paris, 2009, pp. 217-223.
120
Sur l'apport de ces mécanismes non juridictionnels, consulter notamment : Gaël ABLINE,
Les observations générales, une technique d'élargissement des droits de l'homme, R.T.D.H., 2008,
pp. 470-477 et Anne WEBER, Les mécanismes de contrôle non contentieux du respect des droits de
l'homme, Pedone, Paris, 2008, 412 p.
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121
Sur les actions de ces institutions en faveur de la protection des droits de l’homme, consulter :
Torkel OPSAHL, Instruments of Implementation of Human Rights, H.R.L.J., 1989, vol. 10, n°1-2,
pp. 15-16.
122
A propos de ces mandats : Philip ALSTON (ed.), The United Nations and Human Rights –
A critical appraisal, Clarendon Press, Oxford, 1992, 765 p.
123
Procédure fondée sur la résolution 1235 (LII) de l’ECOSOC du 6/6/1967. Pour une étude du
fonctionnement de cette procédure et de la procédure 1503, consulter : Philip ALSTON, The
Commission on Human Rights, in The United Nations and Human Rights – A critical appraisal,
op. cit., pp. 145-173.
124
Résolution 1991/42 de la Commission des droits de l’homme du 5/3/1991 créant le groupe de
travail sur la détention arbitraire ; Résolution 20 (XXXVI) de la Commission des droits de l’homme
du 29/2/1980 créant le groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires.
125
Résolution 1503 (LXVIII) du 27/5/1970 de l’ECOSOC instaurant cette procédure. La procédure
1503 a été modifiée en 2000 mais conserve le même nom : Conseil économique et social, résolution
2000/3 du 16/6/2000.
126
Jean DHOMMEAUX, La réforme du système des Nations-Unies dans le domaine des droits de
l’homme, L’Europe des libertés, 2006, n°18, pp. 1-15.
127
AGONU, Conseil des droits de l’homme, résolution 60/251, 15/3/2006. Sur cette réforme et sur
d'autres envisagées au sein de l'ONU : Emmanuel DECAUX (dir.), Les Nations Unies et les droits de
l'homme, Enjeux et défis d'une réforme, Pedone, Paris, 2006, 348 p.
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INTRODUCTION
128
Emmanuel DECAUX, Que manque-t-il aux quasi-juridictions internationales pour dire le droit ?,
op. cit., 2009, pp. 228-232.
129
Marina EUDES, De la Commission au Conseil des droits de l'homme : vraie réforme ou faux-
semblant ?, A.F.D.I., 2006, pp. 599-616 ; Maxime TARDU, Le nouveau Conseil des droits de
l'homme aux Nations Unies : décadence ou résurrection ?, R.T.D.H., 2007, pp. 967-991 ; Trente-cinq
ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont adressé une lettre ouverte au Conseil,
le 11/6/2009, pour dénoncer des dérives attentatoires aux droits de l'homme qui seraient apparues lors
de la 11ème session du Conseil qui s'est tenue du 2 au 19/6/2009.
130
A la différence des autres organes de surveillance des traités, le Comité des droits économiques,
sociaux et culturels a été créé par la résolution 1985/17 du 28/5/1985 de l’ECOSOC concernant
l’examen de la composition, de l’organisation et des arrangements administratifs du groupe de travail
de session d’experts gouvernementaux chargés d’étudier l’application du PIDESC. Sur cette
spécificité et ce qu’elle exprime quant à la place subsidiaire accordée aux droits économiques : Jean
DHOMMEAUX, La contribution du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations
Unies à la protection des droits économiques, sociaux et culturels, A.F.D.I., 1994, p. 633.
131
Article 8 de la CEDR ; article 28 du PIDCP ; article 17 de la CEDAW ; article 17 de la
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; article
43 de la CIDE ; article 72 de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les
travailleurs migrants et des membres de leur famille ; article 34 de la Convention relative aux droits
des personnes handicapées ; article 26 de la Convention internationale pour la protection de toutes les
personnes contre les disparitions forcées.
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leur être transmis par les Etats132. Ils peuvent aussi, à l’exception du Comité des
droits économiques et sociaux133 et du Comité des droits de l’enfant, recevoir des
communications étatiques134 et / ou individuelles135 relatives au non-respect de la
convention dont ils doivent assurer le respect sous réserve de l'acceptation de ces
possibilités par les Etats parties.
Au plan universel, les institutions spécialisées ont aussi mis en place des
mécanismes de contrôle des normes internationales relatives aux droits de la
personne.
Ainsi au sein de l’UNESCO et de l’OIT, le contrôle des obligations étatiques
est réalisé sur rapports et communications. En effet, au sein de l’Organisation pour
la science et la culture, le Comité sur les conventions et recommandations est
compétent pour examiner les rapports étatiques relatifs à la mise en œuvre des
normes de l’organisation136 ainsi que des communications relatives à des questions
concernant l’exercice des droits de l’homme dans les domaines de compétence de
l’organisation, qu’il s’agisse de cas individuels ou de violations massives,
systématiques ou flagrantes137. De même, au sein de l’OIT, la Commission
d’experts pour l’application des conventions et des recommandations examine les
rapports étatiques et la Commission de l’application des conventions et
recommandations débat sur les rapports de la Commission d’experts138. De plus,
des plaintes et des réclamations peuvent être transmises au Comité de la liberté
syndicale, des réclamations au Conseil d’administration et des plaintes au Bureau
international du travail139. Or, le Comité de la liberté syndicale est compétent,
132
Article 16 du PIDESC ; article 40 du PIDCP ; article 44 de la CIDE ; article 19 de la Convention
contre la torture de l'ONU ; article 18 de la CEDAW ; article 73 de la Convention internationale sur
la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille ; article 35 de
la Convention relative aux droits des personnes handicapées.
133
Cependant, le protocole facultatif au PIDESC qui permettra de reconnaître aux particuliers ou aux
groupes de présenter des communications relatives au non-respect du Pacte, a été adopté par
l'AGONU le 10/12/2008 et ouvert à la signature le 24/9/2009.
134
Article 41 du PIDCP ; article 21 de la Convention des Nations Unies contre la torture ; article 76
de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des
membres de leur famille.
135
Protocole facultatif se rapportant au PIDCP ; article 22 de la Convention contre la torture ; article
77 de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des
membres de leur famille ; article 1er du protocole facultatif à la Convention relative aux droits des
personnes handicapées ; protocole facultatif à la CEDAW. Sur l’apport de ce protocole, consulter :
Sabine BOUET-DEVRIERE, La protection universelle des droits de la femme : vers une efficacité
accrue du droit positif international ? (Analyse des dispositions du Protocole facultatif à la
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes), R.T.D.H.,
2000, pp. 453-477.
136
Les Etats transmettent leurs rapports en vertu de l’article VIII de l’Acte constitutif de l’UNESCO.
137
Procédure instaurée par la décision 104 EX/3.3 du Conseil exécutif de l’UNESCO en 1978.
Diverses propositions ont été formulées pour tenter de réformer cette procédure : Boran SAY,
Procédure d’examen des communications relatives aux violations alléguées des droits de l’homme
dans les domaines de compétence de l’UNESCO : problème du double emploi et réflexion sur la
réforme envisagée, in Les droits de l’homme à l’aube du XXIème siècle, Karel Vasak Amicorum Liber,
Bruylant, Bruxelles, 1999, pp. 819-861.
138
Jean-Pierre LAVIEC, La protection des droits économiques et sociaux de l’homme par
l’Organisation internationale du Travail, R.U.D.H., 1991, p. 66.
139
Articles 24, 25, 26 à 34 de la Constitution de l’OIT.
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depuis sa création en 1950, à l’égard de tout Etat membre de l’OIT, qu’il soit lié ou
non par les conventions n°87 et 98 de cette organisation relatives respectivement,
pour la première à la liberté syndicale et à la protection du droit syndical et, pour la
deuxième, au droit d'organisation et de négociation collectives. Cette originalité
s'explique par le fait que le préambule de la Constitution de l’organisation, qui lie
tout Etat membre, affirme le principe de la liberté syndicale140. De la même façon,
la Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux du travail de
1998 affirme que l’ensemble des Etats membres de l’organisation doit, du seul fait
d’y être parties, respecter quatre droits fondamentaux que sont la liberté
d’association et de négociation collective, l’élimination de toute forme de travail
forcé ou obligatoire, l’abolition effective du travail des enfants et l’élimination de
la discrimination en matière d’emploi et de profession.
Concernant le droit international des réfugiés, c’est le HCR qui est chargé de
veiller à l’application de la Convention de 1951 et du protocole de 1967141. Pour
faciliter son travail les Etats parties doivent lui fournir des rapports relatifs à la
mise en œuvre de leurs obligations à l’égard des réfugiés142. Les propositions
visant à créer une instance juridictionnelle internationale et des instances
régionales compétentes pour contrôler le respect du droit international du réfugié
n’ont pas été suivies143. De son côté, la Commission de médiation, de
conciliation et d’arbitrage de l’Union africaine était chargée de régler tout
différend relatif à l’interprétation ou l’application de la Convention de l’Union
africaine relative aux réfugiés144. Cette Commission, créée en 1964 et dissoute en
1977, n’a cependant jamais effectivement fonctionné145. C’est donc le Comité de
coordination pour l’assistance aux réfugiés qui coordonne la matière au sein de
l’Union africaine146. De plus, la prévention, la gestion et la résolution des conflits
impliquant les réfugiés relève, depuis 1993, du mécanisme de prévention,
de gestion et de résolution des conflits adopté par la Conférence des chefs d’Etat
et de gouvernement de l’Organisation de l'Union africaine en juin 1993147.
Ce mécanisme est renforcé par les mécanismes de gestion et de prévention des
140
Nicolas VALTICOS, Les conventions de l’Organisation internationale du travail à la croisée des
anniversaires, R.G.D.I.P., 1996, p. 19.
141
Article 35 de la Convention de 1951 sur les réfugiés et article II du protocole de 1967. Le statut du
HCR est annexé à la résolution 428(V) de l’AGONU du 14/12/1950.
142
Article 35(2) de la Convention de 1951 relative aux réfugiés et article II(2) du protocole de 1967
relatif au statut des réfugiés.
143
Winfried LANG, Asile, refuge et droits de l’homme, in Droit d’asile et des réfugiés, op. cit.,
p. 91 ; Jean-Yves CARLIER, Et Genève sera … La définition du réfugié : bilan et perspective, in
La Convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés 50 ans après : bilan et
perspectives, op. cit., p. 88.
144
Article 9 de la Convention de l’UA sur les réfugiés.
145
Mutoy MUBIALIA, La Convention de l’Organisation de l’Unité africaine du 10 septembre 1969
régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique et ses liens avec la Convention
du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, in La Convention de Genève du 28 juillet 1951
relative au statut des réfugiés 50 ans après : bilan et perspectives, op. cit., p. 226.
146
René DEGNI-SEGUI, L’action des institutions africaines en matière de réfugiés, in Droit d’asile
et des réfugiés, op. cit., p. 239
147
Hassatou BALDE, Les mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits des
organisations africaines, Actualité et droit international, 2001.
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148
Pour un regret par rapport à cette situation : Aristidis CALOGEROPOULOS-STRATIS, Droit
humanitaire – Droits de l’homme et victimes des conflits armés, in Etudes et essais sur le droit
international humanitaire et les principes de la Croix-Rouge en l’honneur de Jean Pictet, Martinus
Nijhoff, Dordrecht, 1984, p. 660.
149
Paul TAVERNIER, Réflexions sur les mécanismes assurant le respect du droit international
humanitaire, conformément aux Conventions de Genève et aux protocoles additionnels, Actualité et
droit international, 2000 ; Luigi CONDORELLI, La Commission internationale humanitaire
d'établissement des faits : un outil obsolète ou un moyen utile de mise en œuvre du droit international
humanitaire ?, in Un siècle de droit international humanitaire, centenaire des Conventions de La
Haye, cinquantenaire des Conventions de Genève, Paul Tavernier et Laurence Burgorgue-Larsen
(dir.), Bruylant, Bruxelles, 2001, pp. 87-89.
150
Jean-Luc BLONDEL, Rôle du CICR en matière de prévention des conflits armés : possibilités
d’action et limites, R.I.C.R., 2001, n°844, pp. 923-945.
151
Articles 33 et 34 de la CEDH.
152
Cette disparition a fait suite à l’entrée en vigueur, le 1/11/1998, du protocole 11 à la CEDH.
Consulter : Andrew DRZEMCZEWSKI, Protocole n°11 à la CEDH : préparation à l’entrée en
vigueur, J.E.D.I., 1997, n°1, pp. 59-76. Sur cet impératif de continuité de la jurisprudence, consulter :
Vincent BERGER, La nouvelle Cour européenne des droits de l’homme : d’une jurisprudence à
l’autre, in Mélanges en hommage à Louis Edmond Pettiti, Bruylant, Bruxelles, 1998, p. 133.
153
Article 29 de la Convention sur les droits de l’homme et la biomédecine.
154
Cour EDH, GC, Vo c. France du 8/7/2004, § 89. La proposition visant à compléter cette convention
d’un protocole autorisant le dépôt de requêtes individuelles devant la Cour EDH n’a pas abouti.
Actuellement, en vertu de l’article 30 de la convention, les Etats parties doivent transmettre au Secrétaire
général du Conseil de l’Europe des renseignements sur sa mise en œuvre en droit national.
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INTRODUCTION
174
Notamment : Cour de justice de la CEDEAO, Dame Hadijatou Mani Koraou c. la République du
Niger, arrêt, 27/10/2008, §§ 42-43 (affaire d’« esclavage moderne ») et Cour de justice de la
CEDEAO, Hissène Habré c. République du Sénégal, arrêt, 18/11/2010 (concernant la non
rétroactivité des lois pénales et le principe de légalité des crimes et délits) : dans ces deux arrêts, la
Cour de justice a invoqué à l’appui de son raisonnement la jurisprudence de la Cour EDH. Pour un
commentaire de la 1ère affaire, consulter : Mélanie DUBUY, Chronique de jurisprudence
internationale, R.G.D.I.P., 2009, n°3, pp. 718-719.
175
Sur la montée en puissance des affaires relatives aux droits de l’homme devant les juridictions
économiques africaines : Solomon T EBOBRAH, Human rights developments in subregional courts
in Africa during 2008, African Human Rights Law Journal, vol. 9, n°1, pp. 312-335.
176
Sur les diverses difficultés rencontrées dans la mise en place de ces juridictions : Laurence
BURGORGUE-LARSEN, Le fait régional dans la juridictionnalisation du droit international, in
La juridictionnalisation du droit international, op. cit., p. 245. Concernant la CEDEAO, le traité de
Cotonou du 24/7/1993 a intégré une référence expresse à la protection des droits de l’homme dans le
respect de la Charte de Banjul dans le traité révisé de la CEDEAO. Par ailleurs, la Cour de la
CEDEAO et la Cour de justice de la Communauté des Etats d'Afrique de l'est, cherchent à permettre,
au-delà des Etats, leur saisine par les individus, ce qui peut augmenter les hypothèses d'affaires
soumises relatives aux droits de la personne : Dandi GNAMOU-PETAUTON, Les mécanismes
régionaux africains de protection des droits de l'homme, in Regards sur les droits de l'homme en
Afrique, Paul Tavernier (dir.), L'Harmattan, Paris, 2008, p. 257.
177
Laurence BURGORGUE-LARSEN, De l'internationalisation du dialogue des juges, in Le
dialogue des juges, Mélanges en l'honneur du président Bruno Genevois, Dalloz, Paris, 2009, p. 122.
178
Articles 45 à 48 de la Charte arabe des droits de l'homme entrée en vigueur le 15/1/2008.
179
Cette Commission a été créée le 3/9/1968 par la décision R 2442/48 du Conseil de la Ligue arabe.
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INTRODUCTION
Belgique. Une ordonnance refusant d’indiquer, dans cette affaire, des mesures conservatoires a été
rendue par la CIJ le 25/5/2009.
187
CIJ, LaGrand, arrêt, 27/6/2001, Rec. 2001 ; CIJ, Avena, arrêt 31/3/2004, Rec. 2004 ; CIJ,
Ahmadou Sadio Diallo, Guinée c. RDC, arrêt, 24/5/2007, Rec. 2007 et arrêt, 30/11/2010, Rec. 2010.
188
CIJ, Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé, avis
consultatif, 9/7/2004, Rec. 2004.
189
CIJ, Certaines procédures pénales engagées en France, République du Congo c. France, saisine
du 9/12/2002. L’affaire a été rayée du rôle, le 17/11/2010, à la demande de la République du Congo.
190
CIJ, Différend relatif à l’épandage aérien par la Colombie d’herbicides toxiques en territoire
équatorien, requête introduite le 31/3/2008 par l'Equateur.
191
CIJ, Ahmadou Sadio Diallo, Guinée c. RDC, arrêt, 24/5/2007, Rec. 2007, § 39.
192
Pierre-Marie DUPUY, Les juridictions internationales face au procès équitable, Le point de vue de
la Cour internationale de justice, in Variations autour d’un droit commun, Premières rencontres de
l’UMR de droit comparé de Paris, Mireille Delmas-Marty, Horatia Muir Watt et Hélène Ruiz Fabri
(dir.), Société de législation comparée, Paris, 2001, p. 242.
193
Henri DONNEDIEU DE VABRES, Le procès de Nuremberg devant les principes modernes du
droit pénal international, R.C.A.D.I., 1947, tome 70, pp. 477-580 ; Jean-Paul BAZELAIRE et Thierry
CRETIN, La justice pénale internationale : son évolution, son avenir, de Nuremberg à La Haye,
P.U.F., 2000, p. 39.
194
Créé par la Résolution 808 du Conseil de sécurité du 22/2/1993. Sur les enjeux de l'instauration de
ce tribunal : Philippe WECKEL, L’institution d’un tribunal international pour la répression des
crimes de droit humanitaire en Yougoslavie, A.F.D.I., 1993, pp. 232-261 ; Karine LESCURE,
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, Cedin, Montchrestien, 1994, 203 p.
195
Créé par la Résolution 955 (1994) du Conseil de sécurité du 8/11/1994.
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Convention portant statut de la CPI adoptée le 17/7/1998. Le statut de la CPI est entré en vigueur
le 1/7/2002 : Résolution 57/23 de l’AGONU sur la mise en place de la Cour pénale internationale,
19/11/2002.
197
Jean-François DOBELLE, La Convention de Rome portant statut de la Cour pénale internationale,
A.F.D.I., 1998, p. 356 ; Bernhard GRAEFRATH, Universal Criminal Jurisdiction and an
International Criminal Court, J.E.D.I., 1990, pp. 66-88.
198
Résolution 1315 du 14/8/2000 du Conseil de sécurité portant création du tribunal spécial pour le
Sierra Leone ; Résolution du 13/5/2003 du Conseil de sécurité approuvant une proposition d’accord
entre l’ONU et le Cambodge sur la poursuite des principaux responsables des crimes commis entre
1975 et 1979 : A/RES/57/228B. La chambre extraordinaire, composée en partie de juges
internationaux, est intégrée au système judiciaire cambodgien existant. Consulter : Ghislain
POISSONNIER, Les chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens : une nouvelle
forme de justice internationale, Journal du droit international, 2007, n°1, pp. 85-102 et, du même
auteur, La mise en place des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Revue de
science criminelle et de droit pénal comparé, 2007, n°2, pp. 235-249.
199
Sur les questions soulevées par ces juridictions, consulter : Hervé ASCENSIO, Elisabeth
LAMBERT-ABDELGAWAD et Jean-Marc SOREL (dir.), Les juridictions pénales internationalisées
(Cambodge, Kosovo, Sierra Leone, Timor Leste), Société de législation comparée, Paris, 383 p., 2006.
200
Accord entré en vigueur le 10/6/2007 en vertu de la résolution 1757 du Conseil de sécurité.
Consulter : Aïda AZAR, Le Tribunal spécial pour le Liban : une expérience originale ?, R.G.D.I.P.,
2007, pp. 643-658.
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INTRODUCTION
201
Jan DE MEYER, Le mécanisme international de contrôle, in Actes du colloque sur la Convention
européenne des droits de l’homme par rapport à d’autres instruments internationaux pour la protection
des droits de l’homme, Athènes, 21-22/9/1978, Conseil de l’Europe, Strasbourg, 1979, pp. 287-297.
202
Maxime TARDU, Quelques questions relatives à la coexistence des procédures universelles et
régionales de plainte individuelle dans le domaine des droits de l’homme, R.D.H., 1971, vol. IV, n°2-
3, pp. 589-625 ; Maxime TARDU, The protocol to the United Nations Covenant on civil and political
rights and the Inter-american system : a study of co-existing petition procedures, A.J.I.L., 1976, pp.
778-800. Pour des exemples de saisine successive de la Commission IDH puis du CDH : William A.
SCHABAS, Substantive and procedural hurdles to Canada’s ratification of the American Convention
on Human Rights, H.R.L.J., 1991, p. 412. Sur la question des éventuels chevauchements procéduraux
entre le Comité européen pour la prévention de la torture, la Cour EDH, le CICR et le rapporteur
spécial des Nations Unies contre la torture : Antonio CASSESE, Le contrôle international concernant
les personnes privées de leur liberté, in Droits des personnes privées de leur liberté, Egalité et non-
discrimination, Conseil de l’Europe, Engel, 1994, pp. 63-66. Pour des exemples concernant le
continent américain : Antônio Augusto CANCADO TRINDADE, El sistema interamericano de
proteccion de los Derechos Humanos (1948-1995) : evolucion, estado actual y perspectivas, in
Derechos Internacional y Derechos Humanos / Droit international et droits de l’homme, Daniel
Bardonnet et Antônio Augusto Cançado Trindade (ed.), Académie de droit international de La Haye/
Instituto Interamericano de Derechos Humanos, La Haye/San José, 1996, p. 77.
203
Agnès DORMENVAL, Procédures onusiennes de mise en œuvre des droits de l’homme : limites
ou défauts ?, P.U.F., Paris, 1991, p. 128.
204
Karel VASAK, Le droit international des droits de l’homme, R.C.A.D.I., 1974, tome 140, pp. 394-396.
205
Dinah SHELTON, Utilization of fact-finding missions to promote and protect Human Rights : the
Chile case, H.R.L.J., 1981, vol. 2, n°1-2, pp. 1-36 ; Jean DHOMMEAUX, De l’universalité du droit
international des droits de l’homme : du pactum ferendum au pactum latum, A.F.D.I., 1989, p. 419.
Pour des exemples similaires consulter : Maxime TARDU, The protocol to the United Nations
Covenant on civil and political rights and the Inter-american system : a study of co-existing petition
procedures, A.J.I.L., 1976, p. 787.
206
Comité des Nations Unies contre la torture, Suleymane Guengueng et autres c. Sénégal, décision,
19/5/2006 ; CIJ, Questions concernant l’obiligation de poursuivre ou d’extrader, ordonnance
25/5/2009 ; Cour ADHP, Michelot Yogogombaye c. Sénégal, arrêt, 15/12/2009 ; Cour de justice de la
CEDEAO, Hissène Habré c. République du Sénégal, arrêt, 18/11/2010.
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sont concernés par la responsabilité des Etats. C’est pourquoi le TPIY a refusé
d’accepter la demande d’un accusé tendant à ce que la procédure le concernant
devant le tribunal de La Haye soit suspendue en attendant que la CIJ se prononce
sur la requête déposée en 1993 par la Bosnie-Herzégovine contre la République
de Yougoslavie pour violation de la Convention contre le génocide207.
Cette profusion dans la mise en œuvre des mécanismes de contrôle peut avoir
un aspect positif en offrant à l’individu la liberté de choisir la procédure lui offrant
la protection la plus favorable, dans le cadre d'un « forum shopping »208, voire de
cumuler ces procédures209. De plus, les conclusions intervenant à des niveaux
différents peuvent se confirmer et donc se renforcer210. Cette coexistence multiplie,
par conséquent, la possibilité pour la victime d’être entendue internationalement et
d’obtenir une décision qui lui est favorable. Elle peut donc augmenter l’effectivité
de la protection internationale des droits de la personne. Ce cumul, favorable à
l’individu, peut poser divers problèmes aux Etats et aux organes de contrôle.
En effet, un organe international pourrait avoir à se prononcer sur la décision d’un
autre, entraînant ainsi une insécurité juridique pour des Etats condamnés par l'un
non par l’autre, voire condamnés pour la même affaire par deux organes différents.
Pour éviter l’instauration d’une sorte d’appel international et des solutions
conflictuelles adoptées pour la même affaire, il a été proposé, sans succès, que le
principe non bis in idem du droit national soit aussi applicable au plan international
en faveur des Etats211. Certaines dispositions d’instruments conventionnels ou
institutionnels prévoient le non-cumul des procédures en question. Tel est
notamment le cas des articles 35(2) alinéa b) de la CEDH, des articles 46(1) et
47 aliéna d) de la CADH, de l’article 4 du protocole facultatif à la CEDAW,
de l’article 22 de la Convention contre la torture de l'ONU, de l’article 77 de la
Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs
migrants. Les limitations insérées dans les articles de la CADH ont été apportées à
la Conférence de San José notamment suite aux exposés et aux mises en garde de
MM. Cassin et Robertson qui ont participé aux débats en tant qu’observateurs212.
En dépit de l'article 35(2) de la CEDH, la Grande chambre de la Cour EDH a
considéré, dans l’arrêt Folgero et autres c. Norvège du 29/6/2007, qu’elle pouvait
examiner une requête déposée devant elle en même temps que devant le CDH
portant sur le même objet puisque les requérants qui avaient portés l’affaire en
207
TPIY, C.I., Le procureur c. Kvocka et autres, Décision relative à la requête de la défense relative
à la concurrence de procédures portant sur les mêmes questions, devant le Tribunal pénal
international pour l’ex-Yougoslavie et la Cour internationale de justice, décision du 5/12/2000.
208
Maurice KAMTO, Les interactions des jurisprudences internationales et des jurisprudences
nationales, in La juridictionnalisation du droit international, op. cit., p. 415.
209
Antônio Augusto CANCADO TRINDADE, Co-existence and co-ordination of mechanisms of
International protection of Human Rights (at global and regional levels), R.C.A.D.I., 1987, tome 202, p. 114.
210
Christian TOMUSCHAT, Universal and regional protection of Human Rights : Complementary or
conflicting issues, in Strengthening the world order : universalism v. regionalism – risks and
opportunities of regionalization, R. Wolfrum, Duncker & Humbot, Berlin, 1990, p. 188.
211
Arthur H. ROBERTSON, The United Nations Covenant on civil and political rights and the
European Convention on Human Rights, B.Y.I.L., 1968-1969, p. 47.
212
Maxime TARDU, Quelques questions relatives à la coexistence des procédures universelles et
régionales de plainte individuelle dans le domaine des droits de l’homme, R.D.H., 1971, p. 617.
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droit national dans le cadre d’un contentieux unique s’étaient scindés en deux
groupes, l’un portant l’affaire devant le Comité onusien, l’autre portant l’affaire
devant la Cour de Strasbourg. Cette approche de la Cour européenne, qui augmente
les risques d’approches divergentes des organes internationaux de contrôle, a été
critiquée par MM. les juges Zupancic et Borrego Borrego dans leur opinion
séparée sous cet arrêt. Au final, heureusement, la Cour arrive, en l’espèce, à une
conclusion identique à celle du CDH qui avait déjà statué le 3/11/2004 et
considéré, lui aussi qu’il pouvait examiner la communication nonobstant
l’exception de litispendance – il avait été saisi postérieurement à la Cour EDH –
et que le régime de dispense qui s’appliquait à l’enseignement obligatoire de
connaissance et d’éducation religieuse était contraire à l’article 18(4) du PIDCP.
Certaines conventions ne contiennent aucune clause sur la question du cumul de
procédures internationales, comme la CEDR, alors que d'autres contiennent des
dispositions écartant uniquement la litispendance. Tel est le cas, notamment de
l’article 5 du protocole facultatif au PIDCP ainsi que de la section III(2) alinéa a)
du règlement de la Commission des droits de l’homme de la CEI. Dans cette
hypothèse d’exclusion de la seule litispendance, l’organe de contrôle concerné
pourra donc connaître d’une affaire déjà soumise à un autre, une telle clause ayant
simplement pour effet de retarder son examen jusqu’à ce que ce dernier ait tranché
la question213. Pour éviter le cumul des procédures dans ces deux derniers cas –
en cas d'absence de dispositions réglant le sujet ou lorsque seule la litispendance
est exclue – les Etats peuvent formuler une réserve. Ainsi conformément aux
souhaits exprimés par le Conseil des ministres du Conseil de l’Europe, dans sa
Résolution (70)17 du 15/5/1970214, de nombreux Etats membres de cette
organisation, ont déposé une réserve au protocole facultatif au PIDCP. Cette
réserve précise que le CDH ne sera pas compétent pour examiner la
communication d’un particulier si la même question a déjà été examinée par une
autre instance internationale d’enquête ou de règlement. D'ailleurs, des Etats qui
ont ratifié le protocole facultatif du pacte avant de devenir parties à la CEDH, ont
aussi pu formuler de telles réserves à l’égard de la compétence du CDH,
de manière préventive215. De plus, des Etats non européens ont également émis une
telle réserve en suivant le modèle suggéré par le Comité des ministres du Conseil
de l’Europe216. Conformément à la position qu’il a adoptée dans son Observation
générale n°24 sur les questions touchant les réserves formulées au moment de la
ratification du Pacte ou des protocoles facultatifs y relatifs ou de l’adhésion à ces
instruments ou en rapport avec des déclarations formulées au titre de l’article 41
du Pacte du 2/11/1994, le CDH a donné effet à ces réserves, dans l’examen des
213
G. TENEKIDES, L’exception de litispendance devant les organismes internationaux, R.G.D.I.P.,
1929, pp. 502-527.
214
Annuaire de la CEDH, 1970, pp. 73-77.
215
Jean DHOMMEAUX, Les Etats parties à la Convention européenne des droits de l’homme et le
Comité de l’O.N.U. : de la cohabitation du système universel de protection des droits de l’homme
avec le système européen, in Liber Amicorum Marc-André Eissen, Bruylant-L.G.D.J., 1995, p. 122.
216
Syméon KARAGIANNIS, La multiplication des juridictions internationales : un système
anarchique ?, in La juridictionnalisation du droit international, op. cit., p. 129, note 444 : il s'agit de
l’Ouganda et du Sri-Lanka.
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217
CDH, Observation générale n°24, § 14 ; CDH, Franz Wallmann c. Autriche, constatations,
29/04/2004, § 8.3 ; CDH, Gabriel Crippa c. France, constatations, 18/11/2005.
218
CDH, Casanovas c. France, constatations, 19/7/1994, § 5.1 ; même affirmation : CDH, Dietmar
Pauger c. Autriche, constatations, 25/3/1999, § 6.4.
219
Antônio Augusto CANCADO TRINDADE, Analysis of the legal implications for States that
intend to ratify both the European Convention on Human Rights and its protocols and the Convention
on Human Rights of the Commonwealth of Independent States (CIS), H.R.L.J., 1996, vol. 17, p. 171.
Pour des exemples : CDH, Zohra Madoui c. Algérie, décision, 28/10/2008 : à propos du Groupe de
travail sur les disparitions forcées ou involontaires ; CDH, Orly Marcellana et Daniel Gumanoy c.
Philippines, décision, 30/10/2008 : à propos d’une mission d'établissement des faits effectuée dans un
Etat par un rapporteur spécial.
220
Pour le compte rendu des débats qui se sont déroulés en Belgique sur le point de savoir si une telle
réserve devait être formulée et qui finalement ne l'a pas été, consulter : Silvio MARCUS-
HELMONS, La Belgique et le protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux
droits civils et politiques, R.T.D.H., 1996, n°25, pp. 67-78.
221
Marc BOSSUYT, Les instruments internationaux des droits de l’homme et leurs interférences,
Institut international des droits de l’homme, Strasbourg, 1982, p. 21.
222
CDH, R. P. C. W. M. Brandsma c. Pays-Bas, constatations, 30/04/2003, § 4.3.
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INTRODUCTION
223
Consulter : Serhiy HOLOVATY, La coexistence de la Convention des droits de l’homme et des
libertés fondamentales de la Communauté des Etats indépendants et la Convention européenne des
droits de l’homme, rapport, Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Commission des
questions juridiques et des droits de l’homme, 3/5/2001, Doc. 9075.
224
Sur les opinions des Etats membres de la CEI à ce sujet, consulter : Andrew DRZEMCZEWSKI,
The legal implications for States ratifying both the ECHR and the Convention on Human Rights of
the Commonwealth of Independent States (C.I.S.), H.R.L.J., 1996, pp. 157-158.
225
La Cour EDH avait été saisie par le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, conformément
aux souhaits de l’Assemblée parlementaire.
226
Theodor MERON, Human Rights Law-making in the United Nations, A critique of Instruments
and process, Clarendon Press, Oxford, 1986, p. 212 ; Janos FODOR Future of monitoring bodies,
C.H.R.Y., 1991/92, p. 209 ; Klaus T. SAMSON, Human Rights Co-ordination within the UN System,
in The United Nations and Human Rights – A critical appraisal, op. cit., p. 659 ; consulter les
initiatives de la Haut-commissaire aux droits de l'homme, Mme ARBOUR, en ce sens : rapport
A/60/36 de 2005.
227
Pieter VAN DIJK, General Course on Human Rights, The Law of Human Rights in Europe,
Instruments and Procedures for a Uniform Implementation, Recueil de cours de l’Académie de droit
européen, 1997, vol. VI, p. 106.
228
De même, la solution inverse, la création envisagée de cours régionales des droits de l’homme au
niveau européen pour désengorger la Cour EDH n’a heureusement pas rencontré d’écho positif au
sein du Conseil de l’Europe. Le groupe d’évaluation chargé par le Comité des ministres du Conseil
de l’Europe de réfléchir sur la réforme de la Cour EDH a émis un avis négatif sur cette hypothèse en
raison du risque de divergence jurisprudentielle qu'elle faisait courir : Michel DE SALVIA, Rapport
introductif, La protection judiciaire européenne des droits de l’homme entre réforme et refondation,
in La réforme de la Cour européenne des droits de l’homme, Gérard Cohen-Jonathan et Christophe
Pettiti (ed.), Bruylant-Nemesis, Bruxelles, 2003, p. 31.
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2. L'ÉTENDUE DE LA RECHERCHE
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INTRODUCTION
234
L'interdépendance est une composante majeure et incontournable du droit international :
C. Wilfred JENKS, Interdependence as the basic concept of contemporary International Law, in
Mélanges offerts à Henri Rolin, Problèmes de droit des gens, Pedone, Paris, 1964, pp. 147-156.
235
Guy CANIVET, Juridictions nationales et internationales, Eloge de la « bénévolance » des juges,
Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, 2005, p. 800.
236
Antônio Augusto CANCADO TRINDADE, Co-existence and co-ordination of mechanisms of
International protection of Human Rights (at global and regional levels), R.C.A.D.I., 1987, tome 202,
p. 103 : « interpretative interaction » ; Jean-François FLAUSS, La protection des droits de l’homme
et les sources du droit international, in La protection des droits de l’homme et l’évolution du droit
international, Colloque de Strasbourg de la S.F.D.I., Pedone, Paris, 1998, p. 21.
237
Franz MATSCHER, Quarante ans d’activités de la Cour européenne des droits de l’homme,
R.C.A.D.I., 1997, tome 270, p. 289.
238
Patrick WACHSMANN, Les méthodes d’interprétation des conventions internationales relatives à
la protection des droits de l’homme, in La protection des droits de l’homme et l’évolution du droit
international, op. cit., p. 168.
239
Philip ALSTON, Rapport intérimaire sur l’étude des moyens d’améliorer l’efficacité à long terme
du régime conventionnel mis en place par les Nations Unies dans le domaine des droits de l’homme,
A/CONF.157/PC/62/Add.11/Rev.1, 22/4/1993, p. 81.
240
Pierre NUSS, Le renvoi en droit international des droits de l’homme, Thèse, Université de
Strasbourg, 1996, pp. 433 et 215.
241
Joannis Konstantinos PANOUSSIS, La combinaison normative : recherches sur une méthode
d'interprétation au service des droits de l'homme, op. cit., pp. 11-12.
242
Cette expression pouvant s'appliquer au dialogue s'instaurant tant entre les juridictions
internationales, qu'entre les juridictions internationales et nationales, qu'au sein de ses dernières.
Consulter notamment : François LICHERE, Laurence POTIVIN-SOLIS, Arnaud RAYNOUARD
(dir.), Le dialogue entre les juges européens et nationaux : incantation ou réalité ?, Bruylant,
Nemesis, Bruxelles, 2004, 242 p. ; Paul MARTENS, Ludovic HENNEBEL, Julie ALLARD, Mireille
DELMAS-MARTY (dir.), Le dialogue des juges, Bruylant, Bruxelles, 2007, 166 p. ; Jean DU BOIS
DE GAUDUSSON, La complexité de la participation des Cours suprêmes des pays en voie de
développement au dialogue des juges, L.P.A., 2008, n°112, pp. 22-25 ; Elisabeth ZOLLER,
Le dialogue des juges de la Cour européenne des droits de l'homme et de la Cour suprême des Etats-
Unis sur les droits fondamentaux, L.P.A., 2008, n°112, pp. 26-34.
243
Ludovic HENNEBEL, Les références croisées entre les juridictions internationales des droits de
l'homme, in Le dialogue des juges, op. cit., p. 31.
244
Ludovic HENNEBEL, La Cour interaméricaine des droits de l’homme : entre particularisme et
universalisme, in Le particularisme interaméricain, Ludovic Hennebel et Hélène Tigroudja (dir.),
Pedone, Paris, 2009, p. 114.
245
Laurence BURGORGUE-LARSEN, Les cours européenne et interaméricaine des droits de
l’homme et le « système onusien », in Les droits fondamentaux : charnières entre ordres et systèmes
juridiques, Edouard Dubout et Sébastien Touzé (dir.), Pedone, Paris, 2010, p. 93.
246
Elias KASTANAS, Unité et diversité : notions autonomes et marge d’appréciation des Etats dans
la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, Bruylant, Bruxelles, 1996, p. 186.
247
Jean-François FLAUSS, Les interactions normatives entre les instruments européens relatifs à la
protection des droits sociaux, in Droits sociaux et droit européen, Bilan et prospective de la
protection normative, Jean-François Flauss (dir.), Bruylant, Bruxelles, 2002, p. 90 et du même
auteur, Du droit international comparé des droits de l’homme dans la jurisprudence de la Cour
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européenne des droits de l’homme, in Le rôle du droit comparé dans l’avènement du droit européen,
Publications de l’Institut suisse de droit comparé, Schulthess, Zurich, 2002, pp. 159-182.
248
Gérard COHEN-JONATHAN, Les rapports entre la Convention européenne des droits de
l’homme et le Pacte des Nations Unies sur les droits civils et politiques, in Régionalisme et
universalisme dans le droit international contemporain, colloque de Bordeaux de la S.F.D.I., Pedone,
Paris, 1977, p. 324.
249
Sur ce point : cf. infra, 2ème partie.
250
Léontin-Jean CONSTANTINESCO, Traité de droit comparé, Tome II, La méthode comparative,
L.G.D.J., Paris, 1974, p. 10 et s.
251
A l'inverse, sur l'exigence de la réalisation d'un emprunt créateur d'un nouvel agencement normatif
pour pouvoir utiliser les termes de combinaison normative : Joannis Konstantinos PANOUSSIS,
La combinaison normative, op. cit., pp. 11-12.
252
Pour une étude du mécanisme de la combinaison intra-conventionnelle : Joannis Konstantinos
PANOUSSIS, La combinaison normative, op. cit., pp. 71-80 et 264-411.
253
Patrick WACHSMANN, La religion contre la liberté d’expression : sur un arrêt regrettable de la
Cour européenne des droits de l’homme, l’arrêt Otto-Preminger-Institut du 20 septembre 1994,
R.U.D.H., 1994, pp. 441-449.
254
Régis DE GOUTTES, A propos du conflit entre la liberté d’expression et le droit à la protection
contre le racisme, in Mélanges en hommage à Louis - Edmond Pettiti, Bruylant, Bruxelles, 1998,
pp. 251-265.
255
Wolfgang PEUKERT, Human Rights, in International law and the protection of unborn Human
beings, Mélanges en l’honneur de Gérard J. Wiarda, Franz Matscher et Hebert Petzold (ed.), Carl
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INTRODUCTION
Heymanns Verlag KG, 1988, pp. 511-519 ; Mary Ann GLENDON, The tension between individual
liberty and family protection in the U.N. Universal Declaration of Human Rights, in Liber Amicorum
Marie-Thérèse Meulders-Klein, Droit comparé des personnes et de la famille, Bruylant, Bruxelles,
1998, pp. 283-296. Pour d’autres exemples de combinaison intra-conventionnelle, consulter : Theodor
MERON, Norm making and supervision in International Human Rights : reflections on institutional
order, A.J.I.L., 1982, n°76, p. 756 et Peggy DUCOULOMBIER, Les conflits de droits fondamentaux
devant la Cour européenne des droits de l’homme, Bruylant, Bruxelles, 2011, 746 p.
256
Cf. infra, les développements concernant l’arrêt de la Cour EDH, Jersild c. Danemark, arrêt
23/9/1994, A-298 à propos de la liberté d'expression et du discours raciste en lien avec la CEDH et la
CEDR.
257
Pour un aperçu de cette problématique, consulter : Cour EDH, Ekbatani c. Suède, arrêt, 26/5/1988,
A-134, § 26 : la Cour EDH s’appuie sur l’ancien article 60 de la CEDH pour souligner que
l’existence de l’article 2 du protocole 7 à la CEDH ne peut pas avoir limité les droits découlant de
l’article 6 de la CEDH et notamment le droit à des débats contradictoires dans le cadre d’une
procédure d’appel ; Commission EDH, Bruno Gestra c. Italie, décision, 16/1/1995, DR 80, p. 89 :
l’interprétation de la CEDH éclairée notamment par d’autres instruments juridiques internationaux ne
peut pas venir consacrer un droit expressément écarté du protocole 7 à la CEDH, il s’agissait de
l’application du principe ne bis in idem entre jugements de différents Etats.
258
Vera GOWLLAND-DEBBAS, La responsabilité internationale de l’Etat d’origine pour des flux
de réfugiés, in Droit d’asile et des réfugiés, op. cit., p. 130.
259
Sur ce point, consulter : Paul TAVERNIER, Sanctions économiques et droits de l’homme, in
Nouvel ordre mondial des droits de l’homme, La guerre du Golfe, Paul Tavernier (dir.), Publisud,
Paris, 1993, pp. 18-44 ; Comité des droits économiques, sociaux et culturels, Observation générale
n° 8 concernant la relation entre les sanctions économiques et le respect des droits économiques,
sociaux et culturels, 12/12/1997 ; Anna SEGALL, Sanctions économiques : contraintes juridiques et
politiques, R.I.C.R., 1999, n° 836, pp. 763-784.
260
Mohamed BENNOUNA, Les sanctions économiques des Nations Unies, R.C.A.D.I., 2002, tome
300, p. 60.
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261
TPICE, Yassin Abdullah Kadi c. Conseil, aff. T-315/01, arrêt, 21/9/2005 et TPICE, Ahmed Ali
Yusuf et Al Barakaat International Foundation c. Conseil et Commission, aff. T-306/01, arrêt,
21/9/2005. Pour une critique de ces arrêts : Denys SIMON et Flavien MARIATTE, Le Tribunal de
première instance des Communautés : Professeur de droit international ?, Revue Europe, décembre
2005, pp. 6-10 et Svetlana ZASOVA, La lutte contre le terrorisme à l'épreuve de la jurisprudence du
tribunal de première instance de la Communauté européenne, R.T.D.H., 2008, p. 483.
262
CJCE, Kadi et Al Barakaat International Foundation c. Conseil et Commission, aff. jointes C-
402/05 P et C-415/05P, arrêt, 3/9/2008, point 316. Consulter : Jean Paul JACQUE, Primauté du droit
international et protection des droits fondamentaux, A propos de l'arrêt Kadi de la Cour de justice des
Communautés européennes, L'Europe des libertés, 2008, n°27, pp. 11-13. Consulter aussi : TPICE,
Aydi c. Conseil, arrêt 12/7/2006, aff. T-253/02 ; TPICE, Hassan c. Conseil et Commission, arrêt
12/7/2006, aff. T-49/04 ; TPICE, OMPI c. Conseil, arrêt 12/12/2006, aff. T-228/02 ; TPICE, Sison c.
Conseil, aff. T-47/03, arrêt, 11/7/2007 ; TPICE, Stichting Al-Aqsa c. Conseil, aff. T-327/03, arrêt,
11/7/2007 ; CJCE, Möllendorf, arrêt 11/10/2007, aff. C-117/06, Rec. p. I-8361 ; TPICE, OMPI, c.
Conseil, aff. T-256/07, arrêt, 23/10/2008 et OMPI c. Conseil, aff. T-284/08, arrêt, 4/12/2008.
Consulter : Alvaro BORGHI, La législation de l'Union européenne en matière de sanctions
internationales et sa compatibilité avec les droits fondamentaux, R.T.D.H., 2008, pp. 1095-1124.
263
Tribunal, Kadi c. Commission européenne, aff. T-85/09, arrêt, 30/9/2010, points 112-126.
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INTRODUCTION
entités liées à Oussama ben Laden, au réseau Al-Qaïda et aux Talibans, est
annulé, pour autant qu’il concerne M. Yassin Abdullah Kadi » pour violation des
droits de la défense, du principe de protection juridictionnelle effective et du
principe de proportionnalité. Des dérogations sont prévues par le Conseil de
sécurité des Nations Unies aux mesures coercitives individuelles prises pour
lutter contre le terrorisme afin de permettre à ces individus de faire face aux
dépenses courantes et de se soigner, y compris dans un pays autre que celui de
résidence264. Ces sanctions intelligentes édictées par le Comité des sanctions du
Conseil de sécurité ont aussi été soumises au Comité des droits de l’homme de
l’ONU. L’examen de la communication dirigée contre la Belgique a conduit le
Comité à conclure que les sanctions étaient, en l’espèce, contraires au PIDCP,
alimentant alors la question de la licéité des sanctions décidées par le Conseil de
sécurité265.
Les hypothèses dans lesquelles une action en faveur des droits de la personne
pourrait, sur un plan opérationnel, venir violer ces mêmes droits, sont
nombreuses. Ainsi des projets en faveur du développement financés par des
organisations internationales pourraient entraîner une violation des droits de la
personne par les modifications qu'ils entraînent sur le terrain266. De plus, les
forces des Nations Unies pourraient violer le droit humanitaire alors qu’elles
tentent de maintenir ou de rétablir la paix267 tout comme les actions militaires
engagées par les Etats sous couvert de l'ONU pourraient porter atteinte aux droits
de l'homme des populations concernées268. De même, la multiplication des
organisations internationales pose la question de la coordination de leurs actions
sur place et de la concordance des messages qu’elles véhiculent notamment aux
264
Irène COUZIGOU, La lutte du Conseil de sécurité contre le terrorisme international et les droits
de l'homme, R.G.D.I.P., 2008, pp. 57-59.
265
Jean-François FLAUSS, Les « listes noires » de l’O.N.U. devant le Comité des droits de l’homme,
Comité des droits de l’homme des Nations Unies, Sayadi et Vinck c. Belgique, 22 octobre 2008,
R.T.D.H., 2010, n°82, p. 373.
266
En Ouganda, par exemple, des atteintes aux droits de l’homme à une échelle massive ont été
commises au cours d'expulsions réalisées sous la contrainte de la forêt de Kibale intervenues dans le
cadre d’un projet financé par la Communauté européenne en faveur du développement. La
Commission européenne a rejeté la responsabilité de ces expulsions mais des critiques ont assimilé le
projet lui-même à une politique d’expulsion : Bruno SIMMA, Jo Beatrix ASCHENBRENNER et
Constanze SCHULTEYE, Observations relatives aux droits de l’homme en ce qui concerne les
activités de coopération au développement de la Communauté européenne, in L’Union européenne et
les droits de l’homme, Philip Alston (dir.), Bruylant, Bruxelles, 2001, p. 641.
267
Face à ce danger, le Secrétaire général des Nations Unies a publié une circulaire, le 6/8/1999,
relative au respect du droit international humanitaire par les forces des Nations Unies : UN doc.
ST/SGB/1999/13 ; Anne RYNIKER, Respect du droit international humanitaire par les forces des
Nations Unies, R.I.C.R., 1999, n° 836, pp. 795-805.
268
La Cour EDH saisie en 2007 de la question a considéré, qu'en l'espèce, les actes des Etats qui ont
causé des dommages aux requérants étaient attribuables à l'ONU et qu'elle était incompétente ratione
materiae à leur sujet : Philippe LAGRANGE, Responsabilité des Etats pour actes accomplis en
application du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, Observations à propos de la décision de
la Cour européenne des droits de l'homme (Grande chambre) sur la recevabilité des requêtes Behrami
et Behrami c. France et Saramati c. Allemagne, France et Norvège, 31 mai 2007, R.G.D.I.P., 2008,
pp. 85-110.
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INTRODUCTION
274
Article 7 du traité sur l'Union européenne.
275
Article 9 du règlement (CE) n°980/2005 du Conseil du 27/6/2005 portant application d'un schéma de
préférences tarifaires généralisées jusqu'au 31/12/2008, J.O.C.E. n° L 169 du 30/06/2005 pp. 1- 43 op. cit.
276
Article 16 du règlement (CE) n°980/2005 du Conseil du 27/6/2005, op. cit..
277
Joël LEBULLENGER, La rénovation de la politique communautaire du développement, R.T.D.E.,
1994, p. 645.
278
Communication de la Commission sur la prise en compte du respect des principes démocratiques
et des droits de l’homme dans les accords entre la Communauté et les pays tiers, COM/95/216 final,
1995 ; Barbara BRANDTNER et Allan ROSAS, Préférences commerciales et droits de l’homme, in
L’Union européenne et les droits de l’homme, Philip Alston (dir.), Bruylant, Bruxelles, 2001, p. 730.
279
Préambule de la Convention de Lomé IV du 15/12/1989.
280
Préambule de l’Accord de partenariat entre les membres du groupe des Etats d’Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique, d’une part, et la Communauté européenne et ses Etats membres, d’autre
part, signé à Cotonou le 23/6/2000. Sur la conception de l'UE à propos des droits de l'homme en
Afrique : Jean-François AKANDJI-KOMBE, Regard des organisations internationales : l'Union
européenne, in Regards sur les droits de l'homme en Afrique, op. cit., pp. 99-111.
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281
Pour des éléments doctrinaux et des exemples jurisprudentiels : Hans KELSEN, Les rapports de
système entre le droit interne et le droit international public, R.C.A.D.I., 1926, pp. 227-331;
Francesco CAPOTORTI, Interférences dans l’ordre juridique interne entre la Convention et d’autres
accords internationaux, in Les droits de l’homme en droit interne et en droit international, Presses
universitaires de Bruxelles, 1968, pp. 123-148 ; Gérard COHEN-JONATHAN, La place de la
Convention européenne des droits de l’homme dans l’ordre juridique français, in Le droit français et
la Convention européenne des droits de l'homme 1974-1992, Frédérique Sudre (dir.), Engel, 1994,
pp. 25-48 ; C. N. KAKOURIS, L’utilisation du droit comparé par les tribunaux nationaux et
internationaux, Revue hellénique de droit international, 1994, n°47, pp. 31-45 ; Gérard COHEN-
JONATHAN, Les tribunaux administratifs et les traités relatifs aux droits de l’homme : quelques
observations à propos du jugement du TA de Strasbourg, R.U.D.H., 1995, vol. 7, pp. 120-125 ;
Claudia SCIOTTI-LAM, La concurrence des traités relatifs aux droits de l’homme devant le juge
national, Bruylant, Bruxelles, 1997, 124 p. ; Gérard COHEN-JONATHAN, La France, la Convention
européenne des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques,
L.P.A., 25/5/2000, numéro spécial : la France et le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques, p. 40 ; James S. READ, L’influence de la Convention européenne des droits de l’homme
sur la jurisprudence du Conseil privé de la Reine, in L’influence de la Convention européenne des
droits de l’homme sur les Etats tiers, Jean-François Flauss (dir.), Bruylant/Nemesis, Bruxelles, 2002,
pp. 55-75 : sur le cas particulier des pays du Commonwealth qui sont parties à la CADH et non à la
CEDH mais pour lesquels le Conseil privé de la Reine statue en dernier ressort en s’inspirant de la
CEDH et de la jurisprudence de Strasbourg ; Maurice KAMTO, Charte africaine, instruments
internationaux de protection des droits de l’homme, constitutions nationales : articulations et
perspectives, in L'application nationale de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples,
op. cit., pp. 43-46 ; Elisabeth LAMBERT-ABDELGAWAD, L’application de la Charte africaine des
droits de l’homme et des peuples par les autorités nationales en Afrique du Nord, in L'application
nationale de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, op. cit., pp. 110-121 : sur la
concurrence entre la CADHP avec d’autres instruments internationaux de protection des droits
fondamentaux devant les juridictions nationales africaines.
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INTRODUCTION
282
Fabian Omar SALVIOLI, La influencia de la declaracion universal de los derechos humanos en el
marco nacional, in Recueil des cours de l'Institut international des droits de l'homme, 29ème session,
1998, Strasbourg, pp. 119-136 ; René DEGNI-SEGUI, La Déclaration universelle et la
décolonisation, in La Déclaration universelle des droits de l’homme 1948-98, Avenir d’un idéal
commun, op. cit., p. 313 et s. ; Vladimir KARTASHKIN, Document de travail sur le respect des
droits de l’homme par les Etats qui ne sont pas parties aux conventions des Nations Unies en matière
de droits de l’homme, Commission des droits de l’homme, 15/6/1999, E/CN.4/Sub.2/1999/29, § 5.
Avant que toute référence ne soit ultérieurement abandonnée, le préambule du projet de la
Constitution de la Vème République française se référait à la DUDH. : Emmanuel DECAUX, De la
promotion à la protection des droits de l’homme : droit déclaratoire et droit programmatoire, in
La protection des droits de l’homme et l’évolution du droit international, op. cit., p. 104.
283
Karel VASAK, The European Convention of Human rights beyond the frontiers of Europe, I.C.L.Q.,
1963, pp. 1206-1231. Les exemples de cette influence sont cependant très limités : Fausto DE
QUADROS, L’influence de la Convention européenne des droits de l’homme sur les Etats tiers,
anciennes dépendances belges, danoises, espagnoles, françaises, italiennes, néerlandaises et portugaises,
in L’influence de la Convention européenne des droits de l’homme sur les Etats tiers, op. cit., p. 25.
284
Il s’agit d’un « effet extra-muros » de la CEDH : Jean-François FLAUSS, De l’influence de la
Convention européenne des droits de l’homme à l’égard des Etats tiers, L.P.A., 10/6/2002, n° 115, p. 4.
285
Cour EDH, GC, Sejdic et Finci c. Bosnie-Herzégovine, arrêt, 22/12/2009.
286
Emmanuel DECAUX, De la promotion à la protection des droits de l’homme : droit déclaratoire et
droit programmatoire, in La protection des droits de l’homme et l’évolution du droit international,
op. cit., p. 117.
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Les termes et expressions utilisés pour qualifier les interactions entre les
normes internationales de protection doivent être précisés. En effet, leur usage n'est
pas anodin et leur sens n'est pas toujours identique. Ainsi si la distinction retenue
est relative à la différence entre incitation à l'interaction et consécration de
l'interaction, il s'avère que certaines terminologies sont neutres quant à leur
signification, alors que d'autres ne le sont pas à ce niveau là mais le sont à un autre.
Ainsi des termes tels que « référence » et « renvoi » peuvent être utilisés pour
décrire tant un phénomène d’incitation à la fécondation croisée qu'un phénomène
de consécration de cette dernière mais ils n’ont pas la même signification au niveau
juridique en ce qui concerne le poids accordé à la source externe288.
S’il est intéressant de donner un cadre précis aux interactions entre les normes,
il aussi toujours gênant de donner un carcan trop strict à un phénomène complexe,
le risque étant alors de créer un cadre par trop contraignant limitant ensuite
l’analyse289.
Lorsqu’est étudiée la nature de l'ouverture à la source externe, il est possible
de distinguer les méthodes de l'ouverture à la source externe, du degré d'attention
porté à cette dernière. De plus, les divers effets des interactions doivent aussi être
évoqués.
En ce qui concerne les méthodes d'ouverture à la source externe, plusieurs
distinctions peuvent être réalisées. Ainsi au niveau de la phase d'interprétation
des normes, l'ouverture réalisée par l'organe d'interprétation à des sources
externes, de sa propre initiative, du fait de sa conviction propre, se distingue de
287
D. C. MacDONALD, L’impact de la doctrine et de la jurisprudence de la Convention européenne des
droits de l’homme sur l’interprétation de la Charte canadienne des droits et libertés, in Perspectives
canadiennes et européennes des droits de la personne, Daniel Turp et Gerald A. Beaudoin (dir.),
Editions Yvon Blais, Cowansville, Québec, 1986, pp. 91-111 ; William A. SCHABAS, L’influence de la
Convention européenne des droits de l’homme sur la jurisprudence des cours suprêmes des pays du
Commonwealth, in L’influence de la Convention européenne des droits de l’homme sur les Etats
tiers, op. cit., pp. 29-53 ; James S. READ, L’influence de la Convention européenne des droits de
l’homme sur la jurisprudence du Conseil privé de la Reine, in L’influence de la Convention
européenne des droits de l’homme sur les Etats tiers, op. cit., pp. 55-75.
288
Cf. infra sur la distinction entre ces deux concepts juridiques.
289
Cf. l’exhortation formulée par le juriste italien Santi Romano dans son ouvrage Frammenti di un
dizionario giuridico, Milan, 1953, p. 117 recommandant « aux juristes de ne pas procéder à de
« lourdes finesses » toujours « gênantes et inutiles » et « à ne pas rendre rigide ce qui est souple » ou
d’éviter de « solidifier ce qui est fluide », formules rappelées par Benedetto CONFORTI, Unité et
fragmentation du droit international : « glissez, mortels, n'appuyez pas ! », R.G.D.I.P., 2007, p. 6.
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INTRODUCTION
l'ouverture qui fait suite à une sollicitation en ce sens, provenant, notamment des
parties ou d'un tiers intervenant. La première hypothèse est la plus courante et
les nombreuses sollicitations dont font l'objet les organes internationaux de
contrôle ne conduisent pas systématiquement à une interprétation croisée de la
part de l'organe concerné290.
Par ailleurs, il faut aussi distinguer l'ouverture textuellement prévue, de
l'ouverture intervenant en vertu de l'initiative de l'organe de contrôle, de façon
purement jurisprudentielle, sans prévision textuelle. Cette dernière peut être
qualifiée d’autonome et de spontanée. Or, il apparaît que les hypothèses
d'interprétation croisée se produisant en dehors de toute précision textuelle sont les
plus nombreuses291.
De même, en ce qui concerne le contexte de l'ouverture à une source externe,
il est aussi possible d'évoquer la question du dialogue des juges, en ce sens que
ces derniers peuvent réciproquement ouvrir leur jurisprudence292. Nécessitant
une coopération entre les juges concernés et évitant l’apparition de conflits293,
ce dialogue, au-delà du phénomène d’imitation d’une juridiction internationale
par une autre, est donc un pas vers une « montée en puissance des juges »294.
En outre, l'ouverture à la source externe peut être expresse ou tacite.
L'ouverture expresse est présentée et assumée comme telle par son auteur. Il y a
alors citation de la source externe, elle est donc bien évidemment plus facile à
identifier que l'ouverture tacite. Cette dernière pose d'ailleurs la question de la
simple coïncidence. Cette ouverture tacite à une source externe a pu être
identifiée dans l’activité de plusieurs organes internationaux. Ainsi le CDH a pu,
sans citer expressément la jurisprudence relative à la CEDH, en tenir compte295.
De même, la Cour IDH a pu reprendre implicitement des solutions dégagées par
290
Cf. infra, 1ère partie, titre I, chapitre 1.
291
Sur cette situation et sa cause : cf. infra, 1ère partie, titre II, chapitre 2.
292
Cf. infra, 2ème partie, titre I sur le choix du corpus externe en lien avec cette question de la
réciprocité.
293
Laurence POTIVIN-SOLIS, Le concept de dialogue entre les juges en Europe, in Le dialogue
entre les juges européens et nationaux : incantation ou réalité ?, François Lichère, Laurence Potivin-
Solis, Arnaud Raynouard (dir.), Bruylant, Nemesis, Bruxelles, 2004, p. 24.
294
Mireille DELMAS-MARTY, Mondialisation et montée en puissance des juges, in Le dialogue des
juges, op. cit., p. 108.
295
Gérard COHEN-JONATHAN, Conclusions, in La protection des droits de l’homme par le Comité
des droits de l’homme des Nations Unies – les communications individuelles, op. cit., p. 177 : « Bien
que le Comité des droits de l’homme ne vise pas spécifiquement la Convention européenne, il nous
semble très nettement que le Comité des droits de l’homme ne fait pas abstraction de la
jurisprudence européenne – c’est un euphémisme – qu’il s’agisse du droit à la liberté personnelle, de
la liberté d’expression (y compris en matière commerciale), du principe de l’unité de la vie familiale
ou qu’il s’agisse de la protection par ricochet, par exemple » ; pour d’autres exemples : Patrick
WACHSMANN, Les méthodes d’interprétation des conventions internationales relatives à la
protection des droits de l’homme, in La protection des droits de l’homme et l’évolution du droit
international, op. cit., p. 169 et Elisabeth LAMBERT-ABDELGAWAD, Les effets des arrêts de la
Cour européenne des droits de l’homme. Contribution à une approche pluraliste du droit européen
des droits de l’homme, op. cit., p. 501.
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le CDH296 et des arrêts de la Cour EDH peuvent être considérés comme faisant
implicitement utilisation de la DUDH297. La CIJ a, elle aussi, pu reprendre, sans
en reconnaître la paternité, des solutions dégagées par la Cour IDH. Ainsi dans
son arrêt du 27/6/2001, LaGrand, concernant le droit à l'assistance consulaire, la
CIJ s’est appuyée implicitement sur l’avis consultatif n°16 de la Cour IDH
concernant le droit à l’information sur l’assistance consulaire au titre des garanties
judiciaires du 1/10/1999298. Ces organes peuvent donc s'inspirer les uns des autres
et transposer de l'un à l'autre des techniques et des méthodes d'interprétation sans
affirmer expressément leur démarche. Ces interprétations croisées implicites
posent deux questions auxquelles il est difficile d'apporter des réponses. En effet,
s’agit-il vraiment d'une ouverture implicite et n'est-ce pas plutôt une évolution
jurisprudentielle « dans l’air du temps » ? Ensuite, s'il s'agit vraiment d'un emprunt,
pourquoi est-il implicite alors même que ces organes mettent en œuvre en parallèle
des interprétations croisées explicitement assumées ?
Au-delà de la méthode d’ouverture, des précisions terminologiques doivent
aussi être apportées en lien avec le degré d’attention porté à la source externe.
En effet, il est possible d'identifier une gradation dans la prise en compte de
la source externe. Ainsi la simple citation, l'appel ou le recours à la source
externe ne laissent pas, en eux-mêmes, présager de l’attention qui lui sera portée.
C’est sa prise en compte – en tant que source d’inspiration ou, plus encore,
la réception d'une solution ou l’emprunt d'un raisonnement juridique – qui traduit
une attention importante accordée au corpus externe. Ainsi dans le cadre de la
réception d'une solution, il y a reprise du seul résultat auquel est précédemment
arrivé une juridiction alors que dans le cadre de l’emprunt d'un raisonnement
juridique, le corpus est différent puisque les moyens ayant conduit à la solution
sont repris299. Or, l'interaction des jurisprudences « prend la forme d'emprunts à
la démarche juridique, rarement celle de la transposition aveugle de la solution ;
celle-ci s'imposant moins que le raisonnement qui la sous-tend »300.
Lorsqu’est étudié le degré d'attention porté à la source externe, il faut aussi
distinguer la référence du renvoi. En effet, alors que la référence consiste à viser
une source externe en la laissant exister comme telle, le renvoi exige que la
296
Ainsi l’arrêt Velasquez Rodriguez de la Cour IDH du 29/7/1988 peut être rapproché de la décision
Rubio c. Colombie du 2/11/1987 du CDH dans lequel ce dernier précise les obligations positives de
l’Etat dans le cas de disparitions forcées : Gérard COHEN-JONATHAN, Quelques observations sur
le Comité des droits de l’homme des Nations-Unies, in Humanité et droit international, Mélanges
René-Jean Dupuy, Pedone, Paris, 1991, p. 93.
297
Paul TAVERNIER, La Déclaration universelle des droits de l’homme dans la jurisprudence de la
Cour européenne des droits de l’homme, in Les droits de l’homme au seuil du troisième millénaire,
Mélanges en hommage à Pierre Lambert, Bruylant, Bruxelles, 2000, pp. 862-865.
298
Sur cet emprunt implicite : Philippe WECKEL, Le droit international des droits de l’homme et les
autres juridictions et organismes de type juridictionnel à caractère universel, in Droit international,
droits de l’homme et juridictions internationales, Gérard Cohen-Jonathan et Jean-François Flauss
(dir.), Bruylant, Bruxelles, 2004, p. 127.
299
Sur cette distinction : Guy CANIVET, Juridictions nationales et internationales, Eloge de la
« bénévolance » des juges, Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, 2005, p. 813.
300
Ibidem.
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INTRODUCTION
question soit gérée par la source externe301. Ainsi avec le renvoi, un lien
juridique est établi entre deux corpus, ce qui n'est pas le cas avec la référence.
Lorsque l'ouverture à une source externe intervient lors de l'adoption des
instruments internationaux, l'identification de la référence, insérée dans le
préambule, du renvoi, inséré dans le corps du texte, est évidente302. Lorsqu'il
s'agit de l'interprétation croisée, il faut distinguer le cas dans lequel un organe
international se réfère à une source externe en vue de s'en inspirer – dans le cadre
éventuellement d'une appropriation ou exportation de cette source303 – de
l'hypothèse dans laquelle cet organe renvoie à un corpus externe, limitant alors
sa marge de manœuvre en termes d'application et d'interprétation.
La question des articulations entre la source externe et l'instrument interprété
ne relève plus de l'ouverture au corpus externe et sera par conséquent traitée en
lien avec l'impact de la source externe et son influence sur le corpus d'origine304.
A cette occasion sera d’ailleurs abordée la question de la reprise ou non de
l'interprétation authentique qui accompagne une norme lorsqu'il y a réception de
cette dernière.
En ce qui concerne les effets de l’ouverture à la source externe, il faudra
déterminer si les interactions conduisent à une uniformisation de la matière –
avec disparition des différences –, à une harmonisation – avec nivellement des
différences sans disparition de ces dernières, le pluralisme pouvant alors toujours
subsister mais en étant encadré305. Ainsi les interactions entre les normes et
l’enchevêtrement de ces dernières306 posent la question du droit commun
engendré, de sa nature, de sa densité et de sa qualité307.
Par conséquent, les interactions normatives recouvrent de telles diversités,
qu’il n’y a non pas une mais des interactions entre les normes. En effet, entre la
citation de la source externe et la reprise d’un raisonnement externe, la démarche
suivie et les conséquences juridiques sont différentes308. Cependant, au-delà de
cette diversité apparente, une unité se dessine sur de nombreux points ainsi que
l'établira la présente recherche.
301
Sur la distinction entre ces deux notions : Jean-Pierre ROUGEAUX, Les renvois du droit
international au droit interne, R.G.D.I.P., 1977, p. 362 ; Jean SALMON (dir.), Dictionnaire de droit
international public, Bruylant, Bruxelles, 2001, p. 972.
302
Pour une étude plus en détail de ces mécanismes : cf. infra, cette partie, titre II, chapitre 1.
303
Elisabeth LAMBERT-ABDELGAWAD, Les tribunaux pénaux pour l’ex-Yougoslavie et le
Rwanda et l’appel aux sources du droit international des droits de l’homme, in Les sources du droit
pénal, l’expérience des tribunaux pénaux internationaux et le Statut de la Cour pénale
internationale, Mireille Delmas-Marty, Emanuela Fronza et Elisabeth Lambert-Abdelgawad (dir),
UMR Paris, Société de législation comparée, Paris, 2004, p. 105.
304
Cf. infra, 2ème partie, titre II, chapitre 1.
305
Mireille DELMAS-MARTY, Réinventer le droit commun, Recueil Dalloz, Chronique, 1995,
1er cahier, p. 2.
306
Hélène RUIZ FABRI, Propos introductifs sur l’enchevêtrement des espaces normatifs, in
Variations autour d’un droit commun, op. cit., p. 227.
307
Sur la notion de droit commun : cf. infra, 2ème partie.
308
Sur la terminologie des ouvertures aux sources externes : cf. infra, cette introduction, paragraphe 3.
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Une recherche sur les interactions normatives ne peut être réalisée que dans
une approche dynamique. Il s’agit, en effet, de constater des échanges normatifs,
des rencontres, des actions réciproques entre divers ensembles normatifs.
Un vocabulaire emprunté au monde végétal, faisant la part belle aux
fécondations et fertilisations croisées permet de souligner la complexité du
phénomène et d’accentuer la constatation que la matière objet de l’étude
s’apparente à du vivant309. Le vocabulaire de l’étude des phénomènes juridiques
se doit d’évoluer afin de s’adapter à la complexité du champ de l’étude, la
complexité n’étant « pas le contraire de la simplicité, le complexe n’étant pas
nécessairement compliqué. Elle serait plutôt le contraire de
l’unidimensionnalité, de l’unilatéralité, du monisme comme dénégation du
foisonnement créateur de la réalité. En cela, elle prédispose à une intelligence
plus fine du droit ouvrant la voie à un nouveau réalisme »310.
Le changement épistémologique, faisant la part belle à la notion d’« acteurs »
et de « vecteurs » des phénomènes dans la première partie de cette étude et à la
notion de « matrice » dans la seconde est la seule voie permettant d’appréhender
le phénomène des interactions normatives. Un vocabulaire emprunté à la
sociologie peut, dans certaines hypothèses, permettre d’appréhender pleinement
certains phénomènes juridiques internationaux. En l’espèce, les « acteurs » des
interactions – les Etats, les organisations internationales, les ONG ou les juges311
– participent à ce phénomène et y prennent part de façon active. Leur rôle en la
matière peut cependant être plus ou moins important et efficace, tout comme les
« sujets de droit dans un système juridique ne sont pas nécessairement
identiques quant à leur nature ou à l'étendue de leurs droits »312. Les interactions
normatives peuvent prendre des formes opposées – émulation ou rivalité –
ou ambivalentes – compétition ou concurrence et la notion d’acteurs permet de
souligner le rôle de chacun en la matière. Le terme « vecteurs » permet de
souligner, plus que celui de « moyens », le véhicule servant à porter, voire à
transporter les interactions normatives. Il met l’accent sur la dynamique,
le déplacement qui caractérise cette activité. Quant à elle, l’utilisation du terme
« matrice », plutôt que celle de « source », permet de s’interroger sur la capacité
du phénomène des interactions normatives d’être à l’origine d’un droit commun
309
Cf. supra.
310
Jacques LE GOFF, Introduction, in Droit et complexité, Pour une nouvelle intelligence du droit
vivant, op. cit., p. 15.
311
Nombreux sont les travaux s’interrogeant sur le rôle actif du juge en tant qu’acteur du droit. Pour
quelques exemples : Guy CANIVET, Juridictions nationales et internationales, Eloge de la
« bénévolance » des juges, Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, 2005, pp. 799-
817 ; Julie ALLARD et Antoine GARAPON, Les juges dans la mondialisation, Seuil, Paris, 2005,
p. 27 : « les juges et les juridictions ne sont pas supposés être, comme dans un système, les agents
passifs d’un ordre juridique, mais au contraire les acteurs d’un commerce toujours en devenir » ;
Julie ALLARD et Arnaud VAN WAEYENBERGE, De la bouche à l’oreille ? Quelques réflexions
autour du dialogue des juges et de la montée en puissance de la fonction de juger, Revue
interdisciplinaire d'études juridiques, 2008, n°61, p. 109.
312
CIJ, Réparation des dommages subis au service des Nations Unies, avis, 11/4/1949, Rec. 1949, p. 8.
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INTRODUCTION
tout en prenant en compte ce qu’un tel phénomène peut avoir comme lien avec le
vivant plus qu’avec la mécanique313.
Ces choix terminologiques permettront de vérifier l’assertion selon laquelle
« quand un système dépasse un certain seuil de complexité (par sa structure
dynamique et interactive), il ne peut à la fois être complet (au sens de prévisible)
et cohérent (non contradictoire) »314, assertion autour de laquelle s’articule
la problématique de l’étude.
4. LA PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE
313
Ainsi la DUDH a pu être présentée comme la « matrice référentielle » de la plupart des instruments
internationaux de protection : Maurice KAMTO, Charte africaine, instruments internationaux de
protection des droits de l’homme, constitutions nationales : articulations et perspectives, in L'application
nationale de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, op. cit., p. 15.
314
Mireille DELMAS-MARTY, Préface, La tragédie des trois C, in Droit et complexité, Pour une
nouvelle intelligence du droit vivant, op. cit., p. 8.
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