Annales de Philosophie Chrétienne. 1830. Volume 20.

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 536

S3

6tbliatl)cquc
ÉCOLE LIBRE
S. Joseph de Lille
•Digitized^by the Internet Archive
in 2009 witlifunding from
Universityof Ottawa

http://www.arcliiVe.org/details/annalesdephilosQ20pari
TABLE GÉNÉRALE DFS MATIÈRES I»E LA DEUXIÈME SÉRIE. /i85

\\V\ \\VV\\XVVX\VVW%\V\V\VW^V\-V\*'^\V\VVWWV\%V\ WX V-WW- v\V\\\-* VVX-WVWWXVWWjWX vwv ww

TABLE GÉNÉRALE
ALPHA DÉTIQUE

DES MATIÈRES, DES AUTEURS ET DES OUTRAGES

DAXS LES \OLLMES XIII , XIV, XV, XVI, XVII, XVIII ET XII

DES ANNALES DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE;


DV K" 73 At S° 1 1 Û ,

FORMANT LA SECONDE SÉRIE 1»£ CE RECUEIL.

Nous devons prcveuir : l' que celle lable forme le complément de celle qui a
élé mise à la fin (luXIi" vol. Quelques mots qui avaient été omis dans la première
ont élé suppléés dans celle-ci. On ne devra donc pas être étonné qu'il y ait quelques
renvois aux premiers volumes ;
2° que l'on trouvera ici tous les mots des deux
dictionnaires : celui ùe Di/jloinaiiqtie et {Tarclitologic civile el ccclcslastic/uc , et
celui de Liitn/^ic ,
qui se trouvent répandus dans le cours des sept volumes pour
lesquels cct'.e table a été faite.

A Afcel-Rémusat. Sur le nom de Jéhovali


retrouvé en Chine. XIV. 222. Sur le
A. Son origine tirée des caractères P. Prémare, et son opinion sur les
chinois et égypiicns. XVI. 231. 2G5. traditions bibliques conservées en
Des caractères phéniciens. XIV. 269. Chine. XV. 9. 11. Sur Je chinois. 243.
Sa forme dans toutes les langues se- Sur le texte de Confucins relatif au
miliques. 270. Gicc et latin des ins- Saint. XIX. 30. Sur l'époque de la
criptions et des chartes. 278. 282. venue du Saint. 35.
288. Voir les planches qui y sont Ab^^arc. Histoire de sa .".onvcrsion et de
jointes. sa correspondance avec J.-O. XIX.
Abba (l'ubbé). Ses œuvres. XIII. 71. 103. XIII. 17. Sur Je portrait miia-
Abbayes données à des militaires, par culeux du Christ. 165.
Clv,irles Martel. XV. 301. Détails sur Aboiigènes italiques. Leurs noms. XIII.
leur avoué, leur avocat et autres dé- 393.
fen?eurs laïques ou ecclésiastiriues. Abraham. Son époque et son âge. XIV.
348. Leurs bibliothèques dans tout le 10. Appelé Ha'.oulohan, sur une ins-
moycn-âge. XVII. 399. Leurs écoles. cription juive de la Chine. 216. C'est
Voir Béuédictitis et Acliery. le Taii-fou des hisloriens chinois d"a-
Abbé. Origine de celle dignité. XIV. près ^î. dé Paravcy. 2"o, 4Ô4. Alpiia-
349. bct qui !ui est attribué. 274. Quelle
Abbesse. Son origine. XIV. 352. fut sa pairie. XV. 57.
Abel et Gain. Tiaditions dans rOcéanie, Abréviations. Leur origine. XIV. 353.
XIII. 236. Est le Tay-hao cliinois. Leurs dilTérentes contigu rations. 354.
XVI.117.119. Ou Fo-hi,124. ExpJicat. Dans les manuscrits, rangées parordre
de l'hiéroglyphe de son nom. 125. alphabétique. 3i»5. Des iuscriptious,
Touu. XIX. Table générale . iSôg. 3x
1^86 TABLF. GCSkRAI.E DF-S MATIÈRES
manuscrits et noms propres latins , XVI, 19. Est le Meschia des PersM.
commençant par A. XV. 352. Par B. XV. 459. XVI. 126. 132. Monument
XVII. 3!^. m} lliologique qui en offre le souvenir.
Abrévialeurs. XIV. 352. XVIII. lZi3.
Absolution. XIV. 360. Adam Goddemus. Ses œuvres. V. 438.
Absoiutiouis dics. XIV. 332. Adodus. Dieu phénicien. XVIII. 418.
/«JDvdos (Bas-relief d'). Voir table. Adcpliens. Leurs erreurs. III. 339.
Abyssinie (Voyage en). XVII. 321. Livres Adresse des diplômes etc. , XIV. 367.
delà Bible qui y existent. 168. Voir Adrien. Ses œuv. 11.436.
Enoch. Adrien III. Décret sur la liberté des
Académie. Origine. XIV. 360. Nom des élections pontificales. XV.290.
principales. 361. Prog; anime des Adultt re. Comment puni par les lois an-
cours de celle de Paris. XV. 396. De glaises au moyen-àge. XIII. 98.
Louvain. 400. De Genève. 401. ^Egidius. Ses œuv. XI. 59.
Questions proposées par celle de ^giniens. Leurs erreurs. 111.334-
Bruxelles. 242. de Paris, ib. iErieus ou Eriens. Leurs erreurs. II.
Acathiste. XIV. 333. 3.-J5.

Accens ou Esprits chez les Grecs. XIV. Affixes (pronoms). Ce que c'esL XIII.
364. Chez les Latins, ib. 58.
Accolade dans les actes. XIV. 366. Affranchisseniens. Leur origine et leurs
Achaguas. Leur tradition diluvienne. formes. XIV. 369.
XIII. 161. Affre (M. l'abbé). Traité de la propriété
Achaintre. Ses œuvres. XllI. 458, des biens ecclésiastiques. Annonce.
Acheri (M. l'abbé Cahier). Réfutation XV. 84. Examiné. XVI.257.
des assertions de M. Letroinie, sur la Afrique. Nouicllcs religieuses et scien-
cosmographie des Pères. XVII. 260. iij.qucs. Décadence de la religion
Béfutalion de l'assertion de M. Libri, raahomélane à Alger. XIII.389. Col-
que le christianisme a nui au dé- lection d'antiquités de M. Mimaut.
veloppement des connaissances hu- 390. Société scientifique établie au
maines. 2« art. 347. 3« art. Notice sur Caire. 391. Trad. de l'Evang. de St.
les bibliothèques des Eglises et des Matthieu en langue Bichuan du Cap
Monastères au moyen-âge. 399. 4* et de Bonne-Espérance, par les mission-
5» art. Suite des bibliothèques du naires catholiques. XIV.391. Explica-
Dioyen-âge. XVIII. 16. 147. G' art. tion d'inscriptions nubiennes. XV.239.
Sur la science des femmes au moyen- Sur la rose de Jéricho. XVI. 389. Dé-
âge. 215. 7' art. Des écoles du moyen- couverte de l'hist. des Arabes et des
âge. 355. 8^ art De la calligraphie au Berbers, d'Ibn-Khaldoun. Ih. Bulle de
moyen-àge. 434- 9' et 10' art. Sur les la création de l'évcché d'Alger. XVII.
miniatures du moyen-âge, les dififé- 237. Découverte de li\res de la Bible
rentes écoles, les ditlërens peintres. en langue égyptienne. 314.
XIX. 47. 114. 11* et 12' art. Du luxe Agathodémon ou le 2' Hermès. Ses
bibliographique an moyen-âge. 201. livres sacrés. 11.37.
306. Sur l'édition de Hugnes-Métel. Ahori. XIV.333.
XVIII. 240. 400. Voir l'abbé Cahier. Aigle. Recherches sur son usage comme
Actes. Acceptions de ce mot. XIV. 366. sceau el étendaid. XIV. 371.
Actuaire dans les actes. XIV. 367. Aimé-Martin. Son jugement sur les tra-
Adam. Est el doit être en tête de toutes vaux de M. de Paravcy. XV.437. Et
les histoires. XV. 382. Où né d'après sur l'histoire de l'Asie de M. Arba-
les Chinois. XIV. 217. On y trouve des nère. 446.
traces des générations qui l'ont suivi Aimoin. Sur les lettres ajoutées par
jusqu'au déluge. XV. 3;54. Est leur Chilpéric. XIV. 382.
empereur Hoang-Ti, XVI. 115. Ce Air réduit à l'état de solide. X1IL303.
nom expliqué. 130. 131. 137. Tradit. Airenti. Ses œuv. XVIII.472.
sur sa chute. 128. XVIII. 276. Combat Albanais. Leurs erreurs. III.336.
contre Satan. XVI. 359. Sa chute Albéric de Rosald. Ses œuv. V.437.
d'après le Talmnd. XVI. 9. D'après Albertus de Strasbourg, Ses œuvres. V.
les Grecs. XVIII. 143, Teulé par Lilit, 441.
DE LA DEUXIÈME SÉRIE. .'l87
Albis(in). X1V.333. Altesse. Origine de ce titre. XIV.j!i4l.
Alexandre-le-Grand. Du titre du pie- Alvares Pelagius. Ses reuv. V.i38-
mier roi des Grecs, qui lui est donné Aizon (l'abbé d'). Etudes sur saint Jean
dans la Bible. XVII.37. Chrysostome. XVIII. 123. Examen de
Alexandre VII. Sa vie manuscrite. XIV. la traduction des Stroniates. X1X.243.
315. Amant; dans les chartes. XlV.^il.
Alexandrie. Description de celte ville , Aniar du Rivier. Ses œuv. XIV,Zi60.
ses écoles de philosophie et mœurs de Aniauri. Ses erreurs. V,168.
ses habitans.parJI.Guiraud. XIII. 327. Ambasciateur dans les chartes. XIV. Z(42.
Esprit de sou école. XIV. 307. Année Ame. Son immortalité professée dans le
deceaom. III. 297. Penlateuque.XIil. 166. Chez les Ejîyp-
Alexis G. Voir Corabeguille, tiens. XVII. 224.
Alg... (l'abbé d'). Réponse à M. Ampère. Amédée. Ses œuv. IV,188.
Voir Ampère. Améliarcbes. X1V.334.
Alger. Bulle pour la création de cet Amérlqae. Nom elles retlgieusesel."cien-
évùché. XVII. 237. tifiques. Documens nouveaux sur ses
Algrinus (Jean). Ses œuv. XII.Z|15. communications avec l'Europe. XIIÏ.
Alibert (M. le baron). Son dicours d'où- 77. Caractères bébiaïquesfossiles.236,
verture du cours de thérapeutique. Vases et dessins phéniciens trouvés au
XIV.399. Ses œuv. W.lxlU- Pérou. 311. Journal rédigé par un In-
Alinéas (origine et forme des).XIV.371. dieu clierokée. 392. Impression de
Aliturgiques. XIV.334. livres catholiques en langue Ottawa.
Allégories historiques. Leur danger.XV. 454. Un manuscrit du Pcutateuqae
381. Poussées trop loin dans l'écriture aux Etats-Unis. 457. Le Christianisme
par les théologiens protestans. XVIII. y a élê prêché cent ans avant l'arrivée
85. Réduite à ses justes bornes. 93. des Espagnols. XIV. 82. Retour des
Allemagne. Travaux de ses savans contre Jésuites au Brésil. Ib. De nombreux
le Christianisme. XV. 380. Résumé des religieux dans les états espagnols. Ib.
principaux systèmes allégoriques et Sur une opinion qui prétend (;ueles
philosophiques substitués à l'histoire dix tribus d'Israëll'ontpeuplée.XVIII.
de l'ancien et du nouveau testament 399.
par ses théologiens. XVIII.85. Ames et Féaux; leur origine. XIV. 442.
Allent. Ses œuv. XV.475. Ampère , ses œuv. XIII. 71.
Allier. Ses œuv. XIII.71. Ampère (J. J.) Réfutation de son opinipu
Allou (M.). Description des sculp^tures sur le pouvoir des Evêques et des Prê-
deSolesmes. XVL308. très. XIII. 297.
Almanachs. Notice sur les premiers qui Anachronisme dans les actes. XIV. 442,
parurent en Allemagne et leur forme. A nahid. Déesse arménienue confondue
V..238. Leur origine et leur usage. avec Vénus. Xlil. 15.
XIV.373. Analepse. XIV. 334.
Alphabets. Recherches sur leur origine Anaphora. XIV. 335.
et leurs formes dans les divers siècles. Anastasime. XIV. 335.
XIV. 269. 274. Tableaux de l'A aux Anastasion. XIV. 335.
diverses époques et chez divers peu- Ancillon. Ses œuv. XIV. 460.
pies. 282. 288. Histoire des alphabets, Ancre dans les manuscrits. XIV. 444.
du nombre des lett'-es qui les compo- Anges (des) et de la Création primitive;
sent. 374. Grec. 378. Des Latins. 379. par M. Guiraud. XV. 85. Souvenir de
Des Français; vient des Latins. 381. leur chute chez les Chinois. XVI. 355.
Lettres ajoutées par Chilpéric. Incer- Tradition dans le livre d'Enoch. XVII-
titude à ce sujet. Ib. Nombre des 172.
lettres de trente-deux alphabets ditîé- Angleterre. Influence du Catholicisme
rens. 383. Arménien ; dCl aux mission- sur sa constitution. XIII. 85. X1V.85.
naires. XIII. 22. Des dillérens peuples Augmentation du nombre de ses évê-
qui parlent la langue de la famille ques. 78.
gréco-latine. XIII. 271. 393. Rabbi- Anglo-Saxons. Leurs lois façonnées pai-
niques avec planche. XVIII. 293. le Clu-islianisnie, Leurs mœurs. XIII.
Altariumrçdeinptionis. XIV. 334. &2. XIV, 90
.

fiSS TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES


Animarum dies XIV. 335. Eloge de ses fonctions, par Cassiodore.
Animaux anlé-diluvien?. De leur exis- 148.
tence. MIL 39. figure de l'uu d'eux. Antiquités ecclésiastiques. Expliquées.
376. XIV. 182. Voir Acheri et Autels. Ba-
jénnales de philosophie chrétienne, ju- siiique. Dipiouiatique. Traditions.
îjécs par les Annales des sciences de Symbolisme.
Ronie.XIII. 76. Compte rendu à leurs Antiquités égyptiennes envoyées en
abonnés à la lin de tous les volumes. iMancL-. XIII. 390. Société égyptienne
Anv.afei des sciences Tcligiciises de des antiquilés, créée au Caire. 391.
Rome. Articles extraits de ce journal. Anli-Sigma. Ce que c'est. XV. 216.
Jugement sur nos Jnniilcs. XIII. 76. Antoine. Ses œuvres. XII. 406.
XVI. 230. Profession de foi de Volta. Antoine André. Ses œuvres. V. 433.
Xni. 307. Sur la vie d'Innoncent III Antomarcbi. Ses œuv. XVIII. 76.
de H:irter XVI. 278. 414- Sur l'expli- Autropophages de l'Asie XV. 240.
cation dumol hébreu ^//H.é.XVII.SOl. Apocreos, XIV. 338.
Leurs réducteurs. 432. Annonce de ApoUinarisles. Leurs err. II. 336.

leurs dilTérens art. XVI.229.XVIL82. Apostilles. Danslesmanuscrits. XV.217.


398. XVIII. 321. XIX. 84. 484. Apostolique. Valeur de ce litre. XV. 218.
Annales de la propagation de la foi. Sur Règle pour en reconnaître l'emploi
l'état de la religion en Chine. XVI. chronologique. 219.
148. Apostoliques (les). Leurs err. V. 176.
Annales des monastères. Leur origine. AposloHum. XIV. 338.
XVIII. 156, Arabes (histoire des) retrouvée. XVI.
Anneaux à sceller. Leur origine. XIV. 389. Leur écriture. XV. 219. Compa-
444- Leur usage dans les actes. XV.38. rée à Ihébreu et au copte. XIII. 59.
Année. Historique de son origine et de des A et des B. XIV.270.XVI. 231.
sa formation chez les divers peuples. Arabesques des raanusci ils. XVIII. 447.
XV. 25.30. Diverses manièresdecomp- Aram. Son nom expliqué et son pays.
,

1er les années cliez les peuples. 256. XV. 457.


261. Voir aussi Cycle. Ararat (mont). Sa géologie. XIV. 394.
Anniversaires. Leur origine. XV. 36. Arbanère. Examen de son analyse de
Annonce. Ce que c'est en diplomatique. l'iiisloire de l'Asie. XV. 437.
XV. 37. De l'anneau et du sceau. 38. Arc-en-ciel. En Chine. XIV. 221.
Des souscriptions et des témoins. 46. Archevêques. Origine. XV. 220. Noms
Du monogramme des actes. 209. Des de ceux qui protègent les Annules.
Investilures. 212. Du cyrograplie. XVI. 462.
214. Archichancelier. XV. 222.
Annonciaiion (!') exprimée en vers tirés Archichapelain. XV. 225.
des poëmes d'IIomère. XVIII. 52. Archidiacre. XV. 266.
Annotation dans les actes.
; XV, 214. Archiduc. XV. 267.
Annoliuc. XIV. 335. Arcbiprttre. XV. 267.
Annus gratiœ. XIV. 336. Martyrum. id. Archilriclini festura. XIV. 338.
Trabeationis. id. Archives ou dépôts d'actes publics. Leur
Anol3lissement. Son origine. XV. 216. origine. XIV. 367. XV. 268.Eu France.
Anselme (Saint). Sa vie et ses princi- 269. Ecclésiastiques. 271.
paux ouvrages analysés dans une Archivistes. Leurs fonctions. XV. 277.
thèse. XIII. 200. Argyrophiles. Leurs err. VI. 165.
Anihoîoge. XIV. 337. Argyrus (Isaac). Ses œuv. V. 442.
Aniidorus. XIV. 337. Arianisme (1'). Son caractère. XIV. 309.
Anti-Lambda. Ce que c'est dans les ma- Arislote. Sur le mot jour. XIII. 36. Sur
nuscrits. XV. 216. les premiers principes. 200. Sur l'ex-
Anti-Mcnsia. XIV. 337. position des enfaus. XIV. 210. Sur les
Anliochus Sidètes. Epoque de sa mort. quatreruceshumaines.XV.lie.Sonin-
XVII. 37. fluence païenne signalée par Savona-
Anliquaires de France. Travaux de la rôle. 192.
société. XVI. 308. Armarius. XVIIL 24-
Anliquarius. Ce que c'était. XVIII, 25, Arméniens. Leurs croyances antiques:
DE L\ DEUX lEME sÉRii: 489
leur conrersion au Cliristianisiue et tholiques liollandaisdans l'Inde. 153.
leur schisme. XIII. 1. Reviennent au Martyre de M. Marchand, mission-
callioiicisnic sous Innocent III. XVI. naire en Cochinchine. 154- IJn mi;>-
41s. Traduction française de leur iiis- ^ionnaire eu Corée. 16. Euvoi en
toirc. XIX. 19. Diliërensdiclionnaircs France d'idoles iiuliennes. 332. Re-
de leur langue inédits. 10. tour de l'expédition ?ur l'Euphrate.
Aimoiries. Leur origine. XV. 278. Des ib. Géologie du mo!:t Ararat. 394-

papes. 283. Marques des dignilés hé- Travaui litléraiies des missionnaires
réditaires sur les armoiries. 284. français dan» l'Inde. XV. 164. Elude
Armorum Chrisli festum. XIV. 339. dela langue chinoise ù S. Pétersbourg.

Arondel (.Marbres d'). XV. 338. 240. Hindous habitant sur des arbres
Arpbaxad. Quel pajs ii peupla. XIII. et antrnpopliages. ib. Propagation des
56. XV. hôG. sciences européennes à Canton. XVI.
Arrct. Son origine et ses élvuiologies. 147. Etat du christianisme en Chine.
"
XV. 337. 148. Nivellement de la Méditerranée et
Arri (l'abbé). Dissertation sur les tem- de l'Euphrate. XVil. 3t7. Géologie
ples du feu, dont parle la Bible. XIV. de la Syrie. i'\ Adoration des idoles
27. Cciijeclures sur les lettres phéni- iuiposée aux ogens anglais. 318. Mé-
ciennes. 276. Découvre Thisloire des dailles et monumensbaclriens envoyés
Arabes d'Ibn-Khaldoun. XVI. 389. à Paris. 397. Mission chrclienne fon-
Arri;rc-ban. XV, 338. dée au milieu d'une population de
Art (de V) chrétien et de l'art païen, par lépreux ù Surinam. XVIII. 160. Etat
M. de Maislre. XIII. 2Ii. XIV. 53. de la mission chrélienne à Ptkin et
Défense de l'art païen. XIII. 4 30. dans la Tartarie Mongole, ib. Persé-
Défense de lart clirélien. 1/|2. Arts sécution au Fo-kien conlre les chré-
protégés par les papes. 117. 180. Ven- tiens. 162. Mission chrélienne de M.
gé et purifié par Savonarole. XV. 201. d'Abadie voyageur en Abyssinie.
,

303. Etat de l'art religieux en France. 240. Conversion au catholicisme d'un


XVI. 72. Les arts chez les Egyptiens. évêque jacobite. 399. Conversion d'un
xv'ii. 224. évèque nc-storien. 300.
.\riaad (M.). Analyse de son histoire du Asiles (des lieux d') chez les anciens.
pape Pie VII. XVI. 50. XV. 342.
Articles ;dans les chartes. XV. 33S. Asole (fcte). XIV. 339.
Arlziburc. XIV. 339, Asphaltite (kic). Sa formation. XIV.
As (1'). Ce que c'est. XV. 339. 123. Voir Canelo.
Asccnsa domini. XIV. 339. Assemblées du clergé. Ce que c'est et
Asie. Ses premiers habiîans d'après la leur but. XV. 339. Assemblées natio-
Genèse. XIII. 50. Carte nouvelle d'a- nales. 340.
prî s les missionnaires. 304. Etat des Assignation. Son origine.. XV. 34I.
sciences. XVI. 14".
Assignats. XV. 341.
Asie. iSourcl'es religieuses cl scienlifi- Assuérus. Qui il est. XIII. 258.
qucf. Sur sa population. XIII. 50. Assumpti. XIV. 340.
Expédition du colonel Chesnaj-, pour Assur. Nom et pays. XV. 450.
la navigation sur l'Euphraïe. 80. Assyrienne (écriture), est l'hébreu
carré
Nouvelle carte par les missionnaires. d'aujourd'hui. XVIII. 299.
30^. Etat de la religion à Ceylan. 309. Astèques. Leurs traditions sur le déluge,
Expédition surl'Eu-phrate. /^.Travaux conformes à celles de la Bible. XV.
des mis^ionnaircs protcstans dans 394. 447. 452.
l'Inde, ib. Traduct. de la Bible en Astericiv-, XIV. 340.
Maritcbou. 389. Etablissement d'une Astérique. De sou usage. XV. 341.
mission de Jésuites daus le Maduré. Astres. Voir Sabéismc.
455. Décret de l'empereur de la Chine Astronomie. Recherches sur les divisions
contre le chri-lianisme. ib. Etat des du jour et des heures, chez les peuples
missions calholiques en Syrie. Mort auciens et modernes. XV. 253. Voir
de trois missionnaires. XIV. 79. Re- aussi Année. Concordances des cra-
tour de l'expédition sur l'Eupbrale. hiations astronomiques et des pério-
80. Traileœenl des missionnaires ca- des avec les divisions du jour. 255.
490 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈUES
N'est pas ancienne dans l'Indouslan.
XIX. 339. Ses découvertes favorables B
à la religion. IV. 39, Son influence sur B. Son origine chinoise et égyptienne,
les fêtes des peuples anciens. XVL 136. XVI. 231. 237. Tableau des B Sémi-
Aslésau. Ses œuv. V. /i42. tiques. 235. Des inscriptions en grec
Atbanase, ou relation de l'affaire de Tar- ancien. 2A0. Cursif et ?vlinuscule. il).
chevêque de Cologne par;
J.Goerres. Ses âges. 242. Voir les deux planches
XVII. 297. qui y sont jointes. Explication des ab-
Athée (P) devenu chrétien. VoirDelauro. bréviations commençant par la lettre
Athéisme. Ce que c'est. XVI. 398. B. XVII. 3!i.
Audiey (M.). De l'inlluence du Chris- Baadcr. Ses œuv. XIII. 71.
tianisme sur la constilulion anglaise. Baalim. Expliqués. XIV. 34-
XIII. 85. XIV. 85. Iniroduction à Babylone fut le premier foyer de l'idolà-
la vie de Grégoire VII. XV. 288. XVI. trie. XIII. d2. Sa fondation. 56.
172 XIX. 270.
Audouin. Ses œuvres. XV.475. Bach. Thiise sur la philosophie de saint
Auguste. Autel élevé au Messie. XIV. TImmas. XIII. 194.
62 Baccio dclla Porta (fra Benedello.) Cnm-
Augustin (S.j. Explicalion de la créa- ment de peintre, se fit moine. XV.
lion. XIII. 34. Sur la chronologie des 308. Dévouement pour Savonarole.
patriarches. XIV. 8. 9. Cité sur le 313.
Icxle de Moïse. 14. Allègue les Sibyl- Bachelier, XVI. 243.
les. 68. Ce qu'il dit de l'enseigne- Bacon (Roger). Découverte de ses ma-
menl humain. 242. Sur la circoncision, nuscrils. XIII. 154.
comme remellanl le péché originel. Bacon (le chancelier). Examen de sa phi-
XVII. 243. Sur la cosmogonie. 260. losophie par M. de Maislre. Extrait.
Sur l'écriiure hébraïque. XVIII. 341. XIII. 24. Examen détaillé de cet ou-
Augustinde Rome. Ses œuvres. VI. 176. vrage. XV. 405. Examiné et comparé
Augustines (les). XV, 343. ù S. Thomas de Canlorbéry , par M.
Augustins (les). XV. 343. Ozanam. XIV. 113.
Aumusse. XV. 344. Bactriane. Antiquité de ce pays. XV. 55.
Auréolus (Pierre). Ses œuvres. V. 433, Ce qu'en disent les anciens géogra-
Autel chrétien. Sa matière, sa forme. phes grecs et égyptiens, 58. Médailles
XIX. 435, et monamens découverts. XVII. 397.
Autels chez les anciens Hébreux et Bagnoliens. Leurs err. III. 338.
autres peuples. Recherches sur leurs Bahir, Livre. XVI, 244*
noms , leurs formes et le culte qui Bailli. Son origine. XVI, 244.
s'y pratiquait, XIV, 32, XV. 344. ^. Bailliage. XVI, 244.
aussi Temples. Forme de quatre au- Bailly. Méprise sur les divisions du zo-
leisayant servi au culte du feu. XIV. diaque. XV. 257.
ItS. Bain (ordre du). XVI. 245.
Auteurs profanes conservés par les mo- Baiophore. XIV. 340.
naslères. XV III. 30. 31 , et les noies. Baiser de paix. Son origine. XVI. 245,
Preuves hisloriques. 147 Des pieds. Son origine. 246.
Auteurs modernes. Voir Nécrologie. Bal ou Bel. Doit tire II. XVIII, 408.
Authentiques, Sens do ce mot en diplo- Balbi. Famille des langues gréco- latines,
matique. XV, 345. Ses caractères dis- XIII. 270.393.
linclifs. 10. Ballanclie (M.). Sur la parole. XIV. 324.
Autographe. XV. 340. Balthasar. Quel est ce roi. XVI, 317.
Autorités, En diplomatique. XV, 348. Bama et Bamolh. Ce que c'était. XIV,
Avenanins (Ant.). Ses œuvres. XII. 404. 34-
Avocat. Son origine, \V. 348. Ban. Ce que c'est, XVI, 246.
Avoué, Son origine. W. 349. Ban de l'empire. XVI. 246.
Axum. Description de celte ville. XVII. Banc du roi. XVI. 246.
330. Lecture d'inscriptions. Voir Le- Bande (ordre de la . XVI. 247.
ironne. Randetlini, Ses œuv. XIV. 461.
Aïymorum festnm. XIV. 340, Banians. Leurs croyances. MX, 463.
DE LA DtUXIEMC SEniE. kn
Sannerél (chevalier . XVI. 2M. Bénéfice. XVI. 447,
Banquiers. Leur origine. WI. 247. Ex- Bennon (St.). Ses œuv. IV. 185.
pédilionnaires en cour de Rouie. /^. Benoit (Guiii.). Ses œuv. XII. 414.
Baptistères. Leur forme et leur place. Benlinck. Ses œuv. XVIII. 472.
XIX. litilx. Bcrchoux. Ses œuv. XVIII. 472.
Baptistes arminiens. Leurs err. XIII. Berengariens. Leurs erreurs. IV. 182.
244- Bercnger le poète. Une méditalion.XIV,
Barbe. En diplomatique. XVL 248. 149.
Barbé Marbois. Ses œuv. XIV. 461. Beigier. Sur le mot jour. XIII. 37.
Barberino (Fi ançois). Ses œuv. V. 436. Bernard (St.) au concile d'Elainpes.
Barhuim (Bernard). Ses œuv. V. 436. XIII. 212. Prière que le Dante met
Barnabiles. XIV. 465. dans sa bouche. 198. Son iniluence à
Bainabiles (ordre des). XVI. 251. son époque. XIV. 177. Découverte de
Baron. Son origine. XVI. 251. sou sceau. XVI. 225.
Baronius. Sur les Sybilles. XIV. 69. Bernardins et Bernardines. XVI. 449.
Baronnets (ordre des). XVI. 251. Bérose. Sur le déluge. XV. 388.
Barrés (frires). Pourquoi nommés ainsi. Bertier. Ses œuvres. XIV. 461.
XVI. 252. Bertrand évèque de Metz. On lui doit
,

Barthé'emy De Las Casas. Son zèle pour l'origine des archives ou depuis d'ac-
les Indiens. XVI. 203. tes. XIV. 367.
Barlhélemiles (ordre des). XVI. 252. Bertrand de Goulh, ou le Pape Clément
Barlhole de Sasso-Ferrato. Ses œuvres. V. Ses œuvres. V. 436.
V. 439. Besant. XVI. 450.
Barlholomée de la Concorde. Ses œuv. Bésigèle. XIV. 341.
V. 436. Besloujey. Ses œuvres. XV. 475.
Barulus (Gab.). Ses œuv. XII. 410. Bethléem (évùché de). XVI.449.
Basile (ordre de S.). XVI. 253. Béthléemiles. XVI. 450.
Basile (Suint). Sur le ciel. XVII. 2(;-8. Beudant. Sur la réalité du déluge. XIII.
Basilicos. Diflicuilé sur cem0t.XVII.4i. 48.
Basilique des premiers siècles. Pians et Bible (la) est la plus ancienne histoire
description de ses parties. XVII. 419. du monde. XllI. 50. Tableau de la
420. XIX. 344. 421. concordance de ses récits avec les
Basiliques. Chez les anciens et dans le traditions des peuples. 157. Monu-
Christianisme. XVI. 253. Lois dites ment qui la confirme. 305. Traduite
basiliques. 254. en manichou. 339. En oltawa. 454.
Bàl ards. Dans les chartes. XVI. 254. Au henticilé de la chronologie du
Bauiain (M. l'abbé). Lettre à Mgr. révo- texte hébreu. XIV. 7. 213. Portée par
que de Strasbourg. XV. 354.4i'7. Elat les juifs en Chine et dans l'Inde au
de son atTaire à Rome. XVll. 339. 43G. 3" siècle avant notre ère. 8. 226.
Baux. XVI. 255. Retrouvée par les P. jésuites. 214.
Bayer. Rectification de son tableau des Mentionnée par un historien chinois.
générations anté- diluviennes. XVI. 226. Ses patriarches sont les mêmes
134. 136. que les empereurs chinois. 233. 454.
Beauforl d'HautpouI. Ses œuvres. XVII. Défendue contre les objections géolo-
78. giques. 13. Explication des passages
Beau jour. Ses œuv. XIII. 458. où il est parlé des hauts lieux et des
Béguines (sœurs). XVI. 436. temples de feu. 27. De ceux où il est
Bel. XV. 56. Et voir Bal. parlé des cours du Jourdain. 119.
Bellanchi. Ses œuv. XIX. 477. De quelques-uns des mots hébreux
Beltidum. XIV. 341. qui prouvent la révélation primitive
Belus. Son existence. XVIII. 416. et l'origine divine de langage. 317.
Bénédictines. XVI. 446. Traduite par les missionnaires catho-
Bénédictins (ordre des). XVL 437. Leur liques en Bichuan. 391. La véracité
règle. Leur histoire. 442. DeSt.-Maur. de ses faits attaquée par l'école d'Al-
444. DeSolesmes. 445. XIV. d82. Ce lemagne et quelques autres savans
qu ils font pour l'éducation auraoyen- français. XV. 380. 381. Voir aussi Abra-
ôgf. 102. ham, Déluge. Autres particularité»
,

k92 TABLE GKNÉnAI. E DLS M.^TIERES


conccriKiiil les patriarches. 392. Ses ques critiques sur un article de M.
récilsconfiimés par divers inoiiuRicns. Lenormand. 50. Passim. Sur un mo-
XVII. 35. Livres qui existent en nument égyptien rappelant le souve-
,

Abyssinie. 468. En langue égyptienne nird'Adam et d'Eve. 452. Concor-


dccouverle ou Caire. 314. dance des différens peuples sur le dé-
Eibliolhécaires. Leurs nnmsdivers.XVI. luge. 457. Sur les dix générations qui
It50. XVIII. 23, 25. Importance de l'ont précédé. 403. XV. 25). Observa-
leurs fonction?. 27. lion sur un article de M. Munk. XIII.
BiMiolhèques des couvens. Si! est vrai 478. Tableau des connaissances hu-
qu'elles ne renfermaient que deslivres maines d'après l'Encyclopédie. 269.
de dévotion. XVII. 355. Recbercbcs Examen des lettres de &l. Lnurenlie
sur Texislence des plus anciennes à une mère sur l'éducation de son
,

et auteurs qui en ont écrit. 358. fils. 370. De la prétention de faire u»

Noms latins donnés aux bibliothèques nouveau christianisme. Réfutation


anciennes. 360. Recherches critiques d'un ouvrage de M. Macliet. 409. Sur
sur les bibliothèques des églises et une justification de M. de Lamartine.
des nionaslt-res au uioyen-àge. 399. 425. Coniple-rcndu aux abonnés. 446-
Biens ecclésiastiques (examen du traité Et à la fin de chaque volume. Explica-
de la propriété des). XVI. 255. tion des planches dus temples dédiés
Bill. XVL 451. au feu. XIV. 49, Compte rendu des
Billets de mort. XVI. 451. souvenirs d'un voyage. 51. Disserta-
Biographie des crovans célèbres. Xl\. tion sur les oracles et en particulier
447. sur une prophétie de la Pythie de Del-
Biothanati. XIV, 341. phes concernant J.-C. 62. Analyse de
Bissextile (année). XVI. 451. la Iraduclion des pères de l'église, de
Biaise (oriire de St.). XVI. 451. M. de Gcnoude. 441. Recherches sur
Blancs Manteaux (ordre des). XVI. 452. les anciennes liturgies des églises gtec«
Blason. XVI. 452. que et latine. 180. Dictionnaire de diplo-
Bluuicnhach. Système sur la configu- matique, ou cours philologique et
ration des crânes. XV. 420. Sur les historique d'antiquités civiles et
races. 429. ecclésiastiques; 44 articles. Voir ce
Bochart. Ses œuvres. XIII. 54. mot. Analyse des conférences de M.
Bodin. Ses œuvres XIV. 461. de Ravignan à Kolre-Danie de Paris.
Bœine. Ses œuvres. XIV. 461- Voir Raxignan. De l'origine indien-
Boélliius (Hcct.). Scsœuv. XII. 416. ne que l'on veut donner au christia-
Boilcau. Traduction d'un passage en la- nisme et de la dé-^ense qu'elle exige.
tin, XVIll. 385. 448. Sur l'unité des races; extrait de
Boisseau. Ses œuvres. XIII. 70. l'ouvrage du D. Wiseman , sur l'ac-
Bollandisles. Continuation de leur col- cord des sciences et de la religion. XV.
lection. XIV. 393. Les premiers au- 114. Traduction et analyse de l'ou-
teurs. XVI. 452. Leur collection est vrage du P. Prémare, intitulé Vestige
:

de 53 non 43.
vol. in-fol. et des principaux dogmes chrétiens que
Bon Pasteur (la maison du). XVI. 454- l'on retrouve d;;ns les livres chinois.
Bon Sauveur (les filles du). XVI. 45. Voir le P. Prémare. Avis aux abonnés
Bon-Secours. XVI. 455. sur la direction prise de l'Université
Bondil (M. l'abbé). Examen de son in- catholique. 463. Sur la direction des
troduction ù la langue latine. XVIII. ^4nnalcs dans la question des arts.
381. 489. 303. Sur le Tableau de l'univers
Bonnardel. Ses œuvre;. XIlï. 458. de M. Daniélo. 229. Sur le pape Gié-
Bonnet. XVI. 453. goire VII. 286. Examen et réfutation
Bonnets carrés du cle:gô. XM. 454. de quelques doctrines matérialistes
Bonnetly (A. directeur des .-Innalis). et panthéistes. 369. Analyse de la
Sur un ouvrage dutomtede Maistre. lettre de M. l'abbé Laccrdaire, sur
XIII. 24. De l'inlcrprélation donnée, l'étal de la papauté. 425. Examen de
par les pères et les docteurs, aux dif- l'histoire de l'Asie de M. Arbanèrc.
férens mots qu'a employés Moïse', 436. Sur un monument hiéroglytique
pour raconter la création. 31. Remar- jappelant le souvenir du déluge, cou-
DE LA LEUXlfeMK SÉP.IE. 49S
Examen Boucheron. Ses œuv.
serve chci les Astèques. 457. XVII. 78.
derhistoircdupapePieVII, deM.Ar- Bouddhisn.e. Ses emprunts au christid-
laud. XVI. 50. De la traduction de nisnie d'après M. Daniélo. XIX. 459.
riiistoirede Grégoire VII, de Voigt, Invasion de ses doctrines. XV. 380.
par l'abbé Jager, 181. Examen etcriti- Boudrot. Ses œuv. XIV. 461.
que i\e la < Il II te d'un ange de M. de Ldi- Boustrophédon. Origine et modèle de
martine.SG/i.Auxabonnés.ojl.Analy- cette écriture. XVI. 456. XVIII. 305.
Fe de plusieurs moimmens confirmant Boutard. Ses œuv. XIII, 70.
la vérité du déluge. XVII. 35. L'iier- Bovet (Mgr. de). Examen deson histoire
luéuianisme.son origine, ses progrès, des derniers Phaiaons, etc, selon Hé-
sa condamnation et son élot actuel en rodote et la Bible.XIII. 258. Ses œuv,
Allemagne. 85. Notice sur le livre d'E- XHI. 78.
iioch. 161. Traduction de quelques Bovin (Pier.) Ses œuv. XII. 416.
chapitres de ce livre. 172. Analyse du Brahmanisme. Sou histoire, ^'oi^ Ilin-
voyage en Abyssinie de MM. Combes dous et XIV. 260.
clTamisier. 321.Examendela traduc- Brandeum. XIV. 342.
lion on vers français du poème de San- Biandones. XIV. 342.
nazar, surTenfantenient de la Vierge. Brazier. Ses œuv. XA'III. 76.
XVIII. 50. Analyse d'un article de M, Bref. Ce que c'est en diplomatique.
Quinet , sur la théologie allemande. XVII. 18. Des rois. 19. Des papes. 20.
85. Sur le mémoire de l'abbé Lacor- Exemple d'un Bref en français. :^1.
daire, concernant le rétablissement de Brésil. Mission nouvelle des jésuites.
l'ordre des Frères Prêcheurs. 165. XIV. 82.
Analyse des hymnes sacrées de M. Brésiliens. Leur tradition diluvienue,
Turquety. 226. Examen critique des XIII, 160.
recueillemens poétiques de M. de La- Breton (le).
"
Examen de cette langue.
marline. 233, Sur la méthode del'abbé XIV. 387.
Bondil pour l'étude de la langue la- Breton. Ses œuv. XIV. 461.
tine. 381. Examen critique de la phi- Brevia. XIV. 342,
losophie catholique de l'histoire de Bréviaires de Paris et autres,Leurschan-
M. le baron Guiraud. XIX. 135. Sur geuiens. XIV, 198.
Une inscription chrétienne trouvée à Brigitte (ordre de sainte). XVII, 21.
Autun. 195. Analyse du Dernier jour, Broussais, Sa profession de foi maléria-
poëme de M. Reboul. 215, Piéponse à li^tc.XIX. 305. Obscrvalionscritiqucs.
l'attaque d'un journal, 243. Dos doc- 367.
trines matérialistes à l'occasion de la Bruce. Sur le livre d'Enoch. XVil. 169.
professsion de foi de Broussais, 364. Brugnot. Ses poésies. VII, 15C.
376.Projetde changement danslapu- BurkIand.Surlemegâthcrium.XIII.377,
blication des Annales. 4'j6. Buhrz Santez Xonn , ou Vie de sainle
Bonnetty (Eugènej. Visite aux ruines de Nonne. XIV, 384.
S, Hugon. XIV. 72. Bulle, Ses dilTércntes espèces. XVII, 22.
Bore (M. Eug.) Histoire religieuse de Buridan J^-an). Ses œuv. V, 439.
l'Arménie. XIII. 7. Examen de la Bi- Burnouf ( Eug.) Sur l'hist. politique de
ble de M. Cahen. 111. l'Inde. XIV. 4O6. Sur ses dynasties.
'
Bonpland (M.) Nouvelles de ce voya- 41().
geur. XIV. 83. Burton. Sesœuv. XIIL 71.
Bons-Hommes. XVI. 455. Buxlorf. Sur les fables du Tùlmud. XIV.
Bossuet. Sur les six jours. XIII. 38. Ses 439.
autographes. XIV. 312. C
Botta. Ses œuv. XV. 475.
Boussole. Connue des Etrusques. XVIL C. Origine et forme variée de cette let-
316. tre tirée des écritures chinoises et
Bouclier. XVI. 455. égyptiennes. XVII. 334. Minuscule et
Boubée. Refuté sur un passage de la Ge- cuî-sif. 339. Capital des inscriptions.
nèse. XIIL 43. 342, Et les planches VIL VIIL
Bouchardus (Almaricus). Ses œuv. XII. Cabale. XIIL 229, XVI. 10. XVII. 343.
417. Caccianino. Ses œuvres. XVII, 79.
Tome XIX. Tuite générale. iSSq. 52
h9h TAïîi.r (;K^É^.ALF. des matik.rks
CodmiiS. N'a pas récnlnre. Capilalt^ dos inscriptions. Voir A. Ë. C.
inventé
XIV. .376. Cnpililavium. XIV. 3/14.
Caben. Sur sa biblr. XIH. iH. Capiiole. Autel dédié au Aîcssie, jt^r
Cahier (l'iiblié). Idée d'une basilique Auguste. XIV. £2.
<liiélieunc. XIX. S/j/j. i21- Capitolins (jeux). XMil. 211.
Caillé. Ses œuvres. X\ Ht. 76. Capitulaires (les). XVIII. 211.
Caïn. Fils de Satan selon les Rabbins. Capilulalion. XIV. 544.
XM. 18. Est le Cbao-hao des Chinois. Capuce. XMII. 212.
117. 134. Ses noms. il/. Ses ministres. Capucins (ordre des). XVIII. 212. 309.
118. Caputjcjunii. XIV. 345.
Caisse de vétérance en faveur du clergé caractères de toutes les langues séniiti-
(projet d'une). XIII. 438. Bases sur ques. Voir alphabets. Langues. Chi-
lesquelles elle devrait CHre fondée.440. nois classés. XV. 329.
Calatrava (ordre de). XVII. 346. Cardinal. Son origine. XVIII. 309.
Caldérinus (Jean). Ses œuvres. V.439. Carenientranum. XIV. 345.
Calendes. XVIII. 199. Caréna. XIV. 345.
Calendrier. Son innuence sur les fables Carmes. Leur origine. XVIII. 313.
et cultes. X\'I. 125. Extrait du
les
Carne, en liturgie. XIV. 345.
L 127. 129. 134. Des d.vers peu-
-ki.
Carni priviura! XIV. 345.
^P'-^": 209. Carolins (livres). XVIIL31fi.
,.
Ce. endarum festum.
^V,l^-
342. \n e.;.i-,!ïow. Sur les deux traditions des rah-
Calenos. Al\. 342. ^-g
j^j^^g ,^jY
Calligraphie au nioyen-ftge. Voir Acbéry.
Carre]'. Sesœuv. XIII." 458'.
Caloyers et Caloyires (ordres des). ^ .,,,,,,.« ^ ,.

XVIII '^01 f''"""» re (1 abbe). Examen de son


,
livre

Calvaire ^congrégation de \-. D.' du\ ^ de Matrimonio. 210. X\L


XMII 201 Carte nouvelle de
Asie par les niission 1

naiies. XI IL 304.
Calvin. Ses disciples en Amérique. XIII.
-g_ Carthage. Fouilles projetées. XIV. 391.

Calza (ordredela). XVIII 202. Carthaginoise (langue). XIV. 275.


Camail. XVIII.202. Carthophylax (le). XVIIL 27.
Camaldules (ordre des). XVIII.202. Cas privilégié. XVIII. 317.
Camérier, XVIII.203. Casaubon.Réfutésurlesoracles.XIV.G?.
Camerlingue. XVIII.203. Cassan. Ses œuv. XIV. 461.
Companorum festum. Xl\. 343. Cassin (M.) Bulletins des concours. An-
Camper. Son svsltme de l'angle facial. nonce. XV. 241.
XV. 120. Caslellan. Ses œuv. XVII. 79.
Canaveri. Ses œuvres. XIH. 71. Castes. S'il en existe en Chine. Objec-
Cancellalion. Ce que c'est. XVIH. 204. tions et réponses. XIIL 348. 355.
Candelière (la). XIV. 343. Cathédrale. Voir Séville et Basilique.
Caneto (l'abbé). Réfuté par M. Le- Cathédiatiquc. XVIII, 317.
tronne, sur le cours du Jourdain. Catherine (ordie de Ste). Son origine.
XIH. 204. Sa réponse. XIV. 119. XVIII. 318. Du Mont Siuaï. 319.
Dissertation sur le Dinothéiium. 408. Catherine de Sienne (saiule^ Sesœuv.
Canon. Diverses acceptions diplomati- V. 441.
(|ues de ce mot. XVIII. 204. En Catholicisme. Son influence sur la cons-
lituigie. XIV. 543. tilution anglaise. XHI. 85. XIV. 85.
Canonisiiliou. XMH. 2o9. Catholique, \aleur do ce nom. XVIIi.
Canstiise, XVIII. 210. 319.
Cantatoiium. XIV. 344. Causes finales. Niées par M.DcLaplace.
Canus (Melchior). Sur les lieux Ihéolo- Réfutation. XIV. 23'
giqiies. XIX 363. Cedrcnus. Sur la Pythie. XVI. 64.
Canut. E.sprit de ses lois. XIH. 105. Célestins. Leur origine. XVIII. 51?.
Capacité. Eu malidrcKnéficiaie. XVIH. Ccllerier. XVIH. 31'.'.

211. <ellcs ou Cellules. XVHI.31^.


CapcUani. XVIIL 25. Cellitcs. Leur oiiginc. XVIII. 320.
CypiscoL XVHI. 211. Cellule, XIX, 23 •,
DE LA nEUXlÈME SÉUIE
Celles. Leur tradition diluvienne. XIII.ment. Réforme, etc. XIX. 384- Cha-
160. noines-cardinaux. 399.Capitulans,etc.
Cénobites. XIX. 233. Chanoines liérédilalrcs, forains, ex-
Censeur roniaîn. XIX. 237. peclans, etc. 399. Jubilaires. Pen-
Censure ecclésiastique, XIX. 237. sionnaires. Nobles. Pointeurs. Régu-
Censure des livres. Son origine cl à qui liers. 400. Tertiaires. 401. Réguliers.

elle appartient, XIX. 233. 394. Séculiers. Id.


CenUiures. De quelle nation. XIX. 94. Charleniagne, Lettre au pape Adiici»
Connus en Chine, Leur figure. 9*5. retrouvée, XVI. 02..
Ceraunion. XIX. 239. Chartu; donationnm. XIV. 34<'.
Cercles des bulles. XIX. 239. Chartreux, Leurs manuscrits rélébrcsi
Cerise (le docleur). Observations sur la par leur correction. XVIII. 22.
profession de foi de M. Bronssais. Chazinzaricns. Leurs erreurs. III. 334.
XIX. 304. Chemco!la. Ses œuvres. Xlîï. 70.
Certificat, Voy. Cédule. Cheristimus. XIV. 34!'.
Ccriilude, Comparaison des opinions des Cherokee, Sauvages américains rédigent
écoles philosophiques avec la méthode un journal, XIII, 392.
théologique. XIV. 241. Chéry. Ses œuvres. XVIII. 76.
Ce) lau(ile de). Etal de la religion, Xlil, Chevreau (l'abbé). Son «ours d'archéo-
309. logie. XIV. 464.
Chaire stercoraire. XIX. 240. Cheverus. Ses œuvres. XIII, 458.
Chalumeau pour la communion. XIX. Chi-kin?. Un des livres sacrés chinois.
240. XV. 22. 142. Sur l'Unité de Dieu. XIV.
Chaldéens, Leur tradition diluvienne 228, XV. 142. Sur la perversité hu-
XIII. 158. Leur origine. XV. 57. maine. XIV. 229. Sur la concupis--
Chaleur primitive et centrale de la terre cence, 230, Sur la vertu. 231. Sur
XIII. 40. 79. XV. 238. la naissance du Saint. 232. XIX. 43^
Cham. Quel pays il a peuplé. XIII. 57. Ode attribuée à Satan. XVL 359. Sur
XV. 455. Ses flls. 457. Qui il est ca la chute de l'honmie. XVIII. 276. Sur
Chinois. XVI. 124. la femme. 279. Sur le Saint. XIX. 29,
Ciambellan. XIX. 241. Devant paraître en occident. 30.
Chambre ecclési'a.stiïine. XIX. 240. Chiapanèses. Leur tradition diluvienne.
Cbrtmbre obscure de M. Daguerre. XIlI. 16!.
XVill. 80. Chilpéric I" fait ajouter quatre lettres
Chambrier. XIX. 242.
à l'alphabet. XIV. 381.
Chammanim., Recherches critiques sur Chinois. Oi^j^clions et réponses sur leur
la valeur grammaticale de ce mot hé- origine et leur antiquité. XIII. 332,.
breu. XI\'. 28. Sa signilicalion histo- 351. Tiadilion diluvienne, 159. Con-
rique. 36. Nouvelles conjectures, 44» naissaient des éléphans fossiles, 430.
Champollion jeune. Lettre sur la véra- Epoque de l'entrée des Juifs chez eux.
cité de la Bible, XIII. 305. Sur Fori- XIV. 213. Ont eu connaissance de la
gine égyi)tienne des lettres hébraïques. Bible loiig-tems avant l'tre chrétienne..
XVI. 233. Sur le vin en Egypte. XVII. 7. 223. Découvertes dans leurs livres
45. concernant la religion. 221. 451. Té-
Champollion -Figeaç (M, ) Classement moigna.i;e5 sur l'unité de Dieu, la Tri-
des dialectes italiques. XIII. 396. De nité. XV. 7. 142. 325. Sur le déinge
la langue française. 402 de Noé. 384. Système d'écriture. 329,
Chanàair. Son nom et son pays. XV. 458. Ont pu liaduire la Bible. XVI. 134,
Chananéens. De leurs biliimens pyra- Etal du Christianisme. 148. Eint des
midaux. XIV.33. Leurs aiphabets.274, sciences. 147. Traditionsantiiiucs sur
Chanceihule. Congrégation, XIX. 382. l'état d'iiniocence. 29(5. Sur l'état de
Chancellerie romaine. XIX. 382, nature déchue. 354, Progrès de leur
Chancelliers. Chez les anciens et les mo- langue et fonte de deux corps com-
dernes.. XIX. 378. Des papes. 380. plets de caractères chinois mobiles,
Des églises. 381. Des universités. 382. XVII. 312, Traces dn Christianisme
Chanoines régidit-rs et séculiers. His- dans leurs livres. XVIU. 276, Voir.
toire de leur origine. De leur relOxlic- Piémart el Juifs.
696 TABLE GÉNÉRALE DES MATlèUES
Ghiron. Qui il est. XIX. 98. Clef du Nil. Sa forme et sa signification
Çhou-king. Un des livres sacrés des Chi- IV. 317»
nois. XV. 22. 136. Témoignages sur Clément d'Alexandrie. Ses stroraates
'

l'unité de Dieu. 136. 149. 326. Sur traduits en fiançais. Examinés. XIX.
le déluge. 386. Sur l'état d'innocence. 2/i5. Cite sur les Sibylles. XIV. 66.
XVI. 305. Sur Satan. 357. Sur la Clément. Voir Bertrand de Gouth.
chute de l'homme. XVIII. 278. Sur le Clément Auguste , archev. de Cologne,
Saint. XIX. 29. Sur son attente. 37. Son zèle pour l'Eglise. Voir Cologne.
Chrétiens. Sectaires américains. Leurs Clergé.
Mœurs de celui des anglo-saxons,
erreurs. XIII. 245. 3" ^0' siècle. XIV. 90. Caisse en sa
XIV. 346*. faveur. XIII. 438. Etait tout soumis à
Chrismale.
„,....' iT- . •1 .
• la règle canonique. Voir Chanoine.
Chnslian.sme. H.sto.re de son uUro-
Colangelo. Ses œuv. XIII. 71.
duction dans les Gaules. X\ II 7.119.
Colas de la Noue. Ses œuv. XVII. 79.
Son innuence sur la const,lul>on an- colebrooke.
Sur la littérature des Hîn-
gla.se. XIII. 80. XIV 8o. Prétention
^^^^_ ^^^ 296. 300. 301. Sur les Vé-
de quelques hommes de fa.re un nou- ,,g^_ ^^^^ Sur les Pouranas. 330.
veau Christ.amsmc. X II 409. D eu
^oHégc de France. Programme^^ ,-v dehqt ses
trouver lorigme dans les Indes. XIV. ^„°
448. Nouvelle défense que ces atta- ^^^ Allocution du pape sur l'eu-
ques exigent. U. Se. preuves sont j^^^^^^^ ^^ ^^„ archevêque. XVI.
toutes historiques. XVIII. 245. 2o6. ^39^ ^^.^^^.^^ ^^ ^^^ enlèvement et de
Preuves qu .1 a toujours favorisé le
,bertnésianisme. XVII. 113. 297. Sa
progrès des sciences. V oir Achery.
cathédrale. IX. 243.
Christophore de S.-Antoine. Ses œu- Colombe d'argent dont se servent les
vres. XII. 420. Samaritains , etc. Explication à ce
Chronologie comparée des peuples pri- sujet. IV. 322. Sa signification hiéro-
mitifs et de leurs chefs. XIII. 60. Con- glyphique. IX. 205.
cordance dans celle des divers peu- Colosses babvloniens cités. XI. 207.
pies. XIIÏ. 157. XV. 251. Celle du Combeguille'( Alexis). Analyse critique
texte hébreu comparée à celle des de l'histoire de sainte Elisabeth. XIII.
Septante. XIV. 7. 213. Celte des Ilin- 360.XIV.157.Des soirées de Montlhé-
dous comparée avec celle de la Bi- rv. 13. Examen de l'ouvrage de M. de
hic. XIX. 409.
Maislre sur Bacon. XV. 405. Examen
Chrysococca (Georges). Ses œuvres. V. de l'histoire des Vaudois. XVI. 96.
^40. Analvse de la philosophie de l'abbé
Chrysostome (S.) Manuscrit retroiiv.'-. Rosniini. XVIII. 107.
XVI.146.Eliidesursesœuvres.XVIII. Combes (M.) Examen de son voyage en
123. Extrait sur les spectacles. 129. Abyssinie. XVII. 321.
Sur les festins de noces. 132. Sur les Comestor (Pierre). Ses œuvres écrites au
solitaires et les philosophes. 13G. 13" siècle, sur les connaissances astro-
Chule originelle chez 1rs Egvptiens.XIII. nomiques des auciens. Ce qu'en dit
152. 346. Chez les Chinois. XVI. 128. Mabillon. X. 219.
354. XVIII. 276. Coinpétcns. XIV. 347.
Ciboire antique retrouvé. XIII. 307. Concordance des traditions de tous les
Cibot (!e P.) Tradition sur une Vierge peuples avec les faits bibliques. XIII.
mère. XIX. 41. l-'i7. XV. 251.
Cicéron. Sur l'oracle de Delphes. XIV. Concordat de 1801. XVI. 54. De Fon-
69. Erreur. XVIII. 411. taincblcnu. 66. Rétractation. 67. Con-
Cieux. Leur pluralité selon les Père«. cordât de 1817. 69.
XVII. 272. Coneiirrcns.
'
XIV. 347.
Circoncision (la). Si elle était le remède Conférences de Notre-Dame de Paris.
du péché originel. X\ II. 242. Voir Ravign;in.
Civilisation indienne. Ce qu'il faut pen- Confession auriculaire. Recherches his-
ser de sa prétendue antiquité. XMII. toriques sur son usage dans Tanti-
427. quilé païenne. XIV. 255. Son anti-
Clavcs tcrroinorum. XIV. 346. quité dans l'Eglise. XIX. 354.
.

DE L\ DEIXIKUC SÉRIE. 497


ConTacius. Ses oeuvres. XV. U4. Tra- Court de Gebelhi. Sur le délun;c, et
dilion sur le péché originel. XIIJ. 3/(6. danger do son système. XV. ."JSt.
Sur le Messie. if>. XIV. 221. Sur l'unilé Courtin. Ses œuv. X\ III. !i'r2.
de Dieu. XV. 144.Sur la trinilé..325. Cousin ( te président ) traducteur de
,

Surlesaint. XVIII. 288. rexhortation aux Genlils. XIX. 201.


Congnet. Mois de Marie en grec. XIV. Cousin (Victor). Sur St. Anselme. XIII.
236. Opuscules grecs. 395. Sa gram- 200.
maire grecque. XVIII. [^0!^. Coiivens. On leur doit la conservation de
Congrégationistes. Leurs err. XIII. 2^4. presque tous les auteurs de l'antiquilé.
Connaissances humaines (systî-me des). Voir auteurs. Ceux de femmes se li-
Tubleau. XIII. 268. vraientù celte occupation. XVIII. 434-
Conrad de Lichlenau. Ses œuvr.V.d64. Cox-cox, Mexicain est Noé. XV. 394.
,

Consilium Judœorum. XIV. 347. 450. Dessin qui le représente. 466.


Constantin Hermanapolus. Ses ceuvr. Crftnes. Leurs variétés. Leur figure. XV.
VII. 437. 121. Ce quils prouvent pour l'unité
Constitution anglaise (influence du de l'espèce. VI. 294.
christianisme sur la . XIII. 85. XIV. Craon (M""* de). Examen de ses soirées
85. de famille. XVI. 219.
Constitutions apostoliques. XIV. 194. Création du monde. Analyse critique sur
Continent nouveau. XV. 322. les mois: jour, lumière, ténèbres, soir,
Conversion d'un évoque jacobite, et son de la Genèse. XIII. 31. Système et
voyage en France. XMII. 399 400.
. erreurs de M. Guiraud à ce sujet. XV.
Çoole. Ses œuvr. XIII. 70. 85. XIX. 139. Systèmes condamnés
Copistes. Comment envisagés dans l'an- par l'Eglise. Ibid. Selon les Chinois.
tiquité et le raoycn-age. XVIII. 18. 20. XVI. 29.
Détails concernant les copistes des ab- Crichna. Ce que Dupuis et Volney disent
bayes. 16. 19. 151. 152. Femmescopis- de ce dieu. XIX. 339. Suivant M. \Vi-
tes des manuscrits. 215. 194-97.100. seman. 340.
Copte comparé à l'hébreu et à l'arabe. Cristoforis. Ses œuv. XVIII. 76.
XIII.59. Croix(l3).OdedeSilvioPellico. Xin.
Corbon. XIV. 347. 62. Sa vertu civilisatrice. XIV. 304.
Cordier (M.) Recherches surle délujre. Croyans célèbres. Leur biographie. XIV.
XV. 321. 147.
Coriolanus (Jean\ Ses œuvr. XII. 401. Cugnac (M. de). Voir Trésors de l'élo-
Cornes des a ulels chez les Hébreux. XIV, quence, etc. XV. 162.
34. Cultes païens. Leur distinction en poé-
Correction et collation des manuscriLs. tiques et politiques. XII. 14.
Iraportauce de celte occupation. Cuphique (écriture). Ce que c'est. XV.
XVIII. 2e. 219.
Corroy. Ses œuvr. XIII. 458. Cusa (cardinal). Son opinion sur I^
Cosmas. Pris pour un pire de l'Eglise, mouvement de la terre. VIII. 211.
par M. Letronne. XVII. 285. Cusiine (M. le marquis de). Description
Cosmogonie. Caractère de celle élablic de Li calbédrale de Séville.XVII.215.
par Moïse. XVII. 153. Cusiodia Lucemac. XIV. 348.
Cosmographie. S'il est vrai que les pères Cuvier. Ses œuv. XVIII. 77. Cité sur.
aient eu à ce sujet quelque système Ihistoire de l'Inde. XIX. 405. Voir
qui leur soit propre. XVII. 288. Et fossiles. Sur les os humains fossiles.
leurs erreurs sur cette matière n'in- XIII. 47. Sur la réalité du déluge.*
firmenl eu rien les textes de l'écriture. Jbid.
ib. Voir Pères. Cycle de 19 ans chez diiTérens peuple?.
Cosmologie de l'abbesscHcrrade. XVIII. XV. 260,'
437. Cyprien (S.). Sur la fin du monde. XIII.'
Çoste (M.) Analyse de son cours '37. Sa lettre sur les tombes. X\ II."
d'embryogénie. XV. 370. 126.
Costume civil au moycn-flge. XIX. 57. Cyriaques (fêles) XIV. 348»
Cours d'antiquités monuracnlales au se- Cyrographe (le). XV. 214."
'"
minaire de Tours. XVIII. 158. '
498 TAIÎLK Qè.\in\hV. RES MATIERES
Depositio. XVI. 2&»
D. Dcscar^es. Sur sa philosophie. XIV. 247»
252.
Daco-laliiie ou valaque (langue). XIIT. Desdouils. Examen de son livre sur les
406. origines bibliques. XIV. 15.
Daguerre. Découverte de la fixalion des Desgeneltes. Ses œuv. XIV. 462»
ra\ons du soleil. XVIII. 80. E\plira- Deslongcbamps (M.) Sur les lois de
tiou de celle opération. XIX. 160. Manou. XIX. 326. Sa trad. franc, de
Damas. Son fondateur. XIII. 57. rAmaracocha. 475.
Dancel.Sjs œuv. Xni.72. Deslull-Tracy. Ses œuv. XIII. 72»
Daniel. Explication de riiist. de Ballha- Desler (Havius-Lucius). Ses œuv. X.
sar. XVI.3î:3. 343.
Daniélo (M.) Histoire et tableau de Diaeenesime. XVI. 29.
l'univers. XV. 229. Examen de cet Diaconies. Ce que c'est. XI. 264- Ont
ouvrage. XVII. 132. XIX. 447. Tra- 6ervi pendant long-lems d'églises. XII.
duclion du livre d'Enocii, X\ II. 369. 20. XVI. 29. XIX. 442.
Dannceker. Ses œuv. XIII. 458. Diacres chrismatisés, XVI, 30,
Danla>-Pereira.S:s œuv. XIV. 4ôl. Dialectes romans. XIII. 393.Dela langue
Dante. Sur la Vierge et l'Enfant-Jésus, italienne. 398. Française. 402. Esoa-.
XIII. 26. Etal de l'ame après la mort. gno!e.404.PorUlgaisc.406.^'alaque.ib.
•193. Sa mort chrétienne. XVII. i90. Diapsalma.. XVI. 30..
Sa philosophie, par M. Ozanam. XIX. Dicerion. XVI, 30.
357. Dictionnaire chinois-latin par le père
Darius le MMe de la Bible. Qui il e-^l. Basile de Giemona. XV. 243. Co-
XVI. 317. chin-chinois par des missionnaires
Darmaing. Ses œuv. XIII. 458. français. 164. Géograplii(|ue delà
Dautricourl (Nie.) Ses err. V. 456. France. 242. Liturgique. A-CY. XIV^
Dobret (M.). Notice sur les'réparalioiy 332. D. -HY. XVI. 29. I-NU. XVII.
successives de l'églibC de Saint-Denis. 201. Des monunicns de l'antiquité
XVI. 44. chrétienne, annoncé. XIX. 56.344.
Dcclus (Phil.) Ses œuv. XII. 411. Dictionnaire de diplomatique ou cours
,

Dedoiie (l'abbé). Sur le,Flauen de M. philologique et historique d'antiquités


Guiraud. XIII. 313. civiles et ecclésiastiques. A. XIV.
Delabergc.Ses œuv. XVIII. 472. 262. AB-ALP. 349. -^LT.-ANNEA.
Deinnrc-Dubez (M. ) Examen de son ou- 441. ANNEEANNO. XV. 25, AN%
vrage sur rincredulu devenu crovant. NO.-ARCH. 309. ARCIIiC. -ARAL
XVI .'337. 266, ARR.-AV.337. B.-BA. XVL 231-
Delphini (Pierre). Sis œuv. XII. 421. BÈ.-BOU.436.BJÎ.-BUL.XV1I. 18. C-
Ptluc (M.) Sur le raaiiage. XIII. 295. CALA.334.CALE.-CAP. XVIII. 199.
Déluge. Son universalité. XIII. 47. 55. CAP.-CEL.309.CELL.-CHAM.XIX.,
Traditions de 28 peuples de l'ancien 232. CHAN. 378.
et du nouveau monde. 158. Antres Dido:i (Tablé). Sur la moraledela Bible.
preuves. XIV. 18. XV. 260. Traditions XIII. 155. Ses œuv. XIX. 478,
en Chine. 380. 385. Nombre de i)er- Dies scruiinii. XVI. 30. Viridium. ib.
' sonnes sauvées. 389. 4"'4- Ditférens Dieu. Son nom dans toutes les langues,
monuçnens trouvés dans un coffre. XV. 184. Son unité sa trinité en
,

XVII. 46. Opinion de Vossins et de Chine. Ses dilTérens noms. Voir Pré-
Mabillon sur son universalité. 49. mare. Connnent son être est distinct
Aulrespreuvcs.X\ lI1.260.Prophétiié de tous les êtres créés. XVIII. 7.
par Enoch. 172.31)6. Voir Guîier,Co.x- Diluvium (le). Ce que c'est. XV. 321.
cox, Noé, Yao. Dimanche (delà solemnilé du). XVIII.
Demelrius-Cydono. Ses œuv. V.442. 243'
Denis (saint). Evéque de Paris. ?',st-il le Dimenge Cabée. XVI. 30.
mCme que Denis l'aréopagilc.^ XVII. Di;n)!herinm. Sa tête. XIII. 233. E\a-
1 19. 124. menel ligure d'une de ses dents. XIV.
Denis (abbaye de saint). Notice sur ses 408.
icslaurations. X\'1.44. Discon. Ce que c'est. XVI. 30.
f)T. LA CKlXli-ME SI- RIE. 499
hodecampitiM. XM. 30.
Dodwell. Contre Siinchoninllion. WHl. E
410 el fiiiv.XIX. 8r..

Dogme chrétien. Ses beautés. W. 63. EccU'sin'^te (1'). Méprise de M. Munk


Doniinica ad paliiuis. XVI. 31. Anic au sujet de ce livre Xin.172.
Lilanias. (7>. Benedicla. (/'.Innllls. Kcluiiigede livres. Son imporlanre au
i6. Indulgenlix». il<. f.Iediuiia. /'. nioyen-àge. XVIII. 29. 32.
Quintan. ib. Rosœ. «/'.A'acans. 32. Ecoles ecclésiastiques et cléricales. Leur
Doniinicuni. XM. 32. Iiisloire est encore inconipli' le. XVII.
Doncy Analyse de la u.étliode
(l'abbé). 1,03. Tenues par les chapitres et mo-
Ihéologique et philosophique. XIV. nastèrcs. XVIII. 17. 27. Par les feni-
237.mes. 225. Publiques au moyen -ô^e
Donnel (Mgr.) Circulah-c sur les uio-dans les diliéieus pays. 363. 367.
numens religieux. XM. 309. D'Angleierre. 371. D'Allemagne. 372
Dorbelius (Pierre). Ses œuv. XII.|ZiOA. et 379. Des Pays-Ras, de Fra^ice.
Dorlandus (Pierre). Ses œav.XlLZ|03. 378. Dlrlande. 375. D'Italie. 380.
Dormitio sanctœ Maiiaî. XM.S2. D'Alexandiic, son enseignement. XIX.
Drach (le ch.) Doctrine do la Synago- 260. Mystique. S16.
gue sur l'invocation des saints et la Ecritoires des anciens copistes. XVIII.
foi au rédempteur. XIV. 420. XVI. 15Z[.155.
7. XVII. 241- Application des méri- Ecriture hébraïque, carrée, plus ail-
les d'Isaac.^XIV. 421. Survies fabies cieiiue que l'écriture samaritaine,
et allégories des Rabbins, ib. Appli- XVIII. 295. 341. De l'écriture sacrée
cation du mérite des saints. XVI. 7. chez les dir/ércns peuples. 344.
Du péché originel. 8. Moyen du salut Eden. Sa place en Asie. XV. 245. Voir
chez les juifs. XVIÎ. 241. Explication Pâmer et Piéraare.
du titre de la croix. XVIII. 291. 341. Edesse. Son origine, ses noms. XV. 59.
Dragon. Nom allégorique d'Astyages. Miracle diiraat son siège. XIX.d87.
XIII. 14- Education au mo3cn nge en Angle-
Droit ecclésiastique. Son importance se gleterre. XIV. 1Ô2. XVIII. 355. En
rattache à l'histoire de la monarchie Allemagne. 357. En Bohême. 359. De
française. XVI. 258. Matrimonial chez la noblesse. 360. 363. Du peuple. 365.
les protestans. XIII. 285. Public de Éducation (lettre à une mère sur 1'),
l'Allemagne au moyen-age. Du pou- par M. Laurentie. XIII. 379.
AoirduPape. XVI. 182. Egelspach-Larivière. Ses œuvres. XVIII.
Droste de Wischering, Archevêque de 472.
Cologne. Son zèle contre l'hermésia- Eglise. Sur quoi repose son infaillibi-
iiisme.XVII. 101. Sa letlre au mi- lilé d'enseignement. ?i.IV. 241. Sa

uistre prussien. 112. Son arrestation. slabililé au milieu des mouvemens de


113. la société. 329.
Drouin. Sur l'accord delà géologieet de Église. Preuves qu'elles possédèrent
la Genèse. XIII. 42. de belles bibliclh.'ques. XVII. 402.
Dufresne S. Léon. Ses ceuv. XIII. 72. Noms des plus célèbres. 416-
liujay. Ses œuv. XIII. 70. Église. Tableau de son triste état au 10"
DulacdeMontvert (M.) Sur les eufans siècle. XV. 298. Grande réforme ten-
liouvés. XV. 95. lée à ce sujet par Grégoire VII. Voir
Dum.ust (M. Guerrier de), rli^oire de ce nom et Savonarole.
Nancy. XVI. 229. Eglise catholique des Etats-Unis. XIII.
Dumoni-d'Urvillc. Voir Pôle sud. 253.
Dumotny (M.) Analyse de Ihistoire des Eglises réformées aux Eîals-Unis. XIII.
Vandales. XIV. ITO. 243. Hollandaises. (''. Baptistesarnii-
Dunkers ou Tunkers. Lcuis erreurs. niens. 245. Mcmnonitos. 246. Episcc-
XIII. 246. pale Anglicane. 251. E\angélique Lu-
Durand de S. Fourçain. Ses oeuvres. thérienue. 232 Morave. (//.Millénaire.
V. 434. f"A. Delà Xou\elle Jérusalem. 253.
Dvnastics hindoues sans chronologie. Egypte. Ordonnance contre l'exporin-
XIX. 413. ^iicn de ses ontiquilés. XîTI, «91.
500 TABLE GÉxNÉRALB DES MATIÈRES
Egyptiens. Recherches sur leur parco- Eoniens. Lf urs erreurs. V. 30.
lé avec les Sémitiques et les Elliio- Epigonatium. XVI. 32.
piens. XIII. 58. Leur tradilion dilu- Epiniaiiicion. XVI. 32.
vienne. 158. Pourquoi ils embau- Epimenides. De son sommeil. XV. 262.
inaient leurs morts. 17/|. Ce qu'ils Episozomtne. XVI. 33.
doivent à l'histoire des Juifs.XIV.il. Epomadion. XVI. 33.
Réfutation des assertions des savans Epoques du monde. Recherches sur leur
modernes touchant leur antiquité. longueur d'après la Genèse. XIII.
i9. Connaissaient les nègres. XV. 116. lil. Historiques, en tahleau. XVII.
Admettaient quatre races. 117. Leurs 158.
coutumes, usages, jeux et arts. XVII. Escalopier (M. de 1'). Sur l'arbre de Je-
224- État de la science, sur l'étude de richo. XVI. 389.
leur langue. XIX. 471. Un souvenir Eschyle. Examen de son Prométhée et
de la chute originelle. XIII. 152. des traditions qu'il renferme. Voir
Eichhorn. Sur le droit public de l'Aile- Rossignol.
magne, touchant le pouvoir du pape. Esclavage (1'). Est-il en usage en Chine.
XVI. 182. 184. Objections et réponses. XIII.347.355.
Elam. Quel pays il habita. XIII. 56. Esculape. Des Grecs. XV1II.418.
XV. 456. Esdras. Comment il a restauré le.Pen-
Election des papes. Preuves de leur pri- taleuque. XVIII. 51. L'écriture dont
mitivc liberté. XV. 295. Prétentions s'est servi est-elle moderne. \ oir
il

des empereurs d'Allemagne à ce su- Drack.


jet. Espagne histoire d') avec carte. XV. 324.
293.
Éléphans fossiles. XIII. 430. 434-Espagnole (la'.igue). XIII. 403.
Elisabeth (sainte). Son histoire par M. Essiinger (l'abbé). Examen de l'histoire
de Montalembert. Analyse, XIII. 3G0. d'Innocenl III, par Hurler. XVI. 273.
XIV. 157. Album de cette histoire. ^1^-
XVI. 93. Esther.Qui elle est d'après M. de Rovet.
F.mancipateurs. Leurs erreurs.XlII. 245. ^^I- 260.
Embaumement des corps. XL\.483. Etampes. Essais historiques sur cette
Embrvogénie comparée. Voir Coste. ville. Voir Mont-Rond.

Emeric David. Cité. XIX. 114. Ses œu- Etat sauvage. N'est pas l'état primitif de
yies. 476. l'homme. XV. 92. 453.
Eiicolpion. XVI. 32. Etats-Unis. V. Eglises réformées.
Enfans trouvés. État actuel;XV. 95. D'à- Êtres. Comment ils sont on Dieu.
près M. Rémacle. XVII. 70. XMII. 7.
i, r . j I- i \
ï j c Elrusaucs.
^ Leur langue
^^ b et leur oriçiru'. v.
Enfantement de la ^lerge; poème de San- viij o-q

nazar traduit eu vers ^ par le marquis „. .. .\


" <,'^' '

,,,,'. ;

v\iTi rA Evmologies.
i
Abus des , .
systèmes évmo-
t'e valoii. XvIII.50. ' ^ .
aiit".t,- •'

logi([ues. XIII. 210.


tnfer(l'). Extrait du Dante. XIII. 199. Eucharistie Comment
conservée dans
Son feu expliqué, par M. Guiraud. les églises. XIX. 439,
XIX.149.ConnudesChmois. ;a Eucharistie (peinture poétique de I').
Enoch. Livre de ses prophéties retrouvé. X. 189.
XVII. 161. Son souvenir chez les dill'é- Euclaria. XVI. 33.
^
rens peuples. 162. Histoire de celte Eugène. Ses œuvr. ' XV. 475.
ilécouvcrle. 164. Traduction du 17' Euphrate. Essai de navigation ïur te
au 31 chapitre. 172. Du ch. 32auch. tleuvepouren fairela route de l'Inde.
405. 374. Singulière concordance avec XIII. 80. 309. XIV. 80. 392.XMI. 317.
. les livres chinois. XVI. 120. Europe. iVo/zcc/Zc-j religieitscn tt sclrn-
Enosesl Tchouen-hiu des Chinois. XA I. iil'iqucs. Extension donnée aux études
119.137. Jugement des
sacerdotales. XIII. 76.
Entendement humain, l'intelligence, Annales des sciences religieuses de
la raison. Systèmes des écoles ce ;'i Rome sur nos Annales. l'fc.Découverte
sujet. XIV. 247. de documens sur l'Amérique,en Dane-
Enlicvaux ( M. d' ). ^\\r lescaisses de niarck. 77. Départ des colonies de
Vîl'lérance pcur le clergé. X1I1.438. Londres pour la Nouvelle-Hollande.
CE LA DFX'XIEMC StHlK. 501
traie en Ecosse. 79. Découverte d'un Médaille donnée au supérieur du petit
animal fossile en Allemagne. <i. Ori- séminaire du Mans. ib. Travaux des
gine syrienne des leltres russes. 80. savans italiens. 4()5. Editiort tt tra-
Découverte des manuscrits de Roger duction du Talmud ù St-Péterstourg.
Bacon. 154. Sentiuienl des évCques ib. Tolérance du Sultan pour les
de France sur leur autorité dans les chrétiens. 4G6. Aux abonnés sur
petits séminaires. 231. Zèle des évé- la direction de l'Lniverslté, journal
ques et des moines pour riuslruction confié à M. Couuctly. XV. 163.
au 15* siècle. 232. Nou\ elles des Saint- Chaleur intérieure du gloîîc par M.
.*!im.oniens établis en Egypte. 233. Arago. 238. Expériences faites à Paris
Animal fossile, ib. Air réduit à l'état sur la substance des toiles des mo-
solide. 303. Sur une nouvelle carte de mies, ib. Explication d'inscriptions
l'Asie. 30A- Monument à CLampol- abyssiniennes par M. Letronne. 239.
lion. 305. Hommage à la Bible par Expédition partie de Londres pour
ChanipoUion. ib. Un monument cu- la Nouvelle-Hollande, ib. Elude de la
rieux sur l'histoire de Fiance. 306. langue chinoise à St-Pétershourg.
Un ciboire antique découvei t à Rouen. 240. Evangile écrit en slave. i7'. Lis-
307. Profession de foi de Volta. ib. criplion de Rosette à la bibliothèque
ElTorts du clergé de France pour for- Royale. 319. Lettre de Mgr. lévêque
mer des instituteurs religieux. 388. de Nevers sur les monumens histori-
Nomination de M. l'abbé de Luca à ques, (i. Voyage du capitaine d'Urville
la place de consulteur de l'Index. au Pùle Sud. Instructions qui lui sont
ib. Position des religieux machita- données. 320. Cours scientifiques
ristes à Vienne. 389. Traduction de professés à la Sorbonne. 396. Au col-
la Bible en langue mantchoue à St- lège de France. 397. A Louvaiu. 400.
Petersbourg. /i. Collection d'antiqui- A Genève. 401. Allocution de Gré-
tés de M. Mimaut. 390. Impressions goire XVI sur l'arrestation de l'arche-
de livres catholiques en langue Otta- vêque de Cologne. XVI. 139. Travaux
wa à Paris. 454. Études dans les scientiqucs d'un missionnaire italien.
séminaires de Monlauban et de Lan- 142. Lettre de M. de Paravey sur uns
gres. l'i. Exercice littéraire en 37 lan- collection scientifique de la Hollande.
gues à la propagande à Rome. XIV. ib. Retour en Hollande de voyageurs

77. Profession de foi de SilvioPellico. des Indes-Orientales. 146. Découverte


78. Refus des évéques d'Irlande d'être de cinq homélies de saint Jean-Chry-
payés par l'État, ib. Augmentation du sostùmeà Berlin. <i. Arrivée à Paris
nombre des évoques catholiques en de collections scientifiques recueillies
Angleterre. «Zf.État des petits sémi- dans un voyage autour du monde.
naires en France. 151. Fossiles dans 223. Découverte à Rouen du sceau
Pile de Candie. 152. Nominations et de saint Bernard. 225. Travaux et
traitemens des missionnaires catholi- découvertes géographiques à Londres.
ques hollandais dans Plnde. 153. 227. Serment prêté par la reine d'An-
Musée étrusque fondé au Vatican par gleterre, ib. Travaux historiques en
Grégoire X\l. ib. Cours au petit sé- Savoie. 228. Sur des documens pu.
minaire de Forcalquier. 311. Ma- bliés par les antiquaires de France.
nuscrits de Bossuet découverts a 308. Circulaire de monseigneur l'ar-
Meaux. 312. Cours au petit séminaire chevêque de Bordeaux sur la conser--
d'Auch. ib. Manuscrit de la vie vation des monumens. 309. Commu-
d'Alexandre VII à Rome. Livres con- nication sur la rose de Jéricho. 3S9.
damnés. 315. Discours prononcé à Découverte de l'hisloire des Arabes et
l'École de Médecine par M. le docteur des Berbers d'Ibn-Khaldouu à Turin.
Alibert. 390. Cours au séminaire de ib. Modèle d'une statistique de monu-

Fréjus. 391. Arrivée à St. -Orner d'i- mens religieux, par M. Souchet da
doles océaniennes. 392. Continuation Saint-Brieuc. XVIL 160. Bulle delà
de la collection des boUandistes. 393. création de 1 évêché d'Alger. 237.
Départ de missionnaires pour la Rapport du ministre de l'instruction
Guyane française. 464- Exemplaire publique sur l'étude de la théologie
moulé de la pierre de Rosette, ib. en France, 238. Etat de l'affaire de
Tome xix. Table ^cncrale. iSSg 33
502 TABLE GENERALE DES MATIÈRES
M. Bautaiu. 239. Progrès des éludes vans allemands. 112. Son étude en
de la langue chinoise. 312. Carac- Fiance. 113.
lères chinois et édition de livres Exomologèse. XVI. 33.
chinois, ib. Lecture des inscriptions Expeclatio B.Mariœ. XVI. 33.
étrusques à Dublin. 315. Lettre do Eymerich (Nicolas). Ses œuvres. V. 442.
monseigneur de Baveux sur les études
ecclésiastiques. 396. Arrivée de mé-
p
dailles et monumens baciriens à Pa- Fabré-Palapraf.Ses œuvres. XIX. 79.
ris. 397. Découverte du Daguerréo- Fallot. Sesœav. XIII. 459.
type. XVIII. 80. Etablissement à Lon- Fatalisme ,du). Par M. de Ravignan.
dies d'un institut pour la défense du XVI. 398.
catholicisme. 82. Zèle du clergé pour Faustin. Ses œuvres. II. 339.
les sciences; discours de monseigneur Fea. Ses œuv. XIII. 72.
de Tours. 158. Arrivée à Paris de M. Femme chrétienne. Ses avantages réels
d'Abadie, voyageur en Abj'ssinie. 240. sur la femme paganisée. XIII. 27.
Dissertation publiée à Londres et 146. Honorée chez les (ermains.
tendant à prouver que les dix tribus 95. Influe sur l'éducation. 379. Sin-
d'Israel sont passées en Amérique. gulier système sur sa création, par M.
399. Prise d'habit de M. l'abbé La- Guiraud. XIX. 157. Voir Chute.
cordoire à Rome. 475. Réclamation Feria prima. XVI. 34.
de M. Mercier, curé à Cléry. 476. Férussac. Ses œuv. XIII. 72.
Détails sur le procédé du Daguerréo- Festins des noces. Peinture de leurs dé-
type. XIX. 160. Réponse à l'attaque sordrespar saint Cbrysostôme. XVIII.
d'un journal. 243. Découverte d'une 133.
méthode pour embaumer les corps Festum asinorum , fatuorum , innocen-
sans les ouvrir. 483. tium. XVI. 34. Divisionis. 39. Oiiva-
Eusébe de Césarée. Edition et traduction rum.i'i.Petri epularum.it. Stellae.tô.
de sa Préparation évangélique, par M. Fête (petite). XVI. 39. del'O. ib.
Séguier. XVI. 311. Défense de l'authen- Feu. Recherches sur ses temples elle
ticité du fragment de Sanchoniathon culte qui y était pratiqué. XIV. 27.
qu'il nous a conservé. XVIII. 405. XIX. Loi de Moïse à ce sujet. 42. Sur son
85. 2i)3. Comparé avec les fragmens essence, par M. Guiraud. XIX. 152.
du Sanchoniathon de Wagenfeld. XIV. Fia. Ses œuv. XIII. 72.
402. Fichte. S-onsysltme XIV. 249.
Eutrope Sa mission à Orange. XVII. Ficin. (Marcile). Ses œuv.
(St.) VI. 165.
9. Fiésole (Jean de) dit l'angélique. Ses
Evagre.Extrait de son histoire sur Edesse. peintures. VI. 192. Voir Achery.
XIX. 188. Fievée. Ses œuv. XIX. 477.
Evangile en slave, de 1057. Publié en Filon. Histoire de l'Europe au 16' siècle.
Russie. XV. 240. Extrait sur Barthélémy de Las Casas.
Eve est Louy-tsou des Chinois. XVI. 131. XVI. 233.
137. Sa chute. 132. Chez les Grecs. Firmament. M. Letronne réfuté. XVII .
XVIII. 143. Chez les Chinois. 276. Est 268. Sentiment des pères, ib. Système
rio des Grecs. XIX. 174. La Mes- de M. Guiraud. XIX. 154.
chiané des Perses. XV. 459. La Lilit Flavien, ou de Rome au désert. Analyse
des rabbins. F. Lilit. de cet ouvrage de M. Guiraud. XIII .
Evèque (1') de Nevers. Sa lettre sur l'é- 313.
tude des monumens historiques. XV. Fleuve du paradis. XVI. 300. En Chi-
319. ne. 301. Voir Pâmer.
Evêques. L'Europe leur doit sa civilisa- Florence. Zèle de Savonarole pour ré-
tion et ses lois. XIII. 94. 101. Leurs former les mœurs de cette ville. XV.
prérogatives. 102. Leur courage. 106. 198. Beaux résultats de son zèle.
Leur pouvoir. 297. Evèques d'Irlande 206.
refusant un traitement de l'Etat. Floridiens. Leur tradition diluvienne.
XIV. 78. XIII. 161.
Exégèse (1'). Etudiée avec honneur en Flories. XVI. 40.
AUemagne. XIII. &2. Défauts des sa- Florilegium. XVI. 40.
DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 503
Flottes (M. Sur la Cosmogonie Gaiius. Ses œuv.
l'abbé). X. 11. 404.
de Moïse, comparée aux faits géolo- Gambard. Ses œuv. XIII. 459.
gique». XVII. 153. Gannal. Méthode d'embaumement.
Foi. Ses caraclères. XIX. 254. XIX. 483.
Foissel (Th.) Finit l'article de M.Riam- Garnier (l'abbé). Ses études sur la langue
bourg sur les Chinois. XIII. 334. Let- arménienne. XlX. 19.
tre sur l'accord de MM. de Paravey Gaubil (le R) Extrait de sa chronologie
etRiambourg. 426. Examen de l'A- chinoise. XIV. 15. 215.218. 221. De
thanase de Gœrres. XVII. 297. l'histoire de l'astronomie chinoise.
Foisset (M. l'abbé). Sur la vérité ca- 220. Lettre inédite sur les traditions
tholique de M. xNault. XV. 60. chinoises. XV. 10. Sur le P. Prémare.
Fortia d'Urban (M, de . Sur la Bactriane ib,
d'Abraham. XV. 55. Sur Gazzera. Ses œuv.
et la patrie XVII. 79.*
l'époque de l'introduction du christia- Geans.En Chine. XV. 389. 390. Dans le
nisme dans les Gaules. XVII. 7. 119. livre d'Enoch. XVII. 172.
Sur son histoire de Hugues Métel. Geel. Ses œuv. XIII. 73.
XVIII. 240. 400. Mémoire sur un (iemare (la). Ce que c'est. XIII. 228.
portrait de J.-C. XIX. 103. 165. Gémeaux (constellation). Chez les
Fossiles humains. Ce qu'en pense Cu- Grecs et les Chinois. IV. 48.
vier. Xlli. 47. et d'autres. 49. D'un Gemelli Careri. Publie un monument
anmial gigantesque. 79. Figure du aztèque sur le déluge. Xy.448. Taxé
Mégathérium. 376. Fossiles connus d'imposture. 449. Réhabilité et re-
des Chinois. 430. Nouvelles conjec- connu vrai. ib. Explication du monu-
tures sur leur foimaUon. XIV. 17. ment. 450. Réfuté sur l'état de nature
Dent du Uinolhérium. 408. Leur et les langues. 453.
origine, d'après M. Guiraud. XIX. Gémiste (Georges). Ses œuv. VI. 166.
-^^" Généialionsanlédiluvicnnes.Traditions.

Foucuer
, ,,,,„„
(l

abbé). Sur
Sanchoniathon.
,

XIII. 163.
.
AlX. 90. Genèse. Son premier chapitre en hébreu
Fouiner. Ses œuv. XV. 475. avecuuetraductionfrançaiseliltérale.
Française (langue). Son elendue , sa xill. 32. Explication du mot Jour
grammaire , les monumens de sa litté- q^j y ç^^ employé. 33. Voir Pouchet.
rature. XIII. 401' Considérée comme Thisloire des
François. Sesœuv. ^"^-,'^2. peuples primitifs de l'Asie. 50. Voii-
Fieres Blancs. Leurs erreurs. VI. 166. Leuormaud. création, globe , jeur.
Picards. Leurs erreurs. ib.Précîieurs. lumières, ténèbre». Mal interprétée
Reaouvelleutlafacedelegliie.XII. p^^ josephe. Voir Josephe. Pas-
_ , , T^ . i»T c vir îi, sage de ce livre confirmé par une reon-
Frcvak des Parses est Noé. XV. 394. uaie ancienne. XVII. 36. DiOicullé
Ses quinze petits-fils qui repeuplent d'entendre le vrai sens littéral de son
la terre.
Jpp'
. .début , et si l'on peut dire qu'il soit
Frejssinous(M.)Surlessixjours.XIII. ,éellement fixé. 265. 2C6.
^ ,. „ .
, .,...• A^^fiT Genoude (M. de). Sur sa Iraduclioa
1
Frol.ch. Sur la mort d Antiochus. XVII.
^es pères de l'église. XIV. 141. XV.
„ , ,- •
.\ p 83. XIX. 245. Liste de ses diverses
TTt o«^'
Fulgence (saint). Ses œuv. III. 210.
puWicaiioas. XVII. 35. 82.
l-usciea(S.) Bas -relief remarquable. Gg^^^,,^
g^g ji^.^^g cuvioges. XVIII-
^^^- ^9- •
163.
G. Géographie d'Aboulfeda. Voir Rainaud.
Gabourd. Sonhist. de Frauce.XIX.402. Géologie (la). Avant la création de
Gaddi-Gaddo (Ange). Ses œuv. V.432. l'homme. XIII. 39. D'accord avec la
Gaillard (l'abbé). Recherches adminis- Bible. Voir Cosmogonie, Création,
tratives , morales et" statistiques sur Globe , Moïse.
lesenfans trouvés, naturels et orphe- George de Gemningen. Ses œuv. XII.
lins. XV. 95. 414.
Galenus. Voir Pediasiaus, George de Trébizonde. Ses œuv. VI.
Galleron. Ses œuv. XVIII. 77. 175.
504 TABLF, GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Oi^ranl. Ses œuv. XIV. ^62. 288. JugéparHenriLuden.291.XVr.
Gérard (Pierre Aat. Félix). Ses œuv. 172.
XIV. 462. Grégoire XVI. Honneurs qn'il failren-
Gérard de Zuplhen. Ses œuv. V. 4Zi2. dre à Raphaël. XIII. 190. Ce que lui
Gerdil (lecard.) Sur l'être de Dieu. doivent les arts. 191. Son musée étrus-
XVIII. 9. que.XIV. 153. Bref à M. de Monia-
Gcrmains.Purelédeleurs mœurs.XlII. îeraberL 178. Allocution touchant
95. Leurs lois. Voir Angleterre. renlèvemeiU de l'archevêque de
Gervais de la Prise. Accord des monu- Cologne. XVI. 139. Création de l'évê-
mens de la terre et des hommes avec ché d'Alger. XVII. 237.
la Genèse. III. 240. Grégoire de Tours. Sur les lettres ajou-
Gésénius. Sur lePentateuque Samaritain tées par Chilpéric. XIV. 381. Justi-
XIV. 7. Son alphabet phénicien. 276. lié contre les bénédictins au sujet de
Gildas. Moine d'Ecosse au 6« siècle. S. Trophime. XVII. 122.
Son récit de la détresse des Bretons. Grégoire-îe-Grand (saint). Sa charité.
XIII. 89. Opposé au récit falsifié de XIII. 93. Son élection, ib. Envoie
M. Thierry. 90. 109. des missionnaires en Angleterre. 94.
Gilles-le-Chantre. Ses erreurs. VI. 168. Sa lettre à ce sujet, ib. Calomnié par
Girard. Ses œuv. XIV. 460. M. Thierry et vengé par Bede et Lin-
Gironi. Ses œuv. XVII. 79. gard. 107.
Glapion (Jean). Ses œuv. XII, 418. Grégoire (saint). L'illuminatcur. Con-
Globe terrestre. Essai sur son état avant vertit l'Arménie au christianisme et
la création de l'homme. XIII. 39. sauve sa nationalité. XII. 17.
Sur les époques delà création. 42. Grégoire de Nazianze. Sur la source des
Voir (Jairaud. oracles des Sibylles. XIV. 68.
Gloria patri. XVI. 40. Gregory. Sesœuv. XIII. 459.
Glossaire des a'oréviations employées Grimod de la Reynière. Ses œuv.
dans les manuscrits. XIV. 355. XVII. 79.
Glossaire liturgique des églises grecque Grolefend refuté sur Sanchoniathon.
et latine. Voir Dictionnaire. XIV. 398.
Gnose (la). XIX. 248. Guèbres. Leur tradition Diluvienne.
Godwiu. Ses œuv. XIII. 73. XIII. 163.
Gœrrcs. Analyse de son Athanase.XVII. Guénebault (L.T. ) Influence des pa-
297. SurlesVédas. XIX. 304- pos sur les beaux-arts. XIII. 117.
Goix. Sesœuv. XV. 475. 180. Glossaire liturgique. Voirdic-
Gomer.Nom et pays. XV. 458. tionnaire. Recherches sur la forme
Gonyclisie. XVI. 40. des anciennes églises. XVII. 419.
Gorrel (Jean). Ses err. VI. 167. Rectifié sur les basiliques. XIX. 345.
Go5sclin (M.) Sur lessystèmes comparés Annonce d'un dictionnaire d'antiqui-
d«s anciens sur la géographic.XV. 56. tés chrétiennes. 344.
Gothique (l'art) en parallèle avec l'art Guerard ( M. ) Sur les divisions territo-
antique. XIII. 145. Formes de son riales des Gaules. XVI. 168.
écriture. XIV. 288. Guerin-du-Rochcr. Danger de sa mé-
Graduel. XVI. 41. Ihode. Voir allégories.
Grec ancien. Formes diverses do l'A. Guidon (Bernard). Sesœuv. V.434.
XIV. 270, 282. Du B. Pi. Y. XVI. Guignes (II. de). Services rendus à la
235, Prononciation de quelques lettres science. XV. 383.
d'après l'hébreu. 26. Lettres en écri- Guigniaut (M.) Promoteur des doctri-
ture boustrophédone. 458. nos pantliéisliques indiennes. Sa réfu-
Grèce ancienne. Marche progressive des talion. XVIII. 421. Citésur les doc-
science";. XIII. 271. Son influence trincs hindoues. XIX. 294. 296.297.
sur la civilisation. £72. SurlesVédas. 301. Sur les Poura-
Grccs. Leur liturgie. XIV. 1.S9. nas. 330. Sur les poëmes hindou'^.
Grégencc (saint). ?es œuv. 111.221. 339. Sur la géographie de l'Inde.
Grégoire V II. Lutte contre les cnvaliis- 407. Sur la cliroiiologie. 409.
scmcns de Guillaume. XIV. 107. Son Guillaume (M. l'abbé). Sur une traduc-
pontificat et son siècle par Voigt. XV. lion des psaumes en vers. XIX. 70.
.

BE LA DEUXIK3ÎE SÉRIE. 505


Guiliaume-ic-Conquérant. Caractère de Hercnaques. XVI. /i2.
sa législation. XIV. 87. Ses préton- Hermès. Liste de ses ouvrages. 11.40.
lions sur l'église. XIV. 107. Voir Tiiot et Agnlhodemon.
Guillemiii (M. ) Sa traduction des psau- Hermésianisme (!'). Histoire de son ori-
mes. XIV. 70. gine,desa condamnation et de son
Guillois (M. l'abbé). Voir confession état actuel en Allemagne. XVII. 85.
auriculaire. Hérodote. Sur la métempsycose. XIII.
Guiraud (Alex.) Analyse de Flayien. 174. A copié la Bible d'après M. de
XIII. 313. Des anges et de la création Bovet. 258. Refuté par Dodwel. 260.
primitive. XV. 8o. Examen critique Sa statue retrouvée. 390. Rectifié par
de sa philosophie de rbistoire. XIX. la Bible. XVII. 43.
136. Belle profession de foi. 160. Hésiode comparé à la Genèse. Sur la co-
Guyane évangélisée. XIV. 464. 1ère de Zéus contre Prcméthée.XVIII.

U 325. Sur la cause du mal. 194.


Heures ( de la division des ) chez les di-
Halde (le P. du). Sa Chine citée sur la vers peuples. XV. 253. Liturgiques,
chute. X\1II.279. XVI. 42.
Eallez. L'art païen comparé ù l'art chré- Hiéroglyphes chinois. Analyse de leurs
tien. XIII. 131. Son album religieux. caractères et des classes qui servent
XVII. 62. Un cantique à l'enfant divin à les distinguer. Voir égyppticn.XV.
'
et à sa mère. 67. 328.330.
Hamaxarii. XVI. 41. Hildebrand. Voir Grégoire VII.
Hammer (M. de). Lettres sur les décou- Hindous. On veut en faire venir le Chris-
vertes de M. de Paravey. XIII. 355. tianisme. XIV. 449. Réponse à leur
Analyse de son ouvrage inédit sur faire. 453. Sauvages. XV. 240. Leurs
les origines russes. 429. doctrines mises en rapport avec les
Harivansa. Poème hindou. Son antiquité, traditions bibliques. XVIII 421. XIX.
.

son authenticité. XIX. 333. 292.325. 406.456. Voir Jacquemont.


Hautcrivc. Ses œuvres. XIX. 476. Histoire. De France. Annonce de tableaux
Hauts-Lieux dont parle la Bible. XIV. 33. chronologiques et d'une carte de géo-
Hebdoma authentica.XVI.41.Iudulgen- graphie de l'époque mérovingienne.
tiae ou major. Ib. Muta. Ib. Pœ- XV. 323. Essai sur un cours complet
nalis. Ib. d'histoire à l'usage d'un petit sémi-
Hébrcu. Son pronom comparéau copte naire. XVII.. 379. XIX. 56. Du monde
et tt larabe. XIII. 59. Caractères fos- par îvI.M.deRiancey.Examinée. XVIII.
siles. 236. Si le texte de la Bible a été 63. De France par M. Gabourd. An-
falsifié. XIV. 7. Hébreu retrouvé en noncée. XIX. 402.
Chine. 222. Voir alphabets. Ses dia- Hollande. Lettre de M. de Paravey sur
lectes, ses lettres. XVI. 238. Ecrit en les collections chinoises et japonaises,
bouslrophédon. 456. XVI. 142.
Hébreux. Recherches sur leur parenté Hollande (la Nouvelle). Reçoit une co-
avec d'autres peuples. XIII. 54. lonie catholique. XIII. 78.
Croyaient à l'immortalité de l'âme. Homère. Manuscrit d'une grande beau-
Voir Ame. té appartenant ù un monastère. XVII.
Heeren. Son injustice contre les moines 404. Vers extraits de ses ouvrages
d'Orient. XVII. 401 (note 4)- Sur les pour composer rAnnonciation de la
dynasties hindoues. XIX. 415. Vierge. XVIII. 52.
Hegel. Ses œuvres. XVIII. 473. Homme (1') dans ses rapports avec la
Hel des Phéniciens. XVIII. 408. géologie. Xin.46. Sa sublimité. XVII.
Héliopolis. Recherches sur son nom pri- 117.
mitif. III. 151. Hortus deliciarum. Célébrité de ce beau
Hendewerck. Son ouvrage sur Abdias manuscrit et de sesminiatures.XVIII.
et ses prophéties XIII. 236. 436. Reproduction de la planche qui
Henoch.V. Enoch, exprime l'universalité des sciences à
Heortastiques (lettres). XM.41. sonépoque. XIX. 54.
Herbier égyptien. XVI. 144. Hosanna. XVI. 42.
Hcreau. Ses œuvres. XIII. 459, Hospices des enfans trouvés. Leur or-
S06 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
ganisalion est due au Christianisme. Cheron. XVII. 240.
XVII. 70. Inscription de Rosette. Montrée et dépo-
Holt. Ses œuvres. XV. 476. sée à la Bibliothèque royale. XV.319.
Hugo. Ses œuvres. XIV. 462. Abyssiniennes et Nubiennes. XV. 239.
Hugo (Victor). Analyse de ses Voix in- Prouvant la multitude des martyrs.
lérieures. XV. 70. XVII. 42. Chrétienne trouvée à Autun.
Hugon (Saint). Ancienne abbaye dé- Son fac simile. Son explication. XIX.
crilc. XIV. 72. 195. Formes des lettres grecques et la -
Humboldt (de). Description d'un mo- tines. Voir Alphabets.
nument aztèque rappelant le déluge. Insectes. Leur instinct. XVI. 186.
XV. 447. Réfuté dans quelques dé- Institut catholique en Angleterre, pour
lails. 453. la défense du Catholicisme. XVIII.
Hurter (Frédéric). La vie d'Innocent III. 82.
Voir Esslinger. Instrumenta Chrisli. XVII. 201.
Hus. Quel pays il peuple. XIII. 57. Interdit (cérémonie lugubre de 1'). XVI.
Hydaspe ou Hystaspe. Allégué par saint 422.
Paul d'après Clément d'Alexandrie. Interprétation littérale ou verbale d'un
XIV. 66. Ce qu'il dit de la fin de l'era- texte. XVII. 203.
pire romain et du monde. 67. lutorcetta (le père). Sur un texte de
Hycmantes. XVI. 42. Confucius. XIX. 31.
Hymnes sacrées de M. Turquéty.XVIlL Investitures. XV. 212.
226. Invocation des saints (doctrine sur 1' ).

Hypapante. XVI. 42. XVII. 241.


Hyperihèse. XVI. 43. lo est Eve. XIX. 174.
Irénée (S.) apôtre de Lyon. XVII. 14.
I. Sur l'écriture hébraïque. XVIII. 341.
Ibis blanche. Symbole des lettrés. XVI. Irlande. Refus des évèques catholiques
143. d'être payés par l'état. XIV. 78. Célé-
Iconostase (!'). XIX. 433.434. briié de ses écoles monastiques. XVII.
Idiomèles(les). XMI.201. 407.
Idolâtrie. Son origine. XIII. 12. EnAr- Iroquois.Leur tradition dlluvienne.XIlI.
ménic. Voir Sabéisme. 162.
II. Divinité des Phéniciens. XIII. 408. Isaac. Figure du Messie sous l'ancienne
Iles Britanniques. Découvertes par les loi.XIV.421.X\I.8. Son nom retrou-
Etrusques. XVII. 315. vé en chinois. XIV. 234.
Impluvium (1'). XIX. 355. Isaïe- Défense de sa prophétie sur une
Imprimerie royale. Ses publications de vierge mère. XVII. 361. Connu en
livres orientaux. XV1II.402. Chine. XIX. 40. 41.
Ina. Préambule curieux de ses lois. XIII. Isidore ( S. ) de Séville. Ses ouvrages.
100. XVII. 359.
Incrédules (aux). XVI. 150. 337. Israël. Son nom retrouvé en Chine. XIV.
Inde, Voir Hindous. 234»
Index. Liste d'ouvrages (misa 1'). XIII. Italie. Travaux historiques. XVI. 228.
308. XIV. 315. Pourquoi ne comdara- Ses savans. XIV. 465. Origine de sa
ne pas Vossius. XVII.51. langue. XIII. 398.
Indiens. Opprimés par les Espagnols , Hard. Ses œuvres. XVIII. 77.
défendus par Las-Casas. Voir ce nom. Ilihasas. Recherches sur ces livres. XIX,
Indictio. .
XVII. 201. 331.
Ingelbcrge ou Ingelburge, 1" femme de liion. Sa fable expliquée. XIX. 99.
PhilippeAuguste;trouve protection au- l/.r^.ou le Poisson symbolique. Ouvra-
près du Sainl-Siége, et fait casser son ges cités ù ce sujet. XlX. 200.
divorce. XII. 108. Voir Innocent III. i
Initiation (1) de la synagogue, en quoi
analogue à celle des Grecs. XIV. 455. Jacquemont (Victor). Examen de son
Innocence (Etat d') primitive. XVI. 296. voyage dans l'Inde et de sa corres-
InnoccntUl (histoire du pape),parHur- pondance avec sa famille. XVlII.34.
ter. XVI. 278. 414- Traduit par M. S. Jager (l'abbé). Traduction de l'histoire
DE L.\ DEUXIÈME SÉRÏE. 507
du pape' Grégoire VII. XV. 288. opposé au Sanchonialhon de Wagcii-
XVI. 172. ifeld. 406.Sur le déluge. XV, 387.
Japhet. Recherches sur rantiquilé de sa Sur Selh. XVI. 128. Sur une double
race. XllI. 55. Nom et pays. XV. 455. écriture. XVI1I.347.
Ses sept Ois. 458. Est-il Yu? XVI. Josué. Souvenir en Chiuc du soleil ar-
123. rêlé. XIV. 220.
Japonnais.' Leur tradition diluvienne. Jour ou Lumière. Analyse de ces mots
XIII. 160. de la Cenèsc.XIII.31. D'après M.Des-
Jaqucmet. Examen du travail de M. douils.XlV.lG. Sirailitudede ses divi-
Sionnet , sur la langue bretonne. sions chez les divers peuples. XV.
XIV. 382. Des trésors de l'éloquen- 253. Dans la Bible. XVII. 155. Voir
ce. XV. 155. l'.xanicn de l'ouvrage de Genèse.
M. Remacle sur les hospices d'enfans Jourdain. Recherches sur son ancien
trouvés. XVII. 70. De l'histoire du cours, par M. Letronne. XIII. 204.
niondedeiVni.de Riancey.XVIlI. 63. Réponse à cet article par M. l'abbé
JauUret. Ses œuv. XIII. 73. Caneto. XIV. 119.
Javan. Nom et pays. XV. 458. Jubinal (Achille). Voir Armoiial.
Jean Chrysostôme (saint). Son influence Juifs. Se sont livrés au culte du feu.
, sur. sou. siècle. DilTérens fragnicns de XIV. 32. Se sont établis en Chine et
ses ouvrages. X^I1I.123. dansllnde, et y ont porté les tradi-
Jean d'Anlioche ou Malalas. Sur l'ora- tiens que nous y retrouvons; époque
de de Delphes. XIV. 63. de cette entrée. 8. 213. 454. Leurs au-
Jcctanides. Descendent de Sem. XIII. cic-ns caractères graphiques. 270.
57. 273. Tableau de leur légisialion.301.
Jehova. Ce nom retrouvé sur un bas-re- Voir Bible. Ne haïssaient paslesétran-
IJefcgyptien. XIII. 153. Dansleslivres gers. XV. 243. Calomniés comme n>a-
chinois. XIV. 223. Diverses manières térialisics. 445»
de l'écrire. XIX. 174. Julien (Stanislas). Sa traduction de
Jérôme (S.) Sur l'auteur du Pentaleu- Mcng-tseu. XIX. 29. 36.
que. XIII. 51. Sur l'ancienne division Jupiter. Nommé Aramazt ou Ormuzd.
des livres de la Bible comparée àcel- XIII. 15.
le des livres chinois. XIV. 227. Cité Jupiter-Béhis.Son temple à Habylone.
sur la foi des patriarches au Christ. Sa forme. XIV. 37. Planche. 49.
423. Sur un texte d'Isaï. 425. Sur Justin. Sur le pays le plus tôt peuplé.
la circoncision qui était un signe et XV. 245.
non un moyen de justification. XVII. Justin (S. ) Sur le Déluge. XVII. 51.
243. Défense de l'explication qu'il a Jussieu. Ses œuv. XIII. 459,
donnée du mol hébreu Aime (vierge) JuvéaaI. Sur le culic d'Isis. XIII. 29.
361. Sur l'écriture hébraïque. XVIII.
342. K.
Jésuites à Maduré.XIII. 455. Leurs tra-
vaux pour la découverte du Peulateu- Kalendae. XVII. 202
queen Chine.XIV.214.VoirP.Gaubil. Kalmouks. Leur tradition diluvienne.
Prémare. Reçus de nouveau au lire- XIII. 159.
sil. 82. Continuent les BoUandistes. Kant. Traduction delà raiion pure cxa-
393. minée. XIV. 248.
Jésus-Christ. Recherches sur son por- Kent, l'' royaume chrétien. XIII. 94.
trait..XIX.103. 185. Voir Saint. Kcnlzinger. >es œuvres. XV1II.473.
Jeudi in albis. XVII. 202. Kings (les). Notice sur ces livres. XV. 18.
Johannot. Ses œuv. XV. 476. Brùlés.20. Voir Confucius.
Jordany (M. l'abbé). Fonde une maison Klaproth. Sa nouvelle carte d'Asie. XIII.
destinée à former des instituteurs reli- S04.
gieux. XIII. 088. Klimrath. Ses œuvres. XV. 476.
Josephe. S'est trompé sur l'origine de Konigsfelden. Ses œuvres. XVII. 80.
quelques peuples. XIII. 53. Lxanicn Kouas (les). Leurs formes. XVI. 358.
de quelques unes de ses dates. XIV. Kouen-lun. Paradis chinois. Voir Pa-
10. Cité sur rhistoire phénicienne et radis.
508 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Laroinij^uière. Ses œuvres. XV. /i76.
*^* Lalouche Traduction littérale
(l'abbé).
Lacliarme ( Traducteur du Chi-
le P. )
du 1" chapitre delà Genèse. XIII. 32.
king. Diffère dut». Frémare. XVIII. Latrau (concile de). Jugé par Hurler.
278. XIX. 29. XVI. 432.
Lacordaire (l'abbé). Lettre sur létat de Laurence. Traduit le livre d'Enoch de
la papauté. XV. 423. Son mémoire sur l'Abyssinien en anglais. XVII. 370. A-
le rétablissement de l'ordre des Frè- nalyse et traduction deson travail.//;.
res-prècLeurs. XVIII. 165. Relation de Son opinion sur ce livre. 397.
sa prise d'habit dans l'ordre de Saint Laurentie (M.) Lelties d'une mère à sa
Dominique. 475. die. XIIL 379.
Lafon. Ses œuvres. XIII.459. Lavatorium. XVII. 203.
Lafont-Gouzy (M. ) Généalogie des lois Lazaras. (M'^«) Ses œuvres. XVlil. 473.
sociales et des connaissances humai- Lazare
(saint). Apôtre et premier évêque
nés. de Marseille.
XV. 1C5. XVIL 8.
Lais. Ses œuvres. XIII.73. Lechevalier. Ses œuvres. XVIII. 459.
Lamartine. Son Jocelyn mis à l'index. Leclionarium epistolarum. XVIII. 203.
XIII.399. Réponse à sa justification. Légendes reconnues comme source de
XI1I.422. AnalysecriliquedesaChute poésie. XI. 396. De la Passion. Voye»
d'un auge. XVI. 364. Examen de ses Passion. Thibétaines. V. 36. 387. 422.
Reeueillomens poétiques. XVIII. 233. Leguillou (l'abbé). La Foi, l'Espérance
Lambert. Ses œuvres. XIII. 73. et la Charité. XIV^ 84. Voyage au pôle
Lamech. Son mariage d'après Enoch. sud, de son frère. XV. 320.
XVII. 393. Leibnitz. Sur le Critérium delà vérité.
Lamennais (l'abbé de) . Sur sa défection. XIV. 252.
XIII. 422. Lenoir (Alex.) Ses œuvres. XIX. 481.
Lamprophores. Ce que c'était dans la Lenormand (M.) Extrait de son cours
primitive église. IX. 416. d'histoire sur la population primitive
Lancy (l'abbé). Ses œuvres. XIV. 165. de l'Asie. XIII. 50.
Lanfranc. Son influence sur son siècle. Léopardi. Ses œur. XV. 476.
XIV. 94- Ses soins pour l'éducation. Lesueur. Ses œuvres. XV. 476.
100. Leianiœ ou Litaniœ. XVH. 204.
Langage. Son origine divine prouvée Letronne (M.) Lettre sur le cours du
par l'analyse des mots de la langue Jourdain. XIII. 204. Lettre de M.
hébraïque. XIV. 317. Canelo en réponse. XIV. 119. Mémoi-
Langlois, peintre. Ses œuvres. XV. 476. re sur une inscription de la Nubie.
Langlois (M.) Sur le Harivansa. XIX. XV. 239. Sa cosmographie des Pères
394. Sur les poèmes et l'histoire an- n'est qu'une attaque déguisée contre
cienne des Hindous. 344. la Bible. XVII. 261. Fait dire à la Ge-
Langue bretonne. Travaux sur cet idiô- nèse ce t|u'clle n'a jamais dit. 268.
me. Voir Breton. Met sur le compte des Pères de l'église
Langue chinoise. Son étude. XV. 240. les idées des anciennes écolesgrecques
Langue latine. De son élude et de ses et d'écrivains de peu de valeur. 275.
rapports avec le français, par l'abbé Sa méprise au sujet des Pèies. 285.
Bondil. XVIII. 38J . Son origine. 394. 288.
Langues thraco-pélasgiques ou gréco- Lettre pastorale del'évfique deBayeux,
lalines. Histoire de leur naissance, de sur le besoin d'études nécessaires au
leurs progrès , etc. XIII. 270. 393. Se- clergé. XVII. 396.
mitiques classées et leurs alphabets. Lettres. Noms de leurs formes variées.
XIV. 273. Voir Alphabets. XVIII. 441. 443. 444. Gothiques ou
Lanternes (fête des). En mémoire des monacales. 445.
morts chez les Japonais. XIII. 160. Lettres dominicales. XVII. 204,
Lao-lscu. Sur la Trinité. XV. 332. Sur Lettres formées. XVIL 204.
Dieu un ou le Tao. XIV. 222. Lettres russes. Leur origine syrienne.
Laplace. Ses probabilités. XIV. 20. XIII. 80.
Lapons. Leur tradition diluvlenue.XUI. Libelli. XVll. 205.
102, Libt'llum penitcntiœ. XVIL 205.
DE L.A. DELXIÈME SLUIE. 509
Libcrt. Ses œuv. XIV. 462. 346. Plan de S. Clénienl de Rome.
Liberté calholique. XVI. 399. AOl. Basilique grecque d'après Vitruvc.
Libri (M.) Réfutation de ses assertions 431.
sur rinllueuceduCliiistianismesur les Liturgies des églises grecque et latine.
sciences. XVll. 260. 347. 399. Recherches archéologiques. XIV. 180.
Lidiis. Sur Sanchonialhon, XI\. 401. Orientales, leurs noms. 186. Occi-
Liglilfoot. Cité sur raulorilé des fables dentales. 192. Glossiice des princi-
du Talmud. XIV. 438. paux termes employés par les auteurs.
Lilit, femme de Satan, selon le Talmud. Voir Dictionnaire.
XVI. 19. 134. Livre (le) de la nature, par M. Des-
Limina Marljris, ou Martyrum. XVII. douits; annoncé. XVIII. 240.
205. Livres. Recherches sur leur origine au
Lingard. Réfute M. Thierry. XIII. 107. moyen-ùge. XVIII. 17. Détails curieux
Liste des dynasties hindoues. XIX. 413. sur les relations établies entre les sa-
Litliof;rapliicf. B:i<.-ielicf égyptien rap- vans pour leur communication. 29 à
pelant la chute d'Adam et d'Eve. XIII. 33. Donation de livres. 155.
152. Figure du Mégatîiérium. 376. Lobeck (M.) Refuté sur Sanchonialhon
Temple de Jupiter Relus à Babylone. XIX. 263.
Nur-hag, de Sardaigne, Talaiot de Mi- Lois concernant les droits du roi d'Israël,
norquc, Téocalli Mexicain, avant servi Méprise à cesujet par M. Lenormand.
au culte du feu. XIV. 48. Alphabets XIIL 51.
des langues sémitiques. 270. A capital Lois des Germains ou Saxonssur les per-
des insciiptions. 282. A des diplômes sonnes et les biens. XIII. 96. Voir
et. d s chartes. 288. Anciennes abré- Canut, Ina, Evéques. Sociales. Leur
viations latines. 354. Une dent de dino- analogie avec les connaissances hu-
Ihériuni. 410. Angle facial de Camper. maines. XV. 165. Basiliques. Ce que
XV. 120. Configuration des crânes de c'était. XM. £54. Romaines en vigueur
Blumenbucli. id. Portrait de Savona- dans les Gaules. 168.
rôle. 318. Dessin aztèque rappelant le Lombardique XIV. 288. 290.
(écriture).
déluge. 4136. Origine chinoise et égyp- Loriquet (père). Mérite de ses abrégés
tienne des A et des B sémitiques!^ B d'histoire. XVII. 381. XIX. 283.
sémitiques, B grecs et latins, 235. B Lotus rose. XVI. 143.
capital, minuscule et cursifdesmanus- Louis XIV. Lettre de rétractation des 4
crits. 241. Ecrituie en boustrophcdon. articles. XVI. 57.
458. DiiTérens objets relatifs un délu- Louis (saint). Son histoire, par M. deVil-
ge, trouvés dans un vase. XVII. 46. leneuve-Trans. XIX.76.
Caractères chinois et égyptiens ayant Lourdet (l'abbé). Notice sur ses ouvrages
servi à former lej» G sémitiques; G de et sa vie. XIX. 7.
35 alphabet.1 sémitiques; G grec an- Lourdoueix (M. de). De la vérité uni-
rien ; formation du C latin capital. verselle. XVI. 308.
334. C latin capital des manuscrits; Louvain (Université catholique de). XV.
C minuscule des diplômes. 342. Plan 400.
d'une basilique chrétienne des pre- Luca (M. l'abbé de). Son jugement sur
niiersagcs. 421. Scènes mythologiques les Annales. XIII. 76. Nommé consul-
ruppelant la chute d'Adam et ti'Éve. leur de l'index. 388.
XVIII. 143. Titre hébi eu de la Sainte- Lucernarium ou Lucerualisbora. XVII.
Croix. Alphaljctrabbiniqueet alphabet 205.
cursif. 293. Lettre ornée (un G) du Lucifer. Son symbole en Chine. XVL
45* siècle, avec la peinture d'uneùme 356.
reçue dans les bras du Père Lteriiel. Lud. Nom et pays. XIII. 56. XV. 456.
439. La science figurée avec ses di- Luden Nommé le père de This-
(Henri).
visions et ses attributs par une abbesse toire alkinande. Ce qu'il dit du céli-
du mcyen-àge. XIX. 54. ligure de bat. Erreur de cet écrivain sur l'époque
deu\ Centaures des livres chinois. 96. de son institution. XV. 292.
lac siniile d'une inscription chré;icn- Lumière. Comment ce mot de la Genèse
i.e liouNée à Aulun. 197. Iniérieur a été expliqué par les Pères. XIII, 42.
d'une basilique des premiers siècles. Sa création : coannent exjliquée par
TuME XIX. Table gcncrale. 1839. 54
510 TAÎ^LE GÉiNKRALE DES MATIÈniS
XV. 93.
Lcitiiitz et Pierre f,onibnr<l. Époque oh ils furent corrigés par leâ
Sur sa substance. XVII. 1^5. Espli- savants du tnnvpn-ftge. XV. 217. Ma-
quée par M, Guiraud. XIX. 151. nusciils chinois d'un missionnaire.
Voir Préniai p. Célèbre dit de Soubise.
]J|. 34'. Du 10' siècle d"linni(^lics inédiles
de saint Chrysoslùme. XVI. l/iO. Arabe
Mabillon. Exposition de son opinion sur découvert, par l'abbé Arri à Turin.
la non-universaliié du déluge. XVII. 389. Ornés de miniatures. XIX. 201.
l\9. Ejzypliens de ia bible. Voir Bible.
Machabées. Peux passages de ce livre Marais Pontins. Leur dessèchement par
confirmés pir les médailles. X\ II. 37. Pie VI. XIII. 187.
Machet (M.) Exposition et réfulalion de Marcel de Serres (M.) Sur la cosmogo-
son nouveau Christianisme. XIII. /|09. nie de Moïse. XVII. 453.
Madai. Nom et pays. XV. Zi58. Marcclla. Sur l'origine ôe la langue
Madrolle (M.) Du quarténaire du nom grecque. XVIII. M^.
de Dieu. XV. 183. Sur la solenuilé Marcus (M.) Son histoire des Vandales.
du dimanche. XVIII. 2Z|4. Voir ce mot.
Maduré. Vo r Jésuites. Mariage. Sa saintelé chez les Germains
Mages. OiU connu la résurrection. XIÎI. ou Saxons. XIII. 95. Méconnu et
176. 177. Leur arrivoe à Bethléem souillé jiai- le protestantisme. 285
prouve l'universalité des Iradi'ions. Marie-d'OrJéans. Ses œuvr. XVIII. (473.
XIV. 71. Marsache. XVII. 207.
Magisme. Son introduction en Arménie. Martjriarii. XVII. 206.
XIII. 13. Marljrion ou Martyr. XVII. 206.
Magog. Nom et pays. XV. l^5S. Mussabiuu. Ses œuvr, XV. 476.
Mahafcharala (le). XIX. 331. Mutérialismo de noire époque formulé
Mahomet et Luther mis en paralli le. par M. Broussais. XIX. 371. Si les
XIV. 326. Juifs le professaient. Voir Juifs.
Mahnméinns. Leur tradition diluvienne. Malhemn. XVII. 207.
XIII. 162. Décadence de leurcrovance. Mathilde (la comtesse). Lettres adressées
"389. par Grégoire Vn. XVL 175. 177.
Mainionides. Sur la résurrection. XIII. Matraja, missionnaire. Ses ouvrages.
177. Sur les traditions juives. XIV. XVI. 142.
427. Matronœum (le). XIX. 429.
Maistre((!e). De l'art sous l'inflnenco du Mauri. Ses œuvr. XIII. 459.
Christianisme. XIII. 24. Impression i\Iauritanique (écriture). XV. 219.
produite par ses écrit.s. XIV. 56. F,x- Maury (l'abbé). Discours sur la spolia-
amen de la philosophie deBacou. XV. tion du clergé. XVI. 270.
405. Mayron (l'rançois de). Ses œuvr. VI. 166.
Malalas. Voir Jean d'Anlioche. Méchitarislcs. Établis à Vienne. Xlil.
Malebranche. Sur l'idée et sur le crile- 389.
riuni de la vérité. XIV. 247. 252.Médailles servant à prouver la vérité dis
Maltebrun. Surl'alphabet albanais. XIII. faits de la Bible. XVII. 36. Uelati\cs
278. Sur l'ancien grec. 282. Sur la au délige. 40.
langue italique. Méd'cis. Itillunnce iiernicieu^e de celle
393.
Manava-dhavmasastra. Voir Manou. cour sur les arts et les mœurs. XV.
Manichéins. Leurs erreurs. XIX.146. 203. 208.
Manou. Époque de ses lois. XIX. 304. Jléi'nthérium. Description et figure de
Rechenlics '^nicctlecnnipilation. 325. cet aninud fossile. XIII. 375.
Manuscrits. Koime des lr:iiies cursives Mencius ou Mong-tsce. Ses œuvres. Sur
par ordre de sirdes et de peuples. l'unité de Dieu. XV. 145. 153. Sur le
XIV. 282. 288. De Bossuet. 312. De saint. XIX. 26. Saint attendu. 36.
la vie d'Alexandre VII. 315. D'une Menop (saint). Donne un alphabet à
légon<lc brdoune. 384. De l'abbaye l'Arménie. XIII. SO
de Cinny. 392. Du Saiïchoniathon de Mensis inirans. XVJl. 210.
PhilondeB)blos.397.D'unûuvragecu- Mer-Morle. Discussion sursaforuralion.
lieux des PP. Prémare et Bouvet, 451. Voir Lttronnc.
DE L.V dkt:\ii:mf. sTiiii'. 511
Méiou.Monl indien. Ce qiic c'est. XV. 245 Leur par M. De La-
possibilité niée
Mérovingienne (Ocriluie). Ses ibrincs. pluce. Réfutation. XIV. 25.
XIV. 288. 290. Mischna (la). Son origine. XIII. 228.
Méso-ncsiime. XVIÎ. 210. Missa ou Missio. XVII. 211.
Méso-penlecostes. XVII. 210. Missionnaires. Leurs travaux en Asie.
Méso|)otaniie. Recherches sur les tradi- XIII. 304. Catholiques et protestans
tions bibliques de cette célèbre contrée, miscn parallèle. 31 1. l'ourTInde. Or-
et ses anciens habitans. IV. 359. donnance du roi de Hollande pour leur
Mesraïm. Nom et pays. XV. /i">7. trailcnu'nt. XIV. 153. Mis à mort en
Messie. Connu et attendu des juifs. XIV. Cochinchine. 154. Entrée d'un mis-
423. 455. U» eoiloqua avec son pCre. sionnaire en Corée, ib. Mort d'un mis-
XVII. 246- Chez les Grecs; oracle de la sionnaire à l'ondichéry. ib. Envoyés
Pythie qui le reconnaît. XIV.GS.Fip;»- au Gap de Bonne-Espérance. 391.
ré el promis dans le Promélhée. XIX. Travaux littéraires. XV. 1G4. Travaux
165. Devait naître d'une vierge. 177. sur l'Inde. XIX. 451.
CouTiu et altouJu des Chiaois Voir Missions (état des) en Syrie. XIV. 79. A'i
Saint. Mexique. 82. Au Drc'sil. ib. Dans la
Metntorium. XVIT. 210. Guyane. 464- En Chine. XVIII. 4 60.
Mété (la déesse). IV. 319. Persécutées au Fo-kien. 1C2. D'Abys-
Métempsychose. Origine de cette croyan- sinic. 240.
ce chez les Indiens el le-; Ëgyj)!iens, Moëller (Jean). Son manuel d'histoire du
XllI. 174. S il est vrai qu'il en soit moven-Sge. Annoncé. XV. 164. E^a-
question dans l'Evan.^ile. 17G. mnïé. XVI. 151. Ses œuT. XIX. 476.
Méthodistes. Leurs erreurs. XIII, 247. Moi2;no (F.) Comment les êtres sont en
Episcopaux. 248. l'rotestans. 249. Dieu. XVIII. 7. Attaqué et défendu.
Meurtriers. Cjuge singulier ù eurégard. 471. XÏX. 243.
XVIÎ. 326. Moines. Leur influence au moyen ùge
M.'zuzolh. XVI II. 296. en Angleterre. XIV. 102.
Mexique. Ses téocalli comparés à ceux Moïse. Le premier des historiens. XIII.
de l'Asie. XIV. 44- Forme d'un autel. 50. Pourquoi il n'a pas fait un dogme
48. A connu le christianisme avant de l'immortalité de l'âme. 174. ^'il
l'arrivée des Esj)agnols. 82. parle du dogme de la Trinité. 175.
Miao-lsc. Peuple primitif de la Chine. 341. Authenticité de sa chronologie,
XV. 390. XVI. 144. examinée et prou\ée par des livres
Michaud. Ses ocuv. XIX. 479. trouvés en Chine et dans l'Inde. XIV.
Michelet. Sur les Vaudois. XVI. 110. 7. 213. ^ur la géologie de la Gcnùsc.
Miger. S.'s œuv. XV. 476. 13. Tableau de sa législation. 301. Sa
Mddert. Ses œuv. XIII. 73. cosmogonie comparée aur. faits géolo-
Mill. Ses œuv. XIII. 459. giques. XVII. 153. Antérieur aux phi-
Minerve. Est-elleEve? XVIIL 145. losophes païens. XIX. 252. Sur la
Ming-ti. Empereur chinois ; envoie une tems où il a vécu. 268.
ambassade à la recherche du Saint. Moïse de Chorêne. Caractère de cet his-
XIV. 218. torien arménien. XIII. 13.
Miniatures (de.') au moyen âge. Leur Mojon. ?es œuv. XV. 476.
importance historique. XIX. 47. 114. Molitor ( M.! Analyse de sa Pliilosopliie
Des XV' et XVI' siècles. 366. de la tradition. XIII. 225.
Miniaturistes. Noms de quelques-uns et Momies. Expériences sur les substances
de leui-s ouvrages. XIX. 209. des toiles qui les enveloppnnt.XV.238.
Miracles du Christianisme (des). Ourra- Monde (création du). Voir Création. Sur
ge de Gotrrc.s. Xli. 171. sa lin. XVI. 37. Son état avant la créa-
Miracles (lc>) de Jésus-Chrisl dénaturés tion de l'homme. 39. Sa configuration
par les rabbins. II. 89. lil. 52. Dans selon les pères. XVII. 275.
l'alcoran. VI. 402. De .Jésus- Christ. Monnaies inconnues , des évèqucs, des
Leur caractère admirable et incontes- fous, des innocens et autres associations
table. IX. 224. 239. L'établissement singulières, etc. XV. 324.
du Christianisme est le plus grand des Monogrammes des actes. XV.209.
iiiirades. 229. XFv 304. XVIII. 249. Monophysiles. Leurs erreurs. XIII. 22,
.
512 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Monlalembert(M. de). Sur l'art religieux Néant Mal à propos personnifié. XIX.
en France. XVI. 72. Bref que lui 230.
adresse Grégoire XVI. XIV. 178. Voir Nécrologie des auteurs morts en 183fi.
Elisabeth. XIII. 70. 458. En 1837. XIV. 460.
Montauban (séminaire de). XIII. 454. XV. 474. En 1838. XVII. 78. XVIII.
Mont-Rond (M. de). Essais historiques 76. En 1839. 472. XIX. 476.
sur la ville d'Etampes. XIII. 210. Nègres. S'ils étaient connus au teras
Monumens historiques. Circulaire d'un de Noé. XIII. 54. Tradition sur la
archevêque à ce sujet. XVI. 309. cause de leur couleur dans l'ile Ton-
Monumens religieux (statistique des) ga. 236. Sentimens divers sur leur
par l'abbé Souchef. XVII. 160. origine. 55. (note 1 "). Identité de leur
Morice. Ses œuv. XIII. 459. origine avec celle des blancs. XV. 114.
Mosoch. nom et pays. XV. 459. Origine de leur traite. XVI. 204.
Moyen-âge (histoire du). Voir Moiiller. Nelumbo (le). XVI. 143.
Muller (l'abbé). Ses œuv. XIX. 479. Néochristianisme (le) moderne est une
Munck (M.) Dissertation sur le dogme hérésie. XIV. 310.
de l'immortalité de l'àme chez les Hé- Ncstorius. Ses erreurs en Arménie.XIII.
breux. XIII. 166. Son idée sur l'im- 21.
mortalité de l'àme. 173. Sa méprise Nibelungcn. Traduction de cet ouvrage,
sur un textede rEvangile.l76. Ignore annoncée. XV. 468. Autre traduction
que les juifs connaissaient la résurrec- du même. 323.
lion des corp«. 177. Nicéphore. Sur un oracle de la Pythie.
Municipes d'Italie. Leur histoire publiée XIV. 65.
eh Siirdaigne. XVI. 228. Nicolas de Damas.Sur le déluge. XV.388.
Musée étrusque du Vatican fondé par Nicolo-Nicoli. Sa collection de 800 ma-
GrégoireXVI. XIV. 153. nuscrifî. V. 256.
Musées égyptiens de Paris, de Londres, Ninive. Ses antiquités. XIII. 56. Senli-
de Turin. XVI. 143. 145. Siuico-Ja- ment sur sa chronologie. 61.
ponais de La Haye. 143. Niu-Oua. Chez les Chinois. XIV. 220.
Musique.Rameuée à un but chrétien par 234.
Savonarole. XV. 207. Noé. Considéré comme le Pîrc de tous
Mutin. Ses œuv. XV. 477. les peuple?. XIII. 54. Comment ses
Myslagogie. XVII. 212. fils ont peuplé l'Asie. 55. Sa maiédic-

Myslf^res. Chez les juif*. XIV. 426. tion est-elle la cause de la couleur de
Mythologie. Exemple de scènes mytho- de la peau des Ntgres. Id. Comment
logiques grecques faisant allusion à sa religion se retrouve en Chine. 340.
la chute d'Adam. XVIII. 143. Accord Pierre qu'il donne à ses fds. 430. Ses
avec la Bible. 328. Caractère de la V- m trois fds chez la plupart des peuples.
Ihologie arménienne. XIII. 15. Voir XV.25!. 389. Est le Ty-ko des Chinois.
Prométhée. 384. XVI. 15. 123. Est le Cox-Cox des
-j Aztèques. XV. 394. Ses quinze petits-
^- fils dans la Cible. 455. Chez les Par-
Nancy (Histoire de). Voir Dumast. ses. 459. Noms hébraïques et pays
Naos (le). XIX. 426, de ses 15 fils et pplits-rii<. 455. 461.
Napoléon n'a jamais existé, d'après les Chez les Chinois. 460. Chez les Aztè-
principes symboliques. XIII. 216. Siu- nues. 462. Son nom sur une médaille.
gulière lettre à Pie VII. XVI. 59. XVII. 40. Sa naissance d'après une
Nardi. Ses œuvres. XV. 477. Liste plus prophétie d'Enoch. 395. Voir Yao.
complette. XVIII. 78. Norden. Un monumeul de la chute d'A-
Narthsx (le). Sa forme, sa place. XVII. dam et d'Eve.XIII. 152.
213. XIX. 422. Noiitiae ccclesiae. XVII. 214.
Natal (le). XVII. 213. Notre-Dame-des-Ermites. Notice hisîo-
Natalice (le). XVII. 213. rique sur ce pèlerinage. XVII. 320.
Nalatoria. XVII. 213. NuUatenscs. XMI. 214.
Naturalisme (le). Expliqué etréfulé.XVl. Nnr-Hag ou Nur-IIagim, ou Nur-Gal.
o95. Autels du feu. XIV. 31. 47. Et la
Nanlt(M.)Delavéritécalholiquc.XV.59. planche. 48.
DE LA neUXIKMF. SÉniH. 513
O. Pupanlo. DeBon action cl son tiî;it pris-
sent par M. l'abbé Lacordairc. XV.
Océaiiie, Nouvelles relii;ieiises et sricn- /i20. Ivxamcn de ton liisloirc, par
tifujucf. Départ tic Londres de coin- Uankc. XVII. 2/i9.
niespourlaNouvclIe-IIoUandc.XVlII. Pape (le). Ode, parM. Turqiicly. XVIlî.
78. Tradition sur Aboi et Caïii dans 223.
les îles Tonp;;!. 236. Expédition parlio Papes. Tableau hislori([iip do leur in-
de Londres pour la Nouvclle-Hol- tUience sur les bcaux-arls. XIII. 117.
lande. XV. 239. Vojapie du cai)itaine 180.
d'Urville au pôle sud. 320. Formaiion Paradis. Ce qu'en dit la ncnvsc XVL
d'un sixième continent. 322. 300. Ses llcuves , nom cl pays. ('.
Œniilius Sura. Sur l'époque certaine de Chez les Chinois; c'c^t le Koucn-Iun.
la cluitede l'empire assyrien. XIILCil. 301. Sa fifcure. 302. Le Céleste. 303.
'
Ollices claustraux. Quid. XIX. 39G. Le chérubin qui le garde.SOA-Sa fij^nic
Omaliuj d'Halloy. Sur le déluge. XIIL d'apn's les Cliinois. XIV. 219.
48. Paravpy (M. le chevalier de) combalUi
Onciales (lettres). Leur époque et leur par M. Ri;imbourg sur l'anliquilé
forme. XIV. 278. chinoise. XIIL 332. Sa réponse. 351.
Oracles du paganisme. XIV. 68. Leur Accordés par M. Th. Foisset. Zi-j/i.
cessation. 66. Communication à l'académie des
Orderic-Vital. Sur les mœurs du clergé sciences sur quelques découvertes
au moyen-âge. XIV.93. modernes qui avaient été connues des
Orfèvrerie. Sous les Mérovingiens. XIV. anciens. 429. Notes sur un article de
322. M. Sionuet concernant l'époque de
Orientation des églises. Ce que c'est. l'entrée des Juifs en Chine. XIV. 233.
XIX. 352. Ses travaux sur les Chinois. 454. Du
Origène. Sur la lumière. XIILoO. j)latcau culminant du monde ou du
Ori:îincs catholiques. Voir sur cetle ma- plateau de Pâmer el de fcs quatre
tière importante les auteurs cités, tome ileuves, considérés comme étant TE-
XI, page 35, à la note. den de la Bible et le mont jMérou des
Orsini (l'abbé ). Histoire de la Vierge. Indiens. XV. 245. Identité du déluge
XVI. 215. d'Yao et de celui de la Bible. 380.
Ossemens fossiles retrouvés. XIV. •152. Ses travaux jugés par M. Aimé Mar-
/i03. tin. 437. Combattu sur la parole. 454-
Ottawa. Livres catholiques dans colle Sur les 15 petils-fils de l'empereur
langue. XIIL A5/i. Ty-ko. 460. Des patriarches antérieurs
Ozanam. Deux chanceliers d'Angle- à Ty-ko ou à Noé dont les listes sont
terre. XIV. 3. Examen de sou livre conservées en Chine. XVI. 115. Let-
sur le Dante et la philosophie du 13* tre sur les musées de Hollande. 142.
siècle. XIX. 357. Sur l'origine chinoise des lettres hébraï-
que*. 2.32. Examen de son système
sur les Chinois par M. Riancey.XVIlI.
Paganisme. On y pratiquait la confes- 68. Dissertation sur les Ting ling, ou
sion. XIV. 255. Son origine et sa na- sur la nation ;\ laquelle on donnait le
ture. 298.307. Idoles des mers du Sud. nom de centaures dans l'antiquité.
392. Voir temples du feu. Sa chute XIX. 94.
annoncée chez les Grecs. XIX. 175. Pascal. Jugé. XIV. 56.
Palanque. Prix propo'-é pour une des- Pater. Mal traduit en vers par Lamar-
cription de celle ville. XV. 242. tine. XVI. 372.
Pâmer ( le plateau de ) est peut-t^tre Patriarches. Leur religion, el des con-
TEden. XV. 245. séquences de leur longévilé. X1II.340.
Panthéisme. Comment exposé à Alexan- Sur les dates de leurs générations.
drie. XIV. 307. Réponse à ses objec- XIV. 8. Connus Irès-ancionnenient en
tions. 448. Réfuté par M. Coste dans Chine. 215. Sont les premiers empe-
sa physiologie. XV. 371. Exposé et reurs Chinois. 233.454.XVI.115.l;î5.
réfuléparM. de Ravignan. XVL 394. Paul (saint) allègue la sibylle parlant
Essai d'explication. XVill. 7. du Messie. XIV. C6. Tait çousisiei le
514 tai;lp. gû^jîp.ale bks srATifenES
dans la croix.
Ciii isllaii'.sme 305. Peuples primitifs. Ce que la Gcik'-sc noirs
Pausanias.SurleBouslrophedon. XVIII. en apprend. V'oirGenise, Sem, races.
305. Leurs premiers établissemen*, et leurs
Panlhier. Son travail sur les caractt-'res chefs. XIII. 56. Leur généalogie. XV.
chinois. X\'. 2/i3. Promoteur des 251. Les 15 chefs des peuples retroii-
doctrines pauthéisliques indiennes. vés chez les Juifs, les Chinois et les
XVin.
421. Perses. 455.459.^60.462.
Pt'fhé originel. Voir Chute. Pharaons 'histoire des derniers ) selon
Peinture. Ramenée ii son véritable but Hérodote. Voir Bovet.
par Savonarole. XV. 203. Voir Salon Phéniciens. Sur leurs croyances et
et Achery. leurs divinités d'après Sanchonialhon.
Peinture hiéroQ;hn)hique nzlèfiue, repré- XVIII. 405.
sentant Noé et sa famille. XV. 394-466. Philologie ( cours de). Voir alphabets
Pélagiens (les). XVI. 395. antiques. Diplomatique.
Pélasgo-Hellénique. Famille de cette Philon de Byblos. Examen de sa traduc-
langue. XIII. 280. 393. lion de Sanchonialhon que l'on dit
Pellini. Ses œuvr. XIII. 74. être retrouvée. XIV.397. Estletraduc-
Pénitens. Leur place dans la Basilique. leur et non l'auteur de celte histoire.
XMi. 421. XIX. 353. XIX.86. Cité sur Babylone. 270. Voir
Pentâteuqne. IManuscrit ancien. XIII. Séguier et ^^'agenfeld.
457. Epoque où il a été écrit. 50. Sa Piiilosophie de l'histoire suivant le Chris-
restauration par Esdras. Ib. Authen- tianisme. XIV. 293. Catholique en
ticité du texte hébreu, comparé à Italie. XVIII. 107. Examen du livre
celui des 70. XIV. 7. Preuves qu'il a de M. Guiraud sur la philosophie de
été connu en Chine au 7* siècle avant l'histoire. XIX. 134. Celle du 13' sin-
notre fre. 213. cle parOzanam. 359.
Pères de l'Eglise (les) des 3 premiers Phrénologie. Ses prétentions. XVI. 395.
siècles. Traduits par M. de Genoude. Phtha. Egyptien et Chaldéen. XV. 57.
XIV. 141. XV. 83. Nécessité de leur Phul. Nom et pays. XV. 458.
étude. XVIII. 123. Idées confuses de Physiologie. Réfutation de quelques doc-
M. Letronne à leur sujet. XVII. 275. trines matérialistes et panlhéisliques.
Si l'on peut dire qu'ils aient puisé XV.3j9.
leurs opinions particulières sur la cos- Pic VI. Ce que les sciences, les aris el
mographie, dans les textes de l'Ecri- le peuple romain doivent à ce pape,
ture. 279. S'il est vrai que les Pères XlII. 184.187.
aient eu un système quelconque de Pie VIL Son histoire. XVI. 50.
cosmographie qui leur soit propre. Pierre (S.) Sur le mot jour. X1IL36.
295. M. Letronne donne la qualilica- Pierre Lombard. Explication du texte
lion de Pères de l'Eglise à divers per- de la création. XIII. 33. Du mot lu-
sonnages qui n'ont rien de commun mière. 35.
avec eux. 285. Pierre Damien. Sur les clercs. XIX. 393.
Pérès(dom).Auteurderarticlesurrabus Pi-iao. Nom de Jehovah en chinoi'*.
des systèmes symboliques. XlII. 216. XIX. 37.
Perfectibilité humaine (de la), par A. M, Pitra ( M. l'abbé). Explication d'une
Analyse. XIV. 202. inscription chrétienne. XIX. 195.
Perione(M. l'abbé). Sur l'hermésianis- Platon. Sur les dix générations qui ont
me. XVII. 115. Note sur un de ses ar- précédé le déluge. XIII. 164. Sur la
licles. 236. préparation à la mort. XVI. 316. Mal
Perse. Rapport de ses dynasties avec compris. XIX. 464-
celles de< Chinois, suivant M. de Pa- Pluche (l'abbé). loconvénieDS de son
ravey. XIII. 356. Voir Magisme, Sa- système. XV. 381.
béisme. Pluralité des cieux. Cequ'il en faut pen-
Persoon. Ses œuvr. XIV. 460. ser. XVII. 272. Et s'il est vrai que
Péruviens. Leurs traditions diluviennes. Moïse adopte cette opinion. 273.
XIII. 160. Antiquités pliéniciennes. Plularque. Cité sur les oracles. XIV. 69.
311. Industrie. 311. Poggio. Ses œuvres. XVII. 80.
Ptlit-Radel, Sesneuvr. XIII. 74. Poisson. Emblème de J.-C. XIX. 198.
DE LA DEUXIÈME SÉniE. 515
Pôle sud. Vojagc pour sa découverte. Psaumes. Tiaductioacn vcispcirM. Guil-
XV.320. Iciiiiii. XIX, 70.
Poret ( docteur). ïlièsc catholique.
le Puiss;iucts tcmpoiclles et spirituellcb;
XIII. (i8. de leurs rappoits d'après la tradition
Porphyre.N'est pas l'auteur de i'bistoiie universelle, i)ar l'abbi- nohiliaclier.
de Sauchouiatlion. XIX. 85. Exaimii de cet ouvrage. XVll. 229.
Porta. Ses œuvres. XIII. 74. Pyrées (les), ou autels du feu retrouvés.
Poilicelli. Ses œuvres. XVII. 80. XIV. /j2. Quatre formes diverses. 48.
Portugaise (langue). XIII. 405. P.vlhie de Delphes. Examen dun de ses
Polhin (S. ) Saniissionà Lyou.XVII. 11. oracles. XIV. 62.
Pouchel (M.) Etat du giobe avant la
création de l'homme. XIII. 30. ^
ç^

Poucqueville. Ses œuvres. XVIil. 473. Quakers ou amis. Leurs mœurs. XIII.
Pourauas. Poëmes indiens. Leur valeur 250.
historique. XIX. 329. Quatremère (M. Etienne). Mémoire sur
Pouschkine. Ses œuvres. XIV. 4C2. Darius leMèdeelBaltbasar. XVI.137.
l'radt ( de ). Ses œuvres. XIV.461. Sa tiaduction de l'histoire des Mon-
Prébendes (les). XIX. 395. gols. XV. 324. Notice sur la vie et les
Pjècheurs (frères). Mémoire de M. l'ab- écrits de l'abbé Lourdet professeur
,

bé Lacordairc sur leur rétablisse- d'arniénien. XIX. 7.


ment. XVIII. 165. Quelen (Mgr. de), archevêque de Pari?.
Prémare (le P. de). Découverte d'un Allocution aux auditeurs des coiiré-
manuscrit très précieux intitulé \ es- : renées de Noire-Dame. XA I. 412. Ses
tiges des principaux dugmes de la re- ouvrages. XIX. 482.
ligion chrétienne retrouvés chez les Quinet (Edgard). Extrait de son art. sur
Chinois. XIV. 451. Analyseet Iraduc- la vie de Jésus de Strauss. XVIII. 88.
tion de cet ouvrage. Son autorité.
^
"•
Notice des Kings. XV. 7. 2" Unité de
Dieu. 134. 3° De la Trinité. 325. 4° Rabbins. Leurs fables et allégories ca-
Etat d'innocence. XVI. 296. 5° Nature chaient la tradition. XIV. 426. Sur le
déchue. 354. 6° Réparée par le Saint. mot jour. XIII. 36.
XVllI. 276. 7° Noms du Saint. XIX. Puices. r>echcrcbessur l'unilé de la race
26. humaine. XIII. 54. Tarlare et nègre.
Préraord. Ses œuvres. XV.477. Si elles sont issues dune même ori-
Presbytériens aux Etals - Unis. Leurs ghie?(7'. De Seni et Japhel. Leurca-
erreurs. Xlll. 241. Associés et réfor- raclère dislinclif. 57. Leur unitii d'a-
raés. 243. De Gumbcrlantl. 242. près le docteur Wisemann. XV. II4.
Prévost. Ses œuvres. XVIIL474. Ragvs. Est la même qu'Edesse. XV. 59.
Probabilités (ou essai philosophique sur Uai!:-Mouun-Roy. Fragment sur l'être
les) de JI. deLuplace. Examiné. XIV. suprême. XVIIL 42.
20. Rania3iu)a. Poëme indien , sa valeur
Procope.Cité sur la lettre d'Abgare.XlX. historique. XIX. 331.
186. Raphaël. Son tombeau restitué et ses
Prométhée d'Eschyle. Lettre de M. Ros- restes honorés. XIIJ. 190.
signol sur le fond de ce poème. XVUl. Raiionalisies. Leurs erreurs. XIII. 249.
73. Traditions qu'il contient. 4S4. Ravignan. Carême de 1837. 1" confé-
325. XIX. 16J. leiice. Situation uioiale de noire épo-
Prony(lebaronde).Ses œuvres.XiX.478. que. XIV. £95. 2'-', Philosophie chré-
Propagande. Exercice lilléraire en 37 lieinie derhisloire.297. 3% RégénérL-
langues. XIV. 77. lion du monde par J.-C. 299. 4% Eta-
Prophètes. Leur belle mission chez ks blisseuient du Christiunisme. 304. 5',
Hébreux. XIV, 302. Pu.'^bédiiitnt les L'erreur dans l'église; pa-
et la vérité
traditions. 420. 455. ganisme 306, 6% Mahomc-
et hérésie.
Proteslantisme. Son état actuel en An- tisraeelProlestantisme.326.7', LeCa-
glelerre. XIII. 87. Dans les Etats- tholicisme. 328.Confér. de 1838. XVI.
Unis, 237. En Allemagiic. XIV. 425. 391. 1'% Notion de Dieu. 393. 2% Pro-
-Proliièse, Ce que c'est. XIX. 443. videncc; naturalisme. 395. 3% Falalis-
516 TABLE GÉNÉRALE DKS MATIÉURS
mc.SOS. Liberté et préscience. 401.
li°, ses œuvres philosophiques. XVII. 376«
5"^, L'erreur cl la vérilé. 404. (>', Spiri- Plan (l'éludes historiques pour un
lualilé de Vàme. 407. 7"^, Caractères pclil scminairc. 380. XIX. 275.
de renseignement religieux. 410. Cou- Riaiicey (MM. de). Voir Histoire du
férencesde 1839. 1'% Préjugés illégiti- monde.
mes. XV1IL2A7. 2% Le fait di\in. 249. Richard-Simon. Son autorité. XVin.95.
3", Christianisme historique. 254- 4% Rio (M.) Sur la réforme de Savonarole.
Jésus révéioteur.259. 5%CaraLti'iesde XV. 189. 303.
Jésus. 263. 6=, Enseignement de Jésus. Rilter. Sur l'antiquité de l'Inde. XVIII.
267. 7'^, Ce que c'est que Jésus. 271. 428. Sur la langue sanscrite. 431. Sur
Raynouard. Ses œuv. XIII. 460. la vie des Hindous. XIX. 292. Sur les
Reboul. Ode sur la mort d'un enfant. lois de Mauou. 327. Sur lellarivansa.
XVII. 61. Examen de son pocuic du 3."6.
dernier jour. XIX. 215. Robertson. Ses œuv. XV, 477.
Piéforme ( de la grande) dans les mœurs Roboam.Souportrail retrouvé en K^\ple.
et les sciences, tentée par Savonarole. XVII. 46.
XV. 189. 303. Protestante jugée par Rœdcrer. Ses œuv. XIIL 74.
M. de Ra\jgnan. XIV. 327. Ce qu'elle Fiohrbacher (l'abbé). Rapport naturel ea-
u fait du Chrisiauisme. XVllI. 85. tre les deux (luissances. XML 229.
Voir Strauss. Roland (mort de). XV. 158. Sa prière.
Régnier (M, Joseph). Chronique d'Ein- 160.
sidlen. XVII. 320. Romane (écriture). XIV, 188. 290.
Reinaud (M.) Traduction de la géogra- Romane (langue). XIIL 395.
phie d'Aboulfeda. XV. 324- Roncheti y. Se» œuv. XVII. 80.
Reliure des livres. XIX. 320. Traité sur Rosa m_\stica. Paraphrase poétique de
celte matière. XV. 324. celte prière. Xli. 436.
Religieuses savantes au moyen-âge. Rose de Jéricho. Description de celle
XVIIL 219. 222. 223. 224. plante. XVI. 389.
Remacle (M). Son ouvrage sur les hos- Rosellini. Sur la manipulation du vin.
pices. XVII. 70. XVII. 45.
Reptiles. Leur quantité prodigieuse à la Roselly (M). Le Christ devant le sitcle.
deuxième époque du monde. XIII.44. XIIL 155.
Réseaux en verre de couleur. XVI. 144. Rosenmuller. Ses œuvr. XIIL 70.
Résurrection. Quelle étaitla cioyance Rosette l'inscription de) moulée et dé-
;

des hébieux sur celle vérité? XIIL176. posée à Paris. XIV. 464. XV. 319.
Et son origine chez les anciens peuples. Rosini. Ses œuvr. XIIL 460.
iO. (note 1). Rosmini-Serbali (l'abbé). Auteur d'une
Rcuchlin. RectiQé. XIV. 428. idiilosopliic catholique en Italie.
Ueui^s. Ses œuv. XVII. 80. XVIIL 107. Fragment extrait de ses
Révélation primitive faite à Adam ;im- opuscules philosophiques. 116. Ses
poilance el résultat de refait. XIV. t)uvrages. 121.
68, Prouvée par la tradition et par le RosseL Ses a-uvr. XIIL 74.
don de la iiarole fait 5 l'homme. 317. Rossignol. Analyse de la philosophie de
Par les tiadilions indiennes el chi- la tradition de Molitor. XIIL 1:25. De
noises. 448. l'histoire des derniers Pharaons de
Rêves d'une jeune fille, par M''« Mo- M. de Bovet. 258. Sur le droit matri-
reau. XIV. 134. monial chez les prolestans. 285.
r>c\ue dés Deux-Mondes. Assertions de Pieuves de la ré\élalion primitive,
ce journal touchant la Genèse. XML XIV.317. Sur le Promélhée d'Eschyle.
2u2. Touchant la Cosmologie de quel- XVIIL 73. 184. 325. XIX. Ï63.
quts pères. 268. Rougcl. Ses œuvr. XIIL 75.
Rhubaibe (la vraie). XVI. 144. Rougier de la Bergerie. Ses œuvr. XIIL
Riambourg (M.) Recherches sur les tra- 460.
dilions chinoises, ou réponse au s\ s- Roujoux. Ses œuvr. XIIL 460.
tème <!e JL de Paravey surlanticiuilé Rousseau. Ses œuvr. XIIL 460.
des Chinois. Xlil. 332. S accorde avec RuiveL Ses œuvr. XVIIL 474.
M. de i'aravey. 430. Publitalion de Rycl-cwacit. Ses œuvr. XIIL 75.
DE LA DEUXIÈME SÉniK. 517
S. ques-iiiis de ses uiuls comparus au
latin. XIX. 454.
Saba (royaume de). Son fuiidateur. XIII. Sarli (le père). Ses œuv. XIV. 4G5.
57. Satan. Appelé Sammaiil par les Rabbins.
Sabacnn. Quel est ce Pharaon dont parle XVI. 10. Serpent. Ib. Sa nature. 12.
Hérodote. III. l\Vi, Pourquoi il tenta Adam. Ik- Sa com-
Sabéisme. Son origine. XIII. 12. Pénètre pagne nommée Liiit. 19. Quelle sera
en Arménie. 13. En Afrique. 57. Son sa lin. 21. Récit de la Bible. 304. Ap-

élat. XIV. 37. Admis par les Hébreux. pelé Tclii-yeou en Chine, Explication.
l'orme de ses autels. 48. 354. Ode qu'il chantait. 359. Est Kong-
Sacerdoce chrétien comparé au sacer- kong. Expliqué. 3G0. Iniluence qu'il a
doce païen, par scint Chrysostôme. exercée sur la création, d'après M. Gui-
XVIII. 141. >aud. XIX. 146.
Samfices. Dans le paganisme. XIX. 170. Saturne. Mal à propos confondu avec
Leur insuflisance reconnue, ib. Zerwan. XIII. 15. Chez les Grecs. XV.
Sacy (M. de). Notice sur le livre d'Enoch. 50.
Fragmens. XVII. 1(54. 172. Savonarole. Réforme des arts et des
Sade (M. de). Extrait de sa Tydologie. mœurs. XV. 189. 303. Sa théorie du
XIII.157. XV.25I. beau dans la nature et dans l'art» 304.
Saint. Comment en parlent les livres Son portrait. 318. Contre les scholas-
chinois. XIV. 221. 232. 235. Devait tiques. 198.303.
venir après 72 générations. XVI. 129. Saulnier de Beaurcgard. Ses œuv.XVIII.
Devait réparer la nature humaine. 474.
XVIil. 283. 287. Ses ditTérens noms : Saussol. Ses œuv. XIII. 75.
homme divin. XIX. 26. Homme ciel. Scandinaves. Leur tradition diluvienne.
27. Homme un i^/ze. 28. Cet homme. XIII. 159.
29. Beau, bon, doux. //». Devait pa- Sceau. Epoque do son usage dans les
raître en Occident. 30. Très-parfait. actes.XV.38.0ù ilcommcuccàtomber
31. Séparé. 32. Attendu des anciens en désuétude. 47.
Chinois. 33. Devait naître d'une vierge. Sceau de S. Bernard. Voir Bernard.
38. Schelling. Sa méthode philosophique.
Saint-Chcron. Trad. d'Innocent III de XIV. 250.
Hurter. XVII. 240. Scliéol. Doit-il signifier Enfer ou Tom-
Saiut-Simoniens (les). Leur situation en beau. Xllf. 170.
Egypte. XIII. 233. Schlégel (Frédéric). Sur les avantages de
Sala (card.) Ses œuv. XIX, 477. l'étude de l'Inde par rapport à la Bible.
Salomon, Connu en Chine. XIV. 220. XIII. 175.
Salon. Revue des tableaux religieux du Schoei. Sur Thisloire de l'alphabet grec
salon de 1838. XVII. 53. De 1839.392. et latin. XIV. 375. 370.
Salut (des moyens de). Chez les Juifs. Scholastique. Quel est son but. IV. 73.
XVII. 241. Chez les Chinois. XIX. 35. Abus qu'on en fait au 13" siècle.
Salverte (Eus.) Ses œuv. XIX. 481. 134. Doit être connue. XIII. 297.302.
Salvolini, Ses œuv.XVII.80. Son opinion Réfutation de quelques reproches mal
sur l'origine égyptienne des lettres fondés. XIX. 357.
hébraïques. XVI. 234. Sur un monu- Sciences et arts au moyen-ûge. Tableau
ment égyptien. XIII. 152. figuré par une abbesse. XIX. 54.
Sanchoniathon. Dissertation sur l'au- Scina. Ses œuv. XV. 477.
thcnticité des fragmens de l'histoire Sculpture antique et du moyen-âge. Son
phénicienne de cet auteur, par M. Se- caractère religieux. XIII. 146.
guier. XVIII. 405. XIX. 85.263. Voir Scythes. D'après Aristote. XV. 118.
Philon etWagenfeld. Sébastian! (M.) Ses œuv. XIV. 465.
Sannazar. Vie de ce poète. XVIII. 56. Secchi (le père). Ses travaux. XI\ , 405.
Traduction de son poème de l'enfan- Sectes religieuses aux Etats-Unis. XIII.
lement de la Vierge. 58. 257.
Sanscrit. Sentimens divers des savans sur Séguier. Sur une édition et traduction
l'antiquité de cette langue et sur sa de la préparation évangélique d'Eu-
perfection. XVIII. 431 . IV. 2G4. Que!- sèbe. XVI. 31 1. Dissertation sur l'ait-
'ïo-ilï. XIX. Table gène. aie. 18Ô9, 3ï
5î8 TADf.a GÉNÊRALS I)ES UATii;r.rs
thenlieJU dc« fragmens de Sanchonia- Sibvlle (la). Alléguée par i. Paul. XIV.
ihon conservés par Lus'ibc. XIX. 85. 66. Pourquoi rejelée. 67. D"où vcunit
263. leur science. 68. Disscrtalioii iur un
Sem. Recherches sur l'anliquito de sa de leurs oracles. if'.

race. XIII. 55. Travaux ellmographi- Sieyes. Ses œuv. XIII. "J*
ques et généalogiques à ce sujet. 56. Signatures. I^jioque de leur origine dans
Recherches sur la parenté de celle les actes. XV. 48. Royales, comment
race avec les Egyptiens et les Elhio- désignées. 49.
piens. 58. Son nom et le pays qu'il Silvio-Pellico. La croix. Ode italienne et
a peuplé. XV. 45. Ses cinq fils et leur française. XIII. 62. Sa profession de
pars. 456. Est Heou-tsy des Chinois. foi. XIV. 78. Poésies inédites ; détail»
XVI. 12A. sur sa vie. XVII. 184.
Semaine. Usitée en Chine. XIV. 235. Sionnel (l'abbé). Dissertation snr la chro-
Semiramis. De qui elle est conlempo- nologie du texte hébreu. XIV. 7. Sur
raine. XIX. 268. l'époque de l'entrée des juifs en Chine.
Séminaires 'petits). Sentimens des évc";- 213. Edition d'un mystère en langue
ques touchant la direction spirituelle bretonne. 384. Analyse d'un ouTrage
et scientifique de ces maisons. XIII. iuéd;t du P. Prémare. XV. 7. 325.
76.232.45/i.Lcur situation en France. Projet d'édition de Clément d'Alexan-
XiV. 151. Leurs progrès scientifiques drie. XiX. 201.
à Forcalquier. 311. A Auch. 312. A Slave, (idiome). Voir Evangile.
Fréjus. 391. Au Mans. 464. A Tours. Socinianisme (le). Exposé et réfuté.
XVIII. 153. Ln plan d'études hislori- XVI. 395.
ques.. XVII. 380. XIX. 275. Soirée (une', de fimille, par madame la
Sémitique langue). Ses alphabets. XIV. princesse de Craon. XVI. 219.
270. Recherches historiques sur ses Soirées de Monthléry , ou entretiens sur
divisions. 273. les origines bibliques , examinées.
Septante. Leur version comparée à celle XIV. 1.'?.
des hébreux. XIV. 7. Solea (la). Dans les églises. XIX. 432.
Serment de la reine d'Angleterre. XVI. Soleil. Adoré chez les hébreux. Voir Sa-
227. béisme.
Sérouxd'Agincouit.Auleurdu bel ouvra- Solesmes (abbaye de). Description des
fem\.\\.ulé: /-isioiredel'art numoycn- sculptures. Voir Allou. Rétablie.
é-^e depuis la décadence. Est le véri- XVI. 445.
table Winkelman de cette époque si Sorbonne. Programme de ses cours. XV.
mémorable, qui part du 4* siècle, et 396.
va jusqu au 14' siicle. L'ouvrage ren- Souchet (l'abbé). Statistique des monu-
fcrmeplus de 300 planches compre- mens religieux. XVII. 160.
nant 6 voi. in-f" avec un texte expli- Souscription des actes. Leur origine.XV.
calif et historique ,divisé en architec- 47. Avec du sang. XI. 39
ture, peinture et sculpture. Souveut Souza. Ses œuv. XIII. 75.
cité dans le vol. XI des Annales et Spectacles (sur les). Extrait de saint
surtout pages 43. 44- 45. 46. 47.49.50. Jean Chrysostôme. XVIII. 129.
51. 52. 56. Et à la note de la page 35. Spire. Voir Catholique.
El dans les articles Achery. Sse-ma-tsien. Ses œuv. XVi. Hfi.
Serpent. Selon les rabbins.XVI.il. Dans Sse-chou. XV. 221.
la mythologie. XVIII. 143. Stagni. Ses œuv. XIII. 460.
Sethesî Tchang-y. XVI. 118. 128. 137. Siegmamu. Ses œur. XIV.463.
Est le kaioniorts des Persans. 132. Strauss. Examen crilii]ue de sa vie de
Severianus de Gabala. Méprise de M. Jésus. XVIII. 85.
Letronne. XVII. 285. Slromates de Clémentd' Alexandrie. Tra-
Séville (cathédrale de). Sa description. duifs en français. XIX. 245. Projet
XVII. 215. Orgue. 219. Tombeaux. d'édition par M. Sionnel. XIX. Cité»
220. Crèdonces, 221. manuscrits, ib, sur les sibylles. XIV. 6C.
Shea. Ses reuvr. XIII. 460. Suarei. Sur "l'être de Dieu. XVIII. in.
Siainoi». Leur tradition diluvienne. XIII. Suffixe» (pronoms). C« que c'est et c«
l99, qu'ils prouvent, XIII. â1).
,

DE LA DEUXIÈME S^niE 519


f kiicidc (conlr« le). XVI, 409. Teocalli des Mexicaini. C« quf c'us(.
Kuidas. Sur un oracle d« la Pylhie. XlV. XIV. 32. /i^. Figure. 4H.
6A. Terrains primitifs secondaires de transi-
Symbole de Nycée (du). XIII. 21. tiou , fossiles et autres. RechercUcs

Symbolisme païen comparé ou symbo- gcologiques à ce sujet. XIII. 43.


Jisme chrétien. XIV. 302.308.X1X. 63. Théodore de Mopsueste. Pris pour un
Erreur à son sujet. XI. 224. Expové pure de l'Eglise par M.Letronne.XVlI.
XIX. 259. 28o.
par saint Clément, ,
, .
_ f -vnr 420.Sur
,nn c Théodorct. Sa réserve dans les nues-
. !•.•
Synagogue. Ses tradition... Xn .
^.^^^^^ XVII. 288.
le péché ongmol. /•XM
Sm' "mo- 1
théologal (le). Ses fonctions. XVllI. 27.
cation des saints et la foi au Kédemp-
.i-i,^^,,^,;^.! mclhode denseignement
on
gyncelle (n^ c ri iJiJ; vv'r-
e . Sur les Chaldéens. XV 5o.
i
basée sur la tradition et l'Eglise. XIV.
»i ^^^^^^„
Syrie. Etat de ses missions. Mort de trois / '' " ,
XVII 238
missionnaires. XIV. 79.
Théologiens protestans. Ont réduit le
Christianisme à des allégories. Leur»
*• ^ noms et leurs ouvrages. XV1II.88.
. Il jiii. j -A V „, VTTT Thérèse ( Ste. ') Sonnet sur l'amour de
Table dAbydos arrivée en! rancc.XIIT. j^^^^^
''

XV. 161.
_ . ,
Tableausynchronique
.
,
des r „,.„
Egyptiens
'
Thèse médicale suivie de propositions
,
.^i^^liques. XIII. 67.
des Assyriens et des Babyloniens, et
^^.^^ s,i,!^iifique devant la faculté des
le commencement de leurs uistoirc-. ,, r,„.-. , t.,,,. .^;„» ri.,^.v-,o „»
VIII /•« i^ j .• . lettres a 1 ans.
,
Sur saint Itioraas et
XIII. 60 De la pop|^ation des sectes
I I

.!„_ ^93^
aux Etnts-Lnis. XIII. 254- Des con-
^ Augustin). Sa partialité et
naissances humaines d après 1 ency-
^^^ luV^raiions histoiiques. XIII. 90.
clopédie. X II. 269. Des pnnopales
^^^^j^^^ i^bj^t^i^e de Grégoire-le-
époques historiques calculées depuis ,, „, ,„_ .„,,.,, „„,„;„. vtv ,

l'apîarition de l'homme. XVII. 153. ^'^°''- ^^' ^^'- ^"''*-^ ''"-"95


iJo'
Tableaux synoptiques, l- des générations ^.^^^, .^^^^^^ ^^ ^y/ ^^^\
anlédiluuennes. XM. 135. 2» par
\ ^^^^ ,^ ,^,^^5,,.^ ^„I^
Bayer 136. 3» comparaison de celles
Sa doctrine développée devant la
de la Chine et de la Bible. 13/.
^^^^^^ ^j^^ ,g^j,.^^ ^,^ p'^^i^_ ^9^^ Cu-
Tables eugubines. XIII. 280. X\. 315. j-ieuse définition dun bon gouvernc-
Talaïas ou Talaïot. Temple du feu. XIV. ment. 196. Cité sur les limbes. XIV.
31. Figure p. 48. 424- Pense que la circoncision était un
Talleyraud (de). Sa chrétienne. XVI.
fin signe et non pas un iiKtycn de justill-
388. cation. XVII. 243. Sur Tinterprétation
Talmud. Explication des passages con- de l'Ecriture. 292.
cernant le Messie. XlV. 421. De ses Thomas Becket. Son caractère. XIV.
fables. 426. Traditions qui y sont ren- 115.
fermées. 465. Voir Drach. Thor. Son palais et ses 540 portes. Leur
Tamisier (M.) Examen de son voyage signification astronomique. XV. 257.
en Abyssinie. XVII. 321. Thubal. Xom et pays. XV. 458.
Tao, ou Dieu chez les Chinois. XIV. 222. Tissot (C.-J.) Examen de ses idées sur
XV. 327. la théologie et son enseignement.
Tau le). Note de M. de Paravey sur ce XIV. 238.
signe ou instiument symbolique. XII. Titre de la croix. Explication de soo
457. inscription hébraïque.XVIII.291.341.
Témoins de»; actes. Epoque où ils com- Lithographie qui la représente. 293.
mcncenl à remplacer le sceau. XV.47. Toltèques. Leur tradition diluvienne.
Temples du feu. Recherches sur leurs XIII. 161.
noms, leur forme et leur usaj^e chez Tonga, Traditions bibliques de ce peu-
divers peuples. XIV. 27. Voir Bamoth. pic. XIII. 235.
Chanimanini clc, el la planche, il ïorlnre (la). Son abolition est due an
,

48. Chrislianirme. XY, 180


520 TADLE GÉNÉRALE DES MATlfeUES
Tôt le fils du 2* Hermès. Ses colonnes 332. Unité de la raco humaine, prou-
antédiluviennes. II. 37. Tée par la philologie. 128.
Tourlet. Ses œuv, XIII. 75. Univers (étude et tableau de F). Voir Da-
Tours. Discours de l'archevêque, sur iiiélo.

l'étude de l'antiquité chréliei;ne. Universalisles des Etats-Unis. XIII. 250.


XVIII. 158. V. aussi Cours d'antiquités Université catholique de Louvain. Pro-
et Séminaire. gramme des cours. XV. 400.
Tradition orale. Son importance. XIII. Ur. Recherches sur ranliquilé de ce
226. Catholique. De quoi se compose. pays, el ses première hahitans. XIII.
ib. Il en existait une cachée chez les 57. XY. 57.
juifs. XIY. 430. 432.
Traditions des peuples mises en parallèle V.
avec les faits de la Bible. XIII. 157.
Chinoises envisagées sous le même VacheroL Thèse sur le rationalisme de
rapport. 332. Comment comprises par saint Anselme. XIIL 200. Reproche»
les missionnaires. XV. 8. Son étude, qu'on lui fait, 448.
XIX. 66. Voir Concordance. Valaque (langue). XIIl. 407.
Transcription des livres (la). Etablie par Yalori (le marquis de). Examen de sa
la règle des couvens. XVIII. 147. Rè- traduction du poème de Sannazar,
gle séyère prescrite à ceux qui s'y li- XVIII. 50. Le Magnificat en vers
vrent. 153. français. 58.
Trente (concile de). Sur la foi qui est la Van-Praet. Ses œuvr. XIV. 463.
même avant et après J.-C. XIV. 423. Van-Quickenbone. Ses œuvr. XV. 477.
Sur le péché d'Adam. XVI. 23. Vandales. Leur histoire. XIV. 130.
Trésors de l'éloquence. Puisés dans les Va udois. Recherches historiques sur
auteurs anciens et modernes. Compte- leurs doctrines primitives. XVI. 96.
rendu. XV. 155. Ecrivains de celte secte. 99. Si
Tribus d'Israël en Amérique. XVIII. c'est une secte rationaliste. 110.
399. Végétaux antédiluviens. Leur action sur
Trinité. Moïse en parle-t-il ? XIII. 175. l'atmosphère. XIII. 44.
341. Tradition de ce mystère dans les Vénus. Confondue avec la Anahid armé-
livres chinois. XIV. 222. XV. 328. nicnno. XIIL 15. Comparée à la fem-
Dans les livres d'Enoch. XVII. 361. me chrélieiine. 147.
Erreur de M. Guiraud. XIX. 141. Vercellonc (M. l'abbé). Explication du
Trophime. Sa mission à Arles. XVII. mot Àltne. XVII. 361.
9. Sa chute et sa pénitence. 123. S il y Vérité (de la). Comment envisagée par
en a deux. 124. les théologiens. XIV.241. Par les phi-
Trouvé. Ses œuv. XVII. 80. losophes. 245. Variations des philoso-
Turquety. Voir Hymnes sacrées. phes. 252. Voir Descartes, Malebran-
Ty-ko est Noé. Ses différens noms sym- che, Leibuilz, Kant, etc. Vue générale
boliques. XV. 193. Ses quinze petits- de la religion par M. Nault, etc. XV.
fils. 460. 60. Effet de la vérité catholique sur
Typhon. Ce que c'est. XVIII. 416. Re- l'esprit, par M. de Ravignan.XVI.406.
trouvé en Chine. XVI. 12J. Vcrnet. Ses œuvr. XIV. 460.
Tyr. Où située. XIX. 227. \ertu. En quoi consiste d'après les Chi-
nois. XIX. 36.
U. Vicramaditja. Son ère. XIX. 335.
Vie de Jésus, par le docteur Strauss.
Ulphilas. Edition de sa Bible avec grara- XVIII. 85.
maire et dictionnaire. XIII. 236. Vierge (la). Histoire de sa vie, complétée
Ungarelli (le père). Ses travaux. XIV. pur les traditions d'Orient. XVI. 215.
465. Hiéroglyphes des obélisques de Cantique en son honneur. XML 67.
Rome, etc. publiés. i!>. Insciiption Preuve de la prédiction d'Isaïc. 361.
des murs du Vatican, ib. Poème de Sannazar, sur son enfante-
Unitaires des Etals-Unis. XIIL ]/i9. ment. XMll. 50. Cnli<|ue du Lys
Unité de Dieu. Conmient exprimée en d'Israël, histoire de sa vie. 456. Les
chinois. XV. 325. Conimenl expliquée. traditions sur une Vierge mère chei
DE L\ DEUXlfeSE StME. 521
les Chinois. XIX. 38. 58. Ses premières Wiseman (M. docteur). Dkcours sur
le
représentations. 67. Tradition chcï les rapporis de la science avec la rcli-
les Grecs. 177. gion révélée. Annonce. XV. 83. Ex-
VJgier (le père). Mérite de son édition de trait sur l'unité d'origine des races
la préparation évangélique d'Eusèbe. Lumaines. 114. Ses travaux scienli-
XVI. 3U. Helléniste. 315. Ses dû- fiques sur l'histoire, rarchéologie, la
fauts. XVIII. /|GG. lilléralure sacrée. XVII. 35. 82.
Villeneuve-Bargemont (M. Alban de). Willmann. Ses œuvr. XIII. AGI.
Examen du traité de l'abbé AITre, sur Woidc. Sur le livre d'Enoch, XVII. 1U4.
les biens ecclésiastiques. XVI. 255.
Villcneuve-Trans (M. le marquis). Exa- X.
niende son histoire de saint Louis.
XIV. 76. Xisutrus. Son histoire chaldéenne çon-
Virgile. Sur le pays le plus élevé. XV. forme au récit de Moïse sur le dé-
245, Méthode nouvelle de traduction luge. V. 468.
de quelques vers en français. XVIII.
386. Y.
Visconti. Sur les Zodiaques. 422.
Visigothique (écriture). XIV. 288. 200. Y-klng. Livre sacré chinois. Sur le 7»
Vitruve. Sur la couleur des fleuves. XV. jour. XIV. 235. Composé de symboles.
124. Voir Basilique. XV. 14. Doit ttre expliqué divine-
Voies intérieures, par Victor Hugo. Ana- ment. 22. Sur l'unité de Dieu. 149.
lysées. XVI. 70. Sur la création. XVI. 299. Sur la
Voigt (M. J.) Histoire du pape Grégoire chute du serpent. 355. Sur le Saint.
VII et desonsiècle.XV.286.XVI.172. XVIII. 287. 289. XIX. 28. 32. Son
Voigt. Plan d'une basilique des premiers importance. 469.
siècles. XVII. 419. Yao. De son déluge. XV. 384.
Volney. Prétend qu'Abraham n'a pas Ylacomylus. Savant du 16« siècle, pré-
existé. XV. 381. pose de donner le nom d'Amérique au
Vossius (Isaac). Son opinion sur l'uni- Nouveau-Monde. IX. 11. 164.
versalilé du déluge. XVII. 51.
Voyage dans l'Inde. Voir Jacquemont. '£,
Voyage à la découverte du Pôle sud. XV.
320. Zapolèques. Leur tradition diluvienne.
Vulgate. Si elle a été falsifiée. XIV. 8. XIII. 161.
Zend-Avesla. Sur le Noé des Perses et
W. ses quinze fils. XV. 394. 459. Sur le
premier homme. XVI. 122. Examiné.
Wagenfeld a faussement assuré avoir IV. 328.
retrouvé l'histoire phénicienne de Zcrwan. Divinité arménienne mal à pro-
Sanchoniathoa. XIV. 397. pos confondue avec Saturne. XIII. 15.
WilTen. Ses œuvr. XIII. 75. Zodiaque (divisions du). Chez les divers
Wilkins. Ses œuvr. XIII. 461. peuples. XV. 256.
William-Jones. Sur les lois de Manou. Zoroaslre. Son influence religieuse en
XIX. 8O4. 325. Arménie. XIII. 14. Sa patrie. XV. 56.

FIN DE LA TABLE DU DIX- NEUVIÈME VOLUME


ET DE LA DEUXIÈME SÉIUE.
*
DE

SMiLDiD^mis (siaiEitawrjS^
XII» SERIS.

AVIS.
Le titre de ce volume sera donné à la fin avec la tabU de tout les articles ^ sans
préjudice de la table des matières ,
qui sera placée à la fin du volume.
Comme les Annales sont lues par beaucoup de personnes , et sont un livre d'u-

sage, nous nous sommes un papier collé, qui permettra d'écrire


décidés à employer
sur les marges comme sur un papier ordinaire , et un papier non-mécanique qui ,

est beaucoup plus fort, comme on peut le voir dans ce n" c'est une augmentation
;

de dépense que nous faisons volontiers pour l'avantage et la commodité de dos


abonnés.
DE

RECUEIL PÉRIODIQUE,
I)BSTl^B A FAIRE CONNAÎTrE TOUT CE QUE LES SCIENCES H17SIAINBS SENEBRVBNI
DE PREUVES ET DE DÉCOUVERTES ES FATEOR DU CHRISTIASISMB',

par «ne ôodhé

DE LITTÉRATEURS ET DE SAVANS, FRANÇAIS ET ETRANGERS ;

sous LA DIRECTION

DE M. A. BONNETTT,
Membre «le la Société Asiatique de Pari».

«»aa<^3ç®!S®^
DIXIEME ANNÉE.

TOME I. NjDv^v/-^"'

PARIS,

2lu 0urf au îtfsi^nnalfs tf( pbiloeopljtf (li\)xét'mmt^

Rue St.-Guillannie, n» 24, Faub. St. -Germai».

18/iO.

TABI.R DES ARTICLES,

TABLE
DES ARTICLES CONTENUS DANS LE PREMIER VOLUME.
[Voir à U.fin du volume li table detmitirrei.)

No 1". — JAitviBa.
A nos nonveanx abonnés. ^
Examen critique de la vie de Jésus, du doctenr Strauss, ministre
protestant, par M. BoRNETTY. 3
Dissertation sur les Amazones, on comparaison de ce que nous ap-
prennent les livres et les monumens chinois et indiens, avec les
documens que nous ont laissés les Grecs, par M. le chevalier de
Pakavey. »8
Lithographie. —
Amazone des livres conservés en Chine. Ama- —
zone avant conquis l'Inde figurée à Eléphanla. Amazone atta-—
quant Thésée. —
Autre Amazone grecque. 32
I
Doctrines hindoues, examinées, discutées et mises en rapport avec les
traditions bibliques (5« art.), par M. l'abbé H. de V. 35
Examen critique de l'histoire des huguenots, du docteur Browning,
par M. GcLLEAiKTKAU. 46
Détails sur la persécution de l'Eglise catholique en Russie, et sur
la trahison des évêques russes, contre lesquels est dirigée l'allocu-
tion du souverain Pontife, du 22 septembre iSSg. 64
Pièces justificatives. 74
Nouvelles et Mélawges.— Allocution du S. Père Grégoire XVI,
sur l'état de l'Eglise en Bussie. 78
N» 2. — FÉVHIKB.
Sur les Progrès des études philologiques et archéologiques, dans
leurs rapports avec la Bible, par M. F. de Rougemobt. 85
Poctrines hindoues examinées, discutées et mises en rapport avec
les traditions bibliques {6" et dernier article ), histoire du Bou-
dhisme, par M. Tabbé H. de V. qi
Essai sur la cosmogonie égyptienne ou explication de ce que nous
,

racontent Manéthon et le Syncelle du règne des dieux, chez les


anciens égyptiens (i^r art.), par M. Piakciahi. 107
Sur le cours du Jourdain^ par M. Lktkonmk, de l'Institut. ia6
Lithographie. —
Carte delà vallée du Jourdain, d'après le voyage
de M. Jules de Bektou. i34
Des mœurs et des doctrines du rationalisme en France , par M,
l'abbé Constant Stmob. l36
De la légende de Robert -le-Diable. I^g
Nouvelles et Mélanges. —
Lettres apostoliques de Sa Sainteté
Grégoire XVI, qui défend aux chrétiens toute participation ou
toute approbation donnée à la traite et à l'esclavage des noirs.
Avis aux antiquaires et amateurs d'objets du moyen âge. Décou-
verte de florins et d'anciennes ponnaies françaises. j58
TABLE DES ARTICLES. ,5

Inscription cbrétlenne trouvée à Antun ( premier article ), par M.


L... J,.,C... l65
Dissertation sur rautbenticité des fragmens de l'histoire phénicienne
de Sanchoniathon, renfermés dans le premier livre de la prépara-
tion évangélique d'Ëusèbe ,par M. SÉGuisa, marquis de Saisx-
Brissoit, (4« art.). 187
Nouveaux détails sur l'histoire de
persécution de l'Eglise catho-
la
lique en Russie, et documens relatifs à la réunion forcée des grecs*
unis à l'Eglise schismatique russe, par A. B. 20i
N011VBI.LBS BT Mblahges. —
A nos abonnés. 244
K» 4- — Avril.
Essai sur la cosmogonie égyptienne, ou explication de ce que nous
racontent Manéthon et le Syncelle, du règne des dieux, chez les
anciens égyptiens (u» art.), par M. G.-B. Piahciani, de la compa-
gnie de Jésus. 24^
Essai historique sur l'abbaye de Cluny, suivi de pièces justificatives,
par M. Lorain, doyen de la faculté de droit de Dijon, par M. H.
GÉMAUD, de l'école des Chartes. 261
Conférences de Notre-Dame de Paris , par I\I. l'abbé de Ravignan,
par M. A. Bonketty. 370
Sur le système d'écriture des Egyptiens , et modèles des trois diffé-
rentes écritures qu'ils employaient, avec un alphabet démotique
et hiéroglyphique, par M. Champoi.lio5-Fxgeac. 294
Gravures. —
lo Modèle des signes figuratifs égyptiens. 295
2" INIodèle des signes symboliques. 297
"^ Signes idéo-phonétiques. 298
4° Alphabet démotique et hiéroglyphique. 399
Dictionnaire de diplomatique, ou cours philologique et historique
d'antiquités civiles et ecclésiastiques (i 6e article). —
Suite du C, par
M. A. BOWNETTY. 3o4
Nouvelles ex Mélahges.— Ouvrages mis à l'index, en 1837 ,

i838, 1839. 3i5


Bibliographies — Annali délie scienze religiose.— Le monde et ses
travers. — M. de Quélen pendant dix ans. — Vie de madame
,

Isabelle. — Méthode systématique de l'enseignement des langues.


— Revue bibliographique. 3i8
No 5.— Mai.
Essai sur le panthéisme dans les sociétés modernes , par M. Maret,
, prôtre (i«' art.), par M. A. BoMKETTY. Oît
Religions des peuples celtiques de l'Occident, comparées avec celles
de l'Orient ( i e, art .), par M. Alexis C. 338
Décisions et usages de la synagogue sur les mariages mixtes, par le
chevalier Drach. 570
Les Souvenirs de l'amitié , ou Vie et opuscules de P."L. AaoaDi-
BEAU. D72
Nouvelles et Mélasges. —
Allocution de Notre S, P. le Pape
Grégoire XVI, tenu dans le consistoire secret du 27 avril sur la
persécution et les nouveaux martyrs du Tong-Kin et de la Cochin-
chine.— Nomination rie monseigneur Affro, co.irljntenr de l'évèque
.

b TABLE DES ARTICLES


de Strasbourg, à rarchevéché de Paris. Notice sur sa vie et ses
ouvrages. —
Traduction française des livres de Confucius, par un
Missionnaire français. ^90
N" 6. — loiir.
Institutions liturgiques par le R. P. don Guéranger , abbé de So-
,

lesmes (i"^' par M- Alexis Combeguille.


art.), 4^1
Dissertation sur rautlieniicité des fragniens de l'histoire phénicienne
de Sanchoniathon (5° art.); des vers d'Orphée, par M. Séguier
DU S. Brisson. 4^2
Vie du R. P. Ant. Saulnier de Beauregard, abbé de la Trappe, par
A. E. 4Jo
Religions des peuples celîiqnes de l'Occident, comparées avec celles
de l'Orient (1^ art.) /jSg
Lithographie. —
Représentant un grand nombre de ces pierres
brutes qui ont servi d'objet de culte aux peuples anciens , et que
l'on trouve en Irlande, en France, dans le Malabar et en Améri-
que. 45o
Revue des tableaux religieux du «alon de 18:^0, par *** 455
Aux abonnés, par IM. uOkketty. 4^5
Table des matières. 47^

ERR4TA DU TOME PREMIER.


No I. p. 61. 1. I , delà note i, scuffrait, lisez : .souffrit.

78.1.38, consulté. \. corrompu.


80. 1. 22, sancte, I. sanctae.
— !
54, quatens, 1. quatenùs.
tinitatiii, 1. unitati.

No 3. p. 167.1. 7, fn sériedel. la série et.

19, i>éndiques,\. druidiques.


170. 1.19. pothenios^]. pothelnos.
171. L 35. des premiers évê(jues^\. du premier évéque.
1^5.1. 12. prescriptions, l. proscriptions.

197. 1. ai. 100 ans, 1. 2,000 ans.


N° 5. p. 3^)1 . 1, 2, de la note i, sur la dioptrique, 1. sur les montagnes
Danoises, lesjorlset les

tours de l'Irlande, p,

2l3,fig. j5,
371. 1. 12, au lieu delà dernière.
lettre \2 I. un
:^8i.i. 10, KJn I. Nin
A NOS NOUVEAUX ABONNÉS.

Les Annales de Philosophie chrétienne , commencées en


juillet i83o, comptent en ce moment
( i" janvier 1840) neuf

ans et demi d'existence , et se composent de XIX volumes dont


nous avons été obligé de faire réimprimer les six premiers en
entier. Un pareil succès pour un journal qui ne s'occupe que
de matières religieuses, est une preuve de la bonne impulsion
donnée aux études ,du goût généralement répandu de con-
et

naître les preuves de la divinité du christianisme. Ces preuves


résultent surtout , dans les Annales , de l'analyse et de l'ex-
posé des traditions de tous les peuples; de leur chronologie ,

laquelle ne dépasse pas celle fixée par la Bible; de la comparai-


son des diflerenles langues ,
qui prouve leur unité primitive ;

des découvertes de la géologie, laquelle confirme le récit de la

création de Moïse , etc., etc.; recherches faites d'après les ou-


vrages des savans modernes, lesquels le plus souvent, \x leur
insu, ont donné la plus grande preuve de la véracité de nos livres
saints.
Unécuell était à craindre en faisant de si fréquens emprunts
à la science moderne, celui de s'égarer avec elle. Les Annales
ont été assez heureuses pour conserver , ainsi que c'était leur

volonté et leur conviction, une parfaite orthodoxie. Aussi ont-


eu constamment les sympathies des hommes les plus émi-
elles

nensparmi leclergé, eten particulierde Nosseigneurs lesarch-


vêques d'Aix d'Auch, de Tours, et des évêques d'Amiens,
,

d'Angoulême, de Belley, de Careassonne de Digne, d'Evreux, ,

de Fréjus, de Gap, du Mans, de Marseille, d'Orléans, du


Puy, de Saint-Flour, de de Scez, de Soissons, de Troyes , de
Verdun et de presque tous les évêques des Etats-Unis, de
plusieurs des évêques et archevêques d'Italie, et souvent elles
8 A NOS KOUYKiUX ABOKNÉS.
ont été citées et louées par le savant directeur des Annali dette
scienze religiose de Rome , l'abbé Ant. de Luca. Nous ne men-
tionnons pas ici les savans distingués qui ont bien voulu ap-
prouver et encourager nos travaux, et souvent nous aider
de leur collaboration. Les uns et les autres nous ont donné
l'assurance que les travaux des Armâtes peuvent avoir une influ-
ence favorable à nos croyances catholiques.
C'est pour reconnaître toutes ces preuves de sympathie, et
é'.cndre encore davantage celte bonne influence, que le Direc-
teur s'est décidé à en baisser le prix pour ceux qui travailleront
à étendre la connaissance et la lecture' de ce journal.
En conséquence , le prix a été réglé de la manière suivante :

La I" SÉRIE , comprenant le» 12 premiers volumes, dont les six premiers ont
élé réimprimés, et qui sont lermiués par Bue lable générale des la volumes, au
lieu de 120 francs, 72 fr.

La II SÉRIE, composée de 7Toluœes (du tome 13 au tome 19), qui sont aussi
terminés par une table générale des 7 volumes au lieu 70 fr.56 fr. ,

Les volumes de la première série seront donc vendus séparément 6. fr. le vol.

Ceux de la deuxième série seront vendus séparément 8 fr. le vol.


Le prix de chaque volume sera toujours ds 10 francs pour ceux qui ne sont pas
abonnés.
Pour recevoir la collection par la poste, il faudrait ajouter 1 franc 50 c. par
volume.

Quant h la IIP série ,


qui commence le présent volume,
le prix sera de VINGT francs par an pour ceux qui ne prennent
qu'LN SEUL abonnement , cl de SEIZE frakcs pour ceux qui
prennent en même tems DEUX abonnemens.
Ainsi les Annales seront alors, non-seulement le journal le
plus savant entièrement consacré à la religion , mais encore le

journal le moins cher.


ANNALES
DE PHILOSOPHIE CHRETIENNE.
Tfeiuitéio 1. ^auvieo l84o.
J^VW\W'VWWW\ vw/VVV^ /*WV*VWVW\ %V.\'VW\>VW\VVWV'fc-V\/WVWWA(VVV\fV> »\^VV\ \VV\/W\\ 1

dijnfrotjeïie ç^x'dmn(.

EXAMEN CRITIQUE DE LA VIE DE JESUS,


DU D. STRAUSS, MINISTRE DU S. EYANCILE.
mm mmt tm

Observations préliminaires. —
Rétractation de Strtiuss sur l'ETangile de
saint Jean. —
Il ne veut pas que son livre soit lu des laïques. Résumé —
de son système. — Il change la possibilité en — Différences de
réalité.

l'allégorie chez les Grecs ; — chez les Juifs ; — chez Chrétiens. —


les

Force de ses raisons contre les Protestans. —Plan des objections. —Plan
des réponses à lui faire.

Nous avons déjà publié sur cet ouvrage un article '


où d'a-
près un travail de M. Ed. Quinet, nous avons tracé l'histoire
de théologique des docteurs de la réfor-
la critique biblique et
me, prouvé qu'ils avaient déjà détruit pièce à pièce, dans
et
leur exégèse , tous les livres de l'ancien et du nouveau Testa-
ment en ; sorte que le docteur Strauss n'est venu que relier en
faisceau les traits épars de cette critique, et en a composé le

scandaleux ouvrage auquel il a donné le titre menteur de la

Fie de Jésus ,
quoiqu'il prétende y prouver que cette vie n'a pa j
été réelle. Depuis cette époque, le livre lourd et diffus du théo-
logien réformé a été traduit en français par les soins d'un mé-
decin académicien, M. Littré; en sorte que c'est sur l'ouvrage
même que nous avons pu continuer notre examen, et main-
tenant ce sera d'après l'auteur que nous parlerons de son
de ses nombreuses erreurs.
livre et
Avant d'entrer dans cet examen, il est diverses remar-
ques que nous avons faites, et qui doivent être connues d«
nos lecteurs.
' Voir cet art. dans le IS* lOi, t. xvui, p. 85 des AnnaUi,
10 EXAMKV CRtTlQUB DE LA VFE DB JÉSUS ,

D'abord nous remarquerons que l'article de M. Qninet, que


no»9 avons publié , n'est que l'analyse de la partie de l'ouvrage
que Strauss a apTpélèe\V introduction. Nous y reviendrons bientôt.
TJne autre réflexion nous a été suggérée par la lecture des
préfaces que l'auteur a mises aux trois différentes éditions de
son livre, qui ont paru de i835 à i858. Dans celle de la 5'
édition, datée du 8 avril i858, cet homme qui dans son livre
réunit tous ses efforts pour prouver que les évangiles ne sont
pas authentiques et n'ont été rédigés que fort tard et qui en ,

particulier s'était appliqué à nier par des raisons extrinsèques


et intrinsèques l'authenticité de Vévangile de S. Jean, dit dans
celte préface :

« Le Commentaire de De "Wette et la Vie de Jésus- Christ de

• Neander à la main j'ai recommencé l'examen du quatrième


,

» Evangile (celuide Saint Jean); et cette étude renouvelée a ébran-


fl lé dans mou esprit la valeur des doutesque j'avais conçus contre
» rautheutjcité de cet évangile et la créance qu'il mérite : de là dé-
pendent plus ou moins les changemens que cette nouvelle édi-
»tion présente. Cenestpasqueje sois convaincu que le quatrième évan-
j>gile est authentique , mais je ne suis plus autant convaincuqu'il ne Cest
»pas. Les caractères de ce qui est digne de foi et de ce qui ne peut
»6tre cru, de ce qui s'approche et s'éloigne de la vérité, se heur-
»tent etsG croisentd'une façon si singulière dans cet évangile, le
«plus remarquable de tous, que, dans la première rédaction de
«mon livre, j'avais, avec le zèled'une polémique exclusive, mis
"Uniquement en évidence le côté défavorable qui me semblait ,

»avoir été négligé mais peu à peu, le côté favorable a repris ses
; ,

«droits; seulement je ne puis pas, comme le font presque tous


nies théologiens actuels jusqu'à De Wette , sacrifier, sans plus
«ample informé, toutes les objections '. »

Ainsi Strauss avoue lui-même qu'il a été dans l'erreur


en attaquant avoue que dans ses deux
l'évangile de S. Jean ; il

premières éditions il ne s'était attaché qu'à démontrer le côté


défavorable du livre. Or, si cela a eu lieu pour l'évangile de S.
Jean, le plus remarquable de tous, et qu'il avait le plus atta-
qué, qui lui dira que la même chosç ne se présentera pas pour
es trois autres? Et quand même on ne parviendrait pas à faire
' Préface , vi.
DU D. STRAUSS. il
pour ces évangiles oc que MM. de V/elte et Ncandor ont fait pour
le4*> conuuent sera-t-il cerlaiu que le dél'atit de preuves qu'il
croira rencontrer ne provient pas de documens perdus, d'un
sens qu'il ne sait pas voir, d'un manque d'attention ou de science
de sa part? Et déjà quels reproches ne doit-il pas se faire d'a-
voir attaqué la réalité de l'histoire de Jésus, c'est-à-dire de s'être
levé, et sans assurance, sans certitude, d'avoir cofnbatlu con-
tre le Christ, d'avoir détourné, altéré, supprimé autant qu'il
l'a pu les comuiunicalions divines faites aux hommes, en un
mot d'avoir été sans raison l'antagoniste de Dieu ? Et pourtant
il persiste dans sa voie, et se glorifie de ne vouloir pas sacrifier
les objections qui lui restent. Ainsi, il s'élève contra Dieu et
contre sou fds Jésus sans être assuré de défendre la vérité, et
malgré les remords de sa conscience.
Si vous é!iez cité devant la justice, et qu'il s'agît de porter
une accusation contre le plus obscur des individus, vous ne
parleriez sans doute, M. Strauss, qu'autant que vous seriez
certain de dire la vérité. Eh bien! pourquoi ne faites-vous pas
la même chose quand il s'agit d'attaquer le fds de Dieu! Si
vous n'êtes pas effrayé de sa puissance et de sa gloire, peut-
être devriez- vous être touché de son amour; car vous l'avouez
vous-même, il pourrait bien se faire qu'il eût souffert et qu'il
fût mort pour vous !!
Mais il ne faut pas s'imaginer que Strauss n'ait eu aucun scru-
pule dans son audacieuse tentative. Le croirait-on ? il ne veut
pas que les laïques lisent son couvre. Lp droit qu'il s'attribue,
d'après le principe pruteslaut, de discuter la Bible, il le refuse
aux laïques proteslans comme lui. Voici ses paroles :

«Cependant quehiues-uns pourraient se sentir atteints dans


• leurfoi par des recherches de cellenalure.S'ilenétaitainsipour

«des théologiens, ils auraient, dans leur science, un remède à


»de pareilles , qui
atteintesne peuvent leur être épargnées du
(moment ne veulent pas rester en arrière du dévelop-
qu'ils
• pement de notre époque. Quant aux laïques, il est vrai que la

«chose n'est pas convenablement préparée pour eux. Aussi le


• présent écrit a-t-il été disposé de manière à faire du moins

• remarquer plus d'une fois aux laïques peu instruits qu'i7 ne

• leur a pas été destiné; et , si, par une curiosité imprudente ou


12 CXAMEÎÏ CRITIQUE DE LA VIE DE JÉSt'5,
• par trop de zèle anti-hérétique, ils se laissent aller à le lire;

«ils en porteront, comme le dit Schleiermacher dans une sem-

wblable circonstance , la peine dans leur conscience ; car ils ne peu-


»vent échapper à la conviction qu'ils ne comprennent pas ce dont
» ils voudraient bien parler '.»

Ainsi les voilà bien avertis, ces laïques qui veillent lire des
choses qu'ils ne comprennent pas. Ainsi M. Strauss croit que ce
livre ne convient pas aux laïques; il peut leur être nuisible,^
Or quelle précaution a-t-il prise contre ce funeste effet de sa pu-
blication ? aucune , si ce n'est de la faire annoncer empliati-
quement par toutes les bouches de la publicité. Singulier aveul!
les laïques ne doivent pas lire le livre, et les théologiens doivent
avoir recours à leur science. Voilà la pensée de l'auteur sur
son œiivre. Et cependant il la publie dans la langue familière
à tous; il en fait trois éditions; est-ce là le respect qu'il doit
à la vérité?...

Voil à les réflexions préliminaires qui nous sont venues au sujet


de ce livre.

Comme nousl'avons déjà dit à nos lecteurs, ses objections n'ont


rien de foudroyant, ni même de bien redoutable pour nous; n'y il

arien là quidoive nous faire trembler ou même nous engager à


cacher ces objections ou ces prétendues preuves. Nous le disons
sans détour, à mesure que nous avons lu l'ouvrage, il ne

nous qu'un embarras, celui de réunir dans le cadre


est resté
étroit d'un journal les nombreuses raisons qui se sont of-

fertes à nous pour repousser les outrages que le docteur réformé


fait à notre chef Jésus, fds de Marie. Bien plus, on verra que

la plupart de ses coups ne portent pas contre nous, mais plutôt

contre les docteurs profestans , ses confrères, qui, par leurs


explications naturelles et rationnelles, ont ouvert une si large
voie à la négation des mystères , puis des miracles ,
puis enfin des
faits évangéliques. Il y a plusieurs de ces raisonnemens auxquels
nous croyons qu'il leur serait impossible de répondre. Strauss
insiste peu contre les docteurs catholiques mais il écrase ,

de ses déductions logiques et de ses argumens ad hominem les


docteurs protestans; en sorte qu'on pourrait dire que c'est là,

' Préface de la première édition , p. 9.


DU D. STRAUSS. 15
une guerre de famille que les catholiques auraient pu laisser
régler entre eux avec la ferme assurance qu'ils se détruiraient
,

facilement l'un l'autre, comme cela est déjà arrivé à la réforme


pour tous les symboles qu'elle a posés et pour tous les ouvrages
à systèmes qu'elle a produits.
Cependant, comme il s'agit ici de la base même du catholi-
cisme, attaquée dans son divin auteur, il ne nous convient pas
de garder le silence. Ainsi donc nous consacrerons quelques
articles à lui répondre; et d'abord nous demanderons quel est
le but de l'auteur.
Le traducteur résume ainsi toute la doctrine de Strauss.
« Suivant lui, Jésus ayant inspiré pendant sa vie et laissé

B après sa mort la croyance qu'il était le Messie, et le type


»de Messie existant déjà dans les livres sacrés et dans'lès tra-
sditionsdu peuple Juif il se forma parmi les chrétiens une
,

»lusto!ve de la vie de Jésus, où les particularités de sa doctrine


»et de sa destinée se combinèrent avec ce type, et qui passa
«par des modifications successives jusqu'au moment où elle

• fut définitivement fixée dansles'évangiles canoniques.»

Telle est l'analyse de M. Litiré; d'où l'on voit déjà que


Strauss ne procède pas par des découvertes récentes. Il ne faut
pas croire, en efiPet, qu'il ait rien trouvé de neuf; n Où'; maïs le
système qu'il veut établir dans son livre, il l'établit sur des pos-
sibilités. Il accumule toutes sortes d'objections, de supposi-
tions , de contrastes, ffOur protrvfer <ju't7 a été possible que ïës'
faits de l'histoire de Jésus ne soient pas tous Tèels. On pourrait'
lui accorder cette conclusion, que l'Evangile n'*en serait pas
moins certain. Car sufîit-il qu'une chose soit possible pour
qu'elle soit en effet? Les écrivains évangéliques n'ont pas dit :

Il est impossible que les faits de la vie de Jésus se passassent


autrement; donc ils sont vrais. Ils ont dit : Voilà ce que notis
avons vu : voilà ce que nous certifions. On a bien pu dire qu'un
fait qui est impossible n'a jamais existé; maïs on n'a jamais
été admis à nier l'existence d'un fait attesté , par la possibilité
qu'il ait pu être autrement. Et cependant c'est sur cela que se
fonde toute l'argumentation du docteur Strauss.
Mais entrons dans l'examen de son ouvrage même.
î Avertissunent , p. 11.
ik EXAMEN CRITIQUE DE LA VIE DE JÉSUS.

Introduction.

Dans cette partie , Strauss confoudant tout d'abord les livres


sacrés de l'ancien et du nouveau Testament avec les livres des
Grecs, conclut, de ce qu'il s'est glissé des fables dans les livres
d'Hésiode et d'Homère ,
qu'il a pu s'en glisser au;ssi daps ]es
livres chrétiens. Mais il ne fait pas réflexion que les œuvres des
premiers poètes grecs sont de véritables chansons, dont toute
la critiquece peut fixer l'origine ; les auteurs mêmes qui les
ont recueillies ne les donnent pas pour une. histoire aullipn-
tique et assise sur des témoignages et des mouumens, Ilsn^ont
voulu recueillir que lesopinions qui avaient vogue de leurtems;
où déjà les événemens dont ils font mention se perdaient
dans la nuit des sièles- En effet, les. Grecs, partis de l'Egypte
et de la Phénicie, et mêlés aux indigènes qui étaient venus du
centre de l'Asie, voulurent traduire dans une nouvelle langue
les symboles et les hiéroglyphes qu'ils avaient apportés avec eux

ou qu'ils trouvaient dans leur patrie nouvelle; dans ce travail


déformation de la langue et delà éocieté nouvelle, il arriva ,
ou qu'ils se trompèrent en voulant faire passer dans leur lan-
gue les mots sémitiques ou qu'ils rendirent par des mots ex-
,

primant des réalités les symboles qui exprimaient de simples


qualités, ou même les figures qui rappelaient ces qualités.
Voilà la véritable origine des mythes que Ton trouve dans la
religion grecque et dans celles de toutes les nations payennes.
Mais rien de semblable dans nos divines Ecritures: c'est tou-
jours l'écrivain qui cite d'anciens documens. ou qui a été lui-
même témoin du fait toujours les faits sont racontés dans la
;

langue vulgaire de l'époque où ils se sont passés; pas l'ombre


de symbole ou de transcription ; les témoins se perpétuent, et
avec les témoins les autographes de ces histoires, (|ui sont lues,
et conservées, et copiées avec une exactitude si minutieuse
qu'elle est passée en proverbe. Voilà ce que Strauss aurait dû
voir, et ce qu'il aurait vu s'il avait voulu faire abstraction de
ses théories protestantes.
Mais il prétend que les Hébreux eurent aussi des explications
allégoriques. Oui, mais pour cela il est obligé de dcsceudro jus-
DU D. STRAUSS. 15
qu'à Philon; et encore Philon (jui avait appris l'art de l'alk-go-
rie à l'école des Grecs , à côté du sens allégorique cju'il recher-
che dans la Bible, laisse subsister le sens historique, ce qui
lui est bien permis. D'aillexirs Philou n'est qu'un docteur isolé
d'aucune autorité dans l'église judaïque. ,;,

De Philou, Strauss passe à Origène, et prétend expliquer par


lui l'introduction du seas mythique dans le Christianisme;
mais nous avons déjà fait observer '
que le Christianisme ad-
met le sens alli'gorique qnand il n'exclut pas le sens historique,
et nous avons cité S. Paul qui dit ouvertement que tout arrivait
aux Juifs par figures. Nous ne relèverons donc pas ici ce qu'il
dit de ce Père. Origène n'est ni l'interprète ni le représentant

de l'Eglise; et l'on sait que ses ouvrages ont été interpolés.


Au reste nous avouons que Strauss a raison quand il fait
,

observer que c'est la réforme qui a voulu'prouver qu'il y avait


désaccord entre la croyance religieuî^e et ce qu'il appelle /a c«/-
iure de Cesprii du peuple. C'est là une gloire dont on peut la lais-
ser se vanter; seulement elle de\Tait nous dire en quoi cela a
été utile, à la religion ou au peuple?
Nous passerons rapidement sur le tableau que fait l'auteur
de la marche et du progrès des interprétations rationelles et
naturelles de la Bible parmi lesécrivains protestans. Ce tableau,
nous l'avons reproduit tout au long et même augmenté par^.
Quînet dans notre premier article.
, - i «»-•.[,

En traçant l'origine des interprétations mythiques, qu'ilfait


remonter à Gabier, en 1792, Strauss prouve assez bien à tous,
1* que ces interprètes ne se sont pas exprimés avec assez de. net-

teté; 2° qu'ils n'ont pas donné assez d'étendue à leurs explica-


tions. Répondant en particulier à ceux qui ne regardent comme
mythes que quelques traits de la vie de Jésus tels que la trans- ,

figuration les anges au tombeau , etc., il leur dit


, :

oConsidérer le récit évangélique en partie comme une pure


«histoire, en partie comme un mythe, c'est confondre les deux
«points de vue, et cette confusion est le fait de ces théologiens
oqui, ne voulant ni sacrifier l'histoire ni s'en tenir à de clairs
• résultats, ont espéré réunir les deux partis dans ce iBoyenter-

< Voir le l'r article au t. xvni, p. 93 note I.,


,

16 EXAMEN CRITIQUE DE LA VIE DE JÉSUS,


))me; vains efforts que le siirnaturalisle sévère taxera d'hérésie,
Betdont se Ces médiateurs, observe l'auteur,
rira le rationaliste.
>en prétendant faire comprendre une chose pourvu qu'elle soit
«possible, s'attirent tous les reproches qu*on adresse avec raison
«à l'explication naturelle; et en accordant encore une place au
«mythe, ils prêtent complètement le flanc à l'accusation d'in-
»conséquence, la pire des accusations contre un savant. An
«surplus, procédé de ces éclectiques est tout ce qu'il y a de
le

«plus arbitraire c'est, la plupart du tems, d'après leurs propres


;

• impressions qu'ils décident ce qui doit appartenir à l'histoire,


et ce qui doit appartenir au mythe; de pareilles distinctions
«sont également étran2;ères aux auteursévangéliques, à lalogi-
»que et à la critique histori(iue qui en dépend —
«En effet , du moment que l'idée du mythe est introduite dans
«l'histoire évangélique, aucune ligne de démarcation ne peut
«plus être tracée; et depuis le début jusqu'à la fin, le mythe pé-
»nètre de force jusqu'au cœur de cette histoire '. »

C'est précisément l'opinion que choisit Strauss, c'est-à-dfre


que toute la vie du Christ et tout le récit des évangiles doivent
être expUqués mythiquement en la manière que nous avons dési-
gnée ci-dessus.
Or, pour prouver celte thèse impie et folle, Strauss a recours
à deux sortes de preuves ou de raisons : les unes , dit-il, seront
des raisons extrinsèques , les autres, des raisons intrinsèques. Ces
dernières font l'objet et la matière de tout le cours de l'ouvrage-
Là, avec une attention poussée jusqu'aux dernières limites de
la critique et de la haine , avec plus de persistance , de froideur
et de ténacité que n'en moutrèrentles prêtres Juifs qui formaient
le conseil de Caïphe, il fait de nouveau le procès au Fils de Dieu.
Nous donnerons dans un autre article des exemples de ces argu-
ties, de ces interprétations sans bonne foi, et de cette prévention
poussée si loin qu'elle se nous l'avons
termine à la fin, comme
vu en pchrlant de la 3* préface, par une rétractation forcée.
Ici nous ne toucherons pas à ces raisons intrinsèques par lesquelles
il prétend prouver la possibilité de l'existence de mythes dans le

nouveau Testament. Car, remarquons-le de nouveau , ce n'est


que \a possibilité quH met eu thèse et cependant dans le cours ;

' Introduction, p. 59.


,

DV D. STRAUSS. 17
du volume toutes ces raisons deviennent aÛlrmatives, et se ré-
solvent par l'assurance que la vie de Jésus est vui composé de
mythes réunis en différens tems, et qui lui ont été appliqués à
peu près comme on a rapporté à Hercule toutes les hautes ac-
tions dont l'antiquité a eu connaissance.
Pour le moment, et dans l'arlicle suivant, nous ne nous oc-
cupons que des raisons exirinsèques conlre l'aulheaticité des

écritures. j,^^ ,3,, ,


pg^ ;:^b ^ife^rjo-ffr ^^ - ^.nlqitr^

Or pour procéder à
,
cet examen avec dont
celte impartialité
nous faisons profession , voici ce que nous nous proposons de
faire.
1° D'abord nous citerons le texte même des objections de
Strauss. Nous désirons donner cet échantillon de ce fameux ou-
vrage pour faire voir quelle est la manière et quelle est la force
des raisons d'après lesquelles le docteur réformé conclut auda-
cieusement que l'évangile n'est pas authentique.
a° Pourprouvercette authenticité, nous avons recueilli toutes
les preuves de l'authenticité des évangiles qui se trouvent dans
les écrivains des trois premiers siècles, soit chrétiens, soit juifs,
soit païens. Nous donnerons en particulier les différens textes
des évangiles cités par ces écrivains, avec les variantes qui s'y trou-
vent. C'est ainsi que nous ramènerons la discussion, des termes
vagues où l'ont jetée les idéologues allemands , sur le terrain
historique, qui est le seul où l'on puisse marcher avec quelque
consistance. Nous avons pensé que ces documens seraient reçus
avec gratitude de nos abonnés, qui y trouveront réunis des textes
qu'ils ne pourraient avoir à leur disposition qu'avec beaucoup
de peines et de frais dans une vaste bibliothèque.
A. BOHNETTY.

ar/ tn<,
18 DISSERTATION SUR LES AMAZO>'ES.

(f :c|7(kafipit bc U SéU-

DISSERTATION SUR LES AMAZONES,


ou COMPARAISON DE CE QUE NOl'S E^' APPRENNENT LES LIVRES ET
-*
LES MONUME?CS CHINOIS ET INDIENS,
Avec les documens que nous en ont laissés les Grecs.

Nouveaux détails sur les, Centaures. — Pays des Amazones d'après les
livres chinois ;
— probablement les bords de la mer Caspienne. — Lcure
noms chinois expliqués par les récits des Grecs.— Leur glaive à deux
tranchans. — Les Amazones dans 1 — Explication des symboles
Inde.
que leur attribuent les Indiens. — De leurs boucliers. — De leur origine
Tartarcè

 Monsieur te Président de la société royale de géographie de la,

Grande-Bretagne el d'Irlande.
16 août 1839.
MONSIEFB lE PbÉSIDENT,
Etant bien aise de conserver la priorité de mes idées , j'ai eu
l'honneur de vous adresser un aperçu sur les anciens Centau-
res *, peuples de la race Slave ou Sarmate, mentionnés déjà,
dans le Chan-liay-king, \i\re chinois de géographie mythologique

qu'on fait remonter à pins de 2,000 ans avant notre ère et q^fi ,

ils sont figurés avec deux pieds de chevaux J^ Bla R^ Ty ,

exactement comme on représentait Chiron le centaure, dans


les plus anciennes sphères célestes. En ce moment, je vous
adresse de nouveaux calques relalifsaux Amazones, voisines des
Centaures, et pauf-êlre de la même race.
Je vous ferai observer d'abord, que votre moine Bacon , cité
par Dergeron^ dans son ouvrage sur les Tartares % les met à l'est
du Caucase, vers les terres des Chorasminiens ', et dit C'est :

slà qu'au rapport de Pline, étaient autrefois les Amazones ,

Voir dans les Annales, t. xix, p. pi, la Dissertation sur les Ting-Ung
'

ou Centaures et leurs ligures d'après les livre» chinois ; tirée à part.


» Tome u , p. xi.
5 La carte de tous les >[ ^JT* ^, ou Scythes du Nord , donnée dans
Y Encyclopédie japonaise, nomme ce pays Mou , nom des Amazones , cl ^L
Klaproth y reconnaît le Kliarizme ou kouaresme pays de /v/uid. ,
DISSERTATION SUR LES AMAZONES. l9
>(uant leurs eufans mâles, mais nourrissant de leur mamelle
» unique, les centaures et les minotaures, monstres épouvantables
» qui les suivaient partout comme leurs mères.» Les belles frises
de Piiigalie du Britisli muséum , et les métopes du Parthénon , dues
à lord Elgin offrent , eu effet, outre les ^jnazonfs d'une beauté
divine, des Centaures, qui comme elles, et avec elles, combat-
tent les Grecs. — Certains de ces centaures barbus ont une assez
belle figure; mais à Phigalie surtout, il en est, au nez écrasé
,

à l'air féroce, qui assomment et mordent avec fureur leurs ad-


versaires grecs, et qui m'ont rappelé ces cosaques de diverses
races que nous avons vus à Paris, en 1814.
*,

Dès mon arrivée à Londres, en i83o, et en visitant le Britisk


7nu5cuw, il me fut évident, que ces belles frises représentaient
une invasion antique, de peuples du Nord-Est de l'Asie, en Grèce.
Justin nous décrit avec détail celte invasion des Scythes et
des Amazones en Grèce; dans son liv. i, cli. 4? Jl nomme Pa-

nasa^ore % le fils du roi des Scythes ou des Centaures, qui accom-


pagna avec un corps nombreux de cavalerie , les Amazones dans

kur invasion en Attique. Plutarque et d'autres auteurs les


cilen» également , et Paasanias décrit cette guerre avec des
détails assez étendus. — Il est donc évident, que les Centaures,
ou la cavalerie scythe , étaient partout les auxiliaires des Ama-
zones de la race caucasique et slave ( comme ils sont mainte-
nant encore des Russes plus civilisés qu'eux ), et
les auxiliaires

fl occupaient des pays voisins de celui des


est clair aussi qu'ils
primitives Amazones , pays de steppes, tels que la Sarmatie et
la Sibérie , et propres à la cavalerie.
J'ajouterai, d'après M. Klaproth *, que les Ting-Ung, à piedsde

Voir ceux qui sont figures aussi sous la forme symbolique des Cen-
*

taures avec leur barbe courte épaisse et rousse et leur leint sale et
, , ,

bronzé , sur les beaux vases étrusques de la collection du savant traduc-


teur de Tacite M. Panckoucke. Quant à ceux des frises de Phigalie ils
,

sont armés de la massue, comme dans le dessin tiré de V Encyclopédie ja-


ponai$e, que nous avous publié.
* M. le comte Ad. de Mailly, qui a fait avec distinction la campagne

de Russie, nous écrivait récemment que dans les pays slaves, les mots
Pan et Ban signifient seigneur et M. le comte de Sorgo de Raguse nous
;

dît que Panasagore , en slave peut se traduire par seigneur d'au-delà


,

de la montagne (Gara). De.là vient aussi Bannat , seigneurie.


' T.
1, Mémoires sur l'Asie.
)û DISSEUTATIOK SVR LES AUÀZONES.
chevaux ' , dont j'ai entretenu la Société de géographie^ offraient
plusieurs tribus, dont une, plus civilisée, était appelée en lan-
gue des Ou-sun (nation célèbre de l'Asie centrale, Gryphons
d'Hérodote), la tribu des vieillards vénérés, ou des hommes à in-
telligence forte, sens de Ting-ling ; de sorte que c'est dans cette
tribu que devait se trouver Chiron et les autres centaures habiles
en médecine, en astronomie et dans les lettres ce peuple, chez ;

qui les Grecs de l'âge héroïque, étaient envoyés pour s'instruire,


soit dans l'art de la guerre soit en politique , soit même dans
,

les lettres , ayant dû le premier se livrer à l'étude des hiérogly-


phes, prétendus chinois, mais qui ont été l'écriture de la race
slave, et qui ont engendré nos alphabets gi'ecs, romains et il-
lyrieus ', ainsi que nous l'avons montré ailleurs.
Ceci bien compris et entendu, j'arrive maintenant aux dé-
tails positifs et entièrement nouveaux que donnent les livres

antiques conservés en Chine, sur les Atmizones. Et habitué, à


l'Ecole polytechnique, à marcher appuyé sur des faits, j'a-
dresse à la société royale de géographie, les calques faits par
moi à défaut d'autres moyens de publication, des Amazoues,
^,

telles les offrent les monumens grecs les plus authenti'


que
ques(voir pi. I, fig. C et D), les monumens indiens d'Eléphanta
(voir fig. B et le n° 9) , et enfin les textes des Encyclopédies et
autres ouvrages de géographie antique, conservés en Chine et au
Japon, de la même manière que les colonies anglaises de l'A-
mérique, y ont apporté, y lisent et y conservent les livres de
leur patrie primitive , l'antique Albion.
J'ai fait, dans les notes ^, une traduction littérale de l'un des

* • On les met dans le pays de St. Ma ^"T hlng , c'est-à-dire, du pays


où nt marche qu'à cheval; or, dans toutes les langues du nord, horsc
l'on
ou rosse est le nom du cheval. Le nom des anciens Roxolans ou Russes se
rattachait sans aucun doute à ces peuples de Mos, Thubal et Mosoch^
c'est-à-dire au^ Russes et A/oscoix/es qui , suivant Ezéchiel (prophétie
contre Tyr), venaient des pays du noi"d , montés sur leurs chevaux^ ven-
dre, sur ce marché célèbre, du fer, ce qui suppose les arts, et des esclaves
truit de leurs pillages.
» Voyez mon Essai sur l'origine dis lettres et des
chiffres^ Paris, 1826 ,
chez ïrcuttel et \Yurtz; ouvrage qui n'a pas été réfuté.
3 Voyez les divers calques reproduits sur la planche à la fin de l'article.

4 Voir le texte et la traduction ci-après, p. 30.


DISSERTATION SUR LES AMAZONES. 21
étonné que M, Klaprotli, parlant des deux royau-
lexles, et je suis
mes des Amazones de l'Inde ', et Iraduîsar.t ce qu'en disent les
livres chinois , n'ait en rien mentionné ces Amazones de la
Tartarie , que nous figurent les encyclopédies chinoises et ja-
ponaises, et qui sont retracées, aussi avec une seule mamelle,
et vêtues de fourrures à taches rondes ( voir n' i ). dans l'ou-
vrage précieux etjadœirable, intitulé Pian-y-tien, ouvrage que
possède la bibliothèque royale à Paris, et que malheureusement
on ne traduit pas.
J'invite les membres de la Société géographique que ces notes
intéresseront, à lire le morceau assez court de M- Klaproth sur
lesAmazones orientales *, titre qu'elles portent en chinois, bien
que l'Inde soit évidemment à l'Ouest de la Chine actuelle.
Ce titre seul, comme celui donné au Tong-king ( royaume
d'Orient ), montre que ces relations ou ces livres supposés chi-
nois, n'ont pas été composés en Chine, mais bien vers la mer
Caspienne. Là on pouvait en effet, concevoir des Amazones
,

occidentales, ya Si iT nia |™ koue , celles de la Sarmatie, et

celles de l'Arabie et de l'Asie - Mineure, pays nommé -y\r Ta


^: isin , ou aussi appelé YW Hay ^b sy , c'est-à-dire , ouest dt

tamer; car ces contrées sont à l'ouest de la mer Caspienne (et

suivant nous, le nom Asia, n'a pas d'autre origine).


£t là aussi, quand, avec les peuples du Cau-
les Albanais et
case, des colonies guerrières d'Afghans ou de Patans, eurent
été s'établir, vers le CabouUstan et le Baltistan, des Amazones
du Caucase, durent les accompagner et former le royaume des
Amazones orientales, dont nous parlent les livres Chinois,
livres apportés du centre de l'Asie, je le répète, et qui les met-
tent dans l'Inde, c'est-à-dire à l'orient de la Perse.
Mais ces Amazones orientales, n'étaient dans l'Inde, qu'à
une époque comparativement moderne, et l'empire de la Chine,
fondé seulement sous les -0^ Tsin et sous les ^^ Uaa, ne
les mentionne , que sous les dynasties Souy et Tang, c'est-à-
dire au plutôt en l'an 586, après J.-C On les voit ensuite, se

» Magdiin asiatique, t. i , p. 235.


> ffl Tong ~tr nia [^ koue, royaume des femmes d'orient.

m* SÉBIE, TOM. 1. — N* l. 1840. 2


22 DISSERTATION SUR LES AMAZONHS.
rapprocher de plus en plus, du Céleste empire, et y être incor-
porées vers Tan 793 de notre ère, après y avoir envoyé diverses
ambassades.
M. Klaproth les décrit avec détail, d'après les livres chi-
nois : il parle des chevaux qu'elles élèvent ; des villes et des
maisons à plusieurs étages, où elles habitent; de leurs monnaies
en or ; de leurs habits de serge verte; de leurs pelisses de peaux;
de leurs brodequins lacés, ou anaxyrides du froment qu'elles ;

savaient cultiver; de la justice qui régnait dans leur pays ; de


leur langue, qui était le sanscrit même , leur nom Indien étant

Sofala-niu-ko-ichu-ko . c'est-à-dire en langue sanscrite SoubUa^


radjni-gotcliaray oxxpaysde laBelle reine ; il dit enfin, qu'outre cette
reine, célèbre par sa beauté, elles avaient une seconde reine,
ou vice-reine; Justin,et d'autres auteurs, attribuent aussi deux
reines auxAmazones deThemyscire en Asie-Mineure '. ,

Outre ceroyaume situé entre A/iO^enetTInde, etdontM.Rla-


proth donne lesjimites, ilindiquetin autre royaume de femmis,
\ersleCabouUstan,k l'ouest de la chaîne des monts Tsong-iing,
qui bordent, nordetsud,\aiBactriane^ et qui embrassent le mont
célèbre nommé Pâmer ».
, il observe que les livres chinois placent encore vers
Enfin
la mer Caspienne un ancien pays d'Amazones, c'est-à-dire un
royaume de femmes ^ sur lequel on donne à peu près , dit-il , les
mêlées détallS) que 3ur celui de Tlnde , que nous venons de
décrire.
Pour tout esprit juste, et d'après ce que nous àisent H érodote,
Strabon, Justin et tous les anciens auteurs, sur les Amazones,
il est évident, que c'est ce pays des Amazones ou des femmes
guerrières voisines de la mer Cnspienue qui est la souche pri-
,

mitive de tous ces divers royaumes de femmes : et il est évident


aussiquelesmonumeusGrecs, Indiens cl Chinois nous parlent
des mêmes guerrières femmes du K/touaresme , du Caucase, du
,

Kurdistan, delaSarmatie et de la Médie, contrées toutcssituées au


sud ou à l'ouest de la mer Caspienne, et récelant, même encore
en ce moment, des femmes intrépides, qui avec ou sans leurs

' Voyez Magasin asiatique , le texte de Klaproth à leur égard.


Voir notre dissertation sur le plateau de Pamcj\ et
^ les quatre fleuves
qui en sorlcul, dans les Annales de Phil. chrét.y t. xv, p. 245.
DISSERTATIOIt SUR LES AJIAZO?fES. %i
maris, savent, aa besoin , combattre et défendre Aeui-s foyers.

Les textes chinois les nomment , JSiu-mou-yo ou aussi par


abréviation Niu-jnoa , et , dans ce nom , le caractère Mou s'écrit
de trois ou quatre manières : et il eu a été sans doute de même
du caractère Yo, qui l'accompagnait primitivement.
h Niu dansce nom veut dire vierge, ou femme^ et souvent on
les appelle seulement le royaume des vierges ou des femmes [Niu-
koue) , en sanscrit Stri-radjya^ qui a le même sens , et qui est
cité dans le Ramayana et placé au sud du Petu/jab
, el encore
ailleurs; d'autres royaumes de femmes, ayant été connus dans
Vlnde à diverses époques.
Mais si on écrit ce nom 1/ Nia ^ mou fr j
yu , il signifie

femmes sans mamelles ( Tu ) , et traduit exactement le nom


qu'elles ont en grec, J-mazones (de à sans , pa^ô; mamelle).
Si comme dans le Pian-y-tien, on l'écrit par les caractères
• h' Niu -^. mou 4H4 yo, il signifie femmesaux ardens désirs aux ;

volontés héroiques.

Si, comme dans Vencyclopédie clùnoise^ on l'écrit t/ iVm


/^i mou 4p4 yo , il Signifie femmes des joies ou da bonheur du soir ;

car avec la clef PI Jy du soleil , Mou offre dea idées de soirée ,

de soleil couchant, et ce nom rappellerait ce que nous dit Diodore


des Amazones de l'Hespérie, ou des contrées du couchant; d'autant
plus qu'il nomme leur reine Myrina, el que Mo-yo ou Mou-yo,
est le nom de la rnyrrlie en cliinois.

En outre, ^WL ^^'^


^"M y^ ^^* ^^ nom des glaives d deus tran^
chans , et de ceux qui les ont inventés, et ce nom s'écrit, par des
caractères analogues à ceux nom Mou-yo des Amazones
du :

or leur glaive, sur les vases grecs, et dans les monumens In-
diens ', a précisément la forme de notre sabre-poignard actuel :

ainsion pouvait donc le.-» appeler Nia - mou -ye ^ ou femmes d


Parazonium, à épie courte et d deux tranchons , inventée par les
HJo-ye , disent les Chinois.
On donc que ces antiques noms hiéroglyphiques sont
voit
d'accord, avec les armes, soit avec la mamelle desséchée,
soit
que toute l'antiquité leur attribue, et que les monumens Chi-
nois et Indiens leur donnent également.

^ Voir n05 9 et 1 5 sur notre pfancAe.


.

2U filSSERTATIOn SVP. LES AMAZOHES.


Deux de nos calques les offrent eu effet , avec une seule ma-
melle, la mamelle gauche ; et si les Grecs leur «nt donné les
deux seins, toujours, nous M. Millin, une de ces mamelles
dit
est blessée ov\ percée , et sa mutilation est au luoins indiquée.
Dans leur amour pour le beau, les Grecs ont modifié la figure
aniique de ces Amazones à une seule mamelle d'un effet peu
agréable, comme aussi celle de ces Centaures à deux pieds de
chevaux, sur lesquels ils avaient l'air de chanceler.
Ils ont donné deux seins aux Amazones, et ont retracé leur

admirable beauté, dont on ne trouve plus de types qu'en An-


gleterre et en Pologne; et, quant aux Centaures, leurs auxi-
liaires, ils ont ajouté à leurs deux jambes symboliques et dis-
gracieuses de chevaux, le corps de ce quadrupède et ses deux
autres pieds, rendant ainsi, à celte figure monstrueuse, de l'é-
quilibre et delà grâce; mais ils ont supposé toujours un des
seins blessé ou muiilé chez les Amazones ; et aux Centaures
embellis, ils ont conservé le type qui indiquait leur usage ex-
clusif du cheval, pour combattre et pour voyager, aussi-bien
que la massue , leur arme favorite , que porte en effet le cen-
taure de l'Encyclopédie japonaise, que nous avons publié.
Les figures conservées dans les livres apportés en Chine, et
relracées à Eléphanta, dans les Indes nous montrent donc ,

les Amazones primitives avec une des mamelles desséchée; et


par cela seul elles doivent remonter à des tems antérieurs, aux
beaux tems de l'art dans la Grèce '.
Puisque la langue 5/«ï« est liréedusamscrit, ilcstévident que
les Dieux d'Eléphanta, servis par de petits indiens, ne sont que
ces peuples Sarmates, Russes, Polonais, Ases, unis aux Ama-
zones, et vainqueurs de la ruce énervée des Indiens et des Ma-
lais. On les aura ensuite déifiés sur les monumeus ; mais les

traditions conservées en Chine, précèdent cette déification.


L'Amazone indienne dont j'offre le calque % et où l'on pour-
rait voir la Frigga des Ases ou des Scandinaves, des Ossetes
du Caucase, a dépouillé ses habits de fourrures, à cause de la
chaleur de l'Inde ; mais elle conserve sa ceinture ou cesle elle ;

a le bonnet tartare; elle porte le petit bouclier rond, ou la pelte

» Voir sur notre planche les n" 1 et 4


» Voir figure B , n' 4.
DissEnTATioît srn les amazones. %
des Amazones; eîie s'appuie sl^r vi'ne tële de bœuf, ot-ïfs textes
chinois nous (lisent que les A:iiazonc's iVtM-?«(5«-ro sont de na-
tion Tartare ou Scjthe, et nourrissent comme les Tartares des
bœufs et des brebis.
Enfin , elle tient un serpent, et l'on n'ignore pas que les an-
ciens prétendent que les Amazones se nourrissaient de lézards,
de serpens et salamandres les salamandres on le sait forment
; , ,

encore un des mets des Indiens et de plusieurs autres peuples


de l'Asie et de l'Amérique.
Si danscalque chinois. l'Amazone figurée aussi avec un
le

seul sein très-remarquable par sa grosseur, est vêtue de four-


rures , c'est qu'ici elle est supposée vers la mer Caspienne,
dans un pays froid et vêtue à la tartare son bonnet lui-même ;

est aussi de cette même fourrure tachetée en rond ; son visage


,

est fort mal dessiné ainsi que ses mains mais le texte, con- ;

servé dans V Encyclopédie japonaise, supplée à ce dessin grossier ,

et dit positivement : leurs cheveux ( Py-fa ) et leur aspect ou fi-

tgure (Yong-mao ) sont admirablement beaux ( Mey ). »

C'est avec une beauté presque divine, en effet, que les plus
habiles sculpteurs grecs les figuraient dans les offrandes quils
faisaient de leurs statues au temple célèbre d'Ephese; et dans
le calque joint du vase du Vatican, on voit la compagne
ici ,

d'Hippolyte, la belle Deinomaché', douée d'une beauté remarqua-

ble, combattant avec l'arc scytfie, et vêtue des mêmes peaux à


taches rondes, que porte l'amazone, dont le dessin altéré et gros-
sier s'est conservé en Chine, mais à l'état de repos \

Dans les deux textes chinois , il est dit que ces Nia-mou ou
JSiu-wou-yo, ont des tilles murées; et l'on doit se rappeler que
les principales villes de V Asie-Mineure se disaient fondées par
ces femmes héroïques , retracées en effet , sur les monnaies ou
médailles de ces villes antiques; tandis qu'à l'ouest du Rha ou
du Volga, qui fut aussi leur pays, les Géographes arabes, cités
par M. de Hammer % mettent plus de 5oo villes ruinées.

L'abbé Gnyon * a publié plusieurs de ces médailles de Smyr-


ne, de Thyatire] les Amazones s'y voient couronuées de tours ^

' Voir figure C. * Voir figure A. ' Origines russes.


''
Histoire des Amazones, 17i1. ....
26 DISSERTATION SCR LES AMAZONES.
portant la hache d'armes, ou véritable hallebarde ', et parfois

aussi leur bouclier léger, également en forme de fer de hache.


Or, le royaume des Amazones de l'Inde, nous dit M. Kla-
proth, contenait 19 villes à maisons élevées de plusieurs étages;
partout elles fondaient donc des villes , et des villes plus ou
moins belles et fortifiées.
Les haches savordiennes , nous dit SI. à'Ohsson =», sont encore
célèbres dans toutle Caucase; et dans ces contrées, sur leKours

ou le Cjrus y on cite la ville antique de Bardaa, c'est-à-dire,


des haches, nommées Palta on Barda, dans tous les dialectes
turcs et comans, Barde en allemand, Farato en ossete,alain ou
ase ; noms qui ont évidemment donné celui de nos halle-bardes
actuelles qui oflfrent exactement la même forme ' que les bi-*'

pennes des Amazones.


Aussi Stvabon parle du bouclier des Amazones et en même
tems de leur pelte , et par la pelte il entend ici la bipenne de nos
auteurs actuels; et si le bouclier des Amazones a été nommé
pelte ensuite, c'est qu'il ressemblait dans sa forme, en frag-
ment de lune, au fer de la hache, balda ou pelta halle-barde *. ,

Les noms que les anciens nous ont transmis pour les armes
des Amazones, ilous amènent donc à ces belles races blondes
et aux cheveux bouclés des Alains^Ossetes oxxAses, du Caucase^

' Voir le n" li de notre planche.


' Voir M. à^Ohsson, sur les peuples du Caucase.
* Voir le n° L de notre planche.
I

* Il y a aussi dans le Caucase le pays de Ka- barda


et vers l'Inde celui , .

du Baltistan ou des Haches nom


scythe Aior-pata, donné aux
(Ualti), et le
Amazones, d'après Hérodote, et signitiant tueuses d'hommes, a dû s'écrire
"'
aior-palla primitivement, la hache servant partout à tuer, dimmoler.
Nous devons remarquer, en effet, que les pierres de haches, pierre^i de,
jade verl et fort dur ont aussi-bien que les éméraudes d'un si beau
. ,

vert, été nommées pierres des Amazones ; et c'est parce qu'on a trouvé de
ces pierres vertes sur les bords du floutedes Amazonet. en Amérique, que
celieuve a revu le nom de ces femmes guerrières et armées de haches de
pierres venes. Mais bientôt aussi
elles ont eu des haches de l'acier le plus
dur, puisque Strabon, citant (liv. xu) Homère sur les llalyzones du pays
à^j4lybéon des Chalybes, habiles dans la métallurgie, parle de Démétrius
de Scepsis ; lisant ici le nom des Amazones au lieu de celui des Halyzones ;
nous avons dit précédemment que épées - poignards Mo-ye (ont
les ,

également de leur invention. Quant venue des Tartares et de leurs


à la
femmes guerrières en Amérique, on peut voir le voyage de Cibola par ,

Castaneda dans la belle et utile collection de M. Ternaux-Compaos.


,
DISSERT ATJOM §UR I,Ç:S,AMAZOKE|. ,
27
peuples compris sous lu nom général d'Indo-germains , et il

en est de même
pour les noms géographiques, rjuo cette race
civilisatrice et conquérante transportait partout avec elle.
Les Amazones nous dit-on, hahifaient sur le Don ou Tanais,
fleuve aussi nommé ^ mazonius ;
])arce qu'elles se baignaient
dans ses eaux; or, partout où des Amazones se sont établies,
elles le nom de Thermodon '; et les
ont donné à leur ileuve
noms de Jourdain , de Dan-ube tiennent à
antiques à'Eridan , ,

la même racine Don ou Dan, qui signifie eau ou fleuve, en lan-


gue Mède, ou en langue îudo-gerraaine des Ases, Mains, Os-
setes, Sarmates.
', qui admet lui-même
Je puise ces valeurs dans M.Klaproth
ici fsans parler des Amazones toutefois) , l'identité des Àses,
J tains, Médes , Sarmates, identité qui nous ramène à Médée,
véritable amazone, à Jason, à Médus son fils, et à toutes les
origines grecques et indo-germaniques les plus anciennes.
On peut lire dans M. Eusèbe Salverte ' xm très-bon résumé
sur les Amazones, résumé contenant à peu près tout ce que les
anciens nous en ont dit.

Avec justice il admet leur existence, à tort niée par M. de


Uumboldt et par bien d'autres auteurs modernes; il les croit
d'origine Ase et Scythe, et il a d'autant plus raison ici, que les
anciens textes chinois disent en effet : « A]/]Sse, elles res-

^ T« SH tan, aux Tartares », c'est-à-dire, à ces


Scythes et Turcomans pasteurs, dont Dardauus futle type ancien
en Grèce, et dont le?, Dardanelles portent encore le nom, même
en ce jour. ^

Et quand Strabon seul , nous dit que « c'est des Gargares :

• que Amazones du Caucase obtiennent des enfans, se réu-


les
«nissant avec eux tous les ans pendant deux mois», il est évi-
dent que son texte est altéré, et qu'il faut y lire, les Tartai-es,
c'est-à-dire les peuples du nord de l'Asie ow du sombre em- ,

pire de Pluton, roi des enfers et du Tartare mythologique *.

• Voir Thermodon , eau chaude, eau des bains russes.


• "Vocabulaire des langue» du Caucase , voyage en Géorgie.
^ Eisai sur les noms d'hommes et de peuples.
• Le T et le r en grec soot tort sujets à se confondre.
,

28 DISSERTATION SUR LES AMAZONES.


Ces noms Ta-lan ou Dar-danus (les Chinois ne peuvent pro-
'

noncer les r ) étaient de toute antiquité dans l'Asie-Mineure


,

et sont significatifs, car ils retracent les habits de peau t=tj. Ke


de ces peuples du Nord ; mais la Chine n'ayant d'histoire pro-

pre que depuis les Yœ Han , c'est-à-dire, après Alexandre-


le-Grand,et après la ruine de l'empire grec de Baclriane, ce
n'est qu'à une époque bien plus moderne, que les livres chi-
nois parlent des guerres des Ta-tan et des Mong-kou ou Mon-
gols; et à cet égard, on peut consulter les supplémens à d'Her-
belot, du docte père Fisdetou, évêque de Claudiopolis.

Ces guerres dévastatrices des Tartares , des Turcs , des Mon -

gols, avaient lieu sur les confins du vaste désert Y^X^ Cha VM
mo désert qui
, traverse toute l'Asie-Orientale; or, il est re-
marquable que le nom mo qui se lit ici, soit celui qu'emploie
l'Encyclopédie japonaise, pour le nom de Vamazone tartare ,

qu'elle figure avec ses longs cheveux, sa pelisse en fourrures,


et ses anaxyrides ou pantalons ^

Elle la nomme en eflfet, 'TT Nia IMotou, c'est-à-dire femme


de Mo, de Cha-mo; mais la clefyou-7|^ Cliouy,de /'«au, y est
seulement déplacée
non à côté.
et mise en dessous du groupe
^ Mou^ et

Cette origine scythiqueet asedes Amazones, est donc encore


fortifiée par le nom de ce vaste désert de l'Asie, où souvent
elles ont dû combattre les Barbares de l'Est.
Mais ce que la Bible rapporte de la reine de Saba, venant vi-
siter Salomon ce qu'à , la même épo(|ue, la prétendue histoire
de Chine, nous dit de l'empereur Mou-rang, des Tchcou, qui est
visité par la célèbre reine ïïUj Si -i- vang -^h mou, c'est-à-dire
par vùve du Roi d'Occident, ou la mère Royale d'Occident * ; ce
la

(jue Quinte-Curce nous dit de Thalestris^ reine des Amazones, et


venant trouver ^/<?a:an(/re pour en avoir des enfans ^ , tout cela
nous parait se rapporter à un seul et même fait , celui que men-

" On écrit aussi Ta-tan-tsu.


* Voyoz la traduction du Cliou-king, discours préiim., p. 83, et texte,
p. 285, Moii-vang régnait 1001 ans avant J.-C.
'
Li\. M , cU 5.
DISSEUTATION SUU LES AMAZOKES. 29

tioone la Bible, et qui, plus ou moins alitié, se leltouve encore


dans ces Amazones Arabes ou Occidentales que menlionneDio- ,

dore de Sicile.

Pindare aussi, semble mentionner ces mêmes femmes guer-


rières de l'Occident, quand il parle des Amazones combattant
à la tête des troupes Syriennes; et les livres chinois traduits par
M. Klaproth , sur les Amazones venues dans l'Inde à une épo- ,

que postérieure à notre ère, donnant pour leur reine le titre


d'honneur 5g* Pin jMr^" tsieou, confirment encore, cet antique
fait historique ;
puisque ce nom se traduit par celle qui va au
devant ( Tsieou.) des hôtes ou des rois étrangers {Pin), comme
on de Thale-stris , venant en Hyrcanie , au-devant d'A-
le dit

lexandre-le-Grand; son nom même, où se trouve Stri, femme


ou vierge, en samscrit comme TT , ISiu en chinois, a conservé
entièrement ici sa forme Indienne.

Je pourrais encore m'étendre beaucoup, sur toutes ces ma-


tières, et observer que même à Petra en Arabie, on voit, suivant
M. Léon de Laborde, des amazones armées de leur hache ou pel-
te, comme gardiennes de certaines tombes d'une riche archi-
tecture; mais ces détails suffisent, je crois, pourélablir l'existence
de tribus héroïques , de
d'Amazones vierges Pallantides soit en ,

Arabie, soit dans Caucase , et en Sarmatie, sort dans l'Inde


le

du nord et de l'ouest, où les Afghans, on le sait se disent issus ,

des Arabes, et des intrépides Albanais du Caucase, peuples eux-


mêmes mêlée d'Arabss.
Outre l'invasion de Sésostris, le Caucase a reçu, à diverses re-
prises, des colonies Juives, Arabes et Syriennes: et ce sont elles
qui, voisines de l'Egypte , ont dû y apporter des idées d'art et de
civilisation.

L'Inde éternellement conquise, ne figure ici, qu'à des épo-


ques beaucoup plus modernes , et reçoit aussi ses conquérans,
des mêmes contrées Caspiennes, centre antique de civilisation.
Il me semble, que tous ces résultats sont positifs, et suscep-
tibles,M. le Président, d'être indiqués dans les mémoires de
votre honorable Société de géographie.
A Paris, dans nos sociétés savantes, ces travaux seraient à
peine entendus et mentionnés; bien que ces recherches aient
30 DISSERTATION SUR LES AMAZONES.
déjà occupé les meilleurs esprits; mais, j'ose croire, que vous
apprécierez l'importance de ces résultats, fruits de vingt années
d'études et de réflexions; et je les dépose dans vos archives,
pour conserver la priorité de mes idées, au besoin.
Je vous entre! ieudrai, une autre fois, des Grjphons, des Jri-
maspes et desjrgippéens, qui se rattachent aux contrées voisines
de celles des Centaures et des Amazones , et dont les livres chi-
nois permettent aussi de rétablir l'histoire.
Agréez, M. le Président, etc., etc.
Le Ch" de Paravey,
du corps royal du génie.

EXPLICATION DES QUATRE FIGURES DES AMAZONES,


CALQUÉES SCK LES LITRES CHINOIS , LES HONUUENS INDIENS ET LES TASES GRECS
OU ÉTRUSQUES.

(A). Amazone avec une seule mamelle ayant une riche tunique et un ,

turban d'une sorte de fourrure à taches blanches, et portant aussi des


bottines de cuir.
Fort mal dessine'e par le graveur chinois, sa figure , d'après le texte ci-
dessous expliqué , devait être fort belle et non grossière comme on la
voit; mais elle est suppose'e en repos , dans laTartarie son pays, et des-

sine'e par un inepte Mantchou.


On a tiré cette figure (n° 1) de Y Encyclopédie chinoise , t. ni, 1. xni , p.
1 , ; et dessinée plus en petit , a^ ec de longs cheveux sans bonnet , et vê-

tue aussi de fourrures , avec des bottines et des anaxyrides , elle se voit

également retracée assez mal aussi , dans V Encyclopédie Japonaise , t. m,


1. xiv , p. /» 1 . ; Encyclopédie dont voici le texte :

// A'(a YÊi mou j^\ koue , royaume des Niu - mou , ou des
Yeou tÛ) tching^lkouCf
Amazones connues en Chine,
-^Y^
ypi
ri -^/JSi .^ —
I I
elles ont
des villes murées et fortifiées. -^çT -S «com, par pudfiurjciS. kieou. elles ont des
habitsdepeaux.^WP<^<l/<i» leurs cheveux : -;v^ y^g jijf mao , el

leur figure ou aspect -"^^ mey sont admirablement beaux. ^S^


,

yang, elles nourissent CÏ^nieou —t-, yang, des bœufs ou des brebis., Ste

'Wj elles ressemblent ou appartiennent, S^ Ta ?bp '""' auxTar-


tares fou race de Dardanus), c'est-à-dire aux tribus des Dardanelles , et

l'on remarquera dans le nom de Ta-tan , deux fois la clef des peaux ou
,,,,

BISSERTATION SUR LES AMAZO«ES. 31

Aes cuirs, dont les Amazones sont vêtues en effet. Voir clef ^J >g, des

Peaux et fourrures , clef n° 17 7.

(B). Amazone de la race des Alains ou des Slaves (n'i), ayant conquis
les Indes, et la race des Dieux race dominatrice.
formant dans ce pays, ,

Calque'e d'après Niébuhr voyage en Arabie , t. n, pi. -vi


le dessin de ,

elle a quitté sa tunique de fourrure vu la chaleur du climat mais elle , ,

conserve sa ceinture en peau, type de virginité; et le bonnet élevé en


cuir , de la Tartarie son pays et dans ses quatre mains se trouvent la ; ,

Pelte ( 5 ) ou petit bouclier des Amazones Grecques; le Chasse-mouche,

{ 6 ) ou queue de vache du Thibet; la tête de l'éléphant ( 5 ) et le serpent


couleuvre (Capel) , types de l'Inde vaincue; et enfin la tête de bœaf{ 3 ),

type de l'état pastoral des primitives Amazones ( voir le texte chinois,


ci-dessus) et de celles vues en Amérique par Castaneda.
Dans celte figure colossale du temple à^ Eléphatiia, dans les Indes, qui
a été dessinée par Niebukr , il est fort remarquable , qu'on ne trouve,
aussi bien ,
que dans la figure du dessin chinois ,
qu'une seule mamelle,
nous a été de nouveau afiSrmépar l'illustre colonel Fitz-Clarence,
et le fait

maintenant lord 3Iunsler, actuellement à Paris.


Fragment de figure (no9) tiré aussi de Niebuhr , dessins à^Eléphanta ,

t. II ,
pi. X, et nous donnant la forme du glaive à deux tranchans, glaive
droit attribué également en Chine et en Grèce aux Amazoœs , aussi
bien qu'ici dans l'Inde ,
pays riche en acier.
(C). Offre la figure d'une Amazone nommée DetnomacArf, combattant
contre le chef de la Grèce , l'illustre Thésée.
Elle est calquée, d'après un vasepeint de la collection de M. Durand,
vase admirable venu du Vatican à Paris et Cguré t. i, p. 35t dans les, ,

monumens inédits de M. Millin.


On la voit vêtue de peaux comme les Tartares ou les Scythes , et son
arc (n° 1 1 ) et son carquois sont en effet ceux des Scythes ou des Tartares ;

sa courte tunique est tachetée en rond , comme la tunique de l'Amazone


chinoise ; mais elle est bordée de la grecque, ornement fréquent aussi dans
les vases et dans les monumens conservés en Chine et en Egypte. Voir la

collection des vases en bronze de l'emp. Kang-hi, dont l'atlas existe à Paris.
Sa coiffure (n°10) est en peau, et cettepeau est mouchetée aussi, dans le
dessin de la case D, qui représente une autre Amazone des vases grecs
c'est-à-dire, elle est coiffée ; comme l'Amazone
mais des livres chinois
habiles dans les arts du
rendu avec une admirable
dessin, les Grecs ont
élégance leurs cheveux fins et bouclés leur figure admirablement belle ,
,

leur taille svelte et noble telle que celle des femmes Kurdes de l'Assyrie
,

et des belles anglaises ou polonaises de nos jours.

(D) Représente enfin une seconde Amazone publiée par M. Millin,


Monumens inédits, t. n, p. 69, planche iv; elle porte le glaive droit
,

DOCTRINES HINDOUES. 33

\\\VV\\VV\\V\\Vl\VVVVi.>\\\\ VVVVVV\*V\*.VV\'WVV».VV*V\\\AA\'V\V\\V\\VVV\\V\%W.'V\\V\\Vfcr\\\\X\VVV\W

^xMms (primitives.

DOCTRINES HINDOUES
EXAMINÉES, DISCUTÉES ET MISES Eî« RAPPORT AVEC LES TRADITIONS
B4DLIQUES.

'.
(!Iin(jniéîne !^xflcCe

§. IV. Histoire religieuse de l'Inde.

Oa n'y trouve aucane date. — Origine des diverses sectes. — Opinion Je


Gœrres, de Creuier, de Guigaiaut , dePalerson, de Rhode, de Ma-
yer, deMuller. — Confnsioa générale de toutes les sectes. — Du culte de
Siva. — De Vichnou et de ses incarnations. — Leur incertitude; — Do-
mine par le Sivaïsme. — Du Brahmanisme. — Ses innombrables cou-
fusions.

I. € La perd dans la nuit de l'antiquité,


religion de l'Inde se
disent MM. Creuzer
Guigniaut, et c'est en vain qu'aujour-
et
d'huion voudrait, autrement que pardes conjectures, en recher-
cher l'origine et les premiers développemens. Nous n'avons
plus son histoire '» . — «Il est trop vrai, répète M. Guigniaut
que nous n'avons pas plus l'histoire religieuse que l'histoire po-
litique de l'Inde. Le vide de celle-ci , et les h3'pothèses aussi
nombreuses que contradictoires qu'a fait naître l'obscurité de
l'autre, en témoignent assez. Les traditions même qui semblent
marquer dans la première une succession d'époques, ne font
qu'augmenter l'incertitude par leur caractère équivoque, et
par un jour douteux, à la lueur duquel on ne saurait toujours
distinguer s'il s'agit de rapports réellement historiques^ entre

> Voir le 4* article sur l'histoire poUiiqae de l'Inde dans le D* 1 14 ( dé-


cambre iSSgJ t. xix. p. 4o5'
' Hist, des religions de Cantiquiti, t. i, p. iZg.
,

ZU DOCTRINES BINBOUES
des cultes successifs, ou bien de relations purement spéculatives
entre les symboles principaux d'un système unique quoique
divers'.» —
A la page suivante, M. Guigniaut observe encore
que «ce langage de première, seconde, troisième incarnation,
manque également d'exactitude; il n'y a ici de vraiment histo-
rique que les caractères des divinités et des cultes de Siva
Vichnou, etc., entre lesquels la nature des choses, ainsi qu'une
foule d'indices et de probabilités de divers genres , paraissent mar-
quer une succession. » — Et après avoir exposé la théorie de M.
Mùller sur les Awatars et la Trlmourti, il fait encore cet aveu...
« La religion de l'Inde a subi, dans le long cours de son déve-
loppement, tant de modifications, tant de variations, qu'elle
est susceptible des interprétations les plus diverses, et que les
systèmes les plus opposés paraissent souvent y trouver leur
point de réunion *. » —
Puis enfin après ses conjectures sur
Bouddha, à. la fin de ses notes sur la religion hindoue , il dit :

Avant de clore ces notes, nous sentons le besoin d'insister


encore sur un fait que nous avons plus d'une fois exprimé
dans le cours de ce livre; c'est que l'histoire de la religion
des Hindous nous est jusqu'ici réellement inconnue , au
moins pour les tems qui ont précédé notre ère , ou tout au plus
l'époque vague de la réforme attribuée à Bouddha; du reste,
l'antique et le récent, pour ne pas dire le moderne, sont telle-
ment mêlés et confondus ensemble dans les textes et dans les
traditions, que les opinions les plus opposées peuvent à la fois

y puiser des argumens spécieux


^. »

IL La religion de l'Inde, comme toutes les religions fausses,


se divise en une multitude infinie de sectes; or, on ne connaît
d'une manière certaine, ni l'histoire ni même l'âge relatif
d'aucune de ces sectes. Ont-elles paru successivement et à de
longs intervalles? —
on n'en sait rien. —
Ne se touchent-elles
que par une sorte de juxta-position , ou bien y a-t-il entr'elles
quelques rapports de filiation quelqu'enchaînement logique ?
,

— on n'en sait rien. —


Ont-elles, comme le veut AI. Guigniaut,

" Jbid. p. Sgi.


* Ibid. p, 633.
» J6tri. p. 667, 658.
,

Eî< RAPPORT AYEG LES TRADITIONS BIBLIQUES. %5


été produites par le morcellement, par la dissolution d'un culte
unique qui les aurait contenues primitivement dans son vaste
sein? on ne — le sait pas davantage.

Entre toutes ces sectes, on en distingue quatre principales :


le Brahmaisme^ le Sivaisme, le Vicknowsine et le Bouddhisme
bien qu'on suppose assez communément qu'elles ont paru dans
l'ordre où nous venons de les nommer , il s'en faut bien que
admise de tous les savans.
cette classification chronologique soit
M. Guigniaut nous laisse espérer que « par l'examen des textes
comparés "avec les monumens, «/acHii ils seront mieux connus ^
l'on pourra s'assurer s'il y eut réellement dans l'Inde un ou
plusieurs cultes antérieurs à celui de Brahmà; %i\ç.Brah~ —
maisme^ comme culte, et non pas seulement comme doctrine,
eut jadis le vaste empire que lui attribuent les traditions, et
quels purent être ses rapports avec le Sivaisme et les autres sec-
tes ; — si la doctrine et le culte enseignés par les Fédas , dans
leur partie la plus ancienne et la plus authentique, ont jamais
été autre chose ou moins mystérieuse de la
que la religion plus
caste sacerdotale des Brahmanes
ou s'ils furent dans l'origine
,

quelque chose de semblable à ce Brahmalsme dont on nous


parle, c'est-à dire, la foi commune d'un peuple très-ancienne-
ment établi pays du Gange, et déjà parvenu à un haut
dans les

degré de civilisation; —
enfin, si le Sivaisme, dans son caractère
antique, ne serait pas, ou la première forme populaire du Brah-
maïsme considéré comme doctrine sacerdotale , ou même l'an-
cienne religion des indigènes de l'Hindoustan, originairement
identique avec le Brahmaïsme, et réformé par celui-ci, comme
semble le penser M. Heeren, et comme le professe M. Creu-
zer \ 5 Toutefois, en attendant que ces problèmes, et bien
d'autres, soient résolus, les orientalistes se divisent entre les
opinions les plus opposées, comme nous allons le voir.

III. «Fort d'une étude approfondie de VOupnekhat, qui repré-


sente suivant lui lesVédas, Gœrres ne craint pas de déclarer
que l'esprit du Sivaisme domine dans ces livres; et cependant,
admettant un culte antérieur, il fonde toute la religion de l'Inde

' Notes sur Creuzer, p. 5g5.


3^ M.nAJï«}« ^vTDOC.TniNES HINDOIES

sur le Sabéisme , on plutôt sur celte adoration spontanée de la


tialiue, qu'il a «ommée un panliiéisme primitif '. »

Creuzer reconnaît avec la tradition , le Brakmaisme , ou la


o

doctrine des Védas, comme la source primitive de la religion


des Hindous toutefois les formes et les élémens qu'il offre au
;

lecteur, en commençant son exposition , sont évidemment em-


pruntés du Slvaisme *.... A côté de cette antique mythologie de
la nature, ainsi qu'il la nomme lui-même, il pose la pure doc-
trine du Monothéisme, ou plutôt de la Trinité, qu'il qualifie de
premier produit de la réflexion religieuse , réservant pour un
troisième point de vue la spéculation philosophique), qui cher-
che à se rendre compte des rapports de Dieu avec le monde,
de l'Être avec le phénomène \ « M. Guigniaut, développant —
o\i croyant développer la pensée de Creuzer, a réuni les sym-
boles fondamentaux du Sivaïsme à ceux qui constituent le
Brahmalsme : tNous avons vu, dit-il, dans les uns et dans les
autres identité parfaite au fond; le primitif nous a paru être
dans leurs principes communs, dans cette intuition féconde
du monde et de ses phénomènes, qui fut à la fois la première
mythologie et la première théologie mais de cette source uni- ;

que nous avons fait découler deux développemens divers, sui-


vant dans leur cours deux directions opposées, et finissant par

établir dans la religion des Hindous, comme dans toutes les


religions de l'autieuité, la dislinction capitale des deux doc-
trines ou des deux croyances, quoique dans un sens différent

* L'illusfrc J. Goerres appliqua le premier à rhistoire religieuse les


principes de la philosophie de Schelling, dans son fameux ouvrage sur
les mythes de fJsie, (Mylheugeschichtc der asiatischen Well). Les idées
qu'ily développait sur la religiou de l'Inde , idées qui ont élé reproduites
par Creuzer el par M. Guigniaut, ne sont au fond qu'une application
particulière de sa théorie générale . bien qu'il s'appuie aussi sur des tra-

ditions et sur la classiGcatiou des monumeus écrits ou autres. V. Crtuzer,


p. Saô, 591. — Depuis sa conversion, il a recommencé ce livre sur des
bases toutes différentes ; voir son introd. à Chist. univers.
» Creuzer, liv. 1, ch. ii, — notes p. 592.
' Ibid. — Ce que M. Guigniaut appelle la pore doctrine du Mono-
thé^^Q D'est qn'QaP«Dthc^sme vague, dont le Lingam serait le plus pro-
fond symbole. m
BN RAPPORT AVEC LES TRADITIONS BIBLIQUES. 37

de celui des Grecs et des Romains '. » Cette théorie se rappro-


che assez, sur quelques points de celle de Paterson, quoique ,

cet auteur ait subdivisé les sectes et multiplié les hypothèses à '

l'infini.

« L'opinion, dit M. Gnigniaut ,


qui fait des formes oii sectes
difTérentes dans lesquelles se développa successivem'Ut le Vicli-

nou'ifme une lente tentés pour supplan-


et pénible «érie d'essais ,

ter d'abord, ensuite pour réformer le culte antique de Sfin.


porte un ca^act^re frappant de vraisemblance Krirlina et '
;

Botiddha paraissent marquer les deux dernières de ces réformes,


véritables traités d'alliance entre les dieux comme entre leurs
adorateurs; mais le culte de Krlrhna ne fit que s'accroître de
plus en plus, tandis que Bouddha et les siens finirent par être
expulsés de l'Inde. —
Une question capitale reste tout entière,
c'est de savoir jusqu'à quel point on pevit regarder lirahmâ
ccmme le symbole d'un culte anîérieur à tous les aulres, d'un
ciilte non-seuleuient primiiif, mais plus simple plus pur et ,

plus spirituel que ceux qui lui succédèrent en l'étouttant par la


violence ? —
Cette hypothèse a été admise en des sens divers
par la plupart des écrivains allemands ou anglais qui ont traité
de la religion des Hindous; quelques uns seulement , comme
Paterson et Rhode *, l'ont modifiée eu faisant de la doctrine ,

de Brahmâ une primitive réforme ( présentée sous la forme


d'une révélation ) , d'un ou de plusieurs cultes préexistans, qui
reviendraient pour le fond au Sabéïsme. Cette réforme ou ré-
vélation première, consisterait, suivant eux. en grande partie
dans le dogme de Tunlié de Dieu, annoncé simplement et sans
figure ; les sectes n'auraient commencé avec l'idolâtrie qu'a-
près l'invention des symboles destinés à personnifier aux yeux
du peuple les attributs de la divinité, selon Paterson; selon Uho-
' Ibid. p. Sgô.
= As. Hes. t. vin , p. 44 >
^-'^''^ •'''S votes âc Co!ebroo\c.
* Sur c;,'s sectes et sur Irur liistoire encore si ol)scnre , V"'ii P^iMJio ,

systema Brahmanicum, p, 21S. — Lo même voyage, e!c., !:v. n. c!. 8. —


Mackensie, Colebrooke , WlIforJ, dans les Asi res. t. v,vii, viil^V. H.
WiUow , ibid., t. îvi et xvn.
4 Palerson , ibid. — Rhode , Beytrœge alierthumskunde , i. p. 55. Nom»
donnerons plus lard nne idét; j>lj< étendoc du syslème de ce dernier.
lU' SÉRIE. TOM. I. — >" 1. l84o. 3
âS DOCTRINES lUNDOCES
de, qu'après la naissance dé la spéculation philosophique qai
entreprit de concilier le culte nouveau et tout spirituel avec le
naturalisme antique, et n'y parvint qu'en les combinant l'un
avec l'autre dans un pantliéisme symbolique '. »

Peu sËlis'faît de ces théories, Fr. Mayer a ramené la question


sur son véritable terrain , c'est-à-dire ,' à l'étude des textes ; il

s'ieâTorce d'établir, d'après les f^édas, rauthenticité du Brahmais-


ihe, et com'ftic cuUe et comme doctrine ; mais il ne s'explique
ipas sur soii oi'îg'îne et sur ses premiers dévcloppemens , il le
prend séiilémeùt comme un l'ail, et le caractérise dans son en-
semble. D'après lui, l'adoration de.^ astres , des élémens,de3
corps de la nature, et toutes les personnifications astronomî-
qtîésY'ônt ëfé'îfitroduîtés par le sivalsme, et ce dernier culte,
primitivement étranger a l'Inde, s'est fondu dans \o f/rahmaïsme

par suite de conquête d'un peuple barbare qui a subjugué


la

les sectateurs de Brahmâ, et, tout en adoptant le fond de leurs


dogmes épurés , leur a imposé ses symboles grossiers et maté-
riels ».

•« Cette incroyable diversité d'opinions s'jr le développement

'hiâlorique de la religion de l'Inde ne pouvait manquer de faire


naître une nouvelle hypothèse...; c'est qu'indépendamment de
la source unique à laquelle toutes les sectes rapportent égaîe-
mcnt leurs systèmes divers (le texte sacré des Vâdas), ces sectes
ëhX eu jadis, au moins les deux principales, celles de Vichnou
et de Siva^ peut-être même celle de Bouddha^ un centre et
comme un foyer commun avec le culte de Bnilimà dans un ,

vaste système à la fois sacerdotal et populaire où chacun de ,

"ces c^rands symboles retrouverait sa place, son rapport réel avec


les autres, et son sens primitif » — Cette théorie syncrélique a
é'té développée par Nlklas Millier ' et M. Guigniaut a pour elle

une prédilection singulière. Du reste, dit ce


« dernier, comme
l'a fort bien senti Nik. Mùller,même dans cet antique ca-
tholicisme de rinde, dut avoir lieu la distinction des deux doc-

' iVotca sur Creuzcr, p. ^yS.


» Dralima, odcrdlerelig. dcrind. ais. Drahinaismus, v. Fr. Majer, Lcipi.

»8i8. — Gilé par M. Guigniaut, p. SgG.


^ Glaub^n, Wissen. und kanst der altenhindiis , i" baud, .Maiui, 182-?
EN RAPPORT ^^'^^,f,Ç^TJRj^iaO,^'^S BiDLlQUES. ^Q
Uincs, et Iqs lûgcndç^.a^ssji-rbieo q^elcs ctrémç^ie^pppijlairq?
avaiout iin sçu.Siprofçjiil, dont i;^j^uC'ç^oj!jie mclppl^ysiquo c|ç^

Brajinîauci possédait, seulç la clef. De là vient que les syjnbole.?

priuulifs se développant en m^llj^s , la, théologie Anlt par se


transformer en eijtliologie ; ,iT:^ais_lc lien qui Içsuaissait. toutes
deux ne fut janpîiià enliGreuient rompu, et, n^Ç'me qv>and les
sectes pliJlosophiqucs ou religieuses .eijreç^ cp^Hpveuçé ^s'en-
^fodrer le§-un,GS;d6s autres , |l'uni^ jirj^q^'lijve ue.'ïut biisée qvÇk
ulemi, elle sobsi^a toujours plu.'^ ou moim dausrlajcloctriue des
-pjrôires,, daus,Jfis- Védas , s>iç ksque^ s'appuyaieul Jjuxs. Jes scc-
iti>û-§p^ ,et qui^o^i^gnfgnijS pput-êti;c;^?ît^ivaiit pas^^ pas le cours
^ç§ ,4crns, so .gro^jrpji^ de sp^cvUatio4vs th^plogiques des dilTé-
renles fe.ctcs„,arui de U>s jaUacbçr plus sûrement à la scuclu^.
-comaïune, Hlaiôscç u^^sçii^ là enc-ore que des çonjeçtv^rcî, et
-aQUS pensons, Avec A;. ;W, de ^cldpgei, qu'une é|ude df?s origi-

'»aux, plus étendue^ plus «:ça!ot>;. et plu^. approfondie qu'on n'a


pujla faj-re jusqu'ici , wie co^uparaison suivie de leurs textes
àvfiC"les réprésewlfitiojis sjimbçliques des monumens de l'art,
-enfin une, criîitjvie. plus ljaute»L»pltts iijSïpariU^l^i plys «xempte
<àe; par jugés, i^ d)e<^pïit. de sysl^ie ou d'enthpuiHasiîie , .qu'on ne
la trouve dans presque touP" le»i,<^ci-its publiés jt^q^i'Àcç jour,
'peiivent conduire à des BésuHatSiVU^i^ent im|>wta?i^ ^;* cette
-qniestioa' '. 9 ..(..;•'..-.•/ v .. :'i.\- .,.[... ..: ,.

".
-ITieiïe est liinc&rtii<ude>de rhi^oii-e j'fl\igie^sc 4^ Uïm!^ .'t.qiïc
jlesjT.ùat.K. Ritter. sotiticnt qu'il a.'ve5Îstéjii;ei çuUe. p^jj%ilif de
-DcmlHkiL^ âhiixnH ,di\ .Baiiddln^ieis prupreïîkejit dit;; ce .auj-tc aja-

^raibpTccédé le Jiyndnnimisîns , oii du moins se rallaphe^raità sa


première originev.et partagerait scfi plus anciens car^ctèrof, sçs
.dogmes fondamentaux; il aur.ait lïicmc, à en croire ce,^aAant,
.'ibîiiBâi la \ci;oyan.ce populaii'e^ primitive,, extrêmement géné-
rale, non-seulement de l'Inde, mais de toute l'xVsie centrale, à

-K./- •;)/'" '.' ..'.il'. ..• ,, '

^ "^
Tndiscfie Jj^bUollieJi ,1 p.^i&,
. .

— Nous sommes ^obliges, npnf -abréger


'

*°"* ''''^.'^^^ '•*''' t>'«'auï si împorlans de \V. JocfCjS l'he Robert


i^fJr^*'*^*'
,sou., du saT;iDl Mauiîce ., de. — V.'au5-i Viihl é D'ûbois , le Kraunn ,

.,5)|'i<67«a Bral{maiucum , ^Ic.-r^Ji. Uoor , .h'ln(fu p'anth'eôn,J[Jn't'\?:\o —


F. cleScliIegel. Essai sur la langue et làpfùl. (^rs hul. Viv. ii) p. g5 Je la
trad. franc. ' •
' ' * " • ,.• 1
40 DOCTRINES HINDOUES
une époque où. les nations n'étaient point encore séparées,
comme elles le furent depuis, en corps politiques . et antérieu-
rement aux migrations nombreuses déterminées par ce nouvel
ordre de choses, et qui auraient porté de toutes parts avec le
nom de Bouddha, les dogmes de celte religion patriarcale '. •

IV. Parcourons hindoue par MM.


l'analyse de la religion
Creuzer et Guigniaut. Bien qu'elle ail pour but d'expliquer et
de concilier à tout prix les fables les plus opposées, les con-
tradictions et les incertitudes ressortenl tellement de tous les
côtés, que la moindre attention les voit saillir sous le voile de
logique dont on les a affublées. A coté d'une mythologie qui
ressemble aux rêves d'un homme ivre après une orgie ou aux ,

visions des màcheurs d'opium, apparaît !e panthéisme philoso-


phique des Brahmanes. Mais lequel de ces deux principes a pro-
duit l'autre? est-ce la mélapliysiqne qui a engendré la mytho-
logie? ou la mythologie qui a engendré la métaphysique? Les
fables seraient-elles la symbolique réfléchie d'un système pré-
conçu ? ou bien les systèmes n'auraient-ils point été inoiaginés
après coup pour expliquer ou concilier les fables? Cette ques-
tion fondamentale reste insoluble par Thisloire, car encore une
fois, il n'y a point d'histoire dans l'Inde.

Mais laissons de côté la doctrine esotérique et ses mystères


impénétrables, bornons-nous à l'examen de la religion popu-
laire. Combien de contradictions et de problèmes insolubles!
— Est-ce Siva qui est le Dieu suprême? est-ce Vichnou? est-ce
Brahmâ? Ces trois dieux sont-ils frères ? sorit-ils égaux? sont-
ils amis ou ennemis? soni-ce des créateurs ou des émanations

d'un Dieu suprême, ^r«/im ou Para-Brahma? Siva et P'ichnou


seraiehl-ils le bon ou le mauvais principe ? Vichnou esl-il une
réaction contre Sica, ou Siva une réaction contre Fichtwu? La.

' Nolet sur Creuzer, p. 65q. — passiin. — M. Guigniiiut, loin de rojclor


celte hypothèse, csl porté à Toir dans cet aucieu Bouddha , un des sym-
boles principaux et iiitégransdc celte graode religion tle l'Inde primitive
qu il appelle un calholi ;isnie antique ; « ce serait, dit-il, fun des noms et
» peut-être le premier nom de Vichnou. «Seulenieat il met autant de dil-
férence entre l'ancien et le moderne Bouddha , liés pourtant l'un à l'aatre,
qu'entre le pur sabéïsme des premiers Icins, cl le panthéisme des nou-
veaux sectaires, p. 669, G60.
EN UAfPORT AYEC LES TRABITIONS BIBLIQUES. kl
Trîtnourti est-elle une véritable trinîté, un seul Dieu en trois per-
sonnes? —
on ne sait; ou plutôt à chacune de ces questions, il
faut répondre oui et non; carie oui et le non ont pour eux quelques
théogonies, quelques traditions. —
Tantôt Siva paraît le premier
des dieux, tantôt c'est Vichnou, tantôt c'est Bra/tmâ: tantôt ces
trois dieux sont ennemis, tantôt ils sont amis, ils sont égaux
et se partagent l'empire du monde; quelquefois on aperçoit
au-dessus d'eux Bralim ou Para-Brahma ils sont les fils ou bien ;

des émanations, des formes, des l'évélations successives de ce


dieu invisible. Ailleurs forment un seul Dieu Suprême ail-
ils ,

leurs ils paraissent à peine connus


ils sont perdus au sein de
,

la foule obscure des divinités vulgaires qui se pressent par mil-


lions dans les étages inférieurs du panthéon hindou; ailleurs,
le grand Dieu, c'est l'hermaphrodile Jrdhanari, duquel sortent
par couple des séries d'émanations mâles et femelles ailleurs, ;

Siva et Bhavani ou Parvati, etc. , sa sœur, son épouse, sa fille ,


apparaissent comme les deux grands principes de la nature,
l'un mâle, l'autre femelle; c'est comme Osiris et Isis, le principe
actif et le principe passif, la matière et l'esprit; ailleurs, c'est
Brah-Maja , l'être et le phénomène; ailleurs, Siva et Vichnoa
forment une véritable antinomie; on dirait le bien et le mal
luttant actuellement, le duel d'Ormuzd et d'Arimhane; ailleurs,
la divinité suprême, c'est Parasacti , la nature , l'éneagic, la vie
universelle, ou bien Pai-asacti est l'épouse de Brahm, et la mère
de la Trimourti; ailleurs enfin, Dieu n'est plus que la grande
âme, Maha-ahna, et la nature matérielle est son corps.
V, Et ce qui vient encore compliquer ce cahos, c'est que le
même Dieu revêt les figures les plus diverses, les plus opposées
dans les traditions de chaque secte. Voyez par exemple. Jtr a , ou
Iswara^ Mahadeva; ilsemblepar ses transformations, scsdéguise-
mensde toute sorte, vouloir, comme Prolhée, échapper à la criti-
que. Impossible de donner une idée de laconfusion des formes ou
épithètes contradictoires attribuées à ce dieu , dans lequel sem-
blent se réunir et se mêler, la génération et la destruction, le
plaisir et la douleur , l'amour et la haine , la volupté et la mort,
le bien et le mal , le vice et la vertu , la lumière et les ténèbres,

etc., etc. Ainsi par exemple, Sivaestle dieu du Lingam, de l'im-


pudicitéct des orgies effrénées, son épouse c'est la voluptueuse

^2 BOCTRIKES UINIVOUtS
Barhifaity ; et, par le contrasic le plus frappant , Sha offre to-^is

les traits les plus sombres > : il se plaît dans les demeures des
iïioits; il s'abreuve de larme's et de sang, exerc6 les plus atroces

vengeances, punit, récompense en maître absolu, et domine


sur les démons dt sur les âmes ; son aspect est aff"reux ; le feu
'Sûifide sa boucfhe, armée de dents aiguës et tranchantes, des
crânes huriiains couronnent sa chevelure hériséc de flammes ou
couverte de cendre, et foraient son double colKer; des serpens
lui servent de ceinture et dïf bracelets les ànaes les plus terri- ;

bles une hache une faux etc. sont dans ses mains nombreuses.
, , ,

Du pied il précipite les m:échansdans des abîmes de feu, et près


de lui est son épouse, Devis roudrani-cali , déesse de la vengeance,
de la mort non moine in-éxorable que lui.
et des larmes , et
Comme aux pieds les Ames des pécheurs
son époux, elle foule
cl les piécipite dans les flammes de l'abîme. Elle tient dans ime
jnain un crâne et dans l'alitte une hache; une guirlande de
crânes forme son diad'âmê. 'tous deux demandent dii ^ng; et
jadis d'innombrables victimes humaines étaient inàmoîéès à
leur fureur. Toutefois cette contradiction apparente peut fort
. bien s'expliquer; car legran^ tentateur, le démon de riiï)pudicité,
Satan, est en même tems l'inslmment de la justice divine, son
immortel bourreau ; mais par un autre contraste encore
plus biz.irre et bien plus inexplicable, c'est atissi la déesse Crt/i,

qu'on représente avec son époux terrassant le prince des mau-


vais esprits , le géant Mùlùchàsoura , sous la tbrme d'un bœuf
sauvage.
Les diverises émanations ou încarnatrons d'e Siva ont comme
lui les caractères lies plus opposés. Ce snnt Murkand'eya-hvcara
et Kandopa-Jvatava l'un chass'èur, l'autre pénitent;
,
— Ganesa, le

dieu de rintelligcnce, etc., qui garde un célibat sévère, qui cher-


che la solitude et est absorbé dans Ites plus hautes conlempla-
tion§ ; Soubramanya, etc., ami de la violence et de la discorde,

respirant les combats et la^mort, etc.; — Dlicrma, i-oide justice

el de vertu., qui, la bal'an{<e à la mùin, pèse les bonnes et les

mauvaises. actions des homùic-s; — Yaina, père des ancêtres oa


des morts, chef des esprits" ihfeiiiaui, scfibcxlela vie htmièiiile,

' «Il L'Sl aii^jtlé /e rot c/es soyjejis, race long Ums adorée , mais depuis
nj.iudile tl relcguce aux cufcrs.»
,

EN RAPPORT AVKC LES TRADITIONS CILLIOUES. U%


qvi'il observe sans cesse, et. sur laquelle il prononce d'inévitables
'.
arrêts, etc., etc.
VI. Même même incohérencQ <lg& traditions sur
iucerlitude,
Virjinou et l'histoire de son culle. C'est encore M, Gnigniaut qui
nous l'apprend «11 y a bcancoup de variantes non seulement
: ,

dans le nombre mais dans l'ordre et dans les circonstances de


SCS avatars '»; il est dijticile de déterminer aujourd'hui, surtout
dans l'état de nos connaissances, jusqvi'à quel point ces incar-
nations successives peuvent être regardées commeuies épocjucs
réelles, représentant les phases diverses, les révolutions , en un

mot, le développement historique de la religion des Hindous.


Sont-ce des systèmes originairement différens, des doctrines
des sectes opposées ou distinctes ? sont-ce les parties intégrantes
d'un vaste et unique système , ouvrage du lems et du génie, sorte
de catholicisme antique, où les éJémcns les plus divers étaient
venus se fondre en s'épurant dans une antiquité reculée , et que
des schismes, des réformes, des scissions de tout genre auraient
parla suite des tems dissous et déchirés ? voila deux hypothèses
contraires, qui se concilient plus ou moins l'une et l'autre avec
les traditions nationales, etc. \
L'antagonisme qui éclate entre le Tic /mouisme ci le Sicalsme
brise l'unité prétendue de la religion hindoue. « On est tenté de
voir dans ces deux cultes la lutte de deux religions ennemies
qui se rencontrent, se froissent, grandissent et se développent
dans le cours même de leurs débats, et, après de longs déchi-
remcns, finissent par s'amalgamer l'une avec l'autre sans pour- ,

tant se confondre, et s'unissent sans cesser jamais d'être dis-


tinctes L'une et l'autre secte a fini par accueillir le dieu rival,
mais en lui assignant respectivement un rang secondaire. Tou-
tefois il est bien remarquable de voir les Slvaltes non-seulement
reconnaître Viclmou comme conservateur, mais adorer ses in-
carnations comme celles de la divinité suprême , tandis que les
belles et poétiques traditions des Vic/inouiles , tout en admettant

quelques dieux du Sivaisme, sont loin de présenter Sha sous des


• Voir pour plus de délails. Je u^ ch. du livre de l'Iùst. des relig. de
Cant. par M. Crcuzer, Irad. Je M. Guigui.iul.
' Ibid. p. 'gô, uole.
''
ibid, p. 142 . 145.
couleurs «vissi favorables , en le nioiitrant laiilôt comme aUté'ur,'
tantôt comme protecteur du mal . tlans la lutte du bon principe
contre le mauvais ; ces traditions tendent visiblement à l'iden-
tifier avec le dernier, et le restreignent presque partout à son rôle
m aïiaÎPâ. f«^ ,^e-n.iijKtotj Tw^/t mé
Ef ceppndant le Sivaisme a évidemment conservé Tavantagé;
car non 'îr l;imeni Mahadeta ou Sixa est toujours pour ses adora-
teurs Ir premier des dieux, œais son culte et celui de Bhavani de
ITiçrtnapiîii.iJHe (uifhanari et du L,ingam,son\ jusqu'ici restés do-
rai: ans; sci î'éi-es iont le^ plus solennelles, avec celles de Crichna-
Djugànnàka-Govinda^ qui partage presque tous ses caractères.
Il fi'yainème point, à vrai dire, de fêtes publiques en l'honneur
de VicUnoa '. jloudcri ( Ma/mclni B/ioudeti), la seconde épouse
•»

de eè dernier ressemble beaucoup à Cali elle porte en tous


, ;

liettx la misère et la discorde; c'est la mauvaise fortune, une

sorte de fùnè '


V"-^ ^'^"'^ 9 l'une des plus célèbres incarnations
CG Vic^nou, bâtit un temple en l'honneur de }Ja/iadeva et à ;

Djhgannailia. oxiJagrena, Crklina est adoré comme le symbole


d'éîa rfei[jrbdnctit)ri, etsemble identifié avec le rival de Vichnoû^y
en un mot le Sitaisme projett e de toutes parts son ombre stir'îë

Vtchnouhme.
'' VII. Les traditions sur le Brahmaisme ne sont pas moins coii-

fuàés. Les Fédas el le Manava-dliarma-sash-a, les livres les plus an-


ciens et les plus réA'érés de l'Inde , reçus par toutes les sectes ,

mais, dans toutes, propriété exclusive des brahmanes et titre de


leurmission, exaltent Brrt^Tfta au point de l'identifier avec le Dieu
suprême, Brahmà d'après eux, c'est Brahm déterminé, c'est l'é-
nergie créatrice de Brahm, c'estl'ètre descendant dans la forme,
la substance se révélant dans le phénoniène, l'esprit venant
animer la matièitî, le moi universel, la volonté du Très-Haut
çoiiveriiant lé mondé qu'elle a fait, c'est l'âme du monde , c'est
le père, le générateur, le plus ancien des dieux, etc ^. Et toutefois
les Védas et le Manava ne sont point d'accord ; car dans les pre-
« Ihid. (1, ai4 et siiiv. — (î63 , elc. » Ibid. p. 197.

3 Ihid. p. aog.— MaltaUeua Iswara,


• , etc., sont des noms de Siva.
4 Tor.tcs CCS qualiâcaliuiis reposent sur les épilbètesdunuces à Brahma.
Voir Camarasiuha uu P. Paulin, vt la Iraducliuo française publiée,, {lar
M. Luiseleur de Longchainps. ., \»*i
EN RAPPORT AVEC. LES TRAWTIONS BIBLIQUES. 45
miers le grand de la création appartient à Pradjapati, et
rôle
c'est seulement dans le deçnicr qu'gn attribue la première place
k\Brahma mais depuis long-tems il est déchu de.pe rang élevé,
'
;

etg.iquoique reconnu par toutes les sectes, il occijpe une place,


bien inférieure à celle des dieux populaires, Siva et Fichnou;
les seuls Brahmanes lui rendent un culte. A quoi attribuer —
cette déchéance, et la disparition totale de ses temples ?« Ques-
tion obscure sur laquelle il n'y a que des hypo$iics6s divergente^f
et confuses •. »La cosmogonie que Creuzer nous'donne^d'^^fir^i'
Polier, et que M. Guigniaut présume élre tirée d'un Pourq.na^.
oflre d'assez grandes différences avec celle que Sonnerat et au-
tres ont prise àwBliagavat. M. Guigniaut, par un syncrétisme
qui lui est habituel, réunit ou plutôt confond ces récits opposés.
L'infériorité de Brahma y ressort de tous côtés il veut usurper ;

une partie du monde mais ses deux frères Sixa et Vie/mou dé-
;

couvrent sa fraude et l'en punissent. Aumomentoù il poursuit


sa fille Saraswati de ses regards incestueux, Mahadeva indigné
(l'obscèneMahadeva! ) le châtie en ^ Le
lui abattant la tête .

dieu suprême Bhagavan y a ici ( car il un Dieu suprême au-


dessus des trois frères), irrité aussi de ses dérégleraeiis et surtout
de son orgueil, lui ordonne de s'incarner quatre fois pour faire ,

pénitence et pour écrire l'histoire des incarnations de Fichnou; il


s'incarne donc d'abord sous la forme d'un corbeau , puis sous les
noms de Falmicki, de Fyasa et de Kalldasa^ et tout pénitent
qu'il est, il n'en mène pas moins la plus mauvaise vie. D'autres
traditions enfin, nous le représentent comme un symbole de
l'univers avec ses périodes de destruction et de renouvellement;
mais ici encore son infériorité reparaît ; de là cette série de
Brahmas qui meurent et ressuscitent tour à tour et leurs têtes
suspendues en collier au cou de Siva et de Cali *.
Dans le prochain article nous nous occuperons en particwlier
du Bouddhisme.
L'abbé de V.
' Creuzer, p. a4ô.
' Ibid. p. 24 1.
^ Oq dit que Brahma obliat son pardon en charmant le diea irrité par
des Ters chaulés à sa louaDge; mais Siva ne lui rendit point sa tête; il

s'en fit à lui-même un ornement en ia posant sur la sieuuc. ibid. p. 240.


''
Ibid. p. 63 1.
/*6 exajbEn critique,

4Vv\li\kVVV<%'\\\.\V\\VVV% A.\ V\\V\^\V\VV\VtA.V\'^'V\V\XVV^<\'VV^«^v\'VV«A'V\^v\>->'AA VV\v\'V«V^V\%\A«'t%\\V'>\%

Ciflètafnre (Ecnfm^cmm

EXAMEN CRITIQUE
DE L'QISTOIRE des HUGUENOTS, DU D. RROAVNING

Caractère de l'ouvrage de M. lîrowning. — De l'esprit de secte. — De


la tole'rance re'claméc par les sectaires. — Elle se change en intolérance
dès qu'ils sont puissans, — Intole'iance des Huguenots à Nîmes. —
Sac de Baugency. — De la Micheladc, ou massacre des catholiques à

Nîmes. — Les Huguenots voulaient établir une republique en France.


—De la guerre des Camisards — De leurs excès.— Conclusion.— L'his-
toire des Huguenots est encore à faire.

Nous vivons à nne époque où les mots semblent être tout,


cl où les clio?es parais'^ent d'une moindre importance. On pro-
clame un principe ,
et l'on n'a rien de plus pressé que de le

violer.
Ainsi, dans notre recrudescence de constitutionnalisme, on
professe , en paroles du moins, le plus grand respect pour les
majorités, et il n'est pas, dans l'exécution, de chose moins res-

pectée de nos jours que l'opinion des majorités.


La France compte trente quatre millions d'habilans; sur ce
nombre, trente deux millions cinq cents mille font profession
de catholicisme, et un million cinq cent mille seulement sont
attachés au protestantisme. Les uns et les autres parlent beau-
coup de tolérance, de respect pour toutes les religions, de li-
berté de conscience, ce qui n'empêche pas les derniers d'éta-
blir et de répandre partout une propagande d'autant plus ac-
tive qu'elle se révèle par les actions et les écrits; et Dieu sait
comment leur respect pour toutes les opinions religieuses, et

• History oftlie Uugnenols from 1598 io i8d8. t. m ; à Londres et à


Paris, 1830.
DE L'iî'lSTélAE rE5ïfUGii:N(.TS. hl
îciirfon'ëur pour la liberté' de conscience, y îrailcnt le calho-
lîcismc, ses ministres et ses croyans.
Un horame simple et naïf s'imaginernit , au premier aspecf,
que, du moment où la religion cathoîiipie a été reconnue la
religion de la grande majoritédes Français, elle a droit comme
telle,aux égards, aux respects de tous, et qu'ati besoin Ja loi
saurait la mettre, aussi-bien que ceux qui partagent ses croyan-
ces, à l'abri, non pas seulement d'altaques coupables, mais
même de toutes injures, diatribes ou calomnies.
..Cet homme se tromperait étrangement; car, dans notre
système social, bien organisé, et où en réalité les mots ont
si

pris complètement la place des choses, il n'en est pas ainsi ; et


comment en serait-il ainsi du corps moral, quand les individus
isolément pris qui le composent, ne savent pas exiger eux-
mêmes pour les vieilles croyances dé leurs pères, ce respect que
Ja loi promet bien , mais qu'elle ne sait pas ou qu'elle ne veut
pas imposer.
Ainsi , n'avons-nous pas vu sur notre première scène lyri-

que, le catholicisme elles catholiques injuriés et conspués,


représentés comme de lâchés et traîtres assassins, en regard
du protestantisme et des protestans nobles et saintes victimes
,

angéliques prêtes à s'envoler au ciel, en tombant sous le fer

homicide des catholiques , leurs bourreaux ; et cela durant


cinq actes énormes, et aux grands applaudissemcus de la
foule ?

Que la musique desHuguenots soit un chef-d'œuvre, c'est ce


dont nous n'avons pas à noxis occuper, et c'est ce que nous ne
voulons contester à personnemais qu'il soit bien qu'il soit
; ,

pour lui cracher au visage,


séant de traîner ainsi sur la scène ,

toute uue communion religieuse au sein d'un pays dont elie


réunit presque tous les habitans, c'est ce qu'il est impossible
d'admettre, c'est ce moindre instinct de pudeur, le
qu'avec le

public catholique n'aurait pasdû souffrir.


les lettres nous renvoient attiourd'hui un écho prolongé du
dranàc lyrique: M. Browning vient de faire paraître le trci-
sième Aohime de son History ofihe Huguenots.
Avec ce titre et un plan sagement combiné, Bï. Browning
pouvait faite mieux qu'un bon livre, car il pouvait faire uu
48 EXAMEN CRITIQUE
livre Utile, et pourtaut il n'en a pas été ainsi. Ce n'est pas qu'eu
somme, nous soyons Brow-
disposés à refuser à l'ouvrage de M.
ning toute espèce de mérite nous reconnaissons de
; loin de là ,

grand cœur que les recherches y abondent et qu'elles y por- ,

tent le cachet d'un homme versé dans les études historiques.


Mais aussi, M. Bro\Nning s'est trop préoccupé de Vexcellence du
protestantisme sur le catholicisme; sa plume n'est pas dans ,

cet ouvrage celle d'un historien ; c'est pref^que constamment


le sectaire ou le dissident qui dominent. Toutes ses recherches
sont faites ou dirigées par un esprit de partialité qui se révèle

pour ainsi dire à chaque page ; ce n'est certainement pas l'i-


gnorance qui fait négliger au docteur Browning ce qu'il peut
y avoir d'honorable pour les catholiques dans les événemens
qui se rattachent à l'histoire des protestans, et si ce n'est pas
l'ignorance , c'est évidemment la partialité.

Or en thèse générale
, et dans le cas ordinaire , la première
qualité de l'historien c'est l'impartialité. Il n'écrit pas pour lui,
mais pour ses contemporains et pour l'avenir c'est à l'avenir, ;

c'està la postérité qu'il s'adresse. Narrateur fidèle et conscien-


cieux d'événemens et de faits qui se sont accomplis sous ses
yeux, ou qui lui ont été transmis, il les enregistre et les lègue
aux générations qui doivent le suivre et qui étrangères le , ,

plus souvent aux luttes et aux passions de son époque , ne veu-


lent que la vérité, seul élément duquel doit découler pour elles
de hauts et féconds enseiguemeus.
L'historien doit donc, et avant tout , se dépouiller de tout ce
qui tient à l'homme de parti comme à l'esprit de secte. Pas-
sions ou présomptions , haines et prédilections, il doit tout ab-
diquer ; car, juge impartial et sévère, il n'a pris part à rien , il

n'a rien préféré, et spectateur complètement désintéressé, il


raconte les faits qui se sont déroulés devant lui ou les événe- ,

mens dont un écho lointain lui a redit toutes les circons-


tauces. ; j^i^d:.

Mais si celte justice, celte équité ou mieux cette impartialité,


qui résume en elle les deux premières est nécessaire en thèse
.

générale, il est telle position donnée où elle devient bien plus

indispeocable , et celle dans laquelle se trouvait M. Browning,


lui eu imposait plus spécialement le devoir. Publiant son livre
,

DE l'histoire r.ES lirGUENOTS. h9


dans un pays qui n'est pas le sien, e\ dans lequel les étrangers
jouissent à l'égal des nationaux de tous les avantages d'une or-
ganisation sociale, la plus douce et la plus facile qui soit an
monde ; s'élant dans le dernier volume qu'il vient de publier,
occupé de faits qui s'étaient passés en France plus que par-
tout ailleurs , il n'aurait pas dû oublier que si la loi ne défend
la publication d'aucune opinion, en tant du moins qu'elle n'in-
téresse ni la politique ni la bon goût et les con-
morale, le

venances lui faisaient une religion à


un devoir de respecter
laquelle appartient presque toute la France, une religion qui,
avant i8r>o, était la religion de l'état, et que la révolution,
malgré ses instincts anti-religieux, a proclamée la religion delà
majorité.
De la majorité, le mot est bon à souligner, car de tout tems
les oppositions de toutes les nuances et de toutes les couleurs
ont prêché sans relâche le respect et même la protection due
aux minorités, et il serait tems enfin que les majorités pussent
jouir des mêmes privilèges.
Ce qui se pratique en politique, se pratique également en
religion ; on pourrait peut-être avec quelque apparence de rai-
son , soutenir qu'il est de l'essence même d'un culte religieux
d'être exclusif; car, il repose sur un dogme sacré pour lequel
il faut une foi absolue; et par cela seul qu'il admet ou qu'il
tolère un doute ou une contestation, ne renversert-il pas lui-
même sa propre base, la foi sans réserves? ^itooèl la (fOBri ?>b

Tous les chefs de secte semblent au surplus l'avoir senti ;

et leurs premiers efforts ont été dirigés dans le but de se sous-


traire à l'application de ce principe; la doctrine de la tolé-
rance religieuse a pris naissance le jour qu'est née la première
hérésie.
Depuis , et les preuves en sont dans l'histoire de l'humanité,
toutes les fois qu'une secte s'est établie, le premier soin de ses
adhérens a été de proclamer la liberté de conscience, le res-
pect dû aux opinions de K» minorité, par cela seul, chose
étrange, qu'elle est minorité; et enfin, Valtima ratio» ïepatla'
dium de l'hérésie, la tolérance religieuse.a f.!Î5* ifc3 U .?k
Et ceci se conçoit : nés d'hier, les sectaires ont besoin de
s'acclimater et de prendre rang au sein de la grande famille ;
• 50 BXAMfcM CBIÏKJ^UU; . ..

leivr orjijiiïe touU;Eécci3jc Itw fait humbles et petits ;.iis nfç

vous nieJ[,aiiie*U^ucuuf ^ir^its, ils voua prient dele^i[tp]^r^r seur


lemeiil ils uesani^eal en rien à vous ait:iquer tn à vous coai^
;

tester l'exercice de voiie culte, seulement ils ont xUaulres iililes


çjuc vous; vous ue pouvez exiger (|uc tles èlres,peîisnns,€t rai-
souiians fasseut abdication de leur intelligence;, poqr s'allplcr
au char d'une doctrine quia pour elle, l'universalité, la, rjivé-

lalion et Taulorilé du teins, s'il leur e^t démoulré à- çuX;,.qwe


la révélation est vine erreur;- car.le îjcms.el d'univ^f/ialilç ne
.'a^u'^ieut faire da uiensonge iiae vtlr^té..Qucwi:^M»j)ftrlc,5j\iï^,
danf un coin de volie souiéfé quelques, liojxmif^s se. ^ûuni^5e«J^,
<|u'ils prient diiïéremtnent que vouSjjjel IraiLent le-s,il^»tiè[i6S

religieuses d'une façon différente; en quoi cela peittrûltji^liî-

j-eoser l'ordre sucial, le troubler 0;U ranéanlir-*.:, , .


;
.

.f\^

Accordez la tolérance et laissez-les graBclir; d'i)i)^ï>l)l<;S; ,et

.
modestes qu'elles se faisaieivt d'tbord, le^s sejçj^s .ileyienujij^t

lixigean^esct hargneuses ; la Xulérance n.c,Jeur f ijCit pl\^s,; çjlgs

aspirent à imposer des lois aux maiorilési ctqjiiisï^jt, bicn^)t


^peut-rètrc^ la socié-té ?£ra ren^pée de/«ud cncouible.; ,-
._>

Ainsi est;!! advenu, ;ilu,pi;ol^^t^u<is{j3,Çj:'C.e fivt.l'ifvtrq^iptlpOJ^


xlaos la sofiiélé.d'ua :p»'iw;vp,e,»Jc dj^sçjçdre , <îVii,p|n^,l»a;ç4:,.Qi<iii

France iAO,taiunieutQ,devait, à,4es joui::? ^cùxfitfis,\lrf/fi^),;^l^t,'4ii\

ip^ueipe^d-'oriirq.-. ., -, .
,;; > , ..;;. i^. ;fn^io'ùl; ï.r> nr.-i 'riiill

li.jl^&sdqçi^uies jr,e^i^ieusçs se^t j^wsjétroiitç/^ejjf ,IiéQS;îiUi.Mi<?)4-

être et à la conser\atiuu des sopiéi(é-e,:iquiÇ uc.sei>iUk^ 4ftPi^*i-


ser certains cixpri.U , cl. jamais ^^ut-pt^c plys hardi- piJ!,^doxc
.ne fat^io^é ,
que tjuaud un ora,teur célèbre a .«M de i)iJ3.,j^Jucs; la

.iiiAicste i^ée.d^.^'ûeiicr ,<ia,c la loi flcv^iU ètrcallMi^} h^i^^Ç-


Axines du aS'.siè'elc ont .préparé <it aiiienfi iiiéviiablew)cijl,,ivs

catastrophes et lesboulevcrseniens qui depuis cinquantc^owçi


çOnt remis chez. uotu.sto\it eu que^t^Aiy .yr.j:" .;. ^ :

tf^ Mais il
• n'entre, nji da«s no3 yLéeq,.jpi dansaoJtr,ç.j^l^n,, i)|Cxa-

. miner,, à l'occa-sion du Hvf p <lc W. .P^r/iwain^, cos- haiMîÇS. qu(i:-


.,liQn6 philosophiqpc!^; si la parti^ililé que noi^s n.oiis,spn),ij^ps
-Vws forpés deiTeprochpr àsop livre,, ne lui i^. p?vs pe«)^^ de
rappeler les faits honorables pour les catholiques .yui .pfC-
naieut place naturellement dik-ns s>oii UistoUe des Jlugii^nots,
on conçoit qu'une conséquence directe a dû l'anjieocr à loirc
DC l'i11ST01R& des ULGIvENOTS. ^i
ce qui pouvait èîre peu honorable pour ses coréligionuaires,
ou à déuaturer quelques-uns des laits, et ;à en représtatci'
d'autres sous des couleurs trop habilemeot méupgées, pour no
pas laisser eulrevoiv la prévenlioiv. ..^^ ; .;.,.,.,. ,-,',„
Pour rélablir quelque peu la v.trité liiàl©riqiie.,^t démouljfÇf
au doeteuv Browning, que s'il a cru devoir reprocher quelques
excès aux catholiques, riiistoire des Huj^uenols aurait pu, en
France , lui eu fournir de nombreux exemples , nous nous con-
lenlerons d'enregistrer ici quelques faits (|ue nous empruule-

rotJSaux hisloricus du lems. Loin do nous pourtant tout esprit


de réfaction; loin de nous surtout de vouloir rendre les. proles-
tausactuels responsables des^xcès de leurs ancêîres; certes ce
n'est pas une polémique anli-chrélieune que nous vouljns re-
nouveler; mais lorsque les écrivains prolestans rappellent avec
aireclalion les actions des catholiques, lorsqu'ils nous jettent
Dragonnadej» et la S. liarlhelemy, il nous est bien
à la tète les
permis ne rappeler les excès qui nécessitèreiil ou qccasioiièrent
•ces réactions. , . •

Les proteslans suivirent à leur naissance , la. Qi-atche tracée


par tous leurs devanciers ils prêchèrent la loléçance qui leur
:

était indispensable pour s'établir, et , dans les endroits ou ils

étaient maîtres, ils pratiquaient riniolérauçe ^a plus absolue.


C'est aiiisi que l'histoire de Nîmes nous apprend que, maître;;
décolle ville en ij6î ils foire^îreut tous les catholiques d'aller
,

au prêche, et contratgiiireut 4ousles:prèU'es à abjurer leur re-


ligion ou à quiiler la.ville etabandanner leurs biens '. -, ;•

Les reiigionnaires étaient peu pourvus de eetîc loléraoc.e


si

qu'ils réclamaient dans tous leurs écrits et dans tous leurs- dis-

cours, que, dans les guerres civiles ils donnèrent constamm^ent


,

l'exemple des cruautés.


Le sac de Baugency, dit U. Baragnon père, dans son his-
a

stoire de Kîmes, fut le premier épisode des nombreux excès


»qui signalèrent les guerres de religion du seizième siècle '. La

' Histoire de Ntmes, par Meaard, t. iv, p. 35i et 358,


' Cette ville avait été remise au roi de Navarre, au prince de Conde,
pendant les conférences qui avaient lieu en 1562 , à l'époque de la pre-
mière guerre civile. Le roi de Navarre , après !a rupture , ne se crut pas
52 EXAMEN CRITIQUE
fciMichelade et le massacre des catholiques après l'invasion de
V iDt)9, leur imprimeront dans riiistoire des taches ineffaçables;
rtles plus cruels des chefs catholiques, usant de représailles,
»n'ont jamais égalé les cruautés du baron des Adrets, de Jacques
»déCrussol, baron d'Acier, de ce Briquemaud qui portait pour
«parure un collier composé des oreilles des victimes qu'il avait
» immolées '.

Etait-ce encore par esprit de tolérance qu'à deux reprises


différentes , les Huguenots s'emparaient de l'abbaye des Fonte-
nclles, près de la Roche-siir-Yon, en massacraient tous les
moines et détruisaient tous les bâtimens, à l'exception cepen-
dant des dortoirs et du réfectoire , dont probablement ils de-
vaient se servir ?

Parmi les villes qui souffrirent le plus de la tolérance des


protestans, Mîmes mérite
la première place. C'est, dans son

sein qu'eut lieu le massacre général auquel l'histoire a donné


le nom de Michelade , parce qu'il eut lieu à l'époque de la S.

iMichel. M. Baragnon père, que déjà nous avons cité, le raconte


en ces termes :

« Au signal convenu, des bandes d'hommes armés se répan-

» dent dans toutes les rues, s'emparent de tous les postes et

«coupent toutes les communicrtious, de manière que les ca-


«Iholiques peu nombreux, enveloppés, comme dans des fdels,
• dansune ville close de murs, ne purent tenlerni de se réunir,

» ni de s'évader. On n'entendait que des cris qui manifestaient

» l'intelligence des religionnaires avec les chefs de l'entreprise de

» Monceaux, et l'espéra uce qu'ils avaient de sa réussite. Le roi est

«prisonnier, disaient-ils; la reine, les ducsd'Anjou eld'Alençon


Dsont morts, ainsi que tous les Guisards : tue, tue les papistes.
«Monde nouveau.
« Le généreux Guy Rochette premier consul cet illustre ,
,

«martyr de son devoir , malgré les dangers qu'il courait , et


• quoique déjà une troupe de soldats armés se fût portée à sa

obligé de la rendre; Condé ne la demanda pas, mais il l'attaqua et la

prit d'assaut, « Là , dit Lacretelle , t. u , p. 90 , "^e démentit la discipline

«dont se glorifiaient les gentilshommes protestans ; ils n'e'pargnaient pas


• même leurs propres frères dans le pillage. »
.

DF. l.'nîSTfMP- ' ' •


'L'ENOT-S. ^
, mS?.-
'R*tT?iâîsoii c'' , bcau-pcre où il sc'trouvtiit,:'^-,
poii't (Ir
- •
'' ' t

»cf)mpar;nc de Robert Gicgoirc, son frère utéiui, et suivi de-


"(juchiues valets do ville. Revèlu de sou chnpcron, il parconj;!;,
«Tes'ruespour engager le peuple à rentrer dans l'ordre ; ?)9Hi^.
«son nufuril(^cst m;.^connuc, et on lui touruc le dos. Il se trans-
»p( rie dans la mai^^on des olïîcîers de justice, et ne trouve que
>. des fauteurs ou des complices du désordre : le président du
pprésldial, Guillaxuiic de CalvièiTe. était à la tête des assassiiïfsj
» Le premier consul se rend à l'é^'êché , et, fondant en îaruiri»„.
»fait connaître à révê(iue Bernard 'iElbenne, l'étui déplorable
» d(^ la ville et le peu de succès de ses démarclies ; à ce récit , lo
» prélat se met en prières.
« Au même instant, le capitaine Bouillargues, à la lêtCide
jideux cents hommes armés, cnlouce les portes derévèchéjâ^
» l'évètjue, son ai\mQnierj ^onmaî^^q^
tout se disperse, tout fuit ;

"d'îiôlel, sesdomestiques, et Pierre Journeî , jeune clerc, sti',


» sauvent par une brèche dans là maison d'André de Bruey&., ,

ade Savignargues. Le capitaine Bouiilargues, vo^j^jit que.-sa


«proie lui était échappée,,. iivrql'v^V:èç!vé au pillage ;fL arrêta le
» consul Guy Rochctte et spn frère Grégoire , et les conduisit
»dans maison de Guillaume. Lhermite , siiuée rue des Oref-
la

«fes, ',:. tout le reste de la journée fut employé à arrêter tous

«les prêtres que Ton rencontrait et les principaux catholiques ,

• que l'on conduisait dans cette maison et dans celle de Pierro

» Célérier, orfèvre. Les sotelliies auteurs des a/rcstalionsajVaic/it;


«été choisis, ptanni les artisans reVta;iunnairc-
nj '.-, à leur^^^^ ;

«marchaient lespriacipaux pro|csU(ns de Im viUc.. On COU>plp^v


«parmi eux des gentilsli«uimes, 4çs i]i3gis)rals , cles-^y/^Pt^^
«qui si iminjl aient ie izèle' de leurs fanatiques ,jiii^]e^A cj[^^!§(i)j

' ( :i arrêt renda par \r rorle-


mer.t i^c ioiiloL.. . ;! n a j tj^Kiis çk re^jàiie : l'cniplaceirient es! -

iinjjfrtliâ!
-^ -^uîiiO^O- .'
H^ote de l'Iàsi.ri
* L'hisi'jiiC ùcsisnc ic président Cil vière : Pierre Robert. licuiej)ant
du Viguier;'Pinre Siiaui^Il 'f^Tkpiuinfj^KoUi^tiaEgùes-, FraH(:.Qis Payée.
,

seigneur de Servas ; Robert Ayin.s. seigneur. deJSiauzaç; ChariesRozcl;


Guillaume Calyièrc, fiis aîuc tlu président ; Luuîs, Bertrand; Pierre
iVïattrait et Pierre de Montcîis , .toiis ces deroier» a\o.«:aJ.s.

' " ' (. ..' " ' ' '


Noie dti i'hi$lorii:H.

ill' StUIE. TOM. I. — M' 1. |{^4o« 4


54 EXAMEN CRITIQUE
nBaudan , second consul, se vit arraché par eux des bras de sa
> femme, et François Gras . avocat . père de septenfans, enlevé
»au milieu des cris de sa famille désolée.
» Jean Péberan archidiacre de la cathédrale et vicaire gé^
,

juéral de l'évêqnc , fut le premier qui tomba sous le fer «^es


» assassins; il fut égorgé dan» sa chunbre à coups de dagiie, et

«son corps, jeté par les fenêtres, resta dans la rue exposé aux
• outrages de la populace.
» Les captures durèrent jusqu'au soir; une proclamalion or-
» donna aux catholiques de fermer les portes de leurs maisons,

»et de s'y tenir renfermés sous peine (le la vie.


• Lorsque sombre put prêter un voile auxcrioaes
la nuit plus
«que l'on méditait, ou ajouter à l'horreur du drame sanglant si
»long-lems projeté, tous les religionnaires en armes garnirent
»les rues et places publiques; les victimes furent tirées, à la
«lueur des torches, des maisoiis où elles étaient renfermées, et
«conduites processioonellement dans les salles de riiôlel-de-
« ville où elles furent de nouveau emprisonnées.
«Dès que tout fut préparé pour leur supplice, ou les conduisit
»dans la cour de révêché où on les. égorgea, mêlant l'insulte à
»ia raillerie, et leur donnant à peine le Jems de recommander
» leur àme à Dieu '. Le lieu de la scène était éolairé par des tar-

Jî,çli<.'ji placées sur le beffroi, aux fenêtres du clocher, ou portée»

par les satellites des assassins. Jamais les sacrifices humains


»de la Taurideou des anciens Druiiles, dans lesquels des prêtres


«impies , à la lueur des flambeaux, dans des antres sauvages,
«consultaient les entrail'es palpitantes des victimes, n'ont pre-
ssente un pareil spectacle d'horrenr; jamais aussi le courage
»el la piété du véritable clirétien , n'a brillé avee plus d'éclat.
«Jean Quatrebar, prieur des Âugnstins ; Pierre Tolcrand , Au-
«gustin; Nicolas Fausset, prieur des Jacobins; Antoine du Prix,
«prêtre, destinés à la mort, ne cessèrent d'encourager leurs

'
En conduisant à la mort le chanoine Mazoyer , on lui disait : • voof;
« n'cticz i^xas Lirn place, nous allons vousnjener à la niaisoa épiscopale oil
» vous serez mieux à votre aise. »
f

Si l'on aime à s'appesantir sur d'affreux détails , il faut lire dans Me'-I
nard ,
histoire uV Nhites , les pages 16 el suivantes du tome v. jf
DC L'UISTOIIIE DES HL'GCENOTS. 55
fc compagnons d'infortune de , les exhorter à la pei-sévérancc , et
))dc leur montrer lo réconapense qui les attendait.

«Guy Rocliette ,
premier consul
, implore , percé de coups
» pour son frère et non pour lui
de ses bourreaux. Vains la pitié

«efforts! Ce frère fut immolé à


ses yeux, et le sang qui coulait
»de leurs blessures put se mêler et se confondre.
• Les corps furent jetés dans un puits qui se trouvait dans la

»cour de révéclié et qui en fut presque comblé '. Plusieurs de


«ceux qu'on y précipitait n'étaient qu'à dcmi-égorgés et leurs ,

«gémissemcns frappaient en vain roreille des bourreaux : leca-


»davre de Jean Péheran traîné dans les rues avec une corde ,

» attachée à son cou , fut réuni à ceux des autres victimes.

» Le massacre qui avait commencé à onze heures du soir, 3o

«septembre, continua le îendemai.1 r' octobre et ne cessa


»qu'à midi ^ On fit une recherche exacte dans les maisons des

' Il avait sept toises de profondeur cl quatre de diamètre.


' Les vols et !e pillage accompagnèrent et suivirent le massacre ; ceux
qui assassinèrcul Je \ icaire-géncral Peteran , lui volèrent 800 e'cus avant
de jeter suq corps i)ar la fenêtre. — On enleva au consul Rochctte deux
bagues de prix qu'il portail aux doigts , et à l'avocat Gras, 600 ecus qu'il
avait pris sur lui dans l'intention de fuir. rançonna — On dépouilla et
l'éAcque, on pilla les maisons des plus riches catholiques celles du juge- ;

mageMontcalm du lieutenant principal Albenas, de Georges Gevaudàn,


,

avocat du roi de Pierre Valette procureur du roi et de Joseph Delon,


,
,

tre'sorier de la séûèchausse'e, furent entièrement saccagées et pillées. —


Ou enleva a Etienne André' , dit Jiadel, riche particulier , toutes les ar-
mes qu'il avait chez lui ; on semparad'uncsommede 1,750 liv., montaul
^'un dépôt fait entre ses mains , et de 500 liv., qui lui appartenaient en
propre; on !e traduisit à la maison de Céîérier pour faire partie du nom-

bre des vicùmes ; femme racheta sa


mais sa vie en donnant au capitaine
Eouillargucs une seconde somme de 1000 li*. . — Des relïgionnaires ar-
ïTi^Siiflî^rent loutes les ég'ises, s'eraparprent delà cathédrale , abattirent
^es croix, brist'rcat les autels ainsi que les sièges des chanoines et en brû-
lèrent les débris dans l'église même. — Us enlevèrent les ornemens et les

vases sacrés, pillèrent l'évêché, maisons du chapitre, de tous les di-


les

gnitaires de l'ég'ise, et même des prêtres du bas-chœur. Un feu fut —


allumé devant la cathédrale, où tous les titres et recoauaisssttices icodales
appartenant au chapitre fuient brûlés.
56 EXAMEN CniTIQUE!

• catholiques; tous ceux queron arrêtait étaient de suite nî'sïïés

»à révèclié, égorgés et jetés dans le puits '.


»La retraite de l'évêque fut découverte dans la matinée du
>:premier octobre. Une première bande accepte de lui une rançon
»et le dépouille de tous ses vêtemens, ainsi que ceux qui les
» accompagnaient l'évêque est laissé en pourpoint. Une seconde
:

• bande arrive et veut avoir part au butin elle pénètre dans la ;

• maison par les toits qu'elle enfonce, en criant tue, tue les :

npapistes. Une troisième troupe survient au même instant , elle

nest conduite par Robert Aymès, seigneur de Blauzac ; les do-


• mestiques de l'évêque se cachent en vain, dans les réduits les
«plus obscurs de la maison ils sont découverts et massacrés;
:

» on pénètre dans une cave où les premiers assassins avaietit

• permis à l'évêque de se réfugier, et on l'enlève de sa retraite;

ydès qu'il est dans la rue, on lui ôte les bagues qu'il avait
«aux doigts; on lui arrache sa croix pectorale; on achève de le

• dépouiller; on le revêt des haillons d'un paysan: on lui met


Dsur la tête un vieuxbonnet à replis, et dans cet équipage ridi-
»culé^ lin 'lé conduit à l'évêché sur les bords du puits déjà plein
»de cadavres; il tombe à genoux et se met en
prières; son maî-
»tre d'hùlel est égorgé à Tout coup un nommé
ses yeux.
à
i Jacques Coussinalse déclare son défenseur, et témoigne tant

• de courage et d'opinià'.rcîé qu'il parvient à le sauver; l'évêque

s eut la liberté de se rendre en Provence, où il mena une vie


• languissante, et mourut quelque tems après à Arles.

• Les catholiques de la campagne coururent tous les plus

• grands dangers; plusieurs d'enlr'eux périrent; ceux qui rési-


j'daicnt dans la Vannage y furent massacrés par les habitans de
» cette contrée ,
qui s'attroupèrent tl égorgèrent tous les alba-
«"Hais ou dragons de I>am ville placés en garnison dans plusieurs
«villages.
• A Nîmes, le peuple égorgea ses magistrats; les frères, les
• voisins , dirigèrent l'un contre l'autre leurs mains parricides ;

• la mort «les victimes fut précédée d'une longue agonie, l'appa-


«reilen fut horrible; des cruautés sans nombre furent com-

• Mcnard , histoire des ikéqiies de Pihnes, tome I'', aux additions p3-gc

i83. — Soulier, histoire des édtts de pacification , lîv. 2, ppge Ci.


TjE l'histoire des ntGLENOTS. 57
«mises saiis d'autre motif que celui de nuire. Les détails que
triiistoire nous a transmis sont à peine croyables, le sauvage
• iroquois, qui torture ses prisonniers et les fait brûler à petit
• feu, n'est pas plus féroce; et, à la honte de rbumanifé, nous
• verrons de pareilles cruautés se reproduire avec descircon-
»stances encore plus effrayantes peut-être et avec de nou-
Dveaux raffinemcns de barbarie »
Telle fut cette horribla boucherie elle s'accomplit les 29, 3o
;

septembre et i" octobre 156-, cinq ans avant la Saint-Barlhé-


lemy, terribles représailles dont les protestans eux-mêmes ve-
un si sanglant exemple.
uaieot de donner
Nous avons cru devoir à cet égard entrer dans quelques dé-
tails, et laisser au récit de M. Baragnou toute son étendue;

car la Michelade est peu connue; les écrivains protestans de l'é-


poque se sont bien gardés d'en fuire mention, et depuis, leurs
successeurs, pour enlever à ce massacre exécuté de sang-froid,
june grande partie de l'hoxreur qu'il inspire, ont accrédité Ter-
reur qui tendait à le confondre avec un second massacre qui
suivit la prise de Kîmes en i56g, rejetant ainsi la respcfisabi-
lité de pareils crimes sur le trouble et la confusion qui régnent

toujours dans une ville pri&e d'assaut.


\ La Michelade ne fut que trop réelle , et sa date est irri^voca-
blement au mois de septembre i5'J7;les informations
fixée
judiciaires, et les arrêts rendus par le parlement de Toulouse,
ne permettent pas à ce sujet le moindre doute '. Au surplus,
vm arrêt du 18 mars 1 569 condamna par contumace tous les
principaux coupables à la peine de mort.
Ces épouvantables excès ne sont pas, on le pense bien, les
§euls que puisse fournir l'histoire du protestantisme écrite ,

ou recherchée avec un peu plus d'impartialité que M. Brow-


ning n'en a mis à exécuter la sienne; mais les bornes de cet
article ne sauraient comporter des détails trop étendus, et nous

. avons dû nous en tenir à quelques faits caractéristiques pour


rétablir une vérité dénaturée par l'esprit de secte ou l'esprit de
parti.
Si, malgré leurs protestations de tolérance, les huguenots

"Nlénard, t. v. Aux Preiua.


1 A .

1)8 EXAMEN CRitiQUE


se montrèrent souvent fanatiques, intolérans et cruels, ils ne
furent aussi ni des sujets fidèles et dévoués, ni même des sujets
soumis; leurs menées et leurs conspirations presque continuel-
les prouvent, avec bien plus d'autorité que ne sauraient le faire

les meilleures inductions philosophiques, la vérité de ce que


nous avons dit plus haut, à savoir que l'établissement de leurs
doctrines fut l'introduction au sein de l'ordre social d'un prin
cipe permanent de désordre.
Il est incontestable aujourd'hui qu'ils ont plusieurs fois cher-
ché à en république. Un synode tenu àNimes,en
s'établir

15^2, sous Charles IX, délibéra des ri glemens qui jetaient les

fondemens d'une véritable république, et ces réglemens re-


çurent ]'apprcA)ation de plusieurs synodes successifs.
En i585, ils se réunirent à Montauban, où ils arrêtèrent le
projet d'une nouvelle république, qu'ils voulaient mettre sous
le protectorat de l'électeur palatin, et leurs desseins furent si

bien connus, que Sully, lui-même, ce zélé calviniste enconvient,


et cherche dans ses mémoires à pallier la conduite de ses co-
religionaires '.

Sous Louis Xlïl, les révoltes furent nombreuses; à chacune


d'elles ils établirent les réglemens d'un gouvernement fédéral,
et l'histoire nous a transmis les procès-verbaux des assemblées
qui furent tenues à La Rochelle, à Nîmes et à Montauban.
Les faits sont constans à ce point, qu'un écrivain qui ne
saurait être suspecté de partialité, Mably , les accuse haute-
ment d'avoir cherché à bouleverser l'état pour former une ré-
publique % que l'assemblée constituante, chargée de recons-;
et
truire la division du royaume, emprunta aux assemblées orga-
niques de Nîmes et de Montauban, pre^^que tous les noms
qu'elles avaient crééi : département ^ arrondissement , district.

Sous Louis X IV , ce fut en 1701 et au moment où une ligue

> « Henri IV traita avec eux comme im roi qui leur devait la con-
» renne; il les connaissait et ne se déguisait pas leur hutnenr inquiète ;

«oubliant ses bienfaits , ils cherchèrent à troubler la fia de son règne. »

M. Baragnon père, Histoire de IS'imes, tome 11. Introduction.


* Mably, Observations sur l'hiitoire de France, liv. viii, cbap. 1. Mably
s'appuie sur l'autorité de de Thou.
DE l'iusîoire i>i:s hughe.nots. 59
furiiîidablc menaçait la nalionalité française, que les fanati-

ques des Cévcnnes levèrent l'étendard de la révolte, et alluniè-

rent cette guerre civile des Camisards ,


qui fit couler tant de
sang, et désola plusieurs provinces. j

« M. Barganon,
Les bergers des nîOnlag;ntsdes Cévennes, dit

• furent organisés en espions et, sous prétexte de rappeler ,

«leurs chiens, leurs sifllemens étaient autant de signaux con-


ï venus pour avertir de la uiarclie des troupes.
• L'église «le ^aIleraugue fut pillée en plein jour, et les vases

«Sacrés enlevés. »

La guerre des Camisùrds, que les écrivains proîestans ont cher-


ché souvent à réhabiliter, fut une véritable guerre de grand
chemin où les assassinats et les atrocités jouent le principal
,

rôle '.

que nous avons déjà cité en a reueilli les princi-


L'historien
paux traits, nous lui en emprunterons encore quelques-uns.
et
«L'abbé Langlade du Chayla , au retour d'une longue et
«pénible mission dans le royaume de Siam, fut employé
«dans la mission des Cévennes, et résidait dans la commune
• du Pont-de-Montvert pays presque entièrement protestant»
,

"e» situé dans une des plus rudes contrées des OéVenuès , où il
"
savait placé le siège de son apostolat. "_ '

• Une troupe d'hommes armés cerna sa maison pendant la


» nuit du 2/i juillet 1702, pour y enlever quelques religionna ires
«surpris en voulant quitter la France, et qui y étaient délenu<*
•provisoirement sous la garde de deux soldats. Les chefs de
• celle expédition furent .un nommé Laporte et Esprit Séguter.
»La porte d'entrée fut enfoncée, le feu mis au bàliment, et
• l'abbé du Chayla, cherchant à se sauver, fut inhumainement

• massacré ; un paysan qui gardait la maison , le maître d'école

• du lieu qui s'y trouvait par malheur, un valet et un des sol-

» dais ,
gardiens des prisonniers , eurent le même sort.
• La même lendemain dans
troupe se rendit le la paroisse
• de Frugères, voisine du Pont-de-Monlvert, dont le curé fut

' Voyez, sur le soulèvement des Cé^eunes et la guerre des Camisards,


B.rueys, Histoire du fa/ialisme ; Fléchier dans ses lellrcs; le président La
Baume , et les Mémoires du marcchal de Villars.
.

• EXAMEN CUITIQI'L^.,/. .,•

»tué. Elle lie put atteindre le pv,ietir .tlç. Saiulnjlaitiriqe j,gju»s

«elle fit périr le curé de Sainl-Andié-Jesrl,aiicèse.

» Sous prétexte de se procurer des armes, les Çamisards,


» après CCS divers exploits qu|. iiq levr per,iuelcaient,p!ut> dJt;:!-

»pérer It^nr pai-^oa, attaquèrent Ije.phàteau de laÇ)evèzet ba-


sbité par le propriétaire elsa y ombreuse famille, qui fut égor-
ïgée, bans qu'^uiia. rnèrejde qualrç-vingt.^ auj et u.ue jeuue
«."lie, qui demal\i^ll;^l^ .v^e àgenpi»;?, pusse^iit lléçl»irilems
abourreaiix ».;.,,;;< m ..; ,, .., .••,.•.!» - '..•.(•. '

Ainsi fut enfainée cette guerre des Çamisards (,,iqttQ«^jles


actes qui siguaîcient son exi;Jtef)ce, fiircut dignes d'iju^t*^! p.çé-

iude : • upe foule d'églises furent ioceuditfesi les prètrf?,fvu'<i^t,


«massàç^éif^, et souvent laiiuaiq du meurtrier, était guidée' p*r
«les vengeances pariiculière? qu'il chenliait à exercer '. . ',.,,

))Le capitaine »K>mmé Fi</rt/ en garftison -bu


de Marciliy , ,

«château de.AJandajou, eu .sortit imprudemmefit avec sa<X)m.;


»p.tgnie ; enveloppé bienlôt .par les rebelles ^isoii dctaclienocrt
«prit la fuite, ct.ViJ;îLf.vit prisonnitir, périt de la mort luplu.v
«cruelle; on lui remplit "déîpoutk'e les yeux, ileuxtOK,' tes^xii^DcUe»'

»el la bouelie. et Tony niitie-fcii. », '1, . i i_ . .uii./ ;;ii-Ju<;" i,

Cavalier et Rolland, maîtres, ipar anstrrulagiè'tuCj'deiJa uiiQe


de Sauve, firent périr tous les ecciésiasttqoesitiobt ils pnrcuS
s'emparer ; et les excès avaicutc^^jà été*» nomljr:<iiu»'<it si frjul-
tipllés, qu'au mois de décembre i^ïO?, on nç .comptait pas
miiins de 233 églises brûlées ou. saccagées dans IviS Cévenncs,

sanspréipdice des ravages qui conliaujicnt àuésoier le diocèse


de 31ende.; ,.

Quelques succès partiels que If s C.amisr.rds remnorléient sur


ks troupes du roi, accrurent leur audace, qui biciilôl devint
sans égale : a tous les environs de Nîmes étaient ravagés; o>i

«craignit pour la vilie, et tous les étals, sans excepter Ics'ma-

' Laiittur d'une histoire manuscrite , citée par M. Caragnon, désigne


à cftte époijue, 16 égliôes brûlées, 3 prêti-cs njassacrcs dans le diocèse
de Monde, et 5 l'gliscs brûlées dans le tlioccse Cou-
d'Alais. — I! prèle à
derc, dit La fleur, de jMazcl -Rozade, un des chefs des calvinistes, le crime
d'avoir c'gorgc dans son lit la femme de Pierre Gcliy sa parente avc^ , ,

l'enfant qui venait de naître , et d'a\oir mis le feu à la maison.


DE L'illSTOlKlï DBS^iHTlGUENOTS. éi'

^gjstrats, furent obligés àe inoiiter lai garde. L^es forfaits 'dont


»lcs Camisards. sous la corfduile de Cavalier, se rendirent
«coupables dans la Vannage, mais surtout à Aubais et à Satu-
• rârgueis, dépassent l'imagination , et révoltent la nature. "Nous
»ue pouvons nous résoudre à tracer en détail l'affreux tableau
»des femmeseilceintes, dont on ouvrit le' ventre- pour en tirer
»le Iruit de jeunes enfans èmbrocbés et rôtis; d'une fiMe à la-
,

*quelle on coupa les pieds et les mains, dont on perça le dos


•fl'qne pique, et que Ton jeta dans un brasîer , aprës- l'ai'OTr
«lehue long-tems suspendue suf' la flamme ;'plus dé' 80 pcr-
«éonncs périrent au milieu des tourmens '. » -' -

'»^Bn présence de tous 'ces 'faits et'de tant d*aiitres',''q'iîë les U-


trtilps-qtie'rtous nous somme?, iir.pbsées ne notis perràeîtènf pas
de-rappeler-i <:ui liii«screht mic^tra'cé de sang partout '6u pà^-
itènènt' KîS'Ganifisal-dSj'bf'^fti' i^burraïc'nt''T{éàt-étre excuser !és^

«•Se4* -auijtqiiiel? sé'porfèreint'. en rié^n^sdiflè§,^(pjclq\\b's-uns"aes'


cailets de la Croix, on a peine à se ren;he compte dû'nï-oi'if qui
à' pu- eritraîner !^î. BrbM''nfrrg a âm'àk'éèr dàiis s6n troisième Vo-
"

krœéfant d'ihiprriÀtioiis^cà'IoTnnrén.'fc's 'siir'ïa "îèlé des callio^


»"«'^"-^'^^» "^ '
liques deno^i-nrovinces méridionales^ """"l **'
'

"' a défaut 3e îa verîfé bi-torique qui devait dtja arrêter sous


sa plume ces inconcevables. inculpations, 51. Browninij ;n'au-
^hir pak dû Qu'huer que c*es^ ctii sein de ces cntholiques du mi-,
di que se sont élevées tant de voix éloquentes, qui viurenl ré-
clamer les premières l'état civil en France pour les jproleslans.
K'ôblé'^'èt généreuse mission qu''enlVéprIlle premier WL- de Mou-

claf ^/ètâîaquellèsédévouèfen! successivement ïesîlulhièiej^ les


,-' '•'}'\i-\\Oi'
'..
r n!» ..(-< - ir vr
•ni'i t^i y-,y:T : -i *- »-: -

j,j^
Baragnoa, HiHoire^e.îilmm^ — I^a jiKane fille qui souffrait une oHirt
si„ cruelle appartenait ji M. Chiétien, notaire d'Aubais ; le pi.'re s'ciait

réfugié à Soinmières avec Je leste de sa ip^ilk, et il ayait laissé cet enfant


sous la garde de quelaue parent qui,' l'avait demande, ne pouvant croire

qu 11 courut quelc[ue danger.


'Voyez le Mémoire tliéologi/fue et politique au sujet des mariages
clandesthis desProtestans en France, par J.-P.-Fr. de Ripert mar- ,

«jois de -Monciar procureur général au parlement de Pro\ence. Cet ou-


,

vrage eut au -irtoment'de sa !ptiWication trois éditions successives,, l'une


d'elles date de 1755.
62 EXAMEN Cr.lTlQLE
Servan , les S.-Aignan, les La Bretigiiière, les >ialesherbes,
rëlitede la rangistrature et du pays. i*

Les événemens qui se sont accomplis de nos jours, sont loin


également de donner gain de cause à M. Browning, et de lé-
gitimer ses imprudentes assertions. S'il affecte à chaque page
de placer les noms de TrestaUlon et de Quatre-Taillon ^ il n'au-
rait pas dû perdre de vue que les catholiques du iltidi^ont été
en i8i5, victimes plus d'une fois des tentatives de ses co-réli-
gionnaires; et pour n'en citer qu'un exemple . nous lui rappel-
lerons que les protestans du midi qui avaient paru
, accueillir
avec assez de faveur la première restauration, s'empressèrent de
se réunir lorsqu'ils apprirent le débarquement de Napoléon
à Cannes, qu'une grande partie d'entr'eux, embusqués
et
dans les environs de Nîmes et d'Uzès, pilla et massacra les
troupes isolées et inoffensives des volontaires royalistes , que
le licenciement de l'armée du duc d'Angouléme ramenait dans
leurs foyers.
M. Browning est donc tombé dans une double erreur, en
prêtant aux catholiques un rôle odieux que l'histoire repousse,
et en couvrant les proîcstans d'un manteau de tolérance et de
vertus, que leur refusent les annales de nos guerres de reli-
gion.
Malheureusement , cette double erreur domine tout son
livre.

La vérité a-l-elle fui devant M. Browning, ou les moyens de


la rechercher lui ont-ils manqué? nous avons des raisons de
croire qu'il était , à cet égard ,
placé aux meilleures sources.
On ne peut donc attribuer ses uombreuses erreurs, et l'in-
complet de son œuvre, qu'à un esprit de partialité qui devait
se rencontrer chez lui moins que chez tout autre. Né dans un
pays où jusqu'à une époque récente, la tolérance religieuse
n'était pas poussée bien loin, que répondrait M. Browning, si
nous lui demandions comment serait traité en Angleterre un
catholique qui insulterait la réforme et ses adhérens, qui ba-
fouerait leurs croyances et ceux qui les professent, qui charge-
de crimes et de calnninics ? assurément,
rait les religionnaires
et en conviendra lui-même , catholique , il se fût bien gardé
il

de publier en Angleterre ce que protestant, il a publié eu


, ,
DE L'HlSTOIfiB J)ES HtGUEISOïS. 6S
France; et cependant, proporliou gardée,
y a dix fois plus
il

de catholiques en Angleterre, qu'il n'y a de protestans en


France.
Nous le répétons, nous ne voulons pas refuser au livre de M.
Browning toute espèce de mérite, car ses recherches sont abon-
dantes et variées , quoique gâtées, faussées par l'esprit de par-
tialité qui les a dirigées.

Il existait une lacune à combler, M. Browning pouvait y par-


venir, mais il a fait un factum plutôt qu'une histoire, et au-
jourd'hui, comme avant sa publication, nous sommes autori-
sés à dire que, même dans l'intérêt du protestantisme, l'his-

toire des Huguenots est encore un livre à faire.


Euiiène GriLLiMBTEAtr. n
6^ DE L\ PERSÉCUTION

^istsJïve l)e V(ê^i\$i,

DETAILS
SUR LA PERSÉCUTION DE L'ÉGLISli CATKOLlyiK EiN RUSSIE,
Et «ur la trahison des évêques russes , contre lesquels est dirigée rallocution
du Souverain-Pontife du 22 novembre 1839.

Avant de citer cette pièce mémorable, qui prouve avec quelle


sollicitude le chef de rE{.';lise veille sur tous les hommes qui lui
sont unis, nous croyons devoir donner iici quelques détails sur
les faits qui ont précédé et amené cette solennelle déclaration. .

Ces faits sont peu connus, et sont cependant nécessaires po\ir


comprendre l'état de la religion en Russie '.

L'en>pereur Aiexandre avait solennellement promis, dans


c

l'édit de suppression de la compagnie de Jésus en Russie, que

las biens et les églises des jésuites demeureraient intacts aux


catholiques. Mais cette promesse a été éludée sous difFérens
prétextes. Leurs biens ont été confisqués, et leurs églises livrées
aux schismaliqu^s, (juoi(m'ii fût bien démontré que, vu le petit
nombre de ces derniers, ils n'avaient déjà que trop d'églises,
tandis qu'on dépouillait les catholiques de celles qui leur étaient
yécessaires.
» La ville de Vilebsk contient une population de 20,000 âmes;
et comme elle est le chef-lieu de province, ce nombre est beau-
coup augmenté par la présence des nobles qui y viennent souvent
et par le séjour qu'y font les fonctionnaires. Cependant on n'y
a laissé qu'une seule église aux calholiques. J.-D. Darnicki a
présenté, au non*» de tous les nobles, une pétition à l'empereur,

• Nous empruntons ces détails et les pii-ces rjui v ont rapport nu Jour-
nal Ins'or'njue et littéraire de Licgc , ijui dtifeud a>cc un parc mérite lei.

saines doctrines enCclgi(iuc, t. iv, p. 37G et i33.


DE l/ÉGLISE CATHOLIQUE EN ULSSIE. 65
pour le supplier de pourvoir aux besoins des catholiques. Cette
démarche n'a produit aucun résultat. En Russie, on accorde
libéralement aux Juif» leurs synagogues, aux Turcs leurs mos-
quées, aux idolâtres leurs temples pour Tiire. dit-on, preuve
de roléiancc. Les seuls catholiques se voicst fréquemment dé-
possédés des églises qui leur appartiennent en toute propriété
et qui leur sont absolument nécessaires.
a paru un édit de l'eminreur, par lequel on leur défend de
))11

bâtir de nouvelles églises et de restaurer les anciennes, sans la


permission du gouvernement ; et cette permission on la diffère

exprès, en faisant toujours naitre de nouveaux obstacles, afin


que dans l'entre-tems les églises s'écroulent et périssent.
»Le nombre des paroisses, déjà insuffisant auparavant, se res-
treint chaque jour davantage; en sorte qu'en beaucoup d'en-
droits, les fidèles se trouvent éloignés de plus d'une journée de
voyage de leur paroisse et que l'admiiiistration des saereraens,
,

déjà difficile eu elle-même parle petit nombre de prêtres char-


gés du soin des âmes, devient impossible dans bien des cas. Et
c'est un mal auquel la puissance ecclésiastique ne saurait re-

médier facilement; car, par un autre édit, on défend aux évê-


ques de nommer soit curé, soit chapelain ou vicaire, sans
l'autorisation du gouvernement, et pour obtenir ceîte autorisa-
tion il faut que les candidats soient présentés <\ux gouverneurs
,

des provinces formalité qui non-seulement rend l'adminis-


;

tration ecclésiastique exlrémeinent difficile, mais qui le plus


souvent ouvre la porte, non aux pasler.rs, mais aux loops.
» Cette disette de secours spirituels a été extrêmement aîig-

mentée par un édit impérial, qui défend toute communication,


dans les choses divines, entre le clergé giec-uui et le clergé
romain.
»il est à remarquer que. dans la Russie Blanche, presque tous
les nobles,suivent le rit latin, tandis qu'au contraire les paysans
suivent le rit grec-uni ; et que les uns et les autres habitent
séparés par de grandes dislarices et dis})ersés dans les champs.
Mais comme nombre
des nobles est beaucoup plus petit, les
le

paroisses romain étaient plus rares et plus éloignées les


du rit

unes des autres. Cet inconvénient diminuait cependant parle


voisinage de quelques paroisses du rit grec-uni, où les nobles
6Ô DE LA PERSÉCUTION
pouvaient du moins, les jours de fêtes, entenrire la messe; et tic?'
versa; quelquefois une paroisse du rit romain plus rapprochée*
dispensait les villageois d'aller trouver leurs propres églises
plus éloignées; dans les cas urgens, le baptême se conférait
indifféremment par îe clergé grec-uni et par le clergé romain,
aux enfans en danger de mort. La même permission existait
pour l'extréme-onction et pour la confession. Aujourd'hui cette
communicaliou étant interdite, tout le monde doit voir à quel
deux rits sont exposés. A Mohilow, l'assem-
péril les fidèles des
blée des nobles a exposé au gouvernement l'extrênae pénurie
d'ouvriers évangéliques. Il leur a été répondu qu'il y avait assez
de prêtres pour le nombre des catholiques. Comme si les pétition-

naires, qui sentent ces besoins, n'étaient pas mieux informés à


cet égard que le gouvernement.
peine nécessaire de dire que les maux de la religion
»11 est à
ont été augmentés beaucoup par la suppression des ordres reli-
gieux. Déjà auparavant, en 1829. parut un édit qiii ordonnait
à tous ceux qui voulaient entrer dans quelque ordre religieux
de se présenter au gouverneur de leur province, formalité qui
exigeait souvent un voyage de beaucoup de jours, et de lui
exhiber de noblesse, et ensuite d'attendre la permis-
des lettres
sion du ministre du culte. On comprend sans peine, dans qnels

embarras et dans quelles dépenses cet édit jetait les jeunes as-
pirans à la vie religieuse. Il suffît d'ajouter que, depuis i8a()
jusqu'aujourd'hui, à peine une seule permission de ce genre a
été accordée par le gouvernement.
I C'est par cette manœuvre qu'on préparait le motif dont on
sentait le besoin, pour ordonner la suppression des ordres reli-
gieux, c'est-à-dire, le nombre insuffisant des religieux pour occu/ier
les en efl'et le considérant de l'édit qui a consommé
couvens. C^esl
cette ruine. Conduite tout-à-fait digne d'un gouvernement schis-
matique On met pendant quelques années les couvens dans
!

l'impossibilité de recevoir des novices ensuite on les su|>prime,


;

d cause du petit nombre de religieuse qui les composent. Au surplus,


on s'attendait à cet acte de violence hypocrite. Avant que l'édit

de suppression parût, larumeur publique annonçait la tempête


comme prochaine. LtiS nobles, clfrayés du danger, préparaient

dans une diète provinciale, une supplique à l'empereur,, pour


DE l'ÉOLïSE catholique EN RUSSIE. 6f
délonrner le mal; car tous les braves gens comprenaient de
quelle importance Ltaitpoui- la religion catliolique, l'existence
des ordres religieux dans ces contrées. Mais les nobles furent
prévenus; le gouvernement se hâta de promulguer son édit
avant que la pétition fût expédiée. La plupart descoiiimunautés
furent supprimées, leurs biens enlevés, leurs églises profanées,
leurs écoles détruites, et les religieux soumis en tout à la juri-
diction de lYvéq'ic, au grand détriment de la discipline régu-
lière.

«La liberté laissée à toutes les sectes, celle d'instruire leurs


membres duns les dogmes de la foi, a été enlevée aux seuls
catholiques. Le pouvoir défend aux prêtres de répondre aux
objections qvïi se font contre la religion et qu'on a soin de pro-
pager, de réfuter les petits livres qui sont remplis de mensonges
et de calomnies; il leur défend même d'enseigner que c'est dans
la religion catholique seule qu'où peut être sauvé, comme s'il

était possible d'être catliolique sans cet enseignement. Tout le


monde voit quelles sont en cela les vues du gouvernement. C'est
pourquoi, non-seulement il est défendu d'introduire de l'étran-
ger les livres qui traitent des articles de foi dans lesquels les
Grecs diffèrent des Latins, mais en Russie même on ne peut
obtenir la permission d'impriiner ces soi tes d'ouvrages. Pour
la même raison , on ne peut traiter dans les cours de théologie
aux séminaires, les dogmes qui appartiennent à l'intégrité de'
la foi catholique. Ainsi les jeunes prêtres catholiques sont for-
cés d'ignorer ce qui les sépare surtout des schismatiques, afin
qu'ils soienteux-mêmes plus enclins au schisme. De même on
ne veut point que les curés et les prédicateurs fassent mention
de la procession du Saint-Esprit, ni de la suprématie du pape,
de peur que les fidèles n'enlendeut en quoi ils diffèrent de la
religion dominante, et pour qu'ils aient moins d'éloignement
pour le schisme.

• Telle est la liberté qu'on a laissée à la religion catholique en


Russie. Et cependant les catholiques y forment une grande par-
tie de la population.

«Cette persécution s'étend au royaume de Pologne. Car en


i833, le gouvernement suprême de Varsovie a publié un édit

\
-

6^ ;> ;
ÇtE WNl'JEjtâÉCUTrON
qui ordonnait à l'évèqiie.de Pôdlaeliic » Mgr. '(iutkowsfci. d*»

faire disparaître de touies les bibiiQtbèqnes ecclésiasfiqîlek xiM


livre qui traite de la concorde et de ta discorde des (îrecs et de*
Latiiî^.Le piclat, assez connu par sa fermeté et par les per«ré-
entions qu'il subit de la. part,«du» pouvoir, répondît qu'H-'ftft
pouvait obéir en cela, que ce serait agir contre sa propre coh-^
science, qu'il traiiirait les iulérêls de la reli^iion don» il estlf"
défensçiJjr naturel. .., ,....:.
» On connaît la réponse du même évèqne à la Ici Ire diî i,'ént

rai GoJowin, sur les mariages entre les Grecs et les Latins;
Cette nouveauté a frappé l'esprit des Polonais; mais dans les
pro.vinçes russes il y a déjà long-lems qu'un édit impérial a
,

statué que les enfans seraient élevés dans la religion grecque,


lorsqu'un des deux époux appartiendrait à ceîte communion.
A cette occasion ceux-là même qui étaient nés avant l'édit,

furent forcés d'abjurer la religion catholique, et c'est de ces


malheureux enfans, qu'en i853 se remplirent toutes les pri-
moyen pour faire passer pcu-à-peu
sons de Volhinie. Itxccllent
la noblesse polonaise dans le camp des schismatiques. Car tfe

gouvernement russe comprend très-bien que toute la force de


la religion catholique en ces contrées, se ti-ouve dans la no-
blesse : la perversion des paysans est presqu'une affaire ache-

;»X'éducation qu'on donne aux enfans des nobles X^nà au


même but. Les écoles ont été enlevées aux relîincux et livrées
à d(is instituteurs laïques. Les jeunes gens sont forcés u'ap-
prcudre les sciences dans la langue russe qu'ils ignorent. Le-^
maîtres qu'on leur donne ont été formés aux uiiiversllés schis-
matiques, et ils soiit pour la plupart schismalicjucs eux-mémc>'.
le soin qu'on a de l'enseignement religieux, pousse les jcnnc.-^
gcus vers la religion dominante. Les professeurs qui suivent eu

cela les vues du gouvernement acquièrent des titres à la faveur


,

cl sont les plus sûrs di- leur avancement. Les jeune-; gens qui
prennent le parti des armes sont exclusivement fivré» 'i ;^ ^-j

professeurs schismatiques. 'On ne saurait* c^HircqUf'


résultent de là pour la religion catholique combien cHc ,

souliVii de la corruption de ces tendres plantes. VA ph'ifà Dieu

qii'nn put attendre un |»ru phis de vigilance de la part de cVi(X


-

DE l'Église catholique en Russie. C9


qui sont chargés de les arroser ! Le clergé séculier laisse
lïiaiheureusemeiit peu d'espoir.
«Les efforts du pouvoir lendenl à corrompre également le
haut clergé. Il emploie à cet effet les récompenses, les hon-
neurs, les richesses , et en cas de résistance, les injustes vexa-
tions et la persécution. L'excellent prélat Szezyt, chargé de
l'administration du diocèse de Mohilow, s'est vu tout-à-coup
arraché à ses brebis, parce qu'il s'était opposé à la suppression
des ordies religieux , et sous jjréicxte d'une commission, rélé-
gué aux extrémités de l'empire, d'où il n'est revenu que par
l'intercession de la noblesse.
»Sanï doute la situation de la religion catholicjue serait moins
défavorable dans ces contrées, si elle trouvait dans le clergé sé-
culier assez de zèle, de courage et de fermeté Mais l'ambition
et l'avarice, la soif des honneurs et des richesses, qui ont en-
traîné beaucoup d'ecclésiastiques et qui les disposent à tout
faire, ont opposé de grands obstacles au zèle des bons évoques.
Et le gouvernement exploite avec une extrême habileté cette
faiblesse du cœur humain.
• Mais c'est la situation des Grecs-unis qui semble la plus
critique. Us n'ont plus devant
les yeux qu'une ruine entière.

Déjà \m de leurs principaux évéques, Simaszko, est vendu au


pouvoir. Le seul évéque qui résiste, c'est Mgr. liulhak;
mal-
heureusement son âge avancé n'arrêtera plus long-tems les
projets du gouveruemenl.
» Il faut savoir que, dans ces contrées, le clergé séculier tirait
ses principaux ornemensde l'ordre religieux des Basilicns, seul
asyle de la solide doctrine, du zèle relig'eux et des moeurs clé-
ricales. C'est pourquoi les effo;ts du gouvci-nement se sont
tournés contre cet ordre, pour le détruire dans ses fondcraens.
Une antique règle voulait que pcpsonne ne fût élevé à l'éplsco-
pat, qu'après avoir été religieux de Sajnt-3;!si!e. Celle loi sa-
lutihe est abrogée. L'ordre lui-même est soumis à la juridic-

tion du clergé séculier. Les provinciaux de l'ordre sont cu-signés


par l'évêque. On lui interdit toute communion dans les chose<i
divines avec le clergé latin. On veut qu'il ail ses études entiè-
rement séparées; ou lui impose pour auteurs des théologiens
*uspects. On lui défendd'accepter d'autres novices que des jeu
lu* SÉRIE. TUME i. N* 1. l8o4- 5
.

70 I>E LA PERSÉCLTION
nés gens nés de parens grecs-unis. Plusieurs monastères satii

supprimés, et leurs biens adjugés au clergé séculier, comme si


Je clergé séculier devait trouver plus de ressource dans les biens
des religieux que dans le maintien de l'ordre. Mais il s'agissait

de gagner ce clergé, pendant qu'on faisait une si cruelle bles-


sure à la religion. Et en effbt , le clergé , dans de si grands
maux, a paru conniver avec le pouvoir et travailler de ses
mains à sa propre ruine. Lursaoe ïa princesse de Lubeck eut
écrit aa prince Dolh^ruLi , pour hc plaindre de ce que l'église,
située dans ses terres, avait été envahie et convertie en un
temple scliismatique, le prir.ce répondit que cela se faisait par
fautorité de Cévêque , à qui le tjbuveniemeni a-oyait devoir laisser
une entière liberté.

«Aujourd'hui le bruit court ( et ce bruit paraît fondé )


que
plusieurs membres du haut clergé ont déclaré par écrit, qu'ils
étaient prêts à s'unir aux Grecs schismaliques. Un d'entre eux,
qui a refusé de signer cette déclaration, a été ^lépouillé de sa
charge. Et si la chose n'était pas vraie, pourquoi auraient-ils
changé un rit déjà ancien? pourquoi, dans Tadminislration
générale des études, souffriraient-ils des évéques schisnialiques
comme assesseurs? pourquoi imj>oseraient-ils à leur clergé des
missels imprimés à Moscou, où l'on a supprimé l'article de la
procession du Saint-Esprit et celui du Souverain Pontife? Qu'on
remarque qu'ils n'ont pas trouvé, comme ils l'espéraient, tant
de facilité dans Cinquante-quatre prêtres
le clergé inférieur.

ont présenté à l'évêque Simaszko un écrit ', signé par eux tous,
dans lequel ils déclarent qu'ils ne peuvent en conscience se
servir de semblables missels. Cette remontrance inopportune
a irrité le prélat, qui est parvenu, à force de men ices, a en ga-
gner beaucoup d'entre eux. Quant aux autres, il les a condam-
nés aune année de pénitence, les a tons renfermés dans urt
couvent très-pauvre, et les a soumis à un nouvel examen
avant leur réintégration dans la charge pa'-foi aie. Pour matière
de cet examen on leur a proposé certain livre do théologie in-
troduit par l'autorité dans les écoles des Grecs-unis. L'année
étant expirée, un de ces prêtres, nommé Plawski , homme
distingué par son instruction et sa piété, et curé de Lubczew
dans le diocèse de Novogrodek, au lieu de subir cet examen »
» Voir ci-après, pièixs JusfificativeSf n" 1
I)E L'EGLiSK r,ATHOLl<)UE EN RUSSIE. îl
h^filta toutes les erreurs contenues datis ce livfc, et en flf utie
critique très-piquante. A peine
envoyé à
.««on travail eut-ll été

i'évêque Simaszkoà Sainl-Péter.sbourg, qu'on l'envoya en esii


avec ses sixenfans, après avoir d'abord vendu ses biens. C'est
làqu'on le fait poiir ainsi dire mourir de fuiiu , souâ les yeux
de la police.
«Telle est la persécution qu'on exerce contre les prêtres.
Mais celle le pauvre peuple , est beaucoup
qu'on exerce contre
Jilus cruelle , et comparer anx anciennes porsécu -
on peut la
tlons suscitées eontre les fidèles sous les tyrans payens. Dans
quelques paroisses on promet au peuple l'immunité des char-
ges publiques, s'il veut s'unir aux scliismatiques. Cette décep-
tion reslani sans effet on engage quelques hommes parmi ce
,

qu'il y a de plus mauvais dans la paroisse, eu leur donnant de


l'argent , ù exposer dans une pétition au nom de tous les pa-
l'oissiens, qu'ils désirent embrasser la religion dominante. Cela

fait on occupe l'église à main armée, on convoque le peuple,


,

et on lui annonce que ses vœvix ont été exaucés, qu'il esl ad-
mis avec bienveillance à professer la religion de l'état. Et aus-
Rilôf, sans attendre son consentement, on dissout l'assemblée

cl on le renvoie chez lui. Que si ensuite quelques-uns récla-


ment et soutiennent que cela s'est fait à leur insu et malgré
ëjiix, 6n ^ps fouette cruellement, .sous le prétexte qu'ils aban-

(ïonhfent la religion qu'ils viennent d'embrasser. Après cela, on


annonce que telle paroisse a adopté la religion dominante, et
que par conséquent il est détendu à tout prêtre Catholique d'y
administrer les sacremens.
»Si ces manœuvres neréussi.sscnt pas la première fois, oone:^
se t-èbute pas; maison revient si souvent à la charge, qu'on fi-
nit par fatiguer et par abattre les esprits, et par atteindre son
but. C'est ce qui est (irrivé dans certaines terres apj>artenant
autrefois au collège des jésuites à Polotsk, où les paysans, ten-
téspar différentes manières, ont fini par céder soit aux me-
naces , soit à la séduction , et ont abjuré la foi de leurs j»ères.
» Si aucun de ces moyens ne réussit , on recourt à la vio-
lence ouverte. Dans les biens des missionnaires de S. -Vincent
dans la province de Vilebsk, une semblable persécution ayant
eu lieu autrefois stuis l'impératrice Catherine, tous les paysans
passèrent au rit romain et y persévérèrent paisiblement plus de
1

72 DE LA 1»ERSÉCL'TI0N
trente ans, lorsque toul-à-coup une commission s'empare â
main armée de l'église, et ayant convoqué le peuple , lui a»-
nonce qu'il doit embrasser la religion dominante, lui fait subir
le joug malgré lui, et fait expirer sous les coups de fouet les

malheureux qui résistaient à l'apostasie. Que les mêmes vio-


lences aient eu lieu ailleurs, c'est ce que prouvent suffisamment
les réclomations publiques des habitons. A ^ ifebsk, les uobles,
réuni- .-s^vn' li'^" gf'nérale, ont r^digtî nr.oniajtMoent une re-
qnè 1
pièce n" 2), hiqn^Ue ont signée deleur
ilr'

- eiT?éTnent"lêâ catholiques mais aussi les ,

iie les schismatiqnes, à 1 exception d'un seul,


te rt'tjueie. Jès nobles, après avoir exposé les faits dont
.. .i.. ,,. lions de Jiarler, se plaignent de ce qu'on emploie des
lAoyeus violéns pour forcer le peuple d'abandonner la religion
de ses ancêtres; ils font observer « qu'un changement de foi

«qui n'est pas fondé sur une persuasion intime, est plus nui-
>sible qu'utile à l'empire ; que le peuple, forcé d'embrasser une
«religion qu'il déteste au fond de son cœur, finira par n'en avoir
«aucune; que les doutes et l'indifTérence eu matière de priu-
• çipes religieux , détruisent en même tems les fondemcns des
«vertus civiles; que tous les devoirs vacillent nécessairement,
1 lorsqu'on afTaiblit la religion. »

. «Cette mesure , adoptée si publiquement , effraya les persé-


cuteurs. Mais ils eurent soin d'informer l'empereur de tout ce
qui se passait dans l'assemblée de Vitebsk, avant que la re-
quête pût être expédiée. Aussitôt les nobles reçurent de Saint-
Pétersbourg l'ordre de ne point s'occuper des affaires religieu-
tes, dans la pièce qu'ils préparaient! ...

«Ainsi s'évanouit le dernier espoir de la noblesse, ainsi périt


leur dernier remède.
» Cela n'a pas empêché cependant des communes particu-
lières, réduites à l'extrémité, de recourir à l'empereur. Dans le
district de Lepel , les paysans d'un village nommé Uszacz, ont
présenté une supplique(pièce n°5) pour se plaindre des violences
qu'où emploie à leur égard, pour leur faire abandonner la re-

ligion de leurs pères. On leur fait des menaces , disent-^ils, on


leur donne des coups de poing, on leur aiTache les cheveux,

on leur brise les dcuts, ou les jette en prison! Ils ajoutent
qu'ils aiment mieux subir le sort du bienheureux Josaphat que
I>E L'ÉGLFSfi Ç*.?'I|j[\t{IQl.E XN RUSSIE. JJ
die renier leur foi. — Pareille plainte a été adressée à l'empe-
reur par les habitans du village de Lubowicz, ,dans le district
de Babinovicze (voir la pièce u° 4). Mais il a été défendu ae re-
cevoir de semblables pétitions.
^Tel est vraiment déplorable delà religion catholique
l'état

en Russie. Mais rienn'est impossible à celui qui lient dans ses


mains les cœurs des rois et le sort des peuples. Nous devons
nous humilier devant lui, et souffrir patiemment les maux par
lesquels il punit nos péchés, sans perdre néanmoins l'espé-
rance qu'il aura un jour pitié de nous, et qu'il ne permettra
pas que la foi soit entièrement arrachée des cœurs de fils dont
les pères se sont montrés de
autrefois des défenseurs si zélés

cette même Nous ne doutons pas que le pasteur suprême


foi.

ne parle à son Père en faveur de l'Eglise qu'il lui a confiée. Les


catholiques de ces contrées effrayés mettent leur confiance en
celui dont la puissante intercession et la souveraine autorité
ne peuvent demeurer sans effet.

»0n désire extrêmement ici vm nonce apostolique, dont la


présence puisse rendre le clergé plus circonspect, et concilier
les vues du gouvernement avec les intérêts de la religion, et
qui puisse eu même tems informer le Saint-Siège de tout ce
qui se passe.
»La cour de Vienne pourraitaussi nous être utile, si le prince
de Melteruich, dont le zèle religieux a mérité l'approbation du
Saint-Siège, voulait bien s'occuper de notre situation.
«C'est avec une profonde douleur que nous sommes obligés
d'avouer, que beaucoup de membres du clergé séculier et régu-
lier, montrent cer'.aine indifférence, et frustrent la religion
des services qu'elle réclame de leur zèle.
Toici maintenant les pièces à l'appui de ce que nous venons
de dire ici:
astonaqso ô,

he clergé grec-uni du district de Novo^rodek , d Mgr. Joseph SruMKo,


Evéque grec-uni du diocèse de Litliuanie membre de collège (eccUiiasiique
,

catholique romain), chevalier de beaucoup d^ordres.*

C est dû à voire dignité pastorale, que uoiis exposons ,


avec le respect
à l'occasioade la réforme proposée pour Us rits grecs-unis nos tocux ,

eiprimtJ dans les points siùvhus ;

1° De même (|ac l'union tolcnnclle de l'Egli?e oricBlale ri orcidenlale


fui dtcrélée l'an iA^g au concile général de Florence, Ce ménit: on y.
,
,

74 HE LA PEÎîSKCrTlON
adopta la reforme des rits grcc«, lolorine que réf^li5e scli'i>mstî(jnp px^* ,

cifêc par l'pspril turbulent île .Marc ùvêipie a'Ephèse ne aouIuI pas ro-
. ,

ceTO'.r. Mais pour nous à l'eicniple de no're ÎMntropoIîlaiji, I<idore t!e


,

KJow, et de Joseph Patriarche de Constanlinople, nous sommes décidés


,

unanimein"nt à la suivre. C.ir celle réforme a été prescrite pour toute


TEglise grecque, ccaiiiie une règle que uous tous, tu qualité de Grtss-
Tini» . éommes tenus d'observor.
a° Lorsque, après Russie septentrionale, le clergé ro-
le schisme de la
main do Liiliuduie. *ous sou métropolitain Michel
Rahoza se fut uni à ,

la saiute Eglise romaine, diuis le sjnode tenu ^ Bre?sici (Lithuanie) en

1594 et que cette union enf été conlirmce l'année suivante par le Pape
,

Clément VIIl, le même synode uous prescrivit, comme une règle inxio-:
Uble pour tous les siècles futurs la profession de foi de même que la ré-
,

forme des rîls décrétée dans le concile de Florence.


3° Léon Kiszta Métropolîlain de toute la Russie dans le synotWlenii
, .

à Zamosc (petite Russie ou Russie rouge) en 1720, non seulrmenl con-


firma avec tous ses prélats la susdite union , majstn outre pour l'spproa- ,

ver davanlaye, il spéciGa la différence entre ics rils schi^m<^^iques et les


rils grecs-uni? il réforma les cérémonies dans le sensdt-runioa
; il déter- ;

mina l'aiip^reil pour la célébration de la Airsse « t tous les \ases sacrés


ea se conformant plus à la solide dévoliuh et à t'nsugc du («aj s qu'aux an-
ciens usages de Gonst.intTno|le. Un exemplaire aithcutique de ces ré»o-
lulions, fut hiissé pour mémoire éternelle au cb rgé de la Gallicie de
, , ,

la Hongrie, de rEsclasooie delà Dalmalie. de I« Croatie, etc.


. et il nous .

obligea par serment à garder étcrncHemenl l'uaion avec la sainte Eglise


romaine.
4" En comparant les plus ancienoe's éditions drs mis.-els , faites par le
soin de l'antorité des évétpies'. savoir le jnî«scl publié en i65f) par le :

Métropolitain Cvprien Zachowski el dédié au prince Charles-Stanislas


Itadziewil avec une très-belle préface où Ton exhorte le clergé à gauler
,

l'union; île même le missel publié en 1727 j)«rl Métropolitain Kisika ; .

ot le missel imprimé en 1790 par le Métropolitain Sifptvcki; enlin, pour


ne pas faire menljou «le plusieurs autres le missel publié à Vilua par U-. ,

soin de notre Alétropolitaiu Joseph Bulhak encore vivant en couiparaut , :

tous cvi missels, disons-nous, nous trouvons qu'ils ne diflèreul eu rie»;


de même nous voyons que tous le" rituels s'accordent ensemble, et que
la diftéretice exilrVux est très-petite. Tout cela prouve que ces missels et
ces rituelsémaneul de la source commuuede l'Egli-ed Orient puisqu'ils ,

ont été approuves, tlufant un si long espace de lenis^ par luuL d'évêqucs
grecs-unis.
5° Comme le missel à l'usage du clergé grec-uni , imprimé à Moscou
eu i83i de nos missels
, diffère daus l'ar^jle essentiel de la procession
,

du Saiul-Esprit et dans d antres oraisons qui y ont été ajoutées; do plus,


,

comme il ne fait aucune mention du Souverain Pontife , à qui nous avons


promis avec st-rnient , lors de notre ordination obéissance et respi-ct , ,

non moins qu à rEriipcrcur nous supplions voire autorité pas'orale do


;

ne pa« nous forcer à recevoir ce missel, et de nous laisser les missel» de


l'édilion de \ilna ilont uous nous servons insqu'à présent.
,

6" Le peu[)le erec uni est accoutumé depuis environ deux siècles, aux
génuflexion^ , ^tix expositions du Saint-Sacrement les jours de fêle e
iei dimaûchei!, au.K messes privées et chautécs , aux litanies, aux procès
DE l'Église catuoliqle en kussie. 75
»inns ani profondes adoraijoiis «.le la sainte Eucbarislie. Tonli-s ce»
et
choses fonl nécessairement dans noire rit, et ellesncpcuTcnt êlrcabolies
sans ofFenser le peuple, qui paraît en vouloir séiieuseincut a<i clergé.
7* Sous le règue de notre Ir^s-clémeut Empereur et au iuIUlu de tant
dt raillions desujets, le clergé grcc-imi, «^ni Ini doit pîus d'un bienfait,
jouit aussi de sa protection patcrnelL-. Etoommcsa suprême volonté laisse
à teut le monde la pleine liberté de professer sa propre religion, il a voulu
« n particulier que celte liberté dimeuiàt intacte au clergé grec-uni. C'est
pniirqnoi nous ne sommes pas moins tenus que les autres commuuions
de conserver la très-ancienne pratique tic no? dévotions , de peur que
nous ne paraissions faire peu du cas de la souveraine bonté de noire très-
clénieut Empereur.
Entîn po'ir que l'Eglise grecque-unie soit distinguée de l'églisC schîs-
,

malique, notre clergé du district de Kovogiodek, expose ses vœux avec


le respect dû à votre bienveillance pastorale et implore la soilicitode et
,

la protection de son excellent pasteur. Ces vœux exprimés uuauimcmcnt


dans les points susdits , ont été signés de noire propre main.
Donné à NoTogrodek , le a avril i834. Ont signé 54 prêtres.

N» S.

P^iiion à CEmpereur, adoptée par la ISobleste de (a province d» Fitepsk ^


dans sa session de l'an i834.
Le très-clément empereur aujourd'hui henreusement régnant, dans
,

legouvernement continuel et général de ses peuples, désirant aussi,


poor les cas particuliers, de donner à ses Cdèlts sujets l'occasion de pro-
poser leurs humbles requêtes, a statué, dans «ou décret touchant Tordra
des assemblées, que la noblesse, réunie eu session, pourrait examiner
ses propres besoins et ce qui lui paraîtrait utile, et les lui faire connaître
parle président de l'assemblée. Appujée sur ce fondement, la noblesse
de la province de Vitepsk , pleine de sentimcns de gratitude et auimée,

d'une couliance filiale, prend la liberté d'exposer les faits stiivans.


Depuis quelque tems, mais surtout dans la piésenle année i834> ou
met tout en oeuvre pour entraîner les Grecs-unis à la religion domi-
uante. Ces manœuvres ne feraient aucuue impression sur les esprits,
dans cette province, si on permettait aux fidèles de se diriger, pour
cette réunion, par la voie de la conscience et par une forte conviction.
Mais les moyens qu'on emploie remplissent l'àmc de terreur. Car en
,

beaucoup d'endroits , on oouvoqt'.e uu petit nombre de paroissiens, sans


la participation et à l'iasiides autres, et ou les oblige, non par la voie
de la libre persuasion mais par une violence contre laquelle ils ne
,

peuvent lutter, d embrasser la religion dominante; et quoique ce pré-


tendu acte d'adhésion soit le fait du petit nombre, on annonce à tous
les autres habitans du village ou de la paroisse qui demeurent à la mai-
,

sou qu'ils doivent professer la religion dominante.


,

Quelquefois^
n'ayant aucun égard aux réclamations qci se faisaient dans l'assemblée
publique, on mettait tous les paroissiens au nombre de ceux qui pro-
fessent la religion dominante. — Dans l'un et l'autre cas, on Q^'^sait
l'ancien curé et on changeait l'cgllte unie en grecq'ie , en négligeant les
règles prescrites en celte malicro. —L'union ayant été ainsi élabJlc par
la violence cl en dépit des liabilans , s^i ceux-ci recouraient à rautorité
ecclésia»li<{uc ou civil» , en pioleslant qu'ils voulaient dcmeurir inviota-
,

/<) DE LA PERSEGWTIOX
lilomciit attachés à la foi de leuis ancéircs
, et défeixlie leur caiisf; d!one
manière légale; Jeurdémarche a été considérée comme nne iléscrlion do
la religion domiaaule , libreoieut acceplùc par eux et oocimi? tels ils ont
,

élë soumit à différentes peiaes. —


Dans qnelqais paroia^es. où nue partie
du peuple demeurait fidèle à la foi de ses .'uirêirrs, on transformait
malgré cela l'c^jUse paroissialo, on fermait mêrue les églises filiales et on
les munissait d'un sceau. —
C'est ain^i que les uns, sans averlissement
préalable et par le seul ordre des m;igislra's, les a-ilres, effrayés par
ane persécution atroce, dont ils voynit-nt de fréqu.ens ex«'rnples, d'an lies
encore', par l'espoir d'obtenir qiieiqaos i;râces particulières, pu d'êire
délivrés des charges publiques ou de !'• scjavage; c'cf't ainsi, disous-nous,
c[u"il« onl élé eutraînésà la rdij^jun liinniji^nt»;. —
TA tandis cpiils la
professaient, il* demeuraient fermemciii attarbés , tl:ins le rœur, à b»
religion que suivaiciil Ifiirs ancêtres et ({n'eux-ujênies observaient dop'iis
si long-lems. Ils avouaient iHêmi; à ceiix qui les forçaient ilembrasser
la religion dominante qu'ils (^béiusrficut à la vérité aux ordres qu'on
,

leur donnait, qu'ils allaient aux églises el fiequenlaient les sacremen»


de nligion d>minante, ni.iis qu iulciieureuifnt ils d<meurai«'i.l f'M-
la
niement attiichés à leur ancienne religion. —
Finalement ceux qui ont *

persévéré dans la foi, si' sont vus dopoi.'ilUr fie leurs cjjlises et de leurs
prêtres, et, ils éjirouvent la plus grande difficulté pour se prcJciinr l'ius^
tructiou clirélienue el les a-ilrcs secours spirituels.
Il résulte de tout cela qu'on coMimeu"e à croire généralement parmi

le peuple, que la religion peut eha!ii;er d'après les circonstances, et


qu il n'est pas nécessaire d'êlre pcrsiî.ulé qu'elle est vraie et d'y consentir
jntéiieuremenl, et qu'on peut l'aliaujoiiiier dans la vue de se procurer
quelque avantage pariieuliir. —
De là vient que les maximes religieuses
ne font pas sur les cœurs Timpres-ion (prdles deTraienl faire telles ;

cessent d'être le fondement de t-ms Us devoirs et des vt rlus civiles. Les


citoyens et les sujets sont en proie à des doutes conlinueU et à de >ives
inquiétudes, tantôt à cause du bruit généralement répindu qu'il faut
changer de religion tantôt à cause des dénonci.ilions auxquelles ils simt
.

incessamment exposés, sous le prétexte qu'ils empêchent la propagatiou


de la religion dominante.
Par ces niolifs , la noblesse île la province de \iiejisk, quoique per-
suadée que la libtrté de conscience est suni^ammeut g-rautie par les loi»
de l'empire et par la suprême vo!o!ilé de r<mpereur heureusemeut ré-
gnant, el que la religion dominante ne prescrit pas moins (pie les autres
confessions, l'obligation de remplir ses devoirs , en iu.sérauf dans sa mo-
rale les principes clés vertus religieuses et civiles; néanmoins , effrayée
des moyens qu'on emploie pour la propager, rt des suites que cette
violence ne peut manquer d'avoir, elle a résolu d(î recommander au
président de la noblesse, de recueillir tous les faits particuliers et ceitaius
concernant cette affaire d'en faire rapport à qui de droit, et de présm-
,

ter une supplique à l'empereur.

K" 3.

Relation écrite , donnée par habiiamt du villaç^c d^Uszact, district de


les
J^pel, province de Vitcpsk.
An mois d'août de l'an i855, nous, habilans de la paroisse d'Usiacz
vasbaux de M. lu comte Platcr ; nous envoyâmes une supplique au mi-
DE l'Église catholique T.y Russie. 77
des culli^s à Saint-Pétersbourg implorant sa grâce cl sa uiiséri-
nî^lrt-' ,

corclc parce qno, prives de noire église, nous nous Tovions forcés de
,

professer une religion que nous n'avons point voulu embrasser; mais
nous ne reçûmes aucune réponse. Seulement l'évêque Bulhak nous pré-
vint , que bienlôt arriverait une commission avec le prêtre qui non»
était destiné. —
Et en effet, la commission s'est présentée le 2 décembre,
et ayant convoqué le])eaple, elle Ta invité à embrasser In religion grec-
qne. Mais nous nons sommes tous écries dune voix , que nous voulions
mourir dans noire foi, que jamais nous n^ avions voulu ni ne voulions d'au-
tre religion. Alors la commission , laissant les paroles, en vint aux faits;
c'est-à-dire, qu'on se mit à nous arracher les clicveux, à nous frapper
les dents j-isqu'à effusion de sang à nous donner des coups à la tètL' , à
,

mettre les uns en prison, et à Ir.insporler les antres dans la ville de Le-
pcl, —
Enfin , la commission voyant que ce moven ne lui réussissait point
non plus, défendit à tous les prêtres grecs-uuis denfendre nos confes-
sions, ou de nous administrer quelque autre secours spirilnel. Mais —
nous avons dit • Nous demeurerons sans prêtres, nous ferons nos prières
:

à la maison nous mourrons sans prêtres nous confessant les uns aux
, ,

autres mais nous n'embrasserons point votre foi.


, Qu'on nous réserve—
plutôt le sort du B. Josaphal c'est ce que nous désirons.' » Mais Iri com-
,

mission s'en est allée, en se moquant de nos larmes et de nos prières.


Et nons sommes demeurés comme des brebis errantes et nous n'avons ,

plus dasjle. Nous signons...


IS" i.
Pétition des habitons du village de Lubnwicz, district de Babinowicze,
province de Molulow.
Très-angnslc et trés-clément empereur I

Ecoulez la voix de ceux qui souffrent persécution sans le mérilcr, de


ceux qui implorent la clénience de votre majesté impériale.
Nos ancêtres, nés dans la foi grecque-unie, toujours fidèles au trône
cl à la pallie, ont jiassé paisiblement leur vie daus leur religion et nous, ;

nés dans la même foi, nous la professions lilirenient depui* longleiris.


Mais par la suprême volonté, comme on nous «lisait, de rirnperalrice
Calheriue, d'heureuse mémoire , l'aulorilé locale . en employant dus
moyens violcns et ib s peines corporelles, était paivenne à forcer beau-
coup de nos co-paroissiens d'abandonner la religion de nos ancêtres.
,

Quelques-uns cependant d'entre eux, quoiquayanl subi les mêmes pci.


nés comptant sur le secours divin et mettant leur espoir dans la misé-
, ,

ricorde de l'impéraliice , persévérèrent dans' rauti(|uc foi. Notre es- —


pérance ne fut pas trompée rim|.icratriee arrêtais persécution et non-
;

laissH dans la religion de nos pères. Celle relijiion nous la professions,

librement jusqu'aujourd'hui, sous la [irolecliun de volie majesté impé-


riale, et nous ne pensions pas que, sans un ordre exprès de votre volonté
impériale , nous puissions être troublés dans la libre profession de la
foi que professaient aussi nos ancêtres, et dans laquelle nous sommes
nés comme eux. —
Mais les prêtres de la religion dominante, alléguans
pr.'ur prélexle que quelques-uns d'entre nous, ce (]ui n'a point en lieu,
ont été dans la communion de la religion grecqae-russe nous forcent ,

d'abjnrer noire foi, non par des peines corporelles, mais par des moyens
plus atroces, c'est à-dire, en nous privant de tous les secours spirituels,
(.Q défendant à nos propres prêlresde baptiscrnos en fans, d'entendre no?
78 RE LA PERSÉCUTÎON
confessions el de bénir nos mariages. C'est de celle manière qu'ils nous
arrachent à nos paslear».
Dans une si cruelle perféciilion, i! ne nous resle de refuge que dans la
clémence de votre majesté impériale. —
Mon-trqiie, défendez ceux qui
souffrent pour la foi. Ont signé i9o paroissiens.
Labowicz , le lo juillet 1829.
N«5.
7(8 collège eecléêiasti(fae]callioli(fU0 tléfend à t»ut prêtre d'entendre en eowf^»-
sioH toute personne tjtii ne lui serait pas bien connue.
BDIT DB S. M. I., Al'TOCRATE DE TOfTE Li nPSSIB, ÉMANANT DU COLLÈGE ECOLK-
StASTJQUE CATHOLIQUE ROMAr?«.
Conformément au décret de Sa Majesié impériale, le collège susdit a
entendu une ordonnance du minisire des affaires intérieures , chevalier
Démétrius Nicolajewicz Biudow. En nous comniuuiqnaut celte pièce, le
minisire nous a appris que le saint synode permanent ayatil à résoudre .

le cas particalier d'Elisabeth Wejlkowti. qui passait de la foi domi-


nante à la religion catholique romaine et en prescrivant au clergé grec-
,

russe de tenir ciactement note de tnus ocui qui professent la religion


dominante, a présenté ce décret au scnit gouvernant, pour qu'il fût
défendu au clergé tics autres communions, d'entendre en confession et
d'admettre aux sacremeusles personnes inconnues. Ayant reçu à ce sujet
1 ordonnance du sénat gouvernant, le ministre recommande au collège
d'ordonner de sa part à tous les prêtres catlioliques romains, de se con-
former ponctnelïement au susdit décret du saint synode, et de leur dé-
fendre sous une respons;il)iiité grave dVnlendre 1rs confesions de»
, ,

personnes qui leur seraient incoonaes , et de les admettre à la com-


munion.
Le collège, syant reçu celte ordonnance, a résolu de prescrire à lou*
les évcqu^js adminislraiitdes diocèses, et à tous les provinciaux, d'or-
donner aux prêtres qui leur sont soomis d'observer exactement le<lit dé-
,

cret du saint synode louchant la défense, sous une res[)onsabilité grave,


d'entendre en confession le* personnes inconnues. El il a communiqué
re décret au ministre des affaires iulcrieurcs, chevalier Déujckrios Kico-
lajewicz Biudow.
Signé : l'é^êquc prôsideul Ighace PA>VTOWirz.
Le secrétaire , PiEhRs Ikofimowzcz.
Toutes ces pièces ne faisaient que trop pressentir ce qui de-
vait arriver. En
s'appuyanl sur toutes ces intrigues, et
effet,
après avoir consulté les con.sciences de trois lâches évêques, les
noiMUiés Simaszko, Lticzinski cl ZuOko, l'euipeieur-pupe a décidé
par un oukase, que les Grecs catholiques-unis ne l'ormeraieut
plus qu'une église avec les Grecs scliisniaîique.'î , et que les uns -

comme autres seraient soumis à l'autorilé ••piriluelle de


les
'

l'empereur. C'est contre la lâche trahison des évoques, et con-


tre cette violation des consciences que Dieu a confié à sa garde
que s'élève le chef des catholitpics. "Nous tiuniions ce monu-
ment en latin et en françnis, afin (jue iu>s lecteurs aient soua
les yeux les propres p:irolcs émanées do la bouche du succes-
seur de Pierre.
DE l'Église catroliqie ln ri-ssie. TH
Aliocaiion du Saint - Père Grk- Saiicli»simi ilomtni i\oi/ri Gbeooru
GOiiiK XVI, dans le Consistoire se- divinà provideulià Papte Ai-XVI
cret du lo d<s calendes de décembre loculio, liibila in Consislorio se-
(2a novembre) iSôg. creto x cal. Decemb, i85g.

VÉNÉRABLES FrÈRES ! VenERABILES FrATRES !

Depuis le commencement de notre Multa quideni gra>ia et acerba


pontiticat, nous avons été force par inde ab initiu Apostoliri of'ficii
les longs malheurs des tems de \oiis munere coacli fuimus diuturnô
annoncer dans ce Heu même bien temporum ad\ersitate ex hoc ipso
des choses graves et douloureuses. loco nun tiare. At quod iu hodierno
Mais ce que nous avons à vous Cœtu ^ estro mœrorem inler ac
coaununiquer dans la présente réu- luctum Ecclesiae universae sumus
nion au milieu des afflictions et du nuntiaturi ejusmodi profecto est,
,

deuil de fEglise, est de telle nature ut ma!orum,quae alias ingemnimus,


qu'il passe de beaucoup l'amertume longe supcret acerbilalem.
des maux dont nous avions gémi
jus<{u"ici.
Personne de vous n'ignore que Nemo Vestrâm ignorai Ruthe- ,

Ifs évèques russes et toute celte il- nos Episcopos omnemque incly-
,

lustre nation qui , après avoir reçu tam nationem illam quse post sus-
l'unité catholique avec la foi chré- cepfam cum Christianà Fide Ca-
tienne, s'en était malheureusement thoiicam unilatera miserè ab eà
,

écartée, et suivait le déplorable defecerat, et proprii sermcnis usa


schisme des Grecs, en retenant l'u- Graecoque rilii rrlento îiictnosum
,

sage de son langage ordinaire et le Grscorum schisma sfqnebatur,


rit grec, que cette nation, dis-je, de firmo ac sincero ad Rcraanam
avait pins d'une fois songé avec le Eeclcsiara reditu non semeî
, divinà,

seccKirs de la grâce divine, à un re- excitante gralià cogitasse. Hinc


tour sincère et durable vers l'Eglise primum in Œcuir.enicà Florentinà
romaine. Ainsi d'abord dans le con- Synodo unà cum Grsci« Archiepis-
cile général de Florence, l'archevé- copas Kioviensis totius Russiœ Me-
que de Kiovv, métropolitain de toute tropolita celebralissimo unionis de-
la Russie, souscrivit avec les Grecs ci"elo subscripsit. Licet autem res in
au célèbre décret d'union, et quoi- irritum mox cesseril per obortas
que la chose ait échoué bienlôt après turbas, et hostiles coram conatus,
à cause des troubles qui s'élevaient qui lumini re}>ellcs schi^mati perti-
et par les efforts ennemis de ceux naciùs adhaerebant nunquara ta-
;

qui , rebelles à la lumière, adhé- men Episcoporum praesertim consi-


raient plus opiniâtrement au scliis- lia etstudia in idipsura destilerunt :
me cependant jamais les évèqu'»s illu^tqao tandem dies ausiiicalissi-
,

ne cessèrent de diriger leurs a ues mus, quô, faciente Deo reisericor-


dans le même but, et enfin on vit dias suas, Ruihcnorumgenti datum
luire 1« jour heureux où Dieu fit erat ad deserlae îlalris sinum re-
éclater sa miséricorde et où il fut verti, sanclamque illam rursus in-
doané à la nation Russe de rentrer gredi Civitatem ab Altissirao funda-
daus le sein de 'la mère qu'elle avait tam", in quà unicè fas est salutem
abandonnée, et de revenir dans iovenire. Qui cnim saeculo decimo
celte cité sainte fondée par le Très- sesfo exeunte ])isisirai Sigismundi
Haut, et dans laquelle seulement 111 Polonise et Svecise Régis ac Ma-
pu peut trouver le sakit. goi Lithuaniae Ducis civ ili domina-
Çar sur la fin du 16» siècle, les tioni suberaal Uulhcni Anlistitcs,
,

80 T)r, LA PERSÉCUTION
é^èqaes russes qui étaient soumis à cum memorià répétèrent concor-
la domination ci\i!e du pieux Sigis- diam quœ inter Orieutalcm et Oc-
mond III, roi de Pologne et grand cidentalemEcclesiamanleavigueral,
duc de Lilhuanie, se rappelant la quanique majores sui subAposlolicae
concorde qui avait existé autrefois Sedis regiminc impensè foverant ;

entre les Eglises d'Orient et d'Occi- non vi coacli aut artibus decepli
dent, concorde que leurs ancêtres non animi vel ingenii le^itile ducli,
avaient niainfrnue av,c soin sous le non teroporalis coramodi illecebris
gouvernement du iiaint-Siége, sans allecii, sed solà supernae Incis clari-
elre contraints par la >iolence ou late pertusi solà Acrilalis agnilione
,

trompe's par des artifices, sans se compiiisi , solà demum salutis suae
laisser entraîner par légèreté d'es- et commissarura sibi o\ium cupi-
prit ni séduire par des avantages dincinceusi, post habitara in com-
temporels , mais éclaires seulement muni con^eutu de tanto negotio de-
par la Uimièie d'en haut, et cédant libcraliooem per biuos Collegaâ ad
à la seule connaissance de la vérité, hanc lîeati Pétri Cathedram totius
excités enfin par le seul désii' (le leur Cleri ac Populi nomine legatos,
salut et de celui de leurs l'rcbis qui Schismaticorum erroribus penitiis
leur étaient confiées, apros a^oir ejuratis Romanae Ecclesi» rursus
,

délibéré sur celle grande affairedans consociar',pristinsequecum illà uni-


une réunion commune, eo\oyèrent tali reslitui pi>stularunt. Quo tuuc
deux de l«»urs colloguesà cette chaire caritalîs studio Clemens VIII sancle
de Pierre au nom de fout te clergé mem(M"i;ç.Pra?cessor Nodier eos inter
et du ppiipie, et après avrir abjuré Catholici Orbis plausiis exceperit,
les erreurs des srhisnmtiijues de- quà deinde soilicitudine Sancta haec
,

mandèrent d'être de nouveau en Sedes ipsns constanier fuerit prore-


sociélc a\ec l'Eglise romnine et quota, quà induigentia; sagacitate
,

d'être rétablis dans l'ancicnnC «mité tracla\rrit, quot quanlisf|ue raodis


a^ecclle. juveril, apertissimé testanlur com-
Plusirurs constitutions aposfoli- filures Apostolicae Conslitutiones ,

ques attestent a^cc quelle charité quibus tum peculiares gratiae et


notre prédécesseur Clément VIII de maxima lieneficia in genlem illam
sainte mémoire les reçut au milieu collata sunt, tum servati ipsius Cle-
des applaudissemeos de l'uniNers ro, quatens Calholicae nuitatiù non
catholique; quelle sollicitude le officcrcnt. sacri ritus ab orientalis
Saint-Sicge montra pour eux; a>ec Ecclesice consuetudiue profecti, lum
cjnelle sage indu'genre il les traita , erecta pluribus in locis, ac praeser-
ct combien il les aida en toutes ma- tim Vi!n«, vel annuo censu ditata
niéres. Par ces constitutions, des (x>llegia ad Ruthenne nationis Cleri-
gràces particulières et de grands cos in sanctitatefidei morumqueins-
bienfails furent accordés à cette na- tituendos. Molestissimum equidem
tion on laissa à son clergé les rils
; fuit, instanratam adeo féliciter cum
sacrés qu'il tenait de ses relations Uomanà Ecclesià Ruthenorum con-
avec l'Eglise d'Oriunt, et on érigea junctionem ad^ersis vicibus fuisse
en plusieurs lieux , et surtout à ^'il- progressu temporis obnoxiara. lllud
na, ou bien on soutint j)ar des se- lameu supererat omninô Isetandum,
cours annuels, des collèges pour élc- quod ingeosillorumpars, sacrorum
ver les clercs delà nation russe dans primis Prsesulum constantià
in
la sainteté de la foi et des mœurs. Il prapeunte, tam ',firmiter Apostolicae
fut triste sans doute que cette union Sedi devota, atque ab hoc unitatii
DE l'Église catholique en rlssik. 81
si heureusement rétablie des Russes cenfro indivulsa permanserit , ut,
avec l'Eglise romaine ait été expost'e seipeulihus licet clapso sseculo per
"dans la suite des lems à de fâcheuses suas rcgioiies inanis philosophia;
altérations; mais il resta toujours à lallaciis pravisque opinionum coni-
se réjouir de ce que la plus grande mentis, à Calliolicse doctriuœ fidei-
parlie d'entre eux, guidés surtout que iutfgritate nuUimodc dellexerit.
par la constance des évùques , se soit
inontrce si t'orlement déxouc'e au
Saint-Siège, et si attachée au centre
de l'unité, nue malgré les erreurs
d'une \aine philosophie qui se sont
glissées dans ces pays le siècle der-
deruier , et malgré les opinions
fausses et perverses, elle n'ait point
dé^ié de l'intégrité de la doctrine et
de la foi catholique.
ÎMais ,ô maiheurenx change- At, o mîseram etinfelicera rerum
ment! ô calamités qu'on ne peut convorsionern (3 durissiniam et
!

assez déplorer pour les iiusses ceux


! nunrjuam satis lamentandam ï\a~
qui leur avaient été donnés comme theuse gentis calamitatem! Quos
pères et pasteurs, ceux qui devaient uamque patres ac pastorcs proximis
être leurs mailres et leurs guides tcmporibus acceperat, quosque id-
pour rester unis par des liens plus circô duces ac mngistros csperiri
étroits au corps de J.-(]., qui est debuisset , ut arctiori usque nexu
l'Eglise, ceux-là ont été peur le corpori Christi quod est Ecclesia
,
,

malheur de la nation, les auteurs juncla scrsarelur cos uuper in


;

d'une défection nouvelle. Voilà , exlremam suam pcrnicieni sensit


vénérables frères, ce qui nous tient no\3e dcfectiouis auctores. l\vc
dans une anxiété; voila ce qui ajoute porro est, Venerabiles Fratrcs
aux amertumes qui nous arri\eut (juod Nos anxios ^ehementer et so-
dé tontes parts, et co qui demande licitos habct hoc ad ingrueut.s
:

des larmes j)lutôt (jue des paroles, uiidique amnritudines accessit Ja—
Nous l'avouons, nous ne pouvions crymis polius quam verbis comme-
nous résoudre d'abord a ajouter foi mora ulum. i'atemur quidem. Nos
a tout ce que les bruits publics ra- inili.> adduci nequaquam potuisse,

contaient sur ce triste éxénemeut; ut tidein iis omnibus adhiberemus


nous songions à la grande dislance quœ hàc tristi de re fuerant rumore
des lieux et à l'extrême difficulté perlala; iiisricctà prseertirn summà
que nous éprou\ior.s de commuiii- locorum dislanlia, et gravi qui au-
quer a\ec les catholiques de ce pavs. giiiiur dilticultate cum Calliolicis
C'est pour ce'a que nous avdiis (lif- pissiux :bi degeutibus communi-
féré jusqu'ici d'éle\cr la \oix et de can.li. Atque id causse fuit, cur
nous plaindre proportionément à la haclenùs distuierimus clamores
grandeur du mal. questusqueNostros pro mali magni-
tudine at loi 1ère.
Mais des nou\elles certaines étantAt certis subindenuutii'^acceptis,
arrivées depuis . et la chose ayant reque per publicas ephemeridas
été expressément annoncée par ies j un palara evulgatà, siculi altissime
journaux, il est malheureusement dolendum, ila minime dubitandum,
aussi incontestable que douloureux plures cxKuthenis Unitis Episcopos
que plusieurs évèques russes unis in Lithuanià et Alhâ Russià cum
,
,,

80 DE LA PERSÉCUTION
évéques russes qui étaient soumis à cum memorià répétèrent coacor-
la domination chile du pieux Sigis- diam quôe inter Orienlalcra et Oc-
mond III, roi de Pologne et grand cidentalemEcclesiaœanleavigueral,
duc de Lilhuanie, se rappelant la quaniquc majores sui subAposlolicœ
concorde qui avait existé autrefois Sedis regimine impeosè fo\erant ;
entre les Eglises d'Orient et d'Occi- non vi coacti aut artibus deceplî
dent, concorde que leurs ancêtres non animi vel ingenii le^it île ducli,
avaient maintenue av'c soin sous le non teroporalis coramodi iilccebris
gouveroeraeut du Saint-Siège, sans allecii, sed so!à supernïe lucis clari-
elre contraints par la \iolence ou laie pertusi,solà ^erilalis agnilione
trompés par des artifices, sans se compulsi, solà demum salutis suae
laisser entraîner par légèreté d'es- et commissarum o\iura cupi-
sibi
prit ni séduire par des avantages dîne inceusi, post habitara in com-
temporels , mais éclairés seulement muni con\ eutu de lanto negolio de-
par la lumière d'en haut, et cédant liberalionem per biuos Collegai ad
à la seule connaissance de la vérité, hanc Oeatî Pelri Cathedram totius
excités enfin par le seul désii' (le leur Cleri Populi noraine legatos,
ac
salut et (le celui de leurs brebis qui Schismalicorum erroribus penilùs
leur étaient confiées, apros a^oir ejuratls Romanae Ecclesi» rursus
,

délibéré sur celte grande affaire dans C(insociar',pristinaequecum illà uni-


une réunion commune, en\oyérent tali restitui pi>stularunt. Qiio tune
deux de If urs coilrgues à cette chaire caritatis studio Clemens VHI sancle
de Pierre au nom de tout te clergé memoriïe.PrsecessorNnilereosinter
et du peuple, et après a\^ir abjure Catholici Orbis plausiis excepevif
les erreurs des scîiisnir.îiqurs ,de- qun deinde soilicitudine Sancta h;EC
mandèrent dVire de n(»ineau en Sedrs ipsos constanier fuerit prose-
société a\ec l'Eglise romaine, eiquuta, quà iuduigcntiae sagacitate
d'être rétablis dans l'ancicuné unité •ra( ta\rrit, quot quantisque raodis
a\eccl!e. juveril, apertissimè testanlur com-
Plusieurs constitutions aposloli- [)lures Apostolicae r.onslitutiones ,
ques attestent a\cc quelle charité quibus tum peculiares gratiae et
notre prédécesseur Clément ^ III de maxima bénéficia in gentcm illam
sainte mémoire les re(:ut au milieu collata sunf,tum servali ipsiusClc-
des applaudissemeos de l'unisers ro, quatens Calholicœ nuitaliù non
catholique; quelle sollicitude le officerent. sacri ritus ab orientalis
Saint-Siège montra pour eux; a>ec Ecclesite coasuotudinc profecti,lum
quelle sage indu'gpure il les traita , erecta pluribus in loris, ac praeser-
ct combien il les aida en toutes ma- tim \iinrp, \el annuo censu dilata
niéres. Par ces constitutions, des CoHegia ad Ruthenne nalionis Cieri-
gràces particulières et de grands cos in sanclitatefidei morumqueins-
bienfails furent accordés à cette na- tituendos. Molestissiroum equidem
tion on laissa à son clergé les rits
; fuit, inslanratam adeo féliciter cum
sacrés qu'il tenait de ses relations Komanà Ecclesià Ruthenorum con-
avec l'Eglise d'Orient, et on érigea junctionem adversis vicibus fuisse
en plusieurs lieux et surtout à Vil-
, progressu teraporis obnoxiam. lllud
na, ou bien on soutint par des se- tamou supererat omninô laetandum,
cours annuels, des collèges pour élc- quod ingens illorura pars, sacrorum
ver les clercs de la nation russe dans in primis Prsesulura constantià
la sainteté de la foi et des mœurs. Il prapcunle, tani ifirmiler Aposlolirse
fut triste sans doute que cette union Sedi devota, atque ab hoc unitatis.
s

DE L*ÉGLISE CATHOLIQUE EN RUSSIE. 81


sîheureusement rétablie des Russes centro indivulsa permanserit, ut,
a\ec l'Eglise roraaiue ait été exposée serpeuiibus licel clapso sseculo per
dans la suite des teins à de fâcheuses suas rcgiones inanis philosophia;
altoratious mais il resta toujours à lallaciis })ravisque opiniunum coni-
;

se réjouir de ce que la plus graude mentis, à Catholicse doctrjuae fidci-


partie d'entre eux, guidés surtout que iutegrilate nuilimodc dellcxerit,
par la constance des évèques se soit,

lûontrre si fortement dévouée au


Saint-Siège, et si attachée au centre
de l'unité, que malgré les erreurs
d'une \aine philosophie (jui se sont
glissées dans ces pays le siècle der-
dernier , et malgré les opinions
fausses et perverses, elle n'ait point
dé^ié de l'intégrité de la doctrine et
de la foi catholique. ,_

^lais, ô malheureux change- Al,o mîseram etinfelicem reruin


ment! ô calamités qu'on ne peut ccuivcrsionetn (3 durissimam et
1

assez déplorer pour les ilusses ceux ! nunquam salis lamentandam Ru-
qui leur avaient été donnés comme thcuae gentis caiamitatem! Quos
pères et pasteurs, ceux qui devaient uamcpie patres ac pastorcs proximis
être leurs maîtres et leurs guides tcmporibus acceperat, quosque id-
pour rester unis par des liens plus circù duces ac m.igistros experiri
étroits au corps de J.-(]., qui est debuisset, ut arctiori usque nexu
l'Eglise , ceux-là ont été peur le corpori Christi , quod est Ècciesia
,
malheur de la nation, les auteurs juncta scrvarelur ; eos miper in
d'une défection nouvelle. Vo là exlremam suara pernicieni sensit
,

vénérables frères, ce qui nous tient novae dcfectionis auclores. Hoc


dans une anxiété; voila ce qui ajoute porro est, \ enerabiies Fratres
aux amertumes qui nous arrivant quod Nos anxios vehemenlcr et so-
dé toutes paris, et ce qui demande licitos habet hoc ad ingruent.
:

des larmes plutôt (jue des paroles, uadique aiunritudines accessit J;>.-
Nous l'avouons, nous ne pouvions crymis polius quam \erbis corome-
nous résoudre d'abord à ajouter fui moia.idum. Fatemur quidem, Nos
a tout ce que les bruits publics ra- inili.i adduci nequaquam potuisse,
contaient sur ce triste événement; ut tidem iis omnibus adhiberemus
nous songions à la grande dislance quœ hàc Irisli de le fuerant rumore
des lieux et à l'extrême difticulté perlala; insncctà prassertim summà
que nous éprouvions de commuiw- locorum dislatilia, et gra\i qua an-
quer avec les catholiques de ce pays, gimur dil'ficullalc cum Calhoiicis
C'est pour ce'a que nous avons flif- p'ssiui ibi degeutibus c.ommuni-
féré jusqu'ici d'élever la voix et de candi. At([ue id causas fuit, cur
nous plaindre proporlionément à la haclenùs distwierimus clamores
grandeur du mal. questusqueNostros pro mali magni-
tudiue allollerc.
Mais des nouvelles certaines étant At cerlis subinde nuntii'^ acceptis,
arrivées depuis , et la chose ayant reque per publica^i fphemeridas
été expressément annoncée par les j »m paîara evnjgatà, sicuti altissime
journaux, il est malheureusement doleudum, ila minime dubitandum,
aussi incontestable que douloureux plures exKuthenis Unitis Episcopos
que plusieurs évèques russes unis , in Lithuanià et Albà Russià cum
,

èk DE LA VERSÉCUT. DR l'ÉGLISE CATUOL. EN RUSSIE.


avec force l'injure que leur attentat divii est m miscricordià cogitât coït'
^

a faite à l'Eglise calhoii.^ue. Mais silia pucis *;/ non afflictionis iinmo
, ,

comme nous tenons sur la terre la etiam venit (fuœrcre et satvuin faccrc
place de celui , qui est riche en misé- quod perierat ; quin Apostolicam in
ricorde , qui a des desseins de paix et ipsos carilatem penitus exuamus ,

non d'affliction et qui même es/ leiitt unumquemcjue illorura studiosissi-


,

chercher et sauver ce qui périssait, me admonemus ut animo reputent


,

loin de nous dépouiller euAers eux unde excideriut , et in quas formi-

dc la charité apostolique. nousa\er- dabiles pœnas juxta sacros Canones


tisîons soigneusement chacun d'eux fuerint prolapsi videant que aeter-
;

de penser d'où ils sont tombes et uam sui salulem oblili temerè per-
,

quelles terribles peines ils ont eucou- gant; paveant frincipem Pastonmi
rues suivant les sacrés canons; qu'ils sanguinem clepcrdilarnm o\ ium ex
\oient où is vont lémérairemenl, ipsurum manibus lequisilurum ac ;

oubliant leur salut éternel (\u Us terribilis erpetatione Judicii s^ilahri-


;

craignent le prince des pasteurs i|ui ter percuisi in viam justitiœ et xeri-
leur redemandera le sang des brebis tatis, à «[uà procul alerrarunt sese ,

perdues, et que frappés posir leur dispeisumque miseiè gregem redu-


bieo par Cattente du terribUjugement, cant.
ils rentrent dans la voie de la justice

et de la vérité dont ils se sont éloi-


gnés et y ramènent avec eux !c trou-
,

peau si misérablement dispersé.


Après cela, nous ne pouvons dis- Post ha:c dissimulare minime pos-
simulcr, vénérables frères que la sumus, \ enerabiles Fralres iaîiiis
,
,

cause de notre douleur sur la situa patere causam doloris Nostri de rci
tion des affaires catholiques ilans !e catholicaeinvastissimis Russiaci im-
\aste empire de Russie s'étend bien pprii tinibus conditione. Novimus
plus loin. Nous savons combien no- fiiim quanlis iilic Religio nostra
tre sainte religion y est depuis long- sanctissima jamdiù premalurangus-
tems Hccablée d'angoisses. Nous t'^s. liis sane levandis omnem pasto-
n'avons cerlainement pas négligé ralis sollicitudinis operam impen-
d'appliijuer tous les soins de notre dere non pra;termisimus; nullis-ijua
sollicitude pastorale aies soulager, in posierum parcemus curis apud
et nous n'épargnerons rien à ra\enir potentissimuu Iraperatorem, adhuc
auprès du puissant empereur , espé- sperantes Ipsum pro suâ icquifate
,

rant encore que dans son équité et ac exrelso quo est animo, postula^
dans son esprit élevé il recevra avec tiones et \ota Nostra benevoleacce(>-
Lien\eillance nos vœux et nos de- turura. Quem in finera commnni-
maudes. Pour arriver à cette fin bus precibus adeanuis cum fiducia ad
,

approchons-nous avec confiance du thromim gratiœ, Palremviisericordiu-


trône de rn-àce priant tous ensemble runi et Deunx toltus consolationis ui\a-
,

le Père des miséricordes et le Dieu de nimiter obsccranles nt in hi'redi-


,

toute consolation qui regarde avec talcm suam benignusrespiciat Ec- ,

bonté son héritage, (ju'il console par clesiam sponsam suam filiorum jac-
un secours opportun. l'Eglise son turamacerbissimè plorantem o/ipo»--
épouse, qui pleure amèrement la '"«O(7ujr(7(osolctur, optatamquediù
perte de ses enfaus , et qu'il accorde in tôt adversis serenitatera clemen-'
dans sa clémence unesérénité long- tissimè largiatur.
.

tems désirée au milieu de tant d'ad-


versités.
J A T i:^Ll 85

DE PHILOSOPHIE CHRETIENNE.

SUR LE PROGRES
DES

ETUDES PHILOLOGIQUES
ET ARCHÉOLOGIQUES
DAiNS LEUKS KAPPORTS AVEC LA IJIBLE.

Progrès des éfudes philologiques en Allemagne. — Elles tendent à dé-


montrer l'iinifé d origine des races humaines.— Sur les Zuzim de lai

Bihle. — Sur les Amazones. — Sur les sacrifices primitifs. — Sur


les noms de Dieu. — Sur rastronoraic primitive. — Etudes nouvelles
sur le déluge.

Nous uous faisons un vrai plaisir d'insérer la letti'e suivante


adressée à M. de Paiavey, par M. Frédéric de Rougeniont sa- ,

vant profond et modeste, qui, à jNeufcbâtel en Suisse, tourne


toutes ses études à montrer l'accord qui existe entre les décou-
vertes faites par la science moderne et la Bible. Nous espérons
même que ce ne sera pas la seule communication que nous rece-
vrons de lui. Ses travaux sont précisément ceux qui nous occu-
ni' hkiMh. roMK f.— N" 2. 4840. 6
.

86 ^KOl;RÈ^ SE!) tllDES PHILOLOGK^UE»

peut depuis dix ans, et le but est le même, le triomphe delà


vérité Biblique contre tousses détracteurs.

Monsieur,

Je m'empresse de vou:* remercier de votre nouvel en-


voi. J'ai lu votre dissertation sur les Ting - Ung '^ avec
toute l'attention qu'elle mérite ; et je destine le second exem-
plaire à C. Rilter, l'illustre auteur de la Géographie comparée
dont V Afrique a paru en français, et qui a fait des recherches
analogues aux vôtres sur les premiers tems de l'histoire, et en
particulier sur le Bouddhisme primitif. Il devient de plus en
plus évident que l'origine des peuples n'est pas un mystère
impénéirable, et le jour se lève peu à peu sur cette région téné-
breuse. Le X'' chapitre de la Genèse^ la linguistique, l'histoire
naturelle et les recherches archéologiques, tels sont les moyens
mis à notre portée pour la solution de ce problème ; mais la lin-

guistique est à sa naissance et les archéologues ont encore bien


des mines à exploiter. Quelle chose surprenante n'est-ce pas que
de retrouver les fables d'Hérodote dans de vieux livres chinois
qui en doniieul l'cxplicaiion ? Il serait certes vivement à dési-

rer que ces livres fussent enfin traduits, et le inonde savant doit
vous être recoimaissant de vos efforts pour les faire connaître.
Je ne possède pas les Annales de philosophie chrétienne^
auxquelles je regrette de RC mètre pas abonné dès l'origine ;

nul ne possède à Neuchâiel cette collection précieuse. Si quel-

ques-uns des rédacteurs connaissaient l'allemand, je me per-


mettrais de leur recommander l'ouvrage de Xilander sur les lan-
gues des Titans % qui prouve la possibilité de rattacher aux lan-
gues indo-germaniques celles des Mongols , Mandchoux, Turcs
et même des Chinois celui de VuUers sur la parente du Tibétain
;

avec le sanscrit , et celui de Rauienbach sur le chinois. Ces ou-


vrages rattachent ces langues de la race mongole à celles de la

race caucasienne , et sont un éclatant témoignage en faveur de

Moïse et de la Bible. Je suis convaincu que la linguistique arri-

* Extraite de nos Annales, U\i\. ]». 94.


-
DtM Spraihgesehleeht dfr Titaimi VVankfurl. . ISV
ET AUCHtULUil(^Ut>. 87

vera à confesser que tous les peuples actuels ont Noé pour a"ieul,
et que ni les Moneols ni les Nègres n'ont é^lnppé au déluf^e. Je
connais l'opinion de Cuvier ', et je ne la crois pas en opposiiiou
avec la Bible ; mais elle sera, je le crois, renversée par la science

même Elle est déjà fortement ébranlée pour les Monjjols,


comme je viens de vous le dire : les ressemblances entre leurs
langues et les langues indo-germaniques sont telles qu'il faut les

faire dériver touies d'une souche commune ( le Japliet des Ecri-


tures), qui ne peut être que celle dont est sortie la branche pa-
rallèle des langues sémitiques et les langues japhétiques ont à
leur tour nssez de points de ressemblance avec les buigiies sémi-
tiques pour qu'il soit impossible de méconnaître leur parenté.
Quant aux Zuzims et autres peuples de géans de la Genèse^
j'ai, depuis votre lelti-e, recheiclié et rapproché les passages de la
Bible qui parlent d'eux et Ifs traditions orientales, et je suis ar-

rivé à la presque certitude qu'ils sont lous des Camitcs. Je vous


en épargne preuves qui me mèneraient un pea
les loin, mais que
je suis toutefois prêt à vous fournir si jamais vous le dédiriez *.

En rattach mt les Taures et Centaures aux Scythes , aux


Slaves et à Thiras qui est le père des Tliraces. vous les mettez en
rapport de parenté avec les Hellènes et les Pélasges qui forment in-

contestablement avec les Thraces^une même famille linguistique;


or, Hérodote affirme que les Scythes sont les parens et les aïeux
des Hellènes, et cette thèse singulière a déj i éié soutenue par
d'Hancarville ^; or, Xylander consacre son ouvrage à démontrer
que le mandchou surtout et le mongol offrent de grandes res-
semblances avec le grec le plus ancien, tant dans leur grammaire
que dans leurs racines, et il croit retrouver dans ces peuples mon-
gols, les descendans des Scythes et des Titans ; mais cette der-
nière assertion est très hypothétique et ne repose ^uère que

* Cuvier croyait que les Nègres avaient échappé au déluge.


* Nous espérons que 1 auteur voudra bien nous les communiquer, et
nous empresserons de les publier. (Note du rédacteur.)
' Recherches sur l'origine el les progrès des arts de la Grèce. Loa-
dres, 1786.
88 MlOGui.^ Uti> i'IlJDES PIIILOLOGU^L E»

8U1* l'explicalion étymologique, an moyen des langues mongoles,


de quelques mots scythes que nous ont conservé les anciens.
Je trouve à ce sujet quelques lignes sur les Amazones que je

TOUS transcris; vous verrez si elles peuvent vous être d'une


grande utilité. Hérodote nous a conservé le nom Scythe des
Amazones ", OtopTraxa ( Oiorpata), lequel signifie en grec meur-
trières d'hommes. Or, l'homme ( vir ) s'appelle en mongol ère
(oerce) et en turc er^ ce qui est évidemment le mot oior d'Hérodote;
pata, en mandchou signifie ennemi, rebelle ; le \evhepatalame,
combattre ,
faire la guerre- or, en grec, appv;v signifie maie et ua-

T£w, xaTacffco signifie battre, pousser, forcer. Cette étymologie m'a


rappelé ce roi scythe dont parle Justin, d'après votre disserta-
tion , Panasagore ; où l'on retrouve ce même mot orc, qui signifie

homme en mongol et en turc.

Encore, d'après Xylauder, ^rimaspe est formé, selon Hérodote,


d'arima, unique et de spou, œil. Xylander ne sait comment expli-
quer le premier mot ; mais voir, en mandchou esiSaboumc, d'où
est venu sans doute, spou, œil. — Le nom du pays Exampœus,
qui doit signifier roule sacrée, se décompose en mandchou eu,
oksome aller, et pa ou pi, lieu, pays
, le pays où Von marche. :

Ce que vous me dites de cette religion primitive avec des


sacrifices non sanglants de pain et de vin, m'a beaucoup frappé.

Noé était laboureur , nous dit la Genèse ; et il y a long-tems


qu'on a rapproché Bacchus, le dieu de la vigne, de Noé qui
l'a cultivée le premier.
Je me souviens d'une dissertation allemande où l'on déduisait
le nom Dieu dans toutes les langues, de ceux de Jehova et de
Bouddha, qu'on supposait avoir été les deux noms de Dieu après
le déluge, avant la confusion des langues ; et j'ai été frappé de
la quaniité de noms de Dieu qui se rapportaient à Bouddha. —
C. Ritter, dans ses Propjlces de Vhisloirc antérieure à Hérodote ",

admet aussi comme la plus ancienne religion, un Bouddhisme


' ïà; 8ï Àaaiicva; /.aXî'ouo'. ci i/.ùôat Otia:;aTa, (ou AîcsTraTa)* ^ùvarat Sï ri

cuvcjjia TCÙTO y.aTa E>,/.;'.o7. fXwaaav àv5'po>iTo'>e'.' Oïôp "j'àp /caÀsouci tov àv^ca, rb

^3 na-à, xTc'vciv.Liv. IV, chap.lIO.


^ Vorhalkder, etc., etc.
FT \P.rMI^Or.OGTQUES, 89

très pur, dont il suit les traces à travers toute l'Asie, jusqu'en

Grèce; il admet des émigrations de très anciens Bouddhistes q^i\,

dans des tems très reculés, auraient pénétré du centre de l'Asie,

par les roules que la nature ouvre au commerce, jusqu'au Cau-


case, au Pont-Euxin, en Thrace et en Grèce.
Un savant comme M. Wiseman devrait réunir les résultats
de l'astronomie, sur la source commune où les peuples anciens

ont puisé leurs zodinques, leurs constellations, leurs divisions


du tems et surtout leurs longues périodes. L'histoire di l'astro-
nomie de Bailly fourmille déjà de données précieuses pour
l'arcljéoloyie. Les résultats de la linguistique qui établissent la
commune origine de toutes les langues et leurs divisions eu
branches principales; les traditions communes et les mythes
communs qui réunissent en un même faisceau Sémitiques
Egyptiens, Chinois , St-andinaves , Mexicains ; le? résultats des
recherches historiques analogues aux vôtres , à celles de Rit-
ter, etc., réalisent ainsi Texistence dun peuple primitif (avant
et après le déluge ) ,
qui est comme le grand et vieux tronc
de rhumanité historique.
Je suis occupé à préparer un cours public que, Dieu aidant,
je désire donner à Neuchâtel , sur la cosmogonie , !e déluge et
l'origine des races. Yous me trouverez bien hardi de venir, après
Wiseman que je connais , traiter ces niêmes sujets ,
au lieu de
renvoyer simplement à son livre très lemarquable mes futurs
auditeurs. Mais je crois qu'avec son secours il est possible de
fair un pas de plus, et de démontrer d'une manière [dus précise
la concordance de la science et de la révélation je ne me suis ;

mis que depuis peu de tems sérieusement à l'ouvrage, et je n'ai


pas encore de résultats positifs et arrêtés dont je puisse vous entre-
tenir. J'étudie pour ce moment les premiers chapitres de la Ge-
nèse avec tout le soin dont je suis susceptible, pour y comparer
plus tard les traditions des païens et les résultats des sciences
physiques.
jN'ous avons à Neuchâtel un savant dont je vous ai déjà parlé,

M. Agassiz ,
qui est un vaillant champion de la science, et avec
lequel il y a de la témérité de ma part à vouloir lutter. Mais il
n'est pas ennemi du cliiislian-snie, tant s'en faut ; et, anrès tout,
le succès est assuré au nain qui a quelques giauis de foi, conlre
lesgiauds Goliaths du rainp des Phili.-tins.
Je dé-ire en particulier rtcuedUr les traditions relatives au Dé-
luge, pour y reconnaître les peuples qui n'ont aucune tradition
semblable, et ceux qui se souviennent ou d'un dé uge en géné-
ral, ou du deluye de iVoé (avec l'aicbe, la colombe). Pouriiez-
vous m'iudiquei' des écrits qui m'aident dans mes recherches,
outre Its vôtres et Wiseman? Je désire éclaircir en particulier la
question de savoirs» les Monj'.ols n'ont aucune tradition du déluge?
ce qui sans doute ne signifierait rien, si ces peuples n'ont, comme
les peuples sauvages ou nomades, aucune tradition quelconque.
Je suis imp.itient de voir paraître la réfutation de Strauss
dont vous me dites un mot. L* cause du chrisiiauisme réclame
de vigoureux champions pour repousser toutes ces attaques des
Strauss, Salvador, Depuis et consorts ^ mais où les trouver? et
quand il s'en élève , le public ne les écoule pas ; et cependant
la révélation reste révélation, connue le soleil n'eu est pas moins
soleil malgré ses éclipses ei ses nuages. Puissent seulement nos
âmes se réchauffer aux rayons du soleil de justice I

Votre tout dévoué ,

Frédéric de ROUGEMONT.

Saint- Aubin (canton de Neucbâtel) , 27 octobre 1839,


vorrri^n ni?<i>cn"T<. 91

^rûMttongi primiliDf6.
îui nox.

DOCTRINES HINDOUES,
EXAIMINiES, DISCUTÉES ET MISES EN RAPPORT AVEC LES
TRADITIONS BIBLIQUES.

6iiimf jet îi^rnUi- article.

HISTOIRE DU BOUDDHISME.

Le boaddhisme èfet-îf une religion réelle? — De Bouddha. — Doutes sur


son exîstericè'^ Similitudes persanes. — Confusion des dates assignées
à sa nsissantfe. — Ses légendes. =— Caractère de sa doctrine. — Diffé-

rences avec le Brahmanisme. — Multiplicité des religions dans l'Inde. ^-


Finissent toutes par le panthéisme.

''VIII. Les mêmes incertitudes que nous avons signalées dans


l'histoire duSimisïne^ du Fichnnuïsme et du Brahmanisme se re-

trouvent quand nous voulons rechercher les orij^iiies et l'histoire

du Bouddhisme. «Il n'est pas dais toute l'histoire de l'antiquité de


uuestion à 1 1 fois plus importante et plus dilllcile à résoudre que
celle cjui concerne Bouddha. D'un côté, par son nom, par son ca-
ractère astronomique, par ses rappoits non-seulement avec le sys-
tème entier de la mythologie et de la hilosophie religieuse des ]

Brahmanes, mais encore avec nombre d'autres religions, ce per-


sonnage vraiment mystérieux semble se perdre dans la nuit des
tems et se rattacher par un lien secret à tout ce qu'il y a de plus

' Voir le 5* article dans le N" 1 ci-dMsn!i, page 83.


9*2 noeFBr^ï^ hinbolks.

antique ei de plus obscur, soit dans rOrient , soit dans l'Occi-


dent; de l'autre, par son rôle d'incarnation clairement tracé, par
les détails de sa légende uniformément racontée chez vingt

peuples divers, tnfin par la mission de réformateur qu'on lui


attribue et par la natuie des institutions qui lui sont propres,
Bouddha paraît au grand jour de l'histoire comme l'auteur ou
comme l'étendard d'une des dernières révolutions religieuses qui
se soient opérées dans l'Inde... Bouddhauaqmt parmi les Hindous ;

son nom n'a pas cessé d'être révéré par eux : long-tems ses ado-
rateurs vécurent paisibles, respectés même, entre les sectes nom-
breuses qui se partagent le pajs; et cependant, depuis plusieurs
siècles. Bouddha ne jouit d'aucun culte dans l'Inde ses temples, :

ses idoles y sont renversés ou abandonnés et, taudis que sa doc- ;

trine répandue au loin vers le sud, l'orient et le nord, enveloppe

pour ainsi dire l'Indoustan de trois côtés, l'Indoustan seul s'obstine

à la repousser Le Brahmanisme et le Bouddhisme for-


de son sein.

ment deux grandes églises où les sectes pullulent dès long-teras,


mais sous des noms divcts, mais qui n'en restent pas moins op-
posées l'i'.nf^ il l'autre en général, la première comme orthodoxe
et antérieure, la seconde comme hétérodoxe , schismatique et

par conséquent plus récente.


« Bouddha est un nom générique fort ancien, selon toute appa-

rence , dans la mythologie des Hindous; il signifie savant, sage,

intelligence excellente et supérieure; il s'applique à l'intelligence

unique et suprême, à Dieu. Mais il a bien d'autres applications;

et la première difficulté qui se présente, c'est de savoir jusqu'à


quel point l'on est fondé à l'approprier à un personnage déter-
miné à un individu astronomique métaphysique ou , historique,

fictif ou réel Ce nom est identique au fond avec celui du Mouni


ou solitaire qui est notre planète de Mercure, et dont la fable fait

un fils de Tehandra (la lune mîde) et de Tara, femme de Fri-


haspaii (la planète de Jupiter). Bouddha (planète) naquit,
dit-on,une seconde fois de Souhra, etc.... Ailleurs, on nous parle
de plusieurs Bouddhas comme de plusieurs i>/e«ou5 chargés , ,

ainsi que ces derniers, de vivifier le monde par la parole, à cha-

que période nouvelle »1e^création ; ce soroient autant d'avataras


— .

«itSTOIBE DU tOlJDDHISMF. 9.*^

OU incarQations du suprême Bouddha, identifié avec le Très-Haut;


et le Bouddha de la période actuelle aurait pour suruom Gau-
tama, pour désigner qu'il estjils ou descendant de Golama,\'un des
richis. —
L'un autre côté, les brahmanes s'accordent aujourd'hui
encore à compter Bouddha parmi les incarnations de Fichnou ;
ils en font la neuvième et le placent immédiatement après
,

Crichna ' ».

» Mais il y a de grandes variations sur sa date ; les uns le pla-


cent dans le troisième âge ,
peu après la mort de Crichna ; les
autres, au commencement de l'âge actuel ou Cali-jouga; d'au-
tres enfin long-lems après que ce quatrième âge eut commencé,
et seulement 1,366 ans ou 1,000 ans environ avant J.-C. ». »
Et, de même qu'ils ont répandu sur le Bouddha-planète je
ne sais quel blâme d'une influence funeste , de même , tout en
reconnaissant le Bouddhavatara , ou ils gardent sur lui- un silence
absolu, ou rompent le silence^^^est encore pour mêler un
s'ils

vague reproche aux hommages qu'ils ne peuvent s'empêcher de


lui rendre. Il y a là quelque grande énigme historique dont nous

ne sommes pas près de trouver le mot tout entier ^ »


» D'anciens monumens trouvés dans l'Inde le décorent de
tous les noms donnés à T^ichnoii et à Crichna , son représentant
suprême, avec lequel il offre de frappantes ressemblances * ».

Bouddha jOue évidemment plusieurs rôles divers dans la reli-


i>

gion des Hindous et, soit par ses caractères intrinsèques, soit
,

par ses attributs extérieurs, il se rattache à la fois aux trois sys-


tèmes dans lesquels cette religion nous a paru se diviser. Ses
rapports avec 5tVrt sont manifestes ; aussi son image est-elle pla-

cée entre les symboles ei les dieux du Sionisme dans les plus an-
ciens temples de l'Iode , et lui-même fit alliance avec Scva, trop
faible pour résister seul à ses ennemis- D'un autre côté, il com-
plète la série des incarnations passées de F'ichnou , et continue

'
• Creuzer, p. 285, 286, 387.
* Jbid.^ p. 189.
^ Jbid., p. 287.— ^^ l'es., t. Il, p. 175. Jjin Akbery, t. m , p. 157.
* //«rf., p, S91.
94 DociaiNKs Bijn^ooEs.

Crichna. Dans le Brahmanisme ^ c'est une planète, mais c'est


aussi un Mouni, un fils de Richi, un Richi même peut-être ;

et l'on entrevoit je ne sais quelle correspondance entre les Boud-


dhas et les Menons qui président également aux périodes succes-

sives du monde voilà donc trois Bouddhas difFérens,et, dans le


;

dernier, une chaîne indéfinie d'autres Bouddhas, conforme à la


série indéfinie des créations ' ».

M. Guigniaut va jusqu'à se demander 9'il n'est pas illusoire de


chercher lequel des Bouddhas fut le premier, et s'il y eut réelle-
ment un Bouddha homme, philosophe , législateur. Pour lui , il

est porté à réduire toute la religion dt- S brahmanes à jtrois sym-


boles fondamentaux, bases de la doctrine secrète , et présentés

sous d'innonïbrables faces dans les mythes populaires : Bouddha,


Maya, Brahm, etc. Par une opération familière à nos symbolistes
allemands, Bouddha s'ésdinoviii en abstractions c'est-à-dire en ,

fumée. Kous allons cittr ce passage tout entier comme un échan-


tillon des procédés de la nouvelle école. > ,
'.i.iac:.!. : riù, •
'

f Oum (vache, comme Dherma, bœuf) Brakma^ , Crichna ^ le

double Cania , Bouddha, Calhi ou Maidari , pour ne citer que


les formes les plus saillantes de ce symbole unique, c'es^t le finit
de l'alliance des deux principes ci\a.\.e\xvs , àt Swa-f^ichnou,
aussi bien que de BrahmrMaja; c'est le fils par excellence; c'est
le démiurge chargé de développer la création première ; c'est le
régénérateur et le régénéré; c'est le monde et l'homnie à la fois j

c'est le verbe ou la parole créatrice descendue et incorpoi ée dans


la matière; c'est la vie physique et la vie intellectuelle dans leur
union ; c'est l'esprit, le souffle et le corps mystique de Brahnt ;

c'est le moyen ou le médiateur par lequel s'opère le salut; le ré-

parateur et le destructeur; c'est-à-dire, dans le vrai sens de la


doctrine brahmanique, la résolution de la dualité dans l'unité,
le .retour à Dieii, et, moralement parlant, la destruction du
moi, l'absorption de toute forme dans l'eue , de toute exis-
tence passagère dans l'existence immuable du phénomène dans
,

la substance ' ».

* Creuzer, p. S95.
» lbid.,y. 597.
Mais notre savant lui-même, comme s'il avait quelques scru-
pules sur la lôf;itimité de ses conjectures, s'empresse de nous as-
surer que néanmoins il est loin de croire que dans Bouddha ^

comme dans Crichna , il n'y ait pas im côté historique ; « c'est

jnême, ajoute- t-il, à ce qu'il nous semble, par où. le \ ichnouïsme


se di.stiu[jue essentiellement du Sivaïsme. » CV/cA«a, et Bouddha
surtout, ont réellement attaché leurs noms à deux époques suc-
cessives qui apparaissent comme deux révolutions religieuses
auxquelles la philosophie prit beaucoup de part. « Cela suffit-il

pour nous autoriser à voir dans Bouddha, symbole antique de


la sagesse, dé la science et de la vertu , être manifestement, quoi-
que diversement, allégorique, un réformateur humain, un chef
de secte ou d'école et l'auteur d'une grande révolution ? Nous ne
le pensons pas , ou du moins il faudrait convenir que l'homme ,

la doctrine et le dieu ont été singulièrement mêlés et confondus


ensemble ' ».

Ici se présentent deux objections: d'abord, la légende de


Bouddha , quoique chargée de détails évidenjment mytholc^-
ques , semble recouvrir un fond historique très réel; ensuite, on
a cru reconnaître un accord frappant entre les dates auxquelles
les difFérens peuples qui ont reçu la doctrine de Bouddha rap-
portent la naissance de ce législateur religieux. « Mais, reprend
M. Guigniaut, cet accord ne paraît pas , à beaucoup près , aussi
réel qu'on se l'imagine ; et quant à la liste des trente-ti'ois pa-
triarches de la religion de Bouddha ,
produite par l'un de nos
plus savans orientalistes, on peut l'admettre, sans admettre
pour cela l'existence historique du dieu homme auquel elle
paraît se rattacher: l'époque qui en résulte est peut-être tout
simplement celle où fut mise en vogue la légende de la neu-
vième incarnation de f^ichnou.
>' Il résulte des rapprochemens de dates faits par MM. Abel
Hémusat et Klaproth = , deux époques bien distinctes , dont

'Crenzer, p. 298.
' Journ. des sav.yjiny. 1821, p. 7 et note. — Klaproth , Lehen Des
Bouddha, p. 1 23, note.
,

iHj nociTRIKES HmDOl'ES.

l'une place la naissaiice de Bouddha vers 1000 ans avant J.-C.


(1029 d'après A. Rémusat), l'autre entre 700 et 600 dans le ,

cours du septième siècle qui précéda notre ère. La fameuse ère


des Cbingalais, rapportée à la mort de Bouddha ( Goutama Bou-
dhou, suivant ces peuples), tombe 545 ans avant la nôtre , tan-
dis que la liste de V Encyclopédie japonaise fait mourir en 533
le huitième patriarche de la tribu de Gaolamn. D'un autre côté ,

suivantKœmpfer , les Siamois comptent , depuis la mort de


Samana-Kaulama ']\\s(iWexï 1690, 2234 ans, ce qui donne une
ère identique à celle de Ceylan* ».

On ne peut qu'être très frappé de voir dans la légende mon-


gole Bouddha aux prises avec les Ters c'est-à-dire Pars adora- , ,

teurs du feu venus de la Perse quoiqu'il soit bieo difficile de


, ,

rapporter ce fait à une date même approximative ; mais , ce qui


est encore plus remarquable , c'est la parfaite ressemblance des
traditions persanes relatives à la naissance de Zoroastre avec celles
des Hindous sur Crichna et Bouddha, qui, de même que le pro-
phète de la Perse, sont souvent présentés comme les manifesta-
tionsou les disciples d'un être mythique antérieur, Oum ou Hem.
L'une des époques de l'apparition de Bouddha , et non pas la

moins probable, qui le fait descendre jusque vers les septième ou


sixième siècles, comme nous venons de voir, coïncide vague-
ment avec celle de la venue de Zoroastre... Quoi qu'il en soit
nous inclinons à croire que un Bouddha
, s'il y eut réellement
humain, ce dut être le imilième patriarche Gautama ou Gou- ,

tama-Bcudhou des Chingalais ou S ommonakodon ( S amana-K an- ,

tama) de la presqu'île au-delà du Gange * »,


» Cependant Aboul-Fazel, le célèbre auteur deV^^-m Akherj y

reporte l'apparition du prophète hindou à 1366 avant J.-C.


Quant à Bouddha-planète c'est bien pis, puisqu'il ouvre le se-
,

' Creuzer, p. 299. note. Lee Djàinas placent aussi l'apothéose de


Mahavim, le maître de Gautama, environ 600 ans avant J.-C. — Y.
Bohlen, de Buddaismi origine et œtaie deftniendis, 1827, p. 9".
» Jbid., p. 654, 655, note. C'est aussi l'opiulou professée par M. Lan-
glès dans son article sur Bouddha ( Biogr. uriiv. de Michaud , t. V,
p. 383,.
. ,

ÎJISTOIRE VV BOUUUHISMi:. 97'

cond âge ou Treta-youga. Aboul-Fazel ajoute : «Les Brahmanes


noinmeDt Bouddha le neuvième avataia; mais la religion qui lui
est attribuée , ils la déclarent inventée par un autre que par
lui. » un Bouddha humain traité d'imposteur par les
\ oilà
Brahmanes évidemment distinct, soit de l'incarnation ,
et bien

soit de la planète soit du Bouddha-Menou. Pour nous


, nous ,

sommes portés à regarder ce Bouddha, si multiple, du même œil


que M. Creuzer regarde Hermès, Zoroaslre et d'autres chefs my-
thiques des anciennes religions, également multipliés dans la du-
rée c'est-à-dire comme un symbole qui personnifie la doctrine
,

et la représente dans tous ses développemens successifs, sans

vouloir nier toutefois qu'il s'y soit mêlé de l'homme avec le


tems,ou même qu'un réformateur humain se soit à la fin sub-
stitué à l'antique génie de la science et de la religion identifiées

l'une à l'autre ' »

» Suivant la liste des trente-trois patriarches ou cheJEs religieux


du bouddhisme , extraite de Y Encjclopédie japonaise par M. Ré-
musat, Chakia-mouni , divinisé sous le nom de Bouddha
mou- ,

rut en 950 , et eut pour successeur un brahmane nommé Ma-


hakaja ,
qui vivait en 905 , et le premier reçut le titre d'illustre ;

puis vintun Kchatriya Ananla avant 879; puis lui f^aysia ,


^

mort en 805, puis un Soudra en 760. Il nous est impossible de ,

ne pas soupçonner , dans cet ordre de succession ,


quelque chose
d'artificiel et de tout-à-fait arbitraire. Ne serait-ce pas le prin-
cipe fondamental de l'inslilution qui appelle indifleremment
toutes les castes aux fonctions les plus hautes , mis sous une
forme historique, selon le génie de l'antiquité? La suite de
cette liste pourrait donner lieu à bien d'autres remarques qui
si nous ne nous faisons point illusion fortifieraient cette conjec- ,

ture ' ».

\oilà pour les dates; voici maintenant pour la légende : « Nous


pensons, dit toujours M. Guigniaut, que celte légende a été,
sinon altérée dans le fond, au moins singulièrement modifiée

'
Creuzer, p. ÎO'J, 300, note.
- Ibid., p. 654. note.
9S DOCTHIN£â U1ND0DB&.

dans la forme , et sans doute mélangée de bien des élémens di-


vers , chez les divers peuples qui l'ont adoptée. Il nous suffit de
faire remarquer qu'elle présente l'histoire de la secte bien plus
que celle du personnage qui en aurait été l'auteur'. Elle
a de frappans rapports avec la légende de Crichna, dont elle
peut même passer pour une imitation. L'une et l'autre sont pro-
pres à faire naître des conjectures et des doutes que nous essaie-
rons de développer et d'édaircir ailleurs. Goerres ( Mythengesch,
p. 157 ) ne peut s'empêcher de reconnaître lui-même , dans les

traditions du Lamaïsme relatives à Bouddha , une réaction ma-


nifeste de l'Occident sur l'Orient •.
et , en effet , il est bien difficile

de lire différens détails de la naissance , de la vie et des ensei-


gnemens du Dieu-homme , tels que son baptême dans l'eau di-
vine, ses pénitences dans le de'sert ses rapports avec un maître
,

plus ancien que lui , avec un esprit qui lui impose les plus cruel-

les souffrances en expiation des crimes du monde dont il porte


le poids, et lui livre les dix oommandemens de la loi nouvelle
au prix d'une sorte de passion dont il sort régénéré et glorieux ,

sans être tenté d'j soupçonner la trace du christianisme '. D'un


autre côté , l'on découvre ça et là dans les légenies bouddhiques,
des vestiges d'incantation et de mngie ,
qui semblent appartenir
à une autre origine, probablement septentrionale.
Si riiisloire, la date tt même l'existence réelle de Bouddha
sont des problèmes msolubles, le caractère distiiictif de sa doc-
trine a'tst pas moins incertain. Du HT au YII, siècle de notre
ère, ses sectateurs eurent à soutenir une guerre terrible contre
les Brahmanes; ils succombèrent dans la lutte et furent coutr.iints

[I
* Creuzer, p. 292, note.
* Sur les nombreux emprunts que le lamaïsme a fait au christianisme,
V. Abel Rémusat et Balbi cités dans les Ânn. de phil. chr., t. vi, p. 99.

MM. Creuzer et Guigniaut reconnaifsent aussi que beaucoup de détails


de la légende de Crichna sont imités de nos Evangiles (p. 2 12, note). Ils

prétendent seulement que de l'incarnation, qui est la base de ces


l'idée

légendes, dérive originairement du panthéisme Hindou (p. 653). Nous


examinerons plus tard cette prétention.
illSTUlhi;. OL BOOUUHlaMK. 99
d'émigrer de toutes parts '
; voilà ce que nous savons. Mais
qutUe fut la cause de ces sanglantes divisions? On l'ignore.
Pourquoi une secte qui s'était paisiblement développe'e au sein
du Brahmanisme pendant plusieurs siècles et qui se liait sur ,

tous les points aux autres sectes, fut-elle ainsi extirpée de l'Hin-
doustan par le fer et par le feu et cela à une époque fort ré- ,

cente Le savant A. VV de Schelegel avoue qu'après tous les tra-


?

vaux entrepris sur cette question, il n'a pu arriver à aucun résul-


tat '. « Je déclarerai à cette occasion dit-il que je n'ai pu , ,

réussir à me faire une idée claire de la doctrine de Bouddha,


soit en elle-même , soit dans son rapport ou dans son opposition

avec le Brahmanisme. Nous savons que dans les temples boud-


dhiques on trouve exposé aux yeux tout le panthéon dt s idoles
de 1 Inde ;
que non-seulement la théogonie , mais encore la my-
thologie héroïque , si intimement liée au dogme et à la loi brah-
maniques, ont cti* transplantées bien loin dans les contrées où
règne le Bouddhisme. Celui-ci les a sans doute héritées ou em-
pruntées des prèires de l'ancienne croyance ; mais où donc est la
nouveaiué, où est le caractère propre qui la distingue ? Est-ce le
monothéisme qui réside au fond de toute cette idolâtrie? Mais
assurément les brahmanes le professent comme les bouddhistes,
et d'autant plus pur qu'on remonte plus haut dans l'histoire. Des
savans de nos jours ont cru que le panthéisme constituait la doc-

trine secrète des sectateurs de Bouddha ,


que c'était là leur vrai
monoiliéisme ; ils leur ont attribué eu propre cette morale mys-
tique qui enseigne à l'homme le moyen de s'unir à Dieu par la

contemplation et (du moi). Mais les


par l'extinction de la chair

écriis des Brahmanes sont remplis des mêmes idées. La différence


est-elle dans la défense de verser toute espèce de sang pour les

sacrifices ou pour la nourriture? Mais cette vertu est exaltée déjà


chez les saints fabuleux des Brahmanes A peine Xns Boud-

' Wilson, PréJ. du dict. sanscrit , p. xv et suiv. C'est de cette épo-


que que datent les grands progrès du Bouddhisme au sud, au nord etk
l'orient. V. Creuzcr, p. 207.
- V. Creuzor , pag. iOl.
.

100 DOCTRINES HINDOUES.

dhistes ont-ils disparu de l'Inde , qu'on voit s'élever tout à coup


la secte des Djàinas , et je ne sais en vérité quelle diftérence on
peut établir entre ces nouveaux sectaires et les Bouddhis-
tes ' »

M. Guigniaut pense que le trait qui distingue le plus profon-


dément le bouddhisme du brahmanisme, ce n'est pas le dogme,

c'est la hiérarchie Oui mais ce n'est pas comme une secte


*. ,

schismaiique que le Bouddhisme a été proscrit, c'est « comme


une religion fausse, inventée par un imposteur, comme une doc-
trine d'athéisme, de matérialisme et-de nihilisme ^ On répondra
que ces imputations sont calomnieuses. Mais M. Pauthier a re-
connu et constaté que les brahmanes ont très exactement repro-
duit dans leurs discussions les systèmes philosophiques des boud-
dhistes * et l'on ne voit pas pourquoi ils aui'aieut déguisé le
;

vrai motif de leurs persécutions ; la ditBculté reste donc tout


entière.
IX. Quoi qu'il en soit, les indications que nous venons de don-
ner sur les principales sectes de l'Inde suffisent déjà, tout incom-
plètes qu'elles sont ,
pour rétablir deux faits importants : —
d'abord, les traditions hindoues sont pleines dévides, d'obscurités
et d'incertitudes ;
— et, de plus, même à travers les ombres qui
les recouvrent, on aperçoit des traces de déchiremens et de va-
riations, qui, toutes vagues et flottantes qu'elles paraissent, pénè-
trent évidemmt'nt jusque dans leurs profondeurs et se prolon-
gent, se croisent en tout sens à travers le tems et l'espace.
Que serait-ce donc si nous descendions de ces généralités à une
critique minutieuse des détails infinis de la mythologie hindoue?

• Indische Biblioihek , 1 , 4, p. 4li. 1833.


^ Creuzer, p. 305.
' Ibid.,p. 301.
* Noies sur les essais de ColebrooKe C. D. E. , p. 260 , et suivan-

tes. Voir aussi le Ménioirc de M. Hodgson , cité ihitî , p. 256 ; il prouve


que plusieurs sectes bouddhistes professent un athéisme , uu maté, i.i-
lisme identique au fond avec la doctrine Sankya de Kapila. Pourquoi
ces opinions , tolérées dans l'école de Kapila , ne l'ont-eilcs pas été dans
la secte de Bouddha :' problème insoluble , à notre avis.
HISrOIRJ; DU BOUBUHJSML. lOJ

Que serait-ce nous était possible de parcourir les labyrintlies


s'il

de ce colossal pandcmonium et d'étudier l'innombrable cobue de


dieux et de déesses qui s'aj^itent à flots pressés dans ses tours et
ses détours, ses plis et ses replis? — Mais ce ne serait pas un léger
embarras de nous reconnaître au milieu de celte foule tumul-
tueuse et confuse de vasous, de menous, de mounis, de ricbis,
de inaharcbis,de devarcliis,derajarchis,dekiunaras,deyarkchas,
de brahmadicas ou pradjapatis, de pétris, de devas, de danavas,
de roadras,d"adityas, de devatas ousouras,de daityas, d'asouras,
do rakchasas, etc., etc.? —
Et nous ne citons ici que les pre-
mières lignes d'une biéiarcbie sans fin. — Comment déterminer
le rang, le nombre et les fonctions de chaque classe? Comment
concilier leurs prétentions opposées et leur rôle divere dans les
swargas, les patalas, les antaras, etc. '?

« Nous ne finirions pas, dit M. Creuzer , si nous voulions seu-


lement énumérer les principales divisions dans lesquelles se ran-
gent ces dieux inférieurs qui remplissent tous les mondes, animent
toutes les parties de la nature, tous les êtres, tous les corps, habi-
tent eu foule sur les montagnes et dans les vallées, au bord des
fleuves et dans If s abîmes de la mer, et par une chaîne Immense
aspirent à embrasser l'infini. On dit que leur nombre total s'élève

à 332,000,000; mais les seules apsaras passent 600,000,000;


créatures angéliqucs dont les formes aériennes , la beauté, les
grâces séduisantes, les danses harmonieuses et les amours sur la
terre et dans les cieux, sont célébrés par les poètes hindous '. —
Essayons pourtant de jeter un toup-d'œil rapide sur l'ensemble
de celte mytholopjie mais pour ne pas souiller notre pensée,
;

oublions un instant que le .SjVai'.yme enveloppe, comme une lèpre,


tous les membres de ce grand corps.
Rien de plus mobile, de plus changeant que cette foule mysté-
rieuse; elle se déguise, se transforme et tourbillonne sans cesse

ConsuU. Creuz. , p. :245 à 'âGO , du vol. passim,


et les notes à la fin
etc., t. IV, planches. — "Voir Paulin,Syslema Brahmanicum; Woore, —
Hindu Panthéon; — Polier, Mythol. des Hindoux ; Gœrres, etc., etc. —
' Creuzer, p. 258.

ihVnki'.h,. ToMi; i. — N^' ^2. 1840. 7


1^ DOCXRIMES HINDOUES.

devant le regard sans qu'on puisse la fixer, la faire poser un


instant. Ces innombrables divinités descendent parfois sur la terre
et revêtent une apparence tout humaine, une figure tout histo-
rique; vous diriez des législateurs, des poètes, des philosophes,
des guerriers, d'antiques chefs de Brahmanes; vous vous crovez
en pleine humanité, en pleine histoire mais, voyez, un coup ;

de baguette magique a tout transfiguré les dieux se sont envolés ;

au ciel; maintenant ils conduisent la marche de l'année, des mois


des saisons, des jours; ce sont les musiciens suprêmes ; ils prési-
dent à l'harmonie des mondes ; au son de leur flûte, ils condui-
sent la danse des sphères se mouvant en cadence autour du soleil-
ils sont environnés des gandharvas, des kinnaras, des raguinis,
des musiciens et musiciennes de la cour d'Indra; la grande déesse
maintenant, c'est la musique,
Saraswati; entendez- vous ses
c'est

fils, les six Tagas, qui chantent; ce sont les modes musicaux, et

les six saisons '


; dans chaque saison, on ne pourra chanter que
la mélodie de son raga à des heures prescrites du jour et de la
nuit avec leurs épouses, ils sont aussi les 12 mois, et ils chantent
;

l'hymne de l'année; — et les trente nymphes de la musique,


les 30 raguinis, ce sont les 30 jours du mois; les semaines, et jus-

qu'aux heures, ont aussi leurs génies, qui jouent leur dans rôle
le grand concert de l'année.Les 16.000 maîtresses de Crichna sont
devenues à la fois 16,000 étoiles, 16,000 ragas et 16,000 passions,
afi^eclions ou modifications de la sensibilité ;
— puis, regardez
encore : tout ce peuple de sons, enfans de Saraswati, identifiés
avec le vent et avec les nymphes célestes, dont le troupeau se
presse autour de Crichna, il va se réfléchir, ainsi que le ciel tout

entier, dans le miroir des eaux, dans ce vaste empire de la mer,


des fleuves, des rivières sur lequel régnent \ichnou etGanga !

En un mot, dans cette foule immense aux couleui-s changeantes,


où les deux sexes, la lumière et les ténèbres, le bien et le mal
montrent partout leur opposition ou Itur alliance, sous ces allé-
gories riantes ou terribles, de saints, de prophètes, de patriar-
ches, de génies, de nvmplies, de sylphes, de géans et de démons ;

'
il y «six saisons d'iiprrs les Hindous.
HISTOIRE DU BOUDDHISME. 103

— au milieu de ces races et de ces généalogies primitives, de


ces chœurs de danse et de musiqae, de ces guerres entre les bons
et les mauvais esprits; — dans tous les rapports divers de ces
êtres surnaturels, à travers les périodes cosmogoniques dont le

passé et l'avenir sont également enveloppés j — sous cette classi-


fication de personnages qui se reproduisent toujours les mêmes
dans la suite indéfinie des calpas, de manwantaras, et des you-
gas ; — on reconnaît confusément la trace de la religion primitive,

dessymboles astronomiques, physiques, moraux, philosophiques,


derhistoireprimiiive,des légendesel dts épopées nationales etde
la musique ;
— ce sont là les courants divers qui, depuis trois ou
quatre mille ans, mêlent leurs eaux plus ou moins fangeuses dans
cet océan de poésie.
Mais tout mensonge, rêves dorés, œuvre
cela n'est qu'illusion,
décevante de Maya
Toute cette mythologie n'est qu'un voile
' !

aux brillantes couleurs, aux broderies d'or, d'arger-t et de dia-


mans jeté devant la porte du sanctuaire. Yoilà que l'illusion
s'évanouit, les rêves s'envolent, le voile tombe et nous laisse en-
trevoir les ténébreuses piofondeurs de la doctrine secrète; toutes
ces fables éblouissantes se sont transformées en abstractions obs-
cures; de tous ces beaux songes, il ne reste que des formuh s glacées
et stériles comme la cendre des morts ; les dieux ne sont plus que
des catégories, deschimèris psychologiques, logiques, ontologi-
ques! — Panthéisme, idéalisme, matérialisme dynamique, ato-
misme, scepticisme, voilà les hidrux fantômes qui s'agitent et se
combattent dans la nuit de la philosophie hmdoue.
Regardez encore : voici que- toutes les visions qui avaient passé
successivement devant vous reviennent pêle-mêle; elles se pous-
sent, elles se pressent, elles se heurtent, elles se croisent, elles se
compliquent en tout sens ; elles tourbillonnent et se confondent
dans un immense chaos.
Puis viennent les flots brûlans du Sivaïsme, et tout s'abîme
dans la fange et dans le sang.

' Maya, c'est la déesse de l'illusion ; c'est aussi l'épouse de Brahm,


son imagination créatrice ; c'est la matière , etc.
Ï04 DOCTRINES HINDOUES.

Tel est le spectacle étrange et fantastique que nous olFrent les


traditions religieuses de l'hiiidoustan. Comment déchiffrer ces
pages mouvantes et mystérieuses , dont les caractères changent
selon les points de vue ? Comment faire pénétrer l'ordre et la
lumière dans ces rêves désordonnés qui s'accumulent et se con-
fondent depuis tant de siècles? Evidemment, il n'y aurait qu'un
moyen pour cela: la chronologie, une chronologie exacte et

minutieusement détaillée ,
qui remît chaque chose à sa place,
rattachât les effets à leur cause , les conséquences à leurs princi-
pes , et fit reparaître la trace effacée des influences si nombreuses
et si diverses qui ont amené les transformations successives, les
divisions, les luttes , les rapprochemens toutes , les vicissitudes

des religions hindoues. Il nous faudrait une histoire complète de


toutes les variations qu'a subies dans sa longue existence cette
vaste branche du protestantisme primitif. Il ne suffirait pas de re-

connaître avec certitude l'âge des grandes sectes et les principa-


les phases de leur développement ; il faudrait aussi déterminer
les dates et la doctrine des innombrables petites sectes qui s'en-
gendrèrent en divers tems de la dissolution des grandes , et qui
pullulent encore dans les entrailles putréfiées du Brahmanisme
et du Bouddhisme ; car chacune a sans doute contribué pour sa
part à former cette masse énorme de fables et de systèmes.
Qu'on y songe bien ; la chronologie, c'est la logique, la raison
de l'histoire. Détiuisez l'ordre des lettres dans un mot, vous dé-
truisez le sens de ce mot ; détruisez l'ordre des mots dans une
phrase , l'ordre des phrases dans un chapitre, Tordre des cha-
pitres dans un livre , vous détruisez le sens de cette phrase , de
ce chapitre, de ce livre. Or, la chronologie est à l'histoire ce
qu'est l'ordre des lettres à un mot, l'ordre des mots à une phrase,
l'ordre des phrases à un chapitre l'ordre des chapitres à un
,

livre.

Eh bien ! les traditions hindoues sont un livre immense , où


des générations , des sectes innombrables ont écrit successive-
ment en caractères hiéroglyphiques, leurs pensées, leurs craintes,
leurs espérances, lonrs souvenirs, leurs rêves, l'histoiie primi-
tive, leur propre histoire, leurs conjectures astronomiques,
HISTOIRE DU BOUDDHISME. 105
physiques, elijjieuses, etc. Avec les caractères mystérieux de ce
i

vous pouvez exprimer tout ce que vous voudrez, il ne s'agit


livre,

que de les disposer dans un certain ordre. Mais si vous voulez


retrouver la pensée de ceux qui les ont écrits, commencez par re-
placer toutes les pages, tous les caractères dans l'ordre où chaque
génération les a déposés. — Malheureusement, ce livre ne se
compose que de feuilles sans dates, sans suite, sans lien d'aucune
sorte abandonnées aux caprices des vents par des sibylles in-
,

connues, et recueillies çà et là par on ne sait quelles mains. —


A cela, point (\e remède; car la chronologie, encore une fois , est
la première condition, la condition 5/Vit; 9«a/J0« , de l'histoire;
sans elle, l'histoire est impossible , couune la vie est impossible
sans l'organisation. Résijjnons-nous donc à ijjuorer l'histoire de
l'hindoustan et de ses religions , et rappelons-nous bien qu'une
ignorance invincible vaut mieux que des mensonges savans.
Et qu'on ne vienne pas nous mettre à la place de la chrono-
logie un système métaphysique construit à priori quand ce sys- ^

tème serait de Schelling ou d'Hegel. Car ce système , si


celui
large ei si souple qu'il soit, ne pourra jamais contenir et expli-
quer tout; il faudra donc violenter les faits qui ré.sistei-ont ; on
les étendra sur ce lit deProcuste, on retranchera sans pitié
et
tout ce qui le dépassera; sinon, il sera débordé de toutes parts,
et ne fera plus qu'enibarrasser et obstruer ce qui était déjà si
confus '. Mais quand il expliquerait tout avec assez de vraisem-
blance, il ne serait encore qu'une hypothèse; il ne serait pas de
l'histoire ; car l'histoire dit ce qui a été réellement, et non pas ce
qui est possible , ce qui n'implique pas contradiction.

* C'est bien là ce qui est arrivé à MM. Creuzer et Guigniaut; ils an-
noncent en commençant que la religion (il faudrait dire les religions}de
l'Inde réunit, au plus haut point, funiteet la variété; mais ils ont beau
faire, dans leur livre même, la variété triomphe de l'unité factice qu'ils
veulent lui imposer ; elle échappe de tous côtés à leurs formules. Nos
savans auteurs semblent eux-mêmes sentir sourdement que leur utopie
n'est pas soutenable ; M. Guigniaut surtout oscille continuellement
entre le scepticisme et l'esprit de système qui le tirent en sens
opposés.
106 DOCTRINES HINDOUES. HISTOIRS DU BOTODHISME.

Il ne faut pas non plus avoir la prétention de faire l'histoire


des religions hindoues, quand on ne peut nous donner qu'une
compilation indip,este de mythes sans dates ,
puisés à des sources
inconnues, peut-être altérés et souvent contradictoires- Mieux
vaudrait cent fois éclaircir quelques points paniculiers, publier
des textes et des traductions, tout au plus composer un diction-
naire provisoire de la mythologie hindoue , où ce qui est distinct
resterait distinct , oii ce qui est incohérent ne se confondrait point
dans un syncrétisme trompeur. Cela serait bien humble, bien
vulgaire , ben banal ; mais il y aurait là , avec moins d'ambi-
tion, plus d'amour du vrai, plus de résultats assurés et dura-
bles ,
plus d'avenir

L'abbé H, de V.
ESSAI SLR I.\ COSMOGONIE ÉGYPTIFNNE. 107

(^rabîtlons primifiv^i.

ESSAI
SUR LA

COSMOGONIE ÉGYPTIENNE,
OU EXPLICATION DE CE QUE NOUS RACONTENT MANÉTHON
ET LE SYNCELLE DU RÈGNE DES DIEUX CHE2 LES ANCIENS
ÉGYPTIENS.

Examen des dynasties des dieux et des demi-dieux. — Extraits de Ma-


néthon et du— Règne des dieux. — A:cord des
Sjocelie. don- listes

nées par ces deux auteurs. — Que rent dieux prédécesseursfi les

du règne des hommes. — Le règne d'Héphaistos fut règne du feu. le

— Le Soleil règne de lumière. — Confusion de cette théogonie.—


le la

Sentiment des anciens. — Règne d Osiris et d — C'est premier Isis. le

homme et première femme. — De Typhon. — C'est


la mau- l'esprit

vais. — Les demi-dieux ou héros sont les patriarches. — Cneph on


Cnouphis est le Dieu suprême.

Dans un siècle où les veilles et les études de tant de savans


sont consacrées à l'antique ei mystérieuse Egypte , et à débrouil-

ler , s'il se peut , les inextricables dynasties de Manéthon, à


les combattre ou à les défendre, il semblera sans doute moins
étrange que je tourne aussi mes regards vers l'Egypte et Mané-
thon. Mais tandis que les autres s'attaclient uniquement aux dy-
nasties bumaines de cet écrivain et à la série d'anciens rois qui j
sont mentionnés, moi, au contraire, je me propose de m'occuper
seulement de la dynastie cjui a précédé toutes les autres, et où il

n'est question que de dieux ou de demi-dieux. Ne pouvant y voir


que des fables, les modernes apologistes et interprètes de Mané-
l'Os ESiA!

thon, aillant que je sache, l'ont abandonnée, et il n'est point


parvenu à ma connaissance qu'aucun d'entre eux ait entrepris

de l'expliquer. C'est ce qui m'a engagé à faire quelques recher-


ches ; car il m'a semblé, bien que d'abord le contraire puisse
paraître, que de semblables recherches ne sont pas sans impor-
tance, puisqu'elles ont quelques rapports à l'étude des livres
saints et de la philosophie naturelle. Enfin il m'a semblé que celle
partie de l'histoire qui précède le règne humain et les générations

humaines ne doit être autre chose que l'histoire primitive du


globe, ou ce qu'on a coutume de nommer cosmogonie ou géogo-
nie. Un examen aussi attentif <|u'il m'a été possible, m'a confirmé

dans cette opinion. Le résultat de cet examen, je l'expose dans ce


travail où j'aurai principalement en vue ce qui nous est resté de
Manéihon et de la Vieille Chronique sur les dynasties divines ,
sans négliger ce que nous trouvons de la cosmogonie ou de la
théogonie ég^ytienne dans d'autres auteurs.
Avant tout, je proteste que je n'ai point une estime exagérée
pour les connaissances historiques des anciens Egyptiens. J'ignore
si leurs prêtres eurent une histoire écrite avant le tenis des
Ptolémées tout porte à croire
; qu'ils n'en eurent pas , si l'on con-
sidère la diversité des récits de ceux qui purent consulter les ar-
chives des temples , comme Manéihon , Eratoslhènes , et très

probablement l'auteur de la Vieille chronique pour ne point par-


ler des récits que les prêtres firent à Hérodote, à Diodore de Sicile,
M Germanicus S ou à d'autres. De plus, Clément d'Alexandrie 2

fait l'énuméralion des livres sacrés des Egy[Uiens, et il ne men-


tionne aucune histoire , ni même aucun poème qui la représente
en quelque sorte, comme cela se voit chez les Indiens. Un livre
iV Hermès contenait les hymnes des dieux i un autre traitait de la règle
de la i'ic royale ; quatre d'astrologie'^ Irente-six contenaient toute la
philosophie égyptienne ; six parlaient de médecine ; les dix appelés
sacerdotaux traitaient des lois, des dieux, et de la discipline sa-
cerdotale.

'
Tac. ylnn. 1. n, cli. 4o.
- Strnmnt., \. vi. rJi. \.
SUP. LK COSMOGONIE KGyPÏIENNÏ. 109

Il paraît donc que la science historique de ces prêtres se rédui-

sait ù quelques traditions orales, aux inscriptions hiéroglyphiques


(dont on ne tirait guère que des noms propres, des titres ampou-
lés et quelque liste de rois), aux suites des portraits des rois et des
pontifes. Ils donnaient à qui les demandait ( à peu près comme
font les pandits ou docteurs indiens) les catalogues de leurs
rois , mais jamais d'accord entre eux , et ils les ornaient de récits
tantôt vrais, tantôt faux, quelquefois ridicules ou absurdes. Entre
autres choses curieuses ils dirent à Hérodote que, durant la longue
suite d'années que régnèrent les rois antérieurs à Séihos, le soleil

s'était levé deux fois où il se couche ordinairement*.


Si nous venons de Mane'thon nous pouvons bien
à l'histoire ,

croire que moins anciennes , commençant à la


ses dynasties les
dix- huitième sont pre'senlées avec une certaine exactitude , quant
,

à la succession des rois; mais celles qui sont antérieures et par-


ticulièrement les quinze premières , nous ne pouvons en tenir
presque aucun compte. La Chronique du prêtre d'Héliopolis
(en l'interprétant de la manière la plus simple , c'est-à-dire en
prenant pour successives toutes les dynasties) ne s'accorde pas avec
l'histoire de Moïse ,
qui connaissait beaucoup mieux l'antique
Egypte et les Pharaons ,
qu'un contemporain de Ptolémée Phi-
ladelphe ; il n'est pas mieux d'accord , soit avec la F'ielUe chro-
nique antérieure à la sienne , selon le Syncelle ^, ou qui certai-

nement n'est pas de beaucoup postérieure, soit avec les récits faits

par les prêtres ses prédécesseurs à Hérodote. D'ailleurs , on ne


faisait pas grand cas en Egypte de l'autorité de Manéihon ,
puis-
que peu d'années après, l'astronome Eralosthènes ^ recueillit,

par ordre de Ptolémée Evergètes, les annales des rois deThèbes,


et en donna un catalogue assez peu d'accord avec Manéihon.
L'autorité de ce dernier n'était pas même fort respectée des prè-

'
V. Gio. Ang. Cesaris Sulle antichiià délie storie Egiziane, dans les
E_ffem. Astron. di Milano per fa. 1834, p. { l5. Ce texte d'Hérodote a
été inséré en entier dans les Annales, t. x, p. 325, note 1.

^ Georgii Syncelli Chronographia, Paris, 1661, p. 51.


• 1(1.^. 01 et suiv.
,

110 ESSAI

très que consulta Diodore de Sicile. Au reste, il est peut-être très


heureux pour Manéthon nous
parvenu de son tra-
qu'il ne soit
vail presque rien autre chose que des noms et des nombres. Si
son histoire existait tout entière, qui sait de quelles fables nous
la trouverions ornée? Nous pouvons ce me semble, en juger ,

par peu de fragmens qu'en a conservé Josèphe '.


le

Cependant il est croyable que parmi ces annales si imparfaites


il peut se trouver quelques restes des plus vieilles traditions , et
que les plus anciennes de ces dernières se trouvent précisément
dans la dynastie divine.
Ecoutons ce qu'en disent l'auteur de la Vieille chronique et
Manéthon ». Le premier, du moins dans l'extrait que nous en
a conservé Georges le Syncelle, s'exprime en peu de mots :

« Le tems à' Héphaistos (ou Vulcain ) ne se détermine pas, à


» cause de son éclat de jour et de nuit. Hclios (le Soleil) fils d'Hé-
» phaistos régna 30,000 ans : après lui Chronos ( Saturiie) et les
» autres douze dieux régnèrent 3984 ans. Ensuite furent rois huit
>>demi-dieux pendant 217 ans. »
n est vraiment un peu étrange que le Soleil soit successeur
et fils de Vulcain. Cependant Cicéion nous parle aussi de théolo-
giens qui faisaient le Soleil fils de Vulcain Égyptien ^ Il est
manifeste que ce Vulcain est le Phtha égyptien, que les Grecs et
les Latins appelaient ^e/)/iaiV/05 et Fz<Zca/m^. Ecoutons maintenant
Manéthon.
Il cherche à se donner de l'autorité en disant à son roi que
ses récits sont tirés de ce qui avait été sculpté en langue sacrée et
en caractères hiéroglyphiques par Thot, premier Hermès (ou Mer-
cure ) sur les colonnes placées dans la Terre sériadique , et qui
après le déluge, avait été traduit en grec et écrit sous les péri-
styles des temples ,
par Agalhodémon^ fils du second Hermès et

père de That. J'ignore si ces noms furent une autorité respectable

Contre Apion. 1. r, a» 14 et eh. 5 de la traduction française d'Ar-


naald.
» LeSync. p 19, 40,41, 51.
' De Nat. Deor. 1. ni, ch. 21, 2».
SCR I.\ COSMOGONIE ÉCTPTIF.NWI. 111

pour Ptolémée PhiladelpLe. Quaut à nous , nous ne pouvons


considérer comme tels les tems mythologiques, ni cet .^^^fl/Ao(^tf-
mon, ce Thaï, ce second Hermès, ces caractères hiéroglyphiques ,

cette traductioQ grecque post-diluvienne (il faudrait que la langue


grecque fut devenue commune en Egypte peu après le déluge )

cette terre sériadique '


: toutes choses dont, si je ne me trompe, il

n'avait pas été dit un mot à Solon à Hérodote, ni à d'autres. ,

De plus il que Manéthon prétendit avoir tiré de


n'est pas clair
sources aussi respectables la connaissance des choses du passé
ou plutôt de celles de l'avenir. Au moins il dit * que le roi l'a-
vait interrogé sur les choses qui devaient arriver dans le monde,

et sur ce qu'il avait appris par les livres sacrés d'Hermès Trisme-
giste. Mais qu'il en soit ce qu'il se peut. Venons maintenant à
son histoire,
Le tems des sept dieux comprend 11,985 années.
«

Le premier Héphaistos, régna 9,000; c'est à lui qu*est due


» ,

» la découverte et l'invention du feu.


» Après lui régna Helios pendant 1,000 ans.
Les règnes suivans,dontla durée fut toujours en diminuant,
»

» sont ceux à'Jgathodemon (diflGérent sans doute de celui qui,


)» après le déluge, écrivait en langue grecque); de Chronos ou
» Saturne ; à^Osiris et d'/5jj, peut-être d'un autre roi^, dont nous
» ne trouvons ni le nom ni la durée du règne, et qtd ne se trouve
» pas dan sEusèbe ; et enfin celui de Tfphon, frère d'Osiris.»
Viennent ensuite les neuf demi-dieux : Horus , fils d'Isis et

• Comme la Terre Sériadique (ou Pays de Se'riad) n'a été trouvée


nulle partjL. de Rossi conjecturait que Manéthon avait écrit h -np sEia-j-^.
ou (Jïs'.a-j'^i Tfî y/;;, dans les Serangi de la terre. On appelait ainsi les sou-
terrains d'Egypte ornés d'hiéroglyphes. V. Rossii Etjm. jEgypt.,p.i9b,
' Le Sjncel. p. 40.
^ Ce roi-dieu, dont on ne raconte rien, fut probablement ajouté pai-

quelque copiste bel esprit qui voulut ainsi compléter le nombre de sept,
comme si n'eût pas suffi la déesse-reine Isis, laquelle et comme déesse et
comme reine fut peut-être plus célèbre en Egypte qu'aucun des six autres
rois divins de Manéthon.
,,

112 ESSAT

d'Osiris , Mars (zipY)?), Anubis, Hercule, Apollon, Âmnion


Tithoes , Sosus et Jupiter '.

La somme des règnes de ces personnages est de 214 années.


Mais comme ces années, dans le catalogue de Georges le Syncellc,
semblent réduites à un nombre assez faible parce qu'il croyait ,

que les années des premières dynasties de Manéihon doivent se


prendre pour des années lunaires et qu'il prétendait les réduire
à des années solaires , il se pourrait que Manétbon leur en
eût donné environ 2,600.
Abstraction faite du comput des années, ces deux monumens
s'accordent assez bien. L'un et l'autre font régner" en premier
lieu Phtha (Hépbaistos), après lui le Soleil et les autres dieux, et
les demi-dieux. Le premier parmi ceux-ci est Horiis ^ suivant
Manéllion dans le Syncelle, mais dans Eusèbe^, il semble qu'//oruj
se place plutôt parmi les dieux que parmi les béros ou demi-
dieux. Aussi Horiis, suivant Hérodote '^
et Diodore de Sicile *, est
le dernier des dieux; et telle paraît avoir été aussi l'opinion de
l'auteur de la Vieille Chronique. Il compte seulement buit demi-
dieux là où Manétbon, dans le Syncelle, en compte neuf. Mais
six ou sept dieux de plus furent connus de l'ancien cbroniqueur.
Diodore de Sicile confirme une partie de ces traditions. Il

dit que Héphaistos s'interprète par feu, et que les Egyptiens le

regardent comnie un grand dieu; que quelques prêtres disaient


que leur premier roi avait été Héphaistos^ inventeur du feu
bien que d'autres crussent que leur premier roi avait été le So-

leil, et qu'après celui-ci était venu Saturne que ;


les anciens dieux
régnèrent 12,000 ans, et les dieux postérieurs ou demi-dicux
pas moins de 300.

* Les noms en partie grecs de ces successeurs d'Horus sont suspects


à Rosellini, qui ne paraît pas disposé à les croire sortis de la plume de
Manétbon {Monum. deW Egitt., t. i). La vérité est qu'ils ne se trouvent
pas dans Eusèbe, et qu'ils manquent aussi dans la Vieille chronique.
* Chronicon., 1. i, ch. 20.
3 Bist., 1. II.

* Biblioth., 1. I.
Sun LA, COSMOGONIE KGYf TIENNE. 113

Laissons ceux-ci de côté pour le moment, et recherchons qui


furent ces dieux prédécesseurs des rois-hommes ? qui fut sur-
tout ce Plitha (ou Vulcain), qui régnait avant le Soleil, qui, dans
robélisque dont nous avons la version d'Herniapion ', reçoit le
titre du père des dieux, et que le grec Pseudo-Calisthènes* dit être
pour les Egyptiens le proto-parent des dieux.
Je demande deux choses et je les regarde comme m'élant
concédées ; l" le roi-Soleil n'est autre que le soleil ;
2° aucun
homme, de quelque nom que ce soit, n'a régné ni en Egypte ni
ailleurs avant que le Soleil éclairât la terre.

Il paraît donc que , suivant l'ancienne tradition égyptienne,


avant que le Soleil fût, ou du moins avant qu'il n'éclairât la
terre régna Phtha ou Héphaistos qui se traduit par feu (comme
nous naguère Diodore) % c'est-à-dire que
le disait la première
chose qui apparut sur la terre, et en quelque sorte la domina,
fut un grand feu, ou une gj-ande et universelle conflagration.

Plutarque nous apprend que les Egyptiens croyaient la mer

* HcpaiffTOî 6 Twv 0SWV TvaxTjp. Ammian. Marcell., I. xvii, ch. (j.

ou Zoega De Obelisc, p. 28.


^ Fabric. Bibl. Crœca,t.xi\,
p. 149.
' Dans les Clémentines (hora. ix, § 6), on affirme que les Égyptiens
appelaient «ïâaE et le /eu el leur premier roi. De ce que ce mot ne se
trouve pas dans la langue cophte on n'en peut rien conclure. C'était
,

peut-être un mot de la langue sacrée comme YK, roi. Si l'on ne lisait


que ceux des tems chrétiens, et presque tous d'au-
d'autres livres latins
teurs ecclésiastiques setait-on en droit de nier que les anciens latins
,

aient employé le mot Vulcaniis dans le sens àefeu? Nous le demande-


rons à Plante, à Virgile, et, sans en chercher d'autres, à Horace, qui
a dit :

JVam vaga per veierem dilapsajlamma culinam


Vulcano, summum properabat lambere lectum.
(i. SAT. v, V. 73, 74.)

Homère aussi dit que les Grecs brûlaient les entrailles des victimes
sur Héphaistos :

Iliad., II, v. '\iQ.


114 BSSAI

engendrée par le feu '. Il paraîtrait qu'ils savaient que le feu, en

faisant que l'oxygène se combine avec l'hydrogène, produit l'eau.


Ce qui confirme, pour dire rend évidente, l'explication
etj'ai été

du règne à'fféphaistos, c'est la raison alléguée par l'auteur


de la
f^ieille Chronique, de ne pouvoir déterminer la durée du règne
de ce monaïque extraordinaire : ^ cause de son éclat de jour et
de nuit! Cette remarque est toutà-fait ridicule, dit Fourmont '.
Oui, très ridicule et absurde, si le roi Héphaistos était semblable
aux dieux d'Homère et des autres Grecs, qui n'étaient guère que
des hommes immortels. Mais l'absurdité manifeste de cette as-
sertion démontre que Héphaistos. ou plus exactement le t htha
de la tradition égyptienne, était tout autre chose : et, si je vois
juste , ce ne pouvait être autre chose qu'une lumière, un feu,
un incendie qui ayant duré pendant un certain tems autour de
la terre, empêchait par son éclat continuel toute distinction de
jours et de nuits, et rendait impossible de compter les semaines,
les mois et les années qui sont des nombres déterminés de jour.
Si j'avais voulu forger un texte à plaisir pour appuyer mon ex-
plication, je ne l'aurais pas trouvé plus favorable que celui-ci.
J'appelle Héphaistos ou Fulcain le Phtha des Egyptiens ,
parce
qu'il est ainsi nommé par les écrivains grecs et latins, et dans
les fragmens grecs qui restent de Manéthon et de la Vieille chro-

nique. Ce qu'on nous raconte du Phlha égyptien me paraît, à la


vérité , toute autre chose que les fables des poètes sur V Héphais-
tos grec et le Fulcain italique ; mais puisque les anciens con-
fondaient ces personnages , il faut qu il y ait entre eux quelque
rapport ; mais quel est-il ? Fulcain était Xq/cu, comme nous l'ap-
prenons de toute l'antiquité , et Phtha était aussi le feu,
« Les autres Dieux, dit Jablonski '
, dont il est fait mention
» dans la Chronique, ont leurs périodes ou vicissitudes : le Soleil

» a l'empire du jour, la Lune celui de la nuit, et ainsi des autres.


» Mais l'empire de Vulcaiu , Dieu suprême est toujours le même

'
De Iside et Osiride.
" Rejlex. sur l'origine. . . des anciens peuples, t. ir, p. 99.
3 Panth. JEgypt., t. i, p. 4».
SUR LA COSMOGONIE JtGTPTIENNE. 115
j< et immuable. » Ce sens est assez force' : il ne me semble pas que
cet éiudil ait bien compris la pensée du chroniqueur égypiien.
Celui-ci ne dit pas que le règne de Fulcain ou de Phtha dura le

jour et la nuit, que ce Dieu (que nous verrons plus loin naître

d'un œuf) n'a ni commencement ni fin, et que, alternativement, le

Soleil a seulement l'empire du jour, et la Lune celui de la nuit.

En suivant une telle explication, il est impossible de trouver


les règnes de Saturne , à^Osiris et des autres Dieux qui ne ré-
gnèrent ni le jour ni lanuit^ et dans les irente mille ans du rèqne
du Soleil est compris un nombre indéterminé de nuits ; mais il

dit clairement que le règne à^Hépkaistos antérieur à celui du


Soleil eut son commencement et sa fin, bien qu'on ne puisse pas
déterminer le tems qui s'est écoulé entre l'un et l'autre, puis-
qu'alors n'existait pas la succession alierualive de la lumière et
des ténèbres, ni le Soleil, et par conséquent aucune mesure de
tems ; cette période écoulée, le Soleil régna pendant un grand
nombre d'années, composées sans doute de jours et de nuits
comme les années solaires actuelles, et ensuite vinrent successi-

vement les règnes des auti-es Dieux et des demi-Dieux. Le règne


dUHéphaistos, suivant la. Chronique , cessa entièrement, mais non
celui du Soleil parce que le premier supposait un éclat continuel

qui rendait les nuits impossibles : état de choses qui ne pouvait


durer : et le chroniqueur savait qu'il avait cessé, au moins depuis
que les jours et les années commencèrent à êire mesurés par le
Soleil. Au contraire, on peut dire que le règne de celui-ci dure
encore maintenant ; ce fut un bizarre caprice que de faire suc-
céder au Soleil d'autres souverains , alors qu'apparurent sur la
terre d'autres phénomènes, et surtout les hommes et les rois
humains , comme si ceux-ci avaient enlevé au Soleil le trône
d'Egypte.
On prétend que Phtha fut Vélher, feu très pur et très subtil;

mais l'éther ne brille ni le jour ni la nuit , et n'empêche pas


la succession de la lumière et des ténèbres , ni la mesure du
tems.
Voici si je ne me trompe
, l'antique Cosmogonie égyptienne , ,

qui, corrompue ensuite par l'ignorance et les erreurs du poly-


116 ESSAI

théisme et une sorte de panthéisme, devint une Théogonie, et fut


mal comprise, à ce qu'il parait, des écrivains qui nous l'ont trans-
mise. D'abord fui la matière dans un état informe et de chaos.
Diogène Laërce, qui tire de Manéthon et des autres anciens ce
qu'il rapporte sur la doctrine des Egyptiens, nous apprend •
que,
suivant ceux-ci, «la matière fut le principe des choses; que d'elle
» ensuite furent séparés les quatre élémens, et furent formés
» la plupart des animaux. » Le chaos primitif devait être enve-
loppé de ténèbres avant le règne de la lumière ou du feu, c'est-
à-dire du prétendu Phtha. Thémistius, dans sa paraphrase sur
la Métaphysique d^'Aristole, dit que, suivant les anciens théolo'
giens, le monde naquit des ténèbres^. Plutarque écrit que les Egyp-
tiens croyaient la lune plus ancienne que le Jour ^, et Damascius
qu'ils attribuaient à l'obscurité inconnue, aux ténèbres , le principe
de toutes choses *. La première apparition fut celle de la lumière
ou du feu qui devint ensuite le règne iV Héphaistos celte lumière -^

ou conflagration universelle ayant cessé, le Soleil parut et il ;

est à croire qu'à la même époque apparurent aussi la lune et


les autres astres. Alors on put compter les jours, les mois
et les anne'es , au moyen des inslrumens du tems , comme
Platon appelle ces corps célestes. Alors la terre s'avançait vers
son étal actuel et allait se disposant à devenir une habitation
commode et agréable pour l'homme futur. Il n'est pas im-
probable que ce ne soit précisément là ce que signifie l'apparition

et le règne dti Bon Génie {Agathodemon) et du Ditu ,


qui,
appelé Chi-onos en grec par la Vieille Chronique et par Manéthon,
fut très vraisemblablement comme le Chronos des Grecs qu^ les
Latins appelèrent Saturne, le dieu ou symbole du tems. De

' Préface de la fie des philosophes. V. aussi quelques vers d'Jzetze


dans Mazzochi Spic. Bib/.,t. i, p. 17 7.
^ Publiée en latin d'après une traduction hébraïque par Moïse Finz.
Venise, 1570, in-fol., p. 8.
' Sympos., 1. IV.
i Damas. îTEî'. asyr,-, cité par Cudvvorlh. Syst. Intel., t. i, c. iv,

p. 303,4l;j,€lpar Woir, Ànecd. Cnvc. I. m, p. 260.


SL'R LA COSMOGONIE l.G\PH£>M,. 117

même que les Grecs firent Saturne fils du ciel ', régulateur du
tems mesuré par les mouveniens du ciel et des corps célestes :

la Chronique égyptienne fit Salunie successeur du Soleil. H est


croyable que l'&ncicaue tradition portait que la tenre avait été
couverte par les eaux avant détre habitée par Its vivans ; puis-
que l'opinion était, suivant le témoignage de Pluiarque^,<« qu'Ho-
» mère, comme Thaïes, instruit dans les sciences de lEgypte,
» disait que l'eau est le principe de toutes choses ; » et Diodore ^

nous raconte que, « suivant les Egyptiens, les Dieux sont nés
» de l'Océan ou des eaux. »

On ne peut rien dire des dieux anonymes de la Vieille Chro-


nique ; mais en les voyant placés après le Soleil , en compagnie
de Chronos , il ne paraît pas invraisemblable que ce soient la
lune ou les autres astres , ou bien encore des dieux présidant aux
animaux, que les Egyptiens, comme les anciens en général, à
ce qu'il parait, croyaient avoir précédé la formation de l'homme.
L'oubli du seul vrai Dieu et des traditions primitives, ainsi que
la tendance polythéiste, transformaient en Dieux les œuvres du
créateur et les grands événemens des tems primitifs. Pour-
suivons.
Osiris et Isis régnent. Ici la scène change un peu. Les Egyptiens
avaient des dieux célestes et des dieux terrestres, qui avaient été
hommes. Or ,ilme paraît que nous sortons des dieux célestes,PA/Aa,
Soleil, A^athodémon Chronos, et que nous descendons aux dieux
,

terrestres. Plutarque, dans le livre d'Isis et Osiris, dit que plusieurs


croyaient que Tjphon, Osiris et Isis avaient été des hommes, et
d'autres, à l'avis desquels il se range, qu'ils ne sont ni des dieux ni
des hommes, mais desgénies ; et il ajoute que [sis et Osiris « à cause
» de leurs vertus furent changés de bons génies en Dieux, comme

' Sive Tempus Saturnus fuerit, et quideni suàpte natarà Cœli fœtus,
quippequod unà cum ccelo tempus esse cœperit...» Eus. Prœp, Evang.
1. m, c. 10, Ed. Vigeri.
*De Iside et Os i ride.
' Bibl.,\. I, où il remarque qu'ils
appelaient le Nil Océan ou Oceam,
y. Rossi Etym. ^Egjp.,p. 249.
m'' SLRIE. TOME I. — >" 2. 1840. 8
,

118 £$âAi

dans la suite Hercule et Bacchus» Diodore de Sicile écrit qu'O^t-


m, pour les grands et nombreux bienfaits apportés par lui
d'homme qu'il était, fut fait dieu, et obtint les honneurs célestes.
Osiris a une sœur qui est en même tems sa femme ; il en a
des enfans; il a un frère par lequel il est tué. Isis mourut aussi;
et les Egyptiens, comme l'attestent Diodore et Plutarque, pré-
tendaient montrer son tombeau. Osiris et Isis ont des rapports
avec les hommes, et leui* enseignent les choses les plus utiles et

les plus nécessaires à la vie, ce qui sent fort l'humanité.


Beaucoup prétendent que chez les Egyptiens, Osiris était le
soleil et Isis la terre. Je ne nie pas que ce peuple, à quelque
époque , confondu le premier avec le soleil et la seconde
ait

avec la terre mais assurément l' Osiris, troisième successeur du


;

Soleil, suivant la tradition rapportée par Manéthou, est un


personnage différent du. Soleil, et son Isis ne peut être considérée
comme étant la Terre. Comme les Egyptiens confondaient entre
elles leurs fausses divinités, ils peuvent bien avoir confondu
Osiris avec Sérapis, le Nil, l'Océan, et aussi avec Pan, Pluton,
Bacthus, des Grecs, avec le Ciel, la Lune, et enfin avec les semen-
ces des grains •
; ils peuvent avoir donné son nom à la planète de
Jupiter : il se peut que leur Amman ne fût autre c[\ii Osiris déifié ;

il est possible aussi qu'ils aient confoadu/5/.yavec la Lune,Thétis,

Gérés, Proserpine ou Junon; et ^orHj avecleSoleil,ouBacchusavec


le monde terrestre. Laissons que Proserpine, Cérès, Bacchus et des
personnages semblables, sont d'origine grecque et des noms in-
connus à l'Egypte ; ils ne furent identifiés avec les dieux de
l'Egypte, que par les Grecs et par les Egyptiens qui parlaient
aux Grecs, ou qui comme Manéthon , écrivirent pour eux, et
pour s'en faire comprendre, comparèrent leur propre mytholo-
gie à la mythologie grecque.

Nec in occulto est, neque aliud esse Osirin quatn Solera.nec Tsin aliud
»

essequam Tenam, naturamve renim. ^Xi^cvoh. Salurnalia, 1. i.


' lis peuvent ainsi quelquefois avoir confondu Osiris ou le premier
père du içehrc Vitimain avec Noé, p^rc noincau de l'espèce liumaine ap-
pelé j)ar les Oiienti.ux second Adam.
.

SUR LA COSMOGONIE ÉGYPTIENNE, IIP


Mais cherchons ici seulement, VIsis etVOsiris de la dynastie
divine de Manéthon. Or, ces dieux ou génies qui ont tant de
ressemblance avec les mortels, qui sont mortels eux-mêmes, qui
apparaissentlorsquela terre est préparée pour recevoir l'homme,
quels peuvent-ils donc être, si ce n'est le premier homme et la
première femme dans l'inscription des colonnes de
? Si Osiris

Nisus est appelé plante qui ne doit pas son origine à la semence^
comme quelques-uns lisent dans Diodore de Sicile ' , il semble
qu'il ne difïère pas de cet homme qui ne reçut pas la naisjance^,
ce premier parent, à qui le grand poète disait :

O pomo che raaturo


Solo fosti prodotto , o padre antico
A oui ciascuna sposa è figlia enuro^.

Isis avait pour surnom Mou6 (Mouth), ce qui selon Plutarque


signifie mère^ son nom, au dire de Diodore de Sicile, s'explique
:

par antique. Or, à qui mieux qu'à la première femme, à la


mère de tous mère antique^ dont chaque homme
les vivants., à la

est le fils, conviennent de semblables noms ^ Ainsi, Isis et >*

05mj étaient honorés en Egypte comme législateurs du culte


religieux, inventeurs des arts et des choses les plus nécessaires :

on attribuait à l'un et à l'autre la découverte du froment et de


l'orge. Osiris avait enseigné aux hommes à se nourrir de fruits,

« Bibl., 1. 1.

* Dante, Par., ch. vu, v. 26.

' O fruit qui seul fut produit raûr, ô père antique, dont chaque épouse
est la fille et la bru Parad., ch. xxvi^
! v. 91
* Gérard Vossius, dans le passage où il traite des dieux «le l'Egypte
est porté à croire qa Osiris est Misraim, Gis de Cham {De Idolloatt iâ,
1. 1, c. 27 ). Mais plus loin, en parlant des dieux des Germains, il con-
vient qu'il n'est pas impossible quO^/r/5 et Isis soient Adam et Eve
(Cap. 38.)
* Le nom de mère est un des plus fréquens *y Isis : il est exprimé par
le symbole de la mère. Lepsius, Ann. dell. Isiit. di Corrisp. Jrcheôl.y
t. IX, 1837, p. 63.
.

120 ESSAi

il avait trouvé l'olivier et la vigne, il avait fait connaître l'agii-


culture et à ce qu'il paraît aussi la vie pastorale *.

Primus aratra manu solerti fecit Osiris,


Et teneram ferro soUicitavit huaium.
Primus inexpertae commisit semina terrae,
Pomaque non notis legit ab arboribus*.
Jsis fut aussi l'inventrice de quelques niédicamens. D^Isis et

d*Osiris nous voyons naître Horus, le premier qui, dans Mané-


thon, est engendré humainement, c'est-à-diie qui a un père et
une mère.
Si Osiris, Isis et Horus sont le premier homme, la première
femme et leur fils, que ferons-nous de Typhon, frère et ennemi
à' Osiris, auquel il ari'ache le trône et la vie? Typhon était chez
les Egyptiens le mauvais principe, celui qui s'oppose à ce qui
est bon et bien ordonné, celui qui porte l'homme au mal ; ils

lui attribuaient les maladies , les perturbations et l'inconstance


de l'air, les éclipses du soleil et de la lune, les animaux et les

plantes nuisibles, enfin tout ce qui est funeste et malfaisant. Les


habitans d'Apollonopolis, en Egypte, disaient que Typhon avait
été changé en crocodile ^. Si nous en croyons Apollodore, Tj'-
phon un monstre dont la partie inférieure est celle d'un ser-
est

pent Hygin ^ et les autres mythologues en font un monstre


^.

terrible, ennemi des dieux célestes.

Anguipedem alatis humeris Typhona furentem;

C'est ainsi que le dépeint Manilius Le scholiaste de Pindare, '^.

citant Artémon :, dit « Chaque moniagne vomissant du feu


:

» Diod., 1. I, c. 2, de Iside. —A?inales t. xii, p. 265. — Plut.


' Tibull.,1. i,^/e^. 7.
' Plut. Loco cita. — Elien, Di Animal. 1. x, c. 21
4 Biblioth., 1. m.
^FabuL, 196.
* Le furieux Typhon aux épaules ailées et au corps deserpeat./rff/ro«.
1. iv, y. 58o.
' Sur la première Pjthiqus. \o\v aussi le passage de Pindare sur Ty-
phon , dans les Annales, t. iv, p. 66.
SUR LA COSMOGONIE ÉGYPTIENNE. 121

» écrase l'infortum! Typhon qui est dévoré par les flammes. »

Nous apprenons par Slrabon que l'opinion était que Tjphon "

avait été un dragon qui fut foudroyé et qui cntr'ouvrit la terre


pour se cacher. D'autres ont remarqué que le Typhon des Egyp-
tiens est probablement le même que le fameux serpent J'j^thon '.

Plutarque fait observer que le Typlion des Ej'^ypliens a quelque


analogieavec ces mauvaisgéniesqu'Enij)édocle représente comme
bannis du ciel et chassés sous la mer vers le centre de la terre.
De tout ce qui précède, concluons avec le docte Bochart : « Les
» Egyptiens ont regardé Typhon plutôt comme im mauvais
>) démon, que comme un dieu'. »
Il paraît donc que Jablonski a eu raison de dire 'f
; « Dans les
» premiers tems de l'idolâtrie en Egypte, je pense que Typhon
» fut le nom du malin esprit dont 1 Ej^ypte reçut la connaissance
» par les fils de IVoé, ou du mauvais principe que les anciens
» théologiens de l'Orient opposaient à Dieu ou au bon principe.
» Cette signification se conserva, je crois, en Egypte jusqu'à ce
" que les prêtres perdant le souvenir des traditions des Noachi-
» des leurs ancêtres, ne pensèrent plus aux êtres spirituels. »

/ Il explique ensuite le mot de Typhon par esprit mauvais, mé'


chant ; il pense que c'est de lui que les Grecs ont fait leur Typhée,
et conclut en ces termes : « Je ne doute pas que telle fût la doc-
« trine des anciens théologiens sur Typhon. » Combieia il aurait
rendu plus vraisemblable la première assertion, s'il eût remarqué
que Typhon, suivant les Egyptiens, était contemporain d'Osiris
père du genre humain (et c'est pourquoi ils le disent son frère,
tandis qu'ils le diraient son fils s'il lui eût succédé, comme ils

* Geogr., 1. XVI.
» Banier, Mythologie, I. vi, c. 1.
' Typhon ab jEgyptiis non tant pro deo est habitas ,
quam pro caco-
demoue. Hierozoicnn^ 1. ii, c. 34, p. 341. Voir aussi ce qui est dit du
Tchy-yeou et du Kong-kong, le .satnii chinois, dans les Annales, tom.
XVI, p. 356 et 36o.
* Panthéon JEgypt.,\. v, c. 2, § 13, 14.
122 BSSAI

disaient le Soleil fils àePhtha], et dont il avait été l'adversaire et


le meurtrier.
En effet, la que l'Egypte reçut des fils de Noé, fai-
tradition
sait apparaître, du bien et de Dieu,
sans aucun doutes l'ennemi
Vespril du mal, l'antique serpent, à l'époque du premier homme,
ni avant ni après elle le représentait comme un traître et
;

un ennemi, comme celui qui lui ciusa et lui donna en quelque


sorte la mort par ses artifices elle ne le montrait pas moins
;

ennemi de la première femme, comme le Typhon des Egyptiens


était l'adversaire d^Isis.

Une fois établi que Typhon était le piincipe du mal, il ne pa-


raît pas que les Egyptiens firent difficulté de le transformer en
tout ce qui leur éiait odieux et leur causait quelque dommage.
Typhon était la sécheresse et Typhon était la mer-^ Typhon était
les ténèbres; Typhon était leyê«, et, pour quelques-uns, encore
le soleil. Plutarque s'irrite contre ceux qui confondaient Typhon
avec le Soleil , et il ajoute sérieusement que la sécheresse nuisi-
ble est produite, non par le soleil , mais par les vents et les eaux
mêlés ensemble.
Osiris, Isis, Typhon et Horus , transformés par la suite en
souverains de l'Egypte , on leur attribua les aventures qu'on
crut convenables à de tels personnages, et quelquefois même de
honteuses et de ridicules. Regardé comuie funeste à l'Egypte et à
son roi, Typhon fut à la fin confondu avec Moïse. Ce n'est pas
seulement Bochart et les autres modernes qui en ont fait la re-
marque, Plutarque lui-même avait fait cette observation » Ceux :

>»qui disent que Typhon s'enfuit du combat monté sur un âne ,

» pendant sept jours consécutifs, et qu'après s'être mis en lieu

» de sûreté , il donna le jour à deux fils Jérusalem et Judée , ,

» ramènent d'une manière manifeste le récit à l'histoire des


» Juifs » '.

Nous ne devons pas être surpris que les Egyptiens aient fait

du premier père du genre humain un de leurs rois eux qui , fai-

De Iside et Osiride, 14. Voir le texte de ce passage dans les Annales,


tom. xviir, page 418.
,

blJR L\ COSMOGONIE ÉGYPTIKNNE. 1 î3

saient aussi cet honneur au Soleil, (^e peuple qui se disait le plus

ancien des peuples, comme nous l'apprenons par Diodore de


Sicile , ne devait pas moins que les auires s'attribuer en propre
ce qui est commun à l'espèce humaine.
Ainsi tous les peuples ont conservé la tradition du déluge.
Mais, dit le savant et voyageur baron de Humboldt
illustre

« la substance de la tradition est partout la même dans les ;

» grands continens comme dans les plus petites îles de l'Oce'an


» Pacifique , c'est toujours sur la montagne la plus élevée et
" la plus voisine que se sont sauvés les restes de la race hu'
» maine *, »

Les demi-dieux ou héros semblent ne pouvoir être que les pa-


triarches représentant les nations anté-diluviennes. Il n'y a rieu
d'étrange qu'on ait regardé en Egypte comme quelque chose de
plus que des hommes ordinaires , ces antiques personnages , habi-
tans pour ainsi dire d'un autre monde, qui vécurent plus long-
tems que ne le permet la condition actuelle de l'humanité ; in-
venteurs de plusieurs arts utiles et agréables. On devait les imagi-
ner des géans, ou du moins contemporains des géans. Suivant
Diodore de Sicile , les géans existaient sur la terre pendant que
vivait Isis.
A l'appui et pour réclaircissement de ce qui vient d'être ex-
posé , je crois convenable de rapporter une autre tradition con-
servée par Plutarque et par Porphyre. « On lève en Egypte
(ce sont les paroles de Plutarque ) certain tribut pour nourrir les
» animaux sacrés ; les seuls habitans de Thèbes en sont exempts
» parce qu'ils ne croient point qu'il y ail aucun dieu mortel ;
» mais le dieu qu'ils appellent Cnef, ils prétendent qu'il n'est
"jamais né et ne mourra jamais*. » Porphyre, dans Eu •

Voir tous les passages de M. de Humboldt sur les déluges dans les
'
,

Annales tora iv, p. 24; et surtout la grande planche hiéroglyphique


,

Aztèque, qui en a conservé un souvenirs! remarquable, tom. xv, p. 466.


' Suivant Sauchoiiiathon (Eus. Prcep. , 1. i., c. <0 ., les Egyptiens ap-
pelaient C/îe/celui que les Phéniciens appelaient Agaûwdémon. J'ignore
si, comme pensent quelques-uns , ce dieu e.it le même dont parle
sèbe décrit la niauièie dont les Égyptiens représentaient le Dé-
'
.

miurge, qu'ils appelaient C/je/" ou 6>iou;j/»/^, et raconte que , sui-


vant eux ce dieu avait jeté par la bouche un eeuf, d'où était né
,

un autre dieu qu'ils appelaient Plitha et les Grecs Héphaistus. ,

Nous voyons par là que les anciens Egyptiens eurent connaissance


du vmi Dieu éternel et immortel du créateur qu'ils lui fai- , ;

saient produire le monde primitif, figuré chez les anciens peu-


ples par Yœuf^ voulant dire si je ne me trompe que de la
,
,

même manière que dans l'œuf n'est pas encore le corps de l'oi-
seau, mais bien la matière et les forces vitales propres à le for-

mer , et qu'il en sort eu son tems ; ainsi , dans cette première


masse , à l'état de calios , le monde (ou globe terrestre) n'était
pas encore ordonné tel que nous le voyons maintenant, ou le
monde dans sa signification propre , n'y était pas en acte mais ,

en puissance ,
puisqu'il y avait sa matière ainsi que les forces qui
devaient la disposer , et qu'il devait se montrer en son tems.
La œuf fut Phtha \efeu ou
première apparition qui sortit de cet ,

la lumière''. on tint compte seulement des


Mais dans la suite

choses visibles. On déifia les enfantemens et les phénomènes de


la nature, et, après cette déification, on enseigna par aventure

Jamblique sous le nom de Ilemeph ( Hu.r,o ) en citant les , livres d'Her-

mès, comme de rintelligence suprême et chef des dieux célestes. De


Myst. sect. viii, c. 3.
Prœpar. ei'nng.
'
, 1. iii . cil. CharopoUioa a recueilli quelques
fi'agmens d'une légende hiéroglyphique, qu'il .ippelle litanie du dieu
CnoupJiis , tirée des colonnes du proaaos d'Esué. Dans l'un, il lit :

Cnouphis qui a placé le soleil et la lune entre le ciel et la ierre; dans


l'autre: O \_Cnouphis] qui as soufflé sur ceux «/wt [sont] dans l'abîme
des eaux célestes; ce qu'il explique par : Sur les cHres habitant les eaux
primordiales. Gramm. égyptienne , c. x , p. 306, 309.
''
Cette image me paraît belle et juste, il semble donc ridicule de venir
nous dire, sans citer aucune autorité, que P/ti/irt donna à la matière, au
moyen du mouvement de forme d'un œuf; ilen sortit ensuite,
rotation, la
le couva, en fit sortir de superbes fds le soleil la lune etc. Ainsi ce
, , ,

merveilleux Phtha fut d'abord la poule qui fait l'œuf, ensuite le pous-
sin et enfin X\nc\\h:^\px\v ' Vvlcain . par Eméric David . p. ^jS). On
SUR LA COSMOGONIE ÉGYPTIENNE. 125

que C ne fou Cnouphis s^ honorait seulement par le silence •; et ce


dieu ne fut plus pour le peuple égyptien, excepté les seuls habi-
tants de Thèbes qu'un dieu de la tourbe vulgaire des dieux
,
et ,

Phtha devint, comme nous avons vu le prolo-parent des dieux. ,

Cette doctrine corrompue semble exposée par Manétlion et l'au-


tre historien ; à moins qu'on ne veuille dire plus charitablement
que, ne sachant pas qu'ils écrivaient une cosmogonie, ils font

seulement mention des dieux que les Egyptiens avaient trans-


formés en leurs rois.

G.-B. PlANCIANI ,

De la Compagnie de Jésus ;

Professeur de chimie au collège Romain.

dit que quelques images de PhthaXe représentent sons la figure d'un


nain avec une grosse tête de forme presque spbérique ou du moins
, ,

ovale , les membres repliés , en un mot tel qu'il semble qu'on dût l'ima-
giner encore renfermé dans l'œuf ou venant d'en sortir. (ChampoUion ,

Panth. e'gyp/. ,
pi. 8, cité par Eméric David , p. 62, 64. ) Une de ces
images a les pieds tournés en dedans, peut-être pour figurer l'attitude
repliée dans l'œuf, et sans mouvement. Les Grecs par aventure , , virent
des figures semblables et crurent Phtha estropié; ce qui contribua à leur
faire croire que c'était leur Fulcain; ou peut-être firent-ils celui-ci boi-

teux parce qu'ils imaginaient que


,
tel était Philia avec lequel ils l'avaient
confondu.
IXous avons donné dans les y^rt;?a/e,y la figure du dieu p/t/Aa boiteux,
d'après le Panthéon égyptien de ChampoUion dans notre tome x , ,

p. 213, n" 6, où Ton voit écrit le nom du dieu Phtha en caractères hié-
roglyphiques.
' Jamblique , loco citato.
126 COMMUNICATION DE LA MER MORTE

(6co()ra|iÇî<! sacrée.

SUR LE COURS DU JOURDAIN.

État de la question. — Recherches de M. Callier. — Recherches de


M. de Bertou. — Dépression du bassin de Mer Morte. — Descrip-
la

tion de la vallée. — Différence du niveau entre Mer Morte et la la

Mer Rouge, et entre la Mer Morte et la Mer Méditerranée.

Nos lecteurs se souviennent sans doute qu'une discussion as-


sez longue a eu lieu dans nos Annales^ , entre IM. Letronne et
M. l'abbé Canéto , sur la question de savoir si le Jourdain s'est

jeté autrefois dans la I\Ier Rouge, ou si la nature du terrain em-


pêche d'admettre cette possibilité. M. Canéio, se fiant sur les in-
dications de Burckhardt et sur le récent voyage de M. Le'on de
Laborde, faisait remarquer la possibilité de cette ancienne voie
suivie par le fleuve de la Palestine, et supposait que c'était la ca-

tastrophe arrivée aux villes impies qui avait arrêté le cours de ce


fleuve et l'avait absorbé dans la Mer Morte, M. Letronne pensait
que la situation des versans des montagnes qui séparent la Pales-
tine de la Mer Rouge, empêchent d'admettre cette possibilité,
et appelait l'attention des voyageurs sur ce point , en mon-
trant toutefois que la véracité du récit de la Bible n'est nulle-
ment en cause dans ce débat. Un voyageur M. Jules de Bertou, ,

récemment arrive' de la Palestine et qui a mesuré la hauteur de


,

toute la vallée qui sépare le Jourdain de la Mer Rouge a donné ,

gain de cause à M. Letronne. C'est un devoir pour nous de faire


connaître à nos abonnés ces nouveaux documens et pour les ,

donner avec plus de précision et de clarté, nous y joignons la carte


dressée sur les lieux. C'est une pièce nécessaire à l'intelligence de
cette question et utile à tous ceux qui lisent la Bible. A. B.

Voir dans nos Annala, les t. XIT, p. 433. XIII, 20 i, xiv. 119.
,

KT DE LA MEfl noIIGE. îâ?

Sur la prétendue communication de la Mer Morte et de la Mer


Rouge.

Une importante question de géographie physique a été soule-


vée pour la première fois dans le Journal des Suivants » , et re-
commandée aux recherches ultérieures des voyageurs en Orient.
Des observations récontes ont fait faire à cette question des pro-
grès qui en avancent beaucoup si même ils n'en décident pas ,

tout-à-fait la solution.
La discussion s'est élevée à l'occasion de l'intéressant et beau
voyage de MM. Léon de Laborde et Linant dans l'Arabie Pé-
trée. C'est la carte jointe à ce voyage qui en a fourni les élé-
mens
Cette carte donne avec de grands détails la vallée qui court
presque du nord au sud, de l'extrémité de la Mer Morte jusqu'à
la Mer Rouge au , golfe de l'Akaba. Celte vallée, dont on n'avait
aucun indice avant le voyage de Seelzen en 1808, fut depuis re-
connue par Burckhardt en 1812, et successivement par MM. Ban-
kes, Mangles et Irby Léon de Laborde, Linant et Callier-
,

Aucun de ces voyageurs n'a parcouru cette vallée dans toute


son étendue : les uns n'en ont vu que la partie septentrionale , à
l'endroit où elle débouche dans la Mer Morte ; les autres seule-

ment la partie méridionale , du côté de la Mer Rouge. Burck-


hardt n'avait fait que la traverser vers le milieu.

Néanmoins, d'après la direction de cette vallée, qui semble


n'être que le prolongement de la Mer Morte et l'ancien lit d'un
fleuve, on n'hésita point à la considérer comme ayant jadis servi
d'écoulement au Jourdain ,
qui, selon cette hypothèse, aurait
seulement traversé la Mer Morte pour terminer son cours dans la
Mer Rouge.
Cette conjecture est si naturelle et si vraisemblable qu'elle fut
adoptée par le savant éditeur de ces voyages , M. W. M. Leake
par M. Cari Ritter, M. de HofF, MM. Léon de Laborde et Li-

"
Octobre 1835, p. 596-602.
,

128 COMMUNICATION DE LA MER MORTE

nant, etc. Elle était devenue une opinion à peu près générale
parmi les géographes aussi sur la plupart des cartes récentes
; ,

le fond de la vallée est qualifié d^ancien cours du Jourdain. C'est

qu'en effet , outre son extrême probabilité sous le point de vue


géographique , cette opinion avait encore l'avantage de paraître
se lier assez naturellement avec le récit de Moïse, sur la destruc-
tion des villes de la Pentapole, considérée comme l'effet d'érup-
tions volcaniques et de treniblemens de terre survenus dans le
bassin de laMerMorte. Rien ne pouvait être plus séduisant que
de ramener ainsi dans une époque historique un de ces phéno-
mènes de géologie qu'on est habitué à placer avant toute his-
toire.

Tenter de s'éloigner d'une opinion devenue si générale, c'était


s'exposer à être taxé de paradoxe, et c'est ce qui m'est arrivé lors-
qu'en rendant compte de la discussion de M. Léon de Laborde ,

j'ai cru pouvoir élever quelques d ouïes sur cette opinion , à la-
quelle ce voyageur venait d'ajouter le poids de ses observations
et de ses raisonnemens judicieux. Mais je suis d'avis qu'il ne
faut pas craindre d'encourir un tel reproche , lorsqu'on s'appuie
sur quelque fait capital que la théorie convenue et adoptée géné-
ralement ne peut expliquer; car c'est un signe évident qu'il y a
là quelque difficulté grave, quelque lacune à remplir ,
qu'il im-
porte au moins de signaler. En pareil cas, le scepticisme ,
quand
même il serait outré > est plus utile qu'un assentiment aveugle ;

car il appelle l'attention, il éveille la critique ; il fait chercher , et

tôtou tard la difficulté est résolue.


Dans cette circonstance on a combattu mes scrupules , sans
,

trop les comprendre j'ai répondu, pour montrer qu'ils n'étaient


;

pas chimériques : les faits viennent de me donner raison sur tous


les points.

La carte de MM. de Laborde et Linant me parut offrir un


trait important, tout-à-fait contradictoire avec l'opinion généra-
lement admise. Il résulte en effet de l'examen attentif de cette
carte que les versans qui débouchent clans la vallée du côté de
l'est, le seul dont elle donne le relevé , présente deux directions
différentes. Depuis l'extrémité de la Mer Morte , et dans la par-
ET DE LV MER ROOCE. 129

tie septentrionale de la vallée , ils se dirigent du S. E. au N. 0.


vers le bassin de cette mer, flont ils paraissent être des aftluens;
tandis que dans la partie méridionale de la vallée ils vont du
N. E. au S. 0. se dirigeant vers la Mer Rouge.
De cette simple observation ,
qui me parut décisive pour un
géographe ,
je crus pouvoir conclure : lo que la grande vallée
longitudinale ne formait pas un plan continu; 2° qu'elle était
séparée eu deux versans , l'un tourné au nord , vers la 31er
Morte, l'autre au midi , vers la Mer Rouge ;
3° que le bassin de
la Mer Morte a eaux d'une partie des montagnes situées
reçu les

au midi, dès l'époque où ce sysième montagneux a été formé ;

4o que la formation de ce bassin ne peut être due au bouleverse-


ment partiel auquel on attribue la destruction des villes de la

Pentapole ;
5o que le Jourdain n'était jamais sorti de ce bassin, et
n'a j?imais coulé dans la Mer Rouge.
Telles sont les conséquences que je tirai , non-seulement de la

carte même du voyage de l'Arabie Pétrée, mais encore de la di-

rection des courans considérables qui descendent à la Mer


Morte, eu venant du S. E.
Un courageux et savant explorateur , M. Callier ,
qui venait
de parcourir les mêmes contrées, et auquel je communiquai mes
doutes me fit voir que lui aussi de son côté avait
, , , tiré la

même conclusion d'autres faits qu'il avait observés sur les lieux,
et qui m'étaient restés inconnus. Il en publia l'exposé sommaire
dans une lettre qu'il me fit l'konneur de m'adresser.
Cette coïncidence fortuite d'opinion résultant ,
pour chacun
de nous , de considérations d'un ordre différent , me donna quel-
que confiance dans l'hypothèse que je soumis aux lecteurs du
Journal des Savans je le disais, que pour
, ne fût-ce, comme
donner à quelque voyageur, muni des moyens nécessaires , le
désir de résoudre définitivement cette question intéressante.
J'indiquai que le moyen d'y parvenir était de parcourir la val-
lée dans toute sa longueur pour s'assurer si elle est, comme je
le pense ,
partagée en deux versans.
M. Callier fut chargé parla Société de géographie àevédiis^QV (\ViQ[-
ques instructions pour M. de Bertou, qui , dans une lettre écrite
130 COJlMUIflCATIOW DE LA MfiR MORTE

de Jérusalem, le 29 avril 1837, annonçait l'intention de parcou-


rir les bords de la Mer Morte. M. non moins désireux
Callier,
que moi-même de voir nos doutes s'éclaircir dans un sens ou
dans l'autre, indiqua au voyageur les recherches à faire pour la
solution de la question importante qui nous avait occupés. Il
lui exposa nettement en quoi consistait la difficulté. Je dois
avouer, que M. de Bertou était d'autant plus apte à cette explo-
ration , qu'il partageait l'opinion commune ; il devait donc se
montrer plus difficile sur les preuves de l'opinion contraire.
Son témoignage , s'il nous était favorable , n'en pouvait avoir
que plus de poids.
Ce voyageur vient de transmettre le résultat de ses recher-
ches ; M. Callier en a fait un exposé très intéressant dans le Bul-
letin de la Société de géographie ( août 1838 ), et dans les iVou-
uelles Annales des Voyages \ En voici un extrait sommaire.
Deux faits principaux ressortent de ses observations; tous
deux concourent à démontrer que le Jourdain n'a jamais pu
couler dans la Mer Rouge.
Le premier est l'existence bien constatée d'un point de par'
Zrtge dans la vallée ,
qui la divise en deux versants, comme je

l'avais présumé, situé à environ 23"* 25' de la Mer Morte , et

IS*" 35' de la Mer Rouge, beaucoup plus près de la première


que de la deuxième.
Je cite les paroles du rapporteur : « Après avoir marché du-
» rant trois heures le long des montagnes de l'ouest, d'où s'é-
» coulent tin grand nombre de . torrents qui se rendent dans la
» Mer Morte, notre voyageur arrive à des colhnes transversales,
» au miheu desquelles il rencontre un canal de 250 à 300 mè-
» très de largeur. Cette coupure a l'apparence du lit d'un grand
"fleuve, dont la pente est visiblement vers le Jourdain. On
» l'appelle Ouadi-el-Araba à son entrée dans le Ghor. A mesure
» qu'on s'avance au sud, la vallée s'élargit , et le lit des eaux
» n'occupe plus toute sa largeur; il se réduit à une sorte de ca-
» nal creusé dans le sol, et dont la pente est toujours visible-

'
Tome txxxi, p. 6.
,

ET HJù h\ MER ROU«E. 131


>) ment dirigée vers le nord ; c'est à 23'' 25' de la Mer Morte que
»> notre voyageur arrive à l'origine de celte pente. C'est là que
» s'opère le point de partage des eaux pour se rendre d'un
» côté dans le lac Asplialtite , de l'autre dans le golfe d'Elana.
» Les Arabes ont appelé ce lieu el Saté, le tuit
^
pour désigner
>» les deux versans.
» Après avoir ainsi reconnu l'existence d'un point de partage
» dans la vallée, M. de Bertou a lui-même renoncé à l'opinion
» qu'il adoptait comme tous les géographes. »
Ainsi, l'extrémité de la Mer Morte n'est point une ve^llée ou"
verte par où le Jourdain aurait pu prendre librement son cours
du nord au sud. C'est au contraireune vallée fermée, dont l'in-
clinaison est en sens inverse du cours du Jourdain.

Ce fait positif résout à ce qu'il semble


, la question que j'ai ,

soulevée, et confirme tout ce que M. Callier et moi, avions con-


moi de la carte
clu, lui d'observations recueillies suïlles lieuxy ,

de MM. Léon de Laborde combinée avec les remar-


et Linant ,

ques de Seetzen sur la direction de tousiîes cours d'eau qui tom-


bent dans la Mer Morte à son extrémité méridionale.
Un autre trait bien remarquable, récemment observé est ,

une dépression considérable dans le Mer Morte


bassin de la
constatée par les .observations barométriques de MM. Moore et
Beke, suivies de celles de M. de Bertou. M. Callier, en calculant
ces observations , démontre qu'elles sont incohérentes, difficile-
ment comparables, et certainement entachées d'erreurs, puis-
qu'il y a environ200 mètres de différence entre elles. On ne peut
donc compter sur l'exactitude de la mesure elle exige d'autres ;

observations faites avec de meilleurs instrumens. Mais le fait


même de la dépression résulte de trois observations indépendan-
tes l'une de l'autre , on peut donc le considérer comme prouvé ;

la quantité seule est incertaine. C'est un fait entièrement analogue


à celui qui est constaté pour la mer Caspienne. Un premier nivel-
lement avait donné 51 toises la Mer Noire
au dessous de le ni- ;

vellement qu'on vient d'exécuter, par des moyens qui ne per-


mettent pas d'admettre une erreur de plus d'un mètre, réduit la
dépression à 15 toises 9 dixièmes.
132 COMMLKICATION Dii LA MER MORTE.

Il en sera de même de la différence du niveau de la Mer

Morte cette différence sera tiès probablement fort inférieure


:

aux 607 mètres qu'ont trouvés MM. Moore et Beke, d'après le


degré d'ébullition de l'eau, et même aux 4l9 mètres qui résultent
de l'observation barométrique de M. de Bertou. M. Cailler
pense qu'une dépression de 200 mètres n'est peut-être pas fort
loin de la vérité. Quand elle n'aurait pas plus de 100 mètres , et

elle ne peut guère être moindre , elle serait encore le triple de


celle de la mer Caspienne.
D'après cette nouvelle considération, l'écoulement du Jourdain
dans la Mer Rouge est rendu encore moins probable ; elle résout

la quesiion dans le sens que nous avons annoncé main- ; on voit


tenant que, si l'une desdeux mers a jamais coulé dans l'autre,
ce sera plutôt la Mer Rouge. Mais tout indique que les deux bas-
sins sont séparés depuis la constitution définitive de toute cette
région, et j'ai montré que. le texte de la Bible, bien examiné, est
plutôt favorable que contraire à la solution.
Je n'ai pas un mot à changer aux expressions dont je me suis
servi dans l'article du mois d'octobre 1835.
Ces expressions rendent encore exactement tout ce qu'il est
possible de conclure des nouvelles observations de M. de Ber-
tou, analysées par M. Callier. Il faut espérer que quelque voya-
geur pourra enfin, par des observations barométriques compa-
rées , sinon par des mesures trigonométriques , constater exac-
tement la différence du niveau du lac Asphaltite et du golfe
d'Elana. C'est une opération dont le résultat n'aurait pas moins
d'intérêt pour la géographie physique que celui de la mesure
qui vient d'être exécutée entre la Mer Noire et la mer Caspienne.
Letronne.

Extrait du mémoire de M. J. de Bertou, sur le relief des trois val-


lées successives.

Dans une let(re écrite de Beirout par M. J. de Bertou (ocl.


i838), se trouve le passage suivant :
hIT VL LA MER hOUGi:. 1 3o

« Je n'avais pas encore eu ravanta<ïe de lire l'intéressant ar-


n ticle que vous fîtes insérer dans le numéro du Journal des Sa-
»» vans du mois d'octobre 1835, sur la constitution physique du
» bassin de la mer Morte, lorsque je résolus de chercher sur les
»> lieux la solution du problème soulevé par la découverte de
» Burckhardt, el ce ne fut qu'après avoir accompli cette explora-
» tion, et tout dernièrement, qu'il m'a été' donné d'admirer avec
>» quelle sagacité vous étiez seul arrivé à la vérité , long-tems
» avant qu'elle ne fût entrevue par aucun autre. »

Dans le mémoire détaillé que le même A'oyageur publie dans


le Bulletin de la Société de géographie, il dit : « En lisant, à
» Beirout (après mon voyage dans l'El-Ghor), l'article de M.Le-
>» tronne, j'ai eu peine à me persuader que celui qui l'avait écrit
>» n'avait pas visité les lieux, et que c'était par une simple prévision
» qu'il avait deviné l'existence des faits que je venais de découvrir. »
A l'appui de ce jugement de M. J. de Bertou, je vais présentei
un court exposé de l'état des lieux, tel qu'il résulte de sa carte
et de son propre récit *.

A l'extrémité sud de la mer Morte, s'ouvre Ouadi-el-Ghor,


vallée de 2 ou 3 milles de large ; à 20 milles plus loin, on tra-
verse Ouadi-êl-Fukret, courant qui vient des montagnes à l'O,
et se rend dans la mer Morte, ainsi qu'un grand nombre d'autres
courans. A
22 milles, on atteint la chaîne de montagnes peu
élevées qui termine au S. VEl-Ghor et le sépare de la vallée
suivante, dite El-j4rahah. Celle-ci s'ouvre à l'endroit appelé Ain
El-Aras (fontaine du fiancé).

Le Ouadi-Arabah a d'abord l'apparence du lit d'un grand


fleuve, et l'on serait tout disposé d'abord à le considérer comme
ayant été réellement celui du Jourdain, si sa pente très sensible
n'était évidemment tournée en sens inverse, c'est-à-dire vers la
mer Morte. C'est en effet le lit d'un torrent qui va se rendre
dans cette mer en traversant l'El-Ghor. Sa largeur est de 250 à
300 toises, et il est rempli de tamarisks dont les chameaux sont

fort avides. Jusqu'au Oaadi AJdel, cette largeur moyenne se

' Voir la carte à la fin de l'article.

m' SÉRIE. TOME I.— N* 2. 1840. 9


134 COMMUNICATION DE LA MER MORTE
continue dans l'intervalle, la vallée reçoitune multitude d'autres
;

courans qui débouchent constamment dans la direction N.


Au-delà du Ouadi Afdel la vallée s'élargit, les courans
même direction et l'on monte toujours jusqu'à Ouadi
suivent la
Talh {saWée des acacias), qui vient de l'ouest et que suivit
Burckhardt lorsqu'en 1812 il se rendit de Pétra au Caire.
,

C'est là que se trouve le point de partage des deux versans ;

on commence alors à descendre dans le Ouadi-el-Akabah ,

qui se termine à la pointe de la mer Rouge, et tous les courans


sont tournés vers le bassin de cette mer. La séparation est faite
par une ligne de coteaux qui, à son extrémité orientale, prend
le nom à'El-Sathé (le toit), expression qui rend bien l'idée du
double versant. Tout près de cet endroit, sont les deux derniers
ouadis ( Abou-Kaseibabeh et Maaferah ) dont la direction est ,

dans le sens de la mer Morte.


A l'ouest de ï Ouadi-el-Akabah, on voit sur la carte les divers
embranchemens qui forment le Ouadi-Djarafi , traversé par
MM. Robiuson et Smilh, et par M. Callier. La direction de cet
ouadi, qui, prenant son origine à plus de 30 lieues au S.-O. de
lamer Morte, coule vers cette mer et débouche dans VEl-Arabah,
est un des faits qui ont porté ce savant voyageur à douter que
le Jourdain ait jamais pu couler dans la mer Rouge, et l'ont
déterminé à penser que la mer Morte était un bassin primitif qui
a reçu, dès l'origine, toutes les eaux d'une grande partie du
système montagneux situé plus au sud.
Le profil général du terrain entre les deux mers, d'après les
observatioiis de M. J. de Bertou, est marqué sur notre carte.
Le calcul définitif de ces observations adonné, pour la dépres-
sion de la la mer Morte, par rapport à la Méditerranée, 4l9m.
Ce calcul se rapproche beaucoup de celui qui résulte des
observations barométriques faites depuis par M. Russegger, na-
turaliste autrichien ; ces observations constatent une dépression
1 ,400 pieds anglais ou 426,712 '; ce qui n'est que 7 à 8 mètres

' Journal of the Royal Geogr. Society ofLondon , t. ix , dart. 2,

p. 64.
Anruihj dt Phd ch^f.' 111'- Sf'ru . n° 3 TI r, /.i TU' Se,,^. Planche ;?.

^1
SI

2
B

«
q
«
h
é
m
d

A!

ai

o]
ET UE LA MEU KOLUE. 135
de plus que la mesure de M. J. de Berlou. Il paraît donc dif-
ficile qu'il puisse y avoir une erreur importante sur cette de'-

termination ; et l'on peut admettre que la dépression de la mer


Morte n'est pas beaucoup moins de 400 mètres.
La hauteur à'El-Sathé, vue du point de partage, entre Ouadi
Arabah et Ouadi Aknbah, est estimée à environ 160 mètres au-
dessus de la mer Rouge conséquemment à environ 570 mètres
;

au-dessus de la mer Morte,


Il est démontré clairement que la mer Moite n'a jamais
coulé dans la mer Rouge ,
que le relief du terrain entre les
deux remonte à la formation ile tout le système montagneux
qui sépare leurs bassins.
Je n'ai rien à changer aux considérations présentées dans
l'article du mois d'octobre 1835 V
12 septembre 1839.

Letp.onne.

J Extrait des Nouvelles annales des voyages, publiées par MM. Ey-
riès et Ternaux-Compans ; ainsi que la carie qui y est jointe.
—,

t36 MOEURS ET DOnTRINKS


»^^fc^^%'^/%^^V* v^-*^ ^^-^

DES MOEURS
ET DES

DOCTRINES DU RATIONALISME
EN FRANCE.
Par m. l'abbe Constaitt Symon de L.... '.

Da Rationalisme dans — Les théosophes allemands. — Dn pro-


la réforme.
— Bacon. — Diderot Virey. — Locke.
grès séparé de la révélation. ,

Condillac. — Hume. — Reid. — Dugald Steward. — Helvétius. —D'Ar-


gens. — Cabanis. — Condorcet, — Cousin.— Résumé de doctrine
etc. la
du rationalisme.

S'il est un livre qui soit du domaine propre des annales de


philosophie et de philosophie chrétienne , c'est sans doute celui
qui ne parle que de la philosophie des trois derniers siècles
celle qu'il nous importe le plus de connaître et qui ne l'envisage ;

que dans ses rapports avec les doctrines du christianisme. Cet


ouvrage que nous croyons beaucoup moins connu qu'il ne mé-
rite de l'être , se divise naturellement en deux parties que nous ,

pouvons appeler l'une la partie théorique et l'autre la partie


historique. Dans la première, l'auteur s'étend beaucoup , un
peu trop selon nous, sur la forme de la littérature actuelle, et se
prononce surtout avec véhémence contre l'école romantique, et
ce qui est extraordinaire , avec une vigueur et un style que l'on
croirait empruntés à cette école. Nous avons dit notre façon de
penser sur le romantisme ^ dans ce journal , et nous croyons
que ce n'est pas là qu'est la grande plaie du siècle. Aussi pas-

* I vol. in-8, 226 pages. — Paris, Debecourt, rue des Saints-Pères, 69.
" Voir l'article intitulé du Romantisme dans ses rapports avec le Ca-
tholicisme dans notre tome 11, p. 364.
DU RATIONALISME EN FRANCE. 237

sons-nous rapidement sur cette partie de l'ouvrage. Mais ce


qu'il dit en particulier du rationalisme, et surtout de son histoire
nous a paru très remarquable et digne de tixer notre attention,
M. Constant Symon examine l'influence du Rationalisme î

1° Dans la philosophie;
2° Dans la politique; •

3° Dans l'économie politique;


4" Dans le mouvement scientifique ;

5° Enfin dans la littérature.

Nous l'avons dit, nous ne voulons pas nous occuper ici du


style ou de la forme du livre de M. Constant Symon. Mais
nous allons extraire de son ouvrage tout ce qui pourra faire con-
naître l'histoire de la philosophie dans les trois derniers siècles.
L'auteur commence d'abord par jeter un coup d'ceil sur leRa-
tionalisme, aussi ancien que larévolte des anges apostats, et sur la
terre, que la première désobéissance à la loi de Dieu. Il était, sous
le règne du paganisme, l'àme de toutes les sectes de philosophie ;

il inspira dans les trois premiers siècles de l'Eglise tous les héré-
siarquesqui essayèrent d'altérer la pureté de la foi chrétienne ; et,

dans l'ordre politique, un système d'esclavage qui n'était lui-

même qu'une expression des connaissances religieuses et politi-

ques de l'époque qui a précédé le Messie,


Les peuples ont toujours eu à exercer leur libre arbitre entre
les bienfaits du catholicisme et les promesses plus ou moins sédui*
santés d'un sectaire.
La réforme, après quinze siècles, résuma toutes les sectes du
passé, ou plutôt devint le gouffre où toutes se précipitèrent. Cette
espèce d'universalité créa une ère véritable dans le règne de l'er-
reur. Mais l'instinct du protestantisme tendait plutôt à créer un
état social en dehors de l'Eglise, qu'une nouvelle religion en de-
hors de la religion véritable. C'était là la question intime et fon-
damentale de l'époque, le secret qui résidait au fond des choses;
et c'est pourquoi les princes et les souverains sourirent aux réfor-
més comme à leurs libérateurs.
Si donc les réformes élevèrent autel contre autel, c'est qu'une
action quelconque sur les hommes présuppose toujours unprin-
1^ MOEOP.S ET DOCTRINES

cipé religieux, vrai ou faux : et ce fut uniquement parce qu'elle


était un obstacle invincible à ses projets que le protestantisme
discrédita la doctrine du calholicisme car, en ; général, le carac-
tère de l'esprit d'hérésie n'est pas uu amour direct de l'erreur
qu'il a embrassée.
Les variations du protestautisme prouvent qu'il ne pouvait
espérer une longue existence, en tant que doctrine religieuse.
Mais il en avait, pour ainsi dire, souscrit formellement le pacte;

et impuissant à soutenir son vol dans les régions de l'iatelligence,


il s'abattit sur le corps social, afin de lui souffler son esprit de
mort.
Bientôt Luther, Calvin, Zuingle, Bucer, mille voix discor-
dantes, se lançant un mutuel anathème, revendiquent la réforme
comme leur unique propiiété.
Ici, forcé de faire un choix et de chercher en quelque sorte
l'esprit commun et l'essence vitale de tant de sectes qui pré-
tendent au titre de réformatrices, l'auteur s'adresse à la théoso-
phie allemande, qu'il appelle l'école la plus méditative, la plus
hardie, la plus forte dans ses conceptions, et en qui repose,
dit-il , l'origine du mouvement rationaliste dans toute son
énergie.
A ceux qui trouveraient chimérique cette origine , il répond
que toute doctrine est un fait, et que pour connaître l'ensemble
de toutes les transformations du protestantisme, et le fil secret
qui unit toutes ses parties, il faut remonter à son fait primitif et
générateur ;
qu'on ne peut trouver plus sùremeut ce fait que
dans le point métaphysique le plus abstrait, et, par là même, le

plus fécond^ qu'uixe cause abstraite de sa nature n'en est pas,


pour cela, moins active ; et que c'est même dans l'ordre méta-
physique qu'il faut chercher et saisir le levier qui peut seul sou-
lever le monde que c'est pourquoi (et il le démontre par un
;

long texte de Charron) les sages du rationalisme, tout en ne fai-


,

sant point de bruit, même parmi les protestans, sont la cause de

tout le bruit qui s'est fait sous l'influence des sectes protes-
tantes.

Ces patriarches du rationalisme nous ont dépeint la création


,

DU RATIONALISME Ki\ FAANCK. 139

comme échappant à l'impuissance d'un Dieu , incapable de se


contenir lui-même, et répandant son essence dans une n^ultitude
infinie d'êtres dont les perfections se graduaient en proportion de
leur distance du volcan divin.
L'homme était à son origine d'une nature subtile et. prodi-
gieusement active ; mais ayant voulu pénétrer dans les régions
inférieures de la création , et y opérer avec la substance dont il

était orué , il fut accablé tomme enchaîné parles élémens


et

impurs et grossiers du monde matériel, qui était lui-même le


résultat d'une première révolte antérieurement tentée par d'au-
tres êtres spirituels '.

Dès lors, esclave dans les liens de la matière, la portion divine


qui composait l'homme eut à lutter pour briser son joug, et
reconquérir sa dignité.
Dieu, dans cette doctrine, est un être privé de volonté.
Le monde est l'œuvre de la nécessité.
L'homme ce qui implique
, la doctrine du progrès, est con-
damné à se refaire.
Panthéisme^ nature toule-puissantC; vertus innées des germes,
tout système qui veut expliquer au moyen des causes secondes
l'origine du monde et Je l'homme, est identique avec ces dogmes
des théosophes allemands.
C'est enchaîné sur la terre, comme Prométhée sur son rocher
que cette idolâtrie de la raison humaine livre l'homme aux phi-
losophes.
Tous ont accepté la loi de ce progrès en dehors de la révéla-
tion et du catholicisme, et prennent l'homme dans l'état de la
plus extrême infirmité , résolus de l'ébaucher insensiblement et
de le porter jusqu'à la dernière perfection.
Le progrès destiné à affecter un être raisonnable , est insépa-
rable de l'expérience. Bacon ,
placé à l'aurore et sous l'influence
de la. réforme , trouve l'occasion propice pour proclamer cette

* Page 33. Ces idées tout-à-fait rabbiniques (V. Molitcr, Philosophie


de la tradition. 1. 1) ont été, dit notre auteur (page o4J» adoptées par
JacobBœhme, Swedenborg, Saint-Martin.
140 MOEDRS ET DOCTRINES

lumière qui doit révéler l'homme à l'homme. Ce philosophe,


pour sa part, n'a que la simple prétention de refaire l'entende-
ment humain au moyen d'un nouvel organe. L'anathème est
,

lancé sur le passé. Leraisounement, et son expression nécessaire,


le syllogisme, sont répudiés. Une expérience toute matérielle de-
vient la source de toute vérité. Ces leviers sont la double méthode
d'induction et de déduction, excellente pour matérialiser l'homme.
Après Bacon, suivant l'ordre logique des idées, il faut placer
le fougueux Diderot ,
qui eut aussi la modeste prétention de
créer un nouvel univers. Il regarda comme une hypothèse essen-
tielle aux progrès de la physique expérimentale et de la philoso-

phie rationnelle, la supposition d'un être prototype de tous les


autres animaux.
Cette fiction ne dispensait la puissance créatrice que de s'oc-
cuper de la production du règne animal. Diderot •
trouva moyen
de lui épargner toute fatigue pour le prototype lui-même : il

proteste (c'était alors la coutume) de la pureté de sa foi, puis


il ajoute pieusement : « Le philosophe abandonné à ses propres
» conjectures ne pourrait-il pas soupçonner que l'animalité
» avait ah œterno ses élémens particuliers , épars et confus dans
» la masse dé la matière ; qu'il est arrivé à ces élémens de s'unir,
» parce qu'il était possible que cela arrii'dt. »

Yirey ' , d'âpres les mêmes principes, a soupçonne' une certairie


fraternité ëhtre les Hottentots et les Babouins ; et Lamarck ra-
conte sans rire comment les orangs d'Angora, après avoir acquis
graduellement l'habitude de marcher droits, firent des mains de
leurs pieds de devant; et n'ayant plus besoin de leurs mâchoires
pour se battre et pour paître, il en résulta que leur museau
se raccourcit ,
que leur visage devint plus vertical, que leur gri-
mace enfin se réduisit à un sourire gracieux, et que leur bredouil-
lement se développa en sons articulés.
Et sur quoi repose tout cet édifice I sur cette raisoii petem-
ptoire : Cela était possible !

* Interprétation de la nature ^ k^AioT. ii, 12, 58.


' Page 70, note emjiruntée à M. Wisemann.
DD RATIONALISME EN FRANCE. 141

Moins hardis, mais toujours 6dèles à leur mission, les autres

philosophes décrivent la loi du progrès rationaliste sur une


échelle moins vaste, mais plus régulière. '«*4i v-

Locke prend l'hoinine au point où l'animal prototype com-


mence à se distinguer, où l'on aperçoit en lui des traces de figure

humaine et; comparant notre nature à ce qu'il appelle une


,

table rase, il rejette toute idée, tout principe inné. Pour lui aussi

l'expérience est l'unique source de tout savoir. Ce sont les sens


extérieurs (la sensation) et le sens intérieur (la réflexion) qui la
réalisent et nous la procurent. Mais, pour ne pas perdre de vue
son point de départ, il a soin de nous avertir que la sensation est
active et stimule l'énergie delà réflexion. C'est donc delà sensa-
tion éveillant la réflexion, qu'il fait du tems , de
naître les idées
l'espace, de du nombre, de la densité, etc. Il est cependant
l'unité,

assez humble pour confesser qu'il


y a une idée, l'idée de substance,
que nous ne pouvons avoir par voie de sensation on de réflexion.
Excepté cette réserve qui contristerait la philosophie, si elle ne
cachait peut-être un piège perfide (la négation de l'idée de Dieu,
qui se définit : l'être, ou la substance), Locke a bien mérité de

l'homme ; car il a, selon d'Alembert, réduit la métaphysique à la


physique expérimentale de l'âme I

Condillac se proposa de porter jusqu'à son apogée cette physi-


que expérimentale de l'âme il inventa la célèbre statue, vrai
;

thermomètre de la nature humaine. La statue, qu'il savait si à


propos interroger et faire répondre, lui révéla que, de toutes nos
sensations, une du tact, nous donnait, en nous indi-
seule, celle
quant une résistance, du inonde extérieur. Locke avait re-
l'idée
connu deux moyens de connaître un seul suffit à son disciple.
;

Qu'est-il besoin de sens intérieur? La sensation constitue tout


l'homme; toutes nos facultés ne sont autre chose que la sensa-
tion transformée. La sensation est donc l'origine de toute
connaissance et la sensibilité l'origine de toute faculté hu-
,

maine.
Justice à qui elle est due. Locke et Condillac sont deux puis*
sans législateurs de la loi du progrès rationaliste.
Pendant que cette hatite comédie se jouait avec une gravité doc-
142 MOEURS ET DOCTRINES

totale, s'avançait sur la scène un nouveau venu, qui, sans reje-


ter la loi du progrès, se plaignait de n'en pas voir clairement l'ap-
plication. David Hume admettait, avec Locke, qu'il n'v avait
dans notre âme.aucune idée, ni germe d'idée « /^r/on mais il ;

isolait toute sensation et tout sentiment, soutenant que l'idée de

cause et d'effet est une illusion ; que l'homme par conséquent de-
vait se contenter de la connaissance qui résultait de chaque sen-
sation prise isolément; car, selon lui, il est toujours possible
qu'un fait ne suive pas un autre fait qui l'a précédé, par exem-
ple que le soleil ne se couche pas après s'être levé.
On vit alors se lever l'école écossaise, Reid à sa tète, soutenu
par son disciple Dugald-Steward. Au scepticisme de Hume, il
opposa le sejis commun; mais, qu'on ne s'y trompe pas, cette
donnée sur l'homme n'est elle-même qu'un produit de l'obser-
vation et de l'expérience, une révélation obtenue par empirisme.
La doctrine du bon sens n'en reste pas moins privée d'une sanc-
tion supérieure, indépendante des faiblesses et des bizarreries de
notre nature. L'école écossaise ne nous offre donc qu'un palliatif
illusoire.

Il a semblé à Helvétius, d'Argens, Cabanis, Destutt-Tracy,


Condorcet,etc., que leurs contemporains ou leurs pères n'avaient
pas tout dit. Désireux de simplifier la science, et plus conséquens
peut-être, ils ont précisé davantage le point de départ; ils ont fait

jailUr (plus clairement que Condillac) de lu sensibilité organique


les idées et les facultés de l'homme qui, à les en croire, s'est

élancé de la terre spontanément, comme Minerve du cerveau de


Jupiter.
Législateur par goût et par manie, le 19e siècle ne se manqua
pas à lui-même. M. Cousin va nous décrire le premier réveil de
nos facultés; sous ses auspices, notre nature parcourt en deux
bonds gigantesques la carrière qui lui est ouverte. Le premier
représentera r intuition delà nature encore en enfance, le second,
la réflexion plus tardive. Il ne distingue pas de l'intuition l'ins-

piration, cette fille de l'âine et du ciel, qui commande la foi et

produit la poésie naturellement; car la/î//e du ciel xC est pas autre


chose que radian spontanée de la raison dans sa plus grande
,

on RATIONALISME EN FRANCK. 143


énergie. Mais après que la raison s'est développée ainsi d'une
manière toute spontanée et sans se connaître ( ce qui lui a fait
xroire inspirées ses informes productions), vient un beau jour où
elle se replie sur elle-même, se distingue de tomes les autres fa-
cultés; en se distinguant ainsi, se connaît dans l'ensemble complexe
et confus de son opération primitive (qui n'est rien moins que l'inspi-
ration), et s'aperçoit quetoutce qu'il y a de vrai danscet ensemble

(qu'elle a cru inspiré) lui appartient. De là, il résulte que peu à


peu, prenant confiance en elle-même au lieu de se laisser domi-
ner par les autres facultés, elle les juge ; c'est le travail de la ré-

flexion, h' impersonnalitéou spontanéité (qui s'ignore elle-même),


caractère éminent de l'inspiration, renferme le principe d'auto-
rité; et la réflexion, caractère de la raison, le principe d'indé-
pendance. Heureusement le dernier mot de M. Cousin, plus clair

que le reste, nous donne la clef, nous ouvre le sens de son impie
galiraatiais : « Quel est, dit-il, le nom populaire de la spontanéité
et de la réflexion? On les appelle la religion et la philosophie'.»
Ainsi depuis l'animal prototype de Diderot jusqu'à la spontanéité
de M. Cousin, c'est toujours l'homme qui nous apparaît, sans an-
técédens, comme sans avenir. H s'élabore, il se rafline jusqu'à
extraire de sa propre substance un Dieu, un être idéal, une
abstraction, idole muette, au rire amer.
Le philosophe et le politique ( dont nous avons promis de ne
point parler ) se prêtent tour à tour leurs forces pour trancher
le nœud qui unit l'homme à la divinité , et la loi du progrès est
l'oracle qui les dirige. Prctre-né de cette même loidu progrès,
le savant tâche d'étouffer l'éloquente voix qui s'élève de toute
la nature.

L'essor des sciences modernes datant de l'ère protestante


M. Constant Symon y aperçoit quelque chose qui ressemble à un
cbâtiment, plus qu'à une noble et généreuse récompense accordée

* Voyez ce long et curieux passage dans l'ouvrage même de M. Cousin,


Cours de philosophie, i8' S. leçon 4' ; et dans ses Fragmens philoso-
phiques (préface, page 45 et suiv.), un autre morceau non moins curieux
sur la spontanéité non réfléchie de l'humanité prise en masse.
î44 MOEDRS ET DOCTRINES

à la fidélité de l'homme humble et soumis. Cette malédiction qui


pèse sur la science, l'a privée de grandeur, de grâce et de fidélité.
Que les sciences physiques tendent à soulager les misères cor-
porelles de l'homme , rien de plus conforme à la nature ; mais
que, devenues l'esclave des besoins et des appétits développés
sans mesure dans l'homme, et sacrifiées aux applications du ca-
price et du luxe, la science soit retardée ou accélérée dans sa
marche par les attraits du capital disponible ; c' est-là un de ces
spectacles qui attristent tout cœur généreux. Au 18* siècle, le
savant combattait la révélation; au 19', il est îombé dans le
positif le plus plat. Il a dédaigné tous les dieux , excepté Mer-
cure , le seul qui reçoive les honneurs de son encens.
Pour finir par où il aurait fallu commencer peut-être , ex-
posons tout l'ensemble du plan de l'ouvrage , comme nous l'a-
vons compris , avant de rendre compte du résumé que l'auteur
en a fait lui-même , et de voir quelles conséquences il a déduit
de ses principes.

M. Constant Symon discute peu , il expose , et fait ressortir


par de très longues citations de textes, plutôt que par des pa-
roles déclamatoires , l'absurde immoralité du sophisme, et la
liaison infernale des diverses branches , ou pour ainsi dire la vie
des différens membres de la doctrine qu'il a prise à parti , ap-
préhendée au corps, étreinte dans ses serres d'aigle. Cette doc-
trine , la voici dans sa hideuse nudité :

Un Dieu , un destin , ou une énergie sans liberté , sans


amour par là même , a formé ce monde que nous voyons.
Ce monde ,
quoi qu'il en puisse être de son premier état , se

trouve aujourd'hui composé d'êtres inégaux, qui tendent chacun


selon leurs forces, à s'élever au premier rang, à devenir le Dieu
suprême.
La loi du progrès humain est donc la loi universelle.
L'homme, quel que soit son point de départ, occupe le pre-
mier rang sur la terre. L'étudier, en le supposant parti, soit

par une chute, soit par la nécessité de son origine, du point le

plus bas , et le perfectionner de telle manière qu'il devienne le

maître absolu, le Dieu de tout ce qui est au-dessous de lui, et


DD RATIONALISME EN FRANCE. 143

n'ait poinl, même dans le ciel , de supérieur, tel est le but de


la philosophie rationnelle.
Ce degié le plus bas d'où l'homme est parti , était précisément
son aveugle obéissance à un religieux instinct, que son ignorance
appelait révélation ,
quoi qu'il ne fût que spontanéité. Le degré
le plus haut où il puisse atteindre , ce sera de se faire, par la
réflexion , une raison assez positive pour ne plus attacher de
prix qu'aux jouissances purement physiques.
La loi du progrès doit être appliquée à !a politique et à l'éco-
nomie politique comme elle l'a été à la philosophie.
,

Le politique rationaliste supposera l'homme autrefois esclave,


et pour ainsi dire bête de somme et se proposera de le rendre ,

individuellement assez libre pour être à jamais affranchi du joug


de toute autorité divine et humaine.
Le théosophe économiste ne cherchant plus le bonheur que
,

dans la richesse , ouvrira à toute industrie la concurrence la plus


large. Le résultat de celte concurrence sera de faire de tout le

capital disponible la propriété , le monopole et la conquête


du plus industrieux et du plus actif. Tant que le monopoleur,
possesseur unique de tout capital productif, maître absolu de
tout instrument de travail, ne sera pas renvei-sé de son trône
par un nouveau venu plus entreprenant , à lui seul la libre dis-
position de tous les hommes et de toutes les choses.

Cette même loi du progrès est la maîtresse du savant et la


muse du littérateur. Puisque la fortune est l'unique bien , la
science ne doit plus se mettre au service que de l'industrie ;

tout au plus pourra-t-elle ,


par forme de distraction , échafFau-
der quelques nouveaux systèmes ,
qui aident la philosophie à
mieux étouffer les remords qu'elle a, depuis le dernier siècle,
stigmatisésdu nom de préjugés d'enfance.
Dieu banni delà terre, du moins en tant qu'objet d'amour et
de culte, l'homme, qui ne pourra plus désormais avoir d'autre fin
que lui-même, ne voudra, ne saura, ne devra chanter que le moi,
sans autres règles de goût ni de langage que ses seuls caprices.
Une courte analyse des vingt dernières pages du livre nous ai-

dera encore à vérifier si en effet nous avons bien saisi le point de


y4& MQEUaS £T DOCTRINES

vue véritablement neuf sous lequel nous est apparu ce sys-


tème jeté dans le monde depuis trois siècles et que l'auteur ,

nous semble avoir réduit à sa plus simple expression.


En exposant, dit-il •
, les doctrines du rationalisme, nous
n'avons pas perdu de vue l'identité qui unit toutes ses parties ,

nous avons toujours suivi le même principe , sous les aspects


divers qu'il a pris sur la terre ; nous avons vu que les parties su-

périeures {là théosophie) de ce monstre moderne (le rationa-


lisme) étaient un dieu-nécessité ; et que l'homme avait été jeté,

ou semé en ce monde par une puissance aveugle.


Afin de réparer les défauts d'un principe aussi informe , le

philosophe n'a pas trouvé dans sa sagesse de moyen plus efficace


que de faire elle-même ce que Dieu avait oublié , c'est-à-dire de
construire l'homme peu à peu , de le déclarer fils du tems et
de l'expérience.
La politique sanctionne la tendance de l'homme à s'émanci-
per : elle constitue l'être social son propre législateur , et modi-
fie les formes de la société d'après les progrès de l'homme ; par
conséquent, point de vérité politique stable ,
point de base pour
l'autorité ni pour l'obéissance.
L'économie politique conçoit que l'homme n'est pas heureux ;

aussi, pour alléger sa misère, s'applique-t-elle à accroître toujours


ses jouissances matérielles, jusqu'à ce que, par un miracle de
la loi du progrès , il en vienne à ne plus travailler.
Les sciences se chargent d'établir la loi du progrès , et se pro-
mettent de proclamer enfin l'indépendance totale de l'homme.
La littérature , cherchant des voies inconnues, s'abîme dans
l'obscur labyrinthe du cœur humain , dont l'état ordinaire est
une ivresse perpétuelle.
Après le résumé , les conséquences :

Une main terrible semble avoir tracé sur le seuil des nations
esclaves du rationalisme, ces caractères lugubres qu'un poète
jeté par l'inspiration aux portes du séjour infernal, lisait plein
d'épouvante avant de descendre dans ces horreurs profondes '

» P. 201.
- P. »og.
DU BATIONALISME EN FRANCE, 147

Per me si va nella citta dolente,


Per nie si va nell' eterno dolore,
Per rae si va trà la perduta génie.

Giié de deuil! guerre sans fini guerre de l'homme contre le

Créateur ; guerre contre lui-même , en proie au doute ; guerre


entre les élémens qui composent le pouvoir ;
guerre sans pitié,
sous l'empire de la concurrence ;
guerre de la science contre la
nature ;
guerre de la puissance littéraire contre le seul Dieu qui
pourrait la vivifier.
Ce système anticatholique ressemble à une ville prise d'as-
saut où les assit'gés réduits au désespoir fout de chaque maison
,

une forteresse, jusqu'à ce que l'armée victorieuse ne se repose que


sur des ruines. Comment, en effet, tout ne serait-il pas dans un
état de révolte, là où rien n'est à sa place? Il y a des lois in-

vincibles dans la création ; libre à l'homme de dire à sou Créa-


teur : « Tu n'existes pas. » Dieu perd-il à ces jeux de la folie

quelque chose de sa sagesse ? Libre à l'homme de tout refaire


par voie d'expérience; en dememera-t-il moins démontré qu'il
faut une règle pour diriger l'expérience? Libre à l'homme de
faire passer toute la société dans le pouvoir ; en sera-t-il moins
vrai qu'il n'y a pas de pouvoir possible sans hiérarchie?
Libre à l'homme d'insulter ses semblables par ce qu'il appelle
l'économie politique ; en est-il moins évident qu'il n'y a pas au
monde de plus cruelle invention que le monopole et la concur-
rence , d'où la pitié et l'amour sont bannis sous le système libé-
ral? Libre à l'homme de tromper la nature par ses systèmes; la
nature ne lui impose pas d'autre châtiment que de renverser le
lendemain ce qu'il a édifié la veille.
Le rationalisme ne chante que des victoires; mais, sous son
influence , tout a prodigieusement baissé : le pouvoir, la famille,
l'obéissance , les conditions privées et publiques , tout en un
mot , excepté les banquiers et les industriels.

Le rationalisme n'a de valeur que comme doctrine cri-


tique. Il peutbeaucoup pour abattre], rien pour édifier. H a
btenu , en fait de destruction , des succès si prodigieux ,
qu
148 MOEURS El DOtTHINES DU LIBÉRALISME.

serait tenté de respecter en lui une mission extraordinaire et


mystérieuse. Il semble destiné par la Providence à venger sur
d'innombrables coupables, d'inconcevables iniquités.
Le rationalisme a changé toutes les proportions des choses ;

il appauvrit , il dessèche tout ce qui n'est pas à lui. C'est lui qui
a rendu à jamais impossible ce qui s*est vu dans l'antiquité , la
fondation et la prospérité d'un peuple, par des doctrines toutes
humaines; il les creuse, les éprouve, les environne d'une lumière
inattendue, leur ravit la foi qu'elles avaient en elles-mêmes, et
finit par les accabler, le blasphème sur les lèvres.

« Disons-le donc , s'écrie l'auteur en finissant , le ra-


tionalisme , doctrine critique la plus vaste , la plus formi-
dable qui ait jamais paru depuis l'ère du Christ, aura été la
cause de grands maux et l'occasion de grands biens. Car nous
croyons aussi que le monde ne recule pas.
» Brebis égarées loin de notre père commun , nos frères ten-

drement aimés en Jésus-Christ qui seul a su aimer les hommes


(parole admirable), rois qui chancelez sur vos trônes, et vous,
ô peuples-rois, qu'espérez-vous de doctrines dont toute la force
réside dans l'astuce et la corruption ? »

Nous avons beaucoup abrégé cette fin , comme tout le reste,


et si nous avons fait disparaître par cette métliode quelques
taches qui déparent l'ouvrage , nous avons dû sacrifier

aussi un grand nombre d'images fortes, de tours énergiques et


inattendus, de vues hardies et hautes, d'aperçus ingénieux , de
pensées profondes et même de traits de génie ,
qui font de cet
essai, malgré ses défauts, un livre tout-à-fait à part.
Nous souhaitons bien vivement que selon la promesse ,
qu'il

nous en fait dans sa préface, l'auteur confronte le rationalisme


avec les élémens qui militaient et qui militent encore contre lui,

pour arriver ainsi à une juste appréciation de l'époque où nous


vivons.

C. P.
DE Li LÉGEWDE UE ROJDtRT LL UIAULL 14^^

DE LA LÉGENDE
DE

'
ROBERT-LE-DIABLE

A l'époque où notre langue poétiq uc revèiit des formes vives


et animées d'un idiome national, ces traditions, les trésors légen-
daires qui gisaient dans l'obscurité studieuse des cloîtres, dans
la mémoire fidèle des populations , à cette époque, outr€ les tra-
ditions natives du génie celtique, outre les héroïques merveilles
du règne de Charlcmagne, il se trouve aussi une écho pour les

souvenirs de l'invasion normande. Les chroniques en vers com-


posées pour les rois anglo-normands ne furent cependant que
des chroniques.
Dans le 13' siècle , lorsque le duché de Normandie fut pour
toujoux's réuni au royaume de France , un trouvère composa
une légende en vers sur un prince dont la jeunesse , fatalement
vouée au démon , avait été ensuite expiée par une pénitence
inouïe, et le reste de sa vie sanctifié par un humble dévouement
au service de son Rédempteur. Il le nomma Robert, fils d'un duc
de Normandie. D'où a pu venir ce nom de Robert et cette nais-
sance normande attribués au héros d'une légende qui offre une
poésie admirable , mais nul caractère de réalité historique ?

Les pirates northmans furent la dernière horde conquérante


dans l'ouest de l'Europe, et le peuple riverain de la Seine s'é-
criait au 9* siècle : ^4 fiirore Northmanorum libéra nos Domine !

'
Le Jloman de Robeil-le-Diablc , en vers du i5= siècle, publié pour
la première fois d'apr; s les manuscrits de la Bibliothèque du roi ,
par
J-S. Trébutien , de la Société des antiquaires de Normandie, i vol. in-4'''

m« stniE. TOME I. — ]N° 2. 1840. 10


,

156 DE LA LÉ&EMiE

La mémoire de leurs dévastations ne devait pas être entièrement


au commencement du
éteinte 13" siècle; une vague tradition, déjà

formulée peut-être, en subsistait sans doute parmi le peuple.


Et lorsqu'on examine cette légende, telle qu'elle a été compo-
sée par un trouvère inconnu du 13* siècle on se fait cette ,

question, qui a été posée par quelques érudits : Si ce poème n'a


pas eu un geime historique , une oiigiue positive ?

Les Béne'dictins ' l'avaient regardé comme un poème satirique

allusif au duc, fils aîné de Guillaume-le-Conquérant. Cette con-


jecturea été récemment adoptée par unantiquairehabile et éclairé.
Il a vu dans le héros du poème Robert-Courte-Heuse expulsé de ,

la cour de son père . à la tète d'une troupe de bandits , désolant


la frontière du duché ; une mère affectionnée intercédant près du
sévère Guillaume ; puis , le prince allant en pays étranger faire
pénitence de ses égaremens , et à son retour , épousant une prin-
cesse en Italie. Yoilàles traits par lesquels le roman se rapproche
de l'histoire.

Nous n'admettons pas ces allusions historiques dans la con-


ception du trouvère, et la rébellion de Eobert contre son père
n'a pu, à mon sens inspirer une telle légende à un poète du
,

13* siècle. On peut se former une idée précise de cette fiction dans
une page d'analyse que je vais emprunter à un autre antiquahe
qui juge la poésie avec le sentiment d'un poète.
« Un enfant, par la faute de sa mère, est né sous une influence
infernale ; à peine sorti de l'adolescence , il a déjà commis mille
atroces barbaries. En croissant en âge, il n'a fait que devenir

pire, et s'est rendu coupable des forfaits les plus odieux. Le

pape l'a excommunié. Son père est prêt à le maudire. Sa mère,


plus indulgente ,
propose d'essayer encore d'adoucir sou naturel
féroce , en le faisant initier à la chevalerie. Mais dans le tournoi,
il s'abandonne à toute sa frénésie sanguinaire. Un jour il en ,

vient à réfléchir sur les penchans féioces qui le dominent, et


se résout à en reconnaître la cause. Sitôt qu'il s'en est assuré

il prend le parti de s'y soustraire en recourant à l'assistance


divine ; il se rend auprès du pape , qui le renvoie à un saint


hisi. liil., t. vu.
DE ROBEUr-LE-DIABIK. i$i

ermite des environs de Rome. Celui ci , inspiré d'en haut , l'ac-

cueille , écoute sa confession , et lui inflige une pénitence.


n II devra contrefaire l'insensé, et parcourir tous les jours la
ville, se livrant ainsi aux insultes et aux coups de la foule, sans
jamais rendre insultes ni coups ; contrefaire aussi le muet, et ne
pas proférer une seule parole, qu'un ordre contraire ne lui ait
été donné; il ne devra accepter aucun aliment qui lui serait pre'-

senté, mais se contenter de partager avec les chiens les restes qui
leur sont jetés.
n Par l'effet même et le caractère de cette pénitence, Robert
se trouve jeté dans une action toute héroïque el merveilleuse. Il
vit dans un recoin du palais de l'empereur, où tout le monde le
prend pour un fou. La septième année de son épreuve, les Turcs
viennent fairej une descente en Italie et ravagent les environs de
Rome. Dieu a jeté les yeux sur le pauvre Robert un ange se :

présente à lui, le fait revêtir d'une armure céleste et lui ordonne

d'aller combattre l'ennemi. Il obéit avec joie, vole au champ de


bataille et met les Turcs dans une déroute complète. Ces faits se

renouvelèrent durant trois années consécutives, et toujours, après


la bataille, le chevalier vainqueur disparaît et reste inconnu.
» A la suite de chaque victoire , l'empereur donne un grand
festin où assistent tous les barons , et que le pape honore de sa
présence. Robert y reparaît dans son rôle de fou, et personne ne
pense à voir en lui autre chose que ce qu'il est redevenu. La fille

de l'empereur, b''lle et aimable, mais privée de la parole, a


seule découvert le secret de Robert. De la fenêtre de sa chambre
donnant sur le verger ,
près de la fontaine où notre pénitent va
se désaltérer , elle a vu apparaître l'ange. Elle l'a vu remettre à
Robert sa blanche et brillante armure ; elle a vu celui-ci s'en re-
vêtir , montera cheval et partir pour le combat. Elle l'a vu de
même en revenir, se dépouiller de l'armure céleste, et la rendre
au messager divin.
» Lorsqu'elle revoit le pauvre fou dans la salle du festin , elle
le salue avec les marques d'un profond respect. Son père la croit
folle et les assistans raillent entre eux. L'empereur déclare que,

s'il connaissait le blanc chevalier, il le ferait duc ou comte. Elle


152 DE LA LEGENDE

lui montre du doigt Robert ; mais on ne fait nul cas des signes
par lesquels elie s" efforce d'éclaircir Je mystère. Après la troisième
vicloirfr;, i'enipereur jj donné ordre à trente guerriers de saisir le

chevalier inconnu ; ils n'ont pu réussir, mais l'un d'eux l'a blessé
à la caisse d'un coup de lance dont le fer y est resté. Robert a
disparu comme les autres fois.

» Alors l'empereur fait proclamer que, voulant récompenser


dignement le clievaUir aux armes blanches, qui, trois fois a re-
poussé l'eniiemi et sauve l'Etal, il a résolu de l'unira sa fille et de
l'adopter pour successeur. Un perfide sénéchal qui ambitionnait
la main de la princesse, se présente sous cette fausse apparence,
et sa fraude allait être couronnée du succès, lorsque Dieu permet
que la princesse muette recouvre la parole. Elle déclare qu'un
autre est l'auteur des exploits que l'odieux sénéchal ose s'attri-
buer. Elle répond ensuite que le héros inconnu trois fois vain- ,

queur des Turcs et sauveur de la patrie ; est le pauvre homme


que tous tiennent pour insensé, que l'on voit chaque jour oiigcr i

les osde la table du palais, et qui, la nuit, couche avec le limier


sous les degrés de la chapelle. Alors l'élite des chevaliers va cher-
cher Robert en cet endroit. On l'amène, bien souffrant de sa bles-
sure ; on le fait asseoir sur un fauteuil d'or. Aux questions de
l'empereur il ne répond que par des larmes Le pape le conjure
de parler sans plus de succès. Mais l'ermite vient joindre ses in-
stances à celles du Saint-Père : à la voix de l'ermile , Robert,
croyant pouvoir rompre le silence qu'il lui a lui-même imposé,
déclare en ce moment qu'il est né en Normandie, fils du duc et

de la duchesse, et pelii-fils du comte de Poitou ; il fut voué au


démon par sa mère avant sa naissance son nom est Robert. ;

Des barons normands se trouvaient en cette assemblée de-


») :

puis long-lems ils le cherchent ; son père est mort ses proches ,

ont envahi son héritage ; ils le pressent de venir rétablir la paix


dans son pays. Mais telles ne sont pas les intentions de Robert.
Il annonce que ,
puisqu'il a sauvé son âme, il ne veut plus s'ex-
poser au risque de la perdre ; il va continuer sa pénitence et se
retirer dans la forêt avec l'evmile. L''empereur et sa cour le con-
duisent avec regrets aux portes delà ville. D'abord compagnon d'i
nE ROBERT-I.E-DIABI.r. 153

vieux solitaire, il lui survécut longues années, et sa mort fut celle


des saints. »
Sur celte analyse c{ue j'ai réduite à la plus concise expression,

que l'imagination se figure ce cjue le génie et l'art du 13o siècle


offrent de plus parfait dans le développement du drame, le na-
turel et la franche sensibilité des détails, la hardiesse et la fécon-
dité des inventions, enfin la profondeur du sens moral, et l'on

sera bien éloigné de penser que cette fiction de Robert-le-Diable

ait eu pour principe la tradition d'un duc de Normandie qui se


serait rendu odieux, et dont le trouvèie eût voulu perpétuer
l'image et le souvenir.
Or, le duc Robert fut l'un des héros de la première croisade,
lecompagnon d'armes des plus grands hommes de la chrétienté,
et concourut dignement à la conquête du tombeau du Christ.

C'est le Robert de la Gernsalemme liberala, et le caractère le plus

poétique, le plus généreux, le plus chevaleresque qu'aient pu


fournir les ducs de Normandie.
Assurément un poète chrétien, dans le siècle de saint Louis,
n'eût pas été perdre les conceptions d'un beau génie dans une sa-
tire contre un prince héroïque, mort aveugle et prisonnier de
son frère, dans une forteresse du pays de Galles. Enfin, lorsque
la Normandie était réunie à la France, un trouvère de cette pro-
vince pouvait-il avoir souci des rois anglo-normands?
Nous ne connaissons rien dans les chroniques latines antérieures
qui ait trait à cette histoire. La légende, populaire aussi, du duc
Richard-sans-Peur se trouve dans la chronique rimée de Robert
Wace. S'il eût existé des traditions légendaires entées sur la viô
de Robert-le-Llbéral, père de Guillaume, ou de Rol:)ert-Courte-
Heuse, son fils, le poète chroniqueur Wace les eût rapportées;
j'ajouterai, mais avec moins d'assurance, que s'il eût existé une
légende primitive, comme celle d'où l'on a tiré nos poèmes de
Charlemagne et d'Arthur, Robert Wace s'en serait servi, comme
il le fait des chroniques latines contemporaines de ses ducs.
L'auteur du poème n'aurait peut-être même pas donné cette
nationalité à son héros, s'il n'eiit recueilli la voix du peuple sur
le cavaclère féroce des Normands. Le Robert de cette legend^
154 DK LA LéeVNDE

pouvait aussi bien être fils d'un duc d'une autre province, et no-
tre poète se montre plus familiarisé avec les œuvres des autres
trouvères qu'avec les annales de ce duché, puisqu'il a tiré une
ge'néalogie fictive d'un roman de ce tems , et qu'un comte de
Poitou , sur la seule autorité des romans, est devenu l'aieul de
son héros ; mais la fiction, conséquente à elle-même et sagement
ingénieuse, a placé le berceau de son prince pénitt nt antérieure-
ment à rinvasion des Nonhmans, et plusieurs siècles avant le

traité de Saint-Clair-sur-Epte mère sont reportés à


; ses père et

une épi>que d'une chronologie fort peu rigoureuse, au tems du


roi Pépin, à l'aurore de cette ère carlovingienne si riche de mer-
veilles colossales, où le christi misme n'ayant pas encore accompli

toutes ses bienfaisantes conquêtes, l'esprit du mal et des ténè-


bres conservait une puissance étendue. Robert-le-Diable a vécu
dans ce lointainlîistorique, et, conuue s'exprime le^savant philo-
logue que nous avons cité, son père gouvernait la Normandie en
qualité de duc, lians le tems où il n'y avait point de Norman-

die, etoù le pa3's de Normandie n'avait point encore de ducs.


Le Robert légeniaire n'est donc aucun de ces ducs; il peut
avoir quelque chose de tous, c'est un type idéal du prince brigand
du moyen âge, pris, comme à la meilleure source, dans les ducs
issus dis farouches pirates danois. Au 13'' siècle, dut expirer le

dernier retentissement de cette terrible personnalité normande


qui avait long-tems jeté l'épouvante dans le voisinage de Paris.
Il est juste d'ajouter que, par la réaction due au christianisme,
ils avaient élevé de splendides monastères sur les ruines de ceux
qu'ils avaient saccagés.
Lorsque vous découvrez le sens moral de cette fiction, vous
perdez de vue toutes ces allusions historiques, pour envisager et
suivre avec émotion le brillant développement d'une idée pro-
fondément religieuse; le trouvère semble avoir glissé sur la vie
de scélératesse du jeune Robert dans la Normandie, qui forme
seulement la dixième partie du poème, pour déplo;)er la magni-

ficence de son imagination sur le romanesque dénoûment dans le


centre de la chrétienté, où doit se passer le reste de la vie du
chevalier pénitent.
,

Dli ROBERT-LE-niABLE. 155

La grâce de la rédemption, les inéiites inûuis de Dieu sauveur,


peuvent pénétrer un cœur de fer, purifier une âme noircie de
crimes les poètes partajjeaient cette croyance avec le peuple. II
:

s'agissait de sauver une âme vouée à l'enfer, et, dans les années
qui lui restent sur la terre, à regagner des milliers de siècles per-
dus. Quelle dure pénitence serait au niveau d'une telle perspec-
tive ! Voilà ce que comprenaient les poètes de ces siècles robustes
et ingénvis; aussi, du profond abîme d'où il a été retiré par la
giâce d'en haut et les mérites du Sauveur, donnant un prix à une
singulière vie expiatoire, Robert converti adhère fortement au
bras qui l'a sauvé.
Une telle pensée était, au 13" siècle , accueillie par une sym-
pathie commune ; admirable et regrettable alliance des^élans de
la poésie et des aspirations de la foi, par laquelle les plus belles
créations du génie poétique devenaient un élément sérieux de
piété, et rendaient témoignage à la grande vérité de notre des-
tinée éternelle. Ce fut donc uniquemeut sur les ailes de la poésie
et de la foi que s'éleva la popularité de cette légende.
Dans le siècle suivant le poème épique se transforme ea
,

poème lyrique ou DIT pour être chanté par les jongleurs. Ce


,

Dit se compose de 250 strophes de quatre vers nionorimes. Le


poème épique a près de cinq mille, vers. Puis ce devint un Mys-
tère, pour la représentation scénique en voici le titre « Cy com- ; :

" mence un miracledeNostre-Daui€,<l!e Robert-le-Dyable, filz du

u duc de Normendie, a qui il fut enjoint pour ses nieffaiz que il

» feist le fol sans parler. El depuis ot Nosire-Seigneur mercy de


» li, etespousa la fille de l'empereur. » Ce miracle par ût avoir été
composé vers le milieu du l4^ siècle (il a été imprimé à Rouen
en 1835). Déjà le sens moral de la fiction priuritive était affaibli
et le dénouement avait perdu sa haute signincation. Pourtant cette
légende, sombre dans son principe, s'était teinte d'assez vives

couleurs dans le poème du 13' siècle. Le -trouvère avait fait


luire le pardon émané du ciel sut cette vie pénitente, sévère,
mais belle et merveilleuse, et , en cela , bien différente de l'hor-
rible punition imposée, aussi par un ermite , à Roderick , roi
des Goths ,
qui est décrite dans une légende espagnole.
156 DE LA LÉGENDE

Et lorsque la prose conteuse succéda à ces ruisseaux taris de


la poésie catholique ; lorsque l'imprimerie propagea les romans
en prose parmi des peuples dont les mœurs s'étaient modifiées ;

lorsque les poèmes, écrits sur vélin, avec leurs vignettes colo-

riées, restèrent enclos dans quelques bibliothèques , et que leur


langage, déplus en plus ininteUigible , les fit ranger avec les
vieilles épées et les antiques joyaux ; alors encore se perpétua la
fiction de Robert-le-Diable|; une prose triviale la répandit encore

dans le peuple. L'édition la plus ancienne est de Lyon , 1496.


« La vie du terrible E.obert-le-Diable , lequel après fut nommé
» l'omme Dieu » , in-4°, gothique. Jusque dans notre siècle, on
vendait dans les campagnes cette vie , avec les cantiques de
saint Alexis et de saint Julien. C'est sous cette forme dégradée que
cette légende s'est offerte à nos yeux , étant enfant.
Grâce à un membre de de Norman-
la Société des antiquaires

die, dévoué aux précieux souvenirs de notre poésie chrétienne ,

et familiarisé par ses études de prédilection avec celte philologie


du moyen âge , on peut trouver à présent la légende de Robert
dans plusieurs bibliothèques , et l'homme de goût peut, hors de
Paris , feuilleter un livre presque en tout semblable à l'un des
manuscrits que possède Bibliothèque royale. La plus ancienne
la

copie est du 13" siècle, manusof-. in-4°, provenant de la collection


du duc de La Vallière la seconde paraît être de la fin du siècle
;

suivant. En tête du roman, èto lit Chi commence lilivres de Robert :

le Diable^ et, à la fin, explicitde saint Robert. Ce manuscrit, sur


vélin, esl enrichi de miniatures et de lettres tourneures ,
peintes
en or et en couleur. La publication récente due à M. Trébutien
offre un véritable fac-similé de l'original; le livre est imprimé
en un beau caractère gothique ; les curieuses vignettes qui ornent
le manuscrit ont été dessinées et gravées par M. Daniel Ramée ;

le libraire est M. Silvestre, qui rappelle les consciencieux édi-


teurs du \& siècle.— Le roman en prose passa dans plusieurs
langues de l'Europe. Une ancienne traduction anglaise a pour
titre : ''Hère begin/ictk the lyfe of ihe most v^yschievous Robert the
devyll , which -ivas afterward called the servant of God. •« Cy
i) commence la vie du très méchant Roberl-le-Diable, qui fut en-
DE ROBHUT-LE-DIXBLr.. 157

» suite nommé le serviteur de Dieu. >• On en a conservé deux


exemplaires , l'un au Britisli Mus?eam, l'autre à Cambridge. La
seconde, dont l'édition primitive paraît avoir entièrement disparu
dans l'incendie de Londres, a été reproduite sur une copie à , ,

la fin du siècle dernier celle-ci est en strophes de huit vers.


;

Ce même roman en prose fut traduit en espagnol par Miguel


d'Eguia ; Alcala de Henarès , 1530: La espanlosa y admirable
» vida de Roherto-el-Diablo assi al principio nomado : hijo del

» duque de Normandia el quel despues por sa sauta vidad fue


,

>' nomado homhre de Bios.


C'est ainsi que le féroce guerrier , qui mérita ensuite d'être ap-
pelé Hom.me de Dieu devint un type un symbole personnifié
, ,

du moyen âge , de ce moyen âge écoulé , avec ses passions ora-


geuses , ses rudes et fortes énergies , ses crimes effroyables et ses
vertus sublimes. Ce nom de Robert-le-Diable ne peut donc être
antérieur au 13* siècle, puisqu'on ne rencontre pas dans nos
historiens la moindre allusion à cesurnom odieux; et le trou-
vère a si peu pensé à recueillir un souvenir personnel ,
qu'il a

placé son héros dans nos tems héroïques et quasi-fabuleux ,

quoiqu'au IS*" siècle , en France et en Normandie, il pouvait


dire nuement la vérité sur un duc de cette province.
Si donc le nom de Robert-le-Diable plane encore sur une vieille

forteresse, au milieu des bois, dans les environs de Rouen, dont


l'origine s'était perdue depuis la réunion à la France, je l'attri-

buerai au renom du jeune brigand , héros des fictions populai-


res ; c'est encore popularisé par l'œuvre des poètes qu'à Londres
il aura été employé à désigner une tour, sans doute selon
l'usage de donner des noms aux différentes tours d'un château
fort. Enfin ,
jusqu'à nos jours, le peuple ,
pour caractériser un
vaurien farouche et guerroyant , disait encore : C'est un vrai
Robert-le-Diable.
Florent RicaoMMn,

de la Société des antiquaires de Normandie.


158 NOUTEl.t«S «T MÉLANGES.

EUROPE.

YlklX£.,^0\\^.— Lettres apostoliques de SaSainlett Grégoire XVI.


qui défend aux chrétiens toute participation , ou toute approbation
donnée à la traite et à l'esclavage des Noirs. Telle l'oglise a été au com-
mencement, telle elle se montre de nos jours. A l'époque de sa naissance,
elle trouva la terre couverte d'esclaves, et elle entreprit de les alFran-
chir. Elle n'employa que lautoritéde sa parole; et depuis long-tenipsl'es-
clavage antique a disparu. Mais dans nos lems modernes un noiivei escla-
Tage aussi infâme que le premier est apparu, et depuis lors l'Eglise di-
rige contre cet abus de laforce^ contre cet oubli delà fraternité bumaine
la grave autorité de sa parole et de son enseignement. C'est ce qu'elle vient
de faire encore dans la lettre remarquable que nous allons citer. Tout
chrétien est obligé de se conformer à ces paternelles exhortations. IN'ous
espérons surtout que les journaux de Paris ,
qui prétendent au titre
de chrétiens et surtout de catholiques , conformeront leurs paroles à
cet acte : car nous croyons que c'est principalement à eux que s adresse
le chef de l'Eglise. En eflet, on verra que ce n'est pas seulement à ceux
qui trafiquentde la liberté et des sueurs des Noirs que le plus grand blâme
est adressé, mais encore à tout ecclésiastique ou laïque, qui ose soûl
tenir que le commerce des Noirs est permis. Car il faut savoir que les

propriétaires et trafiquans d'esclaves ont ici de nombreux défenseurs.


Outre les cinq ou six hommes distingués qui , sous le noms d'agens des
co/o«.f, défendent ouveitement la caose de l'esclavage avec émolumens
très élevés, il y a encore un journal qui est spécialement dévoué à leur
cause. De plus il y a aussi des hommes de lettres qui sont payés pour faire
faire des articles et qui sont chargés de les placer dans les dilfércns jour-
naux, avec offres d'argent et d abonnement. Un de ces écrivains s'est pré-
senté à nous-même, les mains pleines d'argent, et nous a demandé d'ouvrir
nos colonnes à la défense des possesseurs d'esclaves ; et pourtant il ne s'a-

gissait pas de défendre cruement l'osclavege, mais d'intéresser au sort des


colons, défaire valoir les raisons de propriété, et de droits acquis, de per-
siffler les Né^rophiles, ou défenseurs d'esclaves. Nous avons refusé net.
,

IfOPTBLLES XT MBlANGM. 159

Mais nous avons été douloureusement affecté de voir l'article que nous
avons refusé, inséré, quelques jours après, dans un journal catholique, et
sans doute aux conditions qui nous avaient été offertes. Puisse la voix du
vicaire du Christ ouvrir les yeux à des gens si déplorablement aveugles !

GREGOIRE XVI. GREGORIUS PP. XVI


Pour le futur souvenir. Adfuturam rei memoriam.
Élevé au suprême degré de la In supremo Apostolatûs fastigio
dignité Apostolique,' et remplissant, constituti, et nullis licet suffragin»
quoique sans aucun mérite dr notre tibus meritis gerentes vicem Jesu
part, la place de Jésus-Christ, fils Christi Dei Fïlii, qui propter ni-
de Dieu qui, par l'excès de sa cha- miani caritatem suara Homo factus
rite, a daigné se faire homme et mori etiam pro \Iundi redemplione
mourir pour rédemption du dignatus est, ad Nostram pastora-
la
monde , nous estimons qu'il ap- lem sollicitudinem pertinere ani-
partientà notre sollicitude pastorale madverlimus, ut fidèles ab iuhu-
de faire tous nos efforts pour éloi- mano Nigritarum seu aliorum quo-
gner les chrétiens du commerce qui rumcumque hominum mercatu
se fait des noirs et d'autres hommes avertere penitùs studeamus. Sanè
quels qu'ils puissent être. cum primum diffundi cœpit Evan-
Aussitôt que la lumière évangéli- gelii hix, senseruiit alleviari pluri-
que commença à se répandre, les mùm apud iJhristianos conditionera
infortunés qui tombaient dans le suam miseri illi, qui tanto tune nu-
plus dur esclavage au milieu des mero bellorum praesertim occa-
guerres si nombreuses de cette épo- sione in servitutem durissiraam de-
que sentirent leur condition sa- veniebant. Inspirati enim à diviuo
,

méliorer; car les apôtres, inspirés Spiritu Apostoli servos quidem ipsos
par lesprit de Uieu, enseignaient docebant ohedire dominis carnali-
d'un côté les esclaves à obéir à leurs bus sicut Christo et facere volun-
,

maîtres temporels comme au Christ tatem Dei ex animo dominis verô ;

lui-même, et à se résigner du fond praecipiebant ut benè erga servos


du cœur à la voloiitéde Dieu; mais, agerent et quod justum est et
,

d'un autre côté, ils commandaient œquum eis prsesfarent ac remit- ,

aux maîtres de se montrer bons en- terent minas scientes quia illoiura
,

vers leurs esclaves, de leur accor- et ipsoruui Doniiiius est in coelis,et


der ce qui était juste et équitable, personarum aeceptio non est apud
et de ne point les traiter avec colère, eum *.

sachant que le Seigneur des uns et Universim verô cum sincera erga
des autres est dans les cieux et , onmes caritas Evangelii Lege sura-
qu'auprès de lui il n'y a point ac- moperè commendaretur et Chris- ,

ception de personnes. tus Dominus declarasset habitu-


Bientôt la loi de l'Évangile, éta- rum se tanquam factum aut dene-
blissant d'une manière universelle gatum sibi ipsi quidquid benignita-
et fondamentale la charité sincère tis et misericordiaE minimis et indi-
envers tous, et le Seigneur Je- gentibus praeslitum aut negatum
sus ayant déclaré qu'il regarderait fuisset ^ facile indè coutigit nedum

*^^Ad Ephesios^vi s,(Yl. -^AdColoss., m. 22, sqq.; iv, i.


- Matthm, xxv, 35, sqq.
160 NOUVELLES ET MELANGES.

comme faits ou refusés à lui-même ut Christiani serves sucs praeser-


tous les actes de bienfaisance et de tim Cliristianos vcluti fratrum loco
miséricorde qui seraient faits ou dé- haberent sed etiani ut proniores
,

niés aux pauvres et aux petits, il essent ad illos qui niererentur li-
s'ensuivit naturellement que les bertaie donandos quod quidem ;

chrétiens, non-seulement regarde- occasione imprimis Paschalium soi-


rent comme des frères leursesclaves, lemnium fieri consuevisse indicat
surtout quand ils étaient devenus Gregorius Nysscnus\ IN'ec defue-
chrétiens, mais qu'ils étaient plus runt qui ardentiore caritate excitati
enclius à donner la liberté à ceux se ipsos i/i vincula conjecerunt ut
qui s en rendaient dignes, ce qui alios redimerent quorum multos ,

avait coutume d'être accompli parti- se novisse testatur Apostolicus Vir


culièrement aux fêtes solennelles idemque sanctissimse recordationis
de Pâques, ainsi que le rapporte Praecessor Noster Clemens I *. Igi-
saint Grégoire de Nvsse. Il s'en tur progressu temporis ethnicarum
irouva même qui, enflammés d'une supertitionum caligioe pleniùs dis-
charité plus ardente, ,seye^ère«<eu.r- sipatâ et rudiorum quoque popu-
,

mêines dans les chaînes pour ra- lorum uioribus fidei per caritalem
cketer leurs frères, et un homme operantis beneûcio mitigatis res ,

apostolique notre prédécesseur le eo tandem devenit ut jam à pluri-


,

pape Clément 1er de très sainte bus sœculis nuUi apud plurimas
,

mémoire, atteste en avoir oonnu Christianorum gentes servi ha-


x\n grand nombre. beantur.
C'est pourquoi les ténèbres des Verum, dolentes admodum d ici-
superstitions païennes , s'étant en- mus, fuerunt subinde ex ipso Fide-
tièrement dissipées avec le progrès lium numéro qui sordidioris lacri
des tems, et les mœurs des peuples cupidine tuipiter obcaecati iu dissi-
les plus barbares s'étant adoucies tis remoSisque Terris Indos , Ni-
gràce au bienfait de la foi opérant gritas, miserosve alios in Servitutem
par la charité, les choses en sont ve- redigere, scu instituto ampliatoque
nues à ce point que, depuis plu- commercio eorum qui captivi ,

sieurs siècles il n'y a plus d'escla- facti


, ab aliis fuerant indignum ,

ves chez la plupart des nations chré- liorum facinus juvare non dubita-
tiennes. Toutefois, c'est avec une rent. Haud sanè prsetermiserunt
profonde douleur que nous le di- pluies gloriosa? memoriœ Komani
sons, on vit depuis, même parmi les Pontifices prsecessores nostri repre-
chrétiens, des hommes qui, hon- hendere graviter pro suo munere
teusement aveuglés par le désir d'un illorum rationcm, utpotè spiritual!
gain sordide, n'bésilèrent pas à ipsorum saluti noxiam, et Chris-
réduire en servitude, sur des terres tiano nomini probrosam ; ex quâ
éloignées les Indiens, les Noirs et etiam illud consequi pervidebaut,
,

d'autres malheureuses races ; ou ut infidelium gentes ad veram nos-

* Lanctantius Divin. Iw^titution. lib. v, c. i6, tom. iv. Bibïiolh. Fe-


terum patrum, Venetiis a Gallandio editœpag. 5 18.
-De resui'rect. Domini oral. ni. tom. m. pag. 1^20. Opernm, edit.
Parisien. Anni 1608.

' j4d Corinth, Ep. i, cap. 55. tom. 1, Bibl. Gallandii, p. 55.
KOUVELLES ET MELANGES. l6t
bien à aider à cet indigne forfait en tram rcligionem odio hnbendam
instituant et organisant le coni- niagis magisquc oblirraarentur.
inerce de ces malheureux que d'au- Quo spectant Apostolicse Liltcrae
très avaient cliargés de chaînes. Un PaulilII, dieig maii IMDXXXVH,
grand nombre de Pontifes romains, sub Piscatoris Annulo datsead Car-
nos prédécesseurs de glorieuse nié- dinalem Archiepiscopum Toleta-
nioire, n'oubhèrent point de répri- num et aliœ deincep, eisdem am-
:

mander la conduite de ces hommes pliores ab Urbano VIII, datœ die 22


selon toute l'étendue de leur char- aprilis IMDCXXXIX, ad Collecto-
ge, comme opposée à leur salut spi- rem Jurium Caméra; Apostolic»
rituel, et flétrissante pour le nom in Portugallia quibus in Lilteris
;

chrétien car ils voyaient bien que ii nominatim gravissimè coercentur,


;

c'était-là une des causes qui contieo- qui occidentales aut méridionales
nent de plus en plus les nations in- Indos in serviluiem redigere, ven-
fidèles dans leur haine pour la vraie dere, emere, commutare , vel do-
religion. nare, ab uxoribus elfiliis suis se-
C'est à celle fin que tendent les parare, n:biis et bonis suis spoliarc,
lettres apostoliques de Paul III, du ad alia loca deducere et transmit-
29 mai 1557, adressées au cardinal ferc aut quoquo modo liberlate
,

archevêque de Tolède, sous l'anneau privarc , in servitute relinere , ncc


du pécheur, et d'aulres lettres beau- non prœdicla agcntibus consilium,
coup plus amples d Urbain VIll, du auxilium, favorem et opérant quo-
22 avril 1659, adressées au coWec- c unique prœtextu, et quœsito co-
teur des droits de la chambre apos- lore prœstaie, aut id licitum prœ-
tolique dans le Portugal , lettres où dicnrc seu docere ac alias quomo- ,

lesplus graves reproches sont ilm- dolibct prœmissis coopet'ari nude-


gés contre ceux qui osent m/«z/e rent, seu présumèrent*.
en esclavage les habitans de l'Inde Has niemoratorum Poutilicura
occidentale ou méridionale, « les sanctiones conûrmavit postmodum
» vendre, les acheter , les échan- et renovavit Benediclus XIV, novis
» ger , les donner , les séparer Apostolicis Lilteris ad Antistites
» de leurs femmes et de leurs en- Brasilia; et aliarani quarumdara Re-
» fans, (es dépouiller de leurs biens, gionum datis die 20 deccmbris
,

}) les emmener ou les envoyer en MDCCXLI. quibus eumdem in


,

u des lieux étrangers, ou les priver finem ipsorum Praesuluni soUii^itu-


» de quelque manière que ce soit dincm excitavit -. Antea quoque
» de leur liberté, les retenir en ser- alius bis antiquior Prœcessor iNoster
M vitude, ou bien prêter aide, con- Pius 11, quum suà a;tale Lusitano-
» seil, secours et faveur à ceux rum imperium in Guineam iNigri-
» qui font ces choses , sous quelque tarum regionem j^roferretur, Lit-
)> couleur ou prétexte que ce soit, teras dédit die 7 oclobris
» ou encore prêcher ou enseigner MCGC..LXII, ad episcopum Ru-
11 que cela est licite, etenfm ycoo- bicensem eo profecturum in qui- ;

3) pérer en quelque façon que ce bus nedum Antistiti ipsi opportu-


» puisse être.» nas ad sacrum, Ministerium inibi
Benoît XIV confirma depuis et cuin majori fructu exercendum fa-
renouvela ces prescriptions des Pa- cullates impertitus fuit , sed eàdem

'In Bullar.'Roni. edit, typis Mainardi, t. vi. part. 2. Ctnst. 604.


p. i83. ^
.
^;

In Bullario Beneditti xiv, toni. 1. Const. p 58.


.

i^ NOUVELLES ET MÉLANGES.

pes déjà menfionnées par de nou- occasione graviter ia Christianos


velles lettres apostoliques aux évè- illos animadvertit qui Neoph^tos ,

quesdu Brésil et de quelques autres in serviliiiem abstrahebant'. Et nos-


régions, en date du "20 décembre tris etiam temporibus Pius VII,
1741, au moyen desquelles il excite eodem, quo sui decessores, religio-
dans le même but la sollicitude de uis et caritatis spirilu induclus ,
ces évêques. officia sua apud potentes Viros se-
Auparavant même un , autre de dulo interposuit, ut Nigritarum
nos prédécesseurs plus ancien , commercium tandem inter Christia-
Pie II, dont le pontificat vit l'em- nos omninô cess.iret.
pire des Portugais s'étendre en Gui- Haec quidem Praecessorum Nos-
née et dans le pays des nègres , trorum Sanctiones et curse profue-
adressa des lettres, en date du 7 oc- runt, Deo benèjuvante, non parum
tobre 1462, à l'évèque de Ruvo prêt Indisaliisquepraedictis àcrudelitate
à partir pour ces contrées, dans les- invadentium , seu à IVIercatoruoi
quelles il ne se bornait pas à donner Cbristiaiiorum cupiditate tutandis ;
à ce prélat les pouvoirs convenables non ita tamen ut Sanctahaec Sedes
pour y exercer le saint ministère de pleno suorum in id studiorum
avec le pius grand fruit, mais où il exitu l3etariposset;quumimmocom-
prenait occasion de blâmer très se- niercium Nigritarum, etsi nonnuUâ
vèrement les chrétiens qui rédui- ex parte imminutum, adhuc tamen
saient les néophytes en servitude. à Christianis pluribus exerceatur.
EnOn, de nos jours. Pie VU, Quare Nos tantum hujusmodi pro-
anime du même esprit de charité et bruni à cunctis Christianorum ûni-
de religion que ses prédécesseurs, bus avertere cupientes , ac re uni-
interposa avec zèle ses bons oflSces versa , nonnullis etiam venerabili-
auprès des hommes puissans pour busFratribus Nostris S. R. E. Gar-
faire cesser entièrement la traite dinalibus in coiisiliura adhibitis
des noirs parmi les chrétiens. mature perpensà , Praedecessorum
Ces prescriptions et cette sollici- INostroruminsistentesvestigiis, Auc-
tude de nos prédécesseurs n ont pas toritateApostolicà omnes cujuscum-
peu servi avec l'aide de Dieu, kdé- que conditionis Ghristi fidèles admo-
,

tendre les Indiens et autres peuples nemus et obtestamuriu Domino ve-


sus-nommés contre la barbarie des hemeuter , nequis audeat in poste-
conquêtes et contre la cupidité des rum Indos , Wigritas , seu alios hu-
marchands chrétiens mais il s en jusmodi homines injuste vexare, aut
:

faut bien encore que le Saint-Siège spoliare suis bonis, aut in servitu-
puisse se réjouir du plein succès de tem redigere, vel aliis talia in eos
ses efforts et de son zèle , puisque si patrantibus auxilium aut favorera
la traite des Noirs a été en partie praestare; seu exercere inhumanura
abolie, elle est encore exercée par iiludcommercium, quo Nigritae ,

un grand nombre dechrétiens. C'est tanquam si nou homines sed pura


pourquoi, désirant d'écarter un tel putaque anintantia forent , in servi-
opprobre de toutes les contrées tutem utcumque redacti , sine ullo
chrétiennes, après en avoir mûre- discrimine, contra justitise et huma-
ment avecplusieursde nos vé- nitatis jura emuutur , venduntur,
traité ,

nérables frères les cardinaux de la ac durissimis ioterdum laboribns


,

'Apud Raynaldum m Jnnalibus ecclesiasticus iàdj^n. 1^62 n. ^2.


NOUV£LI.ES ET MCLANGES. 168
sainte Eglise romaine, réunis en con- exantlandis devoventur , et insaper
seil , suivant les traces de nos pré- Uicri spe primis Nigritarum occupa-
décesseurs, en vertu de l'autorité toribus per comniercium idem pro-
apostolique, nous avertissons etad-posita, dissidia etiaiu et perpetaa
nionestons avec force dans le Sei- quodammodo in illorum regionibus
gneur, tous les chrétiens , de quel- prae'ia foventur.
que condition qu'ils puissent être , Enimvcro , Nos praedicta omnia
etleurenjoignonsque nul noseiil'a- tamquam Chrisliano nmiini pror-
venirvexerinjustenient les Indiens, sus indigna, Auctoritate Aposto-
les JNègres ou autres hommes quels Hcà reprobarans ; eâdemque auc-
qu'iis soient, les dépouiller de leurs toritate districtè prohibenius atque
biens ou les réduire en servitude, ou interdicinius, ne quis ecclesiasticus
prêter aide et faveur à ceux qui se autbicus ipsum illud Nigritarum
livrent à de tels excès, ou exercer conimercium veluti licitum sub
ce trafic inhumain, par lequel les quovis oblentu aut quaesilo co-
Noirs,(onimes'ilsn'étaieutpointdes loie tu( ri , aut aliter contra ea ,
hommes, mais de véritables et im- q^ge nostris hisce Apostolicis Lit
purs animaux, réduitscomine eux en leris monuimus prasdicare sea
,

servitude, sans aucune distinction ,quomodolibet publicè vel privatim


contre les droits de la justice et de docere praesumat.
l'humanité, sont achetés, vendus et Ut autem esedem hae Nostrae Lit-
dévoués à souffrir les plus durs tra- terae omnibus faciliùs innotcscant,
vaux, et à loccasion duquel des nec quisfjuam illaruni ignorantiam
dissentimens sont excités des guer- allegare possit decernimus et man
, ,

res presque incessantes fomentées damus illas ad valvas Basilicae Prin-


chez ces peuples par l'appât du gain cipis Apostolorum, et Cancellariae
proposé aux premiers ravisseurs des Apostolica?, nec non Curiae Genera-
nègres. lis in IMonte Citorio ac in Acie
,

C'est pourquoi , en vertu de l'au- Campi Florse de Urbe per aliquem


torité apostolique, nous réprouvons g, Cursoribus Nostris. ut moris est,
toutes les choses susdites,comme ab- publicari , illarumque exempla ibi-
solumentiodignes du nom chrétien, dem affixa relinqui.
et par la même autorité, nous pro- Datum Romae apud S.-Mariam-
hibons absolument et nous interdi- Majorem.sub Annulo Piscalori!:,die
sons à tout ecclésiastique ou laïque, i[l decembris VIDCCCXXXIX,
d'oser soutenir comme permis ce pontificatûs Nostri anno nono.
commerce des Noirs , sous quelque
prétexte ou couleur que ce soit, ou Aloisiuscard. LaMBRUSCHini.
de prêcher, ou enseigner en public
ou en particulier de manière ou Die quintà dicti mensis et anni
d'autre, quelque chose de contraire suprascriptae Apostolicae Litterae af-
à ces lettres apostoliques. ûxae et publicatse fuerunt ad valvas
Et, afin que ces lettres soient plus Basilicae principis Apostolorum, et
facilement connues de tous , et que Cancellariae apostolicae, nec non Cu-
personne ne puisse arguer de son riae generalis in Monte Citorio, et
ignorance, nous décrétons et ordon- in acie Campi Florae ac in ailiiss
,

nous qu'elles soient publiées et affi-»lnci solitis et consuetis Urbis per


chées, selon T usage par un de nos! me Aloisium Pitorri Apostolicum
,

officiers devant les portes de labasi|_cursorem.


lique du prince des apôtres, de la
chancellerie apostolique , du palais Joseph CHERCBllfi mac. coas. ,

de justice du Monte Ciorio , et


an Champ-de-Flore.
I6i NOUVELLES £X MELANGES.
à Rome, à Sainte-Marie-
Donné
Majeure, sous l'anneau du Pêcheur,
le 3 décembre ! 809 , et de notre
pontificat le 9'.

Aloisius card. Lambruschini,

AVIS
AUX ANTIQUAIRES ET AMATEURS D'OBJETS DU MOYEN-AGE-
Découverte de florins et d'anciennes monnaies françaises.

Le curé d'uneparoisse rurale du diocèse d'Alby a trouvé, parmi d'an-


ciennes constructions dépendant de son église, quelques pièces d'or
(florins et écusd'or français) du quatorzième siècle. C'est lui-même qui,
remuant la terre pour les réparations de l'église, a découvert ces mon-
naies, dont la valeur a été aussitôt destinée à aider à ragra^^idissement
ou plutôt à la reconstruction de l'église, devenue absolument indispensa
ble, et déjà commencée avec plus de zèle que de ressources positives.
Nous nous empressons de signaler aux nombreux amateui'S et à tous les
curieux de ces sortes d'objets, comme aussi aux personnes charitables ,

cette occasion d'er.richir leurs collections et de faire en même tems un


bel acte de charité; car l'église est fort pauvre et les réparations extrême'
ment urgentes.
Voici la description des monnaies trouvaes dont la matière est de ,

l'or an plus haut titre, etlexécution d'un fini admirable :

1° Ecus d'or de Philippe de Valois. —


L'effigie du roi est représentée
en pied, la couronne en tête le sceptre à la main , au-devant d'un por-
,

tail ou décoration gothiques finement gravés, avec la légende Philippus :

Dei gra. Francoruni rex. —


Au revers , une jolie rosace fleurdelisée, et
la légende Xrs vincit Xrs régnât , Xrs imperat.
: ,

1" Ecus
d'or de Jean II , dit le Bon. —
Parmi les pièces trouvées, il y
a trois types de ce prince : —
ler Tjpe. Grand écu au mouton Ailagnel
d'or, portant l'agneau de Saint-Jean, avec la croix, l'étendard et l'auréole,
la légende : Agnus Dei qui
tollis peccata mundi miserere nobis , et ,

le monogramme du Jean ion. kex.


roi 2= Type. Le roi Jean en
: —
pied, avec le sceplic, la couronne et le manteau, semblable au Philippe.
Légende Johanncs Dei gra, Francoruni rcx.
: O"^ Type. Le même —
à cheval armé de toutes pièces , l'épéeà la main. L'armure du cavalier et
celle du cheval sont parsemées de fleurs de lis. IMème légende que la pré-
cédente. Les revers des écus du roi Jran portent tous la rosace fleurde-
lisée et la même légende que ceux de Philippe de Valois.
3" Florins de plusieurs Etats de France d'Aragon, de Florence ,
: ,

etc. —Face: Saiut-Jean-Baptiste en pied, avec la légende: S. johanne: s T.


— Revers La fleur, type du^o/m, elle nom de l 'Etat où la pièce a été
:

frappée.
Toutes ces monnaies sont dans le plus bel état de conservation, et ont
lemênie éclat que si elles sortaient de sous le balancier.
Pour l'acquisition et de plus amples renseignemens s'adresser au bu- ,

reau des Annales de philosophie chre'ticnne et de l' Universilé catholi-


que, rue Sl-Guillaumc, n° 24-
ANNALES ^65

DE PHILOSOPHIE CHRETIENNE.
%11/méio 3. *Tn£>ax<x. 1 8 4o.

INSCRIPTION CHRETIENNE
TROUTÉE A AUTUN.

Jptnniéï '2,xtid<:'

Eludes historiques, — Faits établis. — Puissance des traditions leligituscs


dfsEduens. — Etablissement du christianisme à Lyon, — à Aulun. — Note
sur le Polyandrc de S. Pierre l'Elriès. — Sur lélude de la langue grec-
que dans les écoles Mcniennes. — S. Symphorien. —Persécution de
Marc-Aurèle. — Mort des apôtres de Lyon, —
d'Autun. 8o an« de —
paii accordés à l'Eglise d'Autun de la mort de S. Symphorien à ci'lli;
de S. Ferréole Importance politique d'Autun. — Premiers évêquis.
— Les Flaviens. — S. Rhétioe , Constantin. — Résumé.

L'inscription chrétienne récemment trouvée à Autun , et si-


gnalée au mondesavant parles Annales, a vivement excité l'at-
tention des archéologues ; les hellénistes les plus distingués, ap-
pelés à la déchiffrer , bientôt prononceront sur la restitution
et la traduction définitive de ce texte mutilé '.

• La lettre publiée par les Annales , dans le u» de septembre (tome su


p. igSj, n'était point destinée à la poblicité, etc'estsans l'approbation de
son auteur , que nous l'avons publiée comme premier élément de tra-

duction, et pour ne pas publier l'inscription toute seule ; c'était l'abrégé

incomplet d'un travail plus étendu, accompagné d'observations histori-


ques, paléographiques et philologiques , indispensables pour l'apprécia-
tion du monumeut tt l'eiplication du sens adopté. Ce travail, comme on
ju* sÉait. TOM. I. —N* 5. i8/|o. iti
66 iNsr,BiPTin?< chrétienne,
Dès ce Dionvcnt, on peut (l«)À constater trois faits impor-
tans :

Cette inscripJion est chrétienne et orthodoxe;


Cette inscription rappelle les dogmes chrétiens les plus im-
porta ns;
Cette inscription date des origines du christianisme dans les

Gaules.
Ces points établis, deux questions se présentent, dont la
solution semble utile, nécessaire même aux travaux ulté-
rieurs :

Quels sont les faits fjui sîgnalent rétablissement de la foi à


Autun ?

Quelles sont les idées qui , alors et là ,


préoccupaient les es-

prits?
Pour recounaîlre ces faits et ces idées, il faut, ce semble,
consulter les monumens curieux et nombreux qui éclairent

la prévu , devait subir des modificaiions , tt on les aurait annoncées, si

l'on n'avait cru convenable d'attendre l'avi» des hommes dont le nom fait

autorité dans la science. ToutefoJ> M. Haze, si connu par ses grands tra-
yanx sur la langue grecque , a reconnu que cel.cssai donnait généralement
le sens et lespril de rinsf-ription , et il était difficile de faire plus en pro-
vince, où tous les secours, tous iis ouvrages spéciaux manquent. Aï. Haze
pense encore qi*e lou p<'ut sans erreur fixer au 3' sic-clc la date du

monumeut. Outre MM. H;ize, Raoul Rnclicito Boeck de Berlin, qni ,

ont donné à cette inscription une attention spéciale nous savons que ,

M. Lelronne en en ce moment l'objtt de ses études ri nous ferons


fait .

connaître sou travail outre cela nous savons que le R. P. Secclii très-
; , ,

habile helléuisle et épigrapliiste de Rome, se propose d'en faire un rap-


port à l'académie pontificale (Carchéologie. Les belles dissertations du R.
P. Secchi pour la restitution du texte de plusieurs inscriptions grecques,
trouvées dans l'ile de Ruad, nous douu'^nl lien d'espérer qu'il achèvera de
rétablir le teiie de l'iuscrijUion aulunoise; déyales Annali délie scieme re-

U<riose de Rome ont appelé sur rinscrijition, lattenlion des savaus de IL


en publiant Tarlicle inséré dans nos Annales de septembre.
talie,

Nous iendroos nos lecteurs au courant do tous les Iravauï qui paraî-
tront; l'article que nous publions aujourd'hui n'est qu'une dissertation
préliminÎTe qui peut éclairer, mais non prévenir ni remplacer le travail

que précarcnl les savans que nous avons nommés.


Le directeur, Bonkbttt.
TROtiVÉE A AUTliN. 167
1rs origines «le l'Eglise Eduenne. Il faut inlerrogcr les tradi-
tions locales, suivre et entendre les premiers apôtres éduens,
( compulser les plus anciens monumcns de L» liturgie d'Aii-
t

lun. Il sera permis sans doute, d'ajouter aux renseignemens

strictement ntcessaires tout ce qui peut mettre dans tout


,

leur jour, la prédication de l'Evangile parmi IesEduens,le


tableau de leur foi primitive , la série de l'importance de leur»
premiers monumens liturgiques.

I. ÉTCDES HISTORIQUES.

BlbraJtte y appelée, comme on sait, sœur et rivale de Rome ^ re-


çut, après sa coiiversionau Christianisme, un nom plus grand :

Cité du Christ '. Ce nom glorieux résume son histoire ; car la


Rome celtique ainsi que la ville éternelle, sa sœur, fut presque
tovijours le centre d'un grand mouvement religieux.
Sans njouter foi entière aux théories sur la prédestination
des lieux, des cités, des races, nous croyons que Dieu n'ap-
pelle point au hasard les villes et les peuples à figurer sur la
scène du monde.
Celte race éduenne que depuis les tems véridiquesvit encore
cantonnée dans ses montagnes, a eu sa mission. Pour la con-
naître il suffit de remarquer que là mourut Symphorien le ,

premier martyr celle; vécut lUiétice qui eut part à la con-


là,

version de Coiîsta.ilin; là, parurent Syagre etLéodegar, deux


puissans évêqucs de l'ère mérovingienne; là enfin s'élevèrent
et Cluny , qui forma Hiidebrand, Charleraagne de la pa-
le

pauté, ctCileaux, d'où sortit S. Bernard, la plus puissante voix


du moyen-âge.

• Une médaille frappée à Aufun sons Cbaries-ic-Chauve ,


porte celto
îégcndf»: Mdiia Chrisil CcuiVas (Ti>biesen-Duhy, Traité de» mon. des Bar.,
prél., villes etseign. de France) Autun élail eocore appelé au naoyeu-âge
la Rome celtique; c'est le lilie que lui donne le moine auteur de la vig dt

Char les- le-C lia uve :

Urbs antiqna fuil loto celeberrima mundo


Ilanc Cïesar
Adscivit sociam ,
geutisqnein fœdcra traxit
Romiileœ, sociosquo novos fralresque vocavit ....

Celiica Roma dein voluil , caspitquc voc;iri.


168 INSCBIPTION CHRÉTIENNE,


Tous élémens religieux qui ont pénétré dans la Gaule »
los

ont pris fortement racine sur le sol éduen. Le Druidisme avait


rempli de mystères ses forêts, ses monts et ses vallées, et après
plus de trente siècles le voyageur peut remarquer encore, en
,

traversant l'âpre Monan , le torrent de Tarann, le val de Teu~


tatis , le champ de fleus , les collines de Belenas, le mont des
Druidts „ les vaenhirs , les dolmens, les pierres branlantes , les

haches des sacrificateurs de victimes humaines '.

Le Druidisme tombe à sa place, et toujours à Bibracte^ entre


:

triomphant avec les aigles, les lois et les lettres latines, tout le
polythéisme romain ; une lutte de races et de dieux s'engage sur
le territoire éduen; Bibracte. long-tems indécise, renonce aux

holocaustes humains, renverse ses dolmens, devient cité Au-


gustale et se couvre de temples et d'autels.
,

Les dieux du Panthéon régnent, et partout laissent leurs


noms et leurs souvenirs, surtout près des Castra et le long des
voies romaines. Ainsi y eut à Jagustoduniun et dans son ter-
il

ritoire un autel au génie de Bibracte , une tour de Jupiter, des


temples de Janus, d'Apollon, de Minerve, de Bérécynthe, des
lieux consacrés au culte de Juno Moneta, de Vénus, de Mercu-
re, d'Isis de Flore , de Diane, un bois du Soleil, une colline
,

de Mars; la plus hautemontagne en face de Bibracte était con-


sacrée comme un autel an plus grand des dieux; Chàlons ado-
rait Mars, Mercure , Minerve; une de ses portes était couron-
née de l'image du Soleil, et une statue colossale de Saturne
planait sur les rives de VJro)- et semblait présider aux eaux
dormantes du fleuve *.

» Tarannis, Tarenaj, TaTernay, village et ruisseau près d'Auluo. — FaL-


li$ Tentâtes, Vaolevost. Vautot, Tote, dans le Morvaod. — Hesus , Ahj,
Azé. Deltni casirum , Beliniccum , Banae, Bligny, etr. (Voir Courtépéc,
m. p. 6a6, 636, 673. Edmt; Tliomas, Rosny, GaudelolJ. II semble que
les Eduent, race guerrière et sacerdotale, lenaicut dans la Ganle Occiden-
tale le rang et la place qne les Kimri occupaieut aux rivesde l'Océan. La
Loire unissait les deux contrées, it par cette route le Druidisme descendait
desmonts Arvernes eldes forêtsde l'Helvélie. passait au pays des Carnutes

et dans l'Armorique ,et de là jetait «es colonies par toutes le» îles de l'océau
dn nord.
• Mtmoiretât Trtv. 1706, it, p. aïoi. — Pasiomot etGritant, ditttrt.

TROUVÉE A AL'TLI». 469


Ceci indique la puissance du polythéisme à Âutiiu, la téna-
cité des traditions éduennes, les immenses obstacles que dut
rencontrer la prédication évangélique, entravée encore par
des sectes rivales qui semaient Tivraie dans le champ arrosé
par sang des martyrs.
le

Cependant la Bonne Nouvelle courut rapidement d'un botit

du monde à l'autre la venue du Fils de l'homme fut comme


;

un éclair qui franchit en un clin d'oeil tous les espaces et la ;

croix, partie de Solyme eut bientôt traversé les mers et péné-


,

tré jusqu'à MassiUe.


Mais il n'est pas certain que Lazare , le patron d'Autun , ait

été jeté providentiellement sur le» côtes provençales pour y


fonder le premier évêché et le premier monastère des Gau-
les >.

Il est probable que S. Paul, qui eut un zèle si tendre, si élo-

quent pour les bons Galates, ne négligea point leurs frère»


des Gaules, et que par ses ordres , Trophyme et Crescent, ses
disciples, et même Luc, son évangélisle, plantèrent la croix
aux rives massiliennes.
Puis d'illustres exilés de la Palestine, Hérode Antipas, Hé-
rodiade, Ponce Pilate, relégués à Vienne et à Lyon, avaient
sûrement entraîné à leur suite plus d'un témoin, plus d'un
sur les antiq, d'Autun. — Ladoae. — Edme Thomas. Acta S.Hiarcelii ap.
Chifllet, Hist. de Tournus. — Courlépée, ii, p. 370, 456, 499» 5a7>iii, p,
11, u, a3, 48a, 585, 588, 699; v. 147, 543, 555, 675, 676.
' M. le marqois Fortia d'Urban a donné récecmnent dans le» AnnaUt
des éclaircissemens aoaveauret curieuxsarlcs missions des premiers apô"
Iresde la Gaule. U est difficile de ne pas reconnaître qu'il se fit peu après la
mort de N. S., une subite et vaste explosion de l'Evangile, comme parle
M. de Maistre. Quand S. Paul affirmait aS ans après la mort de N. S. que
la foi des Romains était annoncée dans tout l'uniTcrs; quand 100 ans plus
tard, S. Justin ajontaitqu'il n'y avait pas nnseulpeuplesurla terre, de quel-
que nom qu'il s'appelât, qui n'offrît des prières et des actions de grâce au Père
par le nom de J.-C, nous pouvons les en croire. S'il n'y eut pas ro Ganle
d'église constituée avant le milieu du second siècle , depuis Jong-iems il
y
avait des chrétiens épars dans les pays idolâtres , comme il y a maintenan i
au centre des pays protestans des catholiques dispersés ,
qui , loin d être
inaperçus, vont àpas de conquête et préparent plus duo triomphe à
l'Ëglise. Annnles, t. xvu. 7, Hitt de CBgliieGalli». t. i. Diss. prêt.
l70 INSCKIPTION CURÉTIEPINK,
acteur des laits évangéliques, dont le récitdut vivement exciter
la curiosité.
Quoi qu'il en soit le* premiers apôtres éduens trouvèrent à
,

Augustodunum une famille sénatoriale chrétienne, à Sedelo-


cus ^ un riche marchand clirélien •
, et nombre d'autres
étaient sans doute disséminés partout, pour attester partout
aux peuples assis à l'umbre de ia mort qu'un jour nouveau se
levait sur le monde.
Cependant il n'existait point en no» contrées d'Eglise hiérar-
chiquement constituée, quand vers l'an iGo, un vieillard oc-
togénaire, entouré de jeunes Ioniens, débarquait au milieu
des nautes de Lugdanum, el parcourait les rues et les places de
la cité, prêchant le Dieu inconiui.
C'était Pothinet ses disciples qui, partisde Smyrne, avaient
laissé Polycarpe ;\ Rome, et reçu du pape Anicet, la mission
d'évangé'iser !• s Gaules; car il est maniteste qu'aucune égiise
des Gaules n'a été fondée que par les ouvriers envoyés par saint
rierre ou ses successeurs *.

Pofhénios, le pu voir dans son enfance


doux vieillard, avait
le dernier des apôtres, et parmi ses dî>ci[)les se trouvait sans
doute Irénée son successeur, Andéole, l'apôtre du Vivarais.
Bénigne, Àndoche et ïhyrse, qui rattachent immédiatement la
foi éduenne, au disciple bien-aimé et à la uièredu Christ. Ainsi
si Bibracte fut sœur de Piome, l'Eglise d'Autun est fille de la

Grèce.
Fendant que le vieil apôtre de Lugdunum rassemblait quel
ques néophytes, et ietait la semence de cette foi lyonnaise si
vivante el si aimante, bénigne compagnons remontaient
et ses
la Saône, prêchaient à iMàcon et delà pénétraient jusqu'à Au-
gustodunum.
Faustus, noble sénateur, père de Symphorien et déjà chré-
tien, les accueillit. Déjà donc, au milieu de la cité Augus-
tale, riche de trésors et de voluptés, dit Tacite ^, il y avait une

' -'iedeLûcui, Saulicu.


' GaUia christ, iv, jj. 3i().
•'
GaUia chris(. iv. p. 4- — Epist, Innoc. I. ad Décent.
* Tacilo Annal, lib. ni. f\G.... pcruoiâ dilis el Tolnptalibus npulenlo».
TROUVÉE A AITLN. 171
famille chrétienne . juire, pieuse, offrant au v.-ai Dieu le pre-
mieret peut-être le plus saint hooiinage de foi qui se soil élève-

de cette antique terre druidique.


Ainsi, vers l'an 170, il y cul au milieu des dissolutions
paï(Mines une assenihlée de cluTliens, tels nue Dieu les don-

nait à la primitive liglifie. Le berceau de cette chrétienté nou-


velle élail placé au milieu des tombes •, ré[)andues le long de

' L'inscription grecque publiée déjà par ]es/innalet (coiue zix,p. iQ^),
cil gravée sur une tablette de marbro, dififée en huit frr.gaieas inégaux ,

dont deux sont perdus, et deui autres porteut rcmpreinle des craaipou»
qui altiiclialenl la tablelte au iiionuiKC'ii funèbre. C/'S fragmens ont été
liouvés à quatre pieds de profondeur, parmi beaucoup d'autres débris,
sous les ruines et dans les fondations d'un vioox mur , tout près dune
tombe nue, sans inscription , sans ornement. Celle tombe est semblable
à celles qua l'on a fréquemment Irouvét > au (uêmeliea , dans le cimetière
de S, Pierre l'Elriès (./ via stratai.

Ce cimelièie fut d'abord on poLyandre payen ; à diverses époqtH-s on t


a reU'ouvé le lombcaud'un sfftr Angustal.avcc uueinscriptiou consiTTée au

musée d' Au tun, qu aire autres inscriptious tu m ulaires et plusieurs cercoeils


revêtus de plomb, appartenant selon les antiquaires aux (ems aDlcricBrs à
la conversion de Bibracte. [Mém. sur Ua ant.d' /iiiiun. par l'abbé Germain.
— ^oyag. littéraire de deux bénédictins — i\lillin, voYag.d^ins leMidi, etc.).
Ce polyandre. placé à quelquedis^tance delà ville , au ^f..enlr^• les deui
Toies qui conduisaient à Vesontio et cbei le«5?nonej ,
parsemé do crypte*,
devint lasile des premiers chrétiens d'Autan, qui s'y rassemblaient et y
enterraient leurs frères , leurs martyrs et lenrs évfiqne».
Dent signes distinguaient les toinbos chrétiennes, te nom rajreJérieni
du poisson, ly^Çvç, et la colombe press.ml uu serpent et s'envolfliit aux
cieux; l'un de ces symboles apparliont à liiiscriptiou grecque, et l'antre
est mentionné dans le voyage littéraire de D. ^ïarlenne et D. Durand.
On éleva à une époque très-ancienne, sur les ruines des temples de Ju-
piteP'OU de Mercure, deux basiliques eu l'honneur de S. Pierre et de S.
Etienne ; une chapelle, fort célèbre, fulbâiie surletombeau de S. Cassien

et un antre oratoire, très-ancien, rappelait, sous le uonide S. Amand, le

.convenir des premiers évêqucs d'Autun.


Dans l'Eglise de S. Pierre , étaient ensevelis du côté de l'Evanf^ilc 5.

Rhéticc , et dn côlé de l'EpîIre S. Amalor , S. Simplice. S. Evsnce qui


eut une chapelle sous le nom de S. O^an. Il est fait mention dans Grég.
de Tours, d'une féledcs?pl jours, qui acheva de délriîirc à Aulun le cuite
de Bérécvnlhe, dont la statue aiiaitiélé r»nT«rs«'e par « sprières deS. Siin
472 INSCRII'TIO-N CHn£TlE!«.NE.

la via straia, sur une petite colline, en face de laquelle se dres-


saient en étages, les théâtres, les aœphithéâtres , les palais.

plice, et pendant cette fêle iepieus évertue baptisa plus de mille personne».
Il cslprobable que le théâliede cette fête lut le lieu mêmcoù l'on a trouvé
noire juscripliou qui nous semble appartenir au voisinage d'un baptis-
tèie. Sur la fin du 4' siècle, S. Martin passa tout près de là; il j trouva en-
cure un temple qu'il renversa , encore des idolâtres si attachés à leurs er-
reurs que l'un d'eux leva le bras pour frapper le saint du glaive : ceci se
passa, dit-on, au lieu même où fut élevée la célèbreabbave de S. Martin.
Suip. Sév. Vit. Mart. i5.
ë.Germain JAuierre, revenant d'Angleterre après sa mission contre
Je Pélagiani^me, vint priersurla tombe de S. Cassien qui l'avait connu ,

et aimé pendant sa vie. Une croix lui apparut pendant sa prière et il en- ,

tendit des paroles rapportées par Grégoire-de-Tours , qui ne sont peut-


être pas sans intérêt pour notre inscriptiou.
Un autre apôtie de la Bretagne, S. Augustin , sy arrêta ég.diment.
Grégoire-de-Tours visita les mêmes lieux et parle avec admiration du
sépulcre de S. Cassien , des miracles qui s'y opéraient, des voix et des
chants mélodieux qu'on y entendait à certains jours et surtout aux veilles
des fêles.
Les Barbares , Vandales et Sarrazins , qui saccagèrent Autun , re.«pec-
tèrent ce lieu regardé comme l'un des plus vénérés des Gaules. Les pè-
lerin?y affluèrent pendant tout le moyen-âge ; on vit plus d'une fois con-
fondus avec eux les prélats, les princes, les rois. Charles-le-Cbauve fit
placer les restes de S. Cassieu dan.'; une magnifique châsse, sous la voùle
souterraine de labasilique , et Robert-lc-Picux fil reconstruire l'église qui
recouvrait ce tombeau vénéré.
Au dernier siècle, tout subsistait encore; mais dès 17117 , les deux bé.
uédictins, auteurs du Voyage littéraire ^ déploraient l'abandou d'un lieu
si vénérable.
Peu après, les chanoines régulier», possesseurs du prieuré de S. Sym-
phorien , auquel confinait le Polyandre de S. Pierre ,
jetèreut un-grand
nombre de monamcns funéraires dans les travaux de reconstruction de
lenr église.
Puis vint la tempête révolutionnaire qui balaya les derniers débris. Au-
jourd'hui, les basiliques, les chapelles, les oratoires, les tombes païen-
nes et chrétiennes , les enceintes, l'aspect des lieux , tout a disparu , ex-
cepté les pans de murailles de l'éj^lise S. Pierre, devenue un grenier à

fourrage : excepté quelques lombes ilt'vcnuos des auges el itbandonuées


auprès des puifs pour les bisotns du bétail. Encore quelques année» et l'ar
TROUVÉE A ALTL'N'. 173
les temples, le capitole, le préloire , couronnée par le mont
«acre de Jupiter et les forêts druidique?.
Fauslus profita de la présence des apôtres pour faire bapti-
ser solennellement son fils; Bénigne le plongea dans l'eau
sainte; et Andoche répondit devant Dieu pour sa jeune âme '.
Puisles premiers travaux de la mission terminés, les deux prê-

tresavecle diacre ïhjTse, se dirigent vers Jlesia, et pénètrent


jusqu'au pays des Lingons ', avec des lettres de Faustus. qui les
recommandait à ses parens, à ses amis, à ses nombreux
cliens '.

Plusieurs années passent : l'œuvre marche en silence parmi


les Eduens, les Mandubiens, les Lingons; la foi grandit sans

bruit, sans danger, sans orages.


Faustus enseignait à son fils la loi nouvelle, et sa mère Au-

guste , avec cette puissance que Dieu donne aux mères chré-
tiennes, façonnait et fortifiait son cœur. Symphorien grandis-
sait incorruptible au milieu de beaucoup de séductions; car
il fut bien instruit dans les lettres *, et fréquenta sans doute assi-

cliéologue el le pèlerin ne lelrouveront pas même le souvenir da célèbre


polyandre. Espérons que les savans qni prennent intérêt aux laonumcns
Eduens, obtiendront quelques secours du gonvernement pour venir en
aide à une \ille qui n'est riche qu'en souvenirs, pour sauver des mono-
meos d'un intérêt national ,
pour fouiller partout où gisent encore mille
objets importans pour l'archéologie chrétienne, el Gallo-Romaine.
• Gallia e/iriit. iVj p. 3 19.
» Langres.
^ Surius, 2 nov.
* Acia S , Symph. ap. D. Ruyuard. p. 69. Eral tum in Augustodunenfi
urbe, Fausti nobilis viri, filius, nomineSymphorianus chrislianae fami- ,

lias , litteris bene instructut et moribus. — Symphorien dut puiser ses con-
naissances littéraires dans les célèbres écolesMénienoes. Quelques auteurs
allemands ont voulu contester à la ville d'Autun la gloire d'avoir possédé
ces écoles; mais on peut voir dans les notes de Juste Lipse (Tacit.et Vel-
leii Patcrc. scripta , edit. varior. Parisiis 1608 , excuri. in lib. m, Ann.^.
190) la manière également solide et piquante avec laquelle ce savant réfute
l étrange opinion deRhenannsetde Pighius. — Les Eduens, comme lapin-
part des peuplades galliqoes , se servaient sans doute avant l'arrivée de»
Romains , de l'alphabet grec ; il» avaient pn l'apporttr de l'Orient on d«»
174 l.NSCRn>TIO.>' CHRÉTIEW^E,
dûment ces brillantes écoles ménienues, où accourait toute la
iemiesse gauloise, où florissaient les éludes grecques et latines,
où de loin venaient enseigner d'éloquens rhéteurs, qui préfé-
raient Téclat de Bibracte aux appiaudiâsemens d'Athènes et de
Rome.
Au milieu des jeux littéraires et des fêtes licencieuses qui
enivraient les jeunes Celtes, Symphorîen '
«uulss:;itla gra-

colonies phéniciennes, qui fondèrent à quelques lieues de Bibracte /^/«s/a,


•urnommée rAlhèuesdes Gaules. Peul-èlredansles fréquentes excuj'sioas
qui conduisaient Its Gaulois jusque dans la Grèce , l'avaient-ils recueilli

avec ces Dfiiiliers de méilaiHes au type grec qui alleslent leurs brigandages,
lisse servaient encore de ces caractères mélangés avec les lettres latines
au 3' siècle , comme I al este la
i curieuse inscription du martyr Gordien,
rapporléedans l'IUstoire Ulléraire de France, t. i, i" part. p. 16. — L'arrivée
lies Phocéens à Maif^eille . le passage fréquent des marchands grecs par
nos contrées , rendirent leur langue si populaire qu'on l'employait dans
les actes publics . qu'on la gravait sur les édifices Ils plus fréquentés, qu'on
la lisait aux pieds des statues dos dieui. Ainsi le musée dAutun possède
lin cippc d'Apollon dont î»s lieaux caractères grecs senibleut appartenir
à l'époque d'Auguste ;et parmi les ruines diin édiiice, qui remonte aux
premiers siècles , on a trouvé le mol 'yx^orji-Auy.iov. Il u'cst donc pas éton-
nant que de savans Rhéteurs, tels que l'aïeul d'Euraène. aient préféré le

séjour de Bibracte à celui de Rome et d'Athènes. Les Chrétiens de Lyon


écrivent en grec leurs lettres cl leur héroïque légende ; S. Irénée adressait
sans doute à la Gaule comme à l'Asie ses savans ouvrages, tous écrits dans
la langue de Démosthène.Un fragment de ces ouvrages indique, ce semble,
qu'une des études favorites des beaux esprits d'alors, était de faire de»
ccntons d'Homère ; S. Irénée en cite un ingénieux exemple. Tout cela
fixe encore l'époque de liuscripliou Auîunoise.dfjnl les plus belles expres-
sions et des vers presqu'enliers sonl empruntés d Homère. S. Iren. adv.
hœrcs. lib. 1, c. 11. p. 46, édil.Massutl. Ilis!. Ut. deFr. tom. i', i'* part,

p. la, 22, 58, 61, i58, 3i3.


' Symphoriauus... , iilteris benè insiiroclus et moribus, ità ulprimcvse
indolis florenles annos, «onum anlicipan'; vilam. immacula'ae mentis
sincerilalcsupcraret, liic itaq:je.,.la;iîarB sj)em virtulum suarum onîuibaii
fecit , ut illum jam oinnes boni cujn supernis virtntibus habere consor-
tium, merilorum admiralionc jadicartnt. lUuslrabwl Damqoe cnm cœJes-
tis sapjentia et spirilualibus gemmi^ornaU siffiplicitas ; et juttom vilai

tramitim Icuens , felicis gubcrnaculi defeusione servaiU» , naufragiDni


TmOL'TÉE a ALTUN. 4 75
vite d'un vieillard à rinnocencc d'un enfant... ; une eaj^csse di-
»vinc rayonnait sur son Iront avec une aimable simpliciit-
«couronnéedes perles de la vertu. Ainsi foulant d'un pasfeiuic
«la voiedu juste, se conservant pur par une heureuse vigilance,
» il échappa au naufrage où l'entraînaient les séductions dn
» monde; et telles étaient les espérances que donnait à tous le

) noble enfant, que même les gens de bien, adoiirant sa vertu,


3 le regardaient comme vivant déjà au milieu des anges.»

Mais aux jours de calme pieux succéda la lutte jusqu'au sang.


!Marc-AurèIe et Lucius-Yérus venaient de renouveler les
édits des Néron et des Domitien et il se trouvait en nos con-
;

trées des hommes ardensà exécuter sans pitié ces prescriptions


légales; c'était le préfet de Lugdunu77i^ c'était Hcraclius qui com-
mandait à Augustodunurriy Frisais à Châlons , Clauclius à Be-
zançon Terenthis au castrum de Divio.
,

La persécution éclata à Lyon. Le vénérable Polhin, défail-


lant d'ans et de fatigues, presque nonagénaire, est traîné en
prison avec 5o de ses disciples; on choisit pour les juger et les
frapper de mort l'époque des jeux institués ou rétablis par Ca-
ligula, où se rendaient pour lutter d'éloquence et de poésie
tous les beaux esprits de la Gaule, le solennel anniversaire du
jour où soixante cités gauloises élevèrent un autel à Auguste et
à Rome. Au milieu d'une foule immense, les martyrs sont
torturés, meurent et trioraplient , et le récit de leur combat
courut toute la Gaule avec les nombreux témoins de leur hé-
roïsme '.
Parmi les 5o captifs, deux jeunes diacres, Marcel et 'Galé-
rien, unis comme deux frères par le sang et Ja lutte S avaient
vu miraculeusement tomber leurs chaînes; ils sortent de Lyon,
se séparent, et vont où Dieu les mène.

malè blandJenlis saeculi elap«us esl.Ap. D. Ruyn Tous ceox qui onl vu
h Paris on dans la cathédrale d'Anlnn , le lablean de M. Ingres , pI cette

radieuse et attendrissante figure de S. Sympborieu, nous pardonneront


d'avoir reproduit le portrait tracé par le pieux légendaire.
' Euseb. hisi. eecl. lib. v, cap. i, et seqq. cdil. Vales.
' Saagaiae et agonc propiuqui. ditGrégoirc-de-Toiirs. Drxf/orta mari.
c. 5/4.
176 INSCP.IPTIOrî CHRïTIIÏNMK,

Yalérien prend voie romaine qui longe la rive droite de


la

la Saône, et ne s'arrête qu'à Trenorcldum ', station et grenier


des légions romaines.
Marcel se jette dans les forêts de la rive gauche, prêche par-
tout où il passe, et parvient jusqu'aux portes de Cabillo.
Il ac-
cepte l'hospitalité chez riche Latinus, dont l'opulente de-
le

meure présentait au vestibule la statue équestre de Mars, escortée


de celle de Mercure et de Minerve. L'apôtre s'émeut à cet aspect,
et bientôt parvient à convertir et baptiser son hôte et toute sa

famille. Mais les événemensde Lugdunum^ Je départ même de


Marcel, sa présence à Châlons faisaient bruit ; l'apôtre s'éloigne,
et reprend la route de Sequanie , le long de la Saône. Comme il

passait devant un hospitium où le préfet des nautes de l'Arar,


Priscus, préparaitun sacrifice et un festin en l'honneur de ses
dieux, voyageur, convié à y prendre part, se présente, mais
le

pour exposer hardiment sa foi devant les convives. Il est arrêté,


étendu sur le chevalet devant la statue de Saturne qui domi-
nait le fleuve, torturé de nouveau à la porte Sequanaise, de-
vant Teffigie du Soleil, brûlé à petit feu près de l'atrium d'Am-
mon, enfin enterré vif à mi-corps dans une fosse où il meurt
à deux milles de la cité '.

Priscus, teint du sang de Marcel, descend à Lyon comme


pour aller recevoir un triomphe; il voguait sur la Saône, et un
nombreux cortège le suivait sur les deux rives. Il s'arrête vers
le soir à Trenorchiumapprend que dans un coin de la ville
, et
un autre fugitif de Lyon a élevé un autel au Christ. Dès le len-
demain il fait arrêter Yalérien; on le trouve dans une cellule
décorée d'une croix. Il s'avoue être chrétien , est déchiré par les
ongles de fer et décapité '.

La persécution s'étend de proche eu proche et atteint les


apôtres des Eduens. Bénigne avait évangélisé Langres, et s'était
arrêté, si l'on en croit à de vieilles traditions, auprès d'une
sœur deFaustU8,le pieux sénateur d'Autuu ; Léonilla aurait

* C'était le Caiirum Trencrchii , placé au-dntgas de la Tille actuelle de


Tournas, bâlie plus bas, 8ur les rives de la Saôae. Tillemoat. t. m, 09.
» Vita S. Afarc«/., exTeterilegendario ceci. Cabillon. Tillem. t. ni, p. 39.
' Pattio S. Valer. ex cod. legend.
TROUVÉE A AIJTUN. 177
c« trois petits fils janieaiix, Speusippe, Eleusippe et Mcleu-
sippe , qui, b;iptisé.s le même jour, auraient été couronnés en-
semble comme Symphorien '.

Ce qui est plus indubitable, c'est que Bénigne évangélisait


Divio, et confirmait sa prédication par des miracles, quand le

préfet Térentius le fit périr dans d'effroyables supplices.


Andoche et Thyrse, à quelques lieues de là, mouraient
aussi. Un riche marchand , Félix, allié peut-être de Faustus,
à qui on donne à Sedelocus des parens et de vastes propriétés,
les avait reçus et cachés ; il fallut briser ses portes pour lui ar-
racher ses hôtes et il les suivit jusqu'au ciel '.

Symphorien, disent de graves récits, vinrent à la


Fauslus et

le sang des martyrs, et ensevelir leurs restes vé-


hâte recueillir
nérés. Symphorien, surtout, ne pouvait se détacher de leur
tombeau, et Faustus s'empresàa d'en consigner le souvenir de
sa propre main '.

Et par toutes ces funérailles le Christ triomphait; il triom-


pha surtout à Augusiodunum par la mort de Symphorien. Jus-
que là un sang précieux mais étranger, arrosait la terre éduen-
ne, et, comme s'il eût fallu que le ciel s'ouvrît aux Celtes, par
l'effusion de leur sang lo plus pur, Symphorien marchait à la
mort ( Ann. 177 ).
C'était pendant une fête de Bérêcyntlie (ou Cybcu), qui atti-
rait à la cité éduenne une grande foule de peuple; on portait
en triomphe sur un char pompeux, à travers les rues l'image
de la mère des dieux. La Providence voulut que Symphorien
rencontrât ce profane cortège. En quelques instans il avait bravé
la foule idolâtre, confessé sa foi, comparu devant le préfet Hé-
raclius, reçu son arrêt de mort...; conduit au supplice, il fran-
chissait la portedeLangres; là on montre encore après seize
cent soixante-trois ans la place où son héroïque mère lui
adressa ces paroles dignes du livre des Macchabées, et consa-

» S. Julien de Baleure . De Cillustre et trcs-anc. cité d'Autun. i58i ,

p. 3o5. — Baronias adann. 179. xxxtii. — LongucTal. t.i, p. 43. — TiLlem,


tom. m, p. 6o3.
* Tiliemont. Hitt. ecei. t. ni. — Baillet , nxïf' jour de sept.
' Tillem. ui, ^o. — Boll. Mars, tom, n, p. 53.
tT8 INSCRIPTION CHRÉTIENNE.
crées par ics chants de l'Eglise : c Mon fils,mon fils, Sympho-
»rien, pense au Dieu vivant!... Courage, mon fils, nous ne
• pouvons craindre la mort, la mort qui mène à la vie!... Lève
ïton cœnr en haut, mon fil?, vois celui qui règne aux cieiix?...
» A celle iieure, ta vie ncst point perdue ^ mais changée en vie meil-
» leure ; à celte heure , mon
un heureux échangefils , tu vas par
» à la vie éternelle. » Et Symphoricn monta au ciel '.

Certes, la foi éduenne fécondée par un sang si généreux,


devait rapidement fructifier; aussi rien ne trouble plus de
long-tems ses pacifiques progrès.
Tout autour cependant gronde encore l'orage.
Ferréole el Ferrntio deux noms gallo-romains, dont Tun
,

rappelle l'une des plus illustres familles celtiques, deux con-


quèles dues apparemment au zèle de S. îrénée, deux frères,
encore, selon nos anciennes traditions '. devenus apôtres des
Scqunnes, sont froppés par ordre de Claudius, préfet de Veson-
{'io , el enfantent parleur sang Téglisc Bizontine '.
Andéolc, le jeune sous-diacre de S. PoUiin, lègue aux Viva-
rais sa couronne et sa foi.
meurent à Valence
Félix, Forlunat, Achillée '*.

Lyon surtout éprouve d'épouvaniables calamités.


Les vides faits par la dernière perséculion éiaicnt remplis;
Polhin même remplacé. Irénée, qu'un message avait alors con-
duit à Rome , rappelé à la lête de celle église ravagée par le fer

• On peut ai.sérncnl rofonnaîlre coDuno un airù« faniillî,' entre ces no-


bles paroles dn la mère de Sympliorien et les beaux vers de l'injcription
nnlunoisc. Il e-l bon surlonl de remarquer le e.Traclère hardi jusqu'à
î'audacc des marljrs éducns ; Marcel affronte Prisrns ; Félix court à la
mort; Sviupîioiien braïe une midtilu»le fanatique on conçoit déslors
;

rommonl «ni chrétien de la primilive éjjîise eu face de tels exemples au- ,

rait pu sans crainte afficher sa foi sur le marbre dune 1omI>e. — Quant
H l'époque du martyre de S. Symphoricn , voy. D. Ruyn. et Pagi. t. i, p.
agg. — Les paroles en iollres italiques se retrouvent dans le missel à la

préface des morts.


• Cbifflel. p. ag.
^ Anonyin. auct. Iilarlyrii 55. FerreoU et Ferriilionis ac socior «p. Sur.

I. Tiii, ad diem 16 jutiii. — On les nomme aussi S. Fargean el S. Fcrgcon.

• V. aut. prœlaudalum.
TROUVÉK A AUTr?f. 170
des boiirrer\ux eî len sophismes de l'IiérL^sie, élait venu coura-
geusemei.t Taire lace aux païens et foudroyer les Yalentinien?
( vers 177
)
Pendant vingf-cinq ans, il put, sans obstacle, rallier les dé-
bris de son église dôcimëe poursuivre sans j)aix ni trêve l'hy-
,

dre aux mille tètes du gnosticistne composer ses savans écrits ,

et poser pour toute l'église gallicane les bases toujours fermes


de son ortiiodo\ie '.

Au milieu d'ur>e assez longue paix, pendant laquelle le


monde voyait avec indiilérence ou dégoût le sceptre impérial
passer de' main en main , éclate à Lyon la révolte d'Albin
contre Sévéï-e, qui long-tems son ami, l'avait lui-même impru-
I demment poussé à la Bretagne. l'Es-
révolte. La Gaule, la

pagne, à l'imitation de Lyon , le saluent empereur. Sévère,


encore aux prises en Orient avec le parti de Pesccnnius Niger,
frémit à cette nouvelle, jura vengeance et tint parole avec
uiieférocifé africaine. Lyon le vit bientôt à ses portes, bientôt
dans ses muns, écrasant sous les pieds de son cheval le corps
d'Albin, exterminant sans pitié tous ses partisans ( le 19 fé-
=

vrier 197 ).

Les Chrétiens souiTrireut; mais Sévère leur rendit justice,


et ne put les trouver impliqués ni dans la révolte d'Albin, ni
dans celle de Niger \
Toutefois, soit que le dur et vindicatif empereur ait laissé
des ordres qu'on exécuta plus tard, soit que la haine qui exci-
ou la répugiiance des Chrétiens pour les fêtes dé-
tait les Juifs,

cennales, aient provoqué dcnouvelles rigueurs, cinqannécs après


la défaite d'Albin,une armée entoure Lagdunam; la population
toute chrétienne est traquée dans un cercle de bourreaux, et
sans y comprendre ni femmes ni enfans, des milliers de mar-
tyrs sont égorgés avec Irénée on marche dans le sang à travers
;

les rues et les placris publiques ^


( vers 202 ).

' Dom. Massuet. Disserl. prier, in oper. S. Ircn Paris 1710.


* Hist. univ, des Ângl. t. mv, 266, 272.
' Terl. apolog. éJit. de l'abbé de Gourry. xxiv, p. igi. Id. adscap.
c. IV.

4 Grcg.tur. hist.Fr. lib. i, c. 26, 27,; de gior. mart. c. liQ,5o.—yidv.


citron, aun. 181 el igS. — Usoard, martjr. it" kal. Juaii.
18Ô INSCRIPTfON CnRÉTIENNE,
Depuis ce massacre, Lyon s'efFace visiblement; son inûuen-
ce, son Eglise, sonnom même est inaperçu, tandis qa'Autun
reprend son ancienne importance, fixe l'attention des empe-
reurs!, et devient plus d'une fois le centre des diverses combi-
naisons politiques qui changent la face des Gaules.
Des édifices importans s'élèvent sous les auspices d'une im-
pératrice chrétienne, Julia Mammœa, mère d'Alexandre Sé-
vère, dont la pacifique tolérance favorisa les Chrétiens, et laissa
se développer sans orages la foi naissante des Ëduens »
( vers
aSa ).

Sous le règne de Philippe (244)? que de graves auteurs font


chrétien ,
partout la religion nouvelle marche rapidement à
son complet triomphe; des idoles sont publiquement brisées,

' Dans le riche et curieux cabinet de M. Ed. d'Espiard, on voit une


médaille en plomb, à l'effigie de Julia MammBea , trouvée récemment
dans la maronnei'ie d'un édiCcc antique, siluc dans le clos de la célèbre
ahhave de S» Jean-le-Grand ; celle méilaille prouve que des conslruclions
importantes furent faites àAutunau lems d'Alexandre Sévère. Julia Mam-
mjea était chrétienne, et il serait permis de penrerque, dès le lems de celle
princesse , on ait bâti à Autun desoraloiresel des baplisières. On ne peut
douter, dit Courlépée (m. 4i8 ), que sur la fia du 3« siècle il n'y ait

eu un oratoire dédié à S. Etienne, qu'on doit regarder comme la première


cathédrale. Les Chréiieusde Lugdunum , peu d'années après le massacre
de leurs frères, ouvrirent publiquement la chapelle des Macchabées sur le

penchant méridional de la montagne de Four?ières. {Hist. de Lyon, par


C. Beaulieu , IÎ9). Le même auteur parle duuc église des apôtres anté-

rieure à Constaolin, p. loi. Il est d'ailleurs indubitable et incontesté que


les Chrétiens avaient partout des églises avant Conslantin. Il j en eut

jusqu'au centre des cités impériales , en face du palais des empereurs,


par ei. à Nicomédie. Aurelien bien que persécuteur , , fut consulté concer-

nant la possession d'une église en litige, et il déclara qu'elle appartenait


àrévêqucquicommuniqnait avec Rome. Aulun, qui conserve encore une
crypte sous le palaisépiscopal, pouvait donc avoirnne église, un baptême,
des tombes, des inscriptions publiques, et il serait étrange qu'on n'en
ait point eu pendant les 80 ans de paix, qui s'écoulèrent de la mort de S.
Symphorien à la persécution de Valérien , de 177 a 357. Il n'est pas inu-

tile, ce semble, pour Gxcr l'époque du monument d'insister sur ces faits et
ces dates. (Voir Baron. Annal, t. i , ad ann. an. vu. Ad anu. 245. ir.
Ad ann. 087. vi. Ad ann. 3u2. iv. xu. xni. — Art de vérifier let dates.
TROUVÉE A AUTUN. 18t
des temples s'élèvent au vrai Dieu, les missions s'étendent,
les évéchés se fondent, la Gaule est sillonnée par de nouveaux
apôtres, et pendant près àey5 ans passés sans persécution con-
nue , Autun, chrétien, grandit en même tems que la cité Au-
gustale reparaît sur la scène.
Valérien, qui, au milieu de tant de soldats et de barbares
couronnés, conservait avec le vieux sang romain, les goûts

littéraires des premiers Césars, passa par Autun, et dut se


plaire dans la société polie de ses rétheurs et de ses grammai-
riens ( vers 257 ).

Posthume , nommé le restaurateur et rhercule des Gaulés


( vers a6o )
, fit de la vieille cité, ceinte encore de fortes mu-
railles, une de ses places put y braver dans un
d'armes, et

long siège toute la puissance deGallien. Victorin, dont les mé-


dailles sont semées sur notre sol, et Victorina, sa mère, sui-
virent la fortune et les goûts de Posthume ( 267 ).

Tétricus attacha tant de prix à la possession d'Autun, que


sept mois de siège ne lui parurent pas trop longs pour s'ena-
parer de ses ruines ( 268-274 )
Mais Claude s'y fit surtout aimer, et de lui date ce long at-
tachement aux Flavicns, qui se marxifesta si vivement sous
Constance Chlore et Constantin, et qui valut à Autun le nom
de Flavia ( 268 ).

Cependant l'humble église , retirée dans le poiyandre de la


via slraia, croissait au milieu de ses tombeaux, et comme il

arrive aux choses divines, se fortifiait plus par les tribulations


que par les succès '.

' Nous ne voulons point prévenirle jugement des Paléographes, de qui,


en ce moment, relève l'inscription, en présentant de nouveaux essais d'in-
terprétation. Nous signalerons cependant l'acrostiche complet que nous
avons cru remarquer dans les initiales des onie lignes t-x^'Ji m xtri l»

Christ est venu dans la souffrance. Ce mot résume les trois premiers siècle»
de l'Eglise. C'est la devise de ces premiers chrétiens qui passaient par le

monde , faisant le bien et souffrant pour la justice ; ce serait de plus la


date décisive du monument. Mais que l'acrostiche soit admissible ou non,
le mot r/i-j; se lit partout sur les marbres d'Autun , et ce mot, employé
sans nulle explication , appartient exclusivement à l'époque que nous
assignons. Au 4* ou 5" siècle, et plus tard encore, on emploie , il est
Ul* SÉ&IB. TOM. I. N* 3. 1840. 17
182 INSr.IlîPTIO.V Cfi RETIENNE ,

Après les premiers apôtres, un nom sénatorial et très-célèbre


à Lyon commence l'épiscopat édnen; Amator o\\ A mandas re-
cueille, console, étend l'église aflligée, fait le bien à l'écart, dispa-
raît dans l'ombre des tems, etlègtieson église à un suinl hom-
me, Martin, dont le nom sera plus tard illnslre dans la Gaule.

Après 80 ans de paix ( en a57 ) apparaît un jeùûe martyr,


un second Syirïphovicn , F tocetle, aux prises àVec Valérieïi,
l'empereur lettré et tolérant comme Néron. Flocelle l'étonna
par son héroïsme précoce, et lui parut un être magique. C'é-
tait seulement l'ange consolateur de ses frères persécutés; ni
les chevalets, ni les flammes, ni les tigres, ni les satellites de
Valérien ne purent rien sur lui; il fallut, pour fermer la bouche
à l'éloquent enfant, lui percer la langue, luigai'olrer les bfas,
lui arracher la vie par le glaive •.

C'est alors, et peut-être parco que la cité trop païenne en-


core avait trempé les mains dans le sang innocent, qu'^AuIurt
est frappé comme Lyon; fidèle aux Flaviens, et séiilc aux
prises avec Tétricus, maître de la Gaule, il est assîrgé sept
mois, pris et saccagé. Les bandes des Bagaucïes qui depuis ,

l'ère romaine s'agitaient dans les montagnes, descendent de

leurs rochers, passent et repassent sur les ruines laissées poif


Tétricus, les impôts usent les dernières ressources, cl la per-
sécution demande encore du sang *.

Année 274> — Aurélien, qui. s'attacha surtout à frapper les


firélres et les tenr^phis des Chrétiens, signala son passage à Au-

vrni, le même symbole, mai» d'une manière toiile ditT;.*ri;nle , on n'en


faîl pins un secret, on place toujours à côlédu mot i/rj^ lenom duChrisl;
ici au coutrdjie, nulle paît le Chrisl n'est nomm<*, nulle pari le symbole
n'est expliqué , le secret était donc encore un devoir , une nécessité;
l'Egli?e n'en était donc pas encore à bon ère de liberté. Nous donnerons
plus de Jour encoreà celle opinion, dans un second article, on nous com-
parerons l'inscriplion avec les idées qui dominaient dans l'enscignvment
des apôtres éduens.
» Brev. eld. ad diem 17. sept. Il est possible qnC l'on ait confond» dans
les anciennes légendes le préfet de l'empereur avec Teropereur même.
» Eununc. Panegyr. ji. ad Const. Aug.pro grat. act. n* 4î item- Orat.
pro reslaur. schol, n* 4-
,

TUOLVÛE A AL'TJ..^. 185


tnii par mort de plusieurs martyrs, dont le plus illustre fut
la

Bhérten, l'un des successeurs d'Amator '.


Ce fut le dernier assaut qu'eût à essuyer la foi (^ducnne; la
cité Gallo-Romaine renaissait chrétienne à force de soufTrances.
La désolation était à son comble sur la fin du Z" siècle; les fa-
milles sénatoriales avaient disparu ou s'étaient retirées jus-
qu'aux pieds des Pyrénées '; les campagnes étaient dépeu-
plées, et il fallut que Constance Chlore transportât des peuplade»
de Francs dans les plaines de Troie, de Langres, et probable-
ment jusque dans montagnes édnennes ^ ( 392-306 ).
les

Mais de ce moment date une nouvelle et brillante époque.


Les Flaviens, amis d'Autun, ont recommencé pour long-teras
cette domination pacifique et fortunée que fit deux fois les <lé-
lices de l'empire, et laissa respirer le monde et l'Eglise jusqu'à
l'invasion des Barbares *.

Constance se hâte de relever la cilé fidèle; il appelle, il en-


voie du fond de la Bretagne d'habiles ouvriers; les palais, les

thermes, les aqueducs, les édifices publics et particuliers,


sortent des ruines; les familles illustres reparaissent, les écoles
s'ouvrent, et une nombreuse jeune"'<'e se presse autour dn
rhéteur Eumène ^

' Crémier liv.xxvii. — Pagi- •• ». p- 291. — Usuard martyrol. 1 Juiiii.


* Auson. inter Parental, c. iv. v.
* Hist. univers, des AngL t. ïiiv. édit. jq-8', 5a8.
* Il est remarqnableque depuis Auguste jusqu'à rin^asion desBarbares
les deux seules époques ou Rome el le monde semblent se reposer , sout
celles où des Flaviens régnent , d'abord sous Vespasitîii et Titus , puis
sous Constanlin, qui descendait des premiers Flaviens.
* La famille d'Enmène Tenait de la Grèce; son aïeul ("'lait d'Alh^nei,
d'où il passa à Rome y enseigna l'éloquence avec un éclat flalleur qui
et

eût pu le retenir dans la ville impériale. Néanmoins il vint à Aatun, qni


lui offrit tant d'agrémens qu'il s'y fixa, et continua d'y enseigner jusqu'à
l'âge de 80 an*. Deux autres rhéteurs le remplacèrent successivement
avant que Eumène ne prît lui-même la direction des écoles
le célèbre
Ménienncs; une époque voisine des premiers apôtres il y avait
ainsi à ,

à Antun des familles grecques, opidenles et savantes parmi lesquelles


pouvait se trouver celle dont les noms apparaissent dans l'inscription grec-
que. Au reste, à celte époque les noms grecs étaient assez communi eu
Gaule. lîist, Uttér. t. 1, 1" |>artie 3i8, a' partie 44-
18^ INSClMP^lhw CfinÉTlEîfNE,
De plu» nombreux disciples accourent sous la houlette du
savant ëvêque Rhetice , que la famille de Constantin honora
d'une estime méritée. Grâce sans doute à son influence prolec-
trice, les fureurs de Rictiovare. exécuteur sauvage des ordres
de Galère, ne pénétrèrent pas à Autun. On sait d'ailleurs que
la maison de Constance était pleine de chrétiens, et que son

palais ressemblait à une église i


on sait qu'obligé de publier les
nouveaux édits, il se contenta d'en faire lecture à ses officiers,
et qu'il chassa de sa présence les apostats comme des traîtres;
on sait qu'ilseulement abattre quelques temples, et
laissa
qu'autant qu'il dépendit de lui l'Eglise fut libre sous son gou-
,

vernement. L'impératrice Hélène était chrétienne, il ne man-


qua peut-être à Constance Chlore pour l'imiter que de ne l'a-
voir pas répudiée '.

Constantin fut plus heureux, et dès son passage à Âutun, en


3)1, après avoir accueilli avec attendrissement les principaux
de la ville, remis les taxes arriérées, diminué les impôts, ac-
cordé de nouveaux secours pour l'ornement et le soulagement
de la ville, il ne parut pas aux temples, et s'occupa peu de les

relever de leurs ruines. Même il est remarquable qu'Eumène,


qui dans ses premiers panégyriques épuisait pour le louer toutes
les réminiscences mythologiques, change véritablement de ton
dans prononcé à cette occasion comme s'il eût
le discours ,

senti que la cause des dieux était perdue , et qu'il y avait contre
eux la force de la vérité, la puissance du jour et tout l'avenir *.
Peu après Constantin et toute son armée rencontraient sur
le chemin de Rome le Labarum *. Près de lui nous retrouvons

' Euscl). de vilâ Const. lib. i, c. xiii, xv et xvii. Ed. Vales. — H«s<.
univ. des Angl. xxv, p. 6.— Oplal. Milev. lib. i, p. 44- — Lad. c. i5, p. i5.

' Orat. pro grat. ad,


' Une foule de médailles frappées à Autun aToc le moDOgrame du

Christ, la croix grecque qui de lems immémorial figure dans les armes
de la ville et du chapitre, d'anciennes tradilions locales, les iiomsde lux,
de sainte Croix donnés à deux villages placés sur les deux voies de Châ-
Ions à Lyon, l'autorité des P.P. Perry , Morue, Thomassin , induiraient
h placer près d'Aulun le lliéâtrc de l'appariliou du Labarum. Peut-Élre
Eerail-il possible, eu recucillaut ces doanées , en explorant altealifcment
TROUVÉE A AUTUI». 185
iusqu'à Rome l'éloquent évêque d'Autun ,
qui ju2;e et prononce
par ordre de Constantin dans d'importantes affaires, qui parle
dans les conciles et s'assied à côté des premiers pontifes, qui
compose contre le schisme et l'hérésie des écrits dont S. Jé-

rôme admirait la grandeur, et dont S. Augustin vénérait 1 au-


torité '.

Ainsi à Autun, comme partout le monde romain , la lutte

n'était pas incertaine quand vint Constantin ; le paganisme,


usé comme religion bien avant l'ère chrétienne, n'était plus
qu'un rouage du despotisme impérial qui devait se briser du
jour où cesserait l'empire de la force pour faire place au règne
de l'inteUigence, et ce moment était venu. Le quatrième siècle
se levait sur le monde avec la plus belle génération de génies
qui se soit vue sous le soleil. Qu'il y eut ou non un chrétien de
plus, nommé César, la chose importait peu; le sceptre du
monde appartenait au Christ, et sa victoire était écrite au
ciel bien avant et bien plus haut que le labarum.
C'est toutefois un beau du
jour dans les annales éternelles
christianisme que celui où Rome
muette de stupeur, un
vit,

empereur proclamant qu'il devait une grande victoire au gibet


d'un crucifié des légions romaines croisées et marquées an
;

casque et au bouclier du signe du Christ; un sénat rendant


grâces au ciel de tout cela, décrétant l'abolition à perpétuité
de ces hécatombes humaines nommées persécutions, et inscri-
vant sur le marbre d'un arc de triomphe qui subsiste encore,
que Constantin avait sauvé Vélat par un courage héroïque et par
une inspiration divine *.

On nous pardonnera d'avoir parcouru trop longuement sans


doute trois siècles enveloppés de ténèbres, pour aider à décou-
vrir le jour, le but, la pensée mystérieuse de l'inscription au-
tunoise. Le champ s'est élargi à mesure que nous le parcou-

leslieax indiqués, d'éclaircir l'ao des plusintéressang problèmes de l'his-


toire ecclésiasliqup,
' D. Aiig. lib. 1. contra Julian, Petag. cap. 3, n° 7. — Hieronjni., in

eatai. serip. tcctes. — Grcg. tur. De glor, confest. — Hitt, littér. t. !•' , a«
partie. Sg.
* Bi$t. univ. dts jdngl., t, xiv, p. 64 et luiv.
186 l>SCnil»TION TUOLVÉE A AUTUN.
vious, et pour ne rien omettre, nou3 avens rappelé plus d'un
fait déjà connu, nous avons touché à toutes les origines éduen-

i>e». Nous espérons faire jaillir plus de lumières encore sur


V inscription aborder plus direclenieut ses détails, eu présen-
et
tant encore quelques observations dogmatiques et liturgiques.
Résumons en quelques mots les fails qui nous semblent se rat-
tacher immédiatement à notre but.
— Autun, cilé druidique et romaine, fut de bonne heure ini-
tié aux lettres grecques;
— Vers i6o, des apôtres venvis de la Grèce, prêchent la foi ;

— Ils trouvent à liibracte une famille sénatoriale déjà chré-


tienne ;

— Martyrisés vers 177, leur œuvre se poursuit sans trouble


pendant 80 ans ;

— Ahirs Autun prospère, écoles surtout sont florissantes


les ;

— Ces écoles des familles grecques rendent langue


et la
grecque populaire;

Des églises, des oratokes s'élèvent dans le Polyandre de
S. Pierre ;

— La persécution recommence , tout souffre à Autun jusqu'à


Constance Chlore;
'


La ville est saccagée, les églises et les tetnples sont ren-
versés ;
•— La foi est tolérée, favorisée même par Constance Chlore;

La foi triomphe sous Constantin en même lems et peut- ;

être aux mêmes lieux apparaissent Rhéttce et le labarum.


L. J. C.
TRADITIUNS PHÉMCIEKNES. 187

w\\\v\\\\\ A\\^A^\^^v^* *v%x\i\\N\\\* ^^^\^*\v^^\\^\\\^-x^\'\*•*^^v^^%^%v^•^^A^\^v\%^^\\^.^\*

^vabififJns ^(jcniacnnci.

DISSERTATION SUR L'AUTHENTICITE


DES FRAGMEXS DE l'hISTOIRE PHÉNICIENNE !)K SA.>CI10N1ATH0N ,

Renfermés dans le premier livre de la Préparation Rvangélique d'Eusèbe de


Césarée de Palestine.

©ttatnêwe 3ïfîc(c ',

Eusèbe a-t-il inventé les préfaces de Philon et les fragmens de Sancho-


niathon? — Sur Orphée. — Ses poëracs sont d'Onomacrite. — Sur les

Sibylles. — Leurs \ers interpolés par Juifs Chrétiens. — les et les

Euhémère est-il seul à soutenir que les dieux avaient été des hom-

mes? Les Grecs n'ont pas reçu toute leur religion des Egyptiens. —
Du symbolisme de Porphyre. — Pourquoi les apologistes chrétiens
n'ont pas parlé de Sanchoniathon.

M. Lobeck déduit les motifs qui lui font croire qu 'Eusèbe a


fabriqué la préface de Philon et les fragmens de sa traduction
de Sanchoniathon : ce n'est pas seulement, selon lui, parce que
beaucoup de livres anciens .sont supposés, mais par l'intérêt
qu'il avait à cette supercheriie dans un ouvrage destiné à dé-
montrer la folie des religions du paganisme. Or, rien n'at-
teignait plus certainement ce but qu'en faisant voir que le«
objets du culte ancien n'étaient que des hommes déguisés
en dieux. Tous les apologistes insistent sur cette preuve qui
leur donne tant d'avantage. « Croyez-moi, ô Grecs . dit ïatien,
»ne souffrez pas d'allégories dans votre mythologie ni parmi
»vos dieux *. Clément, Arnobe, tous enfin rassemblent sur ce

point la de leur dialectique. C'était donc pour Eu-


force
sèbe un avantage immense que de faire parler Philon de By-
blo«, un païen, dans les méme.s termes. 11 ne saurait en conîé-

' Voir le 3* art., t. xix , N> 112,' p. 26.^.


' Tatiani opéra, p. i6o.
468 TRADITIONS PHéNICIENNBS.
quence échapper au reproche de s'êjre permis une fraude
pieuse.
RÉp. Lorsque DodTfell accusait Porphyre de la supposition
qu'on maintenant peser sur Eusèbe, il se faisait cette
fait

question: pourquoi accueai-je Porphyre d'avoir forgé cet écrit,


ou au moins d'avoir concouru à la publication d'un écrit forgé,
inconnu et suspect ? c'est parce que les principes des Pythago-
riciens et des Platoniciens permettent les supercheries, et que
Porphyre était oggrégé à ces deux sectes. En effet, nous li-
sons dans Timée « De même que dans les maladies nous
'
:

«guérissons les corps par des remèdes, causes eux-mêmes des


» maladies, lorsque nous ne le pouvons pas par des remèdes be-
» nins ; ainsi nous dirigeons les âmes par des discours fallacieux,
» quand nous ne pouvons le faire par la vérité. » Platon * professe
des doctrines absolument pareilles , et en faisait usage dans les

fables mythologiques qui ornent ses dialogues.


Aussi l'historien Socrate, parlant des ouvrages de Porphyre
et de Julien contre les Chrétiens, les accuse d'altérations et de
faussetés dans l'emploi des textes sacrés ; « mettant tout en
• œuvre, dit-il, dans leurs écrits contre les Chrétiens; ils ont
«essayé de faire violence à la vérité, soit en altérant certains
» textes sacrés , soit en y insérant des parties supposées, de ma»
» \ »
nière à atteindre leur but
Ce passage inaperçu de Dodwell allait plus à son but, parce
qu'il accusait Porphyre lui-même de mauvaise foi dans la con-
troverse. Qu'en conclure? qu'il y en a eu de part et d'autre,
parce qu'on sejiassionne rarement pour la vérité contre l'in-
térêt de sa cause. Huet, dont la crédulité est notoire , et que
M. Lobeck traite avec assez de mépris pour dire : qnce Huetia-
nis sœculis credere décorum fuit , comme s'il s'agissait du moyen.

«Ûtw TK5 \l/\jyù(;


^extSéffi Xôj^ otfft ùùsip'} Ofzs; , etV.a piï a} wvT«t àlaGiai.
Dt Came du monde, ch. xvii, p. 74 , éd. de Lcbateiix.
* Dans le m* livre de la Hipubliqne, lom. 2, p. 413 et &1i.
Kctrà yptvrixvû'j io^ouî ù'jalùiruvrez TrW «).>]©£« av èmyjifiTotrocv Êia-

T£ç, TrâvTa Sinphç T<}v otxtrov àvo)ia6ô»Tiç ffxojro'v. Hist. Eccl.l. ni, pag.
802, éd. de Rcading.
FRAGJIENS DE SANCHOMATHON. 1S9
âge, et non du 17' siècle, le plus illustre des Icms modernes,
et qu'Huet qualifiât et dominât le siècle on il a vécu; Iluet,
dis-je, si crédule en général, a cependant repoussé le témoi-
gnage d'Orphée et de» Sibylles dont les premiers apologistes font
grand usage. Voici ce qu'il dit du premier « Ce qu'Arislobule :

»le péripatéticien dans Eusèbe , ce que Justin, Clément d'A-


• lexandrie, Cyrille et autres rapportent d'Orphée, paraît avoir
«été forgé par d'anciens chrétiens de lambeaux pris dans les

• livres sacrés '. » Wakenaer a relevé les Chrétiens de cette sen-


tence dans son Traité sur ArisiobaU, en reportant le blâme sur
les Juifs, commej'aurai occasion de le faire voir.
Hueî parle des vers sibyllins dans les mêmes termes ». * On
»doit penser la même chose des vers sibyllins, savoir qu'ils
»sont l'œuvre d'auteurs récens , et convaincus de supposition. >

Il renvoie en conséquence à l'ouvrage de Blondel. Voilà des


écrits incontestablement pseudonymes, que personne ne pren-
dra sous son patronage. Cette fraude était si visible, que Celse,

dans un passage rapporté par Origène ^, en a abusé pour le


blasphème qui suit « Vous auriez beaucoup mieux fait de
:

• mettre à la tête de votre religion la Sibylle, en la déclarant

«fille de Dieu, puisque vous vous servez d'elle, en insérant dans

«ses vers beaucoup d'impiétés; au lieu de cela vous allez pren-


»dre pour votre Dieu celui dont la vie est décriée, et dont la
•mort est la plus honteuse qui se puisse. «Mais Celse ne savait
pas que c'est la bassesse même du Christ qui fait la gloire de sa
religion.
Ainsi il a existé des livres attribués faussement à certains au-
teurs.

At quae ex Orphaeo atlulerunt Aristobulus Peripateticus apudEuse-


bium, Justinus, Clemens Alexandrinns, Cyrillusetalii, eaprorsus viden-


tur à veteribus christianis conficla et ex sacrorum codicum consuta
,

segminibus, Demonstrat. evan. prop. iv, n" 19, t. 1, p. 187, in-8°.


• Idem oiunino de sibyllinis carrninibus putandum est; non recentio-
ribus quae circum ferunlur et
illis /.l'ICf) n-y.i \ulgo daninata sunt. prop. etc.
ix, n° 10, p. 1090.

Yper? 5è xav 2iêy),^av ri ypuvrKÎ "zi'Jtq ùfiiv stzoTwç ojv jxâX^ov


irpotaôritTcuaOeùç toO Qeo\> naiSa ; vûv 3g vupty où<ftzi (isv eîç rà £«tv>j;

îroAià x«t éiaff^Kj^a ti*r)... rôv Je êt'w fièv ènipprflorirM Ôzvàrw Si oùtffTw
Xpr.aiiinov Osiv TÎQtvBt. L. vu, pag. 5C8 de l'édit. de Cambridge.
496 TUA'JiTiONS P1!J:MC1E^^ES.
Voyons maiiiteDaiit si l'analogie est parfaite entre les vers
orphiques et sibyllins d'une part, et la préface de Philon jointe
aux extraits de Sauckoniathon.
Orphée a été reconnu comme un personnage fabuleux dans
l'antiquité même. Hérodote déclare qu'Homère et Hésiode
sont les deux premiers poètes qui ont répandu la théogonie
parmi les Grecs, qui ont donné des noms aux Dieux, et leur
ont assigné les honneurs qui leur sont rendus qui enfin les ;

ont rangés dans l'ordre généralement admis. H ne connais-


sait donc pas les poèmes attribués à Orphée; ou plutôt lors-

qu'il parle des Orphiques, il les renvoie parmi les productions


égyptiennes ou {>ythagoriciennes '.
Le même Hérodote ' attribue ù Onomacrite, contemporain
et ami des Pisistratides , les poèmes qui passaient sous le nom
de Musée on peut croire qu'il a fait aussi parler Orphée. Sextus
;

Empiricus ^ cite Onomacrite dans les Orphiques. Le scholiaste


d'Aristide, sur le discours en défense de Miltiade contre Pla-
ton, dit «Orphée a précédé Homère, mais ses doctrines ont
:

• été mises en vers par Onomacrite *. »


Aristole , dans le Traité de Came, dit o Le raisonnement :

» contenu dans les poèmes appelés Orphiques est dans le même


»cas '•.
Plîiloponus , dans son commentaire sur ce passage se de-
mande pourquoi Aristote appelle ces poèmes orphiques'} c'est,
répond-il, parce que ces poèmes ne semblent pas être d'Or-
phée, comme Aristote le déclare lui-même dans les livres de
la philosophie. On dit bien , continue-t-il, que les doctrines

* O^oÀoT^EOvat 5e raurà zolci ôçiqlv.oîci -/a).ïouïvot(Tt, x«2 pa.-AyjLv.QÏ(itv,

Èoûfft îj aîjum'ot(7t [Dans ce


v.cù tzmOcc)^ opsioiai.

passage il faut corriger comme je l'ai faitlaO'/a et lire 1«\jli; d'a-


L. Il, c. 55 et 8i. —
bordlaùla ne peut pas être le sujet d'of/oXo^éoyo-t; ce serait un
solécisme dans la langue d'Héiodole. ensuite Plutarque nous
offre une construction absolument pareille Ôiioloytl Se t« utk- ;

vtxà xai vu/T£),£« zuvzx zol; leyouivoLZ Otrtoiîo.; SicianuafioTi;. De Isid.


c. 35.
' Liv. vil, ch. 6.
' Dans le 9« livre C. les Mathématieient. § 561.
^ Ta oo^jAara O/sytwç Ovofxxx^tTo; p£Tsoa).£ ôt' ètîwv.
* ToOto Si Tté'KovBe xa/ o «v rot.; è^yixotî xaXou/iiivotç tntst Ao^^eç . L.
« » C. ?.
rUAGMENS DE SANCHOM .VTliO>. 191
sont de qu'Ouomacrite les a mises en vers. C'est d'après
lui, et

ce passage invoqué d'Aristole dans les livres perdus de la phi-


losophie, que Cicéron a été aulorisé à dire, que d'après Aristotc,

Orphée le poète n'a jamais existé *.


Denys-le-Thrace , au rapport de Suidas, exprimait !a mô-
me opinion qu'Arislote '\ Sou schoJiaste, en effet ^, dit : « Si
«quelques personnes reconnaissent des poètes antérieurs à
• Homère, tels que Musée, Orphée, Linus c'est- à tort; il ,

»n'exisle aucun po^me plus ancien que l'Iliade et l'Odyssée,


s Mais, dira-t-on, comment cela peut-il être, puisque nous
«possédons des écrits plus anciens? nous répondrons que les
»unsue sont pas de ceux auxquels on suppose qu'ils appar-
> tiennent, les autres portent des litres d'auteurs récens ho-
»monymes d'anciens personnages.» Suidas , à l'article d'Or-
phée, énumère les auteurs de ses différeus poèmes, parmi les-
quels figure Onomacrite.
Tatien, dans son Discours aux Grecs, cité par Eusèbe 4, dit
qu'Orphée contemporain d'Hercule , mais que les poèmes
fut
qui portent son nom furent composés et mis en ordre par Ono-
macrite vers la 5o* olympiade.
Josepbe, dans son premier livre contre Jpion, affirme que
chez les Grecs il n'est pas d'ouvrage avoué antérieur à Ho-
mère.
Parmi les modernes ,
je citerai le seul Gérard Jean Yossius;
ce n'est pas un auteur d'une foi difficile à convaincre; il dit
cependant « Ce triumvirat de poésie Orphée, Musée, Linus,
:

»n'a point existé; ce sont des noms de l'ancienne langue phé-


unicîenne que parlaient Cadmus et ses descendaos ^ »
Pour les sibylles la supposition est encore plus évidente,

* Orpheum poetani , docet Aristoteles nunquam fuisse. Da N. deo.

lib. I, 38.
* Atovûfftoç tÔv Ofyé« oùSè y £"}- o-jivui ç>)cr:.

*T. n, p. 785 , des Jnecdota de Bekker.


^ Prep. evang. 1. x. p. igS.
* Triumviros istos poesaosOrphea, MussBum , Linum non fuisse, sed

tssenominaab aatiquà Phœnicuin finguàquàusi Cadmus aliiqueposteri.


De nrte pmtveà. c. M.
192 TRADITIONS PHÉNICIENNES.
parce qu'elle est plus récente et toute dans les idées chrétien-
nes. L'écrit de Blondel, intitulé '
: Créance des Pères sur l'état de
Came en fournira d'abondantes preuves. Or,
après cette vie,
comment s'y sont pris ces faussaires? ils ont tout simplement
insinué leurs dogmes dans des vers prétendus orphiques ou
sibyllins. Orphée doit à Onomacrite puis aux Pythagoriciens,,

enfin aux Juifs ou aux Chrétiens, les vers répandus sous son
nom la Sibylle les doit à peu près tous à ces derniers.
;

Est-ce ainsi que Eusèbe s'y est pris dans la supposition ad-
mise par M. Lobeck des extraits de Sanchonialhon ? Sa marche
a été diamétralement contraire. C'est en s'éloignant le plus
possible des doctrines qu'il veut mettre en honneur, qu'il se
montre faussaire. Qu'on lente d'amener les lecteurs à son opi-
nion, en la présentant sous un nom révéré, je le conçois; mais
la marche tortueuse que M. Lobeck prête à Eusèbe me semble
aussi peu compréhensible que celle que Dodwell avait attri-
buée à Porphyre ou à Philon. Indépendamment des Phéniciens,
Eusèbe n'avait-il pas les Egyptiens, les Atlantiens, les Grecs et
les Romains pour déifier les hommes? Cette doctrine n'est-
eile pas placée au-dessus de toute atteinte par des auteurs irré-
cusables, Homère, Hésiode, Diodore, Plutarque, Denys d'Har
licarnasse ? quelle force pouvait donner à sa démonstration la
phénicienne? Et puis cette théo-
faible adjonction de la théologie
quelque part; plus ou moins connue, elle l'était
logie existait
cependant. Tout le monde civilisé était instruit que c'était par
des victimes humaines qu'on se rendait propice le Saturne
phénicien, qu'Jstartée et Baal ou Bel/i étaient adorés à Sidon.
L'Hercule tyrien avait un temple anciennement vénéré, véné-
ration dont Alexandre voulut se faire un prétexte pour péné-
trer dans Tyr. Que pouvait donc faire Eusèbe dans la fourberie
dont on l'accuse ? répéter ce que tout le monde savait, ou se
taire. S'il admettait dans la théologie phénicienne des fables de

sa composition à quoi lui servaient-elles? et comment pou-


,

vons-nous aujourd'hui les discerner ? Mais par l'absurdité «


dira-t-on, il a jeté du ridicule et de l'odieux sur cette fraction

' Paris, 1659. mi°; il porte encore le titre suivant Des sibylles célé-

brées tant par C antiquité païenni que par les S S. Pères. Gharenton, 1649.
,

FRAGMENS HK SANCHOM ATHON. 195


du paganisme; mais il he nous la montre pas plus ridicule ni
plus odieuse que les autres théogonies.
D'ailleurs si Eusèbe s'était contenté de combattre les fables

telles que les poètes nous les donnent, il n'aurait pas encore
rempli son objet ; il reconnaît la triple théologie de Varron ,

poétique, philosophique et politique ; il les attaque égale-


ment dans son livre : il ne gagnait donc pas une grande vic-
toire en déplaçant la difficulté.

Ob. Après tout, ce ne sont pas tant les fables absurdes qui
rendent ce recueil suspect, dit notre adversaire, que la pré-
tention de Philon qu'on ne doit pas l'interpréter symbolique-
ment.
RÉp. A quoi je réponds qu'on doit distinguer Philon de San-
choniathon. Philon ne veut pas d'allégories , mais Sancho-
niathon n'y a pas pensé. Après ce dernier, mais avant Philon,
Thabionidès avait tenté d'introduire dans la religion phéni-
cienne ce genre d'interprétation , contre lequel s'élève Philon.
Ne voit-on pas la même dissension parmi les Grecs? les stoï-
ciens détournaient toute la religion à n'être qu'un emblème
de la nature. Mais Celse dans son livre contre les Chrétiens, et
Velleîus l'épicurien mais Cctta l'académicien dans les livres
,

de la Nature des Dieux de Cicéron combattent de toute leur ,

force cet échafaudage ; ils sont pourtant les organes de deux


sectes puissantes de la philosophie grecque. Ces doctrines,
quoique professées en partie par Varron, lui .semblaient de
nature à s'avouer plus facilement dans le réduit de l'école
qu'au plein jour de la place publique •. Or, qu'est-ce qu'une
explication réservée à un petit nombre de la religion commune
à tous ?

Euhémère avant Philon avait traité la mythologie grecque


comme celui-ci a fait la phénicienne; il est vrai qu'il a excité
contre lui une forte tempête, on l'a qualifié d'athée; mais à
qui n'a-l-on pas prodigué cette injure? Les Juifs et les Chrétien»
étaient des athées pour les païens; Anaxagore et Socrate pour
Aristophane etle peuple d'Athènes; il n'est pas jusqu'aux diffé-
rentes sectes du Christianisme qui ne se soient donné cette

' Haec faciliùs intra parietes ia scholà , quam extra in foro ferre pos-
suntaures. Varro apud Aurel. August. De civitate Dei vi, S.
ii9J!l TRADITIONS PIIÉMCIENXES.
dénorainalion ; S. Jusliu dit lui-même m Vous nous parlez de
• ceux qui se disent Chrétiens, et qui dans le fond ne sont que

• des athées et des iiérétiques '. »

Les véritables athées sont ceux qui, comme Théodore de Cy-


rène et Diac;ore de Mêle, nient Vexistence de la divinité. Ceux
qui adorent le soleil, l'homme, le bœuf, se trompent sur son
essence, mais ne sont pas athées •,

Ennius ne croyait certainement pas faire une pirofessîon pu-


blique d'alhéïsme, en traduisant en latin VHbtoire sacrée (VEw-
hémère. Cicéron et Varron qui l'ont cité, et Diodore de Sicile
qui, dans son 6' livre, dont Eusèbe nous a conservé un frag-
ment ,
paraît l'avoir pris pour guide dans celle partie de son
Histoire universelle, ne sont pas athées. En publiant le livre des

mois (p. 2^4) de Lydus, M. Hase, de l'académie des inscriptions,


nous a fait connaître un passage très-curieux sur cet Euhémère.
Maliicureuscment l'état de dépravation du texte laisse beau-
coup à deviner; je l'ai suppléé de mon mieux, je rendrai
compte de mrs reslitulions. Le voici ' :

« Les Pliéniciens, soit par la confusion qui résulte de l'ho-

Contre Trrph. p. 7;-.

' Voir WarbiuMon. ^« disserlalion tome l''", p. 5o2 de la traduction


française,

* Ot o£ ^ot'vizi; zarà tiçv r«; ôpLwvupiia; ffûj-xuTtv, ri xari tivk aXXr,v

«£Tt«v , a).).w; TTw; Tzepi Koôvoj È'pjouffiy, w; èx ta; Orjrioa; rôw «J'oraixi-

xwv Toû Épfrjtov 4>Awyoç ëari ^aSetv' xsci êact^fi-jcett ok «OtÔv à é«7Topia
T7U.\xix otôoiTtv , m; éii—poijOvj ùort') •nfjà.u.y^-j , y.a.rù. Tc tïjv Atoyijv x«i 2t-

xùJx'j /.où T«; iTaÀtst; j^woaç *


xat TroXtv v.rtca:i , w; ô 'S.dpcc^ yflfft» Tviv
«— ' kjto'j Xeyofiévîjv K^ovîitv, vûji 5è lipàv ttoIi'j w; I(7t'j ovo; irêpc twv
Avêixwv ôswv, xat IIoX£^wv,7.«t Atff^û),o; h rij Aîzvr) tzv^u} v.aviv. Qtkutwç
lî^K >3 tcTO^^'oc xxrà tÔv EO^auLtjSov ro£xO,ou; lo") o-jç Tzepl rûv ic^ooivwv
Ô£wy à^zo'ypifO-Jia, ôcovç ÈTTij'Et'ouf ^cviaOat «roxa) ûirret , oùç rh vatepQ'j
yévoç avExàXïffn ôupav/ouç. IlaiatçiaTOç de ô 7rEpiTrar>3-txôc èv tw noî Ato-
vÛtou tfTjsh Tovj sOspj c'raç twv Sr^O.cuv xaî ^ajjpxxiuv tocTî t'aa'f 7tuaïç
i-rccjyîî-j (à:ro),5tûêtv) twv Gewv , yai npo^m') ooîxiç TtarjCiljvat *
xâv TaÛTTj
yxp't-jTiTOfrJXi utv yj9iy.û;,rr.v 5j torwotav TrsîrXavîjac'vu; TraoaôeSôTÔat.
— — ,,

FRAGIIENS DE SANCIUl.MATHON. 195


nmonymic, par toute autre cause, parlent d'une manière
soit
• bien difft^rente de Saturne, comme on peut le voir par le a'
• livre i\cV Histoire phénicienne de Philon liérennius. L'histoire

«ancienne nous fait aussi connaître, comme nous l'avons déjà


» rapporté, que Saturne a régné en Afrique, en Sicile et dans
• certaines contrées de l'Italie ; qu'ensuite il a fondé une ville
» appelée de son nom iS^/M/n/rt, comme le rapporte Charax,
• laquelle porte maintenant celui de Hiérapolis ^ d'après le té-
«moignage d'Isigone dans son Traité des Dieux W Afrique, celui
• de Palémon, et celui d'Eschyle dans VEina. U Histoire sacrée

ad'Euhémère a également consigné des récits très- divers sur


«ceux qu'on nomme Dieux, qui, suivant lui, ont d'abord été
• terrestres , et que les races postérieures ont nommés célestes.

wPalœphatus, le péripatélicicn. dans son Traité stir Bacckus ^

«dit que ceux des rois et des magiciens qui se sont signalés par
• leurs bienfaits jouissent des mêmes honneurs que les dieux,
»et sont vénérés sous des dénominaîious pareilles; que si l'on
»a pu se livrer à des jeux d'imagination dans la fable, c'est en
ï altérant la vérité de l'histoire '. »

' Justifications des restitutions tenitées dans le texte qui précède. Charax
avait un ouvrage sur l'Italie (t« l-cxliY.à) citJ par Euslalhe ilius ix
e'cvit

p. 73'» éd. Rom.


, Isigonus est cité plusieurs fois par Pline entre autres ,

au commencement du 7« livre où il le nomme iV(ca:e»ists. Aulugèle en parle


au 9e livre , c. 4 > des Nuits Jttiques , comme ayant recueilli des fables.
— Polc'mon est indique' par MacTOl>e au j« livre des Saturnales c. 19,
comme auteur d'un traite ;T£^t twv h 1ij!.{kîce. 6au|x«^ou£V(wy croraftoûv.

Le mèmeMacrobc (ibiikm)a. conscr\éqnatre versde la tragédie d'Eschyle

qui porte le titre (VElna. — Palœplwtus est assez connu comme ayant in-
terprété historiquement la fable, par le fragment qui nous reste de son

livre cTcût AcjiVtwv, et par les citations de ses autres ou\ rages recueillis
par Fischer p. 64 de son édition de cet écrit. Jean Tzetzes dans son exé-
gèse de l'Iliade publiée par M. Le Prof. Hermann , à la suite du Draco
Straionicensis , p. 3 et i, dit : K£'^a).t«y ok -axI Tîxlcc'ifxro; x«i Ao^'jlvo;

x«t Irepot mepi twv Hpwwv xaj TêsaaTtwv pviZopiY.fl); (lege toTïpjzojî) w;

«TtT0ci).£f(7T0v y.Kt oO fucfK'oç Y) pLaôïjuaTr/r.); y5A^ïjyooï)(7«v. Ccphalion


• Palfphatus, Doroninus et autres ont employé plus généralement l'allé-

»gorîe historique, au lieu de la physique ou mathématique. » — Li ville

de Saturnia est nommée parTertullien (c. 1 0. Apotoget.) comme portant


*

9'iF»iilrtiiiot' WiiHïti^|»liJ§i3l«6qiië âtt syitibolisme que de l'anthlb-'


pôthéismej ii'atirailJ^il pas partagé ces opinions ?
' î
-'-<t'-

€|*JEC; Mais Eiisèbe, dit M, Lobeck, a fait usage d''trn àilft^H^


inconnu aux premiers apologistes. ,
/
"^Rfep/Leplaïi d'Eusèbe di'ffère'âe celui des autres apologistes.
6eux-ei ne s'étaient proposé que de défendre les Chrétiens des
imputations répandues sur leur com'pte, et de les délivrer <îës'
l^ei'séciU ions cruelles auxquelles ils étaient en butte. Les aultelirs
communs et les écrits contemporains suffisaient à leurs be-
soiuSi Au lieu de cela, Eusèbe veut démontrer l'économie de
Dieu dans la vocation des Gentils, et remonte aux sources. Sie-'
iWMhOtl fyluii salisfjit de voir figurer les Sibylles dans vingt pfés^*

ges de son recueil, comme elles reparaissent sans cesse dans


Lafd'dnceetdans Clément d'Alex'indrie '?Non que je les aètnise

dVwétre lesautftti*«'i'tni<iis-d*€ta- 'avoir fait un usage ^quî'iic'^

jtoifvait être de bonne foi. Quant à la citation commune à tbtfs,


'

"

d'Orphée ne roule pas sur Taulhenticité du passage, mais


, elle
stir la ou la mauvaise foi d'Eusèbe en copiant Arjisio*-
sincérité
bille .ceque nous attaquerons incessamment.
"'•" '
'

'
Qbjec. Si Sanchoniathon. continue M. Lobeck , contempo-
rainde Séniiramis. a trouvé dans les anciens moniimens'de sa
'

'
pal rie les preuves de ce qu'il avance, sou autorité est irréfrat»
gable. * :»&uH'& 9tjitW iMitttli'^ilata A- atOA/»»

y.-; 1^^ c- ...


- ^ \'n!''>'v^a.;'î. !^; v;(î n^î '.•»/!/. ^àH
; ., .

éofiqTffit ooiD : Çivita&quoîndepalaverat, Saturnia uaifiie tiumc etfi Yelyet 4

le ch. 22.de ÏOctavlus de Minutius Félix. , ., ,


y^ *f_
. ,
,f. ,,,3
i;
{j'^ilniufl

J'ai appelé les dieux £CT!.'j^£tot d'après Diodore de Sicile^4« W-<^ >t30^V
vjioi Twv èuf) £i'wv Osoj-j, cjo/).oi »«/ .^otKAot çi«y>aSg5o-jT«i ^o'j'plt. Le mèine

Diodore dit que Saturne fonda legouverneraenl monarchique dans toutes


les contrées de l'Occident: AjvaoTiiy «rat Si oait tÔv Kpo'vov xkxk ZiKskiav
xaî Atêûsvj. ETf ^ilïjv^ij'îa^pcvjij^cjpi^^ô jÇiyvoXov à» lot,; Tzpôs ^(rcisjeoi^^Bruà.j

ffuçrîïio'aCTÔKtljjv 6«crt).tt«v..,\ -,, ,; ,, , . ,


.i,,-.
;,i

" Ce vaslecsprîf , dit Blondel dana Touvrage inditjué, p. 18,àqui rien


n'échappait, qui pensait faire profit de' tout, après avoir ctaié arec une
pompe admirable les dépositions de 250 auteurs païens tant phdoso-
phes qu'historiens et poêles, donné qaar^tier aux plus exécrables héréti-
ques, oiivertson sein aux apocryphes, a aussi laissé prendre place à' là

fausse Sibylle de laquelle le discours lui a semblé d'autant plus vêritab)« A


qu'il servait dirortenacnt son dessein.. i'jM'j :»» tuA-. .-«t,,!:^ .i
T

FRAGMENS DE SAXCHONIATIlOPf. M
RÉp. Non pas ,
pins que celle de MaïK^thon et de Béioae avto
leurs piliers sacrés , bien moins siijcis à l'alléralion, par consé-
quent à induire en erreur; et puis je crois qu'il y a ici équi-
voque.
M. Lobeck parle de Sémiramis^ la contemporaine d'Abra-
ham, suivant la chronique d'Ensèbe, et il faut la rapporter
800 ans plus tard, d'après le calcul de Fhilon, c'est à-dire,
vers la guerre de Troie. Comment concevrait-on que du tem;»
de Sémiramis I" il y eut déjà de vieux monumens écrits? c'est
impossible à penser; quelque baut que l'on veuille faire re-
monter l'écriture, elle ne peut aller jusque là. Sanchoniathon,
contemporain de Priam, u'a précédé Homère el Hésiode quo
d'un siècle environ.
Objeg. Après avoir brièvement repassé ce que Sanchoniathou
dit des générations divines, M. Lobeck ajoute: « Si quelqu'un
«peut croire que les plus anciens théologiens phéniciens nous
• aient raconté les hauts faits de Calus ^ de Saturne de Jupiter^
,

»à la manière d'Hésiode et d'ApoUodore, toutefois en écartant


» l'idée de divinité; qu'ils les aient consignés dans leurs écrits;
» ne disputerai et je me contenterai d'admirer comment il y a
je

» encore quelqu'Epiménide, quij ayautdul-mi pendant aoo ans,

»se réveille toul-à-coup pour croire ce qui pouvait être ho:io-


• rable à croire dans le siècle d'Huet. •

RÉP. Après ce brevet d'imbécillité donné à Huet et au 17*


siècle, qui osera se porter comme
défenseur de pareilles ab-
surdités ? ce sera M. Mùnler évêque de SeelanJ. qui, dans son
,

Traité de la religion des Carthaginois ne laisse échapper aucune


,

occasion de citer Sanchoniathou ; je ne parlerai pas de Bo-


chart, homme d'un siècle éminemment ignorant; mais La-
croze, Jablonski, qui tout en niant l'existence de SjnchO'
niathon' ont reconnu dans ses fragmens la vraie théologie
phénicienne, puis les orientalistes, meilleurs juges dans cette
question ,
qui ont tous admis, sans résistance, l'exactitude dç
ces récits.
Mais ne peut-on pas dire à M. Lobeck; Vous, monsieur, qui
maniez si agréablement la plaisanterie, n'y donnez-vous pas
prise , lorsque vous convenez que les mêmes choses qui sont
si déraisonnables dans le phénicien, se retrouvent dans Hé*
ill* SÉRIE. TOME l. rS'° 3. l84o. l3
»rode,^etAçoUocTweP Pourquoi vouloir que j'admire en Alfxî^n-
* fi're ce qile fabborrc èh Atîila ? —
Parce que ces auteurs jouissent
d^une auth.e<itiojtê que Sanchonihthon ne possède pas. Quoi, —
/parce' qqé<îç» littératures entières ont disparu , on ne doil
'croire' ar aucuH des débris échappés au naufrage? à qui le»
Grecs doivent- ils leur première civilisation et les premières
Bôrlons dereligidn aux émigrans venus du liilo-
? n'est-ce pas.

fâf dccTdêntal de l'Asie? On veut en attribuer l'honneur à l'E-


~
gT'pté.;"mai^ c'est à tort. Si l'Egypte v a contribué, c'est pour
'une foiBIe pari •; les Egyptiens, de l'aveu même d'Hérodote»
V jWtarêtil pas navigateurs; c''élaîcnt des espèces de Chinois atta»
'

/ fcli^sT'j la grèbt^. qui ne sortaient pas de chez eux. Que dans les
jSiècIt'Sde cîvnisalioh quelques Grecs y aient été étudier leurs
îristTtufiônS', je l'accorde ; mais ce sont les premiers navigateurs

(^uf b.nHporté le feu sacré parmi lés peuplades de la Grèce. Avant


^ë'vîsile'rrïlalie, l'Espagne et TAfrîque, les Phéniciens ont tlù
aborder ces plages plus voisines de leur patrie. C'est la Phénifeie
qui !a preniit-re confia a la puissance des vents l'admirable ma-'
chine qu'on nomme vaisseau '. Ces! donc à elle qu'on doit altri*

"biiei'les premiers pas des Grecs dans la carrière de lacivilisi.tidn;

rle'ri par conséquent n'est plus naturel que les emprunts qui leur
'
èrit été faits par ces derniers : quant à ceux qu'on veut qu'ils
'
aient faits aux Grecs. « il faudrait, comme dit le proverbe, faire
'
'»rferf!onter les fleuves vers leur source et confondre tout . »
^^ 'Pourquoi ajoutez-vou.s, en écartant Culée de la divinité ^ Eusèbe
^"en" impose en soutenant, d'après le passage suivant de Por*
pliyre, que les dieux avaient été hommes? t Voici ce Porphyre
»quî. en continuant, déifie, non plus le Dieu suprême ni ceux
hommes mortels,
"^

'»'du ciel (Tes astres), mais des et qui rehd ce

stéftioi^nage que tels sont les dieux auxquels l'univers fthd


6 'J J . J _-
• hommasre V »

-
"Prima ralem vcB lis çredere docta Tyros. (Tibul. eteç.]ït.A^^^'Je\.

• Avw iroruitûv ïtpSxv y'ojjo'jvi nx^ùt


K&t ily.x y.Kt îtxvTX tioiliv ff^péftrui. Enrîp. ^fèâée. 4''f>-

'thifro^i -5' Kv^oa; 6sq),oJ Et, y.'oii ^xar-j^cT rn'xir'rjç zy.thtv? tiif^t rôv» nfrirt
FRiftSeNS 0£ SANCHOiMAinOW. IW
'"^^
TTÙsèbe, dis-je, en împ^'sc/.Pi^^-pI/yre non pli^s qu'Hcsiode,
;Sanchonîathon non pIusqu'Âpoîloflore^ jf'6
jse rendaient p^s
ce U^moignage : ils admetlalçnt'dèsgénc^ralipns divines d ils

i|(B s'expliqua ie>îl pas bien la nature, mais qvi'ils séparaient de


l'buinanilé. Porphvrp, est pîus comniuiiéineht un sjmboU&U :

Qu'ofl lise le Traité de l antre des nymphes., et toutes ses o|3ser-


valions répandues dans \e Scholiastc /wmérigue â,e Denise; qu'Qn
lise les Fragmcns du Traité des statuts au Z' livre de la Prèpqra-

iion étangéltque convaincu de çelîe vi-rilé. Or il esf


, o\\ restera
Brésuniable qu'Eusèbe, par celle remarque, a voulu le mettra
£iv\ opposition avec lui-même, puisqu u appuie de son autonje;

une doctrine toute contraire. Dans une autre cirçpnstance \\.

j^ppose soji recueil def.a Philosop/iie parjes oracles qvfi pi^esçrjt Je.'*

sacrifices d'animaux, à son traité de V Abstinence qui les re-

. ppusse. Je ne trouve nulle part que Sauclionialhon ait déclan',

plus. qu'Hésiode, que les dieux étajcnt des hoipnies.


Objec. m. Lobeck revient au silence des premiers apologistes»
. ft|t^deJosèpbc qui préfendait avoir fouillé les archives de Tyr.
i Jifcp. Mai^ 1° je doute qu'il y eût des archives à Tyr dcpuis.la
Çijiine de celle ville par Alexandre; toutes les autorités de Jo-

H'pKe sont récentes, excepté Moçhus, qu'il ne connaît qre par


la traduction de LiBtusjçe sont Uypsicrate, Théodctj, Dius,
Menandre, Hiéronyme d'KpîiCse. Et puis , qu'aurai^t cherch*':
(Aoscphe dans Sanchoniathou qui put lui éîr-i utile? le déluge
et la confirmation des écrits mosaïques ? c'est ju.'^tement ce
qu'il passe sous silence. 1.1 lui faljaît pérqse qui défilare « fpie
^^•^4eson tems, c'es]Lrà-dij;ç,^ .anr^f.^^Iex.'Vjdre-le-Granç!, il sub •

«fiislait encore des par lies de l'arche , m;ili^ré l'empressement


«des habitans à enlever le bitunip qui servait à des maléfices^ '. »

Certes, Sanchoniathou est surpassé eu exagérationpar Béros'i


dans ce récit, s'il est bien authentique. Nicolas de Damas ,

-t^galement ci;é par Josèphc, dit au'^ fjiu' ces dé/iris subsistaient

Je son temsy c'est-à-dire sous Auguste; voilà ce que SaHehonia-


Ibuu ne pouvait otnir à Josèphe*.

j - ? Étï fjt^jso;- Te ely^i, x«( xofiî'i^âtv Ttvàç rn% «uW^oy ày«tpovvT«i; ,

'jf. Ani. Juda. \. i, ch.Tt. n" Q.,^ ,,. -,-..,,-:,,„., ,/.,(»


'-
Waltenacr in .-Iristobuto, p. I 8, l'apjtffrlrc *• hl$toria fabulâtor.^
'200 . 'traditions pr.ÉNiriENNKS.
P(uu rc'ivortdrc h la qucstiof» «lu siiciicc dt^s aptîîbgîiircij'on

doit observer que les autres apoloyisles trouvaient dans le»


auteurs coiitoniporains ou lesplusrt'pandû?, fout ce qu'ils vou-
laient prouver. Leur plan différait de celui d'Eusèbe. Et puis
quand ils auraient ciié Sanchoniathon , iM. Lobeck aurait-il
déféré aveugléineut à leur témoignage? je n'en ci'ois rien , et
j'agpvùe,noou opinion sur ce qu'il dit :

tllesl constant que dans ces tèiiis ou les religions ancîeti-

«neset liouyelles, étrangères et domestiques, luttaient entre


telles, oh a interpolé avec la plus grande impudence iès livre»
«sacrés et profanes, on a été jusqu'à ce point d'attribuer à
» Homère des vers qui lui sont purement étrangers '.

'- Pu«iq»'il enveloppe tous les écrivains chrétiens dans une


GOndaènnatiou générale d'interpolation, Eusèbe n'aurait eu
4[|Mé des oompiices si d'autres que lui avaient ciié les mômes
,

fiâgmens; au fait, les nombreuses citations des Sibylles ne


^«•ttP dojment pas plus d'aulhonlitité. .< < .• ,

-S» généra] les apologistes étaient peu délicats sii.r'îe choHC


-de*'autwités; les A^ers sibyllins, surtout après ce qu'en avçut
dit Gèïse, ne devaient plus reparaître, et .plusieurs les citent,
}toi!mi lesquels Euscbe fait exccpiiou. Néanmoins ayant à ï^c-
€î»?»séi'Cléiiïent d'Alexandrie à ctel égard, je vois que M. Lobc<^

.r%t «on défenseur, et que dans la citation d'Orphée commune

S' tous deux, mais a-jcrue de quelques vers dans Euscbe , il ne

Hib'il de ialsifié que cette augmentai ion,, ,,_

cit? « On voit, dit-il, la stupidité d'Eusèbe dans l'invention de


• semblables fables, par les vers pris du Testament d'Orp/<ée; le
»iîi; parle paii de ceux qui lui sont communs avec Cléioent
^^^Alcxandrie, mais de ceux dont lui seul fait usage, et qui
»bOul complètement judaïques. »

"^^ï/û pretinnt sons sa protection Clément d'Alexandrie, voilà

un certificat bisn expUcile d'imbécillité, joint à celui de mau-


*Vfeftét]fotvflbnt Eusèbcn'avail pâsencore été gratifié. L'accusation
est trop grave pour ne pas txcv'oer quelque développenient dans
lii réponse, c'est ce que nous ferons dans l'article suivant.

'
> Aglciophamus, p. fSTj.
StGi;jEn DK St.-Lbisson ,

dcl'Ar.pd»'mJe des Insrinptions ri Brlles L^Hr*».


NOUVBALiX DÉTAILS StR LA l'ERSÉCUTIÛN £TC. ,
20l

NOUVEAUX DÉTAILS :.,m*,


»V|i-jl'uistoire di: la. hersécCjtion de L'ÈGXlSk ciitibiit^ÂvH

El documcns relatifs à la réunion forcée des Grecs-unis à l'Ejflise ^ *-


--'«
schismalupie russe. ^' : -

-:
'*'io m «

Nous avons déjà donné '


sur cette matière utt «rt^i«Ià et
quelques pièces qui ont quelque jour sur mi dea »c- jclé
tes les plus odieux contre l'indépendance religieuse de rdni€
humaine. Nous les avons fait suivre de la soleuiielle protesta-
tion que le chef de l'Kglise catliolifjue a faite cunlre cet ajbuj
^de la force. Aujourd'hui nous allons publier un document
""à'une égale importante, provenant de la ïnéme «ourcc, Voici
a quelle occasion. Le Journal de Francfort du aa avril iSSg pu-
blia , comme venant des frontières russes, une apologie do
Youlé la' condiîltè de rèmpci-èiïr de Russie dans cette affaire.
Xarlîcle était anoi^yme. Une réponse, également anonyme,
niais sortant des presses de la chambre apostulicjue , a été
])ubliée à Rome, et elle peut pat^ser pour authentique, C'«3t
celte piùce que, bien qu'un peu lougue,-naus allons reproduire
ICI. -'M '='3' £31 Iav iur.'dmoi»
f fj f.
^ .

;. ! '"l -. - . .
«

. y remarqueront plusiem-s choses principales.


'I>d» lecteurs
1" Un tableau très-bien fait de l'histoire de ^'JailJ!Qduc.li.cHi;du

.Christianisme tn Russie. -'''>^Jpi*'i<'Ji i»<£HQ9j tiqujoo àuoc «


"^

2* Un aperçu des services que les papes ont rendus en djlTé-

rçns tems aux empereurs russt^s; -

^^*tÙtfé analyse (les diil'éi'eirtês persécutions suscitée» par. le«


éiiapérciu's coiitré le calhob'ciàme. ; iià
4' Enfin , et ce qui est le plus important , un essai dcjiti^i-
fication, ou au moins une déclaration d'excuj»e etij 'indulgence

' Voir, l'a» liçic%iué«^tlj|^y^jfç^''*^^\jqpTier i, ci-de«sn?, p. B-'i


Polo^c 'contre l'einpffenr de R««slè. Ge n'est pas une parold^i
vaîiie que celle de l'Eglise Romaine, qui dit maintenatifei^s
aux rois qui perse^'cuîefll les Calhoiiques « qu'il a existé uaoj
«fewii où l'orient et roccidenl décidèrent à lafois qu'en ceriains^-^y

tcas ies préceptes du Clitistianisme ne défendaient point au«iq


tsâJeis'tJe se soustraire à l'obéissance envers leurs souverains '^"^
aon A''ttser contre eux de la force pour défendre le culte sincèwP'?
• et légitime de la divinité. » Que
y fassent atlenlion ^'^f
les rois

car il nous semble voir que de joar eu jour les peuples y dd4 f"
"*''
vienneiit plus attentifs. -

A là Suite de ce document important , nous publierons des.

détails et des pièces qui en seront le complément : l'Sur rati"^


leur de l'article du Journal de Francfort. i ^ ' o ji

a" Les documens et les pièces qui ont préparé et coDsomni4[ j?

cette scandaleuse réunion.


5° Un tableau de l'état ancien et de l'état actuel des ivêchéilt
grees-untï dans l'empite Rusât?.''""'' ' .'rtnôfOJK.n ii^omià4i
4"" Êiifih une r.'fufafiou d\ine autre a^o^ogîe publiée?' iS^f-^'

F^(mce en faveur de l'empereur russe. - '^*


Voici d'tibord la pièce émanée de la cour de Roifle.^'"**"^^V'^^'^^
--;;... il.. .- '.

. ; ,:., -iiînfiLtuata •

«Atfsiote avait bien raisondedire qu'il faut se tenir en pstrâe


<o fre ceux qui entreprennent le récit de faits trop reculés ou
trdp recensa car, dans les deux cas, le danger de tomber dÂns
îe faux estégalement à craindre. Il arrive souvent en effet!* , s

que les documens de l'antiquité sont contradictoires entre eui ;

ou manquent totalement à l'auteur; et, quand il aborde les


tems modernes, l'expérience prouve qu'il lui manque tantôt
le pouvoir, tantôt la volonté de dire l'exacte vérité. Ce dernier
dîJUgOT est suf tout à craindre, lor^tjue les observations portant
sur la conduite des gouverne meus. Nous en avons un exeuiplA
irvS^iHÎcent dans l'article relatif à la Russie, inséré dans le Journul^
de Francfort , le 22 avril \ Sôq. On y a visé à faire l'apologie de la

conduite que gouvernement russe envers


lient aujourd'hui le

lés Catholiqui^ ; el pour cela, remontant jusqu'à l'époque où


(ut introduite en Piussic U religioa chrétienne , ou touche eu
le l)ul tle l'arljcle , el l'on arrive in^ni^i^ieflîyent awi.)Lcm^ -Cr^q
lueîs. Ur d'uu ,^0.1 à.l'autro,, soit, en, ce «jH^gy^
cet arlii^le q?t ,

coucer.ue ie passé, soit en ce quj regarde le pr^é^eHt, rttt}pU dff^f^


fausfeicit ; les obâcrvalious critiques q\ie nous allons eiUrur»^,,
prendre de faire, prouveront combien est vjaic cctJeasscrliou^,^
Kqiis déclarons au lecteur que notre désir est qu'il ii'attaehç, .

point une loi aveugle à nos paroles, muis qu'il s'allaçlie aupç^^
ici _,

moiiumeas de l'antiquité sur lesquels nous nous appuierop^^et^ ^


à la série des documens publics et des fait^ çerJSaiiw Qt.»ptoire^, ^
de noire âge, que nous analyserons. » -,, - .,, - rjjv i

, }çp l'autcqr du mémoire citi«-,ou,eB^er Tartiic^ d.i| JoHffiai éf


Fiutr^-fort . Comme il sera leproduit par nîoroeauxdétftfliiés Uf^H%[,
ie cours de la réfutation, nous le supprinaons. ,,)•, . .',
.naj

l/E^ise fôise fortdèc au tt'^ëcW j^at^ï^^lSréai-iiâit^Vt^^^ti^é i fét

onie à sa Dàissiiacu aa siége'tFe Rt]lrtit<.'


'93

• Ariivoni maintenant à l'examen del'article. Après un courirrs

e-^s^i^le on ciierche u'abord à expliquer quand et çommeut


s'est établie, dans quelques parties de rempire russe, l'Eglise,

grecque-unie yHiVow àil «C'est surtout et presque ^-xclusite-


:

» ment dar:S lesprovinces occidentales, ainsi que dans la Petile-

» Rus.iie appartenant autrefois à la Pologne, que, par les

» elTurls du haut clergé de Kiew t-t ùt la cour de.i\fldTie,

» soutenus par la puissance des rois do Pologne. l'EgKsfr


s vq<^<c\i:e grecqtu-unie commença, à i&ét»blir au .grand regre^T
» des popula.'ions, sans cepeniiatit se séparer totalement de:,
s i'Egliss nationale, et sans: jamais ]KiUVoir pénélrcr dans
> ie cœar de l'empire. Le Christianisme s'y est tovijoumo
» «onservé tel que nos ancêtres l'avaidat xeçu de .Mkiiadiiaimst
» le^Grand. -> j >1) âî-ïoiov cl ibluai .iiuyjjoq al
Toute cette tirade tombo d'elle-mêrae, bardée q-j'elle esIL

svif un fait supposé. On vient dire, dans l'orîiele^en questiOMy^

qiW^l'EgUse grecque-unie, laqjelie: raconoa^ ia supwra©.


autorité du pontife romain^ commença à s'éiablir en fiusdie
lôftg-tems après le siècle de AViadimir, souS; lequel touta-
iâ>4Uis^ie^ était ^evçQoa' uiirétiaime ; -et .paur; jeei^ jkM» -
fiar)ii{

ilb»â.sà^^^i>Aàlelîiigii$t':naiiitu;aU£;gf <tu hânibvr. lcEii{0-ayiuceKl


(Ml KOl'^«*ncî>êtA*LS S6R LA'T>ERSéti;TION
oAtixtdaulittïg» 'et Ja^^ Par raf>port à' là division
Petite- R'trt^ie/'
fie l'empire russe pour user ici d'une expression intrôituifc
(

^pus Picrre-l€-Grand), uons avertirons seulement que Rie\v*,


'^ille principale de la Petite Russie, était, du tenus de Wladimir,

Va capitale de toutes les Rnssies. et quand elle cessa d'être


telle, ce qui arriva peu après la moitié du douzième siècle,
fcllo: iiiB fit''paS sur-ie-champ partie du royaume de Pologne.

Mais, poiir retarder l'origine de l'Eglise grecque-unie, on


çiffirme dans l'article, qu'au centre de la Russie leClirislianisme
B'«srt toujours conservé tel qu'il parut sous "Wladimir. Ort
fuppose donc que sous Wludimir et dans les tems qiH
l'avoisinent, nation russe, bien que chrétienne, n'était
la
point uniesoumise à l'Eglise romaine. Or, ceci est
€t
faux. ÎNous ne voulons point enlever aux Grecs ta gloire
d'avoir été saus Wladimir les premiers prédicateurs de la
foi en Russie; mais alors il } avait une parfaite union entre
riiglise grecque et l'Eglise latine, et nul schisme n'existait. Les
IVus^es furent convertis au Christ quelques années avant T**â
looo, "Wladimir étant mo^rt plus tard , en ioi5; et le schisme
des Grecs avait cessé au moiu«s depuis l'an 856 (après qi^e Pho-
tias eût été pour la seconde fois déposé du siège de Constantî-
nople)et il ne se renouvela qu'en jo53 sous Timpulsion de ,

Michel Cerulaiiu?. Cette vérité a été étahUe, surdos document


authentiques, dans la dissertation des Bolltindistes de contér- ,

sione et fide Russorum au commencement du second volumede


,

septembre, et plus amplement encore dans une dissertalîôti


imprimée à Rome en 1 826 sous ce titre De ot i^ine Christlànœ re-
:

ligionis in Russ.iâ. Si donc les Russes ont été convertis à la foi

par les Grecs, tandis que l'Eglise grecque était uniéàrfigHse


Ittline, qui ne voit que la nation lîivssevint faire partie de ceftte

même nt»ion ? En outre, on sait qu'avant la mort de Wladimir,


des Latins aussi allèrent en Russie aider les Grecs ; tellement
que la conversion de toute la nation fut attribuée aux uft*
atnisi bien xju'aux autres, comme on le voit dans plusieurs âin-
cfennos chroniques et pat les témoignages de Dikmar, évêrpie
deMersbourg; d'Ademar , moine d'Angoulèmo et de Saint-
Pierre d'Amiens, cardinal et évéqne d'Ostie, qtii vivaient tous
trpia au tems deWladimir. Ces docimienssont rapportés et dis-
cutés daiKs la (li«S(ertati(Mv<tnuv»»(iufl MJPie9 àH airoirâé -publiée
à Uoine en 1826. »,.. ';>, ;,-)i -'^is inor ) e?--;"' -;••"'}.;;' "-'

h'einperiur de Russie fai^flrorirtrmge d»iti«!s,^lfc«a4;é'i-^^fH>* Vift ^-^^'Xc

paJivi» «<o l'empire, ^ainlî N5col"n«s!f3fti»r9)îîs#*?p9l-iéB-fla1ni8.C'»»Bt f^)éXé

Q.,H>àr IfS Grecs. — Aulre» sjiuls «^6»e9<f]-c$>«lii^34l::K^rè$'|Gsii*'tnff.et fû'-

,J|)Ol'^sL•s [i.'tr les Gri'cs. -, ., ..,?


^/,^^f, •:r'^{r' '"i'''f'"r ?"r- t* i'?-'*'

'5,*Après mort de Wladimîr I'u»îo»i de la Rwysic à TFlf^lîse


la ,

Justine ne se brisa pas, mais se conûrmaet se ressp.rra pliisi^tror-



tement. Yzaslas (nommé Drmélrius à son baplôme). petit-fiIs
«Je Wladimir et son troisième stKîcesscur, voulut que la nation

ïusse lût placée sous la proteclion du Sainl-Siége, afin que


, Dieu la pr(»tégeàt par rintepoessiofl- du prisée des Apôtres.— i.

11 exécuta son pieux dessein en envoyant à Rome son propre


lils pour faire entre les mains du pape alors régnairt , saint
,

^lirégoire VII, hommage d& ses ïîfats, coratne don Tait à saitit
^•jitirre après avoir prêté serment de fnlélitè au saint apôtre'.
,

^-T- Un lait aussi clair dispense de toute réflexion. Et en vain

met-on ici en avant les artifices de la cour de Rome ce voyagé ,

^yanl été entièrement spontané de la part du père et du fils,


ijomme le montre la réponse écrite parsaint GrégoireàYzaslasi,
pw Déméirius, le 17 avril lo^S. Cette lettre se trouve dans Ba-
j-prjius, à cette année 1076 sous les numéros 27 et snivans.
,

jP^j, (écrivain moderne , Russe sehismatique Karamsin , cite ,

tfu^lques passages de cette lettre dans le IV' cbap. de sonHisîoire


ilf, l'Empire russe, déAiée à l'empereur Alexandre 1*', et dt)nt
^us avons déjà une tradudiou française. Les Russes Q>oiitrè*
jvent une si parfaite union avec les Latins, qu'ils ^emb^c^e^t
^)éme ne plus vouloir appartenir à l'Eglise grecque. L'anSeur
^e nous venons de citer avec éloges, dans le chapitre V' da
volume II ,
parlant de la fête inslituée par Urbain II (élevé au
pontificat eu 10S8) en mémoire de la Iranslaîi-on des reliques
j^e saiîit Mcolas en la ville de Bari. avoue naïvement que bien
^iie rejelée par les Grecs , cette fête n'en fut pas moias admise en
Ruisie; ce qui prouve , dit-il, qup nous avions aJvrs des relations
Rome. On nous dit que ces relations furent mainte-^'
iCamiliè avec
nues au grand regret des populations ; mais ii reste alors à cxpbi*
quer comment 1^ Russes professèrent uialgré etax^et professeitJ
encore une grande dévotion eavecssaiBlKicola^ emai as atoilf
20€ NOUVEAUX BÉt^aS SVR LA PEftSÉCLTlON
sK^ous passons SOUS silence plusieurs autres preuves, car cétlci
que nous avons rapportées jusqu'ici, bien qu'eu petit nombre,
suffisent pour dënronlrer que les Russes , en naissant au Christ,
sous Wladimir, naquirent maintinrent quelque
avisai , et se
tcms dans leur union avec les Latins et dans leur soumission
à l'autorité suprême de l'Eglise romaine.
»De là vient que l'Eglise grecque-unie vénère encore comme
saints, "NVladimir et sa femme Olga, nommée Hélène à son
baptême, laquelle s'était précédemment vouée avec beaucoup
d'ardeur à la conversion des Russes .
» Quant à Wladimir, son culte tut approuvé aussi par le Saint-
Siège, comme le témoig'ne un écrivain romain
, Setlimio Coé-

tanzi, qui, ayant publié, en 1807, un ouvi-age ii.litulé: 0/)«5c«/«


ad retooandos ad S. Malrem Calholicam JpostoUcam Ecclesiam
dissidentes Grœcos et RuifuBnos, etc., assure que oce fut le siégé

> apostolique qui permit d'honorer S. Wladimir du culte des


«saints ».»Le culte de Boris el Gleh, tous deux fils de Wladimir,

nommés au baptême, l'un Romain, l'autre David , est atisst


très-célèbre en Russie. La fête de ces deux saints est prescrite
deax fois l'an , comme synode provincial de
obligatoire , par le
'''

Zamosc aux Grecs-unis de la Lilhuanie, comme on le lit atl


titr€ XVI de jejuniis et fcstis les décrets de ce synode teim eût
;

1710, sous laprésidence de Mgr. Grimaldi, nonce apostolique,"'"


'"^
revêtu du pouvoir de légat a latere , furent confirmés par Béî**

uoît Xill, parle bref du 19 juillet 1724. innn

Lè^\\bif do P. jésuite Posse^îo. — C'est t'ctaperertr de Riissîè quV ae-«


œ-uide la protection do pape conlre le roi de Pologne. — Soi Vpic lii 're-

font tlount';* les papes pour raineucr l'Eglise rosse à runilé. ul fJi.

• L'article que nousexaminons avance ensuite que « la secortdé"


• tentative eut lieu dans le i6* siècle. » Et voici comment :«Lfl
'

• homme adroit, fut envoyé en Russie


père Possevin, jésuite,
• par pape Grégoire XIII, pour y négocier une réunion pluiàl !'
le

itéleudue et plus étroite de J'Ëglise grecque avec r£giise^6-'/^*


• maine.iifiisvHog ab fioiiûtnàJuD ei i^in^f- .3>Uiu >1 (lijp
tPiufiodi"

' On peut consulter là-uessiis, entre aulres oUrrag^cs. lesi\* cl t'.toIu- ,

mes du livre d'Asséinanî, \nl\[\i\è'-' Càte'n^drut eceUxlœ univerxœ^


* Tonne wi, p. 5. -^^ilS. \Vla<iiiutro tribiiatof satktoriun cHll'ws^k-
cewit apo»tolica tedetijiiU aupiLao :uui iup ,ioa H3 DOd ji/j»;'!?' ji-i .tiii;"'
\Xéi^, afics de la Icgaliuo Je Possevuy elje&dqç^iucos re2alif<*
n fa naission , furent aussitôt imprimés sou a ce liiro;^niwa .

Possevini Socieialis Jesu ^loscovia ^. ils ié\ tient <jue le nioiif priU': -;

cipal de la U'^alion fut la paix enlre la Pologfie et la Russici '.

le mou;'.rq^jQ Ilus.se ayaut imploré


médiation de Grt'goirala '

XIII. Du reste, on ne peut dire que ce, fut là la seconde tenta»


tive |ai|e par le Saint-Siège, car avant Crégoiie XIII , les sou-j
verains pontifes ne manquèrent pas de saisir loules les occa-' '

sious pour, réunir les Russes à la chaire suprême de Pierre,


comme on peut le voir dans Rainaldi, continuation lUs AnnttU^. -j
, et dans l'ouvrage déjà cité de Karamsin.
de Bfl'çnius o<
»P( rsonne n'ignore ce qu'avait fait Eugène IV au concile dlft ^
Florence, pour ramener au sein de la véritable Eglise, noftr :î
^cuIcmt'nt les Grecs, mais les Russes, pour lesquels il donna rr

des insfrnclions et des pouvoirs à Isidore, raélropolitain de


toutes les Russies, qui était venu au concile, et avait souscris »

de cpncert avec les Grecs le décret d'union. Cetlegrandesollici* «

tudcxles souverains pontifes ne doit pasélrealtribujeà leuranibn ;

tiouj. mais à leur zèle ; car leur ministère les oblige à procurer ?

le Sjalipt des âmes ; et pour obtenir le salut , * il faut que l'Eglise i

«universelle, c'est-à-dire, tous les fidèles de la terre, se sou- ',

«mettent à l'Eglise romaine, à cause de la primauté ', » comme f

dit $,]iii)^Jlréuée, Grec d'origine


d'un de* plus célèbre»
, disciple .

cvêqucs grecs et pères apostoliques, saint Polycarpe. Les mo- :

narques russes eux-mêmes firent plusieurs fois semblani, avant ,

le pontificat de Grégoire XIII, de désirer la réunion; il suiïjra j


dejappcler à ce ambassades envoyées dans ce but,
sujet les
au 16' siècle à Jules III, et dans le siècle précédent, à Sixle IV.
Les docuraens authentiques s'en trouvent dans Ilainaldi, à Taû-»
iié^jSôj, n" 40, et à l'année i4;2, n° /jS- .raiJa
^^pfinuant dans le même article à parler de Possevin, dndU * j

que «après avoir vu échouer sa mission à Moscou et dansplu-


» sieurs autres grandes villes de l'empire, il se porta sur la Li-

«thuanie, qui, tombée sous la domination de souverains prâtYit


• fessant avec zèle la religion catholique, ne pouvait résistcfA

• cette importation d'un culte étranger. » v>.vr

» Ade^m, piopter potiorem frinâipàlilatein iTeccs»e est omnem^ccïi-


TcuJiL F.cckf'iain , hoc est eot ,
qui tunl undiqae iiJclcs. • i.'UOnQijs nm
^''^^fhï^Wcé^fâf/ieMeiit pas étranger, cecuUfi,à la LitbtniQic,
qui, «rejetant sies anciennes erreurs, s'était soumise à l'Eglise
«roÈtiaihe ,» ainsi que parle Godoeo, l'un de» plus anciens
historiens delà Ltthuanie. Et ciela est si vrai que, coninae on
îifsait deCromer, ce souverain envoya une ambassade i.u pape
DAain VI, et « promit d'être soumis à ses paroles, à l'exemple
îïles tois chrétîetis:» Afin que la profession de la religion ça-
î^blîquê demeurât ferme et inaltérable en Lithuanie, Jagellon
défendit, entre antres choses,* les mariages entre Russes et ca-
• thùliques, à moins que l'iiomme ou la femme russe ne pas-
»sàt de ses rangs dans les nôtres, c'est-à-dire, du camp des
iXîfeeS dans celui des Latins, » comme l'atteste Damalevicius.
liés témoignages des trois aiiteurs cités sont rapportés par Kay-
rtâldià l'année 1 38-, n" i5. En dépit des précautions prises par
Wladislas Jàgellon j le rite grec s'introduisit progressivement,
et aVec lui îe schisme, dans quelques parties de la Lithuanie.
IHais on n'y attendit point le P. Possevin pour ramener les

^ïiistfjïrtl^ttès'^'l^èiriîtë' catholique. Dé}à, près d'un siècle


î(v*ânf ,lé duc dé LitliiTàfiié, Alexandre, plein de zèle pour la
foi catholique, s'était attaché à cette entreprise, et l'avait
amenée à bonné''firi. <)rt r.etrt consulter là-dessus l'ouvrage
deux fois cité de K'âVâiWRÎn . chapitre 5 du volume vr. et Ray-
'rtaldi, à Tannée i5oi , où sous ie n" 38, il donne aussi une bulle
'rf*itlexandrc Vï, (xpédii-cle 3 août de la même année, pour la

^îutioTi de quelques questions relatives au rit grec, dont il

pëftiéttait l'usage après la réunion. Quanta Possevin , si après


la èbnclusion de la paix entre la Pologne et la Paissie, il s'oc-
cupa de la réunion, ses travaux se portèrent non tant sur la
Lithuanie déjà catholiqire et soumise alors au roi catholique
de Pologne, que sur la Kussie, au sujet de laquelle il eut dans
ce but des conférences avec le monarque et les sénateurs russes.
Qaêf^ &il \il échouer sa misxion sur le point dc'fa'''rëiihî<:^T', il

du moins un diplômé en vértii duquel < libre èxêi\;ft^ie


flèlîfit

*â.é\ëùr religion était accordé aux marchands catholicfl1(*'ct


»auk prêtres qui s'établiraient avec eux en Russie et le trtPme ,

exercice et libre pasjiage pour les envoyés du Saint-Slége en


"Asie. » Grégoire XIII écrivit une lettre de remcrcîrriénfprtur
ces concessions et pour l'honorable acCtieil fait à Possevin à ,
l'cmppreur de Russie, le i/' o<itabre,f,5,8f:?<, ÇeUe lettre û^ 1«
dernier flocumcnt rapporlt dan^ ]& AJpscocie de Px)sseviu.
tiJ#Oii parle ensuite, daus l'article, des^ifels produits par la
mission de l'osscvin , après son départ, et on dit qu'eu i^Q^f
l'qBUvre delà réunion fut presque cflusorumée par le moyei^
AHS, mtHropoiitain Michel Rogozza qui convoqua tous les évéf
ques de sa dépendance à Riew où fut enfin décidée l'union de
.

l'Eglisegrecque avec TEglise romaine. Puis on fait mcplioo


des deux évêques envoyéss en-aff^ijassade prèsde Çléinenjt,)!^)^^,
pOïir que le pape confirmât l'union décrétée dans le synode, , :

» Il est certain que le synode fut tenu l'année précédente^


puisque Je décret qu'on y rédigea porte !a date du 3 4ccetnbre
i594- Négligeant d'examiner ou comme d'au-
si ce fut à R.icv\',

un ou plusieurs synodes furent as-


tres le disent, à Bresta, et si

semblés alors, il est certain que les évcques du rit grec ce


réunirent quelquefois à ceux du rit latin. Entre to.us les hista-
riens, Possevin a traité fort au long ce sujet (l^os qn autre de
tome lU, au mot Rutheni.;
ses ouvrages, intiiulé qypiiraiu^ sacer,
ci Baronius, contemporain de ces événemens^ en a inséré une
relation. dans le tome VU' (aujourd'hui IX' de l'édition de Lu,çr-
ijires) de ses Jimales, |iarouius donne la formule même de la

poufiessiou de foi prononcée au nom du synode, par les deux évo-


ques, en présence de Clément VIII , et par laquelle ils se sei^-
juettaient, non pas «seulement à reconnaître le concile de Flo-
retkce et. la suprématie du pontife romain » comme le prétend
Ti ,

i'.TrticIe, mais à beaucoup d'autres décisions encore. Supposé

enfin que la professionse resirci^iiii^ à ces deux objets, con)-


.^ueut peol-iWi soqleuir avec cela que Içf év^q^ie^ s'yobligeaipflt

Fausso(é fies accasaîions de pcrsecuUon pôrlè5ps''éoli?rfene5 cïBiOT?mi^

li ^L uutçur de 1 article fait encore la réflexion suivante relati-


vement à l'union t Aussi fut-ce seulement après que le clergé
:

> latin, secondé par le pouvoir séculier, eut étendu son infl|LieBce
a'i^m' toutes les provinces du ^raod duché de Lithuauie, qu'on
^^^r1ti^f^ avec 1 eniploi des menaces et mènie de la.force , à in-
»lroduire dans l'Eglise grecque-unie qyplque». unes. des eéré-
.»jBonjcs du culte latiQ. » ; ,
(tîcîioh avec tàî-ménie, puisqu'un peu avant, il a dît que l'n^

uion se fit « sans rien clianger à l'enseignement religieux, ni


^^iSftiKîérémohies 3u cuîle grec, telles que la langue de !a Ir-

itnrgle, etc. » Mais nous parlerons tantôt de la diversité ;les


tits. Pour le moment
en nous arrêtant sur les expressions^e
,

'hteitat^^ 'et nous devons remarquer que les choses ont


dèfbi-bi,
été précisément à l'inverse. On piit les armes, en effet, main
du côlé des scijismatiques, tandis que de l'autre côté on par-'
vint sinon à gagner leurs âmes, du mains à calmer leur fu-
j

reur, sans employer îa force et avec les seules armes de In. ,

Irin^risnéttide et d€ la douceur. On a de tout cela un récjt dé^

^Wîîlé duos l'ouvrage déjà cité de Possevîn.


'-^ --^éll est si faux que l'on ail usé de menacés et de violences^
f^btir effectuer l'union, que les évêques eux-mêmes, dans la
lettre adressée à C!é:nent VIII, déclarent ouvertement s'êirc
déterminés à la soumission au Saint-Sîége, à causede la granUcj
liUtrt^ dont ils jouissaient sous lè*ur gbuvernetnent r in Kfipar^
tibas', écrivaient- ils, sub dominio serenissûni Poloniœ et Sueclœ re-
- gis et magrùdiicls Lithuaulœ cavstituic sumus, iiberisque nobîs p'Op-*

iereâ esse ticet. Et dans le décret fait par le synode j ils aVdiént
déjà exprimé avec quel empressement et quelle bonne vôibntii
^
ils se réunissaient au siège apostolique, et combien celte union
avait été dès long-tems désirée et tentée , tant par eux que par
Ifeur.s prédécesseurs : (icet hâc ipsûde re nos predecessorescfue ïiostri

rrtèdUaU fuei'ini ^' idque tentaverint. Le décret" et la Ictlt^ic se lVo6*


"'^^
'- vent dans la relation déjà citée de Baronius. ^
'•'^'-^îl faut remarquer comment fearamsin, au chapflpé ^'ctii li'

volume, aprèis avoir, lui aussi, avance qu'eVi «Xiffiuàiiiè "on


• forçait les chrétiens de l'Eglise d'Orient à devenir papîsVefsV»
et qu'à cela concouraient les efforts du pape et la volonté darcn ^

'Ikï Réductions et les menaces ; il faut voir comment l'amour de 1 »

vérité se réveillant et l'emportant dahs son cœur, îî avoue <ju<;

itSj c'eât-à-dire le pape et le roi , ne menaçaifnt point de riotfncè tt


de persécution ici , voulant expliquer en quoi donc conï>istaitut
les menaces 'et 'la violence, il s'exprime ainsi : « CependanI,
'
Ven liiuant le bonheur qui résuUoit de runiforniilé de !a rcli*

ogiua dans un état, iU rappelaient les désagrémcns qu'éproavil


. —

DE L*ÉGLISB CATHOLIQUE KN RySSIB. 311


• le clergé en Lilhuanic, lorsqu'il rejeJa le décret du concjle de
» Florence. » On chercha donc alors à déti^opap^, et npD-^wo-
lienter Ips schismatiques. » '/ • ', *'\ ^ ^î~
L'auteur du mémoire parle ici du reproche fait à rEgii.se de
Kome, d'avoir voulu changer les rits de l'Eglise grecque, et n'a
pas de peine à prouver que non-seulement l'Eglise romaine ne
force pas les Grecs-unis à changer leurs rits, mais qu'elle les
oblige même à les conserver '.

'^RBaUlé des persécutions Jes souverains russes contre Tes CaîliQliqqei^


'"'^'"'^

-nt PfoMcars mariyrs.

, . ^f Après les reproches de violences et de menaces faussement


attribués aux catholiques, l'article continue ainsi «Ces moyens :

B ne purent jamais opérer une réunion intime et sincère entre les


• deux Eglises; et, dès l'année iG:)3, les Grecs-unis de la Petite-

• Russie, impatiens de cette domination d'un culte étranger, se


;»séparèreiitenlièrementde l'union, et en faisant spontanément
• leur soumission au czar Alexis Mikailowitch, rentrèrent dans

»1^ sein de l'Eglise gréco-russe, s Les Grecs-unis, dont on parle


i)ci. t{^ $ont autres que les Cosaques de la Petite-Russie, qui y
depuis nombre d'années^ s'étaient rctoltés contre leur souverains le

roi de Polocue. .

,»,Quant à la religion, on avait réussi, dès 1622, à ressusciter


_îe schisme à Kaew, en faisant consacrer un nouveau mélropo-
.^uain et d'autres évéques , lous schismatiques , lesquels fi/er.t

ensuiîe une rude guerre aux catholiq^ues, à lel point que beau-
coup furent exilés en différens lieux éloignés de leurs églises ; d'autres

.
p'uellement mis d mort , tel que le Bienheureux Josaphat , archevêque
de Vitepsk, qui mourut martyr pour la sainte vérité, comme dit Kul-
czvqski dans l'ouvrage intitulé Spécimen. Ecclesice Ruthenicte, à la
page i.ïi^., C'est en 1624 qu'e«t lieu le martyre du B.^ Josaphat
'

dont parie souvent Benoît XIV dans son livre sur la. Béatification
des serviteurs de Dieu et la Canonisation des saints ; Urbain VIII
'-'•
Je
Mil) f:"i • . - • ' '

• - •

rûit^u nombre des bienheureux : et Kulczynski^daii&iii) ap-

» ^•rt'H'oieye les nVètitès dan« la êomlituXion Aô de Benoit XIV^ t j#if


ne son BuUaire ei la 47*^ du tome )v Brefâe Paul V, du^io décenibiv
ini5. — La />Mi/c lie r.téiuêht \ HI, ^5 déceiabre i5q5.
,,

212 NOCVEA-tl DÉTAILS SUR r. A PERSÉCOTtOX


pcnrfice «oa liweid»n«e plusieurs documens relatifs à son
.1

martyie. L'obstination des Cosaques tut telle, qu'en i65o ilsob-

tinrent du toi de l'olognc un diplôme selon lequel ainsi que ,

le dit, à la page lôo, l'auteur cité, « certaines églises épisco-


» pales, et d'autres églises et monastères, furent enlevés auxca-

stholiqucs et accordés aux schismatiques. » Et, bien qu'en


1668, le roi révoquât ce diplôme, ordonnant que tout fût rendu
aux catlioliqucs cependant le schisme ne cessa pas entièrement.
,

Les Cosaques, au milieu de leurs troubles, implorèrent le se-


*C0ur» du mon;irque russe, Alexis Mikailowitch; celui-ci tint, à
;.ee sujet, eu i654.à Moscou, un grand conseil dans lequel
aipsi que récrit Lévesquc dans son Histoire de Russie , « on in-
fttéressa la religion dans cette affaire , sous prétexte que les
«Cosaques étaient gênés dans leur culte et il fut arrêté qu'on ,

«enverrait des commissaires pour recevoir leui's sermens et


-»ceux des villes qu'ils avaient sous leur dépendance.» Et voilà
la véritable histoire du changement que, dans l'article, on dit
s'être opéré en ib55. Le gnin du schisme se borna à un certain
nombre de Go.saques, c'est-à-dire de barbares de la Petite-
Russie sujets du roi de Pologne et la gloire d'Alexis se réduit
, ;

,
à avoir accordé sa protectioa à quelques barbares révoltés, et
d'avoir profilé de leur léhellion pour étendre, par tous les
moyens, les limiles de son pouvoir.

Piertô-lc Grairi!. — Ses violences. — Maaquc de bonne foi. — Ses lîoiu»


' '"'' "''' founcriei».

'H »)i •

.^
» J^'prtîcle ne parle pas de Piene-le-grand, fils d'Alexis Mikai-
ïp\v|t,çj)^^ prçn)ier empereur des Russies, bien qu'il ait introduit
beaucoup d'innovations en ses Etats, même dans les choses re-
ligit r.^es. Son histoire n'étant à notre égard ni trop ancienne

ni trop nouvelle , on dirait qu'elle a été passée sous silence

afin que les paroles d'Aristote par lesquelles nous avons com-
mencé nos réflexions tombassent de tout leur poids sur l'ar-
,

licle. Quoi qu'il en soit, le silence d'autrui ne peut nous fermer


la bouche , et il est ici fort à propos d'observer que vis-à-vis la

rciîgîoa catholique, Pierre -le-Grand employa, non pas seule-


ment la violence morale menaces, mais bien le glaive.
et les

Qu'il suffise de citer pour exemple ce qu'on lit dans le specinun


'^icleslœ PiUlhevhœ contemporain , Kiilc-
dt^j^ cfté ile-'iaiilcnr

zii^iiki. Il raconte , à la qucPierre, arrivéleui jntllet


pai^ i5<î,

'3ï>?orji,âvec iiDC forte armée, dans la ville de Polock, entra dam


.l^fgUie cuiliedraie^ et fit inits.sacre>\ sn haine de la sainte union, les re/i-
'gieu.vqiii chantaient CoJlice du soir. I/u a d'entre eux fut tué do la
::niai^ môûiu dé Pierre, les^ultea furent jetés en prison^, upris avoir
été frajfes à coups de bâlou et cruellement blessés. En outre, il /t'wi/.

aa pillage de ses soldats Céglise et le Tiionasicre , et déclara devant plu-


sktats: noblfs Lithuaniens -^uHl en ferait autant de tous tes unis.

E .Nous devons observer dé plus deux choses, aJîii de mieux


.faire seniir riiulignilé de celle conduite. La [>rcniièro, c'e>t
•-«joô'Çjcu d'années avant 1717^, 'l?{prre-Ic-Gr*i)d avait éfivoyé à
eWoaaMî; le duc Boris K.urak.in, déclarer, en son nom, au pàpo
iClépiént XI, sa ferme voloiilé de favoriser de difttTenics ina-
la religion calholiquc dans ses vasîcs Etala, avec l.i
Jitièces:^^

K^ofuësse de lui expédier plus tard un diplôme par lefjuel hftc


iaamia corome on lil dans Ja lettre qn>;
benif^ne fecisse lonsiaret,
Clémeut XI écrivit a« monarqne^ ie in mai de la même ali-
née 7 17 et qui se trouve dans le tome lî page G 2 et suivantfes
1 , , 1

îkiit jreeueil intitulé : Ltitées éi^iarefs ihbhès de Clêrtithi lY/, \«/îk-

ztraîn' pontife. La seconde c'est fjué Piërré-le-Grahd ne s'ét.lit


point montré Iiaslile à l'union de la "lUSsio et^ de FL^lise 1^-
maine, lorsque dans son voyagea Par«i^rt*i'y»j*^ l^s'dVHtftftVs ,--

^lie Ijï Sorbonne lui firent à ce sujol; de yfyes.prières il les Uiri^.x ;

dans l'espoir de réussir,


priant d'écrire sur cette question un
les

mémoire qu'il se chargea de présenter aux évè([ues de la ilus-


'JdéJ.iiyin trouve les détails de cette :xf(iiîvc àdivi les zVhùiàlhs pour
'i^^i)i)'\irMftûiréet^ciésiasfiquepend(tni^lhX^^
^*7''ftîj!i 1717 , et dans les antres onvroges cités en marge dé cè-
yiiiMi." D'après toutes ces belles apparences, qui eût jamaUriu
«deviner Ijrésukatqû'ellcs-èlfrferitf'*'''''^' ito , aib/ood qoLt it«

-«' Lévesque en doni'.c un aperçu '(îâns' soh'ïlîsfoTre cte/â cltce


-9è là Russie , à Tannée 1 7 1 8 , où il eommeiicc par dire : De ry.

'èipkljievionmige lï'me 'fêle bârfcsïjiït ét'VeWàdf


,'
ati fait /ÏI 'se cou -
tente d'en indiquer la substance, éii disant :
y avait ii la coui*
«Cl
«linfoit nommé 7.olof, qui avait été ii'ôn maître ù écrire. 'il
iflcrtTéa priiTcc-pape. Le paprZolof fut introduit "en grau du
lU" SÎSIE. TOME I, N' 5. iS.'j!!. I
'.
^14 NOUVEAUX DETAILS SUR LA f»EllS£CUTION

»x;eréiï)onie par des bouflons ivres. Quatre bègues leharanguè-


srenf ; il créu 'les cardinaux , il marcha en procession à leur
slête. » — ïiéves([ue s'appesantit peu sur ce fait parce qu'il ,

déshonore îrop la mémoire de Pierre I". Car ces fêtes, ajoutet-


ïl , n'étaient ni gcilantci ni ingénieuses; l^ivrcsse, ta grossièreté , la

crapule, y présidaient. > Mais ut) autre historien plus réceut, pre-
Tiatit Ta c^ôse sous un autre aspect, ne croit pas devoir priver
îa uosterîté d\jne plus ample connaissance de cet événement.

Cet historien est Le Clerc, qui puMia en deux parties {"histoire


a'riii^ennr. et viodtrne de Rasfie , en cinq volumes dont le premier ,

parut eu 1783,5 Paris et à Tersailîes. Dans la première partie


iniituïèe : Histoire physique, morale, civile et politique de la Russie
ancienne. Le C'erc décrit ainsi le f :it en question « Pierre avait :

pape un fou nommé Zolof, et avait célébré la fête du con-


»crc(.^

HCÎave. Ce ïou' était âgé de 84 ans. Le czar imagina de lui faire


• épouser une veuve de son âge, et de célébrer solennellement

«cette noce. Il fit faire l'inviSaSion par quatre bègues: des


»vcBiards décrépits coliduîsaîenf la mariée; quatre des plus gros
«hommes de Russie servaient de coureurs; la musique était
»sur un char conduit par quaîrc ours qu'on piquait avec des
• pointes dé fer, et qui, par leurs mugisscmens, formaient une
«basse digne des airs qu'on jouait sur le chariot. Les mariés fu-
irent bénis dans la cathédrale par un prêtre aveugle et sourd,
D à qui ou avait mis des lunettes. La procession , le mariage , le

» repas de noces, le déshabillé des mariés, la cérémonie de les


• mettre au lit, tout fut également digue de la bouffonnerie de
• ce divertissement '.»

»En voilà assez sur Picrre-îe-Grand.

Pcrîéculion de 1773 à 1795.


.-i.'lo'i iribl^
• Revenons à notre article; passant des tems d'Alexis Mikai-
lowitch à l'époque où la Russie fit de nouvelles et immenses
acquisitions à l'occident , il dit : « Ensuite depuis que les pro-
• vinccs occidentales furent réunies à l'empire , un grand
» nombre d'individus, et même de communautés entières, aban-
»^|C)i^iièren|t siiccessivement l'Union pour retourner à l'Egliic

' Tome m, Y"*?>^''


^^4^ *•"' s^U'vaulc».
.,)iy; l'eGLISK CATIIOLIQUK filX RUSSU. 215
• nationale; » et peu api'ès il ajoule : « Aiusi sans aucune vi<»-

lence de la part du pouvoir séculfcr, le tems seul produisit


» peu à peu la dissolution d'un pacte qui sans tloute manquait
»cle solides londemeiis. » Les provinces dont on veut ici parler
se lièrent à la Taissie à deux époques : la première comprend
l'espace de 1772 à 1796, durant la^yie de Catherine II ; la se-
conde peut année où furent signés le ()
se rapporter à j8i5 , ,

juin le» traités liu congrès de Vienne. Cette dernière époque


,

appartenant à nos jours, comment . au mépris de la positive


et publique connaissance des faits , peul-on aflirmer que sans
violence de la part du pouvoir séculier, le tems seul a conduit au
scliisme une grande multitude des îîouvea«x sujets catlioîîquts
de lu Tiussie ?

«Dans lu première époque, ouîre le bouleversement de la


hiérarcliic catholique, tant du rit latin que du rit grec, laquelle
fut, sous Pavd I", successeur cl (lis de Crtijerine II, réorganisée
tant bien que mal par 5igr. Lorenzo Litta , délégué du St-Siége,
mort cardinal en 1820, un autre expédient fut employé par ic
gouvernemcnt rtî:-se pour iceucr à lin ses projets. Il résolut
d'envoyer dans ses nouvelles possessions des missions prélen-
^ dues d'évèques et de prêtres schismaliques, pour détacher de ht
communion de l'Eglise romaine les Grecs-unis, contre lesquels
Catherine avait plus de haine encore que contre les catholiques
du rit latin. iSous avons le récit de ces missions dans les Mà~
j
fhoires pour servir à l histocre cceiesiasliqae pendant le 18- siècle ,

tome m, sous la date du ."j


mai 1791 . où, entre autres choses,
on parle en ces termes de ces faux apôtres : u Les gouverneur:»
» avaient oidre de les seconder. Ces missionnaires d'uqé espèce
«nouvelle étaient accompagnés de soldats et parcouraient les
»\iilages. Ils forçaient les portes des églises et les bénissaient
.i^çomme si elles eussent été profanées. Si le pasteur refusait
«d'adhérer au schisme , il était remplacé. Pendant ce lems les

'
oin '

ri i.
«ofiicicrs îaisaienl
?.
'

'«fallait
'12
.

retourner à
,..
cumparaîîre
la religion
les habiîaijS.

de leurs pères oui étaient de


On lem* iLisait qu'il

la
Bcommuuiou grecque. Quand ou ne pouvait les gagner par la
» persuasion, ou avait recours aux voies de fait, à la bastonnade,
»à remprisouneaienî. Ce fut par ces moyens doux et huuiains
» qu'on lit des prosélytes. Les évéaucs ne cédèrent poiut à l'o-
218 NOIYEAUX BÉTAÏLS SLR LA PERSÉCUTION
»ra*;c; ou eonfîsqua leur* biens. « t'n vif souvenir de eelta
persétâtioiy 5'e?t toujours conservé en ces contrées ; et les ha-
bitans iio Lubawitz , dans la pio\ince de Mohilew, qui, au
nombre d» une pétition à l'empereur actuel
1-20, adressèrent
MicudasI'', le »o juillet 1829,en parlaient ainsi «Nos ancêtre*, :

R nés dans la toi grecque-unie, toujours fidèles au trône et à Ici

upalriftjOnt passé pai-?iblemcnt leur vie dans leur religion et' ;

»ftaoii#, n^
d*BS fa même foi , nous la professions libremcfftt
• depuis long- teras. Mais [>ar la suprême volonté, comme bit

«nous disait, de l'impérolrice Catherine d'heureuse mémoire',


• rautorilé locale, en employant des moyens violens et desj

» pètnes corporelles , était parvenue à forcer beaucoup de nos


» co-paroissicns d'abandonner la religion de nos ancêtres ' »

-iin.un très-grand nombre d'aulres liens on vit du semblafclcs


'
apc«laM|es:f ioiites liiles de la persécution. ' ' ^
-"
-13b asl ?n; b .K,r-. u,./. ;; -'^;^"» ^-À^i.-.-'' ^i^P
rersccutiou a partirde io(5,a 1000.
y.ur, iiOMtJ •<!:.. : ::i •- . ^i ;-' » - j •
''

f>»*5iot*s<,vcnoii8 à la seooMdoépaquevque nous n'étendrons qtite'

tî4 jS t5-à â 85»» puisque Tuilkslb parle séparément des derntèW^-


années. Pendant ce laps de lemsi, le sciiisme ne peut pas 'Sb

vaiiier de grands progrès, et cela précisément parce que'lft


liussie^.'ja&qu?eii i8>a5, l'at gouvernée par «n prince que s<ôn"
caractère et sa graiulcur dVime éloignaient de tous moyéïlt»"
violens. Cependant on vit se perpétuer sous lui les elfets de^la
peiséculiou antérieurement excitée , et il ne fut pas exempt dfe

blùme ,
priaçipaleujent à cause des mesures prises contreflc^^
jûsuile». U est certain au.«si que ce que nous dirons des a«n{^'
posiérioures à iS3o était en partie -commencé avant ceit*'
éj)Qqnç* Et de fait, dans iu rtquêîe des liubilans de Lubawitt4\''
écr;LlQi» ;COXuai« nou.'» l'avong <lit , le lo juillet 1S29, on îit^^

aCelle religion, iiou.s la professions librement jusqu'aujoard'li'^l


».jK>us la prolecliou de votre majesté impériale (Nicolas l")-,^et'

ik^iQUS lie ps^sioas pas que, sous un ordre exprès de votre tto^''
• lonié impériale , uous pussions être troublés dans la librU'
*piofeS5ioi) de la foi que professaient aussi nos ancêtres et' ,

<t4^t»sj]^^UtU|e^oi]3t sqiufBesi<nésioumm«ieiTX^iMft»'lc'!(i]^réWë<^

.»9Î «DlDo» JHn«T '^


aifpllodffia asil^l'I ab uii« »J ^afib jiiuoftz
1 de la rcligîoii.dominanfe , alléguant pour pnHex^c qnc quei-

ï qucs-uns d'entre nous, ce qui u'a poiul ru lieu, onl étù dans
r>l,a commun ion
la religion gréco-russe, nous l'orceul d'al>->
de
sjurer notre loinon par des peinea corporelles., mois. par <U'a
,

V moyens beaucoup pins airoccfr. c'cst-à'dire en nous privant dkej

».!oiis les secours spirilucls, en défendant à nos propres prêtres.


ï.((o baptiser nos enfans, dVnlendre nos coiiicssiou'? et de,

«ift^nif nos mariages. C'est de celle iîîai|itTA)qu'ilfio<»QUSust>-ir


Rr.9ciient à nos pasteurs,>?ij >,ijj^
j ooiTiciàqfai'i ow .iim'.ib hdouh
.L

^<>,.
'^ '
,
.
„.
riYseculioa depuis iboo. '
.
— ;
^jlj )
Uocutncns
iurmlq (CfSt

pcncs.
ctiicieis.
• ' iir*-*
(ts

,
, sIbooI yliiotoc'l»
—''•jir.toqiOD «:3n;9q
Violenrc» cl Ijrom-
#

j> SÎHÎs voyons ce que Tart tôle no«$!4<<âii des*. àeruîèvas anné^**:
s Enfin laconduite si peu compatible avec 'les préoeplcsvdvi"
» Christianisme que le clergé p.olonais avait tenue dans les der-
sniers troubles de la Pologne, a fini par avilir celle Union aux
» yeux des Grecs-unis eux-mêmes, qui intéricnremcni sontiV.stés
» toujours attachés à la Russie. Ils reviurent par miHtcrs' à i'E(4>

pglise grecque, et ilssollicitentaujourd'imi on'irsasse la faveiue-.


ndc leur réintégration dar.s ce culte antique, qu'ils^chérisseiet'
» comme un gag;ç de salut çt un héritage jsaçijé ^fcmj. de iearél
i>ancêlres.îyol ob iuàiBiiaîolà oàiJ&'b lusfaiiiiiç fig^Ja^ff'iéJaBtBâ
jiPIus loin , nous parferons de la conduite «vî cier|T^ |>»roaIaw'
Ouant au reste, celui qui par hasard aurait parcouiu la Sibé#tej
n'aurait pas besoin de nos paroles; caf-^ «W V€»j«âftt l*i ntfnïîw^
des Catholiques déportés eu ce pays ponr canîse de lèîigiôhi/'ilf
se convaincrait facilement de la fanssefé de tous cesmiensongt^'
dont on fait un sujet de triomphe dans rartiGic.Mais'sfiUS'fttiW
le voyage de Sibérie, on sail par lesbrniN 'pubiteC'eT'pai^^dfe»?
,

documens que ce n'est pas par la lib?e Vo^^.rté dé»


certains ,

Catholiques du rit grec ou lalin. mais pai- de îivalîci(*«s rft^lrfittcy


employés à leur égard que l'on obtint ce changement *)i vatiîë^
de religion. Et par Mpp&rt aux Gr£e&-unJ», les seuls dont parier
l'article, peut-on mentir plus audacieuscment qu'en afnrrnant
qu'ils ont toujours été attachés de cœur au schisme et sont
avides de l'embrasser, tandis qu'eux-mêmes^ au contraire, pro-
testent par leurs paroles el leurs actions de vouloir 'vivre et
jnouiii- dans le sein de ri'glise catlioliquc ? Tarmi toutes te»
21 S. NiOCTCArx DÉTAILS si:f. la rEnsÉcurfo^
j)rei.wes cle ce fait, une sultout mérite une attention spéciale;.
c'esl4â*e!a4ioo des babitans d'UfZîîcz, de la province de Yitcpsk,
qui après avolrraconté comment, le 2 décembre 1 835, il se pré-
senta chez eux nne commission qui peuple, , r.3'ant assemblé le
l'avait eiigagé à clianîrer de religion, ajoute Riais nous nous :

* sommes tous écriés d'une voîx, quenons voulions mourir dans

i notre foi , que jamais nous n'avions voulu ni ne voulions

» la commission , laissant les paroles, en


d'autre religion. Alors
j-vintaux faits ; c'est-à-dire qu'on se mit à nous arracher les
«cheveux, à nous frapper les dents jusqu'à retfusiuu du sang,
sa nous donner des coups à la tête à mettre les uns en prison ,

»et à transporter les autres dans la vilie de Lopel. Eiifio la


«commission, voyant que ce moyen ne lui réussissait point
»non plus, déiendiî à tous les prêtres grecs-unis d'entendre nos.
s confesoions ou de nous administrer qivelqn'autres secours spi-

» rituels '.»
On ne prétendra pas sons doute compter sur l'adliésion de-
reux qui se sont écriés Qii'on nous trseive pliitôl le sort du Bien-,
:

heureua; Josaphat , c'est ce que n^us desiions. Dans la même pro-


vince de Titcpst, déjà l'année précédente, c'est-à-dire en i834,
la noblesse avait adressé à l'empereur une péiition dan? laquelle,
entre autres choses, on lit : 4 On luet tout en œuvre pour en-
ï traîner les Grecs-unis à la religion dominante. Ces raanœu-
svres ne feraient aucune impression sur les es^prits dans cette-
«province, si on permettait aux Odèles de se diri,T;er pour cette
«réunion par la voix de la conscience et par une forte convic-
» tionmais les moyens qu'on emploie remplissent l'âme de ter-
;

»reur. » Ou raconte aussi dans celte pièce comment des faibles


'

.s'étaient soumis mais on ajoute • Ils avouaient mêmeà ceux


; :

» qui les forçaient d'embrasser la religion dominante , qu'il*


«obéissaient à la vérilé aux ordres qu'on leur dounait qu'ils ,

» allaient aux églises et fréquenlaieni les sacreniensdc la religion,

• dominante, mais qu'intérieurement ils demeuraient forteraeni;

M al lâchés à leur ancienne religion.»

Quant aux catholiques du rit latin, il suffira d'observer que

' Voir le texte entier do ccUo pièic (J.iqx noire ?v^ i ci-dessus, p. 75..
» Voir cette pièce en eulier, ib p. 75.
DE l'Église catuolfûle en rissie. 219
s'ils avaient nourri le moindre amour pour le s'cliisinc, ils ne
se seraient point opposés à la cession de leurs (-glifics , comme
cela est arrivé dans plusieurs lieux, et notamment à RadomI,
où la violence exercée conire eux a été si forte que huit sont
restés morts sur la place. Mais quelle quesoil l'oppoi-ilion des ca-
tholiques , le gouvernement russe ayant prisa
tâche de les en-
rôler tous sous les bannit-rcs du schi^^mc, ne népligea aucu«»
moyen de les renilre ou du moins de les faire paraîire ychisma-
tiqucs. Il est tellement infatué sur ce point, qu'il cherche à »e
faire illusion à lui-même et aux autres, comme s'il avait déjà
obtenu le but deses efforts, croyant sans doute que cette illusion
même est un excellent moyen de l'oblcnir réellement. 11 voulut
tenter un acte solennel de réunion entre les schismaliqucs et
les catholiques du rit grec, et la profession de foi à souscrire
fut présentée d'abord par ruse, ensîute avee violence, au digne
métropolitain Josaphat Bulhak qui la rejeta généreusemes'.l et

mourut peu après malgré cela on voulut faire croire que le


;

métropolitain n'était plus catholique, et on le fil en'errer au


milieu des scliismatiques. Si, dans une paroisse catholique,
quelques individus se font schismatiques, tous les paroissiens,
quel qu'en soit le nombre, sont considérés comm« tek, et tous
les membres d'une famille sont assini'îés à vn d-.^s membres,
auquel il prend fantaisie de professer le schisine. Six:î^ns l'un
ou l'autre cas les catholiques recourent au goBver«cni<rat,
ils ne sont pas écoutés; s'ils n'obéissent pas , on le* puhi*^

Education scLisma'.iqnc impo ée ans cnfans. -:- Conliswtlon d 5 i'.cm

^" des coiivcus. — Viulalion de<; la foi


n
iur^c à des actes anliliri.
; if'/Oj.: ?!i^i',u\ iil êjfiûî
i noi)^
H'Le gouvernement a senti que, pour rendre lù solusme
général et perpétuel , il fallait arracher du cœur des catiioltques
}*anïour et l'estime de leur religion.et empêcher que l'éduc^iiop
de la jeunesse ne fût catholique. 11 neJui parut pas impossible
d'atteindre ce but; on feut facilement p;erdre l'amour de la
religion, quand on entretenu par les soins doux et
n'est plos
prévoyants des curés; gouvernement a donc suppriiXié un
le
grand nombre de paroisses, afin que l'énorme distance «Jes
lieux rendît tros-difQciie la communication des fidèles avec
}eur.^ curés, l/I'irlise n ?ouiours reçu une iTvr.nde ii'usliûtion
j

229 Noi'VEAix DÉTAILS sivTi Lv rEnsncunoN


dc|,pr(îrc^ rrpuUerR^^-ïekft;: le.^qiîcrs >C5 c'àfîiHlîques voyant
mîs
en pratifjvie iion-seu!emetit les préccpîes, rhaîsaù«!si les cunséiU
de rEvangile, se i^rmeiit uue idée trcs-iiatilc de leur religioni
Kii 'conséquence, le gouvernement rnsse a fait main-basse.sur-
les raon'stércs-ct couvens catholiques, n'en laissant ouverts
qu un trcs-pelit noaibre seulement. Chacun comprend que
de cette maiiiire s^augmcntent le-i revenus du trésor public;
mais ceux qui connaissent bien le gouvernement russe sentironîr
que rihiérêt du fisc n'est pas le seul et principal motif qui le
pousse à l'oppression. Arrivant à la conduite du gouvernement
envers les catholiques, relativement à Téducation nous voyons
,

que récemment à Vfi\naut\e académie ecclésiastique


s'ee* élevée
catlwiîquèrôvia'ne pour les jeunes clercs ùw rit lilîn et arménien;
iiolei bienque le ministre de l'intérieur est direcleur suprême
de l'académie. Les Grecs -luiis en sont exclus; on a pourvit-
])lus sûrement à leur éducation, en les envoyant à l'académie

î^chismatique dePélcrsbourg; on ne veuLpas laissera la volonté


des parens l'éducation des enfans né» de mariages mixtes, et
l'on exige que celui des époux qui fait partie d'une conimuniau
nuire que l'Eglise nationale fasse serment d'élever ses cnfans;-
dans le culte schismaiique, El comme
en 1768, dans un traité '
'

conclu entre la Russie et l'ancienne république de Pologne,


on avait stipulé par acttî séparé que les enfans nés de mariage», ,

mixtes seraient élevés dans la religion catholique, l'ukase


impérial du ao novembre i852 déclare que leiraiié et lycie

féparé ^«i^^fff pia^ieges mixtes cesfaU (tctre obflgdlotrcSp ^if^J'^f J^^ ^^


république iVccclste plus. Le gouvernement devrait savoir qu'au
milieu mêuie deschangcmens politiques? la doctrine de l'Eglise
« atbolique ne cLange et ne peut jamais changer sur celtç
matière. Ejle enseigne qu'en vertu de la loi naturelle et divine

( laquelle ne dépend point des lois, traités ou promesses des,

Jiommes, et à laquelle nul homme n'a le droit de déroger),


les parens sont obligés, d'élever leurs cufaus. dans la religion
catholique. r/noo^b h tjciavmo
no i
» Apres tout ce que nous avons dit. il resterait encore beaucoup

à ajoute^ si.y les moyens employés dans ces derniers tcms par
le gouvei^nyp^jit russe pour étendre et consolider le schisme
dans tous se? domaines; lAa»' bftnf de ne point trop nous éloi*
.

ik3vtr,x
via -vn^Tid /

DE L*ÉGUSE CATHOI.ÎftUÈ .Eli Rl^îMïf.'^''' ^ 221


ÇncT, nous nous contenterons de dire que, pour açhc\ver
l'œuvre de Terreur, on a récemment érigé deux noliveîmx
évêcliés grecs schismatiques, l'un à Po'ofzk, dans le duçl^^ ,

<le Lilluianic, l'autre à Varsovie, capitale de Ta Pologne. ,

L'uks'ïe du oo avril i85j a fotidé le premier, sous le titre j.

d'éviklié de Pololzk et de "Wilna ; un àtiti^-Aïkasé 'dû 22 avril ,,,

)83'i a créé le second, en donnant au titùlnfre le noni acvcquc -

de Varsovie, vicaire de rKparcbie de Voliiynie. Le gouverne-


ment se flatte de tirer de irrands avantaercs de l'érection de,ces ,^
nouveaux diocèses; du moins il peut ef^pérer que deux nou- ,
,

veaux évêques, résidant dans ces deux vilics faciliteront , ,,

J'entraînement hors de la vraie Eglise des catlioliques du rit ,,,,,

grec, puis ensuite du rit latio mais on voit bien , quoi qu'en: ,
.

dise notre article, que les uns aussi bien que lés autres se mon- 1

>i!-f(i ''tuq.
trcnt fort éloitrnés d'embrasser le schisme.'^' '^'^ ""'
1 *, .
'"" 1
'
j^.
\

De la conduite du clergé polonais d.ins la révobilioD do i8Îjo. -^ L cni-'


j>crenr Nicolas manque à la fui jurc^c. -^ Le» prêlres polonais rie's»i(t

indigne? ni d'escuse ni d'iiidulgcncce. — Justes révoltes contre le» rdîs

l'^gitinios : — Les Machabées contre les rois d'Ass-viic ; — Les chrclienî *^

d'Oriiiit et d'Occident contre Léon le briseur d'images ;.—r Ces LcvoUés fiO^
"*
5pnt honorés comme uiarljrS!i)arlefc Églises 2rccqHÇ,et,|LaUi»p:.:;; Il- ru

Enfin , il nous reste à faire quelques observations sur lâ


conduite tenue par le clergé polonais dans le cours des der- '

nières secousses politiques commencées en i85o. Quelle qu'^*it


été cette conduite si peu compatible avec les préceptes du Cltrîslîh-
nisme , au dire de l'article , il pour avoir le droit de
fallait ,

blâmer lé clergé polonais, se montrer moins partial envers re'/


"^

gouvernement russe. Et comme adonné ça et là quel-


l'article '

qucs traits d'histoire ancienne ou moderne, sur la Russie èx


la Pologne , il n'eût pas été hors de propos de remarquer que
jamais, dans les tems anciens, l'harmonie n'a pu s'établir entre
ces deux pays. Ainsi, l'on arriverait à découvrir que dans là
\ieille antipathie nationale devait se trouver la cause des der-
liicrs troubles delà Pologne. Que si, dans l'article, on veut

neulemcnl parler de la religion, pourquoi passe-t-on sous^' '


"^

Icnce ce qui avait été dit sur ce point dans la dernière consti-
tu'iun donnée à ce royaume depuis le congrès de Vienne? Sur
222^»^ NOUVEAUX DÉTAILS SUR LA PERSÉCUTION
la finde l'année j8i5, Alexandre, l'empereur de Russie, donna
à ses sujets polonais, en qualilc de roi de Pologne, une cons-
titution signée par lui le 27 novembre , dans laquelle , sous le
titre 2 , on lit : « La religion catholique romaine , professée par
j)la plus grande partie des habitans du royaume de Pologne ,
«sera l'objet des soins particuliers du gouvernement. «A la fin,
Alexandre faisait encore cette déclaration « Nous leur (aux :

«Polonais) avons donné et donnons la présente charte consti-


Ktutionnelle que nous adoplons pour nous et pour nos sueces-
«seurs. » Biais après la mort d'Alexandre, et avant i83o , le
bien-être de la religion catholique a-t-il été réellement, en
Pologne, l'objet des soins particuliers du gouvernement? Disons-le
pour l'honneur de la vérité il résulte des faits que par rapport
:
,

aux intérêts de la religion catholique , le successeur d'Alexan-


dre marcUait dans une yoie tout opposée à celle de son prédé-
cesseur. r—>.•
remarquer aussi que dans ce royaume on voulait
»I1 fallait
voir les droits de la religion catholique , non-seulement res-
pectés, mais protégés et défendus et à ce sujet, laissant de :

côté les tems plus éloignés de nous nous citerons deux docu- ,

mens , l'un de 1791, l'autre de 17G8. Le 5 mai 1791 la diète ,

polonaise sanctionna à l'unanimité une constitution dont le


§ 1 décrétait «La religion catholique, apostolique, romaine
:

«est et restera à jamais la religion nationale, et ses lois conser-


Bveront toute leur vigueur. Quiconque abandonnerait son culte
«pour tel autre que ce soit, encourra les peines portées contre
«l'apostasie. <> En 1768, de concert avec Catherine II, impéra-
trice de Russie, un traité (comme plusieurs veulent l'appeler)
fut conclu par la diète polonaise, le 24 févier, où on lit en
tête : «La religion catholique sera nommée la religîoji domi-
«nante dans tous les actes publics. » Et ensuite , pour assurer
ses intérêtsdans l'avenir, on disait * Aucun prince ne poxirra :

«aspirer au trône, s'il n'est catholique, ni aucune princesse


'

Bclre couronnée reine , si elle ne professe la religion romaine.


"Ceux qui cliangeront de religion seront punis du bannisse-
«meut '. »

' Le Irajfc cl la cousliliitiun que nous venons Je citer, sont inscit;*


dans itt coUeclion des constitutions , elc ,
par MM. Duldu DuTitgcr cl ,
PE L^ÉGtiàÉ «: ÀTHotiott: ¥ri IîussiE. 225'

*Mrii.^ revenons au cleri^f polonais. I.a'condidu qiCU a tenue


f'flHS les derniers cvineir.ens a fini , dit rarliclc . par nviiir fUnion
iiux yeux (les Grees-unis eux-mêmes ^ iaiii cette conduite était conf-i^^^'

aux préeeplcs du Chrisiinnisme. Laissons à d'autres le soiii*


traire
d'cxnminer coinraenl cet avilissement exagéré peut se concilier '

avec la ferrtielé par laquelle les Grecs-unis ont protesté contre


les efForts qui veulent les délaclier de ITniori. Considérons la
conduite en elle-même du clergé de Pologne; nous déclarons
.«incèreraent qu'elle est digne de blâme pour avoir été comme ,

nous le reconnaissons nous-mêmes peu compatible avec les ,

préceptes du Christianisme ; mais disons aussi que l'on ne doît''"


pas attribuer à tout le clergé catholique de la Pologne une fauîé^
de ce genre, quelle qu'elle soit, puisqu'elle n'a éié commise qiH:^*'"^

par une parlie seulement du clergé. Quelques ecelésîas1îqiJes''i^^'*


et non tous; quelques ecclésiastiques, et même un tout petit
nombre, en proportion de leur totalité en Pologne se trouvent ,

avoir pris part aux troubles excilés contre Ib gouvernement,


?ious croyons de plus pouvoir francliement affirmer que leâ
ecclésiastiques qui se rendirent alors coupables ce doivent pas
être réputés indignes d'excust et d''indufgence. Ne vivons- nous pas à

v.ne époque où les voix trompeuses des droits des nations et des
peuples se font entendre dans tous les coins de la terre ? Ces
droits si vantés ne sont-ils pas offerts an monde avec une ap-^-
parence de titres et de raisons propre à enfioir.mer les esprits^'
et à,les induire en erreur? Ajoutez que. dans le cas pafticuliet^

de la Pologne on fit surtout valoir le prétexte de défendre la


,

religion et l'Eglise autant que l'honneur de Dieu. Si un motif


russi spécieux produisit sur le peuple une grande impression, H"
ne pouvait pas manquer d'entraîner qiielques prêîrcs puisque ,
"

les intérêts de la religion et de l'Eglise doivent être plus chers


encore au cœur du clergé qu'à celui du peuple. :
"

» Faut-il donc supposer que les ecclésiastiques polonais igno-


raient les préceptes du Christianisme sur les devoirs des sujets
envers leur souverain ? On ne peut entacher d'une si honteuse
ignorance un clergé aussi respectable. Les prêtres polonais con-

I
Cuaclet, publiée à Paris et à Rouen en iSaS (oommeiicetnenl du q'ia-
trièinc volaine ).
im N0Î\^ïfe%My'èM'i:AVERSÉCUTION^
naissisnt les exemples laisses par nos p«.'res, qnana
certainement
malheurs des temsles mirent sous la puissance
Ja nécessité et les
de tyrans ou de priridés de religions différenles; l'histoire nous
dit qu'alors les Catholiques se signalèrent au-dessus de tous les
autres sujets par leur obéissance et leur fidélité et que, dans ;

du prince avec celles de Dieu et de l'Eglise , ce


le conflit des lois

ne fut point par la révolte, mais par les souffrances, les toux-*
mens et la mort, qu'ils rendirent témoignage à Ictw religion..
Mais, dans la dernière révolulion de Pologne, plusieurs ecclé-
siastiques de ce royaume effrayés du grand p<^ril dont la foi
,

catholique élait menacée , crurent que pour la défendre , ils, ,

pouvaient alors, comme


en d'autres circonstances on avait cru
pouvoir le faire, user de la force pour se soustraire au joug du
gotivtefnemèni; Dans le trouble général , au milieu du ^ruit des
armes, à la vue de nnimcnse multitude des morts et des blessés^
avec la perspective fondée d'un avenir souverainement fatal à

la religion, il était trop facile de confondre les idées et d'établir

une assimilation entre des cas tout-à-fait différens. Nous ne


chercherons pas ici comment , dans les esprits troublés des
prêtres de Pologue, se sont représentées les guerres des Ma-;
chabécs, surtout s'ils estimaient vraie ropinion de,,GrjOti;OS.

qui, dans le , chnp. 4> § 7r de jure belU


liv. i ac pacis , ^o^ii&ni
que les rois de Syrie, contre qui se battaient les Machnbées,
On voit encore après la
étaient les rois légitimes des Hébreux.
vfe'ritiè de Jésus-Christ',
dans le sein de son Eglise, quelques,
èl

exemples que par erreur on pourrait croire appliçjiljjtç^^j^'^^qt,'


de la Pologne. . ...i.-l luoicoRiu
^
^^"'^"J' ,

ioQiiahd l'empereiir Léon risanrîen déclara,;,, ,l*a^fjj;ç2;(^li,(^a«


giierre aux saintes imagés , il se fit de la part des çat'noliqpes
sujets de l'empereur, en Orient comme en Occident, divcjirs

soulèvemcns poiir la défense de la doctrine et de la disc,ipliri&

catholique sur le culte des images. Le premier mouvement fut


celui des îles Cycladcs et des autres peuples de la (îrèce qvii se^

révoltèrent en i?26, et, donnant la couronne impériale à un ce^"-.


tain Cosmc , s'avancèrent avec une armée navale contre Léon.
L'impie Constantin Copronymc, lils et successeur de Léon , vit

se révolter contre lui Arlabas, son cousin, qui, s'étant toujours


montré ferme dans la foi, fut très-aimé et reconnu pour cm-
,

DE l'ÉCLISE catholique ex JIUSSIE. 2^5


pereur par les sujets de l'cmpùe. On connaîl mieux les soulù-
vemens de rOccIdent dont les peuples alors soumis à l'empiro
d'Orient , irrilés contre Léon l'Isaurien à cause de son édit qui
ordonnait l'incendie des saintes images, secouèrent Je joug de
leur antique dépendance, et aidés d'aulres princes et peuples
d'Occident, pourvurent à leur salut non moins qu'à la déiense
de la foi catholique. Nous ne pouvons nous étendre sur rhistoirc
des entreprises des sujets catholiques coulrcles empereurs ico-
noclastes. Nous engageons à consulter sur cette matière délicate
la dissertation écrite par Orsi en italien, sous ce titre : De L'ori-
gine du domaine et de la souveraineté des papes sur les Etats qui leuïh
sont temporellement soumis.Le chapitre Y de cette dissertation vai
surtout à notre but parce que les observations de l'auteur suri
,

le caractère particulier de la persécution desempeieurs icono-n


dans I3 monde catliolique^
clastes, et les cfiets qu'elle prudui>il
nous conduisent à expliquer l'équivoque que peuvent avoii'prérf-
sente ou pourraient offrir pour excuse les ecclét-iasîifjues polo-t
nais. Orsi observe donc que la persécusion des hérétiques ico-rj
noclaatcs différait essentiellement de celles excitées par. IsR,
païens ou les autres hérétiques. Les Gentils, en effet, étaient-,
tellement éloignés d'attaquer Dieu directement, qu'ils décla,^
raîènt persécuter les chréliens comme coupables d'athéisme,
pour àvuir renoncé au culte de leurs dieux et s'être Qli9.|| ^f^-v,
uércf un homme crucifié, un séducteur delà Judée, j f,,,.;,,):;^
«Les autres hérétiques, tout en atiaquant quelques-unes des
vêi'ités enseignées par J.-C, ne dirigeaient toutefois pas leur

coflère directement contre Jésus, mais contre des hommes qu'il*,


jugeaient faussement, à la vérité^ être ennemis du Christ.
Taudis que pour les Iconoclastes, leur persécution allait direc-.
léàMëhi-'càhirë les images de Jésus, reconnu par eux pour vrai^
Dïeai, et, par conséquent elle attaquait Dieu lui-même, et
le\lr haine ne sj déversait seulement pas sur les catholiques,

dëfèiistetlt^dfes^ saintes images, mais sur les im^gea elles-mêmes


pl'r bu'xih'drgnenient profanées, foulées aux pieds et livrées aux
ftâfmmes. De cette différence il résulte que les chiétiens, bieu
qii'tls eussent souffert eu paix les a^itres persécutions, ne
crurent pas être obligés à souffrir celle des Iconoclastes. Elt,
<lîiVî3 là viL*e c!e Constanlinople, quand un officier de Léoi^,
,

S26 SO'JYEAUX DÉTAILS SUR LA PERSÉCUtiON


riaaurieu vint par son ordre frapper une célèbre iuiage lïiï
J.-C, poui l'ébranler et iareaverser, les caîlioliqacs pié^cn!s
à callc scène ne pureut s'eaipêclier do sauler inipétueuse-
latnt sur Téchelle où l'officier était nionié, de le précipiter à
aoïjbsi» stvicv cllrf, et de lu mellre à mort. On fit alotp un gran>I
raassatre de ces catholiques, ^ar oi-dre de l'empereur; et de
leard aclis, rapportés en grec et en laliii, par les BoLiatidUles
»ous ia daijB d.u 9 août, nous savons ([u'ils n'élaieti^ pas toi^:>

ji n<le la populace et du sexe féminin, dont le zèle irréfléchi eût


klnipu être excuse pur rigaorauce, mais de tout sexe et de touîc
6iéx6<>^Hiiti'>''-* i^iusieurà dans ces jours, dit l'auteur de ces actes,

isëj-^ furent décoiéô de la couronne du uiiirijre, parmi îe?(piel->

^(ii,i»(ie:i Lemmes et des hommes, des prêtres et des lévites, Ats


lij'jii |c4Jr.e& iilles et des religieuses, des officiers cl des personnes du
i3cIp peuple dont Dieu seul connaît le nombre cl le uoui;. car il

9I 11» uous bcrait impossible do les énoncer '. »


infc ail faut ici observer que ces caiholiqvics sont nommés dans
16C, les actes : décores de la couronne du martyre; co dont l'auteur no
élu voulait pas laisser de doute, puisqu'il c joute : car il faut regarder
cette mort comme un vériiabie martyre. Eu eiiet, comme l'a observe
justement Orsi, qui noasiournitcesréllexions, bien que l'Eglise
défende d'admettre au nombre des martyrs ceux qui provoque n i
imprudemment la fureur des tyrans , elle n'a point usé de celle
rigueur envers ceux qui précipitèrent l'officier impérial, pro'a-
Kfij-iHateui- d'une image de J.-C. ; et la gloire des saints martyrs uc
:'T ) ieur a été refusée par personne. L'Eglise elle-même, latine et
j,i grecque , en célèbre la mémoire le g août. Dans l'EglLic latine ,
le martyrologe romain audit jour les propose à la vénération
^"'^
des fidèles , au nombre de dix, et les dit martyrisi's , à eu use ue
Vimage du Sauteur, qu'ils avaient placée sur la porte d^airain '.

L'Eglise grecque en marque un bien plus grand nombre dans

i • ?Ali^ll:qnc fâdcm illà l'.ie rcdlinili fucre coronâ marlyrij : iultr

nquos erniit uiulieres ac \iii, saccrdotcs ac îcvilx , iunupliU ac ino-


uiiiics, piœ.-idcs ne suhdili quorum nuaieruui et noinina &ulus uovit
» Ooinidus : itcque cuim tanla iu nubis est lacultas ul uuuicruin euiuut
«juire po^si^uus, p. 442"
» ObSalvatoiJs iiuiigiiicm (jn-im in porlâ xncâ couslilneranl.
DE l'Église c.ATnoLjQiK en nissie. 327
le mcnolo^c de Basile, qui décrit axissi ITiistoifc abrégée de leur
martyre. L'autorité de ce ménoloj:;c est grande, puisqu'il a été
compilé au dixième siècle, sous rempçreur Basile i'orphyro-
génète. Ttu'J liu

• pour la première fois publié en en lier avccla traduction


Il fut

latine en regard du texte grec, par le cardinal Albai)i, neveu


de Clément XI, à Urbain en iGj;-. Suivant celle traduction, on
lit, à la date du 9 août «Passion du saint martyr Julien et
:

ndeses compagnons. — Ils soulfiirent sous l'empereur Léon le


»briseur d'images... Car le voyant ennemi des images des saints
«qu'il condamnait au feu , ils en sentirent redoubler leur zèle
• dans la tristesse qui les animait; mais lorsqu'ils virent briser
«la vénérable image du Cbrist qui était sur la porte d'airain ,

«alors ils manifestèrent au grand jour les sentimens de leur


»âme; et saisissant l'officier (îc spathairc), qui , pour briser
«l'image, était monté sur une échelle, ils le précipitèrent sur le
«pavé avec l'échelle , et l'y mirent à mort. Celte action ayant
» excité la colère du tyran , les uns périrent sur-le-champ par

«l'épée (ils étaient très-nombreux, parmi lesquels plusieurs


«femmes et Marie la patricienne), les autres jetés en prison , et
s ayant ea la face brûlée ou souffert d'autres supplices, eurent
«la tète tranchée '. »

Revenant maintenant au clergé de Pologne, nous avons déjà


«

observé que, dans les derniers troubles, on chercha à insinuer


l'idée que, combattre contre îe gouvernement russe, c'était
défendre Dieu même. Nous convenons bien volontiers (ju'à ces
insinuations le clergé devait opposer les préceptes du Christia-

'« Certaroen sancli marlyiis Juliani et socioram. — Ki imporalorc


Ltîonc icouoinacho clarutre... Anituaiiverlcutcs ciiiai illum à sanclaruin
iinagimun adorations avcrsum,at«jac cas igiie absmucre, zdujne.'iLoccou-
cijùehajit , mœroro conlabesccnlej. Al ciim vidcrcut Tenoraiidsm eliam
Chriïli imagiuem quae iu eercà |)orlà eslabjt. ciaitigi, œgrum auimi
seiisum in médium piotuleruut ;elarrepto spaîliario qui scalam, eCîjiietu
deslrucliHus, ascendt-bal, euiu uuà cuui scalâ dcjicientrs , iiilerfeccrunt ;

atque ad iram couioiolo Ijranno, alii quidem slalim gl.idlo consiinipli


(niulli eriim crar.t numéro inîer quos pluies ft-miu3e cl!\Iaiia Palricia^\
aliicustodiis Iradili, ac fatie conibasli, jjluiimosqi'.c passi crucialus,
''^'^'' "•''"' ''-''";
capllc l'uerc oLlruncali.» '
22B NOUVEAUX DÊTvilLS SU II LA Pfcr.SÉCUTlON

nisme. Néanmoins, sou» le prétexle de la gloire de Dieu, quelquoi


ccciésiasliques n'ont pas ciaiut Je prendre part aussi à raltaipu:
diriijée contregouvcrnenieut russe. Qu'en résulle-t-il? C'e>t
le

que leur conduite fut coupable, mais non qu'on doive leur
refuser toute excuse. Il fut un ieyns, en effet, où l'Orient efc
rOccldcnt decidlrent à la fois qu^en certains cas les préceptes du
Ckristiiuiisme ncdcfetidaient point aux sujets de se soustraire d Cobéis-

sance envers leurs souverains, ou d\iser contre eux de la force pour


défendre le cuite sincère et légitime de la divinité. On ne peut pas
dire (|ue les circoustances où se trouvait la Pologne fussent
icmbiables à celles dont r.ous parlons, mais elles pouvaieiit

naraîlre Vèirc à ceux dont l'àmc était agitée, et il est plus (|iie

facile dans un état do violente inquiétude de prendre un sen^


éuuivoqijc entre la vérilé et l'apparence des choses.
i»En résumé, quelques-uns des membres du clergé polonais
avaient pu , dans l'épouvante générale de !a Pologne, regarder
les persécutions des Iccnoclasles comme vme fidèle image do
que
celles la l'.ussie avait déjà fait souflVir à la foi catholique en
Pologne , et de celles plus terribles encore que l'on appréhen-
dait pour l'avenir : aussi avaient-ils pu croire être permis à leur
nation ce qui avait jadis paru être licite dans un plus vaste et
im plus antique empire. Ils étaient sans doute obligés à user de
plus de prudence avant de se décider sur ce point; attendu
qu'outre l'obscurité qui enveloppe ces questions par ladifficulî.^
qu'il y a à discerner ce qui peut être dénié ou rendu à César sai:-»
offenser Dieu , le danger de se tromper croissait encore poiu-

eux, vu la préoccupation de l'esprit de parti dans laquelle i!i


étaient. Avec un plus tranquille et plus mûr examen ils eusser.t

facilement aperçu que le gcuvcrnenîent russe , tout en travail-


lant ses sujets catholiques, tendait bien à les rendre tous schi =-
matt(}ues , mais n'avait point l'intention d'imiter entièrement
les Iconoclastes, et de faire directement la guerre à Dieu. Il

n'était donc pas permis de combattre par armes, mais on les

devait le faire par la force de la vertu. Enfin notons bien qi;o


la résistance opposée aux empereurs Iconoclastes est considérée
comme juste, non parce que les sujets qui se soulevèrent ei»
décidèrent ainsi par leur action mais parce que, à cause de
;

circcnsla: ces et de conditions particulières qui se réunissaient


DE l'Église catholique eîs russif. 229
alors, elle fut ainsi jugée par tout le monde catholique , jusqu'à
faire reconnaître pour martyrs par les Eglises grecque et latine
quelques uns de ceux qui perdirent la vie en cette rencontre.
L'ne erreur a donc été commise par ces ecclésiastiques polonais
dont nous avons parlé en dernier lieu mais puisque dans l'er-
;

reur, l'esprit ne découvre pas clairement tout ce qui est néces-


saire à voir pour juger soiis son \Tai jour,
, la gravité de la faute,
il s'élève en faveur des coupables un juste titre d'indulgence et
d'excuse.

Conclusion.

» Ici finissent nos observations critiques sur l'article relatif à la


Russie, inséré dans le Journal de Francfort du 22 avril i83q. Le
motif qui nous a fait écrire est la défense de la vérité et le désir
de détromper le public. Nous avons toujours éloigné de nous la
pensée d'offenser personne , moins encore avons-nous prétendu
porter préjudice aux droits du gouvernement russe. Ceux qnii se
mêlent d'en faire l'apologie , en se faisant les défenseurs de ><

abus et non des droits , et travestissant l'histoire pour fonder


leurs discours sur des faussetés; ceux-là ne font point
honneur
à ce gouvernement donnant ainsi clairement à entendi-e que
,

sa cause doit être bien mauvaise puisqu'il n'a d'autre moyen


,

de se défendre qu'en ayant recours au mensonge. »

Auteur de l'article du JournaL ile Francfort. ~iio\x^e\\t& calomniescouhe


l'Eglise catholique publiées en Fiance.

Quoique cet article soit déjà fort long cependant nous de- ,

vons y ajouter un appendice, ayant pour but de faire connaître


la source officielle de l'article du Journal de Francfort et de ,

réfuter de nouvelles calomnies que le gouvernement russe fait


publier en France contre la religion catholi<jue et contre son
chef.

Il a paru il n'y a que quelques mois


. un opusciilè ayant ,

pour titre Coup d''(ril sur la législation russe, suivi d'un léger aperçu
:

sur C administration de ce pays, par M. J. Tolstoy. M. Tolstoy est


un Russe envoyé par son gomernement non point avec un ,

caractère officiel mais cependant avec la mission prt'cise de


,

correspondre avec le ministre de l'instruction piiblique, et de


lU' SÉRIE. TOME I.— N'S. 1840. -->'--- ^"^'rr-- ^''^'^SiiM-
230 NOUVEAUX nÉTATLS SUR LA l'EUSÉCUTION
le tenir au courai^t de la marche de la littérature et des sciences
en France. 0"^ M. Tolsloy fasse connaître les lois de son
pays qu'il loue même avec exaltation les qualités de son au-
,

guste empereur et le bonheur de vivre sous son empire absolu ,


libre à lui; quoique pourtant il serait convenable, ce semble,
(le ne pas diriger ses attaques contre une forme de gouverne-

ment qui lui permet de publier son livre. Mais M. Tolstoy ne


s'est pas borné à celte tâche. Dans une dernière partie de ce

livre, intitulée Appendice ^ il parle de religion, et prétend faire


l'histoire de la scandaleuse réunion des Grecs catholiques à
l'Eglise nationale. Or ce récit est un lissu de mensonges et

d'injures contre les Catholiques cl contre les souverains Pon-


tifes ; du vollairianisme réchauffé, et qui plus est de
c'est

commande. C'est nous donner une pauvre idée de la portée


d'esprit de la noblesse russe. Le prince Elim Mestcherskï nous
avait accoutumés à plus d'esprit , à plus de tact et à un juge-
ment plus impartial sur les hommes et sur les choses.

Le récit de M. Tolstoy contient 28 pages , et est par consé-


quent ]ilus étendu que la kttre insérée dans le Journal de
Francfort mais ce sont les mêmes faits, les mêmes erreurs , cl
;

souvent dans les mêmes termes en sorte qu'il est démontré


,

qu'il sort de la même source. C'est donc M. Tolstoy qui a en-


voyé de Paris l'article supposé écrit défi frontières russes, ou plutôt
c'est le gouvernement russe qui a fait partir de St.-Pétersbourg
son apologie, abrégée pour le journal allemand, et plus étendue
pour l'ouvrage auquel M. Tolstoy a mis son nom. Parcourons
rapidement celte nouvelle édition des mensonges du Journal de
Francfort.
\' Même erreur de date sur le commencement du schisme.
2° Même affectation de cacher, en parlant du culte paternel des
Russes,que ce culle était à l'origine uni à celui de l'Eglise de Rome.
5« Même suppression de la vérité, lorsqu'en parlant de la
mission du P. Pos5evin,il le représente comme un agent des in-

trigues du pape, tandis que la vérité est qu'il n'alla en Russie


que pour venir au secours du duc Jean Basilowitz, rudement
pressé par les armes du roi de Pologne, Etienne Bathori, et qui,
de son propre mouvement , avait imploré la médiation du
souverain Pontife, Grégoire XIII, on lui faisant entendre quV/
DE L*iàèt.iSÈ CATHOLIQllfe ENRCSSIK. 23i
nattait pas éloigné de ira'Uer (l*une réunion avec CEgltse romaine. Kn
réponse à celte demande, Grégoire XIII envoya le P.Possevin,
qui partit de Rome à la fin de mars i58i , arriva à Filna en
Lithuanie, où se trouvait le roi de Pologne. Celui-ci représenl.1
à l'envoyé du S. Père que le meilleur moyen de seconder les

intentions du Pape étaitde ne point ménagerie duc, et de


l'écraser, parce qu'il ne cherchait qu'à temporiser pour évilci"

sa ruine. Telles n'étaient pas les instructions du nonce; aussi il

continua son voyage , et arriva auprès du duc Jean à Staricie


sur le Volga , où il l'ut reçu avec des honneurs extraordinaires
et comme sauveur de l'empire. Mais, sur ces entrefaites, le
le

duc ayant appris que les Polonais allaient tomber sur Pleskoa,
ville importante, il pressa cet inlrigant de Jésuite, comme dit

M. Tolstoy, de retourner en toute hdle au camp polonais et


d'arrêter la marche de l'armée.
LeP. Possevin, parti àeStaricie le 14 septembre i58i, rejoi-
gnit le roi de Pologne au camp devant Pleskou, où il parvint à
lui faire agréer de traiter de la paix avec les Moscovites. Les
conférences furent ouvertes à Chiveroua-Horca, eutre Zapolscie et

Podorovie, le i3 décembre 1 58 1 , et terminées, le 1 5 janvier 1 58a,


à la satifaction surtout du duc russe ,
qui lui en témoigna
plusieurs fois et publiquement sa reconnaissance , ainsi qu'au
Saint-Siège auquel il envoya deux ambassadeur-s vers le mois
de mai suivant. Il est vrai que le P. jésuite ne fut pas aussi
heureux dans l'espoir qu'il avait fondé sur le retour du duc de
Moscovie au centre de l'unité ; mais, s'il en obtint quelques
avantages cités dans la précédente réfutation, ce n'est pas une
raison pour le traiter d'intrigant. Nous aimons à croire que
M. Tolstoy ne connaissait pas ces détails ni ces services rendus
à la Russie par le Pape, et qu'il n'a jamais lu la Moscovia du P.
Possevin, sans cela il n'aurait pas consenti à mettre sou nom à
ce tissu d'injures et de mensonges '.
v^

vo* Voici le titre entier de l'ouvrage du P. Posseviu : Moseovia sivé dk


rébus Moscoviticis et acla in conventu Itgatorum régis Polonia et magni
ducis Moscoviœ , au. i58i. Vilna, i586, io-S", — 5" éd. acoodunt aiia
opéra de statu hujus saeculi adversns calbolicse ecclesiae ho»tes , nuuc
pricBum iu uoutn Tolumeo collecta et ab ipso autore emeudata et
— 1

2S2 NOUVEAUX BÉTAILS SUR LA PERSÉCUTION


4" 3Jêiue erreur, en sbulenant que par le décret de la réunion
de i5(j4, clergé russe s'engagea sai/ewen/ à reconnaître les sti-
le

pulations du concile de Florence et la suprématie du Pontife


romain , ce qui a été réfuté ci-dessus.
5" Mêmes accusations de violences. Ici nous citerons pour don-
ner un écha ntillon des varia ntes de l'article de Frrt7?f/brf et du livre
de M. Tolstoy. Le journal disait o Ainsi, sans aucune violence :

anci». Colouîœ, lôSy et iSgS, ia-fol. Voici ces pièces nouvelles : Inter-
rogationeset responsiones de processione Spirilùs sancii à Paire cl Filio

»lestimpl«, ac brcviore et dulucidiore oicline dig< slae ex lihro Gennadii

Scholaiii paUiiu-chaeConslantinopoliUni, in graliam et alililalcm Rulhe-


norum; 5o pages.— 2° Episiolœ Gregorii XIII p. m. Stephani I Poloniœ
régis, Joannis Basitii,magtn Moscoviœ ducis et aliorum, quae cilro ullroquo
commearunt, dum Aiit. Posseviims Icgaliooes ad eos obibal; 67 pages.
3° Notœ Divini verbi et apostolicœ ecclcsi^^ fidcs, ac faciès ex quatuor primis
œcumenicissvnoJijexquibusdemonslraulur, 1° FraudesproTocantium ad
5"*
«olacn dei \erbum scriplum. 2° AlLeismi haerelicorum hujus saeculi.

Errores adversanlium ialeiidario emendalo. 4° Vafricies pervertenlium


canoues et abulcalium nomiiie SS. palrum ac principum in re Cdei , ad
Joannem llISueciie rogcm adversus rcsponsnm cujufdam Davidis Chylraei.
/^o Heteclio inposturarum ciijusdam Davidis Clijtrœi, quas in oralione quâ
dam jnseruit , qnam de statu ccciesiaram hoc tempore lu Graecià, Asiâ,
Africâ', Hunpariâ . Boemiâ in.'Ciiplam edidil et per Suecium ac Dauidin

«dversu* orlhodosain fidcm disserainari cnravit. — S' Epistola adSieplia-


»um I Polonice regem, de slalu ecclesiae praescnlis adversus qupmdam liîe-

retiriim (Autlreani Volaiiuni).^6" Kesponsio ad regii viris septentrionalis


{)ie^\s Sacc'iaa) interrogationes, c[u'\ dcsaliilis aelernae comparandaî ralioue
ne d^ verA eccicsiâ cupiebat inslnii. — 7» Judicinm de confessione Augus-
tanà ac uum admittcudi sint baeretici ad colloquium publicuni de fide?
Do t). Erasmo ad quem novi Ariani provocant; de Picaidicà sectâ , 54
pages. — 8° Epistola de nece^sttate , utililale ac rationc docendi calholtci

catecliismi ;ù6S p. — 9° Rationes et exenipla... qnibus addacci debeanius,

ul inter summas quasque difllcullalcs, atque in locis haerelicorum cl

aliorum, qui nolunt ad fîdeni ant probilatcm redire, negolium diviuum


alacriter agere possimus ad glorlam Dei, etc. 384 pages; et de plus , —
Epistola de rébus Suecicis, Livonicis, Moscoviticis, Polonicis, Transylvanicis
ad ser. Eleonorara austriacara , arcliidaci^sam auslriag , ducissae Man-
tuae. 1Ô80.
Ce grand homme mourul le 26 février 16 1 1 à Ferrare , âgé de 78 ani.
l)K l/ÉGLlSK C.4TU()L1QI;e EN HUS^IE. 233
V de la pari du pouvoir séculier, le tems seul amena peu à peu
i)la dissolutinn iVnnpactoqui, sans doute, manquait de solides fonde-
a mens.* —
M. Tolsloy amplifie de celte manière «Ainsi, sans :

» aucune violence de la part du pouvoir séculier , le tems seul


n amena peu à peu la dissolution du parti que C ambition et la
» trahison avaient formé et que la violence avait vainement cherche d
»On voit que îil. Tolstoy n'ajoute aux assertions sans
» consolider.

preuve du Journal de Francfort, que quelques injures de plus.


Il essaie ensuite de faire connaître les persécutions que les Ca-
tholiques ont exercées dans ces derniers lems contre les Grecs
non-unis. Certes, on ne se serait pas attendu à une semblable
accusation; M. Tolstoy avoue même que sous le gouvernement
tolérant de la Russie un semblable lait est inexplicable ; aussi
voici comment s'y prenaient ces abominables persécuteurs
•catholiques; c'est M. Tolstoy qui nous l'apprend.
Quand un propriétaire russe s'était ruiné , et qu'il était
obligé de vendre ses propriétés, vite les nobles Catholiques les
lui achetaient. — Quand de pauvres serfs manifestaient le
désir de rentrer dans l'union catholique, vite ils les alfranchis-
saient eux et leurs familles ; et de plus ils avaient Tinsolense de
bâtir de belles églises propres et commodes pour leurs frères
catholiques, tandis que celles de la religion dominante étaient
sales et sans aucuns meubles décents; c'est par ces persécutions
que les nobles Polonais et les prêtres catholiques avaient étendu
le catholicisme en Lithuanie. Et ici M. Tolstoy fait un aveu
remarquable qui le met en contradiction avec lui-même «On —
» peut avancer, dit- il que depuis j8i5 à 1825, il y eut plus de
,

» Grecs orthodoxes entraînés au Catholicisme, que durant les

» trente à quarante dernières années de la domination polo-

» naise. »

,
L'enlendez-vous ! il y a eu plus de conversions sous le règne
des Russes schismaliques que sous celuides Polonais catholiques!
et cependant on a le courage de venir nous dire que c'est de
leur propre mouvement que tous les évéques . ions les piètres,
toute la population desGrecs-uins sont revenus au culte ruiiionol
de leurs pires. M. Tolstoy ne peut s'cxpliqner cela , car il ajoute :

« Les lois russes sont pourtant fort sévères à cet égard; l'apos-
» tasie et la propagande sont punies ép-alcmcnt. » Et nous le
33Ù NOUVEAUX DÉTAILS SLR LA PERSÉCUTION
croyons saiJs peine, et les malheureux catholiques, déporlés'en
Sibérie, en sont une prevrve; c'est ce qui nous fait dire que s'il

y a eu des conversions catholiques, il faut qu'elles aient été très-


sincères.
Vient ensuite une horrible histoire d'hommf s et de femmes
brûlés par des catholiques; mais outre qu'il s'agit ici de repré-
sailles militaires, nous lui dirons qu'on n'établit pas un fait

arrivé en i658 avec un article de journal publié récemment à


Cracovie, surtout quand il est publié en faveur du gouverne-
ment, dans un lieu où le gouvernement a seul le droit de parler.
11 est plus que probable que la vérité y est traitée comme elle a

été traitée dans le livre de M. Tolstoy.


Nous lisons ensuite l'histoire de la défection du clergé grec-
uni, dont nous allons ici établir les dates qui manquent, et
dans l'allocution du St. -Père, et dans l'article que nous avons
reproduit ci-dessus.

Paie des documpns offîcieis de ia rcuniou violente des Grecs-unis à

WJdd sb lofs» si ipotr *-1:>ijjî;>:l'Eglise russe.

C'est Je 12 février iSSg que les trois évêques grecs-unis, dont


nous discuterons ci-après les noms et les titres, résolurent,
assemblés dans un soi-disant concile à Pototzk, d'adresser
au St. -Synode grec, résidant à St. -Pctersbourg, une très-humble
supplique pour le prier de les recevoir eux, leur clergé et leurs
peuples, c'est-à-dire environ un million et demi de catholiques,
dans le sein de leur église. Voici cette honteuse demande
inouïe dans les fastes de l'histoire de l'Eglise.
Si RE ,

Lorsque les provinces occidentales de l'empire, à une époque delrou-


bles, furent délachées de la Russie par la Llthuanic , et plus tard réunies
à la Pologne peuple orlhodoxe-russe fui soumis à de dures épreu-
. le

ves de la part du gouvernement polonais et de la cour de Rome , dool les


cfforls constans lendaient à les séparer de lEglise orthodose-catholique

orientale , cl à les réunir à l'Eglise occidcniale. Les personnes de haut


rang, persécutées dans leurs droits, embrassèrent la religion catholique
romaine et oublièrent même leur véritable origine et leur nntionaltté. La
bourgeoisie «t les villageois furent empêchés dans leurs relations avec
l'Eglise d'Orient par l'introduction de l'utiion à la fin du i6* siècle;

depuis lors le peuple se sépara de sa mère patrie la Russie; les menées el


DE l'ÉGLISB catholique en RUSSIE. 2S5
les intrigue» coustaates da ia politique et du faaaiismo diiigcaicnl
tous leurs eflorls vers ce seul but , de les rendre étrangers à leur antitfue

patrie, tt les Uniates ont souffeil dans toute la force du terme la pesan-
teur du joug étranger. Lorsque la Russie eut reconquis sts ancienne*
possessions , ia plupart des Uniates retournèrent à la religion de leurs
ancêtres, et le restant trouva proteclioa et assistance contre la domina-
tion du clergé romain.
Sous le règne béni de Votre Majesté, er grâce à sa bienreillanle sollici-
tude , le service divin et le dogme de ce culte ont déjà été en grands
partie rétablis dans l'ancienne pureté de l'Eglise orlhodoie ; les jeunes
gens, appartenant à l'état ecclésiastique , reçoivent une éducation con-
forme à leur destination; ils peuvent déjà s'y qualifierdu nom de Busses,
Mais l'Eglise grecque-unie, dans sa position spéciale , au milieu d'au-
tres cultes, ne saurait jamais atteindre une organisation. parfaite, ni la

Iranqtiilliléindîspensable à sa prospérité, et d'un autre côté les nombreux


habitans des provinces de l'orient , Russes d'origine et par la langue
qu'ils parlent , sont exposés au danger de rester dans une position pré»
Caire , par les vicissitudes des événemens , et d'être en quelque sorte
étrangers k leuFs frères orthodoxes.
Ces considérations, et surtout notre sollicitude pour le salut de notre
troupeau, nous engagent, fermement persuadés que nous sommes de la
sainteté des dogmes de l'Eglise apostolique , orthodoxe, catholique-grec-
que , à nous prosterner aux pieds de Voire Majesté impériale et à vous
supplier humblement , Sire , de consolider le sort et l'avenir des Uniates,
en leur permettant de se réunir à l'Eglise orthodoxe de Russie qui est

celle de leurs ancêtres.


Pour prouver à votre Majesté l'unanimité de nos vœux, nous avons
l'honneur de lui soumettre l'acte que nous avons rédigé-en ce jour , dans
la ville de Polotzk , on les évêques et le clergé supérieur se sont réunis
en concile, à cet effet ; nous y ajoutons les adhésions autographes de
i3o5 personnes qui composent la totalité du clergé grec-uni.

JOSEPH, évcque de Lithuanie.


BASILE , évoque A'Orsza ,
gérant du diocèse de la Russie Blanche.

ANTOINE , évéfjue de Brest , vicaire du diocèse de Lithuanie.

Ce que Ton doit «l'abord remarquer dan? cet acte par leqxiel

les trois évèqnes renient lear foi, c'est qu'il n'est pas dit un seul
mot de celle foi même. Aucune accusation n'est portée contre la
croyance de l'Eglise grecque unie à Rome on ne dit pas même, ;

en quoi celle foi diffère de la foi russe ; on ne parle que de


nationalité. Les t^vèques se plaignent de ce que les Uniç.1^ ^$p\}l
236 NOUVEAUX DÉTAILS SUH LA PERSÉCLTION
séparés de leur inére patrie . tic ce qu'on veut les rendre étrangers
à leur antique patrie ne denaandent qu'à se qualifier du
, et ils

nom (h Russes. Et à ce propos, il esi très-important de remarquer


que dans toutes les publications du gouvernement russe on ,

confond à dessein la dénomination de provinces russiennes (ou


Ralkciitis) avec celle de provinces russes : or, elles ont toujours été
loFt distinctes d'origine et de croyance. Les jtrovinces russien-
nes, aussi bien que la Lithuanie et la Pologne, sont de race slave;

taudis que la race primitive des provinces russes est de race


rnomwle ou tarlare , la race conquérante ; cela est connu de tous
les historiens. Or les provinces russiennes ayant été la plupart du
tems unies à Rome et soumises à la Pologne, on tient par dessus
tout à en détruire le souvenir et le nom. On les confond par
conséquent avec les provinces moscovites et scbismatiques.
Toilà nom la nationalité et la foi,

On remarque encore dans cet acte que les évèrjucs disent


que lesi5o5 signatures composent la totalité du clergé grec-uni ;
el le Journal ofilciel de St.-Pétersbourg du ^f octobre suivant fait
observer que les trois évêques signataires sont les seuls du culte

grec-uni qui exigent en Russie. y a là encore un de ces


Or il

escamotages de la vérité , ou plutôt un de ces mensonges tels


que nous en avons déjà trop vu dans toute cette discussion.

Pour en juger avec quelqv:e certitude, nous allons donner


quelques détails aulhentiqeus sur le nombre et le personnel des
évèchés grecs-unis de la Piussîe.
Il faut savoir que depuis long-tcras le gouvernement russe
s'est donné le pouvoir de changer le nom et la circonscription

des évéchés sans en prévenir la cour de Rojne, de manière que


celle-ci n'a pu reconnaître tous ces nouveaux évêchés. Pour
avoir des détails précis sur toute cette affaire ténébreuse et em-
brouillée à dessein voici d'abord la liste des ivêchés du culte
,

grec-uni reconnus par l'Eglise de Rome. Elle est extraite de


YAlmanach officiel , publié à Rome le 12 juin iSSgr"*.

Liste alphabéliqnc de tous les évêchés grecs-unis reconmis par Rome.

BREST, ou Bresia, ou Brzesc, en Cujavie, siège réifrni à celui


de Vladimir. Voir ce mot.

f Notiiic per l'ann. iSSg.


bE L*ÉeLlSR CATHOLIQUE EN RX}ΫIE. 237
CHELMA ou Chelm, réuni à celui de Belz, dont le titulaire est

Mgr. Philippe-Félicien Szumborfki.


LLCK, en Wel/nnie, réuni à celui de Ostrog. VACANT.
MINSK ou Minsko , en Lithaanie , titulaire Mgr. Joseph Ho-
de l'ordre de saint Basile-le-Grand •-
loxvnia

PINSK, en Lihtuanle, réuni à celui de Turovia. VACANT.


POLOTZ., archevêché , dans la Russie blanche, auquel sont
réunis les sièges à'Orsza, de Miscislaw et de Vitepsk. VACANT.'
VLADI.MIR et Bresta, réunis dans la TVolInnieei la Lithaanie,
Mgr. Josaphat Bulhack de l'ordre de saint Basile-le-Grand, mé-
tropolite de la Russie, mort tout récemment.
Voilà l'organisation des Eglises grecques-unies de la Russie
telle qu'elle est reconnue par le cour de Rome. Examinons
maintenant quels changemens ont été opérés dans ces Eglises
par la volonté du gouvernement russe.
Cbangemeos opérés violemment par le goavcrnement russe dans les

Eglises grecqnes-nnies.

Faisons d'abord connaître en peu de mois quelle est la cons-


titution de ces deux Eglises, la schismatique et l'orthodoxe, en
Russie.
L'Eglise russe schismatique était liée à l'Eglise de Conslanti-
nople par la métropolie de Kief: au i5' siècle , tandis que les
Russiens , dans la personne d''Isidore, métropolitain de Rief,
assistaient, en 14^9 • au concile de Florence et se réunissaient
à l'Eglise romaine, les Russes se détachèrent de Consfantinople
et établirent un archevêché à Moskou.
Au 16' siècle , tandis que les Russiens , dans le concile tenu à
Brest, en iSgS, se constituaient en Grecs-unis . les Russes schis-
matiques érigeaient Moskou en métropolie.
Au métropolie fut supprimée, lorsqu'en 1717
18' siècle, cette
Pierre-le- Grand transféra tout le pouvoir de juridiction de l'E-
glise russe au saint synode établi à Saint-Pétersbourg , et se
déclara lui-même chef suprême de l'Eglise russe au moyen d'une ,

pétition qu'il se fit adresser par tous les évêquesquile suppliaient


de devenir le chef de la religion. C'est à cette même époque de

* Mgr. Holownia est mort depuis plus de dis ans ; la nouvelle n'eu a

pas clé transmise à Rome.


238 NOL'VEAOX DÉTAILS SUR LA PERSÉCUTIOfl

1717 a 1720 que les Grecs-unis , assemblés à Zamosc , complé-


tèrent l'union commencée à Brest, et établirent l'Eglise grecque-
unie telle que nous l'atons vue dans l'Almanach officiel de
l'Eglise romaine.
Dans cette réunion , il fut établi de concert avec l'Eglise
romaine que l'Eglise grecque-unie correspondrait avec Rome,
parle moyen du métropolitain de Halicz, lequel, nommé par

Rome, donnait lui-même l'investiture et la juridiction aux


autres évêques grecs-unis.
Suivons maintenant les actes du gouvernement russe contre
l'église grecque-unie.
Il y avait dans le royaume de Pologne 19 évêchés grecs-

unis avant le partage ; après le partage, et dans la portion que


s'adjugea la Russie, voici les changemens qui eurent lieu.

En1794» Catherine supprima la métropolie de B allez ; de


celle manière elle brisa d'un coup toute l'église grecque-unie,
en supprimant le chef qui correspondait avec l'église de Rome,
qu'il représentait en Russie.
En 1795, par un ukase du 17 septembre, elle supprima
tous les évêchés grecs-unis, à l'exception de celui de Polock et
de celui de Minsk qu'elle transforma en évêché latin ^.

» Nous devons faire observer ici ,


que dans la réponse publiée à Rome ^

ou a voul'i peu insister sur les persécutions du règne de Catherine. Nous


pourrions prouver par les pièces officielles suivantes ,
qu'il y a eu peu
de règnes plus violens envers les catholiques.
1* Les notes adressées à M. Staekelberg , ministre russe à Varsovie , par
Mgr. l'évêque de Pozn Mzodxiejowski, grand chancelier, et M. Boreh,
chancelier de la couronne en 1774» les 18, ai février et 8 ojars.

2° L'ultimatum du séuat de la Pologne, envoyé au gouvernement rosse


le »i février 1775.
30 La leltr»- du pape Pie VI, adressée à rimpéralricc Calhcnnc, le 16

septembre 1780.
4° Les lettres dn même Souverain-Pontife de 1781, 27 octobre et 1785,
11 septembre.
Un relevé officiel prouve que 0,160,000 Grccs-uuis furent violemment
forcés de se faire schismatiques.
Le seul éloge que Ton puisse donner à Catherine , c'est d'avoir toléré
c'est
les jésuites en Lithuanie ; ils y dirigeaient i,64o,ooo catholiques ;
DE l'Église catholique En Russie. 259
Eu 1797» de» instances furent faites auprès de l'empereur
Paul pour le rétablissement des évècbés; mais elles furent
infructueuses. Il fut défendu aux évêques existans d'habiter
dans leurs diocèses; ils durent tous, ou se rendre à Rome;, o»
habiter St.-Pétersbourg.
En 1798, sur la demande du cardinal Litta, Paul autorisa
ie rétablissement des évéchés de Brest et de Luck.
En 1 807 Alexandre , pressé par les évêques et par la noblesse
,

grecque-unie , consentit à rétablir le titre de la Métropolie de


Halicz, mais par un simple ukase , sans l'intervention de
Rome et comme un évéché in partibus sans que le
, , titulaire

fixt attaché à aucun évêché existant. Ce qui fait qu'il nomma


métropolite tantôt l'évêque dePolock , tantôt celui de Luck^ sans
que Rome fût consultée ou les approuvât.
Enfin en 1817, MonseigneurjBa/AflA;, élève de la Propagande de
Rome, fut nommé métropolitain de toute l'Eglise grecque-unie en
Russie, et obtint, le 20 octobre 1818, sa bulle d'institution qui
lui conservait le titre en l'attachant à
de métropolitain d'jFfa/tVr,

l'évêché de Brest. Dans le royaume de Pologne, constitué en


181 5, on conserva le seul évéché grec-uni de Chelm.
Monseigneur Bulhak fut revêtu des droits de délégué aposto-
lique avec les pouvoirs extraordinaires nécessaires pour réparer
tout ce qui s'était fait d'illégal pendant l'absence d'un
métropolitain confirmé par l'Eglise romaine. C'est lui qui
donna l'institution canonique à tous les évêques dont nous
allons parler, et rétablit l'union entre les Grecs -unis et
Rome, à laquelle il est resté fidèle jusqu'à son dernier soupir.
L'Eglise grecque-unie jouit alors de quelque repos qui ne fut
pas de longue durée.
En 1825, Nicolas monte sur le trône de Russie , et dès 1828,
par un simple ukase, supprime l'évêché de Luck.
il

En i83a, nouvel ukase qui décide que les seuls évéchés


restans , ceux de Brest et de Polock porteront le nom de ,

Dioclse de la Lithuanie et Diocèse de la Russie Blanche , et que ce


seront les seuls reconnus en Russie. Ce qui fut fait sans aucune

relie population , restée fidèle, (|ae l'empereur Nicola.» ïient d'incor-


poicr à son Eglise.

2^0 NOUVEALX DÉTAILS SIR LA rEUSÉClTION


intervenlion ou approbalion de l'Eglise romaine. C'est à cetle
époque que fut supprimé l'ordre entier des Basiliens coaime
nous l'avons vu dans notre n° i (ci-dessus, page 69), et de
plus un grand nombre de couvens du rit latia'. En outre
on s'attacha à suivre ce système de persécution sourde et
incessante signalé déjà et que l'on verra plus développé dans
la pièce officielle suivante.

Estiail de l'exposé Ju miuistie de l'iDlcrieui' à l'Empereur pour l'an-


née i836 ( daté tlu 5o avril i857 , et se trouvant dans le journal officiel
du ministèrn de l'intérieur ,
page 55 , n» 7 ,
juillet 1857 ).

Sire ,

Un chnngenienlimpovlant a en lieu dernièrement, suivant uofj'e su/'r^me


volonté, dans une des sections apparlenant à la direction des affaires ec-
clésiasliqui s des confessions étrangères. Après avoir soumis à la direction
de la commission des écoles ecclésiastiques orthodoxes , les instituts d'é-

ducation de la jeunesse ecclésiastique grecque-unie, et, après avoir pris en


considération le lien étroit qui existe entre les affaires de ce genre et les

jiff^ires de Ja juridiction éparcliiale elle-même , il a pîu à votre majesté


d'ordonner qne toutes les affaires ecclésiastiques de la confession grecque-
unie fussent aussi sous la direction du général-procureur du très-saint
tynode, pour qu'il en résulte une plus grande facilité dans les rapports
et une unité de direction dans les affaires sus-nommées,
Les suites de cetle suprême disposition de V. M. I. seront utiles, on
ne peut en douter, aussi bien pour l'éducation de la jeancsse ecclésias-

» Voici la liste de ces couvens supprimés en 1802 dans la seule métro-


polie de Mohilew, avec cens qui restent,

Augustins, 5 supprimés, a restent. —Bénédictins, a supprimes, 5 res-

tent. — Bernardins, 20 supprimés. 22 restent. — Capucins, 7 supprimés, 5


restent. — Carmes, de l'ancienne ob-ervance, 25 supprimés, 7 restent.
Carmes Deschaux, 7 supprioiés , 5 resicnl. — Cbanoines réguliers, i5 sup-

Supprimés en
]irimés, 5 restent. iSô/j. — Chanoines réguliers de S. Jean-
Je-Lalran, 1 supprimé, /+ restent.— Cisterciens , 1 supprimé, 1 reste. —
Dominicains. 55 supprimés. 29 restent. -Franciscains 3i supprimés, ,

10 restent. —
Franciscains réformés, 2 supprimes , » reste. Laïa- —
ristes ,4 supprimés, .S restent.— Marianistes, supprimé, 1 reste.— Pia- 1

notes, 4 supprimés, 6 restent.— Trinitaircs . 12 supprimes, 5 restent.



ToMs les biens de ces couvens furent confisqués , et de plus postérieure-

ment cens des Camaldulcs, ainsi que le collège de Polock qui lut con-
/isfpjé auv jésuites. — ToUl 221 suppriujés.

DK l'kclise catholiouk en nisRiF.. 2/4I

tique grccque-unio , el par conséquent à la formation du clergé même


(Je celle confessiao, que pour la promple et durable restauration dstnn

toule leur pureté ancienne des rils et des constilulious de l'Eglise greo(jne-
unie qu'elle avait coulorraes aux rils cl aux cousiitulions de 1 Eglise
orientale.
Du reste il y a long-lems qnc le collège ecclésiastique grec-uni a
en vue cette restauration des rils antiques de son Eglise. Les propositions
qu'ila faites à ce sujet, et quionlmériîé la suprême approbation de Votre
Majesté, au mois de février i854, ontélé mises eu exécoliou des ce lems
avec un effort constant , autant que le permettaient l'exiguité des res-
sources pécuniaires el le manque d'ecclésiaslif|U(s ca|>ables.
Malgré ces difficultés ou a, dans l'espace de trois ans (i834-i837),
établi de nouveau les iconostase? dans 3 17 églises de l'éparchie lilliua-
nienne. Le plus grand nombre d'églises grecques-unies des Tilles et des
villages , a été pourvu d»s livres liturgiques iînprimés à Maskoit . ainsi
que des ciboires et des chappes et d'autres ornemens sacrés.
Parmi les nouveautés étrangères à la liturgie de l'Eglise orientale, il
y
coutume reçue par les Grecs-unis de sonner pendant la messe
avait la ,

avec une sonnette; cette coutume indispensable peut-être, pour an- ,

noncer les parties plus importantes de la liturgie dans les églises ro-
maines, où ou célèbre la liturgie dans la langue latine, incompréhensible
pour le peuple , a élé aussi importune qu'inutile , là où on célèbre la li-

turgie en langue slave ;


par conséquent celte coutume a été changée
dans toutes les églises grecques unies.
De la même manière, par imitation des Latins, il y avait dans beaucoup
d'églises grecques-unies des autels latéraux extérieurs ' cl des orgues.
Maintenant que les Iconostases sont rétablis , ces autels extérieurs vont
être détruits suivant i intimation des autorités éj)archiales, à rexcepliou
toutefois de ceux d'enlr'eux qui se trouvent liés avec le syslème d'archi-
tecture de l'église , ou bien qui par leur belle exécution peuveut lui ser-
vir d'ornement; mais l'office divin suivant les règles de l'Eglise orientale
ne sera jamais célébré sur ces échafaudages qui se trouvent en dehors
de l'autel.

Quant aux orgues, puisqu'on a établi à Po/ocA et à Zfrowice des écoles


où on fait apprendre les cérémonies de 1 église , aussi bien que le
chant, et qu en dehors des élèves enire'enas aux frais du gouvernement,

* Dans l'Eglise orientale, le prêtre disant la messe est toujours tourné


vers le peuple , de sorte que l'autel se trouve entre le peuple el lui, et on
pourrait dire cet autel intérieur , par opposition au mot extérieur em-
ployé ici pour désigner les autels latéra>i\ qni, étant attachés aux murs ,
se trouvent toujours en dehors du peuple el Ju prêtre.
*
242 NOUVEAUX DÉTAILS SUR LA PERSÉCWTIOX
oa y reçoit encore des élèves pour le compte des paroisses qui out plus

de ressources par ce motif on a, dans le courant de l'année passée, jugé


,

opportun de mettre la main à [a décisive destruction des orgues qui pou-


vaient encore rester dans quelques églises grecques-unies.
Suivant la décision du collège grec-uni on a distribué aux églises de
1 eoarchie lithuanienne les livres du baptême avec des tilres et des ins-
criptions en langue russe , et on voit d'après les rapports qu'on a reçu«
Tannée passée , qu'à présent tous les extraits du baptême dans celte
éparchie généralement se font en russe.
Examen des titres des évêques apostats.
Maintenant que nous connaissons l'état réel de l'Eglise
grecque-unie telle qu'elle a été faite par l'empereur et telle
,

qu'elle est reconnue par Rome, nous pouvons juger en con-


naissance de cause et les évêques signataires de l'adresse et l'as-
sertion officielle qu'ils forment ViumnimlU des évêques grecs-unis
existant en Russie.
Celui dont le nom est en tête est Joseph Siemaszko ; il résidait
hSt.-Pétersbourg où il était président du collège grec-uni romain^
sous du procureur-général du saint synode schismatique.
la direction

Le prend est seulement de la


titre d'évêque de Lit/iuanie qu'il ,

création de l'empereur. C'est l'instrument le plus soumis de l'em-


pereur et l'agent le plus actif de toute cette ténébreuse affaire.
Le deuxième est Basile Luzynski. Le titre dCèvëque d'Orsia est un
titre m partihus , et celui de gérant du diocèse de la Russie Blanche
est de la création de l'empereur; il demeure non à Orsza, mais
à Polock.
Le troisième est Antoine Zubko. Le titre à^évêque de Brest et.

celui de vicaire du diocèse de la Liihuanie sont de la création d^


l'empereur. Il était seulement coadjuteur de iSresf , sous Mgr.
Bulhak, titre qui équivaut à-peu-près à celui de grand vicaire ;

il habite à Brest.
Tels sont les évêques qui ont demandé lâchement la réunion
et sont désignés officiellement comme formant la totalité des

évêques unis de la Russie. On voit déjà que pas un de ces évêques


n'est réellement membre du clergé grec-uni reconnu par le
pape. Mais le mensonge est encore plus flagrant quand on
saura qu'il existait trois autres évêques du clergé grec-uni et dont
on ne fait aucune mention. Ce sont :

1° Mgr. Zarski, évêque in partihus, membre du collège grec-

I
DE l'église catholique EN r.L'SSlE. 243
upi de St.-Pélersbourg, mort il y a à-peu -près un mois à By-
ionie , près de Brest en protestant de sa fidélité à l'Eglise ro-
,

maine, et ayant refusé de souscrire à la demande de réunion.


2" Mgr. Joszy/" attaché aussi au collège ecclésiastique romain

de St.-Pétersbourg, vivant encore et ayant refusé de souscrire.


5° Mgr. Szumborski , évêque de Clielm depuis i8i8, vivant
encore et resté fidèle.

Ainsi on commence à voir clairement dans celte œuvre de


ténèbres; on comprend que le gouvernement russe a fait pour
les évêques ce qu'il avait déjà fait pour les religieux de l'ordre
de Saint-Basile. Pour ceux-ci , il a défendu d'abord de recevoir
des novices sans sa permission. Pendant long-tems il n'a ac-
cordé aucune permission puis il a supprimé tous les couvens
;

de l'ordre par la raison qu'il n'y avait pas assez de sujets. Pour
les évêques , il a fait quelque chose de pire. Long-tems il a
empêché de remplir les sièges vacans; puis, fatigué d'attendre
que les anciens titulaires mourussent, d'un trait de plume il a
confondu tous les évêchés existans dans deux de sa façon il y a ;

nommé deux de ses créatures ; pour faire nombre , il a donné


à l'un un coadjuteur ; puis il levir fait signer une demande de
réunion, et il leur fait dire dans cette pièce etil dit dansle journal
ofiîciel qu'ils forment la totalité des évêques réunis de la Russie. On

se demande comment un gouvernement peut se respecter assez


peu pour user de semblables moyens aux yeux de l'Europe
civilisée et du monde chrétien ?

Suivons encore un moment l'ouvrage de M. Tolstoy. Nou3 y


trouvons la décision du saint synode acceptant la réunion ; elle
est datée du 25 mars 1809, en 7 articles.
Le premier déclare que les évêques, le clergé et les popula-
tions de l'Eglise grecque-unie feront partie de l'Eglise russe.
Le deuxième accorde à ces évêques et à ce clergé la bénédic-
tion apostolique du saint synode.
Le troisième prescrit au clergé uni, d'user d'indulgence à l'é-
gard des usages locaux, qui n'affectent ni la pureté du dogme, ni
les saints mystères on recommande la douceur envers les nou-
;

veaux réunis; ce qui fait penser qu'on laissera les populations


croire ce qu'elles croyaient, et pratiquer ce qu'elles pratiquaient,
tout en les déclarant unies à l'Eglise russe ; d'autant pJus que le
2!x!x NOUVEAUX DÉTAILS SUR l'ÉCLISE E\ RUSSIE.
quatrième confirme les prêtres et administrateurs dans leurs em-
plois actuels. On a dû voir d'ailleurs que tout le système russe
repose sur la nouvelle instruction, toute schismatique, fju'il fait

donner à l'enfance , et dont il s'assure ainsi l'avenir.


Le cinquième dit que les nouveaux diocèses seront adminis-
trés par un collège qui portera le nom de collège ecclésiastique de
Russie Blanche et de Lithuanie.
Enfin le sixième donne à l'évêque Siemaszko le prix de sa trahi-
son, en le nommanl Président de ce collège^ avec le titre d'archevê'
que.
Cet acte d'iniquité et de ténèbres fut consommé, le 25 mars,
par l'empereur qui daigna écrire de sa propre main , sur le
rapport du saint synode, je rends grâces à Dieu et je confirme. M.
Tolstoy a mitigé cette expression qui dénote l'autocrate et le

chef suprême de l'Eglise , et il a mis le mot plus modeste de


Y accepte.
Tel est l'ensemble des faits historiques par lesquels le gouver-
nement russe a consommé la ruine de l'Eglise grecque-unie ca-
tholique en Russie. Cette Eglise n'est plus représentée que par
2,000,000 de fidèles qui existent sous la direction de trois évo-
ques en Gallicie dans l'empire Germanique, et par 120,000 en-
viron quiexsitent dans l'évêchédeC/ie/m en Pologne. Espérons
que Dieu viendra au secours de toutes ces Eglises espérons ;

yeux à tous ces Chrétiens, et que tous ces frères


qu'il ouvrira les
épars sentiront, comme on le voit déjà en Angleterre, qu'il n'y
a pas de dégradation plus grande que celle de soumettre sa con -
science à un homme sans autorité divine et sa vie dans le siècle ,

futur à un de ses caprices.


A.B.

AVIS A NOS ABONNÉS.


Quelques-uns de nos abonnés nous ont écrit pour nous demander la Table gé-
nérale des Annales qui doit être mise à la fia du 19* tome , croyant que nous les

avions oubliés dans notre envoi. Nous les avorlissons que cette table n'est pas
encore achevée ; mais ou la compose en ce moment, et elle sera envoyée à nos
abonnés avec le Numéro d'avril, qui paraîtra avant la fin du mois.
. —

-215

DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.
'A\

<lva^ition^ primiliiifô.

ESSAI

COSMOGOME ÉGYPTIENNE,
dir EXPLIC.ITION DE CE QUE i\OUS RlCOKTETVT MAnÉTHON
^^
ET LE SYXCELLE DU RÈG-\E DES DJEUX CHEZ LES ANCIENS
EGYPTIENS.

ic ... . < •
. .
'

La chronologie fin Syncelle, mais non celle de Manéthoo, peut saccor-


.1 àer avec Ja Bible. — Menés est probablement ]\oé. — Le déluge.
^,Lcs demi-dieux sont les premiers hommes. Les dieux sont la réali- —
sation delà puissance divine. —
Vérités cachées sous ces récits..
Composition physique de l'univers. —
Explication du règne de Phtha,
du Soleil, du Tems, du Bon Principe, d'Osiris et d'Isis. — Rapport
'avec le récit de la Genèse. — Adam et Eve, Osiris et — Accord
Isis.

^^'ct différence de la chronologie égyptienne avec celle de Moïse. — Ex*-

plication du mot jour. — Comment les Egyptiens ont-ils connu les


choses arrivées avant la création de l'homme?

"r Jetons mainteuaut un autre regard sur les deux chroniques,


ensuivant un ordre rétrograde. jNous verrons, si je ne me trom-
pe, se corroborer les explications précédenmient développées.

*
Voir le premier article au n'^ a ci-dessus, p. 107.
lll<= StKlt. I.0ME !. — IS" 4. 1840. 16
tm JiSSAl

Coininençant par la dernière dynastie et remontant au com-


mencement de la XVP, M<inétkon et la Fieille Chronique nous con-
duisent à peu près jusqu'au tems d^ Abraham. Remontant aux
XV premières de Manéihon cet écrivain compte plus de 300 ,

rois qui auraient régné l'espace de 3,000 ans el plus. Mais la F'ieille

Chronique parle seulement -de XV générations et de 443 ans.


Ces générations furent entre Abraham et le déluge. Les nombres
que nous avons de Manéthon excèdent tout ce qui peut s'ac-
lires

corder avec l'époque de l'histoire mosaïque fixée à la dispersion


des nations et aussi au déluge. Mais rien ne nous empêche de
nous attacher à la Vieille Chronique . Au reste, les quinze dynas-
ties de Manéthon se réduisent à une mesure raisonnable, en les
supposant non pas toutes successives, mais conteroporaines les

unes des autres, comme le pensaient généralement les érudits

ayant à leur tête Eusèbe ', avant les nouvelles recherches sur
l'Egypte, et comme le pensent encore aujourd'hui plusieurs sa-
vans ; en supposant que l'Egypte, comme toutes les contrées delà

terre fut divisée dans l'origine en petites étals et


gouvernée par des
voisque n'étaient guère plus puissans (jue le roi Evandre ou le roi
Latinus, que Tatius ou Romulus. Si l'on n'adopte pas cette opi-
nion, il est impossible de concilier Manéthon avec l'Ecriture, et
même avec Eratosthène ».

Quoi qu'il en soit, à la tètedes dynasties humaines de Manéthon,


nous trouvons Menès^ par lequel commence la série des rois
d'Hérodote (à qui les prêtres de différentes villes dirent d'un com-
mun accord que ce prince fut le premier homme qui régna en
Egyptt'\ d'Eratosthène qui l'appelle Mines Thébhiniie, et de

Diodore qui lui donne le nom de Menas. Ce Meuts, si l'on en

'
Reputandum sedulô est jilures fortassè vEgyptiorum reges unâ
eàdenique aetate exlitissc •
naraqne et Thynitas regnavisse aiunt et Mem-
phitas et Saitas et iUthiopes, eodemque tempbre alios, etc. Chron. 1. 1, c.

it\,%'5.'Voiv Script. Vet. Collect. ah Ang. Maio édita. Roniae i833,t. vui,

* Desdonits, ki Soirées de Montlhéry, notunmient la 7*" soirée, j>t»258

rt snivanlc^.
SDK LA COSMOGOME ÉGYPTIENNE. 247

croit Guerin du Rocher '


d l'archevêque de Bovet 2, n'est autre

que Noé.
Je n'îtlopte certainement pas, quant à ce qui regarde l'histoire
d'Egypte, le système de ces honorables et savans écrivains; mais
sans l'adopter, on peut croire que quelques-unes de leurs opi-
nions sont justement fondées : et telle me parait précisément
celle-ci. Je vois en effet qu'elle est aussi adoptée par D. Gelestiu
Cavedoni^. El, de vrai, puisque tant de p€U()les s'attribuent sous
des noms différens, ce conservateur de l'espèce humaine, pour-
quoi lesEgyptiens n'auraient-ils pas puenfaireautant? Aprèsavoir
transformé tn leur roi \e feu primitif, le soleil, le premier homme ^

etc. , se seraient- ils arrêtés en sibeau chemin, auraient-ils refusé


la. covLvoane au second père de la race humaine, et laissé une lacune
dans la suite <ie leurs rois? Je passe sous silence les raisons alléguées
par me borne à remarquer qu'à
les écrivains cités plus haut, et je

Noé précisément non à d'autres, si je ne me trompe, con-


et
vient le rang qu'occupe Menés dans Manéthon. Dans les dynas-
ties manélhonieunes, il apparaît à la >ète des princes humains au

point qui marque la séparation entre les règnes humains, la so-

ciété actuelle et ces habitans antérieurs de notre giobe assez diffé-


rens de leurs successeurs, et qui, soit pour la force et la gran-
deur de leurs membres ou pour la longue durée de leur vie, soit
pour toute autre cause furent appelés dieux oa héros.
Du reste, je ne soutiens pas que cette opinion soit une vérité
démontrée, et je respede le sentiment de ceux qui croient que
Menèssiélé réellement le premier roi ou chef des Egyptiens. Il
fut roi de Thèhes selon Eratoslhène chef de la dyiiastie des ,

Tiniles suivant Manéthon, et conduisit l'armée au-delà des


fix>ntières du royaume. D'après le récit que firent les prêtres à

, Héi odote, il bâtit Memphis et renferiiia le Nil dans des digues :


comme si, dit Cuvier, de tels travaux étaient possibles au premier
roi d'un pays. Le nom de Menés qui se lit, assure t-ou, dausquel-

^ Histoire véritable des tems J'abuleux, 1776, t. i, p. "216.


* Dynasties égyptiennes, p. 261.
^ Sul vantaggio che dal riscontro de' rnonumenti Egiziani Voir
Ment, di relig., di morale et di letteratura, Modena, i832, p. 374.
2i8 1.SS.U

que iiiàcrlpiiou liiihoglyphiqac' ne décide point la question,


puisqu'on avoue que le monument n'est pas contempoiaiii '.

Quoi qu'il eu soit de l'identité de JMoé et de Menés, q\\el événe-


ment est placé sur les limites qui partagent le règne de ce dernier
et des autres hommes de celui des demi-dieux ? pour quelle
cause les demi-dieux furent-ils changés en mortels ordinaires,
ou pourquoi du moins ne régnèrent-ils plus sur la terre, mais
seulement des P/ro/nt engendrés par des Piromi (c'est-à-dire des

hommes engendrés par des hommes), ainsi que l'apprirent à


Hérodote les prêtres égyptiens ? En cherchant à découvrir un tel

événement et une telle cause, rien ne se présente à mon esprit,


hors le déluge dont le souvenir resta vivant chez tous les peuples.
Enefîet, la destruction et le renouvellement des terres habitables,
divisent en quelque sorte l'espèce humaine et son histoire, et por-
tent à regarder les antédiluviens qui, pour la plupart, ne laissèrent
pas de progéniture, comme des êtres tout-à-fait distincts de ceux
du monde actuel ; d'autant plus que le déluge universel, par l'al-
tération de l'atmosphère et de la terre, put causer de notables
changemens dans la durée de la vie et l'organisation du corps
deshommes qui, pour cette raison pouvaient être considérés
comme une race différente par leurs successeurs. Le déluge est
mentionné parManéthon, que nous l'avons déjà vu main-
ainsi :

tenant, si nous ne plaçons pas cet événement entre les dynasties


des demi-dieux et les dynasties humaines^ je ne sais pas où letixer?
puisque le unes comme les autres se succèdent sans interrupion,
et qu'un tel événement n'aurait pas été omis par leurs histo-
riens .
A la tête des demi-dieux, nous trouvons Uonis le premier,
dans Manéthon, qui une mère, et avant lui Osiris, le premier
ait

dieu ou génie qui ait une femme, et dont on raconte assez de


choses fort humaines. UOsirls et VHoriis de cette chronique, que
peuvent-ils être sinon le premier homme et son fils ? Il n'est pas

'
Ilosclliui, Hlonum. delL Kt-ilto, clc. t. i.

* KusèJMJ pense que les lems où les Égyptiens plaçaient les dioitx et
It.^ .ienii-ditux soûl les Icnis autédiluvieiis. Chron. 1. i,c. xx, '^,. i, -u.
SUR I.A COSMOGONIE ÉGYPTir.îtNK. 240

nécessaire de répéter ce qu'est Isis, femme iVOsiris et mère


d^Iforiis.

Les dieux antérieurs à Osiris, Chronos ou Saturne, le Soleil et


les autres n'ont plus rien de l'humanité. Serait-cej une illusion
de l'esprit ou im caprice de l'imagination, que de penser que ces
Dieux antérieurs aux hommes, ne peuvent être autre chose que les
êtres et les événemens qui précédèrent la création de l'homme ;
ou les diverses manifestations de la puissance divine considé-
rées comme des divinités et en recevant le nom? La plus ancienne
de toutes, Phtha ou Fulcain, plus ancien que le Soleil, sera-t-il un
roi d'Egypte, sera-t-il un dieu à la grecque, qui, comme nous, a
des yeux et besoin du soleil, et non pas plutôt une lumière ou un
feu primordial? Le soleil, je le dirais presque, n'est pas plus clair
que cette vérité.
La cosmogonie des anciens Egyptiens expliquée telle qu'elle

me paraît ressortir de la f'ieille Chronique et de Manéthnn; reste


maintenant à voir si ces idées ont quelques rapports avec les doc-

trines pliilosopliiques les plus vraisemblables et avec ce qu'en-


seigne l'Ecriture, ou si elles renferment quelques germes de
vérités. En effet, ce serait une triste chose que de rechercher des
erreurs qui ne cacheraient que des erreurs, et d'expliquer la
théogonie mythologique par la mythologie physique. En
outre, ces recherches pourront peut-être confirmer ce qui vient
d'être exposé. Qu'on n'attende cependant pas ici deux disserta-
lions complètes, l'une géologique et l'autre biblique ; car je me
bornerai pour le présenta quelques indications.
Toutes les observations comme toutes les traditions appren-
nent que notre globe n'a pas toujours été ce qu'il est maintenant;
il n'eut pas, dès l'origine cet ordre et cette perfection qu'il pré-
sente maintenant, et il est parvenu à cet état progressivement eu
passsant du plus simple au plus composé. La supposition la plus
raisonnable sera de penser que Dieu ayant créé la matière, les
atomes des substances simjdes se trouvèrent disséminés dans une
])artie de l'espace, indépendans les uns des autres, et obéissant à
ce qu'on appelle les lois physiques et chimiques, c'est-à-dire aux
lois que leur imposa le Créateur, en leur donn;\nt l'être. Il était
250 KSSAI

facileau Tout-Puissant de pi-oduire un monde adulte; mais


dans sa sagesse il aima mieux créer la matière en lui imposant en
même lems ses lois au uioyeu de ces lois, ou par ses volontés
:

uniformes ei permanentes, faisant tout ce qui devait avoir des


•conséquences qui devaient se renouveler ; et par ses commaude-
meiis exiraorduiaires, faisant ces œuvres prodigieuses qui ne de-
vaient pas se renouveler. Celui qui admet les lois sans le législa-
teur ofieose le bon sens ; car il reconnaît des efFeis sans cause, et
pour tantqu'il étudie les phénoaièncs et les calculs, ne donne rai-
son de rien. Au contraire, si je vois juste, celui-lànousdouueune
plus haute idée de la sagesse toute puissante, qui montre comment
elle sut produire les premiers phéno.uènes de la nature inorga-
nique, par ces seuls mêmes aeies de volonté par lesquels elle
y
produit encore les phénomènes dont nous souunes témoins, et
pour lesquels elle n'eu pas besoin de lois ou d'ordres provisoires.
Quels seront les premiers effets de ces lois divines dans celte
immense multitude d'atomes? quel sera le phénomène qui appa-
raîtra le premier aux regards d'un observateur? quelle sera la

première manifestation des lois du Créateur sur la terre naissante?


Les atomes, d'après les lois de la ;^;ravitation universelle, tendent
vers le centre commun de gravité, et tandis que les atomes hété-
rogènes se trouvent en contact dans ce voyage, d'après les lois de

l'afiinité chimique, quelques-uns se combinent, ceux du moins


r qui n'ont pas besoin d'une température plus élevée que la tem-
pérature ordinaire, le chlore par exemple, avec plusieurs métaux.
Ces combinaisons élèvent la température et produisent la lu-
mière. Cette chaleur lumineuse occasionne de nouvelles corabi-
naisrns, et celles-ci un accroissement de température et de
lumière. Parmi les nouvelles combinaisons sera celle qui forme
Yeau, et quelle lumière et quelle chaleur n'excitera pas la produc-
tion d'une immense quantité de vapeur aqueuse I De là, la for-
mation d'autres composés, terres, autres oxydes, acides et sels,
et par suite une nouvelle augmentation de chaleur lumineuse '.

'
.lablonski pease avec Lacroze que Phtha signifie constituens,ordinans
omnia { Panth. Mgypt. t. i, p. 5o ). Champollion dit avoir lu dans des
SUR lA COSMOfiONIK KG^PTIKVNK. ^âl

Que verrrv donc l'observateur suppose, si ce iiVvt une honicrc


vive, éblouissante, d'une immense étendue? Telle sera la pre-
mière manifestation de l'œuvre de l'artisan éternel, sur la terre
créée par lui. Le globe naissant est environné d'une auréole très
lumineuse; il esl luuiint^ux lui-même à causedescoiubinaisonsqui
se font à sa surface, et des particules enflammées qui s'y précipi-

tent;, et de la chaleur communiquéi* par les substances envi-


ronnantes.
Voilà Phlha ou Héphaisios qui rép,na avant tout autre, et

brillant d'un éclat iiou interrompu , rendit les ténèbres impos-


sibles, les ténèbres ou la succession alternative du jour et de la
nuit, et par là la mesure du tems. T.e Soleil, en le supposant
déjà parvenu à son état actuel, ne pouvait pas darder ses rayons
jusqu'à la superficie de la terre (ou autrement la lumière écla-
tante de celle-ci les aurait rendus imperceptibles) à cause de l'im-
mense quantité de molécules hétérogènes, qui formaient comme
une vaste et dense atmosphère fort différente de l'atmosphère
actuelle. De plus, l'énorme chaleur de la superficie de la terre ne
permettant pas à l'eau de rester à l'état liquide, devait la réduire
en vapeur élastique ; cette vapeur s'élevait dans les régions les

plus hautes, et en s'élevant se refroidissait; et parce qu'elle se


dilatait, et parce qu'elle trouvait une région moins chaude; et fina-

lement parce qu'elle passait à l'état de vapeur visible, ou comme


nous avons coutume de dire, vésiculaire, elle environnait et re-
vêtait la terre d'un vaste manteau nébuleux qui suffisait seul
pour lui dérober la face du soleil, et, à plus forte raison, des
autres astres.
Cependant la surface de la terre allait se refroidissant et per-
dant son embrasement ; le règne lumineux à.^Hèphaislos cessa :

le refroidissement continua, et sa température arrivée au degré


de recevoir l'eau à l'état liquide, celle-ci, en se précipitant, dut
couvrir la face du globe d'une nappe aqueuse. Cet océan primi-

textes hiéroglyphiques le titre Phtha stabiliteui M'en rapportant sur


: .

cela à de plus habiles, je fais observer que le feu jyy'xmxiM établit et com-
pose ( suivant le système que j'expose) les principales matières du globe
terraqné. l'eau, les terres, etc.
252 Fssvt

tif tirait son origine des combinaisons produites par le moyen du


feu primordial ; il re'sulte de là que si les Egyptiens , comme le
ditPlutarque , croyaient la mer engendrée par le feu, ils n'avan-
çaient pas une chose qui doive nous paraître du tout absurde à
nous, qui voyons dans nos expériences,

L'onda dar ilamma e la fiamma dar onda '.

Cet océan ayant été pendant quelque tems universel et sans


rivages ( à cause de la température un peu élevée du sol placé au-

dessous ;, on peut croire qu'il exhala des vapeurs en grande


quantité, et pour cette raison l'atmosphère en étant pourvue
assez abondamment, fut couverte sans interruption, dans les ré-

gions supérieures, d'une voûte nébuleuse. Mais par la suite,


l'atmosphère et la terre s'approchant toujours de plus en plus de
l'état actuel, cette voûte de nuages, au moment préordonné par
le Créateur, se déchira, s'ouvrit et laissa arriver sur la terre les

rayons solaires. Voilà le commencement du règne du Soleil (.[vH^

dans le st^le figuré de l'orient, peut se dire fils à'I/éphaislos ou du


feu, parce qu'il lui succéda, autant qu'il peut être fils posthume,

c'est-à-dire né après la mort du père, qu'il peut y avoir eu entre


les deux règnes quelque interrègne, pendant lequel l'atmosphère
peut s'être purifiée et approchée de l'état actuel, et quelques
terres avoir apjiaru au-dessus des eaux, et avoir produit par
l'ordre de Dieu les premières plantes.
L'apparition du soleil est accompagnée de celle de la lune, des
planètes et des étoiles. Alors on a les moyens de mesurer le

Tems, les jours, les années, les mois. Ainsi la terre, régie par sou
Modérateur tout puissant, s'approche de l'état actuel, et se dis-
pose à recevoir l'honnne il semble queV Jgathodé m oji, le Bon
;

Principe, commence alors à régner visiblement, La mer et la terre,


comme nous l'apprennent les observations des géologues, sont
remplies par le Créateur, des animaux de différentes espèces du
troisième et plus parfait règne de la natiwe, avant la création
dé l'homme. Yoilà, pour les Égyptiens, matière à imaginer les

* f/onrle (loiinrr l;i fl^uiimo ci la flnmmr donner l'onde. Musrhi'inui.


>i;a I.A COSMOGONIE tGlPTIttNNf, 253

dieux Chronos{\e Tems}, yfgaiftodémon (le bon Génie) et tout au-


tant d'autres qu'il leur plut.
Enfin Dieu donna i'èlre aux créatures faites à son image, au
premier homme et à \a première femme ; mais ce sont encore là des
êtres extraordinaires, puisqu'ils ne naquirent pas, à proprement
parler, etque leur formation fut une de ces œuvres du Tout-
Puissant, pour lesquelles jamais la nature ne chauffa le fer ni ne
battit Fenclume '.

Voilà Osiris et his ; Horus leur fils naît à la manière humaine;

et voilà que cessent les Dieux des chronologistes égyptiens et les


événemens extraordinaires des premiers tems de notre globe.
C'est assez parlé de ce qui touche à la philosophie naturelle ;

passons à la Genèse. Plusieurs traits de conformité entre l'his-


toire primitive de Moïse et les traditious égyptiennes rapportées
par nous, sont si manifestes que je pense que quiconque m'a suivi
jusqu'ici s'est rappelé plus d'une fois la narration mosaïque.
j4u commencement, Dieu créa le ciel et la terre, c'est-à-dii*e le

monde; c'est le simple et magnifique exorde de l'écrivain ins-


piré. Mais la terre était dans les ténèbres et à l'état de chaos elle ;

n'était pas encore ordonne'e, et l'esprit de Dieu couvait les eaux,


c'est-à-dire celte masse chaotique : couvait est le sens du mot
original dans toute sa force, comme l'ont remarqué les anciens
Hébreux, S. Basile, S. Jérôme et beaucoup d'autres; ainsi la terre
semble facilement et proprement comparée à l'œuf. Le premier
phénomène que la parole, c'est-à-dire le commandement de Dieu,
fit apparaître sur la terre naissante, c'est la lumière ou \efeu *. Le

• A cui non mai scaUlù ferro, ne batte incude natura. Dante.


'
niN, l^ix, ignis, flainma. La racine arabe correspondante signifie

enflamma, incendia. Il est vrai que le texte sacré ajoute ' ei il sépara la
tiimièic des ténèbres; mais il ne suit pas de là qu'au tems de cette pre-
mière lumière il un hémisphère dans les ténèbres. S. Basile dit le
existât
contraire: « lllustrabatur auteni aer imo perraixtam sibi lucem habe-
;

>) bat...ceieics fiilgoris distributioncs ad sues ipsiusteiminos quaquaver-


w snm transmittpns. Sursum enim ad ipsum usque a^lhera et iisque ad
» cœlum pervenit; in latitudiae verù omnes mundi partes, tum aquilo •

« narcs, tum ausiralos, tum orientales, tum occidentales in brevi tem-


254 F.SSAl

chaos primitif semble n'avoir pas été incoanuaux EgY{>tiens. Ils


faisaient produire un œuf au créateur de ; cet œut'naissait Phtha.
Manélhon et la Vieille Chronique ne parient pas de Chneph, ni de
Vœuf ; mais ils placent en tête de leur série Phiha ou Héphaistos
par lequel ils font commencer les rois d'Egypte.
Le Soleil, suivant eux comme suivant Moïse, ne vmt que plus
tard éclairer \\ terre. En même tems que le Soleil, grand lumi-
naire et grand ministre de la Providence , M(jïse fait apparaître la
lune et les étoiles, parce qu'elles servent d'indice et de mesure des
tems, des jours et des années. Alors la terre semble en partie dis-
posée et ordonnée pour l'habitation <ie l'homme, et elle devient
plus propre encore pour cette fin, e'taut peuplée par le Créateur,
d'oiseaux, de quadrupèdes et d'autres animaux.
Au Soleil, les chrouologistes égyptiens font succéder Chronos et
les autres dieux à la tête de>quels, suivant Wanéthon, se trouve
Agathodémon. D'après la Genèse, Dieu fit produire à la terre les

animaux terrestres '


. Il semble que les Egyptiens, si nous ajou-
tons foi au témoignage de Diodore de Sicile, croyaient que les
animaux avaient été produits par la terre par sa vertu naturelle,
apportant à l'appui de cette opinion les innombrables rats qu'on
disait naître dans la Thébaïde, après l'inondation du Nil.
Dieu créa l'homme et dit ; « Faisons l'homme à notre image,
» et qu'il domine sur les poissons de la mer sur les oiseaux du ,

>» ciel , animaux qui se meuvent sur la terre et sur toute la


sur les

» poris moniento illuminabat Deus inîer lueem et tenebras


.. Diuisit ;

w hoc est, utrarumque naturara cujascumque incapacem et


ruixturae
» alteram alteri ex adverso oppositani Deus reddidit... Tune non secun-
•»dum niolum solarem, sed primigenià jllà luce effusà et rursùs cou-
» tracta, sccundum prœfinitam à Deo mensuram, fiebat dies, et nox
« succedebat. » ( t. i, ig, 20, Ed. Maur. ) Et S. Ambroise
p. « Res- :

« plenduit subito aer et expaverum tenebrae novi luminis claritate re- ;

» pressit eas, et quasi la abysses demersit repente />er unu'ersa mundi


» fulgor lucis infusus. >>
( t. i, 10, Ed. Veron.) Et aussi S. Kphrem Sy-
rien {in Gen. c i ) et Procope de Gaza ( in Gen. ).

* Dixit quoque Deus : Producat terra... Et fecit Deus bestias terrae

juxta species suas... Gen. i. v. 24, 25-


SUR LA COSMOOOWIE EGYPTIENNE. 355

teue '.» Les Égyptiens, au téinoif;nage de Plutarque, racontaient


comment on avait entendu, à la naissance d'Osiris une voix qui ,

disaitque le seigneur de toutes les choses était venu à la lumière.


Enfin Dieu, de l'homme {W^i<, Is Isch) tira la femme ,

(nti'S, Ise, ïscha), pour établir entre eux le lien le plus étroit
de consanguinité ; mais cependant sans que celle-ci soit, à pro-
prement parler , la fille de celui-là ". Chez les Egyptiens nous

trouvons Osiris et son épouse et sœur Ise ou Isis ^. On pouvait


par occasion l'appeler sa sœur parce quelle en était contempo-
raine , de même qu'on l'eût dite sa fille si elle lui eût succédé
comme le Soleil à Uéphaistos.
Adam enseigni , sans aucun doute , à ses fils , l'agriculture et
l'art d'élever les troupeaux , et ils reçurent de lui et à^Eve les

premières règles de conduite et la connaissance des choses les


plus nécessaires; choses qui s'accordent assez bien avec ce qu'on
raconte à^Isis et d'Osiris. Les plus anciens sacriOces dont la mé-

moire nous soit parvenue sont ceux des d'Adam et d'Eve *.


fils

» L'opinion, ce sont les paroles de Plutarque, esl quHorus fils .

» d'isis , fut le premier qui sacrifia au Soleil, comme il est écrit


» dans le livre intitulé : Naissance d'fforus. »

Nous avons entendu Bochart et Jablonski nous dire que le

Tj-phon des Egyptiens est le spiritus malus et improbus , le dé-


mon , et nous avous fait remarquer que la vérité de leur asser-
tion serait bien plus évidente s'ils eussent remarqué que le pre-
mier Typhon , le Typhon de Manéthon , coniemporain (et peut-
être pour cette raison appelé son frère) du premier homme
O^im, est son ennemi , lui arrache le trône et la vie, et est
aussi l'ennemi de sa femme et de sa race. En effet , le serpent
maudit n'apparaît dans le récit véridique de Moïse que lorsque
Adam et Eve régnent sur la terre , et se montre leur ennemi en-
vieux et perfide ,
qui réussit à leur enlever le pouvoir et donne

aussi la mort au premier homme, en le portant à commettre une

* Gen. I, V. 26, 28, 29.


- Gen. I, V. 27.; H, 7, 11, 22, 23.
5 HCe Isis. HAHCe Localsidtj. Peyron, Lex. Lingues Copticœ, p. 49.
* Gen. IV, y. 1 et seq.
256 ESSAI

action qui devait être et fut la cause de sa mort '. La victoire


qiïlsis et ^oru5 remportèrent ensuite sur Typhon, qui même
fut tué par Horus (suivant la tradition rapportée par Hérodote et

par Diodore) semble se rapporter à la divine sentence dans la-


,

quelle il fut dit au Serpent séducteur Je mettrai inimitié entre :

toi et lajemme, entre ta postérité et la sienne; et elle te brisera la


''"^^'
tête\
'
Ce que raconte ensuite Diodore de Sicile, ({nHoriis ayant' été

tué, sa mère le ressuscita, pourrait bien être une altération de


l'histoire sainte , qui rapporte comment , après la mort à^AhePl
filsd*£^^'e, celle-ci enfanta pour ainsi dire en compensâliori'è't
comme le représeulant à^Ahel , un autre fils. « Elle enfanta un
» fils , dit le texte sacré, et elle lui donna le nom de Setli^^ dij^

» sant : Dieu m'a^donné un autre fils aulieti d"j4tfèVci^è^\^'hïn'À


-"-v- -• ''^ ' •
-' ' ""' ^'^
*^tàé^;-.^

Qu'il en soit de cette conjecture ce que Vdnvbtidi'bi'.\fiB''iiè


prétends pas expliquer tout ce qu'on trouve dans les diftefôns
écrivains, concernant Osiris-i , Isis et Horus, transformés en dieux
oH^èn mis d''Egvpié ; et je ne crois pas possible de r^diiirë'à'^dH
seul principe tous ces récits. Seulement j'ai tiré de Dio3ore et
des autres anciens, ce qui m'a semblé devoir jeter quelque lu-
mière sur les comies indications données par les deux cnrbni'^
qneurs tant ne fois cites.
De même que Moïse compté avant le déluge neuf ^finér^i^èiïk
d'hommes dont la vie fiit d'une longue durée, commençant '^âr
le fils A*Adam; ainsi Manéthon en compte Tiezff de rois dertîl-

dieux, commençant par le fils à'Osiris. La Vieille Chronique eii


compte huit; mais, comme nous l'avons remarqué, on peut cfdWe
qu'elle a placé Horus parmi les dieux plutôt que pàrittl^ltra
n ,up s •
demi-dieux. .

. j'\imm¥ fil* laquMo a^ e ai» î»up tai^i noi


'
Gen. m, 5, 4, 19-
' Gen. ni, i5.
' Gen, IV, a5. , • , i/ ,-. -

* Les Égyptiens faisaient Osiris g;^r4ien pt diea> des Amenti pu .du


séjour' ihs motls. L.C premier pire fut en réalité celui qui en ouvrit la

jinife an genre Inimain et duquel procédaient tous ceux qui Ihabitaifut.


sur. LA CUSMOtiOMlE LGVPTltN.NE. 257

Avant de terminer, je veux résoudre une difUculté trop vul-


jjaire pour ne pas se présenter à l'esprit de tout le monde. Les
époques de ces chronolop,istes ne s'accordent point parfaitement
avec celles de 3Ioïse. Ils allongent monstrueusement les règnes
de leurs premiers dieux , et ne laissent à Osiris , à Horus et aux
demi-dieux, qu'un tems beaucoup moins étendu que celui que
la Genèse assigne aux patriarches antédiluviens. La vieille chro-
nique ne donne aux huil demi-dieux que 217 ans. Manéilion ,

qui en compte neuf, leur en donne 234 ou plus vraisemblable-


ment 214 quoique ce nombre comme nous en avons fait la re-
, ,

marque paraisse avoir été introduit par un écrivain qui croyait


,

que les années des dieux et des demi-dieux de Manéthon étaient


des années lunaires, et par suite de celte idée en rédixisit le nom-
bre. Suivant Eusèbe '
, les Egyptiens faisaient régner les héros
après leurs dieux ,
pendant 1255 ans.
A la vérité, on ne doit pas faire grand cas des nombres de ces
chronologistes relatifs aux tems les plus anciens ; car quelques-
uns se rapportent évidemment aux périodes astronomiques.
Cependant, nous pouvons remarquer que le texte samaritain de
la Genèsene met entre la mort de Seth^ fils d^Adam^tX. le déluge
que 2G4 ans, ou, en d'autres termes, donne aux règnes des pa-
triarches seulement 264 ans nombre qui ne coïncide pas avec:

celui que la\ ieille Chronique attribue au règne des demi-dieux,


mais qui n'est pas beaucoup plus considérable. Ainsi, les 1255
années des Egyptiens, d'après Eusèbe, ne sont pas trop au-des-
sous des 1312, tems qui, suivant la version des Septante, s'écoula
entre la mort du premier homme et le déluge dei\'oe^ Mais
les chiffres numériques sont tellement altérés et incertains dans
ce qui nous reste de Manéthon que ,
ce serait sans doute perdre
son tems que de s'en occuper davantage.

' C'hroii. I, 1, c. X\.

- Les Septante ( au moins d'après le Ms. du Vatican) mettent '22^7 ans»

entre la création d'Adam et le déluge ; les g5o années de la vie d'Adam


ôtées, restent i5j2 pour les autres patriarches, ou, comme a pu le dire
Manéthon, pour le règne des demi-dieux.
258 £st»\i

Mais, dira-t-<m, en supposant que les choses se soient passées


comme on l'a avancé, suivant les traditions des anciens Egyptiens
qui semblent confirmées par les découvertes de la science moderne,

si nous ne voulons pas accorder au règne da Soleil les 30,000 ans


de la Vieille Chronique, ou, avec Manéihon, 9,000 ans à Héphais-
tos ou /eu, et plus de 1,000 au 5o/ei7, il faut prolonger assez con-

sidérablement le tems très court qui s'écoula entre la première


création des choses et celle de l'iionnne, d'après l'interprétation
de la Genèse^ la plus simple et jusqu'ici la plus généralement
reçue. Pour répondre à cette importante difficulté, je. me borne-
rai à quelques observations,
La chronologie biblique si on l'examine attentivement, ne
,

commence pas avant la création d'Adam, puisque l'écrivain sacré


ne dit pas combien durèrent et le premier état de choses qui
succéda immédiatement à la créition de la matière, et les ténè-
bres qui étaient sur la face de l'abîme ; et l'ancienne questiou sur
le sens de ces six mystérieux jours dont les trois premiers furent
sans soleil .est eucore sub judice et se trouve aujourd'hui peut-être
plus embrouillée que jamais. Tant que la durée de ces jours ne
sera pas déterminée, on ne peut rien décider sur l'espace de tems
écoulé entre la création du ciel et de la terre, et aussi entre l'ap-

parition de la lumière du premier jour et la création de l'homme.


L'Eglise catholique n'est pas intervenue pour terminer cette
question par ses décisions, et a permis aux anciens et aux moder-
nes interprètes de donner au mot jour des significations très
différentes de celle qui si tnble la commune. une règle en-
Il y a
seignée et pratiquée par les saints et grands docteurs Augustin et
Thomas qu'on ne : doit point facilement rejeter comme opposé
à la parole de Dieu, ce que les hommes versés dans une science
affirment généralement 5 et que, les textes sacrés pouvant recevoir
plusieurs interprétations, on ne doit pas s'attacher à quelqu'une
de telle sorte, que si ce qu'on croj'ait être le sens de l'Ecriture est

prouvé faux par des raisons certaines, on ne veuille cependant


pas l'abandonner'. L'application de ces principes à la présente

'
S. Aug. De Gen. ad fit. I. 11, c. 1. — S. Th. In ii. Sent. Disp. 12,
.

SUR LA COSMOGONIl. tGyPTltJSMh, 259

matière est assez facile, et ce peu de réflexions tiendra lieu de


tout ce qu'on en pourrait dire de plus, si c'était le lieu de se s'é-

tendri^ sur cette matière. La grande différence entre Moïse et les


chronologistes égyptiens consiste en ce que le premier présente
toutesles créatures et les grands événemens qu'il décrit conune
les eft'ets de la parole, c'est-à-dire de la volonté du seul vrai Dieu,
tandis que les autres déifiaient les manifestations de sa puissance
ei les oeuvres de ses mains'.

Resit: pour dernière difficulté la nécessité de répondre à une


imporiante question : ConHuent les anciens Egyptiens pouvaient-
ils connaître les choses arrivées avant la création de l'homme?
Les sciences naturelles leur donnaient-elles quelques lumières
pourvoir au milieu de ces ténèbres? Aucune assurément. Quelle
lumière donc les éclairait? Je ne vois pas même de loin le
moyen de répondre à ces questions, à moins de recourir à une
révélatron primitive par laquelle furent instruits les premiers
hommes , et dont les vestiges se retrouvent dans les théogonies
et les costnogonies des anciens peuples , mais monstrueusement
défigurés par l'igncfï-ance et le polythéisme, qui déifiaieni les phé-
nomènes de la nature et les œuvres du Créateur. L'exposition
exacte de cette révélation primitive conservée avec celle de la
vraie religion par les fils d'Israël, nous la trouvons dans les pax'O-
les concises du grand chef de cette nation, paroles que l'assistance

art. 2. — Summa, p. i. qu. 68 : De opère secundœ diei; art. i. — Id.'^


Opusc. XX.
« Sous le rapport théologique, il n'existe point deux systèmes plus
'

diamétralement opposés que la doctrine Mosaïque et celle des Égyptiens.


Ces derniers personnifiaient les élémens dont l'action est plus grande
dans les événemens de la nature, et leurs fables théologiques hien ex-
primées aboutissent à des descriptions symboliques et fantastiques des
phénomènes du monde matériel ou de leurs causes supposées. Le culte,
à son tour, s'adresse à presque tous les objets qui se meuvent dans le ciel
et à toute créature qui possède une qualité locomotive sur la terre. La
loi mosaïque défend expressément et sévèrement toute espèce d'idolâtrie
et ordonne le culte du Dieu unique et invisible. » I.-C Prichard, An
Analysu ofthe Egypiian Mythol. London, 18^19, p. 4o6.
Sm) ESSAI SOK LA COSMObUNIE tGYPTIE:(N£.

de l'Esprit divin préservait de toute erreur. Cette révélation pri-


mitive altérée, mais non totalement oubliée chez les anciens
païens serait beaucoup mieux prouvée encore si l'on examinait
attentivement les traditions, les cosmogonies et les théogonies
des dilférens peuples. Entrer dans ce champ après d'autres, ce
ne serait pas ,
je pense, encore sans quelque résultat avantageux,
puisqu'il me semble qu'il reste toujours sinon à moissonner, du
moins à glaner mais un pareil sujet ne peut être traité ici, même
;

sommairement, à cause de l'étendue de la matière; je le réser-


verai donc pour une autre occasion si je me sens la force de
l'aborder'.

G.-B. PlANClAM,
de Id compagnie de Jésu?.

' Cet article et le premier qui a été inséré dans le numéro d&févi'ier,
sont extraits du numéro 24, t. vill des Annali délie sc'mnze religiose <.[ne

dirigea Rome notre savant ami M. l'abbé Ant. de Luca. La traductioçi^


assez difficile, en a été faite par M. Trébulicn, bibliothécaire de la ville de
Caen. A. B.
t>SiI IlISTORKjliE Str. l'aBBAVE DL CLL^V. 261

ESSAI HISTORIQUE

SUR L'ABBAYE DE CLUNY,


SUiVl DE PIÈCES JUSTIFIC YTIVES, PAK I\r. LORAm, DOYM DE
L.\ FACULTÉ DE DROIT DE DIJON *.

— Caractères de l'ouvrage de M. Lo-


Utilité de l'histoire des monastères^
raiu. — Basilique — Constitution intérieure de l'abbajc.
de Ciuuy.
— Appréciation de Grégoire VIT. — Défense des moines. — Esprit de
l'auteur. — Divisions de son — Histoire de Pierre-le-Vénérable.
livre.

'*1L'mfluence incontestable des monastères sur la civilisation eu-»


ropçenne s'est exercée de bien des manières divei-ses : l'histoire

d'une grande maison religieuse est donc toujours un travail


utile ; seulement il peut l'être plus ou moins suivant que l'au-
teur a considéré son sujet sous tel ou tel point de vue. M. Lorain,
à notre avis , aurait pu se tracer un plan plus vaste ,
plus scien-
tifique ; rien ne lui eût manqué pour le remplir , ni les maté-
riaux^ ni le talent de les utiliser; et nous regrettons vivement
devant la noble tàclie d'élever à l'ancienne Bour-
qu'il ait recule'
gogne un monument véritablement historique. Après ces réser-
ves et en examinant le travail de M. Lorain au point de vue
,

qu'il a choisi, nous trouverons une large part à faire à l'éloge.


L'auteur de l'histoire de Cluny a traité son sujet comme les

écrivains desdeux derniers siècles l'histoire de la France. Il s'est


presqu'entièrement privé du secours des documens originaux ,

qu'il aurait pu consulter aux Archives du Royaume et à la Bi-

'
Un vol. gr. iu-S". Se trouve à Paris, chez Pclissonnier libraiic, rue
des 3Iatliurins-St-Jacques, n" 4; prix I2 = fr.

l\r SÉUIE. TOME I. —


N' 4- 1840. 17
,

2^2 tbsvi HisroRiyuE

bliothèque du Roi beaucoup plus facilement qu'il ne l'a cru '

et il a fait consister l'histoire de Cluny dans la biographie des ab-


bés et les révolutions matérielles du monastère. Il s'est complè-
tement affranchi de la gène si utile des dates et des citations ; il

a déguisé du nom de pièces justificatives des traductions de let-


tres fort intéressantes sans doute , mais que le lecteur un peu
instruit aurait facilement lues dans le texte latin depuis long-
tems publié.
C'est donc un ouvrage destiné aux gens du monde que nous
avons à examiner et ceci ne doit pas être regardé comme une
,

critique ; car c'est une entreprise louable que de chercher à po-


pulariser l'histoire de ces grandes institutions ,
qui ont si forte-
ment agi sur les destinées de l'Europe au moyen-âge. Si tel a
été, comme nous le pensons, le but que s'est proposé M, Lorain,
nous ne doutons point qu'il ne l'atteigne. Son livre , imprimé
sur grand et beau papier , avec une élégance et une correction
qui feraient honneur aux presses parisiennes, est orné de belles
lithographies dont les sujets, choisis avec goût, sont rendus avec
un talent remarquable. Le style du livre n'est point exempt de
quelques négligences; mais il est généralement correct, incisif,
coloié, pur de toute affectation de néologisme. Quant au fond ,

M. Lorala, pour être toujours intéressant, avait bien des diffi-

cultés à vaincre. Souvent, il est vrai, le sujet par lui-même de-


du lecteur. Com-
vait exciter la curiosité et soutenir l'attention
ment par exemple réprimer un sentiment de vive admiration
, ,

pour une pauvre communauté de moines qui conçoit et réalise ,

le projet d'une église splendide , égalant presque les gigantes-


ques proportions de la basilique de Saint-Pierre ? Comment en-
suitesurmonter sa tristesse et maîtriser son indignation , en
voyant ce magnifique édifice en butte aux aveugles fureurs des
révolutions civiles et religieuses , envahi ,
profané ,
pillé par

* Dans un recueil
purement historique dont la rédaction nous est
momentinément confiée, nous avons réfuté raccusation que porte incon-
sidcréiuent M. Lorain contre le prétendu désordre de ces deux grands
tlcpôts scientifiques et littéraires (n. de lauteui' de iart.).
sur. LABBAli: Di: Ci-t.NV. M3
tous les pai'tist, puis démoli pièce à pièce^ vendu enfin à la toise
comme une grange en ruines ? « Une estimation dérisoire est

» faite au nom de la Nation; et , comme on trouve moins des


» acquéreurs possibles que des maçons , on distribue en trois
>• lots le magnifique ouvrage de S. Hugues. Les nefs , les piliers
» se divisent, se comptent , se décomposent, pour qu'il puisse
» arriver des enchérisseurs. Pour un peu plus de cent mille li-

» vres , on débite en détail une basilique chrétienne , dont les


»> dimensions ne le cèdent qu'à Saint Pierre de Rome. Et, pour
» que rien ne manque à ces profanations impies , à cet aveugle-
» ment que la question d'art ne peut toucher, un prêtre renégat
» vient mettre la main à ce marché infâme et acquérir pour , ,

» les revendre, les dernières pierres du sanctuaire. « Nous ne


citons là, pour ainsi dire, qu'un épisode de l'ouvrage; plusieurs
«^"^^^
autres parties du sujet présentent le même intérêt. '
'

Il en est d'autres, au contraire, qui devaient offrir peu d*at-


plupart des lecteurs. C'est presque une témérité de ré-
traits à la

daxner, par exemple, pour la législation monastique en général


let la constitution d'un ordre religieux en partieuliei-, l'attention
d'un public, dontTimmense majorité, livrée à des préoccupa-
tions purement matérielles, ne permet à son intelligence pares-

seuse d'autres délassemens que les futilités de la littérature con-


temporaine. Tel est cependant le sujet que M. Lorain a abordé
dans son 19^ chapitre , et dont il s'est fort heureusement tiré.
La place qu'il a donnée à ces développemens est habilement
choisie. Après avoir raconté la fondation et les accrbissemens
successifs de l'abbaye de Gluny , après avoir tracé, de main de
maître, le portrait des grands hommes qui l'avaient élevée au
rang des communautés les plus célèbres ; enfin , après avoir
conquis , pour le couvent bourguignon et ses chefs illustres , les
sympathies des lecteurs , il ne devait pas craindre de les fatiguer
en déroulant devant eux la constitution intérieure de cette vaste
république, dont lesenfans pouvaient aller mourir sur tous les
points du monde connu sans qu'un monastère clunisois manquât
à leur sépulture. Et véritablement c'est une bonne œuvre que de
faire connaître autant que possible l'organisation des anciennes
264 ESSAI HISTORlt^UE

corainuuautés nionasiiquèé/ Lè^ latciu^atioiis que l'ignorance ou


riuipit'lç formviiçQt cliaque jpur contre les moines tdtâbi^l^t
eu partie devimt la simple lecture des règles auxquelles ces nrdi-
ncs étaient sévèrement soumis. Mais ces règles, bien que sbù-
veut.ini|iriaiées, sont ensevelies dans de poudreux infolios eu
les laisse doiinir notre indifierence. Qu'arrive-t-il? c'est qu'à
chaque inslaut, de vieilles attaques cent lois reponssées , de
vieilles objections cent fois anéanties sont renouvelées atec assu-
rajace,et trouvent trop souvent uu crédit fatal dans l'autorité
d'un nom céièbi-e. Dernièrement encore, un de nos collabora-'
teurs a été obligé de prouver longuement tous les services qn'ont
rendus communautés religieuses à l'histoire et aux lettr'ete;
les
services immenses pourtant, non nwins incontestables 'ftbri ,

nxpJLUs éviùens que l'existence de la lumière. M. Lorain lui ,

aussi , enti éprend la défense des moines mais sous «u autre ,

pouit dç,,yuj&;,çarr de *'* côte, il les croyait inattaquables. *!Uèe


» chose, dit-il, m'a toujours surpris: c'est la timidité avee là-

>» <iuell^Ies feocames mêmes qui ont cherché à réhabiliter le res-


». pegi; çjps, teuis religieux et anciens ont parlé des ordres triottas*
n tiques. moines n'eussent pas copié quelques ma*
Si ces pauvres
» puscritspu défriché quelques terres incultes , peu Vêti fa*it
>v.<jue ^eurcai|S(Ç,a'§it$ été abandonnée par leurs défenseursJ>»»"

M. Lorain se montre plus généreux ou, pour mieux dire plus ,

s
éclairé. II. 'attache surtout à combattre ces prétendus amis ^le
rji^uraanité- qui diss'uiiulent t sous une vâiue apparence ide 'pkA^
lautropie , haineux d'une philosophie anti^rkfNh'
les principes
tienne. Il est vraiment curieux de le voir mettre nos économistes
en contradjclion avec eux-mêmes, et nous ne résistons |jtt^^à^'
désir de citer textuellement ,
quoiqu'il soit un petvlo^ ,'^ê(to
spirituel plaidoyer. - ' x -'i-»^»-'yr»'i2 •

« U semble qu'en un siècle où l'on a jvu surj^ir toutà coéfp'fes


» folies des communautés de biens saint-simoniennes et les têvés'
» des aggrégations fourriéristcs , où l'on entend prêcher part<int*

» l'urgeute nécessité d'associations industrielles et agricoles et dô'


» l'organisation du travail, il fallait èire un peu plus indulgent pour
» dcsa.^ocialioujj religieuses, qui dcnuaieut presque sculesquclquo
»» Ubert^aux pieuses raéllitations, fttix hV«û¥s sêvMés," '^ IS 'sVïen'cc
>' et à l'étude, au milieu de siècles barljares et tourmentés. Et sans
» pailerdeces nécessités d'étude, derepos et desainteié'...,s{ihs pav-
» 1er même de ces travaux physiques èl intellectuels d'agriculture
» etJ'érudition,quiprotéj^eront à jamais la mémoire descénobites,
>M«st-ce biea.à notre civilisation de se montrer ti'ofp sêtèt'é dtdc*
» sauvenii-s de la vie claustrale? N'en tendons- n'oYis pas fdiis fô^
» jours- nos économistes prêcher contre les dangers delà popuTa-
» tion croissante, et nous prédire à tems fixe des famines, des'
» ruines et des révolutions, au moment où la tefre ne suffira
» |>lus à ses habitans, comme pour donner un démenti scienti-
)) fique à ces déclamations exagérées contre les périls du célibat
>»; religieux?... Enfin, dans une Européen les peuples mariiitties
>»v8ont si fort préoccupés de leurs flottes qu'un romancier moderne"
» appelle avec esprit des monastères fiottanis, où les peuples con^
"

» 4ii>ÇjUlaux exagèrent comme à l'envi le nombre de letîrs aimées


n^^f^tianentes, par qui nos gouvememens modernes sont totis
w-aÇieutrètve destinés à périr; dans un siècle oà les populations
^^i^'pWKJiérâ entassés dans nos manufactures, menacent l'avenir
'9^ pjri^sealimens sinistres, ow dos lt'gislateWl•s^ seront obligés
»N<de décréter des malades et des procès pour suffire à nos avo-
'>efi»^s,età nos médecins; est-il bien philosophique de se dcthaî-"'^
"sfeeifeiSfljûs mesure contre des ctablissemens religieux qoî ont eu
" ï^w tems et leur raison d'existence, qu'on ne doit pas Juger^
>i pair leurs abus, inséparables de toute chose humaine, mais par'
>^.]^i;tif& coracières généraux, essentiellement religieux, ïnoraux?^^
» littéraires et intellectuels, et à qui nos mœurs relâclTe'es et si '

».peu rehgieuses d'ailleurs» n'avaient, à vrai dire, à reprocher'


» sérieusement que leurs richesses accumulées et immobiles? »

JJfous croyons même qu'il en serait, à bien prendre, de ce


dernier reproche comme de tous les autres, et que mille excel-
lentes raisons justifieraient la possession de ces richesses immen-
ses, quoique Dans tous les cas, tout le
peiit-èire fort exagérées.
monde en a profité un motif de plus pour respecter la
; et c'est
'

mjémoire des ordres religieux. Il est peu généreux d'insulter des


gens aux dépens desquels on s'est enrichi.
266 ESSAI HISTORIQUE

L'esprit d'indépendance et d'impartialité qui se fait remarquer


dans l'appréciation des associations religieuses, se montre égale-
ment dans les autres parties de l'ouvrage de M. Lorain. Il ne
pouvait éviter de donner quelques pages à la gi'ande querelle qui,
dans le cours du XI* siècle, divisa le Sacerdoce et l'empire. L'ad-
versaire d'Henri IV, le était un enfant de
fameux Hildebrand
Gluny et l'abbé Saint-Hugues avait à concilier dans cette lutte où
,

il ne pouvait garder une neutralité absolue, rattachement qu'il

portait à Grégoire VII et la reconnaissance que lui imposaient


les bienfaits de la famille impériale. M. Lorain a traité ce grand

éve'nement en homme qui ne redoute ni « les préjugés mesquins


» de l'école voltairienne, ni les petites colères d'une incrédulité
» sans élévation. » Il avoue que le triomphe de Grégoire était

nécessaire, et que l'illustre pontife avait de son côté non seule-


ment la raison , mais encore la justice, ' ^ifli»^

C'est beaucoup sans doute au teins où nous vivons, et tiôtisi

devons applaudir à cette impartialité dans les jugemens ; cepen-


dant nous oserons ne pas nous montrer entièrement satisfaits. En
se donnant la mission d'écrire l'histoire, M. Lorain semble s'être
imposé, pour la vérité, un scrupuleux respect : il voit avec jus-
tesse et juge avec loyauté ; mais c'est là tout. Il lui manque, nous
le craignons, une profonde conviction religieuse. Nous retrou-
vons partout le philosophe éclairé ; nous avons peine à démêler
le véritable chrétien. S'il combat les adversaires de la religion,

s'il défend ses ministres, s'il bénit son influence, s'il exalte ses
institutions, c'est toujours par des motifs purement humains. De
là quelques appréciations peu exactes, nous dirions même peu
bienveillantes, si l'esprit général du livre n'excluait toute idée
d'hostilité systématique. Nous ne voulons pas insister du reste
sur cette observation que nous avons faite uniquement pour l'ac-
quit de notre conscience, et nous devons même ajouter que les
passages peu nombreux où nous avons trouvé à reprendre sont
conçus d'une manière trop vague pour devenir le sujet d'une
discussion utile.
Nous terminerons cet article en donnant une idée de la ma-
nièiT dont rnutenr a ronru et traité la biof;Tap1ii^ des illtif«(res
SDR l'abbaye de CLUNV. 267

abbés de Cluny. L'histoire de l'abbaye, écrite tout entière, en


24 chapitres et sans autre division, peut se partager en deux par-
ties : la première qui prend le monastère à sa fondation , et

le suit dans ses rapides développemens jusqu^au milieu du


XII* siècle, comprend les quatorze premiers chapitres c'est l'âge ;

d'or de l'abbaye. La seconde partie commence à la mort de saint


Pierre-ie-Vénérable et retrace la décadence progressive de
,

Ciuny depuis le milieu du XIP siècle jusqu'aux premières années


du XIX^. La première période a été manifestement traitée avec
plus de soin que la deuxième et parmi les hommes marquans
;

qui ont signalé cette première période, S. Odilon, saint Mayeul,


saint Hugues, Pierre-le- Vénérable, ce dernier <st sans contredit
celui dont M. Lorain a étudié la vie et les travaux avec le plus
de zèle et d'amour. Nous croirions volontiers, s'il nous était

permis d'émettre cette conjecture, que M. Lorain s'était d'abord


proposé pour unique but de raconter la vie de Pierre -le-Véné-

rable ; mais le saint abbé ayant introduit une réforme dans sou
monastère, l'auteur aura éié nécessairement conduit à étudier
les tenis auiérieurSj afin d'apprécier avec exactitude la situation
et les travaux de son héros ; et c'est très probablement après
avoir ainsi préparé la moitié au moins de l'histoire de Cluny,
qu'il se sera décidé, un peu précipitamment peut-être, à la
compléter.
Quoi qu'il en soit, l'histoire de Pierre-le-Vénérable est, sans
contredit, la partie la plus intéressante du livre que nous analy-
sons. Un premier chapitre ( le xf de l'ouvrage ) est consacré à
faire connaître la naissance et le caractère de Pierre ; la part qu'il
a prise aux luttes religieuses et politiques de son siècle, ses fré-
quens voyages en Italie^ en Espagne, en Angleterre, enfin les

grands accroissemens que reçut, pendant son administration,


l'abbaye de Cluny qui vit s'établir des maisons de son obédience,
non-seulement en Europe, mais encore en Orient, dans les saints

lieux et jusque dans les faubourgs de Constantinople. Dans le

chapitre suivant, Pierre-le-Vénérable est considéré comme con-


troversiste. Il nous reste de lui une éptlre dans laquelle il dé-
montre que Jésus-Christ s'est expressément déclaré Dieu dans
l'Evangile, quatre serpignSj^àenTi Wsxe^ tiir les inirades conten}%>.
porains, un ti'aitè. contre les Juifs, en. cinq livres, une reraarq»^^^,.

Lie réfutation des erreurs de P ierre-dç-BrWS, le créateur de l'héî».

deux livres de son traité contre la, religi^^


résie albigeoise, enfin
musulmane, ouvrage dont les trois premières parties sont ma^^.,
tenant perdues. Ce dernier travail révèle dans son auteuç une
haute portée d'esprit eu même tems qu'une grande résplulj^^
de caractère. Pierre avait bien compris tout ce qu'avaient d'alf^r-y,

liîànt pour là civilisation chrétienne, les rapides^ progrès de la


séCte musulmane. Il la combattit avec les seules armes .q^^j^p^çf.
à^^a àisposilion ; '}\ défendit l'authenticité des l:ivf:^.,«?ii^^f,)<ii\

discuta les préteu(îuès falsifications, et en établissant les caxactè^res


essentiels du. véritable, prophète, démontra victorieus^j^ent, la ,

fausseté de lamisslbndivine que s'attribuait Mahom^tt]y,;l;f9i4R^t

à là fois un argument invincible contrôle mahométisnieet^i^i^


preuve de la vérité de notre sainte religion dans cette idée élevée :

que Mahometidéfend la dispute en posant en principe qu'iZ vaut


mieux tuer que disputer y tandis qu'un chrétien, suivant le précepte
de l'apôli e,' ctoll toujours être prêt à rendre raison de sa foi et de son
espérance. N'était-ce pas une habile argumentation dans un
siècle oii la raison humaine commençait, à la voix d'Abeilard,
celle émancipation funeste qui a porté dans la suite des fruits si

amers?
Mais ce qu'd y a de plus remarquable dans ce travail de
Piorrc-le-Yénérable, c'est la grande difficulté qu'il a eue à sur-
monter dès l'abord. Avant d'écrire contre le Coran, il fallait le

connaître, et le Coran n'était pas traduit. Pierre en fit faire une


traduction par des hommes également versés dans la connaissance
de la langue latine et de la langue arabe. Cette traduction, la plus
ancienne qui ait été exécutée en Europe, existe encore, et chose
singulière, la première édition qui en ait e'té publiée a été im-
primée sous les auspices de l'empereur d'Allemagne, par les soins

et avec des préfaces de Luther et de Mélanchton-


C'est surtout, et avec raison, la correspondance de Pierre-le-
Vénérable qui a fixé l'attention de son historien. Les nombreuses
lettres qui nous rcsient de lui peuvent se diviser en deux classes :
SUR £'/^^lrÀW iÎE cT.t;!VY. ^é'é

lettres d'affaires et lettres d'amitié. Les premiùres inspirent une


hame idée de la prodigieuse activité du saint abbé, dont l'inter-

vention s*estmontrée dans tous les grands événemens de son


siècle, et qui exerçait uhe influence salutaire non-seulement à la

cour de France et dans les royaumes voisins, mais jusqu'au sein


des contrées les plus reculées de l'Europe septentrionale. Dans les
autres lettres, son caractère doux, tolérant, conciliateur, se montre
à cbàque ligne, et oblige doucement le lecteur à aimer l'homme
qu'il admirait tout à l'heure. Quoi de plus touchant que la lettre

par laquelle il supplie le pape Innocent II de l'autoriser à garder


à Cltinv Abeilard repentant et cherchant dans la retraite un re-
fuge contre les agitations tumultueuses du siècle ; et cette autre

lettre dans laquelle il raconte à Héloïse la vie et la mort édi-

fiantes du philosophe converti ? ces morceaux ne sauraient être


analysés; il faut les lire.
^, ^^^^ ^^^ ^^^^^^

9tq33yiq Si J :.
je Pl^^la ^^j AsHf»., •
r
'
«o^^Sî>'io\v
'^-->^^-'/ -^^^'^
au ?OBb n '1

^qiDrfi5fn3 3Jl3:
k8îiirA29b

' »fe B / fi'rrp 33 ?Jfil(?


oh ÎInvfe'iJ ''î*r

-luaâaoo e î?^ • : o^^^^^ ,-HBnftW-5{-9-ni>iq


,

si jxcI/kI n .PPTVJ -:- sDi'o, ^..,;,..h j.iyîY/.' b'îodB'l^ï.bfoJnom

iBq aoï)
v'
93nc8?JBnno5 sf zmb ^nt^ in^xmU^ aaniaiod Rsb

-mi hih b s'aildïiq i)9 Jie na iwp «ouiUs aiémta-rq eî ,vib''


anioê »I iBq ,9a; " ' '
«rmoqms'f ab 295iqe«a ?'>f ewo? 9-^ -
.

'
i'- ^^ 39 isdJuJ 9b Bs^clsiq
83b D9VC r<
a;

ob îi^«»iiKO^^<,3'no^ bI tao?ifii 397e )9


-9l-9ïi9i*I

89î»H3iamofî
ÎW| CONFERENCES

AfiJ*

CONFÉRENCES
DE NOTRE - DAME DE PARIS.

PAR M. l'abbé de RAVIGNAN '.

Préjugés légitimes eo faveur du Catholicisme. — i» Droits de Dieu ga-»

rantis, — 2° Philosophie de la foi catholique sur le bien et le mal,,;rr


30 Le christianisme est seul raisonnable. — 4." Efficacité de la foi. —
->" Types du Catholicisme, la vierge, le pontife et le héros chrétiens.
— 6° Garanties de la foi. — 7» Raison de l'Église.

Comme les années précédentes, les auditeurs se sont pressés


nombreux et avides dans la grande cathédrale de Paris, pour ve-
nir y entendre les leçons catholiques que distribue avec une si
haute compréhension des esprits, M. l'abbé de Ravignan. Nous
ne parlerons pas de nouveau de cette foule qui s'impressionne
et s'enthousiasme visiblement pour les graves et saintes paroles
qui tombent du haut de la chaire sacrée ; on n'a qu'à voir ce que

nous avons dit dans le compte-rendu des précédentes conférences.


Malgré les préventions qu'avait rencontrées la création de cette
chaire de philosophie catholique de l'histoire, elle est fondée à
toujours ', la jeunesse de Paris y compte pour toutes les années,
et l'autorité ecclésiastique a contracté une sorte de devoir de
préparer ses leçons et son instruction. C'est de là qu'elle parle au
siècle, à ses savans, à ses systèmes, à ses utopies, à ses nombreu-

' Voir l'analyse des Confcrenccs de 1839, t. xviir, p. 245. de i838, —


t. XVI, p. 5gi .

de 1857, t. xiv, p. 292 et de celles de M. l'abbé Lacor-
;

daire, t. x, p. 24 r et xit, p. 2G9.


DE NOTRE-DAME DE PARIS. 371

ses erreurs ; et certes, si la matière ne lui manque pas, on peut


dire aussi que pas trop difficile lui est la victoire. Au milieu de
ce tourbillon de pensées, de tendances et de croyances diverses,
quel avantage immense ne lui donne pas la fixité de sa doctrine,
de son symbole, et surtout la longue et solide expérience
la clarté

de sa méthode cl de son enseignement passé : aussi peu d'audi-


teurs sortent, je ne dirai pas convaincus, ou ébranlés, mais sans
se dire qu'ils ont appris quelque chose de nouveau, que la reli-

gion catholique leur apparaît plus belle ,


plus raisonnable, plus
fondée en preuves, plus riche d'explications qu'ils ne croyaient.
Il serait à désirer que tous les incrédules, que tous ces jeunes gens
vacillans et ininstruits pussent profiter de ce bel enseignement ;

il serait à désirer que tous les prêtres pussent se former une idée,
et se faire un modèle de cette haute manière de défendre la reli-
gion ; c'est pour les uns et les autres que nous donnons ici une
analyse succincte de ces différentes conférences.
Cette année M. l'abbé de Ravignan a pris pour sujet de mon-
trer les préjugés qu'il appelle légitimes, parce qu'ils doivent préa-
lablement pour ainsi dire à toute discussion faire admettre la
divinité de la religion catholique.

Ire Conférence. L'orateur veut y faire voir que les droits de


Dieu, considérés en général, qui sont négligés, oubliés, retran-
chés pour ainsi dire de l'esprit des hommes, et dans toutes les
religions fausses, sont posés comme bases, comme fondemens de
tout l'édifice dans la religion catholique seulement; ce qui certes,
doit former un préjugé légitime en sa faveur.
Dans la Ir^ partie il établit donc les droits de Dieu au nouîbre
de tiois; en ces termes :

!• Le droit de révéler, d'abord; qui l'empêcherait? Vous pouvez


bien, vous, révéler vos pensées et les dicter à d'autres par la parole, mys-
tère à jamais incompréliensible : et l'enfant arrive aussi à joindre des
mots à des idées, merveille inexplicible. Et Dieu, auteur de la pensée,
de la parole, ne le pourrait pas aussi ! il n'aurait pas le droit, la puis-
sance d'imposer à l'homme ses volontés, ses lois, sa parole ? vous les im-
posez bien à d'autres, vous !

Dites que Dieu n'existe pas, à la bonne heure. Mai;? une fois l'a-
^

tiléisme repoassé, une foh l^Wfcistence de Dieu admise, je ne««ïinais-tiCTi


de plus tristement ridicule que ce mutisme obligé de la Divinité vis-à-vis
de Iborome. A Dieu donc lui seul de garder le silence dans l'univers! La
proscription est étrange; elle fit vivre pendant (ongteots- 1« sophistiie
incrédule; on y revient quelquefois encore. ' i' 'î-ho f o/ip ,9fn;'n;

Le silence imposé à l'homme quand Dieu parle, jeîe dOèçoîs. C?etfiU


jadis la leçon du prophète: ce fut même la loi du paganisme. Le sîTèncc
imposé à Dieu quand l'homme parle, je ne le conçois pas. €>nf,'^^SW
droit de révéler, comme vous de parler. •'•''' ' ;'-""">

2o Mais si Dieu a le droit de révéler, Dieu a sans d<Mite aussi '^/è'rfWJ'f-'


d'être cru s'il révèle et vous ne pouvez sans crime refuser d'ajo6tet*^di
,

à sa divine parole. Il ne vous est paspermisdavantagede k déd<>igner,de


négliger les faits, les témoignages qui attestent l'existence de la révHalion.
Créateur, révélateur et maître, Dieu a le droit de s'attacher l'horome et
l'état social les lier à lui-même par des dogmes
tout entier, de par «n i

culte public ou privé, par nne église, par un sacerdoce, par des rites saci^ '

d'iottiati^nv d'expiation de communication divine. La fin de l'homme est


,

de tendre à Dieu; or, sans révélation, sans culte, sans église, sans saeei'-*
doce IbomisÊ marGhe.î Ijotentare, se sépare de Diea, s'agite Vaittecaent
et se perd jn&àa 9I fanb 9îio|.3iî no .o-jifjbuo'^'i tî é aulq ailnoo 98 sa 00
5° Dieu a enfin le droit' d'être aimé', <te posséder toutes les Bffl<*e(}oliSr

de riwmnw. Il est beauté infinie, bien souverain et parfait. Centre nie


béatitude, complément de noire être, qui se tourmente jusqu'à ce qu'il
ri^Se en Dieu. En vain cherchons-nous à nous repaître de vides et truel-
les chimères, le droit de Dieu nous poursuit, nous presse à hôtrù ittiu.
'

'Passant à !a 2" partie, l'oraleur montre les droits de Dieu n^-


connus dans les esprits, dans les lois , dans les mœiirs ; il'fait voir
surtout qu'on l'a exclu de cette partie de l'action humaine que le
"'"
siècle regarde comme sa plus belle conquête, de l'industrie.
iJ. i :::. .. r.. ; .: •••:;./ '1 ; uUp .
; • j
-••••.. ' ,^IIOlg
.

.rt. iji'!
.»r, j;.. ,(. ;,,/»>'''»'" v;^;
.^,i ...,,,i'ili'-.i j,.;i'û.fM'U3i'3-k')fjimoiM .'

CTiest une chose assaremeift fort moDensive queTinduslne, Jit lora-


-, , , - ' , ,
^ .'m 107 •>'.
tenr, c'est même une chose louable ; mais voyez comment elle peut preo-?
dre un véritable caractère d'athéisme par l'oubli des droits de Dieu. .

Ce sera lorsque c«;s mlerets et cette ardente occupation de la r^a-


^

tière domineront, absorbc-ont les intérêts religieux et moraux quand ;

l'industrie devient le grand et unique mobile de la vie sociale, quand


active et puissante jusqu'à une sorte de fureur , elle semble ae-
ficr la Providence et les prévisions ordinaires ]inur créer un monde nou-
DE MOTHE-BAME DE PARIS. 273
veau, quand surtout elle abjure' è^ âBdrrjiié dans ses travaux toute obser-
yaiiçe leligiense, tout r^pos du jour d a Seigneur, son homntiage obligé, et
béxxi envers l'auteur de la nature et des arts. Si l'on voulait, Messifiorev

donmràun peuple l'expression formelle et pratique de l'athéisme, oïl

n'ei^ trouverait pas de plus significative pour nier toute religion et Dieu
inênie. que l'oraission dans un pays de tout repos religieux au jour consa-
crcv Car enû.u je tous le demande comment
, se manifesterait autrement

la croyaxicG publique et sociale en la Divinité ? Comment? y avez-vous


jaimajs.bien réfléchi? l'atelier se ferme à l'bçurede la débauche et du-

crime ; il rend la liberté pour l'orgie , il ne la-rend pas poui" rinstruction


c,ln:éljcauc cl la prière publique. A cette heure, il s'ouvre, il réclame et
garde sa proie. 11 y a oppression cruelle de la liberté des consciences que
l'on proclame ailleurs ; car, pour rester chrétien il faudrait i-enoneer au
paiftfjai conserve la vie. Des populations entières sont ainsi violemmèot
avradiées à tout enseignement et à tout exercice religieux. Que pouvez-
vQus en attendre, sinon des races et des mœurs dégradées ? L'étranger '

qui nous visite s'étonne maux pour nous.


et sent nos i ilff.

,yoHle£->-ous d'autres symptômes? Le suicide qui se multiplie avec «ne»


effrayanlje rapidité ; c'est l'indépendance la plus absolue de Dieu. Absén«
ce des^iroils de Dieu dans la famille; on méconaaitles lins du Gréâtetw ;
on ne se confie plus à la Providence; on rejette dans le néant des êtres
rpH devrtùent voir le jour. L'impiété, disait Rousseau, en détruisant
le^iiU)ÇtifS empêche les hommes de naître. Toujoursil y eût des déser-
diieftj, mais aujourd'hui c'est sang-froid et calcul ; la donne vie ait
passion
reniprdsj le calcul tue. On ne veut, on ne sait plus comprendre ce qui est
deijDjpu,>i.îi société actuelle, c'est l'absence pratique de Dife^iiisï^înaSù êjÉ

) h''

D^iîB la 3« pmu'e, l*orateur fait voJr que 4afls le Gatholicislrhe

Dans temple admiital^Ie élevé au droit de Dieu et àffS9


le ca,tholiçl6me,
gloire, que vois-je? C'est d'abord la foi qui parle, c'est Dieu enseignant
l'hommcy s'imposant à l'inlelligencc de l'homme c'est le droit de Dieu^, ;

Je vois planer sur moi une nuée lumineusede témoins qqi s'unissent pour,
dire queuicu même a parlé; les droits de Dieu s'accomplissent pour le té-
moigner à ma nature. Je crois et j'admire Dieu régnant par la foi sur une
intelligence libre. Dans ce temple catholique je vois des liens souverains
et merveilleux qui rattachent et soumettcntl'homme et lasociété à Diçn^
274 CûNFjîllEN.CfiS

Il faut croître, arriver à l'état d'homme parfait ; la main du poatife con-


firme. Il faut nourrir, conserver la vie; le pain eucharistique sera notre
aliment. Au malade, il faut rendre la santé ; la pénitence guérit. Au
mourant, pour le dernier passage, il faut un surcroît de grâce et de force;
l'onction extrême chasse les restes impurs du péché. Quant à la vie so-
ciale, il faut deux choses Le droit de gouverner, c'est
: régir et propager.
le sacerdoce, l'ordre, autre lien sacré de l'Eglise. Le droit de propager,

c'est le mariage, sacrement auguste, communiquant à 1 homme le droit

divin de la création. L'homme et la société sont donc complétemeat


rattachés à Dieu.

Dans la péroraison, s'adressantà la jeunesse, l'orateur chrétien


lui dit :

Il serait donc bien tems, Messieurs, de restituer et de compléter la

religion dans nos cœurs. Paixà l'homme: à l'hommejses droits, sa liberté,

je le veux ; mais gloire à Dieu; à Dieu aussi ses droits et sa puissance. Sans
les droits de Dieu : paix à l'homme, c'est la guerre et le mensonge ; car
c'est le tourment de la conscience, le combat des besoins trompés, le monde
aux prises avec le désordre. Les droits de Dieu remplis et reconnus, c'est

l'ordre, et avec lui la liberté, la paix, la gloire véritables. A vous,Messieurs,


il appartient d'arborer ce drapeau catholique des droits de Dieu, et de lui
susciter de pacifiques vengeurs par les travaux sincères de la science, par
le courage de la foi, par les efforts de la vertu. La cause est assez belle.

Alors vous consolerez l'avenir, et vous saurez dans le présent donner


d'avance à vos âmes le bonheur de la vérité et le repos de la justice..

Ile Conférence. L'orateur montre ici un 2* préjugé en faveur


de la religion catholique dans la manière dentelle résout la grave
question du bleu et du mal. Eu effet, c'est dans le catholicisme
seulement que l'honneur de Dieu est vengé et assuré contre les

attaques dont il a été l'objet, dans tous les tems. Ecoutons la doc-
trine de l'Eglise :

L'antiquité s'est embrouillée impuissante pour nous dire ce que


c'est que le bien et le mal ; la foi se lève, lumière calme et pure, domp-
tant les ténèbres. Elle dit : Dieu est la fin unique et dernière, la fin souve-
raine de l'ame. Tout ce qui se rapporte à la fin, tout ce qui est dirigé vaï
Dieu, pour lui être uni, c'est le bien.

Ce qui s'adresse à une autre fin, ce qui s'arrête et se complaît pour


terme dernier hors du Dieu vivant, c'est le »m/, c'est la mort.
!)£ NOTRE-DAME DE TABIS. 275

Ou encore, Dieu est le type du bien et du vrai par essence. Ses divins
attribuU sont comme les conditions, les qualités du bien suprême ; l'acte

librement bumain, qui, comparé à ces qualités divines et infinies n'est

pas une dissonuance , un combat, mais un rapport, xax rapprochement,


est bien ; le contraire est mal.
Sainteté, justice, bonté de Dieu sont le modèle; et la parole créatrice
qui introduisit monde, est la même qui donna son origine
le bien dans le

et son caractère à lame humaine Faisons t homme à noire image et :

ressemblance image donc et ressemblance divine, c'est le bien; et à qui


;

voulez-vous que le bien ressemble, sinon à Dieu ?

Mais cette notion, bien que vraie, est trop métaphysique, trop
scbolastique, trop laissée à la conscience et au jugement de
i'homme ; aussi l'Eglise en a donné une autre qui ne trompe pas,
et qui ne peut tromper. La voici :

Mais puisque l'humanité est trop cepeuple à la tête dure et au cœur


incirconcis, suivant le reproche du premier denos martyrs; comme lai, il
faudra dans la foi contempler Jésus, non pas encore deboutau plus haut
des cieux, mais abattu, opprimé sur le calvaire ; et là recevoir des leçons

de la foi une vive et terrible notion du bien comme du mal.-


C'est l'image sanglante du plus grand sacrifice tout rendre, tout
: immo-
ler à Dieu, s'il le demande, c'est la loi, c'est le devoir de dépendance et de
fidélité, c'est là le bien, Fallùt-il être broyé dans l'infirmité^ avoir les os

comptés par les plaies, subir les clameurs, les fouets et les outrages, fal-
lut-il verser goutte à goutte un sang de héros ou de sauveur, expirer dans
l'ignominie et les tourmens les plus cruels, pour éviter le mal , il le

faudrait aussi ; telle est la foi.

Mais il ne suffit pas d'avoir la notion du bien ; il faut encore


des motifs pour l'embrasser, pour le pratiquer. Or, nulle part
ailleurs que dans on ne trouve des motife plus
l'Eglise catholique
puissans, plus persuasifs; c'est L'amour divin, pour les âmes
: l""

d'élite ;
2° l'espérance du bonheur; 3" les craintes de l'enfer, et
d'un enfer éternel, motifs plus à la portée de tout le monde;
mais à ce mot d'enfer éternel, l'incrédulité se récrie, et refuse
son adhésion. Voici ce que lui répond l'orateur chrétien :

Quand le désordre, le vice, le crime ont déjà tout envahi sur la terre
en présence du terrible enseignement de crainte, si jamais cetenseigne-
276 ' ' CONf£R£NC£S

ment était oté, rayé des traditions de tous les peuples; si un jour enfin,

jour de délivrance et de lumière, un cri entendu du bout du monde à


l'autre proclamait souverainement réternitc chimère, l'enfer pure poésie»
la crainte desjugemens divins superflue si tout à coup par une illumina- ;

tion soudaine, et par une conviction claire, inévitable, les hommes respi-
raient certainement affranchis du joug antique, universel et révélédes pei-
nes éternelles si c'était foi contraire absolue aussi, plus de ci-ainte, nulle
;

crainte, nuls chàtimens d'une autre vie, nuls, quoi qu'on fasse, non, au-
cune crainte; si c'était la foi aussi, alors il n'y a pas de cirque de bctcs
féroces qu'on pût assimiler à la société humaine.
» Plus de barrière ; les passions s'élancent, les masses se ruent, la pas-

sion est l'unique loi ; à l'intérêt, aux plaisirs, aux fureurs tout est aban-
Jonné, dévoué.
># Qui arrêterait? La vie est tout avec son impérieuse loi de jouissance;
ce rien, ce néant de peines est certain au-delà rien à craindre, il est de
:

foi, il me faut désormais des lits de roses ou des poignards, car je veux

Amour delà vertu, amour de Dieu pour lui-même, beau langage, roots
sonores pour le commun des hommes ; les masses craignent on ne font
rien de bien ; la brute dominera ; lois civiles, lois pénales, c'est la cage
avec ses barreaux ; l'animal muselé mugit encore; s'il a brisé la barre*
g^re au gardien !

,, j4pn|ys cç beau morceau, qui a fait une profoncT^ impression


sur SCS auditeurs, l'orateur montre que non-seulement l'Eglise
donne les motifs de pratiquer le bien, mais encore qu'elle en pos-
sède les moyens^ qu'elle met à la portée de tout le monde dans ses
sacremens, dans ses prédications, dans ses exemples. >

Dans la 2" partie l'orateur traite du mal. Le mal cxiste.qui peut


le nier ? Or, à ceux qui demandent pourquoi Dieu tolère ou per-
met le mal, l'orateur répond :

Dieu peut-il à l'être faillible donner la liberté? Ci-écr le "fini, qui séal
peut être créé, c'est créer le faillible ; car ce qui est fini manque par so*
de quelque chose, peut faillir : donc créer est bien: donner à l'être fini,

faillible, la liberté, est bien encore : la liberté est bonne en soi. Lanature
de l'être fini, faillible, est de pouvoir dévier, mal faire. A quel ù--
faillir,

trc obUgercz-vous Dieu de changer une nature créée et bonne en soi;' Aj


quel titre exiger que celle nature devienne de tout point et à l'iustanl
UE NOTRE-DAME Dt PARIS. 277
surnatareilc, privifcgîee, impeccable, iafaillible ; à quel UUeif Dieu tiec
et crée htên ; il est seul qui le sache faire. Naturellement, son œuvre eSt
libre'; c'est un homme capable de bien, susceptible de mal ; mais tic mai,
s'il le vcutj'paice ffii'il te veut pouvant ne pas faire et
;
r.c pas vouloir; sans
quoi, poittt de mal. A qui la faute, à qui la cause du mal? A Dieu ? non
pas. A l'homme ? à la bonne heure. 11 est libre, et cela suffit : sa liberté

honore Dieu, elle l'honore seule.


Autre raison d'honneur divin. Créer le mal, produive lemaf, répu-
gné et serait deshonorant pour Dieu; peimeitre le mai, le laisser libre

sous les remords, les menaces, les cluUimens Thoaueur du maître est
;

sam'cavcc sa bonté. Àvei-vous vu mon tervileurJob ? ayeZ'VOos vu le juste


atifi''^nS^es'avecla perversité humaine et diabolique? avez-vous compté les
rayons de sa gloire? Il .liitte, triofliphe, c'est que le mal est jierniis!

'Avëz-Yous yii Dieu planant du haut des cieux, oflVaul le baume à la bles-^
"sure, l'oubli à Toffense, le pardon et la wieleire au l'epentiri:' Dans la Ike,
irsdul?cut le soldat, il l'anime à l'aspect de la couronne; il punit adSsii*
lâcheté et le crime, s'ils ne sont pas réparés. .• r - -rc^ '-'.A

Je vois surgir et briller les attributs divins les plus mei-veillèux ria'J)»-
liénce, la miséricorde, la justice et la sainteté. .•!: ~;.v
'^
Sans laluttgj plus d un genre d'honneur manquerait à DiéH. Pôur'tin
cœur qiii sait battre aux nobles sentimens de la gloire, 1" admirable com-
bat du juste, et les entraves de la vertu, et les torrens débordés du crigie,
tout cela vu ensemble à la hauteur de la^foj^ccst la gloire aussi 'do' Dieu,
par la gloire épurée de ses élus. . j^; . : '.,
"
"Ceci est un langage de foi, j'en convie^6,jettGusJle le comprennent
pas ;
pour le juger, il faut le prendre tel qu'il est,^e plaçer.juQJïipment à
iôh point dcvne propre. Cette théorie d'honneur divin est-elle suivie,
conséquente, logique? La cause (îé Dieu est-elle noblement gagnée ?

jruis^ pour monU^r combien. cettethéorieestlogiquei il la-c^iiï'*

paré a toutes les théories que la philosoj>lHe-aiiçi€nne et ni'càei'vië


a inventées, sur le mal, et il ne lui est pas difficile de montrer aue
^^^^ Ja doctrine catholique seule l'honnetir de Dieu est intact,
ïÛBsi que la vraie logique.

Uh Conférence. L'orateur veut ttlotivér' dafns îés dîfficuTtés mêr-.

mes <jue l'on élèvfe confre le catholicisme/ un préjugé en sa fa-


veur; c'est une démonsUation qu^iî est très raisonnable. YoicL:
*
comment il expose son sujet : -

Le surnaturel allégué par la foi, le libre exercice et le libre progrès de


111= SÉRIE. TOME I.— N'' 4. 1840. 18
la pensée que la foi arrête, les mystères inexplicables et multipliés qu'elle
propose , les miracles et tout cet ensemble de merveilleux et de révéla-
tion divine, ce sont-làles principaux motifs de répulsion; et je viens mon-
trer que ce sont des motifs d'approuver et d'admettre. J'ai besoin de
toute l'indépendance et delà liberté de votre conscience d'hommes raison-
nables, je vous la demande. J'ai besoin d'une grâce toutespéciale et forte,

je l'implore....

V partie. De la foi. Au reproche de n'admettre le surnaturel

et le divin, que comme le fout les autres religions, l'orateur ré-


pond :

La foi dans le catholicisme, ce sont des faits^ un grand fait surtout.


Qu'oppose-t-on? des impossibilités. Des impossibilités contre un fait! On
rougirait d'en agir ainsi en toute autre circonstance. Cet homme a tel
âge impossible ; mais voici sou acte de naissance,
: la preuve de son iden-
tité : impossible. Ces biens lui appartiennent: impossible ; mais voyez les
actes de possession, les titres de propriété : impossible. Nous|avons l'acte
de naissance, les titres de propriété du christianisme et du surnaturel
avec lui; on nous répond C'est impossible. Vais l'on ne voit pas tout ce qu'il
:

faut dévorer de fatales conséquences dans ce facile rejet de la foi divine.


Le surnaturel chrétien est une ombre sans réalité, un mythe , un
symbole, non un fait réel et historique : soit. Alors l'Evangile n'est plus
qu'iui recueil de fictions et de fables, semblables à celles desVédas, des livres
Zend, de la Théogonie d'Hésiode, de l'Edda du IS'ord, et encore pourra-
t-il bien être inférieur à ces admirables conceptions : à la bonne heure.
Alors tous ces grands hommes, ces chrétiens de 18 siècles, fermes
croyans, témoins traditionnels, héros saints^, honneur de la science et du
génie comme de la religion, ces hommes 'qui ont cni des faits, enseigné,
attesté des faits surnaturels et divins, et les ont attestés vrais dans la seule
foi chrétienne, ces hommes ont été une longue série de niais, de cer-
veaux malades et abusés, qui ont cru voir des étoiles en plein midi.
Et c'est .tout cela, si le surnaturel chrétien n'est pas réel et vrai. Point
de milieu; concluez donc.
Ainsi il est impossible de ne pas admettre le surnaturel divin
du catholicisme, sans entrer dans un surnaturel humain beau-
coup plus difficile à croire que le premier, et en outre absurde.
T partie. Mais, objecte-t-on, l'autorité d'une foi divine ea-
chaîue la })ensée ; l'iiomme est sous le joug ; l'orateur répond :

/idiso/i fsl un l)eau nom, mais la réalité est triste. Regardez autour
DE NOTME-0AME DE l-ABlS. 279
de vous; sans une foi imposée, révélée, que devient au fond deS cœurs
l'idée de Dieu, l'idée de l'âme et de h fin de l'àme, le culte, la mo-
rale, toute notion de bien, de mal ? On va s'égarant dans l'athéisme
et le raatmalisme pratique. Un Dieu juste et bon peut-il ainsi laisser

l'homme sans guide, sans frein et sans barrière? La conscience ne suffit


pas, elle est mille fois étouffée, faussée, détruite. Sans révélation, la vie
est un grand naufrage, et le monde une mer indomptée.
Si Dieu, après avoir parlé une fois, se tait, l'honime est juge, arbitre
tout-puissant de foi, de dogmes et de principes. Ouvrez l'arène, renver-
sez les barrières, et que la lutte désole et ravage tout. Sur la terre clas-

sique du protestantisme rien n'est debout ; pour le catholique la foi est

un roc; vérité, stabilité, tout est dans l'autorité de l'Eglise. Lequel est
le plus conforme à la majesté divine ?
Si Dieu a su fonder une institution, devait-il la conserver pure? S'il
y
a un Dieu, disait saint Augustin, il faut croire qu'il a établi une voie et
une autorité pour nous porter et nous instruire. Et plus d'une fois en
France et hors de France, nous entretenant avec des hommes graves,
rangés sous la bannière de l'indépendance, il nous a été donné d'enten-
dre qu'il n'y avait d'autre moyen d'échapper à la ruine de toute fo^ et-,

de toute vérité, que l'autorité catholique.

3* partie. Mais, poursuivent les incrédules, comment admettre


des mystères, des dogmes incompréhensibles? L'orateur chrétien
leur dit :

ifyjtâfloid iï-/
Mais l'univers entier rempli de mystères tous incompréhensibles.
est

La création est inadmissible ; je ne la veux pas discuter et prouver; non,


soit ; rejetons-la.
Alors la matière est éternelle ; car elle n'a pas été créée ; elle est, il
faut qu'elle ait toujours été. La matière est éternelle et nécessaire par
conséquent; sans quoi, et n'ayant pas de cause, elle n'aurait jamais été,
si elle n'était par elle-même et par sa propre nécessité d'être.
3) Matière éternelle, nécessaire : elle est Dieu alors ; car il n'y a pas
d'idée qni soit plus essentielle à Dieu, qui soit plus Dieu même
que l'idée de l'être nécessaire, absolu, indépendant; la matière Dieu ! et
tout est Dieu panthéisme ou l'athéisme, qui se confondent au
! c'est le

reste. Ainsi pour reculer devant la foi, on ne reculera pas devant l'éter-
nité de la matière, assertion mathématiquement démontrée fausse et
ridicule !

Il faut donc tonclure malgré le mystère qu'il y a eu Création ^


i

^BO CONFÉRENCES

il même du péché originel, de la lédempliou, etc.


en est de
fiûrmi^iimiïéhi'hs miracles. Comment vohlez-Vbûs'^^i le
s.-ifi

sièdè savant pai- excellence admette les miracles? Alors l*orR'-


teur prouve que sans ces miracles aucune explication de l'établh.-
sement da christianisme n'est plausible, n'est même possible; "

I lusions et déljorclemens du paganisme, c'est humain et uaturelj


avengle et fatal empire du niahoméiisme, c'est humain; c'est le harem et
le cimeterre, c'est la iforcëbr^te et quelques élans de génie; le drapeau
lève de Luther,c'est1mmam; c est l'orgueil et laraour deL'indç^jendanpe.
la philosophie délirante, c'est l'homme aussi. ., ^

îftais je cherche la place humaine et naturelle du christianisme; mon-


trez-la moi 1.... La force? Non. Le Renie? Kon plus. Las passions ? Encore
moins.
oins. , . r r O I t •

Douze marcliands de poissons, juifs ignorans et barbares s'avisent ,

un jour de prêcher un juif supplicié, crucifié; et le monde est changé;,


c'est tout simple! Seuls, seuls contre tous, ils combattent les passJQQS,

les prt^jugés, la puissance, la philosophie; et le niOode^ÇftJ'HfebSWrîB


convertit ;c^est tout naturel»
,,,,b ,
i,„.^.K^ p. ^nqlnim:, '^n\[ .ioT
Et le christianisme, la morale la plus austère et la plus pure,.le;s dog-
mes les plus incompréhensibles, l'autorité la plus inflexible, le christia-
nisme s'établit sur les ruines des voluptés, des délices et des politi^oç^.
païennes, à la voix des bateliers saliléens. Et c'est 1 histoire.
Pas de miracles; soit. Et le monde changé de la sorte sans mi,racl|^^M!li-»
Icment par cette manière d'enseignement de la part de pêcheurs de pois-
sons devenus pêcheurs d'hommes avec la mission de leur maître;
sans raii"acles, sans acte divin de puissance et d'intervention visible.'

"Vous le croirez ainsi. Mais c'est pour moi le plus incohérent prôîfr^,'
miracle, le plus absnrde mystère; le monde chrétien sans miràtifAj k?
monde païen fait chrétien sans miracles, de par dés pêcheurs déOaliltée!
iwint Augustin avait raison : cela seul suffit à la divinité de lafoi^Ct
prouve plus que les miracles. .''l tjii'

Vous retranchez le miracle de l'établissement du cbristiaDiS)in^,j^]çifft

vous amoncelez sur vous l'impossible^ l'inexplicable, le fifivx, ^'ii|çf^j


le démenti donné à toutes les proportions de la nature et de rhufDamtéjv
Vous aimez mieux dévorer cette forêt d'invraisemblance. Soyez rat^cun-
nels, logiques; reportez-vous aux tcms, aux lieux, aux hommes et aux
choses d'alors. uu récent et couracreux historien ces Ce
'S'oas direz avec
sars pour moi, u est démontre que le chrislianismc ne pouvait pas^ ne
:

j- di-kj.-'-i'.'... i/r. .;,;-.:


- ..''t> lu annJ^on'Ju
,

acvanpas commencer. r . .

.•tfil ([ I'. -Ml fij I tnr.li'i


........ ... «Jhlr
nr. NOTBE-nAME DE PARIS. 28l

,,j
|*U>s s'acîres^ant à son auditoire qui avait écouté arec je plus
saisissant intérêt toute celte jnerveillç^i^|p,.çç9a0y)jejjj]lj^l. ,^;a^|9l^--
cisme, l'orateur chrétien lui dit : ., ,_,- -,y- .-; ï ;i
-

Et ne voyez-vous pas enûn que toutes vos impossibilités amoncelées


fout précisément la gloire du christianisme? EiUassez rnontagues sur
montagnes; soyez gèans pour les mouvoir et les lancer contre l<i foi, je
vous seconderai, je répéterai : Oui, le christianisme est impossible; il ne
doit pas réi;ner. ...Et iî s'est propagé, et il a vaincu les esprits et les cœurs
rebelles ; il a régné, il règne encore. Contre lui vous pourrez bien vous
élever, atteindre les nues, vous y perdre; vous n'atteindrez pas les cLeux
011*1 lé couvrant et le protègent. Mais, prenez gardé, (l^ns les nues oa.
D'i...U(}.li, ', , . . - - •'•'' • •

ç . .

trouve la îouurc qui Irappe et qui renverse.

Faites la guerre encore. Déclarez le surnaturel chimère, le miracle


foiîé, les mysltres fanatisme Ou sottise; marquez, marquez nos fronts
<lif 1er ue vos dédains et de vos savantes flétrissures ; no> fionts sont.prêts
eOTiSm^j'^^lios' ccéurs; aussi bien il y a des cicatrices qui' yafent' mieux
oa One couronne I...

Ici, je ne crams pas un (iementi; dans cet immense auditoire^ pTus


cl'iW front' glorieux, marque aussi par la scienci.' et le génie, plus d'un
jetiiie cœur désigné d'avance îl tons les triomphes de ravenir se sbnt prê-
tâtes' tidîî stigmatèâ de la foi, les ont reçus, les portent et teV porteront
toujours devant les nations, pour mieux faire éclater a leurs regards, àteé
les divines splendeurs de la vérité, tous les bienfaits de la vertu. " ,

ÏT^ Conférence Mais ce n'est pas assez de combattre l'erreuv


.

ét,(î.'afîeruiir les hases de la vérité il est un autre devoir ]»our le ;

prêtre, pour le chrétien ; il faut pratiquer. Pratiquer I Ah I c'est

le grand reproche que mérite le siècle : il e.<ît -assez ami de la vé-


rité;; il la trouve belle, aimabie même ; il écoute avec plaisir ses
leçons, mais il ne la pratique pas. Or, c'est dans le catlvolicisme
que l'on trouvera la foi réduite en pratique ; c'est-là donc seule-
ment que l'on trouvera un pressant motif de la pratiquer; c'est
dbrtc snvV efficacité de la foi ql>e doit rouler celte conférence;
,4** prt^ju[;é légitime en faveur de la religion. Voici comment l'o-
rlteur expose son sujet :

"S'il n'y avait, messieurs, dans la foi qu an intéi-êt d'opinion et àç tfiéo-


rie, s'il pouvait être iridilTérent, heureux de vivre abandonné à tout vent
de doctrine et à tout caprice d'erreur, nous pourrions alors, nous-mcinc,
cédant à la peine, interrompre nos travaux, n"< edorts, quitter !â îutle
CONFERENCES

évangélique, et seul, à l'abri de nos convictioDS, nous reposer dansKa vé-


rité et respérance.

H y a tant d'iontilité certaine, ce semble, placée en face de nos plas ar-


dens désirs, que tout ce qui est humain dans l'homroe volontiers se re-
tirerait pour aller se taire et prier seul sur la montagne.
Mais non! pas plus qu'autrefois les apôtres, nous ne pouvons cesser
d'élever la voix ; nous devons obéir à l'esprit qui nous envoie ambassa-
deurs de Jésus-Christ auprès des peuples. Nous devons remplir la mission
qu'il nous donna, sans l'interrompre, sans nous lasser jamais: Pro
Christo îegatione fungimur. Heureux de dévouer nos forces et notre vie
à la cause sacrée de la religion et de vos plus chers intérêts : heureux
aussi d'être entendu et compris par des dispositions libres et généreuses.

Qtf cette efficacité, l'orateur va Te'tudier : 1° dans les opérations


intimes de l'âme. En effet, de la foi au
en examinant le travail

fond de l'âme on trouve d'abord D'où vient cette af-


le remords.
fliction que rhomme s'inflige à lui-même? Ah! c'est qu'un jour

il a quitté la voie droite ; alors dans son intelligeuce un trouble,

dans sa volonté un malaise secret, dans sa conscience un travail


pénible d'indécision et de reproclie ; voilà le remords. Or, la foi
pratique est la seule puissance au monde, qui, par son absence ou
pai- son oubli, cause le remords; et cela seul prouve qu'elle est
de Dieu; s Util y a point de repos dans la conscience, dit saint Au-
gustin, c^est que Dieu ny est pas.
Mais on dit : Le remords est un préjugé. Voyons, approchons-
nous du lit de ce moribond, il va quitter le monde-, quel préjugé
de ce monde peut encore influer sur lui?

Les faits parlent bien haut ici. Auprès de ce lit funèbre je vais m'ins-
truire, et je dis : Elle est donc sainte, efficace et pure celte doctrine tel-
lement contraire à toutes les passions, que les passions seules lui résistent
pendant la vie, et qui gagne et attire à elle tous les senlimens de piété;
cette doctrine qu'abandonnent ceux-là seuls qui avaient abandonné déjà
la piété et la vertu: doctrine, foi qu'on ne se repentit jamais, au dernier
moment de la vie, d'avoir suivie et aimée, pour embrasser alors le doute
ou les systèmes incrédules ; qu'on regarde toujours alors comme l'unique
espérance: doctrine que la mortapprendà considérer, avec le repentir et
le regret quand on lui fut infidèle, qu'on pleure alors de n'avoir pas gar-
déeVqni fait rtrt ire \(^ ^rrà te. nniari; ccUc foi soulr qui piMit ronsoljM'
DE NOTKl-D&ME DV PAniS. i83

quand tout nous abandonne et , vers laquelle vos illustrationg les piu<)
belles, vos gloires niililaires et politiques reviennent les unes après les

autres, au terme de la carrière, pour lui rendre hommage, après l'aToir

longtems méconnue.
Pourquoi donc? et pourquoi au dernier jour quand tous les jours sont
au Seigneur? Oui, cette foi est sainte, puissante et vraie, elle est l'action
du maître souverain des coeurs.

Chose étrange, messieurs, que vos opinions humaines! Elles saisissent

leurs victimes, les enchaînent pendant la vie, leur défendent l'entrée du


christianisme; à la mort, elles les jettent au remords, aux angoisses cruel-
les, et il faut crier secours aux dispensateurs du Qirist ;ils viennent, car
ils ont seuls les paroles de réternellc vie.
Mais pourquoi donc, demanderai-je toujours? pourquoi le repentir à

li chiite de la vie, quand elle s'écoula vide de foi? Pourquoi cette tranquil-
lîté recouvrée dans la foi seule ?

Quelle est cette condition, quelle est cette puissance suprême? Ou Dieu
agit ici, ou il se ment à lui-même et nous joue cruellement I
.£t tout cela, ce ne serait pas an moins motif, présomption favorable
pour la foi ?

2' partie. Second effet de la foi, la coupersion des c^PKrs. L'ora-


teur peint à grands traits les égaremens, les tribulations et le
retour d'une âme. Quelle est, dit-il ensuite , cette histoire? ce
n'est point une fable, c'est saint Paul, c'est Augustin, c'est une
vivante réalité. C'est saint Justin qui dit : « Après avoir cru au
» Verbe, nous avons changé de vie ; nous chérissons la chasteté;
» nous donnons nos biens aux pauvres ; nous aimons nos enne-
I) mis, nous prions pour eux. »
Puis l'orateur examine s'il a existé, s'il existe des sectes qui
convertissent. Ce n'est pas le paganisme, lui dont le principe et
lé but est la volupté; àpy-}'^ xal ts'Xoç fj^*^, comme le dit énergi-
queinent un père de l'Église. La philosophie non plus, ni la
science n'ont jamais changé le cœur de personne. La réforme
non plus n'a ni changé ni amélioré les mœurs. L'Elbe avec tous «<

» ses flots, comme le disait Mélauchton, ne fournirait jamais


» îissez de larmes pour pleurer tous les maux qu'elle afails. »

Aussi Bossuet disait-il :Rien


« n'est indomptable comme le
» creur de l'homme ; et quand je le contemple soumis, j'adore. »
^^^t tièqm m^a *ènSi''etVaïnxitly dtsàh saint Justin, c'est la force
« divrné et intérieure delà fol.'i» Ènïo l'orateur termine par cette
i
belle péroraison : ^

_ Uq cœur agité dont j'ai ^<Jéjà parlé, 4Qnt jepai'Ie volontiers et souvent,
cherchait le lieu de son repos qu'il avait depuis lougtems perdu. J'allai,

dit-il, trouver Si rapUcien, qui avait enfanté Amhroise à la grâce.... et

qu'Ambroise chérissait. Je lui racontai les longs et pénibles circuits de


mes erreurs — Je lui parlai des écrits^ de Victoriii, dont il me raconta
l'histoire. (L'orateur, aussi, a fait ce récit de U conversion de Victorin»
tiré du livre huitième des Confessions de saint Augustin qu'il a redit, et
qu'il a merveilleusement traduit à son auditoire énMiiietifyappé<jpnr->oe
dernier trait.) ; ... ix.ii'^'m ?f»b li'jiuff

Tel est le récit : vous peuvez le relire dans son livre des Confessions;

vous pouvez mieux, vous pouvez plusieuis le renouveler et le rejffodujre

en vous.

Y^ Conférence, L'orateur, continuant à montrer l'enicacilé de la


foF, veut personnifier pour ainsi dire le catholicisme, en le mety
tant en action, pour faire voir ce qu'il sait faire. Il aurait bien pu
tî:acer les types de la plulosophie, mais on aurait pu l'accuser èé
faire uae satire ; il lui a paru plus convenable et plus utile d'of-
fcirauK regards de tous les^tjpesdu christianisme, or, ces typéS',
il <e <:dntênle de les montrer dans trois sortes de personnes qui
sont pour uînsî dire ses créations spécialeset privilégiées : cçMnt^
la vierge chrélicnne^ le pontife chrcUen et le héros chrétien: ^, .3
''i^'iJa.w^rff^ àJiféiienne^.\o\cl^ comment la dépei^>t Vprî^^iji,^,?,

l>uand sur cette terre désolée nous apparaît quelque touchantéiTnftf^


«l'innocence et de candeur, ou sent malgré soi qu'on la révère, il naltté^v
•"'^
lïipie une intime douce émotion avec d'intimes regrets peut-être:
et '

^Chaiiue.et bonheur delinnoceace^ 8i sa pensée et sa vie soat soinéWt'


loiia 4e nous, ce n" est que faiblesse et manque d'énergie. Dans toÙSlfe-
tems et dans tons les lieux catholiques, une action secrète et spéciale dé
la grâce divine sépare quelques âmes délite de létat de vie ordinaire,'-
pour les consacrer au Seigoeur dans ane sorte d'initiation anticipée' delà
vie angélique. ': -
": ;" ^'.v' •'iYnA'A
C'est l'état heureux et privilégié, trop souvent raalcornpriS'lètièHltfrtf^'
nié, queles lei-ons de l'Evangile montreivt comme la perfection A jartrals
l>réieral*lr, i>luslioureuB dans! ange, plus lourasreux dans l'homme, selon
DE NOWE-BAME DE PARIS.

texpressioa de S£^mt Bernard. Bésumons les. caractères de, ce type tou-


cl^^nt. C'est douceur intérieure d'abord, la solitude, le silence et la
prière. ÉUe a trouvé la paix ; elle goîitc conibien le Seigneur est doux;
ily a pour elle conscience de la joie et du bonheur.
, Aussi dès le seuil du pieux asile où la virginité habite et prie, alors mê-
iné.qoe le cœur serait blasé, on reçoit une impression de bien-être, de si-
lence et de paix, qui force à dire On est heureux ici. Demenderait-oa :

la raison, le résultat, le but utile de ces existences d'exception? Leui*


frière s'interpose entre le ciel et la terre, et fait oublier le crime ea
faisant monter lexpiation et l'araour réparateur. Les vertus du cloître

protestent contre le débordement général; il faut à Dieu des cœurs qui


n'ont pas fléchi devant Baal, qui l'imitent dans toute la perfection et la
''
pureté des célestes vertus. '

Mais il y a aussi de la force et de la vigueur à déployer; et


ri'tat de virjjinité est aussi un état héroïque.

Briser la voix des espérances et des joies de la terre, démentir l'âge,


sacrifier ce qui plaît, embrasser ce qui répugne, si ce n'est pas force
d^âme et de courage, il faut anéantir ces deux noms.
;, Voyez l'humble et courageuse fille de Vincent-de-Paule; aucun motif
hnmain.ne la presse. Ce n'est pas la fortune ; si elle en eut, elle la quitta ;

eUg n'a rien;,e]le donne et ne reçoit pas. Ce n'est pas le plaisir; le plaisir

pp]^^.p|lf.^ ,c'est la souffrance et la fatigue endurée. Ce n'est pas l'hon-


neur, l'amour de l'éclat et de la renommée; lasœur d'école, la sœur
â hôpital n'ont pas de presse pour enregistrer leurs noms et leurs actes,
etii*en veulent pas.... Elles ont raison!
C'est la foi vive qui les engendre ; la foi pure qui, pénétrant ettrans-
foi'AiStït fces âmes , les voue à la douleur, k l'obscurité, à la prière ; les

vque à la chasteté pour les débarrasser de millesollicitudes vaines, élar-


gix',, étendre leurs affections bien au-delà des liens étroits de la famille;
les voue ii la pauvreté pour les faire dispensatrices de tons les biens, sans
r}ein , retenir ; les voue à l'obéissance, pour les unir inviolablement aux
V;0)pntés divines, afin de chercher mieux, aussi de trouver mieux l'amitié
de^.Oieu et sa gloire, afin de le mieux faire connaître et chérir, et de
nvieux disputer ainsi au monde ses victimes.

,
C'est l'ceuvre de la foi; c'est la foi qui pose un ange sur cette terre,
le fait vivre de la vie des esprits dans un corps grossier, pour le consacrer
uniq^ementau soin laborieux des âmes. r io xuo'w^à iSejy I j«; lJ

Ç'^st la foi q«i crée, qui conserve cette vie nouvelle, et qui nous en
préscutçjes touclians modèles. .. Energie nuiledans la faiblesse, douceur
286 -i . COMFKRENCES

dans la force, charité tendre, toute héroïque et pare ; gloire du ciel, con-
solation de cette terre, c'est la vierge chrétienne, œuvre de la foi, et de
la foi seule.

Toutes les philosophies de l'homme, et toutes les forces épuisées du


génie, et toutes les variations inventées de la réforme, après tant de bruit,
de travail et de pompeuses pi-omesses, n'ont pas su enfanter une seule
Jillc de la chariie, quand le catholicisme en produit par miliiei's, et

sait encore, malgré les jours mauvais, peupler àatype virginal vos hôpi-
taux, vos prisons, vos écoles, vos villes immondes el vos campagnes.
D'où vient la différence? où se trouve le principe sauveur? Jugez
dans vos consciences. Car enfin il y a ici l'immense progrès réalisé, l'esprit

vainqueur des sens, la chair réhabilitée parce qu'elle est soumise, la cité

céleste conquise, la terre épurée, embellie, consolée par d'angéliques


vertus, toute une vie anticipée d'union divine avec les miracles du zèle.. ..

Comment donc la foi ne serait-elle pas la vérité, puisqu'elle est la


voie et la vie d'une perfection sublime ••'

2° Le pontife chrétien peut aussi à bon droit être montré aux


amis et aux ennemis du catholicisme. Parmi tous les types qu'il
aurait pu choisir , l'orateur s'attache à celui de saint Charles
Borroniée, qu'il montre successivement, marchant le premier et
le premier combattant , enseignant , reprenant, défendant un
troupeau nombreux contre l'erreur, le relâchement ou la fureur ;

ferme sans rigueur, indulgent sans faiblesse ; se sacrifiant pour


tous. En vain ou demande à la réforme, à la philosophie , un
pontife, un prêtre, un type de la charité ; elles sont forcées de
répondre Nous ne l'avons pas. Et
: le catholicisme eu fournit un
nombre immense.
3° Le héros chrétien. M. de Ravignan en trouve le type dans
saint Louis :

Dans saint Louis, d'abord le caractère de sainteté, le vif retranchement


de tout alliage des passions terrestres ; l'inviolable fermeté dans le bien ;

la piété la plus naïve et la vertu la plus pure. Pour cuirasse, sous son vê-
tement royal, il porte un cilice; jamais le souffle corrupteur des passions
ni leurs tumultueuses influences ne sauront troubler la pureté et l'har-
monie céleste de cette àme,ràmed' un roi.... C'est en même tems la meil-
leure tête de son conseil, éloge qui n'est pas à dédaigner pour un prince.
Sa fermeté ne se lassa jamais unie à sa piété, elle
; lit de saint I^ouis un in-
DE IfOTRE-DAME DU PARIS. 287

domptable héros, et le donna à la France et au monde. Jenne^, il sat'com-


battre ; bien jeune, il fut soldat intrépide. Presque seal, à pied, il force

le pont de Taillebourg ; à la Massoure, la puissance de Dieu a doublé ses


forces; les barbares étonnés avouèrent que c'était le plus fier chrétien

qu'ils eussent jamais vu. Prisonnier, malade, il est toujours héros... . Un


soldat farouche lui pré'if nte le cœur ensanglanté du soudarî^, et demande
sa récompense. Saint Louis détourne la tête avec horreur. Le séide in-
siste et fait briller son glaive ; il veut être armé chevalier : Fais-toi chré-
tien, répond saint Louis ; et ces hommes de sang de tomber en masse à
ses genoux.

Puis l'orateur finit par cette chaude et éloquente péroraison :

Messieurs, ma prière, en finissant, est que vous daigniez vous interro-


ger quelquefois vous-mêmes dans le calme et le silence. Si la vie de la

foi, alors , ne vient pas féconder en vous tous les nobles sentimens , tous
les nobles attraits du bien, de la vertu , du talent et de la gloire, même
en songeant à ses glorieux et vrais modèles, je consentirai à me taire et à

déposer mes plus chères espérances.


Si au contraire vous trouviez la foi touchante et belle, et souveraine-
ment féconde et profitable, vous êtes bien près de la connaître vraie, et
vous devez avouer enfin qne \z fermeté, le rêve , l'illusion n'ont pu long-
tems, n'ont pu constamment et seuls produire une telle majesté d hé-
roïsme, de sainteté, de vertu et de courage. Ce fut l'œuvre de la foi ;
gé-
néreux et fidèles, vous en reproduirez la gloire, en vous procurant des
jours plus heureux, un avenir moins redoutable, un espoir plein de
confiance et d'immortalité !

VI® Conférence. Ici l'orateur chrétien se propose de venir en


aide à ces intelligences qui dorment, se dissipent en vaines agi-
tations, ou plus souvent se laissent entraîner au torrent des pas-
sions, âmes ntialheureuses , dans un perpétuel état de violence,
sollicitées qu'elles sont d'un côté par la passion, de l'autre par la

foi qu'elles ne peuvent éteindre et par la grâce, qui toujours est


là présente, frappant et avertissant. Or, la foi seule peut mettre
un terme à ces incertitudes et à ce malaise. Ces garanties que
donne la foi sont donc un 6® préjugé légitime en faveur du ca-
tholicisme. Or, quelles sont C€s garanties?

1° La foi. En eûet, dit l'orateur, au sein de la foi, il y a garantie d'in-


destructible sécurité: seule elle donne la fixité et le repos , et, pour ce
288 roNFîêRïNCEs

seoi H immeostr avlantage, il faudrait l'embrasser.' Voîcî cette garantie


et sa génération dans nos âmes : la grâce, action de Dieu douce et forte,
pénètre an plus intime de l'intelligence et du cœur; elle y répand la foi,
lumière bienfaisante et pure; lame dèi lors est tranquille au milieu de
tant de mystères. Tandis qu'aux incrédules, travailleurs malencontreux,
il faut toujours, selon l'expression de Clément d'Alexandrie, tles pierres
et des chênes à toucher; tandis qu'ils ramènent tout à la terre etneîaîs^
sent rien au ciel, pour le cioyant Gdèle,ce qui ne tombe pas sous; les »€»$>
devient comme sensible: Argumentumnon apparenUu^^.i.^''Xfuonq naid
Mais tous, direz-vous, ne peuvent pas avoir la foi ; Pascal a i^épondn:'
« En quittant vos passions, vous aurez bientôt la foi. Je ne puis vouâ Ja
» donner ; mais vous pouvez quitter les plaisirs et éprouver si oe ^que -je
» dis est vrai, M •'• \ ",

-f^^dahld'ôna^^à, libre Jïe passions et d'entraves, étudier ço^mj^^ej^w^,


lïieiiVïes faîts premiers et natifs du christianisme, envisager mûrement-
cette longue et auguste suite d'apôtres, de docteurs, de saints illustj-e^^
dte savans, de martyrs, de héros, on est forcé de croire,, ^i,! J9 noiJon Ja»'^
Je relisais paguère, songeantà nos conférences, ces nionuraens prtIIHlii6f>
a^ christianisme. J'y cherchais, le dirai-jf ô mon Dieu ? j'y cheechaia^j
,

comment on parle vérité et foi, en des tems de confusion et de chao» ma* '

rai, et pénétré d'une émotion profonde, je ms disais Comment ne pai.^ :

croire devant ces lignes antiques, mais toutes vivantes encor^y^ifçlaireîf,


s/ explicites^ si incontestablement historiques ! .1
,
Ç)uelques lettres de saint Ignace martyr, de saint Clément pape; qrteU
ques apologies de saint Justin, d'Athénagore, de Tertullieu, les livres de'
Clément d'Alexandrie, quand on veutbiéii
piessieurs, sufiisent àjamais,
reconnaître la plus certaine authenticité des monumens, des écrits et des
faits; suffisent, dis-je, pourse convaincre de la vérité, de la réalité d'une

foi divine et révélée.


'
Là point de possibilité de mythe, de fiction, ni de toute autre hypO^
thèse de développement et de progrès humain: c'est Ihistoire palpaWè,''
c'est l'Evangile divin, révélé, historique, ce sont des faits, r^r dJIqj ,iO
Aux siècles contemporains ou immédiatement voisins des apôtres, eli

face des fureurs liguées de la philosophie et de la puissance païennes, o©


sont des philosophes mêmes devenus chrétiens de païens qu ils et aie(>t,

hommes éminens de savoir et de génie, qui pour s'attirer quoi ? ^ P^i^jo?


vrcté, l'opprobre et les derniers supplices, aux empereurs, au sénat, ajUj^

peuple, aux académies de Rome,racontei\t et attestent, non pas difs thop^j,


ries, non pas de vaines théories, nnis des faits : les merveilles du crucilié,
présentes ou renouvelées, on confu-niécspai: !|ÇS pl.M^ |ii)^6ei)$,i,^PAigna^es;

lik ïe's attestent. /, , ^r,j, p., ..f, ^.,.,, ,,;,.,,,,.,, .

^'^'^^Ue.rpiatiôii, L'orateur passe rapi(lenie^tae0ir<«¥UieiKm(esle5


Sortes tl'explations pratiquées dans l'antiquité^ puis il s'attache
a luoutier que la rc%'cIalion a été nécessaire pour savoir comment
il fallait expier. Or, l'assurance que telle expiation plaît à Dieu,
ue $e tiHîuve nulle part excepté dans l'Eî^lise catholique. Partout
Ç€ sont des essais, des espérances, des convenances plus ou moins
bien prouvées expiatoires ; dans le tatholicisiilë' seùt oii trôuye
le sacrifice quotidien, la confessiocù, etc. Et -à jirbpds <Sè la con-
fession, l'orateur s'arrête, et dit :' ''' ' '
M
,-,,;,

'"''Ll"(jénfession, il semble, est pi-éjugé insurmontable contre |l'jEgilise?il>a


confession soulève encore la révolte ou le dédain c'est honte à boire,c'esl :

l'ep^gnanceàdé^•o^e^; et c'est peine, invention étranges. Oui, c'est honte


et peine étranges ; rien ne coûte plus à mon orgueil froissé. Si ce n'était
qu'heureux et doux, je douterais ; niais ma nature en souffre vivement»
c'est action et réaction pui.ssantes du repentir ; c'est canalniervcilleux de
dodieursfen mon âme; c'est peine, expiation admirablement combinées
jour tae ployer et ni'aftliger sous la main puissante de Dieu. Donc c'est
vrai; l'expiation vraie, pnisqu'ailleuryréparàtion,expiatiÔ^ sont nulles
en comparaison. '

-La confession, rite sacré de pénitence, préjuge côhtire'fà foi, parce


qu'il froisse et humilie : niaise' est par là même qu'il est mille fois préjugé
légitime et favorahle ;
parce qu'il peine, et froisse, et humilie, il épure
aafaiiiJlVli r2l ^
jA'L liiJi-ill înit? âb fe'î.
.

€e' fipriflirtJc, berce et caresse peirt>d3tf^«^î'jg[pâiafe'^îîèf4aiabaisbe,


al -.ji :nnc:.-n
épure et punit mon cœur vient de Dieù'.^ ^^"^ siu'fihsr) aj-lq
Jiti je vous l'assure bien, c'est un de nies motifs puîssans pour croire
et pour embrasser souvent avec joie le rite de la pénitence catholique.
-JT^eM^qi tant besoin pour purifier rnon Aine et: vivifier rnon nnnviièfe;et
le fQpsoJpr aussi-,' i^' . ^
'-'
; •

"i

Or, cette admirable institutioriFdiiitf-tti^'la trouve complète et


efficace que dans l'Éjjlise catholique. L'oratetir,' éh férviim^nij
résume ainsi cette ijtlle conférence :
:î i
• -•

Messieurs, une doctrine est bien forte contre les raisonnetnens çt„
tous les doutes , quand elle a pour elle la vertu, un sentiment ^^c
,

vrai bonheur, la fixité, juue assiette tranquille de fànie parmi les Jloj^^
de tant d'orages, et toutes les consolations de la conscience. . , , „.
290 CO»FKJt£MC£S

Telle est la foi seule : la proclamer faasse ou douteuse, est violence,


guerre intolérable entre rintelligeucede l'homme et son cœur ; c'est bri-

ser, scinder en deux ce que Dieu a uni dans son éternel amour , le bien,

le vrai ;
puissiez-vous à jamais vous en convaincre, à jamais sentir que le

joug doux à subir dans la foi,


est et que des fruits de lumière et de paix
ne sont portés que par la vérité.
YIP Co?i/erence. L'orateur fait observer d'abord que l'homme
est fait pour la société; il n'est plus personne qui ose le nier. Or,
pour qu'il puisse s'y développer convenablement, il lui faut non-
seulement une société civile , mais encore une société religieuse;
or, nulle autre part on ne trouve mieux que dans l'Eglise ce qui
constitue, ce qui montre la nécessité et les avantages de ces deux
sociétés. En effel, V Eglise est société, V Eglise est autorité', c est-là
la raison de son existence.
V^ partie. L'orateur y prouve la nécessité de l'existence de
l'Eglise comme société :

Il faut le culte social, il faut la société religieuse, il faut l'Eglise, il

faut la religion; rien ne vit qu'en société ; il faut l'Eglise; il faut à


l'homme la société de ses intérêts, de ses besoins, de son but premier,
par-dessus tout la société des âmes, de leurs immortelles destinées ; il faut
l'Eglise.

Il faut appui aux faibles, soutien aux traditions, à l'unité son sanc-
tuaire et son garant; il faut l'Eglise.
Ainsi dut s'accomplir le vœu le plus cher d'un cœur magnanime, et

s exaucer sa dernière prière -.


mon Père, quils soient unis; ce n'était
pas assez dire ;
qu'ils soient UN, comme vous et mol.
Alors se réalisa sur la terre la touchante image du bercail, de la mai-
son, de la cité, du royaume de Dieu, car c'est l'Eglise. Alors, et dès le
second siècle, l'évêque grec d'une antique métropole des Gaules, le grand
Irénée, put écrire ces admirables paroles : « L'Eglise, quoique dissémi-
» née dans tout l'univers, est comme la famille habitant une même mai-
» son, n'ayant qu'un cœur et qu'une âme, et ne parlant que par une
» bouche. ' »

Puis s'adressant à ces hommes égarés qui ne veulent pas faire


partie de cette divine société, l'orateur dit :

• Ecclesia, licèt universum in mundum disseminalur, quasi unam do-


mum inhabitans, quasi unam animàm habens et cor, quasi unum possi-
dens os. (Lib. i , cap. m. )
1)K .NOTRE-DAME DiL. J'ARIS. 291
Je dois VOUS plaindre et vous chérir ; mais ne voyez-vous pas que s'il

vous faut pour des intérêts d'un jour la société civile et ses lois, il vous
faut bien plus encore, pour des intérêts immortels, la société et les lois
religieuses? Que si les devoirs, les institutions et les lois de la société ci-
vile ne sauraient être violées sans ci-ime, bien plus in-violables encore
sont les lois, les institutions et les droits de la grande société religieuse.
Leui- infraction, à ceux-ci, n'est point vengée j)ar la force des armes,
ni par la force des bourreaux; à Dieu ne plaise ! jamais il nen doit être
ainsi; c'est la triste oécessité imposée à la justic:,- humaine, justice d'un
moment. L'Eglise attend, parce qu'elle est éternelle. Mais le grand jour
des justices se lèvera pour elle enfin, et ses ennemis seront confondus.
Sur la terre, mère désolée et compatissante, elle ne lutte contre des fils

rebelles que pnr ses plaintes'et ses douleurs, et leur offre, pour vengean-
ce, le pardon de la miséricorde et les douces joies du repentir.

2^;^flr(/V.Mais il ne suffit pas que l'Eglise existe comme société,


pour remplir les vues de Dieu, et pour satisfaire pleinement aux
besoins de l'homme, il faut encore que l'Eglise soit infaillible.
Dans l'idée de société est comprise celle d'autorité souveraine;
point de société sans cela, surtout de société religieuse. Toutes
les socie'tés religieuses, vraies ou fausses, ont été obligées de s'y
soumettre. Le protestantisme lui-même, en secouant l'autorité de
l'Eglise, a été obligé d'admettre ou l'autorité souveraine de la
raison, qui détruit toute unité de croyance, ou l'autorité souve-
raine du pouvoir civil, qui détruit toute liberté morale, et est in-
compatible avec la dignité de l'homme. Or, cette vérité n'a été
jamais mieux proclamée, mieux mise en pratique que par l'Eglise
catholique. Ses enfans se connaissent, en ce qu'ils se soumettent
à son autorité infaillible ; quiconque lui refuse cette autorité,
par là même cesse de faire partie de cette église. L'orateur résume
toute cette doctrine en ces termes :

Il faut la société civile, il faut la société religieuse ; il faut le pouvoir


souverain civil, il faut le pouvoir souverain religieux. Société religieuse,
c'est société de foi, c'est unité de foi ; unité de foi demande une autorité
souveraine de foi ; autorité souveraine dans la foi, c'est infaillibilité.
Telle est la notion vraie, consolante et pure de l'Eglise. Cette foi dans
l'infaillibilité de l'Eglise fait toute seule, fait pleinement le catholique.
Il embrasse étroitement cette foi ; il la serre étroitement contre son sein,
292 coNfÉïrBscÈs

comme la planche de salut au milieu de taut de naufrages. Aulour de


lui, il voit un nombre immense d'infortunés qui cherchent, incertains et
à tâtons, comme des voyageurs marchant seuls dans les ténèbres, sur un
terrain mouvant qui se dérobe sous leurs pas ; un instinct secret pousse
vers le catholicisme; il faudrait un dernier et généreux effort pour saisir
la colonne d'infaillibilité. Mais l'orgueil de l'homme se soulève. Soumet-
tre les convictions de sa raison, nous disent l'esprit d'indépendance et les
passions Quoi vons ne voyez pas qu'il en doit être de ces résistances si
! !

Gères, comme de ces animaux fougueux; livrez ces coursiers superbe à


leurs impétueuses saillies, ils vous précipiteront d'abîme en abîme; domp-
tez-les.ilsvousporterontsurunchardetriompheau séjourderimmortalité.

Enfin, près de descendre de cette chaire pour ne plus y remon-


ter que dans un an, l'orateur de la jeunesse de Paris résume en
ces termes, et l'etret produit par le grand concours de fidèles au-
diteurs, et les espérances qu'il fonde sur une génération qui est
animée de si belles dispositions :

Messieui's ,
je ne terminerai pas notre religieuse carrière, sans vous
dire ce que j'ai profondément senti en vous parlant. Si la pensée des
maux produits autour de nous par l'indiftérence et par l'erreur vient sou-
vent attrister l'àme dans celte chaire et lui imposer une lutte pénible, il

est bien vrai aussi que le cœur retrouve à votre vue d'inlinies et douces
consolations.
Votre assiduité si nombreuse et si constante, votre attention grave et
recueillie, l'assentiment donné aux convictions les plus sincères du zèle,

tout semble ici, le dirai-je? pour le minisire de Jésus-Christ, révéler la

présence d'amis bienveillans et généreux.


Et pourquoi donc en serait-il autrement, quand Dieu même a voulu
visiblement rapprocher des cœurs faits pour s'entendre?
Oui, je me plais aie reconnaître et à le proclamera votre gloire. Sei-

gneur dans un grand nombre de


; fortes et jeunes âmes, la foi du prêtre
rencontre un retentissement fidèle. Il le voit, il le sent avec bonheur.
A la foi, à la croix, aux leçons de Jésus-Christ, bien des courages se
sont ardemment dévoués, et chrétiens comme aux premiers âges, ils ont
su renouveler à nos yeux toutes les nobles inspirations du zèle, toutes les
ardeurs de la charité.
Soyez bénis au nom du Dieu trois fois saint, ô vous tous, religieux es-
poir de l'avenir. Une grande mission vous est échue; vous saurez la rem-
plir^ j'en ai la ferme confiance. Par les travaux, les talens, par la vertu,
DE XOTftE-UAMt; Dt l'ARlS. 293
VOUS saurez lionorer la i-eligion qui vous honore, et vous brillerez au sein
des générations comme des guides bieofaisans, comme le flambeau con-
solateur, (^ue si daulrcs hésitent encore et balancent à voub suivre, leurs
cœurs combattus leur disent assez où se trouvent, avec la vérité, le repos
et la gloire impérissables. Puissent-ils y parvenir enpn !

Nous nous associons avec bonLeuv à de si douces espérances^


et pour notre part nous counaissous assez les dispositions d'une
partie de la jeunesse actuelle, pour avoir la feinie coutiance
qu'elles ne seront pas trompte?.

A. B.

lir:i.UIL. lOML I.— N' -4.18iO. 19


29-4 sUR Ll, SYSTÈME B'ÉCRIILBt

Sur le système d'écriture des Égyptiens, et modèle des trois dififérentes

écritures qu'ils employaient, avec un alphabet démotique et hiéro-


glyphique.

Dans notre n* 12, celui de juin 4831, nous avons parlé fort au
long de la découverte de la langue des hiéroglyphes ; nous avons
dit quel secours pouvait en attendre la religion ; nous avons tracé
l'histoire de cette découverte et des divers tâtonnemens par les-

quels elle est passée ;


puis nous avons donné une grande planche
où étaient reproduits l'alphabet démotique et l'alphabet hiéro-
glyphique de celte langue.
Mais depuis cette époque cette science a fait de nombreux pro-
grès. Chainpollioa a produit plusieurs ouvrages remarquables;
différentes lettres ont été ajoutées aux anciennes dont quelques-
unes ont été modifiées. Aussi plusieurs de nos abonnés nous ont,
à différentes reprises, manifesté le désir de voir ajouter à notre
premier article un article complémentaire; c'est ce que nous

allons faire aujourd'hui, en donnant des planches nouvelles et un


peu plus d'extension à l'explication du système d'écriture égyp-
tienne. Ce sera d'ailleurs un document tout nouveau et nécessaire
pour ceux qui n'ont pas la collection complète de nos annales.
« Aucun peuple ne nous a laissé tant d'inscriptions que les

Egyptiens; tous leurs monumens en sont couverts, et ces monu-


mens sont très nombreux. L'Egypte est comme un musée de rui-
nes en assez bon état, et quelquefois parfaitement entières. Les
procédés de construction employés par les Egyptiens ont assuré
cette durée aux monumens, et dans l'Egypte même, les ouvrages
d'architecture qui sont d'origine grecque ou romaine se fout dis-
tinguer par un état de destruction plus avancé, quoiqu'ils soient
postérieurs de plusieurs siècles à des ouvrages égyptiens. C'est
sur les temples, sur les palais, dans les tombeaux ou sur des mo-
numens isolés, qu'on trouve un nombre infiui d'inscriptions en
i .uactcrcn hiéiu^lyphiqucs, hicratii/ucs, dcawtiques {ou populaires).
DES EGYPTIENS. 29i^

On donneàcette dernière espèce d'écriture le nom d'enchorinle,


c'est-à-dire du pays (de hyô^^\o<i, qui est du pays m^me, national)'
c'est par ce mot qi'elle est désignée dans le texte grec de l'in-

scription de Rosette.
Les Egyptiens exécutaient rarement une figure, une représen-
tation quelconque^ sans en écrire à côté ou le nom ou le sujet. On
trouve constamment ce nom auprès de chaque divinité, de clia-

que personnage, de chaque individu. Dans chaque scène, chaque


tableau p'^int ou sculpté, une inscription plus ou nicûns étendue
en explique le motif. Pour en retirer les notions qui peuvc nt en-
richir l'histoire, on doit chercher à pénétrer le sens de ces textes
et légendes, et d'abord à reconnaître le genre d'écriture qui s'y
trouve employé.
Ces écritures sont de trois sortes :

1° Hiéroglyphique^ ou composée de signes qui sont la figure


fidèle d'animaux, de plantes, d'astres, de l'homme et de ses divers
membres, ou bien d'objets divers, produits de l'industrie hu-
maine. Le nombre des signes de celte écriture est de 800 envi-
ron, et ils se distribuent en trois clauses :

\. Signes figuratifs^ ou exprimant l'idée de l'objet même qu'ils


représentent ;

Signes figuratifs purs.

1. Soleil. 9. Glaive.
2. Lune. 10. Arc.
3. Montagne. 11. Flèche.
4. Arbre. 12. Lumière.
5. Cheval. 13. Nuit.
6. Chien. 14. Chemin.
7. Tortue. 15. Cadavre.
8. Ver.

«5-
^ ^ 6

6
296 SUR LE SVSltME .J)jii;RlTtRi:
-^'.
'Cl.;. •/-j-.Ti'rTi-'

11, Signes 6;>77i^o2rV^t^5j,^onjt l'objet qu'ils i'epinBseM,i!^j^ ardes


rapports plus ou inoir^ éloignas, j^^jo^. Yop»i»ioj3i;de$ J^g^lifg
avec l'idcie qu*ils expriment ; ,

»
.. ^., . ^, .

'^Signes sj^mboliquej ou idée-phàj{éti(}uek' ^^ .W^,

*^^
^ 1 .Personnage barbu. Radical déterminalif des noms tlç dieux ;

1(| nnêine personna^je porte quelquefois la coiffure liab^ie|lc ^^


*^
/rvdifeu et ses insignes ortlittErires. "^ "*"

2. Femme assise. Radical des déesses. Quelquefois on trowfiC


ajoutés à cette figure les insigû'tïcarrtctérisliqtiès de ^^^^j^^'^wone^

3. -ffojrawie. Radical des noms D>-ôjt;r(?i et dés P<î>T»^fg'ffW<ff^f»d^i


professions, de parentés, etc:'';' '['
.--^^^
'
'

b<\vMx\-\^\
4. Femme. Radical dës* lioliis de femmes^ de p»'ofe^siq)>^,|.jit;o
'
degrés de pai-entc, etc. _ _ ^j,, ^,,^,^1^ gj ^i
5. Moitié postérieure d'wiepeàûde bœuf qu i^'a{ftre.qjfQdri(p^ieifi'
Radical de louS'leè noms Uè^ quadrupèdes, k déhv^i^^^^^^
lift figuratifs; - '

/
.^ ...'^..^qi.'^u -^yfi ^-'n."
''^,J'.|^|"'
,

6. Oie, canard. Radical dés hôâis id'oweaKa-.de Ip^l^jjj^i^c^igniir


Iddfivpiile. Radical de tiiûs^és hbms de reptiles,^
saioilq/^^ 9"p
"- ;Jin>/'oi>^ori. Radical des )ywi-5o>iJ.'' '
'
.
j ro •
i'i"v>W'iw(
MiJlrhre. Radical des différentes espèces (IVrô^e^-i-o ,'»vs\«V'^î\oi\Q,
IQ, fiante. Radical dé nonis de plantes, à^ herbes, iXcJlcu^[ff\q ^Ai
11. Gram«>^u: minerai. Radical \\cs métaux, ^çs^l{'fj:f^dVîf'>M
cté^aîw, etc.^.^^^'i>•^^-
\,^! Mno* ^^^çV^oÀ
lî. Radical des membres ou parties du co//;i, /ntfJuikV* no'I J9 t*^«^
13. Etoile. Radical des étoiles, des co«i767Za(zo/îy,.f^<ii>y«tfe\\'^«pii\

14. Soleil. Radical des divisions du tems. ...io/h ?3iiphu(}


15. Z>cnf, angle. Radical des noms de /oc/f/À/(B^^.,ftj^{j. feangîz uo
16. £ait. Radical des noms de fluides. ,,,^,i,f,^\f,«l^^^;l ?/>^oqni>>
17. vi^a^e/ jHr leqw.l brille du feu. Radical des ,^^JS j^-^i^lif^

"

18. /'te/Te. Radical des ^iV/vT.v. '


, ., f
19. Maison, habitation. Radical des noms A'édiûce^tç.^h(t^liiia-^
-
tions, etc. .. - j ^
«A-xCi r
20. Moineau. ^Sidkri] des chcfses impures y nmsihles,tic.
,, ,t . , .\\^iC !

e^fel: Phttne. Radical des nOmhs reTatîfs âl^t^^^ fcr/rCf ^ifo^^qt


«^Çî*. /7«J.V fffmbes. Radical àes'âù^ï^rfs el ^nmou^emen^^^^

m. Signes nlphabéliques, ou exprimant le son et kl voix -delà


expriment ces sons ou ceslvoix d'après
lanjjue parlée. Ces'signe.ï
uri'printipe général qui explique aussi leur, grand nombre, et ce
principe est qu'un signe alphabétique égyptien rjepréâeute.lc ^on
ou^a 7>m,r par lequel commence, dans la langue pai'lée, le nopi
de la chose même représentée par ce signe : ainsi le lion repré-
sente Ij; ôil^ee que le nom du lion était laho~ WiHMitii eéi i«a>9^^
paVt'e -iifiïë'lehdin de la main éiait toi^ etc. On pourrait dAnè^
écrire avec im alphabet hiéroglyphique toutes Ic-s langues con-
^îâues,-èiA!'*ttitâtÀt ce même principe j binais l'^riture hiéroglyphi-
que égyptienne avait de plus les signes figuraiifs et les sif^nês

symholùjues ; et, dans toute inscription de ce genre , les signes


phonétiques o}x alphabétiques en forment au moins les deux tiers.

De pins, dans une même inscription répétée plusieurs fois,

les in ot^ écrits dans un exemplaire en s\gnes fis^inatifs ou sym^


boliqnes sont écrits dans un autre exemplaire en signes phonéti-
ques, el l'on voit comment la découverte de l'alpliabel de& si^oçs
phonétiques n. été \ayêntah\e clef des hiéroglyphes.^ v'. *=* '

Quelques exemples de la manière dont les radicaux figuratifs


ou signes déterniinatifs de genre entrent dans la Xorniation des
composés ifiéo-phoneliques. ;.
^^ ^^
.; .
. ,v. >.„ / ?

îl'-^-mn, A mon. — dieu.


2. Icé. — DKEssE, = déesse-Isis. _ ,,
3. ÇriyCon. — HOMME, = frère, .
jk^v^
A. Cm, — pÉsbiF, = soeur,
eône-t.
t}. Ocht. — AT,hRr.,=perséa. .
i,,:i.r.:i -.^..oimoi:. .

G. Schnin. — ou platïTE, ~ lotus.


fi.t:(jp.
.

298 SUR LE SYSTEME d'ÉCRITURE

7. Sf, pour saf. -r- soleil, ==? hiei


8. Hbb, hebb.— = eat;, source.
9. St^ — FEU, flamme.
soie. ==

10. Rp, rpe — ATioN,= temple ou demeure d'ua dieu.


Hi^Brr

ll^Skaï.l-— pLuiiE, = écriture.

héi% àtâ ïw é k'^k ^^^ pfc


« d /O ;;

2° La deuxième écriture est Vhiéralique^ co'mpose'e de signes


dont le trait n'exige pas la comiaissance du dessin, et qui ne sont
qu'une tachygraphie des signes hiéroglyphiques mêmes : ainsi,

chaque signe hiérogyphique, figuratif, symbolique ou alphabéti-


que, a son afere'«-e hiératique, et cet abrégé a la même valeur ab-
solue que le signe mêtne dont il est une réduction. Il suffit donc
de connaître le tableau comparatif des uns avec les autres, en
remarquant toutefois que les signes figuratifs et symboliques sont
plus rares dans l'écriture hiératique que dans l'écriture hiérogly-
phique, et que ces signes sont remplacés dans la première par le

nom même, écrit en caractères alphabétiques , de l'objet repré-


senté par les signes symboliques, les formes naturelles pouvant
être complètement figurées dans une écriture par figures, et ne
pouvant pas l'être toujours dans l'écriture par des traits écrits et
'

qui n'affectent point la forme des objets naturels. ^


3° La troisième écriture est la démotique, composée d'un cer-

tain nombre de signes pris de l'écriture hiératique même, mais


d'où les signes figuratifs sont exclus en général , et ne conservant
que quelques signes symboliques pour les objets relatifs à la re-

ligion seulement. Les signes alphabétiques dominent dans cette

troisième espèce d'écriture. Elle sera donc la plus facile à inter-


préter lorsque tous les signes qui la composent auront été re-
cueillis et que leur valeur sera complètement connue. On voit
donc que les Egyptiens . ù piopicinent parler , n'avaient qu'un
.. . .

DES FGYPTIENi

seul système graphique , composé de trois espèces de signes, le

second et le troisième étant régulièrement déduim du premier,


€t tous tiX)is réglés par la même constitution.

alphabet égjrptien de Ckampollion le jeune.

S. grecs, j
Signes démotiques. j Signes hiéroglyphiques.

:: 4. «A. ^î>«^,V^»-'. î. V^-VS.I—..f.t7.JiÈ=.


£ B - 42f; J<..6t. .«. . u . u'. k d.ti.uVo.^J.I^.
5'
r 4.2*. ^It. ù.^-.^^ « .

4 A ^:,,UL. «.le..*.!.

5 E 1. ï.^.
Bbi & Z., •«^'HFr-, V.
l d i.^i:^. i=>.

» H 1w JirTiii. ^.%.
* t fir.'^irîiH»/. M.l^.15'^---AV
4D r ^ . <r,-—r^r -*-^-^ IÈV>-. J..d.iJ.O.S^e> «oU V.'OP». J.

% '"
'â'-''
y.^.x'Jfr^ ^

,â5i.«>.«6 ^AA.
"%x ..:* i
^.T.^.F=^.^.
A3 M j.a-^.i3i. ^s«a.5.5.5.o-4.^t=.
f
3: 4£:^-ka^'.X.^ :s:.-*r.
iS rrf.r,*j;x. Afi.ïO.Ç.i;.^
k n •i^^wcî.x*:..i:;>-^*f:H- B.0.o.ï?=si
<7 p /*/.=.- c=.<s>- .2;3sU^ A ô. « Wrta W.Uv
. .

iS t OirOI.^).^. T. r«-.'«.f*^. f ^.«.^m.'É.'ê-.


13 E -^.^c.Kc.Oi.Uil'X l^i*-\i^U. «.x.'*'^*•*•
20 T ^. .e. . 1 . ^, W-t*.^ i kj^^ o .^>,. A^.—l>Vfi-.&«-
Al Y **.K;>, : ?-
22 $ -ft</.i^J^- x..i(. SflwB^
23 X A.r2>."|.,^. ®
2ii î fla:'^.^. Bp.JP—
a5 A r.r;.^. <?-

26 « -id,/^.^. m.
27 TO-
300- >DR I.E SySTiMK û'éCRITORE

h'^cni.meJiieroel^fph^uees^ ejiiip^yée dans les moâuuiens de


toutf èspèçç^|wi\]Lç^t!çmp^s,cpu>me sur les figures les plii» coni'^
munes, et sur les briques mêmes desiiûées }>our les coustroc-»-'
lions. Sur les plus anciens mpnuiiiens, cette écriture est absolu*
ment la même que sur l'ouvrage égyptien récent, et il n'y a pas
beaucoup d'exemples hors de l'Egypte, d'un système graphique
toujours le même pendant plus de deux mille ans. Mais lesys-^
tème graphique égyptien était entièrement lié^ nQn*«eulerafint !

avec les institutions du pays, mais encore. ave.ç la langue paile'e,


et la grammaire de cette langue n'exigeait et ne subit en eflet au-
cune modification fondamentale^ . vS^jv <:3upi.9^tI(^^Ifi^

L'état constant de l'écriture égyptienne n'offre doâc à lA pi«


Iseographie aucun principe utile pour juger de l'antiquité irelative
d'un monument on ; connaît, il est vrai ,
quelques inscription^
d'un aspect d'antériorité qui frappe les personnes habituées ,à~=»'.'

leur étude approfondie, et cet aspect dérive tout entier du tracé '^'
des signes ; mais il faut encore poursuivre cet. examen pous:^': m
déduire des règles éprouvées. . - , - . -^ -

L'époque d'un monument ne peut donc être bien (^nnue que » •>

1° par l'état de l'art, conclu du monument même, quand ce mkWiiq


nument est de quelque importance ;
2° par les dates et les dofa-^'^""

nées historiques qui s'y trouvent écrites. L'art égyptien atteigtiitf

;i toute sa perfection durant le règne de la xvhf dynastie,! et se '•

conserva pendant quelques siècles jusqu'à Sésostris, chêfdeki •^•

xixe, c'est-à-dire da lô^au 18^ siècle avant l'ère chrétietMie.


Les inonumens antérieurs à celle période ne sont pas aussi pa^io >

faits. Les monumens postérieurs portent déjà quelques traces fk?' "'
décadence, et CQt état de choses constitue trois époques que l'ha-
bitude des monumens fait bientôt reconnaître. - i .v «.uk^/:!

Plus tard, l'influence des Grecs et des Romains altéra eùéc*»!**''^


principe de l'art égyptien, et le tracé des signes hiéroglyphiqu>ç^>""»b
témoigne de cette influence aussi bien que les monumens de l'aiM^aE
chiteclureet de la sculpture égyptienne. ' '"'

L'écriture hiératique, employée plus ordinairement pour les


manuscrits, se trouve aussi sur des caisses de momies et sur
quelques autres monunienS; tnfii;?, pa,rticulièrcinent sur des pier-
tJT*!''t(ÎY*tTEN's, 301

res'isoleesv ffrnssièyeiiient aplanies : on V a itacè au pinceau des


inRcriptions quelquefois assez lonffues. On trouve aussi sur des
édidces des inscriptions de ce genVè*, e'critesiôû'g\-âvéês par des
curieux ou des voyageurs anciens. Mais Temploi le plus utile
pour ni)us de cette seconde espèce de caractères égyptiens est

dans les papyriTs historiques et les registres de comptabilité des


temples. On en a tiré les plus précieux renseignemens pour la
chronologie et le système numérique des Egyptiens,
L'écriture démotiqUe eta.it réservée aux usages généraux et po-
pulaires de la nation ; les décrets et autres actes publics, les con-
trats, quelques stèles funéraires, les transactions particulières, se

faisaient en écriture démotique. Le texte intertnédifaiTe de Vin-


scription de Rosette est de ce genre. '

Ce qm intéresse le plus dans l'élude d'une inscription égyp-


tienne, ce sont les indications historiques. On les trouve dans lès
noms des rois ou des grands fonctionnaires, et dans les dates
c|u'elles contiennent. Les noms des souverains sont toujours en-
fermés dans un encadrement elliptique appelé cartouche'. Vîâ.

cavto«cli'e" contient ou le prénom royal, consacré par raatorité


publique et la religion pour chaque prince, ou bien son nom pro-
pre.Le prénom se trouve plus ordinairement et comme, sur le ;

grand nombre de ceux qu'on a recueillis, il n'en existe pas deux


de semblables quoiqu'on en trouve de très analogues, chacUii
,

de ces cartaaclies-prénoms appartient à un seul p-ince qu'il dé-


signe spécialement. L'étude approfondie de ces cartouches avant
conduit à rattacher individuellement ces cm't ou ch es -prénoms akx
princes qui les portèrent, et à en dresser un tableau fondé et con-
firmé par les monnmens,ce cas touche-prénom, quoique isolé, est
devenu ainsi un indice historique très important, le monument
pouvarrt être attribué, avec toute certitude, au règne du prince
désigaé par le cartouche, et au ègne du prince qui fut le moins
i

ancien x\ès deux ou de plusieurs qui sont quelquefois rappelés


sur le même monument. On doit donc donner la plus grande
ottention à C6s cartoaches; leuç existence ajoute du prix à toute
l'innom bb ef»!».îiE> vai tue !:^ii& ti/;iû:i a^-

Ofi*p^ut en vrifr mi exemple d.in<! notre plnnclin du t. ii. pV 44o.


302 SDR LE SYSTEM* D'KCRITrRK

inscription qui en coi^pte un ou plusieurs dans son texte. Son-f


vent Iç cai'louche-no/n propre esta !a suite du cartouche-r^renom ••

jan. groupe de deux signes, composé à\i chéjialopex (o\e d'Egypte)


et, du disque du soleil^ les se'pate, et dans ce cas, la légende rojale
est complète. Ce groupe, qui se lit résé {fds du soleil) , estuu titre

jcommun à tous les rois de l'Egypte : on a ainsi la désignation

entière de chacun d'eux j


par exemple, soleil-gardien de la région
inférieure, approuvé par PAra'( cartouche-prénom), le fils duso-
Ieil(§roupe de deux signes), Ramsès (cartouche-nom propre),
telle estla légende royale de Sésostris ou Ramsès \1. Le premier
signe du cartouche-preno»» est toujours le disque du soleil, et «e

signe, comme tous les autres cartouches de ce genre, estfigujatif


ou symbolique. Dans les cartQuches-nom.f propres, au contraire,

l^ signes sont oU entièrement alphabétiques, ou alphabétiques


et figuratifs mêlés ensemble. Les noms des dieux égyptiens en-
trant dans 1* formation des noms propres des princes ei des pav-
t.içulier$, on mettait souvent daps les cartouches la figure lï^ème

du dieu à la place de la syllabe vocale qui, étant son nom, entrait


dans le nom propre écrit dans le cartouche-prénom où l'on re-

connaît toujours des signes alphabétiques.


Les dates qui se trouvent avec les légendes royales sont aussi
d'une grande importance pour l'histoire, et les monumens qui
.portent quelque indication numérique sont heaucoup plus rares
que ceux qui n'en ont pas. Ces indications numériques sont ou
l'âge du défunt sur une stèle funéraire, ou le nombre des divers
objets consacrés qu'ila offerts aux dieux, ou bien la date d'un
événement mentionné dans l'inscription. Les dates proprement
"*'
dites sont les plus intéressantes à recueillir; elles sont exprimées
en chiffres hiéroglyphiques qui, spéciaux pour chacun des nom-
bres 1, 10, 100, 1,000 et 10,000, suffirent aux Égyptiens pour
exprimer les quantités moindres que ce dernier nombre.
Ces indications chronologiques sont donc ce qu'on doit cher-
cher d'abord dans une inscription égyptienne. D'après ce qui
précède, on les reconnaîtra facilement dans les textes hiérogly-
phiques : et quant aux textes hiératiques ou démoliques, les car-

touches y sont également figurés, non pas complètement, mais

i
DF.S icYPTIRNS. SOS
seulement par deux signes qui placent le nom propre d'un roi

comme un mot français entre deux parenthèses, et le signe de la

gïïuche a, de plus, après lui, une ligne droite qui re'pond à la

base même du cartouche complètement tracf'. Les signes numé-


riques, hiératiques et démoliques sont de beaucoup plus nom-
breux que les signes hiéroglyphiques ; et comme ils se trouvent
rarement dans le texte d'une inscription, nous nous abstenons
de les reproduire ici. A ces notions sur la palaeographie égyp-
tienne , nous ajouterons : 1" Que l'éciiture hiéroglyphi(|ue pro-
cède indiftéremment de droite à gauche, de gauche à droite, ou
en lignes perpendiculaires. L'inscription commence du côté vers
lequel sont tournées les tèt^s d'animaux qui y Sont figurées, et
dans les lignes perpendiculaires même, cet ordre est constam-
ment suivi pour un texte entier, ou les diverses parties de ce
texte. Une ligne isolée d'hiéroglyphes, la dédicace d'un temple
ou d'un autre monument, par exemple, procède aussi quelque-
. _
fois une moitié de gauchç à droite, et l'autre moitié dans le sens

^ coutraire^ mais> dans ce cas, on distingué au mîlîetï ittéme de


cette inscription, un signe qui n'a pas de direction propre ou

j^. naturelle, tejle que la crc.x ansée, un obélisque, etcj et c'est de


ce signe que les deux moitiés de l'inscription prennent chacune
la direction opposée. 2° Que l'écriture hiératique et la démotique

iib
'P.''ocèdent constamment de droite à gauche, comme l'arabe et
g.,^.jgitçes écritures orientales »^

"" **'*
Champoluon-Figeac.

'''^- * Cet article est extrait du Traite d'archéologie, par M. Cbampollion-


Figeac.
304 CODRS DE PHILOLOGIB «T D*ARCHÉ0T>OGIE.

DICTIONNAIRE DÉDlPLûMATiOlife

COURS PHILOLC^iOÛi: KT HISTORlQUJ&>m>A> 8»1:


'"'
V '

^ .„, - .i.'î f <^-•«6fl^•I'^lIi:ê•

tfSr^' ^n^^C .n.n.l.nd.

CHANOINESSES. Les doeumens si détaillés que aotCs avons


donnés sur, l'histoire des cbanoines nous dispenseroiit dé noiîs'

étendre sarcelle des chanoinesses ; car celles-ci ont' suivi tes ^aà-"'
très dans leurs époques de perfection, de relâchement è't**âe"
ruine. 11 nous suffira de dire que l'on appelait en Orient' xavovt-'
/.rnyCh^noine^seSf çpvla'me», /enmiés dévotes qui cHàntareiit^^ès
psaumes avec les acolytes dans les convois. Les véritables '(/tia-""

noinesses ont cqnîinencé eu Occident vers règne de Pépin, eii'"'


le

^55, quoique peut-être il nje s'agisse là que de m6/«e55èiVlKlPeb^*'

sont mieux désignées dans le concile de Francfort en 794, et nè^"'


Chal5ns-sur-Saone en 8l3 '
; inais elles ne reçurent de règles fixés
que dans ce deiu>i,er concile ; le «>ncile d'Aix, en 816, les oblf^*^!*

geait à la continence et à la clôture, mais leur laissait la posse.V-^'


sion de leurs biens et le droit d'hériter. Le dernier article Ait
supprimé par le concile de Rome de 1060. Bientôt le velâclîértlèHîÉ'"''

s'établit parmi elles, et amena la séparation ci\c}ianoltt<H!t^^rè^\W^^'*


'- "'^^'"'
Hères eX. chanolnesses séculières, ,. ,.
"' '
'^

il •,"11 liin i>3'iiËu!li eii02iBai

• V6iner5*arL(ransW^l5^.-),.î^^xi^j^g,a78,,yq ^m'A aii ssBi«3«i»


. Concile de Vonïeu?!/ bqqsi'»
_ j ^^^^ ,,,.,,.03 DibiO lao
^hf^^kitttoincsses-rè^lièrès^soiïi'àe véritables religieuses qui
vivent sous la règle de Saint-Augusti^f, et qui ne diffèrent des
autres religieuses que par leur litre honorifique. Il en existe en-
core plusieurs couvens en France et à Paris, entre autres celui
de l'Abbaye-aux-Bois, dont les religi/eusçs. consac^entavec beau"
coup (^ ^Iftxès.Àeuis- soins à Ifeducatioiv des jeunes personnes;
elles ont dans la maison un pensionnat nombreux, outre des
écoles gratuites pour les filles du peupl^, |Tfm pfnCO
,

Les chanohièsses séculières e'talent des jeunes personnes qui,


sans renoncer à leur patrimoine, sans prononcer aucun vœu, pos-
sédaient de très belles prébendes, logeaient dans des maisons sé-
|)aiccs , mais renfermées dans un mèine enclos. L'abbesse seule
et ladoyenne faisaient vœu de cliasietè les autres qui étaient ;

dans la maison étaient astreintes à chanter tous les jours au


,

chœur l'oflice canouical avec l'habit de l'ordre eL\'aurnusse s\^v


Ic.bras. ElJLcs jouissaient d'ailleurs du privilège de claricature,
et étaieçtt comprises dans l'état ecclésiastique. Toutes ces chanoi-
nesses,oi?t été abolies en France à l'époque de la révolution.. Ou
verra Je nom de quelques-unes de Leui-s maisons à l'arlicle cha.-
i:!ii»i-'ii u --
jnLres nobles de. feuimes.,(^^ Dn iàijp ^t'*^ -»^^

Çepen4,apt on voit encore en -FriMicè ét^^i4biâpaîanënt''al*ari's


^^
un avant! nombre de jeunes personnes et de demoiselles pîùs
âgées qui portent le nom de c/iunoinejscs, avec le titre de dame et ,1.

de cQi/i^ciie, auquel elles attachent un surnom ou une ancienuu


qualification de terre ayant appartenu à leur famille. Elles sont „

presque toutes de l'orrfr^f^e Saint4;-Annc-de-Bavicre. Voici quel-


ques détails sur la manière doftt on obtient ce titre et sur ^es

droiiïqui v'sont attachés. nî ,3-.uJ6b r.f k )3 a^a.niîno. b1 eli^^og

Cet ordre était un des plus


iâncièns de rAllemagne quelques ;

aut^ijj^^ le remonter au fems des Templiers. Mais,


faisaient
conune les autres, il subit la décadence et devint de régulier, se- , v

culier. Les riches prébendes servaient de dot aux filles des

maisons illustres, qui, par les loix étaient souvent exclues de


l'héritage de leurs pères; mais les dernières révolutions ont
frappé cet ordre comme tous les autres. A la vérité, en AUemaguc,
l'ordre des chancinesses fut conservé ; mais peu à peu le trésor a
34)6 COU&S D£ PHILOLOGIE. £T D ARCHEOLOGIE.

envahi tous leurs biens. Cependant en 1828 elles touchaient en-


core leurs revenus jusqu'au premier mois de leur mariage. Celles
que Ton nomme aujourd'hui u'out plus droit à aucune dot.

Cependant les chanoinesses résidant à Munich continuent à


s'assembler à diverses époques de l'année. La reine, ou à son dé-
faut la fille ou la sœur dn roi, sont présidentes nées de l'ordre.

Ces princesses absentes, le chapitre est présidé par le roi en per-


sonne, comme il arrive aujourd'hui.

Le roi de Bavière, ne voulant pas restreindre ses faveurs aux


limites de ses états, admet à l'honneur d'être chanoinesses les
personnes des autres royaumes qui lui sont très spécialement
désignées comme dignes de faire partie de l'ordre. Celle qui as-
pire à cette faveur est alors appelée à produire ses titres : il lui

est demandé de prouver la noblesse et l'ancienneté de son origine


par des pièces authentiques qui sont soumises à l'examen du gou-
vernement de Bavière, ou à l'ambassade chargée de ses pouvoirs :

et la demande passe sous les yeux du roi qui approuvi. ou refuse.

Le nombre deschanuinesses s'étant accru considérablement depuis

quelques années, on a reconnu que cette multiplication pouvait

compromettre l'avenir de l'ordre, et désormais la cour, retour-


nant aux premières traditions, apporte une grande sévérité dans
la dispensaiion de cette faveur.

Ces chanoinesses ont à la cour de Bavière le rang des fenunes


de chambellan. Leur costume d'étiquette est élégant et noble : il

est en satin noir l'été, en velours noir l'hiver : la robe et le manteau


(qui s'attache à la ceinture) sont richement brodés en paillettes
noires d'un très bel effet : la décoration de Sainte-Anne consiste
en une croix à quatre branches, fond d'or rehaussé d'émail blanc
i îbleu : une des faces porte l'effigie de sainte Anne avec celle
mscriplion :Sub tuum prœsidium; l'autre est ornée de l'effigie de
saint Pierre, et porte cette légende : Patronus jwster. La croix est
suspendue à une rosette de ruban moiré bleu clair, orné d'un filet
argent et jaune pâle. Aux jours de solennités, on ajoute à la croix
un large ruban également biat mcivé borde d'argent, semblable,
sauf le liseré d'argent, it celui que portent les chevaliers du
chàNtrk. 307

Saint-Esprit : l'une de Ses extt-ëmîfés est omëé d'nne longue


frangb d'âigeiit à petites et a grosses torsades surmontée d'uh
nœud qui s'attache sur l'epaale ; ce rtiban, placé transversalement
sur la poiti'ine de gauche à droite, se termina au bas de la taille

et se peixlsous la ceinture.

On a dit à tort que le titre de chanoinesse s'achetait le gouver- ;

nement de Bavière, pour couvrir les frais do chancellerie et la va-


leur des décorations, exige il est vrai une rétribution, mais elle
est trop peu importante pour qu'on puisse rien en induire contre

la dignité de l'ordre. Les nouvelles chanoinesses non habitant

dans le pays reçoivent leur brevet par l'entremise de l'ambassa-


deur de Bavière : il est accompagné des décorations et de lettres

honorables. Munies de ices lettres, il leur reste encore à obtenir


du souverain de leur nation l'autorisation de porter les insignes
de l'ordre.
H
Ce titre de chanoinesse n'impose à la femme qui en est revêtue
d'autre obligation que celle de la rorter honorablement il :

n'exige d'elle aucun engagement relatif au mariage. Les chanoi-


nesses, en se mariant, peuvent même continuer à porter les dé-.,

coratious de leur ordre. On peut être nommée chanoinesse à tous


les âges, au berceau comme à l'âge le plus avancé.
La pensée qui préside à l'institution de l'ordre des chanoinesses
n'est pas seulement royale, elle est encore toute paternelle,
puisqu'elle a pour objet d'assurer à la femme qu'elle favorise, une
position sociale qui lui permet de vivre avec convenance dans le
célibat sans l'obliger à renoncer aux avantages d'un autre état.

"'CHANTRE. Celui qui chante clans le chœur d'une église. Mais


^e mot est principalement consacré pour désigner le maître du
chœur, qui est une des premières dignités d'un chapitre c*est : lui
qui ttônne le ton aux autres en commençant .les psaumes et les
antiennes. Il est nommé dans les actes Iraiis' primicerius, can-
ior, prcécentor, choruules. Le concile de Cologne de l'an 1620 lui
donne le titre de chorévùjue^ à cause de son intendance dans
le choeur. Dans les fêtes solennelles, il pol'te la chape et le bâ-
t6n cantorid qu'il met dans ses armoiries pour marque de sa di-
308 COIJR^ DK PHILOLOGIE ET u'aRCHEOLOGIE.

guité. Il dirigeait autrefois les diacres et les autres inijaisties in-


férieurs pour le chant et les autres fondions de leurs emplois.
Celuiîde Paris avaitune juridiction contentieuse sur tous les maî-
tres «t.. niaîtregses
, d'école de cette ville ; cette juridiction était
composée d'un juge , d'un vice-gérant , d'un pronnïteur et
autres officiers. L'appel des sentences allait au parlement.
Outre le grand-cliaitt»«e , tous les chapitres considérables
avaient d'autres chantres, pour soulager les chanoines. Leur éta-
blissement est dû à saint Grégoire, qui en lit un corps qu'on appe-
lait l'Ecole des chantres ; Anastase le Bibliothécaire semble î'attri-
tribuer au pape Hilaire qui vivait cent avant saint Grégoire. Dans
le concile tenu à Rome en 595, il est défendu de prendre des chan-
tres parmi lesdiacres, quinedoivent que lire l'évangile à la messe,
vaquer à la prédication et à la distribution des aumônes. -.-^i

Le chantre avait ordinairement, sous Tautorité de l'évèque, le


soin des petites écoles de lu ville.

CHAPE. Ornement d'église, que portent les chantrëâ et nièuie


le célébrant, et quelques autres ministres, dans certaines parties

de rollice.On c'est le penula desanciens, ou


l'appelle aussi pluvial :

leur manteau de pluie, qui avait un capuchon pour couvrh' la tête.


Le chaperon que l'on voit à nos chapes prouve que c'est le inême
habit. On donne à ce vêtement le nom de chape, du mot latin
capiit, qui signifie icte, ou du verbe capere selon Isidore parce qa'il

renferme Vhoinnie en entier. Ce manteau était autrefois comirran


aux laïcs et aux femmes. On ne sait quand on a commencé à dis-
tinguer les chapes qui servaient à l'usage commun de celles qui' e
'

servaient qu'au chœur, qu'on nomma capœ chorales. Innocent ill,

dans le concile de Latran, défend aux chanoines et autres clcis


de porter des chapes à manches à l'oftice divin. Honore, prèlrc
d'Autun, dit que les chapes sont les habits propres des chantres :

Capa propria vestisefl canloruni. Plus il y a de chapes ou de cliain-


tres à un office, pli^ il est solennel de là vient la distinction,;

dans plusieurs grandes églises, des fêtes à deux, à quatre cha-


pes, etc. — Le droit de chape est un droit que deviient payer à cer-
taines églises les nouveaux prélats et les abbés couimandataires.
tUAPLAl. .309

La c/iapeesL aussi le vèteiuent de dessus ,, que les chaiioines sécu-


liers et réguliers portent au chœur peodani l'hiver.

CHAPEAU et CHAPEROjN. Comment juger sainement des ai)-

Liques, c'est-à-dire des médailles, des sculptures, si l'on n'a au


moins une idée succincte des façons de se mettre dans les siècles
qui nous ont précédés? C'est dans l'intention de jeter quelque
jour sur cette partie de la Diplomatique, que l'on a parlé de la

barbe, qu'on parlera des cheveux, et que, sous les mots géuéri-
quesde chapeau tt de t7<rt;?ero7»,,Qtt Uraitç. à préseot de ce qui re-
garde les vêtements de tète. > cta»;(i A /•.-,^f v\'. »«!> nio-iM i )ni

iil^he ckaperoii, qui était Thabillemeiit de tête universellement


en usage chez les Français, fut, sous Charlemagne^, fourré d'her-
mine et de poil. Sous Charles V, on le fit descendre de la tête sur
les épaules, «t il fut réformé sous Louis XI. '*^ "' '' '^•*'P*''

Les chapearix qui remplacèrent


,
le chaperon, commencèrent
sous Charles "N I, mais à lacampagne seulement. Ils s'introduisi-
rent dans les villes, pour les tems de pluie seulement , sous
Cliarles Yll. Ce prince est le premier de nos rois qui en ait porté.

C'est avec cel atïublenient de tète qu'il fit son entrée dans Rouen
en 1449. Sous Louis XI, les chapeaux furent à la mode en tout

tu)< 'La mitre épiscopale, dit Bocquillot% n'a été^n éèage-<^e


h*l>çrsle 10" siècle. Cependant il est très certain que l'usage des
mitres, regardées,non comme une coifture commune aux hom-
mes et aux femmes, mais comme un ornement ecclésiastique, est
plus ancien que le 10« siècle. Dans les actes du \II1* concile gé-
néral, en 870, on trouve une lettre de Théodose, patriarche de
Jérusalem^ àS. Ignace de Constantinople, où il est dit que les prédé-
cesseursde Théodose l'ont toujours portée. A la vérité, la plus an-
cienne mitre qu'on connaisse, qui approche de celles des derniers
tems, est du 10<= siècle. On la voit sur un sceau de 951 deRoricon,
évèque de Laon, donné par Dom Blabillon *. En Orient, les évê-

' '
Legcndrc, Iflœurs des Français : cl Daniel, t. ii, p lio.;,

- * Tn^ie hist. de la liliireie sacrte.


' = D^re dipf. . p. i53 «^lo-sq /lift'^Vi.-

m"' SÉRIE. TOMt I. —> 'i. 1840- 20


310 COURS VE PHILOU)Gli: tT U ARCHfiOLOClL.

ques, excepté les patriarches, n'en firent point usage. Quoique


cet ornement ne fût pas commun à tous ceux d'Occident, dès le
11^ siècle, Alexandre II en accorda le privile'ge aux abbés de
St. -Augustin de Canloibéry et de Cave ; et Urbain H, aux abbés
du Mont-Cassin et de Cluny.
Les bonnets carrés furent inventés par un certain Patrouillet,
dans le même tems à peu près que les chapeaux, au milieu du
Ib" siècle.
Le turban, ou le bonnet des Turcs, est fort ancien. Il leur vient
des anciens Asiatiques, si ce motbande blanche
est pris pour la

que les mahométans portent autour de leur tète mais si on le ;

prend en sou propre sens pour celte couverture de tète où Ton


voit un bonnet lin peu élevé, entouré plusieurs fois de grandes
bandes, cette invention est attribuée au premier saplii de Perse,
qui suivait la secte d'Ali, et voulut en 1370 distinguer ainsi des
autres mahométans ses sujets et ceux de sa secte, en le leur faisant
porter de couleur rouge.

Il est à remarquer en passant que la peine du bonnet vert, qui


nous était venue d'Italie pour les cessionnaires et les banquerou-
tiers, s'était introduite en France à la fin du 16* siècle ; mais elle

fut comme abolie au commencement du 18*.

CHAPELAIN. Voyez Archichapelais.


CHAPELLE (Chevaliers de l'ordre de la). Chevaliers institués
par le testament d'Henri YIII, roi d'Angleterre. Ils n'étaient

d'abord que treize ; mais leur nombre a été augmenté jusqu'à


vingt-six. Ils remplissent les devoirs des chevaliers de l'ordre de
la Jarretière dans les services funèbres des rois d'Angleterre. Leur
manteau est bleu ou rouge, avec l'éciisson de saint Georges sur
l'épaule gauche.

CHAPITRE. Communauté d'ecclésiastiques appelés chanoines,


qui desservent une église cathédrale ou collégiale. Voir Cha-
noine.
Ce chapitre est ordinairement composé de plusieurs dignités,
telles qut: cellf de doyen ou de prévôt, de chantre, d'archidia.
crè\*èt d'un certain nombre de chanoines.
CHAPlTttf. 311

Le chapitre d'une église cathédrale jouit de certains di'oits,

privilèges ei exemptions pendant la vacance du siège épiscopal,


et même pendant que le siège est rempli. Les évêques sont en
possession d'exercer seuls, et sans la participation de leurs chapi-
tres, la plupart des fonctions appelées ordinis , et celles qui sont

de la juridiction volontaire et contentieuse, comme de faire des


statuts et réglemens pour la discipline de leurs diocèses. Mais
lorsqu'il s'agit d'affaires qui concernent le chapitre en corps ou
chaque chanoine en particulier, l'évêque est obligé de requérir le
consentement du chapitre.
Le chapitre ne peut s'immiscer dans le gouvernement du dio-
cèse, tant que l'évèque est en place et lorsque l'évèque est décé-
;

dé, il ne le représente que pour la juridiction et non pour l'ordre;


ainsi il ne peut exercer aucune fonction du caractère épîscopal,
comme donnerla confirmation, lesordres, des indulgences, etc. La
juridiction qu'exerce le chapitre sede 'vacante ne jieut être exer-
cée par le chapitre en corps; mais il doit nommer à cet effet de
grands vicaires et un officiai.

La disposition de bénéfices qui venaient à vaquer tandis que


le siège épiscopal était vacant, n'appartenait point au chapitre ;

elle était réservée à l'évèque futur.

L'administration du temporel de l'évèché sede vacants, était


accordée au chapitre par le droit canonique ; mais en France, le
roi, en vertu du droit de régale faisait, administrer ce temporel
par des économes. Yoir Economat.
Quelques chapitres prétendaient être exempts de la juridiction

deTèvêque ; mais la plupart de ces exemptions avaient été dé-


clarées abusives.
Ceapitre se dit encore d'une assemblée de religieux et. des
membres d'unemème communauté, pour délibérer de leurs affai-
res, ou dresser quelques réglemens de discipline. Les ordres de
chevalerie , séculiers ou hospitaliers, tenaient aussi de tems en
tems chapitre. Une ordonnance de Louis XI, du mois de sep-

tembre 1476, défendait sous de graves peines aux religieux du


royaume d'en sortit' pour aller à des chapitres généraux et
provinciaux.
fit
312 COURS DE philologie' ET D'AftCHÉOtOGIE.
'naivsc
CHAWTRES NOBLES D'HOMMES. Parmi les chapitres ;4«es

églises cathédrales ou collégiales, et des abbayes ou prieurés>'il


y en avait où l'on ne pouvait être admis sans fournil* lés preuves
tdç nobk&s^e ordonnées par leurs constitutions par:tL^li^£^j|^ en
voici la nomenclature pour la France :
r;,Jjz'ihiiù7Br fî

!oo ans de noblesse paterncU<k» ki A


Aix. ;î9iV'-^V-f^'ï. ''•'^'23^^ ".-f^ <3n?. Preuve de naissance noble. .

Ambois"ei'''»'7'-'i'^( .^ ?-i'>ii'iBvp .o Preuve dancieDne noblesses, et f,inÂ

Bar ( Saint-Maxè de).^ ^^aisi . 5 degrés.


Baume - les - Messieurs. .
- " '.'
. . i6 quartiers, S paternels et 8 ma-
ternels.' ?-T*ûtT.io ,(7'j9'iâiin9giA

Besançon. .'î« ?^>'.•wIf,q.?:^.i.î_9.Ii >;.


i6 quartiers, 8 paternels ~çt,ft ma-
^fiibnA •îfnnifô ternels. ^,'(;^vA

Brioude ( St. -Julien de). v»wii^ . Idem. -, ,ïv,-y .s<,) .., ./f jf fi.qf.

Gigoy .^i^'t^^ij, .
4 quartiers sans les aUiaoeofr,;^!
'?f(ii9(Df!£l saasidof! ^L ?ï»»09\ coté paternel, et 4 du coté luilfT-
.siisifvâily nel avec les alliances.

Lfechr!^ «bfViaJ^qg ,«tf.ùifii>p.c . Preuve de naissance nobl%f,3ji;,j3


Lure et Murbacfe. . .ellaiism. . i6 quartiers, 8 paternels et 8 ma-
ternels. *i!j(l

Lyon (St. -Jean de>P''JP^'îi"».» . . 8 degrés , 4 paternels et 4 mater-


nels, la ligne paternelle .eftW
montant à l'an 1400, sans anoblis-

sement connu. ii;*>H

'
Màcon (St-Pierre de). . *4^ 4 degrés, tant paternels que mater-
nels. .;!U9/i§i9J

'^larsefllc. -o/ecSt-Victoi',
f
Metz. .
'

. . * . . . • • 5 degrés. ,:.;:uv.a

Nanci. h^^^^i{ '^-'•'^'•'''ii^' • 4 degrés. j^uadu*!/.


Saint-Chef. F<>^cs SainÉ^iett^.
Saint-Claûdër^^. ; "v*», :; . 16 quartiers, 8 du côté paternôV et
8 du côté maternel.
Saint- Diez. . . . ^^i^'A • . 3 degrés. m"=>1^fnoU
Sairit-Ma^c. f^oyet. Bar.
Saint-Pierre et Saiiit-Glèef , de
tfh Vienne, ^V'-Q 'i..in»in^^ à.> . 9 degrés du côté paternel etddiji coté
maternel.
Saint- Victor de Marseille. . ijo ans de noblesse.
CHAVITRE. 313
Savigny. ..... .?(,•,. • 4 aegres.
'
,„oi , .

Strasbotf^iia^eal.imixit laaiyii; 8 degrés <lËK)iî|té^9t||$iaàU^>.


Toul. .'ri 04i pfivr-Wfc aal) j« , 5 degi'és. 5,^, ;:jii;ib:jdîr.'> ^:i?,ii-^

Vieuiie. />r«aSt.-Pierr»g einiLu Siià Jicviioq on ho'i 6o}i»*sé n^V


CiïAï>iTRï:s NOBLES DE FEivTwfÉs. -^'Yàici tùsAtit^xiitH lésVîtltfl '<iù

il y avait des chapitres nobles de femmes :

AliWJllaHiojtb'j 8 degrés paternels sans anobljsse-


oldca-j^in ment, et 5 degrés maternels.
AndIaw4^^-'doi'. '.,' 16 quartiers, 8 paternelsft Ç-ipîîi-

ternels, sans mésallian<p0.e|; d'^q-


-' -^ V /'• — cienne chevalerie.
Arçentière (V), ou Notre-Dame de
îiiièolîtefiae'fâiBf^.ri (.<;'i>>ii'Jn. .lU. 8 degrés paternels et 3 niatenvels.
Avesne. ..... . ">.ii? . . Comme Andlaw.
Baurae-les-Dames. . .... Idem. Jab a^iluii,',lè) tobuoa'd'
Blesle, en Auvergne. . . . .4 degrés. v.-j^u'
BMixit-res-aux-Damcs Preuves de noblesse d'ancienne
chevalerie.
Châteaié'Ckàlorts. iG quartiers, 8 paternels et,;,8 jQ)a-

£m &'J9 8i3n-v terne^s. ij^d-vïfi 1:^ r-tv-J


Denain 16 quartiers de noblesse ancienne
.istam iJi zlonto}, et militaire. ? .3T -,if?} no'/,*

^jrfi8ali''^<in94Bq. SQâi^ . . "200 ans de noblesse chevaleresque


aildont r'UH^. (Ct'i» j n&i i^ i, :
des deux côtés.
Estrun. . . rUo^cq Jat^Oin^ . . 8 quartiers, 4 paternels et 4 mater-
-i:iiLUi :.u|; .i^.,.»!i.q ioisi ,«»ig9b nels.
i> ^a 'Sii<iti-it) noojuM
Leigneux • .gJbo, . 5 degrés. ,f - .

Lons-le-Saulnier. . . .^ .^, . 8 quartiers paternels et 8 maternels.


Loutre .*3igaiiC. Preuve de naissance noble.
Maubeuge âà'igsb,^ . 4 quartiers, tant paternels qu,©, ma-
ternels. ^,, , ,,.

^
Blîgette, tth d t'i^sii.isup 'àï . 16 quartiers, 8 paternelsjet.8 aaa-
'oa-iWEfri iiiôci ub 3 ternels.
Montfleury. . . . .ibr^i^hc • 4 degrés.
Montigny 8 quartiers paternels et 4 roaternels.
Weuville j: 9 degrés paternels. .
|.

Pbassa ji3a'|9ii^ yjôa ab Bdigab ^ . 16 quartiers, 8 paternels çtB ma-


.JbaisJsm ternels.
.JEgDldois ob fine oc s
. ,

314 COURS DE PHILOLOGIE ET d'aRCHÉOUOGIE.

Remiremont 200 ans.


Ronceray. ........ 8 quartiers , 4 paternels et 4 "W-
ternels
Saiat-Martin-de-Salles 8 degrés.

Toutes ces distinctions de naissance, peu conformes à l'esprit


du christianisme, mais qui ont eu leur utilité et leur raison dans
l'état de société qui leur avait donné naissance, ont dû dispa-
raître quand cet état de société a pris fin. Maintenant, les plus
nobles familles aiment souvent à confondre leur nom avec celui
des plus pauvres dans des ordres, tous pauvres, ou consacrés au
soulagement ou à l'instruction des peuples. , jj p'^^

CHARDON (Notre-Dame du). Ordre militaire institué à Mou-


lins en 1370, le jour de la Purification, par Louis II, duc de
Bourbon, pour la défense du |^ays.composé de vingt-six
Il était

chevaliers distingués par leur noblesse et leur valeur. Le prince


et'sès successeurs devaient en être les chefs. Le grand manf eau de

l'ordre était de blsu céleste, doublé de saùn rouge^ le grand col-


lier d'or pur du poids de dix marcs, fermant à boucle et ardil-^

Ions d'or par derrière. De ce collier pendait un ovale, dans lequel


était Vimagedo la sainte P'ierge, entourée d'un soleil d'or. Ils por-
taient toujours la ceinture bleu céleste avec ce mot brodé dessus ;

Espérance.
11 y a eu un Ordre du Chardon, ou de St. André du Chardon
établi en Ecosse. Les auteurs ne sont point d'accord pour en fixer
l'époque. La devise était nemo me impiinè lacesset; ce qui reste de
cet ordre est la dévotion des Ecossais catholiques pour l'apôtré
Saint André.

A. BONNETTV.

\OUVELLKS F.T MÉI.ANfiKS. 'dtS

XloxwdUs Pt iUflan^ee.

KUROPF.

ITALIE. —ROME. Ouvrages mis à l'index. Nous rétablissons ici toas


les ouvrages qui ont été condamnés depuis là dernière liste que nous
avons donnée. — Par décret du 4 ji>'llet iSjy, ont été condamnés, c'est-

à-dii"e qu'il est défeudu d'acheter, de lirti et de garder chez soi les oavra-

gQijsuivans ;

fiUVioral^ univer^lLa, ou les Devoirs d© l'homme fondés sur sa na-


turç.-p- Histoire de la, destruction, du paganisme en Occident, par A.
Beugjîot*. — Une leçon acadciniqnc sur la peine de mort, donnée
dans l'université de Pise, le 18 mars i856-. — Biographie de fta Paolo
Sarpiy théologien et conseiller dt; l'Ktat de ia république de Venise, par
Bianchi-Giovini. — Lettres choisies inédiles, du F. Paolo Sarpi. — La
Bédouine, par M. Poujoulat^.
Par décret du i3 février i858. — Le livre du peuple, par l'ahbé de Là
Meunais. — Histoire philosophique ,
politique et critique du chris-
tiatiisme et des églises chrétiennes, depuis Jésus jusqu'au six'' siècle,

par M. de Potter. — La Laostenio , ovvero dell' imminente pericolo


délia civiltà europea, e dell unico mezzo délia sua salvczza, e rigenera-
zione, opéra di Giuseppe CoUina. — De l'amour selon les lois primor-
dialeseX selon les cpuveDances des sociétés modernes, par M. de Senan-
court, iv^ édition. — Compendio délia storia di Carlo BottaàaX iâ54al
lySg, deir avocato Luigi Cometti Storia générale dell' Italiaàa.-
gli antiquissimi tempi fiuo ai di uostri con brevità esposta e considerata
daGio. Carapiglio. Specchio délia storia moderna europea in continua*

* Nous avons rendu compte de cet ouvrage dans notre t. xii, p. 7;


l'auteur de cet article est monseigneur Alfre coadjuteur de l'évèque de
Strasbourg.
* L'auteur a lui-même désapprouvé son œuvre.
* M. Poujoulat s'est soumis chrétiennement au décret , en désapprou-
vant son ceuvie.
— —

-^16 ^ NOUyJ&LLtS ET^ MÉLANGES,

^^ne del . Q.uadro deliç rivohmonjideir Europa del signor Kodi, prima
trad. italianadi Giov. Tanaassia; (jnsqvi'^^ ce qu'elle soit comgée.)
Pjir décret du 2 mai l'è'bii. —Cons.iderationi imparziali sopra lalegge
del celibato ecclesiastico, e sul voto soleune di castità, proposle segre-
tarï'cnte ai consiglieri , e iegislatori dcgU statl cattolici dal professore

G. A. P.
Par décret du 27 août i838 'La chute d'an arwge , épisode, par M.
-Alph. de Lamartine'. —
Fie rie Grégoire Fil, 1073- ro85, par M. A.
side Vidaillan. —
Dal rinnovamento délia filosofia cpitica italianaàel
i conte T. Mamiani deîla Rovere Nuove poe.fie (du même).— Des"lè-
ben Jesueto.jOu Fie deMsUs'-Christipar David Fred. StraUèfe *.-i?^Hf-
tellung, etc., on Exposition du plus antique christianisme d'après les ,

ouvrages des anciens Pères de l'Eglise.— /'rM/i/«^f?er, ou E.ramen etc.,

de la mc'thode pratique pour l'enseignement de la religion considérée


par rapport à l'aptitude; pour les amis de la religion et les maîtres eu ,

religion, par le D. J.-B. Grazer.- — Divinitat oder , etc., ou la Divinitt


ou le Principe unique de la véritable institution des hommes , avec une
application spéciale à la nouvelle méthode de l'instruction élémentaire
qui eu découle, par ledit J.-B. Grazer. Das Ferhaltniss, etc., on Rela-
tion de la me'lhode d'instruction de Grazer à l'instruction positive de
la religion, pour servir d'appendice à l'ouvrage précédent. — Das, etc.
ou Relation de l'instruction élémentaire avec la politique de ce tems ;
critique de l'instruction antérieure et exposition de la méthode unique
«l une instruction salutaire offerte au jugement des hommes politiques,
sur son mérite, et au.x hommes des écoles sur son application. — Die
Erhebung, etc. , on E.raltation de l'e'tat eccle'siastique pour l'honneur,
(ou la dignité) et l'activité comme la principale condition de la tranquil-
lité publique et des bonnes mœurs parmi les nations, par le D.J,-R.
Grazer.
Par décret du 28 novembre i838. — Lehrburch, etc., ou Livre pour
l'instruction christiano-cntholique de la doctrine, de la foi et des

»iœ«/-,y, par demandes et réponses pour l'évèque de Varmes, par .T. -H.
Archterfeldt, professeur deThéol. au Lycée Ilosien.

Par déwet du 17 avril i85g. — Esprit du dogme de la frniiche'ina-

'
Nons en avons signalé leserreurs dans notre t.xvi, p. 564-
* Nous avons déjà parlé de l'ouvrage de Strauss dans le t. .wni, p. 85
et ci-dessus, page îi.
. —

'
WÔtJVJKLtWs 'i-i «ffiANGES. ^i?
con/jcrie, recherches sur son origine et celle de ses différens rites, com-
pris celui du carbonarisme, par le f. m. r. de Schio.
Par décret du 1 8 septembre iSSg. —
Sistema délie cognizioniumane...
o fondamenli di enciclopedia Razionale di Luigi Pieraccini.
Par décret du a5 septembre iSSg.— Jùus-Christ et sa doctrine'.
Histoire de la naissance de Pe'glise, de son organisation et de ses pro-
pres pendant le i" siècle, par J. Salvador. Lehrbuch, etct, ou Institu-
tioiis de la science de la religion ; ou cahiers des leçons d'un ancien pro-
fesseur delà religion dans une université catholique, recueillies et éditées

j)ar quelques-uns de ses disciples. — La donna Saggia ed amabile, libri

t rc. di Ai^^ JÇ^jtoU v^lpvi^ âaiQpi«i'i


,
^ji^u 4 Q& qu jl'.soU.corrigé ). •

=T>\s5à MO (

f> 9yiJi?oq .lx» ai b\»:«c«v

Ail— dobBOUq.)

•iS-ii»'

•r-T .r.,y

5)àorJ BBAoèii
.

318 BIBLIOGKAPBIE.

6ibUo9rûpl)if

ANNALI DELLE SCIENZE RELIGIOSE, compilât! dall' abb. Aat.


de Luca.A Rome, chez M. Gactano Cavalletti, in via délie convertite el
Corso, no 20.
Plusieurs de nos abonnés nous avaient déjà manifesté l'intention de
s abonner au savant journal dont nous allons citer les articles, et en
étaient empêchés parce qu'ils ne savaient comment correspondi"e avec
Rome, et y abonnement. Pendant le séjour que vient
faire parvenir leur
de faire à Paris notre savant ami, M. l'abbé de Luca nous avons pris ,

des arrangemens 2:)0ur satisfaire au désir de ces abonnés. A partir de ce


jour, voi^kn^ resserrer l'union qui existe entre les deux journai^p^, ^qu
pourra s'abonner aux Annali de Rome dans nos bureaux , de même
que l'on s'abonnera à nos Annales de philosophie chre'den/ie aux bu-
reaux des Annali de Rome.
"Voici les conditions de l'abonnement pour les Annali délie scienze
religiose : Elles paraissent tous lesdeux mois en cahiers de 1 2 feuilles d'im-
pression. On paiera à notre bureau 24 fr. par an ; et de plus nous pré-
venons les abonnés qu'en recevant directement de Rome, le journal, ils

auront encore à payer à la poste un franc par cahier, ce qui fera 3o fr.

par an.
C'est donc à nous que l'on peut s'adresser pour cela , et c'est au bu-
reau des Annali que l'on peut s'adresser de l'Italie pour s'abonner à nos
./^/2«a/eyy l'un et l'autre journal continuera à donner 1 annonce des ar-
ticles qui entrent dans les différents numéros de chaque journal, à
mesure qu'ils paraissent.
No 28. — Janvier et Février 1840.
I. Recherches de Gabriel Rossetti sur l'esprit anti-papal qu'a pro-
duit la Réforme, et sur la secrète influence qu'il a exercée sur la littéra-
ture de l'Europe, et particulièrement de l'Italie, comme cela résulte de
l'examen des ouvrages de plusieurs de ses auteurs classiques, et princi-
palement du Dante, de Pétrarque et de Boccace (premier article) Ré- ;

futation par G.-B. P.


11. Des grands mérites, à l'égard de l'Église catholique, du clergé, de
,

KIBMOGRAPBU. 319

l'aniversité et des magistrats de Cologne, au xvie siècle, par S.-E. le

cardinal Bartholornée Pacca, par V. B.


III. Examen d'une diatribe dirigée contre le révérend père Perrone,

par un faux Lucius Sincerus, véritable bermésien ( premier article ),


par G. M.
yyyjpe/iiiice. — Ouvrages mis à l'index. — JNécrologie du professeur
Windischmann. — Fondation à d'une Académie arclùépisco-
IS'aples

pale, destinée à défendre la religion. — Bibliographie de l'Italie, de la

France, de l'Allemagne.
jyo
29. — Man et Avril.

Examen d'une
I. diatribe dirigée contre le révérendpère Perrouç^
par un faux Lucius Sincerus, véritable herraésien (deuxième article),
par G. M. ,-
.,, -.

ït. Recherclies de Gabriel Rossetti, sof esprit anti-pajpal^ cju'^ p^q;


1

diitt la réforme, et sur la secrète influence qu^îî à exercée sur la littérature

de r Europe, etc. (comme ci-dessus, deuxième article^, par G.-B.P-


Appendice Allocution de S- Sainteté Grégoire XVI, sur la traite des

ndirs(nous l'av'ons donnée ci-dessus page i58). —Nécrologie de Claessen.


— Nouvelles religieuses des Pays-Bas Bibliographie de l'Italie et de
l'Allemagne.
LE MONDE ET SES TRAVERS, ou les Hommes au xix« siècle,

par Louis Gigault, comte de la Bedollière; chez Chafmeiot, libraire-édi-

tear, rue des Grands Augustics. vol. in-8. Prix 7 fr. 5o c.


Dans ce tems de dévergondage littéraire où les ouvrages qui outragent
la religion et le bon goût se succèdent avec une rapidité effrayante, c'est

un plaisir pour nous d'avoir à annoncer un livre qui rend hommage à l'un et
à l'autre. Le monde et ses travers est un livre philosophique et moral à

la fois à la façon de La Bruyère ; lors même qu il montre les travers da


monde, il le fait avec toutes les convenances de Ihommehien élevé qui

en traçant des portraits ne laisse deviner les originaux que quand la res-

semblance peut leur faire honneur. 3!. le comte Gigaull de laBedolIièrej


en soulevant le voile qui couvre les faiblesses d'une société , sonde la
plaie de nos misères, avec la douce charité évangélique ;
philosophe
bienfaisant, son indulgence d'honnête homme ne l'empêche pas de frap-
per avec force et courage sur les défauts du siècle et d'anathématiser
cette soif d'égalité que des ambitieux irritent à leur profit en pous-
sant le peuple à croire à une liberté qui lui rend ses chaînes pins
lourdes. Qui, en se reportant vers ce passé qu'on ne peut oublier , ne
répète avec l'auleui
8fo BUÉttteRAi'îïiF;

« Alors le savoir se taisait devant rerpérienc^l"et fa' forcè^iftatêrie


'
s'inclinait devant des cheveux blancsli'r'''*^'' /,
*

» L'honneur, la fidélité étaient de vieux principes gravés dans tous les


ccéùrs; trahir son roi ,
enfreindre sa' promesse, ou trahir son bjeu,

était une même chose; car dans les voies criminelles, celui qui ^eut'rpoins
peut phis; que- dis-jé, H né peat Pua sans l'autre j^se^à'i^urer,^ c est
dffenser Dieu; H*^*'^'"--"''"^' «"b^ ^^J -U'yr^rnynu'l ^b onfroacK} jT s*5

En s'arrêtant sur penser et parler, on criera anathème contre Upa-


radoxe de Rousseau : L'être qui pense esiwi animal de))ra\'C; car on sera
sous le charme d'un vrai'bonheur en voyant l'homme de bieu penser
si chi'étiennemeh't pbar I9 félicité de ses semhiables. Plus lôm, l'auteur
,.•_ r
-*•.:,,.!- .î :ifi?..- -.'K . .
':.': P'' 'ik;q îfnoitl'ib îitîu -

« L autorité paternelle est la plus saciée des autprité^çÇ ^^jjfiiPiieu


« ^fit homme il voulut obéir au père qu'il avait adQpté.:,^^^^,^ç)i^^ff
« l'autorité paternelle infaillible. »

,^
Cette éternelle vérité si inconnue de nos joui's , cm. le pQavoif;4« ia

viçillçsse, si puissant chez les Hébreux , est outragé par ceux qui ne jfes-
un principe de conservation physique et moral que
p^ct^nj,. rien, est
M. Gigault invoque en homme qui en connaît l'importance; comme il
comprend que toat*}sc^nçe mprfile et philosophique ne peiiLavcùry^t^e
}^r^ligio^^poi4i-km^^hb 9& J^fdo'' "ït-rsa bftÉlg »!

Il faudrait citer de chaqcié page, pour donner uue juste appréciatio*


du livre du' Mande et ^es traversyet nous répétons avec l'auteur qui s'é-

crie : « Ah! pourquoi les hommes vivraient-ils en haine des supéiioritéè


-
«^fiales? . , ;. . ..;

'f •* Les chances du bien et du mal sont elles plus rares dan§ utîe tidaàSt
tion que dans l'autre ;' et la balance qui pèse nos' jdies^^ctiû^'^f»^^
'" ''"' •'''"
u' est-elle pas dans la main de Dieu ? ' '

^^ » Comment sommes-nous assez fous pour être envieux dix sort des hom-
mes quele pouvoir élève ; laissons-les cacher leurs misères humaines sous
des habits brodés; à eux l'orgueil et l'ambition, à nous le bonheur et
"jnom
l'obscuritël»

C'est avec la certitude du plaisir que procurera cet ouvrage à nos


lecteurs, que nous le leur recommandons comme un écrit <}ui par sa
haute portée inorale, rappelle les bons livres du xvn* sièc|[i^. ,v,.„3ff,c^ô-.

M. DE QUÉLEN PENDANT DIX ANS, par M. Bellernave , aulenr


des Tmis- Prnci's dans un. du ('olU''^ede})ionlils^ (iix.ilc'aiidii.l^i/vi
BIBlilOQAAPHli:. 321
en 18.52 , elc.^ avec cette épigraphe : Ego qsfentiam illi guaiifa, ppqrteai
eum pro nomine meo paii ( Act. apost.) Vol. jn-8 , à Paris, elie^; Adriea
Leclere, libraire prix 4 fi'- et 4 fr- 75 c. par la poste.
^,L.-,i , ^\
;

.
:

•-.,'. - »- V'
' - -'J-—.'" -- ,
j'i''-'' ''•
" Tiepassagesmvàiit^qâî est en lêtede r/«f/V(^uc/f()//» ferajCQnoprendrc
Tinlcrct qui s'attache naturellement à 1 ouvrage de M. Bellemarc :

« Tous ceux que des l'onctions ou des devoirs particuliers attachaient


à la personne de M. l'archevêque de Paris savent jusqu'à quel point il

m'a été permis d'étudier ce grand modèle, de le considérer face à face ,

(x'iî'c me pénétrer on quelque sorte de ce qu'il}' avait eu lui déplus in-


time. Je n'ai point à rendre compte descauses qui m'avaient attiré de sa
part c'ette faveur si chère et si insigne. Il suffit que je ne ciaigne pas
d'être démenti par un seul de ses amis et de ses serviteurs, en disant
que j'avais auprès de sa personne l'accès le plus libre et le plus étendu;
tîQ'accës' fié tous lés jours et teatcs les heures, sans en excepter les cas

d'indisposition et de maladie, où lis consignes n'étaient pas pour moi.

)) Il avait lu dans mes affections tout ce que mon cœur renfermait de


déVbûërfient, de tendresse fdiale , dé sympathie 'et de Gdélilépour lui.

A'tRsî pourrais- je dire que le livre de sa v!e intérieure était ouvert sous
rtife ^'euX, comme celui de sa vie publique l'était pour tout Ic'tnohdc. Çè
Vi'^f pas que j'entende donner à cet écrit la forme dés mémoires prives;

je Velrk seulement indiquer que si j'ai iniparfaitement connu et apprécié


le grand caractère d'évêque qui est l'objet de cette'puferîéàtiàti; ce n'est

pafifpoar avoir manqué de moyens de me bien pénétrer de mbn sujet ;

car je suis resté sur ce point, pendant douze ans, à la source des meil-
leures inspiration», si u^ iii liKIoà iii'i iowp'iUOq iiA ; ^j . ;-/ij

» Du vivant de M. l'archevêque de Paris ,


j'avais réuni une^grSWïlJe
partie de ce tjue je publie après .sa mort. Témoin de ses plus admira-
bles^nnées ,
je me plaisais à recueillii; les impressions qu'elles produi-
saient en moi.
"
» ,QiT(0iqïie les terribles épreuves qui ont marqué la seconde phase de
son épiscopat imprimassent trop d'éclat et de grandeur à sa vie publi-
que pour qu'il en pût rien échapper à la connaissance et à Fadmiration
du monde chrétien ,
je ne voulais point perdre cependant le triste

avantage qui m'avait été donné de pouvoir écrire en quelque sorte sons
'lefèu de sa persécution, aGn de transmettre aux autres les vifs souvenirs
quï m'en restaient. Car il est bien difficile que les témoins qui l'ont vu
comme moi de leurs propres yeux, si sublime de force et de vertu au sein
de l'orage n'aient rien à faire passer dans l'àmc de ceux qui n'out en-
tendu que de loin le bruit de la tenipèle.
a2 BIBLIOG&AfMIE.

» Les maios ne manqueront pas pour élever plus tard à cette grande

mémoire, des raonuraens plus complets et plus dignes de tant d'illustra-


tions et de gloire durable. Dans ces premiers momens, on ne peut que
réunir à la hâte quelques pierres etquelques matériaux pour cet édifice.

D'autres y mettront le tems, l'ordre et la maturité nécessaires. C'est


pour eux qu'on doit se borner aujourd'hui à planter les jalons qni peu-

vent servir à les diriger. Ce n'est donc qu'en simple qualité d'aide que
je me présente un des premiers pour concourir aux travaux des histo-
riens qui viendront après moi s'emparer de l'ensemble de celte grande
et admirable vie d'évêque. »
En effet, M. Bellemare a moins fait une vie entière du prélat, qu'il
n'a cherché à faire comprendre quelles étaient ses pensées, ses occupa-
tions, ses craintes, pendant les dix dernières années de sa vie. Il nous le

montre rempli de confiance en la Providence, au sein de l'émeute, an


milieu des ruines de son palais, et en butte à d'injustes et coupables pré-
ventions; plus occupé du soin de la vie des autres que de la sienne, plus
rempli de sollicitude pour leurs dangers que pour les siens; pardonnant
tout et sur-le-champ; empressé de secourir les malheureux, se dévouant
à recueillir dans les orphelins du choléra un grand nombre de cesenfans
dont les pères avaient dévasté sa demeure stimulant partout le
; zèle et la

M. Bellemare nous dit quels ont été les motifs qui ont guidé
charité.
monseigneur deQuélen dans toute la conduite qu'il a tenue depuis i83o
dans ses rapports avec les hommes et les choses. Mais ce qui fait surtout
plaisir à lire, ce sont les preuves de la sincère amitié, du dévcuement
même avec lesquels monseigneur traitait ses grands- vicaires, ses prêtres,
toutes les personnes qui approchaient de lui.

Ajoutons que tons ces détails sont donnés avec une franchise de carac-
tère, avec ces allures simples et sincères, quiannoncent dans celui qui les
emploie une amitié et un dévouement à toute épreuve. On peut compter
comme une qualité de plus à monseigneur l'archevêque d'avoir fait naître
une affection et une admiration semblables à celles que lui conserve
M. Bellemare.
ViE DEMADAME ISABELLE, sœur de saint Louis, fondatrice de
Longchamp; avec une description historique de la fêle de
l'abbaye de
Longchamp,parM.Daniélo. Beau vol. grand in-i8de 270 pages.A Paris,
chez Gaume frères, rue de Pot-de-Fer, 5. Prix : 3 fr.

Ce volume est divisé en trois parties. La i" contient une lettre de l'au-

teur k sa soeur, supérieure de l'hôpital-général de Lannion, laquelle ren-


ferme une sorte de traité de l'éducation actuelle, où l'auteur a fai*-
BIBLIOGRAPHIS. 323
entrer beaucoup de détails et un plaidoyer plein de chaleur pour la

vie religieuse; une dissertation sur les auteurs des vies des saints y
est jointe.

La le partie contient la vie de la sainte. L'auteur, en pj^nant pour base


celle qui avait été écrite par Rouillard en i6iq, Ta remaniée, recolorée,
en conservant cependant quelques-unes de ses hautes pensées, de ses
belles fleui"s, et même quelques-unes de ses paillettes moins d'or que de
clinquant. On aime à suivre la royale religieuse dans toutes les circon-
stances d'une vie dont la pureté, la naïveté, la candeur plaisent singu-
lièrement.

Enfin, dans la ô"- partie, l'auteur fait l'historique de la fameuse prome-


nade de Longchamp, et regrette, compie tous les chrétiens, qu'une céré-
monie pieuse, qu'un usage religieux ait donné naissance à une mode
toute mondaine, qui a choisi pour s'étaler les trois jours consacrés par les
catholiques à rappeler les souffrances de la mort de Jésus. — Nous pou-
vons dire à nos abonnés qu'ils trouveront plaisir et édification à lire cet

ouvrage , écrit avec un rare talent de style.

MÉTHODE SYSTÉMATIQUE DE L'ENSEIGNEMENT des lan-


gues appliquée au grec ancien et moderne, par E. Marcella. — ac partie.

Mécanisme du grec ancien. Vol. in-8 de i4o pages. A Paris, chez l'au-
teur, rue des Cannettes, 19. Prix : 3 fr. 5o c.

Nous avons déjà parlé de la i'^ partie de cet ouvrage ; la le qui vient
de paraître contient ; i" Quelques notions préliminaires, où se trouvent
les altérations des mots grecs, par Tryphon le grammairien ; 2» Les clefs
ouïes dérivés les plus riches et les plus usuels du grec ancien avec l'éty-
mologie, rapportés à leurs primitifs ;
3° environ 3, 000 dérivés intermé-

diaires qui lient les primitifs avec les clefs; 4" au commencement de ces
mêmes mots, taus les préfixes, et à la fin toutes les désinences de la lan-
gue grecque ; 5° toutes les espèces de compositions que Tony trouve;
6" une table alphabétique des dérivés intermédiaires.

C est ainsi que M. Marcella expose lui-même dans son Introduction


les différentes matières qui entrent dans son livre ;
quant au fond de la

méthode, sans nous rendre garants de toute son efficacité, nous dirons
que la lacune que ^I. ilarcella signale dans l'enseignement des langues
est réelle, qu'il faut recevoir a\ ec reconnaissance tous les travaux qui ont
pour but de la remplir, et que ceux de M. Marcella peuvent particulière-
ment y aider.

REVUE DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE, ou Compte rendu


3*24 BIBLIOGRAPHIE.

des ouvrages scientiliques et de haute littérature , publiés en France et a


l'Etranger, paraissant tous les mois en un cahier de 6 feuilles d'impres-
sion. — A Paris, chez Marc frères, libraires , boulevard des Italiens, n» îô.
Prix : 3ofr. pour un an, et i6 fr. pour six mois.

Nous devons signaler comme une œuvre utile , et qui manquait à la

science française, la 7?efz/e que nous annonçons ici.Onsait vaguementqu'en


Allemagne, eu Angleterre et en plusieurs pays étrangers, les études scien-
tifiques sont cultivées par les hommes les plus profonds et les plus con-
sciencieux, que chaque année les presses étrangères produisent un grand
nombre de volumes sur toutes les questions scientifiques ou historiques ;

mais quels sont ces travaux, quels ces volumes, où sont-ils publiés? on
n en sait rien. En France aussi, malgré la multiplicité des journaux, les
travaux graves et sérieux , les grandes entreprises littéraires et scientifi-

ques, sont presque ignorés; annoncés une fois avec grands frais, cette an-
nonce passe inaperçue dans les grandes annonces de la feuille du jour,
et va se perdre avez elles dans le rebui quotidien. C'tst donc un service
l'endu aux études graves que de consigner dans les pages d'un volume fait

exprès toutes les utiles publications. Mais ici un écueil entre


se trouve
un compte rendu trop étendu, et une sèche transcription du titre, qui
souvent est loin de donner une idée de l'ouvrage. C'est ce qu'ont pensé
les auteurs qui nous disent dans leur avertissement : « Nous donnerons
« de chaque livre uneanalyise abrégée, mais précise et complète.Nousnous
» attacherons à eu reproduire la substance, son idée fondamentale, ses di-
» visions, son esprit, son ordre et son objet. Nous signalerons surtout ce
•>->
que les ouvrages d'érudition peuvent présenter de nouveau etd iné-
w dit; nous mentionnerons avec soin les sources, les pièces originales,
» les chartes, etc.»
Or, ce qu'ils promettent là, les auteurs que nous avons l'honneur
de connaître sont très capables par leur érudition par leur science et ,

par leur position de le remphr ; et c'est en effet ce qu ils ont fait dans le

N' de janvier. Leur revue est divisée en Théologie, Jurisprudence, Scien-


ces et Arts Littérature ancienne Litte'rature moderne, Littérature
, ,

orientale, Ge'ographie, P^oyages, Histoire, Antiquités, Me'langes etc.

Tel est Tensemble des matières qui, comme on le voit, renferme un


,

tout complet. Pour rendre encore leur publication plus utile, nous de-
manderons aux rédacteurs de désigner autant que cela leur sera possi-
ble le prix de ces divers ouvrages, et la maison de librairie de Paris où
on pourrait se les procurer.
Trois numéros ont déjà paru , et nous savons que le monde savant a
déjà dignement a])précic cette œuvre.

.ES
DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.

ESSAI
uioaoiï
KOE'EI-^PANÏHÉISME
'"'^'"natilS^I^^
LES SOCIÉTÉS MODERNES.
'""""''"' '
*'
'
Par m. Mauet, prêtre '.

I. Le Raliohalisme du xixc siècle vient aboutir au — Examen


P.ialhéisiuci
des doctrines de ses philosophes et de ses historiens. — Cousin. —
: Jouffroy. — Daniiron. — Alichelet — Lerminier. — Guizot. — II. La
philosophique mystique du xix' siècle aboutit aussi au panthéisme.
Saint-Sinioniens. — Pierre Leroux. — .CJj..Fourrier.— ^ M. delaMen-
nais. — ni. Point de milieu entre le catholicisme et le panllicisme*'—
Histoire du Panthéisnic. — Réfutation du Panthéisme. .'iî
"

, /To^içi, un livre que nous avons lu avec une sorte d'orgueil cal' ;

q'e^jt un. livre qui attaque de front les nouveaux ennemis, dont
aious avons souvent parie, qui se sont élevés dans ces derniers
tems contre le Christ et contre son Eglise, et qui les combat avec
force, Sîigcsse, vérité, charité ; et ce livre est l'ouvrage d'un prêtre.
— Nos abonnés, nous en sommes assurés, en liront l'analyse avec
fruit, et les Annales doivent en enregistrer les principaux argu-
mcns comme une chose qui restera, au milieu de ces volumes

'
Vol. in-8, à Paris, chez Sapia, rue du Doyenne, n" 12, prix 7 f. 5o c,

ni'stiiiii. TOMK I.— IN" 5.1840. -li


,

3r2 i-ssAi

qui défendeut avec plus ou moins de bouheur la cause du ca-


tholicisme.
Dans une préface M. Maret prouve que si notre
très bien faite,

société se trouve dans un si profond malaise, c'est que l'idée de


Dieu s'est obscurcie dans un grand nombre d'esprits c'est qu'on ,

a cessé de croire à sa présence réelle dans la société, à sa parole


vivante et fécondante. A sa place on amis l'homme et l'humanité.
Ainsi l'orgueil et les passions humaines ont détrôné Dieu.
Or, cet orgueil et ces passions ont leur science et leur sagesse.
La science et la sagesse de l'orgueil et des passions, c'est le Pan-
théisme. Le panthéisme explique ex-
le siècle, comme le siècle
plique le panthéisme. La plupart de nos sciences en sont em-
preintes. Il a pénétré avec elles dans nos écoles et Hans nos litté-
raiures. Et cependant ce n'est pas toujours ouvertement; mais le

plus souvent il se déguise et se cache. Il est donc important de


lui dérober son masque, et c'est ce que nous «liions essayer de
faire en suivant M. ?tJaret, par l'analyse de son livre.

L Le Rationalisme da xix* siècle vient aboutir au panthéisme.

M. Miret fait d'abord observer que la plùlosopbie française


fondée par Descartes, puis développée par Malebranche dans le

sens du plus haut spiritualisme, se serait développée en harmo-


nie avec le christianisme, si Loke, si les auteurs du xvirx® siècle
n'étaient venus l'arrêter dnns sa marche, ^ous ne croyons guère
à celte assertion ; nous croyons au contraire qu'en fait de philo-
sophie, la logique suit toujours son cours, et que pour savoir ce
que contient un principe , il n'y a qu'à considérer quelles en ont
été les conséquences. Mais ce n'est pas ici le lieu de traiter cette
question. L'auteur observe avec raison que, tandis que les phi-
losophes du xvuif siècle prêchaient un matérialisme dégoûtant
à peine quelques voix venaient lui opposer un vague déisme.
Mai ; vint la révolution française qui emporta matérialistes et

déistes, e-t fit place nette. Le xix* siècle s'ouvrit sous une meil-
leure direction. IMM. de Maistre, Chateaubriand, de Bonald,
La Meunais firent eiilrei: Us e>pri)s dans de meilleures voies.
SUR LJ; PAISlHjîlSiMi:. .')23

Mais à côté de celle pliilosopliie tonle caiholitjue se dévelopjwi


une autre philosophie qui elle-même améliora ses idées et ses
formes. Il est de la justice de reconnaître que M. Cousin contri-
bua à donner à la philosophie une impulsion spivitualisle. Mal-
heureusement le panthéisme se cache au fond de son système
et de celui de la plupart des philosophes nouveaux. C'est ce que
nous allons prouver par une rapide analyse.
M. Cousin. L'auleur examine sa philosophie, et, sans tenir

compte des endroits où il s'est contredit, il montre avec évidencfe


la doctrine du Panthéisme dans ses systèmes 1° De Vanaljse de :

la raison 'y où. il confond l'infini et le fini, l'unité et la variété, Dieu


et la créature. —
2" Dans sa théorie de Dieu, dans lequel il ne veut

voir que le mouvement qui va de l'unité à la multiplicilé, et qui


ramène la multiplicité à l'unité^; c^wa l'idée de l'infini, du fini,

et de leur rapport qu'il compare fort mal à pi-opos à notre


croyance sur la Trinité. —
3° Dans sa théorie de la création, où il

prétend que la manifestation de Dieu est impliquée dans l'idée de


Dieu même, et que Dieu forcement passe dans sa créature ^ —
4" Dans sa théorie de l'histoire. D'abord M. Cousin pose en prin-
cipe que la pensée est un développement spontané de la nature
humaine, développement qu'il baptise du nom de révélation;
c'est de là, suivant lui, que viennent les prophéties, les pontifi-

cats, les cultes, qui tous sont ainsi divins. Dès lors il est forcé de

dire, comme il dit en effet, que l'erreur n'est pas une fausseté,
mais seulement une vérité incomplète. Celte erreur est néces-
saire, est divine, venant de celui qui a posé les lois de la pensée.
Or, de même que la vérité n'est ainsi qu'une erreur à différen-
tes faces, l'histoire n'est que la conséquence de ces principes ;

c'est une géométrie inflexible suivant toutes les phases de la vé-


rité ou plutôt de l'erreur. Tout y est nécessaire, tout y est bien,
tout y est divin. Dès lors, voilà Dieu confondu avec l'erreur, avec
l'homme: c'est le Panthéisme.

Fragmens philosophiques.— Cours de philosophie de 1828, leçon 4'',

p. 34; leçon S*", p. 14 et i5.


' Cours de 1828, 6« leçon.
* Cours de 1828, 6*^ leçon. — Préface des fragmens philosophiques.
324 ESSAI

Observons en outre que M. Cousin n'a pas le mcrile de cette


belle invention ; c'est la doctrine d'Hé^jel traduite plus ou moins
clairement en français '.

M. Jowffroy rentre tout-à-fait dans cette triste voie, en sou-


tenant qu'à l'exception de quelques vérités mathéuialiques
il n'y a rien de fixe dans les idées et les pensées humaines ^
Comme M. Cousin , il fait disparaître la notion de la vérité et de
l'erreur. Une loi fatale préside à notre intelligence ; et c'est Dieu
qui nous a fait cette loi.

M. Vamiron, comme M. Cousin et M. JouftVoy, ne voit la


source de la religion que dans l'inspiration générale et néces-
saire de l'humanité. Les dogmes et les mystères ne sont pas au-
tre chose que les faits psychologiques; de là encore forcement
divinisation de l'erreur, et Dieu confondu avec la créature qu'il
inspire, qu'il fait agir forcément.
31. Michelet s'est lancé dans l'histoire , tout imbu des idées
germaniques. Pour lui, l'histoire n'est que le récit de la lutte qui
existe entre la liberté et la fatalités La liberté est le but de l'hu-
manité y tend sans cesse par le progrès lequel consiste à se
; elle ;

libérer des influences de races et de climat, et à jouir librement


de toutes ses facultés. Or, qui doit conduire l'homme à cet afïVan-
chisseraent ? Lui seul. Les développemens des facultés humaines,
sous mille formes diverses, sont tous légitimes, et forment celte
création humaine qui nous apparaît dans le monde métaphysi-
que, moral, religieux, artistique et politique. Tout est soumis à
cette loi ; tout s'élabore ainsi par la pensée humaine. Dieu lui-

même, dit-il, et la pensée divine, ne sont que l'idée générale des


peuples. D'abord matériel au commencement des sociétés, et ré-
duit au nu fétichisme. Dieu progressa de pensée en pensée et
de peuple en peuple; et c'est ainsi qu'il est parvenu jusqu'à la

Iliit. de laphil. allemande, t. ii, Art. Hegel.


' Mélanges philosophiques. —Ancien globe, article Comment les dom-
ines finissent.
' Essai sur r histoire de la philosophie en France au \\\f siècle.
' Introduction à l'histoire uni\>crselle.
SUR LE PANTHÉISME. 325
perfection du Dieu chrétien. Il n'est pas besoin de faire obser-
ver combien cette doctrine est destructive de toute vérité, de
toute morale, de toute existence de la divinité, qui n'est plus
qu'une production humaine. Ajoutons que cette doctrine, qui
suppose l'homme dans le pur état de nature, est aussi contraire

à l'histoire, aux faits humanitaires, qu'à la nature humaine elle-

même.
M. Lerminier a eu la prétention de fonder une philosophie
nationale'; mais celte philosophie, mélange de rationalisme
et de panthéisme, est composée des lambeaux pris à tous les sys«

tèmes : c'est de l'éclectisme. Quant à sa théorie de l'histoire, on

peut la résumer par ces deux principes : La souveraineté de


l'esprit humain, et son développement progressif et indéfini.

Dans ses développemens, il émet ces assertions panthéistiques :

«( L'homme doit tout attendre de ses propres eflbrts ; il n'y a pas


» d'autre médiateur que l'esprit humain. L'esprit humain est une
» perpétuelle et nécessaire révélation de Dieu. Dieu ne paraît sur
» cette terre que dans l'houime et par l'homme. Dieu renouvelle
» sa face à des époques fatales, ou plutôt l'homme le découvre
» davantage à mesure qu'il gravit le tems et se hâte vers l'é-
>' ternilé. Dieu est notre essence et notre fin, notre intelligence
» et notre force; sa volonté est la nôtre^ ». Peut-on professer
plus clairement le panthéisme?
M. Giiizot échappera-t-il, malgré un talent plus grand et un
. sens plus droit, à la nécessité logique qui presse tous ceux qui
veulent faire des théories hors des idées catholiques? Non. S'il

repousse le panthéisme formulé, ses théoriesy ramènent. La


vériié absolue ne peut exister, n'existe plus dans son système. La
vérité, suivant lui, n'est que dans l'individu, qui la produit par
le développement spontané de ses facultés. Toutes les raisons in-
dividuelles étant diverses , changeantes et même souvent oppo-
sées entre elles, il suit que la raison individuelle ne renferme
pas non plus la vérHé immuable et absolue. La vérité change

'
Philosophie du droit, par M. Lerminier.
' Philosophie du droit, t. ii, p. S^o.
32C ESSAI

donc selon l'individu ; elle est incorporée à lui ; la vérité et l'er-

reur. Dieu et riiosniîie sont tlonc unis, ou plutôt confondus? La


meilleure organisation religieuse, selon lui, sera doue celle qui

donnera à l'iiomme k* pius de liberté à ce développement. Plus


cette liberté divtngera, c'esl-à-dire s'égarera, plus elle sera selon
la nature, plus elle sera divine; car tous ses développeuiens sont
bons, néces-snite?, divins'. N'est-ce pas encore purement et sim-
plement le panlhéisme?
Ainsi, nous venons de parcourir les plus célèbres philosophes
et penseurs du yix" siècle, et nous les avons trouvés confondant
Dieu avec ii créature. Quelle est la cause de ce déplorable éga-
rement? n'en omettons pas la remarque, et n'en perdons pas le
souvenir. C'est toujours parce qu'à la naissance de la société ils ont
oublié que Dieu s'est mis en conamunication avec l'homme ;

c'est qu'à la naissance de l'individu ils ont encore oublié que la

société est auprès de lui, l'accepte, l'élève, l'instruit, lui révèle ce


qu'elle-même a reçu de la révélation de Dieu. Ils ont placé la so-

ciété et l'individu dans l'état de pure natuie, ot ce qu'ils voient


de leurs yeux ne leur a pas appris ce qui s'est passé au commen-
cement. Au contraire, ce qu'ds ont supposé sans preuves s'être
passé au Commencement des sociétés, ils s'obstinent à soutenir
que cela se passe à la naissance de l'individu, malgré les preuves
du contraire qu'ils ne nient pas d'ailleurs ; tant l'homme estaveu-
glc une fois qu'il est sorii de l'école de l'Eglise !

II. La philosophie mystique du xi\« siècle, cest-à-dire partant d'un sen-

timent non logique, aboutit aussi au panthéisme.

Nous venons de voir les philosophes théoriciens poser le Pan-


théisme dans leurs philosophies, dans leurs histoires , dans leurs
explications de l'hunianitc, tout en repoussant les conséquences
extrêmes et absolues de leurs doctrines. Mais il est venu des dis-

ciples qui se sont chargés de ce soin.


Les principaux, clux qui ont fait le plus de bruit, sont les Saint-
Jf

'
Histoire ^t'/ic'rn/c de In cl\'lli<;atinv en Enropr.
SUR I.B PANTHlilSMIi. 327
Simoni^ns, Nous ayons fait leur bis(oii.-e dans nos .'Innalcs *, et

l'on pt'ut y voir qu'ils professaient piirement et simplement le

pantlu:isme dans toute sa nudité. Leur système consistait encore


à placer l'humanité dans l'état de pure nature ;
puis ils la fai-

saient progresser de là par ses seules forces, du fétichisme, du


polythéisme, du monothéisme, du christianisme jusqu'au catho-
licisme, qui devait lui-même faire place au jain/-j//nom'i/ne, pour
arriver de là jusqu'à la réhabilitation de la matière, à la divini-
sation de la nature humaine; il n'y avait plus ni bien, ni mal. Le
système tombé, mais bien de ses partisans i-estent, et se sont
est
disséminés dans les journaux mensuels et quotidiens, d'où ils
lancent çà et là desfragmens de leurs doctrines*.
Un de leurs principaux apôtres est Pierre Leroux. Ce que
Pierre Leroux a ajouté aux différentes théories que nous ayons
txposées, c'est la nécessité de la tradition ; mais c'est une tradi-
tion qu'il fausse, en supposant que c'est de l'homme que vient
son origine, et que conséquemment l'homme est destiné à y
ajouter tous les jours. Ainsi, tradition, progrès et piogi'ès con-
tinu , c'est la base qu'il pose d'abord. De là, il soutient que le
christianisme a été une philosophie avant d'être une religion.
Quand cette philosophie .sera complète, nous aurons une reli-

gion complète. Pour cela, il ne ^este que trois choses à faire :

1° perfectionner la tradition, 2° constater le progrès dans le


passé, 3° du progrès continu déduire l'avenir. La certitude, pour
lui, c'est le consentement universel et actuel; car le genre hu-
main est infaillible. Que si on lui objecte le polythéisme, il ré-
pond qu'il interprétera cette errfrur. Air.si, encore pour M. Le-
roux, la vérité est changeante ; Dieu change aussi. Il ne fait

aucune difficulté de l'admettre ; et aussi ce qui lui fait rejeter la

Trinité chrétienne, c'est qu'elle n'explique pas assez les change-


mens qui s'opèrent en Dieu. Pour lui aussi, le monde est le pro-

' Histoire du Saint- Simonisme, de son origine, de ses doctrines et de x


sajîn, t. XI, 9.41, 42 1, XII, 85.
^ Exposition de la doctrine Saint-Simonienne, t. i, p. 4i5,t. n, 88,
98, 100, io3.
328 ESSAT

duit nécessaire, la conséquence immédiate de l'existence du


créateur ; l'existence de Dieu n'était pas bonne avant l'émanation
de l'univers.Il admet à la vérité, en Dieu, une vie personnelle et
distinctedu monde. Mais si cette vie a besoin de se compléter
par l'existence du monde, elle n'est pas infinie, parfaite, elle
n'est pas divine^. Tels sont les principaux points de la doctrine
de M. Leroux, qui jouit d'une certaine célébrité auprès d'un
certain nombre d'esprits, et que nous combattrons un peu plus
au long dans notre second article.

Charles Fourier. Nous n'avons pas à nous occuper de son sys-


tème d'harmonie sociale. Mais il est la conséquence d'une doc-
trine métaphysique, cosmogonique ,
psychologique que nous
devons signaler ici comme renfermant le panthéisme. D'après
lui, il existe trois principes : Dieu, principe actif et moteur ; la

matière, principe passif et mu ; les mathématiques, principe


neutre et arbitral. Ces trois principes ne sont qu'un. Dieu est
tout ce qui est. Aussi l'homme est un petit dieu toutes les pas- ;

sions sont légitimes, leur développement est même nécessaire


pour que l'homme arrive à sa lin. Tout ce qu'il fait est bien, est

divin ^.
Jrî. de LaMennais, ce puissant défenseur delà pure vérité' ca-
tholique, en se séparant de l'Eglise, s'est vu forcé de faire comme
les autres philosoplies. Les catholiques l'ont vu avec étonnement
émettre dans ses Nouveaux mélanges la doctrine des idées pro-
gressives et de la vérité mobile. Or, ce principe mène droit au
scepticisme ou au panthéisme. Comme il n'a émis cette doctrine
qu'en passant et pour la nécessité de sa cause, nous ne savons sur

quel commencement il assied celte doctrine de la vérité progres-

sive ; nous l'attendons dans le nouvel ouvrage, tout de métaphy-


sique, qu'il va faire paraître. Il sera curieux et peut-êlre afïïi-

geaut de voir si, comme les autres, il supprimera Dieu de la

De la doctrine du progrès continu. — RcK'ue cnc}'clopedifjue. —


Encyclopcdic nouvelle, article Christianisme.
"
J$e l'association domesliijue agricole. — Voir un article sur Fou-
rier ,
par M. Rpybaud, Jlevue des deux mondes, i5 nov. 1857.
SUR LE PANTHÉISME. 329
naissance des sociétés, et la société de la naissance de riiomme^
lui qui a si looglems combattu pour asseoir ces deux vérités.

Nous nous en occuperons dès que l'ouvrage aura paru.

III. Point de milieu entre le catholicisme et le panthéisme.

Les anciennes erreurs ne pouvaient plus satisfaire l'intelligence


humaine. L'athéisme niait tout, mais n'expliquait rien. Le déisme
n'est pas une religion, mais une école où chaque écolier estmaî-
tre. Tout cela était basé sur l'autorité individuelle , et voilàque
l'autorité individuelle elle-même a perdu son crédit ; on sent que
l'homme ne peut rien faire seul. Et ce ne sont pas seulement les
catholiques qui le proclament, mais les philosophes eux-mêmes;
voilà pourquoi, à la place de l'homme isolé, ils ont mis l'Huma-
nité ; ils ont invoqué la raison des siècles, ils ont proclamé la né-
cessité de la tradition- L'école qui s'appelle surtout progressive,
celle de M. Leroux, en est là. Mais, au lieu de revenir franche-
ment aux siècles, à l'histoire, aux traditions catholiques, ils sont
allés interroger dans le passé les siècles, l'histoire, les traditions

panthéistiques. C'était la seule ressource qui restait pour ne pas


tomber au pouvoir de l'Eglise. La philosophie n'a pas fait défaut
de se jeter dans cet abîme cette marche était nécessaire, nous
:

ne refusons pas de l'y suivre.

lY. Histoire du panthéisme.

Nous analyserons très rapidement cette histoire, analysée déjà


beaucoup par M. Maret. Les principaux traits seulement seront
indiqués.
Le panthéisme se divise en religieux et philosophique. Le pan-
théisme religieux provient du svstème de l'émanation mis à la

place de la création : la Création est la réalisation de ce qui n'était


pas; VEmanation est la manifestation de ce qui était caché; ce
n'est pas une production, c'est uu développement, c'est Dieu dans
ses œuvres, ce sont ces œuvres divinisées. Le système de l'éma-
nation paraît avoir pris naissance dans l'Inde ; c'est là au moins
qu'on eu trouve les premiers vestiges. M. Maret fait passer ce
svstème de l'Inde en Egypte, en Chaldée et puis en Perse où il
.

330 ESSAI

semitt^e en dualisme. Nous ne croyons pas que cette filiation soit

bien certaine, mais ce n'est point ici le lieu de la discuter. En


Chine, l'eiuanation, venue de l'Inde avec le dieu /"o, ne s'y déve-
loppe qu'avec la secte du Tai-Ki, au xv^ siècle. La Grèce s'inibut
avec certitude des doctrines indiennes qu'elle modifia bientôt
en mythes, qui conservent sous les formes homériques un l'ond
caché des doctrines orientales. De la Grèce, l'émanation passa
aux gnostiques et aux éclectiques d'Alexandrie.
Le panihéismephilosophique établi eu système dans le Védanta
indien passa eu Grèce, où il s'établit dans les écoles de Pytha-
gore, de Timée, d'OcelluSj dans celle d'Elée, «jui, d'idéaliste
panthéistique passa dans lesensuélisme athée. Exclu des écoles de
Platon, d'Epicure, d'Aristote, de Zenon, il revit dans Its éclec-
tiques d'Alexandrie. C'est alors que l'hellénisme, lepylUagorisme,
le platonisme s'unireutà l'orientalisme pour résister aux doctrines
chrétiennes qui se faisaient jour. Les gnostiques, d'origine juive,
acceptèrent la plupart des croyances panthéistiques orientales.
Enfin vintle néoplatonisme, qui amalgama toutes les erreurspoly-
etendonna des explications quasi chrétiennes. L'ensemble
théistes,

de sa doctrine, représentée par Plotin et Procius, comprend


l'émanation des orientaux, 1 unité absolue et l'âme du monde
des pythagoriciens, l'idéalisme de l'école d'Elée, les idées arché-
types ue Platon transformées en êtres réels, enfin les formes logiques
d'Aristote. Un des axiomes de cette école était que nous décou-
vrons dans notre propre essence l'essence supérieure dont elle

dérive. Elle continua son enseignement jusqu'au tems de Justi-?


nien, qui la fit ft^rmer.
Le panthéisme au moyen âge. Le christianisme avait vaincu
l'athéisme, le dualisme, le panthéisme, l'idolâtrie. Le monde
avait été renouvelé par les barbares ; mais voilà que le panthéisme
reparaît avec les spéculations de la pensée humaine. Au milieu
du IX*^^ siècle, nous retrouvons :

Scot Érigène ressucite les néoplatoniciens et avec eux le pan-


théisme !


Voir Confucius Sinarum pïiilosophuM du P. ('onplet, p. \xxi et t,v.
' De divisione natunv, lil>. i, p. i et j.
.

su H LE PANTHÉISME. '^M

Son système, mort avec lui, ressuscite au réveil des lettres, et

se lie à son nom dans la dispute des réalistes et des nominaux.


Guillaume de Champeaux soutient que les universaux s'indivi-
dualisent dans les êtres particuliers ; de telle sorte que ceux-ci,
identiques par leut- essence, ne diffèrent du grand tout que par
la vaviété des àcci-lens et des formes passagères.
.4 inanry de Chartres vi Ditvid de Dînant, son disciple, disent
plus ouvertement que tout est Dieu et que Dieu est tout *.

Au XV^ siècle, avec l'étude des auteurs grecs se réveillent


toutes les err< urs anciennes, et en particulier celle des néoplatoni-
ciens et des éléales.
Patrizzi ressuscite la théorie de l'émanation.
Le napolitain Jordano Bruno ''
forme un système complet de
panthéisme dont la base est que le multiple appartient à l'essence
divine.

Le juif Spinosa puise dans la cabale le germe de son système


qu'il revêt fl'un langage scientifique très spécieux emprunté à
l'ontologie de IJescartes. Suivant lui, l'essence de Dieu se déve-
loppe par l'existence , et cependant l'existence et l'essence ne
forment qu'un seul tout; car, dans la nature des clioses, il ne
peut y avoir deux substances. La matière est le mode qui exprime
l'essence divine en tant qu'étendue '.
Malgré le talent de Spinosa, son système passa inaperçu et ne
forma pas école. Il faut arriver à notre époque pour voir ériger
en école le panthéisme. C'est en Allemagne que cette école s'est
formée les principaux apôtres sont Fichte, SchelUng, Hegel
;
,

sortis de l'école de Kant.


Kant, dans sa philosophie, pose d'abord une dualité piimitive,
le sujet et Vobjet ; nous ne connaissons le sujet que relativement
à l'objet, et l'objet que relativement au sujet ; mais nous ne pou-
vons connaître la nature intime de l'un ou de l'autre : c'est ce

qu'on appelle le système de la raison pure ?

Voir Gerson, Concordia metaphys.et logicœ, p. 18.


* Délia causa principio e uno dell' infinité universo e mondi. Dans
Tennemann, t. 11, p. 4o.
*Etliica more scometrico dcmonstrata
332 ESSAI

Dans cette philosophie, l'objet joue un rôle secondaire à la


vérité, mais nécessaire. Mais bientôt vint Fichte, qui supprima
l'objet, et établit que le sujet seul est la source de toute réalité et
de toute certitude. La seule proposition ayant une certitude
immédiate est celle-ci : Moi est égal à moi. Tout ce qui n'est pas
moi, c'est-à-dire l'univers, résulte de cet acte primitif; ainsi le sujet
est la seule réalité ; l'objet ou le monde extérieur disparaît, et il ne
reste d'autre existence que celle du sujet ou de moi. C'est cet
ingénieux système que l'on appelle Y idéalisme transcendant !

Schelling fit un pas de plus ; il soutint que le sujet et Vohje^


n'avaient qu'une existence relative, et qu'en supprimant Voùjet
avec Fichte, on fesait forcément par là même disparaître le sujet ;

que l'on ne devait admettre qu'une chose, Yexistence absolue, une,


éternelle, immuable. C'est ce qu'il appelle la philosophie de la
nature !

Comme Schelling, Hegel cherche partout Vunité. Cette unité,


il la voit dans l'identité de Vexistence, c'est-à-dire de l'univers
extérieur, et de la pensée, c'est-à-dire du sujet; et dans l'unité de
la substance qui existe et dans la pensée. Or cette substance, c'est
Dieu qui se manifeste, se développe sous toutes les formes.
Nous ne pousserons pas plus loin celte exposition, beaucoup
plus longue et surtout beaucoup plus compliquée et plus obscure
dans le texte. Nous ajouterons seulement en forme de conclusion
le jugement qu'en a porté un philosophe allemand qui a écrit eu
français :

« La tâche d'exposer les systèmes de Fichte, de Schelling, de


» Hegel n'est pas facile quand on écrit dans une langue qui ne
»> permet pas qu'on lui fasse la plus légère violence et qui ne
»> se prête pas à convertir les qualités, les états et les actions en
» substances ou en êtres, métamorphoses très aisées et très
" commodes dans les écrits des métaphysiciens allemands. En
» mettant l'article devant un infinitif, ils changent ce qu'il y a
» de plus indéterminé dans un être déterminé, et on ne croirait
>« pas au premier coup d'oeil quelle influence décisive celle faci-

»> lité quelquefois utile , si souvent funeste , a eue sur la


» philosophie ^ . »

'
Essai de i>hiloso/)hir. par M. Ancillon.
SUR LE l'ANTHlîlSMK. 303
Ainsi voilà sur quoi repose celte pliilosopLie transcendante de
l'Alloma;;iie, sur une création opérée au moyen d'un article mis
devant un infinitif; en faisant un substantif, ils ont ciu faire une
substance ; ils ne se sont pas aperçus que le mot n'est pas la chose !

V. Réfutation du pantliéismc'.

Avant de commencer la réfutation du panthéisme, BI. Maret

en oiVre un tableau que nous croyons devoir reproduire ici tout


au long :

« Si nous recherchons ce qu'il peut y avoir de commun dans les

divers systèmes de panthéisme dont nous avons exposé l'his-


toire, nous reconnaîtrons que, sous un langage difléreut, sous

des formes diverses, ils partent tous du même principe, et ren-


ferment une doctrine parfaitement identique. Ce principe fon-
damental et constitutif du panthéisme, c'est l'unité et l'identité

de la substance. Il n'existe qu'une seule substance, dont le monde


et l'homme ne sont que les attributs; voilà l'essence de tout pan-
théisme. Qu'avec Hegel, on appelle cette substance l'Idée ou
l'Etre; qu'avec Sclulling on lui donne le nom d'Absolu et d'Iden-
tité universelle; qu'on la présente avec Fichte, comme le Moi
absolu ; avec Spinosa, comme l'Infini ; avec Jordano Bruno et
Scot Erigène, comme l'Unité suprême, on attirme toujours le
même principe, et les différences ne sont que nominales. L'élude
des Alexandrins, des Grecs, des orientaux, nous amène au même'
résultat. Le panthéisme des néoplatoniciens et celui des éléa-'
tes se présentent sous la forme de Tunité celui des védantistes ; ,,

sous celle de l'infini ; mais nous retrouvons partout une seule


substance.
» Un second principe, conséquence nécessaire du premier, et
reproduit également dans tous les systèmes, c'est la négation de:
la réalité du multiple, du divers, du fini, présenté comme une
pure apparence. En effet, s'il n'y a qu'une seule substance, cefite
substance ne peut se concevoir que sous la notion de l'infini ;. dès
lors, tout ce qui nous apparaît divers, relatif, limité, n'est et ne
peut cire qu'une illusion de notre esprit. Les védautiste» ne
334 ESSAI
voient dans le fini qu'une vaste illusion, dont le sage cherche
sans cesse à s'affranchir. Les éléates ne trouvent de réalité que
dans l'unité absolue, et n'aperçoivent dans le fini que des con-
tradictions. Le monde, suivant les néoplatoniciens, n'a pas de
réalité; la réalité n'appartient qu'aux idées, et les idées se ré-

sument dans celles de l'unité suprême. L'unité suprême est aussi


pour Scot Erigène et pour Jordano Bruno la seule existence vé-
ritable ; tout composé, selon ces philosophes, est dépourvu de
réalité. Spinosa ne voit de léel que l'infioi seul. Le grand art
des panthéistes allemands consiste à détruire les idées phénomé-
nales, les notions du fini, en les opposant les unes aux autres,
pour ne conserver que l'existence pure et absolue.
» La formule la plus avancée du panthéisme, celle des derniers
métaphysiciens de l'Allemagne, peut être présentée en ces ter-
mes : Il n'y a qu'une existence où rien n'est déterminé, distinct ;
dont on ne peut rien affirmer, ni rien nier qui ;
n'est ni être, ni
manière d'être; qui n'a ni substance, ni attributs, ni qualités.
Quand on conçoit l'activité et la passivité ,
quand on distingue
l'esprit et la matière, quand on parle d'intelligence, de volonté ,

de personnalité, on est déjà bien loin de cette existence pure ;

car tous ces termes n'expriment que des rapports. Cette exis-
tence par une force inconnue, par une nécessité inhérente qu'on
ne peut qualifier, se détermine , se limite elle-même. Elle de-
vient l'être et tous les êtres ; elle constitue l'idéal et le réel, le

monde spirituel et le monde matériel. Tous les êtres de l'univers


sont les développemens de cette existence ; elle est à la fois l'idée

et la lumière, la matière et la forme, le mouvement et le repos,


la multiplicité et l'unité, le fini et l'infini. Mais toutes ces exis-
tences, en tant que contingentes, relatives et finies, n'ont rien de
réel, et ne sont que des apparences. Au fond de toutes les exis-
tences phénoménales, il y a l'existence pure ; elle est la seule
réalité, toujours indivisible, identique à elle-même. Ainsi, nous
sommes ramenés au point de départ, à l'existence pure, inquali-
fiable, inoomée.
»> Et que les panthéistes mitigés, ou plutôt inconséquens ne ,

croient pas échapper à cette formule. Le panthéisme mitigé veut


.

SLK LE PAJMÏHKISMi:. 335


accorder à Dieu uue vie propre et personaclle, tout, en niatit la

ciéalion et en admettant l'éternité et la nécessité du monde.


Nous avons prouvé à M. Pierre Leroux combien cette préten-

tion est illusoire. En effet, dès qu'on reconnaît une vie propre
en Dieu, il faut aussi la reconnaître infinie ; mais, dès lors, Dieu
se suffit, et le monde ne peut être ni nécessaire, ni éternel. Si la
vie propre de Dieu n'est point infinie, elle ne mérite pas le nom
de vie ; le monde seul est ta vie divine. Mais alurs, la divinité
rentre dans cette ra^ue indeterminatioxL, où elle ne nous appa-
raît plus que comme la force cachée et aveugle qui produit tous
les phéuomènes la personnalité divine s'tilace.
;

« Le panthéisme consiste donc.à absorber le fini dans l'infini,

età dépouiller l'infini de toute manière d'être". »

A la suiie de ce tableau, M. Maret entre dans l'examen des


preuves du panthéisme et démontre :

1° Qu'elles sont arbitraires et impuissanles :

Que le principe du panthéisme


2° est opposé au sens com-
mun, en niant le bien, le mal, toute réalité, et qu'il tombe dans
des contradictions palpables ;

3" Qu'il est absurde et funeste dans ses conséquences. Et en


effet, il examine ces conséquences dans les pays où il a dominé :

1° Chez les Hindous, où il a |uoduit : dans la nation cette apa-


thie, celte impassibilité qui l'ont livrée au pouvoir absolu de
quelques marchands anglais dans les individus, la secte insensée
;

des loghuis. \oici quels sont ces sectaires que Ton peut appeler
les prêtres ou les solitaires du panthéisme :

" L loghui est un suUtaire qui, pour arrivera l'union la plus


complète avec l'infini, se sépare de la société humaine, aban-
donne tous les soins de la vie, se dépouille de toute activité, de
toute pensée distincte, et s'absorbe entièrement dans la seule
contemplation du moi infini. Les forêts, les solitudes de l'Inde,
les alentours des lieux sacrés sont peuplés de plusieurs centaines
de ces hommes élonnans, qui restent quelquesfois plusieurs
années dans la même place. Le poète Kalidas nous fait, dans la

Essai sur le panthéisme, p. 176 et sui\


336 ESSAI

Saconiala , la peinture de l'ctat d'un looiiui célèbre. Le roi


Dushmanta demande au conducteur du cltar d'Indra où est la

sainte retraite de celui qu'il cherche \ à quoi l'autre répond : « Va


plus loin que ce bois sacré, là même où tu vois un pieux loghui,
à la chevelure épaisse et hérissée , se tenir immobile, les yeux
fixés sur le disque du soleil ; considère-le sou corps est à moitié
;

couvert d'argile que les termites déposent ; une peau de serpent


lui tient lieu de ceinture sacerdotale, et entoure à demi ses reins ;

des plantes touffues et noueuses s'entrelacent à son cou, et des


nids d'oiseaux couvrent ses épaules. » — M. Schlegel observe
qu'on ne doit pas prendre ceci pour une exagération poétique ou
un caprice de l'imagination : trop de témoins oculaiies, dit-il,
déposent de ce fait et le racontent dans des termes tout à fait

semblables. C'est dans cet état d'absorption complète et daber-


ration mentale que le panthéisme indien a placé l'idéal de la per-

fection humaine. Ne peut-on pas regarder aussi comme un effet

des doctrines panthéistiques l'immobilité totale dans laquelle


le peuple indien est tombé, et l'espèce de dégradation qui a été
la suite nécessaire de cet état^. »

Chez les Grecs, il produisit les sophistes et l'école éléalc,


qui corrompirent la nation ; et plus lard les néoplatoniciens,
ennemis si acharnés du christianisme , derniers souteneurs du
paganisme j et en6n les gnostiques, dont la corruption est si

connue.
De nos jours enfin, le panthéisme a produit les saint-simo-
niens, dont la morale, frappée d'un arrêt de la police correction-
nelle, avait soulevé tous les esprits contre la secte.
Telle est la pratique du panthéisme, conséquence logique de
la théorie qui nie l'être personnel de Dieu, qui soutient que
Dieu nest pas, mais qu'il se fait qui détruit Dieu protecteur, ;

Dieu Dieu saint, Dieu bon et avec lui la notion


législateur , ,

même du bien et du mal; et ue laisse à sa place qu'un hideux,


horrible et incompréhensible mélange de Dieu, de l'homme,
de toute créature intelligente, brute, animale, végétale, minérale I

'
Essai, etc., p. 20 1.
SUR LF. rAM'UÉlS31i;. 337
Aprjîs cette horrible profanation de Dieu, c'est avec bonheur
que l'àuie respire, et aime à répéter avec l'auteur ces belles no-
tions do Dieu que l'hunianiié a reçue de Dieu lui-même et que
l'Ej^lise garde avec une sollicitude toute filiale :

« Etre des êtres I des hommes égarés, qui tiennent de vous


" leur personne, tout ce qu'ils sont, vous refusent une vie propre
» et la personnalité? Aveu.<i;les,il8ne voient pas que toute perl'ec-
» lion est dans l'infini ; impies, ils osent altérer votre inaltérable
>> essence. Us vous confondent avec l'ouvrage sorti de vos mains;
» ils ne savent pas que votre nature ne souitVe ni diminution, ni
» division, ni limites. Votre puissance infinie et votre amour
» fécond appellent du néant vos innombiables créatures. Leur
» mission est de raconter votre gloire, d'exprimer vos divins
» attributs, de participera la vie dont vous êtes l'inépuisable
» source. Elles viennent de vous et tendent vers vous ; mais elles
» restent à une infinie distance de vous ; il y a entre elles et vous
» l'abîme qui sépare l'infini du fini, l'être qui est pîar soi-même
» de l'être créé, l'être du néant. Ces hommes, qui se croient
" grands et forts lorsqu'ils n'ont ni intelligence, ni cœur, vous
» refusent l'hommage que vous doit toute créature ; atomes pcr-
» dus dans l'univers, ils se disent nécessaires à votre vie. Mais
» qu'ils sont punis de cette erreur 1 Eu vous niant, ils se nient eux-
» mêmes en ; refusant de vous reconnaître, ils voient tout leur
» échapper, raison, vertti, ordre et justice, amour, espérance et
» bonheur. Tout fuit, tout disparaît; la réalité devient l'illusion
» et la vie n'est qu'un mensonge amer. O vérité! guérissez les
» yeux malades, raffermissez la raison ébranlée et donnez au cœur
» l'amour '.»

Dans un deuxième article, nous poursuivrons l'analyse de


l'ouvrage de IM. Maret, et nous nous arrêterons principalement
à l'exposition et à la réfutation des doctrines de M. Pierre Le-
roux, qui a recueilli en les transformant un peu les doctrines
saint-simoniennes, et auxquelles un journal, la Revue encyclové-
clique, donne quelque publicité.

A. BoNNETTV.
'
Essai, p. 217.

in«siiR!E.TOME 1. — Ps" 5. 1840. 22


,

338 lilLIGlONS

^rabitions ofril>fntûlfô (ÊfUiqufs.

RELIGIONS
DES PEUPLES CELTIQUES DE L^OCÇIDENT
COMPABÉES

AVEC CELLES DE L'ORIENT.

fjrfmi^r artirlr.

Avant d'entrer dans la matière ansioncée par ce titre, nous de-


vons dire quelque chose des sources où nous puiserons nos nia-
tériaux,et du peuple au milieu duquel nous les trouvons.
Le célèbre auteur des Mélodies irlandaises n'a pas voulu
comme on sait, se renfermer dans la gloire poétique dont il était

environné : Sir Thomas Moore a ajouté à ces palmes si éclalauies


un mérite plus solide. Déjà depuis quelques années, le F^ojage
d'un gentleman irlandais à la recherche d'une religion, ouvrage
dont les Annales ont rendu compte ',vint ilonner la preuve que
l'éclat de l'imagination et toutes lesqtialités du poète n'excluent
pas toujours les fortes études , l'érudition, la justesse du raison-
nement et la profondeur des convictions. Après avoir offert un
premier tribut à sa foi religieuse, premier devoir de tout chré-
tien et, nous osons dire, de tout homme raisonnable, M. T. Moore
a réservé en bon citoyen, son second hommage pour les afiec-

tions de sa patrie. C'est V histoire de son pays qu'il a entrepris


d'écrire, de sa chère et vieille Irlande ', cette émeraude des mers
enchâssée dans l'océan, coir.me disent les poètes de la verte Erin.

Voir le tome vk, p. siy.


» Histoire d'Irlande par Tlipmjis 3loore, traduite de l'anglais par
M. H. Bion-Marlavagne; à Paris, chez Péjisse frères, avol. in-8,prix:5fr.

!c vol. — Édition anglais^, chez Baiidrv, à Paris, prix :


*» fr. le vol. ln-8;

3 fr. 5o in-i-i.
f
DtS FliUl'LI-S CIXTIQUES. 339
En procédant de la sorte, en plaçant dans l'ordre de ses reclier-
ches intellectuelles la religion avant tout, même avant la patrie,

M. T. Moore a montré une sagesse et un sentiment des conve-


nances rares de nos jours ; il s'est rapproché à cet égard, comme
à plusieurs autres, des esprits éminens du moyen âge, et a réa-
lisé cette noble devise des tems chevaleresques : Dieu et mon
^roiV, devise si belle et si chrétienne, avant que sa signiBcation
primitive eût été altérée.
Il serait superflu de s'arrêter sur l'intérêt qui s'attache à une

Histoire d'Irlande écrite de la main de M. Thomas Moore. Nous


dirons toutefois que la célébrité de l'auteur n'était point néces-
saire pour attirer les regards sur un peuple qui offre en ce mo-
ment à l'Europe un si étonnant spectacle, et, à tout prendre, le
plus grand qu'il soit donné à nos yeux de contempler.

Qu'on regarde en effet autour de soi, qu'on voie la face politi-


que des choses, la marche des gouvernemens qui semblent lutter
d'imprévoyance et d'immoralité, la fausse position des ptuples
qui ne savent plus ni se soumettre au pouvoir ni lui résister avec
ordre et dignité, les petits intérêts élevés à la hauteur de questions
sociales et les plus grandes questions rapelissées à la taille des
hommes d'affaire qui les traitent, qu'on voie et qu'on dise s'il

y a dans lout cet imbroglio d'intrigues et de basses passions quel-


que chose de compai-able à ce qui se passe en Irlande en cette ;

pauvre Irlande que la Providence a jetée au loin,a6n de la préser-


ver du contact des doctrines impures et de montrer en face d'un
monde incroyant de quoi est capable la foi et l'énergie d'une na-
tion chrétienne. Nous ne croyons ])as que l'histoire entière offre
beaucoup d'exemples à opposer à ce peuple se réveillant après
des souftrances inouïes pour marcher à la conquête de ses droits
les plus sacrés, toujours par les voies légales, également pur de

toute faiblesse et de tout excès, guidé par un seul chef catholique,


O'Connell, dictateur, prophète, tribun tout à la fois et modèle
peut-être unique de probité et de puissance morale, auquel il

obéit comme une armée disciplinée et qui ne se sert de son pro-


digieux ascendant que pour être le premier serviteur de ses frères
et les conduire vers le but unique de toute sa vie, sans dévier,
340 RELIGIONS

sans reculer, isans violence, sans effusion de sang, par la seule


_ ..f. fj.'r lOb 31):-.:) f'' -'O'. -
;, .,•,. .V'-'W«^' 'Jin^Of. .

lorce du droit et de la lustice.


Cestdonc une belle tliOiieâ étudier et à connaître que l'histoire
de l'Irlande, et cependant ce n'est pas à elle que nous nous arfè-
terons dans ces articles. L'Irlande a été dans l'antiquité le princi-

pal foyer du culte Druidique en occident. L'Irlande, peuplée pri-


mitivement par les Phéniciens, qui y ont établi leur religion,
leurs divinités, leurs traditions , semble, quoique jetée sur une
des extrémités de l'Occident, destinée à servir de point de réu-
nion et de comparaison avec l'Orient. C'est chez elle qu'il faut

aller étudier la croyance de nos ancêtres, les Celtes, les Gaulois


et de toute cette race japhétique, qui, partie du centre de l'Asie ,

vint par le Nord et par les îles des nations comme dit la Bible, ,

peupler nos contrées, et y implanter le culte qu'elle avait laissé

en Perse, en Assyrie, en Phénicie. ,,

Cette étude et cette comparaison des cultes occidentaux e| oriçai*


taux n'avaient pas encore été faites, et manquaient totalement dans
nos annales. Or, M. Moore, en traitant de l'origine et de la reU-
gion de l'ancienne Irlande, a recueilli avec beaucoup d'érudilion
et de critique tout ce qui a été écrit sur ce sujet. Nous ne pouvons
donc mieux faire que d'extraire de son ouvrage tout ce qui pourra
convenir à notre sujet et l'on va en voir sortir encore de nombreu-
:

ses et merveilleuses preuves de l'unité d'origine du genre humain.

-iUBBtOiii j: ï. Origine du peuple irlandais.

*L*hièidîre de l'Irlande peut se diviser en trois grandes périodes


bien distinctes :

" 1° Les âges païens depuis la colonisation jusqu'au christia-


nisme ;

2" L'époque de l'introduction et de la propagation du chris-


tianisme ;

3° La période qui comprend les invasions danoise et an-


glaise.

On peut appeler la première époque iilolatrique ou de barbarie,

la seconde époque chrétienne ou de gloire^ troisième époque po-


litique ou d'asservissement. Tout fait espérer que, grâce au réveil
DES PEUPLES CELTIQUES, 341
de l'ancien esprit chrétien qui s'opère en Irlande avec tant de
puissance et d'harmonie, cette dernière époque louche à sa fin:
La première question qui se présente à l'historien est celle de
l'origine de la population irlandaise. L'intérêt que cette question
offre par elle-même s'accroît encore par la profondeur et l'érudi-

tion avec laquelle M. T.Moorel'a traitée.


D'abord il paraît hors de doute que les premiers habitans de
l'Irlande étaient issus de la même race Celtique qui peupla jadis la
Gaule, la Bretagne et l'Espagne. La langue de ce pays, ses nom-
breax monumens, restes encore subsistans de cette ancienne su-
perstition que les premières tribus, qui se répandirent d'Asie en
ïlurope, apportèrent, comme on sait, partout où elles s'établirent^
attestent suffisamment la véritable origine de sa population.
Quelle que soit d'ailleurs l'obscurité répandue sur l'histoire des
tribus qui suivirent ce premier essaim de peuples orientaux, et
quelle que soit la variété des opinions sur la question de savoir si

elles étaient de la même race que celles qui les avaient précédées
ou bien de race différente, ce qui paraît au moins certain, c'est
que les premiers habiians des contrées occidentales de l'Europe
furent les Celtes^etquede la langue de cette antique nation, le plus
pur dialecte qui existe aujourd'hui, c'est le dialecte irlandais.
Mais ici s'élève une seconde question non moins importante
que la première, à cause du jour qu'elle répand sur la suite de
l'histoire irlandaise et sur la nature des rapports qui ont existe
dès le principe entre ses habitans et ceux de la Grande-Bretagne.
Par quelle voie les tribus primitives pénétrèrent-elles en Irlande?
Yenaient-elles directement de la Bretagne, ainsi que la disposi-
tion des lieux pourrait le faire croire, ou bien arrivaient-elles
par un autre chemin?
L'opinion de M. Moore, appuyée; comme on va le voir, sur de
très graves autorités, est que l'Angleterre n'a point fourni à l'Ir-
lande ses premiers habitans; ceux-ci étaient des Celtes venus des
côtes nord-ouest de l'Espagne.
«Le système de Whitaker et des autres qui de la proximité des
deuxîles concluent que la population de l'Irlande a dû dès l'origine
venir exclusivement de la Bretagne est aujourd'hui tout à fait con-
342 RELIGIONS

testé, et se trouve coinbaitu nou pas seuleiuent par des probabi-


lités, mais pur l'évidence même. En effet, il est extrêmement in-
viaiseiuhlable que, dans \c mouvemenl général et précipiié des
tribus celtiques vers l'Ouest, une île comme l'Irlande, également
à portée de l'Espagne et de la Gaule, sou leslée inoccupée durant
le long intervalle Je tems qu'il dut f;iIioir nécessairement à ('An-
gleterre pour se peupler. Mais, indépendaaunent de cette considé-
ration, laifireuive ïa plus forte et de la plus grande évidence qu'il
exista jadis des relations entre l'Espagne et l'Irlande, résulté clai-
rement des itaduiuns historiques de ces deux pays, des noms des
différentes ^i ibus espagnoles que Ptolémée assigne aussi aux tri-
bus de l'Irlande, et plus que tout cela encore, dé cette sorte de
célébrité que l'Irlande, comme nous verrons plus loin, s'était très

anciennement aci.!uise, célébrité qui ne pouvait provenir que ué


ses relations avec les colonies pnénîciennes, lesquelles piiiént seu-
les donner à l'ancien monde une connaissance aussi exacte d'une
île éloignée de l'Atlantique (p. 2).»
On peut conclure des recherches de M. T. Moore que les
Phéuiciens, et, par suite les Grecs, connurent l'Irlande, sinon plus
tôt, au moins beaucoup mieux que la Bretagne. Mais une autre
preuve des étroites relations que les Phéniciens d'Espagne con-
servèrent aiicienuemènt ayec l'Irlande, est tirée de la Géogra-
phie de Pioléméc, qui écrivait au commencement du second siè-
cle, et que l'on sait avoir puisé principalement aux autorités phé-
niciennes les renseigneinens qu'il nous donne sur les pays dont
nous parlons. En effet, dans la description qu'il fait des lieux de
la Bretagne, et particulièrement des [)arties septentrionales de
celte coiitrée, ce géographe tombe dans les plus grossières erreurs\
et place, par exemple, le Miill de Gallnway au nord, et le cap
Orcas ou Dunshy-Head à l'est '. Au contraire, lorsqu'il parle
de l'Irlande située alors au-delà des limites de i'éiiijjirè rôuiaîn',

' «A d'une erreur commise par Ptolémée dans ses observations


la suite

géographirjues ou astronomiqui.-sjes latitudes nord de ce point ( le No-


va?itum Chersonesiis, ou jReiis de Gallowaj) paraissent avoir été prises
pour des longitudes, et conscquoauiu'nt cette partie de la Bretagne est
t i-aiisportoe à l'est.» {Noie sm lîicltai il tic Cirencesler.'^
DES PEUPLES CELTIQUES. 343
ei dont 1 existence même y était à peine connue, il montre line

exactilude reinarqdable, nou-seulèment dans la désignation des


rives èl des prbmoiiloires de l'ile, mais eiicoië dans la plupart des
détails qu'il iioiis transmet sur l'inlerieur du pays, sur ses diffé-
rentes villes et sur ses tribus, et enfin sur ses lacs, ses fleuves et
ses limites. Il digne de remarque, que pendant qu'il
est aussi

donne en général nouveaux noms romains aux villes et aux


les

lieux de la Bretagne, l'Irlande au contraire conserve sur sa carte


ses vieux noms celtiques". La cité Hibernis nous redit encore les
souvenirs d'une bien lointaine époque, et le Promontoire sacré y
aujourd'hui connu sous le nom Carn.»7;/'e-Pomf, transporte notre
imagination aux jours des vieux Phéniciens*. Quand on consi-
dère que Ptolémée ou plutôt Marinus deTyr, dont l'auteur suit
implicitement les pas, passe pour avoir tiré ses descriptions et ses

cdftes géographiques d'un ancien atlas tyrien ', 1 on verra que

(( L'Irlande a tout-à-fait conservé dans su topographie un beaucoup


plus grand nombre de noms celtiques qu'aucun autre pays.» [Caledonia
de Chalmer, vol- I, liv. i, c. i".)
' Dans les du commerce phénicien, tous les promontoi-
anciens jours
res du sud-ouest de l'Europe étaient consacrés à l'érection
de l'ouest et

de colonnes ou temples, et appelés par des noms religieux de la plus


haute antiquité celtique. Cela est expressément reniarqué par Strabon.
Ces pointes sacrées se multipliaient en pro])ortion des découvertes que
l'on faisait le long de la côte. (Lettres de Coloniban, par O'Conuor,

lettre 5'-. ) Le savant écrivain ajoute en note : Le Sacrum J^ro mentor ium,

ou pointe sud-ouest de Vlberia antiqua, était It; c.ip Saint- Pincent ; ce-
lui de ï Irlande était le point Carne-Soir, ainsi que ledit Ptolémée. »

Cette pointe de Carne-Soir dut être la première qui attira les yeux des
navigateuis phéniciens, dans leur route de Cornouailles eu Iriande.

^ ' démontré par Bremer [Defontibus geographorum Ptolemcei,


Il est

etc.), cité par Heeren, u que l'ouvrage même de Ptolémée, ainsi


auteur
que les cartes qui l'accompagnent, ordinaîren»ent attribuées à un certain
Agatliodaîmou, qui vivait à Alexandrie dans le cinquième siècle, avaient
réellement été puisées aux sources phéniciennes ou tyriennes : en d'au-
tres termes, que Ptolémée, ou pour mieux dire, Marinus de Tyr, qui
vivait peu de tems avant lui, et dont il a seulement revu l'ouvrage, doit
34 'l RELIGIONS

cette absence de noms aborigènes pour les villes et les lieux de la


Bretagne, et leur prédominance sur la carte dlilande, prouve
que cette dei-nière île doit avoir été connue des géographes de
Tyr beaucoup plus anciennement et beaucoup mieux que la
première. Mais cette preuve de l'existence d'anciennes communi-
cations entre ce pays et leurs colonies n'est pas plus forte que le
témoignage décisif de Tacite, qui, à ce même sujet, déclare qu'au
tems où il écrivait « les plagés'et les ports de l'Irlande étaient
» mieux connus des commerçans et des navigateurs que ceux de
>)la Bretagne '.» Il résulte évidemment de cette observation que,

quoitpi'à peuie connue par îea Jlomains, et presque tout-à-fait


étrangère aux Grecs, celte île, séparée du reste du monde, possé-
dait cependant déjà des voies de communication avec ces deux
peuples, et que pendant que les Bretons exclus du continent par
leurs conquérans romains, voyaient s'évanouir tous les avantages
des relations qu'ils avaient ( onserve'es pendant longtems avec les
Yenètes et les Gaulois, l'Irlande continuait toujours à entretenir
ses rapports avec l'Espagne, et envoyait ses baïques s'aventurer
sur les mers çoinme elle avait accoutumé de le faire durant plu-
sieurs s,iècl^ avant, içotre le cap Celtique et le Sacré promontoifè;

» Kapijèstce^ pr^uyef e,t plusieuis autres, fondées surtout silr lés

avoïriiïè^és tfè&ci-ïfmon'sgéograpiiîqnes et ses mappemondes d'un aii-


cieh oflaé't^h'iètt.yV ^à^il^^^ecjterchc: historiques deHeerm^ vol '^,
"-- '''^ -' -^ ".>-.
append.C.)
' <( Meliiis àdittis portusqtié, pei' èommcrcia et negotiatores cogniti. v)

[Tacil. Agricol., c. 24-^ Une tentative a été faite par quelques commen-
tateurs pour priver l'Irlande des avantages qui naissent pour elle do ce
passage de Tacite; et ponr cela, ils supposent une manière de lîrè'nôu-
vclle et barbare, qui transporte le mot vieliiis à la phrase prccédeiiVc, ce
qui n'est pas moins contraire à l'élégaote latinité de l'historien qu'àUX'
prétentions du pays dont il parle. Nous observons cependant avec jilai^ir

que malgré cette malicieuse tentative, l'ancienne manière de lire est eu


général conservée, quoique par un. sentiment trop caractéristique d'une
certaine classe d'Irlandais, Àrihur Mnrpliv.ait, dans ses tradnctions,
rmpioyt- la nouvelle.
DES PEUPLES CELTIQUES. 345
traditions irlandaises auxquelles les partisans de l'opinion oppo-
sée ne peuA'Pnt s'empêcher de rendre hommage, il paraîtrait que
les Phénicicnb ayant débarqué dès l'origine sur les côtes occi-

dentales d'Espagne au-delà des colonnes d'Hercule, se mêlèrent


aux Celtes qui habitaient ces côtes, et que ce furent des colonies
composées du mélange du sang celtique et phénicien qui peu-
plèrent l'Irlande : c'est ce que semble prouver encore le caractère

mixte de son ancienne religion. »

ir. Ancienne religion de l'Irlande, i" Divinités. — Idoles. — Objets du


' ' cnitc.— Usages religieux. — Druidisme. — Cabirisme.
L'Irlatîde étant peuplée ainsi que nous venons de le dire par
une race composée de Celtes et de Phéniciens, il devient facile
d'expliquev la nature diverse et les types quelquefois opposés
qu'oftre son culte primitif.
« D'une part les Celtes y apportèrent leur ancien culte que les
tribus leurs alliées avaient introduit en Espagne, en Gaule, en Bre-
tagne. Celte altération des modes primitifs d'adoration, dont les
Cananéens se rendirent autrefois coupables en convertissant en
idoles les pierres grossières et les colonnes élevées par leurs ancê-
tres comme des témoignages sacrés de leur foi, et en transportant
aux symboles inanimés de la divinité les hommages qui n'étaient
dus qu'à elle, toute cette vieille superstition, enfui, qu'on retrouve
partout dans l'histoire des croyances humaines, est encoi'C em-
preinte dans les anciennes traditions et sur les monumens de
l'Irlande. Ainsi on voit le Bosquet et le Puits-Sacré; le cercle de
pierres dressées entourant soit l'autel, soit la salle de justice : les
colonnes informes, adorées comme des symboles du Soleil par les
Phéniciens ; les sacrés monceaux ou Carnes, dédiés au même culte
primitif; les tombes-autels, appelés Cromlech, que l'on croit avoir
servi en même tems de lieux de sépulture etde sacrifice et enfin ;

ces horribles rites dans lesquels des enfans servaient d'holocaus-


te, et que les Juifs idolâtres pratiquaient dans un lieu appelé de
là la FalUc des Cris ', tandis que le théâtre de ces épouvantables

'
Jérémie, vu, 5i, 5?. Celte vallée était aussi appelée Topfieth ,
de
34G '
fifetiGioNs

immolations prenait en Irlande le nom de Lieu du Massacre '


;

en un mot, tous ces traits bien connus de l'antique religion, des


Celtes, dé celte superstition qui se répandit partout où les pre-
mières races d'hommes se dispersèrent, se retrouvent encore au-
jourd'hui en caractères non douteux, non-seulement dans les
traditions et les souvenirs de l'Irlande, mais encoie sur cesmonu-
mens expressifs et parlans qui s'élèveut sur le sommet de ses
collines ou gisent épars dans ses plaines verdoyantes,

Ace vieux et primitif système d'idolâtrie, l'on trouve joint ua


»

certain nombre de rites et d'usages qui appartiennent évidemment


à des modes de culte plus récens et plus compliqués l'on peut :

distinguer à cet égard dans les souvenirs religieux des Irlandais,


la trace dé trois différentes jîéiiodes de superstition, savoir : d'a-
bord le rite grossier que les Celtes, leurs aieux, apportèrent de
l'Orient; en second lieu, les images approchant un peu des traits
de terme hulnaine; et, troisièmement enfin, les monUtnens
la

d'un culte du feu plus ràftiné, que l'on peut voir encore dans ce
pays. Tandis que quelques-uns de leurs rites et des noms de
leurs divinités sont évidemment d'origine phénicienne, ilyad'au-

l'usage que l'on avait de frapper sur des peaux pendant la cérémonie,
pour empêcher les cris des enfans sacrifiés dans le feu, à Moloch, de se
faire entendre.

'
« Magh-Sleactk, ainsi appelé d'une idole irlandaise îiommée Crom-
Cruach ; pierre à autour de laquelle étaient dressées douze au-
tète d'or,
tres pierres grossières. Tous les peuples qui conquirent l'Irikiide (c^est-
à-dire chaque colbnic établie en Irlande) adorèrent cette diviuitëj Jus-
qu'au jour de l'arrivée de saint Patrice. On lui sacrifiait le premier-né dé
chaque espèce d'animan.x; et Tigherumas Mac FoUaigh , roi d'Irlande,

commandait de sacrifier eu riionneur de cette divinité le jour àaSaman,


et ordonnait que les hommes et l^s femmes eiissent à l'adorer prosternés
en terre, jusqu'à ce que le sang leur sortît par le nez, par le front, par
les oreilles et par le coude; un grand nombre mouraient par suite de la

sévérité de ce culte, et de là on l'appelait Magh-Sleacth.» (F'et. jn^s.


cité dans le Collec/nn. de reh. liibenu, n" \n.)
DES PEUi»'Lfeà fcÊLtlQUIiS. 847
ttés tfsa^ës reK^etit qui paraissent êffe venins de la PerSé par
l'înHermcdîàîre de ces hiêuies Phéniciens'.
» La nature mixte de la religion des anciens Irlandais semble, au
surplus, se /-évélei- dans lè mode doht île se Sèrvaiëht pour dési-
gner ledis pfêirt's, auxquels ilsdouùaîeni toxitâ déS noms la fois

péf^ës et dés noms céltîqùes, les appelant indifféremment Mages


où Druides. Ainsi les Blages que l'on voit, dans lels vies de saint
Patrice, avertissântlè roi des conséquences funestes de la foi nou-
velle, sont appL'lés Druides dans Thymne antique de Fiech sur le
même sujet.» (24, 26).
Mais ce qui achève de démontrer l'origine tout orientale
d'une partie des systèinès d'ddôration établis en Irlande , et qui
doiJne S èétte île un càiàctère ëmlhëirimént rëliglèiix,nbÊl rhoîn^
remarquable dès les tèhis lès' plus reculés, c'est le honi à^tle sa-
crée, soiis lequel elle a été cOniiue dans toute l'antiquité. << Tous
les auteurs' grecs qui ont parlé des rites Phéniciens donnent à en-
tendre qu'il existait dans les mers du nord-ouest une île qui leur
était plus particulièrement consacrée, et la position îopographique,
qu'ils assignent sanà cesse à cette île, répond parfaitement à celle
de rirlanu'e. Plutarque* rapporte qu'un ambassadeur eiivoyé par
l'empereur Claude pour explorer les îles Britannique^ ieficoiitra
Une île située dahi le vdl^irfdgë dé là Btëtagnë ùii ctii-ps dé
dat/â

Mages considérés comme saiiits par le peti|)ie fe£, dàlis Un atltré ;

ouvrage, le même auteur ^


raconte des merveilles fabulelises d'une

, Voyez Boriase, liv. ii, eh. 23, Slur la ressemblance entre les Druides
et les Perses. "'
,

^ Dans la V^ie de Numa.


? Dç Fac. in Orb.Lunœ. «Marcellus, qui
écrivit une histoire d'Ethio-
pie, ditque l'existence au tems jadis u'Une île aussi considérable ( \!At~
lantis)est démontrée par ks récits de tous ceux qui ont écrit sur les cho-
ses relatives à la mer extérieure car ils rapportent qu'à celle époque il
;

y avait sept îles dansla mer Atlantique consacrées à Proserpine. » (Pro-

clus sur le Timc'c, cité dans les Découvertes maritimes de Claike.) —


Voyez pour les traditions indiennes touchant Vile Blanche de l'ouest, les
Transactions asiatiques, vol. 1 1 : ec Hyran'ya cl Su-Varn'eya, dit le ma-
jor Welford, sont bien évidemment les mêmes que Erin et Juver/u'u,
348 -
.(.M RELIGIONS

île située à l'ouest de la Bretagne, dont les habitans, ajoute-t-il,


étaient une race sainte, et donne en même tems à entendre d'une
manière implicite qu'il existait des liaisons entre ce peuple et

Carthage. Diodore de Sicile fait aussi mention, sur la foi de quel-


ques auteurs anciens, d'une île ' situe'e, dit-il, vis-à-vis de la

Gaule, qui, d'après sa position, son étendue, les rites du culte du


Soleil observés par ses habitans, leurs Temples rortrf^y leuf '<!On-
naissance des astres, l'habileté de leurs joueurs de harpe,' suffirait
pour établir la preuve incontestable que des traits aussi caracté-
ristiques ne peuvent s'appliquer qu'à l'Irlande, si leà eoulëiirs

trop imaginaires de l'entière description ne l'empêchaient de


prendre place dans une sage investigation, et ne nous engageaient
à mettre cette île Hyperboréenne de l'historien sur le même rang
que son ite Panchéa et autres merveilles.il est très probable, en
même tems, que les vagues et faibles notions que
Grecs an'c- les

cliaient parfois aux marchauds phéniciens touchant le culle du


Soleil et la science de Vile Sacrée, lerne, avaient fourni aux au-
teurs auxquels Diodore se réfère le fond de cette histoire imagi-
naire. L'étendue que l'on donne à l'ile^ étendue qui est égale à
celle de la Sicile, n'est pas la moins frappante des nombreuses
ressemblances de ce dernier pays avec l'Irlande que l'on trouve
dans cet ouvrage; et, sans parler de sa position et de son nom,
nous voyons qu'au siècle du poète Claudien, les Scots ou Irlan-
dais étaient représentés vivant dans le voisinage immédiat des
mers Hyperboréennes ^ ,1, ^^b iiijm.<
. - . . 'r.

ou Irlanrle ; il est un autre nom, Siaya-Dwipa, ou île du Soleil, et il

est probable que c'est le vieux Jardin de Phœbus des mythqlogistes de


Ues sacrées de r Ouest.)
'

VOcc'idetit.» {Essai sui- les


f
. O •

'
Cette île a été réclamée par plusieurs pays. L'éditeur de Diodore,
dans une courte note de sou Index, insinue qu'il pourrait bien être
question de la Bretagne; t/Wc niim de Angliâ intelligi queat?lî\.o\\\And.
soutient que cela ne peut être que son Wg d'Anglcsey, tandis que Toland
la place parmi les îles occidentales de lEcosse ;
et le grand littérateur
suédois Rudbeck la met hardiment dans la péninsule Scandinave. ,

*
Scotumque vago mucrone secutus
Fregit Hvpcrboreas remis audacibus undas.
{De Cous. Ifo.'ior., m v. 53.)
DES PEUPLÉS CÈLTlQUtS. ^9
,
.->• Mais le fiaginent antique le plus important par les lumières
qu'il jette sur ce point, est celui tiré d'un ancien géographe par
Slrabon, et dans lequel il est parlé « d'une île voisine de la lîreta-

» gne/où des sacrifices étaient offerts à Cérès et à Proserpine de la


>'
manière qu'à l'île de Samothrace*. »De tems immémorial
îîîcuie
la petite ile de Samothrace, dans la mer Egée, était le siège de

prédilection du culte du Soleil, et le lieu où il s'était réfugié;

c'était sur ses rivages que les Phéniciens avaient établi les myS"
imes cabiriifues. Cgs rites étaient eousacrés aux dieux qui prési-
daient à la navigation', et il était d'usage que les marins, dans
leurs voyages à travers ces plages éloignées, fissent halte dans cette
île pour olTiirdes prières à leur idoles, afin d'obtenir des vents et
un ciel propices. Des mots du géographe ciic par Stiabou, combi-
nés avec toutes les autres preuves que nous avons indiquées, on
peut conclure que l'Irlande était devenue, et fut eu effet, la Samo-
thrace des mers de l'Ouest; que les dieux cabiriqucs y avaient été
transportés par les premiers colons de ce pays-% et que de même
qiiele marin en quittant la Méditerranée avait l'habitude d'aller

r- ai-'-;. I : j

,.J^^'(;i^^ dHéracléc aussi, décrivant l'Hiberniej, lui tlpnne pour cQp-


^'^'^H'^^d,, la mer Hyperboréenne. ^
:^h^ 5h éi.iatldmsap.^i

7r,'J AijywviTsav x^\ Tr/J Kàpr,-j i-po—otsiTM. liv. IV. .

' '( L'île de Samothrace acquit une grande célébrité tliez toutes les na-
tions maritimes, par la réputation qu'elle avait d'être consacrée spécia-
lement aux divinités tutclaires des navigateurs; on allait y pi-ier les

dieux d'accorder des vents favorables, ou solliciter des apparitions ou


cpiphanies des Dioscures.» Dupais, Origine de tous les cultes, t. i\,
iro partie. Voyez pour 1 apparition de ces deux astres jumeaux ou feux,
à Orphée et à sescompagnons Argonautes à Saniotlirace, Diodore de
Sicile, liv, iv. — Dans quelques-unes des vieilles traditions irlandaises, les

corsaires africains, appc\és Fomoriens, que l'on dit avoir visité ancienne-
ment ^es rivages, sont représentés comme des adorateurs de certains
astres qui avaient reçu leur vertu du Dieu de la mer. Voyez Keating,
p. 87.
^ « On ne saurait révoquer en doute que la superstition allantienne oxc
cabirique n'ait régné en Irlande.» Rev. G. L. Fabers, sur les mystères
cabiriques, vol. 1 1.
350 RELIGJONS

faire ses prières dans Vite Sacrée de l'Est, ainsi dans les mers si-
tue'es au-delà des Colonnes d'Hercule il rencontrait une autre Ile
Sacrée où il pouvait offrir, après une traversée heureuse, aux
même divinités tutélaires,sesvœuxet ses actions de grâces. »(18).

2<» Culte du Soleil et delà Lune. — Sabéisrae.


« Legrandjobjet d'adoration des Phéniciens, le ^^oZeiZ, était sous
lemême nom deBaal ou Bel la principale divinité des Irlandais.
Le titre même de Beel-Samen ou Seigneur du ciel, sous lequel les
Phéniciens, les mains levées, invoquaient leur Dieu ', s'était con-
servé dans le culte païen de l'Irlande -, et la festivité de -Ça/nAin

ou du ciel, la grande divinité Cabirique ( honorée sous ce même


nom dans l'île de Samolhrace), marquait une des quatre divisions
de l'année irlandaise. Il résulte du passage suivant de la confes-
sion de saint Patrice que le culte du Soleil faisait partie du sys-
tème religieux que cet apôtre trouva établi à son arrivée en Ir-
lande. « Ce Soleil que nous voyons se lève chaque matin, par

>»ordre de Dieu et pour notre usage, mais il ne régnera jamais


>»lui-même, sa lumière ne durera pas toujours, et ceux qui l'ado-
» rent tomberont misérablement dans les chàtimens éternels:

» nous au contraire, nous croyons au vrai soleil, au Christ, et


» nous l'adorons'. » Encore aujourd'hui les noms de lieux, té-
moignages significatifs qui résument quelquefois dans un seul mot

'
T«5- yûp'Jii hpi-jiv) di toù; ojpmov; T.phi ztj H'mov. ( Euseb, /'/Vparo/.,
ïiv. I, clî. lo, p. 34, édition de Vigier.)
' Toûrov yàî pr,st 9in i-jifii^ov /idv^v ojpa.voï> y.bpiov^ BEEA2AMHN xaJo&vTî;, 6
tuTt Tzy.pv. *9!vf?: Rûso; oùpavrfj. ( Eusèbe , Prepa., id. ) Voyez Orel-
lius sur ce passage, et les observations qu'il fait sur Sanchoniathon,
relativement au progrès de l'idolâtrie : « A cultu arborum et plantarum
adsolisastroruniquecultnm, à fetischisnio ad sabsismum.»
' Nam qnem videmus, Dec jubente.
Sol iste propter nos quotidiè
eritur, sed nunquàm regnabit, nequè permanebit splendor ejus; sed et
omnes qui adorant cum in pœnam miseri, malè dcvenient. Nos autem
credimus et adoramus Solcm verum, Christuni. (Sancli Patricii con-
fessio. )
DKS l»i;UI»LIS CELTIQUES. 351

une histoire tout entière, conservent les traces de l'ancienne su-


perstition tlu pays; et des noms tels que Knoc-grcine et Tuam-
greinc (Collines du Soleil) indiquent encore les lieux e'ieve's et les

cairns^où. l'on célébrait depuis des siècles les rites solaires : l'on
verra en ge'néral que les mots formés du mot Grian, qui encore
en irlandais, comme dans toute vieille langue celtique, signifie le
Soleil, et duquel évidemment de'rive l'épitiiète deGrj^nceus donnée
à Apollon, désignent les lieux qui furent autrefois consacrés au
culte du Soleil ' : ainsi Cairne-Graine;}\ ou le Monceau du Soleil;

ainsi Granny's-Bed, corrompu de Grian-Beacht, le Cercle du So^


Icil, etc. En suivant toujours la même méthode de rapproche-
mens, on trouve qu'un point de terre dans le voisinage deWex-
ford s'appelait Grenor ou le Siège du feu du Soleil, et l'ancienne
,

ville de Granard, où Ton voyait encore au V° siècle un puits sacré


des Druides, et où saint Patrice renversa, <Ht-on, un autel consacré
au Soleil et fit bâtir une église à la place, Granard, disons-nous,
était ainsi nommée parce que jadis elle avait été le siège de l'an-
cienne idolâtrie païenne des Irlandais. C'est absolument au même
motif que l'on attribuait la qualification de Grange donnée à
cette curieuse grotte située près de Drogheda, que, soit à cause de
la forme de sa construction, soit en raison de l'obélisque pyrami-
dal^ trouvé dans son intérieur, l'on croit avoir été dédiée au Soleil,
de même que les antres du cr.lte Mithraïque '. Parmi les autres

' Rerum Hibern. scriptor., prol. i,' 54-


* L'on sait que c'était à une pierre de cette Ggure pyramidale que les
Phéniciens d'Emesa offraient leurs vœux en l'invoquant comme un
,

symbole du Soleil, sons le nom mystique d'Elagabale. Voyez Gibbon, (

vol. I, chap. 6.) Cette pierre, comme la plupart de celles qui étaient dé-
diées au Soleil, était noire. De plus, il est très digne de remarque que
la pierre-autel découverte dernièrement à Stonehenge, que l'on croit en
général avoir été un temple dédié au Soleil, a été reconnue être noire.
^ « Le monument de New-Grange indique parfaitement de quelle
manière la Grotte mithraïque se liait à la Pyramide mithraïque. —
Dans le fait, l'entrée étroite et les pierres rondes de cette grotte irlan-
daise ne sont autre chose que îa contre-partie de l'Antre deTrophonius,
des pagodes de l'Indostan et des pyramides d'Egypte. » ( Faber, Sur les
332 RELIGIOAS

uombieux nionumensdu culte du Soleil qui existent eu Iiiande,


nous sigualerons les restes d'un Cromlech ou tombe-autel, pics de
Cloyne, qui porta dans rorJj",ine le nom de Carig-Crolth ou Rocher
de Soleil,

"Partout où le Soleil a été un objerd'adoration,laLune dutna-


turellenient entrer en participation des liommapes relif[ieux qu'on
lui adressait , pour cela que cet astre était lionoré en Irlan-
et c'est
de sous le nom de Re. Pendant que quelques-unes des montaj^ncs
paraissent avoir été consacrées au Soleil, nous rencontrons dans le
comte d'Autrim les Slieve-Mis, qui veulent dire tes Monlagnes de
laLune. L'on croit quecesornemens d'or en formede croissant que
l'on trouve si fréquemmeni dans les marais de l'Irlande étaient lies

à ce culte lunaire, et qu'ils avaient servi à ces cérémonies religieu-


ses que les Druides célébraient dans le premier quartier de la

lune .» (27).
3» Culte du feu, de l'eau, des arbres, des pierres. —Naturalisme.
« Le culte du Feu, autrefois commun à toutes les relij^ions du
monde, constituait aussi une partie des vieilles superstitions de
rirlaudc ; et le feu inextinguible de sainte Brigitte n'était qu'un
emprunt fait par les chrétiens dans leurs reliques et leurs dévo-
tions à un rite qui s'était, à travers les âges, lié étroitement aux
sentimens religieux du peuple : chaque année à l'équinoxe de
printeuis, ou célébrait la grande fête de la Baal-tinnc ou, le

mystères cabiriqucs, vol. ji.)Lc révérend auteur ajoute que «l'île


d Ogygia que Plutarque atlinnc être située à l'ouest de la Bretagne, ne
,

doit cerlainerueut être autre que f Irlande."


Voyez, pour la description de ces croissans , Colleclun. n" xm ;
'
,

Gougli s-Camden, vol. m. Un bas-relief trouvé a Autuu, et dont Mout-


faucon nous a donné une gravure, i-eprésente un druide gaulois tenant
dans sa main droite un croissant de la forme d'une lune de six jours, « ce
qui, ajoute Montfaucon, s'accorde si exactement avec le soin religieux
N vjue mettaient les Druides à ne célébrer la cérémonie du guy que le

sixième jour de la lune, qu'il ne pense pas pouvoir èlre révoqué en doute
que ce croissant, qui est de la grosseur de la lune à cet âge, n'ait rap-

port à ce rite de* Druides. yi/Hi(/uite cxpUq.^ t. ii, part , 1


1
, 1. 5.
DIS l'Kli'LLî^ CELll^}LI-5. 35)5

jour du feu Baal^ Alors dans tous les districls de l'iiiandeil y


{ie .

avaitoicîieii{]OUieux et sévère d't'LeiiKlie celle nuli lousles feux:


cl pas uu mort ue pouvait éiie rallumé avant
seul sous peine de
que la pile le palais de Tara ne l'eût été elle-
des sacrifices dans
nièuic de nouveau. Parmi les Perses, au lémoignage de Myde, on
praiiquaiL la même céréuiouie. Après leur fèie dji '24 d'avril, les
i'euxde chaque maison étaient partout éteints, et un vrai croyant
ne les aurait rallunȎs autrement qu'au moyen d'une torclie allu-
mée clle-uiume à Tliabilation du prêtre '-. Un semblable reste de
paganisme oriental subsiste aussi à Jérusalem, où chaque année
au tems de Pâques on croit qu'un feu sacré descend dans le
Saint-Sépuicre,ct lespiêircs fout un lialic considérable des flam-
beaux qu'en y aiiume ce jour-là^. Encore maintenant l'usaffc de
faire tles feux de joie, la première nuit de mai, exisle dans lente
rirlaudc et si l'on a changé l'cpoquc de la solcnnilc del'équinoxc
;

de printems, aii commencement de mai, aussitôt après l'intro-


dncliondn clirislianiômc, c'esl pour empêcher qu'elle ne se ren-
contrât pendant le samt tems du carême.
)i
Au culte du feu, les genùls joignaient ordinairement celui de
l'Eau. C'est ainsi (pic nous voyons que les Irlandais avaient cer-
taines fontaines et certains puits qu'ils regardaient comme sacrés.
L'Iiérésie, nu au moins cette diversité d'opinion que l'on sait

avoir ré^né parmi les Oiicntaux à ce sujet, existait aussi en Ir-


lande. Ainsi il csl parle dans la «/c tripartilc de saint Patrice
d'un certain Muge ou Druide comme un
qui regardait l'Eau seule
objet de respect, et considérait le Feu commeun mauvais génies

Jusqu'aujourd'hui la rente annuelle que les fermiers paient a leurs


seigneurs dans le mois de mai est appelée par eux Cios-ua-Ecaltiniie, ou
la dufeu de BaaJ.
renie
'Voyez la description de la cérémonie par Chardin, dans Dupuis
{Origine des cultes, tome v, p. 169 ^
'"^'ïfoàs croyons que BI. Mocre confond ici avec des céiëmonics su-
perstitieuses, l'usage qu'a conserve rÉylise de faire du feu /loui'eau le
samedi saint. Voir les Liturgies sur ce point. yi. Ijonitctty.
' L. 7, c. 'io. « Ceci nous rappelle la \ipinc dispute des Orienlaiix,

lu^ silrii;. TOML i.—y" j. 1840. ûô


^ 'HKLlGiOIVS

De "là , ajoute-l-ôn , et d'après sou propre désir, il 'fut en-


térfë sbus une pierfé âii <*omté de Mayo, dans un puits qui fut
vénéré longtems par le peuple, sous le nom de Roi des Eaux.
Dans une autre partie de l'hisioire dé saint Patricej on rapporte
que le motif qiii engagea ce saint homme à visiter Slane, c'est
qu'il avait entendu parler d'une fontaine que les Mages adoraient
et à laquelle ils offraient des sacrifices comme à un dieu'. Un
écrivain très versé daiis leurs antiquités *, affirme que les Irlan-
dais sont encore aujourd'hui dans l'habitude de visiter des fontai-
nes ou des puits, surtout ceux qui sont situés près d'un vieux
chêne ruiné oU d'une informe pierre droite, et de suspendi'e
des haillons aux braûches des arbres. Lorsqu'on leur demande
la raison de celte pratique, les plus vieux d'entre eux répondent,
dit-on, en général, que c'est pour faire ce que faisaient leurs an-
cêtres, et qu'on leur avait indiqué cela comme un préservatif
contre les sorcelleries des Druides. Il est à peine un peuple dans
l'Orient chez lequel celte coutume de suspendre des débris de
vêtemens aux branches de certains arbres n'ait été i'etroUTé«.
L'olivier sauvage d'Afrique % et l'arbre sacré de l'Hindus * por-

eatre les adorateurs du feu et ceux de l'eau, et nous amène à la conclu-


sion que quelque liaison doit avoir jadis existé entre l'Irlande et les
pays les plus reculés de l'Est.» ( Lanigan, Histoire ecclésiastique d'ii-
'"^ '' ''^
lande, vol. i, chap. 5.) ''
^'"'M
'
Sir Wil. Belham, Rcchérthttd'un antiquaire irlandais, appèt^'Qj^.
* Lettres de Columban, par le docteur O'Connor, lettre 3. /f.':; "f .

* Les Argali. Foyages en Europe et en Afrique, par le colonel Kea-


ting. « Un voyageui", dit cet écrivain, verra précisément la luême «hose
dans l'ouest de l'Irlande.» Mungo Park parle aussi du grand arbr^ ap-
pelé Neema-Tooba, « orué dune quantité innombrable de cbjlibqs ^t de
débris de vêtemens, et sons lequel personne ne passe sans y suspeudi-e
quelque chose.»
* Voyez les intéressans Fqyages de sir fFilliam Ouseley eu Perse,

vol. ji. appendice, g. Parmi les arbres ainsi décorés que sir William
a rencontrés dans lu vallée ô! Abduï ci. AxWcnr^, il parle duu placé dans

le voisinage dune pierre-colonne ; et cela lui rappelle, ajoute-t-il, les dil-

fcrcns resl«ti uuil av;ùl vus dans If pays de Galles et en Irlande.


^^^^
Ï)E6 PEUPLES GKLTIQl ES. 355
lent oïdiuairenient sur eux celle siui|»le otlraude, lI celle siiii;u-

licrecoutmne a rappelé souvent Us valléfs de l'Irlande à plusd'ua


intelligent voya{*euf au milieu des régions de rOiieni.» (P. 29.)
« La vénéraiion que l'on avait pour certains Bosquets
cl pour

abus naturels u'aduralion dans les-


certains Arbres fut aussi unjdcs
quels une grande partie des itonnnes (oud)èrt'iil dans le^ premiers
âges ^ et comme il arrive dans toutes les altérations religieuses de
cette nature, uiie pratique innocente et méms sainte dans son
origine dégénéra bientôt dans la plus sombre superstiliun.
» C'était dans un bois planté par lui, qu Abraliain invoquait le

Dieu éternel ; et le sacrifice de Gédéon^ olïort sous le cbèue^ était

agréé par la même voix céleste qui conùamnait à la destruction


les bosquets àe Baal qui se trouvaient liaus le voisinage '. Sous
le règne d'Achab* époque à laquelle l'idolàlrie ctail dans son état
le plu» florissant, nous voyons qu'à côté desptètre» de Baal ou
du Soleil, il existait aussi un or^ire séparé do prêtres qUi, d'après
le culte particulier ntiquet ils présidaient, éialefit appelés prO"
phètes des Bois Sacrés Dans le sysième religieux des Ceites, on
^.

trouve unmélangc des deux foiine> de superstitiou, étil existe en-


core aujouid'liui en Irlande, dans les vieilles traditions et les

noms de lieux, autant Je vestiges frappaus dii cUllê des arbres


(jue de celui du sotcit. Qaoi(|ue dans (^c iuùmenL ce pays ioiX à
peine planté de quelques arbres, cependant un de ses noms les
plus anciens et les plus originaux, Fiodha luis, ou Ile Boisée^
prouve évidemment que les objets tlu culte des arbres dans les
premiers âges étaient loin àc manjpjer sur ses bords. Le nom des
Fodii, anciennes tribus qui babitaicnt la cô.e nieritlionale du
pays de Cork, signifie hahitans d une contrée boisée, t\ Voug/mll,
autrefois Ochill, pétsse pour avoir Ik ifièdTeétyitioiogie. Il paraît
qu'en général les vreUS noms de ItetJx sdit plaines, sait collines,
sont des mots qui ont rapport aux foréls, aux boîs 6ti aux arbres.

• Genèse^ xxr, 55. — Juges, \t, ig, -^4. .2^5.

» Les propliètes dé DanI


« ,
quatre cents cinquante, et 1rs prophètes
des bois, quatre cents.» {liv. m de; Rois, wrir, ig.)
•"
« Quasi hritannicè dicas sylvestres, sive apnd sylvas degentcs. »
Baxter. Glossar. antiquitat. Brit — Comté de Cork de Smith.)
=
î'^'^lŒLlGrOiNS

Le poèt<î Speacer a célébré TIi lande de son lems comme un pays


d'ombre et de feuillage*; et Stanihurstuous apprend queles u^t^-r
rels du pays avaient été accuses de vivre on sauvages dans les obs-

cures profondeurs de leurs forêts. Nous tenons d'une autorité


compétente^ qu'après avoir examiné attentivement )e spl^,oj^|i,)ia
preuve évidente qu'à une époque qui n'est pas très éloign^e^vl?
pays doit avoir été abondamment boisé. ,,,.,.

>»Le Chêne, qui était la représentation du JupiterCeltiqueS se dis-


tinguait ici, comme dans tous les autres pays, par une sorte parti-
culière de consécration, et la Plaine des Chcnes, V Arbre duchamp
de r Adoration^, sous lesquels les cbefs Dalcassiens étaient inétugu-

^''^>-^ ' ' - -


;.^iù i^mlsm ^

.', iCautos ûf Mutabilitj' t où, en décrivant l Irlande, il parle des «bois


et des fpf êts dont elle abonde.» Dans son Aperçu sw l'état de l'ivr
/(T«^e, en parlant plus particulièrement du pays situé entre Dublin c^
Wexford, il dit aussi a quoique toute l'étendue de la contrée soit moù-

tueuse et converle de bois, on y voit cependant beaucoup de belles val-


Campion assure pareillement que l'Irlande était couverte de
lées, etc.')

bois, niais leur destruction doit avoir été assez rapide pour que pas beau-
coup plus d'un siècle après que Spencer et Campion écrivaient : nous
voyons sir Henri Piers, dans sa Description choiograplui/ue du cofutç
de Menth, déplorer le manque de bois de charpente « dont il était an-
ciennement si bien fourni, et recommander au parlement de pourvoir
>-

à la hâte à la « plantation de toutes sortes d'arbres dans ce pays. » [Col-


lecian. vol. i.)

• - - «Je uevis jamais cent acres de terre contigus en Irlande, dans, lies-

quels je n'aie trouvé des signes évidens qu'ils furent jadis des bois ou au
moins des superficies très boisées. Des arbres et des i-acines d'arbres de
grande dimension ont été déterrés dans tous les marais et, dans
la plus

les comtés cultivés ; et les troncs d'arbres renversés montrent que la

destruction ne remonte pas à une date bien ancienne.» ( Arliiur 'i oui^g,
Voyage en Irlande.) , a
^ A7a.>.u.a Je Aicç KîÂTiy.'ov Jvy.Xr, ^fj;. (Max. Tyr. Serin. ^ 58.)
* Ma^li-Adhair. « Plaine on champ d'adoration ou du culte, oiï un
temple ouvert, consistant en une enceinte de liantes pierres dressées avec

une grande pierre plate appelée Cromleac, servant d'autel, avait été
bâti par les Druides Plusieurs plaines du nom de Magli-Adbau'
étaient coiuiucs eu Irlande, mais il y en a\ait luie «jurlout dans ic pays
DF.S PI liPLFS CKLTIQUFS. 35T
fét^éV^lé-Cfi^nê 5acv^ tleKililare, nionirent à quelle époque au-
crehhe et pendant combien îongtems dut réi^ner cette branche
pavticulièi'e de la religion primitive. (P. 57).
'C'est encore nu fait admis par tous les archéologues, que le
culte des pierres a été une superstition commune à toutes les
premières races, et nous aurons bientôt à parler des formes que ce
culte avait revêtues chez les Irlandais.» d« bih 'fiovc ihh s'/rrf

4» s&çrifices humains. — Idole Crom-Gruach, le Moloch et le Saturne


v^rt\ïM\l>isV des Irlandais.

«< Il n'est que trop certain que l'immolation des victimes hu-
maines faisait partie de la religion des Irlandais, comme de celle

de tous les pays où le La veille de


culte Solaire était en honneur,
la fête de Samhin, tous ceux que, dans le mois de mars précédent,
les Druides avaient, du haut de leur tribunal sur le mont 6^5-

«i"at7*,condamnésàmort, étaient par suile de cette sentencesolen-


jielliB brûlés entre deux feux*. F.n général cependant, la cérémonie
qui consistait à faire passer entre deux fexix soit les hommes, soit

lesanimaux, paraît ne pas avoir eu pour objet de leur oter la vie,


mais était regardée simplement comme un moyen de purification
périodique '. Ainsi il est dit dans une vieille énimiération des

appelé maintenant le comte' de Clare, où les rois d« la race d'O'Erien


étaient inaugurés, u [Diclio?inaire irlandais (T O'Brien). C'est sous un
arbre remarquable de cette plaine que la cérémonie de l'initiation des
Rois Dalcassiens avait liue. (O'Brien, In voceMagh-Bile). Dans les^nn^-
ies des Quatre- MatiresTponv l'année 981, il est parlé de la destruction de

cet arbre sacré.


Pour l'origine de quatre des grandes familles Dalcassiennes, savoir: les
O'Briens, les Mac-malions, les O'Kennedys et les Macnamaras, voyez

Rer. Hibcrn. Script. proL, i, i53.


' Tiré d'un vieux manuscrit irlandais appartenant au savant anti-
quaire Lhuyd, cité parle dooteur O'Connor. Voyez aussi \e Dictionnaire
Irlandais au mot Bcaîlinne, où cependant la traduction de ce
d' O'Brien,

un peu différente de celle du docteur O'Connor.


î^^ssà'gé est
''•
La coutume de purifier en passant entre deux feux pariut avoir été
aussi universello qu'cHo l'-iail: anrirnnr. « Les adorateurs du {"eu (dit Mas-
358 RRLlGiOiXS

rit^^ iiill^isi «iJt^eH Dl^-Miiies sllutnaient deux grands feux, et

•:}h *p»è!j<9vpir pr«»i»piifié loj}, pMid^^ ir^ndjant* ment mr ces feux,

J.J» ils poiissaibDt les bestiaux à travers, se i ouforniant par là à un


ij>,
u^a^-e ajjniwji,'» j\I,ii>ice spioi» ne peut nier, c'est que (jU(;lc|ues-

ott»§ .jfÂA^,|>l«s ^^rriU'^^ c^fvjpjtçt^)! de raiicjepne superstition cha-


nanéeniie n'aient lonlinné, jusqu'à une époque léeente, à flé-

trir e; à ilt-siioiiorer les annales de l'Irlande j car, de même


que los.j»lolà|res Isi;aelites, les Irlandais paiens, non senlLineni
l)rùbienl de l'enirns « dans les Lauts li -ux, snr les collines et

« sou-i cli;i;jue ai lue couvert tle verdure, •> mais pratiquaient


!fl>r«iÇ \XW. tTiH'iie fid 'Jiiû la criniinelle coiuuuie de IVIanassès et

^^d'Aclipb,,de f.'.irc; passer leurs enfans i-ar le feu. Une plaine siluée
dan§ te dists iit appelé aujourd'hui le comté de Leilrim, à laquelle

f on doijua !e nom lie Ma^h-Sleaclh ou champ du Massacre, était le

.grand tlieàlre, cunmie noiis l'avons déjà dit, où se comniettaieut

^..çeîjlioircuvs do la sup;rstition ancienne; en effet, dans la nuit de

Sqmfùft jçmè|n4 tribut que les Cartbajjinois payaient à Saturne

tr^moaide.lih. lu, c. que ceux qui ne leraienl point passer


58/|niblièi'ent

-tjfeif* «î^f'Mif pJiriitj fyu, les ejtposajwit aq danger de n\OMrJr,>> {Pupi^s,


t.ni,j.i.740') ''Le récitd'uncaiuliassa<!e envoyée par Justin au Khakan,ou
empereur, (jui 'ésidai! alors dans uni; helle vallée près \lvlish,\M\. men-
tiqn de la rouhi.-.ie lartare qui consistait à niiiilicr les anil)assadeurs ro-
. mains i-n !es cûiniiiisiUit entre; deux feux.» (Sir W. Jones, S" diss. sur les
Tartares.) «L'Irlandais L' plus iiinoianl, dit Ledwich, conduit encore ses
,
"Lf.-linnx il tr.ivcrs ces feux, coiiune l'.ri nioyen iafaillible de les préserver
, de liiut aç, ident ruiur.» Kt '\îarlin nous dit (lue les indigènes des îles oc-

cidi'utuK's de l'Ecosse, cjuc Ion sidt avoir été peuplées par des hommes
,
vciins d Irlande, lorscju ils veulent peindre un homme dans un grand
einbarras ou une grande difficulté, disent les deux Jeux qu il est entre
de Bel. Les mêmes |)r.»ii;]nes suMcrstilicuses étaient observées dans les
fêtes de la déesse Paies à Rome. « Per llaminas sahiisse pecus, saluisse
eolonos.); (Oviil. Fast. lil). iv,8o5.} Niebuîir parleainsi de cette ancienne
cérémonie romaine: «La lèleile Paies, la vingt et unième, lorscjuo le
peuple de la campagne et les premiers habilans de Rome avaient coutume
de se purifier en passant à travers un grand feu, comme nos ancêtres
ivaicnl continue d'alluniei" les feux le jour de n\ai. >
. .

DKS J'FLPLES CELTIQUES. 359


en lui sacrifiant les pvfniier-néjî de h>uis enfans *, les Irlandais ne
craij;naient pas de l'offiir à leur principale idole Cfom-Cruach*
CeÙe effroyable imaf;e, dont la tête était d'or, s'élevait entourée de
douze idoles moins grandes, qui représentaient probablement les

signes du zodiaque; car les rapports du culte du soleil avec l'astro-


nomie ont été dans tous les pays la conséquence naturelle de cette
, croyance. (ï*. 32.)
•>myrti ib . 13'; ;t'b!\>

5» Uonumpns religieux : Temples-Colonnes od Tours-Rondes. —


^
.
' ' ' '
Tombes-autels.
Jnaicnpilciq i-iinr o.'«jb ji'jvp:

Parmi les monumens antiques de l'Irlande, il n'en est point de

^
jplus remarquables que ceux connus sous le nom de Temples-cO'
Jannes ou. Tours Rondes. que ces « Il paraît monumens étaient re-
carflés comme
au tems de Giraldus (12^ siècle),
très anciens

, ra^nsi qu'on le voit par l'bistoire qu'il avait entendu raconter des

^ pêijheurs de Lough-Neagh indiquant aux étrangers qui voguaient


sur le lac la présence sous les eaux '
des Tours sacrées, hautes et
pointues, que l'on supposait avoir été submergées dans l'inonda-
'
lion par laquelle le lac avait été formé. Ce grand événement dont
''fàf vérité ou la fausseté ne change en rien le fait de l'époque àla-

iDfn i^.i
,,,.j ,.' Diodore de Sicile Jiv. 20.

^^ .^
* Dinseancluis, ms. cité 7?er. hibernic. script. proL, i. aa. — Cette
gg^i^iplc fut détruite par saint Patrice.
mémoire de « C'est, je pense, à la

(j^tte célèbre destruction de ridoiritrie,ditO'Flaherlj, qne, par un usage

,
solennel et général en Irlande, on a consacré le dernier dimanche d'été,
;^ppelé communément Domnach-Cromcruach, c'est-à-dire le dimanche
de Black -Crom, pour rappeler sans nul doute la Ogure horrible de ce
spectre diabolique. » ( O^ygia, part. 5 , chap. xxii.) « Crom-Cruach,
ditKcaling, était le même dieu que Zoroastre adorait en Perse.» C'est
à cette légère assertion de Keatiug que se rattache peut-être l'origine
de toutes ces notions grossières et imaginaires que Vallancey accrédita
plus tard.
' «Piscatores Turres istas, quse more patriae, arctae sunt etaltae, nec non
et rotundae, sub undis manifesté, sereno tempore, conspiciunt.» (Giraldi
Cambria., Dis. u, c. 9.)
360 HEUG10.\S
i:-Jl .
r
.,,;:. O., .-LU ;.

quelle on le fait remonter, est placé en l'an 6"2 de Jésus -Christ,


pârî'ârinalTsife'Tigcrnàc!i, qui rappoVté ainsi la date de ces cons-
tructions à des (ems trop éloignt''s pour qu'on puisse les considé-
rer comme l'ouvrage des chrétiens.» (P- 340 f .'^j,^^,^^, ab xuab
Plusieurs systèmes ont été élevés sur l'origine et la destination^
de ces constructions. Les uns les atti ibuent aux Danpiç ; mais,
alors il paraît! ail naturel qu'on trouvât des vestiges de semblables
édifices, soit dans leur Scandinavie, soit dans les autres contrées

dé l'Europe dont ils s'emparèrent. Mais pas une seule trace de


cdnstitictionde celte nature n'a été découverte, pas une tradition
oti il en soit fait le moins du monde meniioti ; et pendant qu'en

Irlande les Tours-Rondes ou du moins ce qui en reste, se trouvent


^

dans des lieux que les Danois n'ont jamais occupes, d'autre. pavtn;;

oh'ne sache pas qu'il en ait jamais existé une seule dans les print^g ^
paies provinces où ils s'établirent, comme, par exemple, Walgfj^j
ord et Wexlord. , ,, - ,, ^i ...^,,«-.'1
^On ne salirait nâvahtagé attribuer la constructioR des^4(i^i^i'ff>, ;

Rondes aux premiers chrétiens qui habitèrent Tlrlande. Il c,s4j

possililô ou même vraisemblable que, trouvant ces monumen$i.j.


suivie sol, Ils s'en soient servis comme d'oratoires ou de cel^,,

Iules pour les pèlerins, ôii de retraites pour les pénitens ; mais x\^

serait absurde de supposer qu'une nation dont toutes les e'<jlisç?,j

étaient eri bois et en osii r eût élevé des tours de pierre travaillées ,;.

aveëCaht^tle soin pbiir devehii^'uii monument sacré d'une desti^.,,

nation très secondaire. Les nionumcns chrétiens ne p^rlent^d'ail- ,

leurs nulle part de semblables constructions. _ . j ^^^^.


Une rttrtrè'dprb'ioii qui étttl^Stè a faire' de ces édifices de^lonyi^j,»;
d'obseivation. des phares, tombe devant le fait que ces tourfu..
étaient souvent situées dans deslieux très bas et nuU^mçjj^>^o|)v;es ,

acetobjct.
« Le nom de
^
Cloclcach^
J
que roh
•,•>:,h
avait
>. ,
donné
,
;„v...o)ç-io
à quelques-unes,
s^'.!--,

pourrait faire croire qu'elles avaient servi accidentellement de


clochers ; mais en outre que leur forme et leur dimension n'ad-
mettaient pas lebalancement d'une cloche de grandeur ordinaire,
la circonstance surtout quela porte ou l'entrée est communément
élev<*e au-dfssiis du sol de dix à seize pieds prouve sullisamnièht
DES PEUPLES CELTIQLT.S. 3Ci

fju'elles n'ont jamais t'ic, sous rfucun rapport, destinées à servir


de clochers, pas plus qu'aux autres différens usages modernes
que l'on se plaît à leur assigner. Dans les ornemens d'une ou
deux de ces tours, l'on voit des traits évidens d'un style d'arclii-
lecture plus nouveau, et qui prouvent qu'on les'a ajoutés à la con-
struction primitive, à une époque postérieure. La même remarque
s'applique aussi aux crucifix et autres emblèmes chrétiens que
l'on voit sur la tour de Swords et aussi sur celle deDonoughmore^
Les figures de la Yierge et de saint Jean, que l'on aperçoit sur
l'une des Tours-Rondes d'Ecosse, doivent avoir été de même
une addition postérieure, à moins que, comme il parait vraisem-
blable d'après la description des voûtes sur lesquelles ces figures
sont placées, la construction elle-même ne soit d'une date entiè-
rement récente, et comme la tour de Rineth, en Irlande, une imi-

tation comparativement moderne de l'ancienne forme païenne.


» Comme le culte du Feu passe incontestablement pour avoir
fait partie de l'ancienne religion du pays, l'opinion que ces Tours,,
furent originairement des Temples du Feu, paraît la plus proba-
ble 'de tcrtites celles qui ont été proposées. A celle-ci pn objecte
que les constructions fermées sont tout-à-fait en contradic*,,^
tion avec les grands principes de la religion Celtique,, qui croyait ,.

déttigèi*' à la nature divine que de circonscrii-e son culte dans .-,

des enceintes limitées par des murailles et par des toits, prin- ;,

cipe raffiné au nom duquel les Mages poussaient Xercès à bru- i;

1er les temples de la Grèce. Il paraît certain cependant qu'à i

une époque postérieure l'usage des temples fut adopté par les
Perses eux-mêmes, quoique, en même lems ils ne contiuuas-
seiiflpas moins à offrir leurs sacrifices sur des collines et en plein

air, employant les Pyrées, Introduits par Zoroastre, comme de

siniples oratoires, dépositaires du feu sacré \ Un simple autel

' U»e gravure représenlaut la lourde Swords, avec un crucifix au

sommet, se trouve à la lia de l'ouvrage de Molyneux sur /n Dioptrifjue.


^ « Cependant tous les auteurs arabes et persans cités par »!. Ilyde et
M. d'Herbeîot attribueut à j^crduslit l'établissement des Pyrées. »
.

362 RlUGIONïi

avec un htagiei' aident par-iîçssus formait loui ce temple, et c'était


là que l'on aliunviU IjB £eu jour aller eusuite l'adorer d^ns^ei
hauts lieux. Jusqu'à ce jour, coumie nous l'apjirenuont lesauteurs
modernes qui oiit paiié des Perses, la partie du temple appelée
la. place du feu n'est accessible qu'aux prêtres '. Et eu 3upposai>t
que uos tours aient cté pareillement des temples, dans leçquelsla
flamnie sacrée ciaitcons-nvée à l'abri de toute piofanation, la ciiv

constance singulière de leur entrée rendue si difficile |iar ^a

grande élévation qu'elle se trouve avoir au-dessus dH^Ctl'^'^^r


que en même tems d'une manière satisfaisante. (1 uui' •ijt'ilj j| j

» Mais il y aune chose qui conobore plus fortement encore celle


opinion sur l'oiigiuedes Tours- Rondes \yanl qu'on eût décotivert
dans aucune partie «le rEurope contineutale un seul monument
d'une construction analogue, il avait élé trouvé près de Bhaugul-
pore, dans l'Iudostan, deux (ours qui avaient une exacte ressem-
blance avec celles de llilande. Ces temples indiens, dans toutes
les particularités de leur conformation%avec leurporte ou entrée

(Foucher, Mémoires de VAcade'mie, t. 29.) M. Foucher a dcniontréqne


les deux systèmes, en apparence contradictoires, celai de Zoroastre, qui
établit des temples du feu, et celui du vieux mode d'adoiation en plein
air, e:îistaient ensemble. « Pour lever celle contradiction apparetft*, il

suffit d observer cjue les Pyrées n'étaient pas des temples propremeat
dits, mais de simples oratoires doii l'on tirait le feu pour sacrifier sur les
montagnes. — "Voir l'article inséré dans les Annales sous 1* ÙU^ 4p "•

Essai pliiîolos^ique et historique sur les temples du Jeu dont il est parlé
dans la bible, parJI l'abbé Ani, et la gravure qui représente quatre de
ces monumeiis pris chez diiTérentes nations, l. xiv, p. 27 et 4^-
Anquetil du Perron, Zend Âvesta, tom. n.
'

» Courses et V(yfages, paf lord Vaïéntia, t. 11. « J'ai considéré avec


beaucoup de plaisir, ditsa seigneurie, deux 7bi/rj-i?o/2^c.î véritablement
singulières, à un mille nord-ouest à peu près de la ville. Elles ressem-
bleiit beaucoup à ces constructions irlandaises qui ont embarrassé jus-
qu ici les antiquaires des autres pays, à l'exception pourtant de celles qui
sont les plus ornées. Il est très singulier qu'aucune tradition ne s'explique
à leur éganl, et qu'elles n'inspirent aucun sentiment de respect aux Hin-

dous. Le rajah de Jvanégur les regarde comme saintes, et il a fait bâtir


DES FHUPLRS CFLTIQl'RS. 3G3
élt^vée de quelques pieds au-dessus du sol, leurs quatre fenêtres
priîs du sommet, faisant face aux quatre points cardinaux, et enfin
leur petit toit arrondi, sont, Il en juyer par la description que
l'on en fait, exactement semblables à nos Tours-Rondes ; ti^conime
elles aussi, sont regardées connue ayant appartenu à une forme
de culte aujourd'hui éteinte et même oubliée. Une des objections
élevées contre l'opinion qui veut que les Tours Irlandaises aient
éic lies temples du /'ew, savoir (ju'il n'était pas nécessaire de les

élever à une si {i[rande hauteur', est surabondamment réfutée par


la description fournie par quelques auteurs despyréesou temples
du Feu des Guèbres. Nous avons ouï dire que (juelques-uns de ces
derniers s'élevaient à près de cent vingt pieds % hauteur qui est
celle des tours les plus élevées de l'Irlande ; et un intelligent
voyageur en décrivant les ruines de l'un d'eux qu'il avait vues
près de Bagdfid, dit: <i L'esquisse annexée montrera la ressem-
» blancode cette colonne avec les anciens monumens de cette na-
» ture si communs en Irlande '.» (P. 37.)

d" De l'origine de ces monumens, de leur ressemblance avec des monu-


mens indiens, ei de leur destination.

««C'est sur la ressemblance remarquable que l'on dit exister entre


les temples-colonnes de B'nnugulporcoX [es Tours-rondos d'Irlande
qu'un ingénieux historien n'hésite pas à tirer de ce pays l'origine
«lu j)euple irlandais; et il n'y a, certes, nulle extravagance, il faut
bien le dire, à supposer une migration en Irlande d'hommes venus
de ce pays ù quelque époque éloignée. L'opinion que l'Iran et les

une petite maison pour recueillir le grand nombre de ses sujets, qui
viennent annuellement pour offrir leurs adorations en ce lieu.»
'
I.e docteur Milner, Voyage en Irlande, lettre xtv. «La tour deKil-
dare est regariée comme \Aus haute de quatre pieds que la colonne
Trajarieà Rome.)) (D'Alton.)
^ u Ces oùifices sont des rotondes d'environ trente pieds de diamètre,
et d'une élévation de près de cent vingt pieds.» ( Voyages de Hanway
en Perse, vol. i, partie 5,ch. 43-)
^ Jie'cil permnnel de l honorable major Keppeî, vol. i, chap. 7.
parties occidentaies de l'Asie furent dans le principe le centre
commun d'où les peuples se dispersèrent dans toutes les réjjions
du inonde semble être confirmée par les traditions historiques

d'un grand nombre de nations, aussi bien que par le résultat

des recherches philologiques et arche'ologiques des savans. Lés


peuples Celiiques et Teutoniques mettaient leur orgueil, les uns
et les autres, à faire descendre leur race des tribus qui se répau-
dirent dans l'Occident à la suite de la guerre de Troie. La chro-
nique saxonne fait venir les premiers habitans de la Bretagne de
l'Arménie ; et le grand législateur des Scandinaves, Odin, était, dit-
on, parti avec ses compagnons des environs du Pont-Euxin.'Il hfe

serait pas difficile à ceux qui prétendent que les Celtes et les Per-
ses étaient originairement le même peuple*, de signaler les traifs'

frappans d'affinité que l'on observe entre les Irlandais paîetis et

les Perses mais, indépendamment decelte hypothèse,


; les rapports
anciens et de longue durée que l'Irlande, par le moyen des Phé-
niciens, paraît avoir conservés avec l'Est, expliqueraierlt suffi-
samment la diversité des formes du culte qui furent importées
sur ses rivages et qui finirent soit par s'incorporer tout-à-fait
dans la religion dû pays, soit par former un point de croyance dis^"^
linct et séparé.
>' C'est de cette manière que fut introduite l'adoration des itîp-

Ics travaillées, lesquelles remplacèrent ainsi en beaucoup d'en-


droits, comme nous l'avons vu en ])arlant de l'idole Crom~Cniac/t,
la première superstition qui se réduisait à l'adoration de pierres
grossières dressées en cercle. C'est aussi à ce même rite nouveau
qu'appartenaient ces images dont on a trouvé quelques fragniens
en Llaude, et qui, d'après la description qui en a été donnée •,

' Cluverius, Keysler, Pelloutier et autres. « A l'égard des Perses, dit


Pelloutier, ils étaient certainement le même peuple que les Celtes.» ' '

''
Par le gouverneur Pownall, dans son rapport à la Société des anli-*
quaires, en 1774» sur ces curiosités et autres encore que l'on trouve en
Irlande. En parlant de l'une de ces figures qu'il croit avoir été une image
.symbolique de Milhra, il remarque que les Gadilaniens avaient cou-
tume de se servir de ces faces à rayons, et il ajoute : « D'après les rap-
ports connus et ronlinncs do ci'tte colonip pliénicicnne ou carthaginoise

À
.

m.à l'ELl'LES CliL'n(^)LES. 365


éiâiept de bois uoiv, couvertes et enduites d'une lé^jci a plaque d'or^
çtoiuées d'un travail ciselé consistant en une multitude de rayons
tjui parlaient d'un centre commun, ainsi que sont d'ordinaire
les images du Soleil. Il y avait aussi dans cette scconde^période

religieuse ' un objet d'adoration que l'on appelait Kerman-Kcls-


iack -, l'idole favorite des VUoniens, qui avait pour piûdcstal la

pierre d'or de Clogher, et avait, à en juger par la description


qu'on en fait, à peu près la même forme que l'ancien Hermès des
lfji;eçs>% Il n'est pas invraisemblable que ce soit par le même ca-
np,l ail moyen duquel ces graves innovations furent introduites;

eir. Irlaiîde que l'on connut dans ce pays, à une époque encore
plus rcqcnlc, les Temples-Colonnes de la religion du feu dea
Qr^entaux, et que même une colonnie derC«*«^res,^ par-lie des
l^prd^ de, ]ç£V Hier Caspienne, ait trouvé le ino^en de péûjéti'erjjtMrf

i\-\(..v\i ' ::
'-

'
•-'' '
^
aA«o"î'frlande, tonte difficulté, relativement à cette fôrrtie symbolique',
cesse» » Poui*suivant l'examen qui s'oiVre naturcilcmoiit de lui-même sfir

ce sujet, le savant antiquaire ajoute : « Quelle que puisse avoir élé cette
ip^ge;,.je dois la rapporter à la période tUéologique la fdusréceote, plu^;
tôt que de la faire rcmonttîr à la théologie Celtico- Druidique des plus
anciens liabitans dellrlaude : c'est aux colonies, ou ]ilutôt aux établis-
semens ou centres d du peuple de Carlhage ou de Gades, et
atT;;lres

non à ceux des Phéniciens ori^rinaires, nue se rattache tout ce que j'ai
dit jusc[u ICI, et ce que je dois dire encore Sur ce sujet. » , ^

' C'està une étymologie encore plus récente qu'appàriietuia cîoya'ncc


des Irlandais, à une espèce de génies ou fées, appelés Sidhcs, que l'on
supposait habiter les collines agréables. [Laniitan, vol. i, chap. 5.)
Dans la même
de Sidhcs, Valiancej- place le Ban-Sidhe on
classe

Bmshee, «jeune démon, comme il l'explique, que l'on croyait veiller


sur chaque famille, et faire connaître la mort d'un parent aux personnes
éloignées. » [Juslific. de l'anc. hisl.) Il y avait aussi les Suires ou nyni-
phes de la mer, que Va'.lanccy prétend avoir élé les Dcœ Sjriœ ; elles

soi|t représentées par Keating jouant autour des vaisseaux des héros
Milésicns, pendant leur traversée en Irlande.
' La note de Cathold-Maguir, citée par Ol'laherty, C^grgm, parl.ail^
cliap. 22. itl'.V.'ft

(PliunuUus, de Nalurà dcuruin. Cantcb. iGyo, p. oi.)


366 liKLIGIONS

qu'en Irlande, ot y ait déposé, comme des énigmes indéchiffrables


pour l'avenir, ces inonuinens remai-quables avec lesquels on île
trouve quelques points de ressemblance nue dans les ruines cor-
respondantes des monumecy de la patrie primitive de ces peuples.
» Nous avons déjà parlé brièvement de la liaison étroite qui
existait entre le culte du
de l'astronomie. Les quatre
Soleil et l'art

fenêtres faisant face aux quatre points cardinaux, que l'on voit
dans les temples-colonnes de l'Irlande aussi bien que dans ceux de
l'Orient, étaient sans doute établies pour servir aux observations
astronomiques, pour déterminer, par exemple, les époques d'équi-
noxe et de solstice, et pour régler par ce moyen le retour pério-
dique des festivités religieuses. Les Phéniciens eux-mêmes con-
même plan, et l'on nous dit que
struisaient leurs édifices sur le
dans temple de Tyr où se trouvaient les deux fameuses colofli-
le

nés dédiée? au Vent et au Feu, il y avait aussi des piédestaux


dont les quatre coiés, envisageant les ]>oints cardinaux, portaient
sculptées sur leur surlace les quatre figures du zodiaque qui mar-
quent dans le ciel la position tle ces quatre points'. Il n'est pas dou-
teux que les Tours-Rondes d'Irlande n'aient été construites dans
le luéme but de servir aux observations astronomiques, et une

preuve évidente qu'elles durent être employées à cet usage, c'est

que nous les voyons appelées indices célestes par quelques annalis-
tes Irlandais. Ainsi, dans le récit que l'on trouve dans les Annales

des Quatre-Maîlrcs, d'un affreux orage arrivé à Armagh, on dit


» que la ville fut enveloppée par la foudre dansunesiaflreusv;éten-
» due, qu'il n'y eut ni hôpital, ni église cathédrale, ni palais, ni
» indite céleste qu'elle n'a tteignît de sa flamme dévorante^. » Avant
que ces sortes d'accidens et d'autres semblables eussent détruit

'
Josèphc, Antiq., i. vui,c. 2.

' Annal, ull. adann. 996 ; aussi Tigernach cl les Annales des Qua^
tre-Maitres pour la iiiènie année. Tigernach ajoute : « qu'il n'était jamais

arrivé avant en Irlandr, et qu'il n'arrivera jamais qu'an jour du jugenirnt


une semblable visitation. « Le savant Colgaii, parlant de ce récit des an-

nalistes, prétend que la destrnclion s étendit jus(|u"aux u églises, aux


clochers et aux Tours d'Arniagli, » distinguant ainsi les Tonrs-Rondes
des clochers.
DliS PEUPLES CKLTIQUIS. 367
ces tours, Icui- nombre dut avoir été très considei'able *. S'il faut
en croire Giraldus, il paraît que, ne son vivant, elles étaient très
coinuiunes dans le pays, et il faut convenir que si les Irlandais
voulaient ténioijjner leur zèle pour l'objet comnuin d'adoration
en multipliant les temples élevés en son iionneur, ils ne faisaient
en cela que suivre l'exemple des Grecs, comme celui des Perses,
adorateurs du feu ^.

y\y» Il resie encore à examiner aussi brièvement que possible une


OU deux bypotbèses relatives à l'onginc et à la destination de ces
uionumens. Quelques auteurs ont pensé que les usages auxquels
ils devaient servir étaient semblables à celui de ces tourelles
que l'on voit près des mosquées turques, et que du sommet de
çesi constructions, on le suppose du moins, les prêtres procla-
maient l'arrivée des nouvelles lunes et l'approche des festivités
religieuses. On conjecture qu'une espèce de trompette^ qui a été
déterrée dans le voisinage d'une de ces toursj et qui porte une
grande ouverture par colé, devait servir à aider la voix (|ui faisait

ces annonces au peuple. Une autre remarque à faire au sujet de


ces tours, c'est qu'elles étaient des symboles de cette ancienne
religion orientale dont le dieu Mahadeva ou Sivn ''
était l'objet:

_^'t)a compte généralement qu'il en reste encore cinquante-six; mais


le Rév. M. Wright, au sujet de Glendaloiigh, en élève le uorabx-e à

soixante-deux, et M. Brewer (Beautés de l Irlande, Introduction) est de


l opinion que « quelques-unes de ces tours qui restent encore dans les
parties inconnues du pays, ont été entièrement omises par les auteurs.»
* En parlant des PrjtanéeSjqui, selon Bryant, n'étaient autres que des
tours destinées à garder le feu sacré, un savant auteur dit: « Lorsque
nous considérons qu'avant le siècle de Thésée, chaque village de l'Atti-
quc avait son prytanée, nous pouvons apprendre de là combien généra-
lement le culte du feu dut dominer dans ces teins reculés. » Disserla-
tioii sur la Scirophorie athc'nieiiiic. Pas plus anciennement que le
dixième siècle, lorsque Ebn Haukal visita Pars ( la Perse), il n'y avait,
<i' nous dit-il, aucun district de province ou aucun village qui n'eût son
temple (iu Feu. •>>

* Voyez une description de ces sortes de trompettes dans Cauiden


de
Gôugh, etdans Collectan de reb. liibern,, n» i5.
Voyez à l'appui de celte opinion les coïncidonces imaginaires signa-
'
368 KELIG10>?

tandis que, d'un autre cote, un iuf^énieux écrivain, adoptant l'une


des h^'potlièses les plus savantes, mais les moins soutenables qui
aient été émises sur ce sujet, prétend qu'elles furent élevées dans
le cinquième ou sixième siècle par les anciens cénobites et cvè-
ques, aidés par les rois et les toparques nouvellement convertis,
et servaient comme de places fortes où l'on déposait en tems de
j^jUcne et au moment du danger les vases sacrés, les reliques et
les livres appartenant aux églises', qui se trouvaient dans le voisi-
nage. Essayer de rendre une semblable assertion même seule-
ment plausible, et soutenir qu'au tems où les églises elles-mêmes
étaient grossièrement construites eu buis, on ait pu avoir l'inten-

tion ou le pouvoir de leur adjoindre des ouvra{;es d'un travail


aussi parlait " que ceux dont nous parlons, serait vraiment, il faut
le dire, un tour de force peu ordinaire; mais la vérité est, que ni
alors, ni à aucune autre époque que l'on puisse désigner dans le

cours entier des annales d'Irlande, il n'a jamais existé que l'on sa-

che un état de choses tel qu'il puisse résoudre le problème de ces

tours^ ou donner sur elles une interprétation satisfaisante en en-

lées par le général Vallnncey entre YEocad des Irhuihiis cl les Bai-aiij
des Hindous, roriinio atissi entre \q Muidlir ou pierre dti soleil des pre-
miers, et le i^/(7/<o^^ des Gentous. Justification de l ancienne histoire
d'Irlande, pages 160, 212 et 5o6. M. O'Bricii suit aussi cette même opi-
nion dans les recherches hahiles, mais beaucoup trop imaginaires, qu'il
a puhliéos dernièrement sur ce sujet.
"
Recherches sur l'orii^inc cl l'usage i>riniilif de lu Tour-Colonne
Irlandaise, par le colonel llaivey de 3Ionlmorency IMorrcs.
''
Le docteur Milner, qui est une haute autorité sur de tels sujets, dit

en parlant de ces constructions : « Le travail de ces tours est excellent,

comme on peut s'en convaincre en les voyant, et comme il est prouvé par
leur durée. "(/^ct7ic/c/;cjr, etc., Iet.i4-) H n'y a j)asde mots, toutefois, qui
puissent faire connaître d'une manière plus forte le tems que ces con-
structions ont duré déjà et peuvent durer encore, que le simple fait con-
tenu dans la phrase suivante : '< En général, elles se sont conservées en-
tières jusqu à ce jour tandis que quelques églises,
; situées prés d'elles ,

tombent en ruines ou sont tolalcmcnt drtniiles. » ( Sir Brcrelon, Sur


/cj Tours Roiulcs^ Société archcolog. de Londres.)
L)LS l'EUl'LES CKLTK^Ll^S. 309
pliquaiit loutà lafois Tobjcl de leur construction et la civilisation
avancée des architectes qui les élevèrent. Il faut donc les rapporter
à des tems places bien au-delà des souvenirs historiques. Ou
pourrait dilllcilement contester que ces édifices n'aient été dans
l'origine destinés à des usages religieux ; et ceux qui se sont as-
surés par eux-mêmes, d'après les preuves que l'on trouve dans les
écrits des antiquaires, qu'il exista jadis entre l'Irlande et quelques
pays de l'Orient une très ancienne et très étroite relation, ne doi-
vent pas conserver beaucoup de doutes sur le lieu de naissance
du culte aujourd'hui inconnu, dont ces tours restent encore comme
de solitaires et impérissables témoignages. »

'
Hi/i — .O1.81

"TTTiiiaiglW

Ul* âÉRIE. TOME 1. — N» 5. 1840. 24


370 TRADiTlOKS JUIVES

^raîritions \\im^.

DÉCISIONS ET USAGES
DE LA. SYNAGOGUE

SUR LES MARIAGES MIXTES.

La Synagogue n'a jamais toléré les mariages mixtes. — Raisons alléguées


par les rabbins ; — Semblables à celles des Pères. — Synode juif de
1806. — Napoléon plus tolérant que le roi de Prusse. — L'Église
moins sévère que la Synagogue.

( Extrait d^on travail sur le divorce dans la Synagogue. )

« Texte : Le synode juif tenu à Worms en 4790 ( 1030 de l'ère


vulgaire), sous la présidence du célèbre Rabbi Gherschon , dé-
fendit à tout hébreu, sous peine d'excommunication, de répudier
sa femme, si elle ne donne pas son plein consentement au divorce.
» Note: Est exceptée de cette disposition la femme qui aban-
donne le judaïsme pour un autre culte. Car, en ce cas, son mari
resté juif, non-seulemeut peut la répudier malgré elle, mais il

peut aussi, si elle est absente, lui constituer d'autorité un fondé


de pouvoir à l'effet de recevoir pour elle la lettre de divorce'.»
A cette occasion, je ferai remarquer que la Synagogue, laquelle,
pour les points qui ne la séparent pas essentiellement du chris-
tianisme, marche devant l'Eglise catholique comme une grande
ombre projetée en avant, et repousse les doctrines qui ont pro-
duit le protestantisme; la synagogue, dis-je, n'a jamais toléré
les mari :^ . mixtes, soit avec les non-juifs, soit avec des juifs
d'une secte dissidente.

'
Voyez la Somme ihe'ologique de Rabbi Joseph Karo, 4'' partie,
art. 1, Ji
10, tt art. 140, '; 5, et Cf. art. 1 i5, avec les antiotutions dr
R. Samuel-bc/i-L'ri-Schcraf^d, sous le titre /iel-Schemiu-f.
&LK LES M4KIAGKS VIIXTES. 371

Les rabbins assignent i cette prohibition deux motifs égale-


ment graves 1" le danger pour la partie qu'ils appellent fidèle
:

de perdre la foi, soit par suite de l'autorité du mari ou par l'as-

cendant de la femme : *^*D* ^D '; 2" le danger de procréer des


ennemis de la religion.
Le Talmud déclare * que ces paroles du texte « Yous ne vous :

» unirez point à eux par des mariages vous ne donnerez pas ,

» vos filles à leurs fils et vous n'accepterez point leurs filles pour

)«vos fils ; parce qu'elles persuaderont à vos fils de ne pas me


»« suivre ';» ces paroles, dis-je , s'appliquent à tout mariage
avec une personne capable de séduire et de détourner àe la vraie

croyances Dn^DCn hyH^'Th-

Deutér. vu, 4-
* Aux traités Kidduschin, fol. 66, vei'so, et f.68, v.; Yebanwt loi. ïb,
recto; de \ Idolâtrie, fol. 36, v.
' Neque sociabis cumeisconjugia. Filiam tuani nondabis lJiioejus,nec
filiam ejus accipies filio tuo : quia seducet filium titum ne sequatur me.
(Deut. c.vu, 5, 40
* Voyez BJaïmonides, ti'aité Issurè-£ia, chap. xu, où il cite Texemple
d'Esdras, qui fit renvoyer toutes les femmes étrangères que les Hébreux
avaient prises en Babylonie.
Je dis prises et non e'pousees, car la séparation d'avec ces femmes eut
lieu pour cause d'empêchement dirimant. Elle n'exigeait point la forma-
lité du divorce;, 131, qui est indispensable pour dissoudre les mariages
légitimes (Voy. Esd.ch. x, vio). Vos transgressi esiis et dn^istis uxores
alienigenas xxt adderetis super deliclum Israël... II est à remarquer que
le texte original ne se sert pas ici de l'expresbion ordinaire épouser np v :

ou Nï?J, mais du mot i2''ï''rn^ qui veut dire simplement « et vous


avez e'iabli (soas-entendadans vos maisons) desfemmes étrangères », ce
que les Septaute rendent parfaitement en traduisant è/^aôîdatï. Com-
parez les versets i4, 17, 18 dans l'hébreu et dans le grec. Louis de Dieu,
frappé de l'emploi de cette expression insolite, la rapporte à l'éthiopien
où sa racine signifie épouser une femme. Mais y avait bien réfléchi, il
s'il

se serait convaincu que l'écrivain sacré a dû avoir une intention parlicu-


lière en se servant de cette expression ,
qui ne ])araît en aucun endroit
du texte hébreu de f Ancien-Testament dans le sens *ï épouser une femme.
372 TRADlilOAS JUIVES

C'est par la même raison, je veux dire le danger d'être en-


traîné vers une autre religion, que les rabbins défendent le con-

cubinage avec des femmes non juives'. R. Moïse de Kotzi rend


compte des efforts qu'il faisait en l'an 4996 (1236 de l'ère vul-
gaire),en insistant longuement sur ce point dans ses sermons
pour obliger beaucoup de juifs, en Espagne, à se séparer des con-
cubines chrétiennes qu'ils entretenaient". « Car, dit-il, ces rela-
w tions ont pour résultat qu'on s'attache aux infidèles, desquels le

» Très-Saint (béni soit-il I ) nous a séparés. On se détourne de


)• Dieu, et l'on devient traître envers lui. Celui qui a commerce
» avec une étrangère, doit être considéré comme s'il était devenu
n le gendre du faux dieu de cette femme n^lAH T)^ 7)^*\^TW
» ^^7 7rinri2l 17X^, ainsi que s'exprime le prophète' «Juda :

» est devenu infidèle... car Juda a profané la sainteté de Jéhova,


)' et il a cohabité avec la fille du dieu étranger.» Cette application
du texte est un emprunt que le rabbin fait au Talmud ^.
Les théologiens catholiques s'appuient également sur ce verset
du Deutér., pour défendre les mariages avec des non-catholiques '.

Si, en deux endroits de ce chapitre et "ans le précédent, il y a HTC2, c'est

une véritable catachrèse.


Le texte d'Esdras continue « Et dederunt manus suas ut ejicerent
:

uxores suas et pro delicto sua arietem de ovibus offerrent. » Ici encore
l'hébreu ne porte pas re'pudier f^^TO ou UJIi, mz\s faire sortir, renvoyer
de la maison, K^yinS ; et les Septante, se conformant à l'inteution de
l'auteur de l'original , mettent tcj s^ive^xai, emittere, cxpellere.
Aux versets 1 1 et i6, le texte original se sert du verbe b*T2 au passif,
qui signifie se séparer, s'éloigner. Les Septante rendent ce verbe lidèle-
mcnt en traduisant StaaTaXy.Te, 5tecTâ),y,axv.
Dans la Dissertation sur le divorce dans
'
la Synagogue, dont la

présente digression sur les mariages étrangers fait partie, on voit qu'aux
yeux des rabbins le concubinage en soi-même n'est pas un péché.
' Voyez le grand ouvrage des préceptes, de ce rabbin, jiréccptc
négatif 112'.
' Mdlachie, ii, ii.
* Traité Sanhédrin, fol. 8a, recto.
^ Voyez Pcrioné, PreclecHones thcoL, tract, de matrim. ca]). n,
u. '2.-/i.
SUR LIS MARIAGES MIXTES, 373
Saint Ambroise fait cette belle réflexion : « Il n'y a peut-être
» rien de plus grave que de s'unir à une étrangère ; c'est un vrai
» sacrilège. Car, comme cette union doit être sanctifiée par l'im-
» position du voile et la bénédiction du prêtre, comment peut-on
» dire qu'il y a union, là où il n'y pas accord de la foi ? Lorsque
» la prière doit être commune, comment peut-il y avoir une
» charité' commune entre deux personnes séparées de dévotion''?»
Saint Jérôme flétrit ces alliances d'une matière toute particu-
i son génie. Faisant allusion à la loi du Deutér. % il dit « N'atta- :

i> chonspas en couple à la même charrue l'âne à côté du bœuf '.»>


Il serait trop long d'entrer dans le détail de toutes les explica-
tions que leTahnud et les rabbins donnent au sujet des mariages
en apparence bigarrés * dont l'Ancien-Testament offre des exem-
ples. Il suffit d'avertir que, d'après ces docteurs, aucune de res
alliances n'était en opposition avec la loi qui défend d'épouser
des individus étrangers au culte d'Israël. La proliibition de ces
mariages remonte cependant jusqu'au berceau de la nation,
puisque les fils de Jacob répondirent à Sichem et à son père ^ :

« Nous ne pouvons faire cette chose de donner, nH^, notre sœur


» à un homme incirconcis (par conséquent étranger à notre culte);
» car se serait une profanation et un blasphème ^. »
Un poète ancien, Théodote, cité par Eusèbe met ces paroles ,

' Sed propè nihil quam copulari alienigonse ubi et sacrilegii


graviùs
flagitia conHantnr. Narn cum ipsum conjugium velamine sacerdotali et
benedictione sanclificari oporteat, quomodo potest conjugium dici ubi
non est fldei concordia ? Cùm oratio communis esse debeat, quomodo
inter dispares devotione potest esse conjugii communis caritas? [Epist,
19, cl. I. Edit. des Bénéd., t. ir, p. 844')
"
XXII, 10.
' Ne scilicet arennis in bave et asino. {Ad A^eruchiam^ n. 6, p. go3 du
t. I, éd. de Vallarsius, in-4'
* J'appelle mariages bigarrés ou mariages étrangers, les mariages
avec àe$ infidèles; par wza/mge.î wj/or^eç, on entend ordinairement les
mariages avec des hérétiques.
^ Genèse, xxxiv, 14.
* C'est ainsi qne 7?. Sal. Yarhht expose I-» tevm'^ rfa*in f^" texte, en
374 TRADITIONS JUIVES

dans la bouche de Jacob : « Car h loi ne permet pas cela aux


» Hébreux, d'adineUre des étrangers dans la famille comme
» gendres ou belles-fdles. Ils ne doivent prendre que des per-
» so;,aes qui puissent ?e glorifier d'être de la ir.ème extraction
» qu'eux « °.

Les -îlliances àes/ils de DiieM avec les filles des hommes, dont le
Seigneur fut si profondém uc-oÛ'ensé ^, n'étaient autre chose,
d'après les plus graves et les plus judicieux rabbins, que des
mariages entre individus de la race fidèle de Sem, et individus de
la race infidèle et itnpie dt: Gain. Lu race fidèle de Sem avait con-
servé pure la révélation faite au premier homme, et observait les
préceptes primitifs, appelés lAiisidirà les <: y t pi-éceptes Noachides^.

Nous tiouvoiis donc encore ici les docteurs de la synagogue les


plus .'iccrédités ù l'unisson de ceux de l'Eglise. Car ceux-ci font
prévaloir cette explication à l'exclusion de l'opinion insoutenable
de quelques docteurs anciens de l'une etderautre,lesquels, trom-
pés par le faux livre d'iï^eViocA, avançaient que ces enfans de Dieu
étaient des anges, c'est-à-dire des anges décbus, à qui la qualifica-
tion d'enfans de Dieu ne va guère. Les rabbins que je viens de
citer ne veulent pas admettre <;ae des anges, êtres purement
spirituels, soient susceptibles delà grossière passion de la chair;

et en cela ils rendent gloire à Jésus de Nazareth qui, créateur des


anges couiine Dieu, et par conséquent connaissant parfaitement
leur natuie, dit : « Dans la résurrection, ils ne se marieront

le rendant par SiDÛ V Oï? ^^ ï^TTj. Saint JërômejCet.idniirable liéhrai-


sant, traduit également le ternie de l'original par deux expressions qui
rendent toute la force du sens que lui donne Yarhhi : « Quod illicitum

et nefarium est apud nos. »

'
Prtp. eV. 1. IX, ch. il, p. 250 del'éd. grecque de Rob. Esticnne.
'
Oy -/Kp m BsiinTà-jyB t(}S' tSpy.iotJi rirwrx'.

ruu.Spoiiç oii).oOs-i si'î yt vuoù; àys'/tsv ttstI ZH/i*

Ai/' carti ysvîii i^nysxeti eivat b/xoiriç.

* Gen. Vf, 2.
* Vojr. Rabbi Isaac /îbarbanel, commentaire sur le Pentateuque,
Gen. VI. — ^iben-Ezra, commentaire, Ibid. ; et Bal)bi David Kimhhi
Racines hébraiqiies, article rî33-
.

SIR Lïï.fi MVRIAGI-:^ MJXTF.?. 3T5


» pas; mais ils seront comme les anges qui sont dans le ciel ', »

Je n'en finirais point si je voulais citer tous les docteurs et


commentateurs de l'Ecriture sainte parmi les chrétiens, qui dans
ces alliances condamnables du vi' chap. de la Genèse ne voient que
l'union mal assortie des fidèles Sémites avec les infidèles Caïnites,
ou mieux, comme dit saint Augustin, le mariage de ceux qui
étaient dans la cité de Pieu avec ceux qui appartenaient à la cité
du démon '

Mais rien n'est plus intéressant pour notre sujet que les opi-
nions qui furent émises dans le sein de l'assemblée des Juifs
convoquée à Paris en 1806, lorsque l'ordre du jour de la séance
du 4 août amena la discussion de la réponse préparée par la com-
mission à la troisième des questions proposées par l'empereur
Napoléon , savoir :

« Une juive peut-elle se marier avec un chrétien, et une chré-


» tienne avec un juif ; ou la loi veut-elle que les juifs ne se ma-
»> rient qu'entre eux ^ ? »

Les membres laïques, dont la plupart faisaient bon marché des


principes religieux qu'ils ne connaissaient pas plus qu'Us ne les


In resurreclioiie neque nubent neque nubenlur, sed erunt sicut
angeli Dei. Marc, su, 25.
' Quas etiam mysticè appellamus Civitates duas; hoc est, duas socie-
hominum,quaram estunaquseprsedestinata est inaeternumregnare
tates

cum Deo, altéra œternum supplicium subire cumrfwèo/o '^deC. D.xv, c.


i,).Scdpertinuitad Deura,qao ista (Genèse,v) inspirante conscriptasunt,
îias duas societates suis diversis generationibus primitùs digerere atqae
distingoere, ut seorsùm hominum, hoc est, secimdùm hominem viven-
tium, seorsùra autem^//on</n Dei,ïd est, hcmiaum secundum Deum
viventiuni, generationes contexerenlur {Ibid. C.viii). Facta est perniix-
tio, et iniquitate participatâ quaedara utriusque confosio Civitatis...; ac
ûcfilii Dei, filiarian hominumannore sont capti, atque uteis conjiigibus
fruerentur, in mores societatis terrigenae defluxerunt, déserta pietate
qnara in sanctà societate servabant {Ibid. C. xxii). Et priusquàm filii
Dei, qui et angeli Dei dicti sunt, filiabus hominum, hoc est secandùm
hominera viventiura, miscerentur : filii scilicet Seth ûiiabas Gain {Ibid.
G. xxiii).
' Vnvez Collection des actes de V assemblée det LsratlHes de France i-t
riTG TRADITIONS JUIVES

respectaient, voulaient le'pomlre pai- raftirmative pure et simple.


Cela les accommodait d'abord pour leur propre compte, puis ils

savaient que c'était complaire au désir du maître qui n'aimait pas


la contradiction, et dont ils voyaient sans cesse le sabre suspendu
sur leur tête, plus terrible que l'épée de Damoclès. Mais la con-
descendance des principaux rabbins, si dociles jusqu'alors, s'arrêta
à la dernière limite posée par leur code. La conscience religieuse
dont ils étaient pénétrés leur donna le couraj^e de résister ouver-
tement au projet sacrilège (mot de l'un d'eux) de la commission.

Je trouve dans le procès-verbal les passages suivans, dignes


d'être médités :

1® « Un rabbin dit que le mariage esi un acte religleiLv; que les


B personnes qui le contractent doivent donc professer la même
» religion '. »

L'Eglise, depuis les tems Apostoliques jusqu'au grand Pape


Grégoire XVI qui, de nos jours, occupe si glorieusement la chaire
du Prince des apôtres, a constamment regardé le mariage comme
un acte religieux et l'a mis au nombre des sept sacremens -.
2» <( Un rabbin pense que le mariage avec des chrétiens est
« défendu : il prie l'assemblée d'observer que lorsque Moïse a
1. prononcé la défense à l'égard des nations proscrites, il l'a moti-
» véc sur la présomption et la crainte que la séduction des femmes
M ne détournât les hommes de la loi de Dieu, au nom duquel il

» parlait ;
que par conséquent la même probabilité de séduction
*'
existant toujours relativement à toutes les autres nations, la
» défense de pareilles liaisons existait aussi î. >

Un membre opposé à l'opinion des rabbins, entr'autres raisons


qu'il allégua en faveur de son parti, faisait valoir surtout la sui-
vante : " On a cherché à s'appesantir sur les inconvéniens domes-

ihi royaume d'Italie. Paris, i8o6, chez Treultel et Wiirtz, tome i,

page 102.
' Page i42 delà Collection.
» Voyez le Concile de Trente, Sess. 24,can. r. — Porroué</<; Matrim.
cap. I, p. 224. t. 7, Inédit, de la Propagande.
' Page 143 tle la Coll.
.>UR LES MARUGKS MIXTES. 377
> tiques que ces mariages peuvent entraîner; mais a-t-on dit un
» mot des grands ai'antages politiques qu'ils présentent. S'il fallait
» mettre en balance les uns et les autres, pourrait-on douter de
» la supériorité des derniers? Non '. »

connu un grand nombre de juifs qui avaient fait


Moi, qui ai

partie de cette assemblée, et qui, hélas pour mon malheur, ai !

été apparenté à un des principaux rabbins qui y avaient figuré,


je puis affirmer que dans l'intention de l'orateur, parfaitement

comprise par ses collègues, ces avantages politiques n'étaient autre


chose que l'avantage de ne pas exciter la redoutable colère de sa
par trop chatouilleuse Majesté Impériale et Royale. C'est ce qui
donnera la clef de la réponse suivante :

Un rabbin répond « qu'ON DOIT DIRE LA VÉRITÉ


» 3° :

» SANS EN CALCULER LES CONSÉQUENCES. 11 déclare que


» sou opinion est, que le mariage avec les chrétiens ne peut être
>' permis 2. «

A la vérité, la majorité qui se composait des laïques philoso-


phes dont j'ai fait connaître les dispositions, décida que les juif:«

peuvents'unir à des non-juifs; mais tout l'effet de cette réponse


se trouva neutralisé par ces mots remarquables qu'on fut obligé
d'y ajouter ;

« Mais on ne doit point laisser ignorer que l'opinion des rabbins


» est contraire à ces sortes d'alliances. Selon leur doctrine, comme
>» le mariage d'après le talmud, exige pour sa célébration^ des cé-
» rémonies religieuses appelées kidduschin, et la bénédiction usi-
» lée en pareil cas, nul mariage n'est valable religieusement
» qu'autant que ces cérémonies ont été remplies. Elles ne pour-
» raient l'être à l'égard de deux personnes qui ne reconnaissent
» pas également ces cérémonies comme sacrées'; et dans ce cas
» les époux pourraient se séparer*, sans qu'ils eussent besoin du
» divorce religieux. Telle est l'opinion des rabbins membres de
» l'assemblée. En général, ils ne seraient pas plus disposés à bénir

* Pnge i44, ibid.


- Ibid.
^ Voyez le passage de St-Ambroise que j'ai rapporté plus haut.
* Lf» Codr Napok'nn rontonnitla loi anti-catholiqnp fin divorce.
378 TRADITIONS JUIVES

" le mariage d'une chrétienne avec un juif que les urètres c.itho-
» liques' ne consentiraient à bénir de pareilles unions. »

J'ajouterai un noiul, que dans sa réponse, l'assemblée n'avait


pas besoin de qualifier , savoir : que lors même que la cérémonie
religieuse aurait lieu pour ces mariages bigarrés, elle serait nulle
et de nul effet, ou, comme disent les théologiens de la synago-

gue: «Les kidduschin ne prennent poinl'.^^DSID T^\yi1p '?''î^.

Ainsi, un despote absolu, un soldat irascible tel que Napoléon,


qui prenait sa volonté de fer pour la suprême loi, ne trouva pas
mauvais que des grands rabbins de ses états suivissent en matière
de mariages bigarrés la voix de leur conscience, et prescrivissent
aux aaiies rabbins, leurs subordonnés, de ne prendre aucune part
à ces unions, théologiquement illicites. Et de nos jours nous avons à
gémir sur les scandaleuses violences d'un Prince qui sévit contre
les évêques catlioliques de son royaume, quand ils suivent la
même ligne de conduite que les rabbins français gardaient en
face de l'homme qui a tenu si longtems le roi de Prusse sous sa
botte à l'écuyère I

Encore la sévérité des rabbins en ce point dépasse-t-elle de


beaucoup celle de l'Eglise. Car celle-ci dans des cas prévus, o&
graves causas, et moyennant certaines conditions , accorde des
dispenses pour les mariages mixtes , tandis que ceux-là ne se dé-

partent en aucune manière de leur *1^D* *D {qwa seducet). Ils


refusent, non-seulement de bénir ces mariages, mais aussi d'y
assister passivement. Si malgré cela, on a passé outre et contracté
un mariage de cette espèce, il est aux yeux de la synagogue
comme non avenu. L'Eglise, au contraire, reconnaît comme va-
lides les mariages mixtes une ^o ^ < oiitractés ,
quelle qu'en ait
été l'irrégularité, sauf lecas d'euï^^i^c, ;ementdirimant canonique.

'
Remarquez que les rabbins ne font [las mention des ministres proles-
tans.
^ S'oyez Talraud, traité Kidduschin, fol. 68, v. ; traité Yebamol , fol.

q3 r. et fol. 4^ v. — Maïmonides, traité /.î^cAm/; chap. iv, § i5. — Moïse de


Kotzi, />rcc. affirni. 48% fol. i25,col. "S. — Somme the'oio^iqite de R. Jos.
Knro, 4e p.ivtio, art. 44, § 8.
SUR LES MARIAGES MIXTES. 379
C'est en eTst ce qui re'giilte du bref à\\ pape Pie VIII, de sainte
mémoire, à l'archev. de Colo{ïne et aux ëvêques de Trêves, etc.,

en date du 25 mars 1830 :

« Maintenant, nous voulons et ordonnons par les présentes


»> lettres, que les mariages mixtes qui, à partir de cejour (25 mars
» 1830) seraient célébrés duis vos diocèses sans les formalités
» prescrites par le Concilede Trente, soient regarde's poui*vu ,

» qu'il ne s'y oppose point d'autre empêchement canonique diri-


» mant, pour valides et pour de vrais mariages, ainsi que par
» noue autorité Apostolique , et nonobstant toutes dispositions
» contraires, nous déclarons et établissons que ces mariages Sf-
» ront des mariages véritables et valides. Ainsi, les personnes
» catholiques, qui, dans la suite auraient contracté des mariages
» de cette manière, pourvu toutefois qu'il ne s'y opposât pas
» d'autre empêchement canonique dirimant, devront être
» instruites par leurs pasteurs qu'elles ont contracté un mariage
» véritable et valide '. »

Il y a plus, les protestans n'appartiennent pas à l'Eglise; ils se


sont retirés de l'unité catholique'. Malgré cela, ainsi que nous
venons de le voir, l'Eglise permet en certains cas le mariage avec
eux, tandis que les rabbins étendent l'exclusion la plus absolue
du mariage, même aux individus appartenant à la communauté
d'Israël, dès qu'ils n'adhèrent pas pleinement à tout ce qu'en-

' Nuuc autem, per nostras lias litteras volumus et mandamus, ut


matrimonia mixta quee poslhac in vestris Diaecesibus contrahi contin-
gat,nonservatà forraùàTrideatino Concilioprsescriptà.sieisdera nullum
aliud obstet canonicum diriraens impedinieutum, pro ratis ac veris con-
nubiis habeantur; prout Nos auctoritate Nostrà Apostolicà matrimonia
eadem vera et rata fore declaramus, atque decernimus, contrariis non
obstantibus quibuscumque. Quocircà Catholicse personae,quœ in poste-
rum matrimonia hoc modo contraxerint, dura nullum aliud iis obstaret
dirimens canonicum impfîdimentum , à sacris Pastoribus edocendae
ernnt ipsas veium et ratura conjugium inivisse.
^ Cum eadem sit ratio, dit le docte P. Perronné, iuûdelium et haereti-
corum, seu acalboUcorum. Uogma siquidem, seu articulus fidei est :

Extra Ecclesiam Cathnlicam ttvllnm dari mlufem (Uhi supra n. "^^l).


380 TRADITIONS JUIVES

selgne la synagogue. Ainsi, point de mariage, sous le second tem-


ple, entre juifs et samaritains, ni de nos jours entre les juifs rah-
banites ou traditionnaires, qui forment le gros de la nation, et
les caraïtes ou autres dissidens. Ceci est un fait connu ; et Bux-
torf n'a pas manqué d'en instruire le lecteur de sa Synagogue
judaïque : « Ils ne contractent point de mariages avec eux,
dil-il '. >•

Les juifs qui abandonnent le culte pharisaique de la synagogue


actuelle, pour une autre religion, ne cessent pas pour cela d'être
considérés par les rabbins coxiMr\e Israélites '^y bien entendu Israé-
lites pécheurs^. "Put conséquent, leur mariage religieux avec des
personnes israélites, serait valable, prendrait'*. Cependant il est

défendu aux juifs de contracter mariage avec eux\ Si un ma-


de cette nature
riage se trouve être un fait consommé, de quel-
que manière que ce soit, il faut chercher à le dissoudre par le
divorce. Pour parvenir à ce but, tous les moyens sont bons. Nous
avons vu plus haut que si c'est la femme qui est devenue chré-
tienne, on lui constitue d'autorité un procureur qui la représente
pour recevoir la lettre de divorce, bien que d'après les princi-
pes de la théologie juive, la lettre de divorce n'opère la sépara-
tion qu'autant qu'elle est remise dans les propres mains de lafemme
ou de celui que de sa pleine volonté elle a délégué à cet effet ^

'
NuUa cum ipsis ineutit connubia. cap. i.

•Voyez la Correspondance the'ologique de R. Sal. Ben-Adéret, Idttre


'94% ^^*^ s'appuie de rautorité de Rabbi Meir, dont l'opinion se trouve
développée dans le traité Kidduschin du Talmud, fol. 56, r.

^Cependant un peu plus pécheurs que le Seigneur Baron de Pioths-


child, quoiqu'il mange des côtelettes de porc et des pieds de cochon,
tout Comme si c'étaient des morceaux de victimes pacifiques du temple
de Jérusalem.
Talmud, traité Yebnmot, fol. ^7 r. — Maïmonides, traité Isschut,
chap. IV, § 1 5, avec Tannotation de la glose Migdal-Hoz. — Moïse de
Kotzi; préc. aff., 48" fol. lîS col. 3. — Somme iliéol. de .los. Karo,
4' partie, art. 44, § 9.
" Voyez la corresp. tlic'olog. du JRaschbn. lettre i iGiV
''
P». Snl. ben-^deWt. lettre ">8.
SUK LES MARIAGES MlXTJiS. 381

Si c'est l'époux qui est devenu clire'tien, et qu'il refuse de don-


ner la lettre de divorce à sa femme restée juive, on tâche de l'y
contraindre, si c'est possible, par l'intervention de l'autorité
profane du pays. « Si l'on peut, disent les rabbins, on lui fait ap-
» pliquer des coups de bâton jusqu'à ce qu'il dise je consens à di' :

» vorccr\ Ne peut-on pas obtenir la dissolution du mariage ? alors


» la femme doit s'enfuir jusqu'au bout du monde plutôt que de
» cohabiter avec cet homme. Elle est obligée, dit R. Sal. ben Adé-
» ref, que j'ai si souvent cité^, de le fuir, comme on fuit un ser-

» pent, L^'mn^JïSQnn^DD vjs^ninnS ^^>^ ro^nnn.


Hélas I moi qui trace ces lignes, j'ai bien été victime moi-même
de cette excessive intolérance des rabbins. L'épouse de ma jeu-
nesse 5, la mère de mes enfans, a été forcée par eux à fouler aux
pieds les seutimens attachés à ces deux titres, plutôt que de vi-
vre avec un mari catholique I

Le Cb. DRACK,
Bibliothécaire de la Propagande.

* Il y a des exemples d'Israélites convertis qui ont donné à leui's femmes


juivesle libellutn repudii, Tiiore judaico. Mais le savant Pape Benoît XIV
qualiGe ces divorces à'abus détestables {de Syri. lib. vi, cap. iv, n. 6),
et il les défendit expressément en 1747 par la Constitution insérée dans
le Bidlaire, tome 2, const. xxxvm, vol. 5, p. 4o3.
^ Lettre 116a' de sa corresp, thc'ol.
' Mal. n, 14.
.

382 VIE l'T OPUSCULES

Cittératuve contemporûinr

LES

SOUVENIRS DE L'AMITIÉ,
ou

X VIE ET OPUSCULES DE P. L. ARONDINEAUV

Voici ua livre qui fera fortune parmi la jeunesse chrétienne :

c'est la vied'un séminariste, mort à 20 ans, et qui, à cet âge, avait

déjà vécu successivemenldeux vies pleines et fécondes, s'il en fut


jamais une vie de poète qui commence à 12 ans et se termine à
;

16, une vie de saint quis'ouvre à 16 ans et se ferme à 20.


Né de parens pauvres, P.-L. Arondineau n'eut d'autre maître
d'écriture que les letti'es de son frère , et cependant dès l'âge de
sept ans il entretenait une correspondance assez active avec son
aîné. Il apprit aussi presque seul les premiers élémens de la gram-
maire latine, et ce ne fut qu'un jeu pour lui. Sans avoir jamais
eu aucun maître de dessin, il crayonnait avec une délicatesse ad-
mirable tout ce qui le frappait, au point qu'un artiste ayant trouvé
quelques-unes de ses esquisses dit à ses parens : Vous devriez en
faire un peintre ; mais l'enfant voulut être prèti e, il entra dans uti

petit séminaire où ses talens purent se développer plus librement,


et bientôt il eut surpassé ses condisciples dans tous les genres.

Mais c'est vers la poésie surtout qu'il tourna sou activité surpre-
nante. Les vers latins, les vers grecs, et surtout les vers français
coulaient de sa plume avec une merveilleuse facilité j ce que les

autres pouvaient à peine faire en prose d'écolier, il le faisait eu


vers charmaus.

'
Paris, chez S. J. Camus, rue Cassette, ao. '— u vol. in-8, 6 fr. —
2 vol. in- 12, 5 fr.
.

DE l*.-L. AKOiNDlAEAL o'S'S

On trouvait des vers soi' tous ses cahiers, dans son bureau, au-
tour de lui; partout il en semait de petites pièces, comme l'arbre
abandonne ses feuilles aux vents d'automne c'était pour lui un ;

jeu, une habitude. Lui donnait-on uu pensum? souvent il le fai-


sait en vers. En un mot, il réalisait perpétuellement l'hyperbole

du poète latin :

Quidqaid tentabani scribere versus erat.

Sa pensée se pliait à tous les rhythmes, et spontanément et sans

nul efl'ort ; elle prenait toutes les allures avec une gracieuse sou-
plesse. Tous les poètes qu'il lisait, il les imitait, et souvent il les
égalait ou même les surpassait j et cela, sans le chercher, sans
même j songer- Homèi-e, Virgile, Lafontaine Gresset. J.-B. ,

Rousseau, Ossian, Lamartine, semblent passer successivement en


lui, sans lui faire perdre un instant son naturel original et la tour-

nure élégante et souple de sou esprit. Eglogues, fables , dithy-


rambes, cantates, odes, satires, stances, élégies, romances, canti-
ques, ballades, méditations et harmonies poétiques, fragmens épi-
ques et dramatiques etc., jaillissai'^nt en foule de sa pensée comme
les flots d'une source vive. C'était un prisme éblouissant où mille
couleurs venaient se jouer et qui présentait toujours de nouvelles
faces. Parcourex ses opuscules, vous serez stupéfait delà flexibilité

et de la puissance de cet écrivain de quinze ans. Sans doute tout


n'est pas parfait ; mais dans tous les genres, vous trouverez quel-
ques pièces d'une beauté ravissante. Voulez-vous des vers? Lisez,
par exemple, les stances à son Jrcre, sou liarinonie sur le ciel,

V hymne du abord d'uji vaisseau, ïtsdtux enjans au lit de mort


soir
de leur mère, les Adieux à la Poésie, etc., et vous croirez lire La-
martine dans son beau tems. Voulez-vous de la prose? En voici, et
de la prose la plus pure, la plus élégante, la plus originale qu'il
soit possible de voir. Ce sont à^slttires, un discours contre l^usage
des viandes prononcé au réfectoire le 1^" joui" de Carême^ puis un
plaidoyer adressé à des examinatems pour les porter à la clé-
mence. \ oulez-vous quelque chose de plus sérieux ? Lisez le .5'on^e

d'un grand homme; une discussion originale, profonde du sys-


c'est

tème de M. de La Mcnuais sur le principe de la certitude. Vien-


.

oSA ME El OPUSCULES

uent ensuite des écrifs ascétiques^ simples et purs ,prol'ondënieut


sentis, des notes théologiques et entre autres des réflexions sur le
Néo-Catholicisme, qui attireront l'attention des hommes les plus
graves et leur donneront à penser.
Et malgré la richesse de ce volume à* Opuscules, il s'en faut
bien que nous possédions tous les écrits sortis de la plume féconde
d'Ârondineau son humilité uous; en a dérobé une bonne partie
; ;

il avait jeté au feu les plus remarquables peut-être; et ce sont ses


maîtres et ses condisciples qui ont conservé ce qui reste. Pour jus-
tifier nos éloges nous voudrions que l'espace nous permît de nom-
breuses citations, mais uous sommes contraints de nous borner à
une seule. Nous choisirons donc une pièce qui se rattache à la

crise la plus décisive de sa vie. Vers la fin de ses humanités, la

Poésie avait fatigué son corps débile par des énibtiôns trop vives
et trop fréquentes ; il passait les nuits presque entières en rêveries
poétiques, et cela, non par un travail pénible, mais pour céder à
un besoin; il en résulta une exaltation fébrile, et une surexcitation
nerveuse qui l'eurent bientôt épuisé. Dans l'intérêt de sa santé,
pour que l'imagination n'étouftât point par un dévelop-
et aussi

pement excessif les autres facultés de sa belle intelligence, on


dut lui interdire ce qui faisait tout son bonheur. Ce fut une lutte
terrible, quand il fallut faire ce douloureux sacrifice ; il combattit
près de deux ans avant de pouvoir s'y résoudre ; souvent pendant
cet intervalle on le surprit à la chapelle, le visage tout en feu, et
des larmes brûlantes roulaient le long de ses joues. Il cédait, il

promettaitd' obéir, mais bientôt il retombait. C'est dansun de ces


momeus de combat qu'il écrivait la pièce suivante :

ADIEUX A LA POÉSIE.

Adieu rêves, liansportsî plus de chants, plus de Jyre...

Sevrons de ce nectar un cœur infortune.


N'allaitons plus ce cœur d'un si tendre délire ;

Brisons entre nos mains ce luth d'or, qui soupire


Comme un jeune époux couronné.

Car on m'a dit : « Le Ciel accuse ta folie,


,

DE P.-L. ARO>DliNE.Vl . o85


» Entant, tu ne dois pas chanter ainsi toujours,
» Ne vas pas t'enivrer de trop de mélodie,
') Mais bois, silencieux, la coupe de ta vie,

M Et glisse muet sur tes jours !

^j Pose un frein à ta bouche, et ris d'un art frivole;


» Laisse sous les rameaux siflier l'oiseau craintif.

» Toi, prépare ton cœur pour une autre parole,


« Sans suivre le penchant et la vaine auréole
3) Des chantres au cinnor plaintif. »

Adieux donc, chants d'Eden, céleste symphonie


Des lyres de Daphnis, des harpes du Thabor!
Ma muse a soupiré le chant de l'agonie.
Adieu, blanc séraphin, bel ange d'harmonie,
Qui me couvrais d'une aile d'or !

Je ne chanterai plus ! — Mais, avant de me taire,


Je veux que mon beau luth vibre un dernier soupir ;

Je veux que sous l'abri du chêne solitaire


ïl rende encore un son doux et plein de mystère,
Comme un cjgne qui va raoui'ir.

Je ne chanterai plus ! ni le jour, ni dans l'ombre,


Quand le ciel est du manteau noir des nuits
couvert ;

Soit qu'aux champs dépouillés voltige un brouillard sombre,


Soit que le printems vienne avec ses fleurs sans nombre
Avec ses plaisirs et ses bruits !

Je ne chanterai plus une vague pensée ;

Je ne chanterai plus mes bonheurs et mes maux,


Les bois, la grande mer, la cloche balancée,
Le ciel, les vitraux peints, et la flèche élancée
Des hauts clochers de nos hameaux.
Pourtant à mon berceau j'eus des songes étranges !

Jeuns encor, je me plus à moduler des vers ;

Je bégayai du Christ les sublimes louanges,


Je chantai les oiseaux, et le ciel, et les anges,

Et l'épine des buissons verts.

Pourtant, plus d'une nuit, sur ma couche passée,


Mon cœur harmonieux veilla dans les concerts,
Souvent d'un rêve d'or sa langueur fut bercée,
lîl» SÉRIE. TOME I, — N" 5. 1840. 25
-186 VIE

Et par les séraphins mon âme cadencée


Crut se réveiller dans les airs.

Pourtant j'aimais voguer sur une eau qui s'épanche"


Du vert pilier des monts jusqu'aux saules du val,
Lorsque la nuit paraît et que sa reine blanche
Pour voir son beau corps pâle avec attrait se penche
Sur le miroir du pur cristal.

Pourtant, en moi je setis un penchant qui m'entraîne,


Une voix qui me dit: n Chante, » et moi j'ai chanté.
Non pour an feu trompeur qui s éteint dans la plaine.
Mais comme le ramier qui murmure sa peine
Au bois par la brise agité.

Je suis bien malheureux ! sans soupirs et sans aile,

Je ressemble à Jacob sur l'Enphrate ou le Nil ;


Mais Jacob accordait sa cithare ûdèle,
Jacob chantait parfois sur sa harpe immortelle
Pour se consoler dans 1 exil.

Tout chante autour de moi le tonnerre sur l'onde, !

Le tendre rossignol au bois silencieux,


Le vent sur la montagne ou sur la mer profonde ,

Sur la grève les flots , l'homme en ce triste monde,


Les anges au plus haut des cieux.

Les cieux ! là tu marquas, Seigneur, ma destinée î

Là m'attend en silence un luth d'ivoire et d'or ;

Mais mon âme ici-bas, d'épine environnée,


Languissante, bat l'air de son aile fanée

Qui brûle de prendre l'essor.


Ah ! je voudrais monter vers ce lieu plein de charmes,
Ce pays de plaisir, d'amour et de bonheur,
Où la sainte Sion vit pure et sans alarmes.
Où le céleste époux sèche toutes les larmes
D'épouses dormant sur son cœur!

.Tf languis Le captif à la plage étrangère


Soupire son malheur afin de l'adoucir :

Je languis aussi moi, prisonnier sur la terre :

Dieu, laisse-moi mon luth ponr bercer ma misère.


Lai.ssr-iiioi i:biinkM ou (ih;ui ii
DE l'.-L. AKOISDIJNE.VU. o'Sl

N'y avait-il pas uu inslinct propUétique dans tes veis :

Lescieux 1 là tu marquas^ Seigneur, ma destinée, elc

et dans ce dernier cri de son àme :

Laisse-moi chauler ou mourir !

Dieu lui a donné la plus belle parti La poésie terrestre lui a


été interdite, il lui a clé ordonné de glisser muet sw ses jours, il

n'a répété et traduit dans la langue humaine aucun des sons mé-
lodieux de cet immense concert que chantent ici-bas toutes les
créatures; sa voix était trop pure pour se nièler aux bruits de
ce monde ; il est mort , il est allé chanter avec les anges le chant de
l'éternité. — Il n'a pas seuUnient laissé, dans ses écrits, d'admi-
rables leçons de littérature , mais il a légué au monde l'exemple
de sa vie, le modèle de toutes les vertus. Au lieu de n'être qu'un
poète, il a été un saint, et certes l'un vaut bien mieux que l'autre ;

le plus souvent les poètes n'ont de vertu que dans leurs livres
ou tout au plus dans leur imaginaiion ils s'en croient dispensés ;

quand elle leur a passé par l'esprit; ils pensentl'avoivsaîïisamment


pratiquée quand ils l'ont comprise, sentie, exprimée dar.s jcurs
vers. Les poètes sont trop souvent des missionnaires infidèles, qui
s'adorent et se font adorer s'ils peuvent, et sacrifient des âmes en
holocauste à leurs fantaisies. Mais les saints, voilà les hommes de
la vertu pratique et réelle; ils ne comprennent pas seulement le
bien, ils le font ; ils ne le font pas seulement comprendre, ils le font
faire, parce que leur vie est plus éloquente que les plus beaux vers.
Si le petit Pierre fût devenu im grand poète, il eût pu sans
doute entretenir quelques nobles rêveries dans des âmes oisi-
ves, mais il n'eût pas converti une seule âme, tandis que par ses
exemples il fera loagtems de saints prêtres; le inonde aurait
connu son nom mais il eût peut-être été inconnu des anges. Eter-
;

nellement il brillera au ciel parmi cette humble et modeste con-

stellation de jeunes saints dont l'influence, inaperçue de la foule,

prépare de si grandes choses dans l'ombre et dans le silence de nos


séminaires ;
près de Louis de Gonsague, des Stanislas Kostka,des
Berchmans, des Calixte Frèze et de^ Gohier, il veillorasur nos jeu-
388 VIE

nés léviles ; comme une étoile lumineuse et protectrice, illes di-


rigera dans leur marche et les conduira au but suprême de toutes
choses, au salut des hommes et à la manifestation de la gloire di-

vine.
Jeunes gens, qui désirez vous consacrer aux sublimes fonctions
du saint ministère, et qui travaillez à y préparer votre âme dans
le silence de la retraite, prenez et lisez ce livre ; vous y trouverez

tout à la fois plaisir, encouragement et force; méditez cette vie, et


la vôtre en deviendra meilleure. Peut-être nesavez-vous pas tou-
jours entendre cet ange gardien qui nous suit tous depuis l'en-
fance et ne cesse de nous parler, mais dont la voix échappe aisé-
ment àl'âme distraite dansle calme même de la solitude. Eh bien!
en voici un autre que Dieu vous envoie, un ange plus semblable
à vous, uu ange qui a vécu de votre vie, mais qui a su trouver le
cheminduciel, et qui vous l'apprendrai Prenez-le donc pourguide
et pour ami. Puis, si quelque jour votre ardeur venait à défaillir,
si vous sentiez vos pas chanceler ou s'appesantir dans la route pé-
nible où vous marchez, si des pensées de découragement s'agitaient
dans votre tête abattue, le souvenir d'Arondineau descendrait vers
vous comme une céleste apparition ; il toucherait votre cœur, et
aussitôt une vie, une force nouvelles commenceraient à couler
dans vos veines.
Et vous, jeunes poètes, qui regardez Vart comme la dernière
fin de l'homme, et ne comprenez rien de mieux que l'idéal de ce
monde visible, prenez aussi et lisez ce livre. Voici une âme qui a
compris et senti aussi bien que vous toutes les beautés , toutes les
séductions de la nature ; mais tout cela ne lui a point suffi ; s'éle-

vant au-dessus même de l'idéal de cette nature , elle a trouve


un autre monde meilleur, et ce monde lui a paru si beau, qu'elle
n'a plus jeté un seul regard en arrière jusqu'à ce qu'elle put s'y
envoler pour toujours ; il y a donc réellement au-dessus de cette
vie une autre vie bien plus parfaite pour laquelle nous sommes
faits ; si la vie du poète, qui est l'idéal de la vie naturelle, n'a pu
contenter cette âme, elle était donc destinée à une vie surnaturelle
que rien de fini ne peut nous offrir. Oui, l'homme est ici-bas,

comme l'enfant au sein dosa mère; il n'a point la conscience


DE P.-r.. ARONDINEAU. 3,89

de la vie qui germe en lui, il ne soupçonne pas ce qu'elle peut


êtie ua jour, et cependant il s'agite, il souffre, il sent qu'il
n'est que le coinniencenicut informe, l'ébauche incomplète de
l'homme parfait, initium aliquod creaturœ, comme dit l'Apôtre ;

ily a en lui un besoin profond de l'infini ; et s'il veut s'entendre


lui-même, il reconnaîtra que pour être achevé, il doit s'unir à
Dieu, vivre de sa vie et participer de sa nature'. Vous languis-
sez intérieurement, dévoré, comme VJmaury de Sainte Beuve,
par une sorte de consomption spirituelle; plus d'une fois peut-

être vous avez été tenté de fermer les ailes comme Escousse et
Chatterton^ parce que V air vous manquait .^\i bieni voici un frère,
qui a senti tout ce que vous sentez, qui a souffert bien plus que vous
ne souffrez ; mais il a trouvé dans la religion cet air qui vous

manque, et ces ailes puissantes que nulle fatigue, nul obstacle ne


peuvent briser, et qui emportent l'honnne jusqu'au sein de Dieu!
—^Vous vous plaignez, vous appelezla mort, parce que vous ne sa-
vez pas vivre: mais voyez les grandes choses que la grâce a faites
dans cette âme, sœur delà votre, et comprenez ce qu'elle opérerait
en vous si vous le vouliez. — Approchez- vous de ce lit etregardez ce
jeunehomme; II y aplusieurs années qu'il endure des souffrances
intérieures et exlérieuies que Dieu seul a pu mesurer, il a vu sa
vie couler goutte à goutte, et le voilà arrivé en face de la mort,
sans qu'il lui ait échappé une plainte, un regret. Une sainte espé-
rance, une joie paisible rayonnent autour de son front pâle,
comme un lointain reflet des splendeurs éternelles. Oh comme !

il devient grand et sublime dans son agonie! Dites-moi, ne vou-


drait-on pas échanger la plus belle gloire littéraire contre une pa-
reille mort? — Voulez-vo'is savoir qui lui a appris à mourir ainsi?
Demandez à sa vie : elle vous le dira.

L'abbé H. DE Y.

'
Ut efficianiini divinœ consortesnaVurœ.S. Pierre II, cli,i,v. 4-Fecisti
nos ad te, Deus, et inquietiun est cor nostrum donec requiescat in te.
S. Auf?. Confess. 1, i, c. i, u. i.
390 NOUVELLES ET ^rÉLANGES.

UouîîflUô et Méiang^t^.

EUROPE.

ITALIE.— ROME. Alhcution de notre S. P. le pape Grégoire XVl^


tenuedans le consistoire ^en^et du 9.7 avril 1840 sur la persécution et /«.•,

nouveaux martyrs du Tonkin et de la Cochinchine.


Vénérables frèi-es.

Depuis ioni;lems, vons le savez, nou.s gémissons sur la déplorable si-


tuation tles cliiélicns dans le Tonkin et dans les contrées voisines, et sut

les persécutions nombreuses auxquelles leur foi est soumise depui-.


longtenis. Xons n'avons pas oublié d'humilier notre àme devant Dieu,
et d'ouvrir les trésors des indulgences de lÉglise, aftn d'exciter ses en-
fans à oO'rir au Seigneur très clément des prières quotidiennes et d'an-
tres œuvres de piété pour leurs freVes exposés aune si grande tribulation.
Cependant notre douleur un adoucissement dans le courage
a trouvé
invincible d un gi-and nombre que ni la crainte des dangers, ni les
chaînes, ni les verges, ni les autres sonlfrances de longue durée, ni

l'aspect même de mort présente n'ont pu détourner de la profession


la

de la -foi catholique. Aujourd'hui que des témoignages suffisans sont


arrivés peu à peu à ce Saint Siège, sur les priiicipaux événemens qui se
sont passes dans ces pays durant les dernières années, nous avons pensé
qu il nous appartenait de proclamer devant vous la vertu de ceux qui ont
livré leur corps pour la foi du Christ, et de célébrer avec vous Jésus-
Christ lui-raènie, triomphant dans la personne de ses soldais.
Et pour reprendre les choses à l ani.ée i855, le missionnaire J/nrc/mwf/
s'est montré, dans le royaume de Cocîiinchinc, athlète courageux du
Christ. Saisi par !es soldats du roi^ qui se rendirent maîtres d'une sorte
de camp, où il était détenu par les séditieux, il lut jeté dans une cage de
fer ainsi qu'une bêle féroce, et conduit à la ville capitale. Là, vainement
sollicité par la violence des tourmens à abandonner le Christ, il fut mis
à mott par ordre du roi, sur la fin du mois de novembre de la même
année, en haine da la foi. En ces mêmes lieux et à la même époque,
brilla unyeM/ze Cannois, fds unique d'une veuve, qui, après avoir souf-
fert avec c:ouragc pcndaiii près de deux ans les tourmeus cl une dure pri-
son, livra avec joie, pour le Christ, sa tête au î;laivedu bouiTfau .-
lètequc
,\OLiVELLES El MÉLAWGKS. iVJ\

sa pieuse mèro, présente à l'exéciUion, lecueillit quand elle eût été sépa-
rée du tronc.
En l'an 1837, dans le royaume de Tonkin, ont été glorifiés les noms
du jirètre Jeun Charles Cornay, et du fidèle indigène François-Xavier

Cà/i. Le premier, exerçant les fonctions de missionnaire dans ce pays,


fut saisi par les infidèles, enfermé dans une cage, et après avoir essuyé les
flagellations les plus cruelles qui lui furent infligées pendant trois mois
pour le faire renonceràla foi du Christ, il mourut
au enfin pour cette foi

mois de décembre de ladite année. Il eut la tête tranchée, et ses membres


furent coupés à morceaux et jetés par ignominie de divers côtés.

L'autre, qui exerçait dans crtte même contrée les fonctions de cathé-
chisle, mourut pour le Christ au mois de novembre, après avoir demeuré
dans !es chaînes pendant vingt mois, subi des tortures sans nombre, et
excité, par sa constance invincible dans la foi, l'admiration et des fidèles
et des infidèles.
iVous sommes obligé d'en passer sous silence un grand nombre d'au-
tres sur lesquels nous ne savons presque rien autre chose de précis, si ce
n'est qu'à l'époque dont nous parlons, ou bien durant les années sui-
vantes, beaucoup d'entre eux ont également lavé leurs vêtemens dans le
sang de l'Agneau, et que les autres, quoique n'ayant pas encore perdu

la vie pour Christ, ont persévéré fermement dans la confession de l'Evan-


gile, malgré les persécutions et les tortures qu'ils ont eu à supporter.
Nous avons appris que, parmi ces derniers, avait particulièrement éclaté
le courage de beaucoup de femmes chinoises, chez lesquelles l'ardeur de
la foi a dominé la faiblesse du sexe.
Mais, dans le cours de ces dernières années, un grand nombre d'autres
ont souffert la mort pour le Christ, et des relations apportées ici parlent
en détail de leur triomphe. Parmi eux se trouve le prêtre François Jac-
card, missionnaire dans le royaume de Cochinchine, qui, jeté depuis
longtems dans les fers et transporté en divers lieux, après avoir donné
partout de nombreuses preuves de son invincible fermeté, fut enfin étran-
glé en haine de la foi, au mois de septembre de Tannée i838. Un jeune
fidèle indigène, Thomas Thien, a souffert le même genre de mort avec
lui.

Cette même année sera principalement célébrée dans l'histoire des


églises du Tonkin. Pendant son cours elles ont vu des fidèles la'ics, beau-
roup de prêtres, de saints évèques obtenir la couronne impérissable du
martyre. Le premierà citer est le vénérable frère Ignace Delgado, de l'or-
dre des Prêcheui-s, évoque de 3/é'////70/rtmo? r-t vicaire apostolique dans
392 NÔUVÊLLI^S' ITT MÉLANGES.

la partie orientale du l'oyaume, qui, après avoir, pendant quarante ans,


donné ses soins à la province confiée à son administration, tomba, déjà
appesanti par l'âge, au pouvoir des infidèles, qui l'enfermèrent dans une
cage de bois. Il supporta avec la plus grande patience les tortures qu'on
lui fit subir, et, accablé par la violence des tourniens et de la maladie
qui s'y joignit, il s'endormit dans le Seigneur au mois de juillet delà-
dite année, avant que la sentence portée contre lui par les magistrats
eût été revêtue de l'approbation royale Cependant ces magistrats ne fi- .

rent pas moins trancher la tète du mort; et cette tête, après avoir été
exposée pendant trois jours au public^ fut enfermée dans un panier avec
des pierres et jetée dans les profondeurs du fleuve. Mais, par une mer-
veilleuse permission de Dieu, il arriva (ainsi que le rapporte la relation
envoyée ici) que cette tète sacrée fut retrouvée, après quatre mois envi-

ron, intacte et conservée dans toutes ses parties.


Cette mort de l'illustre vicaire apostolique, précieuse devant le Sei-
gneur, avait été précédée, au mois de juin, par le martyre de son co-
adjuteur, le vénérable frère Dommîque Henarès, du même ordre des
Prêcheurs, évèque de Fesseile, qui avait vieilli en donnant ses soins aux
àines,en ces mêmes lieux, et qui, poursuivi par les soldats avec l'évêque
dont nous venons de parler, puis, bientôt après, enfermé dans une cage,
est mort après de longues souffrances, ayant eu la tète tranchée en té-
moignage de la foi. »

Un pieux indigène, ii^ra«ço/^ Chîêu, a souffert le même genre de mort


avec lui; il exerçait les fonctions de catéchiste, et il a confessé jusqu'à
l'effusion du sang la foi du Clirist dont il avait aidé les progrès. Peu de
jours après, un prêtre indigène, Vincent Yen, de l'ordre des frères
Prêcheurs , souÛVit le même supplice , après avoir exercé ,
pendant
quarante ans, les fonctions pénibles de missionnaire. Ce fut après avoir

bprouvé divers genres de tourmens, qu'il demeura toujours constant


dans la profession de la vraie foi et il ne voulut même pas user d'un
,

slratagème qu un magistrat lui suggérdit, afin d'éviter la sentence de


mort, à savoir, de cacher sa dignité de prêtre, et de se donner pour
médecin.
. Après ceux-ci, et durant le mois de juillet, furent couronnés le mis-
sionnaire, Joseph Fer nandcZj de F ordre des frères Prêcheurs, clic prètvc
indigène Pierre Tuân, qui, l'un et l'autre, avaient travaillé pendant
])lus de trente ans à cultiver celte partie de la vigne du Seigneur. Joseph
eut la tête tranchée après avoir donné d'éclatans exemples de courage
chrétien, dans la cage où on l'avait renfermé et devant divers jnges qui
,

NOUVELLES ET MÉLANGKS. 393


avaient pris plaisir à le tourmenter. Quant à Pierre, quoique condamné
par un semblable jugement, il mourut dans les fers pour la confession de
la Foi sous le poids des douleurs et des tortures, avant que la confirma-
tion royale de la sentence fiit arrivée. Tel à peu près avait été, quelques
jours auparavant, le sort d'un catéchiste indigène, Joseph Vyén du
tiers-ordre de saint Dominique, qui tourmenté de diverses manières à
cause de sa constance dans la foi, et après avoir enduré le supplice cruel
de la Gangue, mourut au bout de quelques heures, par suite de ses

blessures.
Bientôt après eut lieu la confession du célèbre prêtre indigène Ber-
nard Due, vénérable par son âge de 83 ans, qui, après de longs travaux
consacrés au salut des âmes, pouvait à peine marcher par suite de la
vieillesse et des maladies dont il était accablé, et néanmoins cédant
comme nous iepensons,à une impulsion particulière dé la grâce divine,
il se livra lui-même aux soldats, proclamant, par des cris répétés, sa re-
ligion et sa dignité sacerdotale. Etant donc pris et vainement sollicité
d'abandonner sa Foi, il subit divers genres de tourmens, et enfin une mort
glorieuse, pour le Christ, ayanteuia tête tranchée au commencement du
mois d'août, et cela malgré le bénéfice du privilège qui lui était applicable

d'après ledroitpublicdu royaume, suivant lequelun octogénaire nepeut


être condamné au dernier supplice. Avec lui, subit le même genre de
mort un autre indigène de l'ordre des frères Prêcheurs, nommé Domi-
nique Dieu Hanh, qui avait déjà longtems travaillé pour le bien des
âmes, et qui, depuis peu avait souffert avec courage bien des tourmens
pour l'amour du Christ. Peu de jours après encore, un autre athlète du
Christ, Joseph Fièn, prêtre indigène, qui avait passé seize ans dans les
travaux du saintministère, souffrit avec joie le même genre de mort pour
la confession de la Foi.
Au mois de septembre, on vit marcher sur ces glorieuses traces un
autre prêtre de la même contrée, Pierre Tii, de l'ordre des frères Prê-
cheurs, qui, avant d'avoir la tête tranchée, était non seulement demeuré
constant dans sa foi au milieu des supplices, mais avait encore exhorté
courageusement et en présence des juges les chrétiens enchaînés avec lui
à la persévérance finale. Il eutpour compagnon, dans ce genre de martyre,
Joseph Ctinh, homme d'un âge avancé et du tiers oj-dre de Saint-Domi-
nique, très honoré par les fidèles de son bourg, et qui avait rendu de
très grands services à la Religion. Enfin au mois de novembre, le prêtre

Pierre Dumoulin Borie et deux autres prêtres indigènes moururent en-


semble pour l'amour du Christ. Ces évènemeos arrivèrent, comme nous
l'avonsdit, en l'annre i838.
394 NOUVELLES ET MELANGES.
Mais depuis, ces mêmes royaumes de Cochinchine et du Tnnkin ont
veci uQ nouvel éclat du courage de trois soldats chrétiens. Jetés dans les
feis,dès l'année précédente, dans le Tonkin, pour la confession de la Foi,
le président delà province n'ayant pu les séparer de la charité du Christ
ni par les promesses, ni par les menaces, ni par les tourmens, les fit pla-
cer sur l'image de notre saint Rédempteur après leur avoir fait prendre
frauduleusement un breuvage qui leur fit perdre la raison. Peu après ce
gouverneur écrivit au roi qu'ils avaient renoncé à la religion chrétienne
en foulant aux pieds la croix. Mais ayant bientôt connu ce qui s'était
passé, ces pieux soldats, qui déjà avaient été délivrés de prison et avaient
reçu un secours pécuniaire, se hâtèrent d'aller au tribunal, et là, jetant
publiquement devant les magistrats l'argent qui leur avait été donné par
surprise, ils confessèrent de nouveau notre Foi en présence du président
et déclarèrent qu ils n'y avaient jamais renoncé et qu'ils lui seraient à l'a-

venir coustammeni fidèles.


Après cette noble et éclatante protestation contre lecrirae qu'on avait
voulu leur faire commettre, deux de ces mêmes soldats» nommés Nicolas
et Augustin^ se rendirent, malgré la longue distance des lieux, à la ca-
pitale de U Cochinchine, et présentèrent au roi un écrit contenant
l'exposé de ce qui leur était arrivé, et dans lequel ils protestaient de leur
constance au service du Christ. Vainement sollicités de nouveau, par
ordre du prince, à renier leur foi, ils obtinrent enfin heureusement
au mois de juin de l'année dernière, la palme du martyre, cl leurs corps,

après que la tête en eut été séparée, furent coupés en quatre et jetés au
fond de la mer.
Vous avez donc.Vénérables frères, dans ce discours que nous vous adres-
sons, nn court éloge deceux qui, de tous les ordres du clergé et du peuple
catholique,dans les eontréesci-dessus nommées des extrémités de l'Orient,
ont, non seulement en souflVant divers genres de peines et de tourmens,
mais encore parl'efl'usion de leursang, glorifié la véritable Foi du Christ.
Fasse Dieu, que movens ne nous manquent pas dans la suite d'infor-
les

mer sur cette cause en lu forme voulue {rilè), afin que ce Saint-Siège
puisse, selon la règle des presciùptions pontificales, porter un jugement
solennel de ce triomphe de tant de nouveaux martyrs à proposer à la vé-
nération des fidèles.Enaltndant nous sommes fortifiés par la ferme es-
pérance que Seigneur Christ, auteur et consommateur de la Foi, qui,
le

par le secours de sa grâce les a fait demeurer forts dans le combat, jet-
tera bientôt ses regards sur son Église, resplendissante du sang encore
fumant de ses fils, et que sa miséricorde l'arrachera aux calamiti^ qui
NOUVKIXES ET MÉLAXGES. 395
l'affligent; mais spécialement que dans ces contrées arrosées de ce même
siing, le Sauveur accroissant le nombre des cro>ans, mnltipliera les fruits
de justice.
FRANXE. PARIS. — Nomination de Monseigneur Affre, co-adju-
leur de l'évcchc de Strasbourg, à l'archevêché de Paris. Comme le
nouvel archevêque a toujours témoigné une bienveillance particulière
aux Annales de Philosophie chre'tienne, qne quelquefois il nous a aidés
de ses conseils, et qu'il a bien voulu même participer à leur rédaction,
nous sommes assurés que nos abonnés liront avec plaisir les détails suirans

sur sa vie et ses ouvrages.


M. Denis-Auguste Affre est né à Saint-Rome de Tarn, diocèse de
Rodez (Aveyron), le 28 septembre 1793, d'une famille honorable, alliée
avec la plus ancienne bourgeoisie du Rouergiie, et notamment avec
la famille de Mgr. l'évêque d'Herniopolis et avec celle de jNIM. Clansel

de Cousscrgues. Il est le neveu de ^l. Boyer, directeur an séminaire de


Saint-Sulpice. Il (it ses premières études au collège de Saint-Afrique, et,

dt's l'âge entra au séminaire de Saint-Sulpice pour y


de quatorze ans, il

faire son cours de philosophie. Il fut, pendant quelques années, le plus

jeune des élèves decette maison, dirigée encore par le vénérable IM. Eme-
ry. Celui-ci témoigna à M. Aflre une bienveillance particulière. Aussi,
quand la mort vint enlever ce second fondateur d'une estimable congré-
gation, le jeune séminariste lui paya, dans un éloge funèbre qui fait hon-
neur à son cœur et à son talent, un tribut de regretsetde reconnaissance.
r>I. Duclaux, successeur de M. Emery, dérogea en cette circonstance aux
usages de la maison, en faisant lire ce discours devant la communauté
pendant le tems qui était ordinairement consacré à la lecture spiri-

tuelle.

En 1812, Napoléon renvoya les sulpiciens, par suite de la baioe qne


lui inspiraient les congrégations trop dévouées, selon lui, à Pie Ylî, alors
son captif. Ils furent remplacés par M. Jalabert, grand vicaire de Paris,
et par des jeunes professeurs, anciens élèves de la maison.
-M. Affre continua ses étudessous la direction de ces nouveaux maîtres,
et ne s'absenta que trois mois, à une époque où on menaçait la direction
du séminaire d'un nouveau changement. Il les passa au séminaire de
Clerraont, sous un ecclésiastique fort distingué, M. Molin, docteur de
Sorbonae et depuis évèque de Viviers. Les craintes qu'on avait fait

concevoir à 31. Alïre étant dissipées , il retourna au séminaire de


Saint-Sulpice, où il étùt encore quand les Bourbons remontèrent sur le
trùne. En 1816, n'élantpas encore dans les ordres, il fut envoyé à JNantes
pour y professer la philosophie. Pendant un séjour de den:î ans qu'il fit
396 ÎS'OUVELLES ET MELANGES.

dans le sémiuaire diocésain, il se livra avec une grande ardeur à l'étude


delà philosophie des 17* et 18' siècles , et il prit pour les écrits philo-

sophiques un goût qu'il n'a cessé de cultiver depuis, même au milieu


des travaux de l'administration. En 1818, il revint à Paris pour se prépa-
rer à la prêtrise. Mais, avant de l'avoir reçue, il fut appelé à professer la
théologie. Plusieurs prêtres de la capitale ontsuiviles leçons qu'il donnait
de cette science. Sa santé ne lui permit pas de continuer cet enseigne-
ment.
A 27 ans, il fut nommé chanoine honoraire et grand vicaire de Luçon ;

à 29 ans, grand vicaire d'Amiens. Pendant onze ans qu'il passa dans ce
dernier diocèse, il s'y occupa d'une manière très active de l'administration
ecclésiastique y rétablit les retraites pastorales, les synodes, les confé-
; il

rences, y fonda une caisse de secours pour les prêtres âgés et infirmes,
visita plus de 700 églises, en fit réparer uu grand nombre, fit restituer

aux fabriques une foule de fondations, rédigea la plupart des actes émanés
de l'autorité ecclésiastique, s'appliqua à connaître à fond le clergé et
chacun de ses membres- 11 laissa partout des traces ou des monumens
d'une administration éclairée, vigilante, très zélée pour la discipline et
principalement pour assigneràchaque prêtre le posteie plus proportionné
il sestalens, à ses vertus et à son caractère. Dans le même tems, il s'occu-
pait de difiérens ouvrages dont nous donnerons ci-après la liste.

Quelques-unes des instructions com^pQiéei par M. Affre, et notamment


celle qui avait pour objet le recouvrement des biens des fabriques, don-
nèrent à M. lévèquedHermopolis la pensée de le faire entrer au Conseil
d'état en qualité de maître des requêtes. Sa nomination était même
arrêtée en 1826; mais elle supposait la formation d'un comiic ecclésias-
tique, institution dont M. de Corbières, alors ministre de lintérieur,
empêcha la création. En 1828, !M. Feutrier proposa à M. Affre la place

de secrétaire-général du ministère des affaires ecclésiastiques. Mais ce


prélat était alors en lutte avec tous les évèques de France, à l'occasion
des ordonnances du 16 juin. ^I. Affre ne voulut pas accepter. En 1829,
M. de Montbel le fit sonder pour savoir s il serait disposé à accepter le
poste de chef de son cabinet. M. Affre répondit encore négativement à

ces avances.

M. Affre continua donc ses utiles travaux comme grand-vicaire. Au


moment de la révolution de juillet, il s'opéra, comme tout le monde sait,
une reaction contre le clergé. Dans le diocèse d'Amiens, elle se fit sentir
par des dénonciations multipliées, des exigences tracassières et une sur-
veillance peu bienveillante, pour ne rien dire de plus. M. Affre, sur lequel
rr'lombait presque tout entier le poids de l'administration, déff^ndii
NOUVELLES ET mÉLAKCES. 307
arec zèle, et même avec une grande énergie, l'indépendance du clergé.
Mais il n'eut jamais la pensée de se livrer à une opposition politique
contre le nouTeau gouvernement.
En i834, M. Affre
s'étant rendu à Paris pour faire imprimer une
troisième édition du Traite de l'administration temporelle des pa-
roisses, fut, à son grand étonnement, invité par Mgr de Quclen à accep-

ter des lettres de grand vicaire. La haute idée qu'il avait des qualités de
ce prélat le décida à accepter. Il résista, en cette circonstance, aux con-
seils de plusieurs personnes qui loi faisaient envisager cette position
comme devant lui fermer à loat jamais l'entrée dans l'épiscopat.
En même tems que M. Affre acceptait des lettres de grand vicaire
de Paris, .Mgr l'évèque de Strasbourg sollicitait sa nomination en qua-
lité de coadjiiteur de son siège. M. Affre consentit à être présenté par
ce prélat; mais le gouvernement résista d'abord aux instances de Mgr
de Trévcrn : il ne les continua pas moins avec beaucoup de persévé-
rance, malgré les invitations réitérées de M. Affre, de ne pas faire de
nouvelles tentatives pour surmonter les obstacles alors existans. Trois
ans plus tard, ce prélat, ayant trouvé des dispositions plus favorables,
forma une nouvelle demande, qui fut enGn couronnée de succès.
En iSSy, M. Affre publia son Traité de la proprie'tê des biens ec-
clésiastiques, avec la conviction que cet ouvrage éloignerait pour tou-
jours de lui le projet de changer sa modeste existence.
Dès lors, il prit la résolution de travaillera un ouvrage fort étendu
sur le droit canon, et s'en occupa deux années de suite. C'est princi-
palement pour être plus libre de se livrer à ce genre de travail qu'il pria
son archevêque de lui permettre de demeurer étranger aux affaires de
l'administration.
A la fin de iSSg.M. Affre, ayant é'.é nommé coadjuteurde Strasbourg,
se préparait à l'exercice de ses nouvelles fonctions, lorsqu'il fut appelé
I)ar le chapitre métropolitain de Paris à celles de vicaire-général ca-
pitulaire.
Depuis le commencement de cette administration, il s'est occupé, de
concert avec ses collègues, conformément à l'esprit de l'Eglise, à éviter
toute innovation ; à faire, pour les intérêts du diocèse, des actes con-
servatoires d'une assez grande importance, et enfin à maintenir partout
l'union entre tous les membres du clergé.

Voici maintenant quelques détails sur les ouvrages publiés jusqu'à


présent par M. Affre :

I. Traite' (noaveaiii) des écoles priinaircs. ou Manuel des instituteurs


et institutrices. Amiens, Caron-Vitet; et Paris. Moronval, i8'i6, in-j8
398 IVOUVELLËS ET MELANGES.

(i fr. 5o). — Ce livre, à la portée des esprits les plas simples, est un des
plas utiles que l'oa puisse recommander aux instituteurs.
II. Traité abrégé touchant les biens des fabriques. Amiens, Caron-
Vitet, 1826, in-8°. — Petit traité complet sur la matière.
III. Traité de V administration temporelle des paroisses^ suivi d'une
table chronologique qui renferme le texte des principales lois et d'un
grand nombre de décrets et d'avis du Conseil d'état, avec 1 analyse ou

l'indication d'autres documens moins importans. Paris, Ad. Leclere,


1827. — 5" édition, revue et augmentée i855 in-8° (5 fr. 5o).
, Le
,

clergé a adopté dès sou apparition cet ouvrage qui fait connaître au prê-
tre tous ses droits et tous ses devoirs.
IV. Abrégé de l'ouvrage précédent, à l'usage des marguilliers des
églises rurales et des élèves des séminaires, i855, in-Sodeaôop. (af.So).
V. Essai historique et critique sur la suprématie temporelle du pape
et.de ï Eglise, etc. Amiens, 1829 iu-80 , (6 fr.) — C'était le tems où les

questions dites gallicanes et ultramontaines donnaient lieu à un polé-


mique exagérée; M. Affre y soutenait les opinions de Saint-Sulpice. Mais
les nouvelles études historiques,les aveux et les jugeniens d'écrivains même
protestans ont fait considérer ces questions sous un nouveau jour, tout
favorable à la cause de l'Eglise. \

VI. Nouvel essai sur les hiéroglyphes égyptiens, d'après la critiqué


de M. Klaproth sur les travaux de M. Champollion jeune. Paris, in-8"
de 00 pages. — C'est un abrégé de l'ouvrage in-4° de M. Klaproth, qui
jugea beaucoup trop sévèrement les travaux de notre célèbre égypto-
logue, comme l'a fait observer M. de Ssicy {Notice sur Champollion).
VII. Traité de la propriété des biens ecclésiastiques; avec cette
é^\gTA\>\\e : Res clamât domino suc. iSS;. Paris, Adrien Leclere, in-8«

(5f.) — Cest une courageuse et savante protestation contre les actes du


gouvernement, qui à cette époque, sanctionna par une loi la spoliation

et la destruction du palais de l'archevêché. Nous en avons rendu compte


dans nos Annales, tome xvi, p. 257.

VIII. Comme éditeur, M. Affre a donne ses soins à la troisième édi-


tion des Instructions sur le rituel de Langres de M., le cardinal de La
Luzerne. i835. Paris, Méquignon-Junior, 5 vol. in-12. Il a enrichicelte

édition de notes nombreuses et savantes, qui font de cet ouvrage un ex-


cellent résumé de théologie et de discipline ecclésiastique sur les sacre-

mens, les censures et la conduite des clercs.


IX. On cite également comme ayant été imprimé sous sa direction
un Livre d'heures complet, eu latm et en français, à l'usage de Paris t-i
INOUVliLLJjLb ET MÉLAISGËS. 399
des diocèses qui suivent le rit parisien. Paris , Hetzel et Paulin, lëSy.
In- 18.
X. Le Slandemeni capitulaire pour ranuée 1840, où sont exposés et
réfutés avec une grande force et une grande clarté de style les prin-
cipes du panthéisme moderne.
Outre les divers ouvrages dont nous venons de parler, M. Affre a
fourni à différens journaux, et notamment à Y Ami de la JReligion^
jusque vers la fin de i838, un grand nombre d'articles de critique sur
des ouvrages historiques, philosophiques et littéraires.
Enfin , M. Affre a bien voulu participera nos travaux en insérant
dans notre numéro 67 (janvier i836, t. xii, p. 7), un Examen critique
de t histoire de la décadence du paganisme en Occident, par M. Beu-
gnoi; ouvrage qui vient d'être mis à l'index.
Outre les ouvrages imprimés, nous savons que M. Affre travaille de-
puis plusieurs années à deux écjils d'une haute importance , l'un sur
V étude des lois civiles dans leurs rapports avec les lois de l'Eglise ; l'au-
tre , histoire complète des lois portées par les rois chrétiens, depuis
Constantin jusqu'à nos jours , lequels formeront une véritable histoire
du droit canon, de son origine, de ses causes et de son influence sur la
civilisation. Différentes fois , M. Affre nous avait fait espérer d'enrichir
notre recueil de quelques extraits de ces travaux ; nous espérons que
ses nouvelles occupations lui permettront d'achever cet ouvrage, et que
nous pourrons en donner quelques Jragmens, L'Ami de la religion
parle eu outre d'un livre sur ï indépendance de l'Eglise, et sur la tolé-
rance, nous croyons que ce sont des chapitres ou des parties de l'ou-
vrage dont nous parions.
Tels sont les principaux titres qui nous font dire que l'administration
de Mgr Affre sera marquée par une impulsion nouvelle et puissante
donnée aux études dans le diocèse de Paris. Kous qui depuis dix ans
n'avons eu d'autre but dans nos travaux nous devions naturellement
,

nous réjouir de voir arriver un archevêque qui réaliseia quelques-unes


de nos espérances^ et nous avons dû le dire avec franchise. JN'ous n'a-
jouterous plus que deux choses : la première, c'est que si M. l'abbé La-
cordaire a commencé ces belles conférences qui attirent toutes les
années à Paris les esprits les plus éclairés, c'est à M. l'abbé Affre qu'on
le doit.Quelques prêtres, qui trouvaient sans doute que M. l'abbé La-
cordaire n'annonçait pas bien la parole de Dieu, parce qu'il ne l'an-
nonçait pas tout-à-fait de la même manière queux, avaient fait retirer

en i85ti la permission donnée par Mgr de Quélen ; c est M. l'abbé Affre


401) .NOUVELLES EX MELÂJNGES.

qui fit l'évoquer la défense, en se chargeant d'examiner à i avance le ca-

nevas de loraleur. Nous tenons de M. Aflre, que jamais prêtre n'a été
plus soumis à l'Eglise ,
plus disposé à écouter les conseils de la critique,
que ne le fut l'orateur ; et de M. l'abbé Lacordaire, que jamais critique
ne jugea les doctrines et les expressions, le fond et la forme avec plus
délévationet de compréhension que M. l'abbé Affre. Nous savons encore
que le même esprit de discernement et de conciliation avait été porté
dans l'affaire de M. l'abbé Bautain, qui était réglée déjà, nous avons

lieu de le croire, avec le coadjuteur de Strasbourg. Enfin, nous croyons


que le nouvel archevêque portera dans toute l'administiation de son
diocèse cet esprit de foi, de science, d'ordre et de conciliation qui font

connaître et bénir partout les doctrines catholiques et ceux qui en sont

les conservateurs et les distributeurs. A. B.


Traduction française de ioiis les ouvrages de Corifucius par un mis-
sionnairefrançais Dans une lettre adressée du Ton-King, par M. Mas-
.

son, prêtre des missions étrangères, nous trouvons le passage suivant que
nous signalons à nos lecteurs :

« Savez- vous à quoi je me suis occupé pendant tout ce tems où il

m'était impossible de vaquer à mes occupations ordinaires ? /e /ne suis

occupé à traduire en français tous les ouvrages de Conjucius et ses com-


mentateurs. En six mois j'en ai mis dix-sept volumes sur le métier. Ne
vous scandalisez pas, je vous en prie, de me voir occupé à de semblables
choses pendant des momens si critiques. Songez que je n'avais absolu-
ment avec moi, en fait de livres latins, que mon bréviaire et mon Imi-
tation. N"étais-je pas trop heureux d'avoir des livres chinois pour m'ai-
der à passer mon tems, qui sans cela me serait devenu insupportable?
D'ailleurs, je puis vous assurer que les livres chinois ne sont pas aussi

athées que je l'avais entendu dire en Europe, et qu'on y trouve bien des
choses qui prouvent que la religion des Chinois d'autrejois était abso-
lument la même que celle des anciens patriarches. Le dogme de l'exis-

tence de Dieu et de l'immortalité de l'âme me semble bien clairement

enseigné. En résumé, je crois qu'il est complètement impossible à lira-

piété de s'appuyer le moins du monde sur les livres chinois.»


La traduction complète des livres de Confucius n'a jamais été faite ni
en latin, ni en français. Nous désirons bien vivement voir arriver en
France cette traduction. Nous en avons déjà parlé aux supérieurs de
M. Masson, qui nous ont promis d'en hâter l'arrivée autant que cela leur
sera ])0ssible.
,

ANNALES ioi

DE PHILOSOPHIE CHRETIENNE.

GHoiiuieto 6. c)ui/p 18/1.0.


^'^^%^'%*^^ V. i^«.«.^«

INSTITUTIONS LITURGIQUES.
Par le R. P. Don Guérajsger,
abbc de Solesmes '.

Saiia! PoDtiticH iiirii rt Mcret Liturgiif UtditicUïf


tauescculcs coiifo?frf

ÎJifmifr articU'.

Importance de la Liturgie. —Travaux des uouveaux Bénédictins. — 3î.i-

licrcs contenues dans ce volume. — Plan général de — l'ourj-age.

Analyste de l'histoire de la Liturgie. — Textes liturgiques des premiei s

Pères.

Si l'on consent à voir dans la religion autre chose qu'un rap-


port invisible et purement individuel, une espèce de commerce
interlope entre Dieu et l'homme ; si l'on veut bien reconnaître
que les liens qui unissent la créature au créateur doivent embras-
ser l'être fini tout entier et s'étendre à toutes les conditions de sa
nature, il faudra bien admettre que le sentiment religieux doit
revêtir des formes extérieures etseusibles qui correspondent à la
nature corporelle de l'homme, et que ces formes doivent avoir

• Tome 1", au Mans, chez Fleuriot, libraire-éditeur; et à Paris, chez


Debécourt. Pri.x :
7 fr. 5o.
m' ^LRiE. TOME i.—^- 6. ISiO. 26
402 INSTITUTIONS

quelque chose de public et de solennel qui corresponde à sa


nature sociale. Ces formes visibles constituent le culte extérieur^
lequel, élevé au rang d'institution sociale, n'est autre chose que la
Liturgie.
La Liturgie est donc l'expression la plus haute et la plus com-
plète de la prière, et par conséquent de l'esprit religieux dans
une société'. Cette seule observation devrait suffire pour en mon-
trer l'importance et pour justifier le soin qu'avaient pris les
anciens législateurs afin de la rendre respectable au peuple. Dès
la plus haute antiquité,
en effet, et bien avant qu'on eût imaginé
de donner aux associations humaines un autre fondement que la
religion, nous voyons ces personnages que l'histoire honore du
titre de fondateurs des cités, de civilisateurs des hommes, mettre

au nombre des fonctions les plus saintes celles qui concernent le


culte ; ils ne craignent point d'entrer à cet égard dans les détails

les plus étendus; rien ne leur paraît minutieux quand il s'agit

de matières liturgiques, et cette sollicitude ])art d'un principe si

vrai et si profond qu'on ne peut s'empêcher de rendre hommage


à leur haute sagesse, tout en déplorant qu'elle ait été mise au
service de religions fausses et de honteuses superslitions.Toujours
est-il qu'au milieu des souillures qu'elle avait contractées en tra-
versant les siècles, la tradition primitive conserva dans toute sa
puretécette vérité incontestable, que toute famille, toute cité, tout
corps de nation, doit, en sa qualité d'être moral, des honneurs
publics à la Divinité, et que ces honneurs doivent faire l'objet de
règlemens au moins aussi importans que le reste de la législation.

Mais il n'est pas de notre sujet d'exposer ce que la religieuse

antiquité dépensa de zèle et de précautions en faveur de rites


corrompus, pas plus que d'expliquer comment il a pu se faire

qu'au sein de la vraie religion, la seule qui soit l'expression réelle

des rapports de l'homme à Dieu, la seule par conséquent qui


possède une liturgie sainte et vénérable à tous égards, cette partie
des choses sacrées soit tombée, il faut le dire, dans une sorte de
négligence et de mépris.
N'est-ce point là pourtant ce qui^est arrivé? Nous n'entendons
pas ici parler d< s incioyau • qui, professant un superbe dédain
LIÏUKGK^liES. 403
pour toute doctrine surnaturelle, ne sauraient faire beaucoup de
cas des formes extérieures, qui ne sont que la représentation et
comme le corps visible de ces doctrines. Ceux-là sont à plaindre
sans doute; toutefois leur conduite est rationnelle en ce point.
Mais parmi chrétienseux-mêmes, combien d'hommes ayantla
les

foi, se piquant même de piété, qui n'attachent pas le moinfîrë inté-


rêtà un grand nombre de pratiques observées par l'Eglise, qui les
taxent du haut de leursagesse d'inconvenance et de minutie, s'ils

n'osent aller jusqu'à en sourire ouvertementpauvres aveugles, ;

qui devraient plutôt rougir de leur ignorance et s'humilier de


paraître moins intelligeus du culte catholique' qu'un païen éclairé
ne l'était des mystères d'Eleusis ou de la Bonne déesse.
L'ignorance, l'ignorance extrême de tout ce qui a^^partient à la
religion ; telle est lasour ce du mal que nous df^jiloions. Trou ve-t-on
beaucoup de qui se mettent en pçine des cérémonies dont
fidèles

nos temples offrent chaque jour le touchant spectacle, qui cher-


chent à en comprendre le sens, qui soupçonnent seulement que
ces matières peuvent èti-e l'objet d'une étude sérieuse et appro-
fondie? Chose honteuse pour un siècle qui s'honore, et non'satis
quelque raison, du litre de siècle des lumières î II y a dessavans

qui veulent sonder les mystères de la création matérielle et an-a-


cher à la nature quelques-uns de ses secrets, d'autres s'atiachent
avec une invincible persévérance à secouer les ruines qui couvrent
le monde païen , à reconstrire au physique et au moral la
cité antique dont ils demandent surtout la clef aux débris incom-
plets des cultes éteints ; des esprits fort distingués consacrent leur
vie et leur fortune à ces études arides, et tandis qu'ils se croient
trop payés de leurs peines par une simple découverte dans la
liturgiedes Pélasges ou des Etrusques, il est des eufans de
l'Eglise (et malheureusement leur nombre n'est que trop grand)
qui ne se mettent nullement en peine de la liturgie chrétienne,
en connaissent à peine les premiers elémens et ignorent peut-être
jusqu'à la signification de ce mot.

Et toutefois quelle partie delà .scic;-!ce religieuse a plus d'attraits


et répond mieux à toutes les facultés de l'àme? Quelle autre

s'adresse plus vivement à l'intelligence, à l'imagination, à ce


404 l.NSTlTUTIOiSS

besoiu inné d'émotious douces et fortes? D'un autre côté qu'y


a-t-il de plus propre à fixer d'une manière inébranlable le fonde-
ment de la foi, à couper court aux objections dirigées contre nos
sainlsmystèresquede montrer comment ces mystèress-appliquent
aux circonstances les plus ordinaires de la vie humaine, comment
on en retrouve le type jusque dans ses plus intimes profondeurs?
Nous ne craignons pas de le dire parce que telle est notre convic-
tion , si le raisonnement seul appliqué aux investigations reli-

gieuses laisse trop souvent l'intelligence dans les ténèbres, le cœur


froid, et ne préserve pas toujours de chutes déplorables, nous
croyons impossible qu'un homme nourri d'études solides sur le

culte catholique, qui serait familier avec ce magnifique symbo-


lisme au mo^'en duquel la religion embrasse l'homme et l'univers
tout entier, montre le rapport entre la vie morale et la vie phy-
sique, et nous dévoile quelques-unes des harmonies du monde
surnaturel, si supérieures à toutes les beautés du inonde des
corpSj nous croyons impossible qu'un tel homme en vînt à renier

sa foi, à cesser d'aimer et de vénérer celte Église chrétienne ù


laquelle il se sentirait attaché par l'âme et parle corps, par chaque
pensée de son esprit comme par chaque fibre de son cœur.
Voilà peut-être assez longtems qu'on cherche à ramener la foi

par la controverse, assez longtems on a montré le catholicisme


uniquement occupe' à repousser les traits d'ennemis qui ne se
lassent point de le poursuivre, fiers qu'on leur fasse une si favo-
rable condition.
Nous apprécions, certes, autant que personne le zèle qui
suscitechaque jour de nouveaux apologistes, et nous applaudis-
sons aux succès dont Dieu se plaît à couronner leurs efibrts; mais
cela ne nous empêche pas d'être douloureusement émus lorsque
nous voyons notre sainte et immortelle religion réduite à jouer
un rôle purement passif, à résister, à se soutenir, conime un
système ébranlé auquel on pourrait donner pour emblème ce
chef-d'œuvre de la statuaire antique qui représente un guerrier
couché sur l'arène, percé de blessures et l'cpée brisée, n'ayant
plus qu'un bouclier pour couvrir son noble corps et protéjïcr
quelques instans encore une vie chèrement vendue. Non, ce n'est
LITURGIQUES. AOj
point là la religion de Jésus-Christ telle que nous avons appris
à la connaître, telle que la prêchaient les apôtres, telle que l'ont
comprise les saints Pères et les docteurs.

Au lieu donc de se borner à la défensive et avec des armes très


incomplètes, ne serait-il pas urgent de prendre une position
plus convenable? Aujourd'hui que la chaire est le seul moyen
d'instruction relit;ieuse pour le plus grand nombre, ne faudrait-il
pas s'y poser en docteurs et en maîtres, à l'exemple du Sauveur
qui enseignait comme ayant pouvoir d'enseigner, tanquam poles-
iatem habens ; et, au lieu de répondre sans cesse à dos objections
sans cesse renouvelées avec une égale intelligence et une égale
bonne foi, ne vaudrait-il pas mieux instruire sur le fond même
de la religion, en développer l'ensemble, initier enfin à la connais-
sance de ce divin système, où la sublimité des dogmes, la pureté
de la morale, la majesté du culte se soutiennent l'une l'autre, et
s'éclairent de mutuels rayons? Croit-on que cet enseignement
vraiment catholique, vraiment conforme aux traditions, ne serait
pas tout aussi propre à faire des chrétiens que des discussions
philosophiques dont les esprits sont fatigués depuis longtems,
comme on peut s'en apercevoir ?

Or, entre lesdivers aspects sous lesquels le christianisme peut


»"lre présenté, nous croyons que le cùté liturgique est un de ceux
qui offrent le plus d'avantages. D'abord il parait exempt de
plusieurs inconvénient auxquels n'échappe pas toujours le côte'

doctrinal et pratique. Si le dogme s'élève à des hauteurs où la


raison de l'homme ne saurait l'atteindre, si la morale offre des
aspérités cjui effraient certaines volontés faibles et malades, notre
culte si doux et si grave, si simple et si pompeux, n'a certes rien
de repoussant ni de trop aride. Au contraire, quelle mine inépui-
sable de richesses ne renferme-t-il point I Quelle source de
liuuiôres et d'émotions dans ce sacrifice de nos autels, si peu
compris, qui cependant est le pivot de toute la Relipion chrétienne
et forme le nœud sacré au moyen duquel l'ordre naturel est atta-
ché à l'ordre surnaturel I Quelle poésie dans ces sacremens, ces
au secours divin qui coule sur l'homme sou»
sept portes ouvertes
de mystérieux symboles, à chaque gronde époque, et, s'il le veut,
Miù INSTITUTIONS

chaque jour de sa yie, el dans ces autres riles par où la grâce de


Dieu se répand jusque sur les objets destinés à nos usages, et,pe'né-
trantla nature inanimée^ commence <iès maintenant cette restau-
ration universelle des choses, dontparle si magnifiquement l'apô-
tre saint Paul I

Mais se présente ici une grave objection. Celte exposition de


la liturgie chrétienne ,
qui peut la faire aujoud'hui ? Il ne s'agit

pas seulement de tracer des tableaux d'imaginalion ou de com-


poser des théories plus ou moins séduisantes, il s'aj>it d'être
familier avec toutes les branches de la science ecclésiastique,
qui toutes ont un rapport intime avec la liturgie ; il faut sur-
tout une coijnaissance approfondie des anciennes traditions ,

les avoir cherchées dans les nionumens des premiers siècles


non moins que dans les écrits des Pères, en pouvoir suivre la
marche à travers Us âges, posséder à fond les règles et les inter-
prétations dont eiies ont été l'objet. Or, celte science, où la trouver
de nos jours? Où sont les maîtres et, à leur défaut, où sont les
livres qui l'enseignent? Quant aux livres, à la vérité, ce n'tst
point leur dél'autqui peut être opposé, mais plutôt leur multitude
bien faite pour décourager l'érudition facile et un peu pressée de
nos contemporains, muliitudetelle que, sans compter les immen-

ses recueils sprciaux, il n'est peut-être pas un seul auteur ecclé-


siastique de quelqne valeur qui n'ait laissé des travaux sur la
liturgie.

C'est dans le but d'aplanir au moins quelques-unes de ces


diflrcultcs el de faciliter au grand nombre des hommes studieux
el éclairés la connaissance du culte chrétien, c'est surtout pour
.servir à renseignement des séminaires, un peu en arrière sur cet
article, on n'en saurait disconvenir, que le Révérend Père abbe'
de Solesines vient de publier ses Insiiliilions liturgiques, dont nous
avons à entretenir nos lecteurs.
Il n'est aucun d'enlr'eux qui ne se soit réjoui d'apprendre, il y

a quelques années, que l'ordre des Bénédiclins poussait de nou-


veaux rejetons sur cette terre de France qu'il avait couverte jadis

de glorieux monumens. Déjà, du fond de leur studieuse retraite,


les enfans de saitit Henoît ont 'donné plus d'une fois au public des
LITURGIQUES. A07
Trnits de leurs travaux qui commencent à peine. Le premier
volume des Origines de l'Eglise romaine *, qui n'est que l'intro-
duclion à un ouvrage très considérable, a pu faire connaître
quel était le genre d'études auxquelles la nouvelle congrégation
allait se livrer, et surtout l'esprit éminemment orthodoxe et tout
romain dont elle était animée. Yoici une nouvelle publication
digne de fixer l'attention des esprits sérieux, particulièrement du
sacerdoce qui prouve que l'ombre d'un cloîlrepeut encore servir
,

d'.isile à la science aussi bien qu'à la piété. Laissons le révérend


abbé de Solesmes nous exposer lui-même toate l'importance delà
matière qui fait le sujet de son livre.

« Maintenant, c'est la grande mode de se porter défenseur de


toute sorte d'antiquités; une nuée innombrable d'archéologues
s'est levée sur le pays, et nos monumens, religieux surtout, sont
désormais à l'abri non-seulement delà destruction, mais de toute
mutilation, de toute réparation indiscrète. Le plus bel accord
règne sur ce point entre nos autorités civiies et ecclésiastiques ;

et, grâce à une révolution si subite et si inespérée, la France


jouira, de longs siècles encore, des trophées de son antique
gloire dans les arts catholiques. Il y a là, sans doute, de quoi

rendre à Dieu de vives aclions de grâces. Quand, en 1832,


nous autres, pauvres prêtres inconnus, arrachions aux mains des
démolisseurs l'admirable monument de Solesmes, qui demandait
gi'âce au pays depuis tant d'années, nous étions loin de penser

que nous étions à la veille d'une réaction universelle dont le


résultat devait être la conservation passionnée de tous les débris
de notre ancienne architecture religieuse et nationale.

» Aujourd'hui donc que les pierres du sanctuaire, devenues


l'objet d'une élude et d'une admiration ardentes, ne courent plus
le risque d'être dispersées par des mains vandales ou mal habiles ;

que tous les efforts sont concentrés pour produire des restau-
rations complètes, et au besoin, des imitations exactes dans les
cintres, les ogives, les rosaces, les vitraux, les boiseries ; n'est -il

pas tems de se souvenir que nos églises n'ont pas seulement

'
Un vol iii-}, chez Debécourt, libr. Piix : 12 fr.
M\6 i^àTATiiTipxs

^ouûertjilap^ Mîif 3 i^uraiiles, leuis voiites et leur mobilier sécu-


laire, mais qu'elles sont veuves surtout de ces anciens et véné-
rables cantiques dont elles aimaient tant à retentir; qu'elles sont
lasses de ne plus repéter, depuis un siècle, que des accents nou-
veaux et inconnus aux âges de foi qui Après tout,
les élevèrent.

les paroles de la liturgie sont plus saia|^, plus précieu^e^^^nçore


que les pierres qu'elle sanctifie. ... ,> . . ;.

/vXa liturgie n'est-elle pas l'âme de nos cathédrales? Sans


elle, que sont-elles, sinon d'immenses cadavres dans lesquels est
éteinte la parole de vie?Or donc, songez à leur rendre ce qu'elles
ont perdu. Si elles sont romanes, elles vous redemandent ce riie
romain que Pépin et Charlemagne leur firent connaître si leurs ;

arcs s'élancent en o^^ives, elles réclament ces chants que saint


Louis se plaisait tant à entendre redire à leurs échos ; si la renais-

sance les a couronnées de ses guirlandes fleuries, n'ont-elles pas


vu les évèques du seizième siècle inaugurer sous leurs jeunes
voûtes les livres nouveaux que Rome
venait de donner aux
églises? Toute notre poésie nationale, nos mœurs, nos institu-
tions anciennes, religieuses ou civiles sont mêlées aux souvenirs
de l'ancienne liturgie que nous pleurons. C'est ce que nous ferons
voir dans ce livre, tout insuffisant qu'il soit: nous oserions même
penser que malgré sa destination cléricale, le poète, l'artiste,

l'archéologue, l'historien auraient quelque chose à y puiser.


» Quoi qu'il en soit, nous lui avons laissé le modeste titre à'in-

stUul,ions liturgiques comme à un ouvrage spécialement destiné à


l'enseignement. Son but principal est d'initier les plus jeunes de
nos frères à l'étude de ces mystères du culte divin et de la prière,
qui doivent faire la principale nourriture de leur vie. Une entre-
prise de librairie ecclésiastique, dont les directeurs connaissaient
notre projet, nous avait demandé d'insérer cet ouvrage au rang
de ses publications. Il a donc été annnocé comme devant paraître
en 1838. Nous avons reçu à ce sujet les plus précieux encourage-
mens, et nous savons à l'avance que l'objet de ce livre, s'il doit
déplaire à quelques-uns, a déjà pour lui de nombreuses sympa-
thies. Nos forces physiques n'ayant pas répondu à notre attente,

nous nous sommes trouvé oblig^é de diiTérer la publication d


LITURGIQUE?!. 'lOS

ce piemier volume jusqu'au nioineat présent, où nous le faisons

paraître sous notre seule responsabilité '.»


Ailleurs, le révérend abbé trace en ces termes le plan général

(le l'ouvrage qui doit renfermer l'ensemble de ses travaux sur la


liturgie :

Nous avons voulu, dans ce livre, donner, comme l'indique


«

son titre, im enseignement général de toutes les matières qui


concernent la science liturgique, et voici les objets que nous nous
sommesproposé de traiter. D'abord, l'histoiie étant le fondement
et le cache de tout enseignement ecclésiastique, nous avons pris
non encore tentée avant nous, de donner
la tâche difficile, et
Yhistoire générale de la liliirgie. Nous la conduisons dans ce

premier volume jusqu'à l'ouverture du XYII* siècle. Dans ce


récit, nous avons fait entrer un grand nombre de détails qu'il

nous eût été impossible de placer ailleurs, et dont la connais-


sance et l'appréciation étaient indispensables pour l'intelligence
de la liturgie considérée tant en général qu'en particulier.
M En rédigeant cette importante partie de notre travail, nous
n'avons pas tardé à reconnaître que ce coup d'œil historique serait
insuffisant, si nous n'y faisions pas entrer une notice chronologique
et bihliogrnphiqiie des auteurs qui ont traité de la Liturgie, ou
composé les formules liturgiques. Nous avons, pour celte partie,
proGté de l'excellente Bibliotkeca ritualis de l'illustre Zaccaria, a
laquelle, du reste, nous avonsajouté plus de quatre-vingts auteurs
pour les seize premiers siècles seulement ^ Nous avons réduit
ces sortes de notices à la plus petite dimension possible, pour ne
pas trop grossir le volume, et dans les articles qui nous sont com-

' Institutions liturgiques, i>vé(a.ce, p. xviii.


^Parmi les litiirgistcs oubliés par Zaccaria, et que nous avons recueillis,
nous citerons: Victorin, Prudence, saint Paulin, Sedulius, Cassien ,
saint Césairc, Cliiipéric, saint Léon II, saint Chrodcgang, Cliarlema-
gne, Hélisacar, LoupdeFcrrière3,CliarIes-le-Chauve, Foulques II d'An-
jou,Guy d'Auxerre, Hartmann, Ekkelirt, Létalde, Adelbode, Alphane,
Marbode, Guignes, Abailard, Adam de Saint-Victor, Maurice de Sully,
Ccnci de Sabclli, Alain de Lille, le B. Charles de Blois, Claude de
Sainctes, Golésini. Krasmo, Démochari's, ïMuret, Siîvio Antoniani, etc.
^

A10 INSTITUTIONS

munsavecZaccaria,de même que nous n'avons pas toujours inse'ré


les livres qu'il cite, ainsi nous en avons plus d'une fois produit
qui lui étaient échappés.
» L'histoire liturgique de l'Eglise que nous devons conduire
jusqu'au XIXe siècle étant terminée, nous commençons à traiter

les matières spéciales. A la suite des notions nécessaires sur les


libres de la liturgie, sur le calendrier, sur le partage du lems et
ses mystères nous passons à l'explication des
dans la litur^^ie,

tradilions et des symboles contenus tant dans la partie mobile


del'Année ecclésiastique, que dans la partie immobile de ce Cycle
merveilleux.
» Le Sacrifice chrétien est ensuite traité avec tous les détails qui
peuvent contribuera bien faire connaître ce centre divin de toute
la liturgie. Nous venons après cela aux traditions qui concerneul
les Sacremcns, ces sept sources desquelles émane sans cesse le
salut du peuple chrétien. L'ensemble imposant des Sacramen-
taux attire ensuite notre attention et nous fournit l'occasion de
montrer la réhabilitaCion universelle de l'œuvre de Dieu, par
la vertu de la Cioix, d'où découle le divin pouvoir de l'Eglise.
Une dernière partie comprend les actes et fonctions liturgiques
qui ne se ran^,ent pas sous les divisions que nous venons d'in-
diquer.
» Après avoir développé eu détail toutes les parties de cette
So«nme, nous la faisons suivre de plusieurs traités spéciaux dans
lesquels nous examinons : 1" les règles de la symbolique eu
matière de liturgie ;
2*^ la langue et le style de la liturgie; 3" le
droit de la liturgie ;
4^ l'autorité de la liturgie comme moyen
d'enseignement dans l'Eglise, et nous terminons cette dernière

subdivision de notre sujet par un petit travail dans lequel, sous le


tiom de Theologia litilrgica , nous avons rangé par ordre de
matières tout ce que la liturgie, telle cjue Rome la j)romulgue
aujourd'hui , renferme de secours pour l'éclaircissement du
dogme ei d« la morale catholiques...
>» L'ouvrage entier, poursuit l'auteur, iormeia cinq volumes :

'
Préface, p. xiii.
le' seconcl"'patiiftrft dans le couinnt de l'ànheè' prébehte, et les

autres suivront à des intervalles très rapprochés. Avant fait de


longues et sérieuses éludes sur la liturgie, nous avons le projet
de publier, eft dehors de ces institutions, plusieurs traités spé-
ciaux. Nous indiquerons seulement ici le projet d'une Année
liturgique, travail destiné à mettre les fidèles en état de profiter
des secours immenses qu'offre à la pieté chrétieiMie la compré-
hension des mystères delà liturgie, dans les différentes saisons

de l'année ecclésiastique. Cet ouvrage n'aura rien de commun avec


les diverses Années chrétiennes qai ont été publiées jusqu'ici. Il
sera destiné à aider les fidèle.-; dans l'assistance aux offices divins;

on pourra le porter à réglise,et il y tiendra lieu de tout autre livre


de prières. La première division de l'Année liturgique ^ava\[ra,(\e
format in-12, sous le litre à^Ai'ent liturgique, dans le courant de
l'automne de l'année prochaine, 1841.
» Quant aux Institutions liturgiques eWes-mèmes, nous espérons
lès faire suivre d'un autre ouvrage de même dimension, et d'un
genre analogue, qui portera le titre d'Institutions canoniques. On
commence pourtant à sentir de toutes parts la nécessité de con-
naître et d'étudier le droit ecclésiastique. L'indifférence dans
laquelle a vécu la France depuis quarante ans sur la discipline
générale et particulière de l'Eglise est un fait sans exemple dans
les annales du christianisme. Les conséquences de cette longue in-
différence se sont aggravées par le tems,et ne peuvent se guérir
qu'en recourant aux véritables sourcrs de la législation ecclésiasti-
que, aux graves et doctes écrits des canonistes irréprochables. Nous
n'avons })lus de parlemens aujourd'hui pour fausser les notions
du Droit, pour entraver la juridiction ecclésiastique; plus de
Gallicanisme pour paralyser l'action vivifiante du chef de l'Eglise
sur tous ses membres.
>• Nos Institutions canoniques, de.stinées, comme la Liturgique,
à l'instruction de nos jeunes confrères, nous avaient été deman-
dées par les directeurs de la même entreprise de librairie ecclé-
siastique dont nous avons parlé, et ont été annoncées au public,
il y a trois ans. Les raisons que nous avons exposées nous ayant
forcé à diftértr celle publication, nous serons eji mesure de l'cffec-
'^»l^ INSTITUTIONS

tuer après la publication totale de la Liturgique. Nous nous


abstiendrons donc d'entretenir plus longtems le lecteur sur tin
ouvrage qui s'élabore, il est vrai, dès maintenant, mais dont
l'apparition doit attendre plusieurs années encore ^. »

Voilà dans cet exposé de quoi répondre à ceux qui demandeht


au clergé de profondes études, qui, par un zèle bien louable,
voudraient le voir à la tête de la science. Les Institutions iitiir-

gii^aei forment à elles seules un ouvrage tel qu'on en contp/é^é"-

rarement aujourd'hui, un vrai travail de bénédictin. Donzeanirébs


d'étude ont à peine sulii au R. P. Guéranger pour recueillir les
immenses matériaux qu'il ne reste plus qu'à coordonnëtlèii'â *

inj:£iiK
mettre en œuvre,
Dans actuel de la science, un traité aussi étendtf et-^r
l'état

un peu familier au grand nombre des lecteurs <^igeàit


sujet si

rigoureusement d'être précédé d'une Histoire de la liturgie, il


fallait, comme introduction nécessaire, tracer le développement
du culte catholique, montrer la place qu'il occupe entre les insti-
tutions religieuses, les soins que l'Eglise a toujours pris pour en
conserver la pureté comme pour en favoriser l'accroissement et *

laperfectiott.Le premier volume des Institutions comprend, ainsi


qu'on vu plus haut, ce tableau historique de la liturgie depuis
l'a

l'étabhssement de l'Eglise jusqu'à la fin du XV!*" siècle. Il nous


reste à donner un aperçu de cette histoire, ^^'p^^i «^'i- •'s

Pour trouver le principe et le yyemier auteur de la iitorg^pp'


il faut remonter à Dieu; c'est pui qui en révéla les premières

forme* dès l'origine du monde. Les livres saints nous montrent


un culte exercé avec quelque solennité dans la famille d'Adam;
Caïn et Abel offrent des sacrifices ; leurs enfans conservent ces
rites sacrés qui paraissent avoir été de la part d'Enos l'objet
d'une religion toute parliculière *; et plus tard nous voyons que le

premier acte de jNoc, en sortant de l'arche après le déluge, lut


un acte de culte conforme aux anciennes traditions, comme pour
exprimer tout l'empressement qu'il mettait à sauver de la deslruc-

» Cen. IV. ?(>.


Lrituciiouii». 413
tion commune ce précieux dépôt, et à le transmettre à la posté-
rité aussipur Les patriarches^ fidèles aux or-
qu'il l'avait reçu.

dres divins,ne cessent d'exercer les fonctions poniiGcales aussi


bien que celles de chefs de famille et de triba. Enfin paraissent
Moïse et Aaron, l'un^ législateur, recevant de Dieu même sur le
Sinaï,les prescriptions les plus formelles sur tout ce qui concerne
le culte agrandi, perfectionné, élevé au de(^ré de la liturfjie pu-
blique et nationale ;rautre, pontife suprême, chargé de perpétuer
l'ordre sacerdotal et de présider à toutes les choses saintes.
Mais ce n'est qu'à l'avènement du Messie que ces observance^

«mltipliées, qui n'étaient que figures et symboles, eurent leur


réalisation. L'un des motifs qui, dans les conseils éternels, prési-^

dèrent à l'incarnation du A erbe, fut, comme la foi nous Tap-


])icml, de rendre à Dieu rhonneur qui lui était diji et d'enseigner

aux hummes à l'adorer en esprit et en 'vérité. L'Homme-Dieu lit cet


enseignement par sa parole et par sou exemple. Sa passion sa ,

niojt sur la croix ne furent que l'accomplissement du grand acte


liturPjique qui avait commencé avec son incarnation, et duquel
tout le culte devait tirer son efiicaciié. Lui-mènie prescrivit à son
Eglia^y/ça le^ personne des apôtres , de peipétuer ce grand
sacrifice dont il venait de leur montrer le rite adorable ; et ce fut

lui encore qui voulut poser de sa propre main les fondemens


sur lesquels repose la liturgie chrétienne, en instituant les sept
sacremens. .t^

Ce que le Christ établit par un etïet de cet amour dont Dieu^ î


aimé le monde, les apôtres furent chargés de le conserver , de le
promulguer, de le développer, en leur qualité de ministres etÂe
dispensateurs des mystères '. Aussi regardèrent-ils toujours
comme une de leurs fonctions principales, le soin dérégler et de
perfectionner les diverses parties de la liturgie. L'auteur des
Inslitu'-ons liturgiques, s'appuyant sur des monumens de la plus

haute antiquité, invoquant tour à tour le témoignage des Pères


du premier âge et les aveux d'auteurs protestans célèbres par

' Sic nos existimet homo ut ministros Christi et dispensalores wyslc-


riorum Dei. (I Cor. iv. i.)
414 u\sTlTUTIO^s

leur science, tels que Gvabe et Grotius, fait voir la haute sagesse
de cette déclaration du concile de Trente, d'après laquelle il faut
rapporter à la tradition apostolique toutes les cérémonies qui ac-
compagnent la célébration des saints mystères , telles que béné-
dictions mystiques, flambeaux ,encensemens,liabits sacrés, et géné-
ralement tous les détails propres à relever la majesté de cette grande
action et à porter l'âme des fidèles à la contemplation des choses
sublimes cachées dans ce divin sacrifice '. Abordant ensuite son
sujet de plus près, et entrant dans Texamen détaillé de chaque
partie de la messe,il remonte à l'origine de chacun de ses rites

au moyen d'une tradition qui vient directement des apôtres. Un


résultat identique est obtenu pour les sacreniens et les autres bé-
nédictions de l'Eglise.
Et quoi de plus conforme aux simples lumières de la droite
raison? Comment les apôtres pouvaient-ils laisser à l'arbitrairesans
règ Ifixe, le culte d'une religionqu'ils voulaient porter jusqu'aux
extrémités du inonde , et pour laquelle ils étaient prêts à verser
leur sang ? Comment s'expliquer qu'ils n'en eussent point en-
touré l'observance de tout' ce qui pouvait la rendre chère et res-
pectable aux premiers fidèles, en imposant à leurs successeurs le
devoir de la maintenir et de la transmettre comme un dé-
pôt sacré à ceux qui viendraient après eux? Car il ne faut jamais
oublier que la liturgie catholique repose presque tout entière
sur la tradition, cette colonne inébranlable sur laquelle s'appuie,
autant que sur l'Ecriture, tout l'édifice du Christianisme.
Les trois premiers siècles n'ollrent, en quelque sorte, que l'éta-

blissement des Statuts apostoliques, et leur extension à tous les


lieux où pénétrait la prédication de l'Evangile. La vie des pre-
miers chrétiens se passait dans l'exercice des rites sacrés. Les nuits
aussi bien que les jours étaient occupés par la lecture de saints

* Caerimoni'as item adhibuit Ecclesia, ut mysticas benedictiones, lu-


mina, tliymiamata, vestes , aliaque id genus niulta, ex Aposlolicâ disci-
piinâ et iradiiione ,
qao et mai}ist.às tanti sacriûcii comnieudaretur, et
mentes ûdeliuni per liœc visibilia religionis et pietatis signa ad rerum
altissimaruni quae in hoc sacrificio latent^ conteraplatiouem cxcitaren-
tur. Conc. 'JridenL , sess. xxii,cap. v.
LlTLIlGigUES. 415
livres et la récitatiou des psaumes, qu'on uouvc déjà distribués
selon les heures canoniques, en mémoire des difFéreutes scènes de
la passion du Sauveur. Quant aux assemblées des premiers chré-
tiens elàla célébration du saint Sacrifice, si la persécution forçait

trop souvent à chercher un asile au fond des catacombes, on ne


saurait nier qu'il n'y eut aussi des réunions de fidèles dans les
maisons particulières et quelquefois dans des édifices où le culte

pouvait déployer plus de solennité.


Nous trouvons à ce sujet, dans l'ouvrage de Don Guéranger,
des de'tailstrop oubliés par les historiens ecclésiastiques modernes,
et qui se rapportent trop directement au but des Annales de phi-
losophie chrétienne, pour ne point les communiquer à nos lec-
teurs, bicu persuadés qu'ils apprécieront comme nous ces pages
destinées à éclairer d'un nouveau jour plusieurs points des ori-
gines chrétiennes.
Après avoir prouvé par des passages formels d'Eusèbe et d'Ori-
gèneque les chrétiens ne se contentaient pas, au tems des per-
sécutions, de s'assembler dans les catacombes ou même dans les
demeures de quelques-uns d'entre eux, mais qu'ils avaient des
temples, des églises proprement dites *, églises dont il n'est point
resté de traces , mais qui , selon toutes les probabilités , ont dû
servir de modèles aux temples qui s'élevèrent plus tard , sous
Constantin ; après avoir montre, toujours d'après des monumeus
irrécusables, tels que les actes du martyre de saint Laurent et un
inventaire des meubles de l'église de Garthage recueilli par Ba-
luze 2, que les objets employés au culte dans ces temples primitifs

dénotaient une véritable opulence , tout comme le nombreux

Eusèbe rapporte que les édits de Diocléliea portaient iDJonction de


détruire les temples des chrétiens par tout lenipire : il en existi.it donc.
Nous savons encore par Origène que l'un des efl'ets de la persécution,
laquelle commença en 206, fut l'incendie des églises, que le même au-
teur dit ailleurs avoir dès lors existé dans toute l'étendue de l'empire.
(Origen., Tract. 28, in Matthœum. — là. in Psalm. pag. 8ï. Hexapl.,
tom. I.)

' haXaz. , Miscdlan. tom, , 11, p. g5.


G

41 L\STITL'1I0AS

clergé qui se réuaissalt autour de l'évèque devait seivii' à vt-


hausser graadement la pompe des céiéinonies '
; le révércDd
auteur donne la description des assemblées clirctiennes au
jour du dimanche . telle qu'elle est présentée à l'empereur par.
l'apologiste saint Justin , au second siècle du christianisme.
*U extrême réserve, dit- il, gardée dans ce récit laisse sans douta
beaucoup à désirer^ mais Vensemblc qiCil ojjrc n'en saa pas moins
agréable et utile au lecteur. ^^ .

Le jour du soleil, tous ceux qui haJjitent soit la ville, soit la


«I

» campagne, se rassemblent dans un même lieu, et là on lit les


» Commentaires des apôtres et les Ecrits des prophètes,autanl que
M l'heure le permet. Ensuite, quand le lecteur s'est an ôté. celui qui
» préside fait à l'assistance une admonition et exhortation à imiter
» de si beaux exemples; après quoi nous uous levons tous ensemble
» et nous faisons les Prières. Ces prières étant finies, on apporte
» le pain et le viu mêlé d'eau. Alors, celui qui préside fait en-
» tendre avec force les prières et les actions de grâces, etlepeu-
» pie avec acclamation répond : Amen. On fait la distribution

» des Choses sur lesquelles il a été rendu grâces, à chacun de


« ceux qui sont présens, et on les envoie aux absens par les
» diacres. On fait ensuite une collecte
: ceux qui sont riches don-

n uent librement ce qu'ils veulent, et on dépose le tout aux mains


X de celui qui préside, et sa charge est de subvenir aux orphelins
» et aux veuves, à ceux qui sont dans le besoin pour maladie ou
» toute autre raison ; à ceux qui sout dans les liens, et aux voya-
>' geurs et pèlerins. Nous nous réunissons ainsi aux jours duso-
>> leil, tant parce que c'est le premier jour, celui auquel Diexi
» ayant dissipé les ténèbres et remué la matière, créa le monde,
» que parce qu'en ce même jour Jésus-Christ Notre-Sauveur est
» ressuscité d'entre les morts. La veille du jour de Saturne, ils le

» crucifièrent, et le lendemain de ce même jour ,c'cst-à-dire le jour

' Ad tenis de salut Corneille pape, c'est-à-dire au milieu du 5' siècle,

il n'y avait pas moins de 46 prêtres, 7 diacres, 7 sous-diacres, ^1 aco-


lytes, et 5a tant exorcistes que lecteurs et portiers attachés au service de
l'église de Rome. (Saint Corncl., EpLst. ai Fabium Aniiochcn., u' 5,

toi, l5o, apud Constattt.)


LITUKGIQLES. 4^7
»> du soleil, se manifestant à ses apôtres et à ses clisciplcs^,il|^n-
>» seigna les choses que nous venons de vous exposer, «a tur.Ti.-i

Dans un autre endroit de la même apoioi,àe, saint Juslin


<•

donne d'autres détails qui complètent les piécédens parlant :

du baptême et des rits qui l'accompagnent, il en achète la de»-


criplion par celle du divin sacrifice auquel assiste le néophyte. »
« Lorsque nous avons ainsi lavé celui qui vient de rendre té-
» moignage de sa foi en notre doctrine, nous le conduisons vers
>» ceux qu'on appelle frères , afin d'offrir des prières com-
»> niunes, et pour nous-mêmes, et pour celui qui vient d'être il-

;ï>'lùtnine', et pour tous les hommes, afin qu'arrivant à la connais-

>> sance de la vérité , ils deviennent dignes de participer à la


» même gi'âce. Quand les prières sont finies, nous nous saluons par
*"lë baiser. Ensuite on apporte à celui qui préside le pain et la
- >» coupe de vin mêlée d'eau. Celui-ci les ayant reçues, rend
rf^ gloire et louange au Père de toutes choses par le nom du Fils et
«tlu Saint-Esprit, et accomplit une longue eucharistie ou action
^> de grâces, pour ces mêmes dons que nous avons reçus du Père.
"Quand il a achevé les prière» et l'eucharistie, tout le peuple
if^ctiéi Amen. Or,fl7wera en langue hébraïque équivaut à /îat.^Ge-
»>'
lui qui préside ayant terminé les prières, et le peuple ayant

" répondu, ceux que nous appelons diacres distribuent le pain,


« le vin et l'eau, sur lesquels on a rendu grâces, afin que chacun
u de ceux qui sont présens y participent,.. et tlaontaossi le sein
)' de les porter aux absens. ..o.-. ;,,^...

•....,.„*,y, ^ . , ,

Dans ce récit succinct, nous voyons clairement exposé tout


r>

l'ensemble du sacrifice eucharistique, tel qu'il est encore aujour-


d'hui. Le jour du dimanche est celui de l'assemblée générale ; la
messe dite des cathécumènes a lieu comme aujourd'hui par la lec-
ture des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Vient en-
suite l'homélie adressée à l'assistance par le pontife, en manière
de commentaire sur les lectures que l'on vient de faire. Après
l'homélie, l'assistance se lève, et ont lieu les prières pour les be-
soins de l'Eglise et du monde entier, qui sont placées dans toutes
les liturgies avant la consécration. La consécration est, comme
aujourd'hui, précédée de l'action dé grâces, qui est une formule
ui'sïBiE. TyjiE I.— N^'G. 1840. 27
418 INSTITUTIONS

longue, prolixa, à laquelle appartient spécialement le nom d'eu-


charistie : c'est le Canon. Les réponses du peuple par acclamation,
le baiser de paix, la communion, le ministère des diacres, tout le
sacrifice, en un mot, se trouve exposé comme en abrégé dans cet
admirable et touchant récit, malgré l'attention de l'apologiste à
ne pas révéler les mystères au-delà d'une certaine mesure qui lui
a été permise.
» Les chrétiens de cette époque prenaient part aux prières de
l'Eglise, en se tournant vers l'Orient, et tenant les mains étendues
en forme de croix geste que ;
l'Eglise latine a retenu pour le prê-
tre, durant la plus grande partie du sacrifice , et qui est si «x-
pressivement rendu par les peintures des Catacombes romaines.
Tertullien en explique le mystère en son livre de la Prière *.

i:\-,ip De même que nous avons emprunté à saint Justin la descrip-


tion du sacrifice de l'Eglise primitive, nous rapporterons ici plu-
sieurs des cérémonies qui accompagnaient le baptême à cette
époque, d'après Tertullien que nous venons de citer- Voici quel-
ques-uns des traits qu'il rapporte en passant:
a Avant d'entrer au lieu où était l'eau, le Cathécumène, sous

la main du pontife, protestait de sa renonciation au diable, à ses


pompes et à ses anges. Ensuite il était plongé trois fois, et profé-
rait des paroles qui appartiennent à la Tradition et non à l'Evan-
gile. Etant levé des fonds, on lui donnait à goûter le lait et le

iniel; et à partir de ce jour, il devait s'abstenir du bain ordinaire


pendant tout une semaine \
w Oa se disposait au baptême par de fréquentes oraisons^ par

* Nos vero non attollitnus tantum manas, sed etiam expandimus è


dominicâ passioaemodalatam , et orantes confitemur Christo. De Ora-

tione, cap. xii.


» Ut à baptismale ingrediar, aqaam adituri, ibidem, sed et aliqaanta
priùs iu Ecclesià, sub anlistitis manu conlestamur nos renuntiare dia-
bolo, et pompœ, et angelis ejus. Dehinc ter mergitamur, arapliùs aliquid
respoudentes, qaaia Domitius inEvangelio delerminavit. Indesuscepti,
lactis et mellis concordiara praegustamus; exque eà die, lavacro quoti-

diauo per totaiu liLbdomadam abstineniui. ( De coiona mililis, cap. ni.)


LITUKGIQUES. 419
des jeûnes, des génuflexions, et par la coufcssioa secrète desf c-
evl^fi'i .'3
chés'.
^• * Le teins d'administrer solennellement ce grand sacrement
étaitlafète de Pâques et celle de la Pentecôte» ^ Enfin onnefini-
radt pas si l'on voulait rapporter ici tout ce que cet auteur énu-
mère dans ses divers écrits, de rites et d'observances relatives à
l'administration de ce premier sacrement des chrétiens.
-' »> Nous n'entreprendrons donc point de faite le dépoaillement
des richesses liturgiques dont sont remplis les écrits de Tertuîlien,
ces écrits si énergiques dans lesquels on retrouve si au naturelles
mœurs de l'église d'Afrique. Nous nous contenterons de dire ici

un mot d'après lui sur l'important sujet des funérailles des chré-
tiens. On voit, par un passage très précieux de son traité de Anknâ,
que le chrétien de Ces premiers tems allait à la sépulture conduit
par un prêtre , et que ce prêtre , confiant cette dépouille mor-
telle à la terre, souhaitait, comme aujourd'hui, la paix à l'âme
<€pcie la suprême volonté avait momentanément séparée du corps '-

Et tel était le zèle des chrétiens à témoigner leur foi dans laTé-
sorrection des corps, qu'ils n'avaient rien de précieux quand il

s'agissait de la religion des tombeaux. « Si les Arabes, dilTertul-


M lien au sénat romain , si les Arabes se plaij^nent que nous

'
'
* IngressnroS Baptismura, orationibus crebris,jéju'niîs et genîciïlîftio-

(libns, et pervigiliis orare oporte1:,et cum confessione omnium relrô de-


lictorum... nobis gratulandum est, si non publiée confitemur iniquitates
aut turpitudines nostras. ( De bapiismo^ cap. xs. ) i^-.-^-^i** ^t «Uv/ '

Diem Baptismo solemniorem Pasclia praestat; cum et passio Domi-


^

nica ia quam tingimur adimpleta est... Exinde Pentecoste ordiuandis


lavacris latissimum spatium est... Cœterum oranis dies Domini est,
omnis hora, omne tempus habile Baptismo; si de solemnitate iuterçst,
de cratiâ nihil refert. (Ibid, cap. xix.) , . -,
^
' bcio leminara quamdam vernaculam tcclesise, torma et aetate m-
tegra lunctam, posl unicum et brève matrimonium cum m pace cior-
misset, et morante adhuc sepulturà, intérim oratione presb) teri ccupo-
neretur, ad primum halitum orationis , manus à lateribus dimotas in
abitum supplicem conformasse, rursumque coadità pace, situi suo ^ed-
didisse. (Z?e a«i>«fl, cap tt. )
I v «3U9fOfi!STi4
420 INSTITUTIONS
-> ; ^'fïî^slcsî lift» .^lyéh *
;
^«Vj^'^'b ^^'nn<v5 sJ **^"

» n'achetons pas d'encens y les Sabéens, du moms^ savent que la


» sépulture des cliiéliens consomme une plus grande quantité de
» leurs aromates qu'ilfn'en est employé à faire fumer devânijl^s
» dieux.» V'r
Ce seul trait nous montre le zèle des chrétiens pour lès pra^y,-
>'

quesdc leur culte, et nous révèle la splendeur de leurs cérémo-


nies tant publiques que domestiques. Mais combien d'autres dé-
tails, combien de formules liturgiques précieuses n'aurions-nous
pas encore aujourd'hui, si ce secret dont furent environnés les
mystères chrétiens à cette époque eût permis leur manifestation
dans des écrits publics ! Cette considération doit toujours être
présente à quiconque veut écrire ou résumer quelque chose sur la
liturgie, non-seulement des trois premiers siècles, mais on pour-
rait même dire des trois ou quatre qui les ont suivis. Ce n'est pas
ici le lieu de donner les preuves de l'existence de ce secret au-
guste qui garda si fidèlement les traditions chrétiennes pures de
tout contact profane. Les témoignages en sont trop abondans
dans les écrits des Pères,soit avant, soit après la paix de l'Eglise,
et personne, que nous sachions, ne conteste aujourd'hui un fait

matériel aussi palpable. Seulement, nous répéterons ce que nous


disions tout à l'heure, savoir que le premier résultat de ce se-
cret pour les siècles où nous vivons, a été de rendre plus ou
moins obscures certaines formes et certains accidens de la liturgie
primitive, bien qu'un assez grand nombre de parties soit encore
resté en lumière, comme pour nous aider à suppléer le reste, au
moyen de conjectures probables 2. ».

Nous terminerons ce premier article en indiquant, d'après le


Rév. abbé Guéranger, quelques-uns des monumens qu'on peut
considérer comme les principales autorités liturgiques pour les
trois premiers siècles. Ce sont, outre les Pères de cette époque :

1» Les canons apostoliques, dont une critique éclairée ne sau-


rait placer la rédaction définitive au-dessous du IP siècle ;

• Thura plané non emimus. Si Arabise queruntur, scient Sabaei pluris


et cariorissuas mcrccs chrislianis scpeliendis profligari, quam diis fumi-
gandis. (Apologet. ,cip. sm ).

"
Instit. fiturgi(/ucs,j). 67.
LITURGIQUES. 424

2» Le concile d'Ehirey à la fin du IIP siècle, qui renferme plu-


sieurs canons spécialement con?acre's à la liturgie ;

S» Les actes et statuts des pontifes romains rapportés dans le

tiber pontificalis , entre lesquels il faut placer au premier rang

les célèbres réglemens du pape S. Victor sur la célébration de la

Fâque^

euoa^Baqùjj».
«si eàanofjv

bI 1U2 seod,
-il/oq no T,r

ajiqlKs': sdb 9iib smsm ii&i


iiXO i aij feJ/jiiJiq ii:)! &nnob ab wail al bs
sb zyivq asû' "L ïJibBiJ ge»I JuSfualâba lë *bifi§ i«p aieug
enfibaodi: r,

Jifil nu ioii l'i-r îigSiil:

aijoa 3op9.i >T 80Off (Jaamylusei .sidfiqJBq wsîîb i^iiàJBiK

-3i? a^ ab î i iî*9itq al 3ûp iio7J6& ,9 ii/3ir{ JB jifoJ anolaib


iijO £îilq s L' Jïi a fôiiovlr 3iiofl xio eal:«4i« eaiiwoq îaiji

di^iuiiiJ
*8 £^,UâaspipD& acTtfiJ^p is îùttvuH 99(fijiî%^^ gdiimdbeaîoin
9'103U3 lit"

VB .3îe37
.nos sb aa^^ii?
î 918110%

!( adidcnmoa lawbtanp.'»

îhofq

fuaï qB3,-Ssgc\^î^^)
^1% TRADITIONS PHÉNICIENNES.

^^tMms
y^^^.'sU: ^ljc,n{ctetttt^5.
>i«f» ioF jfe

•ii<t
DISSERTATION SUR L'AUTHENTICITÉ

DESFRAGMENS DEL'HISTOIUE PHENICIENNE DESANCHONIATHON,

Rénferinés dans le premier livre de la Préparation Evan^élique

d'Eusèbe de Césarée en Palestine.

Cinquième artifU.' ^l 2iù

Examen des vers tirés d'Orphée, cités par saint Justin, Clément d'A-
lexandrie et Eusèbe. — Eusèbe ne a pas inventés, mais
les il lesïi em
pruntés à Aristobule. — Preuves de l'existence d'Aristobule. ' •>

Comme nous l'avons promis à la fin de l'article précédent, nous


allons défendre Eusèbe contre l'accusation portée par M. Lo-
beck d'avoir inventé les vers d'Orphée qui se trouvent dans la

Préparation évangéliqiie.
Parmi les auteurs cités par Eusèbe, on remarque Aristobule,
juif savs^iit et .philosophe péripatéticien, qui vivait à la cour de
Ptolémée Philométor, auquel il a dédié des ijiterprétations des
livres saints. Pour faire valoir auprès de ce prince la doctrine
qui y était contenue, il n'a pas craint d'interpoler les anciens
poètes grecs, dont il alléguait le témoignage comme appuyant
ces mêmes doctrines. Eusèbe, dans un fragment de cet auteur 2,
rapportée 4es-a»er5 orphiques j qui en font partie, évidemment sup-

" Voir le quatrième article, n" 5 ci-dessus,


; p. 187.
' Prep. e'vanii. L. xiii. c 15. p. fi(»3.
.

FRaGMENS OK SAKCHONIATHON. 43^3

posés, et ou aont professés non-seulement l'unité Je Dieu et sa


puissance infinie, ainsi que toutes les iloitrines judaïques, mais
même Abraham y est indiqué clairement, aussi bien que Moïse,
A qui appartient cette supposition? Walckenaër, qui a laissé
une Dissertation posthume sur Aristobule, la lui impute com-
plètement tandis que M. Lobeck en accuse Eusèbe, mais seule-
;

ment pour deux vers qui désignent Moïse. Est-ce par indul-
les

gence pour Eusèbe qu'il borne ainsi son accusation? Non c'est •

par la force des choses. Expliquons-nous :

Il ne se peut que ces vers aient été totalement fabriqués par


Aristobule. Il a travaillé sur un premier canevas dû aux Pytha-

goriciens, qui ont beaucoup fait parler Orphée. Il a donc ajouté


suivant les vraisemblances ce qui est étranger à leurs idées et
hors de leurs connaissances '.

Le 1'' vers orphique cité par Eusèbe remonte à une haute anti«>
quité on y a fait de nombreuses allusions, et il parait avoir été
;

une formule sacramentelle dans les mystères*. Le voici :

4>6éY^oijLat oiç ôéjxii; laxi, Oûpaç o' sTtiOïaôs psêvfXoi;*.

Gallimaque l'a parodié dans V Hymne à Apollon:

OTov ^ tS' ttoXXwvoç l(7£t(jaTo Saçvivo; opirri?,

Qia S' oXov To {xéXaôpov, Ixàç Ixàç oœti; iXtTpôç *.


-O
• C'est ce que nous croyons aussi. En conséquence, nous ne croyons
pas qu Aristobule ou même Onomacrite aient inventé les vers Orphi-
ques. Onomacrite les apent^-être mis par écrit, ou traduits en un langage
plus moderne, ou mis en ordre et édités, comme les Pisistrates l'ont fait
des poèmes d'Homère ; mais ces doctrines sont des traditions antiques;
et il y a des choses que Ton n'invente pas. Aussi faisons-nous quelques
l'éserves sur plusieurs des opinions émises dans cet article.

Le directenr, A. Bonnbtty.
' C'est l'opinion de M. de Sacy sur Sainte-Croix t. i, pag. 549,
quoique Lobeck le conteste. Aglaophamiis, 1. u, p. 45t.
' Je parle à ceux qui ont droit de m'entendre ; fermez les portes aux
profanes
* Combien ce laurier d'Apollon est agité.' Combien cet antre (est terri-
ble)! arrière, arrière, tout profane! Vers i.
TRArDlTlOWfr PHENICIENNES . ^^

Platon y fait, ijne allusion évidente dans le Banquet ; a Oî 8è


>» oîxsTat xai eiTtç aXXoç IdTt péêriXoi; Te', xa\ «ypbtxo; TuuXaç îWtvu [xe-

» vdcXa; Toï; walv iTrtôsdôâ'. » "


- ''" '
'"' -''- '•- 'i«^^"

Le passage suivant de Denys d'Halicarnasse semble encore se


rapporter à ces mystères : Mua-rvipioi; eoixsv vioyi -rauTo., aat oùx etç

TtoXXoùç oîa Tî ItjTiv Ix'^ÉpEffôaf w(ît' où/, av £ir,v oopxixo; , si Trapaxa-

ÀôtTivi'ôTç'esaii' fë'TVv v]X£iv £TrV fic'^eXérJtç'toû ^oyou , 6upaç S' lirtÔ^ai

D'aiUeur^, rexpression de J3rêriX*)(;^7?ro/arac, n'avait d'acception


que sous le rapport des mystères, et les allusions à ce veiV^^
conservèrent même dans les mystères chrétiens. Oh employait
cette formule à cet endroit du sacrifice où l'on faisait sortir ceUx
qui n'étaient pas entièrement initiés ^ ' ^" ''***
Mais, sans parcourir l'histoire de chacun de ces vers, "fe me
boihefai à dire qu'ils ont été cités avec plus ou moins d'étenduç
par Justin le Martyr, Clément d'Alexandrie et Eusèbe. '"^ ^^ 1*7

deux ouvrages : Y Exhortation et le


Justin les rappelle dans
Livre de la monarchie au nombre de 21. Dans l'un comme dans
,

rautre,il feconnaît le Dieu suprême


'
: '
[''
^

^ 'f TX?T?T» yn'«'?t svc-xl" ?^•


'
Vous tous, esclaves, et s'il est quelque autre profane et doné de sen-
timèns grossiers , bouchez vos oreilles en y appliquant de grandes clô-

tures . ( Banquet, OEuvres în-fol. p. 2 1 8. )

' Ces choses semblent ne convenir qu'aux mystères et ne pouvoir être


divulguées ; en sorte que je ne serais pas répréheosible si j'invitais ceux
qui y ont droit à s'approcher, à prendre part aux mystères de l'élo-
quence, etsi je prescrivais de fermer la porte aux profanes. \De la com-~

position des noms, n" •25.y^di'^s^w amtmaoahai


Voir Casaubon, Exercit. xvi, adversus Baronium,
' Brisson, en —
tête de son traité de Formulis, donne les nombreuses imitations qu'en
ont, fait les poètes latins. Il réprouve la leçon ps'Sr.Xct, et y substitue ^e-

ërXci;, qui est la moins générale. On trouve cependant pisêTîXctî dans Je


scholiasle de Sophocle ( OEdipeà Colonne), cité par Suidas au mot ^'-

ÊyiXc;. Wesseling, au contraire, défend le nominatif, dans une Dissçfr


talion sur Aristobule^ qui est imprimée à la suite de l'ouvrage de W«lc-
kenaiir sur cet auteur.
^

FRAG5IEN& Dr SA?(CHONIATH0N. M^
'^ ^^' ..'^^-^«<^>« 'i
El; I<jt', «ùtoysv^î, Ivo; exYOva Trav-ra tétuXTai
-.,Ài .

mais il lui donne le nom de Jupiter :

;'3 XL'O ^ir^s'e- S' tSesiv Aià tov iwcvtwv (XESÉovTa».

.îlannonce ces vers comme tirés du poème adressé à AfM5ec,

production pythagoricienne. On doit donc en conclure que ce


u'a point connu l'édition d'AristobuIe ou a négligé d'en
BS^ft,

Il n'ea est pas de même de Clément d'Akxanane non-seule- ;

ment il l'a connu, puisqu'il le nomme, mais dans la citation qu'il


fait de 7vers, dans V Exhortation aux Gentils^ ils sont sembla-

bles aux 7 premiers de Justin. Puis il ajoute le premier mot du


3^ suivant l'édition d'AristobuIe àOàva-ov; et, écartant la fin :

de ce vers : > shbafixalA'^ la^méO .tj infini mHtsl i.€<i

al J3 no IlaXaio; Ss à^yoç "rcept TWOs^aEÎvet^' .

qui' sent le judaïsme , il continue : ETtoç CnroSà; oiap^rior,v lui-



çspsi

Eiç e<JT*, aÙTOYSVTiç, Ivo; eXYOva iravra -reruxTai*'

8** vers, ^e Justin, et qui serait ainsi le 9* de Clément. Déjà il

ayait écarté un 3^ vers qui trahissait le juif:


S'ils ^tûyow-csç Stxai'wv ôsffjAOÙç Oetoto tsOsvto;
î"- ïlagi vo'xou *

Si,cependant Clément n*avait cité que ce lambeau, on pourrait


,

méconnaître l'usage qu'ilafait d'AristobuIe mais au Y^ des Stro' ;

**
--*'Itest un; né de lui-même, tout tire de lai son origine. Vers S.'

» Les yeux mortels de tous les mortels sont impuissans à voir Jupiter,
le souverain universel. Vers i5.
* Ensuite ayant ajouté autre chose, Orphée dit : « Il est un ; il est né
» de lui-même, tout tire de lui son origine.» p. 48.
* Fuyant les lois de la justice posées par Dieu même dans la loi
«.t^»
adressée à tous.
42#'' TRADITIONS PHJÎNICIBNNES.

mates, p. 72^, ilrappelle les derniers finissant par ^ûavarov, et ajou-


te : « Orphée a dit ces choses sur Dieu, qu'il représente comme
« invisible, et qui n'a été connu que d'un seul Chaldéen, soit

» Abraham ou son fils, qu'il veut indiquer par ces vers ':

Oo vào Xc'v Tiç looi ôv/jTÎov ueooTTtov xpatvovTa,

.•i'-*iii
E4. ^^ fAouvoYêV3QÇ'Ti<} éizQopùil «puXou «voiôev, »ioet Jifiibufil

'"W- XaX^ai'wv». ,, '

Certainement^ Clément montre qu'il a puisé sa citation dans


Àristobule ; mais il évite de le nommer, passe sous silence le norfi

de Jupiter, et attribue au prétendu Orphée la connaissance ''

d'Abraham : or, il est douteux qu'il pût croire ce qu'il écîrivàitV'


Voyons ce qu'a fait Eusèbe. Dans un long fragment qu'il cite
d'Arlstobule le Juif, se trouvent les mêmes vers, mais accrus de
plusieurs autres avec toutes les marques de l'interpolation : ainsi

le 2® et 8*^ vers supprimés par Clément, ceux concernant Abra-


ham, enfin deux autres, désignant évidemment Moïse et la Idi

insqrite sur les tables se retrouvent ici :

'Ex ôeoOçv yvwj+aiçi Xpiêwv xa-çot çî^cXa^a Geaj^ôv.


^ _ aludoJ
«Comme la loi l'a prescrit, comme l'a enseigné celui qui est né
» des eaux, ayant reçu de Dieu même le code gravé sur les ^;t--
'
» blés.» (vers. 36, 37.) f

Or, ce sont-là les vers qui ont valu le titre d'idiot à Eusèbe,
de la part de M. Lobeck. Poursuivons, et voyons si c'est le ré-

sultat d'une critique sage et approfondie.


Qu'Eusèbe ait cru à l'authenticité de ces vers, je ne dirai pas
comme venant d'Oi phéc, personne ne l'en croyait l'auteur ;

mais comipe d'Ouomacrite, de Cerc.ops ou d'un pythagorici^

^ nani ^i^l•^'i i:i -jtii-43fni;f> <,-


• Ope>«{»ç xal TowTa Xe-yet... irepl ©soû* ào'paTûv CM-h, ao'vw "Yvwaô^vstt svî nvi
çy.m, Tû "jevcç XaÀ.^a;w, eïte t«v À.êf aàa Xe'jfwv tcùtov, eï-stÔv ûiôv TbvaÙT6Ù,^i«

Tcûrwv.
' Un seul, né du snog chaldéeo, a pu connaître celui qui dirige le sort
des mortel*.
FRAGMENS DE SANCHONÏATHOW. 427

qué!cèvf<ia?ff? ne le suppose pas : il ne cherche pas à le faire

croire. Mais cilaut Arisiobule qui les a publiés, donne il les

comme il les trouve dans cet auteur qui devient son garant. Pour
qu'il fût prévaricateur, il faudrait qu'il eût forgé toute la cita-
lion ou seulement une partie. Pour qu'il fût l'auteur du tout, il
faudrait faire d'Aristobule un être de raison. C'est ce que Ri»
cliard Simon, qui n'hésite pas quand il s'aj^it de créer des pseu-
donymes, ne se gêne pas de déclarer' ; les livres d'Aristobule et
de quelques autres anciens auteurs qui ont écrit si favorable-
ment des juifs ont été supposés ; il laisse à d'autres le soin de dé-
montrer qu'un Juif ne pouvait pas écriie favorablement de sa
nation. '-.J

YanDale et Hody, en réfutant le récit d'Aris1:ée , importa-»


nés de ce que Aristobule dit de la traduction de la Bible sous
Philadelphe, cherchent aussi à l'anéantir. Leur grand argument
est le silence de Josèpbe et de Philon. Mais Isaac Vossius dit avec
raison, en parlant du premier: QaelJe cause aurait pu portei*

Josèphe à parler dans son histoire, d'Aristobule? on peut dire la


même chose de^Philon. Il y a trop de garansde l'existence d'Aris-'

tobule ,
pour qu'on puisse la révoquer en doute *.

• Hist: Crlt. de ï Ancien-Testament^'ï. itty t: -ib, p. 56o.


'^'
» yippend. ob.servrad Melam, p. 67. î''>iiJ

^ Voir sur Aristobule le ii« livre des Macchabées , ch. P*; Origène^^
Contre Celse, iv, 545; Anatolius cité par Eusèbe, Hist. eccl. vu, Sa,
287; Cyrille, Contre Julien, iv, |54; Clément, Eusèbe, et saint Jér^m^
de Firis illustribusjc. 56. — Qa peut consulter \V^lçHpoaër^ ,çli, y;i^|

de ArLstobu,lo y'i\ administre, ch. xxiii, une preuve curieusje : ,ce sojftt

des plagiats de Clément, qui a copié plusieurs fois mot pour mot Aris-
tobule sans le nommer. Ce n'est pas le seul exemple d'un pareil lar?
ciu de la part de Clément d'Alexandrie. Musonius, cité par Stobée, p.
49, tome I" de l'ëd. de Gaisford, avait dit ce que celui-ci répète dans
son Pe'dagogue : La chaussure est presque une prison, -h 'j-c8z8ia9!U

Tû JîJîcôa'. iq^p; fart. Aussi Ruhnkenius, dans le Dictionnaire platoni-


que de Timée, dit-il : « Je m'étonne que ce larcin, ainsi que plusieurs
autres dont Clément s'est rendu coupable, n'ait pas encore été signa-
lé.» Potter rapproche ces deux passages semblables dans ses notes.
428 TaADm0^fS PHENICIENNES.
Or, si Aristobule a vécu, s'il a composé des commentaires int

les livres de la loi, avons-nous une raison suffisante de croire


qu'il n'ait pas altéré les vers qu'il empruntait à la littérature
hellénique ? Serait-ce à cause de son caractère ? nous ne le
connaissons pas; ou parce que les vers qu'on lui attribue n'au-
raient pu sortir de sa plume? telle serait une allusion à J.-G.«tà
la loi nouvelle comme Mais
les vers sybillins en sont remplis.
Abraham, Moïse, les tables de la loi, sont mieux placés dans la
bouche d'un Juif que dans celle d'un chrétien. Gomment, quand
la loi nouvelle qui était venue détruire l'ancienne
de brillait

tout son éclat aux yeux de ses adeptes, Eusèbe n'auiait eu â«


talent poétique que pour célébrer le culte qu'il désertait ? Ce
serait bien a^ofs^qi:^'^ji)e^^j/te|<»^^,V^pi^hèt^que iui»^
M. Lobecl^..\,j,j,-
,,^J
ja }r^«,,jo,f>ft'^J«e I».:»» ^rjlïOl l:^tU3'J ' 3ldi*if

La candeur des Juifs était-elle sigrande qu'on ne poisaeietff


attribuer aucune fraude pieuse ? Les livres apocryphes de l'An-
cien-Testament, les fables comprises dans la relation d'Arist^e'
sur la version des Septante, ces historiens auxquels Josèphe nous^'
renvoie ", comme des autorités étraogères à sa nation^sont^e
des écrits exempts de suspiciouRr iroTs'fenoiJfi'uqaii'iabadéejiâ
Si enfin, on ne voyait des coupables que parmi les ^hré--
tiens, blâme d'Eusèbe, car il a ouvert
Clément partagerait le
la voie en indiquant Abraham, comme celui-ci a fait pour Moïse,'
avec cette différence que Clément assigne à Orphée lui-même'
ce qu'Jliisèbe ne fait remonter qu'à Aristobule ; ou bien il fau*-
dy^i^^^çj^ç^equ' Aristobule est coupable de la première interpo-*»

lation, et qu'ayant assez falsifié le texte pour y introduire le pèret*

des croyans, il n'aura pas été assez audacieux pour indiquer


Moïse. On sent combien cette supposition est improbable.
A ces argumens, Walckenaër en a ajouté un qui me paraît
péremptoire.
Si Eusèbe avait supposé des vers d'Orphée qui lui donneraient
la connaissance du vrai Dieu telle que les Juifs la possédaient, et

qu'il eût fait apparaître Abraham et Moïse, dans ses écrits, il

"
Eupolème, Hccatée, Démélrius, etc.
FRAGJtEKS DE'B.(xN€:nOiSrfl^HbN. m
se serait bien gardé tie renverser cette combinaîsôiV en le faisant

pailer dans un au langage qu'il aurait


sens'tout à fait contraire
ptèié. C'est cependant ce qu'il a fait dâtis an autre passage \
où nous lisons une citation de Porphyre, dans laquelle ce pliilo-"
soplie,voulantfonder le symbolisme,citeunlong passage Orphique
où Jupiter n'est pas Vâme du monde, mais est Te monde tout entîèri
_
,.......v-, -.-j .-.'-:.- '-' £l
j^ , . ,

i 'Ite piel est sa tête, les astres satrlieveîare, le s^oleil et là Iùn&


s$S yeux, l'étherson esprit, la terre son ventre, la mer sa cein-

|ui»e, «tc.\oici sur ce morceau la réflexion d'Eusèbe : « Telle est


doue, ;ô Porphyre ! la peinture qUeîes-^éii dèès^jiràr'vôiïs îîous'
font de Jupiter. Mais je n'aperçois lîans tout cela quel'unîvers
visible L'étber forme son entendement et les autres parties du
:

monde, son corps. Comment donc Orphée leThrace,ou tout autre


a^i-il pu concevoir une semblable divinité sans y rien reconnaître

d'iatMiecluel, rien qui appartînt à une essence invisible et inçor-'


?.yb 'ifï:
poi-elleil^sot aiairpxi/fi zabhoimi *9> tviaèiaità
Je crois etr avoir dlt'âsî^l','' I?ê^ùt-èV¥é tTOip,"'-|ïÔTir décharger/"
Eusèbe de l'imputation d'avoir inséré deux vers de sa composition
dans une citation orphique. M. Lobeck l'accuse encore, (car de;
quoi ne l'accuse-t-il pas!) d'avoir ajouté dans Josèphe le célèbre
passage sur J.-C; mais comme ceci n'est pas renfermé dans leâ

15 livres de la Préparation évangélique, j'en écarte la discussion',^

et je passerai dans l'article suivant à l'examem des écrivains mô-^


dernes qui se sont fait les soutiens de l'authenticité du fragment
«k Sanchoniathon. "^ '~ '^°"^-
,îiï£YOW
^
8^1*
•ï5U!.'i!Ji-
,, ,:ian0.92ioln
O' c B
OEGUIER DE bAIWT-JORISSOirj *

ÎÎBIEq Si
de l'Académie des inscripiiou.^ ^ idq

t««f ÎBVP. 100.


«-•' ^^^ ^^^*î"^ ^-'*^* ^^^^ '^
,
^ , ^;tï ÏETV i»b53a£i'6iBaao:»£l

:fi. aiJÏBifiqqfi Jifii ÎÛ3 u up


,

DU R. p. D. Antoine-Anne- Nicolas -Charles

SAULNIER DE BEAUREGARD,
Abbé de la Trappe de Melleray^ rédigée par deux de ses amis,

sur des- notes fournies par les religieux de Melleray


-

.,,,
I
-
..voioooc • ,

La société, agitée, ébranlée comme elle l'est aujourd'hui, loin

de détruire et de restreindre les maisons religieuses où l'on


trouve la prière, le travail et la paix, devrait, il nous semble, dans
son intérêt bien entendu, les encourager et aimera les voir se
multiplier; puisque ce serait comme autant de réunions d nommes
paisibles et inoffensifs. Au lieu de trouver mauvais qu'une cpr-

'isine classe d'individus qui comptent pour rien le corps et ne

cultivent que Tintelligence, négbgent de se mêler aux affaires liu-

malnes si enviées aujourd'hui, et se contentent de prier et de


'tfavaitler, d'instruire et de consoler, la justice ne serait-elle pas

'â'applaudir à la résolution généreuse qu'ils prennent de céder


ïes honneurs et la gloire à d'aulres, qui courent après la renom-
inee et l'argent? — Dans un tenis où le mot ///'er/e s'inscrit sur
tous les drapeaux, se trouve dans toutes les bouches, se proclame
dans les assemblées délibérantes comme dans la rue , au milieu
de l'émeute , n'est-ce pas un contre-sens, une dérision crueUe,
'd'empêcher trente, quarante, cent Français, nos frères, nos pa-
reils, nos amis, animés des mêmes sentimens, de vivre ensemble

• I beau vol. ia-8, bien imprimé , avec portrait et vue de labbaye.


Prix : 5 fr. et6 fr. franc de port, cliez Pihan Delaforcl, imp.-Iibr., rue
des Noyers, 07. Se vend au -profit des trappistes de Melleray.
"Ci
DU R. P. D. SAULNiEll DE BKAUREGA.RD. ''^1

dans le fond d'une vallée, sur un sol aride qu'ils défricheront


qu'ils fécondeiont, de
d'une manière uniforme et avec
se vêtir

une étoffe grossière, de se contenter d'une nourriture misérable


et de se livrer à de rudes travaux dont le produit sera pour les
pauvres, leurs voisins, et pour quelques voyageurs qui viendront
frapper à leur porte ?

Vous vous plaignez de l'excès de la population ; vous répétez


sans cesse que l'armée , les tribunaux, le commerce, l'agriculture
même, les lettres, les voyages scientifiques et aventureux ne
peuvent occuper les millions de bras qui nous embarrassent que •

les fonctions élevées sont insuffisantes pour cette foule d'intefli-


geûces ardentes , enthousiastes et maladives ;
que lés colonies,
réduites comme elles le sont, ne reçoivent qu'un petit nombre
de spéculateurs Ne serait-il pas rationnel, favo-
et d'ouvriers...

•rable à qui croît dans des proportions infinies, de per-


la société,

mettre qu'un certain nombre d'individus ne donnent pas le jour


à des êtres qui seraient peut-être malheureux, et de favoriser
quelques établissemens où le célibat soit honorable? Ces reclus
"""
tie méprisent pas le mariage
ils savent trop quelle est sa sain-
:

teté, consacrée par chrétienne et l'enseignement de l'Église


la loi

"catholique •, mais, pour eux, c'est un fardeau qu'ils ne se sentent


fî>as la force déporter, c'est une grande fonction à l'exercice de
laquelle ils ne croient pas pouvoir apporter les vertus nécessaires.
Laissez-les donc suivre leur attrait. N'y a-t-il pas eu de tout teras
des philosophes qui ont fui le monde et vécu seuls dans la re-
traite? N'y a-t-il pas parmi nous un grand nombre de célibataires
" que personne ne blâme et n'inquiète? a-t-il à redouter au dix-
y
'^ neuvième siècle, que toutes les solitudes delà France se peuplent
''^'^^d'anachorètes , comme autrefois les déserts de laThébaide? ver-
•^

'Va-ton, à cette époque d'égoisme et de sensualité, quand l'amour


"^

du bien-être et delà vie matérielle nous domine, quel-


'i^assionné
"'que nouveau Benoît rassembler sous ses ailes une foule de reli-
gieux fervens? quelque Bernard, à la voix douce et puissante,
'l'elèvera-t-il les ruines des antiques abbayes pour les remplir de
''ses disciples? Rassurez-vous : le nombre de ces créatures d'élite ne
.'JJKÎ4» di. v^' iJA-; tU. v'v !^-
432 .--î.

sera j amais considérable t les trappistes né "âe'pêu ptSrSnTpàsIa


France.
Nous honorons l'agriculture, nous disons qu'elle est la nourrice
de rÊiat, et c'est avec raison. Nous avons des comices agricoles,

des sociétés où l'on ne s'occupe que de céréales de pommes de ,

terre, de vignes etde bois; des journaux où s'enregistrent îès dé-


couvertes utiles, où l'on donne aux agronomes des modds de
culture nouveaux, des dessins d'instrumens aratoires; nous dé-
cernons avec pompe des prix aux garçons de charrae,* aux ber-
gers ; nous couronnons le laboureur qui fait faire un pas à la
science qui nourrit l'homme ; c'est juste, et tout cela sert l'inlérêt
général. Mais alors, pourquoi ne pas convenir avec- le fougueux
Mirabeau, que « la plupart des grands établissemens monas-
» tiques, si vicbes aujourd'hui (1790), n'étaient autrefois que des
» déserts, et que nous devons aux premiers cénobites le défri-
» cbement de plus de la moitié de nos terres? » Pourquoi donc
ne pas bénir des ouvriers opiniâtres, des laboureurs économes,
qui veulent bien encore fertiliser des landes et des jachères, amé-
lioier par des méthodes nouvelles ce qui est déjà productif, na-
turaliser dans des provinces où la routine est encore pleine de
puissance une foule d'inventions récentes^ pourquoi se priver
du labeur d'ariisans infatigables qui ne demandent leur salaire

qu'à Dieu, dont les étables sont remplies des plus belles races,
qui font ruisseler un lait pur dans des vases étincelans de pro-
preté, qui cultivent des arbres, des plantes utiles, forment des
'

jardiniers et des agronomes, et leur apprennent ce qui vaut bien


quelque chose , à pratiquer toutes les vertus '
? - -^

A cette époque où l'on veut des caractères francs et courageux^dà '

l'on n'estime que ceux qui bravent le péril, qui ne se laissent vain-
cre par aucune difficulté, et triomphent de tous les obstacles, voici
des athlètes énergiques, que rien n'effraie, qui ne reculent devant
aucune lutte, qui combattent pour leur cause jour et nuit, et au-
près desquels, comme le disait madame de Siaèl, protestante,

mais élevée par son père dans le respect pour les idées religieuses,

' Le gouvernement avait placé à Melleray. une douzaine d'élèves.


DU II. P. D. sALLMliU DE UEAL llliGAKl). 'l'âo.

Cl l'auiour de la libev4é : ^ Nous se sçinoiear ^uo vdçs ppiu^u^ ,>•-

Voici des gens qui vont droit leur chemin, et qui, plaçant daiis.^^%

ciel des espérances éternelles, ne s'épargnent aucun sacrifee


pour remporter la victoire. Il me semble f[u^^,y,a,là du courage
et de la grandeur d'àme. , rjr/î /„,

Pendant que nous nous croyons heureux, et que nous nous


ti-onijions «ous-mcines ou plutôt, lorsque nous, cherchant, une
; ,

félicité qui nous fuit, nous sommes forcés deconveniji' qu'il n'est
donné à l'homme de saisir sur la terre que l'ombre du bonheur,
et que, pour quelques instans de rcvc, nous éprouvons trop po\i-
vent des tristesses sans consolation , des maux sans adoucissô;-..
ment; voici que des gens que nous plaignons, que nous regar-
dons comme des créatures malheureuses, en s'immolaul ii chaque
instant du jour, en renonçant à leur volonté, en mortifiant leyr
corps, vérifient cette parole de l'écriture sainte, incompréhen-
sible à ceux qui ne voient pas par les yeux de l'esprit : « Combjen.
» spnt grands et excellens les biens que vous avez réserye» ù,Çi^U|t;:

>> qui vous craij^nent. Vous les cachez dans le secret de votjB^"^j.r.

» sagc^ vous les tenez à couvert dans votre tabernacle. » -^

Comme l'auteur de la vie du Père Antoine l'a dit d'après sai^^*


Paul, cet homme héroïque qui dépasse de toute la hauteur ctu

génie chrétien les philosophes de la Grèce et de Rome : « I',^

» paraissent morts aux yeux des insensés; leur sortie du monde


» passe pour le comble de l'affliction ; mais cependant ils sont eji

» paix, leurs maux sont légers, et leur bonheur sera gvaud..:H


— A-t-Gu oublié que c'est dans le silence des cloîtres que les
moines, tant accusés de favoriser l'ignorance, « par leurs prédi-
» calions, par leurs exemples et une foule d'ouvrages, ont aidé
"les peuples à s'affranchir du jou{> de la superstition, à se soi^s^:
» traire aux horreurs de l'idolâtrie? Ce sont eux qui dissipèrent

»-ljes ténèbres profondes de l'erreur, qui les enveloppaient, etré-


» pandirent parmi eux les douces lumières et les puissantes çou-
» solations de l'Évangile. On ne peut nier, dit ^ oltaire, qu'il n'e^t,
» guère encore de monastère qui ne renferme des âmes admiraT»T
» blés qui font honneur à la nature humaine ^ "

.'Ui «;.!i* -'-î. i;--!


Les Trappistes du Gard, ia-8, 1840.
iii^ stRiE, TOME I. — N^ 6. 1840. 28
434 vjji

Reudez aux. çougiégutipus gavantes ces grandes uiaisous ou les

religieux vivaient autrefois dans la retraite et l'étude, n'ayapt


d'autre délassement que la culture des fleurs et la musique sa-
crée. Repeuplez Sorrèze,dans le midi, Juilly, près de la capitale ;
rouvrez les cloîtres des Blancs-Manteaux ou de Saint-Germain..-

des-Prés à d'autres Mabillons, à d'autres Montfaucon; protégez


Solesmes, qui déjà justifie par des travaux scientifiques son titre

de Société des Nouveaux Bénédictins : et vous verrez encore sprtif

de ces paisibles solitudes des publications de longue haleine, de ces


grands corps d'ouvrages qui ne peuvent s'obtenir que d'iiomm^
réunis ensemble, étrangers aux affaires humaines, travaillant t^^s
les jours depuis quatre heures du matin jusqu'à la nuit.

Enfin, pourquoi, alors que les mots de philanthropie et d'hu-


manité sortent de toutes les bouches, se montrer barbares envers
ceux que la les empêcher de cacher
nature a maltraités, et
sous des voûtes fermées à tous yeux des difformités corpor
les

relies qui n'ôtent rien à leur âme de son immortelle beauté, et


qui lui donnent même souvent plus de force? Pourquoi surtout
empêchez-vous des victimes de la fortune et de la calomniç,
des gens frappés par la foudre, succombant sous le poids de la
douleur et qui ont demandé en vain au monde des consolations,
de se réfugier dans une retraite, où tous les maux finbsept ^u
pied des autels du Dieu qui souffre et gémit avec ceux que le i^wl-

heur a flétris, et qui n'ont plus que des larmes à verser?


Si nous sommes parvenus à détruire des préjugés, à réfuter
des erreurs, et surtout à établir d'une manière victorieuse, que
le $rappiste est essentiellement courageux et utile à la société,

comme se livrant à la prièrç et au travail, comme citoyen tr?ui-


quille et payant son tribut à sa façon plus utilement qu'on ne le
pense, on se convaincra bien mieux de ces vérités par une lecture
atfWtiye de la Vie du P. Antoine Saulnier de Beauregard, per-
sonnage remarquable sous tous les rapports, dont toutes les bi,o-r

graphies religieuses et littéraires devraient se plaire à enregis-


trer les moindres actions et les paroles les plus indifférentes.

Après une éducation complète, après dessuccès littéraires, après


des palmes obtenues dans les études tlicologiquts auxquelles il
DL U. I». 1). SALLXIEU DE BE.VLREGAKD. 435
s'était voué spécialement, Dom Antoine embrasse l^état ecclésias-

tique, quand, au lieu déshonneurs, il ôffrii^ que Ifeâ


n'allait plus
persécutions et le martyre. Au premier signal des fureurs ponnlâî-
res, il qnitti' la France puis, lorsque
; la Belgique et la Hbllandê

sont envahies par les années, il débarque en AugletéîT'e: TLà', il


se voue à l'éducalion de deux jeunes gens qui portent un beau
nom , et dont le père occupait un rang élevé dans l'Etut. Et
quand la variété de ses connaissances, les n^râtces pîq&éfirés' dfê^^i^

entretiens, ses relations honorables, la solirlité de soii Jùgenieut;"


une fortune plus que suffisante pour ses besoins dans un tems où
Von était devenu peu exigeant, lui promettent utïe éxmèîice'ïi'étf-
reuse et paisible, le jeune chanoine de Sens, le docteur en théo-"*

logie, consulté par les évêques réfugiés en Angleterre ; celiu' que


l'on jui^eait, à la gaîté de son caractère, à la finesse de ses répair-"

ties, à sa grande jeunesse, à sa belle figure, fait (


oui* le monde,'
même, il faut le dire, pour le monde élégant, comprend la vanité
des choses humaines, un soir où il avait été, selon rexpressioi?-
et,

actuelle , charmant comme un abbé de cour, livré à la joie 'èt'au4


bons mots, pour expier ses légèretés, pour devenir meilleur, îl
s'échappe de Londres et va se réfugier à Luhvorth-, ;ët sollicifèt*
avec ardeur la robe de trappiste '. Qu'on ne pense pas cjuë le su^ié^'

rieur de cet établissement, le P. Maur, sévère, inflexible obsetvâ'^


teurde la loi monastique, se relâche, en faveur d'un prêtre si âi§U^.

tingué, sur quelques points de la règle; il semble au dontrah-e"'


qu'il prenne à tâche ,
pour le bien de ia religion et du néo-
phyte, d'huMiilier, de briser ce grand caractère, cette haute irt*^

telligence. D. Antoine, soumis comme un enfant , simple aomm^


PauU'Ermite, parcourut courageusement tous les degrés du no-*''

viciât, et, en se présentant au Chapitre pour couronner son sacri-


fice par l'émission dts vœux perpétuels, il répondit humblement
à son supérieur qui lui demandait quelles bonnes œuvres il av^îf"
faites pour prétendre à une si grande miséricorde : « Il est vrai,^

» mon R. Père^je n'ai rien fait de ma vie pour mériter cçtCÈ'

'
11 avait quelquefois entendu parler ii Londres des religieux^ i:ette

maison. - . .^ . ji:?
» faveur ; mais j'espère que, depuis ce monieut jusqu'à mon der-
» hier soupir, je ne vivrai plus que pour faire pénitence de nies
» péchés. » D. Antoine cilla dans la suite de vertus en vertus, don-

nant l'exemple de l'obéissance la plus complète, de l'abné^jaiion


de soi-même et de la charité; sa récompense, en outre cte celle
que le juste juge par excellence qu'il servait, lui accorda dans le
secret de son cœur, fut d'être nommé chef de la communauté de
Xitihvorlh parle P. Maur,' avant" d'exhaler son derni.qr soupir, li
11 avait traite si durement son disciple que pour lui appren-
dre à gouverner les autres. Il le fit avec toute la douceur que la
règle pouvait permettre ; il était plutôt le père que le supérieur
de ses religieux.
Lalomnieparuu jeûne trappjste qu il avait aume avec tendresse
coïÉtiiesaint Bernard le traître Nicolas, il sortit vicforieux des
attaqués que lui avait portées cet apostat auprès du mimsterç
britannique ; mais il comprit en même tems que son séjoiu- en
Angleterre ne pouvait pasl^Hi]^reç longtems, quelques,'^ ^^^jr)^
demeurant toujours prévenus contre lui et aussitôt que la restau7 ;

ration eut replacé les Bourbons sur le trône, D. Antoine jeta,


vers la patrie le regard si tendre et si ardent de l'exilé. Dçs voies
de retour lui furent ouvertes et aplanies, des amis généreuK.
secondèrent ses projets ; la Bretagne religieuse et royaliste
jusqu'au fond des entrailles, l'accueillit avec enthousiasme, et, lé

7 avril 1817, D. Antoine installa solennellement à l'antique


abbaje des Bernaidins de Melleray, près Chàteaubriant , en
présence d'un clergé nombreux, des autorités locales et de la
foule qui se pressait autour de lui, les trappistes de,.l4ulvy^),t^^^
on en comptait cinquante-sept. ,r
ulsj tiucL
Que de que de veilles que de voyages cette pieuse
soins, ,

colonie, débarquée sur un sol négligé depuis longtems, duns,unk


bâtiment nullement préparé à recevoir de pareils hôtes, va coiltet)
à son respectable directeur II faut qu'il naturalise à Melleray
I

viiigt industries , aussi ingénieuses que variées, pour occuper


1 esprit et les bras de ses nombreux enfans, pour les faire vivre

comme vivent des trappistes, et bien mieux encore pour donner


du pain, de l'argent cl des vêtcincns aux pauvres de la con.tvcc,
DU R. P. D. SiULNIER Dlî BEAUREGARD, 43Y
qu'il adopte, et qu'il n'abanilonna pas dans son plus grand dénue-
ment. Il faut qu'il reçoive à toute heure des voyageurs dislin-
gue's, qu'il entretienneune correspondance journalière avec des
évêques, des ecclésiastiques, des gens du inonde, des culiiva-
leurs ",; il faut surtout diriger, éclairer , consoler toutes ces âmes
coances a ses soins, ces âmes qui ne vivent que par lui ou pour
lui, qui sont étrangères à ce qui se passe autour d'elles et dans
leur nouvelle patrie. Il faut qu'il déserte son cloître alors qu'au
grand' crime épouvante le pays, et que le trappiste, avec ses
habits, inconnu ù la plus grande partie de la génération qui
l'écoute, verse i\es pleurs sur la tombe d'un fils de France, et
fasse entendre des conseils sévères aux chevaliers deSt.-Louis
quiTont appelé. Plus tard, s'il reçoit à Melleray, le mieux qu'i
peut, sous des tentes improvisées à la hâte, la veuve du duc de
Bérry, il saura lui parler avec la convenance et le tact exquis

qu'il apporte à tontes choses. Enfin, quand une révolution éclate,


quand on veut lui ravir avec violence ses cliers enfans, il les pro-
tège de sa parole, de sa plume et de son corps, il les défend
comme une lionne ses petits ; et, lorsque, malgré des protestations
énergiques, malgré nne résistance pleine de dignité, force lui est
de se séparer de sa famille, il assure leur retraite, il les suit des
yeux sur la mer, et ne ?e console un peu de s'en voir séparé, qu*en
apprenant qu'à Mont-Melleray (enirlande) lesfugitifsont retrouvé
une patrie et le repos. Ici même nous avons un reproche à faireà
l'historien : c'est de n'avoir pasassez insisté sur cette circonstance
de la vie du père Antoine. Les pièces de ce procès ont été pu-
bliées^ et appartiennent à l'histoire : elles devaient donc entrer
dans celle de sa vie.
'

Après ce cruel assaut, surveillé dans sa propre maison, rèoûite


à tin petit nombre de Français, D. Antoine tient encore tète .'4

l'orage ; il prie, il exhorte ses frères à la patiente résignation du


chrétien. Et quand la paix commence à régner à Melleray, accablé
d'infiriiïités supportées avec courage, toujours cachées avecsoiî>|
; i '
j
cj ^

' Le même jour il lui arriva de recevoir sa noaiiuatioa de grand-wicaire


et sa patente de meunier.
" Voir la Notice bibliographique dans notre t. xvni,. p. 474-
^38 VIE DU R. p. l). SAIILNIER DE BEAUREGARD.

de peur que les médecins et ses amis nelui ordonnassent delesatlou-


en-, iigé de sojxau(oi[iuinje ans, il rend sa belle âme au Dieu qu'il

a si bien servi, jouissant de toutes ses racùltés intellettuelles, ayant


encore, îe jour même de sa4iiorL,euiprunlt' une pièce de monnaie
pour faire l'aumône; il termina sa carrière comme un bon reli-

gieux,alors qu'il se traînait à 1 "église seul et avec peine, en pleine


nuit. Un frère qui entendit ses gémissemeus vint à lui^ donna
l'éveitàla çouimiinaïUp, qui le reconduisit à sa cellule avec une
douleur respectueuse. Pendant qu'on s'efforçait de recourir aux
remèdes imiiuissans de l'art, lai n'appelait que les secours de la
religion ; ci, pardonnant à ceux qui l'avaient afllii^^é si durement,
se regardant à cause de ses fautes comme indigne de bénir ceux
qui l'entourenî, implorant la miséricorde divine, il rend son
dernier soupir sur un mauvais siège de paille.

Certes, voilà une carrière bien remplie, une carrière difficile

et honorable un élève distin(;ué, un enfant aimable, aux


! c'est

qualités précoces puis un prêtre recherché à cause de son instruc-


;

fiott éî de ragrément de âa convei satioii ,


puis un néophyte huinbie
etsoumis, puis le chff vénéré d'une maison nombreuse ; c'est le fon-
dateur d'une colonie monastique et agricole; un homme que le

»ionde recherche, f[ue lesenfans chérissent à l'égal d'un père; qui,


peiidaut ïmefude tempête, lutte avec un noble courage, ise feou-

'met à^îx 'bi'ïïVes de la Providence et pardonne à ses persécUteurè;


enfin c'estun vieillard d'un heureux caractère, aimé de Dieu et
des hommes, qui, aprèsqaaranteans de mortifications, de ptières,
de ira'vàux, de bonnes œuvres, se proclame un serviteur inutile,
un pécheur, et termine sa carrière entre les bras de ceux qtt'il

a, gouvernés, qu'il a aimés, et qui lui demandent sa bénédiction


.4çr«jère comme un gage de bonheur et de sainteté. NobTè et

louchant modèle! Double type du religieux fidèle à sa vocation,

et du béculier le plus acconspli justifiant en lui seul tout ce que


;

noup civons- pu dire en faveur des moinis, emportant à, 1^ fois


dans la ton)l)o les regrets de ses amis, des religieux qui vi'icurent
sous sa hoidette paternelle, et des pauvres qu'il sut si bien
?n-^nr,niirir> <".'
secourir.
A. E.
RELIGIONS DES t*ÉUPLES CELTIQIES. 439

^raÎJitione ofctîKittaUe €fltique6.

RELIGIONS

DES PEUPLES CELTIQUES DE L'OCCIDENT


COMPARÉES

AVEC CELLES DE L'ORIENT.

îlïntriî'me àfticlf'.

VIT. Suite des nionumens relip;ieux des Irland.iis. — Cromleach. «^


Pierres inclinées. —
— Pierres dressées. Pierres mouvantes. — Simili-
ludfs en Orient. — Dolmens.
Le plus multiplié peut-être des moaumens celtiques est le
Cromleach ''

, ou tombe-auttl ,
que l'on retrouve dans beaucoup

'
Voir le premier article n" précédent ci^dessus, p. 338.
.* Ainsi appelé en irlandais. « Il est remarquable que tous ces aticicn*

autels trouvés en Irlande, et connus maintenant sous le nom de Croni'


,le<ichs oupierres inclinées, furent appelés dans le principe Bothal, ou la

maison de Dieu, ot paraissent avoir été de la même espèce que ceux dont
il est parlé dans le livre de la Genèse, et appelés par les Hébreux B elhci,
mol qui a la même signification que le Bothal irlandais. » (Beauford,
Druidisme renouvelé Colleci. hibern,, u. 7.) Du mot Bethel vient
;

évidemment celui de Bœtyli appliqué aux pierres sacrées des païens.


« Cette sorte de monu:nens, dit Scaliger {in Euseb.), aimée de Dieu
dans 1 origine, lui devint ensuite odieuse, parce qu'elle fut ciniompup
par les D-sages iilolàtriqiirs qu'en firrnt les Cli;inanépns. <
v^JOîTfWtlGlQNSV.
f0
4e çjQftUées^d^ l'Europe, aussi biea qu'en Asie ' , et qui moniie,
par la force et la grossièreté de ses mate'riaux , le véritable ca-
ractèrç de la ^v^Ugign, ancienne ; il se voit aussi en Irlande sous
Iciiwvsës, forpï^esk et da^^ diverses dimensions. Parmi tous «es
ïnonumens, je ne parlcrï^i que de ceux qui ont attiré l'attention

de nos antiquaires. .-.,..,


'
J'ai entendu dire qu'il y avait dans le voisinage de Dundalfe\

au comté de Loulh un j^rand Cromleach ou autel (\a\. tombait


,

tn ruines depuis quelque tems, et qui, d'après la description


qu'on CTi fait, était placé près d'une rivière, « entre deux I^QTnl^
druidiques ^ ». En creusant dans ces ruines, on a dccoiifèrt uftè
grande partie du squelette d'une tète d'homme, qui paraît avoir
été dans l'origine enfermée dans une urne. On a trouvé^ftifeiî
mêlés parmi les ossemens des fragmens de baguette ou -^èi-gie

brisée, que l'on croit avoir fait pai;tie des insignes de la personne
enterrée dans ce monument , et qui pourrait bien avoir été le
symbole de la dignité des Druides, symbole appelé encore
aujourd'hui en Irlande la haguetic du conjureur ou du Druide.
Dans les environs de ce Cromleach ruiné en est un autre, appelé'
pfar les habitans le Fardeau du Géant , h cause de la tradition'

qiii se rattache à ces monumens, et qui attribue leur construction

^* un trouve dans ^Histoire du Wiltshire de sir Richard Hoaii*ë'\«i'


croquis de deux Cromleaçhs du Malabar, exactement semblables a téûX
des îles Eritanniques. Voyez aussi les Voyages de Maundrell sar urt Mo-
nument pareil situé sur la côte de Syrie, « dans le pays, dit King, des
Phéniciens eux-mêmes. » I\Iuninienta autiqua. King suppose que cette
construction décrite par Maundrell a dû être approchant de la même
forme et de la même espèce que le Cromleach ou autel appelé KU's
Cotty Uousc, dans le comté de Kent.
* Louthiana, liv. m. La découverte fréquente d'ossemens humains
sotfs" ces' monumens confirme l'opinion de Wright et des autres, qu'ils
étaient en généial érigés sur des tombes. Voyez à l'appui de ce système/
les remarques de Wright sur Planche V, Louthiana. Il est sans doute très
probable que tous les monumens druidiques, Cercles, Cromleaçhs, elc.^
à quelques usages qu'on les ait faitservii-, furent dès l'origine destinés
inhuiU3tic»iK.,3»p*!'ii»J " §""^ "'^ *^"'
aux •
DES PF.UPLE9 CELTIQUES. 441

aux géan* dans les teins anciens '. A Castle-Mary; près Cloyne,
on voit des restes d'un grand Cromleach appelé en irlandais
Carig'Croitli ou le Rocher du Soleil, l'un des noms qui indiquent
sufBsamment l'ancienne religion du pays et dans la même ;

contrée, près de Glanworth, se trouve un monument decettesorte


appelé Labacollr , ou Lit de la Sorcière ,
qui est assez grand pour
former un appartement de vingt-cinq pieds de louf» et de six

pieds de larjje '^.

(vLne chose moins ancienne et moins générale parmi les nations


celtiques , c'était le cercle de pierres dressées avec un autel ou
une grande colonne au centre , et qui , comme le prototype que
l'on en avait à Gilgal , servait quelquefois de temple pour le
culte, quelquefois de siège pour le conseil ou inauguration na-
tionale. L'ancienneté de la coutume de tenir des assemblées
judiciaires de cette nature résulte clairement d'un conseil
d'anciens assis autour d'une enceinte de pierres taillées que
l'jûn voit représenté sur le bouclier d'Achille ^ Les Druides,
e^-.se servant pour leurs temples de pierres informes et grossières,
S£!f prêtaient à la vraie, à l'orthodoxe observation du divin
commandement donné à Moïse * : « Si tu veux me construire un

' Les naturels du pays racontent sur ce monument une histoire


étrange; ils disent comment il fut jadis apporté tout entier des monta- .

goes voisines par un géant appelé /'arraft M'Sha^^earij qui, disent-ils,


fut enterré près de ce lieu. (Louth.)
^?, voyez pour d autres restes de la même nature en Irlande, Mu^j
JiUtienta antiqua de King, vol. i, pag. 203, 254, etc.
tAn'Jia 0[ ^\ •-•'pcvTj;

{Iliade %\ui, 5o5.]

Pour donner foi à l'antiquité de ces pierres, King traduit le moto-^


Çsfftcîdi (j'ignore sur quelle autorité; par raboteux, pierres non lailiecssi^
Ce mot signifie le contraire.
,cnM eal
* En lisant l'histoire de ces pierres levées, de ces autels de pierres
brutes, il est impossible de ne pas les rapporter à ce passage de la Bible
que nous croyons devoir citer tout au long: « Lorsque, ayant passé le
Jourdain, vous serez entrés dans la terre que le Seigneur votre Dit-n vous
442 iiÉLîGioNs

autel de pierres , tu ue le bâtiras pas en pierres taillées', x Car


inéiue les nations .qui tombèrent dans l'idolâtrie conserVèrerit
encore quelque chose des principes patriarchaux , et les trans-
poitèrent avec elles dans leurs entreprises de colotiisalion à tra-
vers le monde. En conséquence, tous les monumens qui s*éloi-
gnent de l'observation primitive du précepte dont nous venons
de parler doivent être considérés comme appartenant à ime date
comparativement récente.
Les restes d'un temple circulaire près de Dundalk faisaient
partie, on le suppose du moins, d'un grand ouvrage pareil à celui
deStoneheiige, étant, nous a-t-on dit, ouverts du côté du levant,
et formés de semblables cercles de pierre '. Une des vieilles tra-
ditious anglaises relatives à Stonehetige dit que ces pierres furent
transportées là des pays d'Irlande , et avaient été portées daiis le

principe des extrémités de l'Afrique dans cette dernière contrée


par des géans ; et, au tems même de Cfiraldus l'on pouvait
vçir encore , dit-il, dans la plaine de Kildare , un immense
n^onument de pierre qui correspond exacteuîcnt pour la forme
et pour la construction à celui de Stonehenge ^ ,

iit, • ,

donnera, vous élèverez de grandes pierres, et vous les enduirez d'un


enduit Fous élèverez ces pierres sur le mont Hebal. ... et vous
dresserez là un autel au Seigneur un autel de pierres que
votre t)ieu,
le fer n'aura point touche'es , de pierres informes et non polies.
Deut. ch. -xxvii, 2, 4, 56. «Il paraît extrêmement probable que toutes
les cités de refuge dout il est tant parlé dans les Écritures étaieût des
temples coustruits dans cette forme arrondie. {Identité' des reïis^iotis

druidique et hébraïque.)
'
Quod si altare lapideum feccris niibi, non œdificabis illud de seclis

lapidibus. [Exod. w, ib).

,-„.
.''
Ruines d'im tejr.ple ou d'un thcùtre, d'après Wright. « Il est fermé
.
id'un côté par un reujpart ou fossé, et paraît avoir été un très grand
ouvrage de la même espèce que celui de Stonehenge, en Angleterre. »
[Louthiana.)
* Uadc et ibidem lapides quidam .iliis simillimi sirailique modo
erecti, uscpie iu boûieri;um conspicinntnr. jMiruni qiialiter tanti lapidfs

tôt <ti:ini, etc. rtc. {Topn^raph. Uibnrn., c. 18.


DES PFU<'l%^'ï^i£T[QUES. ft?i^

Les Irlanaais païens, dnhs leiirâ seùliniens de regjîeiift pttUf tét'


laines pierres et certains rochers^we faisaient que suivre VexeUiiilë
de la p'upart des nations de l'Orient; et lïi Vertu merveil-
leuse attribuée à la fameuse Lia Fail ou PieYtv (te la Destinée ,

dont ou se servait dans l'électiou des monarques irlandais petit ^

être comparée à celle de Valizoe ', ou pierre d'argent des Perses,


a laquelle les Mages accordaient un semblable charmé dans le

choix de leurs souverains. Vi Ja-iuia <


u-

.
'

^Lesmonumens connus sous le nom de pierres momvntes ,


que
Ton trouve en Irlande, comme dans le Cornouaillcs et là princi-

pauté de Galles , paraissent aussi en quelque manière ressem-


ibler à cette sorte de merveilles naturelles ou artificielles que les
phéniciens regardaient comme sacrées, sous le nom de Bcetrii
ou pierres animées. Ils prétendaient qu'elles avaient élé fabri-
Quéés par le dieu OwAtpoj bu6Ve/»j]a divinité adorée paV l'es

^ u "Alizocn in Indiâ et m Pereidé ac Ida monte nasci tradit, argen-


Tro' riitbre fulgentem..., necessariam Magis regem constituentibuS(/'//Aij
lib. 07, c. 54}. Voyez aussi Bœlliius de Gemmis. Dans les Antiquités de
Cornwailles, de Borlase, le nom de cette pierre est inexactement écrit
jdi^lizoe ; et comme il ne rapporte pas le passage de Pline où il en est
,
jFait mention, le mot a été pris de conGance de Borlase, par tous les écri-

vains qui lui ont succédé. Entre autres, le général Vaîlancey s'est amusé
à bâtir sur cette erreur typographique une de ces étymologies qu'il
tient toujours prêtes : « ÎMaintenant, art, en irlandais, signifiant Ulie
pierre aussi bien qu'une cloche, le nom de cette pierre de ciment, c'est-
à-dire artdusaca, peut avoir été corrompu par Pline en celui d'arrfioë
des Perses.» (Justification de l'anc. hist. d'Irlande, c. 11, sect. 2.)

^ H7t Sï i':7z'rW.az ôeô; Oùpavô; paiTÛX'.a, Xîôs'j; i'j.'l'jy//j^ u.T/.avT.ffaw.svc;.

(Philon de Biblos, dans Eusèbe Pre'p. e'vang.) SUikeley, dans son zèle
pour attribuer aux Druides quelques connaissances de l'aiguille magné-
tique, suppose que cesp/e/TejmoufrtnfeJ,dontSancboniathon fait honneur
à Ouranos, avaient été des aimans. [Description d'Abiiry , c. 16.) Il
était dusage parmi les Egyptiens de placer péniblement une grande
pierre sur une autre, comme un souvenir religienx. Les pierres que l'on
plaçait ainsi équilibraient souvent d'une manière si égale, que Tune ne
dépassait pas extérieurement l'autre de la pliis petite ligne. De plus, le
moindre souftle du vent aurait suffi quelquefois pour les faire remuer. »
^-'^
M4 ?^^^^^4Mia?^ï^'
bamothi aciens, 'et afasft |)ai- les Irlandais, sous le nom de Samhin.
Le fait que ces pierres, que l'on disait être agitées jiar ua
géaje ', faisaient partie des cérémonies païennes de l'Orient, est
clairement démentie par la mention qu'en ont faite quelques
auteui"^ anciens qui déclarent les avoir vues eux-mêmes au sié^e
principal du culte du Soleil, à Héliopolis ou ancienne Balbec^
Il paraîtrait qu'à la différence des mobiles monumens des Drui-
des, les iSœC)7t n'étaient quelquefois que de petites pierres por-
tatives, portées par les hommes pieux en forme d'amulettes ^. IV
y en avait aussi quelques-unes dont la description répond par-
faitement à celle des roches druidiques, comme on le voit d'a7
près le récit que fait Pfolémée Hephœstion , auteur cité par,
Photius , d'une grande pierre Gigonienne , comme il l'appelle ,

qui s'élevait sur les bords de l'Océan , et qui ,


quoique suscep-
tible d'être mise en mouvement par la tige d'une simple fleur ,

ne pouvait être ébranlée par aucune force humaine \ Jl fayt


surtout remarquer , comme nous l'apprenons par un passage
d'Apollonius de Rhodes ^
,
que cet équilibre délicat de la pierre

( Bryant, Anal, mythol., vol 5). La description suivante d'une pierre


mouvante se trouve dans Pline : Juxta Harpasa oppidum Asise causes
stathorrenda, unodigito mobilis : eadem,si lotocorporeinipellatur, re-
sistens. » (Lib. ti, cap. 58.)

ixàXXov D>s-j'EV civat -yâp Ttva ^aîaova, Tcv xtvsûvra aOrôv. (Yita Isidori apud
PJioiium, n. 342, p. 1064. Rouen, i653). Mais, quoique Isidore, d'après
le^biograpke Damascius, ait imaginé que quelque génie placé datis T^
pierre la faisait remuer, il expose gravement qu'il ne supposait pas que,
ce génie fût de la classe des démons malfaisans, ni de ceux qui sont purs

et immatériels.
^ Quelquefois, cependant, comme dans les cas de ce Bcetyliis qui for-
mait la statue de Cybèle, que l'on croyait être tombé du ciel, ils durent
avoir été d'une grandeur plus considérable. Voyez la remarque de l'abbé
Banier,vol. v,p. 241, comme aussi une dissertation sur les Bœiyle<i^ pr.r
M. Falconnet. Dlcm. de l'Acad., tom. vi.
' Tlz'À t;/;; -£:l tÔv i'i/.îxviv rt"^a)vîa; TVîTpa;' xal ou u.cvû> àdçoÎEXfj JiivsiT^t,

7to4î7ïâaav ^^v.ràu,j7cç^<V*"6> Photius ^/Z'//b/. n" 190, p. 4/6.


* ' ^ ",' '. .',','. . . Ây àvio'vra;
TrvM W i\àrixt'^-r: -ii'4Vi . m), f.n.r.'i'y.rr. '•l'y'.ri
DES l'ELPLES CiiLllQUES. 4-45

n'était pas quelquefois seulement thez les Druides uu ouvrage


d'âirt , mais qu'une idée de sainteté était aussi attachée à ces
productions , et qu'elles étaient liées aux funérailles , comme
dans les rits druidiques.
'^"'ties collines et tombeaux sacrés de l'Irlande avaient plusieurs
Hëstînatious. Les prêtres y offraient les sacrifices, le législateur
ou juge y promulguait ses décrets, et le roi, à son inau|{ur&tion,
y'^tait prc'senté avec la baguette du pouvoir. Paimi ces lieux
consacrés ', le plus célèbre était \^l colline cTUsneach^ dans le

West-ÎMeath , tant à cause de l'assemblée conventionnelle qui s'y


teiiàit fréquemment
que parce que son sommet; était
, la point
de réunion des limites des cinq provinces de l'Irlande; et de la
mêtiie manière que la plaine d'Enna était appelée \e nombril de
Ai"'i^imfe
» et le site du temple de PclpLes \c noruhril dei tt^
,

nwérs^\ «ainsi la pierre qui inarquait la commune séparation


des cinq provinces dans lesquelles l'ile était alors partagée, était
^i'tiotnmée le nombril de l'Irlande *. Là, les Druides , da^ Içs

lîv ÉTc'iïî, ôâ'xS;; -Eî'.ùffiiv à;^îâci>.£U(7clv, ^ ^

STij'-i 'K'.rjTai r/.T.E-/Tc; O-îTT/c'.r, ^ipsiao. (.-«/•go/i. 7,_^^. i3,Ç|^


i'ilL'--
Xe terme
... , ....
employé ici, quoique signitiant dans sa plus géné-
Irô.x,
-

rale 'acception une colonne ou obélisque, servait quelquefois à désigner


un rocher. Voyez Dotinegan, qui renvoie, pour cette signification du
mot, à HermsterJi. ad Lucian., I, p. 267. -^ ...\àsaj

'Le culte des montagnes, des collines, des fleuves, parmi les anciens"
Bretons, est mentionné par Gildas : « Montes ij-)sos aut coHcs aut fiu-
yios... quibus divinus honora cœco tune populo cuninlabalnr. » t. n.
Et il résulte des lois qui, au onzième siècle, défendirent plus tard aux
Anglo-Saxons d'adorer les arbres, les rochers, les torrens et les fontai-
njjs,que cette superstition n'était pas particulière aux tribus celtiques.
"Voyez Source et Progrès de la richesse anglaise, de Palgràve, partie 'i^*>'
çh. 4. .^ ^„.. ^„..i .lJ/«
"
Diod., lib. T. c .q.Y .bv.iMOiid
= Stra.,lib. IX. /^ j-jnnooii/l .!/•

* In lapide quodara eonveniant apud meâiam jùlth caslruiti de I^yl-


lari, qui locus et umbilieus Hibemise dicitur qaasî iri medib'et nicdulli-
tio terra; positus. Cœsar, de helb Callico. L, vi. Cap. 4.
4Mi ' ' HKLIGIOKS

Qffgi^JQH^ ft9lenneJJle,s , ayaipiit coutume 4e teoir leurs assciH^:


t^ljçes^' , suivant l'usjige aussi pratiqué par les Druides gaulois »i

qui se réunissaient aunuellemeut sur les confins des Carnuies ,•

dans un lieu que Ton croyait être le centre de la Gaule , y don-


naient 4!es ayis sur toutes les contestations qui leur étaient sou-
miges, et prononçaient des décrets qui étaient universelleiuentr
obéis *, i.té- )">

Dans le caractère Siicré que l'on attachait à la colline d'^^v-


neçiçh comnie limite commune des cinq provinces, nous l'etrou-
vons cette ancienne fovme d'idolâtrie qui naquit du respect
naturel que l'on accordait généraleujent aux bornes et aux fron-
tières, et dont la trace se voit dans \es anciennes superstitions
delà plupart des contrées de l'univers. De là, les montagnes, ces
barrières naturelles entre les nations contiguës, en vinrent d'a-
bord à être regardées avec vénération ; et il a été démontré que. '

lesmontagnes saintes des anciens Grecs, des Asiatiques pt des


Egyptiens étaient toutes situées sur les marches ou sur le terrain

des frontières. Lorsque les limites artificielles, ou Termes^, furent


établies, le culte qui avait été longtems accordé à la mon-
tagne s'étendit aussi à la pierre informe détachée de ses flancs

po|ir remplir conveniiouncllement la même fonction qu'elle.


.<(. Le roi ou chef avait sous lui certains juges appelés brehons,mài
à des tenis détermiDés, s'asseyaient en plein air, généralement sur
quelque colline et sur un banc fait avec des mottes de gazon, où ils dis-
tribuaient la justice aux voisins. « {Vv&re, Jniùfuiles de l'Irlande,
ch. II.)
' li certo anni tempore in finibus Çarnutum ^uœ regio totius Galliaî

medid babetur, considunt inloco coasecrato. Hic onanes andique qui con-
troversias habentconveniunt, eorumque judiciis decretisque
parent. Z?e

Bello gallico, lib. vi, cap. ID.


»Dulaure, Des cultes anl&rieurs à l'idolâtrée, ch. viii. Parmi les'
montagnes saintes de la Grèce, cet écrivain en a compté douze, portant
toutes le nom d'Olympe, et toutes situées sur les frontières. Ch. ix.
* L'hommage que l'on accordait à la divinité des bornes et des fron-

que lorsqu'il fallut trouver de la place pour le temple


tières était tel,
de Jupiter Olympien dans le Capitole, on changea tous les dieux, à l'ex-
ception seulement du dieu Terme.

I
DES PI:LPLE6 CIîLTlQl'ES. 447
C'est de cette vénération pour les frontières que venait le carac-
tère sacré attribué au lieu choisi par les Druides de la Gaule pour
tenir leurs assemblées , et qui était situé sur les con6ns de cette
tribu de Celtes, appelés les Carnutes.
"jToutes les fois qu'un ou chef Irlandais devait être inauguré
roi

sur une de leurs collines, on le plaçait sur une certaine pierre ',
où était empreinte la forme du pied de leur premier souverain ,
et là, on lui proposait le serment de garder les usages du pays.

« Alors, dit Spencer qui avait lui-même été témoin de l'é-


» leciion d'un chef irlandais de cette manière une baguette lui,

» était remise par ses propres officiers, et avec celte baguette


» dans sa main il descendait de son pavois , et se tournait trois

>• fois en avant et trois fois en arrière ^ >• Dans le récit des céré-

La coutuiue de faire asseoir le nouveau roi sur une pierre, par


'

forme d'initiation, était pratiquée dans un grand nombre de contrées


de lEurope. Les ducs de Carinthie étaient inaugurés de cette manière
(Joan. Bocra., de Morib gentium, lib. 5). Les monarques de Suède s'as-
seyaient sur une pierre placée an milieu d'une douzaine d'autres moins
grandes (Olaiis Magn,, de Ritu gent. septent. i, c. i8), et c'est dans un
semblable cercle que les rois de Danemarck étaient couronnés [His-
toire de Danemarck). En parlant de l'énorme élévation des pierres qui
forment le monument que nous venons de mentionner, i^Ialet remarque
« que de tout tems imaginé qu'on ne pouvait ado-
la superstition s'est

« rer la divinité qu en faisant pour elle des tours de force. »


* La coutume de tourner sur le corps dans les solennités religieuses
et autres était pratiquée diftéremment par les diverses nations de l'anti-
quité, et Pline, faisant remarquer queles Romains tournaient de gauche
à droite, à la manière du soleil, ajoute que les Gaulois trouvaient plus

conforme à la religion de tourner de droite àgauche (lib. xsviii, ch. 2,


44^5; xxxviJi, chap. 5). Voyez les commentateurs sur ce passage de
Pline, qui prétendent que des autorités aussi graves que Pytbagore et
Nunia se donnaient le plaisir de la coutume en question.
Les Celtes, d'après Posidonius {apudAthen.,Yih.i\, éà\l. de i6ii,
Lyon, p. 1 Sa), tournaient toujours à rfrofïe en adorant (T&ù; 0£où; îrsèc-
/.•jvcCoiv i-r:\ rà ^î'v.o. cr75c9c,'u.cvci). Cette pratique, sous le nom de Deasoil
ou manière de se mouvoir d'après la marche du soleil, est encore con-
servée dans les îles d'Ecosse. Voyez le Dictionnaire écossais de Janiie-
soH, \ Histoire des Druides de Toland. !c Cornwall de BorJase.

M8 RELIGIOiNS

monics pratiquées à l'initiation des rois de Tii'cdiinêl ,'''ofi'^^clil

qu'en présentant le nouveau roi tenant daus sa main la vergé ,

qui était parfaitement blanche et droite , le chef qui le procla-


mait se servait de ces mots : « Reçois ,0 roi , la baguette , sym-
» bule heureux de ton autorité 5 et souviens-toi d'imiter dans ta
»> conduite sa droiture et sa blancheur. •>

L'idée que les Irlandais attachaient aux sacrées collines e'tait

si solennelle et si terrible ,
que l'un de leurs poêles, en chanCant
les louanges de saint Patrice ,
pour donner une preuve du zèle et

du courage de ce saint homme , assure qu'il osa annoncer Dieu


sur les collines sacrées et près des saintes fontaines '. La véné-
ration populaire pour tous lesjugemens qui provenaient de ces
lieux élevés avait été transmise d'âge en âge , et s'éiait conservée

avec tant de ténacité, qu'au tems même de Henri VIII le

même sentiment traditionnel régnait encore en Irlande "=; et nous


tenons d'une grave autorité qu'à cette époque « les lois anglaisés

» n'étaient pas observées huit jours de suite, tandis que les lois
» promulguées parles Irlandais sur leurs collines se conservaient
» fermes et stables sans qu'on les violât pour une somme
,

»> d'argeut ou pour tout autre récompense % »


Fie en vers de saint Patrice, attribuée à son disciple Fiecîi, mais

qui est évidemment d'une date un peu plus récente.


' Abrège cle la conquête de l'Irlande et de sa décadence par le l)a- ;

ïon Finglas, irlandais de nation, fait baron de TEcliiquier en Irlande,

par Henri VIII, et après chef de justice de la cour du banc du roi.


Ecrivain de IFare.
3 Après avoir comparé les premières fortifications celtiques avec les

élévations pyramidales de fOrient, Clarive ajoute : " En fait, le Mound


Scytique, le rt'/7t:'Tartare, le Barrow Teutonique elle Cairn Celtique,
tous ont conservé forme monumentale qui fut en usage avant celle des
la

pyramides, parce qu elle était moius artificielle et une preuve de celte ;

antiquité résulterait clairement de la simple circonstance de sa liaison


avec les pyramides d'Egypte, si le témoignage d'IIcrodole était moins
explicite pour placer l'époque reculée de leur existence parmi les peu-
ples septentrionaux. » [Foyat^es, vol. V, chap. 5.) Dans les Foyages
du professeur Pallas, il est parlé de l'immense variété do ces élévations
1>H6 1>£LI>LE6 GIÎLJ l(^»UES. /j/|U

Ceux de ces Monts Sacrés qui sont ailificiels , ont été appelés
généralement Barrows ou Cainis, suivant qu'ils sont formes de
terre ou de pierre et quoique les uns et les autres aient étc fré-
;

quemment employés aux divers usages que nous venons de


menlionner, cependant il est clair qu'ils ne furent dans l'origine
que de simples tombeaux, tels que l'on en peut voir dans chaque
pays du monde habité, et qui comme monumens funéraires, pré-
cédèrent Pyramides elles-mêmes. Parmi les Grecs, il n'était
les

pas sans exemple d'élever une colonne au sommet du tertre


{Barr(nv) , comme celle du tombeau d'Elpenor, décrite dans le
douzième livre de l'Odyssée et celle, encore plus célèbre, d'A-
,

chille, sur le promontoire de Sigée , que l'on dit conserver encore


lestraces de la colonne sépulcrale dont surmonté.
il était autrefois
Les antiquaires signalent en différentes parties de l'Irlande ', des
monumens de semblable forme, et le grand Barrow de New-
Grange passe pour avoir eu originairement à son sommet une
pierre d'une co'nsidérable grosseur. On trouve dans l'antiquité ,

des preuves nombreuses que les Cairns et les Barrows étaient

ftméraires ;
quelques-unes en terre, quelques autres en pierre, que le
voyageur eut Toccasion de voir eu traversant les régions habitées par
les Cosaques, les Tartares et les Mongols.
» Voyez Camden de Gaiigh,\o\. m
; Munimenta antiqua, de King,

liv. I<". Ce dernier écrivain, en parlant de New-Grange, dit que « ce

monument se rapporte si complètement aux détails que nous connais-


sons sur les Barrows asiatiques de Patrocle et dUHalyattes, à la des-
cription des Barrows Tartares, des rois Scythes, qu'en lisant les dé-
tails de l'un on croit lire ceux de l'autre. » (Liv. 1"=% chap. 6.) Rejetant
comme vagues et insuffisantes les preuves sur lesquelles on s'appuie pour
attribuer aux Danois, New-Grange et les autres monumens semblables,
ce savant antiquaire conclut de la manière suivante : « Nous pouvons,
de cette ressemblance entre les anciennes et presque patriarcales cou-
tumes usitées dans l'Orient avec ces ouvrages aborigènes que l'on trouve
à l'Occident en Irlande et eu Bretagne, nous pouvons, dis-je, naturelle-

ment inférer que ces monumens funéraires sont presque sans exception
l'ouvrage des hommes qui se fixèrent les premiers dans ces contrées. «
{Ibid.).
450 KELlGlOiNS CtLTIQlJJiS.

consacrés au Soleil '


; et de même que du mot Giian , nom cel-
tique du soleil, Apollon tirait évidemment son titre de Giynœus;
ainsi, le mot carne qui ,
sert à exprimer ces ^sortes de tombeaux ,

dans la langue des Celtes, a manifestement aussi donné à ce même


dieu sa qualification de Carnœus.
Th. Moobk.

'
Silius Italicus représente Apollon comme se plaisunt près des feux

des Cairns :

« Quuni plus Arciteneiis incensis gaudet acervis. » (Lib. v., v. 176.)


Parmi les diSérentes sortes de Cairns en Cornouailles, il y en a ud
que l'on appelle Karn Leshig ou le Karn de Burnings.

^^tfÇo^rrtcjîÇte,

Explication des mouuniens Celtiques et autres formés de pierres co-


lossales et non taillées.

N. 1. Pierre-autel, dite Cromlech eu irlandais. Celle dont nous


donnons ici la figure se trouve dans la paroisse de Madern, dans
le comté de Cornouailles; elle a 20 pieds (anglais) de large sur
70 de long. Voir The Celtic Druid's, de Godfrey Higgins. Lon-
dres, 1829 plann. 26, p. xlix et d'autres planches, n. 18, 22,
, ;

30; et de plus, pages 37, 38, 87, 88, 116, 149, 271. On trouve
aussi dans l'état de New-Yorck, en Amérique, un véritable
Cromlech de 15 pieds sur 10, posé sur sept petits blocs formant
colonnes pour le soutenir.
N. 2. Pierre-autel^ dite Dol-men (table de pierre), dont on
trouve un grand nombre dans les paroisses de la Bretagne et du
reste de la France.
N. 3. Pierres-autels que l'on trouve dans le Malabar. Voir The
Celti'^. Driiids, p. i.xxxiv, n. 41. et un troisième, n. 40. — On les

trouve ans>i d:\vï? Nisiorr nf/fi!tshite, de Hoare.


;^-:«**^\>>

PUrre tiret s e^ en. B retacirte JefTTpIf ctmtlcUre en /îerrv.f hrute^s


///Seriv. PLutcJl*'
'

Peuec^ Pierres - au tela duns Zg i.flulffhar~7

fî^rrc Jfixirrlctnt^^ en^/rlande Pierre Ircuilanle en. t,'3me^i/jue

\t<fn^henae en i^rufleterrcy Jour r0n<ic d JrLiruie


LITHOGRAPHIE. 451

N. 4. Pierre dressée, dite Men~hir (plèvre longue), que l'on


trouve dans une lande près de Plouarzel (Finistère) , sur le
point le plus élevé du Bas-Léon ; sa hauteur est de 45 pieds envi-
ron. — Il en existe un beaucoup i)lus élevé encore près du village
de Rudstore, dans le Yoikshire. Voir dans Arcliœol. sociel. aiiliq.

de Londres, 1776; et Ihc Celtic DruicTs, p. lxxiv, plan. 36. — Un


autre près d'Edimbour";. Id. p. 206, et trois autres à Borougb-
bridge, dans leYorkshire. Jd. p. 270.
N. 5. Pierre inclinée, que l'on trouve à Brown's-town
ou levée ,

dans comté de CarloAV en Irlande. Celte pierre est appelée


le

Bothal, qui signifie maison de Dieu; comme le mot Bcth-el en


hébreu, nom que Jacob donna au lieu oùil mitune/)ierre inclinée
sous sa tète pour lui servir d'oreiller. Voir The Cellic Druid's, p.
Lxxxix et I, et l'Irlande de GroSe, intr., p. xvii. Ou trouve une
pierre levée située sur un dolmen ou pierre autel dans la paroisse

de Sithney, et qu'on appelle men-amber,\à. p. xcii, et 271. — Il

y en a aussi plusieurs en France, entre autres à une demi-lieue de


Poitiers, laquelle a 20 pieds de longueur sur 17 de largeur, et

qui est désignée , dans le pays, sous le nom de pierre levée.

N. 6- Pierre branlante ,
que l'on trouve dans la paroisse de
St-Levin, en Cornouailles. Voir ce qu'en disent The Cellic DruicCs,
p. Lxii; n. 31. Borlase, histoire de Yorkshire, p. 180, et les témoi-
gnages des auteurs grecs; et latins ci-dessus, p. 443, 444, 445, pour
les pierres branlantes de la Phénicie, de l'Egypte, et de ia Carie.

Voir, déplus, la figure suivante. — On en trouve aussi plusieurs


en Bretagne, et entre autres une très remarquable dans la paroisse
de Brech (Morbihan).
N. 7. Pierre branlante qui se trouve en Amérique, dans le

Mexique. Le dessin que nous donnons ici est celui du cap.

Dupaix; voir antiquités mexicaines, publiées par M. de St-Priest,


prem. expéd., pi. vin. Ce monument a environ 7 pieds de long
sur 5 1|2 de large. —
Deux lieues plus loin, le cap. Dupaix en
trouva une autre. — Une semblable pierre du poids de 24,000
livres existe aussi dans le Mastachusetls.
N. 8. Cercle de pierres dressées, ou ten^ ; en pierres
brutes existant à Stouehenge, en \n;;lct w -(orange en
r

-'ai LrrHOGKAPUÏE.

ïilancle, plâhctié'iK îîj'daDsTa plaine de Kiîdave; semblable au


monument élevé à Gilgal en Palestine, et au conseil des anciens
dans Homère, voir p. 441, 442, 447, et dans les notes de ces pages.
—Les derniers voyageurs en Afrique en ont trouvé une semblable
près de Tombouctou.
N. 9. îour 70/jrfe. qui se trouve à Donoughmore eu Jr^ande,
ayant servi an culte du feu, et semblable à celles qui se <ix>uvent
à Bhaugodpore dans l'Inde. Celtic DrueVi'j, p. xlviu, plan. 2c»,

et le dessin pag. 369 et 3^2. .,„.


^^ ^ ,^

•~ '
«— 8>SO '8^^-«'

^•ahiislfi uh «sllea aal inoosisq liovft aéiqu ^tusifenom ,9)ii9v n3


iiisiuos »Juol ab xue»i(fel ob sitd^sîqs) siigool sjia^ ur liors is
it)id leq 2IJ0J c)op?9iq }nB'dfri!;i<i8di a?. fiBoi ,ti
'
9b îa
mJjuoI
l'jQM JuL Jnsvuo?, :»» j!f.">"'f/9r Rjf?^ rb '?->"')?'
JriDoibàw
nhn9t ^ h nru imâaÊBSSS^e m i '.f 1
s'i ^sapiniu
ïiltp ^ifiï\9 (iA .-^m^n.-'M) tïi nri'.f,'', uu -,
-m :\ ;'',
"ov BOf-b DÎqjflOJ
mi'b eiua».-»»! «ov isiijai Jns/rr^q floiJamlenr î>fhop «0 JHoiq
: jjp 9iba»iqqÊ âiiôveeli-jn^/oaq -îiîififq hvQMii&rÈit aldeldrn'ja
aup 39 sgn^i^ filiaitnA'^ si aibaiaq 0^8î ris uIitoy n hi au .M
W ^naid iib 1«8 ègwoi «h «ijri'c Ir ,9f',*«'" 'r? f^-f iut M bmmon
•s nncld uh
3ll^alol}il»l^ stfive'f ^ewip 3«ov -
b uo ia^lcî
,«0 »oja2 : 3H5no3 huit sioii

oH» .0^8
,&a)aiî'rB eab aaiwigilgs ne !q ïii'icoq !

'lob ô^nafl'f Jîb hlh i? lup


Jd ,0'iiifA al 'ib 3tvn3 «»«/.:

X»llï07 AUOV 9Up â:>slq ei .; . .

HJTJo xujim tt^id hlhi'tRtuB (XHtd

odeifos gftuyiie asm sb ?nJue î>»ij:

sselcl Ï19 £007 —


oj {)fb ssvfi'ai 8iî

'uUj 9«ï> — Jn9«til(fHio9 9l<(fitir-» jwi


RRAUX ARTS. 45.3

'
;:'; BEITIE DES TABLEAUX RELIGIEUX

«ï^««s«9î^3
SALON DE 1840.
—»>g)SO9g 0—
A M. le rédacteur des Annales de philosophie chrétienne.

En vérité, monsieur, après avoir parcouru les salles du Musée,


et avoir vu cette longue tapisserie de tableaux de toute couleur
et de toute dimension, mais se ressemblant presque tous par leur
médiocrité ,
du sens religieux et souvent du sens
par l'absence
artistique ,
je me
demandé s'il falkiit continuer de rendre
suis
compte dans vos Annales du Salon de peinture. En effet, quel
profit ou quelle instruction peuvent retirer vos lecteurs d'un
semblable travail? Quel plaisir peuvent-ils avoir à apprendre que
M. un tel a voulu en 1840 peindre le Christ et la Fierté et que
comme M. un tel en 1839, il a mis du rouge sur du blanc ou

du blanc sur du rouge, sans avoir réussi ù faire une oeuvre de


talent ou de foi ? Aussi je vous avoue que j'avais grandement
envie de vous envoyer une simple note ainsi conçue : Salon de
1840. "Pour l'esprit qui a présidé aux ouvrages de cette année,
» pour le progrès de l'art, pour l'éducation religieuse des artistes,
» pour le peu de goiit du jury, voir ce qui a été dit l'année der-
» nièrc et les années précédentes... >> J'avais envie de le faire, et
peut-êtic aurais-je dû suivre cette idée ; la place que vous voulez
bien me donner dans vos Annales aurait été bien mieux occu-
pée par les travaux de quelque autre de mes savans collabo-
rateurs. Cependant, comme vous m'avez dit, — je vous en laisse
toute la responsabilité, si c'est un simple compliment — que plu-
454 BEAUX ARTS.
sieurs de vos abonnés lisaient avec intérêt mes articles,
— je leur
en fais ici mon sincèi'e compliment, — je vais encore vous dire
l'impression générale qu'a faite sur moi cette exposition ; mais
je ue serai pas long.
D'abord on a beaucoup crié contre MM. du jury qui ont eu
la barbarie de refuser 2145 tableaux qui avaient été envoyés; et
moi je leur reprocherai de n'en avoir pas refusé davantage.
L'avez-vous entendu? 2H5 objets ont été refusés , et on en a
admis 1849, ce qui fait bien 3994 tableaux, dessins, œuvres
de sculpture , tous chefs-d'œuvre pour leurs auteurs et amis des
auteuis, confectionnés pendant l'espace d'un an. Bienheureux
Scudéri...] C'est donc une vraie épidémie que l'e'tude des arts !

Hélas ! oui, tout le monde s'y porte , s'y précipiie, hommes et

femmes. Car notez encore que sur les 864 artistes qui ont exposé
au Musée,- il y a 1 35, te^ime^ 11 î Ffiul^il s'étonner si l'on dit que la
plupart des hom/nes, £t surtout des femmes artistes, sont dans la

misère ? Les infortunés ! ils se mangent le pain les uqs des autres I

Aussi ^ Paris surtout , il n'est pas de.maison où vous n'entendiez


parler dessin et peintur^. C'est une maladie comparable bientôt
à celle du piano. jNe croyez pas que je blâme ici cette impul-
sion gériérale donnée aux, arts j
je. plains seulement ceux qui
s'y Ijvretit pour en faire leur état, avec si peu de chance de suc-
cès ou de profit : car si quelque artiste véritable surnage et ptrce
au milieu de cette multitude qui tend au même but , combien
dont toutes les peines sont perdues ! et quelles peines, quels
travaux, quelle persévérance, quelles privations dignes d'une
meilleure fin I Car ce n'est pas la bonne volonté (jui manque, mais
la direction, les bons préceptes, les bons exemples. Vous m'avez

dit que quelques artistes avaient mis à profit quelques-unes


des idées que j'avais émises sur les moyens de faire de l'art

chrétien. C'est ce qui me décide à donner encore ici sans pré-


tention, vous le savez, quelques avis ,
que vous conserverez ou
que vous supprimerez, suivant votre bon plaisir ; car je n'ose les
émettre que sous votre tutélaire approbation.
Dans un de ir.es précédents articles ', j'ai parlé des dispositions
'
^'oir lo compte rondii du Salon de i856, t. xii. page 296.
BF.AIJX ARTS. Ut^!!')

morales et religieuses que lea artistes chre'tieas doivent apporter


ooniiue préparation à leurs œuvres ; ici je parlerai des disposi-
tions ou préparations matérielles. Qui sait? aucuns croiront que
ces dernières seules sont efficaces. Eh bien I donc pour progresser
dans votre art, jeunes gens de bonne volonté, il vous faut créer à

la fois, à vos figures, le corps et Vesprit. Le corps, vous en trouverez


des copies ou des modèles à peu près achevés dans nos musées
et dans nos ateliers. Allez dans les salles du Louvre ; dessinez et
dessinez encore ; copiez et recopiez encore votre Apollon et votre
Antinous ; imitez^ reproduisez la nature , animée et inanimée ;

avec de la patience , du tems et des bonnes dispositions , vous


êtes à peu près sûrs de pouvoir faire une belle académie. Mais
si vous voulez donner à ces figures une vie chrétieune , si vous
voulez reproduire des scènes chrétiennes , des épisodes de ses
marlvrs, des faits de son histoire, oh ici pour vous un nouveau 1

travailcommence, long, épineux, et pour lequel vous avez besoin


du secours de votre bon ange et de votre saint patron. En effet,
pour reproduire des scènes chrétiennes il faut avoir habité au ,

Jiriilieu de familles chrétiennes. Rares elles sont autour de vous,


pauvres enfans et belles j runes filles : force est donc de les
chercher ailleurs. Remontez donc les âges écoulés; la vie de
nos saints et de nos saintes n'a pas tellement passé inaperçue sur
cette terre ,
qu'elle n'ait laissé par-ci par-là des traces plus ou
moins Et d'abord descendez dans ces catacombes où
visibles.
vécurent nos pères dans la foi et si vous ne pouvez faire le ;

voyage, ces monumens ont été tous gravés par de bons maî-
tres, par de dévoués amateurs de nos antiquités chrétiennes. En
tête sont les monumens du muscitm christianum que l'on
grave en ce moment avec les chambres du Vatican. Ciampini
vous montrera toutes les anciennes mosaïques chrétiennes '
;

u4ringhi, vous prenant par la main, vous introduira dans sa


Rama suhterranea ', et vous iera connaître tous les monumens

Vetcra monimenia in quibns praecipuè niusiva opéra sacrarum pro-


fanaruniqne îediuni,ac nonnulli antiqui ritus , dissertationibus, ico-
nibusque illustrantiir, etc. in fol. Romœ i6ijo.
' Rnma suhfrrranea nnvis<!ima , in qnà post Ant. Bosiiim ... et ce-
dtk'*pèéiiirefs"^cliriM'én§;'1èrti-» sy^ , les instrumens de leur
martyre, leurs ^^trt-fii'ëriWën'^y'^^càrs usages. Restez longtems aveo

liii et ïriitiei-tous à toute eétte vie des chrétiens primitifs, alors


qu'ils ne se connaissaient que du doux nomde^ère^'. Quand
voiis'àffrb^'*tfh^séfiiit'btfrttïè sainte à peindre, avant de fatigti«r
votre esprit a iiii inventer une vie, un entourage, une scène, une
maison, souvenez-voùs qu'il existe une collection de 47 volumes
ih-foiio, qu'on B^^eWe'Jes actioni des saints % où sont décrites

toutes les actions de leur vie , toutes les légendes qu'on y a


ajoutées. Tous y trouverez des scènes d'une simplicité , d'une
candeur, d*iitië îiotiVéafnié charmantes, des scènes dignes dii

paradis; étndri-séùléniènt leur vie y est de'crite, mais soutetot oft


\ a eravéles vieux monumens, portraits, oinemens, tombeaux,

Xlf->i<f ?.fin flft •',i*\v\lM'!ni;Tî >>'»? ï'i ••!' '•..r>r))îï


;
f
Icbres alios scriptores , aotiqua. christianonira et praecipuè roavtylipflft

Ck»meteria, tituli,^ moninieata, epitaphia, inscriptiones , ac nobllior^

sanctorum sepulchra, sex libris distincla, illustrantur, et quam plurim»


rcs ecc\esiast\c3s iconibus graphicè describuntur ac multiplici tura sâcrâ
tuni profana eruditione declarantur j opéra et studio Pâali Aringhi.
-« -- ' 'î*- ^u auir aoiu
àyo^in iûlrHomœimi.
* "
À ces indications de notre coilabôi-àteiirntrtïs nous permettrons d'Ijorf»
ter l'ouvrage de Serons d' A gincourt 'mt\tvi\é: Histoire de l'art au moyen
âge, qui renferme presque tout ce qui est énoncé ci-dessus. L'ouvrage
comprend plus de 5oo planches eu 6 vol. in fol., avec un texte explicatif

et historique, divisé en architecture, peiuture et sculpture. On le trouve


dans presque toutes les bibliothèques publiques. A. Bomnettv. jç
:
'*
Acta sa/ictorum omnium, ex latinis et grœcis monumentis collecta

et notis illustrata à patribus societatis Jesu etc. Antuerpiœ, i645 et années


n y a-t-il que depuis janvier jusqu'au 7 octobre, niais
suivantes. Encore
nous avons annoncé que l'œuvre était continuée par les Pères jésuites.
— Nous ajouterons encore ici que les artistes trouveront uue grande fa-
cilitépour ces recherches dans l'ouvrage que prépare un des collaborateurs
des yîtiriides, M.Guennebault, sousletitre de: Dictionnaire des monumens
de i'aittiquité chrétienne et du moyen-âge, dans lequel seront indiqués
touà les ouvrages îrttprltnés^ aine trouvent ^g-wres les sujets chrétiens
qui peuvent entrer dalis un tableau. Il serait à désirer que cet infatigable
«•rudit fit le même dépouillement pour les miniatures des manuscrits.
BE/VUJ^ ARTS. .
''57

reliquaires, qui nous eu ont conservé le souvenir. C'est une mine


tVov immense, et il faut le dire, presque inconnue.
Après avoir étudié cesmonumens primitifs, descendez la suite
des tems et faites connaissance , et connaissance intime, avec les

candides artistes auxquels on dirait que le ciel fut ouvert, et qui


furent si ravis d'y contempler les corps glorieux de Jésus et de
Marie et ks âmes des saints et des saintes, qu'ils oublièrent les
proportions de nos corps mortels ; ils peignirent les âmes avec
t?nt de beauté et de transparence ,
qu'ils dédaignèrent de s'oc-
cuper du corps. Oh I éludiez, examinez , copiez, faites entrer
dans votre imagination ces admirables physionomies , ces âmes
extérieures, ces corps transparens. Malheureusement il est peu
de ces tableaux ,
peu de ces gravures; mais pour ceux qui le

peuvent , qu'ils pénètrent dans nos bibliothèques ,


qu'ils aillent

y étudier les vignettes et les miniatures de nos pieux manuscrits


chrétiens. Un honorable co-anonyme a donné sur ces travaux
dans votre tome XIX, des détails très circonstanciés , très pré*
deux, et que l'on ne trouverait nulle part ailleurs.

. A ces secours il faut ajouter encore les ouvrages si remarqua-


bles publiés par M.
comte de Montalembert, et par M. Rio,
le

dont vous avez parlé souvent dans les Annales , et auxquels la


France devra la résurrection de son art religieux. Que les jeunes
artistes fassent toutes ces études, et je suis assuré qu'ils y ap-
prendront une chose qu'ignoient leurs professeurs et leurs maî-
tres ;- ils acquerront le sens artistique chrétien, qu'ils chercheront
en vain dans les ateliers les plus fameux.
Voilà les conseils que j'avais à donner. Les approuve qui vou-
dra ; les mette en pratique qui pourra. Maintenant je vais vous
dire quelques mots sur quatre ou cinq tableaux qui ont le plus
saisi mon attention.
L'œuvre la plus importante du Salon me paraît être le dernier

soupir du Christ, par M. Gué. Or,


une c'est que ce n'était pas

œuvre facile que de représenter cette grande scène que saint


Mathieu décrit ainsi «Depuis la sixième heure du jour jusqu'à
:

» la neuvième, toute la terre fut couverte de ténèbres..; ei Jésus,


>» jetant pour la seconde fois un grand cri, rendit le dernier sou-
458 BEAUX Ar.TS.

w pir. En mêirifrtems, le voi'.e du temple se déchira en deux,


» depuis le haut jusqu'en bas :'.la t-erre trèihBla ; les pierres se
» fendirent; les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints
» qui y reposaient, se relevèi'ent. >«

Voici comment M. Gué a traité c€ magnifique sujet :

Sur un fond noir , où d'abord on ne voit que des uuage»


groupés en lnas?e, se dessinent trois friandes croix. Deux iu-.niines
de couleur rougeâtre et sombra se tourmentent d'une nranièré
inégale sur deux de c('s croix, mais sur celle dû milieu, exuire.
calme et placide, le CHRIST, roi et sauveur. Un peuple innom-
brable se presse à l'entonr de ces croix; d'abdrd les sai'nfes
femmes et Jean et quelques courageux disciples ; puis les soîflats

romains, à p^ed'et à cheval ; le peuple juif, hommes, femmes et


enfans. Les crbyans adorent et supplient à genoux ; li s în-
eroy.ans maudï<;sent , ou ])lulôt, pâles , consternés , s'enfuient e6
désordl'ie, frappant leur poitrine, tombant de frayeur. Les soldats
roBiiaios' laissent échapper leiUa' armes j sur le devant un centii-
rion a lancé son cheval au galop ; mais l'aniinal se cabre épou-
vanté ; car -le rocher s'e'st ouvert sous ses pieds , et des morts
couverts de leurs suaires sortent de leurs tombeaux , avec la
douce majesté d'an|;es qnri se révèlent en figures calmes et même
joyeuses et animées, terrifiant ceux qui sont le plus près; enfans,
femmes, hommes, pontifes, sentent leurs cheveux se dresser sur
leurs tètes, et toute chair est en proie à l'horreur, au saisissement
et au désespoir.
C'est le premier plan du tableau , éclairé par le disque du so-

leil, voilé et rouge de sang.


^^'Mais appliquez votre regard; toutes ces ténèbres s'animent, tous
très nuages prennent un corps ce sont les innombrables légions
;

d'anges, confondus, pressés, assistant au terrible sacrifice. A droite

un jet de vive lumière parti du centre du ciel, et se faisant jour à

travers les nuages, se projette jusque sur la croix du Christ qu il

entoure d'une divine clarté. Tout cela est beau, grar.d et terrible.
Nous ferons un seul repioche, c'est d'avoir supposé la Vierge plus
fatiguée qu'effrayée, étendue sur "le sol, nppuyée mr les genoux
de Jean. La mère de Jésus n\'tait pas couchée par terre; quelle
BEAUX AKTS. 459

que lût la douleur de cette douce mère des humains, elle n'en
fut pas abattue, et l'Evangile nous dit positivement qu'elle se
tenait debout {stabal) au pied de la croix. C'est une circon-
stacce que le peintre n'eût pas dû oublier ou contredire.
Après ce tableau, celui qui m'a plu davantage est le Miracle des
I^QseséQ ]\I. Dlbvte fils- Ou connaît cette jolie logeude. La sainte
reine de Hongrie, Elisabeth, portait un jour dans son manteau
des provisions qu'elle allait elle-même distribuer aux pauvres.
Elle rencontra sur son chemin, son m,ari qui, tout étonné de la
voir ainsi chaigée, voulut voir ce qu'elle portait; mais eu ou-
vrant le manteau, il n'y trouva plus que des roses blanchis et
ropg«s. Le peintre a bien exprimé celte belle et placide figure
de sainte, soumise devant sou mari, modeste devant le miracle
de Dieu. I n geste fier est dans les traits du roi, mais il se ré-
prime, et la confiance, l'humilité chrétienne reviennent à la vue
de la croix rouge qui paraît sur la tèle de la reine. Quelques
personnes ont trouvé qu'il y avait un peu de raideur dans le cos-
tume de la sainte; cela peut être, mais je ne veux y voir que la
pensée général^, profondément chrétienne et l'exécution si soi-

gnée des détails.

Un troisième tableau, auquel je m'arrêterai un moment, est le


Magnificat de Mlle IMeloe Lafon ; l'artiste a voulu nous présen-
ter la Yierge dans le moment solennel où sa cousine Elisabeth
la salue du nom de Mare du Seigneur^ et où la A ierge entonna
ce sublime cantique que l'Eglise répète si souvent dans ses offi-

ces. La pose de la Vierge est très belle; il y a de la grandeur et de


l'enthousiasme prophétique dans son geste et dans sa pose. Le
costume pittoresque ne sort pas des convenances de l'époque •

les deux figures sont bien groupées, quoique je n'aurais pas


voulu que sainte Elisabeth fléchît le genou. C'est une bonne œu-
vre et qui figurera bien dans une église. J'ai pourtant quelques
observations à faire : d'abord le ciel est beaucoup trop rouge;
cette couleur ,
vètemens
jointe encore à la couleur saillante des
de donne à tout l'ensemble une teinte de sang qui
la vierge,

contraste avec le symbolisme des couleurs appropriées à ce sujet


et à ces personnes. Mais un reproche plus grave, que je fais
4(U) BEAUX AUTS.
à Mile Lafon , c'est d'avoir donné une fausse citation de l'Évan-
gile, dans son livret : voici ce que nous y lisons « En ce jour-là,
:

» Elisabeth vint au devant de Marie,


du titre de mère et la salua
^ de Dieu. Alors Marie, transportée d'un saint ravissement a^ia
»'vue des hautes merveilles que le Toul-Puissant avait faites en
» sa faveur, entonne le sublime cantique du Magnificat. iÉvan-

}k^ gile selon sOtnt Luc, en. i, §4:) »»


. ,.

Il y a là plusieurs inexactitudes; d'abord il n'est pas viai


qu'Elisabeth soit allée au-devant de Marie; l'évangile de sain^
Luc dit expressément que Marie étant entrée dans ta maisb'n^de
Zacharie, y salua Elisabeth (i. 40.); c'est donc dans la mrtJiôw
que la scène eut lieu et non au milieu des champs. Je sais bieu
que lorsqu'on veut donner un paysage et un vaste ciel roûge, îï
est plus commode de supprimer les murailles ; mais je répéterai

toujours que les altistes, s'ils veulent redevenir chrétiens, s'ils

veulent aider à ce retour qui se manifeste vers les croyances


chrétiennes, doivent, non plier l'évangile à leurs pensées ou ail

caprice de leurs pinceaux , mais mettre les uns et les autres au


service de
l'évangile. Le mythe et la légende nous débordeutY
restons,nous catholiques, attachés aux faits et aux réalités, tîri
autre reproche que je vais faire à Mlle Lafon, c'est d'avoir cité
comme extrait de Vévangile de saint Luc, la description de ^ojni

tableau. Où a-t-elle pris ce texte? où a-t-elle vu cette manière


de citer notre évangile par paragraphes ou sections? est - ce
dans une Bible protestante qu'elle a pris cela? ou plutôt ne se-
rait-ce pas dans une Histoire du Nouveau-Teslament? quoi qu*\\~éti
soit , il faut que ne pas donner des
les artistes chrétiens veillent à

citations fausses de nos écritures. J'espère que ces observations


seront prises en bonne part, d'autant plus que non-seulement
Mlle Lafon est une artiste distinguée, et d'avenir, «nais que des
personnes de mérite m'ont assuré qu'elle était, ce qui vaut en-
core mieux, une catholique zélée et de conviction.
Puisque j'ai parlé de Mlle Lafon, je veux parler encore du ta-
bleau d'une jeune artiste, qui n'a pas été accepté au salon, et
que je rencontrai un jour par hasard dans l'église de l'Assomp-
tion. J'ai assez découragé les femmes artistes pour que je doive
BEAUX ARTS. 4^1
une réparation à celles qu*un véritable talent distingue. Un jour
donc que j'étais entré dans la petite église de l'Assomption, je
fus frappé d'un nouveau tableau de grande dimension qui y était
expose ;
je crus d'abord que c'était une acquisitioa appartenant à
noire paroisse, mais on m'apprit ensuite que c'était un tableau
exclu de l'exposition; 0*^651 ce qui me le fit examiner avec plus
d'attention. J'ai dit mon opinion sur le jury, je ne l'ai pas trouve
mais j'assure qu'il y avait au
trop sévère, et je n'en reviens pas ;

Louvre cent tableaux qui ne valaient pas celui-ci. Ainsi je ne


puis pas même soupçonner ce qui a pu le faire refuser. iMais

venons au tableau. L'auteur, MIIcPerobau, a voulu peindre


yjie scène de l'intérieur de la vie de Jésus, et elle lui a donné
pour litre: Le trai'ail La Vierge, assise sur
de la sainte famille.
up,banc; dévide un peloton de laine saint Josepb, un genou eu ;

terre et sa Lâche à la main écarrit un grand morceau de bois


,
;

entre eux deux, au milieu du tableau, est Jésus, un grand ciseau


a la main, aidant son père nourricier dans son travail. Par une
'
fit; .

circonstance fortuite, les deux pièces de bois sur lesquelles il tra-


vaille se trouvent former ujic croix. A cette vue, il s'est arrêté,

ctsur sa figure calme, résignée, contemplative, se lit tout le mys-


tère de la passion du fils de Dieu. Sa sainte mère, qui a nais le

pied sur un des bras de la croix , semble aussi en avoir saisi le

mystère ; le fil est resté immobile dans ses mains, et ses yeux
baissés, sa figure recueillie, annoncent une réflexion profonde et
péiyblej saint Joseph, au contraire, la tête haute, semble s'étoii-
l^gr, 4,e,çe mystère, et ne pas entrer si avant dans la compréhen-,
sion des desseins de Dieu sur son enfant chéri. cela forme Tout
m^e scène touchante, donnant à réfléchir aux spectateurs et tout,
à fait dans la forme et les convenances bibliques. Mlle Perdrau
est, comme Bille Lafon, une artiste à encourager, et nous avons
appris avec plaisir, mais sans surprise, que monseigneur Tévéque
d'Alger, pendant son dernier séjour à 'Paris, a dignement appré-
cié cette œuvre, et en a fait l'acquisition pour sa cathédrale d'Al-
iter, bes amateurs troTivcronl dans celte église une oeuvre d'art, et
Ic.^ Ar.ibcs Cl les coloi!^' apprendront <(ue IV-xeniplc du travail est
A{jtl BEAUX ARTS.

le plus long exemple qu'ait donné notre Sauveur à tous sur 1

terre '.

Et cependant je ne veux pas laisser cette jeune artiste sai

critique ou sans conseil. En posant ses personnages sous le ciel

en pleine campagne, n'a-t-elle pas un peu sacrifié au désir d»

peindre un ciel bleu et de faire ressortir les personnages en le

vue du ciel pourquoi ne pa.


isolant ? Si elle voulait conserver la ,

abriter la scène sous un hangard ouvert? Croit-elle que sous le


ciel de l'orient on travaille souvent sous le feu du soleil ? Le

scène aurait été plus vraie et plus historique. Biais ce que je lu?
reproche surtout, c'est l'idée d'avoir donné à l'enfant Jégus une
tunique sans manches. J'ai parcouru bien des costumes juifs , et

nulle part je n'ai vu de tunique ouverte sur les côtés et sans


manche aucune. Ces bras nus donnent à Jésus une physionomie
trop féminine , un air de canéphore romain. Que Ml'^ Perdrau
prenne garde de sacrifier au Nu, ce dieu païen de la peinture
moderne, et que je proscris dans un artiste chrétien.
Et maintenant que vous dirai-je des autres artistes qui se
sont occupés de sujets religieux ? Rien, M. le directeur , rien :

et n'allez pas m'accuser d'injustice ; car vous savez que je suis

convenu avec vous, dans notre promenade au Salon, qu'il y avait


là un grand nombre de morceaux de mérite sous le rapport ,

du dessin, de la couleur, de l'exactitude historique : il y a de

belles académies, de belles toiles et de beaux cadres ; mais rien


qui sorte du cercle ordinaire, rien qui domine. Et que gagneront
vos lecteurs à m'eniendre répéter le même éloge devant 50 et
100 tableaux ? ils gagneront à être fatigués ou ennuyés , et j'es-
time trop et j'aime trop ceux qui veulent bien me lire pour leur
imposer ce désagrément.
Il faut cependant avant de finir mon article que je revienne

' Le tableau de M"*^ Perdrau vienta être lithographie. Là


lithographie,
de 8 pouces de hauteur sur lo de largeur, reproduit fort heureusement
l'original et est d'un fnii d'exécution qui ne laisse rien à désirer. On li

trouve chez l'éditeur, place du Louvre, n' lo, et chez M. (iiroux, rue
du Coq Siiint-Houoré; prix : -2 f.
,

JJhLVL.V ARTS. 463


sur le défaut capital d'un grand nombre de tableaux dits reli-
gieux, dits bibliques, dits à'cglise, et qui ne sont rien de tout cela.
Aussi en dépit du livret, il n'y a point de Madeleine au Salon,
mais seulement quelques femmes, quelques grisettes débiaille'es,
singes de péuiicnce. Il n'y a pas à'Agar, il n'y a pas deJudithy
il n'y a là ni Zt'a, ni Racket, m filles de Lot, aucun person-
nage biblique; , ce sont les portraits de quelques femmes dé-
hontées, qui sont venues poser nues devant des artistes païens ;

je ne puis même reconnaître Dalila, la Philistin e , dans cette


énorme femme nue sur la poitrine^ de laquelle je ne sais quel
,

peintre a attaché deux vessies gonflées. Une pareille femme


n'aurait pas séduit le Samsou biblique; si elle se fût présentée en
cet état devant lui, le héros juif l'aurait probablement attachée
à la queue de ses trois cents renards, et l'aurait brûlée avec les
blés des Philistins.
Convenons pourtant d'un fait; car il faut être juste, c'est que
le mythologique nu a presque disparu du Salon
je n'ai vu qu'un ;

seul tableau lubrique une scène de Bacchante toute nue,


, c'est

à la figure et au corps avinés tenant une coupe à la main, et


,

excitant à la débauche un satyre qui s'avance vers elle. Or


voulez-vous avoir un trait du sentiment des convenances des
ordonnateurs du musée ? Ils ont donné cette Bacchante pour
pendant au portrait d'un archevêque de France. Je vous l'avoue,
le cœur m'a saigné en voyant cette inconvenance et si, ,

l'année dernière, je n'avais pas pris la détermination de conju-


rer nos saints évêques et nos prêtres de ne pas souflrir que leurs
peintres spéculent sur leurs portraits pour s'en faire un trophée,
je le pi-enJrais en f.ice de cette inconvenance. Mgr. l'archevêque
d'Auch, en donnant (si toutefois ill'a donnée) la permission d'ex-
poser son portrait , ne savait pas quelle place lui réservait la

voltairienne malice des conservateurs des tableaux. Aussi je ne


cesserai de dire que les portraits de nos évêques et de nos prêtres
qui se trouvent si bien placés dans leurs familles, dans les cou-
vents, dans les séminaires , dans les chapitres, sont tout-à-tait
déplacés (\nns ce panda monium de toutes les vanités et de toutes
les passions huinaines. J'ajoute pour acquit de ma conscience,
404 BKAUX AKTS.
qu'on y voyait encore le portrait de Mgr. l'évèque de Maroc ;

mais comme il y reparaît tous les ans depuis je ne sais combien


(le lems ,
je n'y ai pas fait , on n'y a pas fait beaucoup d'at-

tention : enfin il y avait encore celui d'un abbé D;., qu'on


avait placé à côte d'un superbe portrait de chou colossal et de
quelques carottes magnifiques. Il faisait envie à voir, car il était

bien beau ; je veux dire , le chou colossal avec lequel, mon-


sieur le directeur, j'ai l'honneur de me dire votre, etc.
COMPTE lŒNDL. 465

^om^fc rcuou.

A NOS ABONNÉS.

Avant de parler de la partie scientifique des Annales^ nous


croyons devoir répondre à quelques demandes qui nous ont
été faites à l'occasion des différentes améliorations qui ont été
introduites dans le présent volume.
Tous ceux qui ont eu occasion de nous écrire nous ont re-
mercié de ces améliorations. Le changement du papier a été
approuvé comme une chose nécessaire à un semblable journal.
Nous continuerons à n'employer que du papier collé sur lequel

on puisse écrire; mais nous ferons en sorte d'avoir un papier


moins raide et plus égal; quelques feuilles de ce volume se sont
trouvées d'une plus petite dimension, ce qui a fait que les

marge»! n'avaient pas la largeur voulue. Nous nous sommes


plaint cette négligence à noire fournisseur de pa-
vivement de
nous espérons bien qu'elle ne se renouvellera plus.
pier, et
Comme celle troisième série '"ommence au premier de l'an,
et comprend juste deux volumes par an nous ne donnerons
,

de nos abonnés par département qu'au numéro de dé-


la liste

cembre de chaque année. Mais cela ne nous empêchera pas de


dire dès ce moment quel est l'état du journal, et quel est le
nombre de ceux qui se sont associés un nouvel abonné.
Le nombre de nos abonnés qui, à la fin de décembre 1839,
était de 676, s'élève dans ce moment à 795, et sur ce nombre

119 seulement sont des abonnés nouveaux. Ce sont donc seu-


lement ces abonnés, et leurs coabonnés, c'est-à-dire 238 abon-

nes, qui ne paient que 16 fr. par an le journal. Nous l'avouons,


m* S£RtE, TOME 1. — N« 6. 1840. 30
/i6C COMPTE RBKDU.
ce nombre est bien au-dessous de celui sur lequel nous avions
établi nos calculs ; et pourtant nous maintiendrons pour eux
le prix de 16 fr., que l'ensemble de nos abonnés conti-
tant
nuera à nous soutenir; mais s'il venait à diminuer encore, nous
nous réservons le droit de revenir à notre prix primitif.
A on nous a fait différentes
l'occasion de cette diminution,
demandes auxquelles nous répondrons en donnant les explica-
tions suivantes Chacun de nos abonnés conserve pendant
:

toute l'année le droit de présenter im coabonné ; quelle que


soit l'époque à laquelle il le présente, pourvu que ce nouvel

abonné prenne ce qui a paru dans l'année l'un et l'autre ont ,

droit à la diminution- Il va sans dire que, si l'abonné a déjà


payé son abonnement à 20 fr., il ne restera plus que 12 fr. à
donner pour le nouvel abonné. Ceci est un compte de confiance
entre les abonnés et nous, et nous ne croyons pas qu'un seul
ait eu jusqu'ici à se plaindre que nous ayions donné à nos pro-
messes une interprétation trop étroite.
Mais voici que nous avons reçu quelques reproclies: deux de
uos anciens abonnés nous ont écrit que nous favorisions plus les

nouveaux que ceux qui avaient suivi nos travaux depuis le


commencement ; un de ceux-là ,
jaloux sans doute, nous a pré-
venu qu'il nous quittait.

A ce reproche, qui paraît avoir quelque fondemen.1 , nous


répondrons de la manière la plus simple et la plus directe :

D'abord, nous répéterons qu'avec le nombre resireint d'abonnés


que nous avons eu jusqu'ici, il nous est impossible d'abaisser
tous les abonnemens à 16 fr. Nous ne voulons ni nous endet-
ter, ni faire perdre à personne, comme on ne l'a que trop vu
dans quelques entreprises ; nous ajouterons que même à 20 fr.,
il n'est pas un seul journal scientifique aussi bon marche' que
le notre. Enfin, nous ferons observer aux anciens abonnés que,
si nous n'avons pas abaissé le prix depuis 1833:, nous avons
successivement ajouté des gravures, inséré un grand nouibre de
caractères étrangers, domié gratuitement deux tables générales
des matièves^ ce cju'aucun journal n'a jamais fait, et enfin tout
réccmu^ent nous avons ch<pij^gé le papier ordinaire en papier
.

COMPTE RENDU. /|i67

augmentation de dépenses pour nous. Il nous semble


colley avec
donc que personne ne peut nous reprocher d'avoir manqué
à nos obli{;ations. Mais, nous dira-t-on, si nous ne nous étions
abonnés que ce jour, nous aurions joui de la baisse de prix

que vous avez faite sur les précédens volumes. Nous ne calcule-
rons pas ici quelle est cette épargne qu'auraient pu faire les
anciens abonnés; mais nous leur demanderons seulement, si

pour cette somme, ils voudraient consentir à ne pas savoir ou


à oublier tout ce qu'ils ont pu apprendre dans la lecture men-
suelle des Annales? Que s'ils disent que oui, alors nous conce-
vons qu'ils se désabonnent sur- le-cLarap. Mais i's avoue-
ront au moins qu'il n'y a eu en tout cela nullemerit de notre
faute.
Car on nous rendra le témoignage que nous n'avons pas sonné
ou fait sonner de la trompette S!ir nos travaux ; ce que nous
pourrions faire pourtant aussi bien que tant d'autres. Mais
nous avons laissé notre œuvre parler toute seule; en reconnais-
saut même plusieurs fois et du fond du cœur, qu'elle était
loin d'être aussi bien dirigée , aussi bien exécutée qu'elle pou-
vait l'être
Mais, au reste, nous répétons ici que deux abonnés seulen)ent
nous ont fait ces observations, et encore avec des égards, et avec
des éloges pour nos travaux, que nous apprécions, et que nous
sommes loin de inériter en entier.

SDR LES TRAVAUX FUTURS DES ANNALES.

Quand à nos matériaux futurs, ils sont en grand nombre et


très importans nous avons en particulier préparé un tiavail
;

qui servira de complément à celui que nous publions sur les


Religions celtiques. Ce sera une Dissertation sur le culte rendu
aux pierres dans tontes les nations de Vantiquilé. Nous donnerons
dans nos planches tous les monumens , et toutes les médailles
qui nous ont conservé le souvenir de ces dieux Pierres-brutes.
Nous en avons déjà recueilli un grand nombre; ces gravures
-^#,1 .. ..^i-U^i^.".
COMPTE REJ(PL. ^jj aa^jj^à 9„U
formeront le corapliiment de celles que nous publions ïdaiis te
nuincio.

: On verra avec surprise dans tés articles que Ib culte iès


pierres brutes a été général, et dtifait encore chez lés nations
les plus policées, tellesque les Grecs et les Komains aux der-
niers tems du paganisme. Nous en suivrons l'histoire chez tes
diiféreus peuples; et, à cette occasion, nous parlerons dé 1*0-
tigine de l'idolâtrie, que Ton trouvera bien plus récente que
l'on ne le pense communément. Nous attachons une grande
importance à cette question ; heureux si nous pouvions y jeter

assez de lumières pour comprendre que dans nos préten-


faire

dus traités de mythologie^ on donne les notions les plus faiisses


sur les croyances des peuples anciens, notions qui obscurcisisenlt
l'intelligence des jeunes gens; en effet, en séparant riiistôiré

de l'idolâtrie de celle de son origine, en la supposant née d'elle-


même, ainsi que les peuples qui la pratiquaient, on répand dans
les jeunes esprits ces idées de religions inventées et perfec-

tionnées par riiomme, qui constituent la plus triste et la plus


'^1-
dangereuse erreur des intelligences actuelles. " " ^"f

Les Annales ont pris à tache de combattre ces erreurs, et c est

à quoi elles se croient plus spécialement destinées. C'est encore,


nous le croyons, ce qui a fait leur succès ; car c'est une connais-
naissance nécessaire surtout à l'époque actuelle; et nous voyons
avec quelque satisfaction, que tous les ouvrages qui ont été pu-
bliés récemment pour la défense du christianisme, entrent dans
cette voie, et nous empruntent souvent nos documens. 11 est

bien vrai que le plus souvent on ne cite pas notre journal ;

mais grâce à Dieu, ce n'est pas ce que nous recherchons dans


-
nos travaux, et bien que nous voyions avec satisfaction quand
"nous sommes cités, nous déclarons ici à tous que nous tenons
^ tout le monde quitte de celte formalité. . ',,

V inscription chrétienne d'Autun que nous avons publiée


continue à produire la sensation que nous avions prédite.
Le Diario de Rome nous a tout récemment annoncé que le
P. Secchi en a fait le sujet d'une difsertation qui a été lue dans
CO,MPTE HENDU. /|G9

une séance de V Académie pontificale d'archéologie ^ présidée


par le prince Odescalchi. ujiqaioa 9J inoiarmci
Voici l'analyse qu'en fait le journal romain; on y retttfûférà
toutes les idées qui avaient été indiquées, plutôt que traitées
à fond dans notre article du mois de septembre dernier î s-^i )?(r;

Le savant antiquaire a fixé la date de cette inscriptioit au


'»>

» commencement du troisième siècle, soit d'après la paléogra-


•> phie du texte, soit d'après la forme à'arcane s^rmbolique
» qu'on avait donnée à cette inscription soit encore d'après le
,

«Jtiotde philosophie (gooit,?), par lequel on désigne le Chrislia-


I) nisnie dans le quatrième vers, nom qui était en ««âge dans
I» les premiers lems,
» Le P. Secchi a su également trouver dans cette précieuse
» inscription la confirmation des antiques dogmes de l'Ejjlise ca-
». tholique. La divinité de Jésus-Christ et la céleste origine des
» pracles de l'Evangile, le baptême et la grâce qu'il répand sur
n l'âme des Chrétiens baptisés , l'Eucharistie , nourriture des
» saints, et la présence réelle; la vision bienheureuse de Dieu
» pour les Justes, après leur mort, si elle n'est pas différée par
>» quelque expiation temporaire, les prières des vivans en faveur
» des morts, et celles des saints en faveur des hommes ; tous
^. ces dogmes catholiques sont ou expressément indiqués, ou
» clairement supposés par l'élégant écrivain de cette antique
»• poésie,
'^'"»
Aussi, ce beau monument chrétien, pour n'être qu'une faible
» goiitte ajoutée au cours non interrompu de la tradition, at-
» teste néanmoins par un témoignage solennel la perpétuité de
V laToi sur plusieurs articles vainement combattus par les nova-
'» leurs du seizième siècle. »
'Outre le P. Secchi, le savant helléniste, M. Hase, a bien voulu
'(donner aussi son attention à notre inscription, et en faire le

'sujet d'une très Nous savons en outre que


curieuse lettre.
M. Letronne s'en occupe aussi en ce moment. Tous reconnaissent
l'ï'importance de ce débris de nos vieux titres. Nous publierons,

?,i '.^Vpirnotre n" m. mm. xis.n. 197. iUOfl snioil 3b om>J^ aJ


470 COMPTE REIS^DU.

OU nous analyserons dans les Annales^ toutes ces dissertations.


Déjà dans le prochain cahier, nous insérerons un second article,
celui qui fera connaître les traditions dogmatiques et liturgiques
de la ville d'Autun, connaissance indispensable pour bien coQ)-
prendre le sens de l'inscriplion. Après cet article, l'auteur ^qai
s'est chargé de ce travail, examinera de nouveau l'inscription,
en comparera la traduction avec toutes les dissertations dont
nous avons parlé, et nous espérons que de ce travail résultera
une peu près complète du sens contenu dans ce
intelligence à
A cette occasion, nous nous proposons de
précitux document.
adonner un y«c simile nouveau et plus complet de toute l'in-
scription.

f- On nous a demandé pourquoi nous n'avons pas publié les


articles que nous avions promis et commencés sur la JRëfutation
du docteur Strauss. \ oici notre réponse Yers le mois d'avril, :

nous nous occupions de ce travail, et nous préparions les maté-


riaux selon le plan que nous avions annoncé, lorsque le véné-
rable abbé de Solesmes se trouvant à Paris, et nous ayant ho-
noié de sa visite, sur ce que nous lui dîmes qu'il s'acquilter&it
> de cet:e tâche bien mieux que nous, voulut bien consentir à
s'en charger. Nous acceptâmes cette coopération comme ape
bonne fortune pour les ^^n.7iaZe5 y le travail devait être fait pour
»ile naois de mai, et puis de juin. Malheureusement la santé du
révérend Abbé l'obligea de l'interrompre momentanément. Mais
vlil honneur de le faire et qu'il
vient de nous écrire qu'il tenait à ;


Jnous l'adresseia pour leNous sommes bien
mois de juillet.

:iassurés que nos abonnés ne regretteront pas un retard, qui


leur procuierauù travail bien supérieur à celui qu'ils auraient
pu attendre de nous, et nous nous félicitons d'avoir acq^iis
..*SMXAnnales un collaborateur si distingué.
'À .Nous auiious encore à parler de bien d'autres travaux i mais

avant d'en conumuicer de nouveaux nous désirons terminer la ,

plupart de ceux que nous avons commencés; ainsi nous achè-


, vcrons sans délai ceux de M. Séguier de Saint Brisson sur San-
chonialhon, c|ui sont encore au nombre de trois. Nous repren-
drons nos travaux sur les Traditions chinoises; bien que nous
COMPTE RBWTDU. 474
n'en ayions publié aucun ailicle dans ce volunii^) nous u'avons
pas laissé que de nous en occuper beaucoup. C'est qu'avant de
publier notre travail sur VV-King, nous avons voulu lire tout
ce qui avait été écrit sur ce livre, si obscur, si singulier, et sur

lequel les auteurs soit chinois, soit étrangers sont loin d'être
d'uccord. Mais nous pensons que nos abonnés seront bien aises

de connaître à fond un ouvrage d'où proviemient, disent les


^ (Minois, non seulement 4oate le\iF religion mais toutes leurs ,

f-Stiences, politiques, physique?, mathématiques, etc. Nous avons


1 déjà fait graver les figures et les caractères nécessaires pour en
e^vôiria parfaite intelligence. j ,.; ..<n.i
'^
Nous finirons aussi le Dictionnaire liturgique , et contiïiue-

ftons plus ajsidùînent noire Dictionnaire* de diplomatique ; si


BOUS n'avons pas suivi avec plus de régularité ces publications,
r*

fc'est -que nous avons craint que nos abonnés ne fussent fatigués
de voir revenir si souvent la même matière.
*^; ENCOURAGEMEWS ACCORDÉS AUX ANNALES.
Cet article est déjà bien long, et cependant nous ne voulons
pas le finir sans faire part à nos abonnés d'une faveur qu'ils ap-

j
précieront au moins autant que nous. Au milieu des immenses
travaux que nécessitent la direction et la surveillance de l'Eglise
universelle, surtout en cette triste époque, SA SAINTETE
GREGOIRE XVI a bien voulu faire attention aux travaux des
annales de philosophie chrétienne^ et par la bouche de son inter-
nonce à Paris, Monseigneur Garibaldi, elle nous a fait connaître
qu'elle désirait posséder la collection entière de notre journal
dans sa bibliotlièque particulière. Nous avouons que la pensée
de voir nos tiavaux placés sous les yeux du Père de tous les

Chrétiens nous est le sujet d'une grande joie, nous dédommage


|, de bien des peines, et nous confirme de plus en plus dans la ré-
'.. solution que nous avons prise de consacrer à la défense de notre
mère bien aimée, l'Eglise, le peu détalent et le peu de force
que Dieu nous a donnés.
Le directeur et seul-propriétaire,
A. BONNETTY,
De la Société asiatique de Paris.
472 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES.

TABLE GENERALE
DES MATIÈRES DES AUTEURS ET DES OUVRAGES.
,

''--'^^^brrpajï 4 1» T»bU dct «rticlei.

x^'i'md.iij^b.'i -i Apollonius, sur les pierres ïriouyan-


tes. 444
Abel-Reraujat sur le Bouddhisme. Aristobule, auteur de quelques vers
95.
orphiques. 427 de son existence. ;
Agathodémon, règne du lercn E^p- 4-23
te, 1 16. Désigne une succession des
Arondineau (M.)
Dé- — — Analyse de ses
saisons ; explication. nSi. poésies. 38a
tails sur le 2*; traduit en grec avant
Atizoë , pierre mystérieuse des Ma-
le déluge, les inscriptions de Thot. ges. 443
I lo
Augustin (St.) —^Surlesmariagesniix.
Adam est Osiris, voir ce nom et 2 56
tes. ,375
Affre (monseigneur).— Notice sur sa Autun. —
Explication d'une inscrip-
vie et sur ses ouvrages. ûgS
tion chrétienne. i65. Histoire —
Allégorie (1'); parallèle de celles des de l'introduction du christianisme
grecs, des juifs et des chrétiens.
dans ce pays. 167
i4
B.
Allocutions : Voir Grégoire XVI.
Alphabet démotique et hiéroglyphi- Baal. — Voir Soleil.

que égj'ptien. 3-99 Baptême. — Comment administré


Amazones, ( Dissertations sur les), dans premiers
les 4' siècles. ^

par M. de Paravey. i8 Baragnon M.) — Extraits de son


(

— de l'Inde. ai» ^4 histoire de la ville de Nimes. 5î,


5-2,59
—orientales, leurs armes, 26.
ib.,
Amazones chinoises, 3o. Slavonne Basile (St.) Sur la lumière. 353 —
3i. Grecque, ib. —
Ce que dit Hé Beauregard ( le P. Ant. Saulnier de),
43o
rodote des amazones. b8. Leur abbé de la Trappe ; sa vie,
pays est les environs de la mer Cas- Bedolière (M. le comte de la). Sur —
pienne ; de leur origine tartare. son ouvrage Le Monde et jes :

ibid. travers. ^'9


Ambroise (St.), sur les mariages mix- Bertou (M. Jules).— Extraits de sou
tes. 375 mémoire sur le cours du Jourdain.
Ancillon (M.), sur la philosophie al- i3a
lemande. 532 Bétyles, pierres antiques; où adorées.
Annales de philosophie chrétienne. 448
Nouvelles conditions d'abonne- Bochart Ce qu'il dit de Typhon.
. —
ment.' 7. —
Compte rendu aux T7I
peuples. 355
abonnés. 465. Sont demandées par Bois sacrés des anciens
le Saint-Père, pour sa bibliothèque Bonnetty
(M. A.), directeur des An-
particulière. 47' nales. Examen critique de la —
Annales des sciences religieuses de vie de Jésus , du docteur Strauss,
Rome. Extraits de ce journal. 107. g. —
Détails sur la persécution de

'i45. Moyens d'abonnemenr. 3iS l'Eglise catholique en Russie. (i.<,

Antiée liturgique, anii-^iirt-e. 4'' '


001 .
— Aii;ilv!!r (les rmiférenoc- <li*
TAliLE GENhllAl-li DEî> MAllliRtS. 473
Notre-Dame, pour 1840. ayo.— Chronon , ou Saturne. Son règne —
Dictionnaire (îe diplomatique (iG'= en Egypte. 1 16. Explication de —
art.) —
Suite du C. 3o4. Analyse —
ce règne. a5i, S'accorde avec —
de l'essai sur le papthéisme de M. la Genèse. 2J54

l'abbë Maret. 3?.i. -Compte rendu Ciel, —
Adoré en Irlande etdans Vile
aux aboimés. 4^5 de Samothrace. 35o
Bouddha, distinct du Bouddhisme. Clément d'Alexandrie. — Sur sesvers
3g. est peut être le nom primitif de orphiques. 4'5'4

Dieu. 88. —
Son origine et sa vie, Cluny (abbaye de). Essai histori- —

91. ^Sa religion linit par le pan- que, par M. liOrain. 261
théisme. io3 Cnef, ou Knef, ou Cnouphis. -^C'est
Brahmàhisme. —
Ses dogmes, son le premier dieu des Egyptiens. 23 1

histoire. 35 — Pourquoi, id. — Légende lue,


Browning (M.)— Critique de son his- par ÇhampoUion. ia4
^'IJoife des huguenots. 4^ Coch'.nchine.' —
Persécution des ca-
tholiques. Sgo
Catlier (M.) — Recherches
sur le ni- Collines sacrées des Irlandais. 44^
veau de la mer morte. 129 Colonnes servant de monumens re-
Callimaque. —
Sur les mystères. ^70 ligieux. 559. Voir lithographies,
Camisards (guerres des). 69 Combeguille ( M. A.)— Examen des
Cartilage.—- Inventaire des meubles institutions liturgiques de don
de cette Eglise, cité. 4'^ Guéranger. 4^1
Celtes. — Leurs nionumens, leur re-
Conférences deNotre-Dame de Paris,
'
lîgion, principalement en Irlande, par l'abbé de Raviguan, analysées.
examinés et comparés à ceux des
autres pays. 338, 459 Confucius. Traduction française —
Centaures, —
Quelques détails sur de tous ses ouvrages, par un Mis-
leur origine et sur leur pays,
. 19 sionnaire. 400
Cercles de pierres, 44i-^oir litho- Constant Symon (l'abbé). -^ Examen
grapliies, de son ouvrage sur les mœurs et
ÇhampoUion. — D'une
égyp- litanie
lès doctrines du rationalisme. l36
tienne, sur le dieu Cnouphis, lii

— Cosmogonie égyptienne (essaisur la),


Champollion-Figeac, - Sur le systè-
ou Recherche $ur le règne des
me d'écrituredes Egyptiens. ag4 dieux dans ce pays. loy 245,
Chanoinesses .

Leur origine. 3o4


Chantres. Leur origine. 3o4 Cosmogonie de la Genèse. Voir ce
mot.
Çhdpe. 3o8
Chapeau et chaperon, l'd. Cousin (M.)— Est
panthéiste dans
sa philosophie. i ^"i, 520
Chapelain. id.
Chapelle (chevalier de la). 3io Création connue des Egyptiens. 124
Chapitre. 3lo, 3i l —
Suivant la Genèse. 253. Re- —
Chapitres nobles, —
D'hommes. 3 12. trouvée dans la vieille chronique.
a54
—De femmes. 3i3
Chardon (ordre du). —
5i4 Creutzer, Cité sur le Bouddhisme.
Chronique (la vieille) du Syncelle, en 99,93, 10 j, io5
quoi diffère de Manéthon. 2^6, Crichna. Ce que cette légende — a de
particulier. 98, I02
256, 257
Chronologie biblique; où elle com- Crom-Cruach. Idole irlandaise. —

mence. a58, Comment elle s'ac-
corde avec celle de l'Egypte. 246, Cromleach, ou tombe autel «Jes Celtes
259 ^3(j. —
Sa forme dans (ilusicwrs
— —

AÎ4 TABLE GENERALE DES MATIERES.


pays. 44". —Voir lithographies. Euhemere.— Soutient que les dieux
païens ont été des hommes, igô.

Datniron (M.), Est panthéiste dans


— Passage consej vé par Lydus, et
restitué par M. Séguier. igi
sa philosophie.
'
3i^
Eusèbe. — E.xamen de l'authenticité
'

Déluge. — Souvenir chez Egyp- les


fraguiens de Sanchqoiathon
248. — Chez
de.s
tiens. Indiens. 113
les
Denys-d'Halicaryasse. — Sur mys- les
qu'il cite. 187.42?.— IN'a. pas in-
venté les vers orghigu.es.<ju'il rap-
tères. 4^4 porte.
Dictionnaire de diplomatique, chan- 423
CHAR. 3o4
Evangile St. Jean. Sa véracit^ îiis- —
torique contestée, puis approuva
Dieu(nom de)en plusieurs langues. 88
Dieux et demi-dieux. —
Ce qu'ils fi-
par Strauss.
Evangiles.
10
Leur authenticité atX^> —
guraient en Egypte. a48
Diodore de Sicile. —
Sur la géogo-
quéeet plan de réfutation.
— ly
nie égyptienne. 112. Voir égyp-— Eve Est risis des Egyptiens. 255.
— Voirisis.

tiens.
Drach (M.) —
Dissertation sur les ma-
Feu, — Adoré chez
F.
les Irlandais et
riages mixtes chez les juifs. 370
Druides. —Leur culte. — Voir Celtes. [
en Orient.
Fichte. —
352
Est panthéiste dans sa phi-
losophie. I

302
Ecoles méniennes où l'on enseignait Foi. Ce que c'est. 278. — — Bonheur
le grec.i^o. —
àAutuu. i85. Mé- qu'elle procure.— 287
dailles. )84 Fourier (Charles). Est panthéiste •

Ecriture égyptienne. 294. Signes —
dans ses principes. 028
figuratifs. 2q5. —
Signes symboli- Funérailles des premiers chrétiens.
ques. 295. —
Signes idéophouéti- Passage précieux à ce sujet. 419

ques. 298. Alphabets démotique G.
et hiéroglyphique. 2^)9 Genèse. Ses récits mis en parallèle —
Eglise. Sonjexistence,son autorité. 2^0 et accordes , avec les cosmogonies
Égyptiens. —
Examen de ce qui nous égyptiennes. a55
est raconté du règne des dieux et Géogonie égyptienne. Voir Cosmo- —
des demi-dieux. 107. Comparai- — gonie.
• son du récit de la vieille chroni- Géraud (31. H.) Examen de l'his- —
que et de iVIanéthon. 1 10 Leur —
toire de l'abbaye de Cluny. 261
cosmogonie. 1 15. —
Se chapge en Gœrres. Ce qu'il pense du Lamaïs- —
théogonie. 1 16. —
Ont fait Adam me, et du Bouddhisme. 98
un de leurs rois sous le nom d'O- Grec. Parlé dans les Gaules. 178 — .

siris. I aS. —
Leurs demi-dieux sont Grecs-unis, Leur persécution en —
nos patriarches, id. —
Explication Russie. Voir ce mot. —
, de leur cosmogonie. 25o —
Leur Grégoire XVI. Allocution sur l'é- —
;
.chronologie accordée avec la Ge- tat de l'Eglise catholique en Russie.

j:. aèse. 24^, 257. —


Comment ils ont 79. Contre ceux qui approuvent —
-.connu les faits primitifs. 259. ou favorisent la traite et l'esclavage

Leur écriture. Voir ce mot. des noirs. i58.— Surla persécu-
Emeric- David,-" Sur Vu][.caju ou le tion et nouveaux martvrs du
les
feu. 124 Tong-Iving et delà Cochiuchine.
Esclavage des noirs. —
Lettre aposto- 5oo. —Désire avoir la collection
lique qui le désapprouve. Voir — des Annales dans sa bibliothèque
Grégoire XVL particulière. 47*
— 1

\*^VvJu.*ltr a Co^ Loiù4 * '-*?4^'/ ,^:^

TABtlî GENERALl- DKS MATIERES. 1%


loimiiie dn système des métaphy- Revue bibliographique analytique
de l'Allemagne. 354.
sicicnii Est annoncée. — 3a5
lu fin de tous les svslèrnes Hindous. Richomme (Florent). —Examen d'une
io5 légende. 149
PieVlir. —Fxtrait dubref sur les Robert-le-Diable.— Légende. 149

mariaijes avec les hérétiques. 379 Rougemont
(Frédéric de). Sur Je
Pianciani (le père). —
Sur les cosnio- progrès des études philolog^iques
et archéologiques, dans leurs r-ap-
gonies égyptienuei. lOj, 243
l'hîha. —
Voir HepbnL^tos. ports avec la Bible.
Moyens employés par le
85

IMiilosopliie mystique dû XlXe siècle Russie.
— Est pauthéislique. 027
gouvernement pour ruiner le ca-
tholicisme. 64. Réclamations des —
Philologie el archéologie, dans leurs
rapports avec la bible. 85 catholiques. 73, yô, 76, 77578.—
Phéniciens. -"Sur i*aulbenticité de leur Allocution du Saint Père. 7^-^
histoire. 187, 4^2. Ont peuplé— Noaveaa'x détails 201.— Réhjta-
d'Irlande. 343. —
Adoraient le So- tation d'un mémoire publié p^r le
gouvernement. 2o3. Persécution —
leil. 35o
Pauthier. — Ce qu'il dit du Bouddhis- —
an. Nom des évêques qui ont
me. 100 apostasie. 255. —
Etat des Èglise.s
Paravev ( le chevalier de). — Voir catholiques et schismatiques
— '.ouvens supprimés.
2.36

Amazones. Centaures. 240


Pierre-le-Grand. Persécute — les ca-
S.
tholiques. V;I2
Saba ( la reine de). — Retrouvée en
Pierres brutes. — Adorées, d'où vient Sabéisme
Chine
en Irlande.
28
55o
et ailleurs.

ce cujte. 4 P'—Pie*^f6s 44 levées. ^

— Pieires mouvantes. 44^* — Voir Sanchouiathon — Voir Eusèbe.


Litho^iapliies. Sacrifices humains en Irlande. 507


Piromi. — Leur règne en Egypte. 848 Samuthrace — Son culte com- (ile de).
paré celui de l'Irlande.
— Sur mystères.
h'Iaton. les 424 Ô49 à

Pologne. — Justification de con- Saturne. — Adoré en Irlande. 307.


la
duite de son clergé , lors de l'in- Voir Chronos.
surrection de iS5o. 221 Schlegel (de) sur le Bouddhisme.

Porphyre. Dit que le mensonge est _99
permis. 188
Schelling. Est panthéiste. 352 —
Possevin (le P.), jésuite. —
Délivre la' Scythes. Recherches sur leur
ori- —
gine. 8"
Russie de l'invasion des Polonais.;
206, 200. —
Quelques-uns de ses Séguier de Saint-Brisson. Di;;serta- —
tation sur l'authenticité des frag-
ouvrages. 23o
Pi olestauli — Sa marche progres- Seriadique
s.ine.
mens de Sanchoaiathon. 187.
— Ce que 110 (terre). c'est.
4'22

sive et anti-sociale. 5o. 137


— Ses Colonnes. r 1

Quelen (monseigneur de — Pendant Sibylles ),


leurs vers, d'après Huet. et

dix ans, par Bellemare.


J]. 32o 189
Sivaisme. — Ses dogmes. 55
II.
— Son culte chez Irlandais
Soleil. les
Rationalisme du XIX*
(le) en Phéniciens. 35o. — Et
siècle et les autre.*
France, par i'ahbé Constant. i36 nations. — 55 — Voir égyptien*. 1
.

par l'abbé ^Inrel. Strauss. — La vie de Jésus. 9. — Con-


ù'îj.

Ravignan — Analyse de
(l'abbé). tradictions. 10.— Ne
ses pus s'adres-^e
conférences de 1840. 2-0 nu peuple. — Est fort 1 i. roiilre le»

m« sÉaiE. ToM. 1 — >"G. 1840. 31


1 1 .

478 TABkE GENBRALE DES MATIERES.

protestant. i5. —Projet dedéfeuse Tours rondes en Irlande. .^60, 56.^


16
Syncelle ( le ).— Extrait de son his Trappistes. — Voir Beauregard.
toire d'Egypte, —

Voir Egyp- Typhon. — Son règne era Egyple.
tiens. 1 1 . —Est le mauvais principe, i ao
T. — Est le serpent. 355
Tertullien.— Sur la prière. 4«8.—
Sur le baptême, id. Prière pour—
les morts. 419 Vichnouisme.—Ses dogmes. 4:.

Theologia liturgica. —
Annoncée. Vulcain. —Voir Hephaistos.
410
Thot.*-»Ce qu'il écrit sur des colon-
nes avant le déluge. 1 1 Xilander. —
Extraits de son ourrage
Tolstoy (M.) —
Réfutation de soi: sur la langue des Titans. i8(>
mémoire contre les catholiques de Z.
Russie. 229
Tong-King.—Perséaition des catho- Zuzims (les) de la Bible, sont de*
liques. 3po Camites. 87

PIM •£ LÀ TABLE DES MATIERES.


——

TABLE GÉNÉRALE DES MATIERES.


Guérnngtr don). — Fxamen de Ses Humboldt. — Ce qu'il dit du déluge
iostitutions liturgiques. 4»! •
— An-| indien. iq5. — NieÀ ton l'existence
nonces de trois autres ouvrages 1 des Amazones; 27
i-vM -..,..... --.. '4.111 i-^'-ih-ray-ù} if.— '.13^
Gtijgniaut (M.)— Son opinion snr fe idoles.— Leur orîgîrie en Irfaiidfe,
Bouddhisme. leo, io5' 36^^
Guillemeteau (
M. Eugène). — Exa-'inae.—Voir Hindous.
men critique de des hu-ji,jjex.— Ouvrages qui y ont été mis
l'histoire
guenots. 46j pendant les années 1837, i838 et
Guizot (H.)— Est panthéiste dans ?a| i^Sg. 5i5
philosophie. 3'^^! Inscription chrétieiïne. Voyez Au- —
H. tun.
Hegel.— Est panthéiste dans sa phi- Intolérance des sectes. ori- — So»
losophie. 33 giue. 49
1]
Helios , ou le Soleil —Son règne en Irlande.— Recherches sur l'origine
Egypte. III, II 3. —Explication de| ^g ce pars, et les mœurs de ses
ce règne, îôi. —
conijiaré au récit habhans. 34o. Religion. 345. —
de la Genèse. 254- Voir —
Soleil. Sahéisme.55o. Naturalisme. 3.^2. —
Hephaistos, 011 Phtha , ou Vulcain.
— Son règne en Egypte. 1 11 .-
Sacrifices humains. 037. —
Mo- —
numens religieux. 359, 503.
C'est le règne du feu. i5.—^Ex-i Isabelle ( vie de madame
), sœur de
i

plicalion. 1 16 , 25o. Comment — St. -Louis. 322


né.
— ^ ovez Thot.
fii, 249 Isis. — Son règne en Egvpte. iii.—
Hermès égj'ptien. N'est pas la terre, il 8. — Est la
Sa forme chez les Grecs. 365 première femme. 119.' — Ses noms.
Hérodote. —
Sur le nom des amazo- id. et 253
nes. 88 —
Sur Orphée. 190. Sur —
l'histoire d'Egypte. —
Voir Egyp-
Jablonski. — Sur lesdieux de l'E-
tiens.
g}pte. 1 14, i2r
Hiératique (écriture). — Ce que c'est.
Jérôme (Saint,. — Sur les mariages
298
Hiéroglj'phique (écriture) — Ce que mixtes.
Jésus- Christ. — Réalité de sa vie con-
37^
c'est et ses signes. 299
testée, par Strauss.
Hindous. — Ont connu les Amazones.
Jouffroy (M.)— Est panthéiste dans
g
21, 24. —
Leurs doctrines exami-
sa philosophie. 324
nées, discutées et mises en rapports
avec les traditions hibhques.53.
Jourdain. ïlémoire sur la question —
de savoir s'il a pu couler dans la
Leur histoire religieuse, id. iHis
Mer rouge.—
j
Bouddh
tone du Bouddhisme. Qi. Ont t .• ,0 '.^
ui •
— c . v de
Justin (Samtj,— Extrait j
126
1
son apolo'

des monumens reugieux sembla-i


1-
_:...._i_. .^ k„-,- </:•
gie sur les mystères chrétiens. 4 6. 1
blés à ceux d'Irlande. 563
Hodgson (M.) —
Sur l'athéisme des

Examen des vers orphiques qu'il
cite. 425
Bouddhistes. 100
Horus. — Dans l'histoire d'Egypte.
K.

I2U. Est le fils du premier hom- Kant. Est panthéiste dans sa philo- —
me. 9-4*^' 255. sophie. 33 1
Haet. — Sur Orphée et les Sibylles. Klaproth. — Cité sur le bouddhisme.
'
189 - 95
— Examen de
.

Huguenots. l'histoir L.
des. 46. Lamaïsme. — Ce qu'il a emprunté an

476 TABLi: GlilSKRALK DES MATIERES.

cliristianisme. 981 quer avec la mer nioric 127


Lerminier (M.) —Est panthéisteMichelade.— Massacie de ce nom.Sa
dans sa philosophie. SaS 57
Leroux (Pierre). —
Sa théorie sur la Michelet."— Est panthéiste dans son
tradition. Siy. —Est panthéiste. système historique. 3^4
Mirabeau.— Sur les ordres monasti-
Letronne. —Lettre sur le Jourdain tiques. 432
et la mer morte. —
127 Miracles. Comment y croire. 280
Lithographies et Gravures. —
Mithra. —
Son culte pratiqué dans les
Une Amazone chinoise. 02. Gaules et en Irlande. 364

Amazone indienne. id. Amazones Moloch —
Adoré en Irlande. 357
grecques, id. —
Carte du Bassin Monnaies françaises (découverte de).
de la mer morte et de la mer rouge. 164
i34 — Signes figuratifs égyptiens. Moore (Thomas). —
Extrait de son
agS. — Signes symboliques. 297. histoire d'Irlande , sur la religion
.—Signes idéo - phonétiques. 298. et les monumens des anciens cel-
— Alphabets démotique et hiéro- tes. 340, 439
glyphique. 299. — —
Monumens en Mystères. Comment les admettre.
pierres brutes, de différentes par- 279.— Païens.— Voir Orphée.
ties du monde ayant servi au culte Mythologie égyptienne. Ses élé- —
des anciens peuples. 4^1 mens. i5g.' —
V oir Egyptiens ; sa
Liturgie.— Importancede son étude. mauvaise influence. 4^7
4oi
N.
Lobeck. —Réfutation de ce qu'il dit
de la supposition de Sanchonia- Nicolas (l'empereur). —
Persécution
thon faite par Eusèbe. 187 contre les catholiques de ses états.
Lorain (M.) —
Examen de son his- 2o3, 221, 291
toire de l'îibbaye de Cluny. 261 Noé. —
Est Menés, le premier roi

Lvdus. Voir Euhemère. homme de l'Egypte. 947
M. O.
Manéthon.— Examen, de ce qu'il dit
des dieux égyptiens etde l'histoire
OEuf.— Figure chez les anciens, le

d'Egypte, et sa conciliation avec la


monde primitif. 124. — Désigne
dans la Genèse. 255
bible. «09. 345
Onomacrite.— Auteur des vers d'Or-
Marcel (St.) —Sa mission el son mar-
tyre dans les Gaules. 175
phée. 190. —
Dans quel sens. 423

MarccUa. Méthode systématique de

Orphée. Les vers qu'on lui attrihue
sont-ils d'Onomacrite. 190,423.—
l'enseignement. 323
Examen de son essai Examen de ceux
cités par saint-
Maret (M.) — Justin, Clément d'Alexandrie et
sur le panthéisme dans les sociétés
52! Eusèbe. 422
modernes.

Comment défen- Osiris. —
Son règne en Egypte, m.
Mariages mixtes.
dus par la synagogue. 370
— C'était un homme. 117. Est —
Masson(M.) —^Missionnaire a traduit Ada'ii. 119,248- —
Explication.
a53, 205
les ouvrages de Confucius, 4°^

Menés. Est le premier homme qui
P.
ait régné en Egypte. 246. —
Est le Panthéisme (essai sur le).— Dans les
Noc de la Bible. -247 sociétés modernes. 5'il. Ce que —
Mennais (l'abbé de la).— Est panthé- c'est. 3 JO. —
Histoire de ce système.
iste dans sa philosophie. 028 529, 33o. —Au moyen-àge. id.—
Mer rouge. —
Si elle a pu comrauni- Bcifutation du panthéisme, 533.

(^ VCfXA- A.^'^^^t <»^^je^ /xna^OL du^h.)


J*'*^
>4 aa&bsi

" -,1.' .
.i^i.'iQi.

b slns^Boo^b) weismcù r.f-. :• >.

-M
'^ ?b Jlfiifr'tl — '.-•'- '* i
-

-
; «a9iJq\^H lio V — .g?.s .enf>i

'
-'<"<'b «-OTZsb -t!

li'lhWfi lui no t,

-tfiisê iBq aèjii


J3 ohbfifiXslA'b

Vous aimerez peut-être aussi