Le Travail

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LE TRAVAIL

Pourquoi travaillons-nous ?

1. Définitions ; les différentes conceptions du travail

a. Le travail comme condamnation ou châtiment

C’est là la plus ancienne conception du travail. D’après le livre de la Genèse, Adam et Ève, que la
tradition biblique, monogéniste, considère comme les premiers parents de toute l’humanité, furent
condamnés pour leur désobéissance à Yahvé à, respectivement, gagner son pain à la sueur de son front
et à enfanter dans la douleur. Si on considère l’étymologie du mot « travail », ces deux condamnations
seraient étroitement liées l’une à l’autre. « Travail » provient en effet du latin médiéval tropalium, lui-
même dérivé du bas latin tripalium, dont la signification semble suffisamment explicite : tri-, « trois »,
palus, « pal », « poteau de supplice ». On discute cependant encore pour savoir ce qu’était dans
l’Antiquité tardive le tripalium. L’interprétation la plus couramment admise est qu’il s’agissait d’un
instrument de supplice auquel étaient condamnés les esclaves fugitifs, c’est-à-dire précisément les
esclaves rétifs au travail à une époque où le travail était l’activité servile par excellence. Mais il en
existe une autre, selon laquelle il s’agissait, non pas d’un instrument de torture, mais d’un instrument
destiné à immobiliser la jument lorsqu’elle s’apprête à mettre à bas son poulain. Nous en avons gardé,
semble-t-il, en français certaines expressions, telles que être en travail ou travail de couches.
« Travail » en latin se dit labor. Nous en avons dérivé, d’une part des mots de la famille du travail des
champs (« labour », « labourer », « laboureur », etc.), à toutes les époques considéré comme éprouvant
– comme disent les paysans : la terre est basse –, et par suite réservé dans l’Antiquité aux esclaves,
d’autre part le substantif « labeur » et l’adjectif « laborieux », ce qui indiquerait suffisamment la
dévalorisation antique du travail et le fait que le travail ait pu être considéré comme une activité
particulièrement pénible1. Dans l’Antiquité, l’activité qui était seule digne des hommes libres, des
hommes bien nés, était l’otium, le loisir studieux, consacré à l’étude, à la culture des lettres et de la
philosophie2. Si on en forme la négation – neg-otium – on constate immédiatement le mépris
qu’avaient les Anciens pour les activités de commerce, à l’origine réservé aux affranchis et aux
étrangers (métèques), – ce qui a donné en français « négoce » (le commerce de gros), « négociant »,
« négocier », « négociation », etc. –. Cette activité commerçante conquerra progressivement un
caractère honorable à partir de la Réforme et jusqu’à aujourd’hui, où on considère ordinairement le
commerce comme un travail à part entière.
Cela signifierait que le travail n’aurait initialement rien de nécessaire, et que l’homme ne demanderait
pas mieux que de pouvoir se soustraire à la contrainte que représenterait depuis toujours le travail. On
remarquera que si Adam et Ève n’avaient pas désobéi à Yahvé, nous serions toujours dans le jardin
d’Eden, à jouir prétendument de tous les fruits de la terre sans avoir à travailler, dans le Paradis
terrestre de la Genèse3.

b. Le travail comme moyen de salut

C’était la thèse célèbre défendue par Max Weber dans L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme
(1905). La croyance en la prédestination des âmes, qui forme le fond du protestantisme – le Dieu des
chrétiens choisirait en toute liberté ses élus dès avant leur naissance – impliquait l’inquiétude quant
aux signes d’une possible élection. Les puritains des XVIe et XVIIe siècles, d’obédience calviniste
surtout, qui se recrutaient majoritairement parmi les négociants, les commerçants et les entrepreneurs,
attribuaient à leur Dieu la réussite dans leurs affaires comme étant le signe d’une possible élection.

1 Cf. en français vulgaire le mot « boulot », pour désigner un emploi – il faut distinguer par ailleurs entre le
travail, activité socialement utile, et l’emploi, généralement, mais non pas toujours, salarié –.
2 Les Grecs opposaient le lovgo", « parole », « discours », « raison », à l’evjrgon, « occupation ordinaire »,

« travail », le terme evjrgon prenant le sens de « tâche imposée », ou, comme le latin labor, d’« événement
ennuyeux qu’on subit ». [Erga parevcein tiniv se traduit littéralement par « procurer des travaux à quelqu’un »,
ce qui signifie ennuyer ou être une source de préoccupations.
3 « Le travail en effet – c’est-à-dire l’activité économique – n’est apparu dans l’histoire du monde que du jour où

les hommes se sont trouvés trop nombreux pour pouvoir se nourrir des fruits spontanés de la terre. N’ayant pas de
quoi subsister, certains mouraient et beaucoup d’autres seraient morts s’ils ne s’étaient mis à travailler la terre. Et
à mesure que la population se multipliait de nouvelles franges de la forêt devaient être abattues, défrichées et
mises en culture. À chaque instant de son histoire, l’humanité ne travaille plus que sous la menace de la mort. »
(Michel Foucault, Les Mots et les choses).

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Croyant par ailleurs travailler à leur salut à force de travail, de contrainte, de renoncement à soi et à
toute jouissance4, ils estimaient avoir pour devoir de préparer l’avenir des leurs, de leurs enfants, de
leur descendance. Ainsi, en épargnant, en thésaurisant, en réinvestissant systématiquement les
bénéfices obtenus, ils ont permis l’essor du nouveau système, le capitalisme, précisément fondé sur
l’accumulation du capital, d’abord sous sa forme commerciale et bancaire, bientôt sous la forme d’un
capitalisme entrepreneurial puis industriel, avec les première et seconde révolutions industrielles des
XVIIIe et XIXe siècles en Europe.

c. Le travail comme prétendue obligation morale, ou devoir

Une telle conception ne peut être que critiquée. On en connaît la justification judéo-chrétienne :
l’obligation de travailler résulterait d’un prétendu péché originel, faisant du travail une expiation
continue et une possibilité de rachat. L’homme, considéré comme une créature corrompue et déchue,
devrait travailler, comme il devrait prétendument se soumettre à son Dieu dit unique, c’est-à-dire au
pouvoir des prêtres, de l’Église, et aux pouvoirs temporels. Le socialisme au XIXe siècle a
simplement laïcisé les injonctions religieuses. Pour Proudhon, « la faculté de travailler distingue
l’homme des brutes » ; le travail aurait sa source « dans les plus hautes profondeurs de notre raison »
qu’il développerait en retour ; « le travail est l’émission de l’esprit ». On aurait ainsi le devoir de
travailler comme de se conformer à sa raison. « Le travail est un devoir » (Renouvier), celui de
l’exercice de la raison, tout comme « le devoir est un travail » – il ne va pas de soi, s’oppose à la
nature, etc. –, « travail sur soi et pour soi dans la série des devoirs envers soi », « travail sur soi et pour
autrui dans la série des devoirs envers autrui ». Si bien que « les deux notions de devoir et de travail se
trouvent équivalentes ». En fait, s’il se trouve un « devoir » à travailler, ce ne pourrait être qu’au sens
d’une obligation vitale, ce qui se dit en toute rigueur une nécessité. La nécessité vitale ne peut être
confondue avec l’obligation morale.
Par ailleurs, une éthique du travail risque toujours de se présenter comme un moyen d’asservissement
à l’usage de la bourgeoisie entrepreneuriale, industrielle et commerçante, en maintenant le peuple,
comme l’a montré Michel de Certeau, dans la vertu d’un certain produire. Que signifierait en effet
avoir le devoir de travailler ? Qui cela concernerait-il en premier lieu ? Que recouvrirait la prétendue
obligation morale au travail ? Dans quel but présenter le travail ainsi ? Dans le sens de quels intérêts
de classe ?
Qui plus est, comme Kant l’a montré, une obligation morale ne peut être qu’universelle. Or, que serait
un devoir dont certains auraient la possibilité de s’exempter ? Comme le constatait Thorstein Veblen
dans sa Théorie de la classe de loisir, « À toutes les époques, dans toutes les sociétés, s’abstenir
durablement de travailler a toujours été signe de réputation et de statut ». On affiche son appartenance
à la classe sociale la plus favorisée en ne faisant rien, en montrant qu’on aurait les moyens de faire de
son existence un loisir permanent5. Dans l’Antiquité, seuls les esclaves travaillaient6. Leurs maîtres se
consacraient à l’étude. Les seigneurs médiévaux s’entraînaient au combat ou faisaient la guerre. Sous
l’Ancien Régime, la noblesse, couverte de dettes au point d’hypothéquer ses domaines, passait son
temps en des fêtes somptuaires et à dilapider son argent au jeu, comme l’a montré Norbert Elias (La
Société de cour). La bourgeoisie du XIXe siècle, qui a pris le relais de l’ancienne noblesse, et qui
vivait de ses rentes, a lancé la mode des villes d’eau, dans chacune desquelles se trouve encore
aujourd’hui implanté un casino. De nos jours encore, les privilégiés du commerce, de la publicité, des
media, de l’industrie du divertissement, du sport professionnel, certains cadres du secteur privé,
affichent ostensiblement leur standing en ne travaillant pas, ou si peu, mais en partant régulièrement
en week end ou en vacances, de préférence dans des destinations lointaines, aux sports d’hiver, en
consommant toutes sortes d’activités de loisir – places de cinémas, restaurants, abonnements à des
clubs de sport, de remise en forme, recours à des activités de coaching, etc. –.

d. Le travail comme nécessité vitale

4 Cf. par exemple le film de Gabriel Axel, Le Festin de Babette, adapté de l’excellente nouvelle de l’écrivaine

danoise Karen Blixen.


5 Une telle analyse peut être aujourd’hui relativisée. Nous avons désormais en France, à l’autre extrémité de

l’échelle sociale, des générations successives d’assistés sociaux, quantité de jeunes qui ne font rien de leur
existence et qui n’attendent que de pouvoir bénéficier du R. S. A., et des familles entières d’origine étrangère qui
ne vivent que des allocations familiales et d’autres prestations sociales. Tous ceux-là ignorent la contrainte du
travail, et leur existence est elle aussi un loisir, mais à la charge de la collectivité.
6 Il ne faut pas oublier que dans les sociétés antiques les esclaves pouvaient occuper toutes sortes de fonctions :

les travailleurs ordinaires, les domestiques, les nourrices, les pédagogues, les scribes ou secrétaires, les
intendants, etc. étaient le plus souvent des esclaves.
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Le travail semble être depuis toujours le moyen de gagner sa vie, de se procurer de quoi subvenir à ses
besoins, ou de gagner de l’argent. En ce sens, on ne pourrait pas ne pas travailler. C’est là la
définition même de la nécessité.
Cependant, la condition du travailleur peut témoigner parfois de ce que le travail peut être détourné de
sa fonction originelle7. Là où le travail ne permet pas même de satisfaire ses besoins fondamentaux, la
fin et le moyen peuvent s’en trouver inversés : on ne travaille plus pour vivre, mais on vit
médiocrement ou on survit pour être en état de travailler. On mange ce dont l’organisme a besoin, on
se repose, on sacrifie à de médiocres loisirs, dans le seul but de pouvoir affronter la rude journée de
travail du lendemain. Simone Weil a rapporté dans La Condition ouvrière son expérience de
travailleuse volontaire sur presse et à la chaîne dans la grande industrie de la région parisienne des
années 1930 : « l’écœurement, la lassitude, le dégoût, c’est la grande tentation de ceux qui travaillent
dans des conditions inhumaines. Là où », écrit-elle, « on se trouve nécessairement dans la même
situation au dernier jour d’une période d’un mois, d’un an, de vingt ans d’efforts, qu’au premier
jour », on fait l’expérience de ce qui « a une ressemblance avec l’esclavage ». « On fait seulement
effort pour vivre ». « Tout est intermédiaire dans cette existence, tout est moyen, la finalité ne s’y
accroche nulle part »8. « La nécessité est partout, le bien nulle part ».

Simone Weil, philosophe, et Simone Jacob, épouse Veil, femme politique

e. Le travail comme contrainte sociale

Que le travail soit une activité socialement imposée le plus souvent, on le constatera au travers de
l’imposition de différents travaux à des personnes ne les ayant pas nécessairement choisis, loin de là :
le travail scolaire à ces nouveaux élèves ayant toute une vie en dehors du lycée, ou se vantant eux-
mêmes de pouvoir se procurer en quelques heures davantage d’argent que n’en gagnent honnêtement
leurs parents durant le mois9, le travail domestique aux mères de famille souvent fatiguées elles-
mêmes par leur journée de travail à l’extérieur, le métier ou la profession au travers des aléas de la vie,
des opportunités d’embauche ou de formation au sein de l’entreprise.
Avant la massification de l’enseignement secondaire en France, on orientait préférentiellement les
élèves en difficulté scolaire vers l’apprentissage de métiers manuels, en valorisant davantage les cols
blancs que les cols bleus ou les blouses de travail10. Dans d’autres sociétés, c’était le contraire. Par
exemple, la Chine, avant sa conversion au capitalisme, envoyait sous couvert de « révolution
culturelle » les prétendus intellectuels, enseignants, journalistes, membres du parti unique tombés en
disgrâce, etc., aux champs ou aux mines sous prétexte de rééducation aux vertus du régime. Dans l’ex
URSS, un conducteur de locomotive ou même un ouvrier qualifié pouvaient mieux gagner leur vie et
bénéficier de plus d’avantages en matière d’attribution de logement, de formation pour leurs enfants
ou d’accès aux biens de consommation qu’un médecin11. La distinction marxiste entre le travail
productif, prétendument seul créateur de richesses, et le travail improductif est ici en cause.

7 Suivant son approche anthropologique : l’homme, par son travail, « en agissant sur la nature, transforme aussi sa
propre nature, développe les puissances endormies en lui » (Karl Marx).
8 Cf. aussi M. Foucault, Les Mots et les choses, Gallimard, 1966, pp. 268-269.
9 Mais ceux-là, à vingt-cinq ou trente ans se retrouvent inévitablement incarcérés ou bien morts suivant le procédé

dit du barbecue : dans un véhicule incendié pour effacer toute trace, une ogive de 7.62 ou de 9 mm dans la tête,
plus rarement de 357 ou de 44 mag … Je ne veux surtout pas de toute manière susciter de quelconques vocations.
10 Comme on le répétait dans ma famille, il vaudrait mieux travailler avec un stylo plutôt qu’avec une pioche ou

une pelle. Mais, au témoignage des professionnels du secteur, on manque à l’heure actuelle de bouchers ou de
cuisiniers qualifiés.
11 Il est vrai par ailleurs que les médecins fonctionnaires d’alors avaient un niveau de formation équivalent à celui

dispensé dans les écoles d’infirmières aujourd’hui. C’était la condition pour dispenser des soins gratuits à la
majorité de la population, en salariant les médecins par l’État.
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f. Le travail comme activité de transformation de la nature par l’homme et de


sa propre nature ; l’acception anthropologique

Cf. ci-dessous.

2. Les spécificités du travail

« Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L’homme y joue lui-
même vis-à-vis de la nature le rôle d’une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, bras
et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s’assimiler des matières en leur donnant
une forme utile à la vie ... Notre point de départ, c’est le travail sous une forme qui appartient
exclusivement à l’homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et
l’abeille confond, par la structure de ses cellules de cire, l’habileté de plus d’un architecte. Mais ce qui
distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il construit la
cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. » (Marx, Le Capital, L. I, section III, chap.
VII)

« Je pose en principe un fait peu contestable : que l’homme est l’animal qui n’accepte pas
simplement le donné naturel, qui le nie. Il change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils
et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain. L’homme, parallèlement,
se nie lui-même, il s’éduque, il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins
animaux ce cours libre, auquel l’animal n’apportait pas de réserve. » (G. Bataille, L’Érotisme)

« Il est inconcevable à quel point l’homme est naturellement paresseux. On dirait qu’il ne vit que pour
dormir, végéter, rester immobile, à peine peut-il se résoudre à se donner les mouvements
nécessaires pour s’empêcher de mourir de faim. Rien ne maintient tant les sauvages dans l’amour
de leur état que cette délicieuse indolence. Les passions qui rendent l’homme inquiet, prévoyant,
actif, ne naissent que dans la société. Ne rien faire est la première et la plus forte passion de l’homme
après celle de se conserver. Si l’on y regardait bien, l’on verrait que, même parmi nous, c’est pour
parvenir au repos que chacun travaille ; c’est encore la paresse qui nous rend laborieux. »
(Rousseau, Discours sur l’origine des langues)

« Dans la glorification du « travail » ; dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail »,
je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous
: à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd’hui, à la vue du travail – on
vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir – qu’un tel travail constitue la meilleure
des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de
la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force
nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine,
il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi
une société où l’on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité ; et on adore aujourd’hui
la sécurité comme la divinité suprême... » (Nietzsche, Aurore (1880))

3. Travail et liberté

a. Aliénation et exploitation du travail

L’aliénation du travail doit être distinguée de l’aliénation du travailleur12. L’aliénation du travail


socialement contraint des sociétés de classe où nous sommes est-elle extérieure au travail, en tant
qu’elle résulterait de la forme historiquement acquise des rapports sociaux de production – c’est là la
thèse marxiste –, ou bien le travail lui-même serait-il source d’aliénation13 ?

12 « Aliénation » est la traduction de l’allemand Entfremdung, quasi synonyme d’Entäusserung (aliénation-

dépossession de soi, ou « extranéation »), en tout cas chez Hegel. Louis Althusser faisait du second terme la
caractéristique du « jeune Marx », c’est-à-dire du Marx jeune-hégélien d’avant la « coupure épistémologique ».
Le mot apparaît pourtant encore au Livre I du Capital (I, I, 2, 3), où il tient une place essentielle.
13 Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Aubier, pp. 117-118 : « c’est le travail lui-même

en tant que travail qui est source d’aliénation ». Helvétius faisait déjà remarquer au XVIIIe siècle : « Il n’arrive
point de barrique de sucre en Europe qui ne soit teintée de sang humain ».
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L’aliénation du travailleur peut être quant à elle définie comme l’absence ou l’impossibilité du Cogito
pratique au sens de Hegel14.
« L’homme est conscience de soi. Il est conscient de soi, conscient de sa réalité et de sa dignité
humaines, et c’est en ceci qu’il diffère essentiellement de l’animal, qui ne dépasse pas le niveau du
simple sentiment de soi. » (A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel)
« Les choses de la nature n’existent qu’immédiatement et d’une seule façon, tandis que l’homme,
parce qu’il est esprit, a une double existence ; il existe, d’une part, au même titre que les choses de
la nature, mais, d’autre part, il existe aussi pour soi : il se contemple, se représente à lui-même, se
pense, et n’est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi. » (Hegel, Esthétique)
« Deuxièmement, l’homme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu’il est poussé à
se trouver lui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui
s’offre à lui extérieurement. Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu’il marque du
sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres déterminations. L’homme
agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement
étranger et pour ne jouir des choses que parce qu’il y retrouve une forme extérieure de sa liberté
spirituelle d’un côté, intérieurement, en faisant être pour soi ce qui est, mais aussi en réalisant
extérieurement cet être pour soi. » (Hegel, op. cit.)
Comparez par exemple le travail du bûcheron dans une forêt avec celui d’une ouvrière sur une chaîne
d’assemblage de téléviseurs. Le premier aura toujours la possibilité de se reconnaître lui-même au
travers de ce qu’il a fait, ce qui ne sera évidemment pas le cas de la seconde.
Quant à l’aliénation du travail lui-même, quelles en seraient les causes ? Quel pourrait être en
particulier le rôle souvent dénoncé de la technique, et des conditions techniques du travail, à cet égard
?
La technique permet, par la mécanisation qu’elle induit dans l’industrie des procès de production ou
de travail, via les différents systèmes d’organisation scientifique du travail (le taylorisme, le fordisme,
le toyotisme) et l’utilisation massive de la robotique, l’approfondissement de la division actuelle du
travail, la parcellisation et l’extrême fragmentation des tâches déterminant l’aliénation du travailleur –
c’est la réalité du « travail en miettes » que dénonçait déjà dans les années 1960 le sociologue Georges
Friedmann –, au point qu’il est devenu d’usage d’affirmer que la machine aliène le travailleur, en
même temps qu’elle détruirait des emplois. La pensée de Marx est cependant toute différente :
l’aliénation du travail est d’abord économique, telle qu’engendrée par la division du travail et le
capital, au service de l’accumulation du capital15. La technique par elle-même n’est pas directement en
cause, subordonnée qu’elle est à l’approfondissement de la division du travail.
Le travail aliéné apparaît de toute manière comme dénaturé. Les signes en sont partout présents : ce
sont les inégalités sociales dans et par le travail16, dont la production est indissociable de la réalité
même du travail historiquement contraint, le chômage massif de notre temps et la mise en concurrence
des travailleurs nationaux avec une main d’œuvre immigrée à bas coût ou ce Lumpenproletariat
aujourd’hui recruté partout dans le tiers monde, participant de la constitution d’une « armée de
réserve » du capital. Ce sont encore l’asservissement idéologique du plus grand nombre aux

14 « Le travail aliéné renverse le rapport de telle façon que l’homme, du fait qu’il est un être conscient, ne fait

précisément de son activité vitale, de son essence, qu’un moyen de son existence. » (Karl Marx, Manuscrits de
1844, Éditions Sociales, pp. 63 sqq.). Selon Marx et les marxistes, l’aliénation en général serait susceptible de
prendre trois formes distinctes :
- l’aliénation du produit, qui échappe à son producteur, qui n’en est pas propriétaire : « L’objet que le travail
produit, son produit, [il] l’affronte comme un être étranger, comme une puissance indépendante du producteur. »
(Karl Marx, Manuscrits de 1844) ;
- l’aliénation de l’activité productrice, qui en vient à perdre toute signification pour le travailleur en raison des
conditions dans lesquelles elle s’accomplit, de la dissociation du travail en une multitude d’opérations parcellaires
dépourvues de sens et d’intérêt en elles-mêmes – cf. le travail à la chaîne –. Le travail est vécu comme une «
contrainte extérieure » ;
- l’aliénation du producteur lui-même, puisque la totalité de l’énergie vitale est consacrée à la production de
l’existence exclusivement.
15 K. Marx, Le Capital, I, IV, Chap. XIV-XV.
16 Pendant que l’ouvrier se démène, le cadre dirigeant se promène dans les unités de production, dont la fonction

est essentiellement de faire avaliser la suppression des postes de travail pour plaire aux actionnaires, qui sont
majoritairement des fonds de pension américains, des investisseurs chinois, saoudiens, qataris, indiens, ou de très
riches retraités. Et la position sociale du second est bien davantage envié que celle du premier, en dépit du fait
qu’il soit prêt par avance, en faisant taire en lui toute conscience, à se vendre à des intérêts allogènes qui ne
rêvent que de transformer le pays en une sorte de réserve indienne du luxe et du bien vivre, après l’avoir mis au
pillage à leur profit, bien entendu, ou tout simplement au plus offrant. Cf. le livre de Paul Dautrans, La Dixième
Porte (2008), qu’on peut facilement trouver sur le web.
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prétendues « valeurs » de la société, en premier lieu au travail présenté comme valeur, ces illusions de
bonheur promis dans l’accès à l’emploi, au salaire, au « monde » de l’entreprise, auquel le moindre
fonctionnaire à notre époque est incité à se plier, à la consommation de masse, incluant celle des
loisirs aliénés caractéristiques de notre époque – ce qui signifie la possibilité de récuser l’opposition
traditionnellement admise entre le travail et les loisirs, les loisirs à forme marchande de notre temps
participant de l’imposition de la même contrainte sociale de production et de valorisation que le
travail, comme Jean Baudrillard l’a montré –, etc. « Il faut dégoûter l’homme des machines, c’est-à-
dire d’une vie orientée tout entière par la notion de rendement, d’efficience et finalement de profit »,
écrivait Georges Bernanos.
L’exploitation du travail répond à une définition tout à fait précise, et il faut se garder de parler
d’exploitation du travailleur lui-même, ce qui n’a en toute rigueur aucun sens. Il s’agit dans sa
définition marxiste de l’extorsion illégitime de la plus-value au travailleur l’ayant engendrée par son
travail. Pour le comprendre, il faut savoir comment se forme la plus-value, et comment elle se trouve
toute entière accaparée par l’entrepreneur bourgeois, ou l’entrepreneur capitaliste, dans le vocabulaire
de Marx17.
Le Livre I du Capital s’ouvre sur l’analyse de la marchandise. Pourquoi ? Marx s’efforçait ici de
comprendre le mystère de l’échange marchand en économie capitaliste :

A  M  A’ , avec A’ > A

Alors que les marchandises s’échangent contre de l’argent en principe à leur juste valeur – aucun
acheteur n’accepterait de payer une marchandise plus chère qu’elle ne vaut, et aucun commerçant de
vendre à perte –, la vente de marchandises permet pourtant depuis toujours de faire un bénéfice
commercial non nul. Comment comprendre que le commerce, que les plus vertueux des Anciens
considéraient comme l’activité la plus méprisable de toutes, puisse permettre à ceux qui s’y livrent de
faire de l’argent, ou, comme l’écrivait Marx dans son style particulièrement imagé, à l’argent de
« faire des petits » ?
L’hypothèse de Marx était que toute marchandise produite incorporerait en valeur une certaine
quantité de plus-value, et que ce serait cette plus-value qui, au moment de la réalisation de la plus-
value (la vente des marchandises produites), serait décomposable en profit (rémunération de
l’entrepreneur), en bénéfice (commercial), et en intérêt (rémunération des actionnaires et des
intermédiaires financiers). La plus-value est pourtant engendrée par l’ouvrier d’industrie de la manière
suivante :

travail nécessaire surtravail


|-----------------------|--------------------------------------------|
0 heure fin de la quatrième heure 12 heures
de travail par exemple

salaire plus-value (= Mehrwert, « sur-valeur »)


|------------------------|--------------------------------------------|

C’est parce que le travailleur est maintenu à son poste par la discipline du travail bien au-delà de la
durée du travail nécessaire (en vue de la satisfaction de ses besoins) qu’il fournit un travail non
rémunéré, dont l’équivalent en valeur est précisément la plus-value. Et c’est parce que le travail de
l’ouvrier permet en économie capitaliste de dégager une masse considérable de plus-value que les
entrepreneurs ont vite compris l’intérêt qu’ils avaient à maintenir les salaires ouvriers à un niveau
proche, ou même en période de crise inférieur, du minimum vital, ou minimum de subsistance, et à
chercher à accroître au maximum la masse de la plus-value – par la gestion paternaliste de la main-
d’œuvre caractéristique du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, la mise en concurrence
des ouvriers d’industrie avec un Lumpenproletariat, aujourd’hui encore par le recours à des
travailleurs clandestins, à des sans-papiers, à des immigrés en situation irrégulière et à leurs enfants,
au travail au noir, à des travailleurs expatriés, les délocalisations, la recherche de gains de
productivité à tout prix, etc. –.
« La production de plus-value n’est autre chose que la production de valeur, prolongée au-delà d’un
certain point. Si le processus de travail ne dure que jusqu’au point où la valeur de la force de travail
payée par le capital est remplacée par un équivalent nouveau, il y a simple production de valeur ;
quand il dépasse cette limite, il y a production de plus-value. » (Karl Marx, Le Capital)

17 Il faut de toute manière éviter l’usage du terme vulgaire « patron ».


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b. La dialectique hegelienne du maître et de l’esclave : Arbeit macht frei

Si le travail est le plus souvent aliéné, ne pourrait-on envisager son renversement ou sa transformation
à venir pour le bien de l’humanité en travail libérateur ?
La dialectique de l’asservissement et de la liberté est pour Hegel à découvrir dans le travail lui-même.
La totalité des rapports humains étant tributaires du travail, il ne s’agirait pas de libérer l’humanité du
travail18, ni le travail comme de l’extérieur, c’est-à-dire vouloir mettre un terme à l’aliénation du
travail – le travail est une force effective de libération –, mais se libérer par le travail du travail
actuellement aliéné, qui n’est que la conséquence d’un rapport social historiquement établi à
l’avantage du maître (alors que la très grande majorité des hommes sont depuis toujours socialement
contraints à travailler pour un autre qu’eux-mêmes, une petite minorité a toujours eu le privilège de
vivre confortablement en parasites sociaux du travail d’autrui). Le travail, même aliéné, n’en reste pas
moins en tant que travail la puissance dialectique de négation de son aliénation. Il faut un Dieu pour
prétendre justifier la souffrance en tant que telle, et toute morale, remarquera plus tard Nietzsche, a
conservé sans le savoir ce Dieu qu’elle a prétendu abolir. Quand la souffrance du travail se justifierait
elle-même sans le recours à de quelconques illusions, ce ne pourrait être que dialectiquement, c’est-à-
dire dans sa propre force négatrice de soi comme souffrance. C’est cette dialectique hégélienne qui
sera précisément reprise par Marx. « Toute la prétendue histoire du monde n’est rien d’autre que la
production de l’homme par le travail humain. », écrira Marx.
« C’est en servant un autre, c’est en s’extériorisant, c’est en se solidarisant avec les autres qu’on
s’affranchit de la terreur asservissante qu’inspire l’idée de la mort » (Alexandre Kojève, Introduction
à la lecture de Hegel).
Ainsi pourrait-on répondre à la question : pourquoi travaillons-nous ? en disant : pour travailler
autrement, humainement, ou bien encore librement, ce à quoi l’humanité, en tant qu’humanité
laborieuse, aspirerait depuis toujours.

4. Le travail comme valeur

Le travail est-il la valeur qui donne sens à la vie, auquel cas il resterait à comprendre comment le
travail pourrait être par lui-même une valeur, ou bien ne serait-ce pas la vie elle-même qui serait
susceptible de donner, sous certaines conditions qu’il resterait à déterminer, au travail un sens dont il
serait a priori et en lui-même dépourvu ?
Le travail pour le Dasein que nous sommes ne pourrait être créateur de sens, c’est-à-dire en termes
heideggeriens faire émerger à soi la vérité du monde, que s’il n’est ni aliéné – en tant que travail – ni
aliénant – pour le travailleur –, qu’à la condition d’être un « dévoilement pro-ducteur » – c’est-à-dire
révéler cette vérité qui ne se fait pas voir (d’)elle-même, auquel cas il ne se distinguerait pas de l’art –
libre occupation et activité créatrice de l’homme par laquelle il fait « venir la terre à elle-même », en
son sens « travail transfiguré » –. Il faudrait pour Heidegger que le travailleur puisse « habiter le
monde en poète ». Le travail de l’ouvrier d’industrie surtout est aliéné, et c’est parce que le travailleur
est aliéné qu’il travaille19, et non l’inverse ici, parce qu’il travaille qu’il serait aliéné, c’est-à-dire parce
que le travail serait en lui-même une activité aliénante que cette activité aliénerait celui qui travaille.
Le travail aliéné s’oppose à l’œuvre du poète, s’entendant comme création, ou encore comme
« production par liberté » (Kant).
Si le travail aliéné peut être converti en travail libérateur, c’est en tant que moyen pour sa fin propre.
Le sens de toute activité humaine serait de tendre vers la suppression de l’urgence vitale20, déjà par
l’accroissement de la durée du loisir, même sous sa forme actuellement aliénée – avec l’in-souciance
et le manque de réflexion caractéristiques de cette dernière qu’implique la consommation de sous-
produits prétendument culturels, « à la mode » –, vers la mort du « travail pour survivre » – le travail
« pour vivre » aurait pour fin son propre disparaître ; il produirait le moyen de sa production comme
18 Cf. cette idéologie qui fut historiquement à l’origine de la loi sur les trente-cinq heures : d’un prétendu
« partage » du travail, paré par avance de toutes les vertus, d’un devoir de solidarité socialement imposé avec les
chômeurs de longue durée, avec ces « jeunes » proprement inemployables, même ayant depuis longtemps dépassé
l’âge de la majorité légale, du temps libre prétendument retrouvé pour pouvoir songer à soi et aux siens ou à ses
voisins, dans une société depuis longtemps aliénée par la consommation de masse, où seuls les bobos, riches et
cosmopolites de naissance, peuvent se reconnaître.
19 Seul l’homme libre pour Heidegger peut créer.
20 C’est là un tout autre sens que celui qui est assigné par Pascal avec le fameux concept de divertissement (de

divertere, (se) détourner de ..., ici pour Pascal de l’angoisse dans laquelle l’homme ne manquerait pas de sombrer
s’il se trouvait confronté à sa propre condition de mortel) : Fg. 36, 132 sqq., 414, 622 (Lafuma), etc.
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(auto-)suppression –. Ce ne serait pas dans le travail lui-même que se produirait l’être de la vérité,
mais il produirait cependant ou entendrait produire le moyen de cette production. Tout cela ne manque
pas de rappeler les analyses de Hegel.

Quelques questions de baccalauréat :

Peut-on concevoir une société dans laquelle l’homme ne travaillerait pas ? Peut-on concevoir une
société sans travail ? (Amérique du Nord, S, 1999 ; Antilles, L, 2017)
Les animaux travaillent-ils ? Pourquoi le travail est-il spécifiquement humain ? (La Réunion, ES,
1996)
Existe-t-il une différence de nature entre travail manuel et travail intellectuel ?
Le travail est-il créateur d’inégalités sociales ?
Peut-on supprimer la division du travail ?
Le travail, a-t-on dit, est une nécessité triste. Qu’en pensez-vous ? (USA-Canada, B)
Le travail est-il pour l’homme moderne un droit ou bien une fatalité ? (Clermont, B)
Y a-t-il entre le travail et la propriété une relation nécessaire ? (Poitiers, B, 1977)
Que vaut, selon vous, la traditionnelle opposition entre travail manuel et travail intellectuel ? (Antilles,
A, 1977) Que vaut l’opposition du travail manuel au travail intellectuel ? (Métropole, S, 2007)
Le travail est-il nécessairement aliénant pour l’homme ? (Amérique du Sud, B, 1982)
Qu’est-ce qui pousse l’homme à travailler ? (Strasbourg, C. D., 1983)
Qu’est-ce qui justifie le travail ? (Nice, C. D. E., 1984)
Le travail est-il un droit ? (Poitiers, C. D. E., 1986) Le travail figure-t-il au nombre des droits de
l’homme ? (Antilles, C. D. E., juin 1988) Y a-t-il un droit au travail ? (Polynésie, L, 1999)
Peut-on affranchir le travailleur de toute servitude ? (Lille, B, juin 1988)
Est-ce par son travail que l’homme prend conscience qu’il a une histoire ? (Lille, C. D. E., juin 1988)
Le travail est-il nécessairement le contraire du jeu ? (Espagne, B, 1989)
Peut-on identifier œuvre et travail ? (Limoges, B, 1990 ; Caen, B, 1990)
Aimer son travail, est-ce encore travailler ? (Asie du Sud, C. D. E., 1990) Le travail peut-il
s’accompagner du plaisir ? (Portugal, C. D. E., 1991) Le travail peut-il être aimé pour lui-même ?
(Métropole, ES, 2009) Peut-on désirer travailler ? (Métropole, TMD, 2012) Peut-on aimer travailler ?
(Métropole, L, 2017)
À quoi reconnaît-on qu’une activité est un travail ? (Espagne, B, 1990) À quelles conditions une
activité est-elle un travail ? (Métropole, ES, 1999)
Le travail est-il nécessaire pour devenir libre ? (sujet national, 1991)
Le travail n’est-il qu’une contrainte ? (Groupements I-IV, ES, 1996)
Pourquoi l’homme transforme-t-il la nature ? (Métropole-La Réunion, Techniques, 1996)
Respecter la nature, est-ce renoncer à travailler ? (Étranger Groupe I, Techniques, 1996) Les hommes
doivent-ils choisir entre l’exploitation de la nature et sa protection ? (La Réunion, Techniques, 2000)
Respecter la nature, est-ce renoncer à la transformer ? (Métropole, Techniques, 2003)
Le travail n’est-il que servitude ? (Amérique du Nord, S, 1997)
Faut-il travailler pour être heureux ? (Inde, S, 1997)
Faut-il renoncer à faire du travail une valeur ? (Sportifs haut niveau, ES, 1998) Doit-on faire du travail
une valeur ? (Liban, S, 2017)
Peut-on mesurer la valeur du travail ? (Liban, ES, 1998)
Le travail est-il en lui-même aliénation ? (Liban, L, 1999)
Travailler, est-ce mettre en œuvre une technique ? (Sportifs haut niveau, L, 1999) Travailler, est-ce
seulement mettre en œuvre des techniques ? (Amérique du Nord, S, 2016)
La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ? (Métropole, S, 1999) Travailler
limite-t-il notre liberté ? (Japon, ES, 2015)
Le refus du travail a-t-il un sens ? (Sportifs haut niveau, S, 1999)
Travailler, est-ce seulement produire ? (Polynésie, S, 1999)
Le travail a-t-il une valeur morale ? (Asie, S, 2000) Est-ce un devoir de travailler ? (Japon, L, 2002)
Doit-on faire du travail une valeur ? (Liban, L, 2006) Faut-il faire l’éloge du travail ? (Liban, L, 2014)
Travailler est-il un devoir ? (Métropole, S, 2014) Tout travail est-il un travail sur soi ? (Antilles, S,
2017)
Travailler, est-ce perdre son temps ? (Japon, ES, 2001)
Une société sans travail est-elle souhaitable ? (Inde, L, 2002)
Le travail peut-il rendre libre ? (Polynésie, L, 2002)
L’État peut-il exiger de chacun qu’il travaille ? (Inde, ES, 2002)
Les hommes peuvent-ils se passer de travailler ? (Japon, L, 2003)
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Sans les échanges, le travail aurait-il une valeur ? (Étranger Groupe I, ES, 2003)
Peut-on opposer le loisir au travail ? (Antilles, ES, 2003)
L’activité artistique est-elle un travail ? (Amérique du Nord, ES, 2004) L’artiste travaille-t-il ?
(Métropole, S, 2004 ; Inde, S, 2009) La création artistique est-elle un travail ? (Antilles, L, 2010)
En quel sens peut-on parler d’un travail de l’artiste ? (Nouvelle Calédonie, S, 2014)
Le travail n’est-il qu’un moyen de subsistance ? (Antilles, S, 2004) Le travail peut-il être autre chose
qu’un moyen de satisfaire des besoins ? (La Réunion, S, 2012)
Ce qu’il y a de travail dans l’art est-il encore de l’art ? (Japon, L, 2005)
Peut-on attendre du progrès technique qu’il nous libère du travail ? (Polynésie, L, 2006) La technique
doit-elle nous libérer du travail ? (La Réunion, S, 2006) Les machines nous libèrent-elles du travail ?
(Amérique du Nord, L, 2010)
Le travail n’est-il qu’une lutte avec la nature ? (Polynésie, S, 2006)
La division du travail sépare-t-elle les hommes ? (Liban, L, 2007)
Que gagnons-nous à travailler ? (Métropole, ES, 2007) Que gagne-t-on en travaillant ? (Métropole, L,
2012)
Tout travail a-t-il un sens ? (Étranger Groupe I, ES, 2007)
Le travail est-il nécessairement source de progrès ? (Liban, ES, 2008)
Le travail est-il pour l’homme un obstacle à la liberté ? (Antilles, S, 2008)
Travaillons-nous pour avoir des loisirs ? (Polynésie, S, 2008)
Le travail ne nous libère-t-il de la nature que pour nous asservir à la technique ? (Métropole, L, 2010)
Est-il naturel à l’homme de travailler ? (Nouvelle Calédonie, L, 2010)
Le travail nous rend-il plus humain ? (Inde, ES, 2010) Travailler, est-ce s’accomplir ? (Japon, S,
2011) Le travail éduque-t-il ? (Étranger Groupe I, ES, 2016)
Travailler, est-ce s’affranchir de toute dépendance ? (La Réunion, ES, 2011)
Est-il injuste d’exploiter le travail d’autrui ? (Israël, ES, 2011)
Faut-il considérer le travail comme un mal nécessaire ? (Étranger Groupe I, S, 2011)
Travailler, est-ce seulement être utile ? (Métropole, ES, 2012)
La technique résout-elle tous les problèmes qui se posent au travail ? (La Réunion, ES, 2012)
Le travail peut-il cesser d’être une contrainte ? (Antilles, S, 2012)
Le travail fait-il violence à notre humanité ? (Étranger Groupe I, L, 2013)
Le travail se justifie-t-il seulement par son utilité ? (Liban, ES, 2013)
Le travail permet-il de prendre conscience de soi ? (Métropole, S, 2013)
Peut-on dire d’une machine qu’elle travaille ? (Antilles, L, 2014)
Tout travail est-il pénible ? (Polynésie, S, 2015)
Travailler moins, est-ce vivre mieux ? (Métropole, S, 2016)
Peut-on travailler pour rien ? (Polynésie, ES, 2017)

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