Élection étriquée pour Richard Ferrand à la tête de l'Assemblée
Ce proche du président succède au perchoir à François de Rugy, avec 99 voix de moins que son prédécesseur l'année dernière.
Passer la publicitéRichard Ferrand s'est installé au perchoir. Il a pris place dans le fauteuil occupé jusqu'alors par François de Rugy, nommé mardi dernier ministre de la Transition écologique, en remplacement du démissionnaire Nicolas Hulot. Ce fidèle d'Emmanuel Macron, 56 ans, a été élu par les députés, mercredi soir, président de l'Assemblée nationale. Le quatorzième sous la Ve République.
Mais avec 254 voix, il décroche dès le premier tour une courte victoire, en forme d'avertissement. Douze bulletins de moins et il n'obtenait pas la majorité absolue (243) des suffrages exprimés (484). «Petite majorité!», a lancé un député Les Républicains (LR) dans l'Hémicycle, sous les huées de ses collègues La République en marche (LaREM). Richard Ferrand recueille 99 voix de moins que François de Rugy, élu à cette place en juin 2017. Il n'a pas pu compter sur le soutien des 312 députés du groupe LaREM qu'il présidait jusqu'alors: 58 bulletins manquent à l'appel. Le début d'une désunion au sein des députés macronistes?
Parmi eux, quelques uns se sont portés sur la candidature surprise du député Modem Marc Fesneau, allié à LaREM mais agacé de ne pas être traité comme un véritable «partenaire» de la majorité. Ce concurrent inattendu obtient 86 voix, alors que son groupe Modem compte moitié moins de membres. De son côté, la candidate LR Annie Genevard a rassemblé les voix de son groupe (95 voix), tout comme la socialiste Ericka Bareigts (31 voix) et la députée Insoumise Mathilde Panot (17 voix).
« J'ai parfaitement conscience que mon élection est plus le fruit de réalités politiques majoritaires que l'issue d'une compétition de talents »
Richard Ferrand
«J'ai parfaitement conscience que mon élection est plus le fruit de réalités politiques majoritaires que l'issue d'une compétition de talents», a déclaré Richard Ferrand dans un premier discours au perchoir dépourvu de triomphalisme. Il s'est engagé à «mieux construire les politiques publiques», «veiller à la séparation des pouvoirs dans le strict respect des prérogatives du Parlement», mais aussi à réviser le règlement intérieur de l'Assemblée, avant même la révision de la Constitution.
Un peu plus tôt, quand il a déposé son bulletin dans l'imposante urne émeraude, à la suite de ses collègues députés, il se doutait déjà de l'issue du scrutin. Son groupe, LaREM, dispose de la majorité absolue (312 députés sur 577) et ne pouvait que l'adouber. Malgré un résultat étriqué, le député du Finistère n'a pas caché son plaisir, lorsque la présidente de séance a annoncé sa victoire. Voilà plus d'un an, depuis les élections législatives de juin 2017, qu'il lorgnait cette place prestigieuse. Mais il avait dû y renoncer après l'ouverture d'une enquête préliminaire le visant dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne.
«Le doigt sur la couture du pantalon»
Classée sans suite en octobre dernier, l'affaire a été relancée avec l'ouverture d'une information judiciaire pour prise illégale d'intérêts. «Il est tributaire d'un calendrier judiciaire et ça interpelle», glisse un député de la majorité. Le nouveau président de l'Assemblée nationale n'est donc pas à l'abri d'une mise en examen. Si une telle décision est prise, il exclut cependant de quitter ses fonctions. «Une décision procédurale n'a pas vocation à décider de l'exercice d'un mandat parlementaire», a-t-il estimé, mardi, dans Libération.
Avec Richard Ferrand au perchoir, le chef de l'État dispose d'un proche à un poste clé. «Il aura le doigt sur la couture du pantalon et sera un énième porte-parole du président de la République», dénonce le député PS Olivier Faure, un ancien collègue de Richard Ferrand du temps où le Breton siégeait parmi les socialistes. Parmi les députés LaREM, des voix saluent la victoire de leur ancien président de groupe, un homme «déterminé», «très apprécié» à la suite de sa gestion de l'affaire Benalla. D'autres regrettent toujours que les élus de la majorité n'aient pas désigné la députée de la Somme Barbara Pompili, pour se présenter au nom du groupe LaREM. «Elles sont où, les femmes?», demande Sonia Krimi, dans le brouhaha de la salle des Quatre-Colonnes.
À la tête de l'Assemblée, Richard Ferrand pourra négocier avec le président du Sénat, Gérard Larcher, lors de la reprise de l'examen de la révision constitutionnelle, prévue au plus tard «cet hiver», selon le premier ministre. Le nouveau président aura aussi la main sur une partie de l'ordre du jour des travaux législatifs. Les textes s'amoncellent déjà sur le bureau des députés: outre le projet de loi Pacte, «pour la croissance et la transformation des entreprises», la lutte contre la fraude et le retour du projet de loi agriculture et alimentation figurent à l'agenda du Palais Bourbon.
Ladislas75
le
La défiance de son propre camp aura présidé à son élection sur le fil, alors qu'une énorme majorité de députés élus d'En Marche permettait automatiquement d'assurer son élection !
Il ne nous reste plus maintenant qu'attendre de la part de la justice, la décision concernant la trouble affaire qui lui colle aux basques des loyers des "Mutuelles de Bretagne" ! La dernière et 3ème délocalisation de cette affaire cette fois à Paris ( plus près encore du pouvoir Macronien! ) , laisse à penser que le pouvoir en place va tenter de faire passer en force un non-lieu le concernant ! C'est beau la fidélité d'un monarque . Ferrand et Benalla : même combat ?
Vauclin99
le
Richard Ferrand est élu président de l'Assemblée nationale par 254 voix sur 484. C’est presque un record en matière de ric-racquerie, d’une part, et c’est aussi une première dans la mesure où c’est la première fois que de tels soupçons de malhonnêteté pèsent - publicité et preuves à l’appui - sur un individu censé représenter le sommet de la hiérarchie parlementaire auquel la souveraine nationale, ou à tout le moins la représentation nationale, a aussi clairement témoigné de sa défiance alors que son parti dispose d’une écrasante majorité à l’Assemblée nationale présumée.