«Faute d'une politique ambitieuse, les inondations se multiplieront à Paris»
FIGAROVOX/TRIBUNE - Face aux épisodes pluvieux, la politique de densification effrénée que mène la mairie de Paris risque d'aggraver ces phénomènes, expliquent les architectes et cofondateurs du collectif Aux arbres citoyens, Dominique Dupré-Henry et Tangui Le Dantec.
Passer la publicitéDominique Dupré-Henry et Tangui Le Dantec sont architectes, cofondateurs du collectif Aux arbres citoyens.
Comme une partie de la France, Paris vient de connaître un fort épisode pluvieux qui a culminé le 17 octobre au soir avec des inondations impressionnantes dans plusieurs quartiers de la capitale. À l’origine de cet évènement, selon les experts, les effets du dérèglement climatique ayant pour conséquences des épisodes plus rapprochés et plus sévères de sécheresses ou d'inondations… Mais ce qui a beaucoup surpris, ce sont les vidéos spectaculaires des abords de la gare Montparnasse totalement submergés, et dans une moindre mesure, du nord de Paris, alors que rien ne justifiait une telle situation, jusqu'ici presque inconnue des Parisiens.
Tout piéton un peu attentif qui se déplace dans Paris a pu remarquer à quel point la situation s'est détériorée ces dernières années dans l'espace public : chaussées inondées, imposantes flaques d'eau au niveau des passages piétons rendant toute traversée périlleuse, avaloirs bouchés par les détritus… Cette dégradation s'explique par plusieurs raisons, d'ordre technique, financier ou idéologique.
D'abord, les innombrables travaux de voirie, parfois inutiles, qui encombrent les rues de la capitale ne sont pas toujours effectués dans les règles de l'art, faute de moyens ou de professionnalisme, notamment les pentes de voirie nécessaires au bon écoulement de l'eau de pluie ne sont plus réalisées correctement comme dans le passé. Les grilles d'évacuation, mal nettoyées, se retrouvent souvent bouchées, en particulier l'automne avec les feuilles mortes, et une eau sale, charriant des déchets accumulés, stagne dans les caniveaux et autour des bouches. Il arrive aussi, même en plein été où les restrictions d'eau s'appliquent, que les robinets ne soient pas refermés après des travaux et que l'eau coule à flots pendant des jours, faute de suivi des chantiers.
Ensuite, dans le cadre de la politique de «végétalisation», la décision municipale contestée de remplacer les traditionnelles grilles Davioud au pied des arbres par des revêtements en résine rapidement étanches ou des cerclages métalliques avec ajout de terre, a pour conséquence de gêner l'infiltration de l'eau de pluie dans le sol. De même, les nombreux aménagements de «rues aux écoles» sans trottoirs, avec toutes les surfaces au même niveau, ne permettent pas une évacuation correcte des eaux de ruissellement comme sur la voirie traditionnelle.
Sous l'effet conjugué du dérèglement climatique, de la densification de Paris, de la perte de savoir-faire dans un contexte de restriction des moyens affectés à l'espace public, il est à craindre que les inondations se multiplient.
Dominique Dupré-Henry et Tangui Le Dantec
Paris a hérité de la période haussmannienne un réseau dit unitaire où l'eau de pluie rejoint le réseau d'assainissement, remarquablement bien conçu par deux ingénieurs, Adolphe Alphand et Eugène Belgrand, faisant de notre capitale à l'époque un modèle de salubrité et de modernité dans le monde. La qualité de cet espace public parisien était jusqu'à présent soigneusement préservée grâce à l'action des architectes voyers, dont le corps est aujourd'hui en voie d'extinction. Or, la transformation de l'espace public, la conduite des opérations d'aménagement et la prise en compte des questions environnementales étaient au cœur de leurs missions. Force est de constater qu'ils s'en acquittaient avec une réelle compétence acquise sur le long terme. Malheureusement, la mairie ayant réduit le recours à ces experts, dans une volonté de diminuer les dépenses affectées à la gestion de l'espace public, leur rôle s'est peu à peu amoindri, avec une nette perte de compétences que l'on constate aujourd'hui.
En réponse à la répétition des épisodes pluvieux et des inondations, la municipalité prétend s'adapter en «désimperméabilisant» davantage les sols. Malheureusement, outre le fait qu'il ne s'agit pas d'une solution pour évacuer rapidement l'eau en cas d'inondation, la politique menée actuellement va dans une direction tout à fait inverse, avec une densification effrénée et une artificialisation des sols. Les nouveaux quartiers, notamment du nord-est parisien, d'ailleurs largement inondés, sont particulièrement denses et minéraux, les espaces verts créés à Paris ces dernières années (0,36m² par habitant en seize ans) parmi les plus faibles comparés aux périodes précédentes et les jardins publics continuent d'être occupés par des constructions «provisoires». Les aménagements type «cours oasis» n'auront qu'un effet marginal, les toitures et autres murs végétalisés n'ayant que peu d'impact sur le ruissellement des eaux de pluie.
Pourtant tout proche de Paris, certaines collectivités locales ont su anticiper, dès les années 2010, les risques liés à des épisodes de pluie intense. C'est le cas par exemple de Boulogne-Billancourt avec le quartier du Trapèze, situé en zone inondable, où la gestion de l'eau dans la conception paysagère a été mise en œuvre de manière particulièrement innovante (Patrick Chavannes urbaniste) en intégrant notamment un grand parc submersible (agence TER, paysagiste) servant de bassin de rétention.
Des métropoles comme Berlin ont mis en œuvre une gestion intégrée des eaux pluviales, permettant de limiter le ruissellement, avec notamment des revêtements perméables à l'eau sur les chaussées et trottoirs (pavés à joints poreux…) et des «jardins de pluie», sous le niveau du sol, faisant de la capitale allemande un modèle de «ville éponge». Sous l'effet conjugué du dérèglement climatique, de la densification comme jamais de Paris, de la perte de savoir-faire dans un contexte de restriction drastique des moyens affectés à l'espace public, il est à craindre que les inondations se multiplient à l'avenir dans notre capitale. Faute d'une politique ambitieuse, les mesures ponctuelles supposées favoriser la «végétalisation» ne suffiront pas à modifier cette évolution.
Romain d'Erlon
le
La municipalité parisienne : une imposture. Elle prétend "végétaliser" mais coupe les arbres centenaires pour mieux bétonner. Ce sont des amateurs incompétents : ils voulaient planter des arbres sur le pont d'Iéna... planter des arbres sur un pont !!!
Seules comptent pour eux les pistes cyclables et la multiplication des logements HLM pour loger les immigrés : clientelisme électoral pitoyable. Sans parler des places anciennes remplacées par des dalles, qui se transforment en four l'été et en torrents quand il pleut (place de la République, place de la Bastille...).
Attendons la crue centenale dont la question n'est pas si elle se produira mais quand elle se produira...
Butte-Chaumont
le
le problème de Mme Hidalgo, c'est d'empoisonner la vie des automobilistes. Rein d'autre ne compte.
Stigmatisé
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Les grilles en métal sont utilisées par les Gilets Jaunes et les black blocks comme engins de destruction. Tant mieux qu'elles soient remplacées.